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M. Bouiron. Marseille, une « ville antique sans antiquités ». Découvertes archéologiques et histoire urbaine. In : DALLET-MANN (Véronique), BLANCAUD (Florence), PICKER (Marion)

Jan 30, 2023

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Michel Lauwers
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Marseille, une « ville antique sans antiquités »

Découvertes archéologiques et histoire urbaine

Marc Bouiron Directeur du Service Archéologie de la Ville de Nice

CEPAM (UMR 7264)

Résumé

« Marseille, une "ville antique sans antiquités". Découvertes archéologiques et histoire urbaine »

Marseille, ville fondée par des Grecs venus d’Asie Mineure, est d’une grande antiquité. L’absence de vestiges antiques visibles a amené des érudits, au cours du xixe siècle, à considérer que c'était une « ville (antique) sans antiquités ». Le premier à utiliser publi-quement cette expression, en 1846, est Louis Méry ; toutefois elle est déjà en germe dans les années qui précèdent. C’est sous la plume de son frère Joseph Méry que cette idée de Marseille « ville antique sans antiquités » va être diffusée. Installé à Paris, il est considéré à son époque comme l’égal d’Alexandre Dumas ou de Victor Hugo. La nouvelle intitulée Explorations de Victor Hummer développe cette analyse sous une forme romancée. Comme beaucoup de ses contemporains, Joseph Méry est fasciné par les évolutions rapides que connaît alors la ville dans laquelle il vit ; l’absence d’antiquités permet d’être résolument moderne et de construire les nouveaux monuments que l’on admirera plus tard.Mais si Marseille, ville antique importante, n’a quasiment pas conservé de monuments de cette période, c’est qu’ils ont été détruits ; l’archéologie permet de retrouver les phases de récupération des monuments. L’évolution de la ville durant l’Antiquité tardive ou l’époque médiévale se révèle ici capitale pour comprendre la disparition des monuments antiques.

Abstract

« Marseille, an "antique city without antiques". Archaeological findings and urban history »Marseille, a city founded by Greeks from Asia Minor, is of great antiquity. But because it bears no visible evidence of ancient remains scholars were led in the nineteenth century to regard it as an "(antique) city without antiques". The first person to publicly use this punned expression was Louis Méry in 1846. However, the idea was already emerging in the preceding years. It was his brother Joseph Méry who, penning this idea of Marseille as an "antique city without antiques", brought it to the fore. Based in Paris, he was considered in his day to be Alexandre Dumas or Victor Hugo’s equal. The novella entitled Explorations of Victor Hummer develops this analysis in a fictionalized form. Like many of his contemporaries, Joseph Méry was fascinated by the rapid changes experienced by the city in which he lived. The absence of antiques allowed Marseille to be resolutely modern and to build new monuments which could be admired later. But the important ancient city of Marseille has preserved hardly any monuments dating from this period, for they were destroyed. However, archeologists are able to reconstitute the different historical phases of their findings. In this regard, the evolution of the city in Late Antiquity or in the Middle Ages has proved invaluable for the understanding of the disappearance of ancient monuments.

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Marseille est la première ville de France. Sa fondation, par des Grecs venus d’Asie Mineure, est connue de tous et le rappel de l’origine phocéenne de la cité reste encore de nos jours d’usage courant. Marseille est donc d’une grande antiquité. Mais où sont ses murailles, temples, théâtre et autres arènes ? Cette absence de vestiges antiques, que l’on trouve pourtant presque à profusion dans de nombreuses autres villes antiques de Provence, est emblématique de Marseille. En introduction de son article sur Marseille antique, pour l’Encyclopaedia Universalis, Hervé Duchêne écrivait : « Fondée par des Grecs de Phocée (Ionie), Marseille (Massalia) fut longtemps considérée, mais de manière paradoxale car c’était une ville sans antiquités, comme la plus ancienne ville de France. » On le voit, la mention de « ville (antique) sans antiquités » est d’emblée imposée comme une sorte de vérité absolue, qui caractérise Marseille. Il faut noter que cette mention apparaît dans l’article sans guillemets, comme s’il s’agissait d’une expression courante et normale. Nous voulons ici revenir sur l’expression elle-même qui a eu ses beaux jours au xixe siècle, avant d’expliquer les causes de leur disparition.

Marseille « ville antique sans antiquités »

On le sait, l’expression est courante. Toutefois si elle n’est pas très ancienne, elle a connu une fortune certaine.

