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P.J. HELÖ - librinova.com

Oct 01, 2021

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dariahiddleston
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P.J.HELÖ

LeSermentdesforgerons

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©P.J.HELÖ,2021

ISBNnumérique:979-10-262-3976-5

Courriel:[email protected]

Internet:www.librinova.com

LeCodedelapropriétéintellectuelleinterditlescopiesoureproductionsdestinéesàuneutilisationcollective.Toutereprésentationoureproductionintégraleoupartiellefaiteparquelqueprocédéquecesoit,sansleconsentementdel’auteuroudesesayantscause,estilliciteetconstitueunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticlesL335-2etsuivantsduCodedelapropriétéintellectuelle.

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Cartedumonde«connu»

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PROLOGUE

Velkir Korin observait le sable voler par la fenêtre, la lunemasquée par lapoussière, ilnedistinguaitpasgrand-chose.Cependant,mieuxvalaitçaquederegarderTomjoueravecsatoupie.Deuxheuresqueçadurait,commelaveilleetcommetouslesjoursdepuisqu’ilsétaientarrivésdanscecoinperduenborduredupays.LeroidescontréesdésertiquesdeKasl’avaitenvoyésuperviserlerendement

de cette foutue mine de métal à l’extrémité ouest du royaume. Lassé de lacapitale,ilavaitétéquelquepeusoulagéquandsonroil’avaitsommédepartirpourcepéripledeplusieurssemaines.Jusqu'àcequelatempêtedesableselève,ilyaquelquesjoursdéjà.Velkirn’avaitpaseulecœurdelaissersonfrèreTomtoutseulpendantdeux

mois.Maisilseseraitbienpassédelatoupie,pensa-t-ilenentendantlebruitdumétalcontrelatablequandlatoupies’arrêtadetournerpourlacentièmefois.Ilseretournaetregardasonfrère.Assisàlatableenboismassif,ils'apprêtait

à relancer le petit objet demétal. Ses cheveux courts étaient aussi blonds queceuxdeVelkir étaient bruns ; il était aussi grandque lui et la toupie semblaitminusculedanssesmains.Velkir regarda autour de lui. Le commandant de l’avant-poste leur avait

permis de s’installer dans cette petite bâtisse de pierre à l’écart de la caserne.Velkir n’en était pasmécontent, il avait suffisamment dormi dans les casernesdanssesjeunesannéespoursavoirquesonfrèren’aimeraitpasça.Tométaitmalàl’aiseaveclesgensenrèglegénérale.Velkir,decinqanssonaîné,servaitdansl’arméedepuisvingtansetn’avaitpasceproblème. Il avait rejoint lacapitaledixansplustôtpours'occuperdeTomquandsonpèreétaitmort,aprèslaguerre.Son frère avait également passé sa vie en tant que soldat mais toujours à lacapitale, dormant au domicile familial, loin des casernes et, en dépit de sestrente-cinqans,ilnesavaittoujourspassefaireàmangerseul.

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La toupie retomba une nouvelle fois. Il soupira et ouvrit la bouche pourdemanderàToms'ilavaitfaim.Soudainlaportes’ouvritavecfracasetunjeunesoldat que Velkir avait aperçu une fois ou deux dans l’avant-poste entra enhurlant:«Sergent!Noussommesattaqués!»Velkir se précipita vers le soldat et le rattrapa de justesse aumoment où il

allait tomber. Il aperçut du sang sur son armure de cuir mais ne vit aucuneblessure.«Quinousattaque?Pourquoilacloched’alarmen'apassonné?»tonna-t-il.

Lesoldat,blême,haleta.«Jenesaispas!onn’yvoitriendehorsaveclatempête.Ilyaeudescriset

desflammesontsurgidelanuit.Etilyaeudusang...beaucoupdesang...»Lesergentregardalesoldat,ilsemblaitprêtàs’effondrer.«Tom,vacherchernosarmes.»Lenomdusoldatluirevintenfin:«Dan,paroùsont-ilsarrivés?»«Le...lenord»réponditDan.«Lecommandantvousdemandederejoindre

la capitale au plus vite pour prévenir le reste du royaume.Notremessager estmortenmêmetempsquedesdizainesd’autressoldats,nousnetiendronspas.»Ilsemblaitretrouverdescouleurstoutenparlant.Tomrevenaitaveclesarmesetlessacs;ilavaitl’aireffrayé.Iln’avaitjamaisaimélesbatailles.«Allonsàlaportesudettrouvons-noustroismontures.»Tomentête,lestrois

hommessortirentdanslanuitnoireencourant,épéesdégainées,etlongeantlesmurs, le visage et le corps griffés par le sable.À peine sortis, des cris et desbruits assourdissants au loin parvinrent aux oreilles de Velkir. Quel monstrepouvaitprovoqueruntelremue-ménage?MêmeunLézardàpointen’auraitpasfait autant de bruit. Ces maudits Nogryms avaient-ils réussi à dompter unmonstre encore plus gros ? Malgré tous ses efforts, le sable l'empêchait dedistinguerquoiquecesoit.Tout en courant entre les bâtiments militaires, bas et tout en longueur, il

