1
Année 2019 N°
Thèse
Pour le
DOCTORAT EN MEDECINE
DES ENDOCRINOLOGIE- DIABETOLOGIE – NUTRITION
Diplôme d’État
par
BAUDRY Valérie-Anne Née le 11 janvier 1991 à Amiens (80)
Présentée et soutenue publiquement le 26 avril 2019
TITRE
Troubles du comportement alimentaire chez le patient diabétique de type 1
et variabilité glycémique.
Présentée et soutenue publiquement le 26 avril 2019 devant un jury composé de :
Président du Jury : Professeur Pierre-Henri DUCLUZEAU, Nutrition Faculté de Médecine -Tours
Membres du Jury :
Professeur François MAILLOT, Médecine interne Faculté de Médecine – Tours
Docteur Arnaud DE LUCA, PH Nutrition – Tours
Professeur Régis HANKARD, Nutrition, PH Faculté de Médecine – Tours
Directeur de thèse : Docteur Arnaud DE LUCA, PH Nutrition – Tours
2
RESUME
Contexte
De façon empirique, nous supposons que le comportement alimentaire influe grandement l’équilibre
glycémique des patients diabétiques de type 1, cependant peu d’études cliniques ont mis en évidence
de telles relations. L’objectif de ce travail était d’étudier chez les patients diabétiques de type 1, les
troubles du comportement alimentaire via le questionnaire DEBQ (Dutch Eating Behaviour
Questionnaire) en relation avec leur profil glycémique et leur anthropométrie.
Méthodes
Trois cent trente-quatre patients diabétiques de type 1 de la Cohorte VARDIA, recrutés de manière
prospective de mars 2013 à décembre 2015 dans 9 centres français, ont été exploré à l’aide du DEBQ.
Ce questionnaire permet d’analyser séparément 3 composantes du mode alimentaire : les troubles
restrictifs, l’émotivité et l’externalité. Nous avons mis en lien chaque composante du DEBQ avec
l’ensemble des caractéristiques des patients : la variabilité glycémique (Coefficient de variation,
Mesure des amplitudes des excursions glycémiques et l’HbA1c), l’anthropométrie (poids, IMC, tour
de taille et de hanche), et la peur de l’hypoglycémie (questionnaire Fear of hypo). Les patients ont été
regroupés en 4 quartiles équivalents. Un ajustement a été réalisé sur l’âge et le genre.
Résultats
Les patients ayant un IMC plus élevé avaient une variabilité glycémique moins importante (MAGE)
(p = 0.006). Le comportement restrictif était associé à un poids plus élevé (p = 0.0001), à une
répartition gynoïde de la masse grasse, et à un score plus élevé au questionnaire « peur des
hypoglycémies » (p = 0.02). Le comportement émotionnel était associé à un déséquilibre du diabète (p
= 0.01), et était plus fréquent chez les personnes ayant une peur de l’hypoglycémie (p = 0.0009). Le
comportement d’externalité était associé à un poids plus élevé (p = 0.02), ainsi qu’à une variabilité
glycémique accrue (p = 0.03).
Conclusion
Chez les patients diabétiques de type 1, les comportements alimentaires de type restrictif et
d’externalité sont responsables d’une prise pondérale, tandis que le comportement d’externalité ou
émotionnel est responsable d’un déséquilibre du diabète. La peur des hypoglycémies est commune à
tous les types de comportement alimentaire.
Mots-clés : DIABETE TYPE 1, DEBQ, VARIABILITE GLYCEMIQUE, HYPOGLYCEMIE,
TROUBLE DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE.
3
ABSTRACT
Background
Empirically, we assume that eating behavior greatly affects the glycemic control in type 1 diabetes
mellitus, however few clinical studies have shown this relation. This study aimed to correlate eating
disorders using the Dutch Eating Behavior Questionnaire (DEBQ) in relation to the glycemic profile
and body anthropometry of type 1 diabetic patients.
Methods
Three hundred thirty four type 1 diabetes patients from the VARDIA cohort study, recruited
prospectively from March 2013 to December 2015, in 9 French centers, were explored using the
DEBQ. This questionnaire allowed to analyze separately 3 components of the food mode: the
restrictive disorders, the emotivity and the externality. We lenked each component of the DEBQ with
the characteristics of the patients : Glycemic variability (Coefficient of variation, Measurement of
amplitudes of glycemic excursions and HbA1c), body anthropometry (weight, IMC, waist and hip),
and fear of hypoglycemia (Fear of hypo questionnaire). Patients were groupes into 4 equivalent
quartiles. An adjustment was made on age and gender.
Results
Patients with a higher BMI had a lower glycemic variability (MAGE p = 0.006). Restrictive behavior
was associated with higher weight (p = 0.0001), gynoid fat distribution and a higher score on the "fear
of hypoglycaemia" questionnaire (p = 0.02). Emotional behavior was associated with an imbalance of
diabetes (p = 0.01), and was more likely among people with a fear of hypoglycemia (p = 0.0009).
Externality behavior was associated with higher weight (p = 0.02), as well as increased glycemic
variability.
Conclusion
Restrictive behavior and externality are responsible for higher weight, and emotional behavior and
externality are responsible for an imbalance of diabetes. All patients with eating disorders have a fear
of hypoglycaemia.
KEYWORDS : DIABETES MELLITUS, DEBQ, GLYCEMIC VARIABILITY,
HYPOGLYCEMIA, EATING DISORDER.
4
01/09/2018
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INSERM 1253
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Pour l’Ethique Médicale
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SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette Faculté, de
mes chers condisciples
et selon la tradition d’Hippocrate,
je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de
la probité dans l’exercice de la Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent, et n’exigerai
jamais un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne
verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira
les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à
corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres, je
rendrai à leurs enfants
l’ instruction que j’ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’accordent leur estime si
je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois couvert
d’opprobre et méprisé de
mes confrères si j’y
manque.
10
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer avant tout mes remerciements au Pr Pierre-Henri DUCLUZEAU, pour
m’avoir guidée tout au long de la rédaction de cette thèse, pour sa disponibilité et son soutien.
Je remercie en particulier le Dr Arnaud DE LUCA, sans qui cette thèse ne serait pas ce qu’elle
est, pour sa participation scientifique et son aide.
Merci au Pr François MAILLOT et au Pr Régis HANKARD, pour l’honneur qu’ils me font
d’être dans mon jury de thèse.
J’exprime ma reconnaissance à tous les médecins que j’ai côtoyés au cours de mon internat,
qui ont fait de moi un médecin meilleur, tout particulièrement le Dr Peggy PIERRE, le Dr
Caroline VINCENT-DEJEAN, et le Dr Lise CRINIERE qui sont une réelle source
d’inspiration.
Un grand merci aux Dr Anaïs PAILLARD et Dr Lucie CLOIX, pour leur bienveillance, leur
soutien et leur gentillesse inégalable.
Je remercie mes parents pour toute la croyance qu’ils ont pu mettre en moi tout au long de ces
dix années de travail, qui ont su m’encourager, et m’épauler à chaque instant, ainsi que
Corentin, mon frère, mon confident, et à ma grande sœur Cynthia.
