2012CEVIPOF
L’UMP PIÉGÉEL’ex-majorité a été frappée par la
multiplication des candidats dissidents
et la banalisation du Front national.
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LÉGISLATIVESLE PS PLÉBISCITÉTous les ministres ont été élus ou réélus.
La vague rose s’enrichit de nombreux
quadras et de femmes.
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LE FN BRIDÉSa poussée est entravée par la faiblesse
de son implantation locale et limite
la portée de son retour à l’Assemblée.
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A vec 44,6 % des élec-teurs inscrits, l’abs-tention de ce secondtour des élections lé-gislatives a encore bat-tu un record. Ces élec-tions qui existent dans
l’ombre de l’élection présidentielle nemobilisent pas et sont considérées commedes élections secondes qui reçoivent leurlogique de fonctionnement de la premiè-re. Mais, encore plus qu’en 2002 (39,7 %d’abstentions au second tour) et 2007(40 %), l’abstention s’est envolée.
Cet envol est largement dû à une cam-pagne d’entre-deux-tours particulière-ment médiocre où, entre l’affaire dutweet de la compagne du président et legag humoristique dont a été victime Na-dine Morano, on pouvait avoir l’impres-sion que rien ne se disait et que le payscontinuait à ignorer superbement les en-
jeux économiques et financiers d’une Eu-rope en crise grave. Pour ceux qui ontsurmonté cette faible attirance des urneslégislatives, la logique de confirmation duchoix présidentiel a joué à plein.
Comme en 1981, mais sur un mode mi-neur, le Parti socialiste, qui avait gagnél’élection présidentielle, a remporté unemajorité absolue de sièges à l’issue du se-cond tour des élections législatives. En1981, François Mitterrand avait attiré51,8 % des suffrages et le PS et ses alliésdirects, quelques semaines plus tard,58 % des sièges. Cette fois-ci, FrançoisHollande a rassemblé 51,6 % des suffra-ges et le PS et ses alliés immédiats, cinqsemaines plus tard, 54 % des sièges.Même si la dynamique est moins impor-tante qu’en 1981, elle est bien réelle et lagauche a dépassé, lors de ce second tour,la barre des 50 % de suffrages exprimés(51 %), la droite modérée n’en rassem-blant que 44 % et la droite extrême 3,8 %.Avec un tel rapport de forces, l’UMP etses alliés ne pouvaient empêcher la dyna-mique unitaire autour du PS et la capacitéde ce dernier à dégager une majorité ab-solue de sièges en sa faveur.
Le sondage Ipsos (1) réalisé dans les414 circonscriptions où il y avait un duelentre gauche et droite au second tour,montre que la première a bénéficié de trèsbons reports de voix entre forces de gau-che (78 % des électeurs qui avaient choisile Front de gauche au premier tour ontvoté en faveur de la gauche au second,83 % des électeurs d’Europe Écologie LesVerts ont fait de même) alors qu’à droiteet au centre les reports laissaient à désirer(49 % seulement des électeurs du FN ontchoisi le vote à droite au second tour,52 % des électeurs proches du Modem ontfait le même choix). Du fait de cette trèsbonne discipline à gauche, les candidatssocialistes et leurs alliés ont fait le pleindes voix et ont pu bénéficier ici et là del’apport d’électeurs centristes ou frontis-
tes : 42 % des électeurs qui avaient choisiFrançois Bayrou à l’élection présidentielleont voté en faveur de la gauche dans l’en-semble des circonscriptions où il y avaitun duel législatif entre droite et gauche, ilen a été de même pour 29 % des électeursqui avaient voté pour Marine Le Pen.
Ces dissidences électorales en prove-nance du centre et de la droite extrêmeont beaucoup contribué à la dynamiqueélectorale d’une gauche qui ne rassem-blait que 44 % des voix au premier tour del’élection présidentielle et 48 % à l’issuedu premier tour des législatives dans lescirconscriptions en ballottage.
Au lendemain de ces élections législati-ves, la gauche contrôle ainsi 59 % des siè-ges à l’Assemblée nationale (plus de 340sièges), le PS et ses alliés se taillant la partdu lion (314 députés soit plus de 9/10e deseffectifs de la gauche), Europe ÉcologieLes Verts rassemblant 17 élus et le Frontde gauche étant ramené à la portioncongrue de 10 députés.
Cette victoire socialiste va rendre la tâ-che plus facile au gouvernement chargéde mettre en œuvre les propositions deFrançois Hollande. Les négociations duPS sur ces deux flancs, écologiste et com-muniste, seront plus aisées. Cependant,on sait que les victoires larges peuventavoir leurs effets pervers en créant unphénomène de « majorité introuvable »où la surenchère peut venir de son proprecamp. Néanmoins, pour la première foissous la Ve République, un même parti
contrôle l’ensemble des dispositifs dupouvoir du plan national au plan local. LeParti socialiste dirige les deux branchesdu pouvoir exécutif, les deux Assembléeslégislatives, la quasi-totalité des régions,la majorité des départements et des gran-des villes. Même le général de Gaulle et lemouvement gaulliste avaient face à euxun Sénat plutôt hostile et des pouvoirs lo-caux réticents.
Il faudra donc que François Hollandeparvienne à maîtriser cette victoire et quele PS ne cède pas aux tentations du partihégémonique. L’efficacité et la cohérencesont des attributs importants de cette vic-toire, mais l’absence de diversité et decontre-pouvoirs en précise les limites. LePS a presque un devoir de réussite : toutrepose sur ses épaules et il lui sera difficile,à l’avenir, de faire reposer la responsabi-lité d’éventuelles difficultés sur le com-portement d’alliés récalcitrants ou d’op-posants bornés et encombrants.
Un des défis du prochain gouverne-ment Ayrault sera d’introduire uneouverture vers d’autres horizons queceux du seul Parti socialiste ou de la seulegauche. Tout gouvernement porté parune forte majorité sait que l’engouementne dure qu’un moment, que les « lunes demiel » sont éphémères : le PS l’a constatétrès vite après sa victoire de 1981, l’UMPaussi après ses victoires de 2002 et 2007.Le mode de scrutin majoritaire à deuxtours et la logique de ratification propreaux législatives qui suivent directementune élection présidentielle amplifient lavictoire du courant politique dominant etpeuvent donner l’impression d’un mou-vement irrésistible. Cette « ivresse » de lavictoire ne doit pas cacher l’ampleur duretrait abstentionniste (presque 20 mil-lions d’abstentionnistes au second toursur un corps électoral de 43 millionsd’électeurs), la résistance d’une droitemodérée qui rassemble plus de 44 % dessuffrages, l’évanescence d’un centrisme
indépendant mais la pérennité d’un cen-tre droit (20 députés appartenant à cettemouvance ont été élus) et le maintien, làoù il était présent, d’un Front national àun haut niveau. Même battue dans la on-zième circonscription du Pas-de-Calais,Marine Le Pen a augmenté son capitalélectoral, du premier au second tour, deplus de 7 points. Il en a été de même pourles deux députés frontistes élus dans la 3e
circonscription du Vaucluse (+7,4 pourMarion Maréchal-Le Pen) et la deuxièmecirconscription du Gard (+8,2 pour Gil-bert Collard).
