1 ATELIER DE FORMATION DES BENEFICAIRES DU PROGRAMME BIOGAZ DE LA SNV, DES SUPERVISEURS ET AUTRES PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT THEME: VALORISATION DU DIGESTAT EN AGRICULTURE BAMENDA, du 26 au 28 September 2011 Auteurs: TEUPA LACHIO BERTIN Ingénieur Agronome / Environnementaliste Expert TERRE ET DEVELOPPEMENT Tel : (237) 6 75 13 88 08 E-mail : [email protected]TIENTCHEU KAMENI Maurice Coordonnateur TERRE ET DEVELOPPEMENT Tel : (237) 2 22 14 67 02/ 6 75 17 09 21 E-mail : [email protected]
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Rapport atelier de formation sur la valorisation agronomique du digestat
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VII ANNEXES .......................................................................................................................................... 17
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I-CONTEXTE
En Afrique, l’urbanisation a connu une croissance spectaculaire durant les dernières
décennies. Cette croissance est favorisée par un important taux de croissance naturelle et un
exode rural massif des populations. Cette urbanisation ne va malheureusement pas sans poser
d’importants problèmes aux responsables en charge des cités africaines et des zones rurales.
L’accès à l’énergie en fait partie.
En raison de la pauvreté, de la faiblesse des capacités des entreprises en charge de la
production et la distribution de l’énergie électrique, des problèmes d’accessibilité au gaz
domestique, du coût élevé du prix du gaz domestique, une frange importante des ménages
dans les pays en voies de développement dont le Cameroun cuisinent encore à partir du bois
de chauffage. Ainsi l’explosion démographique que connaissent les villes Camerounaises
s’accompagne par une augmentation significative de la pression sur la ressource ligneuse en
vu de satisfaire les besoins en bois de chauffage des ménages. Cette pression est l’une des
causes non négligeable de la déforestation et donc de la destruction de l’environnement. Dans
la région sahélienne et les zones montagneuses du pays, dans un contexte de raréfaction de la
ressource, la cuisson à partir du bois de chauffage apparaît plus problématique sur le plan
environnemental, on peut citer entre autre l’important temps consacré à la recherche du
précieux bois de chauffage, par des familles entières, et notamment les femmes et les enfants
qui ne peuvent de ce fait, consacrer plus de temps aux études ou aux loisirs, l’abattage des
zones mises en défens (aires protégées, parcs zoologiques, parcs naturels etc). La destruction
des arbres d’ombrage, etc.
Conscient des conséquences sur le plan socio économique, sanitaire et environnemental
inhérent à l’utilisation du bois comme source d’énergie pour la cuisson dans les ménages, le
gouvernement camerounais à travers le ministère de l’eau et de l’énergie (MINEE) et en
partenariat avec les ONG internationales, SNV et Heifer international, s’est tourné depuis
2010 vers la promotion et le développement du biogaz domestique, à travers la mise en œuvre
du programme intitulé « Programme national de développement et de promotion du biogaz
domestique », qui a démarré en avril 2010. A cet effet, un certain nombre de bio digesteur
(modèle GGC 2047) ont déjà été construits auprès de quelques ménages bénéficiaires,
réparties dans cinq régions du Cameroun (Extrême-nord, Nord, Adamaoua, Ouest, Nord-
ouest).
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Après la phase pilote du programme, la SNV et les pouvoirs publics nationaux ont constaté
que les bénéficiaires n’appréhendaient pas suffisamment l’intérêt de même que les
opportunités offertes par les sous-produits issus du processus de production du biogaz
domestique. Pourtant, l’utilisation du bio-digesteur présente plusieurs avantages parmi
lesquels l’engrais organique appelé digestat. La grande majorité des bénéficiaires actuels ne
profitent pas encore pleinement de ces avantages notamment du principal sous-produit qu’est
le digestat, résidu ou « déchet » qui ressort du bio-digesteur après l’obtention du biogaz, et qui
constitue un engrais organique très riche. Sa meilleure utilisation comme fertilisant devrait
contribuer à l’accroissement de la production agricole.
