VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 I SUPPLÉMENT AU PARISIEN N° 22104 I NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT I DISPONIBLE EN FRANCE MÉTROPOLITAINE I COMMISSION PARITAIRE N° 0120 C 85 979 RÉGIONS : LE VRAI COÛT DE LA RÉFORME AUTOMOBILE FAUT-IL BANNIR LE DIESEL ? Messmer en fait un show, la médecine s’en empare Soigner par l’hypnose Bientôt en tournée en France, l’artiste québécois a posé pour nous le 7 septembre, à Paris. GRÈCE VAROUFÁKIS RACONTE LA CRISE
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RÉGIONS : LE VRAI COÛT DE LA RÉFORME
AUTOMOBILEFAUT-IL BANNIR
LE DIESEL ?
Messmer en fait un show,
la médecine s’en empare
Soigner par l’hypnose
Bientôt en tournée en France, l’artiste québécois
a posé pour nous le 7 septembre,
à Paris.
GRÈCEVAROUFÁKIS RACONTE LA CRISE
Next is now = Le futur,maintenant. Live Streamvidéo = Diffusion en direct.DASGalaxy S6 edge : 0,473W/kg - DASGalaxy S6 edge+ : 0,216W/kg. Le DAS (débit d’absorption spécifiquedes téléphones mobiles) quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateur aux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne
L’auteur de polars Harlan Coben crée une série pour TF1.
p. 10
week-end I le phénomène culturel
Les nouveaux maîtres des sériesDans le jargon, on les appelle des showrunners : ils écrivent, produisent voire réalisent des séries, avec des millions de téléspectateurs à la clé. En faisant appel à l’auteur de polars américain Harlan Coben, TF1 entend bien profiter de la manne. PAR PHILIPPE GUEDJ PHOTO VIVIEN ROBERT
Cet automne, TF1 sort la grosse artillerie. Une chance de trop, thriller en six épisodes adapté du best- seller du même nom de l’Américain Harlan Coben, suit le cauchemar d’une mère aux abois
après l’assassinat de son mari et le kidnapping de sa flle. Suspense, rebondissements, gros moyens atténuent les quelques maladresses de cette série supervisée par Coben en personne. Malgré son manque d’expérience télévisuelle, le romancier fut contacté par le producteur français Sydney Gallonde, qui lui fit une proposition alléchante : être lui-même le showrunner de la série tirée de son polar et, à ce titre, présider à toutes les grandes étapes d’adaptation, d’écriture et de production de la série. Showrunner : ce terme – intraduisible en français – désigne le chef d’orchestre d’une série télé. Souvent créateur du programme (mais pas forcément), le showrunner est généralement scé-nariste, parfois aussi producteur voire réalisateur. Mais, surtout, face à la chaîne difuseur, il incarne une autorité responsable de tous les choix artis-tiques et logistiques : intrigues, casting, décors, budget, mise en scène… Bref, c’est lui le patron.
HARLAN COBEN,
DOCTEUR POLAR
4 janvier 1962
Naissance à Newark,
dans le New Jersey.
2002
Sortie en France de Ne le dis
à personne (Belfond), son
premier succès international.
2004
Une chance de trop (Belfond).
2006
Guillaume Canet adapte
à l’écran Ne le dis à personne,
avec François Cluzet et Kristin
Scott Thomas.
2015
Ses ventes mondiales
dépassent 60 millions
d’exemplaires. TF1 lance la
série Une chance de trop, sur
laquelle Harlan Coben a
travaillé comme showrunner
en adaptant son propre livre.
11
LA DÉFINITIONC’est quoi, un showrunner ?A la base simple scénariste, réalisateur, producteurexécutif ou et/ou créateur, le « showrunner » est aussi le responsable du bon déroulement dutournage d’une série télévisée. Il veille à la cohérencede l’intrigue d’un épisode à l’autre et prend les principales décisions.
« Il n’y a pas une décision que je n’aie validée, je suis
responsable du résultat à 100 % », nous confie ce
colosse de 1,95 mètre (lire l’interview page 12). A
l’en croire, TF1 lui a laissé un boulevard et, à 53 ans,
Coben a visiblement pris goût au petit écran puisqu’il
vient aussi de créer (de toutes pièces, cette fois) une
autre mini-série policière pour la chaîne britan-
nique Sky 1. Alors, tout-puissants, les showrunners ?
Nouveaux nababs auxquels les difuseurs ne refusent
plus rien ? La réalité est bien plus complexe. Mais en
matière de séries télé, ils ont un pouvoir désormais
sans égal dans l’organigramme de la production.
Celui qui tire les ficellesPourtant, vous ne verrez jamais le terme show runner
apparaître au générique de vos séries préférées :
cette fonction hybride n’existe pas statutairement
et, à l’écran, le showrunner est souvent mentionné
comme « créateur » et/ou « producteur exécutif ».
Aux Etats-Unis, en 1992, le magazine Variety fut l’un
des premiers à utiliser le terme dans un article évo-
quant une nouvelle race de producteurs/scénaristes
érigés en véritables chefs de projet. Le résultat d’une
lente évolution où, peu à peu, les auteurs de séries
prirent le pouvoir pour imposer une vision plus
Harlan Coben
a posé pour notre
magazine devant
le siège de TF1,
à Boulogne-
Billancourt
(Hauts-de-Seine),
en juin dernier.
Si vous n’aimez pas, c’est moi qu’il faut blâmer !
Harlan Coben
Pour Une chance de trop, l’auteur américain à succès a dirigé l’adaptation de son propre roman.PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE GUEDJ
je l’entends, j’irai voir ailleurs ! » Ils étaient
prêts à faire quelque chose de plutôt
sophistiqué et, de mon côté, je ne voulais
pas trop aller dans le glauque pour cette
histoire. Je souhaitais rester dans un certain
optimisme, donc ça allait pour TF1.
Vous fixiez-vous un but en tant que
showrunner ?
Oui. Faire en sorte que, du réalisateur
aux scénaristes en passant par les acteurs,
nous ayons tous la même vision. Et,
surtout, j’espère que, après sa difusion,
Une chance de trop aura profité à la carrière
de tous ceux qui y ont participé.
audacieuse et, qui plus est, adoubée par le public.Mais l’explosion défnitive de ces nouveaux seigneurs du petit écran, on la doit à la chaîne câblée américaine HBO qui, à partir de 1998, s’engagea dans une « poli-tique des auteurs », en donnant carte blanche à des génies tels que David Chase, Alan Ball ou David Simon pour créer respectivement Les Soprano, Six Feet Under
et The Wire. Le phénomène s’est étendu au monde entier. Paul Abbott (Shameless) et Steven Mofat (Doctor
Who) en Grande-Bretagne, Hagai Levi (The Affair) en Israël, Adam Price (Borgen) au Danemark ou Lars Lundström (Real Humans) en Suède : le club de ces rois de la fction ne cesse de s’agrandir. Derrière la tou-jours dominante Amérique, de plus en plus de nations exportent leurs séries grâce au travail sophistiqué des showrunners.
Une autre façon de travaillerEt la France dans tout ça ? Poussé par la nécessité impérative de s’élever au niveau international après vingt-cinq ans de Julie Lescaut, Navarro et Joséphine
ange gardien, notre pays accorde tout doucement plus de liberté aux créateurs. Lesquels s’organisent à leur tour, stages aux Etats-Unis compris, pour se familiariser avec les rouages de la production et mieux contrôler leur bébé. Coproducteur du Bureau
des légendes, l’ambitieuse série diffusée au prin-temps dernier par Canal +, Eric Rochant se défnit sans complexe comme showrunner : « J’ai inventé Le Bureau des légendes, je dirige sa fabrication quo-tidienne et, en plus, j’en suis le réalisateur. » Homme pressé, Rochant supervise une équipe de cinq scéna-ristes et, alors qu’il vient d’entamer la mise en scène de la saison 2 pour une difusion au printemps 2016, son équipe planche déjà sur des axes pour la saison 3. L’objectif : fournir à la chaîne cryptée une saison par an, à l’américaine, grâce à la création d’un atelier d’écriture mobilisant à plein temps des scénaristes qui se répartiront l’ensemble des dix épisodes. Pour fdéliser le téléspectateur, la régularité est
Le lexique des séries
ARCHE NARRATIVEIl s’agit d’une intrigue liée
à un personnage,
un événement, un lieu,
que les scénaristes étalent
sur plusieurs épisodes (ou
saisons) pour maintenir
le spectateur en haleine.
BIBLEC’est un document de travail
qui réunit les informations
fondamentales concernant
la série (biographie des
personnages, intrigues,
décors…). Conçue très tôt,
elle sert notamment aux
scénaristes dans l’écriture
des épisodes et assure la
cohérence du résultat final.
PILOTEC’est le tout premier épisode
d’une fiction télé. Il permet
de convaincre (ou pas)
les chaînes sur la pérennité
et le succès futur d’une
nouvelle série avant
d’en lancer la production.
WRITERS’ ROOMTerme anglais pour désigner
« la salle où se réunissent
les scénaristes » d’une série.
Ils s’y retrouvent pour
discuter et faire évoluer
les personnages, l’intrigue,
les décors… Le showrunner
dirige les séances.
CLIFFHANGER Révélation ou action forte
d’un personnage à la fin
d’un épisode qui donne très
envie au téléspectateur
de voir la suite de la série.
SPIN-OFFUne série dérivée d’une autre
série, qui s’inspire très
fortement de son univers.
PREQUELSérie qui se déroule en
amont d’une autre série et
qui reprend, si besoin, tous
les éléments importants
de l’histoire principale.
SEQUELSérie qui se déroule en aval
d’une autre série et qui
reprend, là aussi si besoin,
tous les éléments importants
de l’histoire principale.
THRILLER IMPLACABLE
Inspirée du polar d’Harlan Coben
et réalisée par François Velle
(Alice Nevers : le juge est une femme,
Bones...), la série en six épisodes
de 52 minutes raconte la quête d’Alice
Lambert, interprétée par Alexandra
Lamy, pour retrouver son bébé de
6 mois, enlevé lors du meurtre de son
mari. Pour l’aider, elle fait appel à son
premier amour, Richard Millet (Pascal
Elbé), devenu flic à Paris...
> A partir du 15 octobre, à 20 h 55 sur TF1.Selon Frédéric Krivine (arrière-plan), l’un des créateurs
de la série Un village français (France 3), « les chaînes
devraient investir plus encore » dans les scénarios.
donc indispensable. Mais c’est avant tout dans l’inven tion d’univers et de personnages que réside le secret de l’addiction. A la tête d’Engrenages (Canal+), la scénariste et productrice exécutive Anne Landois va enchaîner tout l’automne des réunions de travail par groupes avec la douzaine de scénaristes sous ses ordres. Les scénarios des douze épisodes de la saison 6 seront prêts pour un tournage fxé à mai 2016. « Je pars toujours des personnages, jamais des intrigues poli-cières. Dans la saison 5, l’an dernier, j’ai choisi comme axe principal l’enquête sur l’assassinat d’une mère et
de sa fille pour mieux coller aux tiraillements inté-rieurs de la capitaine Laure Berthaud, qui elle-même démarre la saison enceinte et en deuil du père. »
La France maîtrise le suspense La difusion de deux épisodes consécutifs par semaine sur nos chaînes a conduit aussi les scénaristes à s’astrein dre de plus en plus à la culture du clifanger, cette scène de suspense insoutenable qui clôt souvent un épisode et rend le spectateur en manque de sa pro-chaine dose… La botte secrète de ces satanés magi-ciens du récit. Cocréateur (avec Marc Herpoux) et showrunner du polar Les Témoins sur France 2, Hervé Hadmar explique : « Chaque épisode des Témoins était conçu pour se terminer par un clifanger moyen et un encore plus fort pour la fn du deuxième épisode de la soirée, afn d’être sûr de faire revenir le spectateur la semaine suivante. »Les efforts paient : grâce à ses qualités visuelles et des histoires fortes, Les Témoins s’exportent, tout comme Les Revenants, Engrenages ou encore Candice Renoir. « Les choses bougent enfin, mais pas assez vite », regrette Frédéric Krivine. Selon le co- créateur d’Un village français, pour vraiment permettre à la France d’égaler ses concurrents étran-gers, « les chaînes devraient investir plus encore. Il faudrait qu’en moyenne 10 % du budget global d’une série française soit consacré à l’écriture, et on en est encore loin… » La route est donc longue mais... Vivement la suite !
Je pars toujours des personnages, jamais des intrigues policières Anne Landois, showrunner d’Engrenages (Canal +)
ENGRENAGESSous la direction
d’Anne Landois
(ci-dessus), il faut
six mois pour écrire
les douze épisodes
d’une saison
d’Engrenages.
LES REVENANTS
Créée et réalisée par Fabrice Gobert
(à dr.), la saison 2 des Revenants est
difusée depuis fin septembre sur Canal+.
LE BUREAU DES LÉGENDES
Créateur,
réalisateur,
scénariste
et producteur
de la série
de Canal +,
Eric Rochant
(accroupi) est le
showrunner
intégral !
LA CURIOSITÉ EST UN VILAIN DÉFAUT
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SIDONIE BONNEC & THOMAS HUGUES
L’émission qui part à la découverte de lieux, d’aventures humaines, de personnages, de grands et petits moments d’histoire avec curiosité et appétit.
Le savoir-faire américainChacun dans son genre, ils ont trouvé la bonne recette pour rendre accros les téléspectateurs à leur série. PAR TANNEGUY DE KERPOISSON
COMÉDIE « THE BIG BANG THEORY » (DEPUIS 2007) Jeux vidéo, costumes de super-héros et théories
incompréhensibles sur les sciences physiques…
Leonard et Sheldon, colocataires dans la banlieue de
Los Angeles, sont des « geeks » assumés. Mais leur
quotidien va être perturbé par Penny, fraîchement
installée dans l’appartement d’en face. cette
création de Chuck Lorre (Mon Oncle Charlie…) est
un bijou d’humour à consommer sans modération.
> Cofret DVD, saisons 1 à 6, 55,99 €.
THRILLER « THE WIRE » (2002-2008)Ville de 2,5 millions d’habitants au nord-est des
Etats-Unis, baltimore est contaminée par un trafic de
drogue de plus en plus intense. Policiers, enseignants,
politiques, journalistes… tous vont être afectés.
Une fiction en cinq saisons exigeante, réaliste, tournée
« façon documentaire » par le showrunner David
Simon (Treme, Generation Kill…) et considérée
encore comme une des plus grandes séries de tous les
temps. Une institution en somme.
> Cofret DVD intégral, 44,99 €.
ÉPOUVANTE « AMERICAN HORROR STORY » (DEPUIS 2011)Maison hantée, fantômes, asile de fous, sorcières,
cirque maudit… cette fiction grand frisson, s’inscrit
dans la pure tradition des grands classiques du
cinéma d’épouvante. créée par le duo Ryan Murphy
et Brad Falchuk (Nip/Tuck, Glee…), elle a l’avantage
de changer d’intrigue à chaque saison. La cinquième
démarre d’ailleurs le
7 octobre aux Etats-Unis.
Une série à ne pas à laisser
à la portée des enfants !
> Cofret DVD, saisons 1 à 4, 65,99 €.
FANTASTIQUE« LOST : LES DISPARUS » (2004-2010)
Un avion reliant Sydney à
Los Angeles explose en plein
vol au dessus d’une petite île
mystérieuse non répertoriée sur
les cartes. Par chance, quelques
voyageurs survivent au crash…
La principale œuvre télévisuelle
du showrunner J.J. Abrams
(Fringe, Alias, Person of
Interest…), qui vient d’achever,
cette fois en tant que réalisateur
pour le cinéma, le tournage
de Star Wars : Episode VII, en
salle le 16 décembre prochain.
> Cofrets DVD, environ 30 € par saison.
DRAME « SIX FEET UNDER » (2001-2005)Patron d’une entreprise
Ancien notaire, Monsieur Henri (Claude Brasseur) est peu commode. La mort de sa femme l’a, depuis longtemps, rendu aigri et son fls, Paul (Guillaume de Tonquédec), qui a repris l’étude, fait les frais de
sa mauvaise humeur. Outre son manque d’imagination, Henri reproche à Paul d’avoir épousé Valérie, une gourde BCBG (Frédérique Bel). En plus de ces rapports électriques, Paul est confronté à la santé fragile de son père, déterminé à ne pas bou-ger de chez lui. Il le convainc de louer une chambre de sa maison à une étudiante. La provinciale Constance (Noémie Schmidt) sera choisie. Constance est par ailleurs pianiste. Or il y a un pia-no chez Monsieur Henri. Encore faut-il que cet acariâtre accepte de voir s’y poser d’autres mains que celles de sa chère disparue. C’est alors qu’Henri, cherchant à dynamiter le couple de Paul, propose à la jeune femme un marché assez tordu.
Un monstre sacré et une actrice prometteuseNul besoin de chercher l’invention à tout prix pour signer une bonne comédie. Ivan Calbérac – Irène, Une semaine sur
deux (et la moitié des vacances scolaires) –, qui adapte ici une de ses pièces à succès, aime mijoter de bons plats familiaux avec arômes sûrs et petits piments. Il a commencé par marier
les saveurs. Côté terroir, avec ce diable de Claude Brasseur. Le public retrouvera ce monstre sacré dans un rôle qu’il endosse à merveille. Côté saveurs nouvelles, la jeune Noémie Schmidt est quasiment de toutes les scènes. Elle a fait sensa-tion au Festival du flm francophone d’Angoulême, où ce long-métrage a reçu un accueil du meilleur augure. La jeune femme a ce naturel acidulé et charmant qui lui ouvre toute grande la route du métier. Frédérique Bel, quant à elle, incarne Valérie. Comme pour Claude Brasseur, elle seule était faite pour le rôle. L’ex-« blonde » de Canal+ est épatante dans la peau de ce pur personnage de comédie, si touchant qu’on n’a pas envie de s’en moquer – tout le cinéma de Calbérac est en équilibre sur cette équation pleine d’humanité. Quant à Guillaume de Tonquédec, révélé au cinéma dans Le Prénom et dont le rôle est, ici, le plus
complexe, il trouve là personnage en or, qui pourrait le conduire aux Césars. Rire, émo-tion, piquant, tendresse, belle musique… L’Etudiante et Monsieur Henri porte en lui la mélodie du succès.
> Comédie d’Ivan Calbérac, France (1 h 38). Avec Claude Brasseur, Noémie Schmidt, Guillaume de Tonquédec, Frédérique Bel… En salle le 7 octobre.
Sauce douce-amèreDans L’Etudiante et Monsieur Henri, la cohabitation entre une jeune fille
dynamique et un vieil acariâtre sert une comédie pleine de piquant.
Dans le nouveau film d’Ivan
Calbérac, Noémie Schmidt
et Claude Brasseur
forment un duo touchant.
PAR PIERRE VAVASSEUR
week-end I nos favoris
18 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015
MUSIQUE
Lou DoillonElle avait fait la preuve de ses talents de chanteuse il y a trois
ans avec Places, un très beau disque produit par Etienne Daho.
Sa voix éraillée oscillant entre graves et aigus et ses mélodies
folk à la guitare ou au piano sont devenues sa signature.
Aujourd’hui, on reconnaît instantanément un morceau
de Lou Doillon, et c’est déjà beaucoup. Sur son nouvel
album, Lay Low, elle creuse ce sillon avec des chansons qui
rappellent tour à tour Marianne Faithfull et Patti Smith. Un bel
héritage pour la fille de Jacques Doillon et Jane Birkin.
> Lay Low, Barclay, 14,99 €. Sortie le 9 octobre.
JEUNESSE
Festival des sciencesLa science est à l’honneur
à Rennes et dans une trentaine
de communes alentour.
Le 10e Festival des sciences
propose ateliers, conférences,
jeux et expériences sur des
thèmes variés (archéologie,
compost, objets connectés…).
