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Sommaire I. Ceux qui ont retranscrit la légende : les sources
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2 II. L’origine du nom du dragon messin
......................................................................................................
4 III. Les survivances de la légende dans la toponymie messine
.....................................................................
5 IV. L’image du Graoully aujourd’hui
..........................................................................................................
6 V. Les cousins du monstre messin
.............................................................................................................
7 VI. Grands Serpents et Dragons
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8 VII. Religion, paganisme et folklore
..........................................................................................................
10 VIII. Entre légende et réalité….
..................................................................................................................
11 IX. Mythe et rite
.......................................................................................................................................
12 X. Le héros
fondateur..............................................................................................................................
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[DOSSIER ENSEIGNANT]
GRAOUILLY
[Marie-Pierre GAMA . Conseillère Pédagogique Départementale .
Inspection Académique de la Moselle]
Mis à jour en janvier 2010
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I. Ceux qui ont retranscrit la légende : les sources
Grégoire de Tours Évêque de Tours, prélat et historien
français
Grégoire de Tours écrivit vers l’an 575 l’Histoire des Francs
dans laquelle
il développe une chronique des évêques. Selon lui, Saint Clément
avait
choisi de s’établir en un endroit « où nul serpent ne peut
demeurer ».
Paul Diacre Moine et savant déporté à Metz ou à Thionville en
775
Entre 782 et 786, Diacre écrit le livre des évêques : Liber
de Episcopis Mettensibus, manuscrit qui porte la première
mention de la légende de Saint Clément et du grand
serpent.
Le manuscrit de l’an 848, conservé à la Bibliothèque Municipale
de Metz, rend hommage à
Saint Clément : on consulte sa copie depuis le XVIe siècle,
l’original ayant disparu.
Charles Abel, antiquaire, juriste et historien lorrain a publié
en 1861 la
transcription du manuscrit de 848. Le musée de Gorze possède une
copie
enluminée de ce manuscrit, réalisée par J.P. Cancel
La Vie des Saints, réalisé en partie dès 1303, est consacré à
Saint Clément. Il réserve trois
folio au Graouilly.
Manuscrit 5227 de la Bibliothèque de l’Arsenal de Paris, La vie
des Saints a été
traduit en français contemporain par Claude Serpieri et publié
aux éditions Serge
Domini sous le titre « Images et légende du fameux dragon de
Metz ».
Ce sceau de la ville de Metz, datant du XIVe siècle représente
Saint
Etienne, saint patron de la cathédrale, et Saint Clément,
premier
évêque de la ville ; le dragon est à côté de lui.
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Philippe de Vigneulles (1471 - 1522)
Ce chaussetier et drapier messin est à l’origine de chroniques
très fournies. On les consulte
surtout pour connaître la vie quotidienne des messins au Moyen
Age.
François Rabelais (148? - 1553)
L’écrivain humaniste séjourna à Metz en tant que médecin entre
1545 et 1547. Il contribua à
la notoriété de la bête par un passage qu’il écrivit dans son
Quart Livre»
« C’était une effigie monstrueuse, ridicule, hideuse et terrible
aulx petits enfants, ayant les oeilx plus grands que le ventre et
la teste plus grosse que tout le reste du corps avecques amples,
larges et horrificques machouëres bien endentelées tant au dessus
comme au dessoubs ; lesquelles avec l’engin d’une petite chorde
cachée dedans le baton doré, l’on faisait terrifiquement
cliqueter..»
Le Journal des Evêques Lorrains de 1763 nous indique que la bête
était fabriquée de toile
remplie de foin et haute de douze pieds.
Dans l’Histoire de Metz écrite en 1769 par les moines
bénédictins on relève ce passage :
« Il n’y a pas si longtemps que les enfants, le dernier jour des
rogations le fouettaient dans la cour de l’abbaye St Arnould qui
est la dernière station », relatant ainsi un épisode de la
procession religieuse qui se déroulait avec en tête de cortège une
reproduction de la bête . »
Dès 1470, la légende du Graouilly devint une pièce
de théâtre et Saint Clément le héros d’un mystère1.