Cette séquence de l’élection présiden-tielle et des élections législatives qui l’ontsuivie ont marqué un assez profond re-nouvellement du paysage politique. Lespremiers rôles qui s’étaient imposés en2007 ont quitté la scène : Nicolas Sarkozya pris du champ, Ségolène Royal a disparudans un obscur règlement de comptes in-terne à la famille socialiste, François Bay-rou n’a plus d’ancrage territorial, MarineLe Pen a fait oublier la figure tutélaire deson père.
Des cohortes de nouveaux députés oùles femmes, les nouvelles générations etles Français issus de la diversité sont plusnombreux, entrent à l’Assemblée natio-nale. La société française a changé, le sys-tème politique évolue, les grandes ques-tions sur l’avenir économique et social dupays demeurent. Les réponses politiquesappropriées de demain, d’où qu’ellesviennent, devront prendre en compte cestrois paramètres.(1) Sondage Ipsos pour France Télévisions,
Radio France,LeMonde etLePoint réalisédu 14 au 16 juin auprès d’un échantillon
de 3092personnes inscrites sur les listes
électorales, représentatif de la population
française âgée de 18 ans et plus
Pour la première foissous la Ve République,unmême parti contrôlel’ensemble des dispositifsdu pouvoir du plan nationalau plan local
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PASCALPERRINEAUDirecteur du Centrede recherches politiquesde Sciences Po (Cevipof)
Les dissidences
électorales de la
droite et du centre
ont dynamisé
le PS qui gagne
la majorité absolue
en sièges, rééditant
l’exploit de 1981.
PAGES COORDONNÉES PARJOSSELINE ABONNEAUÉTUDES POLITIQUES DU«FIGARO»
JEAN-CHRISTOPH
EMARM
ARA
/LEFIGARO
mardi 19 juin 2012 LE FIGARO
A
��� �������� ���� ��� �� ���������� ��� �� ��La grève des urnes se singularise par l’émergence d’un électorat jeune intermittent.
ANNEMUXELDirectrice de rechercheCNRS/Sciences Po(Cevipof)
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Guadeloupe Martinique GuyaneLa Réunion Mayotte
Nelle-Calédonie Polynésie fr.
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DÉPARTEMENTS ET COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER
FRANÇAIS DEL’ÉTRANGER
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77Augmentation DiminutionVARIATION EN POINTS
En gris : absence de second tour dans la circonscription (candidat élu dès le premier tour)
Plus de +4 De +2 à +4 De 0 à +2 De 0 à -2 Moins de -2
Infographie LE FIGAROSource : ministère de l’Intérieur
Cartographie réalisée avec Philcarto (philcarto.free.fr)
Évolution de l’abstention entre les deux tours1ER TOUR DES LÉGISLATIVES
Moyenne 42,78 %2D TOUR DES LÉGISLATIVES
Moyenne 43,71 %
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28,9
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35,632,132,431,1
EN % DES INSCRITS 1er tour 2d tour
Évolution de l’abstention aux législatives
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20122007200219971993
Les grands corps de l’État aux commandes, les députéss’inscrivent dans la routine de soutien au gouvernement.
tient à la volonté de vérifier lacrédibilité budgétaire de toutes lespropositions des candidats. Lacrise appelle la restauration d’unefonction de contrôle forte. On a pudéjà constater le rôle nouveaujoué par la Cour des comptes dansle débat public.
Fracture sociale entrel’exécutif et le législatifOr force est de constater qu’ilexiste une fracture sociale entrel’exécutif et le législatif. Si l’As-semblée reste fermée aux ouvrierset aux employés, la majorité desdéputés PS provient de la petite etmoyenne fonction publique alorsque les rouages ministériels sontaux mains de hauts fonctionnai-res. Fait nouveau, ces derniers, àl’image du président et de plu-sieurs ministres, ont fait des éco-les de commerce et l’ENA. Unesociologie rapide des directeurs decabinets et de leurs adjointsnommés depuis le 6 mai montreque 58 % d’entre eux viennent de
l’ENA (43 % sous les gouverne-ments Fillon) et que 14 % sontpassés par une école de commerce(14 % également entre 2007et 2012). De ce point de vue, rienn’a changé. Tout est réuni pourque ces hauts fonctionnairesexpérimentés (de nombreux jeu-nes socialistes ont été indignésd’être écartés ainsi des états-ma-jors) prennent les choses en main,ce qui permettra au gouver-nement de dire « non » et d’im-poser des coupes sombres dans lesdépenses.
Le retour des hauts fonction-naires avec la présidence Hollan-de signifie que la classe politiqueva perdre le terrain gagné pen-dant les années Sarkozy. Le systè-me élitaire français retrouve sonmouvement de balancier en di-rection des grands corps de l’État.La déception risque donc d’être aurendez-vous pour tous les députésde gauche et une politique des« territoires » qui n’aura pas unsou vaillant. �
LA SÉQUENCE électorale du prin-temps 2012 se clôt par une largevictoire de la gauche à l’Assembléenationale, mais aussi par une abs-tention record pour des électionslégislatives sous la Ve République.Le second tour des élections légis-latives amplifie encore la démobili-sation des Français pourtant déjàforte au premier tour (44,4 %
LA MAJORITÉ obtenue par le PartiSocialiste est écrasante. Le gou-vernement pourra donc comptersur le « fait majoritaire » pourfaire voter les principaux chan-tiers législatifs (notamment la ré-forme fiscale) dès l’ouverture de lasession extraordinaire du Parle-ment.
Les alliés du PS ne vont pas pe-ser lourd. Le Front de gauche vamoins souffrir du nombre de sesélus que de l’échec de Jean-LucMélenchon, hautement significa-tif du décalage entre la réalité so-ciale et son analyse politique. LePS peut ainsi se protéger de su-renchères en matière sociale.Quant aux élus Europe Écologie-Les Verts (EELV), ils savent bienque leur siège dépend d’un accordélectoral. Ils n’auront pas le poidsnécessaire pour infléchir la politi-que énergétique d’autant plus quele ministère chargé de l’Environ-nement leur a échappé.
Seule la réforme constitution-nelle (introduction de la propor-
blique est un président sans pou-voir. Le différentiel de participationaux premiers tours de la présiden-tielle et des législatives organisésdans la foulée est devenu la règle : –7,5 points en 2002, – 23,4 points en2007, – 22,3 points en 2012.
Le débat sur la nécessité de trou-ver un autre dispositif et un autrecalendrier électoral est lancé. Ce-lui-ci est complexe : une fusioncomplète du temps présidentiel etdu temps législatif pourrait encorerenforcer la logique présidentielledes institutions.
Politique spectacleL’ampleur de l’abstention doit êtreremise dans le temps long de la cri-se de la représentation politiquedepuis la fin des années 1980. Laclasse politique suscite la méfiancedes Français et nombre d’entre euxse sentent mal représentés par lesgrandes forces de gouvernement.Cette situation favorise les votesprotestataires pour des forces anti-système ou en marge du systèmepolitique, mais cela renforce aussil’utilisation d’une abstention denature critique et politique visant àsanctionner les partis au pouvoir.Les élections intermédiaires dudernier quinquennat ont toutesbattu des records d’une abstention
porteuse de mécontentement àl’encontre du pouvoir en place.
