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Tous droits réservés – www.hamadoun-tandina.com 1 / 26 Hamadoun Tandina Avec Ali Farka Touré 1) Tombouctou 2) La sécheresse 3) Le sorcier Sénoufo 4) Le portrait peuhl 5) Mopti jeunesse 6) Mariam de Goundam 7) Index de l’an 2000
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Textes et contes de Hamadoun Tandina - Sagittal.biz ta couche de sable, ... Une mère de famille, ... Ténenkou de Boro Haman Sallah ! Parle-moi, Parle-moi d'Oumarouwel Samba Dondo.

May 20, 2018

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Hamadoun Tandina Avec Ali Farka Touré

1) Tombouctou 2) La sécheresse 3) Le sorcier Sénoufo 4) Le portrait peuhl 5) Mopti jeunesse 6) Mariam de Goundam 7) Index de l’an 2000

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Tombouctou : Au bout du monde, entre le fleuve et le désert, Tombouctou, ou l’aboutissement d’un rêve, accueille ses visiteurs venant des quatre coins de la terre. TOMBOUCTOU, LA MYSTERIEUSE A un pas et demi du fleuve, A zéro mètre du désert, Sous le vaste ciel saharien, Un paysage à bord du chagrin Laissant voir des dunes de sable S’étendant à perte de vue : Tombouctou ! Avez-vous déjà visité Tombouctou la ville mystérieuse ? Cité célèbre du savoir, Sœur de Djenné, Depuis Koroyomé, Kabara ou son aéroport, Jusqu'aux bancs des sables, Battants du Sahara, Repoussant le fleuve Niger Vers la cité des Askias. Tombouctou ! C'est là que René Caillé, Abdallah, Explorateur français, Au petit matin du vingt Avril Mil huit cent vingt-huit, Dans la grande mosquée De Djingarey-ber, Les bras ballants, la tête basse, A perdu son bâton de pèlerin Pour se confondre joyeusement A la fervente population De la grande famille de Bouctou. Tombouctou ! Du fort Cheik Sidi El Békaye, Le camp militaire, Au cimetière Sidi Mahmoud, Au bout de la cité, Partout dans le silence Des profondeurs terrestres, Reposent en paix, Trois cent trente trois saints, Savants choyés d'Allah, Porte-drapeau de l'Islam, Gardiens de la ville

Qui vit tant de tombes. « Sadatta » ! Dans le coquillage béni De ta couche de sable, Tes maisons en banco, Joliment revêtues de calcaire, S'élèvent dans le ciel saharien, Dominant le cours mystérieux De tes ruelles tortueuses Vers les places de réjouissance : Fatouma Raffa à la Habbouza ! Et le soleil se lève sur la mystérieuse, Tombouctou, Tombouctou la ville mystérieuse. "Héri", l'outre d'eau douce sur le Bellah aux larges épaules, "Kara konno", le pain chaud à la ceinture du marché, "Lindjé koy", le portefaix entre les véhicules de transport, "Houndé bakoy", le lait frais, "Djéna-Djéna",le lait caillé, "Kossam", pour calmer les enfants et nourrir gracieusement La Nana Fatouma de Sanaïdi, A l'étage enfermée. "Djingarey fitila boulanga", le karité d'éclairage de la mosquée, "Kankani", la pastèque périodique, "Addafouga" des chevaux talentueux, "L'Azalaï" des chameaux inexorables, Le "dodo" des nuits blanches Du mois de Carême, La danse du Challo au clair de lune. Tombouctou ! Et le soleil se lève encore Sur la mystérieuse, Tombouctou, Tombouctou la ville mystérieuse.

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Dans le salon d'honneur Des élus de l'Islam, Sur le tapis sacré Des serviteurs d'Allah, Saluons les fidèles Imams Qui ont piétiné ici-bas Les loisirs de la vie, Pour le salut de l'au-delà. Djingarey-ber appelle Alpha Sane Chérif, Gorko Maoundo Ben Alpha Ber, Hamadoun Oumar Ben Alpha Saïd, Alpha Sane Ben Mohamed El Sayouti, Mohamoud Ben El Moctar, Baba Alpha Sane, Alpha Hoummal Ben Alpha Sane. Sidi Yahiya appelle Sallah Ben Mohamed, Sarmoye Wangara, Bagno Wangara, Baba Wangara, Baba Alpha Oumar, Sidi Mahamoud Wangara, Ahmed Bagno Wangara. C’est ainsi que Sankoré Appelle Alkadi Ayba, Mohamed Ben Alkadi Ayba, Ammi Ben Alkadi Ayba, Saïfou Ben Alkadi Ayba, Sidi Ben Mohamed Abacar, Alhaguib Ben Saïfou, Alpha Saloum Ben Alliman Baber. Tombouctou appelle Le Grand Nord, Les honorables fils de l'Azawad Qui ont humblement gravé Le nom d'Allah Sur les vagues de sable du désert. Cheih Sidi Ahmed Ag Adda, "Koutb " Azawad, l'étoile du nord, "Sbah" Azawad, le lion du désert, "Boumahaya", la biche monocorne de la protection et de la prospérité,

Cheih Sidi Ahmed Ag Adda, De Chérif Abdoul Zambar, Haïdara ! Tombouctou appelle Alpha Sane, Alpha Sane Ahamadou Sane Chérif, Seigneur bienvenu dans la mystérieuse. Tombouctou appelle Ben Baba, Ben Baba Ousmane Sambadio, Pilote du vaisseau de l'abondance. Djingarey-ber appelle Saray kayna, Saray Kayna appelle Badjindé, Badjindé appelle les Oulad Nassar, Les Oulad Nassar de la famille royale, Les descendants des pachas : El Mansour et Bahadou. TANDINA ! Carrefour lumineux des civilisations, Vestibule universel du Coran sacré, Berceau des mille bornes De la bienséance. Tombouctou ! Ouvre largement les portes De tes nombreuses écoles. Des milliers et des milliers d'étudiants, Venant de par le monde, Désirent percer les nuages sombres De ton mystère. El Farouk, Le cavalier des nuits étoilées Qui galope, galope, galope… L'hospitalité singulière de Bouctou Au pagne de cuir, Le sabre provocateur du Targui, Petit-fils de Chaïboun, La corde de l'Arabe Sur le pas de l'esclavage, "Biti batouma" le duel argileux de l'enfance, Sabou Galanga de sababou bangou, A l'heure du concert crépusculaire des muezzins de Djingarey-ber. Allah Akbar ! Dieu est grand ! C'est le mystère des mystères, Tout est mystérieux.

