RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Février 2014 | Numéro 2 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Production végétale Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique Page 44 Production animale Valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures Page 52 Eclairage Série ProfiCrops: Agriculture urbaine: le projet FUI Page 60
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Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014
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RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
F é v r i e r 2 0 1 4 | N u m é r o 2
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Production végétale Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique Page 44
Production animale Valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures Page 52
Eclairage Série ProfiCrops: Agriculture urbaine: le projet FUI Page 60
La santé des abeilles est au coeur des préoccupations des chercheurs du Centre de recherche apicole (CRA). Un groupe d’experts, dont fait partie Peter Gallmann (voir portrait, p. 71), ancien responsable du CRA, est en train d’élaborer un catalogue de mesures destinées à protéger la santé des abeilles dans notre pays. (Photo: BGD/SSA)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
ments pourraient-ils fléchir, par exemple à cause d’une
moins bonne fertilité du sol? La pression des adventices
pourrait-elle être accentuée par les pratiques bio? Une
enquête récente révèle que de nombreux exploitants en
mode conventionnel renoncent à se convertir au bio,
craignant les problèmes de mauvaises herbes (Ferjani et
al. 2010). Par ailleurs, on ne sait pas, faute de recherches
approfondies, si l’agriculture biologique favorise et aug-
mente la biodiversité sur le long terme, notamment
parce que l’utilisation de pesticides y est prohibée.
I n t r o d u c t i o n
En Suisse, l’agriculture biologique prend une place tou-
jours plus importante (Bio Suisse 2013). Les conditions
actuelles du marché entraînent des marges brutes par
hectare plus élevées pour un grand nombre de cultures
conduites selon les techniques biologiques (Zihlmann et
al. 2010), ce qui peut inciter à la conversion. Cependant,
la question de l’évolution à long terme des rendements
et des facteurs de rendement reste ouverte. Les rende-
Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologiqueAdrian Honegger, Raphaël Wittwer, Django Hegglin, Hans-Rudolf Oberholzer, Anne de Ferron,
Philippe Jeanneret et Marcel van der Heijden
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse
dans les engrais organiques ont été calculées sur la base
des Données de base pour la fumure des grandes cultures
et des herbages 2009 (DBF, Flisch et al. 2009).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Aucune baisse des rendements
Le rendement est un des éléments clés de la production
agricole et constitue un facteur de décision déterminant
pour les chefs d’exploitation. Différentes études
montrent qu’en agriculture biologique, les rendements
sont plus faibles (Seufert et al. 2012). Cependant, leur
évolution sur la durée est encore incertaine. Aucune dif-
férence de rendement du maïs n’a été constatée entre
exploitations BIO et exploitations conventionnelles
(tabl. 2). En revanche, les rendements du blé d’automne
dans les parcelles PER dépassaient de 15 dt/ha en
moyenne ceux des parcelles BIO, soit 20 % de moins en
parcelles BIO par rapport aux parcelles PER. Ces résultats
concordent avec ceux de deux autres expériences suisses,
soit l’essai de systèmes DOK dans le canton de Bâle (Jossi
et al. 2009) et l’essai de systèmes culturaux de Burgrain
dans le canton de Lucerne (Zihlmann et al. 2010).
Outre le niveau des rendements, leur stabilité sur la
durée est aussi un élément déterminant. Dans cette
étude, aucun fléchissement des rendements de maïs et
de blé d’automne n’a été constaté en relation avec la
durée des pratiques biologiques. Ceci démontre qu’avec
Rota
tion
des
cul
ture
s
Précédent cultural 2010: Prairie temporaire
Culture principale examinée en 2012: blé d'automne
Culture principale examinée en 2011: maïs d'ensilage
Rendement
Population d'araignées
Pression des mauvaises herbes / Espèces de mauvaises herbes
Champignons du sol (mycorhyzes)
Biomasse microbienne
Disponibilité des éléments nutritifs
Figure 2 | Rotation des cultures et paramètres étudiés à l'exemple de la culture du maïs d'ensilage de 2011.
Groupe Maïs d'ensilage 2011 Blé d'automne 2012
MS (dt/ha) (%) (dt/ha) (%)
PER 209 100 74,9 100
Co 207 99 58,5 78,1
BIO1 201 96,2 58,7 78,4
BIO2 208 99,5 61,5 82,1
Tableau 2 | Rendements moyens* de maïs d'ensilage (MS) et de blé d'automne (PER = 100 %)
*Les échantillons de maïs d’ensilage et de blé d’automne ont été récoltés à la main sur de petites parcelles (rectangle de 60×40 cm). Les rendements en matière sèche (MS) ont ensuite été calculés par parcelle puis extrapolés pour obtenir un rendement à l’hectare. On estime que dans la pratique, les rendements effectifs sont inférieurs d’environ 10 à 25 % (dus principalement aux pertes lors de la récolte, des passages de tracteur ou des bords de champs).
Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale
47Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014
de production. Si les exploitations PER disposent d’herbi-
cides de synthèse efficaces applicables en post-levée, ces
produits sont évidemment interdits en culture biolo-
gique, pour lesquelles on ne peut recourir qu’au désher-
bage mécanique ou manuel.
Comme on pouvait s’y attendre, la pression des
adventices augmente rapidement dès que l’on doit
renoncer aux herbicides lors de la conversion à l’agricul-
ture biologique (fig. 4). Cependant, les exploitations du
groupe BIO2 («anciens» BIO) n’ont pas plus de problèmes
une fumure minérale réduite et une utilisation ration-
nelle des engrais de ferme, la fertilité du sol n’est pas
altérée, ce qui permet de maintenir durablement un
bon niveau de rendement (tabl. 2).