Lors de ces élections législatives,les électeurs proches du Front na-tional ont été plus nombreux queles autres à rester dans l’abstentionau premier comme au second tour :46 % des électeurs de Marine LePen au premier tour de la présiden-tielle et 58 % au second tour (Son-
dages Ipsos). Un malaise à l’égardde l’ordre bipolaire se manifestedans l’électorat de François Bayrouà la présidentielle : 47 % se sontabstenus au premier tour et 49 %au second tour (Sondages Ipsos).
Enfin, à l’heure où la conjonc-ture politique et sociale est parti-culièrement grave en France com-me en Europe, l’abstention peutaussi traduire un certain désarroides Français devant des campagnesélectorales qui ont de moins en
moins de contenus et qui sont deplus en plus arrimées aux vicissitu-des d’une politique spectacle tra-versée par des conflits liés à des af-faires d’ordre privé (affaire DSK,l’affaire du tweet de Valérie Trier-weiler, le coup de fil de Nadine Mo-rano).
Quoi qu’il en soit, l’abstention deces deux derniers dimanchesconfirme bien l’installation dans lepaysage électoral d’un électorat de-venu intermittent. Il s’agit là d’unmodèle de participation qui s’im-pose et, tout particulièrement, dansles nouvelles générations. Les deuxtiers des 18-24 ans (66 % au pre-mier tour et 63 % au second) sontrestés en dehors du scrutin législatifalors que seul un petit tiers s’étaitabstenu au premier tour de l’élec-tion présidentielle. Ce nouveaumodèle, marqué par l’hésitation etla perplexité jusqu’au dernier mo-ment, presque un électeur sur qua-tre se décide le jour même du scru-tin, par l’intermittence du voteselon l’enjeu du scrutin, et par uneabstention qui devient de plus enplus une réponse électorale en tantque telle, redéfinit non seulement laplace et le sens du vote dans nos dé-mocraties, mais aussi plus large-ment les usages contemporains ducivisme et de la citoyenneté. �
« L’utilisation d’uneabstention de naturecritique et politiquevise à sanctionner lespartis au pouvoir »
tionnelle, limitation du cumul desmandats) et la réforme territoriale(que faire des départements ?)pourraient susciter d’âpres négo-ciations… au sein même du PSdont le cœur est constitué d’éluslocaux. Bien que majoritairementà gauche, le Sénat ne va pas toutentériner.
Enfin, la pression de l’Allema-gne conduit à aller vers davantagede fédéralisme budgétaire, unecondition sine qua non posée parAngela Merkel pour accepter lepacte de croissance. Même le votedu budget sera encadré.
Si la fonction législative ordi-naire de l’Assemblée va s’inscriredans une routine de soutien augouvernement, sa fonction repré-sentative reste bien compromise.L’Assemblée a été mal élue. Letaux record d’abstention a montréque le malaise démocratique étaitloin d’avoir été réglé par l’électionde François Hollande. L’Assem-blée est l’expression appauvrie dela société française et semble pri-sonnière des règles dictées par lespartis politiques. Le vote législatifest cependant un vote sur les poli-tiques publiques (l’emploi, l’édu-cation, la santé, l’immigration),souvent lues et interprétées àl’aune d’une réalité locale étroite-ment circonscrite. Il dépend for-
tement de la personnalité descandidats et s’associe de manièretrès variable au vote partisan,comme l’a montré l’affaire deLa Rochelle. Autant l’électionprésidentielle s’est inscrite dans lerejet d’un candidat, autant les lé-gislatives ont produit un simplerésultat arithmétique où l’ontrouve des parachutés, des nota-bles vivant de leur rente électoraleet des trublions locaux… mais où
l’électeur garde toutes ses chancesd’être berné, surtout lorsqu’ilvote Front national.
La crise de confiance historiquedans le personnel politique ne vapas se dissiper. Là, réside sansdoute un vrai danger pour la pré-sidence Hollande qui, finalement,va rester seule devant l’opinion,sans fusible. Reste la fonction decontrôle. La grande nouveauté descampagnes électorales de 2012
Le taux recordd’abstention a montréque le malaisedémocratique étaitloin d’avoir été réglépar l’électionde François Hollande
LUCROUBANDirecteur de rechercheCNRS/Sciences Po(Cevipof)
12 le figaro l cevipof Législatives
contre 42,8 %). Le choix de la nou-velle Assemblée s’est donc fait sanscompter les 20 millions d’absten-tionnistes qui sont restés en dehorsde la décision électorale. Commentinterpréter cette grève des urnes ?
La réforme du quinquennat etl’inversion du calendrier électoraldepuis 2000 ont créé des conditionspropices. Les élections législativessont devenues des élections secon-des, dans l’ombre de l’élection pré-sidentielle. Elles sont devenues desélections de ratification du choixprésidentiel considéré comme dé-cisif. L’enjeu des législatives estpourtant crucial. Sans majorité auParlement, le président de la Répu-
LE FIGARO mardi 19 juin 2012
A
����� ����� �� �� �� ���� �����Candidats dissidents et banalisation du Front national ont fragmenté son électorat.
port au score législatif de 2007. Ladéfaite confirmée du second toursanctionne les difficultés rencon-trées par l’UMP pour surmontertrois handicaps.
Le premier résulte du momentpolitique défavorable où s’est jouéle scrutin législatif. Démoralisépar l’échec de Nicolas Sarkozy,l’électorat UMP se révèle sanssurprise démobilisé. Et les appelsde ses chefs pour installer une co-habitation sont d’autant plusinaudibles en période « d’état degrâce » du nouveau pouvoir, que
de la droite tout entière qu’il s’estagi, les scores des candidats despartis de centre droit se révélantquasi indépendants du niveau del’abstention.
Le second handicap découlejustement des difficultés rencon-trées par l’UMP pour faire régnerl’ordre électoral dans son camp.C’était pourtant un des objectifsqui avait présidé à sa création en2002. Aux termes de dix ans d’ef-forts de Jacques Chirac puis deNicolas Sarkozy pour restaurerl’unité de leur camp, c’est sa frag-mentation qui prévaut aujour-d’hui.
Un peu plus de 600 candidatsappartenant à des formationscentristes et des personnalités lo-cales en dissidence avec leur partiont concurrencé le 10 juin les can-didats de l’UMP. Ils ont rassemblé7,2 % des suffrages (au lieu de5,8 % en 2007) au détriment d’unvote utile en faveur de l’UMP.Dans un nombre non négligeablede circonscriptions, la droite acompté jusqu’à 5 candidats… et2 millions de voix de droite se sontéparpillées hors candidaturesUMP.
Sur les 19 duels gauche-FN desecond tour, on peut estimer quedans 7 cas au moins la dispersion
des voix de droite a empêchél’UMP de franchir le seuil des12,5 % des inscrits nécessairespour accéder au second tour.
Car le troisième handicap quifera sans nul doute date dansl’histoire de l’UMP est la rupturede la digue qui devait selon sesfondateurs assurer l’isolement duFront national.
