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YSTERIRevne Mensuelle Illustre
'tudes InitiatiquesPUBLIE SOUS LA DIREC'l'ION
DU
Docteur PAPUS
t
SOMMAIRE DU N 11 (NOVEMBRE 1913)PARTIE PHILOSOPHIQUE
la Ter1e est un Ure vivant (av. gr.) (p. ()7\. .. Papus.les
Essniens (p. 106). . . . . . . .. Flavius Joseph.Science et
Croyallce (p. 117) , . . . . Dr Foveau de Courmelles.La Guerre
contre les Sociitssecrtes (sui te, p.125). Teder.Le Delta sacr (p.
f6R)..... . . . .. . . . . . . .. . .. .. Cembes LonPARTIE
LITTRAIRE: Avis. - Confrences Sdir. - Un pressentiment.
Les Annales du xx' sicle. - Bibliographie. - Trologie sotrique.-
Journal du Magntisme et du Psychisme t'oxperimental.
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monde.
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Martinistes.
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UNIVERSELLE,Rl'l'E ANCIEN ET PRIMI'rIF DE LA FRA 'C-MAO NERIE
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Humanidad).GLISR GNOS'l'IQUE U\lJVE:RSELLE (sige central,
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o.) (Londres et Berlin l,COLE SUPRIEUP..E LlBRE DI~S SCIENCE:S
MDICALES APPLI-QU1~rcs (PARIS).
PROPAGANDE: INl'rIA'.l'RICE: DU I!'M[ 'ISME
SPIHI'l'UALlS'rl~.
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PARTIE PHILOSOPHIQUE ET SCIENTIFIQUECette partie est ouverte aux
crivains de toutes coles sans
aucune distinction, et chacun d'eux conserve la
responsabilitlexclusf:ue de ses faes.
LA .TERRE EST UN TRE VIV-ANT
Cette ide parat bizarre au premier abord, et ce-pendant, en
rflchissant un peu, on voit qu'elle esttrs plausible.
Ce qui choque tout d'abord, c'est la question deforme. L'tre
humain a une tendance se figurerque tout tre vivant doit avoir une
forme dont celledes vertbrs est un exemple. Cependant, les min-raux
sont des tres vivants qui se caractrisent parune absence presque
totale de forme dtermine.Les vgtaux, depuis .les bactries jusqu'au
su-perbe chne, ou au majestueux baobab, prsententaussi une
multiplicit remarquable de formes. Il enest de mme pour les
animaux.
D'aprs les grandes classifications, 10ut astre seplace entre les
vgtaux, qui ne peuvent pas se d--placer, et les animaux, qui se
dplacent librement.
Cette classification due J .-J. Jacob lBourcart).dans son
Esquisse du Tout universel, montre queles astres ne se dplacent
qu'autant qu'un autre astre
i
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98 MYSTERIA
se deplace avec eux. Il y a l deplacement par r-ei'procit.
La question de la masse de la terre n'a pas d'im-portance,
puisqu'il n'y a pas de limite la gran-cleur d'un tre vivant.
Les savants contemporains ont une tendance wnsidrer les astres
comme des masses inertes queQ1es forces extrieures mettent seules
en mouve-ment. Ce sont les traditions de l'occultisme, syn-thtises
par les rvlations de Louis Michel, de Fi-ganires (Clefde la vie)
qui ont donn corps cetteide que la terre est un tre vivant, . ide
que nousaJ:lons, notre tour, resumer de notre mieux .
..
*
Un tre vivant se caractrise par diverses fonc-Hons dont les
principales sont: la digestion, larespiration., la circulation, et
pour les tres superieulis\.'i,nnervation. Il faut ajouter les
fonctions de rela-ti0n pour les tres qui vivent en rapport
avecd'autres tres, de mme espce, ou d'espces diff-lientes.
Nous allons d'abord rappeler ce qui se passedans l'homme pour
appliquer analogiquement cesdonnes la terre.
Chez l'homme, le cur est l'organe qui mani-feste les mouvements
les plus rapides en ne consi-drant que la vie organique de l'tre et
non la vieWUl systme nerveux conscient. Le cur bat
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LA TERRE EST UN TRE VIVANT 99
soixante fois par minute et prside la circulationdu sang.
Le poumon fonctionne raison de vingt fois parminute, avec ses
deux temps d'inspiration et j'ex-piration, alors que le cur, dans
son mouvement,prsente galement deux priodes: une de contrac-tion,
ou systole, et une de dilatation, ou diastole.
Le poumon prside aux fonctions de respiration,fonction qui peut
tre conue comme une assimila-tion ou une digestion de l'air
atmosphrique; voilpourquoi les poumons se rattachent,
embryologi-quement, l'endoderme et aux feuillets digestifs.
Enfin, la digestion, dont la dure est variable,mais qui,
normalement, doit s'accomplir une foistoutes les six heures ou
quatre fois en vingt-quatreheures, avec des repas plus ou moins
abondants se-lon les heures et les individus; de plus,
l'absorp-tion des liquides peut se faire d'une manire
presque{;ontinue.
Pour les tres suprieurs, dont le corps humainest un exemple, ces
fonctions viennent s'ajoutercelles d'innervation ou du
fonctionnement du sys-tme nerveux caractrises grosso modo par
laveille et le sommeil, dont seize heures de veille ethuit heures
de sommeil ..
A toutes ces fonctions il faut ajouter, pour l'trevivant tudi,
la dure de sa vie physique sur laplante o il est incarn, dure qui
peut tre con-sidre en moyenne comme de soixante-douze anspour
l'homme, et trs variable pour les autres ani-
/
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100 MYSTERIA
maux. Cette fonction est enfermee entre quatre pe-riodes,
appelees enfance, jeunesse, ge mr etvieillesse. Ces points bien
etablis, revenons laterre.
,.
Disons tout d'abord que les mouvements de laterre sont plus
lents que ceux de l'tre humain etqu'une minute du temps de l'homme
correspond peu prs un jour de la terre et qu'un jour del'homme
correspond peu prs une annee de laterre. Les initiations antiq ues
ont etudie d trs prsces nombres que nous indiquons seulement ici
gros-sirement.
Circulation. - En une journee de vingt-quatreheures, la terre
tourne sur elle-;mme d'aprs lecycle connu: matin, midi, soir et
nuit. Pendantcette priode, une moitie de la terre est dans
l'obs-curite, et l'autre moiti baigne dans la lumire so-laire. En
mme temps, l'ocan, ou cur terrestre,presente un gonflement ou
systole. caractris par lahaute mare et un abaissement, contraction,
ou dias-tole, caractris par la basse maree.
L'eau, qui est le vritable sang terrestre, est as-piree de
l'ocean dans l'atmosphre; elle circulecomme courant arteriel
au-dessus des terres, oelle tombe sous forme de l'osee ou de pluie.
Elle vase condenser dans les glacier~ qui constituent lesreserves
aquatiques ou vitales de la plante et cette
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102 MYSTERIA
eau retourne par les rivires et les fleuves l'ocanen formant le
courant veineux. Tel est le cycle de lacirculation terrestre.
Respiration. - En mme temps que la circula-tion se fait sur la
terre, cet astre absorbe et fixe lesrayons solaires dans son
atmosphre, qui constituele poumon de la terre. A chaque priode de
rayon-nement solaire, ou jour, et de rayonnement lunaire,ou nuit,
correspond un aspir et un expir des rayonssolaires. Mais la
vritable priode du cycle res-piratoire complet est de quatre
semaines dont cha-cune est caractrise par l'influence lunaire.
Ainsi, de la nouvelle lune la pleine lune, sefait la fixation
dans les filons mtalliques de l'aspirdes rayons solaires, et dans
la priode de la pleinellllne la nouvelle lune se fait le dpart ou
l'expirde tout ce que la terre renvoie de forces et d'treshors de
son domaine.
Digestion. - Les fonctions de digestion terrestresont
caractrises par les tapes suivantes:
1 0 Ingestion des aliments, par l'humus ter-restre ;
2 0 Sparation des parties absorbables et des par-ties inutiles,
ou digestion proprement dite;
)0 Fixation dans l'organisme terrestre et trans-formation en
produits nouveaux des parties digresou assimilation et
utilisation;
4 Transformation ultrieure, en substancesinertes, des produits
digrs ou excrtions.