La pression des adventices reste stable
Bien que de nouvelles méthodes de régulation de la
pour l’agriculture biologique, les mauvaises herbes
restent un des problèmes majeurs inhérents à ce système
Figure 3 | Situation des parcelles étudiées (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1).
Figure 4 | Couverture moyenne du sol par les adventices, en pourcents (avec erreur-type) dans les cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne pour chacun des quatre groupes d'exploita-tions (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.
PER
Co
BIO1
BIO2
a
b b
b
a b b b
0,0
5,0
10,0
15,0
20,0
25,0
30,0
35,0
40,0
45,0
50,0
PER Co BIO1 BIO2 PER Co BIO1 BIO2
Maïs d‘ensilage 2011 Blé d‘automne 2012
Couv
ertu
re d
u so
l par
les
adve
ntic
es [%
]
Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique
Tableau 3 | Quantités d'éléments nutritifs (moyennes) apportées aux cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne. Des lettres diffé-rentes dans la même colonne signalent des différences significatives entre les moyennes (p < 0,05) selon le test de Tukey
Les classes de fertilité (A=pauvre, B=médiocre, C=satisfaisant, D=riche, E=très riche) correspondent aux disponibilités en éléments nutritifs dans le sol.
Des lettres différentes dans la même colonne signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.
Tableau 4 | pH du sol, teneurs moyennes en éléments nutritifs et nombre d'exploitations par classe de fertilité selon DBF (Flisch et al. 2009)
1constituée d'ammonium et partiellement de nitrate.
Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale
49Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014
Une microflore du sol riche
Les microorganismes du sol jouent un rôle important
dans la libération des éléments nutritifs, fournissant ainsi
une importante contribution à la fertilité du sol. Pour
cette raison, leur abondance et leur activité sont de bons
indicateurs du niveau de fertilité du sol (Oehl et al. 2011).
La biomasse microbienne (mesurée selon la méthode
SIR) fait bonne figure par rapport à la moyenne suisse,
tous groupes confondus. La plupart des parcelles attei-
gnaient des valeurs supérieures à la moyenne, quelques-
unes atteignaient même des valeurs très élevées.
Aucune différence significative n’a été constatée entre
les groupes d’exploitations (fig. 5a), ni une quelconque
tendance en relation avec une augmentation de la
durée de l’exploitation biologique.
Ces résultats contredisent partiellement les expé-
riences acquises à l’étranger. Ils confirment cependant les
résultats de comparaisons par paires effectuées dans des
parcelles suisses (Oberholzer et Mäder 2003) ainsi que les
résultats des essais de longue durée DOK et Burgrain
(Oberholzer et Zihlmann 2011), dans lesquels aucune dif-
férence n’a été observée entre systèmes culturaux pour
les valeurs clés concernant la microbiologie. Ces diffé-
rences par rapport aux données étrangères s’expliquent
principalement par le fait qu’en Suisse, les exploitations
PER entretiennent une rotation des cultures diversifiée et
elles valorisent bien les engrais de ferme, ce qui n’est pas
forcément le cas dans d’autres pays.
Les champignons du genre mycorhizes arbusculaires
(champignons MA) sont des champignons du sol qui
peuvent coloniser les racines de la plupart plantes culti-
vées et y vivre en symbiose, reprenant en partie la fonc-
tion des poils absorbants. Les champignons MA sou-
tiennent l’absorption des éléments nutritifs par les
cultures BIO ont reçu en général plus de phosphore et
de potassium. L’apport de phosphore était particulière-
ment important sur les parcelles recevant des engrais de
déchets provenant d’une installation de méthanisation,
du fumier de volaille, du fumier de bovins ou du lisier de
porcs. Dans la plupart des exploitations BIO, la norme de
fumure a été clairement dépassée au cours des deux
années considérées, tant pour le phosphore que pour le
potassium (Flisch et al. 2009).
On constate que les quantités d’éléments nutritifs
épandus varient beaucoup d’une exploitation à l’autre,
ainsi qu’au sein d’un même groupe. Ainsi, en 2011, la
fumure des parcelles de maïs d’ensilage variait entre 32
et 239 kg Ndisp/ha, entre 36 et 228 kg de P2O5/ha et entre
69 et 445 kg de K2O/ha. Les grandes différences dans le
nombre d’unités de gros bétail par hectare entre les
exploitations expliquent en partie ces écarts.
Les disponibilités en éléments nutritifs dans le sol
(phosphore, potassium et magnésium) ne présentent
des différences significatives entre les groupes que pour
le potassium (tabl. 4). Le groupe BIO2 présente des
valeurs nettement plus élevées que celles des autres
groupes. Cette différence se reflète dans les classes de
fertilité définies dans les DBF (Flisch et al. 2009; tabl. 4).
Aucune des parcelles en production biologique ne se
situe dans la classe de fertilité A (pauvre), indépendam-
ment de la durée après une conversion à ce type d’ex-
ploitation. Le bon niveau de fertilité de ces sols est à
mettre en relation avec les apports d’engrais organiques
riches en éléments nutritifs (fumier de bovins, purin de
bovins et lisier de porcs, fumier de volailles et boues rési-
duelles de méthanisation). Ainsi, aucune valeur limi-
tante dans le sol, tant pour P, K que Mg, n’a été consta-
tée même après plus de 25 ans d’exploitation biologique.
Figure 5a | Biomasse microbienne moyenne des mycorhizes (avec erreur-type) dans les quatre groupes d'exploitations (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des diffé-rences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.