Dix ans après, c’est la banalisa-tion du parti lepéniste qui prévautpour une fraction des électeurs dela droite qui ont rejoint le FN. Lereflux de l’UMP le 10 juin hors deses zones de force du pourtourméditerranéen, du sillon rhoda-nien et du Nord-Est contraste eneffet avec le renforcement du FNdans ces mêmes territoires(cf. cartes UMP et FN).
La présence du parti de MarineLe Pen le 17 juin dans 57 circons-criptions ne se solde certes quepar deux victoires frontistes maiscontribue à l’affaiblissement del’UMP : elle est évincée dès le pre-mier tour de 19 circonscriptionsoù le FN affronte seul la gauche etgagne moins de la moitié (13 sur29) des triangulaires qui l’oppo-sent au FN et à la gauche.
Au total, l’UMP et ses alliéscomptent 229 élus au lieu des313 sortants.
La recomposition de la droiteentre un pôle centriste fidèle à sesvaleurs libérales et européennes,condamnant les « dérives droitiè-re » de l’UMP et un pôle droitierséduit par les valeurs nationalesdu FN est-elle en marche ? �
ELISABETHDUPOIRIERDirecteur de recherchehonoraires, chercheurassocié au Cevipof
SYLVIESTRUDELProfesseur del’université François-Rabelais (Tours)
Comment un centrisme sans alliance devient fragile.
« Lafragmentationprévaut (…)Deux millionsde voix de droitese sontéparpillées horscandidaturesUMP»
«Le MoDempaye le prix d’undouble choixstratégique deson président,dont lesinconvénients sesont cumulés»
LE 6 MAI 2012, Nicolas Sarkozy estbattu mais laisse l’UMP forte d’uncapital politique de plus de16 millions d’électeurs. Le 10 juin,les candidats de l’UMP n’obtien-nent qu’à peine plus de 9 millionsde suffrages, soit 27,5 % des suf-frages, un recul de 12,5 % par rap-
les sondages nous avaient apprisdurant la campagne que les Fran-çais ne voulaient pas d’une qua-trième cohabitation.
DémobilisationDans les 470 circonscriptions oùl’UMP présente ses propres candi-dats, la corrélation significativeentre leurs scores et les niveaux del’abstention (-0.40) confirme queplus cette dernière a été élevée,plus le score de l’UMP a fléchi. Carc’est bien de la démobilisation desélecteurs de l’UMP et non de ceux
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En gris : absence de candidat
Source : ministère de l’Intérieur
Cartographie réalisée avec Philcarto (philcarto.free.fr)
Vote UMPAU 1ER TOURDES LÉGISLATIVESMoyenne 27,12 %Pour 502 candidats
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De 6 à 37,8
De 4 à 6
De 2 à 4
De 0,3 à 2
En gris : absence de candidat
Source : ministère de l’Intérieur
Cartographie réalisée avec Philcarto
(philcarto.free.fr)
Vote MoDemAU 1ER TOURDES LÉGISLATIVESMoyenne 1,77 %Pour 345 candidats
13le figaro l cevipofLégislatives
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FRANÇOIS BAYROU a perdu untriple pari : celui de son destinprésidentiel, celui de son ancrageparlementaire. Il a aussi perdu lepari du choix stratégique d’auto-nomisation de son parti le Mouve-ment démocrate (MoDem), crééen 2007 dans la foulée de l’entre-deux-tours présidentiel.
L’asymétrie des scrutins prési-dentiel et législatif de 2007 se re-produit en 2012, mais en modemajeur : François Bayrou, quiavait recueilli au soir du premiertour présidentiel 9,1 % des suffra-ges exprimés (soit une contre-performance par rapport à sonscore précédent de 18,6 %) perd
son mandat parlementaire, déte-nu depuis seize ans dans ladeuxième circonscription des Py-rénées-Atlantiques. Il fait les fraisd’une triangulaire, échoue signi-ficativement (à 13 points derrièrela candidate socialiste élue,Nathalie Chabanne). Mais il évitede trois points l’humiliation d’unetroisième place (30,1 % des expri-més contre 27 % à Eric Saubatte,le candidat UMP).
La séquence électorale de 2012se clôt en peau de chagrin, avecseulement deux députés à l’As-semblée nationale (Jean Lassalleréélu dans la 4e circonscriptiondes Pyrénées-Atlantiques, etThierry Robert élu à la Réunion).Au premier tour des législatives,le MoDem avait recueilli moins de2 % des suffrages. Sur 400 candi-dats présentés sous l’étiquette« Centre pour la France » seule-ment 7 se sont qualifiés au secondtour.
Déjà en 1965, Jean Lecanuetvoulant « sortir des classifica-tions » avait tenté l’aventure d’uncentrisme indépendant, mais lessuccessives déconvenues électo-rales du Centre démocrate avaientrévélé les fragilités d’un centresans alliance (41 élus aux législati-ves de 1967, 34 à celles de 1973).
Bipolarisation confirméeEn 2012, le MoDem n’est pas leseul à faire les frais de la domina-tion renforcée des deux grandspartis de gouvernement sur lesystème politique français, puis-que le Front de gauche et le Frontnational ont été, eux aussi, rabo-tés par une bipolarisation gauchedroite une fois encore confirmée.Sans oublier ici les effets spécifi-ques du mode de scrutin unino-minal majoritaire à deux tours, lesdeux partis présidentiels rempor-tent avec leurs alliés directsautour de 90 % des sièges.
En revanche, le MoDem paye leprix d’un double choix stratégiquede son président, dont les incon-vénients se sont cumulés : en prô-nant l’indépendance du parti et enrompant les amarres historiquesd’avec la droite au risque de la« minorisation » et de la margi-nalisation ; en affichant un sou-tien « personnel » à FrançoisHollande, mais sans appel à voterpour le candidat de gauche au ris-que de l’incompréhension et de
l’évaporation d’une partie de sesélecteurs (et de soutiens éventuelsau-delà de ses bases).
La machine à gagner de 2007s’est muée en machine à perdre.Désormais se pose la question dudevenir du centre en situation debipartisme imparfait, de la recon-figuration stratégique de forma-tions centristes émiettées, du des-tin d’un parti marginalisé et del’avenir personnel de FrançoisBayrou. �
mardi 19 juin 2012 LE FIGARO
A
circonscriptions, 60 étant réser-vées pour un candidat Europe Éco-logie-Les Verts (EELV), 32 pour unParti radical de gauche (PRG), 9pour le Mouvement républicain etcitoyen (MRC). Une quarantainede ces circonscriptions réservéesétaient considérées comme gagna-bles. Mais ces accords, ainsi quecertains parachutages ont été par-fois contestés localement, ce qui aconduit à 53 scrutins avec un so-cialiste dissident.
Au soir du premier tour, 23 dé-putés PS avaient été élus contre unseul en 2007. Pratiquement tous lesministres candidats étaient en bal-
lottage favorable, même dans descirconscriptions normalement an-crées à droite comme celle deFrançois Fillon dans la Sarthe oude Renaud Muselier à Marseille.
Le PS recueillait 34,4 % des suf-frages exprimés avec ses alliés duPRG et divers gauche, contre29,3 % en 2007. Il obtenait 5,8points de mieux que François Hol-lande au premier tour présidentiel,progressant tout particulièrementdans ses zones de force, où sonélectorat est probablement restéplus mobilisé.