A tout moment, l'humus ou l'estomac terrestre
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LA TERRE EST UN TRE VIVANT i:l
est susceptible de recevoir les cadavres ou amas
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104 MYSTERIA
ment de la victoire des forces d'evolution solaire(dcembre
mars);
3 Production et sortie des germes transforms,union des sucs
terrestres et des rayons solairesconstituant la sve, triomphe de
toutes les forcesevolutives sur les forces d'involution, le
printemps(mars juin) ;
4 Fin de l'volution des nouveaux tres ter-restres ; le fruit ou
la graine produit vivant de cettevolution est constitu en mme temps
que tousles sous-produits retournent la terre sous forme decadavres
vegtaux (juin septembre). Pour les ani-maux et les mineraux, il Y'
a des periodes analo-gues dans le detail desquelles nous n'avons
pas entrer ici.
Innervation. - Les forces que la terre tire du so-leil et qui
n'ont pas t employes sont concentreesdans les filons mtalliques qui
forment un veritablesystme nerveux ganglionnaire et qui sont
l'originevritable de la chaleur de la plante, puisque plus
ondescend vers le centre de la terre, plus il fait chaud,et plus on
monte dans le soleil, plus il fait froid.Le feu terrestre celltral
est une utopie; il n'existepas; les eruptions volcaniques sont
produites pardes courts-circuits de l'electricite vitale terrestre
et lecentre de la terre est habite par des tres de formehumaine
mais br:;nchies. Cela n'a aucun intrtpour l'instant, laissons-le
donc de ct.
Le temps attribue au cvcle de l'innervation ter-restre est assez
difficile bien dterminer. :"Jne ;'l~-
-
LA TERRE EST UN TRE VIVANT 105
ne de la terre quivaut trois cent soixante an-nes terrestres
ordinaires. La priode de vie et demort des continents terrestres se
fait en 25.000 ansen chiffres ronds, dont 12.500 ans d'absorption
desforces cosmiques et 12.500 ans d'expir de cesforces avec
tranformations continentales et dluge.Nous avons seulement voulu
jeter un coup d'ilsur la vie organique de la terre, l'tude de la
viespirituelle nous mnerait trop loin.
PAPUS. ,
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Les Essniens
Un nomm judas, Galilen, tablit parmi les juifsune quatrime
secte. Des trois autres sectes qui Y'taient dj, et particuliremed
de celle des Ess-niens.
Lorsque les pays possds par Archlas eurentt rduits en province,
Auguste en donna le gou-vernement Coponius, chevalier romain.
Durantson administration, un Galilen, nomm judas, portales juifs se
rvolter, en leur reprochant que ce-qu'ils payaient tribut aux
Romains, tait galer des..hommes Dieu, puisqu'ils les
reconnaissaient pourmatres aussi bien que lui (1). Ce judas fut
l'auteur-
(1) On verra paratre encore d'autres sectes et d'aulres chefs
de-pani dans le cours de cette histoire. Au milieu de ce
peupleaveugl par le dicide, on voit surgir de faux prophtes, de
faux.messies, de faux patriotes qui le dvorent et consomment sa
ruine.Jsus-Christ l'avait annonc: Prenez garde que personne ne
voussduise; car plusieurs viendront en mon nom, qui diront: Je
suisle Christ ", et ils sduiront un grand nombre Vous entendrez
descombats et des rumeurs de combats, des guerres et des
sditions... .(Math., XXIV; Marc, XIII; Luc, XXI). Le succs obtenu
par lesimposteurs quis'attrbuaientle titre de Messie,confirme DOS
croyances,car il prouve que, de l'aveu des Juifs, malgr leurs vains
chappa-toires, les temps marqus par les prophties taient accomplis.
Ils-regardaient le sceptre comme chapp Judas, suivant la prophtiede
Jacob; et lei semaines d'annes indiques Daniel, leur parais--saient
coulees.
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LES ESSNIENS 107
d'une nouvelle secte entirement diffrente des troisautres, dont
la premire tait celle des Pharisiens,la seconde celle des
Sadducens, et la troisimecelle des Essniens, qui est la plus
parfaite detoutes.
Ils sont Juifs de nation, vivent dans une uniontrs troite, et
considrent les volupts comme desvices que l'on doit fuir, et la
continence et la vic-toire de ses passions comme des vertus que
l'on ne-saurait trop e,stimer. Ils rejettent le mariage. Ils
nelaissent pas nanmoins de recevoir les jeunes en-fants qu'on leur
donne pour les instruire, et de leslever dans la vertu avec autant
de soin et de cha-rit que s'ils en taient les pres, et ils les
nourris-sent et les habillent tous d'une mme sorte.
Ils mprisent les richesses, toutes choses sontcommunes entre eux
avec une galit si admirable,que lorsque quelqu'un embrasse leU!'
secte, il se d-pouille de la proprit de ce qu'il possde, pourviter
par ce moyen la vanit des richesses, par-gner aux autres la honte
de la pauvret, et, par unsi heureux mlange, vivre tous ensemble
commefrres.
Ils ne peuvent soulfrir de s' oi~dre le corps avecde l'huile,
mais si cela arrive quelqu'un, quoiquecontre son gr, ils essuient
cette huile comme sic'taient des taches et des souillures, et se
croientassez propres et assez pars, pourvu que leurs ha-bits soient
-toujours bien blancs.
Ils choisissent pour conomes des gens de bien,
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108 MYSTERIA
qui reoivent tout leur revenu, et le distribuent se-lon le
besoin que chacun en a. Ils n'ont point deville certaine dans
laquelle ils dem~urent, mais sontrpandus en diverses villes, o ils
reoivent ceuxqui dsirent entrer dans leur socit; et encorequ'ils ne
les aient jamais vus auparavant, ils parta-gent avec eux ce qu'ils
ont, comme s'ils les connais-saient depuis longtemps.
Lorsqu'ils font quelque voyage, ils ne portentautre chose que
des armes pour se dfendre desvoleurs. Ils ont dans chaque ville
quelqu'un d'euxpour recevoir et loger ceux de leur secte qui y
vien-nent, et leur donner des habits et les autres chosesdont ils
peuvent avo.ir besoin.
Ils ne changent point d'habits que quand les leurssont dchirs ou
uss. Ils ne vendent et n'achtentrien entre eux; mais se
communiquent les uns auxautres, sans aucun change, tout ce qu'ils
ont.
Ils sont trs religieux envers Dieu, ne parlent quedes choses
saintes avant que le soleil soit lev, etfont alors des prires,
qu'ils ont reues par tradi-tion, pour demander Dieu qu'il lui
plaise de lefaire luire sur la terre. Ils vont aprs travailler,
cha-cun son ouvrage, selon qu'il leur est ordonn. Aonze heures. ils
se rassemblent, et, couverts d'unlinge, se lavent le corps dans de
l'eau froide. Ils seretirent ensuite dans leurs cellules, dont
l'en~ren'est permise aucun de ceux qui ne sont pas deleur secte;
et, tant purifis de lasorte, ils vont au r-fectoire, comme en un
saint temple; ils s'asseyent
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LES ESSNIENS 1:09
en grand silence, et l'on met devant chacun d'euxdu pain et une
portion dans un petit plat. Un sacrificateur bnit les viandes, et
on n'oserait y toucherjusqu' ce qu'il ait achev sa prire. Il en
fait encoreune autre aprs le repas, pour finir comme il a com-menc
par les louanges de Dieu, afin de tmoignerqu'ils reconnaissent tous
que c'est de sa seule lib,-ralit qu'ils tiennent leur nourriture.
Ils quittent alorsleurs habits, qu'ils considrent' comme sacrs,
etretournent leurs ouvrages. Ils font le soir souperla mme chose,
,:,t fol1t manger avec eux leurshtes, s'il en est arriv
quelques-uns.
On n'entend jamais de bruit dans ces maisons; onn'y voit jamais
le moindre trouble; chacun n'yparle qu'en son rang, et leur silence
donne du res-pect aux trangers. Une si grande modration estun effet
de leur continuelle sobrit; car ils nemangent ni ne boivent
qu'autant qu'ils en ont be-soin pour se nourrir.
Il ne leur est permis de rien faire que par l'avisde leurs
suprieurs, si ce n'est d'assister les pau-vres, sans qu'aucune autr
raison les y porte queleur compassion pour les aftligs; car, quant
leU! sparents, ils o'oseraient leur rien donner si on nele leur
permet.
Ils prennent un extrme soin de rprimer leur co-1re: ils aiment
la paix, et gardent si inviolablementce qu'ils promettent, que l'on
peut ajouter plus de foi leurs simples paroles qu'aux serments des
autres.Ils considrent mme les serments comme des par-
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110 MYSTERIA
1
jures, parce qu'ils ne peuvent se persuader qu'unhomme ne soit
p:lS un menteur, lorsqu'il a' besoin,pour tre cru, de prendre Dieu
tmoin.
Ils tudient avec soin les crits des anciens, prin-cipalement en
ce qui regarde les choses utiles -rme et au corps, et acquirent
ainsi une trs.grande connaissance des remdes propres gurir'les
maladies, et de la vertu des plantes, des pierreset des mtaux.