réfléchit.Quid’autrequelesNogrymsauraitpulesattaquer?IlregardaTomqui

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couraitdevantlui,Tomquineconnaissaitpasl’horreurdelaguerre.CelafaisaitdouzeansquelaGuerreétaitfinie.Douzeannéesdepaixpourlessixroyaumeshumains.Ils arrivèrent enfin à la muraille sud et commencèrent à la longer. Velkir

réfléchissait rapidement, il se demandait comment les Nogryms pouvaientimaginer l’emporter maintenant, alors qu'ils étaient dix fois moins nombreuxqu'avantlaguerre.Guerrequ’ilsavaientperdueàcausedeleuraversionpourlemétal. Sans cela, avec leurs Lézards à pointe domestiqués et leur puissantemagie, l’histoire aurait pu se terminer autrement. Heureusement, épées etarbalètes avaient permis au peuple deVelkir et à leurs alliés de l‘emporter autermedeplusieursdécenniesdeguerresincessantes.Denouveau,unbruitindéterminéetleshurlementsd'unsoldatsortirentVelkir

desespensées.Lesennemisavaientapparemmentbienprogressédansl’avant-poste.Toutàcoupunautreretentit,toutprochecettefois,etuneflammesurgitde la nuit.Dan, derrière eux, s’effondra dans un cri et une gerbe rouge.Tom,couvertdesang,hurlaetcourutdeplusbellelelongdumurd’enceinte.Velkiraperçu la porte Sud qui, par bonheur, était ouverte. Il regarda de nouveauderrièreluimaisnevitriendanslanuit.Ilcriaàsonfrèrequicourait toujoursverslaporte:«Tom!Je les retiens, ilnousfautdeuxscorpides,va leschercheret...»un

autrefracasetlalumièred’uneautreflammevenantdederrièreluil’interrompit,sesjambeslelâchèrentalorsquequelquechoselefrappaitentrelesomoplates.Ils’effondra, la tête dans une dune. Sa première pensée fut pour Tom, allait-ilsurvivre sans lui ? Et qui allait prévenir le roi ? Le bruit du vent étaitassourdissant.Il entendit son frère l’appeler. La bête l’avait déjà lâché, sûrement prête à

sautersurTom.Lesablelerecouvrantdéjà,ilessayadesereleverpourramassersonépéemaisunevivedouleuraudosleplaquaausol.Illevalatêteetaperçutla toupie de son frère dans le sable devant lui. Tom avait toujours détesté lesbatailles.

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CHAPITREUN

LaclaquequeluiassénaZanàl’arrièredelatêtesortitClaydesarêverie.«Bougred’imbécile!Sijet’apprendsàtireràl’arccen'estpaspourquetu

baillesauxcorneilles»,tonnasonsupérieurdontlavoixrésonnaitdansleterraind'entraînementdelacaserne.Levétéranétaitunhommed’unequarantained’annéesauxcheveuxnoirset

au teint buriné par le soleil. Légèrement plus petit que Clay, et plus trapu, ilfoudroya son jeune apprenti du regard en lui indiquant à nouveau la cibleaccrochée à plusieurs dizaines demètres de là.Clay, qui faisait un bonmètrequatre-vingts,étaitunjeunehommeauxcheveuxbrunsetàlabarbenaissante.Vêtusdeleurarmuredecuirbrun,lesdeuxhommessefaisaientface.«Àquoi bon utiliser un arc alors que nous avons des arbalètes »,maugréa

Clay.«Connaistonennemi»,commençaZan.« Et connais leurs armes, termina Clay d’un air maussade. À quoi bon

connaître les armesdesNogryms? insista-t-il, Ils sontpacifiésdepuisplusdedixans.»«Passipacifiésqueçad’aprèscequej'aientenduenhautlieu»,martelaZan.

Etc'étaitreparti,Zanprétendaittoujoursconnaîtrequelqu’undehautplacédansleRoyaumedeSoreï.Claylesoupçonnaitdeneconnaîtreenréalitépersonnedeplushautplacéquelesergentde lacaserne,àqui il faisaitunrapportunefoisparmois.Nouvelleclaquederrièrelatête.«Applique-toiunpeu!»,rugitZan.Claysoupira,ilfallaitqu’ilseconcentre

sinonZanétaitcapabledeluisucrersapermission.Etaveclafêtedel’Automne,c’était hors de question. Il pensa à Louise, qu’il verrait ce soir, à ses longcheveux blonds… Il secoua la tête et, sous le regard noir de son supérieur, ildécochasaflècheenpleindanslemille.

