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1,80 EURO. DEUXIME DITION NO10563 WWW.LIBERATION.FR
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THURSDAY 7 MAY 2015
NUMRO SPCIAL MADE IN BRITAIN
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Electionsbritanniques
DESUNIONJACK
DE LONDRES MANCHESTER, DESSERVICES PUBLICS LAGASTRONOMIE, 28
PAGESSPCIALES DE REPORTAGESET DANALYSES LANGLAISE
Aprs cinq ans aupouvoir, le conservateurDavid Cameron affrontele
travailliste Ed Milibanddans un scrutin serr quipourrait ne pas
dgagerde majorit. Miroirdune socit dynamiquemais fracture.
ISRAL, MNARD, LIVRES TOUTE LACTU EN CAHIER CENTRAL
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END
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LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015MADE IN BRITAIN2 ELECTIONS
Les tories et le Labour se sont talonns toute la campagne.Pour
se dpartager, ils en appellent ce jeudi au vote tactique.
Rglement decomptes UK corralT out a pour a. Six semaines
arpen-ter les moindres recoins du Royau-me-Uni, serrer des mains,
dbat-tre, visiter des coles, des maisonsde retraite, des usines,
promettre, mena-cer, supplier. Tout a pour rien. A lheure,jeudi
matin, de louverture des bureaux devote pour lire les 650 dputs la
Chambre
des communes et dsigner leprochain Premier ministre
bri-tannique, le suspense reste en-
tier. Jusqu lultime journe de la campagne,les sondages auront
donn les conservateurset les travaillistes au coude--coude,
envi-ron 34% des voix, exactement comme depuisle dbut. Un tel
rsultat ne permettrait aucun des deux plus gros partis, les seuls
pouvoir avoir un Premier ministre dans leursrangs, de remporter une
majorit absolue au
Parlement. Les lecteurs sont rests jusquaubout mfiants, peu
convaincus par une cam-pagne juge terne, trs ngative et extrme-ment
contrle. Pourtant, David Cameronpour les conservateurs et Ed
Miliband pourle Labour auront tout tent pour persuader
lesBritanniques de leur faire confiance.
David Cameron est all jusqu proposerdinscrire dans la loi sa
promesse lectoralede ne pas augmenter les impts pendant lescinq
prochaines annes. Ed Miliband a imitMose en faisant graver dans un
bloc de pierreses promesses de campagne. Mais les retom-bes de la
reprise conomique, amorce sousla coalition entre conservateurs et
librauxdmocrates, nauront semble-t-il pas suffipour convaincre les
lecteurs doffrir Ca-meron un nouveau ticket pour le 10, Dow-ning
Street. Et si Miliband a surpris positive-ment en se montrant plus
convaincant et laise quattendu, il partait de si loin en
termedimpopularit quon ne peut pas vraimentparler de succs.
MORIBOND. A quelques heures de la fin de lacampagne, les
candidats nont donc pas h-sit appeler au vote tactique. Les
conserva-teurs ont ainsi suggr leurs partisans devoter libral
dmocrate l o un candidat de
ce parti serait au coude--coude avec les tra-vaillistes. Leffort
est particulirement con-centr dans la circonscription de Nick
Clegg, Sheffield-Hallam, dans le nord de lAngle-terre. Le chef des
libraux dmocrates y taiten difficult face son challenger
travaillisteOliver Coppard. Or, ces derniers jours,les sondages
semblent avoir tourn en faveurde Nick Clegg. Le parti libral
dmocrate, quiavait remport 104 siges en 2010, taitdonn moribond
avec des prdictions autourde 26 siges. Sa participation la
coalitionavec les conservateurs et le reniement de sapromesse de
2010 de ne pas augmenter lesfrais dinscription luniversit ont fait
fuirses supporteurs. Ces derniers jours pourtant,un lger
frmissement dans les intentions devote pourrait donc indiquer un
rsultatmoins calamiteux quattendu. Le calcul desconservateurs est
simple. Si Clegg sauve sonsige de dput, il reste la tte des
LibDemet serait probablement favorable une nou-velle coalition avec
les conservateurs. Silnest pas rlu, il quittera la tte de son
partiet son successeur pourrait choisir de sallieravec les
travaillistes.Ct Labour, des initiatives ont t lancespour changer
des votes verts contre desvotes travaillistes dans certaines
circonscrip-tions pour empcher la victoire dun candi-dat tory.
Vendredi sera donc une journemathmatique, o les additions se
ferontdans tous les sens. Constitutionnellement, lePremier ministre
ne doit pas tre le chef duparti ayant remport le plus de siges, ou
devoix. Il doit tre celui qui peut obtenir la con-fiance du
Parlement, avec laide des partis deson choix, lors du vote sur le
discours de lareine, le programme lgislatif annuel du
gou-vernement, prvu le 27 mai.En dpit de ses dngations, le Labour
ten-tera sans aucun doute de ngocier avec leScottish National
Party, le parti indpendan-
Par SONIA DELESALLESTOLPERCorrespondante Londres LESSENTIEL
LE CONTEXTERoyal baby, sortie de lUE,indpendance de lEcosse
etcampagne lectorale, le RoyaumeUniest au cur de lactualit.
LENJEULes lections pourraient dsigner unnouveau Premier ministre
travailliste.
Le leader travailliste Ed Miliband, le 23 avril Leeds, et David
Cameron, le Premier ministre conservateur sortant, le 25 avril dans
le Surrey. PHOTOS RI VIEIRA. AP ET TOBY MELVILLE.AP
RCIT
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LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015 MADE IN BRITAIN ELECTIONS 3
Par LAURENT JOFFRIN
Laboratoire
David Cameron a russi.Il a russi relancer lacroissance de
lconomiede la Grande-Bretagne et rduire le chmage enproportion. Il
a aussi russi rendre son pays plus duret plus ingalitaire. Peut-tre
tait-ce en fait sonobjectif, mme si sonprojet de
compassionateconservatism a pu faireun temps illusion.Ce
conservatisme-l futsurtout compatissant pourles super-richesCest
pourquoi llectionbritannique servirade laboratoire. Lesorthodoxes
du libralismey verront un modle, enoubliant de prciser que
larigueur dont se prvautCameron laisse le dficitbudgtaire 5% du
PIB,trs au-dessus de lamoyenne europenne, etque la politique
montairede la Banque dAngleterrea prcisment rompu aveclorthodoxie.
La gaucheremarquera que la baissedu chmage se paie dunrecul de la
justice sociale.La campagne dEdMiliband a trouv l desarguments qui
ont touchles lecteurs britanniqueset rendu la reconductiondes
conservateurs bienplus difficile que prvu,mme si rien nest jou.Cest
le dfi des gaucheseuropennes : revenir untaux demploi
acceptabletout en promouvantun modle socialementprogressiste. On en
trouvequelques lments dansle programme destravaillistes, qui
metlaccent sur la sant,lducation, le logement,la justice fiscale.
Mais ilmanque toujours au campdu progrs le projetrformiste qui peut
fairepice loffensive deslibraux en faveur dunecroissance
ingalitaire.Cameron a t efficacemais injuste. Mais si, linverse, la
justice freinelefficacit, la gauchea perdu davance.
DITORIAL
Durant le mandat du Premier ministre conservateur,le foss entre
pauvres et nantis sest sensiblement largi.
Quand Cameron est lles sur-riches dansentL es riches ont un
problme. Ils sont de plus enplus riches. Avant, il ny a pas si
longtemps,on les appelait simplement les riches. Puis,il y a peu,
ils sont devenus les superriches. Mainte-nant, on dit les berriches
(les sur-riches). Et leRoyaume-Uni est le pays au monde, part
lesEtats-Unis, qui les attire le plus. Cela faitun moment que ces
riches sont de toutefaon outrageusement fortuns, mais leproblme,
cest quil faut tre aujourdhui de plusen plus riche pour faire
partie de la liste des1000 personnes les plus riches au
Royaume-Uni.Sur ce millier de personnes, 117 sont des
milliar-daires, soit plus par habitant que dans nimportequel pays
dvelopp. La France en accueille 43. Enfait, il faut disposer en
2015dau moins 100 millions delivres (136 millions deuros)pour
entrer dans le club trsslect de la rich list pu-blie tous les ans
en avril parle Sunday Times. Lan der-nier, 85 millions
suffisaient.Flot. Rcession, ralentissement de lconomie,austrit,
coupes dans les budgets, rien ny a fait,rien na eu le moindre
impact sur les plus riches,qui ont, ces dernires annes, continu de
senri-chir. Seule lanne 2009 a un peu frein le flot,avant que cela
ne reprenne aussi sec en 2010. Parcontraste, le revenu moyen du
Britannique moyen
na, ces cinq dernires annes, presque ou pas dutout augment. Et
les plus pauvres sont devenusencore plus pauvres. Les visites dans
les banquesalimentaires ont augment de 18% en 2014-2015par rapport
lanne prcdente. Trussel Trust, quigre 445 banques alimentaires dans
le pays, a ainsi
fourni cette anne de la nourriture dur-gence pour trois jours
prs de 1,1 millionde personnes.
Lconomie britannique est en croissance, le ch-mage a fortement
baiss il se situe 5,6% de lapopulation et des emplois ont t crs.
Mais cesderniers ne sont pas tous stables. Certains sont
descontrats zro heure, qui permettent un em-ployeur de ne pas
licencier un salari mais de ne
lemployer que sil a du travail lui offrir et de nelui payer que
les heures travailles. Selon lOfficenational des statistiques
(ONS), un emploi sur dix-sept ne garantit aucune heure.
Paralllement, lessalaires nont pas ou que trs peu augment, alorsque
le cot de la vie a, lui, continu grimper. LeRoyaume-Uni est
dsormais lun des
tiste cossais (lire page 4), en passe de rem-porter entre 40 et
50 des 59 siges cossais,mme si Miliband a exclu une coalition.
Etavec les cologistes du parti des Greens, quisattendent maintenir
leur seul sige auParlement, celui de Brighton.
SURPRISE. Quant au parti anti-europenUkip, grand vainqueur des
europennes demai 2014, il semble en perte de vitesse et nedevrait
pas remporter plus de un trois si-ges. Son leader, Nigel Farage,
nest mme pasassur de remporter celui de South-Thanet,dans le Kent.
A moins dune norme sur-prise, les Britanniques devront attendre
plu-sieurs jours avant de connatre le nom de leurfutur Premier
ministre et la couleur de leurgouvernement.
Londres
ROYAUME-UNI
IRL
Merdu Nord
150 km
IRLANDEDUNORD
COSSE
PAYSDEGALLES
ANGLETERREIRLANDEIRLANDE
Sources : Eurostat, Pnud
habitants km2
e sur
en 2013
Population en 2014SuperficiePIB par habitant en 2014Croissance
du PIB en 2014Chmage en 2014Indicateur de dveloppementhumain
(IDH)
ANALYSE
Avant, on parlait de lalle des millionnaires.Maintenant, on dit
lalle des milliardaires.En fait, elles sont deux. Il y a, entre
Notting Hill etKensington, la coquette Kensington Palace
Gardens,borde de grands arbres et de manoirs immenses.
Suite page 4
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LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015MADE IN BRITAIN4 ELECTIONS
pays au monde o les ingalitssont les plus prononces et ce fait
devrait nous em-barrasser et nous faire honte, a ainsi estimDuncan
Exley, directeur gnral de lorganisationcaritative Equality Trust.
La fortune totaledes 1000 personnes les plus riches du Royaume-Uni
a augment de 5,4% lan dernier, pour attein-dre un record de 547,13
milliards de livres sterling.Cette somme reprsente plus que la
fortune com-bine des 40% des foyers les plus pauvres du pays,soit
environ 25,6 millions de personnes. Ces pau-vres disposent,
ensemble, de 452 milliards de li-vres, selon un rapport de lONS. En
fait, par rap-port il y a dix ans, le top 1% de la
populationbritannique sest enrichi de 100%.Manoirs. Tous ces riches
ne sont pas britanniques,mais tous sont attirs par le Royaume-Uni.