Il ne reoivent pas l'heure mme, dans leurcommunaut, ceux qui
veulent embrasser leur ma-nire de vivre, mais ils les font
demeurer, durantun an, au dehors, o ils ont chacun, avec une
por-tion, une pioche, le linge dont nous avons parl etun habit
blanc. Ils leur donnent ensuite une nourri-ture plus conforme la
leur, et leur permettentde se laver, comme eux, dans de l'eau
froide, afinde se purifier; mais ils ne les font point manger
aurfectoire jusqu' ce qu'ils aient encore, durant deuxans, prouv
leurs murs comme ils avaient a upa-ravant prouv leur continence.
Alors on les reoitparce qu'on les en juge dignes; mais avant
des'asseoir table avec les autn's, ils protestent so-lennellement
d'honorer et de servir Dieu de toutleur cur; d'observer la justice
envers les hommes;de ne faire jamais volontairement de mal
per-sonne, quand mme on le leur commanderait;d'avoir de l'aversion
pour les mchants; d'assisterde tout leur pouvoir les gens de bien;
de garderla foi tout le monde, et particulirement aux sou-
-
LES ESSNIENS tH
verains, parce qu'ils tiennent lieur puissance de"Dieu. A quoi
ils ajoutent que, si jamais ils sontlevs en charge, ils n'abuseront
point de leur pou-voir pour maltraiter leurs infrieurs; qu'ils
n'aurontrien de plus que les autres, ni en leurs habits, ni aureste
de ce qui regarde leurs personnes; qu'ils au-ront un amour
inviolable pour la vrit, et repren-dront svrement les menteurs;
qu'ils conserverontleurs mains et leurs mes pures de tout larcin et
detout dsir d'un gain injuste; qu'ils ne cacheront rien leurs
confrres des mystres les plus secrets deleur religion, et n'en
rvleront rien aux autres,.quand mme on les menacerait de la mort
pour lesy contraindre; qu'ils n'enseigneront que la doctrinequi
leur a t enseigne, et qu'ils en conserveronttrs soigneusement les
livres aussi bien que lesnoms de ceux de qui ils les ont reus.
Telles sont les protestations qu'ils obligent ceuxqui veulent
embrasser leur manire de vivre, defaire solennellement, afin de les
fortifier contre lesvices. Que s'ils y contreviennent par des
fautes no-tables, ils les chassent de leur compagnie; et laplupart
de ceux qu'ils rejettent de la sorte, meurentmisrablement, parce
que ne leur tant pas permis
-
MYSTERIA
dans leurs jugements; leur nombre n'est pasmoindre que de cent
lorsqu'ils les prononcent; etce qu'ils ont une fois arrt demeure
immuable.
Ils rvrent tellement aprs Dieu leur lgislateur,qu'ils punissent
de mort ceux qui en parlent avecmpris, et considrent comme un trs
grand devoird'obir leurs anciens et ce que phisieurs leur
or-donnent.
Ils se rendent une telle dfrence les uns aux au-tres, que s'ils
se rencontrent dix ensemble, nuld'eux n'oserait parler si les nevf
autres ne l'approu-vent; et ils rputent grande incivilit d'tre au
mi-lieu j'eux, ou leur main droite.
Ils observent plus religieusemement le Sabbatqu'aucun autre de
tous les Juifs; et non seulementils font la veille cuire leur
viande pour n'tre pasobligs, dans ce jour de repos, d'allumer du
feu;mais ils n'osent pas mme changer un vaissp.au deplace, ni
satisfaire, s'ils n'y sont contraints, aux ncessits.de la nature.
Aux autres jours, ils font dansun lieu l'cart, avec cette pioche
dont nous avonsparl, un trou dans la terre d'un pied de
profondeur,o aprs s'tre dchargs en se couvrant de leurshabits comme
s'ils aV:lient peur de souiller lesrayons du soleil que Dieu fait
luire sur eux, ilsremplissent cette fosse de la terre qu'ils en ont
tire,parce qu'encore que ce soit une chose naturelle, ilsne
laissent pas de la considrer comme une impu-ret dont ils se doivent
cacher, et se lavent mmepour s'en purifier.
-
Ceux qui font profession de cette sorte de viesont diviss en
quatre classes, dont les plus jeunesont un tel respect pour leur
anciens, que lorsqu'ilsles touchent ils sont obligs de se purifier
commes'ils avaient touch un tranger.
Ils vivent si longtemps que plusieurs vont jus-qu' cent ans; ce
que j'attribue la simplicit deleur vie, et ce qu'ils sont si rgls
en touteschoses.
Ils mprisent les maux de la terre, triomphent destou rments par
leur constance, et prfrent la mort la vie lorsque le sujet en est
honorable. La guerreque nous avons elle contre les Romains a fait
voiren mille manires que leur courage est invincible.Ils ont
souffert le fer et le feu, et vu briser tousleurs os plutt que de
vouloir dire la moindre pa-role contre leur lgislateur, ni manger
des viandesqui leur sont dfendues, sans qu'au milieu de tantde
tourments ils aient jet une seule larme, ni dit lamoindre parole
pour tcher d'adoucir la cruaut deleurs bourreaux. Au contraire, ils
se moquaientd'eux, souriaient, et rendarent r esprit avec
joie,parce qu'ils espraient passer de cette vie unemeilleure, et
qu'ils croient fermement que commenos corps sont mortels et
corruptibles, nos messont immortelles et incorruptibles, qu'elles
sontd'une substance arienne trs subtile, et qu'tantenfermes dans
nos corps, ainsi que dans une pri-son, o une certaine inclination
naturelle les attireet les arrte, elle ne sont pas plus tt
affranchies de
2
LES ESSNIENS 113
-
114 MYSTERIA
ces liens charnels qui les retiennent comme dansune longue
servitude, qu'elles s'lvent dans l'air ets'envolent avec joie. En
quoi ils conviennent avecles Grecs, qui croient que ces mes
heureuses ontleur sjour au del de l'Ocan dans une rgion o iln'y a
ni pluie, ni neige, ni une chaleur excessive,mais qu'un doux zphir
rend toujours trs agrable;et qu'au contraire les mes des mchants
n'ont pourdemeure que des lieux glacs et agits par de con-tinuelles
temptes o elles gmissent ternellementdans des peines infinies. Car
c'est ainsi qu'il me pa-rat que les Grecs veulent que leur hros,
qui ilsdonnent le nom de demi-dieux, habitent des lesEJI:l'ils
appellent fortunes, et que les mes des im-pies soient jamais
tourmentes dans les enfers,ainsi qu'ils disent que le sont celles
de Sisiphe, deTantale, d'Ixion et de Tytie.
Ces m~mes Essniens croient que les mes sontres immortelles pour
se porter la vertu et sedtourner du vice; que les bons sont rendus
meil-leurs en. cette vie par l'esprance d'tre heureuxaprs leur
mort, et que les mchants qui s'imaginentpouvoir cacher en ce monde
leurs mauvaises ac-fiions en sont punis en l'autre par des
tourmentsternels. Tels sont leurs sentiments touchant l'excel-lence
de l'me dont on ne voit gure se dpartirceux qui en sont une fois
persuads. Il y en a parmieux qui se vantent de connatre les choses
venir,tant par l'tude qu'ils font des livres saints et desanciennes
prophties, que par le soin qu'ils pren-
-
LES ESSNIENS i15
nent de se sanctifier; et il arrive rarement q.w'il-s setrompent
dans leurs prdictions.
Il y a une autre sorte d'Essniens qui resse:Iil1IDil-entaux
premiers par l'usage des mmes viandes, 'aiesmmes murs et des mmes
lois, et n'en diffre-ntqu'en ce qu'ils acceptent l'etat du
mariage.
Q!Iant aux deux premires sectes dont nous avonsparl, les
Pharisiens sont ceux que l'on estime avoirune plus parfaite
connaissance de nos lois et de noscrmonies. Le principal article de
leur crance estde tout attribuer Dieu et au destin, en sorte
nean-moins que dans la plupart des choses il dpend denous de bien
faire ou de mal faire, quoique le des-tin puisse beaucoup pour nous
y aider. Ils tiennentaussi que)es mes sont immortelles; que celles
des
'justes passent aprs cette vieen d'au'tres corps, et quecelles
des mchants souffrent des tourments qui du-rent toujours.