Figure 5b | Colonisation moyenne par les mycorhizes en pourcents (avec erreur-type) dans les cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne pour chacun des quatre groupes d'exploitations (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.
a a a a
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
1000
PER Co BIO1 BIO2
Biom
asse
mic
robi
enne
[mg
C/kg
Bod
en]
a
b b ab
0
10
20
30
40
50
60
PER Co BIO1 BIO2 Blé d‘automne 2012
Colo
nisa
tion
par l
es m
ycor
hize
s [%
]
50
Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique
Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014
plantes, surtout le P, mais aussi N, K et Zn. Une étude
hollandaise a montré qu’à la longue, l’exploitation bio-
logique favorisait le développement et la diversité de
ces champignons du sol très utiles (Verbruggen et al.
2010). Ce phénomène est probablement à mettre en
relation avec des rotations de cultures longues et diver-
sifiées, une fumure réduite reposant principalement sur
les engrais organiques, le renoncement aux herbicides
de synthèse et une densité de mauvaises herbes plus éle-
vée en culture biologique.
Les examens des racines des cultures ont mis en évi-
dence la présence de champignons MA utiles dans toutes
les parcelles (fig. 6). L’effet positif de l’agriculture biolo-
gique a été particulièrement marqué en 2012 où les
racines des céréales en parcelles PER présentaient moins
de mycorhizes que dans les parcelles Co et BIO1 (fig. 5b).
Diversité des adventices et araignées
Les données de la littérature montrent que, d’une
manière générale, l’agriculture biologique exerce un
effet positif sur la biodiversité (Bengtsson et al. 2005). La
présente étude le confirme en ce qui concerne le nombre
d’espèces d’adventices. Dans les parcelles BIO et pour les
deux années d’observations (nombres d’espèces cumu-
lés), on comptait en moyenne trois fois plus d’espèces
d’adventices que dans les parcelles PER (fig. 7). La diver-
sité des adventices se corrèle positivement avec la cou-
verture du sol, la différence entre BIO et PER étant inhé-
rente à l’utilisation d’herbicides dans les parcelles PER.
Cependant, le nombre moyen d’espèces d’adventices
dans les parcelles BIO ne tend pas à augmenter avec les
années d’exploitation (fig. 7).
Les araignées sont des prédatrices des ravageurs bien
connues. Leur nombre et leur diversité dépendent avant
tout de la structure de leur habitat (Samu et Szinetar
2002). En 2011, 72 espèces et 981 individus ont été captu-
rés à l’aide d’un système d’aspiration dans les 31 parcelles
de maïs d’ensilage des quatre groupes d’exploitations. La
couverture du sol par les adventices et le nombre d’es-
pèces exerçaient un effet positif significatif sur le nombre
d’araignées dans tous les groupes d’exploitations (P<0,05).
En revanche, aucune différence significative n’a été rele-
vée entre cultures BIO et cultures PER tant au niveau du
nombre d’espèces que du nombre d’individus.
C o n c l u s i o n s
L’exploitation biologique se différencie de l’exploitation
PER surtout par une plus forte pression des adventices, et
par une plus grande diversité de celles-ci; on observe éga-
lement dans l’exploitation BIO une plus grande stimula-
tion des champignons utiles du sol. Ces deux facteurs
entraînent une biodiversité plus élevée. L’étude montre
qu’avec de bonnes stratégies de conduite des cultures, il
est possible de maîtriser les mauvaises herbes même
après de nombreuses années d’agriculture biologique.
Quant au niveau des éléments nutritifs dans les sols et à
la microbiologie des sols, les différences entre exploita-
tions biologiques et exploitations PER sont généralement
non significatives. De plus, l’étude démontre qu’un mode
d’exploitation biologique qui ménage les ressources est
praticable sur la durée. Il est vrai que le niveau des rende-
ments des parcelles BIO est plus faible que celui des par-
celles PER. Cependant, les rendements des parcelles BIO
n’ont pas fléchi sur le long terme. Les indices de fertilité
P et K des sols n’ont pas baissé non plus. n
Remerciements
Nos vifs remerciements vont à tous les exploitants qui ont participé à l'étude, à Philipp Weber pour sa collaboration aux travaux de terrain, ainsi qu'à Fredi Strasser et Franz Bender pour les discussions et leurs remarques. L'étude sur l'importance des organismes utiles du sol est poursuivie dans le cadre du Programme national de recherche «Utilisation durable des ressources du sol» (PNR 68).
Figure 7 | Nombre moyen d'espèces d'adventices (avec l'erreur- type) sur les deux ans pour chaque groupe d'exploitations. Des lett-res différentes signalent des différences significatives (p<0,05) se-lon le test de Tukey.
Figure 6 | Racine sous le microscope (agrandissement de 150 fois) avec des mycorhizes (colorés en bleu).
a
b b b
0
5
10
15
20
25
PER Co BIO1 BIO2
Nom
bre
d'es
pèce
s d'
adve
ntic
es
51
Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale
Ria
ssu
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014
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▪ Zihlmann U., Jossi W., Scherrer C., Krebs H., Oberholzer H., Albisser Vögeli G., Nemecek T., Richner W., Brack E., Gunst L., Hiltbrunner J., van der Heijden M., Weisskopf P., Dubois D., Oehl F., Tschachtli R., Nussbau-mer A., 2010. Comparaison entre production intérgrée et production bio-logique – essai de Burgrain: Résultats de l’essai sur les systèmes de pro-duction à Burgrain de 1991 à 2008. Rapport ART 722, 1–16.
triticale, avec son apport énergétique relativement
bon, est la céréale incontournable comme plante-
tuteur pour les protéagineuses. L’avoine est citée pour
son appétence et, comme protéagineux, le pois four-
rager est censé combler l’apport en matière azotée.
L’utilisation de la vesce est déconseillée, car elle
hiverne mal dans nos contrées et sa semence est oné-
reuse.