Un r-gime fiscal avantageux pour les grosses fortunes(notamment
avec le statut de non-domicili quipermet un tranger de payer peu
dimpts surplace, et que veut abolir le travailliste Ed Mili-band),
la langue anglaise, un systme lgal re-nomm la City attire beaucoup
de fortunestrangres.Avant, on parlait de lalle des
millionnaires.Maintenant, on dit lalle des milliardaires. Enfait,
elles sont deux. Il y a, entre Notting Hill etKensington, la
coquette Kensington Palace Gar-dens, borde de grands arbres et de
manoirs im-menses. Et, plus au nord, entre Highgate etHampstead, on
trouve aussi Bishops Avenue. For-cment, la corrlation entre ces
avenues et larich list du Sunday Times est forte. LAmricaindorigine
ukrainienne Len Blavatnik, par exemple,numro 1 du classement avec
une fortune estime 13,17 milliards de livres grce ses
investisse-ments dans les mdias et la musique (il possdeentre
autres Warner Music), a choisi KensingtonPalace Gardens comme home
sweet home. Ily a achet une proprit pour environ 41 millionsde
livres quil nen finit pas de rnover. Lamoyenne de la valeur dune
maison au Royaume-Uni est de 249 000 livres. Mais attention, pas
deFerrari rouge ou Lamborghini jaune dans la rue,lberriche la joue
discrte. Les Ferrari sont ca-ches dans les garages. En revanche,
les gardes etles vigiles pullulent devant les portails, mais
lave-nue abrite aussi un grand nombre de rsidencesdambassades, dont
celle de France.Il fut un temps, au cours du XXe sicle, o
lentre-tien de ces manoirs, construits partir de 1840,tait devenu
trop onreux pour des personnesindividuelles. Ce sont donc des Etats
qui staientports acqureurs. Et puis, depuis une vingtainedannes,
les fortunes personnelles ont permis certains de les acheter et de
les entretenir. TamaraEcclestone, fille de Bernie Ecclestone, le
magnatde la Formule 1 et 33e sur la rich list, habite lave-nue,
comme loligarque russe Roman Abramovich,propritaire du club de foot
de Chelsea (10e). Il ya aussi le roi de lacier indien Lakshmi
Mittal (7e),qui a mme achet en tout trois rsidences, poury loger
ses enfants. Et, bien entendu, des membresde la famille royale
saoudienne et du Qatar. Len-droit est calme, discret souhait, et
bien surveill.Logique puisque, outre les ambassades, le bas
delavenue borde la rsidence royale de KensingtonPalace. Cest l que
la nouvelle petite princesseCharlotte Elizabeth Diana de Cambridge
a passses premires nuits. Son arrire-grand-mre, lareine Elizabeth
II, vient dailleurs dtre expulse,pour la premire fois de sa vie,
des 300 premiresfortunes de ses propres sujets, un vrai
scandale.
De notre correspondante LondresS.D.-S.
Suite de la page 3
Le sort de Miliband est entre les mains de la dirigeante du
SNP.
Nicola Sturgeon,faiseuse de roi en EcosseE lle nest pas
candidate et pour-tant, elle a dj gagn. Sa moindreapparition dans
les rues cossaisesprovoque un dferlement den-thousiasme, elle
distribue sanscompter des High Five, destapes dans les mains, se
prte tous lesselfies. Nicola Sturgeon, dirigeante duScottish
National Party (SNP), le partiindpendantiste, a men, de loin,
lameilleure campagne lectorale de cessix dernires
semaines.Pourtant, il y a huit mois, elle tait per-dante. Aprs une
campagne acharnede plus de deux ans, 55% des Ecossaisrejetaient
lindpendance lors du rf-rendum du 18 septembre. En toute lo-gique,
le SNP aurait d seffondrer. EtNicola Sturgeon avec. Sauf que non.
Leparti a vu le nombre de ses adhrentsquadrupler ils sont
aujourdhui plusde 100 000 et Nicola Sturgeon a t
lue la tte du parti, en remplacementdAlex Salmond. Elle est
devenue dumme coup la First minister au Par-
lement semi-autonome cos-sais. A lissue du scrutin, ellepourrait
permettre au leader
travailliste Ed Miliband de franchir leseuil du 10, Downing
Street, si aucunparti nobtient la majorit. Le SNPpourrait remporter
de 40 50 siges enEcosse, sur 59, et empcher le Labourdobtenir une
majorit absolue. Mais lesdeux partis pourraient se retrouverautour
dun accord qui permettraitaux travaillistes de gouverner avec
lesoutien du SNP.Rbellion. Les conservateurs lontsurnomme la femme
la plus dange-reuse du Royaume-Uni, un indicesur linquitude quelle
suscite dansleurs troupes. Comme pour beaucoupdEcossais, cest le
rejet de Margaret
Thatcher et de tout ce quelle reprsen-tait qui a dict son
engagement en po-litique, et immdiatement au SNP, alorsquelle avait
16 ans. Cela ma motivepour sortir dans la rue, faire
campagne,essayer de changer le monde en mieux.Ne en juillet 1970
Irvine, sur la cteouest de lEcosse, dans une famille ab-solument
pas politise, dun pre lec-tricien et dune mre assistante den-taire,
elle raconte souvent avoir t uneenfant srieuse, plonge dans ses
livres.Elle aurait pu rejoindre les travaillistesdans les annes 80,
lEcosse tant leterreau du Labour. Le choix du SNP estune forme de
rbellion contre le fait que,parce que je venais dune famille
ouvrire,je devais rejoindre le Labour, a-t-elleconfi dans ses
interviews.Elle est la premire de sa famille aller luniversit, o
elle tudie le droit.Depuis lge de 7 ans, je voulais devenir
Nicola Sturgeon est, par sa matrise des dbats et son apparente
franchise, plus populaire que ses rivaux. ANDY BUCHANAN.AFP
PROFIL
En direct de Londres suivez le scrutinet les rsultats des
lections gnralesbritanniques ce jeudi et toute la nuit.
SUR LIBRATION.FR
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LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015 MADE IN BRITAIN ELECTIONS 5
Certains commentateurs laffirment, Charlotte pourrait peser sur
le rsultat.
Le royal baby dans la balanceL e monde est soulag. La
princesseCharlotte Elizabeth Diana, cinq jours,est bien arrive dans
son manoir dedix pices, Anmer Hall, dans le Norfolk. Pasfolle, le
bb-princesse a dcamp mer-credi du palais de Kensington Londres,sitt
expdie la visite oblige de Granny,son arrire-grand-mre la
reineElizabeth II. Une vingtaine de mi-nutes dextase devant la
finesse destraits du nouvel enfant royal et lasouveraine repartait
dans sa Rollsrejoindre ses corgis. Quant Char-lotte, comme
lappellent dj fami-lirement les Britanniques, elle fuyait dansla
campagne du nord-est de lAngleterreavec son grand frre, le prince
George, etses parents, William et Kate.Feel good factor. Tout cela
parce quecertains mauvais esprits ont jug malin desuggrer que sa
naissance, samedi 2 mai 8h34, pourrait bien profiter un des
partisen lice pour les lections gnrales de cejeudi. Que nenni !
sest exclam NickClegg, indign, alors quune journalistedITV
linterrogeait sur le sujet. Quelle vi-laine manire de salir ainsi
un vnement siheureux, a poursuivi le chef du parti lib-ral
dmocrate, avant dclater de rire en
balanant la journaliste dconfite: Geta life ! (Va faire ta
vie!)Nempche, lheure o nul ne peut prdirele rsultat de llection la
plus incertainedes cinquante dernires annes, ni les con-servateurs,
ni les travaillistes ne diraientnon un petit point, un ou deux
votes
grappills a et l grce au feel good factorde la naissance royale.
Les tories sont lesplus optimistes: aprs tout, en principe, unroyal
se veut tout sauf un rvolutionnaire.Il devrait pencher vers les
conservateurs.En mme temps, Kate tait une roturireavant de devenir
princesse et, avecWilliam, ils ont dj construit limagedun couple
jeune, moderne, beau, dyna-mique (William est tout de mme
pilotedhlicoptres-ambulances), prt rfor-mer la royaut en annonant
la naissancede sa fille sur Twitter par exemple. Onne sait jamais :
les travaillistes pourraientbien profiter dune manne inespre.
Sachant que la famille royale est constitu-tionnellement neutre
politiquement et nevote pas. Ce qui est certain, cest que
lanaissance profitera lconomie britanni-que. Les retombes
commerciales autourde la petite princesse pourraient atteindreles
150 millions de livres (203 millionsdeuros) par an. Les premires
tasses sagloire sont dj disponibles et les ventes dechle blanc
similaire celui dans lequeltait envelopp le bb sa sortie de
lhpi-tal ont dj explos.Audace ultime. Ni David Cameron pourles
conservateurs ni Ed Miliband pour lestravaillistes nont pourtant eu
laudace ul-time qui leur aurait peut-tre permis degagner les voix
manquantes. Samedi, lap-parition surnaturelle sur le seuil de la
ma-ternit de la princesse Kate, immacule,dix heures peine aprs son
accouchement,a secou les foules. Talons aiguilles, robevaporeuse,
brushing et maquillage impec-cables, mains manucures, la jeune
femmea plac la barre trs haut pour les futuresmres. En promettant
coiffeur et manucurepour tous la sortie de la salle daccouche-ment,
Cameron et Miliband auraient sansdoute pu faire basculer le
vote.
S.D.-S. ( Londres)
avocate. Elle le deviendra, brivement,avant de tomber dans la
marmite politi-que. Elle est candidate pour sa premirelection 21
ans, dans une circonscrip-tion de Glasgow. Elle perd, et perd
en-core, plusieurs reprises. Elle nest fi-nalement lue dpute au
Parlementcossais quen 1999. Et grimpe peu peu tous les chelons du
parti.En 2004, elle se prsente la tte duSNP, quand Alex Salmond
annonce sacandidature surprise et la convainc dedevenir son
adjointe. A lpoque, Sal-mond est plus connu; son style abrasifet sa
repartie en font loutil idal pourpromouvoir la cause du SNP.
Salmonda t celui qui a conduit lEcosse jusqula ligne des 45% en
faveur de lindpen-dance, Nicola Sturgeon est celle qui pour-suivra
lhistoire, juge Gerry Hassan,historien et fin analyste de la
politiquecossaise. Aujourdhui, elle est sansconteste le patron. Si
Salmond estcandidat un poste de dput au Parle-ment de Westminster,
cest elle qui m-nera les ventuelles ngociations, a-t-elle
clairement indiqu.Franchise. Elle fut un temps surnom-me Nippy
Sweetie, un qualificatifsexiste que lon pourrait traduire parchrie
piquante pour son srieux et lafranchise, parfois brute, de ses
rpon-ses. Elle a en horreur ce surnom con-descendant, surtout quand
il sapplique dautres femmes; moi, jai la peau duredsormais, a
glisse. Sa matrise lorsdes dbats lectoraux, son sens du com-promis,
son apparente franchise elleest la mme en priv quen public,
af-firme Gerry Hassan lui assurent unepopularit bien suprieure
celle detous les autres leaders politiques du mo-ment. Un nouveau
rfrendum sur lin-dpendance nest plus, pour le mo-ment, sa priorit:
Lors du rfrendum,les Ecossais ont choisi de rester, et len-semble
de ma campagne a respect cettedcision. Si, vendredi matin, je me
re-trouve assise la table des ngociationsavec Ed Miliband, je ne
vais pas lui rcla-mer un nouveau rfrendum.Elle est marie depuis
2010 avec PeterMurrell, directeur gnral du SNP. Ducoup, cest
parfois un peu dur de dcrocherde la politique la maison. Le couple
napas denfants. Elle est vhmente sur lefait quun vote pour le SNP
nest pas unvote contre lAngleterre: Je nai abso-lument aucun dsir
ou intention de faire dumal lAngleterre []. Je suis la petite-fille
dune Anglaise, il ny a pas une oncedanti-anglais dans mes os.
Anti-con-servateurs en revanche, sans aucundoute. Lors dun dbat
tlvis, elle avivement interpell Ed Miliband: Vousavez une chance
unique de mettre DavidCameron la porte de Downing Street. Nela
laissez pas passer, les gens ne vous lepardonneraient jamais.