Le document du Mistère de Saint Clément, sauvé
en 1779 a été acquis sous l’empire par la ville de
Metz. Ce mystère a été représenté en 1470 dans la
ville.
Il a inspiré Auguste Karl Migette peintre et
professeur de dessin lorrain (1802-1904), qui a
réalisé une toile sur le sujet.
Effigie du Graoully exhibée dans les rues de Metz
lors de la procession des rogations (voir page 10)
1 Le mystère ou mistère (du latin médiéval misterium,
cérémonie), est un genre théâtral apparu au XVe siècle. Par une
succession de tableaux animés et dialogués, un public très large
assité à ces représentations qui mettaient
en œuvre des histoires et des légendes dont l'imagination et la
croyance populaires s'étaient nourries.
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II. L’origine du nom du dragon messin
L’orthographe du nom du monstre est fluctuante au fil du
temps. Étymologiquement, le terme semble issu de la
contraction du mot français gargouille et du mot allemand
GROEULICH qui signifie abominable, affreux.
Mais peut-être aussi :
- du mot GRAUS en moyen et haut allemand signifiant
sinistre, affreux.
- du terme GRAULA (XIVe) désignant en roman la
corneille, oiseau noir de mauvais augure
- de celui de GRAULUS signifiant forme hideuse
(peut-être à l’origine des mots graveleux et gravelure)
- de GRAUSAM (autrement dit saturne, dieu cronique
représenté par un serpent ailé)
Ou bien encore, il pourrait être issu du verbe
GROUILLER en référence aux serpents qui peuplaient
l’amphithéâtre abandonné
On retrouve au fil des textes des :
GROWELIN (1546)
GRAULIN (1570)
GRAULÏN (1571)
GROLLY (1694)
GROLLY (1697)
GROUVELLIN (1751)
GRAULIN (1751)
GRAOULLY (1864)
Et d’autres transcriptions, d’autres origines possibles…
GROULLI - KROULIK (d’origine flamande)
GRAWLI - GRAOULLI - GRAULI
GRAOUILLY (d’origine celtique, signifie cruel)
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III. Les survivances de la légende dans la toponymie messine
La rue Taison
Au Moyen Age, on la nommait rue « Statio » ou « Staisonrue »,
rue de la station car située
exactement au croisement commercial de l’axe Nord Sud (Lyon
Trèves), Est Ouest (Reims,
Strasbourg). Au XIIe siècle, l’endroit s’appelait précisément «
Instationnisria ».
La légende raconte que ce nom serait en rapport avec les
murmures de la foule que l’on
entendait
- soit lors de l’arrivée de Saint Clément à Metz : la
population, terrorisée par le dragon
s’imposait et imposait le silence dans la ville. Le seul murmure
que l’on entendait était
« Taisons nous… » ;
- soit lorsque le Saint eut terrassé la bête, la foule
enthousiaste se mit à pousser des vivat et
Clément lui aurait enjoint de se taire, car « il faut rester
humble en toute circonstance… ».
Le quartier de Queuleu
Lorsque le Saint eut passé son étole au cou de la bête, il la
mena vers la Seille. La foule le
suivait à la queue leu leu ... Cet épisode aurait contribué à
baptiser l’endroit.
La toiture de la gare de Metz
Lors de sa construction en 1905, les ouvriers auraient mis au
jour un nombre considérable
d’écailles d’un vert vif, soi-disant celles du légendaire
Graouilly. Ils en recouvrirent le
bâtiment qui possède depuis cette extraordinaire couverture
verte.
La porte Serpenoise
Si elle met aujourd’hui la ville en communication directe avec
la gare, elle conduit aussi au
quartier du Sablon, renommé par le passé pour ses cultures
maraîchères et qui prit son
importance sous la domination romaine.
Cette porte signale l’ancienne voie romaine, voie principale de
l’ancien Divodurum qui
aboutissait à Scarpone (ville aujourd’hui détruite située vis à
vis de Dieulouard). La rue
actuelle a été formée de la rue du même nom et des rues de la
Vieille-Boucherie et du Porte-
Enseigne par arrêté municipal du 15/7/1852.