L’origine d’une expression

Cette expression de Marseille « ville antique sans antiquités » n’est pas si anodine. Le premier à l’utiliser est Louis Méry1, archiviste et bibliothécaire de la ville de Marseille. Né en 1800, il est président de la Société de Statistique de Marseille en 1827 et intègre l’Académie de cette même ville en 1841. En 1845, il devient titulaire de la chaire des langues étrangères lors de la création de la Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence. Le 6 septembre 1846, il donne lecture à l’Académie de Marseille, d’une communication intitulée Marseille ville antique, sans antiquités. Il est à notre connaissance le premier à donner précisément cette expression.

Cette expression est déjà en germe dans les années qui précèdent. En 1835, la France pittoresque ou description pittoresque, topographique et statistique…, par Abel Hugo (le frère de Victor Hugo) indique : « Marseille, ville si antique, ne possède presque plus rien d’antique ». Les mêmes mots se retrouvent sous la plume d’A. Mazuy pour un article du Magasin Universel, livraison de juillet 1837. L’un et l’autre semblent tirer leurs informations d’un album paru deux ans auparavant sous le titre de Marseille, album des visiteurs et des étrangers ; Joseph Méry en est un des auteurs si l’on en croit Émile Camau, auteur d’une biographie de ce personnage parue en 1910.

Ce Joseph Méry est le frère de Louis Méry ; il est né en 1797 et meurt en 1866. C’est sous sa plume que l’idée de Marseille « ville antique sans antiquités » va

1 Sur Louis Méry, voir Eugène Tavernier, « Paroles prononcées sur la tombe de M. Louis Méry, le samedi 10 mars 1883 », Revue de Marseille et de Provence, 1838.

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être diffusée. Joseph est un auteur de nouvelles, satires et poèmes souvent engagés. Installé à Paris, il est considéré à son époque comme l’égal d’Alexandre Dumas ou de Victor Hugo ; il est tombé dans un oubli quasi total dès la fin du xixe siècle2. Bien que se trouvant au cœur de la vie mondaine parisienne, il est resté toujours très attaché à la Provence et à Marseille. Sa formation classique (il lit le latin et le grec) le rapproche des préoccupations de son frère. Il a d’ailleurs écrit, comme son frère, sur le siège du connétable de Bourbon en 1524. Il est reçu à l’Académie de Marseille le 21 juin 1840.

Toujours du même auteur, la nouvelle intitulée Explorations de Victor Hummer reprend le même constat de façon plus détaillé et sous une forme romancée. Il s’agit ici d’un helléniste (dont le nom « germanise » celui d’Homère) qui est chargé par le roi de Bavière de traduire Strabon. Pour cela, il entreprend de visiter la Gaule en commençant par Marseille ; il veut retrouver les monuments qu’il lit chez Strabon, ou ceux plus récents qui retracent l’histoire de Marseille et de ses citoyens les plus illustres. Celui qui accueille Victor Hummer, le libraire Joseph Chardon, véritable auteur d’un célèbre guide de Marseille, est dans l’impossibilité de montrer quoi que ce soit d’ancien au visiteur qui repart alors pour Arles :

[…] Quand Marseille ne s’est pas elle-même dépouillée d’un ornement, elle en a été dépouillée par un autre. Ville antique qui n’a rien d’antique, belle ville qui n’a rien de beau, elle a fait un voyage de deux mille ans à travers l’histoire, et elle est arrivée, n’ayant conservé que son nom, comme le navire Ârgo.

Cette nouvelle est publiée d’abord dans le recueil intitulé Le Château vert paru en 1851, puis en 1853 dans les Nouvelles nouvelles3. On notera que dans son Tableau historique et politique de Marseille…, publié dès 1812, Joseph Chardon (ce libraire érudit donc que rencontre fictivement Victor Hummer) écrit déjà : « parmi les monuments qui ont existé avant le xviie siècle, il en est peu qui se soient conservés jusqu’à nous : nous osons même dire qu’il n’est aucune ancienne grande ville en France qui offre peu de restes d’une antique splendeur… ». L’idée est la même, mais la formule n’a pas la concision qu’on lui connaît par la suite.