La valorisation du digestat devrait permettre aux ménages bénéficiaires non seulement
d’assurer un retour sur investissement, mais aussi d’assurer le remboursement du crédit pour
certains. Cependant, l’utilisation du digestat n'est pas très connue par les ménages et nécessite
une sensibilisation et une formation. La valorisation du digestat est un facteur supplémentaire
pour élargir le marché de construction des bio-digesteurs et intéresser aussi d’autres acteurs
au secteur des énergies renouvelables
C’est la raison pour laquelle la SNV a recruté « Terre et Développement », une structure
d’appui ayant des compétences à la gestion agricole afin de renforcer les capacités de diverses
parties prenantes au programme, à l’utilisation des sous-produits issus des biodigesteurs et
notamment le digestat. A cette fin, un atelier de formation s’est tenu les 5 et 6 octobre 2011 à
Bamenda aux fins de renforcer les capacités de diverses parties prenantes et notamment les
services déconcentrés de l’Etat, les Collectivités Territoriales Déconcentrées, les
établissements publics tels le FEICOM, les institutions de microfinances, les médias, les ONG
et associations, les institutions de recherche, les instituts de formation, les bénéficiaires de
biodigesteurs, les agriculteurs, les éleveurs, les institutions de microfinances, les Collectivités
Territoriales Décentralisées, les agriculteurs, les éleveurs etc.
II-OBJECTIF GLOBAL
Au terme de la formation les participants ont appréhendé toutes les potentialités et les usages
du biodigestat dans l’agriculture familiale.
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III-OBJECTIFS SPECIFIQUES
Faire comprendre aux parties prenantes, l’importance du digestat comme engrais
organique pour la production agricole ;
Renforcer les capacités des participants sur le processus de compostage à partir du
digestat, l’utilisation optimale des sous-produits issus des biodigesteurs dans
l’amélioration de la production agricole.
III- METHODOLOGIE
La formation s’est basée sur des approches participatives. Il s’est agi pour les facilitateurs, de
manier la dynamique de groupe, les techniques andragogiques, de même que les échanges
d’expériences. Les apports théoriques des experts ont été à chaque fois confrontés à la réalité
des faits imposés par la pratique quotidienne sur le terrain. Il en a découlé des confrontations
qui ont éclairci davantage les questionnements des participants sur les aspects en débat.
IV-DEROULEMENT DE LA FORMATION La formation a commencé par un discours de bienvenue à l’attention des participants,
discours prononcé par le coordonnateur de SNV Bamenda, Mr Moussa Charlot. A souhaité la
bienvenue aux participants de même qu’il les a exhorté à prendre part aux différents travaux,
et ce de manière assidue et engagé.
Un round-up des attentes et des craintes des participants sur le thème du jour à savoir la
valorisation du digestat en agriculture, a été effectué afin d’ajuster les contenus, de même que
le mode opératoire, aux désidératas des personnes à former. Un résumé des attentes et des
craintes des participants est condensé dans le tableau ci-dessous :
Attentes Craintes
De claires explications sur le processus de
valorisation du digestat.
Que les documents de formation ne soient
pas disponibles pour les participants
Acquérir suffisamment de connaissances sur
la composition du digestat et ses méthodes
d’application
Que le digestat ne soit pas disponible au
niveau des principaux utilisateurs que sont
les paysans
Ce qu’il faut pour mettre en place un
biodigesteur et comment tout le système
fonctionne.
Absence d’un mécanisme de suivi après le
séminaire
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Les différences entre le digestat et l’engrais
chimique
Contamination de l’environnement du fait
des produits chimiques contenus dans le
digestat.
La différence qu’il y a à faire entre le
digestat frais et le digestat sec
Que le temps imparti à la formation ne soit
pas suffisant pour bien maîtriser les concepts
Comment utiliser le digestat en saison
sèche ?
Une contamination de l’environnement par
les biodigesteurs
Le marketing du digestat Que le digestat ne soit incompatible avec la
préservation d’un environnement sain
Mieux connaître les participants afin
d’interagir ensemble dans les échanges
d’expériences.
Le digestat pourrait constituer une source de
contamination nocive pour la santé du fait du
contact régulier avec les déchets d’animaux.
Comment financer la construction des
biodigesteurs ?
Le digestat pourrait contaminer le sol
Bonne utilisation du biogas, et ses différents
sous-produits.
Peur de la prolifération des moustiques dans
les abords des fosses de digestat
Réduire les conflits entre les éleveurs et les
agriculteurs
Absence de visite terrain au cours de la
formation.
Bonne utilisation du digestat L’apport du digestat pourrait créer un conflit
entre les vendeurs d’engrais chimiques et les
promoteurs du digestat de même que ses
utilisateurs.
Risque d’explosion des biodigesteurs suite au
gaz libéré.
Nous donner des arguments pertinents pour
convaincre les paysans dans l’adoption du
digestat.
Risque d’inhalation du gaz s’échappant de la
cuisinière d’un biodigesteur.