RajeunissementCette progression se faisait aussi enattirant des voix qui s’étaient por-tées sur Jean-Luc Mélenchon etFrançois Bayrou. Souvent, les par-tis de gouvernement réalisent demeilleurs scores aux législativesqu’à l’élection présidentielle. Lesrésultats du 10 juin le montraientclairement aussi bien pour l’UMPque pour le PS. Mais le PS a bénéfi-cié aussi d’une prime au partivainqueur à l’élection centrale dusystème politique.
Le deuxième tour confirme etaccentue même la victoire socialis-te que le premier tour laissait pré-sager. En pourcentage des suffragesexprimés, le Parti socialiste totalise
40,9 %, les divers gauche 3,1 %, lePRG 2,3 %, soit une gauche modé-rée à 46,3 % à laquelle il faut ajou-ter 3,6 % d’écologistes et 1,1 % degauche radicale, soit un total gau-che à 51 % (contre 44,1% pour ladroite). La répartition des sièges esttout aussi parlante. Le PS obtient lamajorité absolue avec 302 élus so-cialistes, divers gauche et MRC, le
PRG en totalise 12. Les socialistesn’auront donc pas besoin de négo-cier avec les 17 élus EELV, ni avecles 10 Front de gauche pour mettreen œuvre leur programme. Tous lesministres en compétition sont élus,y compris Marie-Arlette Carlotti àMarseille (51,8 % de suffrages ex-primés) et Stéphane Le Foll dans laSarthe (59,5 %).
Ces succès ministériels sont si-gne de l’état de grâce dont bénéfi-cie la nouvelle majorité, ils mon-trent aussi la volonté de certainsélecteurs de droite de garder un
ministre défendant les intérêts deleur circonscription. Par rapport à2007, les socialistes et divers gau-che gagnent une centaine de siè-ges. Leur victoire s’accompagned’une entrée importante de fem-mes à l’Assemblée (106 élues so-cialistes sur 280, soit un pourcen-tage de féminisation jamais atteint)et d’un rajeunissement, avec l’ar-rivée de nombreux quadras.
La comparaison des cartes desélus socialistes en 2007 et 2012montre que les zones de force de lagauche modérée se sont étenduesdu Sud-Ouest vers le nord du Mas-sif central jusqu’à la Saône-et-Loi-re, et vers le sud le long de la Médi-terranée jusqu’aux Bouches-du-Rhône.
Les gains de circonscriptionssont aussi très nombreux dans toutl’Ouest et le long de l’Atlantique enremontant vers le Nord. Les gainssont aussi manifestes dans lesgrandes agglomérations, confir-mant une poussée sociologique fa-vorable à la gauche modérée. En-fin, la création de circonscriptionsreprésentant les Français del’étranger n’a pas donné le résultatprévu lors du redécoupage électo-ral de 2009. Les socialistes y ob-tiennent 7 élus, les écologistes 1,l’UMP seulement 3. �
��� ����� �� �� ������� �� �� ������Les succès ministériels soulignent l’état de grâce de la gauche au pouvoir.
conscription très touchée par lesdifficultés et inégalités sociales.
Le second critère est celui desrésultats par rapport aux électionslégislatives de 2007. En 2007, lescandidats du PC avaient réuni aupremier tour 4,29 % des expri-més, soit légèrement moins qu’en2002 (4,91 %). Comparaison faiteavec le score du Front de gaucheen 2012, il s’agit d’une progres-sion. Mais celle-ci est en trompe-l’œil car le Front de gauche ras-semble d’autres composantes(dont le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon). Le cumul desvoix de l’extrême gauche et cellesdu PC en 2007 représente 6,57 %des exprimés. En 2012, dans lecontexte d’une quasi-disparitionélectorale de l’extrême gauche, cetotal est de 7,95 % des exprimés,soit une faible progression. Ceséléments permettront-ils à Jean-Luc Mélenchon de se positionnercomme celui qui a enrayé l’éro-sion du PC et réussi la fusion desdifférentes familles d’électeurs dela « gauche de la gauche » ? Ilpourrait en être tenté, une fois di-géré sa défaite.
Il n’est toutefois pas certainqu’il pourra en convaincre si l’onprend en compte le troisième cri-tère : les sièges de députés obtenuset l’implantation locale. On a re-
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de la dynamique d’ensemble de laséquence électorale de 2012. Avec6,95 % des voix au premier tourdes législatives, le Front de gauchene prolonge pas la dynamiqueprésidentielle de Jean-Luc Mélen-chon. L’élimination de ce dernier(moins de 12,5 % des inscrits dansla 11e circonscription du Pas-de-Calais au premier tour) face à Ma-rine Le Pen et son arrivée en troi-sième place derrière le candidatsocialiste (finalement élu) sonnentcomme un rappel aux réalités
pour le Front de gauche. Le fou-gueux candidat Mélenchon est-ilun « joker » qu’il ne faut sortirque dans des élections où son im-pact personnel peut donner àplein ? Le fait que Jean-Luc Mé-lenchon n’ait pu réussir son pari,audacieux car le « parachutage »était de trop fraîche date, estd’autant plus frappant si l’on tientcompte de la sociologie de la cir-
marqué que sa géographie électo-rale présentait de nombreuses si-militudes avec la géographiehistorique du vote communiste.Le PC voudra sans donc doute me-surer le « rendement » électorald’une stratégie Front de gauchepar rapport à la traditionnelleunion de la gauche au plan local.
Groupe parlementaireEn 2007, le PC avait obtenu 15 siè-ges de députés, dont certainesfigures emblématiques en Seine-Saint-Denis (Marie-George Buf-fet, Jean-Pierre Brard, PatrickBraouezec, François Asensi) oudans le Nord (Alain Bocquet, MarcDolez). En 2012, plusieurs d’entreeux ont été devancés par des can-didats PS lors du premier tour (enSeine-Saint-Denis pour PatrickBraouezec, qui s’est finalementmaintenu et a été battu, ou Jean-Pierre Brard), ont réalisé de moinsbons scores qu’en 2007 (Marc Do-lez dans le Nord) ou n’ont pas pro-fité à plein de la dynamique de la
gauche. La récolte 2012 est doncplus maigre que celle de 2007 ennombre de sièges, seulement 10.Les succès de Marie-George Buf-fet, Marc Dolez, André Chassaigneou Alain Bocquet ne compensentpas le manque à gagner.