La diffusion de l’expression

Un texte très proche de celui de la nouvelle de 1851 est publié sous forme d’article pour le journal Musée des familles, lectures du soir en juin 1857 (no xxiv). Il sera ensuite à nouveau publié de façon indépendante en 1860 ; il s’agit du livre bien connu Marseille et les Marseillais récemment réédité. Il est intéressant d’étudier un peu plus en détail l’argumentation que donne ici Joseph Méry, qui est déjà

2 Il était déjà tombé dans l’oubli en 1922 lorsqu’Ernest Jaubert écrivait l’introduction d’une nouvelle édition de quatre nouvelles de Joseph Méry, aux éditions Bossard (Paris). Il reprend les éléments biographiques de l’ouvrage d’Émile Camau, Joseph Méry, Paris, s. d. C’est de cet auteur que nous tirons les éléments biographiques le concernant, et en particulier sa date de naissance qui ne cesse de fluctuer d’un auteur à l’autre (y compris de la part de l’intéressé) ; son acte de naissance y est retranscrit.

3 Il existe une édition non datée qui pourrait être de 1850 (éditeur Victor Lecou) ; les deux autres sont de 1853 (même éditeur) et de 1858 (Larousse).

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celle qu’il mettait dans la bouche de Victor Hummer et qui provient en fait de l’ouvrage de Joseph Chardon.

La liste de tous les éléments que Joseph Méry (et ses contemporains) attri-buent à l’Antiquité (ou au siège du connétable de Bourbon) et dont Victor Hummer cherchait les vestiges, et des causes de leurs destructions, est la suivante :- sa forêt sacrée a disparu sous les incendies- ses temples de Neptune et de Diane, ses monuments romains ont été réduits en poussière- ses murailles de Jules-César n’ont pas laissé une pierre- son enceinte bâtie par le médecin Crinias, et sur laquelle a échoué le conné-table, est descendue au-dessous du niveau de la mer- sa fameuse tour Sainte-Paule, dont les batteries épouvantaient le marquis de Pescaire, ne montre plus que sa base- son château de César ne montre plus rien.- la maison de Milon : l’antique maison a passé, il y a trente ans, aux mains d’un propriétaire iconoclaste, qui l’a démolie comme trop vieille, et en a bâti une toute moderne sur le même terrain.- la porte Julia : le squelette d’une porte, orné d’une herse absente et dépouillé de tout caractère romain : une antiquité de quatre siècles. (...)

Tout ceci témoigne surtout de la connaissance que l’on avait au milieu du xixe siècle de Marseille antique (et du xvie siècle puisque Joseph Méry et son frère ont écrit l’un et l’autre sur le siège de 1524).

Reprenons-les dans l’ordre : les trois premières énumérations correspon-dent à ce que les textes anciens nous font connaître de Massilia. Ainsi la forêt sacrée est celle qui est mentionnée par Lucain dans La Pharsale, à l’époque du siège de Jules César ; les temples sont, dans l’esprit de Joseph Méry, ceux mentionnés par Strabon.

Il est plus étrange, pour nous, de lire la description d’une enceinte, rattachée encore au siège de 1524, « descendue au-dessous du niveau de la mer ». Il s’agit de l’hypothèse d’un effondrement au niveau de l’anse de l’Ourse, au nord de la Major. Pour ce qui concerne le château de César, il existe une confusion entre le camp militaire de César établi hors les murs (à la Joliette pour les auteurs comme Joseph Méry, se basant sur une fausse étymologie) et le Château-Babon assimilé au Château-Joli (soi-disant castrum Julii) dont témoignerait la rue du même nom (nous retrouvons encore la même fausse étymologie de Jules César). La maison de Milon est en fait une maison médiévale dont nous trouvons le dessin de la façade chez l’érudit Grosson. Enfin, la porte Julia est la porte de la Joliette, construite seulement au xviie siècle mais que l’on croit ancienne au xixe siècle et rattachée encore de façon erronée à Jules César.

Tous ses éléments se retrouvent chez Alexandre Dumas, dans le récit d’un de ses Souvenirs de voyage, publié dans la Revue de Paris en 1840. Ainsi commence son texte :

En arrivant à Marseille, mon premier soin avait été d’écrire à Méry […]. Mon pauvre Méry était tant soit peu embarrassé ; je faisais un voyage pittoresque, il ne savait que me montrer à Marseille. […] Marseille n’a rien ou presque rien gardé de ses différents âges. […] Marseille n’est guère plus riche en

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monuments du Moyen Âge qu’en ruines antiques. Quand on a vu le clocher des Accouls (sic), l’abbaye de Saint-Victor, les ruines de la tour Sainte-Paule, l’Hôtel-de-Ville et le fort Saint-Nicolas, on a vu tout ce qui reste debout à Marseille du ive au xviie.