Envoye spciale GlasgowSONIA DELESALLE-STOLPER
L'IL DE WILLEM
Marc Semo vous en dit plusau micro de Florent Chatain
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Ce qui est sr, cest que la naissanceprofitera lconomie. Les
retombescommerciales pourraient atteindreles 150 millions de livres
par an.
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MADE IN BRITAIN
Margaret Thatcher, leader de loppostion en 1975, qui militait
pour ladhsion du RoyaumeUni la CEE.
De mme, la crise en Ukraine a redonn dulustre aux partisans dune
Europe puissance,dune Europe de la dfense: La Grande-Bre-tagne est
dans une position bizarre entre lesEtats-Unis qui se retirent des
affaires du mondeet lUnion qui saffirme de plus en plus sur lascne
internationale, regrette un haut fonc-tionnaire britannique.Cette
volution institutionnelle du cur delEurope sest accompagne dune
automar-ginalisation politique des conservateurs bri-tanniques qui,
en juin 2009, ont quitt leParti populaire europen (PPE,
conserva-
ABruxelles,leseffetsdeManchedesBritanniques
puisquil sest auto-exclu de la monnaie uni-que. Dsormais, le
lieu du pouvoir danslUnion, cest la zone euro. Au Conseil
desministres (linstance lgislative qui repr-sente les Etats), cest
lEurogroupe qui dictela marche sur des dossiers comme la
fiscalit,
la rglementation bancaire, les ques-tions budgtaires souligne
uneurocrate. Dsormais, Londres vit
dans la hantise que les Etats de la zone eurose mettent dabord
daccord entre eux,mme dans des dossiers relevant des Vingt-Huit,
afin densuite lui imposer leur volont
Londres a longtemps infiltr la machineeuropenne, avant de se
tenirconstamment en retrait, notammentdepuis la crise financire de
2008 etllargissement de la zone euro.Par JEAN
QUATREMERCorrespondant Bruxelles
C est un paradoxe : le Royaume-Uni se mfie de plus en plusdune
Union europenne qui najamais t aussi en ligne avecses ides,
sexclame un haut fonctionnairede la Commission de nationalit
britannique.Du libre-change langlais, devenu languequasiment unique
des institutions commu-nautaires, en passant par llargissement,
lemarch unique, le moins lgifrer, labaisse du budget communautaire,
lEurope gomtrie variable, bref tout ce dont rvaitdepuis toujours
Albion. Aujourdhui, cestla France qui souffre : lEurope puissance,
ladfense europenne ou encore la politiqueindustrielle, autant de
choses qui effrayaientla Grande-Bretagne et qui ne sont plus
dactua-
lit, samuse ce haut fonctionnaire. Or,plus lEurope devient
britannique, plusLondres sy sent mal laise au point devouloir la
quitter.Si le Royaume-Uni a su gagner la bataille desides (lire
ci-contre), cest aussi grce seshommes et femmes envoys
Bruxelles.Mme si les Britanniques ont toujours tinfrieurs en nombre
(4,3% parmi les fonc-tionnaires de la Commission, par
exemple,contre 9,8% de Franais, 10,5% dItaliens ou8,3% dAllemands),
leur qualit a plus quecompens ce handicap, Londres y veille.Ainsi,
dans lexcutif prsid par Jean-Claude Juncker, on compte 6 chefs de
cabi-net (et adjoints) britanniques contre 3 Fran-ais. Parmi les
directeurs gnraux (chefs
dadministration centrale), il ny a certesque 5 Britanniques (sur
68 postes), contre6 Franais et 10 Allemands, mais l aussi des
postes importants. Il faut rajouter latoute-puissante secrtaire
gnrale de laCommission, Catherine Day, certes irlan-daise, mais trs
proche des Britanniques.
CHUTE LIBRE. Il ne sagit pas de placer desgens qui prennent
leurs ordres de Londres, pr-cise un haut fonctionnaire britannique,
maisdavoir des gens qui ont une culture anglo-saxonne et qui
influent donc directement sur lalgislation europenne. La
reprsentationpermanente (RP, sorte dambassade) britan-nique auprs
de lUE sait entretenir des rela-tions rgulires avec ses
fonctionnaires, ladiffrence de son homologue franaise qui
nesintresse pas aux petits grades. Mme lesstagiaires sont reus par
la RP britannique,
alors que les Franais ignorentquon existe, tmoigne
unFranais.Mais le vent a tourn : de-puis 2010, le nombre de
can-didats britanniques aux con-cours europens est en chutelibre.
Les jeunes ne parlent
plus autre chose que langlais, ce qui leur barrela route de la
fonction publique europenne,lEurope ne les fait plus rver et les
diplmssont bien mieux pays dans le priv, analyseun responsable
europen. Lexplication de cetloignement de lEurope, analyse-t-on
Bruxelles, tient la crise financire, qui aport un coup fatal au
laisser-faire conomi-que, et surtout la crise de la zone euro.
Aveclapprofondissement de cette dernire qui asuivi la crise des
dettes publiques de2010-2012 (Mcanisme europen destabilit,
gouvernance conomiqueet budgtaire, union budgtaire, Union
ban-caire, etc.), le Royaume-Uni a vu se raliserson pire cauchemar
: une fdralisation delEurope dont il ne peut ralentir la marche
RCIT
LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015
Limage de la Grande-Bretagne est enplein dclin Bruxelles.
Surtout, ellenest plus linitiative, elle est en blocage,ce qui
lempche de peser sur les textes.Un diplomate franais
6 EUROPE
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teurs) pour crer un groupe sans influenceau Parlement europen.
Autrement dit, lestories ont dcid de ne plus rien peser aumoment o
cette Assemble a vu ses pou-voirs saccrotre considrablement
aveclentre en vigueur du trait de Lisbonnefin 2009. Un exemple ?
Les Britanniquesnont pas pu participer la dsignation ducandidat du
PPE la prsidence de la Com-mission, en loccurrence Jean-Claude
Junc-ker, qui leur fait horreur. Et en dpit du votengatif de David
Cameron, Juncker a tconfirm par le Conseil europen des chefs
dEtat et de gouvernement en juin 2014, cequi ntait jamais arriv
jusque-l. Autrefaute diplomatique : la campagne contre
lalibre-circulation des travailleurs dEuropede lEst qui lui a fait
perdre ses soutiens tra-ditionnels.
INACCEPTABLE. A la diffrence dun TonyBlair qui voulait placer
son pays au cur delEurope afin de contrler au plus prs
sondveloppement, David Cameron a fait unchoix inverse qui se paye
comptant.Limage de la Grande-Bretagne est en pleindclin Bruxelles.
Surtout, elle nest plus linitiative, elle est en blocage, ce qui
lempchede peser sur les textes en discussion en partici-pant un
compromis, analyse un diplomatefranais. Pour autant, nul ne se
rsout, Bruxelles, au dpart de la Grande-Bretagne,car cela ouvrirait
une nouvelle re, celle dela dconstruction communautaire. SilUnion
est prte faire des efforts en lgif-rant moins, elle nira pas
beaucoup plus loin,notamment parce que personne ne veutsamuser
ngocier un nouveau trait.Dautant quen ralit, David Cameron
veutparticiper aux institutions communautaires,mais pas aux
politiques europennes. Et, a,cest inacceptable, mme pour les plus
anglo-philes des Europens. Chacun prie donc Bruxelles pour que
Cameron morde la pous-sire
Depuis quarante ans, les Britanniques ont imposleurs visions
lEurope. Toujours eurosceptiques,ils poussent lingratitude
envisager den sortir.
Le Royaume-Uniprt filer de lUE langlaiseL es Britanniques
naiment pas lEu-rope, ou plus prcisment le projetcommunautaire. Il
y a ceux quipensent que cest un mal ncessaire, etles autres pour
qui ce mariage de raisonest insupportable par ce quil
impliquedabandon partiel de souverainet. Lvi-dence est l, martele
sondage aprssondage, mme si dsormais les partisansdu statu quo
rester dans lUnion euro-penne, autour de 45% des
personnesinterroges, seraient lgrement plusnombreux que ceux
prfrant la quitter.Ctait linverse il y a encore deux ans.Lissue du
rfrendum promis pour 2017par David Cameron, sil est rlu, nenreste
pas moins trs incertaine. Les cou-rants hostiles lEurope dans le
monde poli-tique, les mdias, les affaires, la culture sonttrs
puissants et, en outre, le dbat surlimmigration, virus toxique pour
la dmo-cratie, a fusionn avec la question de lap-partenance
europenne, sinquite DenisMacShane, travailliste et ancien
ministredes Affaires europennes de Tony Blair,qui vient de sortir
un livre, Brexit ; HowBritain Will Leave Europe.Europe la carte.
Leuroscepticismebritannique est paradoxal. En 1975, quel-que 67%
des Britanniques avaient con-firm par rfrendum le premier et leseul
de lhistoire du pays lintgrationdu Royaume-Uni dans ce qui tait
alorsla Communaut conomique europenne(CEE) obtenue de haute lutte
en 1973 parle Premier ministre tory EdwardHeath. Une certaine
Margaret Thatchermenait campagne en faveur du yes,arborant des
pulls orns des drapeaux desautres Etats membres. A lpoque, les
ad-versaires de lEurope taient surtout dansles rangs du Parti
travailliste, notammentdans son aile gauche. Quarante ans plustard,
les fronts se sont renverss mais,mme au sein du Labour, lEurope
gneet son leader, Ed Miliband, prfre faireprofil bas sur largument.
Ce rejet estpourtant tonnant, voire clairement mar-qu dingratitude,
car le Royaume-Uni alargement profit, et tous les gards, desa
participation la communaut.Mieux encore : lUnion telle quelle
estaujourdhui est peu ou prou comme lavoulue Londres, avec un
largissementcontinu sans approfondissement, uneCommission
affaiblie, un grand marchtoujours plus oprationnel et une
politi-que commerciale ouverte au monde. Lesefforts laborieux des
19 Etats membres dela zone euro pour une intgration majeurene
concernent gure Londres, qui a gardsa livre sterling et profite de
fait duneEurope la carte, grce aux nombreuses
exemptions obtenues de Bruxelles. La trsardente partisane du yes
Margaret Tat-cher avait, la premire, donn lexemple.Peu aprs son
arrive au 10 DowningStreet en 1979, elle entama un bras de feravec
Bruxelles au nom dun I want mymoney back pour obtenir le
rembourse-ment des deux tiers de la contributionbritannique au
budget communautaire,arguant du fait que Londres ne profitaitgure
de la politique agricole. Et cinq ansplus tard, elle obtint
satisfaction.Leuroscepticisme na cess depuis de sedvelopper
outre-Manche. Quand nousavons rejoint le march commun, nous
nousconsidrions comme un pays en dclin ;ctait un sauvetage en
quelque sorte.Aujourdhui, cest le contraire, nous avonslimpression
que lEurope nous freine, no-tait rcemment lhistorien Robert Tombsde
lUniversit de Cambridge. Tout a bas-cul en effet la fin des annes
80. Les ef-fets des rformes de Thatcher, le dbut dela globalisation
et les succs dune cono-mie amricaine en plein boom libral ontredonn
aux Britanniques le got dugrand large. Ce, dautant quau mmemoment,
lEurope marquait le pas. LAl-lemagne tait englue dans la
runifica-tion aprs la chute du mur. Linstaurationde la monnaie
unique, ds le dbut regar-de avec la plus extrme suspicion laCity,
renforait encore ce rejet.La crisede la zone euro fait que lEurope
est associe un chmage lev, des partis populistesdsagrables, des
checs conomiques et un mauvais leadership, analyse CharlesGrant du
Centre for European Reform.Prosprit. Mme si elle tait et
restefavorable un march commun, la popu-lation britannique sirrite
de tout ce quipeut ressembler un projet communau-taire. Nous sommes
une nation de com-merants, comme le disaient Napolon etdes
pragmatiques avant tout. Le Royaume-Uni a adhr lEurope avec un
objectif :celui de la prosprit conomique et non ce-lui de
lintgration politique. Il ny a jamaiseu de dbat sur une
Constitution et le seulmot de fdralisme nous fait
frissonner,explique Denis MacShane. LEmpire bri-tannique du XIXe
sicle, lapoge de sapuissance, thorisait son splendide iso-lement.