Mille mercis à mes colocatrices, en premier lieu Lucille, ma “personne de confiance” qui a
partagé mon quotidien dès le premier jour sur Tours, qui a su trouver les mots de réconfort à
chaque instant, et Marine qui m’a épaulée pendant ces derniers mois fastidieux.
Merci à toutes les belles rencontres faites sur Tours, Marion, Aurore, Antoine J, Antoine M,
Eglantine, Juliette, Adrien, Chloé, Céline, Marie sans qui cette aventure n’aurait pas été si
agréable.
Enfin merci à mes amis du Nord de la France, pour avoir fait le déplacement jusque Tours, en
particulier à Pauline, sans qui je ne me serai pas lancée dans l’aventure médecine, mon
binôme pendant ces 6 premières années.
11
Ces remerciements seraient incomplets, si je n’en adressais pas à Amaury, pour son soutien
inconditionnel et pour son réconfort lors des moments de doute.
12
TABLE DES MATIERES
I Introduction ......................................................................................................................................... 13
II Sujets, matériels et méthodes ............................................................................................................ 19
1. Sélection des participants .......................................................................................................... 19
2. Procédure ................................................................................................................................... 19
3. La peur de l'hypoglycémie ........................................................................................................ 19
4. L’hypoglycémie clinique ........................................................................................................... 20
5. Mesures glycémiques ................................................................................................................ 20
6. La variabilité glycémique (VG) ................................................................................................. 20
6.1 Le coefficient de variation (CV) ............................................................................................. 21
6.2 Le MAGE (mesure des amplitudes des excursions glycémiques).......................................... 21
7. Le Questionnaire DEBQ ........................................................................................................... 21
III Résultats .......................................................................................................................................... 23
1. Caractéristiques des participants ............................................................................................... 23
2. Variabilité glycémique .............................................................................................................. 25
3. DEBQ-Restriction ..................................................................................................................... 26
4. DEBQ-Emotionnal .................................................................................................................... 27
5. DEBQ-Externalité ..................................................................................................................... 28
IV Discussion ........................................................................................................................................ 29
V Conclusion ......................................................................................................................................... 33
VI Bibliographie .................................................................................................................................... 34
VII Annexes .......................................................................................................................................... 39
Annexe 1. Liste des abréviations ....................................................................................................... 39
Annexe 2. Questionnaire DEBQ ....................................................................................................... 40
Annexe 3. Score HFS II .................................................................................................................... 44
Annexe 4. Score HFS-II Version courte en 8 questions .................................................................... 45
13
I Introduction
Pendant de nombreuses années, on considérait que la prise alimentaire n’était qu’une question
de volonté. Néanmoins, dans la deuxième partie du XXe siècle, on a identifié de nombreuses
hormones régulant la prise alimentaire. Le déterminisme de la fréquence de déclenchement
des repas, la conduite de la prise alimentaire est lié au mécanisme général de la
glucorégulation. L’hypoglycémie s’accompagne d’une augmentation de la prise alimentaire
alors que l’hyperglycémie, provoque une diminution de consommation. De nombreux
neurones intestinaux envoient de multiples signaux au système nerveux central, afin de
favoriser ou d’inhiber la prise alimentaire (1). Le corps humain assure une homéostasie
générale finement régulée, résultant de l’action de systèmes de contrôles multiples.
Aujourd’hui la consommation alimentaire de l’Homme n’est plus uniquement motivée par le
besoin de se nourrir, mais par le plaisir qui en découle. En effet, si les mécanismes
homéostatiques étaient les seuls à contrôler la consommation alimentaire, tout le monde
serait à son poids idéal et manger serait considéré comme respirer, une action nécessaire, mais
inintéressante. Ce comportement de faim «hédonique» désigne une consommation liée au
plaisir sensoriel plutôt qu’au besoin nutritif (2).
Historiquement, le diabète de type 1 (DT1) était considéré comme une « maladie du
dépérissement », les individus présentaient une perte de poids en raison d’une mauvaise
utilisation du glucose. Avant la découverte de l’insuline, les personnes diabétiques étaient
condamnées à mourir et ne pouvaient survivre, avec une diète sévère, que trois à quatre
années au maximum.
Dans le diabète de type 1, la nécessité du traitement par insuline entraîne un changement du
mode de vie, et la nécessité d’une adaptation alimentaire, afin d’équilibrer au mieux la
pathologie. En effet, la concentration de glucides ingérés, le type d’activité physique, sont
autant de déterminants à prendre en compte pour optimiser la quantité d’insuline nécessaire.
Cela induit une connaissance de la composition des différents aliments notamment
concernant leur contenu en glucides et parfois leur index glycémique. Pour surveiller
l’équilibre de leur diabète, et ajuster leur médication, les patients doivent mesurer leurs
glycémies pré-prandiale (avant un repas) et post-prandiale (deux à quatre heures après un
repas). Ils réalisent tous les 3 mois, un dosage de leur HbA1c (Hémoglobine Glyquée), reflet
de leurs glycémies sur les 3 derniers mois. Il s’agit d’un médiateur présumé des complications
du diabète, par son impact sur le stress oxydatif.
14
Le diabète de type 1 est l'une des maladies chroniques les plus courantes de l'enfance et de
l'adolescence, il survient habituellement avant 35 ans, mais peut survenir à tout âge.
Toutes les maladies chroniques métaboliques sont plus à risque de développer des troubles du
comportement alimentaire, et ceux-ci sont davantage présents chez les patients jeunes, du fait
de la transformation physique importante (3). A l’adolescence, et en particulier chez les
jeunes filles, les représentations associées au corps, à la séduction, ou à la mode, occupent une
place essentielle. Ces préoccupations de conformité sociale, fréquemment associées à l’image
du corps, sont liées à l’idée qu’il est important de correspondre à certains critères pour
pouvoir s’intégrer à un groupe, afin de ne pas se sentir exclu ou rejeté. Ces croyances peuvent
rapidement conduire à l’adoption de régimes très stricts, et parfois à une angoisse liée à la
prise de poids.
Les adolescents diabétique de type 1 sont plus à risque de développer un TCA.
Selon le modèle de Peterson, le premier mécanisme responsable de l’apparition d’un TCA
réfère à 1' insulinothérapie fonctionnelle : le calcul des glucides définissant la quantité
d’insuline nécessaire. L’IF engendre des préoccupations alimentaires chez l'individu. Elle
conduirait à des conséquences similaires sur le plan des comportements alimentaires
problématiques, aux diètes et régimes auto-imposés observés chez les personnes sans diabète
(4). Du fait de difficultés à répondre aux exigences de la diète prescrite, certains adolescents
DT1 peuvent développer des comportements de crises de boulimie induits par les affects
négatifs.
Le deuxième mécanisme concerne les fluctuations du poids induites par la variation des doses
d'insuline et les insatisfactions corporelles. Ce mécanisme fait référence à la prise de poids
conséquente de l'insulinothérapie. L'augmentation pondérale accroît les insatisfactions
corporelles et le désir de perdre du poids. Ces éléments peuvent amener l'adolescent à
développer des comportements de restriction alimentaire ou à l’inverse, des omissions
d’insuline telles que retrouvées dans la « diaboulimie ».