Le monument porte les inscriptions suivantes :
Porte Serpenoise détruite en 1561, rétablie en 1851 9 avril
1473
A la porte Serpenoise Metz surprise par l’ennemi
Est sauvée par le boulanger Harel 28 novembre 1552
Près de la porte Serpenoise
Principale attaque de Charles Quint
Repoussée par le duc de Guise
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Toujours selon la légende, le troyen Serpanus, compagnon du chef
troyen qui colonisa la
Gaule, fit agrandir la muraille d’enceinte de la ville et
construisit cette porte. Elle devint porte
Serpanus, puis porte Serpenoise en référence au grand dragon de
Saint Clément, car c’est par
cette porte qu’il fit passer la bête pour la mener depuis
l’amphithéâtre romain du Sablon vers
la Seille.
L’empreinte des genoux du saint
La légende veut qu’en se rendant à Metz, le Saint se serait
arrêté à Ancy-sur-Moselle pour
prier. On montre sur les hauteurs de la Croix Saint Clément une
pierre grise où sont creusées
deux cavités réputées pour être la marque de ses genoux. Le
musée de Gorze organise chaque
année des veillées contes autour du thème, des visites guidées
et des activités pour enfants
sous forme de jeux en été. Un restaurant nommé « Le Graouilly »
est ouvert dans le village.
IV. L’image du Graoully aujourd’hui
Le dernier « spécimen de Graouilly » est exposé dans la crypte
de la cathédrale de Metz et
appartient à son trésor. Il est fait de cuir bouilli et de toile
peinte tendus sur des cerceaux
d’osier. Il date de 1769 et a été restauré en 1864. Il est en
tout point conforme à la description
que les moines bénédictins en ont faite en 1769. Par ailleurs,
le musée de la ville de Metz
possède une aile de dragon en toile.
1.
2.
3 .
Le trésor de la cathédrale de Metz possède cette
reproduction
de la bête (1).
Il figure sur le blason de la ville de Woippy (2) et de sa
société d’histoire (3).
Le football club de Metz en a fait sa mascotte (4).
4.
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V. Les cousins du monstre messin
La Grandgoule à Poitiers
La Chair Salée à Troyes La Gargouille de Rouen
Et aussi :
la Lézarde à Provins
la Galipote en Poitou
le Drac à Beaucaire
le Sarpant dans l’île de Batz
la Coulobre à Bagnols sur Cèze
la Kraulla à Reims
la Bête Ro à Aytre
le Basilic dans la Vienne La Tarasque à Tarascon
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VI. Grands Serpents et Dragons
Une gueule terrible, ramassée, une langue bifide, un cou
puissant formant un coude, une longue queue, des pattes
trapues et griffues, des ailes de chauve souris, des
pustules
alignées tout le long de la colonne vertébrale et crachant
le
feu.
Telle est la description du serpent-dragon de Metz, selon
les critères de la mode en vogue chez les dragons au cours
du Moyen Age et les descriptions des dragonologues
d’aujourd’hui.
Le terme dragon, qui est issu du mot grec Drâkon
signifiant serpent, apparaît dans les textes d’Homère.
Dans les textes latins, on le retrouve en Draco et en
Dragon en ancien français dans la chanson de Roland.
Le Petit Larousse en donne la définition suivante :
animal fabuleux représenté avec des griffes de lion, des
ailes et une queue de serpent
La plus ancienne représentation de la bête a été retrouvée en
Chine dans un tombeau, elle
aurait environ 6000 ans.
C’est un animal hybride : aquatique par son corps de forme
allongée et recouvert d’écailles
comme celles du poisson, chthonien par son appartenance au monde
souterrain, celui des
serpents, et aérien par ses ailes.
Souvent, ses yeux sont dépourvus de paupières, comme ceux de la
déesse Athéna, la sagesse
qui doit demeurer constamment en éveil. D’ailleurs, on ne le
regarde pas droit dans les yeux
sous peine de paralysie immédiate. Son haleine est
pestilentielle et son appétit de chair
humaine pantagruélique.
Selon les cultures, il incarne le beau ou le laid, le bien ou le
mal, le paganisme ou la foi, la
mort et la dévastation par opposition à la vie et à la fertilité
(le venin mortel peut servir de
remède).