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La sécheresse : Le désert a englouti mon village avec son marigot, ses arbustes épineux et ses pâturages verdoyants. A la vitesse du vent, les greniers se sont vidés et l’espoir s’est envolé. LA SECHERESSE

Dans tes tristes greniers de la disette, Au maudit foyer de la dèche noire, Sous le poids infernal de l'angoisse, J'ai perdu la mémoire du village. Mon Dieu! Combien de familles éplorées Au son du tambour de la carence ? Tambour sauvage de la débandade Au talon de la Race humaine. De la frondaison de l'arbre céleste Tombe un ouragan de feu, Avec son cortège de misère Qui voit naître partout des sinistrés. O désert de feu couvert de désespoir ! O vacarme concert d'enfants affamés ! O lamentations des êtres de la terre ! Populations désolées ! Dans de nouveaux parcours Entre terre et ciel, plaines et montagnes, L'homme a perdu les traces de la vie. La faim gronde dans les cœurs assoiffés. Entre le reste d’un troupeau, Le berger somnole, songe et soupire. Les plantes sauvages ou domestiques Vivent et meurent selon les saisons. Une mère de famille, au fond de sa case, S'écroule lentement à même le sol, Pressant la dernière goutte de lait Dans la gorge enflammée du nourrisson. Sous le timbre Nixon-Pompidou, En soixante-treize, Le mil rouge a battu ses ailes. Et dans un atterrissage forcé à Gao, Les bordures de la piste ont saigné. Peuple victime de la sécheresse ! Pour la première fois, la terre a menti.

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Le sorcier senoufo : Quand on rêve d’un grand parcours, il faut avoir un bon coursier. La peur gronde en chacun de nous. Le sorcier fait parler la poussière qu’il dégage en marchant dans les broussailles.

LE SORCIER SENOUFO

Pour une pincée de tabac chique, Une goutte de cendre potasse, Pilée, mêlée d'un bout du bâton Dans le creux plissé de la main, Posée sur la langue enrouillée, Jetée dans un coin de la bouche, Le vieux Zanga, sorcier senoufo M'a indiqué le carrefour Des sept chemins maudits Où jamais ne passe le soleil. Ha ! Diama ! Peuple d'Afrique noire ! Conservateur des linges fétiches. Sous le petit pont de kôtôrôni, A Sikasso, J'ai vu un homme noir, géant, Portant à sa nuque Une large barbe crinière. Sa femme, maigre, tige de sorgho, Portant au dos un enfant baobab. J'ai peur, J'ai très peur, J'ai peur de la peur, J'ai peur d'avoir peur. J'ai peur de l'ombre De la solitude, j'ai peur… J'ai peur de la rigueur De l'aventure, j'ai peur… J'ai peur Des mauvaises langues. J'ai peur J'ai très peur, J'ai peur de la peur, J'ai peur d'avoir peur. J'ai peur de l'enfant, J'ai peur de la femme, J'ai peur du pouvoir, J’ai peur de l’argent.

J'ai peur J'ai très peur, J'ai peur de la peur, J'ai peur d'avoir peur. J'ai peur Des sept chemins maudits C'est l'ombre de la solitude, Sous le poids de la déception, Dans le portefeuille de la pauvreté, Entre les cornes de l'ignorance, Sur le chemin maudit de la prison, Où les racines de la maladie Appellent l'ange de la mort. J’ai peur, J’ai très peur, J’ai peur de la peur, J’ai peur d’avoir peur. Hey ! J'ai peur De tout ce qui fait peur..

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Le portrait peulh : Derrière la vache se dresse une silhouette aux pas sûrs et certains : celle du berger. La gourde à la taille, le bâton sur l’épaule, il marche lentement dans les brousses lointaines. LE PORTRAIT PEULH Conducteur de troupeau, Droit, svelte, élancé, Tel un Don Quichotte Sur sa fière monture. On le dit orgueilleux, Et même fanfaron, Dédaigneux et hautain Pour tout ce qui n'est pas Lui. Mais il se sent noble, Raffiné, policé Et délié d'esprit. Or, ce fils de la terre A l'échine courbée Accuse le pasteur Qui jamais ne s'incline. Bel esclave musclé ! Pur athlète d'airain ! Ton rôle est de suer Pour féconder la glèbe. Quant à ce fils du vent, Le Peulh, Sa maison, un chapeau, Son outil, un bâton, Toujours seul, mais libre Et loin des lois humaines. Il va sans se presser Parmi les larges plaines. L'ermite silencieux Rêve d'amour, d'honneur. Il voudrait que son nom Coure de bouche en bouche Et qu'il soit dit et redit Comme un écho sans fin. Il voudrait que son cœur Soit malade à mourir Pour cette femme idole, Aimée comme un bijou.

Maîtresse ? Prison ? Non ! Passion qui pousse au loin ! Tiré par le destin D'une route sans borne, "Poullo" chevauche un pur sang Dont la crinière folle Ondulant dans le vent Lui susurre tout bas : Si tu t'arrêtes Peulh, Ce n'est que pour mourir. Poullo !

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Mopti-jeunesse : Je vous invite à découvrir avec moi la beauté de la savane entre les hautes herbes, le fleuve, la falaise et les vastes plaines sablonneuses. MOPTI JEUNESSE Unies à l'unanimité des sentiments Et dans l'harmonie des cœurs, Les populations de jeunesse De tous les horizons de Mopti Se partagent dans la joie, Sous le brillant soleil africain, Le vaste champ des courses, Les palmiers de Taïkiri, A la ceinture des vertes rizières S'étendant à perte de vue. Mopti ! C'est là que s'embrassent Le Niger et le Bani poissonneux, Amis des pêcheurs Bozos. Mopti ! La constance harmonieuse De ton paysage boisé Est le refrain De ta vibrante jeunesse. Mopti ! De tes portes largement ouvertes En ton sein hospitalier, Tu as prêté place Aux différentes sections De ta vaste étendue. Mopti ! Dans tes "bourgoutières" Dormant dans la zone d'inondation, Ténenkou du Massina S'émerveille Au son de la guitare "mabo", Du violon et de la flûte "rimaïbée", Aux longs beuglements De tes troupeaux paisibles. Là, le "Bagnarou" ronronne Fredonnant la joie de vivre Que le ciel lui a prodigué. Ténenkou, Ténenkou des "Arbè"! Ténenkou, Ténenkou de Boro Haman Sallah ! Parle-moi, Parle-moi d'Oumarouwel Samba Dondo.

