Page 1
1
Une lecture écologique des choix (ortho) graphiques du créole mauricien: le cas de 'x' et de 'ks' Shameem Oozeerally
Mauritius Institute of Education, Doctorant, Université de Maurice
Publication : Langues créoles, mondialisation et éducation, Creole Speaking Union-Université de Maurice-Editions Le Printemps, 195-221 (2014)
Résumé
L’objectif de cette contribution est d’analyser l’opposition entre ‘x’ et
‘ks’ dans l’orthographe du créole mauricien, dorénavant KM, en
adoptant une perspective écologique. Nous étudierons les pratiques
existantes pour avoir une idée globale de la distribution de ‘x’ et de
‘ks’ dans les mots du KM. Pour cela, nous proposons de prendre un
échantillon de mots de divers textes en KM, en l’occurrence Proz
Literer an Morisien (D. Virahsawmy), Literesi Bileng(Virahsawmy,
2009), Zistar Ti-Prens (Virahsawmy, 2006), et Ekolozi Fraktire(John
Bellamy Foster, traduit par Ledikasyon pu travayer, 2011) ainsi que
deux numéros de la page Forum de l’édition du samedi du journal Le
Mauricien en KM.
Nous tenterons par la suite d’analyser l’opposition entre ces deux
lettres dans l’usage avec un point de vue écologique. Nous essaierons
également d’étudier la philosophie globale derrière la conception du
document Lortograf Kreol Morisien.
Abstract
Page 2
2
The objective of this paper is to analyse the opposition between ‘x’
and ‘ks’ in the Mauritian Creole (KM) orthography by adopting an
ecological perspective. We will first have an overview of existing
practice in order to have a broad view on the distribution of ‘x’ and
‘ks’ in KM words. We propose to take a sample of words from various
KM texts: Proz Literer an Morisien (Virahsawmy), Literesi Bileng
(Virahsawmy, 2009), Zistar Ti-Prens (Virahsawmy, 2006), andEkolozi
Fraktire (John Bellamy Foster, translated by Ledikasyon pu travayer,
2011) and two pages of the weekly forum section in KM (Anou Koz
Parol) in Le Mauricien newspaper. We will then attempt to analyse
the opposition between the two letters, as they are used, with an
ecological perspective. We will also attempt to analyse the global
philosophy behind the conception of the Lortograf Kreol Morisien
document.
Introduction
Depuis 2009, le paysage (socio)linguistique de Maurice a connu une
évolution intéressante et surtout rapide. Dans le tableau suivant, nous
exposons quelques faits et événements importants, relatifs au status et
au corpus1, concernant le mouvement socio-politico-institutionnel de
ces deux langues. Nous avons recueilli ces données principalement à
travers les articles de presse, parus en papier et en version
électronique.
1Le status et le corpus sont des termes mis en avant par Kloss (1969 cité par
Cobarrubias et Fishman, 1983)1 et utilisés dans le contexte de la planification
linguistique. Selon Cobarrubias (in Cobarrubias et Fishman, 1983), le status fait
référence au positionnement d’une langue par rapport à d’autres langues dans la
société ; les questions concernant le statut de la langue et l’officialité, par exemple,
concernent le status. Le corpus, par contre, est concerné par les caractéristiques
formelles qu’une langue devrait manifester. L’orthographe, le lexique, la morphologie
et la grammaire, par exemple, concernent le corpus (ibid.).
Page 3
3
2009 : Diksioner Morisien (Carpooran, 2009)
[+ corpus]
2010 : Introduction à l’école (programme des 2 principaux blocs
politiques)
2010 : Forum national sur l’introduction du KM à l’école [+ corpus]
2010 : Décision d’introduire le KM à l’école comme matière
optionnelle [+ status]
2010 : Création de l’Akademi Kreol Morisien
[+ status]
2011 : Lancement du rapport Lortograf Kreol Morisien [+ corpus]
2011 : 3,320 élèves du Standard 12 optent pour le KM
2011: Diksioner Morisien (deuxième édition, Carpooran, 2011)
[Lancement officiel par le Premier Ministre le 12 septembre 2011]
[+ corpus]
2011 : Formation des enseignants de primaire au Mauritius Institute of
Education (MIE)
2011: KM dans le programme de BA (Joint) Humanities
2011 : Gramer Kreol Morisien (publié sur le site du Ministère de
L’éducation et des Ressources Humaines)3 [+ corpus]
Tableau 1 : survol des évolutions concernant le créole mauricien
de 2009 à 2011
2Première année de scolarité primaire 3 Source :
http://www.gov.mu/portal/goc/educationsite/file/GRAMER%20KREOL%20MORISI
EN%202211.pdf visitée le 8 décembre 2011 à 12 00
Page 4
4
En 2009, Maurice (et le monde) a vu paraître le premier dictionnaire
créole monolingue (Carpooran, 2009). En effet, c’est le premier
dictionnaire créole monolingue au monde, avec un métalangage en
créole mauricien. En 2010, les deux principaux blocs politiques
(l’Alliance de l’avenir et l’Alliance du cœur) avaient le projet
d’introduire le créole mauricien et le bhojpuri dans le cursus scolaire
dans leur programme respectif. Dans l’édition du 27 avril 2010 du
Défi Plus, nous apprenons par exemple que « dans le secteur de
l’éducation, l’alliance PTr-PMSD-MSM prend l’engagement
d’introduire le créole comme matière dans le cursus scolaire au
primaire et comme langue de support4. ». Le septième point du
manifeste électoral de « l’Alliance du cœur », l’autre principal bloc
politique, évoque également l’introduction « de l’option de la langue
kreol à l’école5». Toujours en 2010, un forum national sur
l’introduction du KM à l’école a eu lieu. Durant la mêmeannée,
l’Akademi Kreol Morisien a ete créée. En 2011, le document relatif à
l’orthographe du créole mauricien, Lortograf Kreol Morisien (AKM,
2011) a été publié et lancé par le Ministre de l’Education et des
Ressources Humaines. L’exercice d’admission des élèves du Standard
I a révélé que 3,320 élèves ont opté pour le KM comme langue
optionnelle. La deuxième édition du Diksioner Morisien (Carpooran,
2011) a aussi été lancée, par le Premier Ministre, durant la même
année. Ensuite, la formation des futurs enseignants du KM à la MIE
s’est déroulée durant la même période et a pris fin en décembre 2011.