La connaissance de Marseille antique et médiévale est à cette époque encore chargée des erreurs des érudits de l’Ancien Régime. Il est également instructif de s’intéresser à la suite du discours de Joseph Méry pour bien comprendre son point de vue :

Marseille, ville éminemment catholique, n’a point d’églises. […] On bâtit en ce moment une cathédrale ; il n’y avait pas de cathédrale ! […]Marseille, ville éminemment commerçante, n’a pas de Bourse. On y construit une Bourse aujourd’hui. […] La future Bourse, construite sur les dessins du célèbre architecte Coste, sera un beau monument.Marseille, ville éminemment artiste, n’a pas de théâtre. […] En général, les directions théâtrales ne sont pas heureuses à Marseille : la faillite est presque toujours la dernière pièce du répertoire. Et pourtant jamais peuple n’a mieux compris et plus aimé la grande musique et les grands artistes. […] Le Conseil municipal, il faut le dire à son éloge, ne manque jamais de venir en aide aux intelligentes directions.

Comme beaucoup de ses contemporains, Joseph Méry est fasciné par les évolu-tions rapides que connaît alors la société dans laquelle il vit. Il fait partie de ceux qui ont œuvré pour transformer Marseille, passée très rapidement d’un statut de cité marchande traditionnelle à celui de ville moderne, tournée à nouveau vers le monde entier plutôt que vers Paris. Si la ville n’a pas d’antiquités, cela lui permet d’être résolument moderne et de construire les monuments que l’on admirera plus tard. Les quelques exemples pris dans l’ouvrage de Joseph Méry le démontrent : la cathédrale, la Bourse, le théâtre…, tout ce qui manquait à Marseille est en train d’être construit.

La disparition des monuments antiques au cours des siècles passésAprès avoir remis l’expression de « ville antique sans antiquités » dans le contexte de sa création, il nous faut examiner malgré tout pourquoi Marseille n’a pas conservé son ancienne parure monumentale comme tant d’autres villes du Midi de la France. Car si Marseille, ville antique importante, n’en a quasi-ment pas conservé c’est qu’ils ont été détruits ; il nous faut donc préciser à quelle époque.

Les observations archéologiques et la ville romaine

Depuis une vingtaine d’années, la ville ancienne a été l’objet de nombreux travaux qui ont été systématiquement précédés de fouilles archéologiques.

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Fig. 1 : plan des chantiers de fouille (Bernard Sillano/Inrap sur fond de plan Marc Bouiron).

Nous avons pu ainsi, en plusieurs endroits, retrouver précisément ce qui fut le cadre urbain de la ville ancienne. Le plan présenté indique la limite de la ville médiévale, très proche de celle de l’Antiquité4. Parmi les chantiers importants, on notera en particulier celui de la Bourse (no 20), précurseur de l’archéologie urbaine en France, ceux autour de l’église des Carmes (no 12-13), sur la butte du même nom et ceux autour de l’Hôtel de Ville (no 2-3).

Ainsi pouvons-nous retracer l’évolution de la cité. Sans retourner jusqu’aux premiers siècles de la colonie phocéenne, le plan de la ville à l’époque romaine suffit à montrer la monumentalité de certains quartiers.

Plusieurs zones ont livré des vestiges d’habitats mais des monuments ont également pu être retrouvés. Ils sont situés principalement au sud de la ville,

4 Cette figure est issue de l’ouvrage récent : Marc Bouiron, Françoise Paone, Bernard Sillano, Colette Castrucci et Nadine Scherrer (dir.), Fouilles à Marseille. Approche de la ville médiévale et moderne, Aix-en-Provence, 2011, 463 p. (Bibliothèque d’archéologie méditerranéenne, 7 ; Études massaliètes, 10). On trouvera là (p. 23-30) un détail d’un certain nombre de fouilles conduites ces dernières années. Pour la période antique, cf. Marie-Pierre Rothé et Henri Tréziny, Marseille et ses Alentours, Paris, 2005 (Carte archéologique de la Gaule, 13/3).