Le troisième mécanisme concerne les variations des taux de glycémie causées par les mauvais
dosages d'insuline, et parfois les prises alimentaires induites par les états d'hypoglycémie et la
prise de poids conséquente. Ainsi, les états d'hypoglycémie perçus ou réels peuvent induire
une perte de contrôle de l'alimentation et de réelles crises d’hyperphagie. De telles inquiétudes
autour du poids et de la nourriture sont d’autant plus problématiques à l’adolescence que les
transformations physiques du corps à cet âge sont fortement consommatrices d’énergie et
nécessitent des apports nutritionnels importants.
15
Si s’alimenter fait partie de nos besoins vitaux, force est de constater que les désordres de la
prise alimentaire concernent une partie très importante de la population et qu’ils ont un impact
délétère sur la santé physique et mentale. Les TCA sont fréquents chez les jeunes femmes
vivant dans les pays occidentalisés où la minceur est valorisée. Des études de prévalence
internationales indiquent que 1% à 3% des adolescentes et des femmes jeunes adultes sont
atteintes de boulimie complète, et que les troubles mineurs sont encore plus fréquents (5). Les
taux de ces troubles sont plus faibles mais en augmentation dans les pays moins
occidentalisés, tels que l'Asie et l'Afrique, à mesure que les attitudes occidentales à l'égard du
poids et de la forme deviennent plus omniprésentes. Ces conditions sont particulièrement
préoccupantes chez les jeunes femmes DT1, en raison de leur association à un contrôle
métabolique altéré et à l’apparition plus précoce des complications du diabète (6). Les
facteurs de risque de troubles du comportement alimentaire chez les DT1 sont : l’adolescence
(7), le sexe féminin, l’IMC élevé et l’insatisfaction corporelle, l’absence de structure des repas
familiaux et le manque de soutien familial, la présence de complications du diabète
(acidocétose diabétique fréquente, rétinopathie, néphropathie, neuropathie, etc).(8)
Une étude canadienne datant de 2000, a montré que les troubles du comportement
alimentaire, selon les critères du DSM-IV, sont presque deux fois plus fréquents chez les
adolescentes atteintes de diabète de type 1 que chez leurs pairs non diabétiques (9).
La gestion du poids au cours de l’adolescence peut être particulièrement difficile pour les
personnes atteintes de DT1, certains diabétiques peuvent restreindre ou omettre l'insuline, une
condition connue sous le nom de « diaboulimie », comme forme de contrôle du poids. Ce
terme est une contraction de diabète et boulimie (10). Selon l'ADA : 10 à 20 % des femmes
diabétiques de type 1 ont une diaboulimie, ce trouble prédomine chez les adolescentes et les
jeunes adultes. Le tableau clinique évocateur de ce trouble comprend une HbA1c élevée, des
hospitalisations fréquentes pour acidocétose, une anxiété lors de la pesée, des variations
glycémiques sans raison évidente, parfois un retard pubertaire, une aménorrhée, etc. Ce
trouble est parfois associé à d'autres addictions tels que l’alcoolisme, la toxicomanie,
l’hypersexualité.
Chez les adultes DT1, les comportements alimentaires problématiques rapportés, du plus au
moins fréquent sont : les crises de boulimie, les comportements de manipulation - d'omission
de l'insuline, les vomissements provoqués, l'exercice physique intense, les comportements de
diète et l'usage inapproprié de laxatifs (11). Les pratiques de contrôle du poids sont
prédominantes chez les femmes (37.9%) versus 15.9% chez les hommes, majoritairement en
lien avec l’insatisfaction corporelle et l’absence de cohérence familiale (12).
16
Une étude a révélé que les femmes diagnostiquées avec le diabète de type 1 entre 7 et 18 ans
présentaient un risque significativement plus élevé de développer un trouble de l'alimentation,
que celles qui ont été diagnostiquées dans l’enfance ou à un âge adulte plus avancé (13).
Parmi les types de TCA qui prédominent chez les adultes DTI, prédominent les TCA non
spécifiques (EDNOS). En effet, 10% auraient une anorexie mentale clinique ou infra-clinique,
25% une boulimie clinique ou infra-clinique, 10% une hyperphagie boulimique et 55% un
EDNOS (14).
Chez l’adolescent diabétique, une enquête retrouve une prévalence des troubles du
comportement alimentaire qui augmente avec l’âge et le poids, passant de 7.2 % dans le
groupe insuffisance pondérale, à 32.7 % dans le groupe obèse, et de 8.1 % dans le groupe
d’âge plus jeune, à 38.1% chez les plus âgés (15).
L’American Diabetes Association recommande que l’évaluation des TCA fasse partie de
l’examen de routine des personnes diabétiques. Un dépistage précoce des TCA est crucial,
mais peu réalisé par les médecins diabétologues. Celui-ci permet de mettre en place
rapidement un traitement psychologique et ainsi limiter l’apparition de complications
médicales (16).
Nous avons étudié les TCA chez les patients diabétiques de type 1, via le questionnaire
DEBQ. Celui-ci comprend 3 composantes analysées séparément : la restriction cognitive,
l’externalité, et l’émotivité.
- Selon Le Barzic en 2001, la restriction cognitive a été décrite pour la première fois en 1975.
Elle désigne «l’attitude des sujets qui limitent délibérément leur consommation alimentaire
dans le but de perdre du poids ou pour éviter d’en prendre» (17). D’abord observé chez les
obèses, ce comportement avait alors été interprété comme un facteur prédisposant au
développement de l’obésité parce que, dans certaines conditions, il s’accompagne à long
terme d’une augmentation paradoxale de la consommation alimentaire. Par la suite, ce
comportement a été élargi à tous les individus qui suivent ou ont suivi un régime, quel que
soit leur poids. La restriction cognitive est une complication de la pratique de régimes à
répétition, qui conduit à manger paradoxalement de plus en plus mal quand on cherche à
manger moins, en même temps qu’elle dégrade l’estime de soi et l’humeur des sujets au
détriment de leur relation avec leur entourage (18). Selon cette théorie, les personnes qui
développent la restriction cognitive sont à risque plus élevé de développer un trouble de
l'alimentation.
17
- Le concept d’alimentation émotionnelle (emotional eating) peut se définir comme le fait de
moduler la consommation alimentaire en réponse à un ressenti émotionnel plutôt qu’à celui de
la faim ou de la satiété. Il postule l’existence d’une association étroite entre la régulation
homéostatique de la prise alimentaire et de l’humeur. L’affectivité ferait partie des traits
psychologiques qui augmentent ou diminuent la consommation alimentaire et le contrôle du
poids. Les mécanismes mis en cause sont les mêmes que ceux incriminés dans les abus de
substances ou certaines addictions comportementales: la nourriture serait utilisée pour
«s’automédiquer » d’un ressenti déplaisant (19). La notion d’alimentation émotionnelle (AE)
pourrait rendre compte du fait que, en France, quatre personnes sur dix (44.4%) déclarent
manger plus qu’à leur habitude face au stress (20). L’alimentation émotionnelle peut être
considérée comme une pathologie moderne. En effet, au cours de l’évolution,
l’environnement a considérablement été modifié de telle sorte que la diversité des ressources à
charge hédonique et leur accessibilité ont été amplement favorisées. De plus, pour les produits
alimentaires comme pour les drogues, l’Homme a progressivement appris à en modifier la
composition et les propriétés d’absorption, avec pour résultat qu’ils affectent plus directement
le système cérébral de la récompense (21).