Un autre événement important est la publication du document relatif à
la grammaire (Gramer Kreol Morisien, AKM, 2011) sur le site du
Ministère de l’Education et des Ressources Humaines. De plus, il ne
faut pas oublier que l’interface du moteur google.mu existe aussi en
créole mauricien.
4 Source : http://www.defimedia.info/articles/8106/1/Programme-electoral--lAlliance-
de-lAvenir-prend-lengagement-dabolir-et-de-revoir-certaines-mesures-de-Sithanen--
/Page1.html visitée le 12 septembre 2010 à 15 00 5 Source : http://mmm.mu/01download/projetGouvernemental2010-2015.pdf visitée
le 12 septembre 2010 à 15 00
Page 5
5
L’aspect qui nous concerne ici est bien entendu le rapport Lortograf
Kreol Morisien.
1. La pratique (ortho)graphique nunc : bref état des lieux
Un bref regard sur les panneaux publicitaires, les affiches et les
articles de journaux, montre qu’une grande partie des scripteurs
n’adhèrent pas forcément au modèle orthographique proposé par le
document LKM6, même si un effort peut être noté dans ce sens
7. Le
manque de volonté d’adhérer à l’orthographe officielle nous amène à
dire que dans la pratique, le créole mauricien est toujours dans une
étape transitoire entre l’écrit verbalisé et l’écrit graphié, d’où notre
utilisation de pratiques (ortho)graphiques, dans cette forme spécifique.
Dans le schéma ci-dessous, la flèche pointillée démontre la position
actuelle du KM par rapport aux étapes de l’évolution des langues
allant du stade oral jusqu’au stade écrit (Hazael-Massieux, 1993).
6 Voir annexe 7 Pour ne prendre qu’un exemple, la page hebdomadaire en Kreol dans la section
forum du journal Le Mauricien (édition du Samedi) respecte les conventions
orthographiques
Page 6
6
Schéma 1 : Etat actuel du créole mauricien (KM) par rapport aux
évolutions concernant l’écriture
Page 7
7
1.1 L’utilisation de x et de ks : un survol sur la pratique
Dans cette partie, nous exposerons un échantillon de termes où
l’opposition entre ‘x’ et ‘ks’ est apparente. Nous avons choisi quatre
textes : Proz Literer an Morisien8 (Virahsawmy), Literesi Bileng
9
(Virahsawmy, 2009), Zistar Ti-Prens (Virahsawmy, 2006)10
, et
Ekolozi Fraktire11
(John Bellamy Foster, traduit par Ledikasyon pu
travayer, 2011) ainsi que deux numéros de la page Forum de l’édition
du samedi du journal Le Mauricien en KM.