Que valent ces fourrages et comment en estimer la
valeur nutritive à partir d’éléments simples et abor-
dables? Pour y répondre, Agroscope Posieux a déter-
miné la digestibilité in vivo des nutriments et la dégra-
dabilité in sacco de la matière azotée (deMA) pour en
calculer la valeur nutritive. A partir de la composition
botanique à la récolte et des teneurs en nutriments
analysées dans les ensilages, différentes approches ont
été abordées pour estimer la valeur nutritive. Ce travail
compare les résultats estimés avec les valeurs détermi-
nées par expérimentation animale.
I n t r o d u c t i o n
Utilisés il y a une cinquantaine d’années déjà, les
mélanges protéagineux et céréales immatures (MPCI) ont
été délaissés au fil du temps au profit de cultures plus
énergétiques comme celle du maïs. Sous la dénomination
de méteil, ces mélanges ont persisté en agriculture biolo-
gique, car ils nécessitent peu d’intrants, peu de fumure
(30 à 70 unités d’azote) et pas de traitements phytosani-
taires. Non seulement ils tirent profit de la fixation sym-
biotique de l’azote par les légumineuses, mais s’affran-
chissent en plus des sécheresses estivales, car ils sont
semés en automne et récoltés sous forme d’ensilage au
début de l’été. Cet atout engendre un regain d’intérêt
pour les MPCI pour sécuriser le système fourrager en
assurant un stock de fourrage en cas de pénurie.
Les mélanges avec trois à quatre composants sont
les plus recommandés en raison de leur simplicité de
mise en œuvre et leur faible coût (Herman 2007). Le
Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immaturesYves Arrigo, Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse
p = seuil de signification; SX =erreur standard de la moyenne.
dMOin vivo: digestibilité de la matière organique déterminée in vivo;
dMOin vitro selon Tilley et Terry;
dMOpondérée: obtenue par pondération des dMO éditées pour les ensilages de triticale, d’avoine ou de pois;
dMOens. équ. G: selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe type graminées;
dMOens équ. Ind.: selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe indéterminé.
dMA: digestibilité de la matière azotée; dCB: digestibilité de la cellulose brute;
dADF: digestibilité de la lignocellulose; dNDF: digestibilité des parois; dEB: digestibilité de l’énergie brute.
A/90/40/30 B/90/30/40 C/90/20/50 D/90/40/30 p SX
deMA in sacco 60,6b 62,9a 60,1b – < 0,01 0,4
deMA pondérée 74,8 74,6 74,7 – – –
Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes.
p = seuil de signification; SX = erreur standard de la moyenne.
deMA = dégradabilité de la matière azotée; deMA pondérée obtenue par pondération des deMA éditées pour les ensilages de triticales, d’avoine ou de pois.
Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale
57Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014
Tableau 5 | Valeurs nutritives déterminées vs estimées, dans la matière sèche
A/90/40/30 B/90/30/40 C/90/20/50 D/90/40/30
calcul avecNELMJ
PAIE/PAINg
NELMJ
PAIE/PAINg
NELMJ
PAIE/PAINg
NELMJ
PAIE/PAINg
dMOin vivo et deMA in sacco 5,3 77/57 5,0 74/60 4,9 70/54 5,3 75/56
dMO et deMA équation ensilage herbe G 5,1 67/55 5,1 68/58 4,9 63/52 5,1 68/55
dMO et deMA équation ensilage herbe ind. 5,3 69/55 5,3 70/58 5,2 65/52 5,3 69/55
NEL = énergie nette lactation; PAIE = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible; PAIN = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à
partir de la matière azotée dégradée.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
A/90/40/30 ens. avecconservateur
B/90/30/40 ens. avecconservateur
C/90/20/50 ens. avecconservateur
D/90/40/30 ens. sansconservateur
com
p. b
otan
ique
, % d
ans
la M
F
dMO
, %
dMO in vivo
dMO in vitro
dMO pondérée
dMO ens. équ. G
dMO ens. équ. Ind.
Triticale
Avoine
Pois
Figure 3 | Digestibilité de la matière organique déterminée in vivo vs estimée par méthode in vitro, par pondération ou par équations de prédiction pour ensilage d’herbe.
dMO in vivo: digestibilité de la matière organique déterminée in vivo; dMO in vitro déterminée par la méthode Tilley et Terry; dMOpondérée obtenue par pondération des dMO éditées pour les ensilages de triticale, d’avoine ou de pois; dMOens. équ. G selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe type graminées; dMOens équ. Ind. selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe indéterminé.
Valeurs nutritives
Les valeurs nutritives des mélanges protéagineux/
céréales immatures étudiés offrent des valeurs énergé-
tiques et azotées modestes, les situant au stade tardif
des ensilages d’herbe issus de prairies riches en grami-
nées. Dans le tableau 5, les valeurs énergétiques NEL et
azotée PAIE et PAIN obtenues avec les digestibilités in
vivo et les dégradabilités in sacco sont comparées à celles
obtenues:
•• avec la dMO in vitro et la deMA in sacco,
•• par pondération des dMO et deMA des composants
du mélange éditées dans la base suisse des aliments
pour animaux,
Les estimations obtenues approchent les valeurs dMO in
vivo entre 4,8 et −0,4 points. Les dMO des ensilages
A/90/40/30 et D/90/40/30 ont été sous-estimées par les
quatre méthodes alors que celles des traitements
B/90/30/40 et C/90/20/50 ont été surestimées. Au vu des
résultats, il est difficile de prétendre qu’une méthode est
meilleure qu’une autre (fig. 2). En effet, si les valeurs
obtenues avec la méthode microbiologique sont proches
dans deux cas de la valeur in vivo, c’est aussi par celle-ci
que l’on a obtenu la plus grande différence de l’essai. De
même, si l’estimation avec l’équation pour l’ensilage
d’herbe de mélanges indéterminés offre deux bonnes
approches (A/90/40/30 et D/90/40/30), elle est moyenne
pour les deux autres ensilages.