Les Sadducens, au contraire, nient absolumentle destin (1), et
croient que comme Dieu est inca-pable de faire du mal, il ne prend
pas garde celuique les hommes font. Ils disent qu'il est en
notrepouvoir Je faire le bien ou le mal, selon que notrevolont
flOUS porte l'un ou l'autre; et que quant
(1) Le mot destin est pris ici dans le sens large, pour
dsignerDon seulement cette puissauce aveugle et inexorable qui,
suivantles fatalistes, prside la marche de toute chose, mais aussi
cegouvernement divin de la P:ovidence, qui conduit tout, en
respec.tant la libert humaine, et que les vritables Juifs
adoraient, commeles chrtiens et les vrais philosophes de t(lUS les
temps (N. -E.),
-
i16 MYSTERIA
aux mes, elles ne sont ni punies ni rcompensesdans un autre
monde; mais autant les Pharisienssont sociables et vivent en am iti
les uns avec lesautres, autant les Sadducens sont d'humeur si
fa-rouche, qu'ils ne vivent pas moins rudement entreeux qu'ils
feraient avec des trangers.
FLAVIUS JOSEPHE.
(Histoire de la Guerre des juifs.)
-
SCIENCE ET CROYANCE
ternelle et troublante question que l'essai desubstition de
l'une l'autre! Je viens de relire,avec le recul des annes, deux
pamphlets de va-leur. C'est aprs Une Visite au Vatican, de
Ferdi-nand Brunetire, P\\ru dans la Revue des Deux-Mondes, le 1el'
janvifr 1895, parlant, aprs- biend'autres auteurs, dj, de la
banqueroute de laScience . la rponse de Marcellin Berthelot,
legrand chimiste, la Science et la Morale, parue dansla Revue de
Paris le 1er fvrier 1895. et j'assistai.peu aprs, au grand banquet
e celui-ci. Et si j'aipens relire ces remarquables crits de deux
il-lustres disparus, c:est que je vois, malgr la scienmontant, le
flot non moins montant de l'esprit reli-gieux, au sens abstrait et
gnral du mot, des_adeptes des sciences occultes, voire de ceux qui
envivent! '"
Ne voyons-nous pas les religions exi stantess'imprgner de
l'esprit pratique et se dfendre? Nevoyons-nous pas la croyance au
merveilleux se r-pandre, les apparitions d'Alzone prs de Toulouseen
discussion, les spirites levant haut la tte, mul-
-
f18 MYSTERIA
tipliant leurs organes, l'Echo du Merveilleux, L~Fratemiste, La
Vie Nouvelle, Psycb, prendre del'essor, maints savants mme ne
ddaignant pasd'tudier ces manifestations de l'esprit humain oude
forces inconnues! Vers 1888, Paul Gibier, le co-lonel de Rochas, C.
Flammarion... me passion-naient, dj, pour elles.
Le Fraterniste me demande personnellement maconception (~de la
vie dans l'Au-del .Est-ce une ques-tion pose l'homme ou la science
que tant j'tu-die? Je ne sais. J'ajouterai mme que mon opinionne se
trouve claire ni par mes tudes, ni par meslectures, et qu'en
l'espce, ne lui considrant qu'unevaleur sentimentale je trouve
inutile de l'mettre. C'estqu'en effet, et comme je l'crivai, en
1898, en monEsprit scientifique contemporain, scienct: et
religion,me paraissant deux domaines distincts et impn-trables, ne
s'affirment et ne s'infirment pas l'unl'autre. Ma rcente lecture,
la campagne, dans lecalme de la nature, de Brunetire et de
Berthelot,me confirme qu'ils ont tous deux raison ... en par-tie,
et que si la science suffit l'espdt fort etcalme, la religion calme
l'me faible et ulcre, enproie aux pires tristesses ... Alors ?...
On vit deshommes, rputs pour forts, voguer entre la n-gation, le
doute, ou l'affirmation ... en matire reli-gieuse ...
Religion, croyances vagues et mythologiques, etmdecine, allrent
ensemble aux dbuts de l'huma-
-
SCIENCE ET CROYANCE
nit: Les prtres furent les premiers mdecins. Apol-lon, Esculape,
l'oracle de Delphes ... firent les pre-mires cures connues. La
mdecine ne se piquaitpas alors de science. La tradition en
conservait lesprincipes empiriques. L'criture primitive les
enregistra. Des briques en retracrent en caractres cu-niformes les
premiers linaments, et des biblio-thques ... encombrantes, ainsi
formes, ont t rcemment retrouv~.es chez les gyptiens et les
As-syriens, datant de plus de 3.000 ans avant notre re.En une trs
remarquable confrence la Socit deGographie de la ville d'Alger, le
docteur EdmondVidal tudiait, le 5 dcembre dernier, cette
remar-quable donne des anciennes connaissances mdi-cales. (On sait,
nous le disions ici, en jumet, pro~pos de Dcent1'alisation, combien
travaille cette capi-tale franaise africaine, si bien dirige par
sonmaire, M. de Galland. par ses doyens de Facult,le professeur'
docteur Curtillet. .. ; Alger a en cemoment aussi un prfet, M.
Lasserre, avec qui nousnous sommes souvent rencontrs en des milieux
dehaute culture littraire. De l, un merveilleux essortdans tous les
sens! Q!Je de villes peuvent imiterAlger, au point de vue
dcentralisation, et ne paslaisser s'chapper leurs richesses!. ..
)
La religion est souvent encore mle, mme d'in-consciente faon, la
mdecine, alors que devenue,voulant de plus en plus devenir,
scientifique. Lemdecin est souvent aujourd'hui cru, comme leprtre;
il est le confesseur laque qui rassure et
-
120 MYSTERIA .
calme les ... incrdules! Et il en est ainsi, en touspays: la
belle Association de P~rfectionnement M-dical, deJ.-A. Etienne
Bazat, qui les relie, en prouveles connexions. .
Au Muse des Religions, fon~~. et dirig Paris. \ .
par un grand industriel, l'ruditM. Guimet, qui oc-cupe noblement
ses loisirs rassembler de nom-breux matriaux pars, si instructifs,
on y trouvemaints documents scientifico-religieux. Nous visi-tions
ce Muse, fin juin dernier, sous la conduite dumatre et fondateur
lui-mme:, en compagnie deM. Chaumet, ancien ministre, et de nos
familles,et vraiment bien des tendances religieuses,
encoreactuelles, de l'esprit humain" s'clairaient nosyeux. Nous y
voyons mme'-: et les journaux en ~ont parl depuis - une naissar.ce
de religion: eneffet, une grande cantatrice a vou un culte unemomie
et lui apporte ou fait apporter des fleurs, la veille d'une grande
reprsen(ation o elle veut sesurpasser, et cela russit toujours!
nous vmes lamomie fleurie ...
*. .
On le voit, la Science n'a nullement dtruit l'espritreligieux.
Peut-tre a-t-il chang de forme. LaScience est lle-'mme, ou presque,
une religion,avec sa morale, ses grands prtres ... Q!Jarld
Brune-tire nous montre certains savants, et mme d'au-tres
personnes, promettre que l'ge d'or renatra
-
tSCIENCE ET CROY ANCE 1~1
sur la terre par la Science, il.trouve en mmetempsque ce sont l
des opinions hasardeuses, que le'bonheur n'est pas encore venu et
dpend plus denous-mmes et de notre tat d'me que des
chosesextrieures, voire du bien-tre qui en dcoule ... Eneffet, que
de millionnaires neurasthniques, tropgts par la vie, se tuent! Est
ternellement vraiela fable du Savetier et du Fincmcier, o le
pauvreheureux cesse de l'tre ds qu'il possde 1. .. Maisquand
Berthelot montre la solidarit de la nature,o le mal engendre le
mal, et le bien, le bien, il agalement raison; quand il condamne le
fatalismereligieux qui veut faire le bonheur des gens malgreux en
les torturant ou les brlant, il n'a pas tort;quand il montre la
Science levant l'homme, il y aencore beaucoup de vrai, malgr les
dissensions etles haines de maints savants! ...
La politique, crit le docteur G. Le Bon, dans sonOrigine des
Opinions et des Croyances, est une sriede dogmes ...
La soifd'tudes du merveilleux fut de tout temps.Paracelse y
laissa un nom jadis; Camille Flamma-rion, l'minent astronome, se
souvenant des anciens la fois astronomes et astrologues, a aussi
apportsa quote-part ces troublantes tudes et y a intro-duit la
mthode scientifique, et notamment la photo-graphie. Dans ce dernier
domaine, le commandantDarget a dcouvert les afflux vitaux, les
rayons V.Et le prolongement de l'existence sera-t-il ainsisaisi?
Photographiera-t-on j'me? comme le pense
-
MYSTERIA
et le veut Emmanuel Vauchez, et son Comit de-Photograpbie
trallscendantale au prix de cinquantemille francs pour le novateur
en ce domaine qu'itveut rendre scientifiq ue ? ??