Qu’il y ait des descentes terrain afin de
toucher du doigt les réalités du biodigesteur,
de même que celles du digestat
Cette étape a permis de se rendre compte que quelques-uns des participants étaient tout à fait
nouveaux dans le processus et ne maîtrisaient pas encore la technologie. Aussi, a-t-il été
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opportun de donner la parole aux cadres de la SNV présents afin que ces derniers fassent
quelques mises au point préalables, notamment s’agissant de la compatibilité
environnementale du digestat, de même que sa compatibilité avec la santé des utilisateurs. On
a ainsi appris que le digestat, au lieu d’être nocif pour l’environnement, en est plutôt son
fervent protecteur. C’est la raison pour laquelle, comme on le verra par la suite, le digestat
constitue un excellent fertilisant, un protecteur du sol.
IV.1PRECISIONS SUR LA COMPATIBILITE ENVIRONNEMENTALE DU
DIGESTAT Pour ce qui est des craintes pour la santé, le staff de la SNV, corroboré par les témoignages de
nombreux utilisateurs, a démontré que le digestat est issu d’un processus de libération du gaz
à une température oscillant entre 40 et 45°C. Une telle température a tendance à tuer les
bactéries contenues dans le croton des animaux. Le risque de contamination des humains à
partir du digestat est donc très limité.
Pour ce qui est des inquiétudes concernant le risque d’explosion, on a relevé que la
technologie promu par la SNV provient des expériences de cet organisme au Népal qui a pu
valoriser le biogaz dans ce pays, au point d’en faire une technologie partagée par la quasi-
totalité de la population. Quoiqu’il en soit, les biodigesteurs promus par la SNV, sont
façonnés par des constructeurs formés aux normes de sécurité les plus stricts. A ce jour, a
affirmé le staff de la SNV, sur les 90 biodigesteurs produits de part le pays, aucun incident
n’a eu à être déploré.
Toujours pour corroborer le risque d’explosion quasi nul, des participants ont témoigné sur le
fait qu’en cas de négligence due à l’ouverture prolongée des vannes de la cuisinière, y
compris par les enfants, l’odeur du méthane, certes se répand dans la maison, mais est
insusceptible de mettre celle-ci en danger, y compris en présence d’étincelles.
Pour mettre tout le monde au même niveau d’informations, un bref rappel du Programme
biogaz soutenu par la SNV et le MINEE a été effectué.
La formation proprement dite a commencé par la présentation des avantages et des
inconvénients de l’engrais organique et de l’engrais chimique. Le tableau ci-dessous a révélé
la quintessence de ces avantages et inconvénients.
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IV.2-EFFETS DU DIGESTAT ET DE L’ENGRAIS CHIMIQUE SUR LES
CARACTERISTIQUES PHYSICO-CHIMIQUES DU SOL
Caractéristiques physiques
et chimiques du sol
Effet dû à l’apport de
l’Engrais organique
Effet dû à l’apport de
l’Engrais chimique
Structure Améliore la structure N’a aucun effet, et pourrait
au contraire altérer la
structure du sol,
Perméabilité Améliore la perméabilité N’a aucun effet
Capacité du sol à retenir
l’eau
Améliore la capacité du sol à
retenir l’eau
N’a aucun effet
Capacité du sol à retenir les
éléments nutritifs
Améliore la capacité du sol à
retenir des éléments nutritifs
N’a aucun effet
Teneur du sol en micro-
organismes utiles
Améliore la teneur du sol en
micro-organismes utiles
N’a aucun effet, et pourrait
au contraire tuer les micro-
organismes utiles du sol,
IV.2-EFFETS NOCIFS SUR LE SOL ET L’ENVIRONNEMENT
Effet nocif susceptible de se
produire
En cas d’utilisation de
l’engrais organique
En cas d’utilisation de
l’engrais chimique
Altération du sol par
acidification
Risque faible Risque élevé en cas
d’utilisation d’engrais
acidifiants
Altération du sol par
Alcalinisation
Risque faible Risque élevé en cas
d’utilisation d’engrais
alcalinisant
Risque de toxicité pour la
plante
Risque faible en cas
d’utilisation d’un engrais
organique de bonne qualité
Risque élevé
Risque de brulure de la plante Risque faible en cas de bon
usage
Risque élevé même en cas de
bon usage
Pollution de la nappe
phréatique en nitrate
Risque faible Risque élevé en cas
d’utilisation des engrais
azotés
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Contamination du sol en
métaux lourd
Risque faible en cas
d’utilisation d’un engrais
organique de bonne qualité
Risque existant
Contamination du sol en
germes parasites
Risques faible en cas
d’utilisation d’un engrais
organique de bonne qualité
Aucun risque
Contamination du sol en
semences de mauvaises
herbes
Risques faible en cas
d’utilisation d’un engrais
organique de bonne qualité
Aucun risque
Le formateur a conclu sur cette partie par les divers effets sur le rendement des plantes à
savoir qu’un sol fertilisé uniquement avec de l’engrais chimique risque de voir son rendement
baisser considérablement avec le temps, cependant qu’un un sol fertilisé avec de l’engrais
organique montre une stabilité dans la production et une progression du rendement avec le
temps.