58
Production animale | Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures
Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014
•• par pondération des valeurs NEL et PAIE, PAIN des
trois composants des mélanges, valeurs issues de la
base suisse (sans tenir compte des teneurs analysées),
•• avec les valeurs analysées et les dMO et deMA prédites
pour l’ensilage d’herbe de prairie type G et indétermi-
née.
Les valeurs estimées avec la dMO in vitro obtiennent le
plus grand écart (−8,7 %) pour les NEL au traitement
A/90/40/30, alors qu’elles s’approchent des valeurs
obtenues expérimentalement pour le même fourrage
sans agent de conservation. Selon les ensilages, les
autres prédictions s’écartent différemment pour l’éner-
gie ou la valeur azotée. De manière globale, l’estima-
tion de la dMO a engendré des variations de −0,04 à +
0,47 MJ NEL.
Les ensilages obtiennent des rapports MA/NEL de
17 g/MJ, ce qui les situe en-dessous des recommanda-
tions pour vaches taries (18 g MA/NEL). Ces valeurs sont
au niveau d’un ensilage de ray-grass au stade tardif.
C o n c l u s i o n s
•• La valeur nutritive obtenue uniquement par une
analyse chimique n’en garantit pas la justesse: en effet,
la digestibilité de la matière organique (dMO) prise en
considération ne sera pas forcément ciblée au four-
rage.
•• A l’aide de la composition chimiques et de la composi-
tion botanique à la récolte, qui permet de pondérer
les dMO publiées dans la bases suisse de données des
aliments pour animaux, il est possible d’obtenir des
valeurs nutritives proches des valeurs déterminées
expérimentalement.
•• Les écarts relevés, dont le plus grand est inférieur à
7 %, sont tolérables pour des fourrages dont la valeur
nutritive est faible. Ces fourrages sont plutôt destinés
aux animaux à l’entretien (vaches taries, génisses). n
59
Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014
▪ Dohme F., Graf C. M., Arrigo Y., Wyss U. & Kreuzer M., 2007. Effect of botanical characteristics, growth stage and method of conservation on factors related to the physical structure of forage – An attempt toward a better understanding of the effectiveness of fiber in ruminants, Feed Science and Technology 138, 205–227.
▪ Herman A., 2007, Observatoire méteil Calvados et essai inter-culture. Accès:http://www.webagri14.com/iso_album/rapport_unip_2006.pdf, Chambre d’Agriculture, F14500 Vire, [email protected]
▪ Tilley M. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digesti-on of forage crops. Journal of British Grassland Society 18, 104–111.
Bibliographie ▪ Agroscope (a), 2013. Base suisse de données des aliments pour animaux.Accès: www.feedbase.ch
▪ Agroscope (b), 2013. Daccord R., Chapitre 15: Formules et équations de prédiction. In: Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive pour les ruminants (Livre vert). Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermitteldatenbank/04834/index.html?lang=fr
▪ Coutard J. P., 2010, Valeur nutritive des associations céréales – protéagi-neux cultivées en agriculture biologique et utilisées pour la complémen-tation des ruminants, 17e Renc. Rech. Ruminants, 285–288
Au cours des dernières années, on constate un intérêt
général grandissant pour l’agriculture urbaine. Le projet
«Food Urbanism Initiative» (FUI) – un des éléments du
Programme national de recherche «Nouvelle qualité
urbaine» (PNR 65) – a étudié les possibilités et limites de
la production urbaine de denrées alimentaires en pre-
nant la ville de Lausanne comme exemple.
La «Food Urbanism Initiative» (FUI) se base sur l’idée
d’une production de certaines denrées alimentaires en
milieu urbain qui pourrait contribuer à améliorer la qua-
lité de vie en ville ainsi que le développement durable de
celle-ci. Ainsi, le projet FUI se positionne dans la ten-
dance au développement de l’agriculture urbaine que
l’on peut observer dans différentes villes du monde et
aussi en Suisse (fig. 1). Ce projet a duré trois ans et s’est
terminé fin 2013.
FUI (www.foodurbanism.org) est un projet interdis-
ciplinaire dans lequel collaboraient des architectes, des
urbanistes, des designers en informatique, des spécia-
listes en économie agraire ainsi que des agronomes. Le
projet FUI était piloté par le bureau d’architectes privés
Verzone Woods Architects (VWA) à Rougemont, avec la
participation de l’équipe de recherche du programme
ProfiCrops d’Agroscope (voir encadré), de l’Institut pour
les décisions environnementales de l’EPF de Zurich,
d’Agridea à Lausanne et du Laboratoire de Design et
Media (LDM) de l’EPF de Lausanne.
Nouvelle qualité urbaine
FUI est l’un des cinq projets du Programme national de
recherche «Nouvelle qualité urbaine» (PNR 65). Le des-
criptif fourni par le Fonds national suisse précise le but
du projet comme suit: «Etablir et développer des
concepts et des stratégies pour une nouvelle qualité
urbaine et en vérifier la faisabilité. Ils doivent tracer des
pistes novatrices et réalisables à long terme pour le
développement et la transformation des villes de Suisse.
Le projet FUI examine le construit urbain suisse actuel et
ses potentialités dans la perspective de l’intégration
d’une production de denrées alimentaires. Il doit en
résulter des concepts stratégiques à plusieurs niveaux
(bâtiments, voisinage, ville) et des directives pour la pla-
nification urbaine dans la perspective d’une combinai-
son heureuse de la qualité de vie avec la production de
denrées alimentaires par des solutions acceptables tant
sur le plan économique que sur le plan écologique»
(www.pnr65.ch).