1. : collège Vieux-Port, 2. : place Jules-Verne, 3. : place Bargemon, 4 : espace Bargemon, 5. : Tunnel de la Major, 6. : esplanade de la Major, 7. : place des Pistoles, 8. : RHI Bon Jésus, 9. : rue leca, 10. : parking des Phocéens, 11. : parking République, 12. : les Carmelins, 13. : les Carmes, 14. : îlot N, 15. : rue Trinquet, 16. : Bernard Dubois, 17. : Sainte-Barbe, 18. : Puget iii, 19. : alcazar (BMVR), 20. : la Bourse, 21. : République- Surverse Vieux-Port, 22. : 25 rue Thubaneau - Jeu de Paume, 23. : place Général-de-Gaule, 24. Malaval.

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dans la zone proche du port. On notera ainsi, d’ouest en est, la présence d’un théâtre (au niveau de la butte Saint-Laurent) à côté duquel prenait place le forum de la ville. Au nord de celui-ci se trouvait (et se trouve toujours partiellement) un édifice antique, hellénistique, sur lequel a été bâti au Moyen Âge le couvent féminin de Saint-Sauveur (d’où le nom de caves Saint-Sauveur). Ce monument antique a été préservé au moins jusqu’aux reconstructions de la seconde guerre mondiale et a même fait partie de la première liste de monuments historiques en 1840. On a parfois mis en doute son ancienneté ce qui a été préjudiciable à sa survie ; nous y reviendrons plus loin.

Plus à l’est, le long du rivage, se trouvent les thermes fouillés à l’emplacement de l’actuelle place Bargemon. Enfin il faut signaler la fortification qui constitue la limite de la cité autour de la porte d’Italie. Ce rempart est encore visible dans l’actuel jardin des vestiges ; un des murs, appelé « mur de Crinias » a été classé monument historique dès sa découverte en 1914. Malheureusement, l’hypercri-tique d’un des historiens de la 1re moitié du xxe siècle, Eugène Duprat, a laissé planer le doute d’une construction en calcaire rose moderne et non hellénis-tique, ce qui a amoindri le poids de cette découverte5.

Cet inventaire, non exhaustif, démontre clairement la présence de monuments antiques à Marseille.

La difficile survie des monuments durant l’Antiquité tardive

Si Marseille romaine est dotée d’une parure monumentale que l’on perçoit encore grâce aux fouilles, l’évolution que connait Marseille durant l’Antiquité tardive a profondément modifié cette physionomie6. Faisons maintenant un bond dans le temps jusqu’au début du vie siècle (fig. 2b).

La nouvelle religion chrétienne a transformé le paysage urbain : un grand groupe cathédral a été installé au nord-ouest de la cité, au sein d’un quartier qui était préalablement uniquement constitué de grandes domus. À l’extérieur de la ville, plusieurs basiliques funéraires ont été construites sur des tombes privilégiées. Dès cette époque, les monuments antiques dont l’usage n’était plus nécessaire ont déjà disparu du paysage. C’est le cas en particulier des thermes de la place Bargemon.

Au siècle suivant, la transformation est encore plus radicale (fig. 2c). De tous les monuments connus, seul subsiste, au nord de l’ancien forum, le monument que l’on appelle les Caves Saint-Sauveur. Nous avons émis l’hypothèse qu’il avait dû sa conservation au fait qu’il accueillait le « cellier du fisc » dont les textes nous parlent régulièrement tout au long des vie-viie siècles.

5 Sur cet auteur, cf. Marc Bouiron, « La redécouverte des archives d’un érudit provençal. Le fonds Eugène-Henri Duprat à la BMVR de l’Alcazar à Marseille (Bouches-du-Rhône) », dans Archéologies de Provence et d’ailleurs. Mélanges offerts à Gaëtan Congès et Gérard Sauzade, Aix-en-Provence, 2008 (Bulletin archéologique de Provence, Supplément, 5), p. 809-819.

6 Sur la période de transition entre l’Antiquité et le Moyen Âge, cf. Marc Bouiron, « De l’Antiquité tardive au Moyen Âge », dans Thierry Pécout (coord.), Marseille au Moyen Âge, entre Provence et Méditerranée. Les horizons d’une ville portuaire, Méolans-Revel : Ad Verbum, 2009, p. 12-43. Le lecteur trouvera là les arguments archéologiques et les références des fouilles citées pour l’Anti-quité tardive marseillaise.

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Fig. 2a : plan de Marseille à l’époque romaine (Marc Bouiron et Ville de Nice, Philippe Mellinand et Inrap,

Bernard Sillano et Inrap).