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Essuyantlasueursursonfrontdanslachaleurdecedébutd’après-midi,ilsepermitmêmeunpetitsouriremoqueurenverssonaîné.Celui-cisouritenretourpour lapremière foisde la journée, et, sans rancune, le félicita d’une tape surl'épaule.«Parfait,dit-il,tuasbienméritéd’alleràlafêtedecesoir.»Clayapprouva

d’unhochementdetête.«Tuirasmêmeauchâteauavecmoi»,poursuivitZan,son sourire s’élargissant et son doigt pointant la colline derrière lui quisurplombait la ville. Clay regarda la colline et le haut château qui trônait ausommet,ils’imaginarentrantparlagrandeporteet…etilpensaàlataverneoùsesamisetluidevaientseretrouvercesoir.«Quoi ? !, s’offusqua-t-il,mais je devais aller au port avecmes amis pour

admirerlestraditionnelsfeuxd’artificesdesMillesRivières…»«Etboireetdanseraveclafilleenroberouge,hein?finitZan.Etbienelleva

êtredéçuealors.Quoiquesituveuxmonavis,ellesetrouveraunautrenigaudassezvite.»Clayessayadeparlermaislesmotsrestèrentbloquésdanssagorge.IlrepensaàLouisedanssaroberougeladernièrefoisqu’ill’avaitvue.« Et qui allons-nous voir au château ? réalisa-t-il soudain. Souriant de plus

belle,Zansecontentadesecouerlatête.Claylaissatombersonarcetessayades’en aller d’un air indifférentmais il trébucha sur un carquois.Foude rage ettoute dignité oubliée, il l’envoya voler d’un coup de pied et s’en fût sans seretourner, poursuivi par le riremoqueur de Zan. Il s’engouffra dans l’escaliermenant au quartier des apprentis tout en fulminant. Pour qui se prenait-il ?commes'il pouvait l’obliger àvenir au châteauavec lui !Etpuispoury fairequoi?Ils’engageadanslecouloiroùsetrouvaitledortoirqu'ilpartageaitaveclesautresapprentis.Peut-êtrequ'ilferaitmieuxdequitterl’arméeetdedevenir...Devenirquoi?Ilnesavaitpasfairegrand-chosed’autrequesebattre,àbienyréfléchir.Et il était tropvieuxpour être accepté commeapprenti forgeron.Duhautdesesvingtetunans,ilnesevoyaitpasnonplusrevenirchezsesparents.IlyavaitbienlaconfrériedesTraqueurs,maisilnesavaittoujourspasquoienpenser.Maiss’écraserdevantZan?...Iln’avaitpasvraimentlechoix,enfinde

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compte. Ilavaitsuffisammentdonnédesapersonnepourrejoindrecetteécole,qui avait très bonne réputation dans l’armée, pour la quitter comme ça sur uncoupdetête.Etcedernierdevaitlesavoir...pire,çal'amusaitsûrement.Ilouvritla porte, la referma derrière lui avec force et se jeta sur son lit.Cette journées'annonçaitvraimentpénible.

...

Lesoleil secouchaitquandZanetClaygravirent lapentepavéeetnoiredemondemenantauchâteauduroi.Lepremiermarchaitd’unbonpasensifflotant,s’arrêtantdetempsàautrepourlancerd’unairenjouéauseconddesedépêcher.Claytraînait lespieds,abattu;sarageavait laisséplaceaudésespoir.Entouteautreoccasion, aller au châteaudu roi l’aurait ravi auplushaut point.Mais ilfallaitqueçatombeaujourd'hui.Ilregardad’unairmornelesgens,qui,commelui, se rendaient à la fête habillés demille façons différentes. Ici, les gens dupeuplesefaisaientplusrares,et,Zancommeluinepassaientpasinaperçusavecleurs chemises et pantalons de toile simple. Un riche marchand coiffé d’unchapeau rouge dans lequel était plantée une plume ridicule le toisa d’un airméprisantavantdeledépasser.Claysetournaversleportauloinoùl’attendaientLouiseetlesautres.Lafête

de l’Automne, qui avait lieu une fois par an, était toujours une occasion dedanser,boireetfairelafête.Ilrepritsarouteversl'immensechâteaudepierresnoiresquisedécoupaitdanslalumièredusoir.«Bonsoir Zan ! ça fait unmoment que je ne t’avais pas vu,mon gars ! »,

entendit-il. Il se retournaetvitZansaluerundesgardesde lagrandeporteduchâteau. Génial, pensa Clay, le fameux contact en haut lieu s’avérait être unbonhommetropgrospoursonarmurequigardaitlaporteduchâteauavectroisautresclampins.«HéClay,viensunpeupar ici», lui lançaZan. Il s‘avançavers laporteet

suivitZantandisqu’ils’engouffraitsouslagrandeherseduchâteau.