POINTS D’ATTENTION
La discussion sur ce point, a porté sur les risques de contamination que pourraient susciter
l’engrais organique à base de digestat sur les plantes, de même que sur les hommes. De fait,
quelques participants ont émis des craintes sur le fait que des produits vétérinaires dangereux
voire avariés qui sont souvent inoculés aux animaux ne puisent avoir des effets négatifs sur
les plantes, voire sur les hommes qui les manipulent. D’autres ont pensé que le digestat
pourrait libérer des métaux lourds dans le sol, ce qui aurait plutôt un effet contraire à celui
souhaité. Le formateur a évacué le risque de contagion des êtres humains et des plantes à
partir du digestat, et a expliqué que les produits vétérinaires fussent-ils dangereux, notamment
pour ce qui est des composés organiques polluants sont détruits pour la plupart durant le
séjour des crotes animales dans le biodigesteur. Pour ce qui concerne les craintes concernant
les métaux lourds, il a rassuré les participants sur le fait que la composition chimique du
digestat, comme on le verra d’ailleurs par la suite, ne comporte pas de risques de
contamination du sol en métaux lourds. En effet, et d’après SOLAGRO (2004), il est observé
que la digestion anaérobie qui a lieu dans le biodigesteur transforme des métaux lourds
sous une forme insoluble.
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IV.3-CONCEPTS CLE ET ELEMENTS DE BASE SUR LES BESOINS DES PLANTES
EN ELEMENTS NUTRITIFS L’entame de la formation a également consisté en une mise en train, grâce à la définition des
concepts. Les participants se sont ainsi familiarisés avec les notions de base qui vont être
utilisées lors de l’atelier. Il s’est ainsi agi de notions telles : sol, texture du sol, granulométrie,
structure, agrégats du sol, porosité, capacité de rétention d’eau, humidité, salinité, déchet
biodégradable, déchet non biodégradable, engrais de fond, engrais d’entretien ou de
couverture etc.
Le formateur a définit les besoins de plantes en éléments nutritifs. On a ainsi appris que
l’analyse des plantes montre qu’elles contiennent, dans des proportions différentes, un certain
nombre d’éléments dont a besoin la plante tels l’onze, le carbone, l’oxygène, l’hydrogène,
l’azote, le calcium, le magnésium, le phosphore , Le potassium, le sodium, le souffre, etc. Ces
éléments sont dits majeurs, ils forment plus de 99% du poids de la plante.
A côté des éléments majeurs, on en trouve environ dix-huit autres en quantité très réduite dans
les plantes. Bien qu’en quantité faibles 07 parmi les éléments mineurs ont un rôle déterminant
dans la croissance des végétaux et agissent à l’état de trace, il s’agit de : le bore, le chlore, le
cuivre, le fer, le manganèse, le molybdène, le zinc. Il se trouve que tous ces éléments
nécessaires à une bonne croissance de la plante, sont en majorité contenus dans le digestat.
IV.4-techniques de production du compost En dehors des déjections animales, le formateur a relevé que le biodigesteur pouvait
également recevoir des déchets de toute autre nature, notamment des déchets ménagers. Il a
dès lors, déroulé les mécanismes menant à la production du compost. Les différentes étapes
ont été abordées : tri primaire des déchets, broyage fermentation (aérobie), maturation,
affinage par criblage du produit issu de la maturation. Le cas spécifique du digestat qui est
une méthode anaérobie de production du compost a également été abordé. Le formateur a
déroulé l’évolution de la matière organique au cours de la digestion anaérobie telle que cela
se produit dans le biodigesteur. On ya a appris qu’au cours de la décomposition anaérobie
2/3 de la matière organique facilement biodégradable (lipides, protéines, amidon,
cellulose, acide gras, ) sont dégradés et transformés en biogaz ;
La lignine reste conservée ;
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L’azote, issu de la dégradation des composés azotés organiques et dégradés au même
taux que la matière organique globale, se retrouve sous forme N-NH4+ et
majoritairement dans la fraction liquide du digestat (plus de 85% d’après SOLAGRO,
2004) ;
Les 2/3 du phosphore contenu dans la matière organique originale se minéralisent,
toutefois, contrairement à l’azote, le phosphore minéral se trouve majoritairement dans
la fraction solide du digestat, à plus de 70% (SOLAGRO, 2004).