* *
En ces questions, comme en tant d'autres, il estsi facile de se
Imettre le doigt dans l'il, selon uneexpression comante, titre du
nouveau et si intres-sant recueiJ de contes de la si spirituelle
JeanneLandre. Parler de ce livre, serait mettre une notede gaiet en
notre grave article, mais ce serait hors.de saison, il vaut mieux
du reste le lire. N'en rete-nons que le titre ou plutt ce qu'il
signifie, c'est--dire, l'erreur si facile l'homme! Combien
impor-tante la religion qui tant et partout dirige les murs.Au Cur
du Harem, Une Odalisque, deux beaux etbons livres de Jehan d'Ivray,
nous montrent le ma-riage et la religion en gypte; la science qui y
p-ntre modifie bien les croyances et les murs.mais dans quelles
proportions?
... On a toujours philosoph sur le terrain descroyances! Edouard
Schur, en ses Grands Initis.nous montre ceux-ci prcdant Allan
Kardec. Papus.docteur en kabbale et en mdecine, a associ lascience
et le mystrieux. Une curiosit constantedes foules, cornille des
plus grands esprits, a dirigvers l'tude du Mystre et du Miracle.
Ceux-ci exis-
-
SCIENCE ET CROYANCE
tent, disait Brunetire; nullement, rpondait Ber-thelot! ...
Dr FOVEAU DE COURMELLES.
(Extrait de l'lndpndance Luxembourgeoise, 2.3 sep-tembre
191.3)'
~\:J
-
'i26 MYSTERIA
l'bonneur qui leur appartient tous, en se l'att7'ibuant. lui-mme
(,).
Or, Boniface III reut et accepta le NOM DEBLASPHME du tyran et
parricide Phocas, sanspenser que l'on pourrait lui appliquer ces
parolesde saint Grgoire: Que signifie cet orgueil parlequel il
s'lve, sinon que les temps de l'Antchrist,sont proches, puisqu'il
imite celui qui, ayant mprisles Lgions d'Anges, dans la socit
desquels il jouis-
~ait d'une parfaite joie, affecta de monter un degrd'honneur lev
au-dessus de tous les autres (2)?
Nous pourrions relater ici une multitude de-choses trs
susceptibles de prouver que ce n'taitpas la douce et belle morale
de l'Evangile qui int-ressait le plus alors le Saint-Sige; mais
nous pr-frons renvoyer le lecteur l'Histoire des Papesjusqu'
Sixte-Quatre, publie Venise en 1479 parBarthlemy Sacchi (Platine),
biblif>thcaire du Va-tican.
Un autre bibliothcaire du Vatican, sous Cl-ment VIII, est aussi
consulter: c'est le cardinalBaronius, qui succda saint Philippe de
Nri,comme Suprieur Gnral de l'Oratoire, et qui, dansses Annales
ecclsiastiques, dcrit avec la plus par-faite sincrit les vritables
murs de la Cour pa-pale, sur la foi de documents absolument
authen-tiques. Par exemple, il reconnat que le pape Ser-gius III
eut pour matresses deux prostitues cl-
(1) uvres de saint Grgoire, liv. IV pit. XXXII.(2) uvres de
saint Gl'goire lv. IV, pit. XXXI.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 127
bres, Thodore et Marozie, la mre et la fIlle, et quecette
dernire lui donna un fils qui fut pape sontour sous le nom de Jean
XI, Tant de monstruositseurent lieu, que l'empereur Othon 1er dut
se ren-dre un jour Rome, dans le but d'y runir un Con-cile qui
dposa Jean XII, lequel avait surpass endbauche et en cri'mes ses
prdcesseurs (1),
Nous n'avons pas voir si Othon eut tort ouraison: nous
rapportons simplement ce fait parcequ'il a son loquence, et sans
chercher diminuerla valeur du Canon si Papa qui dit que quandmme le
Pape serait drgl dans ses murs, on ne le
.doit point juger ni condamner, parce qit'il ne peuttre jug par
personne ,
Etait-ce le rgne du Christ ou de l'Antchrist, -cette
poque-l?
N'insistons pas .. ,
"" .
Cependant les drglements et les normits qui-se succdent
continuent s'tendre si bien dans lemonde ecclsiastique, qu'au xi"
sicle le cardinal
'Pierre Damien, pris d'un dgot immense, se d-cide crire son
livre Gomorrheus, qu'il adresse aupape Lon IX.
Devant ce titre, qui dit tout, on peut se dispen-
(1) Voir galement les uvres de l'vque Lllitprand, Anvers,1640,
LUitprand, vque de Crmone, fut ambassadeur d'Othon ru
.. la cour de Nicphore Phocas, empereur d'Orient,
-
1~8 MYSTERJA
ser de citer, mme en latin, un seul passage dulivre.
Mais qu'on se repolie l'Histo'e des Croisades,du P. Jsuite
Maimbourg; on en apprendra de belles. Les prtres - dit-il -
tranaient avec une infi-tlit de fenl1nes qui menaient la vie du
moude la plusdborde en toutes sortes de dbauches ... La vie duClerg
tait si borTiblelllent dborde qu'on ue peutsalis borreur se
'reprsellter l'affreuse peinture qu'enout fade les crivains de ce
temps-l (1).
Au Xlle sicle, saint Bernard s'exprime ainsi: Si, comme Ezchiel,
nous percious la ml/raille
du sanctuaire pour voir les horreurs qui se commet-tent dans la
maison de Dieu, peut-tre JI verrions-nous les plus dtestables
abominatiol/s. Car outre lesfornications, les adultres et les
incestes, il JI en a quicommettent des uvres ignominieuses et
exercent desactes de la dernire turpitude (2).
Le thologien Honorius d'Autun fait la descriptiondes mmes murs
et des mmes desordres, et nullepart, dans ses uvres, il ne parle
des Socitssecrtes.
Au XIII' sicle, un moine de Saint-Albans, MatthieuPris, dcrit
son tour la corruption ecclsiastique,
('1) Uv, I, an 1096. - Jamais les Croisades n'ont eu pour butde
sauYer le tombeau de Jsus, Quand on eut dcouvert la routedu cap de
Bonne-Esprance, par laquelle les Grecs commerai"entavec l'Inde cinq
sicles avant notre re, il ne fut pIns qnestionde sauver le Sai
ut-Spulcre, rest depuis lors aux mains des Infidles,
(~) ttvl'es de saint Bel'nard, 1690. De considel'atione.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTE!> 129/
et il rappelle l'histoire d'un Lgat qui, le soir mmeo il avait
tait les plus belles exhortations au Clergsur la chastet, fut trouv
dans un lupanar. Pours'excuser le bon Lgat dclara qu'il tait
correcteurdes prtres et que, n'tant pas prtre lui-mme, iln'tait pas
oblig d'observer la chastet qu'il ordonnaitaux autres (1) .
De son ct, saint Bonaventure, Gnral desFrres Mineurs dont il lui
fut impossible de rfor-mer l'Ordre, dplore les scandales de sa
Commu-naut qui, dit-il, nous exposent aux mauvais juge-ment des
hommes . Et il ajoute:
Voyez les conciliabules, des Moines et vous y'verrez les
tabern.acles de la Bte ... La plupart sontgourmands et voluptueux,
et quelques-uns pourrisstidans les horreurs de l'impudicit ...
Regardez les Cou-vents des Filles religieuses et vous y verrez
prpare lachambre nuptiale de la Bte. Ds leu1' tendre jeunesse,elles
font apprentissage d'impudicit, elles travaillent se faire des
complices, elles prennent de bonne heurele voile afin de pouvoir
plutt et Plus facilement l-cher la bride la luxure et s'abandonner
tous lescorrupteurs... Celle' qui a surpass ses compagnes encrimes
est juge avoir gagn la palme de la vic-toire, etc. (2)
Nous en passons et des meilleures - et nousglissons sur les
accusations pr~cises autant qu'lo-
(1) Hist. maj01' Anglire, 1571, in Hem'ico Il.(2).Elncidarium de
P"redestinatione et libero arbitrio. To-
'me XX, Bibliot. Patlun-., ad Lugd., 1677.
-
130 l\IYSTERIA
quentes de Guillaume de Saint-Amour, chanoine deBeauvais.