Que ton griot me raconte la légende De Boubou Ardo Gallo de Néné Ou de Silamaka Hammadi de Kékéi, Je l'écouterai, Ténenkou, Ténenkou du Massina ! Mopti la Venise du Mali, Mopti, Mopti de Djenné ! Dans sa lélende de Pama Djénépo, Djenné continue sa renommée, Grâce, une vielle mosquée célèbre, Symbole du génie africain. Djenné, Djenné de Nana Wangara, Le puits ancestral où, chaque année, A la première journée de Maouloud, Ta fervente population puise joyeuse, L'eau sacrée, A la mémoire d'un passé lointain. Djenné, Djenné de "Djabbal", Le tamarinier célèbre, A l'ombre duquel, Le pieux et illustre Sékou Amadou Prêchait hautement le nom de Dieu. Enfermée de mystère Dans sa couche orientale, Surplombée de montagnes, Au réveil Bandiagara se mire Au clair ruisseau du Yamé. Bandiagara, Bandiagara des tam-tams Et calebasses magiques. Bandiagara, Bandiagara de Guimini De Téréli et de Tombori. Bandiagara, Bandiagara d'Ibi A la montée pénible Où seules accèdent Les tenues adaptées

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Du "Gadama" Et du "Noumountourou". Dans ton relief cahoteux, Sangha, Perché au faîte de la montagne Dominant sa galerie d'attraction, Symbolise l'étrangeté. Et derrière tes falaises, Séno Bankass, La vaste plaine sablonneuse Des traditionnelles luttes Corps à corps. Bankass ! Bankass de Boulel Et Boundou Héirou ! Ta brousse, couverte de bétail Et brodée de raisins sauvages, C'est la richesse et la magnificence. Ta jeunesse florissante jubile A l'appel du "Barpô" dogon. Et à la frontière Burkina Faso, Koro prospère grâce Ses greniers remplis de vivres. Koro, Koro de la mare de Toroli, Carrefour de l'espérance, Ta jeunesse laborieuse, Le soir au clair de lune, Chante la terre, sa promesse. Mopti la Venise du Mali, Mopti, Mopti de Douentza ! A Yenno, dans la vallée de Boni, Yérodio Mamoudou N'Douldi Boulcassoum, Le cavalier sans frontière, A marqué le véto

De son passé glorieux. Douentza, Douentza de la montagne de Walo, Douentza, Douentza du "Dégal" Douma, Douentza, Douentza de la montagne d'Hombori. Douentza, Douentza de la main de Fatima, Douentza, Douentza de Séoundé, De Mayel et de Gorel. Douentza, Douentza Noukkôobè ! Mopti la Venise du Mali, Mopti, Mopti de Youwarou. Poursuivant le cours généreux Du Djoliba, Là-bas, là-bas sur le flanc gauche Du lac Débo, Youwarou chante, Chante sa prospérité. Mopti, la Venise du Mali, Mopti, Mopti jeunesse. Par ta lutte engagée, Tu marches fière et droite, Car tu as juré de construire le Mali Par le Peuple et pour le Peuple. Les générations futures Par ton travail Te rendront vibrant hommage. Jeunesse, Jeunesse pleine de promesses, Jeunesse, Jeunesse de Mopti, Je ne t'oublierai jamais.

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Mariam de Goundam : Une porte est ouverte ; une autre est fermée. Un jour vient de s’éteindre ; un autre commence. C’est la grande roue de la vie qui tourne. A chacun son destin. MARIAM DE GOUNDAM Mariam de Goundam Nest pas une goutte de larme occasionnelle. C’est un fleuve De pleurs perpétuels. C’est une chanson, Une chanson vieille Comme le monde. Message maudit Du sans fil maudit Au maudit soin D’un facteur maudit En un jour maudit M’a fondu le cœur, Mariam n’est plus… O papier de malheur Mauvais messager ! Froissé de chagrin Dans mes mains tremblantes, Tu m’as fait couler De folles larmes sanglantes A la source profonde Désormais ma vie N’est plus qu’un souvenir. Je suis perdu à jamais, Par le malheur d’avoir aimé. Seul ce soir, derrière le village, Au pied de la colline Fati, Loin de retrouver ma raison, Mon cœur est un volcan. Librement vers sa fin, Le soleil nage solitaire Dans l'immense toile céleste, L'ombre découle du feuillage Et lentement efface la lumière. Le corbeau contourne la colline Et lance son appel funèbre, L'écho transperce mon cœur Et parcourt la plaine, Ecoutez donc, Mariam n'est plus.

Ecoutez cet oiseau Qui chante « Aï boné, Aï boné yo yo » La chanson du désespoir. Ecoutez ce vent aride Qui siffle et passe. De ses ailes violentes Me couvre de poussière. Enfin, écoutez mon cœur battant Comme un tam-tam aux alarmes. La tempête se déchaîne Et déferle ses voiles; Elle souffle avec rage, Gronde et m'engloutit. Je suis perdu à jamais Par le malheur d'avoir aimé. O bénin rocher De mes joies naguère, Trempé d’amertume Et de tristesse ! O verte campagne Qui m’altère ! Câline brise Qui m’enflamme ! Objets de l’abandon Indifférents à ma douleur. Hier seulement, Au bord du Tassakan, Sur le sable mouvant, Témoin de mes caprices, Beau lieu de plaisance Que le chagrin n'a pu voir, Nous étions deux : Elle me berçait D'amour et d'espoir. Et maintenant, tout est fini ! Mariam O Mariam ! Mariam de Goundam, Mariam du Tassakan, Mariam du Télé,

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Mariam du Horo, Mariam du Fati, Mariam O Mariam, Mariam de Goundam. Lorsque ton heure a sonné, Tous mes plaisirs sont morts. Sous mes yeux tout s'efface Et ne me laisse que souvenirs. Tu m'a quitté sans adieux Dans la plus belle de mes années Pour l'obscurité. Que je suis malheureux ! Tu as assombri Les projets de ma vie, Tué ma joie de vivre, Mon cœur plein d'envie. Et par ton sommeil éternel, Tu me rends ivre Et m'abandonnes seul Au chemin de l'oubli. Ma douleur est grande, Grande comme le monde. O douleur profonde, Ma douleur sauvage ! Toi qui écumes de rage. De ton venin mortel, Tu m'as fondu le cœur, De ton venin mortel Tu m'imbibes de pleurs. Ma douleur est grande, Grande comme le monde. O Mariam ma chère disparue ! Tu as suivi le vent Des nuits noires. Tu as suivi le torrent Des forêts obscures. Tu as suivi les tourbillons Du désert. Tu as suivi les éclats Du tonnerre. Tu es dans le silence De la nuit profonde. Ma douleur est grande, Grande comme le monde.

La calebasse se brise, Le lait se verse. La laitière pleure Et pleure sans cesse. D'une peste meurent Les êtres de la brousse. Le chasseur brave les bois Et ne rencontre putois. Il brave tout Et ne trouve sa pitance. Loin de mère poule S'égare petit poussin. L'épervier plane Et suspend son vol. La poule glousse Et glousse sans cesse. Et moi, Laissez-moi pleurer, Pleurer et fondre en larmes. En vain j'ai lancé mon appel, Hélas ! Mariam n'est plus. Mariam O Mariam, Mariam de Goundam ! Mariam du Tassakan, Mariam du Télé, Mariam du Horo, Mariam du Fati, Mariam O Mariam, Mariam de Goundam ! Sur mon chemin Que n'ai-je rencontré ? Le chameau M'a prêté ses pattes. J'ai marché, marché, Marché sous un ciel ouvert. J'ai vu le lion dans son baril. J'ai vu le tigre dans son repaire. Sur mon chemin Que n'ai-je rencontré ? Le vautour M'a prêté ses ailes. J'ai volé, volé, Volé dans l'espace immense. J'ai vu l'aigle dans son aire. J'ai vu la cigogne dans son périple.