Nous navons pas dallis per-ptuels ni dennemis perptuels. Seuls
nosintrts sont perptuels, et il est de notre de-voir de les suivre,
aimait rpter lordPalmerston, un des Premiers ministres delpoque.
Leuroscepticisme actuel estleur bien ple cho dans un pays rtro-grad
au rang de puissance moyenne sansvraiment vouloir ladmettre.
MARC SEMO
LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015
Le RoyaumeUni a adhr en 1973 ce qui tait alors la Communaut
conomique europenne.Le pays avait dj propos sa candidature en 1961
et en 1967, maiscellesci furent rejetes par leveto du prsident
franais, Charles de Gaulle. Les pourparlersreprirent en 1970, un an
aprsle dpart de De Gaulle. Les lecteurs entrinrent par
rfrendumladhsion en 1975, avec 67%de yes.
REPRES
Elle a dans tout son travaildes habitudes et destraditions trs
marques,trs originales. Bref, lanature, la structure quisont
propres lAngleterrediffrent profondment decelles des
continentaux.Charles de Gaulle en 1963,expliquant la position de la
Francesur lentre du RoyaumeUnidans la Communaut conomiqueeuropenne,
anctre de lUE
73Cest le nombre de siges attribusaux Britanniques au
Parlementeuropen. Il sagit du troisimeplus gros contingent derrire
lAllemagne (96), la France (74) et galitavec lItalie.
PHOTO PETER KEMP. AP
EUROPE 7
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8 NATIONALLIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015MADE IN BRITAIN
VousdevrieztrefiersdemepermettredevivreiciLa tradition
multiculturaliste britanniquepermet aux immigrs de se sentir
intgrs,malgr un regain dhostilit en priodelectorale. Reportage
Manchester.
N e parlez plus de la France GulwaliPassarlay, 20 ans : Jy
serais bienrest, mais la police me harcelait tousles jours. Aprs
trois mois Calais,en 2007, et 100 tentatives rates chaquesoir, il
montait dans un camion, chaque soir,il tait dcouvert, le jeune
Afghan, alors gde 12 ans, a travers le Channel dans un char-gement
de bananes. Personne nevoulait y monter, car ctait un ca-mion
rfrigrant. Puis la policefranaise a ouvert la porte mais ne nous a
pasvus. Ou na pas voulu voir? Ils nous encou-rageaient, en
sous-main, partir.A 12 ans, il a pass un an sur les routes,envoy
par sa mre qui craignait pour sa vieen Afghanistan son pre, mdecin,
avait ttu par les forces occidentales. Il a vcu tousles cauchemars,
a fait un bout de Mditerra-ne en bateau Et la fin de ce priple,
atrouv sa place Manchester. Ici, si tu bos-ses, tu y arrives,
assure-t-il. En deux ans, jaiavanc comme dautres en sept.Aujourdhui
tudiant, impliqu dans quantitdorganisations, le natif de la
province deNangarhar porte le costard, intervient sou-vent la tl et
rve de rentrer en Afghanis-tan pour y devenir diplomate, voire
prsi-dent. Je suis arriv sans rien et, maintenant,je rencontre des
ministres. Et jai dj voyagdans 11 pays europens. Jadore a ! Et
laFrance? Jy suis revenu lan dernier pour re-prsenter les tudiants
britanniques. Mainte-nant, vous me traitez bien,
rigole-t-il.Brillant lcole, il a obtenu une bourse etport la flamme
olympique en 2012. On ver-rait bien Hollywood tirer un film de son
pri-ple, du style le Rfugi Afghan qui veut devenir
ve de Hambourg en 2000. Elle se sentmoins trangre quen
Allemagne: Pour-tant, jai la nationalit, je parle allemand. Maisil
y a une vraie frontire. Tu fais partie desautres, mme la troisime
gnration,comme mes neveux qui me disent que, quandils font du
baby-sitting, les parents stonnent:Oh, mais vous parlez bien
allemand ! EnGrande-Bretagne, ces questions ne se posentpas. La
tradition multiculturaliste britanni-que, qui fait quon accepte
lautre avec sesdiffrences, y est pour beaucoup. Ici, je mesens plus
europenne. En Allemagne, on merenvoie ltrangre, rsume Necla
Acik.Et, en tant que musulman, on est beaucoupmoins victime de
discriminations que dansdautres pays europens, ajoute Gulwali,
encitant la France o la loi restreignant le portdu voile envoie
forcment un message nga-tif. Reste quen Grande-Bretagne, on
peutaussi tre stigmatis, mais de faon plussournoise. Je le lis dans
les yeux de certainsinterlocuteurs, rapporte le jeune Afghan
:Quest-ce que tu fais ici? Mais ils ne le disentpas et restent trs
gentils. Sinon, il leur r-pond vertement: Ton gouvernement est
venunous bombarder, alors jai le droit dtre ici.La Grande-Bretagne
reste un pays rv. Ici,on btit une vie pour ses enfants, rsume
Ne-
cla Acik. Plus de libert et de dmocratie, unevie plus sre, un
systme ducatif perfor-mant, et la possibilit de monter un
petitbusiness ou de trouver un job, mme prcaireou exploit. Tu as
moins de paperasserie, quece soit pour tudier ou travailler. En
France,cest trop compliqu, raconte Cristo Sala,42 ans, Manchester
depuis dix ans.
CHANCE. Fils dun ancien ministre de Mo-butu, Dominique Sakombi,
galement am-bassadeur Paris (Chirac venait la mai-son), Cristo le
Congolais reconnat que, avecllargissement de lEurope en 2004 et
larri-ve sans contrainte des ressortissants dEu-rope centrale, a a
commenc peser, puiscest devenu un sujet politique. Lui-mmetrouve
quil y a trop de gypsies : On nepeut pas laisser la porte ouverte.
a commence dranger le march des boulots les moins qua-lifis, dans
le nettoyage ou le gardiennage.Cristo plaide pour des limites : Il
faut venirpour tudier ou monter une entreprise. Sinon,comme
aventurier, ce nest pas bon. Dailleurs,les Congolais restent au
pays: vous nen avez vuaucun parmi les rcents morts en Mditerrane.Le
Congolais a peur de la mer et de la mort.Les migrants qui volent
des boulots? GulwaliPassarlay rectifie: Ce nest pas nous qui
pre-
Par MICHEL HENRYEnvoy spcial ManchesterPhoto CLMENTINE
SCHNEIDERMANN
prsident. Ce nest pas un mirage: il vient designer avec Atlantic
Books pour un livre sursa vie, promis un gros lancement cetautomne,
avec traduction en franais. Il y tra-vaille avec un ghost writer et
son agent litt-raire, une triplette laquelle lditeur anglaisaurait
sign un chque six chiffres.Je ne lai pas fait pour largent,
affirme-t-il.Mais je veux duquer le public pour quilaccueille mieux
les rfugis comme moi. Avecsa success story, il compte changer
limagede limmigration: Vous devriez tre fiers de
me permettre de vivre ici, pas hon-teux. Vous accueillez des
gens quirisquent tout pour venir ! Mais
jaimerais que les Afghans arrivent de faon ci-vilise. En
recevant des visas, pas en se noyantdans la Mditerrane.
LIBERT. Il y a du boulot: en Grande-Breta-gne comme ailleurs,
les immigrs restentmontrs du doigt, encore plus pendant lacampagne
lectorale. Les mots migrants etimmigration sont devenus des
insultes,regrette Kamel Mashjari, 42 ans, de parentsymnites. Il est
n Liverpool, en a laccent,y habite, a le passeport national, mais
pourbeaucoup, je ne suis pas considr commecitoyen britannique.
Selon lui, les immigrssont devenus des boucs missaires commo-des
aprs la crise financire de 2008. Lesmdias et les politiciens
narrtent pas de rp-ter que, si les chmeurs nont pas de boulot,cest
cause des migrants. A force, les gens sedisent : Ils ont raison.
Sinon, ils raconteraientle contraire.En dpit de cette hostilit, les
immigrs quiont trouv leur place louent une socit plusaccueillante
que dautres. Ne en Allemagnede parents kurdes de Turquie, Necla
Acik,42 ans, chercheuse, sur les migrants notam-ment, luniversit de
Manchester, est arri-
REPORTAGE
Gulwali Passarlay, 20 ans, n en Afghanistan, Manchester,
vendredi.
-
NATIONAL 9
nons les jobs des Britanniques. Ce sont eux quine veulent pas
les faire. Cela dit, depuis lacrise de 2008, beaucoup dEuropens,
sou-vent des hommes seuls, tentent leur chance Manchester, constate
la coordonnatrice delassociation Migrants Supporting
Migrants,Sandra Penazola-Rice: Chez eux, il ny a pasde travail,
donc ils ont deux choix, lAllemagne
ou lAngleterre. Et comme ils ont entendu destrucs fabuleux sur
la Grande-Bretagne, ils vien-nent ici, o tout pour eux repose sur
les rseaux:98% ont un frre, un ami, un voisinTous ne trouvent pas
de boulot et, bien sr,certains abusent du systme des aides
so-ciales, mais ce sont des cas monts en pinglepar les mdias et les
politiques, soutient MartaAhmed. Arrive il y a cinq ans
Manchester,cette Polonaise de 29 ans a commenc par desjobs dt dans
la restauration et, aprs destudes de sociologie, travaille
maintenant luniversit. Pour ma communaut, mme
avec un cot de la vie ici beaucoup plus lev, lerapport reste trs
favorable, explique-t-elleen citant une enseignante slovaque
quigagnait chez elle un quart de ce quelle fait icicomme emballeuse
dans une usine. Mais pourMarta Ahmed, lattrait nest pas
quconomi-que: Il y a un sens de la dignit quils acqui-rent ici et
quils navaient pas chez eux. Ils
avaient des rves mais ne pou-vaient pas les raliser.Etre montre
du doigtlaiguillonne: Pour nous,Polonais, le travail est unefiert,
et vivre des allocations,une honte. On passe pour desvoleurs, alors
quon a juste pris
les jobs qui soffraient nous. Les migrants sontdes gens
courageux et on nous colle une imagengative ! Quand Nigel Farage,
leader duparti xnophobe Ukip, affirme quils abusentdu NHS, le
systme de sant public et gratuit(lire page 14), ses yeux bleus
roulent de colre:Mais ce sont les migrants qui le font
marcher!Enlevez tous ceux qui y travaillent, et le NHSnexiste
plus.
VOYAGE. Il y a aussi ceux qui se font exploi-ter. Comme ces
clandestins venus de laprovince chinoise du Fujian que Lisa Mok,
ar-
rive de Hongkong en 1993, voit dbarquerdans son centre daide
pour la communautchinoise: Pour eux, ce nest pas de lexploita-tion.
Comme ils ont une grosse dette en Chinevis--vis de leurs passeurs,
ils sont contentsde travailler tous les jours, douze heures
parjour, dans la restauration, pendant deux ou troisans, le temps
de rembourser leur dette. Cest unsystme trs difficile
combattre.Gulwali lAfghan cite aussi ses compatriotesqui vivent
sans papiers, travaillant au noirpour gagner 500 livres par mois
(675 euros):Une somme norme en Afghanistan! Ils peu-vent soutenir
leurs familles l-bas. Lui-mmefait beaucoup dinterviews dans les
mdiasafghans pour dissuader ses compatriotes dese lancer dans un
voyage trop dangereux,mais le message nest pas toujours bien
reu:Certains croient que si on dit a, cest quonveut profiter de la
vie ici en les laissant l-bas.Ce nest pas son cas, jure-t-il. Le
jeuneAfghan parle de la Grande-Bretagne commede sa deuxime maison,
mais il ne se sentpas 100% britannique, et ne compte pasrclamer la
nationalit : a ne me serviraitpas pour faire de la politique au
pays. Et on aplus besoin de moi en Afghanistan quici. Enlentendant,
Necla Acik rigole : Mais il estdevenu totalement british !
LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015 MADE IN BRITAIN
Marta Ahmed, 29 ans, ne en Pologne et arrive en 2010 Manchester.
Necla Acik, 42 ans, ne en Allemagne de parents kurdes de Turquie,
arrive Manchester en 2000.
On passe pour des voleurs, alors quona juste pris les jobs qui
soffraient nous.Les migrants sont des gens courageuxet on nous
colle une image ngative!Marta Ahmed Polonaise, employe luniversit
Les conservateurs proposent de limiter
les arrives nettes de migrants (diffrence entre ceux qui entrent
sur le territoire et ceux qui en partent) quelquesdizaines de
milliers par an (contre300000 actuellement), et de restreindre leur
accs diverses aides sociales.Les travaillistes veulent aussi
rduirelimmigration et imposer un dlai dedeux ans pour laccs aux
aides sociales.Les librauxdmocrates plaident, eux,pour un pays
ouvert et sopposent auxdrives xnophobes dUkip qui cible lesmigrants
comme sources de tous lesmaux et prne une politique
restrictive.
REPRES
Londres
Manchester
ROYAUME-UNI
IRLANDE
100 km
Merdu Nord
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10 NATIONAL LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015MADE IN BRITAIN
Clacton-on-Sea,lamerpourseulhorizonLes habitants de cette
station balnaire populaire la drive devraient reconduireleur dput
Ukip, sur fond de dsesprance et de ressentiment contre Londres.
Par MATTHIEU COIFFIEREnvoy spcial ClactononSeaPhotos MANUEL
VASQUEZ
S a pinte, Eric lapprcie dans un verrecintr, pas vas. Tu me la
donnescomme a, ondule-t-il de la main, enavisant la serveuse. Ici,
on aime leslongues, on est exigeant. La jeune femme, enchemise
raye, ignore le sous-entendu etsexcute. Ce dernier jeudi davril, le
Moonand Starfish, le pub local, grouille de mondealors que
laprs-midi est peine entame.Clacton est une ville du bord de mer.
Ils nousenvoient ici tous les dchets de Londres, lesvieux sans un
sou, les drogus au chmage, tousles paums, ils les dmnagent sur la
cte, parcequils ne peuvent pas aller plus loin. Mais celane nous
fait aucun bien, assure Eric, 42 ans.
Et lui, do vient-il ?De Londres, il y a troisans, rpond-il.
Son
job? Jardinier, lche-t-il, aprs un instantdhsitation alcoolique.
Dave, 25 ans, boxeuramateur la gueule dange casse, a une idepour
son avenir: Vendre de la drogue, cestdfiscalis, balance-t-il en
soulevant sonbras tatou dun Mum.
POUSSETTE. Clacton-on-Sea, dernirestation avant la mer. O lon
choue quandon a chou ailleurs. Au mieux, on y passeune journe en
touriste pour admirer saplage et sa jete, large comme un
boulevardet couverte dattractions foraines, ou joueraux machines
sous qui clignotent dans deseffluves de fish and chips. Au loin,
unecinquantaine doliennes, plantes dans lesflots, hachent lhorizon
en cadence. Cestle charme simple de lAngleterre populaire,pour
Christine, la patronne du Sandrock, uncharmant bed and breakfast.
Et puis danslEssex le temps est plus sec. Les Anglais disentque les
filles y sont faciles, et que ses habitantsportent des tracksuits.
Dans la rue prin-cipale, le survtement informe est, effec-tivement,
de mise, habillant des corps pourla plupart dforms par lalcool et
la mal-nutrition.On remarque aussi un grand nombre de trsjeunes
mres avec chignon et nez pointu,moules dans des bodies et poussant
desbbs replets dans leur poussette. Ici onprocre, on procre. A 16
ans, quand on veutpartir de chez ses parents, cest le seul
moyenpour toucher les allocs et avoir un logementsocial, poursuit
Christine. Il y a une concen-tration de familles au chmage depuis
troisgnrations. Do le surnom de Clacton-on-Po-verty. Avec Blackpool
et Bournemouth,Clacton tait le lieu de villgiature de la wor-
king class dans les annes 60. Mais lge dorest depuis longtemps
rvolu.En 1983, on a perdu beaucoup demplois avecla fermeture du
village vacances de Butlins. Etpuis, il y a eu les sjours en
Espagne ou au Por-tugal pour 150 livres [200 euros] avec Ryanairet
Easyjet, rsume Jacky Steers, qui gre le
centre social de Jaywick, ce faubourg spardu centre par une
lande, qui a t officielle-ment dclar le plus pauvre du Royaume-Uni.
Clacton est une ville glorieuse, sen-flamme pourtant Douglas
Carswell, 44 ans,grand dgingand au menton en galoche etau regard
perant. Elu premier dput Ukipdu parlement, il y a peine cinq mois,
lors desa dfection du parti conservateur, il devrait
retrouver son sige ce jeudi. La premirechose dire aux lecteurs
intellos de gauche deLibration, cest que nous ne sommes pas
despoujadistes, martle-t-il propos du partixnophobe et europhobe de
Nigel Farage.Sans convaincre ni se convaincre lui-mme,ses tracts
mentionnant peine lUkip. Pas
une contradiction prs, Carswellse dit pour le laisser-faire,
maisattend de lEtat quil investisseplusieur milliards pour
moder-niser la ligne de chemin de fer quidessert sa ville. Dans les
an-nes 50, le train de Londres tait
plus rapide que celui daujourdhui, qui met plusdune heure trente
pour faire 100 kilomtres.Cest une explication, pas une excuse.
Clactondoit se rinventer, dit-il.Qui voudrait habiter ici, sinon
ceux qui y sontns et nont pas lambition, lducation oules moyens den
partir? Ceux qui nont plusles subsides pour subsister ailleurs, les
lais-ss-pour-compte de la mondialisation
triomphante de la mgapole londonienne?Ou ceux qui viennent y
passer leur retraite,parce quon peut sy loger prix
modique?Certaines des maisons victoriennes ont tconverties en units
de six appartements pardes proprios qui les louent 50 livres la
semaine,a attire beaucoup, explique Terry, le taxi.
SAUCISSES. Dans le centre, on croise unefoule de personnes ges
branlantes sur leurcanne, assises sur des bancs. Ou dvalant 8
miles/h (13 km/h) les trottoirs sur leursdrles de scooters
lectriques, aussi dange-reux que silencieux. Cest vrai quil y en a
desdizaines. A Clacton, 42% de la population a plusde 65 ans,
explique Tim Young, le candidatdu Labour. Dans cet ex-fief de
gauche, il nedevrait arriver quen troisime position.97% des gens
sont issus de la classe ouvrireblanche et britannique, il ny a
aucun problmedimmigration ici. Cest ironique et frustrant,mais
beaucoup votent Ukip au lieu de socialiste!sexclame ce
quinquagnaire, aussi dbon-naire que dsol. Ils sont tellement
dsillusion-ns par les partis traditionnels, quils trouventdu
rconfort dans cette propagande populiste.Si limmigration est un
sujet pour eux, cestparce quils ne reconnaissent plus dans le
Lon-dres cosmopolite et multiculturel, la ville danslaquelle ils
ont grandi.Cest le cas de Brian, le jardinier, toujours ac-coud au
bar du Moon and Starfish. Je suisUkip fond. Farage dit la vrit,
sans foutaises.Bruxelles veut grer notre pays. Et il y a beau-coup
trop dtrangers, lche-t-il. Ici, la seulediversit ethnique apparente
se trouve pour-tant dans le menu de ce pub, rachet par unechane
nationale, o les saucisses du Lincol-nshire, 5,99 livres, ctoient
le chickentikka masala 6,99. Derrire son bar, Char-lotte, 25 ans,
la serveuse, explose: Oh, jaienvie de les trangler. Beaucoup de
gens ici sontstupides et ignorants. Ils ont le QI dun sand-wich au
jambon. Farage est un bigot raciste. Cenest pas les immigrs qui
sont blmer pourla crise, mais les banquiers. La crise ici estdure,
et dure. A Clacton, un enfant sur cinqvit dans la pauvret, et le
chmage, lev,navait toujours pas recul la fin de lannedernire, comme
cest le cas ailleurs.Beaucoup dhabitants sont convaincus quilexiste
un plan des autorits pour leur en-voyer les dmunis de la capitale.
Comme sila misre ne pouvait quattirer la misre.Cest ce quon appelle
limmigration locale,venue de Londres. La population de
Clactonaugmente, tandis que les structures ducativessanitaires et
les aides sociales diminuent, a nepeut pas marcher, se dsole Jeff,
45 ans, in-gnieur lectronicien, au comptoir de sonmagasin. Paul
Price, le directeur du conseil
REPORTAGE
10 NATIONAL
LondresClacton-on-Sea
ROYAUME-UNI
IRL
100 km
Merdu Nord
REPRES
Beaucoup de gens ici sont stupideset ignorants. Ils ont le QI
dun sandwichau jambon. Farage est un bigot raciste.Charlotte
serveuse dans un bar ClactononSea
Les attractions foraines et les machines sous sur la jete de
ClactononSea.
Fish and chips et attractions foraines font face la mer.
53000Cest le nombre dhabitants de ClactononSea. Dans
larrondissement de Tendring, dont dpend la ville, il y a 5%
depersonnes dorigine trangre. Contre14% en moyenne en
GrandeBretagne.
-
LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015 MADE IN BRITAIN NATIONAL 11
de larrondissement de Tendring (dont d-pend la ville), est
encore plus prcis : Lesconseils darrondissement de Londres ont
uneobligation lgale de loger leurs demandeurs.Mais comme ces
derniers ne peuvent payer2 000 livres de loyer mensuel, ils
prennent encharge la caution, deux mois de loyer et le cotdu
dmnagement Clacton, explique-t-il. Dj aprs la Seconde Guerre, des
Lon-doniens, qui avaient eu leur logement bom-bard, et des attaches
familiales ou estivalesdans le coin, taient venus sinstaller ici.
TimYoung, le candidat du Labour, nie pourtant
toute politique organise de dmnagement.Il ny a pas de dluge,
puisque la populationde la ville est stable. Ce dont nous avons
besoin,cest dinvestissements pour attirer des emploiset former nos
jeunes, argue-t-il. Indign quele gouvernement conservateur ait,
pourcause de coupes budgtaires, rien trouv demieux que de fermer
les classes denseigne-ment technique dans les deux lyces
profes-sionnels du cru.
RUELLES. Lors de llection de Douglas Car-swell, toute la presse
nationale a fondu sur la
ville. Jaywick, avec ses allures de bidonvillede bord de mer, a
fait la une des mdias quise sont rus sur ses ruelles en terre, ses
mai-sonnettes de vacances dsormais habites lanne. Rachetes 40000
livres par des mar-chands de sommeil qui les louent 475 livres
parmois, prcise un de ses habitants. Les jour-nalistes de Londres
taient choqus parce quonna pas la 4G, mais ils sont dans une bulle.
AJaywick, les gens ne vivent pas dans une pau-vret crasse. Cest une
communaut, ils ne sontpas malheureux, dfend Chris Wilkin, re-porter
la Clacton Gazette. Au 63, Brookland
avenue, vit Chick, vieux jeune homme quifut matre nageur. Quand
je suis arriv, il ya vingt-trois ans, il y avait un pub, des
com-merces, des emplois. Ils ont tout laiss pricliteret fermer.
Ensuite, ils disent quon est lendroitle plus pourri dAngleterre,
mais est-ce quonpeut appeler a un quartier quand il ny arien
?,sindigne-t-il. Un vaste chantier derhabilitation doit, enfin,
dbuter cet t,supervis par le conseil de Tendring. Enattendant,
Chick promne son bull-terriersur la plage, comme un terrain vague,
devantla mer du Nord.
Une jeune mre de famille et ses enfants, dans une rue de
ClactononSea. A ClactononSea, 42% de la population a plus de 65
ans.
Fish and chips et attractions foraines font face la mer.