Le Front de gauche ne peut ob-tenir de groupe parlementaire,sauf se regrouper avec quelquesdéputés de gauche élus mais sansgroupe ou à obtenir un abaisse-ment du seuil à 10 députés. Dans laperspective d’une législature mar-quée par les réformes voulues parFrançois Hollande, par la questionde la dette publique et de la crisede l’euro, le positionnement duFront de gauche vis-à-vis du gou-vernement sera une donnée inté-ressante à suivre. Le PS n’en a pasfini avec le Front de gauche si laquestion européenne occupe uneplace importante dans l’agenda dunouveau pouvoir. La voix de Jean-Luc Mélenchon trouvera à s’ex-primer en dehors des bancs del’Assemblée nationale. �
Le PC voudra mesurerle « rendement »d’une stratégie Frontde gauche par rapportà la traditionnelleunion de la gauche
PIERREBRÉCHONProfesseurà Sciences Po Grenoble
COMME on l’a pratiquement tou-jours observé lorsque des législati-ves suivent une présidentielle, lesélections des 10 et 17 juin ontconfirmé le résultat du scrutinprécédent et donné au présidentélu le 6 mai la majorité parlemen-taire dont il a besoin pour mettreen œuvre son programme. Le PSprésentait des candidats dans 459
BRUNOCAUTRÈSChercheur CNRSau Cevipof,enseignant à Sciences Po
LES RÉSULTATS obtenus par la« gauche de la gauche » lors deslégislatives se réduisent assez for-tement à ceux du Front de gauche.Ces scrutins se sont inscrits pourle Nouveau Parti anticapitaliste(NPA) et Lutte ouvrière (LO) dansle droit fil de leurs maigres résul-tats à la présidentielle, voire ils ontamplifié cette tendance jusqu’à laquasi-disparition électorale. Avecmoins de 1 % des votes exprimés,les deux formations de l’extrêmegauche (pourtant fortement pré-sentes dans quasiment toutes lescirconscriptions), signent un trèsmauvais résultat en 2012.
Au sein du Front de gauche, lePCF dominait largement les can-didatures puisqu’il avait investi418 candidats, le Parti de gauchereprésentant le Front de gaucheuniquement dans 102 circons-criptions. Les autres composantesdu Front de gauche n’étaient defait que très faiblement présentes.
Les résultats du Front de gauchedoivent s’apprécier par rapport àtrois critères. Le premier est celui
Guadeloupe Martinique
GuyaneLa Réunion Mayotte
Nelle-Calédonie Polynésie fr.
Wallis-et-
Futuna
St-Pierre-
et-Miquelon
St-Martin et
St-Barthélemy
OUTRE-MER
FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER
65432
1110987
1
Lille-Roubaix-Tourcoing
Lyon
Nice
MarseilleMontpellierToulouse
Bordeaux
Agglomérationparisienne
Paris
Strasbourg
64
66
40
33
2 B
2 A
24
44
35
85
17 16
79 86
19
8723
49
22
56
29
50 14
61
5372 45
1836
37
4189
21
58
39
25
88
55 5751
1052
080260
27
8076
6259
7593
94
92
54
68
67
9070
71
28
65 09
32
46
12
81
34
30
83
84
05
04 06
13
48
1543
63 42
03
016974
73
38
2607
82
1131
47
95
95
78
78
91
91
77
77
EN %DES SUFFRAGESEXPRIMÉS PARCIRCONSCRIPTIONS
Info
gra
ph
ie LE
FIGA
RO
De 50 à 67,2
De 40 à 50
De 30 à 40
De 2,2 à 30
En gris : absence de candidat
Source : ministère de l’Intérieur
Cartographie réalisée avec Philcarto
(philcarto.free.fr)
Vote PSAU 1ER TOURDES LÉGISLATIVES
Pour 472 candidats
Moyenne 29,35 %
Guadeloupe Martinique
GuyaneLa Réunion Mayotte
Nelle-Calédonie Polynésie fr.
Wallis-et-
Futuna
St-Pierre-
et-Miquelon
St-Martin et
St-Barthélemy
OUTRE-MER
FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER
65432
1110987
1
Lille-Roubaix-Tourcoing
Lyon
Nice
MarseilleMontpellierToulouse
Bordeaux
Agglomérationparisienne
Paris
Strasbourg
64
66
40
33
2 B
2 A
24
44
35
85
17 16
79 86
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8723
49
22
56
29
50 14
61
5372 45
1836
37
4189
21
58
39
25
88
55 5751
1052
080260
27
8076
6259
7593
94
92
54
68
67
9070
71
28
65 09
32
46
12
81
34
30
83
84
05
04 06
13
48
1543
63 42
03
016974
73
38
2607
82
1131
47
95
95
78
78
91
91
77
77
EN %DES SUFFRAGESEXPRIMÉS PARCIRCONSCRIPTIONS
Info
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RO
De 10 à 46,57
De 7 à 10
De 5 à 7
De 0,3 à 5
En gris : absence de candidat
Source : ministère de l’Intérieur
Cartographie réalisée avec Philcarto
(philcarto.free.fr)
Vote Frontde gaucheAU 1ER TOURDES LÉGISLATIVESMoyenne 6,91 %Pour 557 candidats
14 le figaro l cevipof
L’extrême gauche (NPA, LO) disparaît du paysage électoral.
Législatives
Le PS a bénéficiéd’une prime au partivainqueur à l’électioncentrale du systèmepolitique
LE FIGARO mardi 19 juin 2012
A
��� ������� ����� � � �����������La poussée frontiste est entravée par la mauvaise implantation locale du parti.
que à la fois par la forte abstention,qui touche plus particulièrementl’électorat populaire, mais aussipar le fait que près de 20 % desélecteurs lepénistes s’étant dépla-cés lors du premier tour des légis-latives ont voté UMP.
Cela démontre la capacité decertains élus de droite à contenirsur leur nom et dans leur territoirela poussée frontiste et illustre in-versement le déficit d’implanta-tion dont souffre le FN, qui ne par-vient pas encore à aligner unnombre significatif de candidatsconnus et reconnus pouvant capi-
Dans les 28 triangulaires où le FNétait représenté cette année(4triangulaires annoncées n’ayantpas eu lieu du fait du retrait de can-didats dans l’entre-deux-tours), lebilan est nettement moins lourdpour la droite qu’en 1997. En effet,on dénombre 14victoires pour lagauche contre 12pour la droitemais aussi, fait majeur, 2 succèspour le FN avec Gilbert Collard etMarion Maréchal-Le Pen.
Dans cette configuration detriangulaire, le FN est passé enmoyenne de 24,5 % au premiertour à 22 % au second, soit unebaisse de 2,5 points seulementalors qu’il avait reculé de 5 pointsen 1997.
Porosité de l’électoratIl a par ailleurs été beaucoup ques-tion de la porosité entre l’électoratde droite et celui du FN durant cet-te campagne, ce phénomène de-vant notamment se manifester parde bons reports des électeurs dedroite sur les candidats frontistesrestés en lice au second tour. Dansles 21 cas de duels FN-gauche, leparti frontiste enregistre effective-ment un gain de 16,2 points, pas-sant de 23 % au premier tour à
39,2 % au second en moyenne :cette progression avait déjà été de13,6 points en 1997 dans la mêmeconfiguration (23,8 % au premiertour et 37,4 % au second).
Le report d’électeurs de droitesur le FN pour faire barrage à lagauche s’effectuait donc déjà dansdes proportions très proches en1997. De surcroît, dans les 9 cas deduels FN-droite, la hausse du FNentre les deux tours a été cette an-née de 16,7 points, soit un gain demême ampleur que face à la gau-che. Ces chiffres relativisent l’idéeque les réserves de voix du FN ne sesitueraient qu’à droite… Et dans lamême configuration, la pousséefrontiste dans l’entre-deux-toursavait été bien moindre en 1997 : 8,9points à l’époque.