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Sur mon chemin Que n'ai-je rencontré ? Un poisson m'a prêté ses nageoires. J'ai nagé, nagé, Nagé dans les profondeurs. J'ai vu le fleuve dans sa source. J'ai vu le congre sous roche. Sur mon chemin Que n'ai-je rencontré ?

J'ai rencontré tout, Sauf l'ange de la mort. Ma flamme d'amour s'est éteinte, Eteinte pour toujours, L'obscurité m'engloutit Et me cache les beaux jours. Enfin, las d'écrire Et ne sachant que faire, Je m'éteins dans mon exil, Au cœur du désespoir.

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Index de l’an 2000 : Index de l’an 2000 est le contenu d’un mouchoir de poche dans la frondaison d’un arbre qui marche .C’est la chanson de tout un monde qui s’attache fermement aux valeurs de la Race humaine. INDEX DE L'AN 2000

De quelle source Jaillira la lumière ? Quel navire Nous apportera le bonheur ? Devant les feux de la nature Face à la terreur du destin, L'homme s'affole et pousse un cri, Hélas ! L'espoir s'est envolé. Le souffle de Satan S'est rendu absolu Dans la course tragique Au talon du bonheur. La terre à bout de force Tremble de tout son corps. L'air s'agite et se plaint A l'instance suprême, Le tam-tam du diable résonne Au carrefour des sept chemins. L'obscurité couvre la terre, Balaie les étoiles du ciel, Brise les pattes du soleil Et freine la marche du temps. A force de tisser la vie, L'homme se confie aux ténèbres. La drogue ! Danger sans frontière, La trouille de la Race humaine, Pire que la bombe chimique, Bête noire des continents. Produit maudit, Du laboratoire maudit, Aux maudits soins Des trafiquants maudits, Les enfants maudits de tous temps, Les esclaves maudits du siècle, Les oiseaux maudits de l'espace, Les congres maudits des rochers, Les vagabonds de grands chemins,

Les déchets de l'humanité, Venus au monde par erreur Pour ternir les fleurs de l'amour. Dans la vie des peuples et des rois Que de cache-cache stériles ! Le choix du Petit-fils d'Adam Porte sur sa propre personne. On a beau aimer son prochain, La balance reste infaillible. Le Noir crie sa couleur d'ébène, Le Blanc sourit, s'en moque et passe. La folie de l'humanité A poussé des cornes sauvages Au carrefour Des sept chemins maudits. Des nuages de poussière planent Sur l'immense désert de feu. Un paysage au bord du chagrin Pleure sous le soleil d'Afrique. La sécheresse bat des ailes Vers des horizons éloignés. Les mouvements éclairs du siècle Dépassent de loin nos espoirs. Le bâton de la convoitise Conduit la caravane humaine. Le navire de la délinquance Voyage à travers le monde. Le chômage aux tristes couleurs Ronge les jeunes diplômés. Le brigandage à main armée Pilonne les supermarchés. Le vagissement du bébé Trouble l'ambiance familiale. Le petit coin de l'orphelin Manque de tout sauf de soupir. Le bagout de la médisance Détruit les liens de l'amitié. Le poids de la dette africaine Pèse lourd sur le continent. Le soleil des fausses promesses

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Brille de toute sa splendeur. Le périmètre de la fraude Ouvre largement ses frontières. La guerre brandit son francisque Et martèle des peuples frères. La soif du sang de leurs semblables Fouette l'orgueil des charognards. Le sida chante sa chanson Au sein de la basse-cour Que l'ombre de la mort Soumet au purgatoire. Une femme fait sa toilette Et porte ses bijoux d'argile. L'insomnie crache son venin Dans les yeux des braves mamans, Le berceau se remplit de larmes Au pied du cercueil de l'enfance. L'Apartheid lance son cri d'espoir Partout sur les hautes tribunes. Les masses de déchets toxiques Dérangent les super-puissances. La rigueur de la pauvreté Ecrase les pays du Sahel. Le terrorisme croque-mitaine Dévore les vaisseaux de l'air. Les crachats de feu de la terre Se multiplient de jour en jour. Les inondations débordantes Emportent tout sur leur passage. La baisse du niveau scolaire Bâillonne les parents d'élèves. La criminalité absurde

Verse le sang des innocents. L'insécurité qui s'instaure Dégage une odeur policière. L'abandon du sol des ancêtres Passe partout pour une mode. L'isolement du troisième âge Inquiète le soleil levant. L'élan de la prostitution Redouble de foi et d'ardeur. La surface de l'adultère Est aussi lisse qu'un miroir. Et les piles de biens mal acquis Sont à la poursuite du vent. Je fais appel aux Amériques, Appel à l'Union Soviétique, Je fais appel au Vatican Appel à sa Sainteté Le Pape Jean Paul II, Je fais appel à la Kaaba, Appel aux Imams De la Mecque et de Médine, Je fais appel aux gurus de l'Inde, Appel aux Lamas du Tibet. Je fais appel A l'eau, au feu, à l'air Qui parcourent la terre. Je fais appel A toutes les forces universelles, Pour parfumer le chemin, Le chemin du bien être De la RACE HUMAINE.

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Hamadoun Tandina Avec Amadou Bagayoko

1) Ali 2) Le Mali 3) Chacou 4) Tabalé 5) L’Afrique en marche 6) L’épopée mandingue

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Ali :Amadou, Amadou Bagayoko, sur les bancs de la grande école de la nature, nous nous sommes rencontrés toi et moi : tu soignais les cordes de ta guitare, j’écoutais la voix de mon cœur. Amadou, Amadou Bagayoko, partout partout, partout sur ton chemin, tu as semé le rythme et la cadence, ponctués par ton sourire merveilleux. Ali Farka Touré Avez-vous déjà rencontré Ali, Ali Farka Touré de Niafunké, Etoile de la Boucle du Niger, Monocorde incassable du Mali Touré Ali Farka Boureima Que la terre vient d’avaler. Sous le vestibule de Bilangala Baliyandou, Tu as tendu l’oreille à l’écoute des anciens. Au soleil tu as cuisiné les langues du Sahel Pour les faire voyager à travers le monde. Et dans la poussière des vents de sable, Tu as forgé ton bâton de Pèlerin. Au carrefour des sept chemins, Dans les entrailles de la nuit profonde, Au milieu des tourbillons, des orages et des tempêtes, Tu as reçu le trophée de Hawwa Gafouré Gagna. La Reine incontestée et incontestable des Djinns De la forêt, de la savane et du désert. Sur chacune des cordes de ta guitare, Tu as laissé ton empreinte indélébile. Et dans la calebasse de ton violon, Tu as caché le mystère de ta vie. Enfant prodige des champs et des rizières, Tu as lutté contre les fléaux de la nature. Les nuages s’effacent et l’herbe jaunit ; Les regards se croisent sur le fleuve assoupi ; Le vide se creuse dans l’ombre du passé ; Le silence engloutit les murmures de la nuit ; L’oubli bouche les portes de l’horizon ; Et l’Homme perd la mémoire du temps. Touré ! Nous ne t’oublierons jamais : Et jamais nous ne cesserons de parler de toi.