-
12 NATIONALLIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015 MADE IN BRITAIN
C est le quotidien TheIndependent qui vo-quait avec effroi
lachose dimanche: il pourraity avoir 2,5 culs anoblis parsige la
Chambre des lordsaprs ces lections. Com-ment sy caseront-ils? Il
nya pour linstant que 400 pla-ces dans cette Chambrehaute aux
pouvoirs limits,alors que les heureux lussont dj 840 (contre 708 il
ya dix ans). Mais ils pour-raient monter 1000, selonun porte-parole
du Labour.Car si le travailliste Ed Mili-band devient Premier
minis-tre, il voudra rquilibrer sacomposition. Et en
Grande-Bretagne, cest trs simple :pas dlection, mme au suf-frage
indirect comme pour leSnat franais, mais de sim-ples
nominations.Drive. Les Premiers minis-tres sont les seuls habilits
les effectuer, et ils les multi-plient. David Cameron,
leconservateur sortant, anomm 40 lords en moyennechaque anne depuis
2010:un record depuis le dbut dusystme en 1958. GordonBrown
(travailliste) en taitplus modestement 12, JohnMajor (conservateur)
25,Margaret Thatcher (tories) 18, Tony Blair (travailliste) 37 dans
son second mandat.Et cette anne ? Aprs leslections de ce jeudi,
leffec-tif total pourrait augmenterde 10%, selon The Indepen-dent,
pour qui le bureaupolitique chinois est la seuleassemble lgislative
plus
peuple. Au rythme actuel,il y aura 2200 lords en 2025,selon une
tude du thinktank Constitution Unit deUCL (University
CollegeLondon), publie en fvrier.La pratique finit par excder:Un
trs grand nombre delords est daccord pour recon-natre que nous
sommes tropnombreux, a dclar lordGus ODonnell. En 2013, labaronne
Frances DSouza,Lord speaker (prsidente) dela Chambre, expliquait
que,faute de rforme, linstitu-tion allait seffondrer sousson propre
poids.
Le prochain Premier minis-tre peut, sil le dcide, met-tre fin
cette drive. Mais enaura-t-il le courage ? Lesconservateurs nont
an-nonc aucune rforme. Lestravaillistes ont plac dansleur programme
un vagueprojet pour transformer laChambre haute en un
Snatdmocratiquement lu desnations et des rgions, touten supprimant
les chargeshrditaires. Le nouveaumodle assurerait une plusjuste
reprsentation territo-riale. Mais le feront-ils ? Lamme promesse
avait tavance par le Labour en1997, puis aussi vite oublie.Aprs le
scrutin de 2010, leslibraux-dmocrates ontpouss pour une rforme
profonde, imposant dlire80% des lords et de limiterleur nombre
450. Mais de-vant lopposition de certainsallis conservateurs, elle
at abandonne en 2012,comme toutes celles propo-ses depuis
1911.Poubelle. Chaque projetde rforme de la Chambre deslords
pendant les cent derni-res annes a chou, gnrale-ment en raison de
linflexibilitde ses membres qui dfendentleurs propres intrts,
notentdeux chercheurs, RichardReid et Patrick Dunleavy, surle blog
Democraticaudit.
Mme la r-forme de 1999,qui a supprimla plupart despostes
hrdi-taires (il en
reste 92) na pas arrt lin-flation : depuis, la Chambrea enfl dun
tiers.Nanmoins, la pression estforte pour changer ce sys-tme
corrompu, selon leGuardian (centre gauche) quiappelait, en fvrier,
lemettre la poubelle, ajou-tant: Ce serait un scandale siM.Cameron,
M.Milliband outout autre futur Premier minis-tre continuaient sur
cettevoie. Sachant que touterforme prendra du temps,les chercheurs
de UCL pro-posaient une solution m-diane : quavant les lec-tions,
les principaux partissentendent sur un nombremaximal de 550 lords.
a napas t fait.
MICHEL HENRY
CrisedesperruqueslaChambredeslordsSURPOPULATION Chaque nouveau
Premier ministreajoutant ses lords aux prcdents, lassemble
dborde.
A la Chambre des lords, en 2009. Ils sont aujourdhui 840, pour
400 places. R. POHLE. REUTERS
Par SONIA DELESALLESTOLPER
Abby, 17 ans et mmepas peur du grandmchant Murdoch
O n oublie le scrutin dece jour. On vacueDavid Cameron ou
EdMiliband. Et on se concentresur les lections de mai 2030.A en
croire Twitter, leRoyaume-Uni lira ce jour-lla seconde femme
Premierministre de son histoire :Abby. On ne connat pas en-core son
nom de famille. Uneseule photo delle est dispo-nible sur son compte
Twitter,elle est blonde et a les che-veux longs. Elle a aussi 17
anset, depuis le 22 avril, elle esten passe de devenir une h-rone.
Elle a commenc parlancer sur Twitter le hashtag#Milifandom (Mili
pourMiliband, fan pour fanet dom comme dans Kin-gdom) pour contrer
les criti-q u e s d e l a p re s s econservatrice, majoritaire
auRoyaume-Uni, qui a prispour tte de Turc le candidattravailliste
Ed Miliband.
En quelques heures, le nom-bre dabonns au compte dela jeune
fille, @twcuddles-ton, explosait. Elle en aaujourdhui 26 500 et
cenest pas fini. Dautantquaprs avoir pris la dfensedu dirigeant
travailliste etlavoir transform presqueen sex-symbol, elle sest
at-taque la presse tablod dumagnat des mdias RupertMurdoch. Abby
trouve EdMiliband authentique, drle,gentil, terre terre,
atten-tionn et, en gnral, justevraiment sympa.Elle le sait et le
fait savoirparce que le candidat du La-bour a pris la peine de
lap-peler pour la remercier deson soutien. Son sens de larepartie,
son humour et lafracheur de son enthou-siasme ont ravi Twitter.Une
des choses les plus ex-traordinaires qui soient sortiesde cette
lection est bien @tw-
cuddleston, a ainsi jug unadmirateur. Abby est tropjeune pour
voter. En fait, ellepasse son bac et, explique-t-elle, pas question
de donnerdes interviews, je rvise et jaimes examens passerdabord.
Mais elle na pasapprci du tout que desjournalistes du Sun se
poin-tent devant son domicile etcelui de sa grand-mre. Ellesest
adresse directement Rupert Murdoch, propri-taire du Sun, en
tweetant :Rupert Murdoch pourriez-vous mexpliquer comment24 heures
aprs #milifandomjavais des journalistes quifrappaient ma porte et
cellede ma grand-mre ? Sansgrande surprise, RupertMurdoch na pas
rpondu.
En revanche, un journalistedu Sun a expliqu queladresse de la
jeune filleavait t rcupre lgale-ment sur le registre
lectoral,ouvert au public. Ce quinest pas possible puisque jesuis
mineure et donc pas ins-crite sur le registre et, en plus,je nai
donn personne monnom de famille ou monadresse, a immdiatementrpliqu
Abby, applaudie parune lgion de fans pour osersen prendre
lempireMurdoch.Lorsquune ancienne dpu-te du camp
conservateur,Louise Mensch, a jugquAbby cherchait la publi-cit, la
jeune fille lui a voldans les plumes en rappelantquelle avait
indiqu trsclairement ne donner aucuneinterview. Juste un
messagepublic Louise Mensch. Je mefiche de ce que vous
pensez.Merci. Un fan a eu le mot dela fin : Je commence medire
quelle est la seule adultedans cette lection. En plus, jeparie
quelle va assurer sesexamens.
VU DE LONDRES
36%des hommes et 33% des femmes britanniques serontobses en 2030
contre 26% pour les deux sexes en2010, selon lOrganisation mondiale
de la sant, qui parlemercredi de crise immense dans toute lEurope,
maissurtout en Irlande: 89% des hommes devraient treen surpoids
(indice de masse corporelle suprieur 25)vers 2030, dont 48% dobses
(indice de masse corporelle suprieur 30). Chez les Irlandaises, la
proportionen surpoids passerait de 57% 85% (dont 57% dobsesen
2030).
David Cameron a nomm40 lords en moyenne chaqueanne depuis 2010.
Un record.
La reproductionde nos petites annonces
est interdite
Le CarnetEmilie Rigaudias
0140105245
[email protected]
CARNET
DcS
La familleKOLPA
a l'immense tristesse de vousannoncer la disparition de
RmyKOLPAKOPOUL
survenue le 3mai 2015, l'gede 66 ans
La crmonie aura lieule samedi 9mai 2015 10h auCrmatorium
duPre LachaiseSalle de la CoupoleRue desRondeaux
75 020Paris
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SouvenirS
MICHELFEVRE
22 septembre 19537mai 2014
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Jacqueline, Anne-Marieet Elisabeth.
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14 FINANCIALLIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015MADE IN BRITAIN
LasantentatdalerteLe Dr Irvine, candidate face au ministrede la
Sant, alerte sur le dmantlementrampant du service public.
F ace lurgence, certainsBritanniques savent oublierleur rserve
naturelle.Peuple de Farnham, votezpour moi ! Je suis le docteur
Louise Ir-vine et votre candidate dans le SouthWest Surrey hurle
cette quinqua-gnaire distingue dansson mgaphone. Lg-rement surprise
parlcho de sa voix, mais dtermine se faire entendre dans cette
cam-pagne. Samedi 2 mai, une ambu-lance jaune fluo aux couleurs
duNational Health Service (NHS) (enfait loue un infirmier
reconvertien accessoiriste) sillonne le centrede cette petite ville
victorienne touten briques rouges et jolis jardins. Ason bord,
Louise Irvine donc.Comme une douzaine de profes-sionnels du soin,
dont un cancro-logue, une infirmire et un experten sant mentale,
cette gnralistede 57 ans se prsente aux lectionsgnrales sous les
couleurs de sonparti, le NHA, reprenant habile-ment le logo du NHS.
Ses 6 500membres et 60 000 followers surTwitter alertent les
Britanniquessur ltat rel de leur systme desant public et gratuit
que le gou-vernement conservateur sous-fi-
nance et fragmente pour mieux le pri-vatiser, morceau par
morceausindigne la candidate.Si elle a choisi cette
circonscriptiondu sud-ouest du Surrey, uneheure de Londres, cest
parce que lesortant nest autre que JeremyHunt, le ministre de la
Sant de Ja-mes Cameron. Je lai confront de-vant la justice et lai
battu deux fois,
maintenant je le dfie dansles urnes, l o a fait malaux
politiciens, balance-
t-elle. Avant dtre candidate, ellea prsid lassociation de
sauve-garde de lhpital de Lewisham. Etla cour a confirm en appel
son re-cours jugeant que le ministre de laSant avait abus de ses
pouvoirs enannonant la rduction des servicesde maternit et durgence
de cettablissement de la banlieue deLondres, o le Dr Irvine a son
cabi-net depuis vingt-cinq ans.
SERVICES CENDRILLON. Avecson visage ple et son manteaurose,
Louise Irvine a le profil pourne pas rebuter la population locale
:blanche issue de la classe moyenneaise mais en voie de
vieillisse-ment. Que le ministre de la Santnait pas boug le petit
doigt poursopposer la fermeture de sixmaisons de retraite publiques
danssa propre circonscription pourraitlui coter des voix. Lannonce
cejour-l de la suspension du candi-dat centriste du Libdem pour
falsi-fication de documents lectorauxpermet Louise dapparatrecomme
lalternative. Il y a quinzejours, les parieurs la donnaient djen
deuxime position, se fliciteSean Ellis, son reprsentant local.Si je
gagne, je nexerce plus et jeminstalle ici. Dpute est un job temps
plein. Bravo pour votrecampagne, lui lance Karen,49 ans qui
enseigne le designtechnology et se dit panique parlavenir des
services publics.Ce samedi, ils sont une quinzainede militants
tracter pour Louisedevant la vitrine du Farnham He-rald, le journal
local. Dont CaroleJones, une de ses copines, gnra-liste Hackney une
banlieue dfa-vorise de Londres : Vous tes deLibration? Cest plus
gauche quele Guardian jespre, car la pressepro-Labour ne nous aide
pas. Cou-verte dun bibi rigolo et dun man-
teau tachet, cette femme de gau-che rappelle que cest le
Labourqui a cr le Foundation Trust lorigine de la fragmentation
du NHS et que ses dirigeants ontpeur de dire stop aux coupes
dans lepublic car ils sont soumis aux pres-sions des grandes
compagnies desant prives, comme KPMG et CareUK. Mais que cest la
droite aupouvoir qui a remplac lobligationde donner un service de
soinsgratuit chaque Britannique par laseule ncessit de le
promouvoirdans la loi sant de 2012. Les coupesaffectent pour
linstant les servi-ces Cendrillon comme on lesnomme ici : soins
domicile pourpersonnes ges ou souffrant de
troubles mentaux. Des personnesfragiles qui souvent ne
votentpas, rappelle Carole. La sous-traitance au priv des actes de
soin
les plus rentablesrisque terme demoins bien passer.En cas de
compli-cation, cest nousqui devons reprendreen charge les ma-lades,
sinsurge
Alex, vingt-huit ans, interne enchirurgie lhpital de
Bristol.