Au XIVe sicle, un Nonce du Pape, FranoisAlvar Paez, plus connu
sous le nom d'Alvars P-lage, crivit un trait - De Planetu Ecclesi -
oil essaya de prouver que les Empereurs et les Roistaient vassaux
du Pa pe. Eh bien, voici ce qu'on litdans ce livre fameux, que le
cardinal Bellarmin aappel Insigne opus :
Premirement, une des occasions qui portent lesR.eligieux la
luxure, c'est (intemprance de la bou-che. La seconde occasion de
paillardise aux Religieuseset tous autres, c'est la conversation
des femmes etdes jeunes gens. La troisime occasion de
fornication,c'est l'oisi1}et et la fainantise dans lesq1Jtelles ils
sontplongs... Encore autre occasion de luxure, c'est laconversation
a'ver; les Religieuses, car ils ont dans lesCouvents de filles
leurs dvotes avec lesquelles ils soutenconversation souvent,
longtemps et sans tmoin~, etc.L, on rit gorge dploye en se jetant
des regardslascifs, on dit des mots sales et des paroles
pleinesd'impuret. L suivent aussi les attouchements v-
nri~ns... A peine y a-t-il une Religieuse qui n'aitson amant et
son dvt charnel... Les sculiers sa-vent cela, ils s'en
scandalisent, ils murmurent, ilss'en Plaignent aux prlats, mais
tout cela ne ~ert derien, car les prlats eux-mmes sont en exemple
et enoccasion de mort leurs infrieurs (1).
(1) Lib. II, art. 73.
-
.'
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 13t
La plupart s'engagent dans les normits de lacrapule. de
l'ivrognerie et de l'incontinence, qui estleur vice commun; la
plupart commettent le pchcontre nature et violent ainsi
publiquement cette saintechastet qu'ils ont voue Dieu; sans compter
les hor-reurs qui se commettent par eux en secret que le pa-pier ne
saurait souffrir, que la plume ne sauraitcrire, et dont j'ai
sow(}ent parl dans cet ouvrage (1).Ils ont impudemment abus des
jeunes gens. Hlas!hlas! dans la sainte glise plusieurs Religieux
etPrtres, dans leurs cachettes et dans leurs conventi-cules, et des
lacs dans la plupart des villes, principa-lement en Italie,
tablissent une cole publique, oils exercen{cette horrible
abomination,. car l'Espritimmonde leur fait trouver dans ce crime
un plaisirabomtlable plus grand que celui qu'ils trouvent avecdes
femmes. Et ceux qui sont atteints de ce mal n'ontpas bonte de le
confesser, ce que moi-mme ai souvententendu. Se peut-il que gens
d'glise fassent gloiredu plus norme des crimes, le confessent et
rendentcompte au public du plaisir qu'ils gotent dans cesbrutalits
?... Enfin, tout le monde, et particulire-ment t'Italie, est
tellement accabl et enseveli souscette espce decrime, qu'il n'y a
plus de remde. IZfaut que le feu et le soufre de Dieu descende
derechefsur ces sclrats qui mritent la mort temporeUe et lamort
temelle, et qu'il les consume promptementcomme il a consum et
extermin les dtestables habi-tants de Sodome (2) .
(1) Lib. II, art. 2.(2) Lib. II, art, 27 .
,
-
132 MYSTERIA
Ne se croirait-on pas encore au xre sicle, quand,dans son livre
Gomorrheus, le cardinal Pierre Da-mien, alors abb du monastre de
Sainte-Croixd'Avellane, exposait les quatre sortes de pchscharnels
dont le Romanisme tait couvert, et demandait Lon IX de faire appel
au feu de Gomorrhepour chtier les criminels?
Mais que faire, quand les pcheurs sont la majo-rit et quand les
pchs sont pour la minorit unede ses meilleurs sources de
revenus?
Ecoutez Marsile de Padoue, recteur de l'Univer-sit de Paris
:
La Cour de R9me est une maison de trafic plushorrible qu'une
caverne de brigands. Ceux qui nel'ont pas vue apprendront de
quantit de gens dignesde .foi qu'elle est devenue le rceptacle de
tous lesntigociants tant spirituels que temporels. Quant moi,qui
l'ai vue et qui ai tit sur les lieux, il me sembleavoir vu cette
horrible statue que Nabuchodono{or viten songe, represente au
second chapitre de Daniel (1).
Aprs cela, on peut se passer du tmoignage desainte Brigitte, et
mme de celui que l'illustrePtrarque nous a laiss dans ses
immortelles pein-tures de la dbauche effrne qui, du haut en bas
del'chelle clricale, rgnait Avignon, dans le tempso les papes y
sjournaient.
Eh bien, la Chevalerie de la Triste-Figure a-t-ellejamais
dcouvert quelque chose de pareil tout ce
(1) Defensor Pacis, II, cap. XXIV.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SEI;RTES 133
qui prcde, dans les ouvrages mao.nniques par-lant des
Francs-Maons ou de la Maonnerie Uni-verselle?
Dulaure n'en a jamais tant dit au sujet des dis-ciples de saint
Fouti~, et la rpugnance qu'ils luiont inspir n'est certainement pas
comparable 1indignation clatante de ces rares prlats vertueuxqui,
jusqu'au xv sicle, ont eu le courage de s'le-ver contre les murs
excrables du Clerg et debeaucoup de ses Grands-Matres.
Continuons ...
.. .
Dans les Pareleypomena de la Chronique de l'abbd'Usperg, ainsi
que dans le trait De Maleficiis, duP. dominicain Franois-Jean Nider
(1), on voit quequatre cent cinquante prostitues taient au
servicede la plupart des membres de ce fameux Concilede Constance
qui fit brler Jean Huss et Jrme dePrague.
Il est vrai que ces derniers avaient dnonc beau-coup d'abus et
beaucoup de crimes. Si, au lieu d'trevraiment chrtiens, ils
n'avaient t que des crimi-nels, il est probable qu'ils eussent t
aussi heureuxque Jean XXIll qui, lui, ne convenant pas plus queses
deux collgues Grgoire XII et Benot XIlI- caron avait trois Papes
cette poque - fut dpos parce mme souverain Concile, comme hrtique,
dmo-
(1) A noter que le P. Nider fufun adversaire acharn deJean Huss
(voir son T"ait, cap. IX, ad finem).
-
1:14 MYSTERIA
niaque, hypocrite, parjure, homicide, empoisonneur,adultre,
sodomite et condamn subir trois ans deprison; aprs quoi on le
trouva bon pour en fairele Doyen du Sacr-Collge (1).
Nous sommes au xv sicle.-Devant la corruption gnrale, des colres
s'-
taient souleves partout contre le Rl1>manisme affligde ses
trois Papes infaillibles, et il avait fallu aviser:d'o la runion du
Concile, dans le but d'tudier lesmoyens d'teindre les schismes qui
existaient de-puis longtemps, et de travailler l'union et unerforme
de l'glise.
coutez l'illustre Pierre d'Ailly, qui fut de cetteassemble et
qui devait son chapeau de cardinal Jean XXlII :
... Ce qui est plus scandaleux encore, c'est ta cou-tume
abominable que plusieurs d'entre eux ont au-jourd'hui adopte,. ils
n'ont pas honte d'avoir desconcubines et de les avouer publiquement
(2).
Il ne s'agit pas l 'de Francs-Maons, mais dePrtres ayant fait vu
de chastet.
coutez aussi un autre membre, le savant et v-nrable Nicolas de
Clmangis, archidiacre de Bayeux:
(1) Voir Vie des Papes, de Barthlemy Sacchi (Platine), dit.de
1505. - Le. Annales ecclsiastiques, du cardinal Baronius.-
Histoi1'e de l'glise gallicane, par le P. Jsuite Berthier.
-Quarante chefs d'accusation furent prouvs contre Jean XXIII.S'il
avait t le plus fort, une foule d'crivains gags en eussentfait un
saint.
(2) Trait de la R/orme de l'glisr, par le cardinal
Pierre'Ailly.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 135
Les maisons de Religieuses ne sont pas des As-sembles ddies }sus
Christ, mais plutt des bordelset des lieux o s'exercent la
tromperie, la fornicationet les uvres incestueuses. QJte sont les
monastres defilles, sinon d'excrahles maisons de Vnus et nondes
sanctuaires; des rceptacles de jeunes gens lascifset impudiques
pour assouvir leurs plaisirs: Tellementqu'aujourd'hui voiler une
fille et laprostituer, c'est lamme chose (1).
Il dpeint ensuite les murs les plus hontes, lesdbauches les plus
sales et compare ensuite le Sigeromain Babylone, une foire publique
de toutepaillardise et un bordel ; puis, dans une lettreJean
Gerson, grand chancelier de l'Universit etcha-noine de l'glise de
Paris, il s'exprime en ces termes:
Dans la plupart des paroisses, les laques ne veu-lent pas
soutJrir un prtre s'il n'a une concubine, afinde pourvoir par l en
quelque sorte la conservationde la Pudicit de leur femme, qui n'est
pourtant pasmise suffisamment couvert par ce moyen.