- Selon la théorie de l'externalité de Schachter et Rodin (22), la prise de poids et la perte de
contrôle s'expliquent par « l'alimentation externe », qui est une augmentation de l'apport
alimentaire réponse à des signaux alimentaires externes, plutôt qu'à un état interne de faim ou
de satiété. Cette théorie est soutenue par la disponibilité accrue de nourriture et une
augmentation progressive de la teneur en graisse et en sucre depuis les années 1970 (23). Il a
été avancé que les individus de poids moyen mangeaient essentiellement en réponse à des
stimuli internes (sensation de faim, satiété..), alors que les personnes obèses avaient tendance
à être peu réactives aux sollicitations internes, mais à réagir plus fortement aux stimuli
externes ( Télévision, publicité, fast-food, etc)
Nous avons mis en lien les différentes composantes du comportement alimentaire avec l’étude
de la variabilité glycémique (CV - MAGE et l’HbA1c), des mesures anthropométriques
(poids, IMC, tour de taille et de hanche) et de la peur de l’hypoglycémie (questionnaire peur
des hypoglycémies).
Le but de la présente étude était d'évaluer chez les patients atteints de DT1, l'association entre
les types de comportements alimentaires via le questionnaire DEBQ et leur profil glycémique,
anthropométrique et la peur de l’hypoglycémie.
18
Les troubles du comportement alimentaire de type anorexie, boulimie, BED (Binge eating
disorder) ne sont pas abordés dans ce travail.
19
II Sujets, matériels et méthodes
Nous avons étudié les patients de la Cohorte VARDIA, une étude prospective
observationnelle réalisée dans 9 hôpitaux en France (NCT02790060). Les participants ont été
recrutés de mars 2013 à décembre 2015. Le comité de Protection des Personnes CPP Ouest III
du Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers a approuvé la conception. Tous les
participants à l'étude ont donné leur consentement écrit.
1. Sélection des participants
Les critères d'inclusion étaient : participants âgés de 18 à 75 ans atteints de DT1 traités par
insulinothérapie (sous-cutanée continue ou schémas à multi-injections journalières) pendant
au moins 5 ans, qui ont pu effectuer la surveillance glycémique. Les participants présentant
une situation médicale instable, un changement d'insuline <3 mois, une insuffisance rénale
(débit de filtration glomérulaire estimé <30 ml / min / 1,73 m²), une grossesse / allaitement,
ainsi que les femmes ayant eu une grossesse au cours de l'année précédente ont été exclus.
2. Procédure
Les participants éligibles étaient inscrits de manière prospective dans chaque centre impliqué
(principaux services de diabétologie de la région Grand Ouest). Les participants ont ensuite
été invités à remplir les questionnaires. Nous avons défini les répondants comme tous ceux
qui ont renvoyé leur questionnaire dans les 3 mois et 2 rappels téléphoniques mensuels, et les
non-répondants comme ceux qui n'ont pas renvoyé leur questionnaire dans ce délai.
3. La peur de l'hypoglycémie
Elle a été évaluée à l'aide du questionnaire validé et standardisé HFS-II (24). Le HFS-II
d'origine est constitué de 33 éléments, et de deux sous-échelles: HFS-B (sous-échelle
Behaviour) et HFS-W (sous-échelle Worry). Les 15 éléments de HFS-B (questions 1 à 15),
mesurent les comportements visant à éviter l'hypoglycémie et ses conséquences négatives
secondaires. Les 18 éléments (questions 16 à 33) de HFS-W mesurent les divers aspects liés à
l'hypoglycémie provoquant l’anxiété. Les articles sont cotés sur une échelle de Likert en cinq
points allant de 0 (jamais) à 4 (toujours). Les scores de la sous-échelle HFS-II et le total des
scores, sont établis ainsi : de 0 à 60, de 0 à 72 et de 0 à 132 pour les modèles HFS-B, HFS-W,
et HFS-II, respectivement. Plus le score est élevé, plus la peur de l’hypoglycémie est
importante. Le risque d’hypoglycémie est inhérent à un bon équilibre glycémique. Il existe
20
une version réduite du questionnaire en 8 questions (4 par domaine), qui conserve la même
interprétation (25).
4. L’hypoglycémie clinique
Définie comme étant des symptômes évocateurs d’hypoglycémie (c.-à-d. palpitations,
transpiration, étourdissements), traitée par les patients eux-mêmes, au cours du suivi de 2
semaines. D’après l’American Diabetes Association (ADA), elle devait être accompagnée
d’un taux de glucose plasmatique <3,9 mmol / L (<70 mg/dL) (26).
Les hypoglycémies sévères définies comme toute hypoglycémie grave symptomatique
(altération de la cognition, convulsions, coma) associée à une valeur de glucose <3,0 mmol /
L (<54 mg /dL), requérant l’assistance d’une tierce personne, afin d’assurer le retour à un état
de conscience normale, via l’administration de glucides ou de glucagon. Celles-ci ont été
évaluées au cours des 6 mois précédents.
5. Mesures glycémiques
Au cours des 2 semaines, en plus des 3 glycémies habituelles réalisées avant le repas, les
participants ont été invités à réaliser et notifier pendant 3 jours, 7 automesures glycémiques
(SMBG 7-P) avec leur propre dispositif aux horaires suivants : avant le petit-déjeuner
(07h00), après le petit-déjeuner (8h30), avant-midi (12h), après-midi (13h30), avant dîner
(18h), après dîner (19h30) et de nuit (4H00 du matin).
6. La variabilité glycémique (VG)
La variabilité glycémique fait référence aux fluctuations de la glycémie et a une définition
large. En tant que marqueur du contrôle glycémique, l'HbA1c a été mesurée dans chaque
hôpital à l'aide d'une méthode de chromatographie en phase liquide. La moyenne des
glycémies a été calculée sur la base de profils SMBG 7-P. Afin de limiter l’impact des
données manquantes des profils SMBG 7-P, nous n’avons évalué le VG que chez les patients
ayant trois profils complets SMBG 7-P (21 points considérés) ou deux profils complets
SMBG 7-P (14 points pris en compte). Dans le cas de 3 profils incomplets, nous n’avions
considéré que les participants avec au moins 80% des valeurs de glycémie, c’est-à-dire avec
17 à 19 points.
21
6.1 Le coefficient de variation (CV)
Il s’agit du rapport de l'écart-type à la moyenne des glycémies. Plus la valeur du coefficient de
variation glycémique est élevée, plus la dispersion autour de la moyenne est grande. Plus la
valeur du coefficient de variation est faible, plus l'estimation est précise. Il est généralement
exprimé en pourcentage. Sans unité, il permet la comparaison de distributions de valeurs dont
les échelles de mesure ne sont pas comparables.
L’objectif est un CV < 36 %, seuil validé par l’International Consensus on use of continuous
glucose monitoring (27).