PHYSIOTHRAPIE. En experteLouise Irvine dcortique les toursde
passe-passe de son rival : Huntnous traite dalarmistes. Quand il
af-firme que le taux de privatisation duNHS na augment que de 1%,
il neprend en compte que les chiffres de2013. En 2014, cest 9
milliards de li-vres qui ont chapp au service pu-blic. Cinq fois
plus que lanne pr-cdente. En sous-finanant lebudget de la sant
(0,9% daug-
mentation quand il faudrait 4%pour tre au niveau de linflation
etdes besoins dune populationvieillissante), les conservateurs
sa-pent le systme doucement maissrement. Passe Julia, quarante-huit
ans : Aprs la privatisation durail et des tlcoms sous Thatcher,
lesconservateurs sattaquent au NHS defaon furtive, explique cette
con-seillre dducation lUniver-sit. Mon hpital local est gr
parVirgin Care, une socit prive. Et jaid attendre six mois cet
hiver pourma physiothrapie. Pour tre reueplus vite, il me suffisait
de payer. Iam a woman with a chance, con-clut Louise, consciente
que le r-sultat sera serr. Son combat d-passe lenjeu lectoral. Le
coin estsolidement conservateur Hunt avaitfait 59% la dernire fois.
Je ne croispas que je vais lemporter. Mais obte-nir un bon score me
permettra de nepas les lcher, sourit-elle. Sansquon en doute un
instant. (1) NHA: National Health Action Party
Par MATTHIEU COIFFIEREnvoy spcial Farnham
Quand il [Hunt] affirme que le tauxde privatisation du NHS
naaugment que de 1%, il ne prenden compte que les chiffres de
2013Louise Irving
REPORTAGE
Le docteur Louise Irvine, candidate du parti NHA pour sauver le
systme de sant. PHOTO MANUEL VASQUEZ
REPRES
Cela a t untravail de gurison.Le National HealthService esten
meilleure formequil y a cinq ans.David Cameronjeudi 30 avril sur la
BBC1
1,6Cest, en million, le nombre de salaris du NHS(cr en 1948)
rtribuspar limpt. Son budget:130 milliards de livres.
-
FINANCIAL 15LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015 MADE IN BRITAIN
MER Edimbourg veut diversifier ses ressources en lectricit. Les
partisansde lunion argumentent, eux, sur limportance de la manne
ptrolire.
EnEcosse,lindpendancenergtiquepasseparlevert
J eudi dernier, lEglisedAngleterre, qui bour-sicote pieusement
maissrement, sest fenduedun communiqu annon-ant sa dcision de
vendrepour 12 millions de livres(16,1 millions deuros) deplacements
dans des compa-gnies exploitant le charbonet les sables bitumineux.
Uneffet de la chute des cours duptrole ? Non, une dcisionthique
prise au vu du d-rglement climatique, pouramorcer une transition
versune conomie bas carbone.Pour ses besoins en nergie,Le
Royaume-Uni est toute-fois loin davoir excommuniles hydrocarbures.
Il est lundes seuls pays europens olon explore le gaz de schiste,o
la houille reste trs sollici-te, et o lon pompe encoredu ptrole et
du gaz conven-tionnel. En loccurrence,dans les eaux cossaises de
lamer du Nord.Toasts. Cest l une caract-ristique forte du
paysagenergtique britannique. Silon excepte le nuclaire, queLondres
a relanc en com-mandant deux racteurs EPR Areva pour la
centraledHinkley Point, lessentielde ce quun Anglais ou unGallois
brle pour se chauf-
fer, rouler et dorer ses toastsvient dEcosse. Le ptrole etle
gaz, donc, mais aussiparmi les plus prometteusesdes renouvelables:
les ner-gies marines. La question decette dpendance nergti-que
lEcosse tait dj unenjeu lors du rfrendum du18 septembre, qui a
douchles espoirs des indpendan-tistes dsireux de garder Edimbourg
les royalties p-trolires. Car pour leurs op-posants, le maintien au
sein
de la Couronne est un moyende partager les frais pour d-ployer
un parc de centralespropres en mer et le rseaulectrique qui va
avec.Eolien, hydrolien et houlo-motricit constituent la
Sain-te-Trinit des nergies mari-nes renouvelables, et toutesont
comme terrain de jeuxles eaux cossaises. Pour uneraison simple:
cest au nordde lle que lAtlantique et lamer du Nord se
rencontrent,crant vents, vagues et cou-rants. Hors olien, le
gise-
ment hydrolien et houlomoteurest de nature couvrir 20% dela
consommation lectriquenationale, dont la puissancereprsenterait 18
30 rac-teurs EPR, martle Londresdans sa feuille de routepour 2050.
tape importantesur cette trajectoire : 2020,avec 15% de
renouvelablesdans le mix nergtique to-tal, trois fois plus quen
2012.Un dtail en dit long : l oLondres dcrte 15%, Edim-bourg dcrte
30%. De plus,
100% du mixlectrique cos-sais devra trevert, en 2020,contre un
peumoins de la moitia u j o u r d h u i .LEcosse en a donc
sous le kilt! Nous sommes lanation la mieux dote en ner-gie par
tte en Europe, aimedire Fergus Ewing, le minis-tre cossais de
lEnergie, quivient doctroyer une enve-loppe de 14,3 millions de
li-vres la filire houlomotrice.Il faut aussi compter aveclIrlande,
le Pays de Galles etles Cornouailles, nuanceJrme Cuny, un Frenchy
ex-pert des tudes mto oca-niques, qui a fond lastart-up Open Ocean.
Et lesEcossais commencent jalou-
ser les Franais, qui rachtentla technologie (Alstom, DCNS)et
fdrent leffort de R&D der-rire les mastodontes EDF etGDF, alors
quoutre-Manche,les acteurs sont plus mietts.Mais cest bien en eaux
cos-saises que tout ce beaumonde teste ses machines.Spot. En
loccurrence, dansun centre appel Emec, auxles Orcades (Libration
du21 octobre 2013). A limagedu britannique Atlantis, quia repris
lactivit hydro-lienne de Siemens, les fabri-cants qui sy battent
con-naissent des fortunesdiverses, mais la rputationdu spot est
faite. Seul hic :comme les machines ga-gnent en puissance, le
cblevacuant le courant vers laGrande-Bretagne devienttrop petit. Un
nouveau rac-cordement est en projet, et ilfaut dj prparer
ltapesuivante: la production avecstockage tampon, sur batte-ries ou
sous forme dhydro-gne, afin de nexporter ducourant sur le rseau
quenpriode de forte demande.Enfin, un ventuel Yes auBrexit ne
ferait pas les af-faires de lEmec. Car Bruxel-les compte parmi
sesbailleurs de fonds.
GUILLAUME MAINCENT
Eolien, hydrolienet houlomotricit, toutesces nergies
renouvelablesmarines ont comme terrainde jeux les eaux
cossaises.
Par RICHARD POIROT
Au Royaume-Uni,on se loge prix indcents
S il est un sujet qui d-prime vraiment lesBritanniques, cest
lecot du logement. Une tudede KPMG, publie lundi, r-vle que pour
esprer acqu-rir un appartement Lon-dres, un candidat avec
10%dapport initial doit afficherun salaire brut annuel deprs de 77
000 livres sterling.Soit plus de 103 000 euros aucours du change de
mer-credi. Le cabinet daudit rap-pelle que le salaire moyenbrut dun
Londonien, justeen-dessous des 28000 livres(37 660 euros), signifie
quemme un couple dont lesdeux revenus se situeraientdans la moyenne
ne peuventpas acheter dans la capitalebritannique.
Un constat effrayant, avoueun responsable de KPMG :Cela montre
que laccessionau logement nest plus seule-ment un problme pour les
bassalaires. Maintenant, moinsde recevoir un salaire bien su-prieur
la moyenne ou dh-riter, il est peu probable quevous soyez en mesure
de vouspermettre dacheter, peu im-porte o dans le Royaume-Uni. Au
niveau national, le
minium requis pour espreremprunter est de 40 553 li-vres, alors
que le salaire an-nuel moyen culmine 22 044 livres.
Les chiffres varient consid-rablement dune rgion lautre. En
dehors de Lon-dres, cest dans le Sud-Estque lcart entre le
salaireannuel ncessaire pour em-prunter et la moyenne desrevenus
est le plus impor-tant. En revanche, cest enEcosse et en Irlande du
Nordquil est plus facile daccder la proprit.
Comme en France, le coursde limmobilier a explos auRoyaume-Uni.
Entre 1971 et2012, linflation dans ce sec-teur a atteint 4268%.
Pourbien en saisir laspect verti-gineux, ltude rapportecette hausse
celle de biensde consommation courante.Si le prix dun poulet,
parexemple, avait connu lamme inflation, un Britan-nique devrait
dbourser68 euros pour sen offrir unaujourdhui. Et 11,40 eurospour
six bananes, ou encore14 euros pour deux litres delait.
AU RAPPORT
Des oliennes vers le chteau de Stirling, au nord de Glasgow, en
dcembre. PHOTO RUSSELL CHEYNE. REUTERS
Nous aurions du faire ce travailet dire exactement comment nous
allonsarriver ces conomies. Ds quon le saura,nous le dirons.
Iain Duncan Smith secrtaire dEtat aux Retraites et auTravail du
gouvernement Cameron, oblig de reconnatremardi que les
conservateurs ne savaient toujours pas quellesseraient les coupes
budgtaires permettant datteindrelobjectif de 16 milliards deuros de
rduction des dpensessociales dici 20172018. Une franchise qui
trahit un certainamateurisme: ce chiffre a t annonc il y a
presquedeux ans par David Cameron!
59,5Cest le niveau atteint mercredi par lindice Markit,mesurant
lactivit dans les services outreManche. Unbon rsultat, tout chiffre
suprieur 50 signalant unecroissance et marquant une progression
constante de cesecteur depuis 28 mois, la plus durable depuis sept
ans.Le Premier ministre David Cameron y voit la preuve quesa
politique de long terme porte ses fruits. Le secteurdes services
reprsente environ 75% de lconomie britannique. En revanche,
lactivit dans les secteurs manufacturier et de la construction a
moins progressquattendu. La progression globale de ces indices en
avrilcorrespond une croissance de 0,8% du PIB au dbutdu deuxime
trimestre, selon un conomiste de Markit.
-
16 LIFESTYLELIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015
Ilssontfood,cesBritish!Eternelle cible de jugements
lemporte-pice et autres idesprmches, la gastronomieanglaise recle
quelques menusplaisirs. Tour de table.
Par JACKYDURANDet CATHERINEMALLAVALPhoto MANUELVASQUEZ
I l parat quil pleut tout le temps enAngleterre et, pourtant,
cest lepays dEurope qui compterait leplus de voitures dcapotables
parrapport sa population. En matire degastronomie, nos voisins
doutre-Man-che ont aussi le bon got de cultiver leparadoxe: voil un
pays qui jouit de lasinistre rputation de faire bouillir le gi-got
dagneau et de faire trembler la jellyalors que, dans le mme temps,
sespourfendeurs lui envient son plantu-reux breakfast avec
ufs-bacon et lesincomparables baked beans ; que lasauce barbecue HP
a t beaucoup co-pie mais jamais gale et que lon ven-drait pre, mre
et mme notre mugLady Diana pour cette tuerie quest lelemon
curd.Dans Ma petite picerie anglaise (1),Trish Deseine, qui lon
doit dj res-pect et fidlit pour sa recette dirishstew, nous dcrit
cette drle de plantebritish qui compte un nombre invrai-semblable
de sortes de crmes (single,double, whipping creams) et grignotedes
petits sandwichs au concombre lheure du th. A son tour,
Librationsinvite dans le garde-manger anglaispour affirmer ses
choix gourmands etforcment subjectifs.