Dans les textes anciens, on prête des vertus spécifiques à
chaque partie de la bête :
Le cœur permet de comprendre le langage des animaux
Le sang répandu sur la peau d’un homme le rend invulnérable
Les dents protègent de tous les maléfices
La graisse qui enrobe le cœur permet de gagner tous les
procès
Les yeux fournissent un onguent qui rend les hommes
courageux
Dans la tête se trouve une pierre magique, perle d’abondance
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Quelques soient ses caractéristiques physiques et sa
domiciliation, sa constante reste la
puissance : il crache le feu, signe de puissance tellurique ou
infernale.
Le dragon est un médiateur qui possède en termes structuraux la
fonction d’établir une
multiplicité à partir de sa propre unité hétérogène : de ce
fait, il joue pour la domination du
cosmos et il perd la partie. Mais justement, parce qu’il la
perd, le devenir du cosmos ne sera
pas nécessairement chaotique. Ainsi, l’ordre viendra des cieux
et non point de la terre.
Dans la Grèce antique, sa fonction essentielle est de garder les
trésors (Toison d’Or, Jardin
des Hespérides). En orient il est auréolé de vertus bénéfiques
et porte une perle, signe
d’immortalité. En occident le dragon a une réputation
maléfique.
Le héros, lorsqu’il affronte le dragon doit :
- s’emparer du trésor ; - débarrasser la cité de la bête ; -
protéger un homme ou plus généralement une princesse.
Le dragon, c’est aussi :
un gardien vigilant et farouche ou même une personne d’une vertu
austère : un
dragon de vertu
un soldat d’un corps de cavalerie aujourd’hui disparu du XVIe
régiment à pied ou à cheval
(depuis 1945, les missions des dragons ont été reprises par
certains régiments blindés)
une constellation boréale située près du pôle nord
un nom de rue à Paris, à Saint germain des Prés
une sorte de chauve-souris des îles de la Sonde et de la
Malaisie
un petit canon utilisé au XVIe siècle
un navire : le drakkar qui signifie dragon chez les Vikings :
c’est le bateau
sur lequel les navigateurs fixaient une tête de dragon pour
éloigner les
mauvais esprits cachés dans les flots. Ils ôtaient cette tête
sitôt à terre pour ne
pas effrayer la population
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VII. Religion, paganisme et folklore
Traditionnellement, le jour des Rogations, le 25 avril, on
menait une procession qui s’étendait
sur deux kilomètres et comprenait la visite de huit églises.
Dans la seconde moitié du XIe siècle, l’évêque
Hermann fit ouvrir le tombeau de Saint Clément. Cet
événement ayant eu lieu un 2 mai, c’est ce jour dont
s’empara le folklore religieux de la ville pour faire
revire Clément et le dragon … et transformer les
rogations en manifestation de toute autre nature.
Pour le peuple, le rapport entre dragon et religion
n’est pas très évident. Les relations entre folklore et
culture ecclésiastique sont complexes (le
christianisme associe le dragon au serpent originel).
En tête de la procession, une bannière abordait l’effigie du
dragon, son rôle étant de conjurer
peste, guerre et famines, toutes pourvoyeuses et dévoreuses de
chair humaine.
Lors de cette procession, la coutume imposait de :
- bourrer la gueule du monstre de petits pains : ainsi rassasié,
il y avait de fortes chances qu’il
laisse en vie la population et ne détruise pas les moissons. En
le nourrissant, on cherche à
absorber son appétit glouton et sa voracité. En fait, cette
offrande de petits pains constituait
une rétribution (un pain d’une demi-livre donné par chaque
boulanger sur le parcours de la
procession) accordée au maire et aux justiciers (échevins nommés
par le Chapitre) de la ville
de Woippy. Ceux ci étaient tenus de porter dans les processions
des Rogations trois bannières
rouges dont l’une était surmontée d’une tête de dragon ;
- faire escorter l’effigie par six vigoureux manants bien
embastionnés et suivis d’un prêtre
portant l’étole pour garrotter l’animal si d’aventure il voulait
se jeter sur la population ;
- vêtir une jeune fille de blanc, symbolisant la pureté, et de
la faire accompagner le cortège.