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Le Mali :Et maintenant, partons au pays du grand soleil où les hommes, les femmes et enfants, le soir au clair de lune, battent des mains, chantent et dansent au son du tam-tam. SI LE MALI M'ETAIT CONTE ET SI L’AFRIQUE M’ETAIT CONTEE… Loin de la mer et de la neige, A la ceinture de l'Algérie, C'est le Mali de la forêt, De la savane et du désert. Dans la gaieté et dans la joie, Plusieurs ethnies ont vu le jour, Sur l'étendue du territoire : Le Bamana ou le Dioula, Le Malinké ou le Marka, Le Soninké, le Sarakolé, Le Kassonké de Kayes Kasso, Le Foulfouldé ou le Poular, Le Senoufo ou le Mianka, Le Tamenchèck ou le Bellah, C'est le Bobo, c'est le Sonraï, C'est le Bozo, c'est le Dogon, C'est le Mali, l'Afrique en marche, Soudan français, quel beau pays ! C'est le pays du grand soleil, De la chaleur et des mirages; C'est le pays des vents de sable, Des dromadaires ou des chameaux, C'est le pays des sols mouvants, Des puits profonds et des oasis; C'est le pays du balafon, De la kora et du tam-tam… Après la plaine du Télemsi, Voici l'Adrar des Iforas. Entre Anafiss et Aguelhok, A la faveur des vents de sable, La Markouba incontournable A dérouté plus d'un Bédouin. De Djiddara à Kabara, Bourem - Bamba et Téméra, L'hippopotame, le piroguier, Le crocodile et le pêcheur, Le capitaine dans le Niger, Quel bon poisson ! Bon appétit !

Pour mon repas de tous les jours, Le riz, le mil, le haricot, C'est le maïs ou le sorgho. Pour mon repas des jours de fête, La pomme de terre ou la patate, Couscous de blé, quel bon repas ! De Tombouctou au lac Débo, Diré, Tonka et Niafunké, Des marécages, des plaines sauvages, Des "bourgoutières" et des rizières, Des champs de mil et de sorgho. Petit Bozo, enfant de l'eau, De bon matin, filet en main, Se laisse aller au gré du vent, Dans sa pirogue-embarcation. De Nampala à Markala, De Sévaré à Sébougou, De Koutiala à Sikasso, De Loulouni à Bougouni, De Béléko à Bamako, De Kangaba à Kayes-Kasso, Kati, Kita , Bafoulabé, Kolokani, Koulikoro, Des baobabs, des balanzas, Des karités, des kapokiers, De l'arachide et du coton. Dans les écoles de mon pays, Ils sont nombreux les tout petits, Assis par terre sous un hangar, Pour la lecture et l'écriture. Pour le serpent, je joue la flûte, Pour l'éléphant, je joue le temps, Et pour le lion, c'est le regard. C'est le Mali, l'Afrique en marche, Soudan français, quel beau pays !

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C'est le pays des éléphants, Des phacochères et des panthères, Des écureuils et des serpents, Des léopards et des chacals. Il y a des biches, des autruches, Il y a des lions, C'est le pays des charognards, Des éperviers et des vautours, Des pélicans et des cigognes, Des tourterelles et des pigeons. Le cousinage est sans façon, C'est le regard, c'est le sourire, Chaleur humaine qui se dégage, C'est les odeurs et les couleurs, C'est la pitié, la tolérance, La main tendu à son prochain, Fraternité un peu partout, C'est la famille au grand complet. Papa est là, maman aussi, Mon frère est là, ma sœur aussi, C'est mon cousin, c'est ma cousine. Papy est là, mamie aussi, Tonton est là, Tantie aussi, C'est mon neveu et c'est ma nièce. Bonjour voisin, bonjour voisine ! Comment ça va ? et la santé, Et les parents, et les enfants, Et le boulot, As-tu dormi la nuit dernière, Ca va, ça va, ça va !

La concession est bien remplie Et tout le monde, son petit coin, Repas commun de tous les jours, Dans le respect du droit d'aînesse. Lalla Aïcha est née là-bas, Dans le désert de Tombouctou, Sous le soleil du Sahara. Fatoumata est née là-bas, Dans la savane de Bamako, Au bord du fleuve, le Djoliba Salimata est née là-bas, Dans la forêt de Sikasso, Kénédougou de la verdure. Petit enfant, Tout les matins à ton réveil, Bonjour papa, bonjour maman, Tu prends ton sac, tu vas en classe, Bonjour monsieur, bonjour madame, Et n'oublie pas tes camarades, Je suis content, content pour toi, Petit enfant. Petit enfant, Tous les matins à ton réveil, Bonjour papa, bonjour maman, Tu prends ton sac, tu vas en classe, Bonjour monsieur, bonjour madame, Et n'oublie pas tes camarades, Je suis content, content pour toi, Petit enfant.

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Chacou :L’enfance d’ici et de là-bas n’ont certainement ni la même couleur, ni la même odeur, mais l’enfance est égale à l’innocence, la plus belle période de la vie. CHACOU Dites-moi ce qu'il faut faire. Dites-moi ce qu'il faut faire Pour calmer mon enfant. C'est un petit garçon, il vient d'avoir dix mois. Il est bien dans sa peau. Sa mère l'appelle Chacou, Moi je l'appelle Solo qui veut dire Souleymane. Il va un peu partout, Il touche aussi à tout, Il met tout dans sa bouche. La terre et le papier, les jouets et les doudous. Il fait tomber les livres, les chaises, les couverts. Il casse les pots de fleurs, les verres, les lampes. Quand on le met en parc il se met en colère. Les voisins se demandent Si les parents sont là , Pour calmer leur enfant. Dites-moi ce qu'il faut faire Pour nourrir mon enfant. Le soir à vingt et une heures, Après ses petits pots et ses médicaments, Je le mets dans son lit ; comme moi il fait ses nuits. Le matin à huit heures, Il prend son biberon; je l'habille comme il faut. Dans son sac à langer, Son carnet de santé, Son doudou préféré et son petit bonnet. Quand il voit sa nourrice, Il oublie ses parents. Le soir à dix huit heures, Quand je vais le chercher Il saute dans mes bras comme un petit crapaud.