6.2 Le MAGE (mesure des amplitudes des excursions glycémiques)
Il s’agit d’une méthode permettant d’évaluer les fluctuations glycémiques. Elle se base sur le
calcul de la moyenne des amplitudes des excursions glycémiques. Elle permet de quantifier
les excursions majeures (déviation standard supérieure à 1) et exclut les fluctuations
mineures, qui pourraient être importantes (28).
Elle est indépendante de la glycémie moyenne et ne prend pas en compte la fréquence des
fluctuations. Elle reflète la VG indépendamment du taux de glucose.
Plus l’HbA1c est haute, plus le MAGE augmente.
7. Le Questionnaire DEBQ
Nous avons étudié le DEBQ (Dutch Eating Behaviour Questionnaire) chez les patients
diabétiques de type 1. Il s’agit d’un questionnaire créé en 1986 par des Hollandais dont le Pr
T. VAN STRIEN, professeur de psychologie clinique. Ils se sont intéressés aux habitudes
alimentaires des individus obèses, au travers de 3 facteurs indépendants, et se sont basés sur le
questionnaire d’obésité de PUDEL. Ce questionnaire a été validé en français en 1996 (29).
Sur les 100 items du départ, 33 seront maintenus et répartis en 3 scores. Chaque question
permet 5 possibilités de réponses notées de façon croissante de 0 à 5 points. Les réponses
possibles sont : jamais (1 point), rarement (2 points), parfois (3points), souvent (4 points), très
souvent (5 points).
22
Les scores établis sont les suivants:
- Score de restriction: 10 questions (n° 4, 7, 11, 14, 17, 19, 22, 26, 29 et 31) sur la volonté
«organisée» de contrôler son poids.
- Score d'émotivité : 13 questions réparties en deux sous-scores, l'émotivité diffuse pour 4
questions (n° 3, 8, 10 et 28) et l'émotivité définie pour 9 questions (n° 1, 5, 13, 16, 20, 23, 25,
30 et 32).
- Score d’externalité : 10 questions (n° 2, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24, 27 et 33). Ce score permet
de savoir si le sujet est sensible aux stimuli externes des aliments, et à leurs qualités
sensorielles, qui influencent les prises alimentaires.
Pour chaque score, si la moyenne des réponses est supérieure à 30, le sujet est considéré
respectivement : restreint, présentant une alimentation émotionnelle ou une externalité.
Statistiques
Les caractéristiques de la population ont été exprimées en moyenne ± écart-type pour les
variables continues et en pourcentage pour les variables qualitatives. Les coefficients de
corrélation étaient exprimés en utilisant la corrélation de Spearman. Les scores de CV,
MAGE et DEBQ ont ensuite été répartis en quartiles de patients, groupes alors considérés en
variables ordinales. Le nombre de patients par groupe pouvait ne pas être identique selon le
nombre de patients ayant le même score. Les comparaisons des quartiles ont été effectuées par
ANOVA à un facteur ajusté pour l’âge et le sexe puis complétées par une analyse post-hoc de
Tukey-Kramer pour plus de 2 groupes, permettant d’identifier l’influence des facteurs et une
éventuelle interaction statistique. Un p<0,05 était considéré comme statistiquement
significatif. Toutes les analyses statistiques ont été effectuées avec le logiciel JMP 12.2.0
(SAS Institute Inc., Cary, NC, USA).
23
III Résultats
1. Caractéristiques des participants
Cinq cent soixante-dix participants adultes ont été inclus dans l’étude dont 334 ont pu être
analysés car ayant rempli le questionnaire DEBQ. Toutes les caractéristiques des participants
sont présentées dans le tableau 1.
Table 1. Caractéristiques des participants
n = 334
Age (années) 47± 15
Homme 157 (47%) - Femme 177 (53%)
Indice de masse corporelle (kg/m²) 26±4
Poids (kg) 72 kg ±14
Taille (cm) 168 ± 9
Tour de taille (cm) 87 ±14
Tour de hanche (cm) 99 ±11.5
Pression artérielle systolique (mmHg) 128±14
Pression artérielle diastolique (mmHg) 74±10
Débit de filtration glomérulaire (ml/min/1.73m2) 98±17
Diabetes
Durée du diabète (années) 23±13
HbA1c (%) 7,5±0.8
Stage IF (%) 55%
Application IF (%) 50 %
Nb hypoglycémies sévères 2.53 ±4.61
Score HFS ( peur de l’hypoglycémie ) : 67 ±18
Variabilité glycémique
Coefficient de variabilité CV (%) 39 ± 10
MAGE (mg/dL) 118 ± 41
DEBQ
DEBQ-R 26 ± 8
DEBQ-Em 24 ± 10
DEBQ-Ex 22 ± 6
24
L’analyse du DEBQ a concerné 334 patients, qui ont été répartis dans 4 groupes équitables
(n = 83), en fonction de leurs scores DEBQ.
La moyenne du score concernant la restriction (DEBQ-R) était de 26±8,28 [10-48].
La moyenne du score concernant l’émotivité (DEBQ-Em) était de 24±10 [12-56], et celle
concernant l’externalité (DEBQ-Ex) de 22,62 ± 6,47 [10-39].
25
2. Variabilité glycémique
CV et MAGE:
Pour ces deux indices de variabilité glycémique, nous avons constitué 4 groupes équivalents
répartissant les 275 patients. Les groupes comprenaient en moyenne (n = 69) personnes.
Données manquantes (n = 59).
Le groupe 1 comprenait les patients dont la variabilité était moindre, le groupe 4 comprenait
les patients avec la plus grande variabilité glycémique.
Le MAGE moyen était de 118,7 ± 42,2 mg/dL, le CV moyen 39,8 ± 9,8 %.
Les valeurs de MAGE élevées étaient associées à un tour de taille faible (p = 0.006) et avec
un poids faible (p = 0.03). (figure 1)
Les valeurs de CV élevées étaient associées à un tour de hanche faible, à un tour de taille
faible (p = 0.01) et à un poids faible (p = 0.045).
Ces corrélations sont restées statistiquement significatives après ajustement tenant compte du
sexe et de l’âge.
Figure 1 Tour de taille Variabilité glycémique (MAGE ) (p = 0.006).
p : 0.003
26
3. DEBQ-Restriction
Nous avons réparti les 334 patients ayant répondu au questionnaire en 4 groupes équivalents
(valeur moyenne de n = 83). Le groupe 1 comprenait les patients avec le plus faible score de
restriction, le groupe 4 celui avec le plus fort score de restriction.
La moyenne des scores DEBQ-R était de 26,42 ±8.28 [10-48]
Un score de restriction élevé était associé à un poids élevé (p = 0.0001), à un IMC élevé (p
= 0.0001) et un tour de hanche élevé (p = 0.01) (figure 2). Ces données ont été ajustées sur
l’âge et le sexe.
L’ HbA1c ainsi que les échelles de variabilité glycémique : le MAGE et le CV, n’étaient pas
corrélés au DEBQ-R.
La peur des hypoglycémies évaluée par le questionnaire FOH était davantage présente chez
les patients restrictifs (p = 0.02).