Par la suite, ses mâchoires sont devenues fixes (au XVIIe
siècle). Puis, à la veille de la
Révolution, le débordement des sens qui accompagnait l’événement
servit de prétexte à la
suppression de la procession du Graoully (en 1786).
Une dernière tentative a été faite en 1850, elle tenait plutôt
du défilé de carnaval que d’une
procession religieuse.
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VIII. Entre légende et réalité….
Les fouilles de l’amphithéâtre romain
Réalisées en 1903 à l’occasion de la construction
de l’ancienne gare de marchandises de Metz
(actuellement, entre le site des Arènes et du Centre
Pompidou-Metz), elles sont venues confirmer la
présence d’une église dans le sous-sol de l’ancien
amphithéâtre romain. Cet ecclesia maior, datant de
l’an 280 environ se situait hors des murs de la cité
comme le voulait la coutume.
Construite avec des matériaux de récupération
romains, cette église authentifierait la vie du saint.
Des inscriptions chrétiennes du IVe siècle, découvertes à Metz
comme à Trèves, même si elles
sont les seules trouvées, confirmeraient la théorie selon
laquelle St Clément aurait édifié cette
chapelle après l’abandon des jeux dans l’amphithéâtre.
L’amphithéâtre romain était à cette époque abandonné et en
partie détruit, probablement par
les Francs vers l’an 253. La présence de reptiles dans ces
anciennes arènes est d’ailleurs fort
plausible.
Le christianisme et les jeux romains
Les romains divisaient le temps d’activité de la population en
deux parties :
Otium = temps consacré à des activités de pur plaisir dont font
partie les jeux1
jeux de l’amphithéâtre (gladiateurs) - jeux scéniques : le
théâtre - sports et jeux de cirque
Negotium = temps de la guerre et de la politique
Au début du christianisme les pairs de l’église décrétèrent que
le travestissement ordonné par
toute représentation théâtrale constituait une injure à la forme
humaine que dieu a créée à sa
ressemblance. Assister à des jeux scéniques, c’était assister à
la défiguration de l’icône
humaine. Ainsi, la mise à mort des gladiateurs équivalait à la
mort de l’image de dieu. Très
vite le spectacle en général fut investi d’une nature maligne,
prohibé et les comédiens
excommuniés.
De ce fait, le Graouilly-serpent (référence au péché originel,
Satan ayant pris cette forme pour
tenter Eve) qui niche dans l’amphithéâtre, lieu d’oisiveté et de
plaisir (la maison du diable)
devient la traduction légendaire et visuelle d’un discours
théologique et catéchétique2.
Le dragon, devenu le plus grand des serpents au Moyen Age a
permis d’établir un lien entre le
serpent de le genèse et le dragon de l’apocalypse, de rapprocher
le début de l’ancien testament
et la fin du nouveau. 1 À Rome au Ier siècle, 175 jours par an
étaient dévolus aux jeux et surtout au théâtre 2 On pourrait mettre
en parallèle l’histoire de ce lieu maudit avec celui de l’oratoire
dédié à St Etienne. Situé à
l’intérieur de la ville, il a été miraculeusement épargné par
les Huns en 451. Cette marque divine lui valut de
devenir le lieu d’implantation de la cathédrale dans la ville,
et Saint Etienne son protecteur.
Légende (du latin legenda, « ce qui
doit être lu »)
Récit à caractère merveilleux où les
faits historiques sont transformés par
l’imagination populaire ou par
l’invention poétique, histoire embellie
ou déformée par l’imagination.
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IX. Mythe et rite
Le mythe interprète la religion en la racontant sous forme
d’histoires. Il exprime par l’esprit
humain un équilibre entre les forces de la création et de la
destruction, entre la vie et la mort.
C’est un instrument pédagogique qui permet de manipuler des
notions abstraites en les
transposant sur un plan concert pour en faciliter
l’assimilation.
D’après Levy Strauss1 :
« Les mythes qui nous viennent de très loin dans le temps et
dans l’espace ne constituent pas en une partie jouée une fois pour
toutes. Ils sont inlassables et entament une nouvelle partie chaque
fois qu’on les raconte ou qu’on les lit… »
Mythe et rite forment une unité et s’expliquent l’un l’autre :
le premier révèle tout en gardant
une part de mystère qu’il faut décrypter, il est réservé aux
initiés ; le deuxième réalise par
l’affabulation et le travestissement symbolique et
populaire.