Pour les scientifiques en herbe,
mais aussi pour leurs parents !
> Jusqu’au 11 octobre à Rennes et ailleurs en Ille-et-Vilaine. www.espace-sciences.org
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L
MINISTÈREDE ’ÉDUC TIONN TIONALE, DE’ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR ET DELA RECHERCHE
www.espace-sciences.org
Du 26 sept. au 11 oct. 2015
ÉVÉNEMENTILLE-ET-VILAINE / RENNES MÉTROPOLE
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THÉÂTRE
Le MensongeDeux couples d’amis. L’épouse de l’un a vu le mari de l’autre embrasser
une femme. Parlera-t-elle ? tromperies, jeux de dupes… Le dramaturge
Florian Zeller excelle dans les dialogues ciselés. Après La Vérité,
en 2011, Le Mensonge remet en piste Pierre Arditi (à dr.), qui
partage l’afiche avec Evelyne bouix (à g.), Josiane Stoléru
et Jean-Michel Dupuis. ce quatuor eficace et la mise en
scène soignée de bernard Murat font de ce vaudeville
contemporain une grande réussite. N. V. E.
> Jusqu’au 29 novembre au théâtre Edouard-VII, à Paris (9e). www.theatreedouard7.com
JEUNESSE MARTIN ET LES FÉESSur ce disque adapté d’un
roman pour enfants, Martin
et les fées est chanté par des
artistes comme Véronique
Jannot, Gérard Lenorman
ou Garou. Pour redécouvrir,
en musique, le parcours
initiatique de ce petit garçon
qui doit délivrer la fée Iris,
prisonnière d’un réveil-matin.
> Sony, 18,99 €.
HUMOURJEAN-FRANÇOIS CAYREYHabitué du Jamel comedy
club, Jean-François cayrey
collectionne les seconds rôles
tordants au cinéma. Son
one-man show ne l’est pas
moins. Un vrai régal d’humour
politiquement incorrect.
> Jusqu’au 2 janvier 2016 au Petit Palais des Glaces, à Paris (10e). www.palaisdesglaces.com
MUSIQUE TRIBU FESTIVALNul doute que la mayonnaise
prendra, à Dijon, entre les
musiques d’Amérique du
Sud, d’Afrique et d’ailleurs
à l’occasion de ce festival
éclectique. De Dom La Nena
à David Murray, en passant
par bassekou Kouyaté,
un joli tour du monde
en chansons.
> Du 10 au 18 octobre à Dijon. www.tribufestival.com
Et aussi…
SPECTACLE
Cirque PlumeNi clowns ni animaux au cirque
Plume, mais un jongleur de
soleil couchant, un nageur
de l’espace, des acrobates
en suspension et une troupe
de musiciens déjantés. créé
en 2013 pour les 30 ans de la
troupe, « tempus fugit ? » est
un joyeux concentré de toute la
poésie du nouveau cirque. I. C.
> Du 15 au 25 octobre à Auch (Gers) et en tournée jusqu’au 2 juillet 2016. www.cirqueplume.com
> Comédie dramatique de et avec Louis Garrel, France (1 h 40). Avec aussi Vincent Macaigne, Golshifteh Farahani…
MargueriteDans le Paris
des années 1920,
Marguerite Dumont,
une femme fortunée,
passionnée d’opéra,
donne régulièrement des récitals
devant un cercle d’initiés qui n’a jamais
osé lui avouer la vérité : elle chante
tragiquement faux. La performance
de catherine Frot est proprement
hallucinante. P. V.
> Comédie dramatique de Xavier Giannoli, France (2 h 07). Avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret…
EverestLe camp de base
de l’Himalaya. Deux
expéditions distinctes
se lancent à l’assaut
du plus haut
sommet du monde,
8 850 mètres d’altitude… tourné en 3D,
ce film à grand spectacle, inspiré
d’une histoire vraie survenue en 1996,
est à la fois divertissant et angoissant.
Alain Grasset
> Film d’aventures de Baltasar Kormákur, Grande-Bretagne-Etats-Unis-Islande (2 h 02). Avec Jason Clarke, Jake Gyllenhaal, Josh Brolin, Robin Wright…
Ni le ciel ni la terre DE QUOI ÇA PARLE ? Afghanistan, 2014. Tandis
que les troupes françaises se préparent à amorcer
leur retrait, le capitaine Antarès Bonassieu et sa
section sont afectés à une mission de surveillance
dans une vallée reculée du Wakhan, à la frontière du
Pakistan. Mais de curieux événements surviennent…
ALLEZ-Y POUR… être plongé sans détour dans
la réalité des guerres modernes, où la haute
technologie ne joue pas le moindre rôle. Certaines
scènes de nuit, filmées à la caméra thermique,
sont fascinantes et fantomatiques.
EMMENEZ-Y… un amateur de cinéma intense, qui
appréciera le souci de réalisme auquel s’est attaché
le cinéaste. Ici, le barda pèse aussi sur les épaules
du spectateur et le soleil des montagnes de l’Atlas,
au Maroc, où le film a été tourné, cogne dur.
ÇA VOUS RAPPELLERA… Le Grand Homme, de Sarah
Leonor (2014), qui se passait aussi pour partie en
Afghanistan et dans lequel Jérémie Renier incarnait un
légionnaire indocile. Pierre Vavasseur
> Film de guerre de Clément Cogitore, France (1 h 40). Avec Jérémie Renier, Kévin Azaïs, Swann Arlaud…
L’Odeur de la mandarineDE QUOI ÇA PARLE ?
Nous sommes en 1918.
charles, oficier de cavalerie,
a perdu une jambe au front.
La guerre lui a tout pris.
Seul dans sa propriété,
il embauche une infirmière,
Angèle, fille-mère, à qui
la vie n’a pas fait de cadeau
non plus. Un jour, un soldat
français surgit à cheval
sur un étalon qu’il afirme
tenter de sauver. car l’armée
réquisitionne les chevaux…
ALLEZ-Y POUR… la force
d’un scénario auquel il
ne manque pas un bouton
de guêtre et celle de la
mise en scène, qui donne
lieu à des séquences assez
spectaculaires. olivier
Gourmet et Georgia Scalliet
(à gauche), pensionnaire
de la comédie-Française,
qui fait ses premiers
pas à l’écran, forment
un duo d’une rare intensité.
EMMENEZ-Y… un passionné
de chevaux. car, sans en
être l’axe essentiel, l’étalon
du film est bien, à sa façon,
le troisième personnage.
ÇA VOUS RAPPELLERA…
par l’époque traitée,
le soin apporté à l’image
et le classicisme du récit,
La Chambre des oficiers,
que François Dupeyron avait
adapté en 2001 du roman
de Marc Dugain. P. V.
> Comédie dramatique de Gilles Legrand, France (1 h 50). Avec Olivier Gourmet, Georgia Scalliet, Dimitri Storoge…
week-end I le guide ciné
22 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015
Coup de cœur Très bien Sympa Bof A éviter
NOS SÉRIES PRÉFÉRÉES
EN
VOD
NARCOS Saison 1
Pablo Escobar règne sur le marché mondial de la drogue.
Jusqu’à ce que des fédéraux américains s’en mêlent… Filmée
entre la colombie et les Etats-Unis, cette fresque rythmée
retrace le parcours et la chute du célèbre narcotrafiquant.
> Netflix, à partir de 7,99 € par mois.
ENDVD
SCANDAL Saison 3
Ex-conseillère du président des Etats-Unis, la brillante olivia
Pope est devenue la papesse de la gestion de crise. Un job
qui l’amène à traiter régulièrement avec la Maison-blanche
et avec son amant, le président... Une véritable afaire d’Etat.
> ABC Studios, 35,99 €.
À LA
TÉLÉ
LES REVENANTS Début de la saison 2
Les revoilà enfin, les morts mystérieusement revenus
à la vie dans une petite ville de montagne. Que viennent-ils
chercher ? c’est tout l’enjeu de cette suite très attendue. La
meilleure série française de ces dernières années, de loin.
> Samedi, 9 h 35, Canal+, et le lundi à 21 heures.
La Loi du marché
Stéphane
brizé met
en scène
un homme
confronté au
chômage,
puis à
l’intolérable quand il retrouve
un travail. Avec un Vincent
Lindon au sommet de
son art et des comédiens
amateurs sidérants, ce film
témoigne de notre époque
avec force et sensibilité.
> Drame de Stéphane Brizé, France (1 h 33). Avec Vincent Lindon, Yves Ory… Studio Diaphana, 17,99 €.
Avengers : L’ère d’Ultron
Dans cette
suite, on
retrouve Iron
Man qui tente
de relancer un
programme
de maintien
de la paix jusque-là suspendu.
L’humour est souvent
présent. Et la belle Scarlett
Johansson plutôt à l’aise dans
le genre action après Lucy,
de Luc besson. A.G.
> Film fantastique de Joss Whedon, Etats-Unis (2 h 22). Avec Robert Downey Jr., Scarlett Johansson, Chris Hemsworth… Studio Marvel, 16,99 €.
Sorties DVD
Je suis à vous tout de suiteDE QUOI ÇA PARLE? Dans
la famille d’Hanna, jeune
DRH, on ne sait pas dire non.
Ni elle, ni son père (Ramzy
bedia, à dr.), épicier, ni sa
mère (Agnès Jaoui, à g.), qui
est psy à domicile. Il y a aussi
son frère, Donnadieu, qui
s’est rebaptisé Hakim parce
qu’il se sent plus algérien
que français. Hakim et Hanna
ont fini par se brouiller…
ALLEZ-Y POUR… cette actrice
pétillante et tout en légèreté
qu’est Vimala Pons, déjà
impeccable au printemps
dernier dans Comme
un avion, de bruno Podalydès.
Elle est l’âme du film.
EMMENEZ-Y… un amateur
de ces comédies douces-
amères qui s’interrogent
sur notre société. Ici,
entre condition féminine et
embrouillaminis religieux,
les sujets ne manquent pas !
ÇA VOUS RAPPELLERA…
l’esprit du Nom des gens,
de Michel Leclerc (2010) ;
et pour cause, baya Kasmi,
la réalisatrice, en cosignait
le scénario. Et aussi
l’univers des films de bruno
Podalydès. P. V.
> Comédie dramatique de Baya Kasmi, France (1 h 40). Avec Vimala Pons, Mehdi Djaadi, Agnès Jaoui, Ramzy Bedia…
DANS UN MONDE QUI CHANGE,
LESMEILLEURES ADRESSESSONT À PORTÉE DE CLIC
Les détails et conditions des offres en fonction des programmes sont disponibles auprès de nos Conseillers Commerciaux sur les espaces de vente. Ces offres s’appliquent sur le prix de vente TTC, hors parkings, lors de la réservation et sur
une sélection de lots en fonction des stocks disponibles au 15 septembre 2015 ainsi que sur certains programmes, pour tout contrat de réservation signé entre le 25/09/2015 et le 18/10/2015 et une signature de l’acte authentique de
vente au plus tard le 31/02/2016. Cette offre est non cumulable avec toutes autres offres en cours chez BNP Paribas immobilier. Programmes réalisés par BNP Paribas Immobilier Promotion Résidentiel – SAS au capital de 1.000.000 €
– RCS Nanterre B 421 291 899. Identifiant CE TVA : FR 47421291899 – Siège social : 167 Quai de la Bataille de Stalingrad - 92867 Issy-Les-Moulineaux Cedex et en co promotion avec Bouygues Immobilier – RCS Nanterre 562 091 546
sur la résidence « Cœur boisé » à Chaville. Commercialisateur : BNP Paribas Immobilier Résidentiel Transaction & Conseil (RCS Nanterre 429 167 075) une société du Groupe BNP Paribas (art. 4.1 loi N°70-9 du 2/01/70) Siège social :
167 Quai de La Bataille de Stalingrad 92867 Issy-les-Moulineaux Cedex - Carte Professionnelle Transaction N°92/A/0373 délivrée par la Préfecture des Hauts-de-Seine – Garantie financière : Galian – 89, rue de la Boétie, 75008 Paris
pour un montant de 160.000 € - Identifiant CE TVA FR 61 429 16 7075. Vente en état futur d’achèvement, faculté de rétractation de 10 jours qui court à compter du lendemain de la présentation de la lettre notifiant le contrat de
réservation aux réservataires (L. 271-1 du Code de la Construction et de l’Habitation). Document non contractuel – 09/2015. Ledouze. IBIZA
TROUVEZ LE VÔTREParmi nos 1000 nouveaux appartements à découvrir surlogement.bnpparibas.fr et profitez d’offres spéciales du25 septembre au 18 octobre 2015.
Marquée par sa rencontre avec une Bolivienne anal-phabète et sans papiers voi-là quelques années à Paris,
Colombe Schneck (née en 1966), s’en est inspirée pour son nouveau roman, Sœurs
de miséricorde, qu’elle présentera à la 25e Heure du livre* au Mans. Pour Anne-Sophie Thuard, de la Librairie Thuard au Mans (Sarthe), « la romancière nous embarque de manière inattendue. Elle-même issue d’une famille d’immigrés d’Europe de l’Est, Colombe Schneck nous plonge dans le quotidien d’Azul, une Bolivienne venue travailler en France pour rembourser les dettes de son mari et subvenir aux besoins de ses enfants, restés au pays. A Paris, Azul est une déracinée parmi d’autres femmes, nombreuses, parties seules travailler à l’étranger. On découvre ce pétulant brin de femme, que rien ne décourage, et son enfance en Bolivie. Car, avant d’être celle qui s’affaire à nettoyer les riches foyers français, Azul était une petite flle heu-reuse et insouciante, dans un village indi-gène quechua qui cultivait la terre, et où la richesse réside dans le lien à l’autre. Forte de ces valeurs, elle se montre généreuse, aide ses sœurs d’infortune à trouver un
logement, et apporte du réconfort à celles pour qui elle travaille, souvent malheu-reuses. Dans un style sobre, le récit de Colombe Schneck aborde les thèmes de la maternité, de la séparation, de la solitude, et le décalage économique et social entre la France et la Bolivie. C’est une belle histoire de femmes et une belle leçon de vie, qui sans verser dans le cliché, nous invite à retrouver la foi dans les choses simples. » Mathilde Nivollet
> Sœurs de miséricorde, de Colombe Schneck, Stock, 216 p., 18 €.
Librairie Thuard : 24, rue de l’Etoile, Le Mans (Sarthe). Tél. : 02 43 82 22 22.
* Les 10 et 11 octobre au Mans. www.la25eheuredulivre.fr
MEILLEURES VENTESESSAIS - DOCUMENTS*
1 I Le Charme discret de l’intestin,
de Giulia Enders, Actes Sud.
2 I La Nuit de feu, d’Eric-Emmanuel
Schmitt, Albin Michel.
3 I Dieu, les a�aires et nous, de Jean
d’Ormesson, Robert Lafont.
4 I Faire, de François Fillon, Albin Michel.
5 I Loué sois-tu, du pape François, Cerf.
* Classement du 14 au 20 septembre 2015.
Poche
Parisien, tête de…
Ce livre amusant
s’ouvre sur une
révélation : le Parisien
n’existe pas.
Néanmoins, pour
s’éloigner le plus
possible de cette étrange créature,
une journaliste de la presse féminine
livre sa méthode, un anti-guide
qui croque avec humour le look,
les coutumes, les vacances et les
pratiques sportives de ces Parisiens,
tous ex ou futurs provinciaux. N. V. E.
> Comment ne pas devenir Parisien en huit leçons, de Caroline Rochet, J’ai lu, 288 p., 10 €.
Renommée XXL
JR a l’art du coup d’éclat. En 2007, l’artiste français investit sans
autorisation le mur de séparation entre Israël et la Palestine,
et le recouvre avec les portraits géants des habitants de la zone,
imams et rabbins compris. Tous sont immortalisés en train de faire
des grimaces. Un pied de nez magnifique aux tensions qui minent
la région. Ainsi va JR, collant ses photos XXL d’anonymes dans
les favelas du Brésil, sur des trains au Kenya et jusqu’à l’intérieur
du Panthéon, à Paris, en 2014. Enfin disponible, son imposante monographie retrace,
à travers 500 images, ce parcours artistique qui va toujours crescendo. Car, par
son audace, JR a conquis le cœur du monde. En 2011, à 27 ans, il remporte le prestigieux
prix TED, ce qui lui permet de financer son projet Inside Out. Partout, les gens sont
encouragés à coller dans les rues leurs propres photos géantes, toujours des portraits
noir et blanc. Et 250 000 personnes participent à l’opération. Artiste devenu star,
vendu dans les plus illustres galeries, JR peut tout oser aujourd’hui. Et même
collaborer avec le New York City Ballet et faire venir les danseurs stars à Montfermeil
(Seine-Saint-Denis), aux Bosquets, la cité de son enfance. Benjamin Jérôme
> JR : l’art peut-il changer le monde ? Phaidon, 304 p., 49,95 €.
Enfants
Dans le château
de Barbe-Bleue
Cet homme riche,
« si laid et si terrible »,
mal-aimé en raison
de sa barbe bleue,
est aussi le premier
tueur en série de conte pour enfants.
Née dans l’esprit de Charles Perrault
(1628-1703), l’histoire est ici sublimée
par les illustrations délicates de Frédéric
Bélonie. Le bleu est omniprésent,
seules quelques taches de rouge
s’invitent pour figurer le sang. Glaçant.
Nedjma Van Egmond
> Barbe-Bleue, de Charles Perrault et Frédéric Bélonie, Actes Sud junior, 32 p., 16,90 €.
Suivre son instinct, garder son indépendance d’esprit, laisser les enfants choisir leur voie… L’humoriste de 58 ans, roi des canulars téléphoniques, nous raconte ce qu’il a retenu de la vie.
Chaque semaine, une per-sonnalité se prend en photo et nous raconte, pêle-mêle, les petits enseignements
de sa vie. Conseils utiles ou anecdotes surprenantes.
L’humour ne doit pas être pensé ou
intellectualisé… Il doit sortir des tripes. L’improvisation est beaucoup plus drôle et savoureuse. Mes canulars télépho-niques, sur Europe 1, ou mes caméras cachées dans la rue ont fonctionné parce que je ne préparais presque rien.L’adrénaline donne des ailes. Dès l’âge de 9 ans, je m’amusais à sauter par- dessus les rails d’une voie ferrée lorsqu’un train arrivait. J’ai besoin de ressentir cette peur pour être bien. J’ai de la chance d’être encore en vie (rire).C’est pratique, une bonne mémoire
sensorielle. La mienne me projette très loin dans le passé. Je me souviens de la première fois où je suis monté sur scène, par exemple. J’avais 14 ans et je me suis trop concentré sur les regards posés sur moi, le maquillage, la poussière des rideaux… Du coup, j’ai eu une crise d’asthme. Je n’ai jamais fait deux fois la même erreur.Toujours protéger sa tête. Quand j’avais 3 ans, lors d’une manifestation avec mes parents, j’ai assisté à une bagarre et un mec a fni par terre avec le crâne ensan-glanté. A ce moment-là, ne me demandez pas pourquoi, je me suis dit : toute ma vie, je protégerai ma tête, mes idées, mon imaginaire… Et je garderai mon indé-pendance d’esprit.Pourquoi ne pas transformer les éta-
blissements scolaires en labyrinthe ?
Tu lâcherais un enfant là-dedans, et tu le laisserais découvrir, à son rythme, des salles « secrètes ». Il y aurait une salle d’arts plastiques, de maths, de musique, de français, de sport… Le gamin s’arrête-rait là où il aurait envie d’être, et choisi-rait sa voie beaucoup plus tôt.