Ces chiffres illustrent bien la ca-pacité de progression du FN dansl’entre-deux-tours en cas de duel,Florian Philippot gagnant 20pointsface à la gauche en Moselle (46,3 %au second tour) et Lydia Schénardi22 points face à la droite dans lesAlpes-Maritimes (pour atteindre44,8 %), par exemple.
On relèvera que les deux siègesgagnés par le FN, un des princi-paux enseignements de ce scrutin,ont été obtenus dans des triangu-laires, la victoire dans le cadre deduels apparaissant encore très dif-ficile, même si, avec 49,9 % dessuffrages, Marine Le Pen échoue detrès peu à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). �
DANIEL BOISDirecteur de recherche(FNSP) au Cevipof,le Centre de recherchespolitiques de Sciences Po
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De nouvelles personnalités locales émergentavec l’appui du PS.
Sortis affaiblis de la séquenceélectorale de 2007, où les succèsdes environnementalistes et enparticulier de Nicolas Hulot,avaient monopolisé l’attentiondes médias et des acteurs politi-ques, les Verts conviennent en2009 de renouveler leur appareilpolitique.
Une nouvelle organisation, Eu-rope Écologie-Les Verts (EELV),regroupe l’ancien parti des Vertsavec des militants des associationsenvironnementales qui ont faitleurs premières armes lors de lacampagne de 2007.
Cette nouvelle donne permet àl’écologie politique d’engrangerune série de victoires lors desélections européennes de 2009(16 %), puis au cours des régiona-les de 2010 (12 %), réussitesconfirmées en 2011 par une entrée
au Sénat, grâce à l’appui du Partisocialiste.
Fort de ces succès, EELV négo-cie à l’automne 2011 un accordélectoral très avantageux avec leParti socialiste : 60 circonscrip-tions seront réservées aux candi-dats écologistes tandis que le Partisocialiste admet une très sérieuseréduction du programme nucléai-re Français.
Au printemps 2011, les adhé-rents Verts ont aussi choisi, nonsans hésitation, leur candidat(e) àl’élection présidentielle : au trèspopulaire, mais pas très « Vert »,Nicolas Hulot, ils ont préféré latrès rigoureuse Eva Joly, auréoléede son passé de magistrate anti-corruption. Ce choix va malheu-reusement s’avérer peu judicieux.Très rapidement, Eva Joly perd laconfiance du public, parfois enraison de déclarations étranges(l’idée de supprimer les célébra-tions du 14-Juillet), le plus sou-vent par une attitude peu amène,qui lui aliène assez vite le capitalde sympathie dont elle disposait àl’origine. De sondage en sondage,
son potentiel électoral est révisé àla baisse. Le verdict électoral du22 avril confirme son échec :2,3 %.
Résistancede certains élus PSBon gré mal gré, le Parti socialisteva formellement respecter sonaccord électoral avec EELV : envi-ron 60 candidats Verts ne trou-vent en face d’eux aucun concur-rent officiel du PS. Mais lessocialistes locaux font souventpreuve d’indiscipline. Ainsi àLyon, où le radical de gaucheThierry Braillard, activementsoutenu par le maire de Lyon, Gé-rard Collomb, maintient sa candi-dature au détriment du candidatVert Philippe Meirieu.
Ce cas de figure est la règle plusque l’exception : au total, il se re-produit dans deux tiers des cir-conscriptions concernées, avecdes résultats variables selon que lecandidat bénéficie ou non d’unenotoriété locale.
Le bilan du premier tour desélections législatives témoigne
que, là où ils bénéficient de l’appuidu Parti socialiste, les candidatsd’Europe Écologie-Les Verts ob-tiennent des résultats honorables.En moyenne, dans la soixantainede circonscriptions « réservées »,les candidats du parti écologisterecueillent 24,8 % des suffrages.Les réussites de leaders des Vertsdéjà reconnus peuvent être no-tées : la victoire, dès le premiertour de Noël Mamère dans son fiefde Bègles (Gironde), les succèsleur assurant la victoire au secondtour de François de Rugy à Nantes(Loire-Atlantique) (47,8 %) ou deCécile Duflot à Paris (48,7 %).
Cette élection fait aussi appa-raître de nouvelles personnalitéslocales telles que Michèle Bonne-ton dans l’Isère (37,2 %) ou ÉricAlauzet à Besançon (Doubs)(36,8 %). Mais la concurrencemaintenue par la présence decandidats qui ne respectent pasl’accord entre EELV et le Parti so-cialiste occasionne des dégâts : àLyon, Philippe Meirieu est éliminédès le premier tour.
Présents dans près de 40 cir-
«Certains élusde droiteparviennentà contenir surleur nom et dansleur territoirela pousséefrontiste»
conscriptions au second tour, lescandidats d’EELV obtiennent autotal 17 élus, et donc la possibilitéde disposer d’un groupe à l’As-semblée. Résultat qui confirme lesuccès de leaders connus (CécileDuflot avec 72,2 %, Denis Baupinavec 64,7 %, François de Rugyavec 58,9 %), mais aussi l’émer-gence d’autres personnalités : Mi-chèle Bonneton (Isère), Eva Sas(Essonne), Paul Molac (Morbi-han), Danielle Auroi (Puy-de-Dô-me) ou encore Sergio Coronado(Français de l’étranger, deuxièmecirconscription Amérique latine,centrale et Caraïbes).
Pour tempérer ce réel succèsdes écologistes, il faut cependantnoter que, lors du premier tourdes élections législatives, les can-didats d’EELV n’ont recueilliqu’environ 4 % des suffrages dansles circonscriptions où ilsn’étaient pas soutenus par le Partisocialiste. Ce qui tend à montrerque, pour les écologistes, saufadoption d’une dose de propor-tionnelle, hors du Parti socialiste,point de salut. �
«En moyenne,dans la
soixantaine decirconscriptions« réservées »,
les candidats duparti écologiste
recueillent24,8 % des
suffrages»
taliser sur leur image personnelle.Compte tenu de l’abstention et duscore moyen du FN, 61 candidatsfrontistes étaient néanmoins enmesure de se maintenir au soir dupremier tour. Le pouvoir de nui-sance du parti de Marine Le Penapparaît donc bien réel cependant,il est nettement moindre qu’en1997 (133 candidats présents au se-cond tour) mais aussi qu’en 1993(95 cas). À droite, le souvenir deslégislatives de 1997 et de ces76triangulaires qui s’étaient sol-dées par 47 victoires pour la gau-che reste cuisant.
JÉRÔMEFOURQUETDirecteur du départementopinion et stratégiesd’entreprise de l’Ifop
En dépit d’une bonne dynamiqueen sa faveur en avril dernier, lemouvement frontiste a pâti d’unedécote de 4 points au premier tourdes législatives : 13,7 % contre17,9 % pour Marine Le Pen à laprésidentielle. Ce tassement déjàobservé en 2007 et en 2002 s’expli-
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De 18 à 42,4
De 14 à 18
De 10 à 14
De 0,7 à 10
En gris : absence de candidat
Source : ministère de l’Intérieur
Cartographie réalisée avec Philcarto (philcarto.free.fr)
Vote FNAU 1ER TOURDES LÉGISLATIVESMoyenne 13,6 %Pour 571 candidats
Guadeloupe Martinique
GuyaneLa Réunion Mayotte
Nelle-Calédonie Polynésie fr.