Katja Heitkämper1, Anna Crole-Rees1, Therese Haller2, Michel Dumondel3 et Lukas Bertschinger1
1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse3Agri-food & Agri-environmental Economics Group AFEE, Institute for Environmental Decisions IED,
géographiques, ces bases légales constituaient le fonde-
ment d’une simulation et d’une évaluation de scénarios
et la mise en évidence de types de cultivateurs, de sites
potentiels et d’unités de productions en vue d’initiatives
de production alimentaire urbaine.
L’analyse du potentiel urbain dans le cas de Lausanne
a révélé de nombreux sites possibles en vue d’une pro-
duction alimentaire. La plupart d’entre eux sont de
petites surfaces appartenant à des privés. Dans les zones
urbaines, l’installation d’une agriculture professionnelle
traditionnelle rencontre de nombreuses restrictions,
tant sur les aspects économiques que sur les techniques
de production. Ces restrictions font que la production
de denrées alimentaires en milieu urbain ne permet
potentiellement qu’une production essentiellement à
but non lucratif. L’application modélisée des typologies
à de petites villes comme Lausanne ainsi que les expé-
riences acquises dans d’autres projets d’agriculture
urbaine montrent qu’il y a d’autres possibilités de
concrétisation en matière d’agriculture urbaine, mais il
faut encore les étudier de manière approfondie.
Cadre légal
Une recherche étendue a permis une analyse approfon-
die et documentée des bases légales régissant la produc-
tion de produits alimentaires en ville. Si l’on fait excep-
tion des fermes en zone urbaine qui sont exploitées par
des professionnels, ainsi que des unités de production
intensive que sont les fermes verticales, les fermes
d’aquaponie et d’hydroponie sous serre, les typologies
FUI ne sont pas des unités de production qui tombent
sous le sens de la loi sur l’agriculture. Hormis les lois et
ordonnances régissant notamment l’aménagement du
territoire et la protection de l’environnement, qui
concernent tous les citoyens, toutes les administrations
et toutes les entreprises, il n’existe aucune disposition
Figure 2 | La typologie FUI «ferme en toiture»: exemple d’une stratégie d’intervention en vue d’une nouvelle qualité urbaine dans un petit site de Lausanne. (Graphique: VWA)
Voie publique
Accès à la rue
Couvert végétal intégral
Machine agricole
Voies ferrées
Chemin de service périphérique
Semis de printemps
Parking aux étages inférieurs
Agriculture urbaine: le projet FUI | Eclairage
63Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 60–63, 2014
Le projet a aussi montré que la collaboration de spécia-
listes venant de domaines de recherche très différents
pose des exigences très élevées. Une démarche interdis-
ciplinaire méthodique avec une mise en valeur systéma-
tique des résultats obtenus est une formule à recomman-
der. Fin 2013, une équipe de l’Université de Lausanne a
créé le réseau Swiss Urban Agriculture Network (SUAN)
dont le but est de relier les activités de recherche des
différents organismes actifs dans le domaine de l’agri-
culture urbaine en Suisse.
Un résumé des résultats du Programme de recherche
national «Nouvelle qualité urbaine» sera publié par le
Fonds national suisse sur la page web www.pnr65.ch n
légales précise qui concerne l’agriculture urbaine. Ce
vide légal est partiellement compensé par la mise au
point de chartes (p. ex. à Bâle et à Lausanne). Toutefois,
la multiplication des projets de production alimentaire
en zone urbaine poussera à l’élaboration de dispositions
légales adéquates. Les dispositions actuelles reposent
implicitement sur les bases de la production intégrée et
celles de la production biologique.
C o n c l u s i o n s
FUI a permis le développement de méthodes et d’instru-
ments de travail systématiques, à même d’étayer les tra-
vaux de divers milieux intéressés aux possibilités de mise
en œuvre et à la planification de l’agriculture urbaine,
en vue d’améliorer la qualité de vie en ville. Cela peut
concerner les milieux de la politique, de l’administration
communale, de l’aménagement du territoire, ainsi que
les professionnels de l’agriculture, qu’elle soit urbaine
ou non. La modélisation des nombreuses typologies dis-
ponibles montre que la production urbaine de denrées
alimentaires peut avoir un effet positif sur la qualité
sociale et écologique d’une ville. Indépendamment de la
production alimentaire, cette évaluation peut inclure
des effets sur des aspects sociaux, par exemple des fonc-
tions pédagogiques et intégratives. Des milieux de l’agri-
culture professionnelle se sont aussi montrés intéressés à
certaines formes d’agriculture urbaine dans la mesure
où il existe un marché potentiel.
Bibliographie ▪ Crole-Rees A., Heitkämper K., Bertschinger L., Dumondel M., Haller
Th. & Verzone C., 2012. Urban agriculture: an opportunity for farmers? A Swiss case study. Paper presented at the SHE conference, Angers, July 2012.
ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope
64
Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 64–67, 2014
Win4 dans l'agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques
Série ProfiCrops
E c l a i r a g e
si l’on veut préserver la compétitivité de l’agriculture
suisse dans un environnement international toujours
plus sélectif. Un des facteurs prépondérants de cette
évolution, dans un marché national caractérisé par
un pouvoir d’achat élevé, sera le maintien et le ren-
forcement de la confiance des consommateurs suisses
dans la production locale. Win4 a pour but de déve-
lopper une production agricole profitable et compa-
tible avec les objectifs de la protection de l’environ-
nement.