Il faut se fier à son instinct. C’est le pou-voir le plus précieux qu’on obtient à la naissance. Il y a vingt ans, je devais me faire opérer du genou. Je ne sais pas pourquoi, mais une petite voix m’a dit : « N’y va pas. » J’ai refusé la chirurgie. Et j’ai bien fait ! Quelques semaines plus tard, j’ai appris que l’hôpital dans lequel je devais me faire opérer avait eu des problèmes sanitaires et que plusieurs patients avaient attrapé une tuberculose osseuse.Je suis pour une Europe fédérale. Si on la divisait en petites régions indépen-dantes, avec des gouvernements locaux, les gens se sentiraient plus proches du
BAPTÊME DE ScÈNELafesse monte sur scène après
trente-trois ans de trac, et une vieille
dame surgit… C’est Germaine Ledoux,
héroïne de ses impostures d’antan, qui
n’a pas l’intention de lui faciliter la tâche.
Un premier one-man show loufoque.
> Jean-Yves Lafesse vs Germaine Ledoux,
le combat, jusqu’au 31 décembre au Théâtre des 2 Anes, à Paris (18e).
pouvoir politique. Dans ce contexte-là, la Bretagne, ma terre natale, mériterait son autonomie.
Propos recueillis par Tanneguy de Kerpoisson
Jean-Yves Lafesse
Jean-Yves
Lafesse s’est
pris en photo
le 18 septembre
à Paris, dans
son restaurant
préféré,
La Pointe
du Grouin.
SON SELFIE
L’humour doit sortir des tripes, il ne faut pas tout préparer
Bienvenueen Île-de-Foot.
NOUVELLE APPLICATION LE PARISIEN FOOT:
L’appli pour tout savoir du football en Île-de-France,des coulisses aux compétitions:
Paris Saint-Germain, Red Star, Paris FC, Créteil-Lusitanos.
Le palais de
Westminster, avec
sa célèbre tour de
l’horloge, abritant
Big Ben, accueille
le parlement
britannique.
Un parc d’attractions
consacré au
personnage Shrek.
La tour Shard,
309,6 mètres, est la
plus haute d’Europe
occidentale.
Capitale britannique, mer Méditerranée ou terroir bourguignon ? En famille, en amoureux, avec des amis ? Quoi que vous choisissiez, voici nos conseils pour bien profiter de vos vacances. PAR DOMINIQUE SAVIDAN
1 Il y a toujours une bonne raison
de se rendre dans la bouillonnante
capitale britannique. Dépaysement
garanti entre tradition et modernité,
du palais de Buckingham
aux gratte-ciel vertigineux.
Se divertir dans « l’antre » de Shrek
Le colosse vert des studios
d’animation Dreamworks possède
son parc de loisirs de 2 000 mètres
carrés, dans le quartier de South
Bank, au centre de Londres.
On retrouve Shrek, évidemment,
et tous les personnages du film,
survolant la capitale en bus magique,
à coups d’animations stupéfiantes.
> www.shreksadventure.com
Découvrir les archives
de la police londonienne
Jack l’Eventreur (1888), l’attaque du
train postal Glasgow-Londres (1963),
le casse du siècle déjoué au Dôme
du millénaire (2000)… Pour la
première fois, Scotland Yard ouvre
ses archives aux visiteurs et donne
accès aux témoignages audio de
victimes et de policiers et aux pièces
à conviction pieusement conservées.
> « The Crime Museum Uncovered », Museum of London. www.museumoflondon.org.uk
Dominer la City depuis une tour
Projetez-vous dans le Londres du
XXIe siècle, au 68e étage du Shard,
l’immeuble en forme d’aiguille
dessiné par Renzo Piano, le building
le plus élevé d’Europe occidentale
(309,6 m). Puis dégustez, non loin,
un fish and chips au Borough Market,
le plus ancien marché de Londres.
> The View from the Shard, Joiner Street. www.theviewfromtheshard.com/fr www.boroughmarket.org.uk
> Vol A/R Paris-Athènes (environ 150 €), transfert de l’aéroport au bateau (70 €). Départs les 16 et le 23 octobre à partir d’Athènes : 265 € par personne en pension complète (3 jours et 3 nuits de navigation). Excursions en plus, de 50 à 65 €. www.celestyalcruises.com
Une croisière en amoureuxL’église d’Imerovigli et sa petite tour au clocher, l’une des visites
à ne pas rater lors de l’escale sur l’île grecque de Santorin. Cap sur l’Espagne
A bord du Zénith, on joue la carte
de la french touch. On embarque
à Marseille, le personnel parle
français, les spectacles sont
en français et la cuisine est
hexagonale, avec un chef bien
de chez nous, Francis Lévèque,
dont certains plats sont labellisés
« Coup de cœur Gault et Millau ».
Ce paquebot à taille humaine
(721 cabines) fait deux escales
d’une journée entière, à Barcelone
puis à Minorque. En Catalogne,
on peut visiter la Sagrada Familia,
la célèbre basilique de Gaudí,
s’attarder sur La Rambla – l’avenue
emblématique de la ville – pour
déguster un verre et des tapas
sans faire l’impasse sur le musée
Picasso. Le lendemain, on accoste
sur l’île de Minorque, dans la baie
préservée de Mahon. On flâne dans
le dédale des petites rues d’un
village blanc typique des Baléares
en profitant du soleil de l’été indien.
Et retour de nuit vers Marseille !
> Croisière Guapa de 4 jours et 3 nuits, Croisières de France. Départ de Marseille, le 29 octobre. A partir de 332 € par pers. (-70 % hors taxes pour les -17 ans). www.cdfcroisieresdefrance.com
MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 31
3 Des vignobles prestigieux,
des campagnes qui rappellent
la Toscane, de sublimes châteaux
médiévaux… C’est en Saône-
et-Loire, à une heure et demie
de Paris ! Ce décor a servi de
cadre au film Premiers Crus, avec
Gérard Lanvin et Jalil Lespert.
Visiter les lieux du tournage
La propriété du personnage joué
par Gérard Lanvin dans le film est
en fait le domaine Jaeger Defaix,
à Rully. Vous pouvez le visiter avec
la propriétaire, Hélène Jaeger,
découvrir ses six hectares de vignes
et déguster ses excellents rully (sur
rendez-vous, tél. : 03 86 42 40 75).
Les domaines de Brenière et de
Chanzy, eux, ont servi de cadre aux
scènes de vendange. Un peu plus
loin, à 20 kilomètres, Chalon-sur-
Saône a conservé ses maisons
à colombages du XVe siècle.
Intéressant aussi le musée consacré
à l’inventeur de la photo, Nicéphore-
Niépce, dont Hélène Jaeger est
l’arrière-petite-nièce… Les amateurs
de vieilles pierres peuvent visiter
des édifices médiévaux comme les
châteaux de Couches et de Sully,
la forteresse de Rully, l’abbaye de
La Ferté ou la demeure des ducs
de Bourgogne, à Germolles.
> www.bourgogne-du-sud.com
La Bourgogne entre amis
En Bourgogne,
de nombreuses
voies vertes,
comme celle-ci,
qui longe le canal
du Nivernais
(Yonne), ravissent
les cyclistes !
Au cœur des
vignes, le château
de Rully,
en Saône-et-
Loire, date
du XIIe siècle.
Les tuiles
vernissées
du château
de Santenay
sont typiques
de la Côte-d’Or.
A vélo sur l’une des voies vertes
La meilleure façon de faire la route
des vins sans prendre le volant !
Parmi les nombreuses voies
vertes, celle de 31 kilomètres,
facile, entre Chalon-sur-Saône
et Saint-Léger-sur-Dheune,
permet de traverser les villages
de Rully, Chagny, Santenay. Le tout,
en suivant la Saône ou les pistes
forestières, à l’abri de la circulation.
> Location vélo et conseils sur Bourgogne-evasion.fr ou Terreditinerances.com
Oignons, carottes, navets…« Avec l’importation d’épices indiennes
au temps de l’Empire britannique, à par-
tir du XVIIe siècle, le succès des pickles
s’est accru, explique Marie Grave, auteure
de Royaume-Uni, un livre sur la cuisine
anglaise1. Leur saveur aigre-douce, leur
touche d’acidité et leur texture croquante
réveillent le palais et favorisent la diges-
tion. On les sert comme condiments,
avec des viandes froides ou du fromage,
ou encore dans les sandwichs. » Ainsi, les
oignons grelots, les morceaux de carotte,
de navet, les bouquets de chou-feur ou les
radis roses sont « pickelisables » à loisir.
Au restaurant Pickled2, à Paris, ces
délices relèvent (presque) tous les
plats. Les deux fondatrices du lieu
sont unies par cette passion, comme
l’explique Myrtille Couten : « Je suis
devenue fan en Angleterre, où j’ai vécu,
et les origines malgaches d’Amandine
Rakotobe, la chef, expliquent son amour
des achards (les pickles créoles). Pour
nous, ils apportent de la surprise et de
l’assaisonnement. »
Choisir le bon vinaigre« La base est toujours la même, explique
Amandine Rakotobe. Une portion de
sucre, deux de vinaigre et trois d’eau,
à laquelle on ajoute ce que l’on veut !
On chauffe le tout, que l’on verse dans
le bocal stérilisé, avec les légumes. Si
les pétales d’oignon rouge n’ont besoin
que de trente minutes de macération,
d’autres, comme les œufs durs, néces-
sitent au moins trois semaines. Les
pickles de concombre peuvent, eux,
fermenter longuement ou brièvement,
selon la texture recherchée. » Pour
varier les plaisirs, elles piochent dans
une sacrée palette de vinaigres. « Les
Anglais utilisent du vinaigre de malt
et les Asiatiques, du vinaigre de riz,
on s’amuse avec celui de cidre, ou du
Xérès mélangé avec de la bière », ajoute
Amandine Rakotobe.
Toutes les associations sont permises :
concombre au vinaigre de riz noir et au
poivre du Sichuan, fermenté trois jours
et pimenté, carottes à la cardamome ou
à la badiane dans un mélange vinaigre
de cidre - orange… Dernier conseil :
« Utilisez le liquide de fermentation de
votre pickle ! Pour aromatiser une vinai-
grette, une sauce ou récupérer les sucs de
cuisson dans la poêle, c’est magique ! »
1. Collection Epicerie du monde, éditions La Plage. 2. Pickled, 54, rue Basfroi à Paris (11e).
Si nous avons les cornichons, les Anglais, eux, conservent toutes sortes d’aliments dans du vinaigre. God save the pickles !PAR ROXANE SALMON PHOTO AIMERY CHEMIN STYLISME CHAE RIN VINCENT
Un minervois
Le plus accessible
des pickles, celui
d’oignon, assaisonne
de sucre et d’acidité
n’importe quel
plat, sans l’éclipser.
Pour lui donner
de la rondeur
et une note épicée,
ce minervois blanc d’un jaune
très pâle associe citron et anis
dans une agréable fraîcheur.
> Cuvée Alice 2013, château Cabezac, 7,90 € chez les cavistes et sur www.chateaucabezac.com
Un saumur
Un vin de la vallée de la
Loire, 100 % chenin, tout
en élégance, est idéal
avec des carottes, radis
blancs ou concombres
marinés rapidement
au vinaigre de riz,
par exemple dans un
banh-mi, un sandwich
vietnamien. Ses notes passant
des fruits tropicaux aux agrumes,
arrondies d’une pointe d’épices,
n’en feront ni trop ni trop peu !
> Saumur blanc 2014, domaine Langlois-Château, 9,85 € sur www.la-boutique-langlois.fr
Le bon accord
Un bourgogne blanc
Avec les pickles, misez
sur un vin complexe !
L’attaque vive
de ce saint-véran
en soulignera les notes
végétales et les enrobera
d’un arôme de brioche
toastée. Sa douceur
finale sera bienvenue avec les
pickles de concombre. Un vin
de coopérative « Vignerons
en développement durable ».
> Saint-véran croix de Montceau 2013, Vignerons des Terres secrètes, 9,90 € au domaine.
PICKLES… DE CONCOMBRESPréparation 10 minutes
> Portez à ébullition 25 cl de vinaigre
blanc, 1 c. à s. de gros sel marin et 380 g
de sucre, jusqu’à leur dissolution.
> Coupez 750 g de concombres noa (les
petits) en quatre dans la longueur.
Placez-les dans des bocaux avec 100 g
d’oignons, 1 c. à s. de graines de
moutarde, quelques branches d’aneth.
> Versez le liquide sur les concombres.
> Laissez refroidir, fermez les bocaux
et placez-les dans le réfrigérateur.
> Attendez 1 semaine avant de déguster,
par exemple avec des hamburgers.
… DE RADIS
Préparation 5 minutes
> Portez à ébullition 1 litre d’eau, 1 litre
de vinaigre de riz, 3 c. à s. de gros sel
marin et 1 c. à s. de sucre jusqu’à leur
dissolution. Laissez refroidir à l’air libre.
> Nettoyez 2 bottes de radis en gardant
le début des fanes et les radicelles.
Placez-les avec 1 c. à s. de graines de
coriandre, 1 c. à s. de graines de carvi,
1 c. à s. de mélange de cinq baies,
6 branches de thym dans les pots.
> Couvrez avec le mélange au vinaigre.
> Fermez les bocaux et placez-les dans
le réfrigérateur. Attendez 1 semaine
avant de déguster.
… DE CHOUX-FLEURS
Préparation 25 minutes
> Portez 1,5 litre d’eau à ébullition avec
180 g de gros sel jusqu’à ce qu’il soit
dissous. Laissez refroidir.
> Epluchez 3 gousses d’ail, coupez
1 oignon en rondelles et 1 chou-fleur
en bouquets. Laissez-les mariner
une nuit dans l’eau salée.
> Portez 75 cl de vinaigre blanc ou de
cidre, à ébullition avec 2 c. à s. de sucre,
1 c. à s. de poivre concassé, 3 branches
de thym frais, 1 feuille de laurier, 1 c. à s.
de graines de cumin. Laissez refroidir.
> Egouttez les légumes. Placez-les dans
les pots et couvrez avec le vinaigre.
> Fermez les bocaux et placez-les dans le
réfrigérateur. Attendez 1 semaine avant
de déguster, avec, par exemple,
un plateau de charcuterie.
Le chef Paul-Arthur Berlan, 32 ans, a ouvert L’Escudella en août dernier.
Ci-dessous :fuseau au chocolat et sorbet cacao.
A g. : œuf mollet croustillant, fricassée de cèpes.
week-end I restaurantsPAR PHILIPPE TOINARD
Pour une grande occasionL’Escudella, à Paris
A moins de 30 euros
ARGENSON, À LYONAux portes du stade de l’Olympique
lyonnais, une belle brasserie lumineuse
pour apprécier de grands classiques,
comme le pâté en croûte au magret et foie
gras de canard, les quenelles de brochet
sauce nantua ou la sole meunière.
Baba au rhum, vacherin, profiteroles
et tarte Tatin sont aussi de la partie.
LA CANTINE, À CHOMÉRACDans une ancienne usine de textile,
une bande de joyeux drilles a ouvert une
table à l’opposé des bistrots ardéchois.
On ne vient pas ici pour la caillette
ou la tarte aux myrtilles, mais pour un
saint-pierre cuit vapeur, un lapin farci
aux échalotes, un cheesecake au citron
et un incontournable fondant au chocolat.
De tous les anciens candidats de
l’émission « Top Chef », Paul-
Arthur Berlan, 32 ans, n’est
pas le plus médiatique, mais
il est l’un des plus consciencieux. Après
le Métropolitain, dans le quartier du
Marais, à Paris, il s’installe dans le très
chic 7e arrondissement, où il propose
des assiettes plus abouties, notamment
au niveau des jus et des sauces, qui ne
manquent pas de caractère.
Digne d’une table étoiléeOn ne trouve certes pas de voiturier à
l’entrée, d’hôtesse d’accueil ni de ver-
rerie hors de prix, mais les créations du
chef sont dignes d’une table étoilée. La
preuve, ce sublime œuf mollet crous-
tillant posé sur des cèpes en persillade
et surmonté de quelques fnes tranches
de cèpe cru. Cuisson parfaite de l’œuf,
contraste des textures… et une furieuse
envie de saucer ! Le carpaccio de pied
de cochon, sauce gribiche et anchois en
tempura est peut-être moins gastro-
nomique, mais terriblement canaille.
L’anchois et le pied de porc sont un
exemple réussi d’association osée.
Le plat du jour, filet mignon de porc,
haricots tarbais et fines lamelles de
radis, avait du goût mais manquait d’élé-
gance dans sa présentation, comparé à
l’agneau de Sisteron en trois cuissons
déposé sur une aubergine confte au jus
de tamarin, ce fruit tropical provenant
d’Inde. Quant au fuseau croustillant au
chocolat et sorbet cacao, il prouve qu’il y
a bien un pâtissier dans la brigade !
> OÙ ? 41, avenue de Ségur, Paris (7e). Tél. : 09 82 28 70 70. > COMBIEN ? De 36 € à 50 € (à la carte).
Le grand chic à petit prix
> OÙ ? Plan du Poux, Chomérac (Ardèche). Tél. : 04 75 29 25 98. > COMBIEN ? 24 € (au déjeuner).
> OÙ ? 40, allée Pierre-de-Coubertin, Lyon (7e). Tél. : 04 72 73 72 73. > COMBIEN ? De 28,50 € (au déjeuner) à 38 €.
Une salle élégante et colorée pour des plats dignes d’une table étoilée.
Volkswagen tousse, et c’est toute la filière diesel qui s’enrhume. Dans la foulée des révélations sur le constructeur allemand, qui a admis avoir installé un logiciel permettant de fausser les résultats des tests
de pollution de 11 millions de véhicules à travers le monde, des voix se sont élevées la semaine dernière pour exiger l’interdiction du gazole. « Arrêtons de mentir aux Français en les incitant à acheter des voitures soi-disant écologiques (...). Le diesel propre, ça n’existe pas », a ainsi déclaré, le 23 septembre, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts. Elle a réclamé la suppression des aides au diesel d’ici cinq ans, et son « interdiction totale dans l’en-semble du pays d’ici à 2025 ».
Les deux tiers du parc automobileCombattue depuis longtemps par les écologistes, la motorisation au gazole reste, et de loin, la préfé-rée des Français : elle représente les deux tiers du marché automobile national, et des dizaines de milliers d’emplois. Pas question, donc, pour Ségo-lène Royal, de bannir les véhicules diesel. « Ce n’est pas sérieux », a expliqué la ministre de l’Eco-logie, qui préfère « investir massivement dans la voiture électrique ». Du côté de l’opinion publique, le « dieselgate » n’a pas encore convaincu les auto-mobilistes d’abandonner le gazole. Selon un son-dage Tilder/LCI/Opinionway, publié le 24 sep-tembre, 27 % des personnes interrogées ont un avis « plutôt négatif » sur le diesel depuis l’afaire Volkswagen, alors que le regard de 70 % des son-dés n’a « pas changé ».
Pour bannir le gazole, trop polluant, les écologistes surfent sur le scandale Volkswagen. Problème : il s’agit du carburant le plus utilisé par les Français.PAr CLARISSE BOULAIN Et PAULINE LANDAIS-BARRAU PHotoS FRANCK BELONCLE Et PASCAL BASTIEN
1 Un problème de santé publique
majeur. La nocivité du diesel est connue des autorités sanitaires depuis des décennies. En 2012, l’Organisation mondiale de la santé l’a reconnu comme cancéro-gène certain. Des mesures ont été prises, telle l’obligation d’installer des fltres à particules, mais ceux-ci retiennent-ils les particules les plus fnes, c’est-à-dire les plus dan-gereuses ? Comme l’a été l’amiante, le diesel devrait être interdit.
2 Le diesel propre est impossible. Les constructeurs d’automobiles font pression sur les autorités pour que le diesel ne soit pas interdit, et ainsi continuer de faire du profit sur leurs investissements passés.