Le message que contient le mythe doit rester reconnaissable afin
de transmettre des valeurs
fortes et en même temps garder une part de mystère pour ne pas
éblouir ou brûler, ni susciter
le désir.
Le rite est une action symbolique qui comporte sa part de mise
en scène de dramatisation et
de théâtralisation pour matérialiser les rapports de l’humain
avec l’invisible.
1 Histoire de Lynx, Paris (Plon) ; page 10
Définitions du Petit Larousse
Rite (du latin ritus, règles et cérémonies pratiquées dans une
église)
Ensemble de règles fixant le déroulement d’un cérémonial. Acte
de cérémonie , fête à
caractère répétitif, destinés à réaffirmer de façon efficace les
valeurs et à assurer la relance
de l’organisation sociale.
Mythe (du grec muthos)
Récit populaire ou littéraire mettant en scène des êtres
surhumains en des actions
remarquables (s’y expriment sous couvert de la légende les
principes de telle ou telle
société et plus généralement y transparaît la structure de
l’esprit humain).
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X. Le héros fondateur
Au Moyen Age de l’occident, les héros cavaliers possédant le
pouvoir des armes et cherchant
à fonder leur royaume doivent asseoir leur légitimité sur le
pouvoir sacré, en l’occurrence
l’église catholique. Celle-ci tente alors de préserver ce
pouvoir et de le partager en fabriquant
des saints par légion. Désarmés, ceux-ci seront les héros
fondateurs de l’ordre sacré. Plutôt
que de porter une épée, ils se serviront de l’étole et de la
croix pour nouer le lien et vaincre le
serpent1.
La formation de ce mythe repose sur :
Trois pouvoirs : le pouvoir guerrier, le pouvoir sacré, le
pouvoir fécond
Trois personnages : - le héros, armé du pouvoir militaire ou
bien, de façon plus évoluée, capable de lier
pour vaincre Satan incarné par le serpent informe.
- la bête, incarnation du mal
- la jeune fille qui représente symboliquement le petit peuple
et le pouvoir fécond
Clément Flavius, qui deviendra St Clément est d’origine noble.
Il appartient au cercle des
familiers de l’empereur Romain et il est l’oncle du pape. Il
procède ainsi des deux familles du
pouvoir : le militaire et le sacré. Il se convertit, se fait
baptiser et devient évêque obtenant
ainsi le droit de légiférer.
Arrivé aux environs de Metz, il s’arrête dans la forêt de Gorze.
Le cerf, chassé par le prince
de Metz se réfugie dans son giron, comme la licorne dans le
giron de la vierge. La bête est
sauvée, le pouvoir sacré surpasse donc celui de l’armée.
Clément prie et baptise sur la colline Ste Croix lorsque la
fille du prince décède brusquement.
Sur les instances du père, Clément la ressuscite et convertit la
famille entière à la vraie
religion. Toujours sur les instances du prince, il accepte de
débarrasser la cité de la bête terrée
dans l’amphithéâtre infesté par ailleurs de crapauds, signe de
putréfaction et de vice.
Clément ôte son étole et en lie le plus gros des serpents, le
traîne devant le peuple, abjure la
bête au nom de la Trinité de se jeter dans la Seille.
Les trois pouvoirs se sont manifestés par l’entremise du saint,
la cité peut prospérer à l’ombre
des remparts construits avec les pierres des ruines de
l’amphithéâtre romain.
1 Une théorie qui remontait à Origène propose une interprétation
de la faune satanique : les anges, trop lâches
pour seconder ouvertement la révolte de Lucifer furent
précipités sur la terre, les uns s’incorporèrent à la forme
humaine, les autres entrèrent dans des corps de bêtes fort
diverses, même des poissons. Ainsi l’humanité fut
peuplée d’êtres peu rassurants que l’on sentait vaguement errer
dans les ténèbres ou hanter les anciens
sanctuaires païens..