C'est marrant les enfants quand ils sont tout petits. Dites-moi ce qu'il faut faire Pour soigner mon enfant. Depuis son premier cri, Il est nourri d'amour et couvert de tendresse. Je lui fait tous les soins pour résister à tout. Je comprends son langage et sais lire dans ses yeux. S'il doit se reposer; si je dois le changer. Quand l'enfant crie sans cesse, Ne vous affolez pas. Il ne pleure pas pour rien ce petit bout de chou. C'est l'une des solutions des quatre opérations : Addition pipi caca, Soustraction repos complet, Plusieurs fois le plat du jour, Division la maladie. Dites-moi ce qu'il faut faire Dites-moi ce qu’il faut faire. Pour sauver mon enfant Des misères de la terre et de la tentation. Les riches sont toujours riches. Les pauvres, toujours pauvres. Pour s'estimer heureux et combler l'espérance, Il faut savoir donner et pouvoir récolter; Partager le soleil, La lune et les étoiles. Accomplir le devoir En gérant bien le temps. Accepter le voisin malgré la différence; Et faire le tour du monde Pour braver l'ignorance.

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Cultiver l'amitié sans couleur, sans odeur. Aimer les animaux, la nature et les plantes. Dites-moi ce qu’il faut faire. A travers mon enfant, je me vois tout petit Au pays du soleil où tout est différent. Le jour de ma naissance, Le défilé des femmes; Le bouillon ou le lait. Le jour de mon baptême, Le défilé des hommes; Le mouton, la kola. Sous mes yeux, les couleurs; Sous mon nez, les odeurs; Sur mon front, les caresses; J'ai tété jour et nuit Sous le chant des oiseaux, Le concert des crapauds. Dans le dos de ma mère J'ai appris à danser. Dans les bras de mon père, J'ai brisé mon angoisse. Au bord de la rivière, J'ai tapé sur le sol Le tam-tam de ma vie. Pour tous les habitants De mon petit village Au bord du Djoliba, L'enfant est un trésor. La nuit autour du feu, J'ai écouté grand'mère Qui raconte, qui raconte Qui raconte et qui chante. J'ai traversé tout nu Les bois de mon enfance. J'ai grimpé dans les arbres; J'ai joué dans la poussière; J'ai couru comme un fou Derrière le temps qui passe : Mon cerceau, ma voiture;

Mon ballon en chiffon… Au pays du soleil C'est l'enfant du village. Les mamans sont partout, les papas sont partout. Chacun fait de son mieux pour aider les enfants. Le soir au clair de lune, Partout dans les villages, Les garçons et les filles Se laissent aller bon vent. Les tout petits fabriquent Leurs jouets de tous les jours, Avec du fil de fer, Avec des brins de paille, Des morceaux de carton, du bois ou de l'argile. Sur les bancs de l'école, Je me suis régalé Des parfums de la terre. L'ardoise et le crayon m'ont permis l'ouverture D'un nouvel horizon. Des petits camarades ont fait des kilomètres, Du village à l'école, de l'école au village. Le midi sous les arbres, Il faut calmer la faim qui brûle les intestins. Le soir après l'école, Pour traverser la brousse, Il faut se regrouper pour mieux se protéger. Au pays du soleil, Il fait beau quand il pleut Comme un petit oiseau, La vie sort de son nid. Les tambours du partage Résonnent un peu partout, Dans l'harmonie des cœurs. Oh ! qu'il fait bon de vivre, Au pays du grand soleil.

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Tabalé :Tabalé n’est pas un tam-tam de réjouissance, mais plutôt un tam-tam de concertation. C’est le tam-tam de l’appel à la prise de conscience de toutes les couches de la société. TABALE Ancêtre du tam-tam des forces occultes, J'ai un jour croisé ton regard de feu, Derrière les murailles de l'oubli, Dans les recoins du foyer de la mort. Tam-tam du partage de tous les temps, Ecoute les tristes voix du soleil levant ! Santé pour tous les enfants de la terre, Malheur à toutes les armes de guerre. Grand père de la flûte des nuits noires, Plus d'herbe qui pousse dans les prairies, Plus de porte qui s'ouvre à l'horizon, Les poussins ont aperçu l'épervier. La plume s'est noyée dans l'encrier, Le livre a pris feu sans pouvoir crier. L'ignorance perd les traces du savoir En voulant tout apprendre dans le noir. Père de la guitare des grands jours, Quel nuage d'espoir s'est dissipé Quel chemin doit-on enfin emprunter A un pas et demi de l'an deux mille ? Ne connaissant aucune saison morte, La charité frappe de porte en porte.

Le pauvre mendiant mesure ses pas Et très poliment expose son cas Fils du violon de la vie éternelle, Tu compteras les étoiles du ciel Et tu verras les pattes du soleil A travers les rideaux du paradis. Au pied des murs, et sous les petits ponts, La rue crache son monde vagabond. Ici-bas, c'est la potasse et le miel. Les sans-abri composent avec le ciel. Petit-fils de la Kora des sans voix, Je veux partager l'élan de ton cœur. Je veux partager aussi tes murmures Et t'emprunter une goutte de larme. L'angle du vrai visage de la vie S'ouvre selon le degré de l'envie. On ne connaît la valeur d'un organe Que lorsqu'il est totalement en panne. Arrière petit-fils du balafon, Ecoute plutôt la voix de ton maître. Chaque morceau de terre a son histoire, Et dans la vie, à chacun son destin. Tam-tam du partage de tous les temps, Ecoute les tristes voix du soleil levant

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L’Afrique en marche :L’Afrique en marche est l’histoire de tout un peuple. C’est l’histoire du joug colonial qui se perd dans la mémoire du temps. C’est la marche continue des peuples opprimés. L'AFRIQUE EN MARCHE Mes chers amis, je vais vous dire En quelques mots, comment je vois La situation des Africains Au rendez-vous de l'an deux mille. L'année derrière à Bamako, J'ai rencontré sur mon chemin, Un historien Sénégalais Qui m'a donné à réfléchir. C'est à Gorée, au Sénégal, Que le destin s'est accompli. De la forêt à la savane Et le désert, le Sahara, En traversant les océans, Que d'intérêts pour composer Les sociétés et définir Les continents. Tout au début des audacieux Se sont jetés devant la scène Pour découvrir les coins de terre Les plus cachés de la planète. Faut-il citer Réné Caillé, Explorateur bien déguisé Sous le manteau du serviteur De la mosquée Djingarey-ber. Tous les matins et tous les soirs, Le chapelet, le grand boubou Et le turban, "Allah Akbar!" Le compte est bon ! Que de comptoirs se sont dressés Le long des côtes. C'est le bonbon et le miroir, C'est le fusil et la cartouche, Les vêtement de couleurs vives Pour un esclave. En mil huit cent quatre vingt dix Des soldats blancs ont traversé Les océans pour s'imposer