Dans ce but, ils tentent de faire croire à un diesel « propre », mais c’est impossible. Le fait de tricher lors des tests de contrôle des émis-sions de polluants, comme l’a fait Volkswagen, est un exemple par-lant de ce jeu de dupes.
3 Cela empêche le développe-
ment de nouvelles technologies.
La combustion d’énergies fos-siles est toujours polluante. Les pressions des constructeurs pour continuer de commercialiser d’an-ciennes technologies empêchent le développement d’énergies vertes, comme l’énergie électrique, qui est déjà efciente. La population doit en prendre conscience et privilé-gier les transports alternatifs.
Sébastien Vray, porte-parole de l’association Respire (Paris).
L’Organisation mondialede la santé l’a reconnu comme
cancérogène certain
L’INTERDICTION
CONTRE ?
MAGAZINE DU VENDrEDI 2 octobrE 2015 45
Une institution en France
1 Les moteurs sont de plus en plus propres. En Europe, les voi-tures sont soumises à des normes « Euro », avec des plafonds d’émis-sions de polluants de plus en plus contraignants. Depuis jan-vier 2011, les filtres installés sur les voitures Euro 5 permettent d’éliminer 95 % des particules fines et ramènent les perfor-mances du moteur diesel à un niveau équivalant à celles du mo-teur essence. Et une norme Euro 6 s’applique depuis septembre !
2 Rajeunir le parc automobile. Sur près de 20 millions de voitures diesel que compte la France, seules 2,3 millions sont équipées de la norme Euro 5. Or la pollution aux
Les nouveaux véhiculesfonctionnant au gazole sontde plus en plus propres
TOTALE DU DIESEL
C’EST LE PRIX MOYEN à la pompe, le 18 septembre
en France, d’un litre de gazole, contre 1,30 €
pour le sans-plomb 95.
1,11 €
63,9 %C’EST LA PART DU DIESEL dans les ventes de voitures neuves en 2014. Un marché en baisse, qui s’établit à 59 % sur la période janvier-septembre 2015.
16 %DES ÉMISSIONS DE PARTICULES en Ile-de-France sont dues aux véhicules diesel.
VOITURES PARTICULIÈRES DIESEL
ont été produites en France en 2014.
1 835 289
particules fines est particulière-ment le fait des véhicules anciens. Plus qu’une interdiction, il faudrait donc des aides pour inciter les mé-nages à remplacer leur voiture, et accélérer ainsi le rajeunissement du parc automobile français.
3 Il faut mener une réflexion plus large. Améliorer les politiques de déplacement urbain, proposer une aide au stationnement en infor-mant en temps réel de la disponibi-lité des places, ou encore organiser des transports de marchandises plus fluides pour une meilleure gestion du trafc. Ce sont des pistes auxquelles il faudrait réfléchir à tous les niveaux pour réduire la pollution liée à l’automobile.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Réagissez sur la page Facebook du Parisien.
Sources : Comité des constructeurs français d’automobiles, Airparif, Direction de l’énergie et du climat.
CONTRE
Céline Kastner, directrice juridique de l’Automobile Club Association (Strasbourg).
46 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015
grand angle I l’antisèche
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Le 1er octobre, les tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie (ex-GDF) ont baissé de 1,4 % en moyenne. Sept millions de Français sont concernés.
COMMENT SONT FIXÉS LES PRIX DU GAZ ?
*Au 30 juin 2015. **Consommation moyenne, hors abonnement.
MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 47
QUI A EU L’IDÉEAnna Stevanato, 36 ans, mère
de trois enfants franco-italiens.
COMMENT ÇA MARCHEDulala organise, dans vingt
écoles parisiennes, des ateliers
d’éveil aux langues qui sont
parlées au sein des familles.
QUI EN PROFITELes enfants, mais aussi
les familles et les professeurs.
grand angle I solidaires
POUR NE PAS GARDER SA
LANGUE DANS SA POCHEA Paris, l’association Dulala fait découvrir
aux enfants toutes les langues parlées par leurs camarades à la maison.
Anna Stevanato
organise
des groupes
de jeux
en langue
« maternelle »,
notamment à
l’école d’Alésia,
à Paris (14e).
A l’école maternelle d’Alésia, à Paris (14e), les dix enfants qui participent à l’atelier d’éveil aux langues sont un peu dissipés. Elena Ruffoni, l’ani-
matrice d’origine italienne et professeure des écoles, les apaise en leur faisant écouter des musiques du monde. L’atelier débute. Les enfants ouvrent une boîte magique, y trouvent une lettre qui les invite à compter jusqu’à 3, en anglais, allemand, espagnol, italien. Puis ils découvrent, sur un enregistrement audio, les nombres en portugais, serbo-croate, alba-nais. Et font, avec grand plaisir, un petit exer-cice corporel variant en fonction des chifres énumérés dans diférentes langues par l’ani-matrice. Enzo, 5 ans, se lance et compte fère-ment jusqu’à 5 en arabe, sa langue maternelle.
« Le bilinguisme est un cadeau ! »Un Français sur quatre grandit avec une autre langue que le français durant son enfance. C’est pour la valoriser qu’Anna Stevanato a créé, en 2009, l’association Dulala (D’une
langue à l’autre) : « J’ai enseigné l’italien dans une école élémentaire parisienne. Je me suis aperçue que les enfants avaient honte de la langue de leurs parents. Ils ressentaient leur bilinguisme comme un handicap. Or c’est un cadeau, pas un fardeau ! »
2 000 enfants en ont déjà bénéficiéAnna Stevanato a alors conçu des ateliers ludiques pour leur donner très tôt le goût des langues. Après un an de formation en éco-nomie sociale et solidaire au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), la jeune femme a fondé l’association Dulala. Elle orga-nise également des groupes de jeux en langue maternelle et des formations. Pour atteindre ses objectifs, elle a développé ses propres outils : livres, vidéos, infographies…Aujourd’hui, environ 2 000 enfants ont pu bénéfcier de ces ateliers de découverte et plu-sieurs centaines de professionnels de l’éduca-tion, du social et de la santé (orthophonistes, psychologues, etc.) ont été formés. A l’école d’Alésia, les petits sont ravis : « C’est trop bien, on fait des jeux ! » s’exclame Rime-Riham, 6 ans. Arrivederci et à la semaine prochaine ! Florence Heimburger Photos Cyril Marcilhacy
Et si vous participiez… en contactant l’association Dulala, www.dunelanguealautre.org
grand angle I médecine
notre dossierenquêteComment l’hypnothérapie s’impose en médecine P. 49
vrai-fauxHuit idées reçues P. 50
interviewMessmer : « L’hypnose fait des miracles » P. 52
MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 49
LE RÉVEIL DE L’HYPNOSE
Elles ne se lâchent pas la main et papotent.
Lucienne, étendue sur le lit d’une chambre
de l’hôpital d’Annecy-Genevois (Haute-
Savoie), et Christine Favier, infirmière
anesthésiste, parlent randonnée et jardi-
nage. La patiente de 90 ans a le cœur qui
s’essouffle. En ce début septembre, on va lui poser
une valve artificielle. « Concentrez-vous sur votre
respiration, demande avec gentillesse l’infrmière.
Fermez les yeux, c’est plus facile. Vous allez respi-
rer diféremment. Gonfez bien les poumons… Fort,
fort, fort… Vous allez sentir que ma voix ralentit.
Continuez à respirer tranquillement. » Elle invite
ensuite Lucienne à partir en balade : « C’est comme
si vous empruntiez un chemin, pour une randonnée
que vous avez particulièrement aimée. »
Contre la douleur et en anesthésieComme de plus en plus de patients, Lucienne
vient d’être hypnotisée. Taboue il y a encore dix
ans, cette pratique se répand dans le monde médi-
cal. Partout en France, le personnel hospitalier se
forme : à La Rochelle (Charente-Maritime), Aix-
en-Provence (Bouches-du-Rhône), à l’hôpital de la
Pitié-Salpêtrière, à Paris… Dans les cabinets aus-
si, l’hypnose s’enracine. On compte une douzaine
de cursus universitaires reconnus par l’Ordre des
médecins, et de nombreuses formations associatives
ou privées. La technique est utilisée dans divers cas :
contre la douleur, les troubles psychologiques,
Longtemps taboue, cette pratique se généralise dans le monde médical, qui lui reconnaît des vertus thérapeutiques. De quoi réjouir le Québécois Messmer, la star des hypnotiseurs.PAR EMMANUELLE VIBERT PHoto WILLIAM BEAUCARDET
Auteur de spectacles étonnants,
le Québécois Messmer, 44 ans,
collabore aussi avec des
scientifiques. Il a posé pour notre
magazine le 7 septembre à Paris.
COIFFURE,
MAQUILLAGE ANNE GUILMARDACCESSOIRES
PAULINE GLAIZAL
50 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015
les addictions (tabac, alcool, drogues), en cours d’accouchement, ou pour compléter l’anesthésie. Dans son cabinet dentaire à Echiré (Deux-Sèvres), Claude Parodi y recourt en permanence. Il peut ain-si atténuer la phobie de la piqûre. « Cela me permet d’arrêter un saignement, une nausée, et de diminuer la quantité d’anesthésiants, explique-t-il. Et je peux aller jusqu’à extraire des dents, poser des implants, sans une goutte d’anesthésiant. » Au sein de son asso-ciation Hypnoteeth, il forme 200 à 300 dentistes par an et croule sous les demandes.
« Clignez de l’œil, si jamais vous avez mal »Retour dans la salle d’opération de l’hôpital d’Annecy. Sous hypnose, Lucienne ressent une piqûre comme l’épine d’un rosier qui l’érafe. Pour rendre la peau de sa main insensible à la douleur de la perfusion, on la recouvre d’un gant imaginaire. En une demi-heure,
les soignantes l’ont préparée à l’opération. Placer une valve artifcielle se fait habituellement sous anesthé-sie générale, à cœur ouvert. Mais un procédé récent permet d’opérer via l’artère fémorale, grâce à une petite incision dans l’aine. Ainsi, pour la quatrième fois à l’hôpital d’Annecy, l’intervention va se dérouler sous hypnose, à l’aide d’une simple anesthésie locale ! Lucienne est maintenant au bloc, sur un lit high-tech. Un cardiologue et un chirurgien, plus cinq infrmiers spécialisés, s’occupent de la technique. Il y a un écran géant rempli de radios et de courbes, des tables sté-riles couvertes de pinces et de sondes. Lucienne ne dort pas, mais ne voit rien de tout ça. Christine Favier lui caresse le front, lui chuchote à l’oreille de cli-gner de l’œil si jamais elle a mal afn que Frédérique Mangin, le médecin anesthésiste, lui administre une dose d’anti douleur. Une heure et demie plus tard, l’opération est terminée. Lucienne est fatiguée, mais parle déjà recettes de cuisine et fait des blagues.
DES IDÉES REÇUES MISES À MAL
L’HYPNOSE EST UNE SUPERCHERIE
Faux Les techniques
d’imagerie médicale ont
montré que les suggestions
de l’hypnothérapeute (images,
sons, douleurs…) déclenchent
les mêmes réactions
dans le cerveau que si elles
étaient réelles.
L’HYPNOSE S’APPARENTE AU SOMMEIL
Faux Hypnos veut dire
« sommeil » en grec, mais
l’hypnose n’endort pas.
c’est un état modifié de
conscience, entre veille
et sommeil, qui peut même
se caractériser par
une grande concentration.
L’HYPNOSE, C’EST DE LA MANIPULATION
Vrai Faux Un sujet
hypnotisé devient sensible aux
suggestions. Les hypnotiseurs
de spectacle en profitent
pour tourner en dérision leurs
cobayes. Mais il est impossible
de faire un lavage de cerveau
grâce à l’hypnose.
L’HYPNOSE NE MARCHE PAS AVEC TOUT LE MONDE
Vrai Faux L’hypnose est
un état naturel, accessible
à tous, que nous traversons
quand nous sommes dans
la lune, par exemple. Mais
l’hypnose médicale ne peut
marcher que si le patient
est motivé et coopère.
grand angle I médecine
L’hypnose à l’hôpital d’Annecy
L’intervention approche. Christine Favier et l’équipe d’infirmiers emmènent Lucienne en salle d’opération.
« Respirez fort », demande gentiment Christine Favier, l’infirmière anesthésiste, à Lucienne, pour la préparer à être opérée sous hypnose.
Les Egyptiens l’utilisaient pour soignerChristine Favier a été la première de l’hôpital d’Annecy-Genevois à se former à l’hypnose, il y a cinq ans. Depuis, deux médecins et quatre autres infirmiers anesthésistes de l’hôpital se sont mis à cette pratique. Dès novembre, ils seront 25 de plus : un chirurgien, deux anesthésistes, un cardiologue et 21 infrmiers. De quoi instaurer une vraie dyna-mique. Cette technique est en fait vieille comme le monde : les Egyptiens l’employaient probable-ment déjà pour soigner, puis, avec l’Allemand Franz Anton Mesmer (dont Messmer, la star québécoise de l’hypnose-spectacle, s’est inspiré pour son pseu-donyme), elle a connu un renouveau en Europe au XVIIIe siècle. D’autres grands noms de la médecine l’ont ensuite fait progresser : Charcot, Bernheim, Freud au XIXe siècle. Mais, au XXe siècle, l’essor de la psychanalyse et les progrès techniques ont remisé l’hypnose au placard avant que le médecin américain Milton Erickson ne lui donne de nouveaux fonde-ments, dans la seconde moitié du siècle dernier. Et désormais, c’est l’efervescence.
Pourquoi un tel succès ? « L’hypnose réduit la durée d’hospitalisation et divise par deux le temps passé en salle de réveil », souligne Marianne Jung, infrmière anesthésiste à l’hôpital d’Annecy-Genevois. « On s’en sert tout le temps, raconte Frédérique Mangin. L’hypnose, c’est aussi une façon d’expliquer, avec des mots positifs. Cela diminue l’anxiété et c’est impor-tant, car le stress peut provoquer des complications. » Les avantages sont aussi humains. « Cela a changé ma vie, s’enthousiasme Christine Favier. On sort de la technique pure pour nouer une relation avec les patients, trouver des paroles adaptées, rassurantes. » L’hypnose redonne du sens à son travail, et un côté humain au soin, comme l’écrit l’un des pontes de la dis-cipline, le Dr Patrick Bellet, dans son livre (L’Hypnose
pour réhumaniser le soin, Odile Jacob).Sur le plan thérapeutique aussi, l’hypnose commence à faire ses preuves. Au CHU de Liège, en Belgique, près de 9 000 patients ont été opérés sous hypnose
« J’ai tout de suite accroché
avec Nathalie Von Paris »,
s’enthousiasme claire Dubois,
une Niçoise de 29 ans.
L’hypnothérapeute dirige, à Nice,
le cabinet Hypnoprocess, qui
regroupe des thérapeutes sans
diplôme oficiel de soin. « J’ai
commencé à la voir il y a plus d’un
an, à raison d’une séance par mois,
pour des troubles alimentaires.
on a travaillé sur l’apparence,
l’estime de soi. J’ai résolu pas mal
de névroses qui me hantaient
depuis longtemps. Puis, la veille
de mon anniversaire, il y a un an,
j’ai voulu arrêter la cigarette. » La
jeune femme, soigneuse dans un
parc zoologique, fumait presque
un paquet par jour depuis quinze
ans. Il n’a fallu qu’une séance pour
lui couper l’envie. « Nathalie a fait
appel à la non-fumeuse que j’étais
avant de commencer la cigarette.
En sortant, j’ai jeté mon paquet.
Je n’ai ressenti aucun manque »,
assure-t-elle. chaque séance
commence par un bilan. « Pour
me faire entrer en transe, elle me
demande par exemple de fixer
un point dans sa main, elle compte
et, très vite, je déconnecte. »
Après une séance, je n’ai plus eu envie de fumer Claire Dubois, 29 ans, Nice (Alpes-Maritimes)
Cette pratique réduit la durée d’hospitalisation et divise par deux le temps passé en salle de réveil Marianne Jung, infirmière anesthésiste
ON PEUT RESTER BLOQUÉ SOUS HYPNOSE
Faux Un rituel permet de faire
sortir quelqu’un de l’hypnose :
« comptez jusqu’à 3, vous allez
ouvrir les yeux », par exemple.
Des expériences ont montré
qu’une personne revient
spontanément à son état
normal en dix à quinze minutes.
L’HYPNOSE EST ADAPTÉE AUX ENFANTS
Vrai Les enfants sont
particulièrement réceptifs
à l’hypnose, qui fait appel
à l’imagination, au jeu.
Elle est utilisée par exemple
pour traiter la douleur
à l’hôpital trousseau
et à Robert-Debré, à Paris.
L’HYPNOSE PEUT CRÉER DE FAUX SOUVENIRS
Vrai Elle peut faire naître
des souvenirs erronés
(agression sexuelle, mauvais
traitement…). L’hypnose
médicale est d’ailleurs plus
utilisée pour stopper les
ruminations concernant le
passé que pour le réactiver.
ON PEUT FAIRE DE L’AUTO-HYPNOSE
Vrai on peut entrer seul
dans la transe hypnotique,
en se concentrant par
exemple sur un point ou sur
sa respiration. on peut alors
suggérer des phrases, des
images pour lutter contre la
douleur ou gérer ses émotions.
Le cardiologue
et le chirurgien
placent une
valve artificielle
sur le cœur
de Lucienne,
à l’aide
d’une simple
anesthésie
locale.
52 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015
L’HYPNOSE FAIT
DES MIRACLES
Messmer
Avant de devenir célèbre grâce à ses spectacles, « Le Fascinateur » exerçait l’hypnothérapie. Il livre ici sa vision de la pratique.PRoPoS REcUEILLIS PAR TANNEGUY DE KERPOISSONPHotoS WILLIAM BEAUCARDET
grand angle I médecine
(à l’aide d’une anesthésie locale), depuis 1992, sous la direction du Dr Marie-Elisabeth Faymonville. Cette dernière a montré que les régions du cerveau concernant l’attention, la motricité et la douleur sont activées pendant l’hypnose. Ce n’est donc pas une supercherie. Un avis partagé par Pierre Pouget, cher-cheur au CNRS (Centre national de la recherche scien-tifque). « Nous avons lancé la toute première étude du CNRS sur l’hypnose il y a un an, explique le scienti-fque. L’idée n’est pas de prouver son efcacité, dont on est sûrs, mais plutôt d’étudier ce qui se passe dans le cerveau d’une personne hypnotisée. »
Donner un cadre légal à la professionPour cela, les scientifques ont comparé l’activité céré-brale d’un sujet hypnotisé par le célèbre Messmer (lire ci-contre) à celle d’un individu dans un état « nor-mal ». Les résultats seront publiés dans les prochaines semaines. Ils intéresseront l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Après avoir analysé plusieurs dizaines d’études, en juin dernier, l’organisation a conclu qu’elles « prouvent sans discus-sion l’efet thérapeutique de l’hypnose pour l’anesthé-sie et les douleurs chroniques ». Les résultats ne sont en revanche pas probants pour le sevrage tabagique.Malgré tout, les diplômes d’hypnose n’ont toujours pas de valeur légale. Conséquence : n’importe qui peut se présenter comme hypnothérapeute. Pour s’y retrouver, la Confédération francophone d’hypnose et de thérapies brèves (CFHTB) conseille de consul-ter uniquement des thérapeutes dotés d’un diplôme de soignant (médecin, psychologue, sage-femme, dentiste…). La CFHTB milite d’ailleurs pour l’enca-drement de la discipline comme cela a été naguère le cas pour l’ostéopathie. En attendant, partout dans le milieu médical, l’hypnose s’impose.
Des régions du cerveau sont activées pendant l’hypnose, ce n’est donc pas une supercherie
UNE SOIRÉE SENSATIONNELLEAux spectacles de Messmer,
c’est le public qui fait le show.