Dev Virahsawmy: Proz literer
(http://www.dev-virahsawmy.org/PDFprozliterer.pdf)
Termes avec x Equivalents Fr et
Ang
Termes avec
ks/gz
Equivalents Fr et
Ang
Fixe Fixer, to fix Eleksion Election, election
Exite Excité, excited Eksite Excité, excited
Extra Extra, extra Eksitasion Excitation,
excitement
Taxi Taxi, taxi Direksion Direction,
direction
Delix De luxe, luxury Malediksion Malédiction, curse
Relax Se détendre, to
relax
Prodiksion Production,
production
Reflexion Réflexion, thought Aksepte Accepter, to accept
Fix Fixe, fixed Koneksion Lien, connection
Sex Sexe, sex Benediksion Bénédiction,
blessing
Explosion Explosion,
explosion
Egzanp Exemple, example
8Source : http://www.dev-virahsawmy.org/PDFprozliterer.pdf 9Source : http://www.dev-virahsawmy.org/PDFliteresibileng.pdf 10Source :http://www.dev-virahsawmy.org/PDFZepis_melanze2012.pdf 11Source : http://www.lalitmauritius.org/resources/documents/187-
Ekolozi_fraktire_par_john_bellamy_foster.doc
Page 8
8
Dev Virahsawmy: Literesi Bileng (2010)
(http://www.dev-virahsawmy.org/PDFliteresibileng.pdf)
Termes avec
x
Equivalents Fr et Ang Termes avec
ks/gz
Equivalents Fr et
Ang
Experyans Expérience, experience Konstriksion Construction,
construction
Prefix Préfixe, prefix Tradiksion Traduction,
translation
Exklamasion Exclamation, exclamation Direksion Direction,
direction
Exersis Exercice, exercise Destriksion Destruction,
destruction
Extra Extra, extra Kontradiksion Contradiction,
contradiction
Oxilier Auxiliaire, auxiliary Aksepte Accepter, to accept
Reflexif Réflexif, reflexive Aksion Action, action
Expre Exprès, on purpose Sikse Succès, success
Konplex Complexe, complex Atraksion Attraction
Annex Annexe, annex Fonksion Fonction, function
Expilse Expulser, to expel Kiksoz Quelque chose,
something
Dev Virahsawmy: Zistwar Ti-Prens (2006) Termes avec x Equivalents Fr et
Ang
Termes avec
ks/gz
Equivalents Fr et
Ang
Exkiz Excuse, excuse Aksepte Accepter, to accept
Extra Extra, extra Koleksion Collection,
collection
ekzanp Exemple, example egzanp Exemple, example
explikasion Explication,
explanation
ekziste Exister, to exist
expek S’attendre à,
expect
ekzekit Executer, to
execute
Page 9
9
LPT: Ekolozi fraktire, tradiksyon introdiksyon liv John Bellamy
Foster (2011)
(http://www.lalitmauritius.org/resources/documents/187-
Ekolozi_fraktire_par_john_bellamy_foster.doc)
Termes avec x Equivalents Fr
et Ang
Termes avec
ks/gz
Equivalents Fr
et Ang
Existe Exister, to exist Tradiksyon Traduction,
translation
Explwat Exploiter, to
exploit
Introdiksyon Introduction,
introduction
Exzize Exiger, to
demand
Kontradiksyon Contradiction,
contradiction
Extrem Extrême,
extreme
Destriksyon Destruction,
destruction
Exanp Exemple,
example
Interaksyon Interaction,
interaction
Extinksyon Extinction,
extinction
Prodiksyon Production,
production
Fixe Fixer, to fix Akselerasyon Accélération,
acceleration
Paradox Paradoxe,
paradox
Extinksyon Extinction,
extinction
Explwatasion Exploitation,
exploitation
Proteksyon Protection,
protection
Reflexiv Réflexive,
reflexive
Inakseptab Inacceptable,
unacceptable
Konplex Complexe,
complex
Rediksyonist Réductionniste,
reductionnist
Page 10
10
Le Mauricien, « Anou Koz Parol », Forum du 8 juillet 2011
Termes avec x Equivalents Fr
et Ang
Termes avec
ks/gz
Equivalents Fr
et Ang
Reflexion Réflexion,
thought
Kiksoz Quelque chose,
something
Exanp Exemple,
example
Konvansion Convention,
convention
Lexpresion Expression,
expression
Aksion Action, action
Extrem-orian Extrême-Orient,
Far East
Explik Expliquer, to
explain
Explisitman Explicitement,
explicitly
Le Mauricien, « Anou Koz Parol » Forum du 6 aout 2011
Termes avec x Equivalents Fr
et Ang
Termes avec
ks/gz
Equivalents Fr
et Ang
Text Texte, text Direksion Direction,
direction
Explicit Explicite,
explicit
Fonksionel Fonctionnel,
functional
Exanp Exemple,
example
Kiksoz Quelque chose,
something
Explisitman Explicitement,
explicitly
Distinksion Distinction,
distinction
Reflexion Réflexion,
thought
Diksioner Dictionnaire,
dictionary
Extre Extrait, Introdiksion Introduction,
introduction
exprim Exprimer, to
express
Page 11
11
Dans l’échantillon des termes qui figurent dans les différents tableaux
présentés plus haut, nous remarquons que dans la pratique, d’une
manière générale, les mots qui s’écrivent avec un ‘x’ en français et/ou
en anglais conservent le x en KM. De même, pour les mots ou le ‘x’
n’est pas présent en français et/ou en anglais, l’équivalent en KM
s’écrit avec un « ks ».