Aux Africains. Des tirailleurs sénégalais Se sont mêlé aux coups de feu Pour capturer des Soudanais Et pourquoi pas des voltaïques, Des Ivoiriens, des Nigériens. Et bien voilà, voilà pourquoi Le grand empire du Bleu-Blanc-Rouge S'est étalé de la forêt, A la savane et le désert Jusqu'à la mer. C'est le soleil des Gouverneurs De l'A.O.F , de l'A.E.F. C'est le soleil des commandants, Des interprètes, des gardes de cercle. Il faut frapper et ligoter, Et chicoter récalcitrant, Dans les marchés, dans les bureaux, Devant les femmes et les enfants. Bientôt la guerre, Les Africains mobilisés seront au front Pour libérer drapeau français. Plusieurs soldats cheveux crépus Sont déclarés des combattants Incomparables. Des médaillons et des galons Sur la poitrine, sur les épaules En attendant le temps qui passe. Une autre guerre a éclaté. Les Africains, mobilisés Plus que jamais, se sont battus Les armes au poing pour libérer La deuxième fois drapeau français. Bientôt les Noirs pourront choisir Leurs responsables auprès des Blancs Qui les gouvernent au fil du temps. Référendum du Général a demandé Aux Africains de définir

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Leur position envers la France. Si oui ou non indépendance Est de raison, chacun pour soi Et Dieu pour tous. C’est la Guinée, Sékou Touré Qui a déclaré à haute voix : Non ! non ! non ! « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage. » Mes chers amis, nous sommes déjà Au rendez-vous de l'an deux mille. Pour commencer, il faut briser La calebasse des mains tendues, Par le travail bien accompli De tous les jours. Il faut gagner les grands combats Contre les cas de malaria, De choléra et de sida. Il faut changer mentalité, Mentalité du Président.

Il faut changer mentalité, Mentalité des députés. Il faut changer mentalité, Mentalité des gouvernants, Des commerçants, des paysans, Des étudiants, Des assistants, des coopérants Des artisans et des mendiants. Il faut changer mentalité, Mentalité des gouverneurs, Des directeurs, des inspecteurs, Des ingénieurs, des conducteurs, Des éleveurs et des pêcheurs. Il faut changer mentalité, Mentalité des boulangers, Des écoliers, des infirmiers des policiers et des gendarmes En vérité, il faut changer Mentalité pour mériter La liberté au rendez-vous De l'an deux mille.

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L’épopée mandingue : L’épopée mandingue est l’histoire de l’enfant lion dont les exploits fabuleux font vibrer les cordes de la kora le soir au clair de lune dans les entrailles de la nuit profonde.

L’EPOPEE MANDINGUE Une corne de buffle, une barre de fer, des feuilles de baobab, un ergot de coq, voilà tout ce qu'il faut pour vous relater l'histoire de l'empire du Mali. Après l'éclatement de l'empire de Ghana, le plus grand ensemble noir du 11è siècle, des royaumes s’étaient formés tant bien que mal au sein même de l'Afrique occidentale : le royaume du Sosso, le royaume du Mandé et le royaume du Galam. Vite, le roi sosso, Soumangourou Kanté, se fit valoir de par la puissance de son armée. IL étala son pouvoir sur toute l’étendue du territoire. (Togna ! Sosso dani Thémoko, le pouvoir ne se transmet pas aux lâches, aux incapables. Ha ! grand Roi ! Tu ne tiens le trône de personne. Tu le dois à ton propre mérite; à la force de ton bras; à l'ardeur de ton âme guerrière. Oui Mansa, La souris ne powurra-t-elle jamais se mesurer au chat. Mansa ! Toi qui a la bénédiction des Dieux de la forêt et du génie des eaux. Toi qui pour être né de la plus digne femme du Sosso, a reçu de l'éléphant le secret de sa force et de sa puissance. Kanté !) Voilà comment les griots chantaient les louanges du roi sorcierr Soumangourou Kanté. En effet, Soumangourou pouvait se transformer, entre autre, en essaim d’abeilles pour semer la panique au rang de l’ennemi. Quand il dormait, les hommes, les arbres et les animaux se taisaient. Et quand il élevait un peu la voix, les enfants qui n'étaient pas encore nés tremblaient de frayeur dans le ventre de leur mère. Quant aux rois voisins, ils étaient tous soumis à sa volonté. A Niani, dans la capitale du Mandé, les charlatans avaient prédit l'arrivée d'un chasseur de buffle accompagné d'une jeune femme très laide. Le Roi devait épouser cette femme qui mettrait au monde un enfant dont la puissance allait égaler sinon surpasser celle du Roi sorcier Soumangourou Kanté. Le roi du Mandé Naré Makan Keïta et la reine Sassouma Berthé s'entendaient à merveille. Ils avaient mis au monde leurs premiers enfants dont Dakaran Touma qui se tenait déjà aux côtés de son père. Tous les matins, les regards scrutaient l'horizon. Dans l’une des poches de la savane herbeuse, un buffle d'une cruauté incommensurable terrorisait les populations laborieuses. Le Chef de la vallée promit une forte récompense au chasseur qui viendrait à bout de l'animal féroce. Ainsi, le vainqueur choisit-il, au cours d'une grande fête organisée en son honneur, la plus vilaine fille de la contrée. Il traversa plaines et montagnes et arriva dans la capitale du Mandé. Ce matin-là, l'horizon finit par cracher l'espoir de tout un peuple et les habitants de Niani virent sortirent des arbres le chasseur en compagnie de la femme promise. Sogolon Koutouba Konté, la princesse des profondeurs de la brousse et de la forêt, avait une bosse et un visage affreux. Elle devint, comme les esprits l'avaient prévu, la deuxième épouse du Roi mandé.. Cette même année, Sogolon, tomba enceinte et mit au monde un enfant : un garçon têtard, gourmand et perclus par-dessus tout. Soundiata, Kaladiata, Maridiata, c'est le nom de l'enfant lion dont les exploits fabuleux font vibrer les cordes de la Kora, le soir au clair de lune, dans les entrailles de la nuit profonde.

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Un jour, Sogolon alla trouver Sassouma Berthé , sa coépouse, et lui demanda des feuilles de baobab pour la sauce. - Va dire à ton fils paralytique d’apprendre à grimper dans les arbres pour te procurer des feuilles de baobab, répondit Sassouma Berthé. Meurtrie dans sa chair et dans son âme, Sogolon fondit en larmes. Elle retourna chez elle et trouva son fils handicapé entre les marmites et les calebasses en quête de nourriture. - Honte à toi enfant de case, s’écria la mère désespérée. Parce que tu as l’âge de grimper dans les arbres, plus personne ne me donne des feuilles de baobab. Maa ! de quoi me parles-tu ? Je ne comprends pas. Je ne suis pas responsable de mon handicap. Maa calme-toi et sèche tes larmes. Maa, ça suffit ! J’en ai assez, assez des moqueries et des insultes. Maa, fais-moi appeler Balla Fasséké le griot. Aujourd'hui, je vais pouvoir me tenir debout . Maa aujourd’hui, je vais marcher.. Balla, cria Soundiata, va dire au forgeron du village de m’envoyer la barre de fer qui m’est destinée. Aujourd’hui,.Je vais marcher… Le forgeron remit à Balla Fasséké un morceau de bois que Soundiata brisa d’un tour de bras en voulant se tenir debout. Balla, hurla Soundiata, va dire au forgeron du village de m’envoyer la barre de fer que son père lui a confiée, aujourd’hui, je vais marcher… Le forgeron donna enfin la barre de fer qui prit la forme d’un arc sous le poids de béton de l’enfant lion. Debout, tout tremblant, le corps couvert de sueur, Soundiata tenta un premier pas. La mère qui n’en croyait pas ses yeux cria en chantant : « Ay bo , ay bo moussolou ay bo, Soundiata tamana ; Méga mousso ni souba moussolou ay bo Sogolon Diata tamana . Ay bo ay bo moussolou ay bo Soundiata tamana Fantan mosso ni fama moussolou ay bo Sogolon Diata tamana ! Taman Diata, Taman Diata i tama, Taman Diata, Taman Diata i Taman…» Soundiata laissa tomber la barre de fer et marcha comme vous et moi.