« Le Fascinateur » fait monter
une vingtaine de personnes
sur scène pour leur faire vivre
une expérience hypnotique
aussi drôle qu’« oubliable ».
> Du 27 au 29 novembre au Zénith de Paris (19e), puis en
tournée dans toute la France à partir du 2 février 2016.
Comment parler hypnose sans évoquer le Québécois Messmer ? A 44 ans, « Le Fascinateur », comme il s’est lui-même surnommé, subjugue les Français. Dans ses spectacles ou dans son émis-sion, « Stars sous hypnose », il fait son
show et séduit le public. Plutôt sceptique au début, j’ai été étonné lorsque, en mai dernier, il m’a hypnotisé et fait monter sur scène pour danser un slow avec un inconnu… Avant d’enfammer les planches, il exerçait l’hypnothérapie. Il a collaboré, cette année, avec le CNRS (Centre national de la recherche scientifque) à une étude sur « l’induction rapide », l’art d’hypnotiser à une vitesse éclair, sa spécialité. Rencontre.
MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 53
de réfléchir, son cheminement
intellectuel… La séance d’après,
je l’hypnotise et j’utilise, par exemple,
la technique de « régression ». L’idée est de
lui faire revivre la situation qui a créé
un blocage chez lui tout en lui posant
des questions pour qu’il trouve lui-même
comment résoudre son problème.
Quels problèmes traitiez-vous
le plus souvent ?
La grande majorité de mes patients
venaient me voir pour arrêter de fumer.
Ensuite, il y avait les problèmes liés
aux phobies, à la sexualité… Tous
ces cas-là, liés au psychisme, peuvent
être traités. On peut même parfois
agir sur le physique. Prenez le cas d’un
adolescent qui a beaucoup d’acné. Cette
afection a tendance à s’installer sur une
personne timide, qui a envie de s’efacer,
de se cacher. Sous hypnose, on peut aider
le jeune à être plus extraverti et, ainsi,
régénérer sa peau plus rapidement.
On a du mal à croire que cela puisse
remplacer une bonne pommade…
L’idéal est de combiner une séance
d’hypnose avec un traitement
plus traditionnel. L’hypnotiseur aide
le patient à se sentir bien, ce qui lui permet
de mieux accueillir le médicament
qu’un médecin va lui prescrire. Cette
combinaison de deux traitements
peut vraiment faire des miracles.
Tout ce que vous racontez peut
paraître surréaliste. Qu’avez-vous
envie de dire aux sceptiques ?
J’ai abandonné avec certains. J’aime
les gens qui n’y croient pas forcément
mais qui veulent comprendre, essayer.
Parce que, si j’arrive à les convaincre, ils
deviennent les meilleurs ambassadeurs
de ma pratique. A leurs amis, ils vont dire :
« J’y croyais pas, mais ça marche ! »
Y a-t-il de bons et de mauvais sujets ?
Il y a quelques années, on pensait
que les personnes avec de gros lobes
d’oreilles étaient de meilleurs sujets,
c’est faux. Dans mes spectacles
et dans mon cabinet, j’ai hypnotisé
85 000 personnes dans ma vie,
toutes étaient diférentes. Il n’y a pas
de bons ou de mauvais sujets, certains
sont simplement plus réceptifs.
C’est comme une radio : moi, je suis
émetteur, vous êtes récepteur,
si on arrive à créer une fréquence
entre nous, ça marche.
L’hypnothérapie a-t-elle évolué
ces dernières années ?
L’hypnose est à la mode ! C’est le plus
grand changement. Au milieu des années
1990, j’ai dû fermer mon cabinet
parce que je n’avais qu’une dizaine
de clients par semaine et que j’avais
besoin d’argent pour élever mes enfants.
C’est pour ça que j’ai monté un spectacle.
Et, sans prétention, je pense que
c’est en grande partie grâce à ce show
que l’hypnose est aussi tendance
aujourd’hui. Des hypnothérapeutes
m’appellent régulièrement pour
me remercier et me dire que leurs
carnets de rendez-vous sont pleins grâce
à moi. Cela me fait plaisir parce que
c’est un peu la « mission » que je me suis
donnée depuis que je connais l’hypnose :
convaincre tout le monde de ses bienfaits.
Pouvez-vous nous parler de votre
étude réalisée avec le Centre national
de la recherche scientifique ?
On a étudié l’hypnose rapide
et la connectivité qui peut exister
entre deux cerveaux. C’était exaltant
de collaborer avec des scientifiques.
Il faut aller chercher les preuves,
cette conviction, cette vérité,
quelque chose de solide.
D’où vous vient cette maîtrise
de l’hypnose ?
Je suis 100 % autodidacte. Quand j’avais
sept ans, mon grand-père m’a transmis
un vieux bouquin sur l’hypnose (il refuse
d’en donner le titre pour entretenir « le
mystère », NDLR). Je me suis tout de
suite plongé dedans et j’ai commencé
à m’entraîner sur mes copains. Je n’en
revenais pas, ça marchait vraiment !
Cet ouvrage m’a accompagné tout
au long de ma vie, même quand je
devais traiter mes patients dans mon
cabinet d’hypnothérapie au Québec.
Comment se déroulaient
vos séances d’hypnothérapie ?
Un peu comme chez le psychothérapeute.
La personne prend rendez-vous pour
quarante-cinq minutes ou une heure.
La première séance, je discute avec
le patient pour comprendre sa manière
Jusqu’au milieu
des années 1990,
« Le Fascinateur »
exploitait
son talent dans
son cabinet
d’hypnothérapie.
ON EST FAIT POUR S’ENTENDRE
Rom
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Boé / A
baca p
ress
FLAVIE FLAMENT
Avec Emmanuelle Vibert, journaliste au Parisien Magazine / Aujourd’hui en France Magazine
DES HÉROS EN ROUTE POUR L’ÉCOLEAprès le film, le livre. Dans Les Chemins de l’école, en librairie le 7 octobre, des enfants bravent mille dangers pour aller en classe. Nous en publions quelques photos. PAR TANNEGUY DE KERPOISSON
Souvenez-vous : l’idée de suivre des enfants dans leur périple avait été lancée par le réalisateur Pascal Plisson. Sur le chemin
de l’école, sorti en 2013, a reçu le césar du meilleur documentaire en 2014. Marie-Claire Javoy, coscénariste du film, fait
renaître le projet avec huit autres enfants. Des gamins des quatre coins du monde, qui, une fois encore, forcent l’admiration. Il faut quand même les faire, ces dizaines de kilomètres aller-retour, pour se rendre à l’école ! La petite Cho, 10 ans, traverse les montagnes brumeuses du nord du Vietnam, Erbol, 12 ans, che-vauche dans les paysages glacés du Kirghizistan
(Asie centrale)… Pour eux, comme pour les autres, le parcours est long et semé d’embûches. Rendez-vous compte : Olivier, Malien de 9 ans, et ses sœurs mettent une heure et demie pour rejoindre leur établissement à vélo ! « Cela peut nous sembler étonnant, mais ces gamins sont heureux d’aller étudier, apprendre… C’est une chance pour eux d’accéder au savoir, que leurs parents ou leurs grands frères et sœurs n’ont pas for-cément eue », explique Marie-Claire Javoy, auteure du livre Les Chemins de l’école, à paraître le 7 octobre, mais aussi d’une série documentaire, diffusée en novembre sur France 5. Que de chemins parcourus pour ces petits héros…
Ces gamins sont heureux d’aller étudier… C’est une chance pour eux d’accéder au savoirMarie-Claire Javoy, auteure des Chemins de l’école
KIRGHIZISTAN
NARYN
MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 57
OLIVIER, 9 ANS, MALI
Au sud du Mali, Olivier arrive à
l’école fatigué par l’heure et
demie de vélo qu’il vient de faire
avec ses deux sœurs. La famille
n’a pas assez d’argent pour ofrir
à chaque enfant son propre vélo.
La neige, la chaleur… Rien n’altère l’enthousiasme de ces enfants
ERBOL, 12 ANS, KIRGHIZISTAN
Sur son cheval, Erbol parcourt
13 km dans la neige pour rejoindre
son collège. Dans les montagnes
du Kirghizistan, petit Etat voisin
de la Chine, la température peut
descendre jusqu’à - 50 °C.
MALI
BAMAKO
Rien n’altère la joie de vivre et la soif d’apprendre
de ces huit enfants. Ni la chaleur du Mali, ni les
loups du Kirghizistan, ni les montagnes
du Vietnam… Un récit fascinant, illustré de photos
sublimes et touchantes.
> Les Chemins de l’école, de Marie-Claire Javoy, Hoëbeke, 192 p., 29,90 €. En librairie le 7 octobre.
VOYAGES EN PREMIÈRE cLASSE
58
grand angle I territoire
RÉGIONS : LE PRIX DE LA RÉFORME
Dix milliards d’euros d’économies. Fort
de cette promesse alléchante, le gouver-
nement vantait, à l’été 2014, sa réforme
territoriale, qui fera passer le nombre de
régions de 22 à 13 le 1er janvier prochain.
« C’est un objectif, pas seulement un
calcul », prévenait alors le secrétaire d’Etat en charge
du dossier, André Vallini. Le calcul, nous l’avons
fait : le résultat est tout autre. Entre les bâtiments à
construire ou à louer, les déménagements à prévoir
ou encore les augmentations de salaires, la mesure
coûtera 381 millions d’euros, selon notre estima-
tion (dont 65 millions à renouveler chaque année et
337 millions d’investissement). Avec des hypothèses
prudentes, l’addition se limiterait à 314 millions
d’euros. Mais elle pourra atteindre le milliard d’eu-
ros si les conseils régionaux et les antennes locales
de l’Etat, elles aussi concernées (directions des entre-
prises, de l’environnement…), ne font pas preuve de
retenue. Pour Joël Elkaïm, associé au cabinet d’audit et
de conseil Deloitte, « à court terme, cela va forcément
créer une surcharge sur les plans fnancier et humain,
car les régions devront se réorganiser tout en assurant
la continuité de leurs services » dans des domaines
cruciaux comme la gestion des lycées, des trains régio-
naux ou la formation. « Tout ce temps et cet argent
ne seront pas consacrés à l’essentiel : améliorer
Le 1er janvier 2016, la France passera de 22 à 13 régions. Au lieu des économies promises, la réforme territoriale coûtera, selon nos calculs, au moins 315 millions d’euros… et peut-être plus d’un milliard.PAR STÉPHANE LOIGNON ET PAULINE LANDAIS-BARRAU ILLUSTRATION ANNE-LISE BOUTIN
NORMANDIENouveaux outils,
formations,
maintenance…
La mise à jour
des systèmes
informatiques
coûterait 2,8 millions
d’euros.
LA FACTURE NATIONALEen millions dÕeuros
minimum probable maximum
Harmonisation
des primes
Augmentation
des Žlus
PrŽsidents
dŽlŽguŽs
Formations et
accompagnement
B‰timents
DŽplacements
des Žlus
DŽmŽnagements
Politiques
communes
Communication
Informatique
Total
Sept nouvelles régions,sept exemples de gaspis !
40
7
0
26
2,1
21
100
25,5
72,8
19,6
314
50
7
3,8
26
3,8
21
100
76,5
72,8
19,6
380,5
218 p. 60
p.61
p.61
p.61
p.62
p.62
p.62
p.63
p.63
p.63
7
19
75
43
42
200
273
72,8
52
1 001,8
La méthode de l’enquête Il n’existe aucune étude sur les coûts de la réforme.
Pour chacun des 10 types de dépenses qu’elle va occasionner, nous avons
donc interrogé experts, fonctionnaires et élus pour parvenir à trois estima-
tions : le montant minimum, le maximum et une facture probable, que nous
détaillons poste par poste dans les pages qui suivent.
MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 59
AQUITAINE- LIMOUSIN- POITOU-CHARENTESL’alignement
des primes
des agents des
régions fusionnées
s’élèverait
à 13 millions
d’euros par an.
AUVERGNE-RHÔNE-ALPESLes déplacements
des élus entre leur
ancien chef-lieu
et la nouvelle
capitale régionale
occasionneraient
500 000 euros
de frais par an.
ALSACE-CHAMPAGNE-ARDENNE-LORRAINELe déménagement,
d’Epinal à Metz,
de la chambre
régionale des
comptes coûterait
5 millions d’euros.
BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ Un changement
de nom implique
de nouveaux outils
de communication.
Logos, panneaux…
devraient coûter
10,4 millions d’euros.
NORD-PAS-DE-CALAIS-PICARDIEAvec la fusion,
les indemnités des
élus seront alignées
sur celles des mieux
rémunérés…
Coût estimé
de l’harmonisation :
670 000 euros
par an.
LANGUEDOC- ROUSSILLON- MIDI-PYRÉNÉESLe nouveau poste
de président
délégué de région
entraînerait
1,2 million d’euros
de frais par an.
Limite des nouvelles régions.
Limite des anciennes régions.
60 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015
grand angle I territoire
l’attractivité et l’emploi », regrette le géographe Gérard-François Dumont. Un coup dur, d’autant que les régions doivent déjà se serrer la ceinture : la dota-tion de l’Etat diminuera de 1,3 milliard d’euros entre 2015 et 2017.
Attentisme jusqu’aux régionalesPour ne rien arranger, les élections régionales, les 6 et 13 décembre prochains, paralysent les élus, qui ne veulent pas prendre de décisions majeures alors qu’ils quitteront peut-être bientôt leurs fonctions. « Presque aucune négociation avec les syndicats n’a commencé », s’étonne Viviane Flatreaud, de la CGT des services publics. « L’inquiétude monte chez les agents, qui se demandent où ils vont travailler, combien ils seront payés et si leur mission va changer », ajoute-t-elle. Le scrutin tout proche fait aussi taire les critiques. En campagne, les candidats préfèrent vanter les mérites des grandes régions qu’ils veulent présider plutôt que pointer les efets pervers de ces rapprochements. Les gains futurs de la réforme, pourtant, demeurent très incertains. « En devenant la septième plus vaste
région d’Europe, Auvergne-Rhône-Alpes aura une vraie force de frappe pour soutenir les exportations et la recherche », promet par exemple le président auvergnat, René Souchon (PS). Idem en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, future première région agricole d’Europe. « Cela nous donnera un plus grand poids pour attirer les investisseurs et négocier », se félicite Alain Rousset (PS), président du conseil général d’Aquitaine, également à la tête de l’Asso-ciation des régions de France (ARF). Ça reste à voir. « On n’a pas encore lu d’études qui permettent de dire qu’il y aurait des économies d’échelle », remarquait Valérie Montmaur, analyste chez Standard & Poor’s, en conférence de presse, le 22 septembre. « La fina- lité de la réforme est de gagner en efficacité, pas de faire des économies », convient René Souchon. Pour cela, il aurait mieux valu s’attaquer aux services régionaux de l’Etat qui doublonnent avec les col-lectivités locales », remarque Alain Rousset, ou aux « 36 000 communes françaises, trois fois plus nom-breuses qu’en Allemagne », recommande François Mouterde, consultant chez Planète publique. Selon ce dernier, « François Hollande voulait prouver qu’il pouvait faire une réforme administrative, il a choisi la moins compliquée car toutes les régions étaient de gauche, sauf l’Alsace ». Plus pour longtemps, sauf sur-prise dans les urnes.
D’un conseil régional à l’autre,
les agents ne bénéficient pas du
même système de primes
(le « régime indemnitaire »). Pour
ne léser aucun employé, les
régions devront aligner ces bonus
sur le régime le plus généreux
des deux ou trois collectivités
réunies. Le gouvernement évalue
le coût total à 40 millions
d’euros par an. « Plutôt
50 millions d’euros », confie-t-on
à l’Association des régions de
France. Un chifre encore optimiste,
comme le prouve notre enquête.
L’exemple Les 1 552 agents
du Limousin sont moins bien payés
que leurs futurs collègues
d’Aquitaine et de Poitou-Charentes.
« La loi nous laisse deux ans
pour délibérer, et jusqu’au
1er janvier 2023 pour harmoniser »,
temporise le président du conseil
régional du Limousin, Gérard
Vandenbroucke : « Si nous alignons
le régime indemnitaire sur
le barème le plus élevé, celui
de Poitou-Charentes, cela nous
coûtera autour de 13 millions
d’euros par an », admet-il.
Soit 8 376 euros par agent.
Sur cette base, le coût à l’échelle
nationale atteindrait 218 millions
d’euros. En Haute et Basse-
Normandie, un rapprochement
partiel a déjà été voté, pour un
million d’euros sur quatre mois
en 2015, et 3 millions d’euros en
année pleine, selon Gaëlle Pioline,
vice-présidente PS de la région
Basse-Normandie.
C’est autant d’argent qui ne sera pas consacré à améliorer l’emploi Gérard-François Dumont, géographe
régionales de l’Etat, de 2 000 à 3 000 fonctionnaires
auront carrément de nouvelles missions, selon le
gouvernement. Il faudra donc investir dans des
dispositifs d’accompagnement du changement
et de formation. « Surtout en cas de changement
de métier », insiste Guy Barbier, du syndicat Unsa
Fonction publique. Pour les 3 000 fonctionnaires
concernés, deux semaines de formation au tarif
du marché (3 000 euros par semaine) coûtent
18 millions d’euros. Si l’on y ajoute une semaine
pour un agent régional sur six (hors lycées) dans
les 16 collectivités fusionnées, l’addition atteint
26 millions d’euros au minimum.
L’exemple En 2008, les cabinets Edater et Ineum
évaluaient les coûts d’accompagnement et de
formation, en cas de fusion des deux Normandie, à 4 %
de la masse salariale (7,5 millions d’euros). « Irréaliste »,
balaie Gaëlle Pioline, la vice-présidente (PS) de
Basse-Normandie. Pour l’instant, aucune somme n’a
été engagée. « Mais nous avons ouvert un marché sur
l’accompagnement au changement », indique-t-elle.
Appliqué aux 16 régions fusionnées, ce même ratio
donnerait jusqu’à 75 millions d’euros de dépenses.
2 DES ÉLUS MIEUX INDEMNISÉS
4 DES FORMATIONS À GOGO
Chaque région compte un président et 15 vice-présidents. Quand
deux d’entre elles fusionnent, comme en Languedoc-Roussillon-
Midi-Pyrénées, ces 32 places se réduisent à 16. En théorie… A ce jeu,
l’actuel président languedocien, Damien Alary (PS), se retrouvait
perdant, mi-juillet, à l’issue d’un accord électoral entre le PS et les
radicaux de gauche. Peu après, il annonçait donc la création d’un
nouveau poste de « président délégué », déclenchant la colère de
110 parlementaires de l’opposition. Cela n’entraînera aucune dépense
supplémentaire, promet le gouvernement, car ce poste serait optionnel
et viendrait en remplacement d’un des vice-présidents.
L’exemple « Mais alors, à quoi va-t-il servir ? » s’étonne Dominique
Reynié, candidat LR dans la région. Pour lui, les présidents délégués
auront forcément un cabinet. « Ajoutez l’indemnité du président
(66 145,56 euros brut annuels) et 2 900 euros brut de salaire pour ses
32 conseillers, le total atteint 1,2 million d’euros par an », calcule-t-il.
Soit 19 millions d’euros pour les 13 régions et les Dom. Si les présidents
délégués se contentent de cinq collaborateurs, la somme se limite à
3,8 millions d’euros par an. « C’est absurde ! » se défend le directeur de
cabinet de Damien Alary, Renaud Helfer-Aubrac, qui ajoute : « Il ne faut
pas se focaliser sur un bout de chandelle de salaire en plus ou en moins. »
3 DE NOUVEAUX PRÉSIDENTS DÉLÉGUÉS
En juillet dernier,
Damien Alary (ici,
avec Manuel Valls)
a obtenu la création
d’un poste de
président délégué
pour la future région
Languedoc-
Roussillon-
Midi-Pyrénées.