QJt'est-ilbesoin que Je m'tende davantag'e dpeindre lesvices des
ecclsiastiques, plus grands et plus normesqu'on ne saurait croire,
et qui ne peuoent tre expri-ms par aucune loquence, et bien moitts
par lamienne (2).
(1) De Ruina et Repamtione Ecclesi. - Ce livre a t rim.-prim
sous le titre De corrupto Ecclesi f:>tatu, Wittemberg, 1608.-
Nicola6 de Clmangis avait t se'crtaire de Benot XIII, l'undes trois
Papes infaillibles qui se disputaient la palme de
l'in-faillibilit.
(2) De Ruina et Repa,'atione Ecclesi.
-
136 MYSTERIA
A son tour, Jean Gerson - qu'on a surnommle Docteur trs
Chrtienetque le P. JsuitTh. Ray-naud a appel la plus grande lumire
de sonsicle - dclare que le!. Couvents de Religieusesne sont que
des lieux de dbauche et des rceptaclesde prostitues (1) .
Le P. dominicain Jean Nider, auteur du Formica-rium et de De
Reformatione Religiosorum, s'tendaussi sur les dbauches des prtres,
et il cite l'his-toire de l'un d'eux qui, sous prtexte
d'augmenterpar chaque communion la grce sacramentelle, faisait
communier en cabinet particulier, et plusieursfois par jour, des
femmes toutes nues (2).
A tout cela, on pourrait ajouter les descriptionsaffreuses que
l'vque Thierri de Niem, dont nous
. avons dj parl et qui accompagna Jean XXIII auConcile de
Constance, a faites de la Cour de Romeet du Clerg de son temps (,);
on pourrait ajouteraussi les plaintes et les accusations de saint
Antoninauquel Eugne IV accorda le sige archipiscopalde Florence
(4).
(1) Johanni Gersonis, in Decla1'atione Defectnum
Vi1O,.umecclesiastiorum, p. 65. - Jean Gerson, qui avait reprsent
l'glisede France et l'Universit de Paris au Concile de Constance,
taitle successeur du cardinal d'AiHy. Il parla et crivit eu faveur
dela supriorit des Conciles sur les Papes.
(2) L. III, Formica1'i, c. VI.(3) Voir son trait Nemus Unionis,
publi en 1620.; et son
Histoire du schisme des Papes. Nuremberg, 1592.(4) Voir sa
Ch1'onique, dit. de Lyon. 1586. - L'archevque
Antonin fut canonis en 1523 par Clment VII.
-
LA GUERRE COhTRE LES SOClTS SECRTES 137
Mais puisque le nom de ce Pape nous vient sousla plume, ne
laissons pas chapper l'occasion designaler un fait qui montre bien
que les disputesentre Papes et Conciles arrivaient toujours
pointpour retarder la Rforme, car tout le monde savaittrs bien
qu'on ne pouvait la faire qu'en rformantle Clerg, la Prlature et.
la Cour pontificale.
Bossuet nous a fait connatre les Instructions se-crtes que, lors
du Concile de Ble, Eugne IV re-mit des Nonces dputs partout en
Europe. Lesvoici en abrg :
Il serait bon que les Nonces apostoliques portas-sent avec eux
une Bulle qui. contnt une espce de rfor-mation de la Cour de Rome,
pour la montrer aux Roiset aux Princes. Car nos adversaires nous
attaquenttoujours d nous battent par cet endroit. Ils disentque la
Cour de Rome est pleine d'abus qul faudraitrformer et qu'on ne
rforme point. On fermerait labouche ces. critiques qui dchirent
cette Cour, si onleur montrait qu'elle est riforme, quoique
cependantce ne jt pas une rformation bien parfaite. mais
Sf,U-lement une bauche... Il ne serait pas mal que l~sNonces qui
doivent tre envoys. eussent quelquesgrces particuli1'es accorder
aux Rois et auxPrinces dLltls le for de la co nscience.
Et Bossuet d'ajouter: Voil la belle rformationqu'on voulait
Rome. Voil les moyens indignes em-Ploys par Eugne pour mettre les
Papes au-dessus desConciles, pour les affranchi? de toutes les lois
(1).
(1) Dfense de l'glise gallicane, par Bossuet. - Eugne IV
-
138 MYSTERJA
- et aussi, naturellement, pour faire natre desdisputes sans fin
destines, peut-tre d'un communaccord, tromper le monde sur la
vritable raisond'tre de ces assembles.
A l'poque du Concile de Ble, un jeune prlat,./Eneas-Silvis
Piccolomini, crivait son pre:
Vous dites que vous tes fch que j'aie engendrun fils de
fornication. Je ne sais quelle opinion vousavez de moi; quand vous
1'J1'ave{ fait, vous tie{ dechair et vous ne m'ave{ pas fait de fer
Ott de.pierre. Vous savq bien quel coq vous ave{ t (1),. jene suis
pas chtr non plus, ni du nombre de ceux.qu'on appelle Frigidi. je
ne suis pas hypocrite et ne-veux pas paratre meilleur que je ne
suis. je confesseingnuement ma faute, je ne suis pas plus saint
queDavid ni plus sage que Salomon (2). Cest un vieux.et ancien pch
et je ne connais personne qui ensoit innocent. C'est une peste qui
s'tend bien loin,si l'on peut appeler peste l'usage des choses
natu-.relies , car, dire la vrit, je ne vois pas pourquoila nature,
qui ne fait rien en vain, aurait donn .tous les animaux cette
inclination pour la conserva-.tion du genre humain (3). tut dpos
par le Concile jugeant en souverain. Il n'y eut pa
.d'autre rforme, si ce n'est qu' ce moment il y eut deux
Papes:Eugne IV le rcalcitrant et Flix V. Ce fut, en quelque
sorte,"Ilne rMdition de la comdie du Concile de Constance.
(1) Piccolimini pre, avait eu dix enfants de Victoire
Fortiguerri..(21 Allusion aux sept cents femmes princesses et aux
tris cents
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 139
Ne pouvant se marier, JEneas-Sylvius Piccolomini:avait pris une
concubine. tait-ce prcisment pour:aider la conservation de son
espce? Nous vou-Ions le croire. Mais il savait, par saint Paul,
que,pour viter l'impuret, il lui fallait une femme, etque,
lorsqu'on ne peut pas garder la continence, ilvaut mieux se livrer
une femme qu'au Diable (I).Aussi s'explique-t-on que ce prlat en
rupture devu de chastet, qui dfendit beaucoup le Concilede Ble
contre Eugne IV, ait pu dire. Si l'on a,eu de bonnes raisons pour
dfendre le mariage auxPrtres, il en est de meilleures pour le leur
per-.mettre (2).
JEneas-Sylvius Piccolomini tait un sincre. Quandil fut lu Pape
sous le nom de Pie Il, il pleura am-'Tement, et il dit aux
cardinaux qui venaient del'lire:
-
(1) On n'est pas un vieillard 58 ans; et ce n'est pas un
enfantau maillot qui avait paru au Concile d Ble en 1431, c'tait
unrformateur siucre.
vint ainsi sur ses anciennes idees:
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES tU
vingt-trois cardinaux pour l'lire Pape sous le nomd'Alexandre
VI.
Est-ce un Pape de cet acabit qui aurait pu draci-ner le mal
tendu partout?
Q1Ii ne sait qu'Alexandre VI couchait avec sa filleLucrce, qu'il
enleva successivement trois marisdont il fit assassiner le dernier,
pour la donner aufils an du duc de Ferrare?
Jean Burchard, GrandMatre des Crmonies dece Pape gangren de
vices, a crit un livre o, entre-autres histoires ignobles, on peut
lire celle-ci:
Le dernier dimanche du mois d'octobre, cinquantecourtisanes
bonntes souprent avec le duc de Valenti-nois ([), dans un
appartement au Palais apostolique(Vatican); elles dansrent aprs le
repas avec les gensdu duc et les autres personnes qui taient
prsentes,d'abord habills et ensuite toutes nues. Aprs qu'onet soup,
on rangea par terre les cbandeliers de latable et l'on mit devant
eux des chtaignes, que lescourtisaues 1'amassaient en passant entre
les chande-liers. Le Pape, le duc de Valentinois et Lucrce sasur
taient prsents et regardaient avec attention.Enfin, Olt exposa les
prix du combat: Ce furent destoffes de soie, des chaussuresjaites
en brodequin, dit-jre1ltes coiffures, qu'on devait distribuer ceux
qui
('1) Il s'agit ici de Csar Borgia, que son pre Alexandre VI
fitarchevque de Valence puis cardi~al. On sait que Csar Borgia
sedisputa avec son frre an, Jean Borgia, les faveurs de leur
surLucrce. Aprs l'assassinat de son frre, le cardinal Csar
Borgia
.passa de l'tat ecclsiastique au sculier, et se maria ensuite,
surune dispense de son pre.
