Politiques environnementales comparées Séance 1 La limite et le risque Fondements des politiques environnementales
Jan 04, 2016
Politiques environnementales comparéesSéance 1
La limite et le risqueFondements des politiques
environnementales
1ère partie
La notion de limite chez les économistes classiques
Jean-Baptiste Say Thomas R. Malthus David Ricardo John Stuart Mill
Jean-Baptiste SAY Economiste libéral classique, théoricien du
libre échange Distingue les biens économiques des biens libres
Les biens libres sont des ‘richesses naturelles que la nature nous donne gratuitement, comme l’air que nous respirons, la lumière du soleil, la santé’
Les biens économiques sont des ‘richesses sociales que nous acquérons par des services productifs, par des travaux’
Les biens libres sont considérés dans une approche purement quantitative
Thomas R. MALTHUS
Principe de population La population croît à un rythme
géométrique (1,2,4,8...) Tandis que la nourriture disponible croît à un
rythme arithmétique (1,2,3,4...) Donc, graves problèmes de surpopulation si un
contrôle de la population n’est pas mis en place: ‘catastrophe malthusienne’
Grande influence: Théories du Club de Rome Politique de l’enfant unique Concept de ‘carrying capacity’
David RICARDO Economiste, homme d’affaires et
politicien anglais. Ami de Malthus et de Mill. Loi des rendements décroissants
Les terres les plus fertiles sont cultivées en premier
Plus il faut produire de nourriture, plus les rendements additionnels sont médiocres
Donc le rendement des terres est inversement proportionnel à l’accroissement de population
Idée d’épuisement des ressources naturelles
John Stuart MILL Une réflexion sur le progrès
industriel: Les ressources naturelles doivent être
utilisées par l’industrie Mais elles ne sont pas infinies, et possèdent
donc une valeur intrinsèque Une réflexion en lien avec l’accroissement
de population, qui met en cause la croissance infinie: l’état stationnaire
Reconnaissance de la valeur de la nature ‘intacte’
2ème partie:
Regards philosophiques sur la limite et le risque
Naess et l’écologie profonde Courant patrimonial? Mouvements religieux Philosophes classiques Les Lumières et la catastrophe
Arne NAESS Philosophe norvégien Fondateur de l’écologie profonde:
Sortie de l’anthropocentrisme Tous les êtres vivants sont parties intégrantes
de l’environnement, et ont des droits égaux L’écosystème est supérieur à chacune de ses
parties Charte en 8 points: l’homme n’a le droit de
réduire la diversité biologique que pour la seule satisfaction de ses besoins vitaux.
Mouvements religieux Mise en cause de l’industrialisation,
destructrice des liens de solidarité traditionnels
L’univers comme création divine La Genèse et l’Arche de Noé comme mythes
fondateurs La Terre confiée aux hommes pour qu’ils en
prennent soin Le concept de crime écologique
Philosophes classiques La natura naturata, la nature comme artefact
(Galilée, Descartes) La natura naturans, la nature comme
processus (Darwin)
> Réflexion autour de la place de l’homme dans la nature
Les Lumières et la catastrophe Théodicée:
Branche de la théologie qui cherche à résoudre l’apparent paradoxe entre l’existence de la souffrance et la supposée bonté divine
Optimisme de Leibniz: Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes
Le Tremblement de Terre de Lisbonne (1755)
Un tremblement de terre dévastateur, le jour de la Toussaint, dans un pays catholique
Voltaire et son ‘Poème sur le désastre de Lisbonne’ (1756)
O malheureux mortels ! ô terre déplorable !O de tous les mortels assemblage effroyable !D'inutiles douleurs éternel entretien !Philosophes trompés qui criez: « Tout est bien
»Accourez, contemplez ces ruines affreusesCes débris, ces lambeaux, ces cendres
malheureuses,Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre
entassés,Sous ces marbres rompus ces membres
dispersés;Cent mille infortunés que la terre dévore,Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,Enterrés sous leurs toits, terminent sans
secoursDans l'horreur des tourments leurs
lamentables jours !
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous : « C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix » ?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
« Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes » ?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices ?
Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris.
Rousseau et la naissance du risque
Lettre à Voltaire sur la Providence (1756):
Je ne vois pas qu’on puisse chercher la source du mal moral ailleurs que dans l’homme libre, perfectionné, partant corrompu ; et, quant aux maux physiques, ils sont inévitables dans tout système dont l’homme fait partie ; la plupart de nos maux physiques sont encore notre ouvrage. Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n’avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être nul. Combien de malheureux ont péri dans ce désastre, pour vouloir prendre l’un ses habits, l’autre ses papiers, l’autre son argent ?