Fig. 2b : plan de Marseille au vie siècle (Marc Bouiron et Ville de Nice).

Fig. 2c : plan de Marseille au viie siècle (Marc Bouiron et Ville de Nice).

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La fouille archéologique conduite récemment sur l’emprise du théâtre a montré qu’une fois ce monument récupéré (entre le ve et le vie siècle), un habitat s’installait sur le rebouchage des tranchées. Il faut donc admettre que si les monuments antiques ont disparu, c’est qu’ils ont été récupérés avant même le Moyen Âge « classique ».

Car l’histoire de Marseille durant les premiers siècles du Moyen Âge commence seulement à être perçue. Ainsi la ville antique est-elle subdivisée par deux enceintes réduites, laissant toute une partie centrale désertée. Des campagnes de récupération systématique s’y produisent jusqu’au moment de la reconquête véritable de cet espace urbain, par le biais d’un lotissement de l’abbaye Saint-Sauveur dans la seconde moitié du xiie siècle7. Sur le sommet des buttes, les contingences de défense de la cité ont certainement entrainé la destruction de tout monument encore un peu intact à cette époque.

Les édifices médiévaux

Si les monuments antiques n’ont quasiment pas survécu, il en est de même des monuments médiévaux8. D’autres causes sont ici à l’œuvre.

La maquette de Marseille au milieu du xive siècle (fig. 3), récemment réalisée pour les Archives municipales, permet de visualiser la ville au moment de sa plus grande extension (en particulier avant la destruction des faubourgs). La cité est parée de nombreux monuments (représentés en gris sur la maquette), et d’un habitat parfois de qualité, si l’on en croit les actes d’archives.Nous avons pu étudier en détail le quartier autour de l’Hôtel de Ville9. Les fouilles archéologiques témoignent des importantes modifications que les bâtiments anciens ont subies à la fin du Moyen Âge et au cours de l’époque moderne. Dans un premier temps, le sac des Catalans, en 1423, a entraîné l’incendie d’une partie de la ville. Un siècle plus tard, les bâtiments hors les murs qui avaient survécu à la destruction volontaire des faubourgs dans les années 1350-1360 ont été démantelés en prévision du siège de 1524. Ainsi a disparu le couvent des Mineurs, un des plus imposants de France.

Mais c’est surtout l’explosion démographique du xvie siècle qui a entraîné les plus grandes transformations : la ville passe de 15 000 habitants en 1520 à 35 000 en 158510. Et cette expansion se poursuit encore au xviie siècle. L’espace

7 L’étude de ce lotissement monastique est récente : Marc Bouiron, « Le lotissement de l’abbaye Saint-Sauveur de Marseille. De la reconquête de l’espace urbain à la création du palais communal (xie-xiiie siècle) », dans Cécile Caby (dir.), Espaces monastiques et Espaces urbains, MEFRM, 1, 2012.

8 Pour l’étude de quelques monuments, cf. Andreas Hartmann-Virnich et coll., « L’architecture religieuse médiévale à Marseille », dans Marc Bouiron, Henri Tréziny, Bruno Bizot, Armelle Guilcher, Jean Guyon et Mireille Pagni, Marseille. Trames et paysages urbains à Marseille de Gyptis au Roi René, Actes du colloque international d’archéologie (Marseille, 3-5 novembre 1999), Marseille, 3-5 novembre 1999, Aix-en-Provence, Édisud, 2001, p. 279-292 (Études massaliètes : 7).

9 Voir en particulier les études de Colette Castrucci, Philippe Rigaud, Bernard Sillano et Marc Bouiron, dans Marc Bouiron et al., Fouilles à Marseille, op. cit., p. 240-336.

10 Les chiffres sont donnés par Régis Bertrand, dans Marc Bouiron et al., Fouilles à Marseille, op. cit., p. 46.

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suburbain ne pouvant être investi du fait des guerres incessantes au cours du xvie siècle, c’est donc la ville elle-même qu’il faut trouver la place de loger les nouveaux habitants. Il faut donc surélever sans cesse les maisons, souvent en les reconstruisant.

Enfin, on sait la part de destruction des symboles de l’Ancien Régime et des possessions de l’Église et des bâtiments ayant servi de lieu de réunion à certaines sections durant la Révolution française. On peut prendre comme exemple la vue de l’abbaye Saint-Victor réalisée par J. M. Marchand en 1801.Au titre du même « vandalisme révolutionnaire » il faut noter la destruction de l’église des Accoules et de très nombreuses églises et couvents d’époque moderne. J. M. Marchand est un témoin privilégié de cette période11 : à la force de l’image se mêle une sorte de nostalgie romantique des ruines qui n’est pas sans évoquer l’attrait que les vestiges antiques exerçaient sur ses contemporains.