26MILLIONS
D’EUROS
3,8MILLIONS
D’EUROS
7MILLIONS
D’EUROS
62 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015
grand angle I territoire
Les hôtels de région des futurs chefs-lieux seront-ils assez grands pour accueillir les élus et agents des collectivités fusionnées ? « Nous n’avons pas d’élément précis sur ce point », élude-t-on à l’Association des régions de France. Inquiétant. A Strasbourg, « il n’y aura ni achat ni location, on déplacera seulement quelques cloisons », promet Christophe Kiefer, directeur de cabinet du président alsacien, Philippe Richert. En Auvergne-Rhône-Alpes, Lyon sera la capitale. Pas de chance pour Clermont-Ferrand, où un hôtel de région a été inauguré en 2014, pour un montant de 80 millions d’euros. « Il sera plein », promet le président auvergnat, René Souchon (PS). « Mais les régions qui ne sont pas préparées auront des problèmes », admet-il. Les mêmes questions se posent pour les bureaux des directions locales de l’Etat qui fusionnent. Entre locations, constructions et travaux d’aménagement, « cela pourrait coûter entre 100 et 200 millions d’euros, en comptant le temps de travail des fonctionnaires qui géreront ces dossiers », juge Jean-Luc Bœuf, spécialiste des collectivités territoriales.
L’exemple En Alsace-Champagne-
Ardenne-Lorraine, seul l’hémicycle lorrain,
à Metz, était assez grand pour accueillir les
169 élus. La capitale lorraine était donc toute
désignée pour devenir chef-lieu de région.
Inconcevable pour Strasbourg, où le conseil
régional alsacien n’a pas hésité à aligner
250 000 euros pour s’ofrir 70 pupitres
supplémentaires et rester dans la course.
Dans les collectivités fusionnées, il n’y aura plus que 7 assemblées de région, au lieu de 16. Quelque 439 élus, venus des régions dont le chef-lieu perd son statut, devront donc faire la navette avec la nouvelle capitale pour quatre à six assemblées plénières par an. L’Union européenne, qui, sur un modèle similaire, a un Parlement à Strasbourg et un autre à Bruxelles, dépenserait, pour ses parlementaires et leurs équipes, 180 millions d’euros par an (frais immobiliers inclus), selon l’association S1ngle Seat. A ce tarif (20 000 euros par élu et par session), l’addition atteindrait 43 millions d’euros pour les régions. Une estimation plus raisonnable de l’Association européenne des jeunes entrepreneurs chifrait, en 2011, à 16 millions d’euros les frais de transport et de mission pour l’Europe (1 775 euros par élu et par session). Sur cette base, l’addition pour les régions n’atteindrait plus que 3,8 millions d’euros (et 2,1 millions d’euros à 1 000 euros par élu et par session). Sans compter les chefs de service, qui rendront eux aussi visite à leurs équipes dans les anciens chefs-lieux.
Bloquées par les élections à venir, peu de régions ont commencé à rapprocher leurs politiques. « Aucun président de région ne peut s’engager sur l’avenir », avoue un proche collaborateur de l’un d’entre eux. Comme si de rien n’était, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ont même annoncé, début septembre, des tarifs de TER diférents. Les politiques régionales, consacrées à la formation professionnelle, au développement économique ou à l’aménagement du territoire, sont formalisées dans des « schémas ». « Entre l’achat d’études, les prestations, le déplacement des intervenants et d’élus, les audits financiers, chaque schéma coûte de 300 000 à 500 000 euros à concevoir », évalue Jean-Luc
Bœuf, spécialiste des collectivités territoriales. Si les sept grandes régions issues des fusions s’attellent chacune à six schémas, il faudra dépenser 21 millions d’euros pour redéfinir leurs politiques. « Multipliez ce chifre par deux avec le temps de travail des agents », ajoute l’expert. Soit 42 millions d’euros.
L’exemple Les régions Auvergne
et Rhône-Alpes font figure de bonnes
élèves : « Nous avons défini
dix mesures communes dès
novembre 2014 et dix autres en
février dernier », se félicite le
président auvergnat, René Souchon.
Parmi elles, la fusion des pôles de
compétitivité aéronautiques,
achevée en juin, ou la conception
d’un plan d’aide commun aux PME.
Les directeurs des services informatiques ont du pain sur la planche. « Nous n’avons pas les mêmes systèmes dans le Limousin, en Aquitaine et en Poitou-Charentes », regrette Gérard Vandenbroucke, président de la région Limousin. Toutes les régions fusionnées devront rendre compatibles leurs logiciels de comptabilité et de gestion des ressources humaines. Il faudra, pour cela, investir dans de nouveaux outils, former les agents et payer la maintenance, avec l’appui d’un cabinet spécialisé. « Une région pourrait investir 30 millions d’euros dans ses systèmes d’information, au sens large, en quatre ans », évalue Marie-Joëlle Thenoz, du cabinet Kurt Salmon. Soit 52 millions d’euros par an pour les sept fusions. Peu de collectivités se sont lancées. « Les systèmes intégrés ne seront pas prêts avant 2016 ou 2017, tranche Joël Elkaïm, associé au cabinet Deloitte. Mais il n’y aura pas de Grand Soir où plus rien ne marchera ! » rassure-t-il.
L’exemple Les conseils régionaux normands ont pris
de l’avance. « Nous avons commencé à interconnecter
les régions, en matière d’outils de gestion financière,
de messagerie et de bureautique partagée », précise
Gaëlle Pioline, vice-présidente de Basse-Normandie.
Un appel d’ofres de 800 000 euros a été lancé
pour rapprocher les systèmes des deux Normandie
actuelles. Selon une étude de 2008 des cabinets
Edater-Ineum, le devis total s’élèvera à 2,8 millions
d’euros pour Caen et Rouen. Sur cette base, le coût
à l’échelle nationale atteindrait 19,6 millions d’euros.
1 DES POLITIQUES COMMUNES À INVENTER
3 DES AJUSTEMENTS INFORMATIQUES
Parmi les premières décisions à prendre, les futures
assemblées régionales devront choisir un nouveau nom,
ce qui promet de longs débats (« Grand Est » est par
exemple envisagé pour Alsace-Champagne-Ardenne-
Lorraine, et « Occitanie » pour Languedoc-Roussillon-
Midi-Pyrénées). Il faudra ensuite en faire la promotion,
inventer un logo, l’aficher sur les façades des bâtiments
administratifs, les TER, les bus scolaires, les lycées…
Autant de panneaux, autocollants, pancartes et papiers
à en-tête à remplacer.
L’exemple Les départements en ont fait l’expérience
en mai 2013, quand les conseils généraux sont devenus
conseils départementaux. A l’époque, en Côte-d’Or,
l’addition s’était élevée à 1,3 million d’euros, nous a
confirmé le président du conseil, François Sauvadet
(UDI). Sur cette base, la facture s’élèverait à 10,4 millions
pour la région Bourgogne-Franche-Comté, qui compte
huit départements, et à 72,8 millions d’euros au niveau
national. « Compte tenu du nombre de lycées (135),
il est certain que cela va coûter cher », admet François
Sauvadet. « Mais ce n’est pas la priorité », tempère-t-il.
Une étude Edater-Ineum (deux cabinets privés)
de 2008 prévoyait, pour les deux Normandie,
550 000 euros de frais de communication par an,
sans compter le renouvellement des panneaux.
2 DE NOUVEAUX NOMS À PROMOUVOIR
19,6MILLIONS D’EUROS
Les régions Midi-Pyrénées (en haut) et Languedoc-Roussillon, bientôt réunies,
ont pourtant annoncé, début septembre, des tarifs de TER diférents.
21MILLIONS D’EUROS
72,8MILLIONS D’EUROS
Les régions fusionnées devront définir et promouvoir une identité
commune, et apprendre à travailler ensemble.
Toute une organisation à revoir
64 MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015
LA GAGNEDANS
LE SANG
Seul entraîneur féminin à avoir gagné le Qatar Prix de l’Arc de triomphe, Christiane Head-Maarek peut signer, dimanche 4, une troisième victoire avec trêve.PAR GAËTANE MORIN PHOTOS VINCENT BOISOT
grand angle I hippisme
MAGAZINE DU VENDREDI 2 octobRE 2015 65
Derniers
entraînements
avec Trêve,
la jument qui
pourrait faire
entrer Christiane
Head-Maarek
dans l’histoire
hippique.
A chacun de leurs passages, « Criquette », ainsi qu’on la surnomme dans le monde des courses, échange quelques mots avec les jockeys d’entraînement qui montent ses chevaux. « Il est un peu raide, non ? » Christiane Head-Maarek, 67 ans, n’a
d’yeux que pour ses pur-sang. Sortis des box à 7 h 15, lundi 21 septembre, ils sont une vingtaine à trotter sur la piste des Aigles, baignée par la lumière rasante du soleil, à Chantilly, dans l’Oise. Avec elle, pas de fo-ritures ni de longues discussions : elle aime l’épure, la décontraction et l’efcacité. C’est sa manière de parler. Sa façon de faire, aussi. Sa clé pour gagner, surtout.
Une histoire de familleHead : le nom impressionne dans le milieu hippique. Gravé sur les tablettes des courses les plus presti-gieuses depuis le XIXe siècle, il est aujourd’hui encore porté haut par Christiane, devenue la deuxième femme à exercer le métier d’entraîneur en 1978. Elle suit les traces de son père Alec, lui-même ancien joc-key et éleveur de renom, qui lui donne 30 chevaux pour l’aider à ses débuts. Ils achètent ensemble une pouliche, Three Troïkas, et l’engagent sous la casaque familiale dans le Prix de l’Arc de Triomphe, en 1979. Freddy, le frère de « Criquette », la monte ce jour-là, à Longchamp. « Je me souviens de cette course comme si c’était hier, raconte Christiane Head-Maarek. Quand Three Troïkas a déboulé dans la fausse ligne droite (à plus de 500 mètres de l’arrivée, NDLR), je me suis écriée : “On a gagné !” Maman, qui était à côté de moi, m’a engueulée parce que c’était loin d’être fni. » « Criquette » descend alors les esca-liers quatre à quatre pour rejoindre sa pouliche sur la piste. « Je me suis retournée, les tribunes étaient bondées et, pour la première fois, tout ce monde qui applaudissait, c’était pour moi ! »
Plusieurs cheikhs à son compte« Etre une femme dans un monde d’hommes ne m’a jamais posé de problème. » Christiane Head-Maarek refuse le combat féministe. « J’ai grandi dans les
écuries, on ne m’a jamais manqué de respect. » Même les familles royales du monde arabe viennent toquer à sa porte. Elle cite le prince Khalid Abdullah d’Arabie saoudite, le cheikh Maktoum al-Maktoum, émir de Dubaï décédé en 2006, et le cheikh Joaan al-Thani, frère de l’émir du Qatar. Et sourit : « Qu’ils me confent leurs chevaux est un honneur, d’autant plus grand que je suis une femme. Mais ils ne me voient pas comme telle : pour eux, je suis d’abord un entraîneur. »Après avoir compté jusqu’à 250 chevaux et 100 employés, son écurie est aujourd’hui réduite à 75 pur-sang et 34 salariés. Mais « Criquette » n’a pas changé sa manière de travailler. Réfractaire aux méthodes modernes d’entraînement, qui font la part belle aux statistiques et aux données biologiques (GPS, pesées et prises de sang), elle ne jure que par son œil. « Les chevaux me montrent quand ils sont bien. Et je crois à ce qu’ils me racontent. » La pre-mière chose qu’elle regarde, c’est « la condition de leur poil : selon qu’il est hirsute ou soyeux, on a une idée de leur état de forme ». Puis, elle s’attarde sur « la façon dont ils marchent », déliée ou, au contraire, un peu raide. Enfn, elle scrute leur regard pour mesurer leur stress, leur fatigue, la fèvre parfois.
Trêve, le cheval de trois... victoires ?Double vainqueur du Qatar Prix de l’Arc, épreuve dans laquelle elle visera une troisième couronne ce dimanche, à Longchamp – ce serait inédit –, Trêve partira ultra-favorite. Dotée d’une pointe de vitesse exceptionnelle (70 km/h), cette jument de 4 ans n’avait pourtant intéressé personne lors de sa mise en vente au marché des yearlings (futurs chevaux de course), à Deauville (Calvados), en 2011. Née dans le haras fami-lial du Quesnay, en Normandie, elle était revenue à l’entraînement chez Christiane Head-Maarek, atten-dant de gagner le prix de Diane en 2013 pour être ache-tée à prix d’or par le cheikh Joaan al-Thani. « Elle est rigolote, s’émeut Christiane. Quand elle a couru il y a trois semaines à Longchamp, c’est elle qui a cherché à emmener Thierry (Jarnet, son jockey, NDLR) ! Là-bas, elle est chez elle. »
En 2013, Christiane Head-Maarek et le jockey Thierry Jarnet (ci-contre avec l’acteur
Christophe Lambert) remportent leur premier Prix de l’Arc de Triomphe avec Trêve.
Le 21 septembre, à Chantilly (Oise), la jument star, en tête, se prépare pour le 4 octobre.
Nous avons
rencontré
Yánis Varoufákis
lors de son
passage à Paris,
le 28 septembre.
grand angle I international
66 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015
L’AUSTÉRITÉ, ÇA FINIRA MAL EN FRANCE AUSSI
Yánis Varoufákis
Durant les six mois de son exercice, l’ex-ministre des Finances grec a tenté, en vain, de négocier avec ses homologues de la zone euro pour éviter à son pays un nouveau plan d’austérité. Chronologie d’un échec annoncé.PAR STÉPHANE LOIGNON PHOTO MARC CHAUMEIL
MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 67
A peine nommé ministre,
Yánis Varoufákis reçoit,
le 30 janvier 2015, à Athènes,
le président de l’Eurogroupe,
le Néerlandais Jeroen
Dijsselbloem, qui refuse de
renégocier le plan d’austérité
imposé à la Grèce.
Veste noire, chemise bleue entrouverte :
comme s’il n’avait pas vraiment quitté
son poste, Yánis Varoufákis, 54 ans,
porte, en interview, le même uniforme
que lors des sommets européens qui
ont rythmé son passage mouvementé
au ministère des Finances grec, entre fn janvier et
début juillet. Durant son court mandat, cet écono-
miste élu sous la bannière du parti de gauche radicale
Syriza a tenté de convaincre ses homologues de la
zone euro d’assouplir les conditions drastiques impo-
sées à la Grèce, incapable de rembourser ses créan-
ciers. Sans succès. Malgré le référendum du 5 juillet,
à l’issue duquel 61,3 % des Grecs se sont déclarés
opposés aux nouvelles mesures d’austérité deman-
dées par les créditeurs, son Premier ministre, Aléxis
Tsípras, a été contraint de les accepter dans la fou-
lée, sous peine de voir les banques hellènes fermer.
Varoufákis, lui, a démissionné. Il revient pour nous
sur ces six mois de combat, perdu, derrière les portes
closes des salles de réunion bruxelloises.
25 JANVIER 2015 I LES ÉLECTIONS SONT GAGNÉES, LES CAISSES SONT VIDES« Nous savions que nous allions remporter l’élection
législative, mais j’ai ressenti un stress incroyable
devant la tâche monumentale qui nous attendait.
Nous n’étions pas un gouvernement comme les autres :
on ne nous a pas laissés une seule seconde nous habi-
tuer au pouvoir. Je suis entré dans un ministère des
Finances déserté, dans un pays en faillite. Quand j’ai
leur ai demandé quelle était la situation, ils m’ont répondu que nous avions de l’argent (pour régler les dépenses de l’Etat, NDLR) jusqu’au 11 ou 12 février. Vous pouvez imaginer ma nervosité… »
30 JANVIER 2015 I « MON DÉFI À L’UNION EUROPÉENNE ET AU FMI »« Peu après, j’ai reçu à Athènes le président de l’Euro-groupe (la réunion des ministres des Finances de la zone euro, NDLR), M. Dijsselbloem. Il voulait savoir si nous allions respecter les termes du mémoran-dum (l’accord signé par le précédent gouvernement grec avec ses créanciers, le 1er mars 2012, prévoyant des mesures d’austérité contre des prêts supplé-mentaires, NDLR). Or nous avions reçu un mandat du peuple grec pour en renégocier les termes. Je lui ai donc proposé de trouver un compromis, mais il a refusé. Il m’a fait comprendre que j’avais le choix entre accepter le mémorandum ou voir les banques grecques fermer. C’était une menace directe à un gouvernement démocratiquement élu. Lors de la conférence de presse qui a suivi, j’ai été interrogé sur la troïka (le surnom, depuis 2010, du groupe de créanciers composé par le FMI, l’Union euro-péenne et la Banque centrale européenne, NDLR). J’ai répondu que nous étions prêts à travailler avec les trois institutions qui la composent, mais que les visites humiliantes des technocrates dans nos minis-tères, pour imposer des politiques vouées à l’échec, étaient terminées. A la fn, M. Dijsselbloem m’a chu-choté dans l’oreille que je venais de tuer la troïka. Je lui ai répondu que j’en étais honoré. »
1er FÉVRIER 2015 I LE DOUBLE JEU DE MICHEL SAPIN« J’avais hâte de rencontrer Michel Sapin, comme les autres ministres des Finances de l’Eurogroupe. Je lui ai dit que nous étions des Européens convaincus, persuadés que ce qui est bon pour l’Europe est bon
pour la Grèce, et réciproquement. Le mémorandum imposé à la Grèce ces dernières années n’était bon pour personne. Michel Sapin a eu une attitude très positive durant notre rencontre, nous n’étions pas en désaccord. Je me suis senti très encouragé. Mais sa position publique, dans la foulée, a été très diférente : en conférence de presse, il a commencé à évoquer le devoir de la Grèce de remplir ses obligations. Il y avait un large fossé entre ce qui avait été dit portes closes et ce qui l’a été devant les caméras. »
5 FÉVRIER 2015 I DUEL GLACIAL À BERLIN« Quand j’ai rencontré le ministre des Finances alle-mand, M. Schäuble, je lui ai dit que je savais qu’il n’ai-mait pas les gauchistes radicaux comme nous, mais que nous pouvions travailler ensemble, car nous avions des intérêts communs, comme la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale. J’ai vite compris que cela ne l’intéressait pas. Il avait un autre projet en tête, qui passait par l’écrasement de notre gouver-nement et, éventuellement, la sortie de la Grèce de la zone euro. Il refusait de négocier et me renvoyait sans cesse vers la troïka. A la fn de mon mandat, nos conversations sont devenues plus riches. Il a admis que le programme d’austérité n’allait pas sortir la Grèce de la crise et il recommandait que notre pays quitte (temporairement, NDLR) la zone euro. »
27 AVRIL 2015 I VAROUFÁKIS DÉSAVOUÉ PAR SON PROPRE GOUVERNEMENT« On a dit que j’avais été écarté de l’équipe de négocia-tion, mais ce n’est pas vrai. Avec l’aide du commissaire européen Pierre Moscovici, j’ai créé un organisme appelé le groupe de Bruxelles, qui a remplacé la troïka. Les technocrates des créanciers et les nôtres pou-vaient s’y rencontrer. Fin avril, mon représentant y a été remplacé par un autre, que je n’avais pas choisi. Ce dernier a fait, avec l’accord d’Aléxis Tsípras, des concessions que je désapprouvais. Ils ont accepté que
Si l’échange avec Michel Sapin, le 1er février 2015,
à Paris, fut chaleureux, le ministre des Finances
français a très vite déçu Yánis Varoufákis.