Néanmoins, toujours dans les différents échantillons présentés plus
haut, nous pouvons constater des cas d’incohérence, surtout dans
l’utilisation de ‘ks’. Par exemple, dans ‘Proz Literer’, D. Virahsawmy
utilise les deux formes : « exite, eksite » (« excité »), avec la forme
dérivée, « eksitasion » (« excitation »). Dans le même texte, l’auteur
utilise « gz » pour egzanp, alors que dans « Zistwar Ti-Prens » (2006),
« ks » et « gz » sont utilisés pour un seul et même mot: « egzanp » et
« ekzanp ». Cette ‘hétérogénéité’ formelle peut être expliquée par
l’application stricte du principe graphie-phonie, où un symbole
correspond à une lettre. Pour le cas de « gz » et de « ks », cela peut
poser problème ; pour le même mot, un individu peut avoir deux
prononciations différentes (/egzãp/ et /ekzãp/), ce qui peut donner lieu
à l’utilisation des deux formes graphiques. Nous voyons donc, dans
ce cas, que l’écriture d’une langue, y compris les langues creoles, va
au-delà de la simple transcription graphie-phonie (Hazael-Massieux,
1993 ; Chaudenson, 2005). Dans ce sens, opérer un choix où une
forme est sélectionnée et rationalisée s’avère être important, pour
éviter la présence de plusieurs formes du même mot. Ce choix a été
fait d’une manière explicite dans le document Lortograf Kreol
Morisien (2011) ; rappelons-le, le rapport Grafi-Larmoni était plus
flexible sur la question, même si une tendance sur la distribution de
« x » et de « ks » pouvait être perçu12
.
12 Voir le rapport Grafi-Larmoni (2004)
Page 12
12
2. L’écologie comme approche théorique pour comprendre
l’opposition entre x et ks
2.1 Quelques mots sur l’écologie
Avant d’aller plus loin, il nous semble important d’apporter quelques
clarifications sur la notion d’écologie telle que nous souhaitons
l’utiliser ici. L’objet de cette contribution n’étant pas de faire
l’exégèse et encore moins l’apologie des principes écologiques, nous
nous limiterons à quelques grandes lignes, même si nous sommes
conscient du fait que nous risquons de caricaturer les choses.
D’abord, l’écologie, au sens scientifique du terme, n’est en aucune
manière une idéologie militante pour la protection et la conservation
des espèces. L’écologie, en tant que science biologique, a émergé au
XXème siècle, avec E. Haeckel, qui a appliqué le terme oekologie à la
«relation de l’animal avec son environnement organique et
inorganique». Etymologiquement, oikos, du grec, renvoie à «maison
ou lieu d’habitation». Au sens biologique, l’environnement inclut
aussi bien les organismes13
que les composantes physiques14
des
alentours.
Le paradigme écologique, en application directe à la linguistique,
couvre un éventail de sous-disciplines qui vont de la pragmatique à la
macro-(socio)linguistique. Dans Fill et Mühlhäusler (2001), Sapir est
présenté comme le premier linguiste à s’inscrire dans la perspective
écologique ; il était le premier à s’aventurer au delà des considérations
structurales et descriptives des langues en tant que système
morphologique, phonologique, syntaxique entre autres (Fill et
Mühlhäusler 2001 p.2) pour étudier les relations entre les langues et la
nature.
13 Facteurs biotiques 14 Facteurs abiotiques
Page 13
13
Skutnabb-Kangas et Phillipson15
brossent un portrait des tendances
modernes dans le monde de la linguistique :
« Many researchers use ‘‘ecology’’ simply as a reference to
‘‘context’’ or ‘‘language environment’’, to describe language-
related issues embedded in (micro or macro) sociolinguistic,
educational, economic or political settings rather than de-
contextualised. Here, ecology has often become a fashionable term
for simply situating language or language study in some way»16
.
L’utilisation du paradigme écologique n’est pas simplement
antonymique à une «linguistique décontextualisée» ; ce n’est pas
simplement un prétexte pour présenter les faits (socio)linguistiques, en
contexte, d’une manière différente. Pour Bastardas-Boada (2000),
l’écologie ouvre des perspectives novatrices pour mieux comprendre
les phénomènes linguistiques et socioculturels dans le sens global du
terme.
«The ecological vision enables us to bring together elements
which appear to be separate, while at the same time,
maintaining a degree of autonomy for each distinct part»17
.
La vision écologique, donc, nous permet non seulement de rapprocher
un ensemble d’éléments qui apparaissent discrets et disparates, mais
aussi d’apporter une «magnétisation conceptuelle» de ces mêmes
éléments afin qu’ils puissent former un système dynamique. La
15 Skutnabb-Kangas et Phillipson in Encyclopedia of Language and Education (2008),
Vol 5: Bilingual Education. p. 3 16Beaucoup de chercheurs ont recours à « l'écologie » comme une simple référence au
« contexte » ou à « l'environnement linguistique », pour décrire les problèmes liés aux
langues comme des phénomènes intégrés dans les paramètres
(micro ou macro) (socio)linguistiques, éducatifs,
économiques ou politiques plutôt que des faits décontextualisés. Ici, l'écologie est
souvent devenue un terme à la mode pour le simple fait de situer la langue ou l'étude
des langues dans un « environnement ». 17 Basatardas Boada, 2000 p.2 (La vision écologique nous permet de réunir des
éléments qui semblent être séparés, tout en maintenant un degré
d'autonomie pour chaque partie distincte)
Page 14
14
première caractéristique d’une telle vision est essentielle, dans la
mesure où elle conditionne la manière de concevoir les faits ; il est
effectivement possible d’adopter une approche à la fois distante et
proche. L’analogie descend directement des sciences naturelles. Il est
possible d’étudier un écosystème dans son ensemble, en tant que
système, en procedant par l’etude des organismes qui composent ce
même système.