Le Potassium issu de la dégradation de la matière organique serait lui aussi
majoritairement sous forme minéralisé dans la fraction liquide à plus de 60 % comme
l’azote (SOLAGRO, 2004), toute fois les avis sont partagés.
IV.5-TECHNIQUES DE PRODUCTION DU COMPOST DE DIGESTAT Pourquoi un post traitement du digestat ?
A cette question, le formateur a répondu en expliquant que le digestat qui sort d’un bio
digesteur est un substrat organique, constitué d’un mélange de phase solide et liquide. Il est
difficile dans cet état, de stocker ce substrat, voire de le commercialiser.
De plus, la phase solide du digestat est constitué d’une partie de la matière organique
facilement biodégradable mais qui n’a pas encore été digéré, et de la presque totalité de
molécules précurseurs de l’humus, dont l’évolution en composés humiques requière des
conditions d’aération et de température inférieures à 40 °C.
Le post traitement du digestat a donc pour but de déshydrater le digestat obtenu par pressage,
ou par séchage du substrat issu du bio digesteur, et de compléter la digestion de la phase
solide du digestat : Cela est obtenu par la maturation de cette phase solide. Pour effectuer
cette maturation, le formateur a conseillé aux agriculteurs, de façonner des cages de bambous
de 1m3 et d’y laisser le digestat maturé à l’ombre pendant au moins deux semaines, cependant
que la fraction liquide, très riche en nitrate, doit être recueillie aux fins d’utilisation comme
urée dans les champs. La fraction solide qui deviendra le compost de digestat est plus utile
pour la plante que la fraction séchée habituellement utilisée par les ménages dans l’agriculture
familiale.
Afin de mieux appréhender la manière d’utiliser au mieux les différentes fractions du
digestat,, Un sondage avait été précédemment réalisé par Terre et Développement et la SNV.
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Il a révélé que les utilisateurs de ces sous-produits ne maîtrisaient pas les doses appropriées à
différentes cultures encore moins les modes opératoires, tant du point de vue de
l’administration du produit que des préalables à réaliser aux fins d’un usage efficace.
Les résultats de ce sondage ont été présentés au cours de la formation et les correctifs apportés
par rapport aux divers usages naguère usités des sous-produits du digestat par les utilisateurs.
POINTS D’ATTENTION
Au cours des discussions qui ont suivi, les participants ont souhaité connaître la différence
qu’il y aurait du point de vue de la nutrition des plantes, de même que de l’enrichissement du
sol entre le digestat obtenu à base des détritus de cuisine et le digestat obtenu sur la base des
déjections d’animaux. Le formateur a explique en réponse à cette interrogation que tout
dépend du type d’animal en présence d’une part, et de la nature des détritus de cuisine utilisés.
Par exemple il est admis que le digestat de fientes de poule est l’un des digestats les plus
riches qui soit.
IV.6-UTILISATION DES DIFFERENTES PARTIES DU DIGESTAT Le formateur a entretenu l’assistance sur les caractéristiques des différentes formes de
digestat. Aussi, a-t-il donné des précisions sur les utilisations possibles du digestat frais, du
digestat liquide et du compost de digestat.
Digestat frais
Le digestat frais qui sort du digesteur, est constitué des deux phases du digestat : la phase
liquide très enrichie en azote assimilable, et en potassium, et la phase solide riche en matière
organique et en phosphore. Son pouvoir fertilisant est de loin supérieur au digestat séché. Le
digestat frais dans un système de production agricole qui dépend peu de l’engrais minéral doit
être utilisé de façon préférentielle parce qu’il offre le double avantage d’être en même temps
un engrais minéral et un amendement organique ;
Digestat liquide
Cette fraction contient plus que le compost mur et le digestat frais de l’azote sous la forme
directement assimilable par les plantes. Il s’agit de la fumure azotée à apporter en couverture,
c’est-à-dire après semis et pendant la phase de croissance des plants (environ 2 s après levée) ;
Compost de digestat
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Il s’agit du digestat débarrassé d’une partie de sa substance liquide et maintenu à maturation à
l’ombre. Ce substrat a un pouvoir fertilisant inferieur au digestat frais, mais bien supérieur au
digestat séché au soleil. Le facilitateur a recommandé que son utilisation soit associée à
l’apport de fumure minérale ou de l’apport de la fraction liquide du digestat pour avoir une
réponse optimale des plantes.