Figure 2 IMC selon le DEBQ-Restrictif (p = 0.0001)
p : 0.0001
27
4. DEBQ-Emotionnal
Nous avons réparti les 334 patients ayant répondu au questionnaire en 4 groupes équivalents
(valeur moyenne de n = 83). Le groupe 1 comprenait les patients avec un score d’alimentation
émotionnelle plus faible, le groupe 4 celui avec le plus fort score d’alimentation émotionnelle.
La moyenne des scores DEBQ-Em était de 24 ± 10 [12-56].
Une HbA1c élevée était associée à un score positif du DEBQ-Em. En effet, plus les patients
avaient déclaré des prises alimentaires liées à leur émotion, plus l’HbA1c était élevée. (p =
0.01)
Un score DEBQ-Em élevé était associé à un score de peur de l’hypoglycémie haut. (p =
0.0009) (figure 3). Ces données ont été ajustées sur l’âge et le sexe.
Figure 3 Peur de l’hypoglycémie selon le DEBQ-Emotionnel (p = 0.0009)
p : 0.0005
28
5. DEBQ-Externalité
Nous avons réparti les 334 patients ayant répondu au questionnaire en 2 groupes selon la
médiane (valeur de 23) du score DEBQ -Ex.
La moyenne des scores DEBQ-Ex était de 22,62 ± 6,47 [10-39].
Le poids était plus élevé chez les patients au-dessus de la médiane pour l’externalité
(respectivement 70,0 ± 13,3 kg et 74,2 ± 15,1kg) (p = 0.02) tout comme le tour de taille
(respectivement 87 ± 14cm et 88,3 ± 16 cm) (p = 0.049).
La peur de l’hypoglycémie était plus élevée chez les patients au-dessus de la médiane
pour l’externalité, que pour ceux en dessous (respectivement 66 ± 18 et 70 ± 19) (p = 0.009)
(figure 4).
L’externalité était plus importante chez les patients ayant une durée de diabète plus longue, et
chez ceux présentant une variabilité glycémique plus importante. Ceci était valable pour le
MAGE (p = 0.003) et pour le CV (p = 0.01) avant ajustement, différence qui a disparu après
ajustement sur le genre et l’âge.
Figure 4 Peur de l’hypoglycémie et DEBQ-Externalité (p = 0.009)
p : 0.009
29
IV Discussion
L’étude du questionnaire DEBQ chez nos patients diabétiques de type 1 a mis en évidence
plusieurs points intéressants.
Concernant le comportement restrictif nous retrouvons un poids et un tour de hanche plus
importants chez les patients qui ont le plus haut score de DEBQ-R. Nous pouvons penser que
ce trouble est susceptible de s’initier dès la découverte du diabète, du fait du terme « régime »
alimentaire équilibré, prononcé et répété par l’ensemble du corps médical et paramédical. La
reprise de poids secondaire à l’initiation du traitement par insuline pourrait favoriser une
insatisfaction corporelle, et la restriction alimentaire (30). La restriction cognitive est
responsable d’une prise de poids, que le patient soit diabétique ou non (31). En effet, la
cognition gouverne le comportement alimentaire, le sujet est soumis à une privation
chronique par sa cognition. La levée d’inhibition, ou perte de contrôle, est d’autant plus
importante que la durée de privation a été intense et longue. Cette privation favorise la prise
alimentaire et les compulsions (32). Les nombreux régimes préconisés antérieurement à but
amincissant ont favorisé l’apparition de ce phénomène, relayé par les médias.
Peu d’études ont étudié le DEBQ chez le patient DT1. Une courte communication de 2014 a
été réalisée à Chicago, l’échantillon était faible, de 15 patientes, mettant en évidence un lien
entre l’alimentation restrictive et le mauvais équilibre du diabète (32). Ce résultat avec déjà
été mis en évidence par Polonsky en 1995 (33).
Nous avons constaté que les patients ayant un IMC plus élevé sont ceux ayant une variabilité
glycémique moins importante. L’obésité abdominale entraine une insulinorésistance,
davantage décrite dans le diabète de type 2, se caractérisant par une réponse inadaptée des
cellules cibles de l’insuline. Dans le diabète de type 2, il existe une hyperglycémie chronique
responsable d’un hyperinsulinisme compensateur, qui permet le maintien de l’homéostasie
glucidique. Elle est associée à de nombreuses pathologies et est un élément prépondérant dans
le syndrome métabolique. Il a été décrit une insulinorésistance chez les patients diabétiques de
type 1 de poids normal, en comparaison aux patients témoins appariés (34). Nous pouvons
penser que lorsque l’IMC est élevé, l’insulinorésistance sera plus importante, et la variabilité
glycémique moindre, les patients présentant moins d’hypoglycémies.
La principale limite de notre étude concerne la méthode d’évaluation de la variabilité
glycémique. En effet, seulement 7 surveillances glycémiques sont réalisées par jour. Il aurait
été intéressant d’effectuer une surveillance continue de la glycémie (CGM). Les données de
30
littérature indiquent que le CGM aide à évaluer très précisément le temps passé dans les
valeurs normales de glycémies. Le remboursement du lecteur n’avait pas encore pris effet lors
de l’étude. De plus, la surveillance glycémique est réalisée par les patients eux-mêmes, les
valeurs sont recueillies de façon déclarative dans un carnet, et réalisées avec leur propre
lecteur de glycémie. Les glycémies post-prandiales ont été réalisées 1h30 et non 2h après le
repas, comme il est recommandé par l’HAS (35). Les systèmes de pompe à insuline se
perfectionnent d’année en année et ont été associés à une amélioration du contrôle
glycémique, une réduction des taux d’HbA1c. Alors que la prévalence de l’obésité dans le
diabète de type 1 augmente, les effets des nouvelles options thérapeutiques doivent être pris
en compte dans les résultats de contrôle du poids. Il serait intéressant d’étudier si ces systèmes
permettront aux patients diabétiques de diminuer la restriction cognitive induite par les
consignes alimentaires.
Nous mettons en évidence qu’un comportement alimentaire de type émotionnel est
responsable d’un déséquilibre du diabète (variabilité accrue) et d’une augmentation de
l’HbA1c. Au-delà des symptômes somatiques propres à chacune des maladies chroniques,
celles-ci ont en commun un symptôme majeur émotionnel : l’anxiété. Chez nos patients
diabétiques de type 1, des évènements de vie qualifiés « stressants » sont rapportés en plus
grand nombre que dans les populations contrôlées, dans les 3 années précédant le début de la
maladie (36). Les patients diabétiques de type 1 ont une prévalence élevée au cours de la vie
de troubles anxieux et dépressifs non spécifiés, de phobie simple, de phobie sociale, etc (37).
Certains patients sont porteurs d’une réelle phobie sociale (38) retentissant sur l’équilibre
glycémique : par l'anxiété de performance de certains diabétiques qui à la recherche de
l'équilibre glycémique "parfait" changent trop souvent leurs doses d'insuline, par l'anticipation
anxieuse de l'hypoglycémie exposant de façon spectaculaire au regard d'autrui, etc.