Bang et Døør expliquent l’approche éco-linguistique18
en rapprochant
la linguistique appliquée et les sciences naturelles. Selon cette
perspective, les phénomènes linguistiques, qui ne sont jamais neutres,
font partie de la praxis sociale et sont donc basés sur un processus
d’octroi des valeurs. En gros, la vision éco-linguistique ne peut être
dissociée de phénomènes sociaux.
« […] language and linguistics are not considered or treated as if
they were neutral. Language and linguistics are considered to be
part of a social praxis, and therefore part of a meaningful, value-
based process»19
.
2.2 Bi-pluridimensionnalité d’application des principes écologiques :
le cas de l’écriture du KM
Nous l’avons vu plus haut, l’écologie, comme principe scientifique,
peut fournir des outils dans la conceptualisation des faits de langue.
Dans notre cas, nous nous focaliserons sur l’écriture des langues
créoles, et plus précisément, l’écriture du KM. Nous tenterons de
démontrer comment, à la fois sur le plan local et global, l’approche
qui a mené vers les choix orthographiques dans le cas du KM
correspond souvent à une épistémologie écologique.
Dans un premier temps, nous tenterons d’examiner pourquoi, dans une
perspective globale, il est important d’adopter une réflexion de type
18 Orthographiquement identique à l’usage que font Bang et Døør 19 Bang et Døør, 1993 p.1 (la langue et la linguistique ne sont
pas considérées ou traitées comme des phénomènes neutres. Le langage et la
linguistique sont considérés comme faisant partie d'une praxis sociale, et font donc
partie d'un processus significatif fondé sur la valeur)
Page 15
15
écologique pour aborder la problématique de l’écriture des langues
créoles ; nous prendrons appui notamment sur la philosophie de
l’écologie dialectique pour voir comment l’évolution des documents
relatifs à la graphie et a l’orthographe du KM reposent, d’une manière
implicite, sur une épistémologie écologique20
. Dans un deuxième
temps, nous aborderons la dimension locale, avec l’opposition entre le
« x » et le « ks ».
3. Quelques considérations globales : un regard évolutif sur
l’aboutissement de Lortograf Kreol Morisien à travers la loupe du
dialogue démocratique
Le document Lortograf Kreol Morisien représente un document
fondamental dans l’avancée du KM, surtout si les développements
relatifs au corpus sont pris en considération ; en effet, c’est le premier
document orthographique officiel, endossé par l’Etat.
La conception de ce document a largement reposé sur deux autres
documents capitaux : Grafi Larmoni (2004) et Diksioner Morisien
(2009).
Dans la philosophie de l’écolinguistique dialectique, Bang et Døør
(2007) mettent en avant l’importance de l’expérience dialogique dans
des situations de conflits d’intérêt. Nous avons trois principes de
dialogue démocratique : le principe du partage (principle of sharing),
le principe de la différence (principle of difference), et le principe de
l’expérimentation (principle of experiments). Le principe du partage
consiste à identifier des points communs ; le principe de différence
vise à identifier les différents intérêts et expériences dans l’optique
d’une meilleure compréhension de la situation ou du problème ; le
principe de l’expérimentation vise à co-créer des expériences
comportant des changements par rapport a l’état initial dans l’objectif
de développer une compréhension optimale du processus (ou du
20 Comme l’atteste notre titre, nous en ferons ‘une lecture écologique’
Page 16
16
problème/de la situation), ou de trouver des solutions à un problème
posé.
Le rapport Grafi-Larmoni, dont l’objectif était de proposer une
graphie harmonisée du créole mauricien, sorti en 2004, a
implicitement respecté les principes du dialogue démocratique. Le
principe de partage s’est manifesté à travers la considération des
différentes graphies qui existaient déjà avant 2004 (Grafi-Larmoni,
2004 pp. 11-27) et l’identification des points communs qui peuvent
servir de fondement à la graphie harmonisée. Le tableau ci-dessous
fait état des pratiques graphiques pré-Grafi-Larmoni, en dehors des
pratiques dites étymologiques.
De la même manière, le principe de différence s’est manifesté à
travers l’analyse des points propres à chaque système graphique
considéré plus haut. Une graphie harmonisée a par la suite été
proposée, dans un contexte où les partenaires ont participé au dialogue
démocratique. Enfin, le principe de l’expérimentation s’est concrétisé
à une étape postérieure, où la graphie proposée par le comité Grafi-
Larmoni a été utilisée dans divers types d’écrits. Un exemple, parmi
d’autres, est le Diksioner Morisien, (2005), qui s’est principalement
aligné sur Grafi-Larmoni. Durant cette étape, plusieurs observations
dans la pratique de l’écriture ont permis d’apporter des changements
positifs. Par exemple, le rapport Grafi-Larmoni proposait « œ » pour
le son [ʌ], dans les réalisations des termes empruntés de l’anglais
comme « bœrgœr », « sistœr », « gœrlfrenn » etc. La version
prototypique du Diksioner Morisien (Diksioner Morisien, 2005) a
utilisé cette forme, et la réception parmi les utilisateurs-scripteurs du
KM était loin d’être favorable (Diksioner Morisien, 2009 ; Lortograf
Kreol Morisien, 2011). Pour cette raison, la première version intégrale
du Diksioner Morisien (2009) a utilisé le ‘u’ et le ‘er’ (selon la
position, avec ‘er’ en position finale) pour désigner le son [ʌ] dans des
termes empruntés de l’anglais (« burger »,« brushing », « mixer »). Le
schéma ci-dessous résume le processus du principe d’expérimentation
Page 17
17
à travers l’exemple du changement graphique opéré dans le contexte
de la représentation du son [ʌ]
Schéma 1 : le principe d’expérimentation
à travers la considération de ‘oe’
Le document LKM s’est par la suite aligné sur cette pratique. Nous
voyons donc qu’il est important de tenir compte de la pratique, qui
dépend de l’écosystème graphique usuel21
et de la réception de la part
des utilisateurs-scripteurs.