POINTS D’ATTENTION
A l’issue de cette présentation,
Les participants ont voulu savoir si un excès de dose de digestat sur les plantes ne constituait
pas un danger pour la survie de la plante elle-même ou pour l’environnement. Non a répondu
le formateur qui a affirmé qu’en présence du digestat, la plante n’absorbe que la quantité
d’éléments nutritif qui lui est nécessaire à sa croissance. Quant au sol qui a vu son pouvoir
adsorbant amélioré de façon significative, il va retenir les quantités non utilisés par la plante
pour les libérer lors des prochaines semailles. D’autres préoccupations avaient trait aux effets
des différentes substances constituant le digestat sur les plantes, notamment le carbone, les
nitrates, l’urée etc. Le formateur a donné des éclaircissements sur ces différentes questions.
Une autre préoccupation a été celle de savoir si les déjections issues des différents animaux à
savoir porc, bœufs, et volaille pouvaient être utilisé à la fois dans le même biodigesteur. Oui a
répondu le facilitateur qui a d’ailleurs conseillé cette méthode qui pourrait au final améliorer
la qualité agronomique du digestat obtenu.
IV.7-DOSES D’APPLICATION DU COMPOST MATURE POUR QUELQUES
CULTURES Un tableau d’utilisation approprié du digestat a été commenté par le formateur et ce de
manière participative avec les diverses parties prenantes au séminaire de formation. Le
tableau a été conçu par le formateur et prend appui sur les doses prescrites par le MINADER,
et notamment le Programme de Revalorisation du Sous Secteur Engrais (PRESSE). Par des
équivalences et des calculs d’approximation il a ainsi pu déterminer la dose de la fraction
liquide du digestat à apporter en fonction de certaines cultures au cas où on utiliserait cette
fraction liquide en remplacement de l’urée. Toutefois, il a invité des recherches plus
approfondies à confirmer ou à infirmer ces doses. Cette recherche sera du reste menée dans le
cadre de ce projet, grâce à la mise en place de 8 parcelles de démonstration à travers 3 sites.
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POINTS DE D’ATTENTION
Un participant a fait remarquer que d’après son expérience, en mélangeant le digestat à la
bouse de vache avant de l’introduire dans le biodigesteur, il obtenait plus de gaz. Il souhaitait
connaître les raisons de cette situation. Le formateur, tout en le félicitant pour son sens de la
curiosité et de la recherche, a expliqué que le digestat frais comporte des nitrates qui
favorisent plus rapidement la multiplication des microorganismes nécessaires à la dégradation
de la bouse de vache. Il faut rappeler que c’est au cours de ce processus de dégradation
qu’intervient la production du méthane alors utilisé pour la cuisson.
Des préoccupations ont également été notées à propos des plants de tomate qui subiraient un
effet de brûlure du fait, a affirmé un participant de l’utilisation du digestat liquide. Le
facilitateur a demandé de faire très attention au cours de l’épandage du digestat liquide sur les
plantes. De fait, a-t-il conseillé, il faut éviter de mettre le digestat sous toutes ses formes
directement en contact avec les plantes.
Quoiqu’il en soit, les participants ont été unanimes sur un fait : le digestat concoure à la
production d’une agriculture bio qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives dans la
labellisation des produits estampillés « bio » dans les Régions de l’Ouest et du Nord-Ouest.
Une telle labellisation devrait créer de la valeur ajoutée aux agriculteurs, renforcer la lutte
contre la pauvreté, accroître le niveau de vie dans les zones rurales et participer de la sécurité
alimentaire.
V. EVALUATION DE LA FORMATION
V.1 Evaluation individuelle
Au terme de la formation, les participants ont été évalués individuellement afin de connaître le
degré d’assimilation des enseignements dispensés. Le dépouillement des fiches individuelles
produites à cet effet, a permis de se rendre compte que dans l’ensemble les participants ont
bien assimilé les orientations de même que les expériences échangées au cours de la
formation. Ainsi sur un total de 30 participants s’étant volontairement soumis à l’évaluation,
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on remarque qu’une grande majorité (29 participants) a obtenu une note supérieure ou égale à
12/20. Une seule note insuffisante été enregistrée. Du reste, le tableau ci-dessous donne une
vue globale de l’ensemble des performances des participants.