Les patients diabétiques de type 1 présentent volontiers un syndrome dépressif dans la
première année de l’annonce du diagnostic. L'évolution des troubles de l'humeur chez le
diabétique par rapport à des contrôles non diabétiques, est marquée par une fréquence plus
élevée de récidives (39). Les jeunes femmes présentent des récurrences dépressives plus
prolongées (34). Ainsi nous pouvons penser que ces patients sont plus à risque de
déséquilibrer leur diabète du fait d’une émotivité probablement plus importante que leurs
paires non diabétiques. La plupart des études retrouvent une association entre l'anxiété
mesurée par auto-questionnaires ou hétéro-évaluation et le déséquilibre métabolique (37).
31
Le comportement d’externalité est responsable d’une prise pondérale, et d’une variabilité
glycémique accrue chez les patients diabétiques de type 1 (40). Une étude de 2014 suggère
que les indices externes nécessaires à l’auto-gestion du diabète (la dose d’insuline, la
glycémie capillaire, l’activité physique prévue…) peuvent influencer directement le
comportement alimentaire (32). Un grignotage ou un excès alimentaire peut être responsable
d’une variation glycémique, nécessitant parfois des injections d’insuline itératives afin de
maintenir l’équilibre glycémique. Des hypoglycémies peuvent secondairement apparaître,
cela engendre parfois un cercle vicieux difficile à interrompre. Chez certains patients obèses
non diabétiques, la sensation de faim (signal interne) serait moins prégnante que les signaux
alimentaires externes, par exemple la proposition de nourriture de la part de l’entourage (19).
Il s’agit donc d’une théorie du conditionnement, dont les perspectives thérapeutiques qui en
découlent s’appuient principalement sur les notions de rééducations diététiques, de prévention
de santé publique par le biais de campagnes spécifiques ou la régulation de la publicité.
Il existe de multiples questionnaires à la recherche de troubles du comportement alimentaire.
Le Restraint Scale a été élaboré en 1975, il s’agit du premier outil en nutrition. Il évalue la
restriction cognitive et surtout la désinhibition. Le Screen for Early Eating Disorder Signs
(SEEDs) (41) a été réalisé dans le même temps que le DEBQ et le TFEQ (Three Factor
Eating, Questionnaire), étudiant la restriction cognitive, la désinhibition, et le score de faim.
L’EMAQ (emotional appetite Questionnaire), a été créé en 2009. De façon significative, les
scores négatifs EMAQ (émotions négatives) étaient corrélés positivement à l'IMC, et les
scores positifs EMAQ (émotions positives) étaient significativement inversement corrélés à
l'IMC. Ainsi, manger avec des émotions négatives peut contribuer à être en surpoids.
Ces questionnaires peuvent avoir une place fondamentale dans le diagnostic, la prise en
charge et le suivi des patients. Afin de corriger certaines sous-évaluations par ces
questionnaires, il faudra toujours effectuer une enquête alimentaire, et un calcul de la dépense
énergétique (42). La littérature est abondante quant à la présence de TCA chez le diabétique
de type 1 (43). En cas de suspicion de TCA, on peut utiliser le questionnaire de dépistage
SCOFF-F, crée en 1999, qui facilite le repérage de l’anorexie mentale et la boulimie. Il
comporte cinq questions non spécifiques et deux questions subsidiaires spécifiques au DT1
visant à explorer l’instrumentalisation de l’insuline (30). Une réponse positive à au moins
deux questions est évocatrice de la présence d’un TCA.
32
Les conséquences des TCA se traduisent par une variabilité glycémique plus importante, et de
fait une élévation de l’HbA1c et une fréquence plus importante des complications chroniques,
en particulier la rétinopathie (44).
La prise en charge des TCA chez les patients DT1 est particulièrement complexe, et doit
s’appuyer sur une équipe pluri-professionnelle expérimentée, capable d’appréhender les
aspects nutritionnels, psychologiques et environnementaux, mais aussi les problématiques
directement en lien avec le DT1 et son traitement (45). Il est essentiel d’obtenir une alliance
thérapeutique avec le patient pour définir les objectifs thérapeutiques et les moyens d’y
parvenir. Dans tous les cas, la pierre angulaire de la prise en charge reste la psychothérapie
individuelle et/ou familiale (46). La question de la réduction de la variabilité glycémique est
importante, pour la qualité de vie et le confort du patient.
33
V Conclusion
Les patients diabétiques de type 1 ayant un IMC plus élevé sont ceux ayant une variabilité
glycémique moins importante en lien majoritairement avec l’insulinorésistance.
Après analyse du questionnaire DEBQ dans cette population, nous constatons que le
comportement restrictif est responsable de prise de poids.
Le comportement émotionnel est responsable d’un déséquilibre du diabète et d’une
augmentation de l’HbA1c.
Le comportement d’externalité est responsable d’une prise pondérale, et d’une variabilité
glycémique accrue.
La peur des hypoglycémies parait commune à tous les patients ayant un TCA.
34
VI Bibliographie
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diabetes reports, 2013, vol. 13, no 6, p. 909-916.
39
VII Annexes
Annexe 1. Liste des abréviations
AE : Alimentation émotionnelle
CV : Coefficient de variation du glucose
CGM : Mesure Continue du Glucose
DEBQ : Dutch Eating Behaviour Questionnaire
DEBQ-Em : DEBQ Emotionnal
DEBQ-Ex : DEBQ External
DEBQ-R : DEBQ Restrictif
DT1 : Diabète de type 1
DSM IV : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders IV
FOH : ( Fear Of Hypoglycemia ) : peur des hypoglycémies
EDNOS : Eating Disorders Not Otherwise Specified : TCA aspéficique
HbA1c : Hemoglobine glyquée
IF : insulinothérapie fonctionnelle
IMC : Indice de masse corporelle
MAGE : Mesure des amplitudes des excursions glycémiques
SMBG 7-P : « 7-Point self -monitoring of blood glucose » : 7 auto surveillance ponctuelle de la
glycémie
TCA : Trouble du Comportement Alimentaire
VG : Variablité glycémique
40
Annexe 2. Questionnaire DEBQ
1. Quand vous êtes irrité(e), avez-vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne suis jamais
irrité(e)
2. Si vous trouvez un plat savoureux, en mangez-vous plus que d’habitude?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
3. Avez-vous envie de manger lorsque vous n’avez rien à faire?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent J’ai toujours
quelque chose à faire
4. Quand vous avez pris un peu de poids, mangez-vous moins que d’habitude?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne perds jamais
de poids
5. Avez vous envie de manger lorsque vous êtes déprimé(e) ou découragé(e)?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne suis jamais
déprimé(e) ou découragé(e)
6. Si un plat paraît appétissant par son odeur ou son aspect, en mangez vous plus que
d’habitude?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
7. Vous arrive-t-il de refuser de la nourritude ou des boissons que l’on vous offre parce
que vous voulez faire attention à votre poids?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
8. Avez-vous envie de manger lorsque vous vous sentez seul(e)?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne me sens
jamais seul(e)
9. Quand vous voyez ou vous sentez quelque chose d’appétissant, l’envie vous prend-elle
de manger?