Le concept Win4 est destiné à promouvoir des syner-
gies par l’optimisation de toutes les dimensions de la
durabilité: écologique (flux de substances et biodi-
versité), économique et sociale. Win4 part de l’hypo-
thèse que l’agriculture suisse dispose d’un potentiel
considérable d’optimisation dans l’utilisation des
multiples synergies. Ces dernières permettent d’aug-
menter considérablement et à peu de frais l’efficience
des ressources et la rentabilité de la production agri-
cole. La réalisation de ce potentiel est indispensable
La réduction des flux de substances en provenance du système agro-écologique permet d'optimiser l'utilisation du sol agricole et d'augmenter la biodiversité.
Otto Daniel1, Anna Crole-Rees1, Lukas Bühler1, Flavia Geiger1, Hans-Ulrich Gujer2 et Lukas Bertschinger1
1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8020 Wädenswil, Suisse2Office fédéral de l'environnement, Berne, Suisse
▪ Belfrage K., Björklund J. & Salomonsson L., 2005: The effects of farm size and organic farming on di-versity of birds, pollinators, and plants in a Swedish landscape. Ambio 34, 582–588.
▪ BLW, 2011. Klimastrategie Landwirtschaft. Klimaschutz und Anpassung an den Klimawandel für eine nachhaltige Schweizer Land- und Ernäh-rungswirtschaft. 46 p.
▪ Daniel O. & Bühler L., 2013. Pflanzenschutzmitteleintrag aus ackerbaulich genutzten Parzellen in Oberflächengewässer: Analyse und Reduktions-massnahmen auf Ebene Betrieb. Studie im Auftrag des BAFU. 51 p.
▪ Frey M., Konz N., Stamm C. & Prasuhn V., 2011. Machbarkeitsstudie. Kartierung beitragender Flächen. Studie im Auftrag des BAFU. 91 p.
▪ Geiger F., Crole-Rees A. & Daniel O., 2011. Zwischenbericht Vorprojekt Win4. Studie im Auftrag des BAFU. Wädenswil. 27 p.
▪ Mann K. H. & Muziol O., 2001. Darstellung erfolgreicher Kooperationen und Analyse der Erfolgsfaktoren. Betriebsgesellschaften in der Landwirtschaft – Chancen und Grenzen im Strukturwandel. Frankfurt/M., Rentenbank.
▪ Pavillard N., 2005. Innovative Bewirtschaftungsformen und Strukturan-passungen in der Schweizer Landwirtschaft. Institut für Agrarwirtschaft. Zürich, Eidgenössische Technische Hochschule Zürich.
▪ Schäfer R. B., Caquet T., Siimes K., Mueller R., Lagadic L. & Liess M., 2007. Effects of pesticides on community structure and ecosystem func-tions in agricultural streams of three biogeographical regions in Europe. Science of The Total Environment 382, 272–285.
La campagne s’adresse aux femmes et aux hommes, dans les champs d'action «qualité de vie et vivre ensemble», «droit et couverture sociale», ainsi que «défense professionnelle».
E c l a i r a g e
Femmes et hommes dans l’agriculture | Eclairage
69Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 68–70, 2014
nelles, de la formation et de la vulgarisation, ainsi qu’en
politique. Depuis le postulat de Maya Graf du 15 juin
2011, ce sujet a également gagné la scène publique.
L’Office fédéral de l’agriculture OFAG a publié dans le
rapport agricole 2012 d’intéressants résultats d’une
étude de Ruth Rossier (Agroscope):
Toujours plus nombreuses à exercer une activité lucrative
Depuis dix ans, les activités rétribuées des femmes dans
l’exploitation augmentent. Lorsqu’elles exercent une
activité indépendante, elles sont par exemple respon-
sables d’une branche d’exploitation, telle la vente
directe ou l’agritourisme, et contribuent pour une part
notable au revenu total de l’exploitation.
Près de la moitié des femmes ont une activité lucra-
tive en dehors de l’exploitation et 28 % des femmes
interrogées contribuent pour plus d’un quart au revenu
total grâce à leur activité extra-agricole.
Peu conscientes de leur statut juridique
Peu de femmes gèrent une exploitation agricole à titre
indépendant. La plupart d’entre elles ont épousé un
exploitant. En règle générale, il n’y a aucune inscription
au registre foncier faisant état d’une copropriété avec
l’épouse. Pourtant, la plupart des femmes se disent
copropriétaires ou co-exploitantes.
Peu préoccupées par leur faible couverture sociale
Près de 80 % des femmes constituent leur couverture
sociale. Comme elles ont généralement une activité
lucrative à temps partiel, leur couverture est souvent
modeste. Pourtant, la plupart de ces femmes, générale-
ment mariées, se préoccupent peu de leur couverture
sociale.
Une initiative commune
«Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un véri-
table partenariat» est une campagne commune de
l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales USPF,
de l’Union suisse des paysans USP, du Forum la Vulg
Suisse FVS et d’AGRIDEA. La campagne, lancée le 15 mai
2013, se base sur les questions et les attentes de ses
membres tout en se référant au chapitre «Les femmes
dans l’agriculture» du rapport agricole 2012.
Ces quatre organisations travaillent depuis long-
temps sur le sujet. Depuis mai 2013, elles ont uni leurs
forces et bénéficient d’un soutien financier et des
conseils de l’OFAG. Elles ont pour objectif de mettre en
évidence les acquis et de combler les lacunes constatées.
Elles ont pour priorité de coordonner leurs activités,
d’exploiter les synergies et d’organiser des activités
communes.
Gestion de l’exploitation en partenariat
«Ensemble»: c’est le mot d’ordre que s’est donné la cam-
pagne «Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un
véritable partenariat».