N° Mention obtenue Nombre de
participants
Pourcentage
01 Assez-Bien (12-14) 09 30%
02 Bien (14-16) 08 26,66%
03 Très Bien (16-18) 10 33,33%
04 Honorable (18-20) 02 6,66%
05 Insuffisant 01 3,33%
V.2 EVALUATION GLOBALE (Voir photo)
VI. PERSPECTIVES D’AVENIR
A l’issue de l’atelier, plusieurs participants ont émis le vœu de voir se mettre en place un plan
d’action en vue de maintenir éveillé dans les régions concernées, la flamme de cet engrais
organique qu’est le digestat. Plusieurs propositions ont été faites. Les participants ont émis le
vœu de se regrouper en GIC de producteurs de digestat afin de bénéficier des financements
dans le cadre du FNE et même du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises et de
l’Artisanat. Le représentant de ce ministère qui participait d’ailleurs à la formation a révélé
que des mesures de facilitation en vue de la création des entreprises étaient à l’ordre du jour
dans leurs services. Il a à ce propos, donné plus de précisions sur les bénéfices que les
participants pourraient obtenir du centre de facilitation de la création des entreprises déjà
opérationnel au Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, et de l’Artisannat. Pour sa
part, le MINADER, par la bouche de son représentant a également affirmé que son Ministère,
à travers le département du Génie Rural, collabore déjà étroitement avec le MINEE, dans le
cadre de l’électrification et de l’hydraulique rurale. Une telle collaboration, a-t-il affirmé,
devra s’étendre dans le cadre du projet biogaz avec le MINEE. Pour ce qui est des
financements, il a affirmé que le MINADER a toujours eu le souci de la promotion du monde
rural grâce notamment aux financements directs octroyés aux GIC. De tels financements, a-t-
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il précisé, pourraient désormais être octroyé dans la cadre du financement de la construction
des biodigesteurs.
Toutes ces propositions ont déterminé la SNV à partager avec les participants, quelques
grandes lignes de ce qui pourraient apparaître comme l’embryon d’un plan marketing en vue
de la commercialisation du digestat dans les régions concernées. Les reflexions sont en cours
et les participants ont souhaité être associés à l’avenir de plus prêt à ce qui pourrait devenir à
l’avenir, la saga de la réussite du digestat dans l’essor de l’agriculture familiale dans notre
pays.
VI-CONCLUSION
L’atelier sur le digestat a été hautement participatif tant du point de vue de la qualité des
participants que de la profondeur des échanges. Le digestat est apparu comme un point de
jonction et une base de collaboration entre les éleveurs et les agriculteurs dans la Région du
Nord-Ouest qui, très souvent, se regardent en chiens de faïence du fait des accusations
mutuelles de destruction de cultures et de tueries de bêtes. L’importance de ce digestat est tel
que d’aucuns considèrent désormais le digestat comme un produit phare du projet biogaz, le
gaz domestique ne constituant dès lors qu’un sous-produit. Plusieurs expériences montées par
les agriculteurs et les bénéficiaires de biodigesteurs notent qu’une agriculture utilisant
directement les déjections animales a une rentabilité amoindrie que si ces déchets étaient
passés par un biodigesteur.
C’est dire que le digestat pourrait constituer s’il est bien promu, une plate-forme d’ascension
sociale, du fait qu’il permettra d’augmenter les rendements, des paysans. Une fois leurs
revenus accrus, ces derniers pourraient également accéder au biogaz dont les impacts sur la
qualité de vie et l’environnement ne sont plus à démontrer.
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VII ANNEXES
- Questionnaires adressés aux ménages bénéficiaires de bio-digesteurs
- programme de formation
- Discours d’ouverture du Coordonnateur de SNV Bamenda.
- Modules de formation
-Version power-point des modules de formation dispensés.
-Version power point d’une ébauche de plans d’action, du marketing et de la
commercialisation du digestat.
- Fiche d’évaluation individuelle de la formation
- Protocole de mise en place des parcelles
-Quelques Images des formes et utilisations possibles des sous-produits du digestat
- Liste de présence des participants
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ANNEXE 1
QUESTIONNAIRES ADDRESSES AUX MENAGES BENEFICIAIRES DE
BIODIGESTEURS
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QUESTIONNAIRE ADDRESSED TO THE HOUSEHOLDS THAT
BENEFITED FROM BIO-DIGESTER AND ALREADY USING THE BIO
SLURRY IN AGRICULTURE
Objectives
To identify possible gaps and innovations as regard current use of the digestat
(slurry) by households benefited a bio-digesters;
To bring corrective measures necessary to fill the gaps identified for better integrating
them in the training modules of the participants
I- STATE UNDER WHICH THE DIGESTAT (SLURRY) IS APPLIED
1) In which state do you bring the slurry on the soil?
a) Fresh state Yes □ No □
b) Dry state Yes □ No □
2) Which are the difficulties or problems that you encountered by using the slurry in a
fresh state?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………..
3) Which are the difficulties or problems that you encountered by using the slurry in a dry
state?
………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………..