Les destructions de la période contemporaine

Pour finir, il convient d’évoquer la disparition du bâti du fait des grandes transformations urbaines de la seconde moitié du xixe siècle et du xxe siècle. Elles ont eu pour effet de faire disparaître à tout jamais de nombreuses traces

11 Sur le personnage et son œuvre, voir Régis Bertrand, « Joseph-Martin Marchand, un homme en Révolution… », dans Marseille en Révolution, Marseille, Éditions Rivages, 1989, p. 175-191 (catalogue d’exposition, Musées de Marseille) et Marchand en plein air : images et paroles d’un promeneur marseillais, Marseille, 1999, 85 p. (catalogue d’exposition, archives départementales des Bouches-du-Rhône).

Fig. 3 : la maquette de Marseille vers 1350 (cl. Marc Bouiron/Ville de Nice).

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archéologiques. Toutefois, l’intervention des archéologues se renforce tout au long de cette période pour aboutir à une systématisation à partir des années 1980.

Au xixe siècle

La première phase de destruction nous ramène à l’époque de Joseph Méry. Il s’agit du percement de la rue de la République.Inaugurée en 1864, elle a nécessité la destruction de 935 maisons et la dispa-rition totale ou partielle de 60 rues. Elle a créé une coupure très nette entre la butte des Carmes d’un côté et le reste de la vieille ville : longue de 250 m, elle a entraîné par endroits l’abaissement du terrain jusqu’à une profondeur de 25 m.Les photographies prises à l’époque des travaux permettent de voir la hauteur de terrains recoupés12.Une première commission archéologique est mise en place par la municipalité ; ses travaux, peu significatifs, n’ont pas permis la découverte de monuments antiques. Malgré tout, les destructions patrimoniales ont été très importantes, au moment même où l’on se plaignait de ne plus rien voir de la Marseille antique.

12 La Ville commanda un premier album réalisé en 1862 des rues qui allaient être détruites. Adolphe Terris réalisa ensuite d’autres clichés pendant les travaux. Il immortalisa les transformations de Marseille jusqu’à la fin des années 1880. Cf. Bernard Millet, « La Photographie », in Marseille au xixe siècle. Rêves et triomphes, Marseille, Musées de Marseille, 1991, p. 296-305 (Catalogue d’exposition, Musée des Beaux-Arts). Myriame Morel-Deledalle, « Projet urbain, archéologie et photographie », dans Marseille 1860-1914. Photographies et mutation urbaine, Marseille, Musées de Marseille, 1997, p. 36-53 (Catalogue d’exposition, Musée d’Histoire de Marseille).

Fig. 4 : destruction révolutionnaire de l’abbaye Saint-Victor vue par J. M. Marchand (cl. AD BdR).

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On signalera que des fouilles ont pu être entreprises très récemment à l’occasion des travaux de creusement de la surverse Vieux-Port au sud et du parking au nord (sous la direction de B. Sillano, Inrap). Toute la stratigraphie

Fig. 6 : vue du chantier de percement de la rue de la République (juin 1863) (cl. A. Terris, AMM).

Fig. 5 : plan de la zone détruite par le percement de la rue de la République (en rouge : plan du parcel-laire détruit en 1943) (Marc Bouiron/Ville de Nice).

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n’a pas disparu heureusement sur toute la surface, du fait de remplissages sédimentaires très importants.Malgré la création d’une commission archéologique, les découvertes sont de faible importance compte-tenu du volume excavé. L’urgence des travaux a certainement empêché un travail plus exhaustif. Mais à cette époque, la connaissance archéologique se résume bien souvent au ramassage des objets ; les traces fugaces de murs en grande partie récupérés pour leurs matériaux ne sont pas lisibles par les archéologues du xixe siècle.

Les travaux de cette époque sont documentés grâce à l’heureuse présence d’un maquettiste, du nom d’Augier, qui réalisa de très nombreuses repro-ductions des chantiers de fouille du dernier tiers du xixe siècle. Conservées

au Musée d’Histoire, elles ont fait l’objet d’études précises en particulier par Manuel Moliner dans le cadre de ses recherches sur les nécropoles antiques de Marseille13.