Sourire de façade, le 5 février 2015, à Berlin, pour
L’ÉCONOMIE (DE GAUCHE) POUR LES NULSComment sont nés les premiers marchés, pourquoi la monnaie a-t-elle été inventée, quand les krachs surgissent-ils ? Dans cette traduction d’un ouvrage paru en 2013, en Grèce, avant l’arrivée au pouvoir du parti Syriza, Yánis Varoufákis définit les notions de base de l’économie, tout en livrant une vision critique du capitalisme d’aujourd’hui. Un exercice de pédagogie engagé, fondé sur la conviction « que l’économie
est trop importante pour être laissée aux seuls économistes ».> Un autre monde est possible, de Yánis Varoufákis, Flammarion, 224 p., 15 €.
nous visions, à partir de 2018, un excédent primaire (la diférence entre les recettes et les dépenses de l’Etat, hors paiement de la dette, NDLR) de 3,5 %. Cet objectif allait renforcer l’austérité. Après cela, la troïka a com-pris que nous étions prêts à nous rendre. »
5 JUILLET 2015 I LES GRECS DISENT NON À L’AUSTÉRITÉ, MAIS TSÍPRAS DÉPRIME« J’avais perdu espoir et je savais que la troïka ne pro-poserait pas à Aléxis Tsípras un bon accord. Ils vou-laient seulement humilier un gouvernement qui avait osé leur dire non. Mais j’ai cru qu’Aléxis serait dyna-misé par le résultat de ce référendum, à l’issue duquel 61,3 % des Grecs ont refusé l’austérité. Cela ne s’est pas passé ainsi. Le soir du scrutin, le Premier ministre était déprimé : au lieu d’y trouver la volonté de se battre, il y a trouvé celle de se rendre. A ce moment-là, j’ai démissionné. En fin de compte, non seulement l’accord qu’a signé Aléxis Tsípras quelques jours plus tard n’est pas viable, mais il est conçu pour échouer. Il ne permettra pas le remboursement des créanciers. Il est la conséquence d’une décision politique qui vise à montrer aux peuples français, espagnol, italien et autres, ce qui les attend s’ils s’opposent à la troïka. »
23 AOÛT 2015 I « L’EUROPE VA ÉCLATER »« Je me suis rendu à la Fête de la rose à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), à l’invitation d’Arnaud Montebourg (ex-ministre du Redressement produc-tif, NDLR), qui a quitté votre gouvernement l’année
L’architecture de la zone euro n’a pas été conçue pour faire face à une crise financière
(en haut)
Yánis Varoufákis
quitte son
ministère
avec son épouse
après sa
démission,
le 6 juillet 2015.
(en bas)
Rencontre avec
Aurélie Filippetti
et Arnaud
Montebourg,
le 23 août, lors
de la Fête de
la rose à Frangy-
en-Bresse
(Saône-et-Loire).
dernière pour des raisons semblables aux miennes. Nous pensons tous deux que les politiques d’austérité imposées à nos pays, ces dernières années, étaient des impasses. Cela s’est mal terminé pour la Grèce, cela fnira mal pour la France. Le problème est que l’architecture de la zone euro n’a jamais été conçue pour faire face à une crise fnancière. Je partage aussi certaines convictions très importantes de votre actuel ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Même si nous avons des désaccords sur la réforme du marché du travail ou les 35 heures, nous nous retrou-vons sur l’idée que la manière dont la zone euro a été bâtie encourage la divergence entre les pays (l’écart croissant entre les réussites économiques des Etats membres, NDLR) et non la convergence. Si ces diver-gences continuent, l’Union va éclater, et le coût sera immense pour toute l’Europe. »
23 AOÛT
grand angle I futur
UN PAYS QUI MARCHE SUR LES EAUXUne fondation américaine veut faire naître, d’ici à 2020, une société utopique indépendante, bâtie selon des idéaux libertaires, au large de la Californie.PAR THOMAS LEROY
Un Etat indépendant doublé d’un paradis
fscal, à mi-chemin entre le gigantesque
navire et l’atoll paradisiaque. Voilà
l’incroyable ambition du Seasteading
Institute. Depuis 2008, cette fondation
américaine s’est mis en tête de fonder la
première ville fottante du monde, d’ici à 2020. Petit
à petit, le projet avance. Sur le plan fnancier d’abord,
il a bénéfcié d’un soutien de poids, en la personne du
milliardaire américain Peter Thiel : le cofondateur de
PayPal a déjà misé 440 000 euros dans l’aventure. Un
bon début, même s’il faudra encore plusieurs dizaines
de millions d’euros, voire plus, pour la faire aboutir.
Sur le plan politique aussi, l’initiative progresse.
Début août, le Seasteading Institute a annoncé avoir
entamé des négociations diplomatiques avec certains
pays (dont les noms sont tenus secrets) pour instal-
ler, au large de ces derniers, la fameuse ville fottante.
Objet des discussions : obtenir la plus large auto-
nomie politique possible, en échange de créations
d’emplois pour les locaux.
Une société basée sur des principes morauxCette nouvelle Atlantide, écologique et autosuffi-
ultralibéral, où seule règne la propriété privée. Vít Jedlička s’est proclamé
président du Liberland en revendiquant cette petite « terra nullius » :
un territoire qui n’appartient à aucun pays, depuis la guerre fratricide des
deux pays voisins dans les Balkans. Si les demandes de nationalité ont
explosé (plus de 300 000 à ce jour), le Liberland n’est reconnu par
aucune autre nation. Son président, toutefois, espère bien faire émerger,
sur cette petite terre déserte, les prémices d’une nouvelle société.
lois, conformes à la philosophie libertarienne
qui anime les initiateurs du projet (le Seasteading
Institute est mené par Patri Friedman, petit-fils de
l’économiste libéral et prix Nobel Milton Friedman).
Cette doctrine politique, très en vogue aux Etats-Unis,
prône une liberté absolue dans tous les domaines.
La terre ferme étant la chasse gardée des diférents
Etats du monde, Patri Friedman souhaite lancer une
nouvelle société, en mer, sur la base de quelques prin-
cipes moraux fondateurs : nourrir l’afamé, enrichir le
pauvre, soigner le malade, stopper les guerres, respec-
ter son environnement… Quoi de mieux qu’une com-
munauté indépendante pour y parvenir ?
L’île artifcielle qui accueillera cette utopie n’existe
encore que sur le papier. Mais Internet a permis
d’accélérer son avancement en fédérant, autour du
projet, des milliers de personnes convaincues de son
potentiel. Des campagnes de fnancement participa-
tif ont permis de réunir des dizaines de milliers d’eu-
ros pour réaliser les premières études de faisabilité.
Entre 2013 et 2014, le Seasteading Institute a donc
pu commander un vaste rapport aux architectes de
DeltaSync, un cabinet néerlandais spécialisé dans la
construction sur l’eau. Très détaillé, il garantit la fai-
sabilité d’une première plateforme de 3 000 mètres
carrés, composée d’une constellation d’îles autour de
trois tours principales, pour un coût de 167 millions
de dollars (149 millions d’euros) d’ici à 2020. Elle
pourrait accueillir quelque 300 citoyens.
Des designers du monde entier en compétitionA cette première ébauche sont venues s’ajouter de
nombreuses autres, grâce au grand concours d’archi-
tecture lancé par la fondation en avril dernier. Des
designers des quatre coins de la planète ont planché
avec enthousiasme sur cette cité flottante. « Vivre
sur la mer est la prochaine étape humaine », promet
l’Argentin Matias Perez, qui a obtenu le troisième
prix. Son projet, Prismatic Module Island, prévoit un
verdoyant croissant où l’énergie serait créée par des
panneaux solaires, des éoliennes et des hydroliennes,
pour ne plus dépendre des énergies fossiles. Ecoles,
supermarchés, restaurants… A bord, tous les équipe-
ments nécessaires à la vie en société ont été prévus.
Parfaitement réalisable aujourd’hui, mais à un certain coût…Le projet vainqueur, Artisanopolis, va plus loin
encore. Son concepteur, le graphiste américain
Luke Crowley, fasciné par les idées que véhicule le
Seasteading Institute, a imaginé une grande struc-
ture en forme de flocon de neige, entourée d’une
large barrière de béton pour protéger la cité des tem-
pêtes maritimes. « Nous voulions créer de petites
plateformes qui, une fois rassemblées, formeraient
une ville où les gens pourraient choisir d’habiter »,
explique ce designer. Pour faire fotter dans l’océan
une masse si importante de béton, l’architecte a
prévu d’utiliser de larges flotteurs d’acier, remplis
d’air. « C’est totalement faisable aujourd’hui. Il suf-
ft de regarder les grands navires ou les plateformes
pétrolières pour constater que cela fonctionne très
bien », assure-t-il. La ville mise sur le soleil, le vent
et les courants marins pour s’alimenter en énergie,
mais aussi sur la désalinisation de l’eau de mer pour
assurer la fourniture d’eau potable. Aquacultures
et fermes, installées sur d’autres plateformes, per-
mettront de produire la nourriture nécessaire. « Le
coût de construction sera d’environ 6 000 euros par
mètre carré », évalue le designer. Avantage décisif
de son concept : chaque module fottant pourra être
déplacé, tiré par un navire. Ainsi, si le pays hôte ne
convient plus, il sera toujours possible de déplacer
la ville, tel un gigantesque bateau, vers une mer plus
accueillante. Et vogue la galère. Début du voyage d’ici
cinq ans, sauf avarie.
Le concept
Prismatic Module
Island, avec
ses panneaux
solaires,
éoliennes
et hydroliennes,
permettrait
une totale
indépendance
énergétique.
plaisirsstyle I art de vivre I auto
Leçon de mode par Tony Parker.
p. 77
Des défilés cubistes sur toute la ligne.
p. 78
Volvo XC90, la belle Suédoise.
p. 82
Un vent nouveau soufle sur Billtornade.
p. 74
Perso
Tout pour optimiser son
épargne salariale.
p. 86
Le sucre, un doux allié du sommeil.
p. 84
Argent
Santé
Notre spécialiste
santé, le docteur
Alain Ducardonnet.
Samuel Zenou, directeur artistique de la
maison de mode masculine Billtornade.
Samuel Zenou,
directeur
artistique, ajuste
les modèles de
l’été 2016 lors
d’un essayage
avec Gaël,
mannequin.
74 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015
Un garçon dans le ventA presque 40 ans, la maison de mode masculine Billtornade vient de nommer un tout jeune directeur artistique très prometteur.PAR HÉLÈNE BRUNET-RIVAILLON PHOTOS ROBERTA VALERIO
Les sources d’inspiration ?
Des photos rétro que l’équipe
fixe aux murs du studio.
En ton sur ton,
la marinière en
tricot Tribor
joue le rappel de
couleurs avec le
blouson Maden.
plaisirs I dans l’atelier de BilltornadeCow-boy de BD dans les sixties, Bill Tornade a donné
son nom à une maison de mode masculine née en 1977.
L’acteur Mathieu Amalric porte souvent leurs costumes.
MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 75
Dans le studio Billtornade de la rue Vieille-du-Temple, à Paris (3e), Samuel Zenou, diplômé de l’Ecole supérieure des arts et techniques de la mode (ESMOD), se souvient : « J’ai fait mes premiers pas de styliste ici.
Puis, en 2012, j’ai été recruté par la marque Iro, pour laquelle j’ai travaillé pendant quatre saisons. » De retour à ses premières amours, il n’a eu aucun mal à se réapproprier les codes historiques de la grife dont, à tout juste 25 ans, il dirige le style depuis février der-nier. « Dès sa création en 1977, Billtornade a été l’une des premières maisons à proposer une mode mascu-line très parisienne aux imprimés fantaisistes. » Sur
les portants autour de lui, les vêtements semblent pourtant moins excentriques qu’aux saisons précé-dentes. « L’originalité est une constante de Billtornade depuis près de quarante ans, je n’y ai absolument pas renoncé. J’ai façonné un style apaisé, assagi, un peu plus classique, avec des détails atypiques. » Les scratchs des baskets et les poches hautes sur les manches des blousons participent de cette prouesse d’équilibriste : attirer l’attention sans en faire trop.
Sur un air militaireSamuel Zenou a misé sur le travail de groupe en réu-nissant les quatre membres de l’équipe chargée du développement des collections. Ensemble, ils
Cette saison, la gamme de couleurs décline les gris, beiges et
bleus d’inspiration militaire, réveillés par le rouge maison.
La jeune équipe
(28 ans en
moyenne !) signe
le renouveau
du mariage.
Samuel Zenou
s’est inspiré du
costume de marin
pour créer
la veste Vasco.
76 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015
plaisirs I dans l’atelier de Billtornade
ont décidé de placer l’été 2016 sous le signe de
l’univers militaire. « On a dessiné des poches pla-
quées, opté pour des boutons ornés de blasons, des
jacquards, des chemises camoufage, ou encore des
marinières. » Ils ont ensuite fait quelques emplettes
dans des friperies, à la recherche de modèles anciens
susceptibles de doper leur imagination. « J’ai déniché
une veste pour femme Regina Rubens. Un modèle
bleu marine des années 1980, avec une coupe un peu
bancale, s’enthousiasme le directeur artistique. La
forme du col et ses proportions m’ont inspiré pour la
création d’une veste homme de l’été prochain. »
De toutes les matièresPour approfondir ses recherches, la petite troupe a
afché sur les murs du studio des images piochées
dans de vieux magazines ou sur Internet. Une étape
indispensable qui leur a permis de débattre et, au
bout du compte, d’établir le plan de la collection,
« en tenant compte des modèles qui ont le mieux
ou le moins bien marché les saisons précédentes »,
explique le jeune créateur. Avec « du kaki, du vert-
de-gris, des beiges, des anthracites, du bleu marine
et du rouge, constante de la maison », les couleurs
répondent également au thème militaire.
Samuel Zenou et ses complices ont privilégié le
confort et la tenue, avec des soies, des laines, du
coton, du lin, du denim, du cuir et du modal (une
fbre de cellulose de bois). Les dessins, les montages
sur toiles et les patronages ont tous été réalisés sur
place. Et la production, elle, dans différents pays
d’Europe. Leur collection semble très sage ? Elle fait
la part belle aux produits phares de la maison : les
blousons (« bombers » et « perfecto »), les smokings,
les pantalons cigarette, la chemise courte Martin
(un best-seller). Des indémodables qui côtoient de
nouvelles pièces comme le jogging, les chaussures
de ville, les cravates et nœuds papillon. La recette
du succès : des prix justes au vu des matières et de la
fabrication (comptez 600 euros pour un costume), et
le bon compromis entre les détails dans l’air du temps
et les lignes faites pour durer. « Quand je crée, confe
Samuel Zenou, je pense toujours à mes amis et à ce
que j’ai envie de mettre tous les jours. Je ne dessine-
rai jamais un vêtement que je ne m’imagine pas por-
ter ! » Un bon critère, visiblement.
J’ai façonné un style apaisé, assagi, un peu plus classique, avec des détails atypiques Samuel Zenou
Egérie de l’horloger Tissot, la star du basket français nous parle de ses projets et de son amour de la mode. Rencontre sur son terrain de jeu.PAR AIRY AUBRY, ENVoYÉ SPÉcIAL À VILLEURbANNE
Tony Parker, fashion lover
plaisirs I podium
FAN DE LOUBOUTIN
Quand on lui demande qui est son créateur favori, sa réponse ne se fait pas attendre. « christian Louboutin, qui est un très bon ami. Sur toute ma collection de chaussures, j’ai environ 70 % de Louboutin. Depuis qu’il a commencé à faire des modèles pour homme, je suis fan, des baskets aux mocassins, qu’il décline dans toutes les matières. »
LE SENS DU DÉTAIL
Pour Wap two, créée en 2013, tony Parker, 33 ans, souhaitait lancer une marque abordable, qui corresponde à son public. « L’idée était aussi de mettre en avant de jeunes artistes qui créent leurs propres tee-shirts. L’esprit décontracté que l’on retrouve dans Wap two me correspond. Jean, tee-shirt et veste : c’est la tenue dans laquelle je me sens le plus à l’aise. »
ACCRO AU CHRONO
« Dans mon métier, je dois avoir une certaine discipline, et la ponctualité en fait partie. Mes amis le savent, je peux partir s’ils ont cinq minutes de retard. Généralement, après, ils sont à l’heure ! Etant amateur de belles montres, c’est un honneur de collaborer avec tissot. J’ai même converti ma famille. c’est un peu ma mentalité, à l’américaine, quand tu signes un contrat avec une marque tu restes très corporate. »
LA TÊTE DANS LES ÉTOILES
Du haut de son 1,88 m, tony Parker n’a pas que le basket en tête. « L’Asvel (le club de Lyon, qu’il préside) est une aventure qui va durer longtemps, et mon fils Josh, qui a 1 an et demi, en héritera. Mais je développe aussi ma marque de prêt-à-porter, Wap two. » Des vêtements de sport pour homme et enfant, vendus dans les magasins La Halle et sur Internet.
Déterminé à rivaliser avec Mercedes, BMW et les autres cadors du marché des utilitaires sportifs, le constructeur suédois joue la carte du design viril.PAR BENJAMIN CUQ
As s ez b ou r ge oi s , ma is accessible. Tel fut le credo de Volvo. Mais c’était à l’époque de la
social-démocratie à la suédoise… Racheté à Ford par le chinois Geely, en 2010, Volvo assume sa volonté d’enrichissement. « Avec notre actionnaire, qui a investi 3 milliards d’euros, nous visons une montée en gamme. La XC90 a été conçue, dessinée et fabriquée à Göteborg. Son style donne le la
de notre gamme future, qui sera
totalement renouvelée d’ici trois ans », explique David Laventure, responsable marketing de la marque. Et question style, cette Volvo est une réussite. Sa ligne fuide, même massive, fait oublier les gros breaks d’antan. L’intérieur correspond à l’idée qu’on se fait du design suédois : lumineux, ergono-mique et durable.
Sécurité maximaleLa XC90, essayée en version diesel de 225 chevaux, propose le pack « City Safety » de série :
Avec la XC90,
Volvo initie le
renouvellement
complet de ses
gammes.
SIGNES PARTICULIERS
Modèle essayé XC90 D5 AWD Inscription Luxe.
Catégorie Suédoise chaleureuse.
Dimensions Longueur : 4,95 m,
largeur : 2,14 m, hauteur : 1,78 m.
Consommation 5,7 l aux 100 km (cycle mixte).
Autonomie 800 km lors de notre test.
Bilan carbone 149 g de CO2 par km.
Accélération De 0 à 100 km/h en 7,8 s.
Vitesse maxi 220 km/h.
Rapport poids/puissance 10,4 kg/ch.
Rivales BMW X5, Mercedes GLE.
Prix 74 840 € (à partir de 50 050 €).
La classe viking Volvo XC90
Sac en similicuir,
Etam, 34,95 €.
MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 83
des équipements de sécurité
appréciables qui, avec les radars,
détectent les véhicules, les
cyclistes et les piétons et prévient
les risques de collision par l’avant
et l’arrière. « Nous nous sommes
fixé l’objectif de 0 mort en Volvo
pour 2020. Nous y arriverons. La
XC90 bénéfcie d’une structure en
acier renforcé de dernière généra-
tion », afrme David Laventure.
Très grand, mais maniableLes amateurs de technologie se
réjouiront de l’écran tactile très
simple d’utilisation qui permet
de tout contrôler, de la musique
au GPS, en passant par la clima-
tisation ou le téléphone. Parlons
du téléphone… Volvo facture
480 euros l’option Apple CarPlay
qui permet d’utiliser Siri et d’autres
fonctions de son iPhone depuis la
tablette du XC90… Un peu cher,
puisque c’est pratiquement le prix
d’un téléphone ou d’une option
plus utile comme la caméra de
recul (facturée 510 euros).
En dépit de son gabarit de masto-
donte (elle ofre sept vraies places),
cette Volvo est très maniable et
agile. La fonction caméra 360°
– qui détecte tous les obstacles
environnants – est utile. Au cours
de notre essai entre Nantes et
Lorient, sur tous les types de
routes, elle s’est révélée plaisante
à conduire et confortable, à l’avant
comme à l’arrière. Les barres anti-
roulis évitent aux passagers arrière
les nausées liées aux mouvements
de l’habitacle.