Toujours dans cette perspective globale, le document Lortograf Kreol
Morisien (2011) a aussi fait usage des principes du dialogue
21Nous y reviendrons plus bas
Le principe de l’expérimentation
Diksioner Morisien (version prototypique, 2005)
Mise en pratique
de Grafi-Larmoni Ex: utilisation de ‘oe’
Diksioner Morisien (première version intégrale) :
utilisation du ‘u’ et du ‘er’ selon la position
Page 18
18
démocratique, dans un contexte dialogique avec les différents
membres de l’Akademi Kreol Morisien, en prenant Grafi-Larmoni
(2004) et Diksioner Morisien (2009) comme base de comparaison,
comme le démontre le schéma suivant. Les principes de partage et de
différence se sont manifestés à travers l’étude de Grafi-Larmoni, et le
principe de l’expérimentation a pris appui sur les documents écrits,
dans la pratique, et plus précisément sur le Diksioner Morisien (2009).
Schéma 2 : illustration globale des principes du dialogue
démocratique dans la conception de Lortograf Kreol Morisien
Lortograf Kreol
Morisien (2011)
Page 19
19
Nous voyons donc que la philosophie globale du document LKM peut
être rapprochée de la vision écologique, notamment de celle
l’écolinguistique dialectique représentée par l’école d’Odense (Bang
et Døør, 2007).
La dimension locale : l’opposition entre « x » et « ks »
Nous avons vu, à travers les principes du dialogue démocratique,
comment la vision écologique nous permet de conceptualiser les faits
de langue d’une perspective globale et de venir avec une méthode de
réflexion sur la problématique de l’écriture de la langue KM. Nous
venons à présent à la dimension plus locale ou nous examinerons
l’importance des facteurs environnementaux.
Importance de l’environnement (socio)linguistique
Chaudenson (2005), en parlant du problème de graphisation des
langues créoles, met en avant l’importance de tenir compte de la
dimension écologique de la langue : « l’écologie de cette langue […]
est […] un élément important ; on peut tout à fait opérer des choix
graphiques différents selon qu’un créole […] se trouve dans un
environnement linguistique anglophone […]ou francophone [....] » (p.
95). De la même manière, Hazael-Massieux (1993) avance que la
référence des locuteurs prend appui sur l’environnement linguistique,
et parle de la « confrontation à la chose écrite ». Avant de prendre des
décisions sur les aspects graphiques, il faut donc tenir compte des
aspects pratiques en amont, c'est-à-dire de la pratique d’écriture
existante, ainsi que de la représentation (lexicale) de la population
d’utilisateurs-scripteurs. La pratique réelle des utilisateurs est au
moins partiellement déterminée par l’environnement linguistique, et
elle débouche sur un certain conditionnement visuel. Nous proposons
d’utiliser le terme ‘habitus scripto-visuel’ pour expliquer cette
situation.
Page 20
20
L’habitus en sociologie, en simplifiant, dénote un ensemble de
dispositions qui génèrent les pratiques et les perceptions22
. En d’autres
mots, il désigne une certaine organisation cognitive, un ensemble de
schèmes (Jaccard et Jacoby, 2010) qui influencent le comportement
humain. L’habitus est isomorphe aux structures sociales, ce qui veut
dire que c’est l’écosystème social détermine l’habitus. Nous allons
tenter d’adapter ce concept à la sphère linguistique. Nous pouvons
parler d’habitus linguistique, qui représente l’organisation cognitive et
représentationnelle au niveau des pratiques linguistiques. Dans le
contexte mauricien, un enfant apprend l’anglais et le français d’une
manière systématique, que ce soit dans le contexte scolaire ou
extrascolaire. Dans le paysage scripto-visuel, ou l’écologie scripto-
visuelle (Calvet, 1999), le mauricien est constamment exposé aux
signes linguistiques anglais et français. Les medias, les publicités et
les supports écrits, par exemple, sont majoritairement francophones ou
anglophones. L’exposition de l’enfant mauricien à ces deux langues
est donc quasi-permanente23
. Par conséquent, l’identité graphique des
items lexicaux du français et de l’anglais est imbriquée dans la
représentation des usagers, y compris les termes ou « x » est présent
ou absent. De plus, à travers l’étude des termes présentés plus haut,
nous remarquons qu’il est possible de dire que l’utilisation de la lettre
« x », pour certains mots, du moins dans la dimension perceptive, fait
partie de l’habitus linguistique des utilisateurs-scripteurs du créole
mauricien. Hazael-Massieux (1993) avance que la référence des
locuteurs dépend de l’environnement linguistique, et que les mots ont
une identité visuelle, qui dépend de la ‘confrontation à la chose
écrite’. De ce fait, il est important, lorsqu’on travaille sur la
proposition d’une orthographe, de tenir compte de cet aspect ; dans
l’idéal, l’orthographe ne doit pas être en scission avec l’écosystème
graphique fait déjà partie de l’environnement linguistique des
22http://www.eng.fju.edu.tw/Literary_Criticism/cultural_studies/bourdieu.html 23 Sans compter l’élément représentationnel, ou les enfants sont encouragés d’aller
vers l’anglais et le français, surtout par les parents.