13 Nous avons pris quelques-unes de ces maquettes lors de notre étude sur une possible porte dans l’enceinte antique, sur le tracé de la rue Colbert ; elles sont particulièrement intéressantes car elles restent souvent les seules traces de chantiers archéologiques. Marc Bouiron et Henri Tréziny, « Une porte antique sous la rue Colbert ? », dans Marseille. Trames et paysages urbains, op. cit., p. 63-73.

Fig. 7 : photographie de l’extérieur des caves Saint-Sauveur lors des fouilles de Fernand Benoit (cl. SRA/DRAC-PACA).

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Les destructions de la seconde guerre mondiale

Dernier grand bouleversement de la trame urbaine ancienne, la destruction des vieux quartiers en 1943, lors de l’occupation allemande14. Sur le plan de la fig. 5 apparaît en rouge l’emprise au sol des maisons qui ont alors disparu. Si la destruction est le fait de l’occupant, la volonté d’assainissement est celle que la municipalité a développée pendant les décennies qui ont précédé.

La démolition de ces vieux quartiers a fait surtout disparaître l’habitat moderne, y compris des éléments un peu prestigieux. Après la fin de la guerre, Fernand Benoit, directeur des Antiquités de PACA a pu réaliser quelques sondages archéologiques ; il ne disposait pas à cette époque des moyens qui sont les nôtres aujourd’hui. Ces sondages ont malgré tout apporté des rensei-gnements importants sur la ville antique grâce à une relecture précise des archives de fouille15.

Nous avons malheureusement perdu alors la possibilité de mettre en valeur le seul monument antique vraiment conservé de Marseille, connu de tout temps et classé comme monument historique dès 1840 : les caves Saint-Sauveur que Fernand Benoit croyait romaines16. Il les a dégagées de l’extérieur sans malheu-reusement garder le monument ainsi.

Nous savons maintenant qu’il s’agit d’un monument hellénistique, dont Henri Tréziny a présenté voici une dizaine d’années une restitution17. Ce monument est encore présent actuellement sous le sol, bien que recoupé, au sud de la place de Lenche. Il mériterait d’être redécouvert car il représente le seul témoin d’un monument toujours utilisé entre l’Antiquité et le xixe siècle.

Marseille une ville antique avec des antiquités

Le grand mérite du xxe siècle aura été le développement d’une archéologie scien-tifique. Déjà mise en œuvre par Gaston Vasseur au début du siècle (il mourra malheureusement lors de la première guerre mondiale), la méthode stratigra-phique permettra d’obtenir des informations importantes dans les sondages qui suivent la reconstruction du quartier du Panier.

À partir de la redécouverte du port antique en 1966, Marseille retrouve enfin des vestiges visibles dans la ville. Leur conservation a été difficile et a participé de la prise de conscience pour le développement de l’archéologie préventive.

Outre les vestiges du port antique, on a pu remarquer des dernières années la reconstruction des thermes de la place Bargemon, la préservation

14 Pour le détail de cette opération, nous renvoyons à Anne Sportiello, « La destruction des vieux quartiers », dans Philippe Joutard (dir.), Histoire de Marseille en treize événements, Marseille, Jeanne Laffitte, 1988, p. 198-214.

15 On trouvera dans la carte archéologique de la Gaule signalée supra (note 3) le détail de l’étude faite par Henri Tréziny des divers chantiers.

16 Très sensibles aux arguments d’Eugène Duprat, Fernand Benoit ne croyait pas à une date haute pour le mur de Crinias et pour les caves Saint-Sauveur. Il y voit au contraire une construction des xviie-xviiie siècles. Il est vrai que l’emploi à cette époque de calcaire rose dans la construction, comme à l’époque hellénistique, a été un facteur de confusion.

17 L’article fondamental pour ce monument est Henri Tréziny, « Les caves Saint-Sauveur et les forums de Marseille », dans Marseille. Trames et paysages urbains, op. cit., p. 213-223.

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Fig. 8 : plan de localisation des caves Saint-Sauveur (M. Bouiron/Ville de Nice, Henri Tréziny/CCJ-CNRS).

de l’enceinte de la fin du xiie siècle sous l’îlot Puget III ou la conservation sous forme de crypte des vestiges grecs du collège Vieux-Port. De nos jours, on ne peut plus dire que Marseille est une ville sans antiquités.