41
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne me sens
jamais abandonné(e)
10. Quand vous vous sentez abandonné(e), avez-vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
11. Aux repas, essayez-vous de manger moins que ce que vous auriez envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
12. Si vous disposez de quelque chose d’appétissant, le mangez-vous immédiatement?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
13. Quand vous êtes faché(e), avez-vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne suis jamais
fâché(e)
14. Surveillez-vous exactement ce que vous mangez?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
15. Lorsque vous passez devant une boulagerie, l’envie vous prend-elle d’acheter quelque
chose d’appétissant?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
16. Lorsque quelque chose de désagréable vous attend, avez-vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
17. Mangez-vous volontairement des nourritures peu caloriques?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
18. Lorsque vous voyez d’autres personnes manger, l’envie vous prend-elle également de
manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
19. Quand vous avez trop mange, mangez-vous moins le lendemain que d’habitude?
42
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne mange
jamais trop
20. Avez-vous envie de manger lorsque vous êtes inquiet(e), soucieux(euse) ou tendu(e) ?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne suis jamais
inquiet(e), soucieux(euse) ou tendu(e)
21. Pouvez-vous resister a des nourritures délicieuses?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
22. Mangez-vous volontairement un peu moins pour ne pas grossir?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
23. Quand quelque chose vous contrarie ou ne se déroule pas comme vous le souhaitiez,
avez-vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
24. Si vous passez devant un snack-bar ou un café, avez-vous envie d’entrer prendre
quelque chose de bon?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
25. Lorsque vous êtes énervé(e), avez-vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne suis jamais
énervé(e)
26. Essayez-vous de ne pas manger entre les repas parce que vous surveillez votre poids?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
27. Mangez-vous plus que d’habitude en voyant d’autres gens manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
28. Avez-vous envie de manger quand vous vous ennuyez ou quand vous ne tenez pas en
place?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne m’ennuie
jamais ou je suis toujours calme.
43
29. Pendant la soirée, essayez-vous de ne pas manger parce que vous surveillez votre
poids?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
30. Quand vous êtes anxieux(euse), avez vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent Je ne suis jamais
anxieux(euse)
31. Lorsque vous mangez, tenez-vous compte de votre poids?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
32. Lorsque vous êtes déçu(e), avez vous envie de manger?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
33. Quand vous préparez un repas, avez-vous tendance à manger quelque chose?
Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent
44
Annexe 3. Score HFS II
Item Item content
HFS-B1 Ate large snack
HFS-B2 Kept BG > 150 mmol/L
HFS-B3 Reduced insulin when BG low
HFS-B4 Measured BG six or more times per day
HFS-B5 Take someone with me when out
HFS-B6 Limited out-of-town travel
HFS-B7 Limited driving
HFS-B8 Avoided visiting friends
HFS-B9 Stayed home more than liked
HFS-B10 Limited physical activity
HFS-B11 Made sure others were around
HFS-B12 Avoided sex
HFS-B13 Kept BG high in social situations
HFS-B14 Kept BG high during important tasks
HFS-B15 Had others check on me
HFS-W1 Not recognizing low BG
HFS-W2 Not having food available
HFS-W3 Passing out in public
HFS-W4 Embarrassing mysel in social situation
HFS-W5 Having hypoglycemic episode alone
HFS-W6 Appearing drunk or stupid
HFS-W7 Losing control
HFS-W8 No one to help during hypoglycemia
HFS-W9 Having hypoglylcemia while driving
HFS-W10 Making mistakes or having accidents
HFS-W11 Getting bad evaluation
HFS-W12 Difficulty thinking clearly
HFS-W13 Feeling lightheaded or dizzy
HFS-W14 Injuring myself or others
HFS-W15 Permanent injury to health
HFS-W16 Low BG interfering with important things
HFS-W17 Becoming hypoglycemic while sleeping
HFS-W18 Becoming upset and difficult
45
Annexe 4. Score HFS-II Version courte en 8 questions
Echelle identique pour tous les items :
0 : jamais
1= rarement
2= parfois
3= souvent
4= presque toujours
* Partie comportement Pour éviter une hypoglycémie et ses conséquences, j’ai ..
Diminuer par dose d’insuline quand ma glycémie était basse
Veillé à être accompagné(e) lors de mes sorties
Veillé à ce qu’il y ait d’autres personnes autour de moi
Maintenu ma glycémie plus élevée que d’habitude lorsque je faisais des choses
importantes
* Partie inquiétude : Comme ma glycémie pouvait baisser, j’ai été inquiet/inquiète de …
Me mettre dans une situation embarrassante ou d’embarrasser mes amis en société
Faire une crise d’hypoglycémie lorsque j’étais seul(e)
N’avoir personne autour de moi pour m’aider lors d’une crise d’hypoglycémie
Faire une crise d’hypoglycémie en conduisant
46
Vu, le Directeur de Thèse
Vu, le Doyen De la Faculté de Médecine de Tours
Tours, le
47
48
BAUDRY Valérie-Anne
Nombre de pages : 48, nombre de graphiques : 4
Résumé
Contexte
De façon empirique, nous supposons que le comportement alimentaire influe grandement l’équilibre
glycémique des patients diabétiques de type 1, cependant peu d’études cliniques ont mis en évidence
de telles relations. L’objectif de ce travail était d’étudier chez les patients diabétiques de type 1, les
troubles du comportement alimentaire via le questionnaire DEBQ (Dutch Eating Behaviour
Questionnaire) en relation avec leur profil glycémique et leur anthropométrie.
Méthodes
Trois cent trente-quatre patients diabétiques de type 1 de la Cohorte VARDIA, recrutés de manière
prospective de mars 2013 à décembre 2015 dans 9 centres français, ont été explorés à l’aide du DEBQ.
Ce questionnaire permet d’analyser séparément 3 composantes du mode alimentaire : les troubles
restrictifs, l’émotivité et l’externalité. Nous avons mis en lien chaque composante du DEBQ avec
l’ensemble des caractéristiques des patients : la variabilité glycémique (Coefficient de variation,
Mesure des amplitudes des excursions glycémiques et l’HbA1c), l’anthropométrie (poids, IMC, tour
de taille et de hanche) et la peur de l’hypoglycémie (questionnaire Fear of hypo).
Résultats
Les patients ayant un IMC plus élevé avaient une variabilité glycémique moins importante. Le
comportement restrictif était associé à un poids plus élevé, à une répartition gynoïde de la masse
grasse et à un score plus élevé au questionnaire « peur des hypoglycémies ». Le comportement
émotionnel était associé à un déséquilibre du diabète, et était plus fréquent chez les personnes ayant
une peur de l’hypoglycémie. Le comportement d’externalité était associé à un poids plus élevé, ainsi
qu’à une variabilité glycémique accrue.
Conclusion
Chez les patients diabétiques de type 1, les comportements alimentaires de type restrictif et
d’externalité sont responsables d’une prise pondérale, tandis que le comportement d’externalité ou
émotionnel est responsable d’un déséquilibre du diabète. La peur des hypoglycémies est commune à
tous les types de comportement alimentaire.
Mots-clés : DIABETE TYPE 1, DEBQ, VARIABILITE GLYCEMIQUE,
HYPOGLYCEMIE, TROUBLE DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE.
JURY : Président du Jury : Professeur Pierre-Henri DUCLUZEAU
Directeur de thèse : Docteur Arnaud DE LUCA
Membres du Jury : Professeur François MAILLOT
Professeur Régis HANKARD
Thèse soutenue le 26 avril 2019.