Gérer l’exploitation et vivre ensemble: aménager
ensemble l’entreprise «ferme et vie commune» – travail-
ler ensemble, vivre ensemble, cohabiter, c’est ce que
veut favoriser la campagne. Il s’agit donc de concilier les
intérêts et les défis de l’entreprise, ainsi que les besoins,
les souhaits et les talents des personnes qui la com-
posent. Cela n’est pas toujours évident. Cet équilibre est
toutefois essentiel pour la satisfaction à long terme des
protagonistes, pour leur qualité de vie et pour un déve-
loppement durable de l’entreprise agricole, et prend
toute son importance lorsque les temps sont durs.
Les organisations qui ont lancé la campagne esti-
ment que focaliser leur action sur les femmes ne peut
engendrer que des changements modestes. Vivre et tra-
vailler ensemble implique que toutes les personnes
concernées connaissent leur rôle respectif et leur statut,
sont informées de leurs droits et de leurs devoirs. Au
plan juridique, les possibilités ne sont pas toujours
exploitées au mieux, ce sont souvent les normes sociales
et la tradition qui l’emportent. Ainsi, un nombre bien
plus élevé d’exploitations sont remises aux fils plutôt
qu’aux filles, alors que les hommes et les femmes dis-
posent des mêmes possibilités au niveau de la formation
et du droit.
Le sujet intéresse aussi les pays voisins. Le colloque
«Frauen am Land – Potenziale und Perspektiven», qui
s’est tenu du 7 au 9 février 2013 à Vienne (Autriche), a
réuni des représentantes venues d’Allemagne, d’Au-
triche, de Haut-Adige et de Suisse. Lors du débat final, le
vœu a été exprimé d’intégrer davantage les hommes
lors d’une éventuelle prochaine réunion. Dans l’Arc
jurassien, les participantes du projet FARAH (Femmes en
Agriculture: Responsables et Autonomes en complé-
mentarité avec les Hommes) sont parvenues aux mêmes
conclusions. La «gestion en partenariat» est de plus en
plus d’actualité.
Agir ensembleLes organisations qui ont lancé la campagne veulent à
l’avenir encore mieux coordonner leurs efforts et donner
plus d’importance aux questions concernant les femmes et
les hommes dans l’agriculture. Leur but: entrer dans
chaque domaine agricole, sensibiliser la vulgarisation et la
formation, les prestataires de services et les organisations
à l’importance de cette question. La mise en réseau de
l’ensemble des acteurs et le regroupement des ressources
sont la force de cette campagne. Cette collaboration fruc-
tueuse a déjà permis de mener à bien divers projets:
06. – 07.05.2014Landtechnik im AlpenraumAgroscope et BLT WieselburgFeldkirch, Österreich
21.05.2014AgriMontana – Zukünftige Perspektiven der BerglandwirtschaftAgriMontana / AgroscopeLandquart
Juillet 2014
06. – 10.07.2014AgEng 2014 ZurichInternational Conference of Agricultural EngineeringAgroscope, ETH ZürichZurich
V o r s c h a u
Mars 2014 / Numéro 3
Les méligèthes du colza peuvent occasionner de gros dégâts aux cultures de colza. Les cultures bio et extenso sont particulièrement menacées, car les insecticides y sont interdits. Agroscope a procé-dé à des essais en plein champ et testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles dans la lutte contre les méligèthes. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)
D a n s l e p r o c h e i n n u m é r o
•• Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit
naturel Surround, Werner Jossi et al., Agroscope et
ETH Zurich
•• Sensibilité au champ de la pomme de terre à la
maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.,
Brice Dupuis et al., Agroscope et Université de Haute
Alsace
•• Quel est l’effet des nouvelles contributions d‘alpage?
Gabriele Mack et Christian Flury, Agroscope
•• Série Proficrops: Caractérisation des innovations en
production végétale: l’exemple du colza HOLL,
Camille Aouinaït et al., Agroscope et HES-SO Sierre
•• Série Proficrops: Le point sur l’efficience, l’efficacité
et la valeur-ajoutée, Anna Crole-Rees et Lukas
Bertschinger, Agroscope
•• Comme le millet réagit-il à l’azote?
Samuel Knapp et al., Agroscope
Informations actuelles de la recherche
pour le conseil et la pratique:
Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois
par année et informe sur les avancées en
production végétale, production animale,
économie agraire, techniques agricoles,
denrées alimentaires, environnement et
société. Recherche Agronomique Suisse
est également disponible on-line sous
www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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AgRARfoRSchungSchweiz
RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-PosieuxALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21,fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch
Nom/Société
Prénom
Rue/N°
Code postal /Ville
Profession
E-Mail
Date
Signature
Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-
tion des stations de recherche agronomique
Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-
naires sont l’office fédéral de l’agriculture
ofAg, la haute école des sciences agrono-
miques, forestières et alimentaires hAfL,
AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole
polytechnique fédérale de zurich eTh zürich,
Département des Sciences des Systèmes de
l’environnement. Agroscope est l’éditeur.
cette publication paraît en allemand et en
français. elle s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie,
enseignants, organisations de conseil et de
vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,
praticiens, politiciens et autres personnes
intéressées.
Donnerstag bis Sonntag, 20. – 23. Februar 2014
Energiesparen in der LandwirtschaftTier&Technik, St. Gallen
Am Stand des Schweizerischen Verbands fürLandtechnik (SVLT) informieren Sie Fachleute vonAgroscope und SVLT über• Methoden zur Erzeugung und zur Einsparung vonEnergie auf Landwirtschaftsbetrieben
• Methoden zur Wärmerückgewinnung• Energieeffiziente Heutrocknung• Energieeffiziente Traktoren
Ort:
Besuchen Sie uns am Stand des SVLT in der Halle 1.1,Standnummer 1.1.11