Page 21
21
locuteurs-utilisateurs-scripteurs de la langue en question. Nous
proposons le schéma suivant pour résumer notre raisonnement
Schéma 3 : la dimension écologique locale du problème de
l’écriture des langues (créoles)
Page 22
22
La dimension sémantique
La dimension sémantique représente une autre raison pour laquelle
l’opposition entre « x » ek « ks » devient pertinente. Dans le cas de akse
et axe , « x » et « ks » sont des marqueurs de différence sémantique.
Encore une fois, la raison de cette distinction se trouve dans
l’organisation de l’écosystème cognitif d’un individu en fonction de
l’écosystème sociolinguistique, où nous avons plusieurs langues en
contact.
Dans le cas de axe, le conditionnement visuel-perceptif du mauricien
entrainera le repérage du référent « santre lor » (« centré sur »). (nou
reflexion axe lor teori ekolozik<notre réflexion est axée sur les théories
écologiques>= nou reflexion santre lor teori ekolozik<notre réflexion
est centrée sur les théories écologiques>). Il n’est pas nécessaire
d’intégrer le mot dans un contexte phrastique/textuel pour repérer l’unité
« centré sur ». De la même manière, akse renvoie au référent « lantre
(accès) » (akse-la bloke ar debri [l’accès est bloqué par des débris]).
Une fois de plus, le contexte phrastique n’est pas nécessaire pour le
repérage du mot, qui se fait d’une manière spontanée. Dans ce cas, « x »
et « ks » correspondent à des marqueurs de distinction sémantique
Page 23
23
Conclusion
Malgré les réticences et résistances que le terme ‘écologie’ peut
provoquer, nous voyons qu’il peut être utile, en tant que principe
scientifique, pour apporter des clarifications sur des aspects relevant de
l’aménagement linguistique. L’avènement d’un document
orthographique officiel pour le KM représente un fait historique,
articulé sur l’introduction de cette langue comme matière optionnelle
dans le cursus scolaire. La vision écologique nous permet d’avoir un
regard à la fois global et local sur la question de l’écriture du créole
mauricien, en nous aidant à comprendre les mécanismes de l’écriture,
en tenant compte de l’environnement linguistique des utilisateurs-
scripteurs et en minimisant le facteur idéologique. La vision écologique
n’a aucune prétention de révolution ; elle nous permet en revanche de
poser un regard alternatif sur les choses. Les principes du dialogue
démocratique, ainsi que la prise en compte de l’environnement des
utilisateurs pourraient aussi nous permettre d’avoir une réflexion plus
profonde sur la question de l’écriture, et d’une orthographe éventuelle
pour une autre langue à Maurice qui mérite d’avoir une considération
scientifique plus poussée : le bhojpuri mauricien.
Références bibliographiques
Akademi Kreol Morisien, 2011, Lortograf Kreol Morisien, Ministère
de L’éducation et des ressources humaines, Maurice
Bang, Jørgen Christian et Døør Jørgen, 2007, Language, Ecology and
Society, a Dialectical approach, UK, Continuum.
Bastardas-Boada, Albert, 2000, Language Planning and Language
Ecology: Towards a Theoretical Integration, Symposium 30 years of
Ecolinguistics, Graz, Austria, CUSC, Barcelona, Spain.
Boudreau, Annette et al, 2002, Ecologie des langues – Ecology of
languages, mélanges William Mackey - Hommage to William Mackey,
Paris, L’Harmattan.
Page 24
24
Boudreau, Annette et al, 2003, Colloque internationale sur l’écologie
des langues, Paris, L’Harmattan.
Calvet, Louis-Jean, 1999, Pour une écologie des langues du Monde,
France , Plon.
Carpooran, Arnaud, 2003, Ile Maurice: des langues et des lois, Paris,
l’Harmattan.
Carpooran, Arnaud, 2009, Diksioner Morisien, Maurice, KTKL.
Carpooran, Arnaud, 2011, Diksioner Morisien, deziem edision,
Maurice, KTKL-Le Printemps
Chaudenson, Robert, 2005 , « Description et graphisation : le cas des
créoles français », Revue française de linguistique appliquée : les
créoles : des langues comme les autres, Vol. X-Fascicule 1, 91-102.