Le stiltonUn jour, Dieu nous a emmen, sansnous le dire, sur lun
des plus beauxmarchs de Londres: Borough Market.Et la rvlation eut
lieu l, sous les arca-des du chemin de fer arien, deux pasde la
station de mtro London Bridge:on veut vous parler du stilton bleu,
fa-buleux fromage produit dans les comtsde Derbyshire,
Leicestershire, Nottin-
-
MADE IN BRITAIN LIFESTYLE 17THURSDAY 7 MAY 2015
ghamshire et qui bnfice dune appel-lation dorigine protge (AOP).
Soncousin au lait cru, le Stichelton, est ar-demment soutenu par le
prince Charles.On en connat qui devraient se faire dusouci parmi
ses nombreux cousins pte persille continentaux si jamais leblue
stilton cheese saventurait plussouvent au pays des 365 fromages.
Caril a de llgance et du caractre, ce fro-mage texture beurr, de
forme cylin-drique et pourvu dune belle croteorange. Gotez-le avec
un vieux portoou un vin doux Mas Amiel. Et des crac-kers anglais,
videmment
La sauce HPNen dplaise la concurrence quiagrandit sans cesse son
linaire, il nya quune seule sauce barbecue digne dece nom: cest la
sauce HP, pour Houseof Parliament. Selon Heinz, qui la fabri-que et
lexporte dans 70 pays, cest lesecond produit le plus consomm
enGrande-Bretagne. Sa saveur si particu-lire est due au tamarin,
aux dattes et auxtomates qui entrent dans sa composition,explique
Trish Deseine dans sonouvrage. Cest vrai quen matire deboosteur de
got, on ne connat pasmieux pour faire chanter la grillade.Mais
aussi pour rattraper nos piresgalops dessai culinaire: il suffit
dunepetite claque sur le cul de la bouteille etcest fou tout ce qui
peut devenir man-geable avec cette sauce. Alors, ne voustonnez pas
quon farfouille dans lesbazars les plus htroclites quand on esten
manque dHP.
Les digestive biscuitsCest sr, avec lui, on pourrait tenir
unsige digne de la guerre de Cent Ans.Qui ? Le digestive biscuit,
of course ! Ildoit son drle de nom la prsence debicarbonate de
soude, substance re-commande, parat-il, en cas de GDB[gueule de
bois, ndlr] et autres traite-ments post-mufles et digestions
diffi-ciles de banquets rpublicains. Mais onpeut tout aussi bien
lassocier avec unepoigne de pintes de stout pour un re-pas complet,
debout sur le plancher dupub. Les buveurs deau chaude estimentque
les digestive biscuits ont un petitgot malt qui se marie merveille
avecle th. Ils font aussi le bonheur desbecs sucrs qui en tapissent
le fond deleurs moules quand ils confectionnentun cheesecake. Bref,
il ny a pas plushumble et tout faire que le digestivebiscuit. A
part, peut-tre, le casse-crote BN, cocorico !
Les crumpetsLe nom est joli comme celui dune fa-meuse
marionnette ou dun groupe popdes annes 60. Mais ne vous y fiez
pas:les crumpets sont la forme la plus abou-tie de la sournoiserie
gastronomique.Voil des crpes de farine et de levuretruffes de
petits trous afin dy planquerla luxure que sont le beurre fondu, le
si-rop drable ou le golden syrup lequel
est conditionn dans des botes collec-tor outre-Manche. Pour en
arriver untel degr de perfidie, les crumpets sontmartyrises dans un
cercle qui les em-pche de staler dans la pole lors dela cuisson. Il
faut souffrir pour tre bellemais cest ainsi quelles restent
moel-leuses et paisses dans votre bec en-dormi. Notez que la
dgustation decrumpets est un remde efficace contrela sinistrose
matinale.
Les baked beansCest vrai, leur aspect est un tantinetdsaronnant
lorsquau petit-djeuneron vous les sert bien tals sur un toastgrill.
Mais quimporte lapparence, lesbaked beans sont au full british
break-fast ce que le pudding est Christmas:un must de choix.
Traditionnellement,ces haricots blancs cuits dans une saucetomate
aromatise sont cuisins au four(do leur nom), mais ils sont le
plussouvent mijots la casserole. Importsdes Etats-Unis la fin du
XIXe siclesous une forme industrielle, ils furentdabord vendus chez
Fortnum & Mason, Londres, avant de se rpandre danstoute la
Grande-Bretagne et de prendreune couleur locale. En version
britanni-que, les baked beans de la marqueHeinz sont moins sucrs et
plus fermesque leurs confrres amricains, shootsau sucre brun. A
noter que les bakedbeans sautent parfois le petit-djeunerpour
sinviter dautres heures sur despommes de terre au four.
Le lemon curdAu royaume des pchs mignons, il y aun pch citron:
le jouissif lemon curd.Soit une crme acidule confectionneavec des
jaunes dufs, du beurre etbeaucoup de citron (jus et zestes)
cuitsensemble, doucement, longuement,jusqu former une pte lisse,
douce,onctueuse, trs parfume. Jusquaudbut du XXe sicle, ce dlice
tait fait-maison, servi avec du pain ou desscones avec le th du
goter en guise deconfiture ou en garniture de gteaux etsurtout de
tartes. A lpoque, ce douxmlange tait fait en petites quantits,car
difficile conserver. Depuis larri-ve du frigo et des agents
conserva-teurs, on peut sen tartiner tous lesjours. Ce dont les
Britanniques ne seprivent pas.
LAfter EightLa premire fois, la chose surprendpresque autant que
la clbre mintsauce servie avec une pice dagneau.Mais, bien affal
devant un feuilletonfaon Coronation Street, la chose a vitefait de
prendre un got de revenons-y.Cest ainsi, lAfter Eight (normalement
consommer after dinner, mais amarche aussi dans la journe),
finefeuille de chocolat noir fourre lacrme de menthe, est une
gourmandiseaddictive invente en 1962 par la firmebritannique
Rowntree and CompanyLimited dont le conglomrat suisse
Nestl na fait quune bouche en 1988.Quant aux Franais, ils leur a
fallu at-tendre 1971 pour pouvoir suoter tran-quille leur After
Eight tellement an-glais, mais tellement bon.
Le baconIl est vendu crispy, dj cuit et hypercroustillant, ou
bien cru avec sa bonnecouche de graisse. Il est fum, ou pas.Fin ou
bien dodu. Mais surtout, il estbon, le bacon anglo-saxon. Aucun
rap-port avec ses homologues hexagonauxsous vide et sans got, qui,
les jours defte et de brunch, vous poussent fairecocu ce bon vieux
Super U pour un raidchez Marks & Spencer qui a su faire decet
ingrdient un art de vivre. Belle iro-nie, car le terme bacon vient
duvieux franais et signifiait alors (au d-but du XIIe sicle ) flche
de lard sal.
La recetteDans sa Petite picerie anglaise, TrishDeseine nous
rgale de riche beef stewand mashed potatoes with HP sauce,autrement
dit buf brais et pure la sauce HP. Pour quatre personnes,
il vous faut: 2 cuillres soupe dhuiledolive; 2 carottes pluches
et coupesen rondelles ; 1 branche de cleri ha-che ; 2 oignons
pluchs et hachs ;2 gousses dail crases ; 1 bouquetgarni; 500g de
buf pour bourguignoncoup en morceaux; 3 cuillres soupede farine ;
50 cl de bire brune ; de lasauce HP; sel et poivre. Pour la
pure:500g de pommes de terre pure; 10clde crme frache; 50g de
beurre; sel etpoivre.Faites chauffer lhuile dans une casse-role en
fonte et mettez-y les lgumes,lail et le bouquet garni. Faites
revenirpendant cinq six minutes pour dorerle tout. Retirez les
lgumes de la cocotteet mettez-y la viande en ajoutant unpeu dhuile
si ncessaire. Poudrez defarine et faites dorer de tous les
cts.Versez la bire et grattez bien le fond dela casserole avant de
remettre les lgu-mes. Ajoutez de leau si ncessaire hauteur de la
viande; assaisonnez lg-rement, portez bullition, couvrez etlaissez
mijoter feu doux (ou four 150 degrs, thermostat 5) pendant
deuxheures.Une demi-heure avant de servir, faitescuire les pommes
de terre pluches.Ecrasez-les avec la crme et le beurre,assaisonnez.
Rectifiez lassaisonnementde la viande si ncessaire et
rpartis-sez-la dans des assiettes creuses ou desbols bien larges.
Posez la pure par-dessus et servez avec la sauce HP. (1) Ma petite
picerie anglaise,de Trish Deseine, ditions Hachette cuisine,150pp.,
14,95.
Fin ou bien dodu, il est bon,le bacon anglo-saxon. Aucunrapport
avec ses homologueshexagonaux sous vide et sans got.
Sauce barbecue ultime,la HP de Heinz tientses initiales de
Houseof Parliament.
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LIBRATION THURSDAY 7 MAY 2015
Boules,Britannia!Au championnat du monde de snooker, on a vrifi
le culte quevouent les Britanniques cette variante du billard.
Par MICHEL HENRYEnvoy spcial Sheffield
D ans sa grande sagesse, lechampionnat du monde desnooker a sacr
tard lundisoir un homme venu pres-que de nulle part, donn
vainqueurseulement 50 contre 1 audpart. Stuart Bingham, untype
charmant de 38 ans quipleure ds quil gagne, a su en beautbattre des
adversaires plus cots que lui,jusquen finale, o il a pourtant
dout:A 15 manches partout, jai cru quema chance avait fil, a
comment lAn-glais. Javais limpression que mon brastait celui dun
autre et que mes nerfs l-chaient.Il y a de quoi: ce sport adapt du
billardpar des officiers de Sa Majest aux Indesen 1875 stale sur
des parties aussi in-terminables que passionnantes, la finalese
jouant au meilleur des trente-cinq manches, rparties en quatre
ses-sions sur deux jours. On ne peut pas as-surer comme une bte
pendant desheures: mme les plus grands connais-sent des passages
vide, mais StewartBall-run Bingham les a parfaitementgrs tout au
long des deux semaines dutournoi.Avant la finale, il a sorti deux
fois deshommes plus forts que lui, dont JuddTrump, un jeune
gaillard (25 ans) auteint ple de ceux qui ne voient jamaisdautre
lumire que celle des salles desnooker et qui joue dans
dimmondeschaussons de mm picots (gloups, onapprendra ensuite quil
sagit de Lou-boutin). Puis en finale, Bingham, jus-qualors modeste
numro 10 mondial,a cart le grand favori, Shaun TheMagician Murphy,
32 ans et numro 8.Adepte des gilets sans manche bicoloresflashy
(avec du pourpre ou du bronzededans) et des godasses galement
double parfum, Murphy, champion en2005, est ce type poli jusqu
lextrmequi avait gliss, avant cette finale cris-pante: Si je ny
tais pas, cest lui [Bin-gham] que jaimerais voir gagner. Levoil
combl? Aprs la dfaite, Murphyde Nottingham a sportivement com-
ment: Stuart Bingham a t inspirEt parfois, cest juste que votre
nom estinscrit sur le trophe. Les 300 000 livres(408 000 euros)
ramasses par le vain-queur laideront dcompresser de tantde tension.
Murphy, lui, est reparti avec125 000 livres (170 000 euros), qui
paie-ront quelques Kleenex. Cette anne, le
dernier carr ne comportaitque des Anglais, sorte de
Rule,Britannia ! qui colle parfaite-
ment avec leur conception dun cham-pionnat du monde : eux seuls
devant, lesautres regardant face leurs crans cesport fait pour et
par la tl, surtout