Wallis-et-
Futuna
St-Pierre-
et-Miquelon
St-Martin et
St-Barthélemy
OUTRE-MER
FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER
65432
1110987
1
Lille-Roubaix-Tourcoing
Lyon
Nice
MarseilleMontpellierToulouse
Bordeaux
Agglomérationparisienne
Paris
Strasbourg
64
66
40
33
2 B
2 A
24
44
35
85
17 16
79 86
19
8723
49
22
56
29
50 14
61
5372 45
1836
37
4189
21
58
39
25
88
55 5751
1052
080260
27
8076
6259
7593
94
92
54
68
67
9070
71
28
65 09
32
46
12
81
34
30
83
84
05
04 06
13
48
1543
63 42
03
016974
73
38
2607
82
1131
47
95
95
78
78
91
91
77
77
EN %DES SUFFRAGESEXPRIMÉS PARCIRCONSCRIPTIONS
Info
gra
ph
ie LE
FIGA
RO
De 25 à 52
De 6 à 25
De 3 à 6
De 0,2 à 3
En gris : absence de candidat
Source : ministère de l’Intérieur
Cartographie réalisée avec Philcarto
(philcarto.free.fr)
Vote EuropeÉcologie-Les VertsAU 1ER TOURDES LÉGISLATIVESMoyenne 5,46 %Pour 462 candidats
15le figaro l cevipofLégislatives
mardi 19 juin 2012 LE FIGARO
A
�� ����� �� � ������ ���� ��� ���� � �����Orientations culturelles, urbanisation, tertiarisation modèlent une nouvelle géographie électorale.
Hauts-de-Seine
St-DenisSeine-
Val-de-Marne
Paris
Creuse
Allier
Dordogne
Corrèze
Loire
Haute-Loire
Cantal
Puy-de-Dôme
Aveyron
LozèreLot
Haute-Vienne
Ain
Aisne
Alpes-de-Haute-Provence
Hautes-Alpes
Alpes-Maritimes
Ardèche
Ardennes
Ariège
Aube
Aude
Bouches-du-Rhône
Calvados
Charente
Charente-Maritime
Cher
Corse-du-Sud
Haute-Corse
Côte-d’Or
Côtes-d’Armor
Doubs
Drôme
Eure
Eure-et-Loir
Finistère
Gard
Haute-Garonne
Gers
Gironde
Hérault
Ille-et-Vilaine
Indre
Indre-et-Loire
Isère
Jura
Landes
Loir-et-Cher
Loire-Atlantique
Loiret
Lot-et-Garonne
Maine-et-Loire
Manche Marne
Haute-Marne
Mayenne
Meurthe-et-Moselle
Meuse
Morbihan
Moselle
Nièvre
Nord
Oise
Orne
Pas-de-Calais
Pyrénées-Atlantiques
Hautes-Pyrénées
Pyrénées-Orientales
Bas-Rhin
Haut-Rhin
Rhône
Haute-Saône
Saône-et-Loire
Sarthe
Savoie
Haute-Savoie
Seine-Maritime
Seine-et-Marne
Deux-Sèvres
Somme
Tarn
Tarn-et-Garonne
Var
Vaucluse
Vendée
Vienne
Vosges
Yonne
Yvelines
Yvelines
Terr.-de-Belfort
Val-d’Oise
Val-d’Oise
Essonne
Essonne
Lille-Arras
Lyon
Nice
Marseille
Montpellier
Agglomération parisienne
Bordeaux
Toulouse
Paris
Strasbourg
Source : ministère de l’Intérieur Cartographie réalisée avec Philcarto (philcarto.free.fr)
Circonscriptions gagnées par la gaucheTOTAL DES SCORES DES CANDIDATS DU PS, DU PARTI RADICAL DE GAUCHE,
DIVERS GAUCHE ET EUROPE ÉCOLOGIE - LES VERTS,
en % des suffrages exprimés
Rapport gauche-droiteau second tour des législatives
en France métropolitaine
Plus de 60 (ou candidat élu au 1er tour)
De 55 à 60
De 50 à 55*
Circonscriptions gagnées par la droiteTOTAL DES SCORES DES CANDIDATS DE L’UMP, NOUVEAU CENTRE,
ALLIANCE CENTRISTE, PARTI RADICAL, DIVERS DROITE ET DEBOUT LA RÉPUBLIQUE
en % des suffrages exprimés
*Dans le cadre des triangulaires, le score obtenu peut être inférieur à 50 %
Plus de 60 (ou candidat élu au 1er tour)
De 55 à 60
De 50 à 55*
Circonscription remportée par le Modem
Circonscription remportée par le FN ou l’extrême droite
Lille-Arras
Lyon
Nice
MarseilleMontpellier
Agglomérationparisienne
Bordeaux
Toulouse
Paris
Strasbourg
CIRCONSCRIPTIONSQUI ONT VOTÉ POURFRANÇOIS HOLLANDE,
en % des suffrages exprimés
Résultats au 2d tourde la présidentielle dansles circonscriptions de la Métropole
Plus de 60
De 55 à 60
De 50 à 55
CIRCONSCRIPTIONSQUI ONT VOTÉ POURNICOLAS SARKOZY,
en % des suffrages exprimés
Plus de 60
De 55 à 60
De 50 à 55
Info
gra
ph
ie LE
FIGA
RO
16 le figaro l cevipof Législatives
Mayenne, l’Ouest sarthois ou en-core l’Orne. À l’Est, des terrescomme la Savoie, la Meuse ou lesVosges voient d’anciennes con-trées de droite céder à la pousséesocialiste.La droite résiste dans l’Ouest in-
térieur, le grand bassin parisien,l’Est de tradition républicaine etpatriote, les départements de tra-dition catholique qui vont de laHaute-Savoie au sud du MassifCentral ainsi que dans nombre deterres de la Provence et de la côteméditerranéenne orientale.Les glissements des valeurs reli-
gieuses et des orientations cultu-relles ainsi que les évolutions so-ciologiques des populations de cesdivers territoires contribuent àéclairer ces recompositions de lacarte électorale. Sécularisation, li-béralisation des préférences cultu-relles, tertiarisation et urbanisa-tion sont autant de vecteurs de lapoussée de la gauche et de son ins-cription dans l’espace national.�
PASCALPERRINEAUDirecteur du Centrede recherches politiquesde Sciences Po (Cevipof)
La France de gauche qui se dessineau lendemain du deuxième tourdes élections législatives renoueavec une géographie traditionnelleque l’on connaît bien : celle d’ungrand Sud-Ouest qui se retrouvedans une gauche républicaine de-puis la fin du XIXe siècle, celled’une France centrale très laïqueet détachée de la religion, celle duMidi rouge du Languedoc-Rous-sillon jusqu’aux Bouches-du-Rhône et celle d’une France duNord où la gauche s’était enraci-née dans un vieux tissu industriel.À ces vieux bastions, se sont
ajoutés, au fil des ans, des pans en-tiers de l’Ouest où le socialismepénètre de vieilles régions de droi-te où la culture catholique est enfort recul.Cette avancée commencée il y a
plusieurs décennies se poursuitavec des percées étonnantes de lagauche dans des départementscomme le Maine-et-Loire, la