Cobarrubias, Juan et Fishman, Joshua (eds), 1983, Progress in
Language Planning, Berlin, Walter de Gruyter.
Fill, Alwin et Mühlhäusler, Peter, (Eds.), 2001, The Ecolinguistics
Reader, UK, Continuum.
Fill, Alwin et Penz, Hermine, 2007, Sustaining Language, Essays in
Applied Ecolinguistics, Berlin , Lit Verlag.
Hazael-Massieux, M-Christine, 1993 , Ecrire en créole. Oralité et
écriture aux Antilles, Paris, L’Harmattan.
Hookoomsing Vinesh, 2004, Grafi-Larmoni : A harmonized writing
system for the Mauritian Creole Language, Mauritius, Ministry of
Education.
Jaccard, James et Jacoby, Jacob, 2010, Theory Construction and
Model-building Skills, USA , The Guilford Press.
Mufwene, Salikoko, 2001, The Ecology of Language Evolution, USA,
Cambridge University Press.
Mufwene, Salikoko, 2008, Language Evolution: Contact, Competition
and Change, UK , Continuum.
Page 25
25
Mühlhäusler, Peter, 2003, Language of Environment, Environment of
Language: A Course in Ecolinguistics, UK, Battlebridge.
Skutnabb-Kangas, Tove, 2000, Linguistic Genocide in Education or
Worldwide Diversity and Human Rights?, UK, Routledge.
Skutnabb-Kangas, Tove et Phillipson, Robert, 2008 « A Human
Rights Perspective on Language Ecology » in Encyclopedia of
Language and Education, 2nd
edition, Volume 9, Ecology of
Language, eds Angela Creese, Peter Martin et Nancy Hornberger,
New York, Springer, 3-14
Virahsawmy, Dev, 2006, Zistwar Ti-Prens, traduction du Petit Prince
par Antoine de Saint-Exupéry, Allemagne, Edition Tintenfaß
Sites web et articles de presse
Commission Justice et Vérité: Jugdish Goburdhun souhaite que le
bhojpuri soit introduit dans les écoles Source : Le défi-media group,
publié le 14 juillet 2010, source:
http://www.defimedia.info/news/6019/Commission-Justice-et-
%C3%A9rit%C3%A9-%3A-Jugdish-Goburdhun-souhaite-que-le-
bhojpuri-soit-introduit-dans-les-%C3%A9coles- visitée le 19
septembre 2010 à 17 00
Creole in classroom. Source : News on Sunday, édition du 13.6.2009
source: http://www.defimedia.info/articles/1371/1/Creole-in-
classroom/Page1.html visitée le 19 septembre 2010 à 22 00
Cultural Studies, Representation and Identity, Pierre Bourdieu source :
http://www.eng.fju.edu.tw/Literary_Criticism/cultural_studies/bourdie
u.htmlvisitée le 20Janvier 2013 à 22 00
http://www.gov.mu/portal/site/cso/menuitem.908f60f0f0c03c6c965c0
62ca0208a0c/ visitée le 10 septembre 2010 à 15 00
http://mmm.mu/01download/projetGouvernemental2010-2015.pdf
visitée le 12 septembre 2010 à 15 00
Page 26
26
Kreol Speaking Union on anvil. Source:
http://www.defimedia.info/articles/6429/1/Kreol-speaking-union-on-
anvil/Page1.html visitée le 12 septembre 2010 à 20 00
Lalit, Ekolozi Fraktire, Draft tradiksyon Introdiksyon Liv John
Bellamy Foster, Port Louis, Lalit. Source :
https://www.google.mu/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd
=2&cad=rja&ved=0CDkQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.lalitma
uritius.org%2Fresources%2Fdocuments%2F187-
Ekolozi_fraktire_par_john_bellamy_foster.doc&ei=XYE1UcXDMKa
4iQf7uYAQ&usg=AFQjCNH_XCgS3krrcJ3LNfRrgcCiUUDFjg&bv
m=bv.43148975,d.aGc visitée le5 décembre 2012 à 14 00
Le Mauricien, Anou Koz Parol, Forum de l’édition du 8 juillet 2011
Le Mauricien, Anou Koz Parol, Forum de l’édition du 6 aout 2011
L’Express Weekly, édition du 16 juin 2010 de l’Express Weekly
Programme électoral : l’Alliance de l’Avenir prend l’engagement
d’abolir et de revoir certaines mesures de Sithanen.
Source :http://www.defimedia.info/articles/8106/1/Programme-
electoral--lAlliance-de-lAvenir-prend-lengagement-dabolir-et-de-
revoir-certaines-mesures-de-Sithanen--/Page1.html visitée le 12
septembre 2010 à 15 00
Virahsawmy, Dev, Proz Literer (Tizistwar, Novela, Roman) source :
http://www.dev-virahsawmy.org/PDFprozliterer.pdf visitée le 3
janvier 2013 à 16 00
Virahsawmy, Dev, Bilengism Morisien ek Angle, source :
http://www.dev-virahsawmy.org/PDFliteresibileng.pdf visitée le 3
janvier 2013 à 16 00