Eléphants, Panthères, tigres, léopards Cachez-vous. Le lion a marché. Simbo ! Place ! Faites de la place au soleil levant. Place ! Faites de la place à l’enfant prodige. Place ! Faites de la place à Sogolon Diata.

Au carrefour des sept chemins, l’homme ne voit que les yeux fermés ; ne parle que pour ne rien dire et n’entend que la voix du silence. Soundiata sortit du village, déracina un baobab qu'il vint déposer délicatement devant la case de sa mère. Maa ! dit-il d'un ton ironique, désormais, bon nombre des femmes du village viendront chercher des feuilles de baobab devant ta porte. Et la chasse aux gros gibiers commença. Des années passèrent nombreuses et rapides. A la mort du Roi Naré Magan Keïta, son fils aîné Dakaran Touma s'empara du pouvoir sans même consulter son frère Soundiata qu'il qualifiait de fanfaron. La Reine mère Sassouma Berthé creusa davantage le fossé entre les deux frères. Soundiata finit par s'exiler.

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Plusieurs jeunes gens, porteurs d'armes du Mandé, rejoignirent Soundiata par groupes de vingt, de cinquante, de cent…Alors Soundiata forma une puissante armée et déclara la guerre au roi sorcier Soumangourou Kanté, la terreur de la région. La plus jeune femme de Soumangourou, une demi-sœur de Soundiata, profita de l’euphorie d’une soirée bien arrosée pour extorquer à son mari le secret de sa force et de sa puissance. En effet, pour anéantir les pouvoirs du roi sorcier Soumangourou Kanté, il suffisait de le toucher avec un ergot de coq blanc planté au bout d’une flèche. Cette même nuit, Nana Triban enfourcha le plus grand coursier de l’écurie royale pour rejoindre son frère Soundiata. Et ce fut le lendemain, la grande bataille de Kirina ; Koulikoro mil deux cent trente cinq : des morceaux de personne dans une mare de sang. A la vue de l'ergot de coq, Soumangourou perdit tout espoir. Il s'effondra sur son cheval et disparut comme par enchantement. Personne ne saura vous dire où repose le corps. du roi sorcier Soumangourou Kanté. Et le temps s’arrêta en voyant les armes tomber de part et d’autre pour fêter les retrouvailles. Peuple du Mandé mon peuple, dit Soundiata vainqueur, tu as suffisamment payé de ton sang le prix de ta liberté. Oui, nous avons labouré sans pouvoir semer ; nous avons semé sans pouvoir sarcler, nous avons sarclé sans pouvoir récolter ; nous avons récolté sans pouvoir consommer. Maintenant tout est fini ! Les tracasseries et les humiliations appartiennent au passé. Les enfants peuvent librement s’amuser dans les mares. Les paysans, les éleveurs, les artisans, les pêcheurs, les commerçants, les ouvriers, chacun peut désormais vaquer à ses occupations. Ensemble fêtons chaleureusement notre dignité retrouvée. Unissons-nous à jamais pour bâtir un monde meilleur et sauvegarder la terre des ancêtres. Et voilà, mes chers amis, comment naquit l’un des plus grands empires de l'Ouest africain, l'EMPIRE DU MALI.

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Textes introduisant les poèmes Tombouctou : Au bout du monde, entre le fleuve et le désert, Tombouctou, ou l’aboutissement d’un rêve, accueille ses visiteurs venant des quatre coins de la terre. La sécheresse : Le désert a englouti mon village avec son marigot, ses arbustes épineux et ses pâturages verdoyants. A la vitesse du vent, les greniers se sont vidés et l’espoir s’est envolé. Le sorcier senoufo : Quand on rêve d’un grand parcours, il faut avoir un bon coursier. La peur gronde en chacun de nous. Le sorcier fait parler la poussière qu’il dégage en marchant dans les broussailles. Le portrait peulh : Derrière la vache se dresse une silhouette aux pas sûrs et certains : celle du berger. La gourde à la taille, le bâton sur l’épaule, il marche lentement dans les brousses lointaines. Mopti-jeunesse : Je vous invite à découvrir avec moi la beauté de la savane entre les hautes herbes, le fleuve, la falaise et les vastes plaines sablonneuses. Mariam de Goundam : Une porte est ouverte ; une autre est fermée. Un jour vient de s’éteindre ; un autre commence. C’est la grande roue de la vie qui tourne. A chacun son destin. Index de l’an 2000 : Index de l’an 2000 est le contenu d’un mouchoir de poche dans la frondaison d’un arbre qui marche .C’est la chanson de tout un monde qui s’attache fermement aux valeurs de la Race humaine. Ali Farka Touré :Amadou, Amadou Bagayogo, sur les bancs de la grande école de la nature, nous nous sommes rencontrés toi et moi : tu soignais les cordes de ta guitare, j’écoutais la voix de mon cœur. Amadou, Amadou Bagayogo, partout, partout sur ton chemin, tu as semé le rythme et la cadence, ponctués par ton sourire merveilleux. Le Mali :Et maintenant, partons au pays du grand soleil où les hommes, les femmes et enfants, le soir au clair de lune, battent des mains, chantent et dansent au son du tam-tam. Chacou :L’enfance d’ici et de là-bas n’ont certainement ni la même couleur, ni la même odeur, mais l’enfance est égale à l’innocence, la plus belle période de la vie. Tabalé :Tabalé n’est pas un tam-tam de réjouissance, mais plutôt un tam-tam de concertation. C’est le tam-tam de l’appel à la prise de conscience de toutes les couches de la société. L’Afrique en marche :L’Afrique en marche est l’histoire de tout un peuple. C’est l’histoire du joug colonial qui se perd dans la mémoire du temps. C’est la marche continue des peuples opprimés. L’épopée mandingue : L’épopée mandingue est l’histoire de l’enfant lion dont les exploits fabuleux font vibrer les cordes de la kora le soir au clair de lune dans les entrailles de la nuit profonde.