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4) The fresh slurry is it more advantageous according to you for the cultures, compared with
the dry one? Yes □ No □
Why ?…………………………………………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
5) The dry slurry is it more advantageous according to you for the cultures, compared with the
fresh one? Yes □ No □
Why ?…………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………….
II- MODE Of SPREADING
How do you spread the slurry on the ground for the cultures?
a) By hiding in the soil Yes □ No □
b) By spreading on the soil surface Yes □ No □
c) By spreading it on the soil surface around the seedling without hiding Yes □ No □
d) By spreading it on the soil surface around the seedling while hiding Yes □ No □
e) Others ………………………………………………………………………………………
III- PERIOD OF SPREADING THE FRESH DIGESTAT ON
THE SOIL
If you used the fresh digestat
1) Do you hide the slurry on the soil and carry out immediately sowing or transplantation?
Yes □ No □
2) Do you hide the fresh slurry on the soil then wait approximately 1 week or more before
sowing or transplanting? Yes □ No □
3) Is it worth according to you, to hide the fresh slurry in the soil, then to wait approximately
1 week or more before sowing?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
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4) Have you observed some problems on the cultures when you hide the fresh slurry on the
soil and you sow directly without awaiting approximately 1 week?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
3-5) At what time of the day do you apply the fresh slurry on the soil?
a) At any time of the day Yes □ No □
b) In the morning before 10 a.m Yes □ No □
c) At mid day Yes □ No □
d) Between 1 to 4 p .m Yes □ No □
e) Between 5 to 6 p.m Yes □ No □
IV - PROPORTION TO BE USED
a) Your amount is a handle of slurry by plant and you apply it for all the crops
Yes □ No □
b) Your amount is a handle of slurry by plant, but according to certain crops you increase
this amount Yes □ No □
b) You do not have any amount and you bring an arbitrary quantity of slurry per plant
Yes □ No □
V - USE OF THE DIGESTAT ON FRUIT TREES
1) Do you use the slurry on fruit trees? Yes □ No □
2) If yes how is it brought?
At the fresh state Yes □ No □
Why? ……………………………………………………………………………………..... …
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
At the dry state Yes □ No □
Why? …………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………….
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…………………………………………………………………………………………………
3) What is the amount or quantity brought per tree?
a) One handle Yes □ No □
b) Two handles Yes □ No □
c) Three handles Yes □ No □
More than three handles Yes □ No
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ANNEXE 2
PROGRAMME DE FORMATION
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Jour 1
8-10 h : Arrivée et inscription des participants
10h-10h30 : Ouverture du séminaire par le délégué régional MINADER/MINEE
- Mot de bienvenue du coordonnateur régional de SNV Bamenda
- Discours du délégué régional MINADER/MINEE
10h 45 Photo de famille
10h45-11h : Pause café
11h-11h 30: Présentation et recueils des attentes et craintes des participants
11h30-11h40 : Mise en place de l’équipe de reporting de la journée 1
11h 40-12h30 : Présentation du Programme de biogaz et clarification des concepts
12 h30-14h30 : Pause déjeuner
14h30-15h30 : Comment obtenir du compost de bonne qualité à partir du digestat ?
15 h30-16h15 : Effets d’un compost de digestat sur le sol
16h15-16h30 : Pause café
16h30-17h : Evaluation de la journée et mise en place d’une équipe de reporting pour la
journée 2
Jour 2
8h-8h30 : Présentation du rapport du jour 1
8h-9h30 : Comment utiliser de façon optimale le digestat frais
9h30-10h30 : Comment utiliser de façon optimale la fraction liquide du digestat
10h30-11h : Pause café
11h 12h30 : Comment utiliser de façon optimale le compost de digestat
12h30-14h30 : Pause déjeuner
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14h30-16h15 : Fiche technique de l’utilisation de diverses formes de digestats
16h15-16h30 : Pause café
16h30-17h : Evaluation de la journée
Fin de la phase théorique
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ANNEXE 3
DISCOURS D’OUVERTURE DU COORDONNATEUR DE SNV BAMENDA
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The Regional Delegates of different Ministries
Dear Partners
Ladies and Gentlemen
In partnership with the Ministry of Energy and Water Resources, SNV has been
implementing the Biogas programme, aimed at increasing access of households
to low cost energy.
This workshop is therefore a move towards building the capacities of
stakeholders in the exploitation of bio slurry, a by-product from biogas plant.
Terre etDéveloppement, a LCB has been commissioned by SNV to facilitate this
workshop.
You are therefore welcome to this two days workshop during which you will be
expected participate actively, by sharing your rich experiences and exchanging
with each other.
Ladies and gentlemen, wish you all a good working session.
Table of content ..................................................................................................................................... 30