Un bémol toutefois : la consomma-
tion. Donnée pour une moyenne
de 5,7 litres aux 100 kilomètres,
nous l’avons relevée à 8,9 litres…
Et cela, en conduisant comme une
Volvo doit se conduire : en père
de famille responsable et respec-
tueux des limites de vitesse.
LA PANOPLIE VOLVO XC90
UN SOUFFLE AUTOMNAL
L’habitacle ultra-spacieux propose sept grandes places,
aussi confortables à l’avant qu’à l’arrière.
RETROUVEZ LE CARNET D’ADRESSES DE TOUTES CES MARQUES
SUR www.leparisien.fr/magazine/plaisir
Haut en synthétique, Nice Things,
92 €.
Derbys en cuir, Eram, 79 €.
Le pack « City Safety », de série, prévient les collisions en
permettant à la Volvo de détecter véhicules, voitures et piétons.
Au-dessus du levier de vitesse automatique en cuir, comme tout l’intérieur de la
XC90, un écran tactile simple d’utilisation, avec une large gamme de commandes.
Lunettes en gomme, See Concept, 30 €.
1984-1989,
de Lloyd Cole and the Commotions,
Polydor, 12 €.
Pantalon en coton, Lab Dip, 75 €.
Des chercheurs français viennent de prouver que, contrairement aux idées reçues, le glucose facilite l’endormissement et augmente la durée du sommeil.PAR ALAIN DUCARDONNET INFOGRAPHIE ASK MEDIA
LA DÉCOUVERTEQu’est-ce qui déclenche l’endormissement ? Deux processus, bien connus, agissent de concert dans notre cerveau : notre horloge biologique, sous l’in-fuence de la lumière ou de l’obscurité, qui organise nos périodes d’éveil et de sommeil, et notre activité cérébrale au cours de la journée, qui crée petit à petit chimiquement un besoin de récupération. Un troi-sième acteur vient d’être identifé, chez la souris, par une équipe française : le sucre. Les chercheurs ont démontré que le glucose facilite l’apparition du som-meil et augmente sa durée.
COMMENT ÇA MARCHE« La régulation de notre sommeil peut être assi-milée à un balancier qui oscille entre éveil et som-meil grâce à des structures bien localisées dans le cerveau. Quand les neurones de l’éveil – dissémi-nés dans le cerveau – s’activent, ceux du sommeil – localisés dans le noyau préoptique ventrolatéral (VLPO), une zone de l’hypothalamus – s’éteignent.
Et vice versa », précise Thierry Gallopin, chercheur au CNRS-ESPCI (Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles), à Paris. Cette balance est modulée par deux systèmes.D’une part, notre horloge biologique. Située dans l’hy-pothalamus, au centre du cerveau, elle commande un cycle veille-sommeil d’environ vingt-quatre heures. La rétine de nos yeux, détectant la lumière, est l’un des informateurs de cette horloge biologique, qui pilote la sécrétion périodique de plusieurs hormones, dont la mélatonine, impliquée dans le sommeil. C’est pour-quoi, la nuit, la lumière des tablettes ou de la télévision peut perturber le sommeil en leurrant ce circuit.D’autre part, l’activité des neurones durant la journée produit une accumulation de substances. On parle de substances hypnogènes : au-delà d’un certain niveau, elles induisent la somnolence. L’une d’elle, l’adénosine, agit comme un neuromodulateur qui va diminuer l’ac-tivité des neurones de l’éveil et stimuler ceux du som-meil. La caféine empêche l’adénosine de se fxer sur ces neurones, c’est ce qui explique son côté stimulant.
perso I santé
Le sucre, un somnifère inattendu
84 MAGAZINE DU VENDREDI 2 OctObRE 2015
Infarctus Alzheimer Allaitement
AUCUN RISQUE LIÉ À L’ACTIVITÉ SEXUELLE « Il paraît très improbable que l’activité sexuelle provoque une crise cardiaque. » C’est le résultat d’une étude allemande, publiée dans le Journal of the American
College of Cardiology, qui a examiné la vie sexuelle de 536 personnes ayant fait un infarctus ou un AVC : 78 % d’entre eux ont afirmé que leurs derniers ébats remontaient à plus de 24 heures avant l’accident, et seulement 0,7 %, à moins d’une heure avant. Un rapport sexuel correspond à un efort équivalent à la montée de deux étages à pied.
LES MÉFAITS DU CHOLESTÉROL RÉVÉLÉSD’après les travaux de deux équipes françaises publiés début septembre dans la revue Human Molecular Genetics,
l’hypothèse selon laquelle un excès de cholestérol cérébral est impliqué dans les maladies neurovégétatives comme Alzheimer est confirmée. En cause, une enzyme (CYP46A1), qui élimine le cholestérol : quand on la bloque, chez la souris, on observe un déclin cognitif marqué. Si on la réinjecte, tout se normalise. Reste à vérifier ces résultats chez l’homme.
LA FRANCE RÉSISTE !En France, sept mères sur dix allaitent à la naissance. Après dix-sept semaines, la moitié d’entre elles ont déjà arrêté. Et aux six mois de l’enfant, elles ne sont plus que 19 %, selon une étude du Bulletin épidémiologique
hebdomadaire réalisée sur 18 000 bébés. C’est loin des recommandations de l’OMS, qui préconise d’allaiter le plus longtemps possible (entre six et vingt-quatre mois), et de façon exclusive – sans ajouter ni eau ni jus de fruit – jusqu’aux 6 mois de l’enfant, le lait maternel étant jugé le meilleur pour le nourrisson.
Cardiologue et médecin du sport à Paris, le Dr Alain Ducardonnet mène depuis plusieurs années une carrière de consultant en matière de santé pour les médias.
Notre expert
ÉCHOS DE LA RECHERCHE
Des chercheurs de l’Université du Colorado (Etats-
Unis) viennent de montrer qu’un double expresso
pris trois heures avant le coucher retarde de quarante
minutes le cycle normal du sommeil, décalant l’hor-
loge biologique.
Un troisième facteur, métabolique, interviendrait
dans l’endormissement. Des études ont montré une
augmentation du risque de diabète, d’hypertension
et d’obésité en cas de privation de sommeil. Autre
constat en laboratoire, la vigilance des animaux est
modulée par l’apport en sucre : tendance à la som-
nolence après un repas sucré et vigilance augmen-
tée lors d’un jeûne. L’un des mécanismes au niveau
du cerveau vient d’être découvert par l’équipe de
Thierry Gallopin, en collaboration avec une équipe
du centre des neurosciences de Lyon. Ils ont constaté
que l’injection de glucose dans le VLPO, zone du cer-
veau responsable de l’endormissement et de la pre-
mière phase du sommeil, stimulait précisément les
neurones du sommeil. A l’inverse, lorsqu’il y a moins
de sucre dans cette zone, les neurones du sommeil
sont moins excités, ce qui favorise le réveil. Ces tra-
vaux ont été publiés dans le Journal of Neurosciences
en juillet dernier.
LES PERSPECTIVESContrairement à ce que l’on pourrait croire, le glucose
favoriserait donc la somnolence et non l’hyperacti-
vité. Si la consommation de sucre peut entraîner une
courte phase d’excitation, la somnolence survient
assez vite. L’action du glucose sur les neurones du som-
meil pourrait ainsi expliquer l’assoupissement après
un repas riche en sucres. D’où l’intérêt de privilégier
les sucres lents (riz, pâtes…) au dîner – deux heures
avant le coucher, pour permettre une bonne diges-
tion – au détriment des protéines, à consommer au
petit déjeuner, pour être en forme le matin. Petit clin
d’œil de Thierry Gallopin : « Le bon vieux lait chaud au
miel de nos grands-mères est parfaitement justifé. Le
tryptophane, acide aminé du lait à l’origine de la méla-
tonine, et le sucre du miel nous aident à tomber plus
teur de 5 à 10 % dans l’économie solidaire (inser-
tion, logement, écologie…). Les salariés ont donc le
choix. Mais la plupart se contentent de placer leur
épargne en monétaire. « Il est logique d’investir
sur ce type de fonds, sans risque, si on a besoin de
récupérer son épargne au bout de six mois, pour
acheter sa résidence principale, par exemple.
Mais, à plus long terme, mieux vaut panacher avec
d’autres fonds », conseille Olivier de Fontenay.
2 I Des arbitrages à réaliserVarier vos placements permet d’augmenter vos
gains potentiels. Les Fonds communs de place-
ment d’entreprise (FCPE) diversifiés – inves-
tis à la fois en actions, en obligations et en fonds
monétaires – ont grimpé de 4,89 % en 2014,
contre 0,20 % en moyenne pour les FCPE moné-
taires. Ainsi, pour 10 000 euros placés sur un plan
d’épargne, vous pouvez empocher 469 euros de
plus sur un an. Ce gain supplémentaire n’est pas
garanti, puisqu’une fraction des fonds diversifés
est investie en actions, mais ces produits à risque
maîtrisé correspondent aux attentes de la plupart
des salariés. Il n’est jamais trop tard pour réagir :
vous pouvez réaliser des arbitrages d’un fonds à
l’autre à tout moment.
3 I Une fiscalité douceL’épargne salariale reste aujourd’hui l’une des
meilleures enveloppes fiscales. Les sommes
déposées (participation, intéressement, verse-
ments volontaires) sur un PEE sont bloquées cinq
ans, puis sont disponibles à tout moment, sans
aucun impôt sur les plus-values. Seuls les prélève-
ments sociaux s’appliquent (15,5 % actuellement).
Mieux, la loi prévoit neuf cas de déblocage antici-
pé (mariage, cessation du contrat de travail, achat
de la résidence principale…) permettant de récu-
pérer son argent plus rapidement, toujours sans
payer d’impôt. Agnès Lambert
OLIVIER DE FONTENAYDirecteur
général
d’Eres, société
de gestion,
spécialiste
de l’épargne
salariale,
de la retraite et
de l’actionnariat
salarié.
Notre expert
le site le chifreDÉMÉNAGER MOINS CHERLes tarifs de déménagement sont souvent fixés à la tête du client. Le site Mooov promet de 20 à 40 % d’économies. Le principe est simple : vous réalisez un devis en ligne, un déménageur vient vous livrer les cartons et en profite pour vérifier que vous avez bien calibré vos besoins. Vous réglez 30 % d’acompte sur le site, le solde sur place le jour J. Une fois installé dans votre nouveau nid, vous notez l’équipe de déménagement.
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CRÉDIT IMMOBILIER : NIVEAU RECORD POUR LES RENÉGOCIATIONSLes renégociations de crédit représentent 44 % de la production de nouveaux crédits sur les sept premiers mois de l’année 2015. Les particuliers ont su saisir l’opportunité de la baisse historique des taux d’intérêt, passés de 2,60 % sur vingt ans en décembre 2014 à 2,30 % en mai 2015, pour réduire le coût de leur achat immobilier. Mais le phénomène devrait ralentir puisque les taux ont repris le chemin de la hausse cet été.
La plupart des salariés n’optimisent pas leur Plan épargne entreprise. Nos conseils pour adopter la bonne stratégie.
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A vous de jouer !plaisirs I jeux
MAGAZINE DU VENDREDI 2 OCTOBRE 2015 87
MOYEN
MOYEN
DIFFICILE
9 2 3
8 2 5
3 4 8
7 4 6 2 9
1 3 2 5
9 5 4 8 6
6 9 1
2 4 7
4 2 9
A B C D E F G H I J K L M N O P
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
HORIZONTALEMENT
1. Fit de l’aviation. Inventivités. 2. Brouillon d’artiste. Récurage de cheminée. 3. A contrer quand on a de la voix. Se retrouve dans une friture. Il sonne à la chasse. 4. Jeu divinatoire. Arrivée au bout du rouleau. Qui ne laisse jamais tomber. 5. Drôle de mouette. Dernier repas du Christ. Gamin parisien. 6. L’iridium du chimiste. Appareil de radiorepérage. Produit à chiquer. 7. Ce n’est pas grand-chose. Plante qui donne de l’huile. Grande puissance. Arbres aux fruits rouges. 8. Ça ofre une alternative. Chef chinois. Qui a de la bouteille. 9. Séance sur un plateau. Diabolique. 10. Obtenue après demande. Beaucoup de grands ont fréquenté ses bancs. Après l’apogée. 11. Pour accorder nos violons. Ensemble musical. Fameux désert. 12. De quoi tirer un trait. Neuf pour un vieux Romain. Ardoises sans craies. Ses portes sont étanches.
VERTICALEMENT
A. Qui a de la brioche. B. Long fleuve sibé-rien. Nid des oiseaux de proie. Dans l’alter-native. C. Prénom de Manaudou. Tel un mot souvent utilisé. D. Dans les environs. Beau métal. Animal paresseux. E. Catherine la grande. F. Il fut fidèle à Fidel. Difusant des ouvrages. G. Content de son repas. Actinium pour le chimiste. Département de Nîmes. H. Se pratique à la pointe de l’épée. C’est-à-dire en raccourci. I. Monts bretons (d’). Mot de jeune en révolte. Richesse de beau parti. J. Remarquable aptitude. Fait preuve de courage. K. Institut arabe à Paris. Elément d’une chute. Il est rédigé à l’étude. L. Se rendent. Quatre garçons dans le vent. M. Dans le coup. Elément d’un ancien alphabet. C’est tout bénéfice. N. Fines négociatrices. O. Canalisation souterraine. Dame à dons et à doigts. Il chauffait le sphinx. P. Qui sont sans inquiétude. On les préfère secs.
Placez dans la grille les pions violets disposés sur la gauche, de façon à obtenir la somme indiquée au bout de chaque ligne et de chaque colonne.
= = =
=
=
=
1 16
8 17
3 12
13 21 11
7
9
2
4
5
6
= = =
=
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=
1 11
18
4 16
9 17 19
7
8
9
2
3
5
6
MOTS CROISÉS SUDOKU
FUBUKI
SOLUTIONS DU NUMÉRO PRÉCÉDENT MOTS FLÉCHÉS
MOTS CROISÉS SUDOKU FUBUKI
8 7 6 21
9 2 5 16
3 1 4 8
20 10 15
dificile
1 4 7 12
2 6 5 13
8 9 3 20
11 19 15
moyen
Le nom à trouver est : LA MAMMA.
J A M U C I A R I P AL E S P L A I S I R S D E M O D E S U L L A
Z U T I R I S E A G E A M O U R P RB E R E T A N E T H E R G S E S N E M
B S E C A E U R E A A T A M I S EF E S K A T I A M A S I G N E U S N
C G L U C S U T U R E A U N E S O N P IB O H E M E I L O T E T I R E Z E N E P I R A E
M I L I T A S P O R T E S N O M T G V T A R NE P E E A U S T E R E L E T T I N O I L V I N
O R A U T E U R Z I E I R E E L V E N I S EO S E N T R M E S L A S S E R O U L A
I N O D E S O R M A I S S E M E S A LE T C J O U R S I T R A L A L A C A
E O L E P R A O S O R E S T I N A VA U R E T A I L L E N E T A C E M O I
R E V I E N S T R O U S S E C H E M I S E
G R O U P E S H A R A S S E ER E S T R U C T U R A T I O N SE N T A I R E M I T M U S CN O H O R U S S I T U E OO M S R A P L E B E L A RU T R I T U R E O C E L O TI S E U T L U T A I R O U EL A N I E R E A N S E U T EL I O N E U R L E S S A IE S S E S S I E D T O N E RR I R U S E E E L O I G N EE R S C V L Y R I C E S E
5 6 9 4 2 1 3 8 7
3 7 4 6 8 5 9 2 1
2 8 1 7 3 9 6 5 4
6 3 8 2 7 4 5 1 9
7 9 5 3 1 8 2 4 6
4 1 2 5 9 6 7 3 8
9 5 7 1 4 2 8 6 3
1 2 3 8 6 7 4 9 5
8 4 6 9 5 3 1 7 2
En partant des chifres déjà inscrits, remplissez la grille de manière que chaque ligne, chaque colonne et chaque carré de 3 par 3 contiennent une seule fois tous les chifres de 1 à 9.
5 JUSTICE Scandale de l’hormone de croissance : procès en appel du professeur Fernand Dray et de l’ancienne pédiatre Elisabeth Mugnier. Sur 1 698 enfants atteints par la maladie de Creutzfeldt-Jakob et traités à l’hormone entre 1983 et 1985, 125 en sont morts.
EUTHANASIE Examen en deuxième lecture, à l’Assemblée nationale, de la proposition de loi des députés Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (LR) sur « le droit de dormir avant de mourir pour ne pas soufrir ».
Mardi
6
PRIX GONCOURT Le jury, présidé par Bernard Pivot, annonce sa deuxièmesélection. Le prix littéraire sera attribué le 3 novembre.
Vendredi
9 POLITIQUE Annonce du lauréat du prix Nobel de la paix, parmi 273 candidats (dont 68 organisations). L’an passé, c’est la militante pakistanaise Malala Yousafzai (photo), ex æquo avec l’Indien Kailash Satyarthi, qui l’avait obtenu.
Samedi
10 ENVIRONNEMENT 7e édition du Jour de la nuit, avec extinction de l’éclairage public des collectivités participantes. L’objectif de cette manifestation est de sensibiliser les citoyens et les élus aux conséquences de la pollution lumineuse.
Dimanche
11 CAMPAGNE Journée internationale de la fille, sous l’égide de l’ONU, et lancement d’une campagne de lutte contre les discriminations faites aux filles. Aujourd’hui, 62 millions de filles sont toujours privées d’éducation à travers le monde.
Jeudi
8 SOCIAL Grève à la SNCF. Mobilisation nationale interprofessionnelle, à l’appel de la CGT et de Sud-rail, pour « annuler » les réformes « des retraites », « du travail » et « du système ferroviaire ». La grève prendra efet le 7, à 19 heures.
ASIE Les deux Corées échangent la liste définitive des participants à la réunion des familles séparées par la guerre, se tiendra du 20 au 26 octobre dans la station de montagne nord-coréenne de Kumgang. Quelque 66 000 Sud-Coréens sont sur liste d’attente.
Mercredi
7www.fetedelascience.fr
CHASSE Soirée de comptage et d’écoute des cerfs au brame dans le Médoc (Gironde), en marge de l’ouverture de la chasse. Ces soirées ont pour but de mieux connaître l’espèce et de participer à la récolte de données scientifiques.
SCIENCE Premier jour de la 24e édition de la Fête de la science, qui fait la part belle aux expérimentations (jusqu’au 11 octobre). Des centaines d’animations gratuites sont organisées dans toute la France.
ÉCOLOGIE Premier jour de l’exposition itinérante du Train du climat, gare de Lyon, à Paris (12e). L’objectif est d’expliquer au grand public les enjeux, impacts et solutions en faveur du climat. Le Train du climat fera étape dans 18 villes de France.
LE PARISIEN LIBÉRÉ25, avenue Michelet, 93408 Saint-Ouen Cedex.
Société par actions simplifiées.
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Directeur délégué Frédéric AllaryRédacteur en chef François VeyRédacteur en chef délégué Frédéric BéghinRédactrices en chef adjointes Sandrine Briclot, Hélène HuretChef d’édition Isabelle TalèsDirectrice artistique Valérie EudierChefs de studio Mathieu Gélézeau, Déborah Rousseaux Directeur photo Xavier LucasConseiller éditorial Christian FevretChargée de gestion Hélène ChevallierAssistante de rédaction Marine Brugeron
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MAQUETTE Benjamin Plet, Aude Seïté
INFOGRAPHIE ASK MEDIA Stéphane Saulnier (chef de service), Mathilde Boireau, Marie Coussin, Hadrien Pennes, Arnaud Picandet