-
142 MYSTERIA
conmltraient charnellemuit le plus de ces courtisnes- ce qu'ils
firent suivant leur fa1ltaisie, la vue de-de tous ceux qui se
trouvaient dans le Palais. Lescombattants reurent ensuite le prix
de leurs.prouesses (1) ...
On frmit quand on pense qu'Alexandre VI craquarante-quatre
cardinaux.
Q!ri donc a pu trouver de l'honneur tre sacrpar un tel type?
Les Beaux, les Vrais, les Seuls, nous rpterontque tout cela
n'est que de l'Histoire ancienne...Oui, mais bien utile rappeler,
puisqu'elle peutpermettre ces Messieurs de constater qu'on
nesaurait la comparer avec celle de la Maonnerie'Universelle.
Cependant, en prsence de tout ce pass dontnous d..:hirons le
voile, il ne faudrait pas se trom-per sur nos sentiments: nous ne
faisons le procs.d'aucune Religion particulire.
Pour nous, la Religion, pas plus que la Maon-nerie, ne rend les
hommes vicieux; c'est leur carac-tre qui les rend tels. Les excs,
les abus, les vices,ne sont aucunement les fruits de la Religion,
puis-que, institue pour faire le bien, elle les a en hor-reur et
les condamne; en les condamnant notre
(4) Specimen Hiltori A,-carla de vita Alexandl-i VI, Papseu
excerp'ta ex Diapo Johannis Burchal'di, Argentinensis Ca-pell
Alexandl'i sexti Pap clerici cel'emoniarum Magistl'i,edente G.G.L.
Hanovri MDCXCVI, p. 77. - Voir aussi l'Hist.de l'Italie de :1490
1534, ~ar Guichardin, 1561, 1. 1 et II-IV.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 143-
tour, nous protestons par cela mme de notre res-pect pour
elle.
Mais nous ne l'identifions pas avec l'homme ha_bill en
religieux, parce que les plus belles fleurs-peuvent cacher le
serpent le plus hideux, parce quela robe la plus imprgne d'odeur de
saintet peutaussi bien recouvrir un corps rong d'ulcres, parcequ'en
un mot l'habit ne fait pas le moine.
Nous disons donc une fois de plus et ne cesseronsde rpter que
les souillures du sanctuaire, l'immo-ralit. la dbauche et l'infamie
ne dshonorent queles individus qui s'en rendent coupables, sous
n'im-porte quel masque, et quel que soit le degr del'chelle sociale
ou sacerdotale qu'ils occupent.
Jamais elles n'ont terni, jamais elles ne ternirontla beaut des
enseignements du Christ, qui ne peu--vent tre monopoliss par
personne et qui, n'en d-plaise la Chevalerie de la Triste-Figure,
se trouvent la base de l'Institution maonnique.
*,. ,.
Nous arrivons l'poque o le P. bndictin Paul'Lange, employ par
l'abb Trithme visiter tousles collges et monastres d'Allemagne,
dnonce son tour, appuy par cent autres tmoins, la perver--sit du
Clerg et des moines (1), et o BaptisteSpagnoli de Mantoue,
prieur-gnral de l'Ordre des.
(1) Voir sa Cht'onique, Francfort, 1583.
-
146 .MYSTERIA
sur le Saint-Sige; ... qu'enfin tout s'taitperverti demanire que
la corruption avait pass du Chef al.!xMembres, et des Souverains
Pontifes aux Prlatsinfrieurs, et qu'avec peine yen avait-il un seul
quifit le bien (1).
Au moment de mourir, le mme Adrien VI disaitencore: Nous tO'us,
tant prlats.qu'ecclsiastiques,nous avons dclin dans nos vous. n n'y
a eupe1'sonnedepuis longtemjJs qni ait fait le bien,. non, pas
unseul ~2).
Et ce n'tait pas aux carru pteurs que les princesdevaient s'en
premdre : les seuls coupables taientles trouble-fte qui' avaient
puuss et poussaient en-aore l' hrsie jusqu' se servir de
l'vangilepour rappeler chacun son devoiJr!
L0rsqu'il tait Charrcelier de l'UNiversit de Lou-vain, Adrien
Florent avait. pubLi tm Commentairedu IVe Livre des Sentences,.
deventl PaqDe, il1 en avaitordonn la rimpression. Or, dans Ge
Commentaire,on trouva la proposition suivante, peu en accondavec le
dogme de l'Infaillibilit papale: ~ Un PajJepeut errer, mme dans ce
qui appartient la Foi.
Que des Papes aient err et puisselilt errer, ceciest d'autant
moins E10rrteux pour ITOUS liJ.me l',inustrevque Bossuet l'a
suffisamment dmontr dans saDjense de l'glise gallicane; mais ce qui
.est aussi
(1) H~toi1'e du Concile de Trente. P"'" Fra Paolo Sa'rpi,
del'Ordre des Servites, 1er 'Vol. p. 54. - Sarpi a copi ce
passagedans le propre Journal du Nonce.
(2) Continuat'ion des Annales du cal'd. Baronitus, par leP.
Reynaldus.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 147
.certain, c'est qu'Adrien VI n'a pas err en avouantla vrit sur
la corruption inoue des ecclsiastiqueset des prlats de son temps,
et l'on comprend sanspeine les raisolls de la colre qu'ils ont
exhale contrelui en oubliant que ce vice faisait partie des
septpchs capitaux.
A la Oite de Nuremberg, en 1523, les Princesallemands,
suspeRdant l'excution de l'dit imp-rial contre Luther, rdigrent les
Centum Gravamina.Parmi ces griefs, qui trouvent leur
confirmationdans tout ce que nous avons rapport
jusqu'ici,-contentons-nous de citer les deux suivants:
ART. 75. - Les ojficiaux, etn tirant des religieuxet desprtres
sculiers un tribut annuel, leur permettentd'entretenir publiquement
des concubines et des fem-mes de joie dont ils ont des enfants.
ART. 9[. - La plupart des vques et leurs ajfi-alits ne
permettent pas seulement d'avoir des concu-bines en payant le
tribut; mais mme, s'ilya desprtres sages qui veulent viv1'e en
continence, on nelaisse pas de leur faire payer le tribut du
concubinage,sous le prtexte que M.l'vque a besoin d'argent ...
A cela, le cardinal Campegge, Lgat du PapeClment VIl - car
Adrien VI s'tait empress demourir - fut charg de rpondre et
rpondit: Ilvaut mieux que les prtres eutretiennent
plusieursconcubines qu'une pouse ([).
(1) Jo. Sieidan. De statu religionis et Republic, an. 1524,1.
IV, p. 62. - Voir aussi l'Hist du Concile de Trente, par
lecardi;]al Pallav.cini, [. m, c. Ill. - A noter que c'est Clment
VII.qui cano;lisa l'archevque de Florence Antonin!
-
11,,8 MYSTERIA
Un tel cynisme trouve son explication dans ce faitque beaucoup
de Papes n'ont jamais recul devantaucun moyen direct ou indirect
pour rester aussibien au-dessus des Princes qu'au-dessus des
Con-ciles, pour ne pas se voir reduits a n'tre autrechose que des
vques de Rome, et p~ur conserverle titre magnifique que saint
Grgoire lui-mme aappel le NOM DE BLASPHME .
Cette politique n'tant pas celle du rformateurAdrien VI, on
conoit que ceux dont il voulait corri-ger les murs aient, quand son
cadavre tait encorechaud, crit sur la porte de son mdecin: Ait
Li-brateur de la Patriel 1
Au Concile de Trente, qui dura de 1 545 1563,et qui fut convoqu
pour une Rforme depuisl'Alpha ;'usqu' l'Omga du Clerg et du Peuple
, lePape Paul III, ('approbateur de la Police Internatio-nale des
Jsuites, dputa des Lgats chargs de lireaux prlats assembls une
longue exhortation dontnom; dtachons ce qui suit:
A l'gard de la corruption des murs, il n'estvas besoin d'en
pm'ler, personne n'ignorant que leClerg et les Pasteurs seuls sont
les corrupteurs etles corrompus. Cest en punition de cette faute
queDieu nous a envoy le troisime flau, qui est taut la
. guerre trangre avec les Turcs, que la guerre civileentre les
Chrtiens ( 1).
Ces quelques paroles en disent long: s'il y a
(1) Hist. du Concile de T"ente, p'ar Pra Paolo Sarpi, dit.
1734,vol. l, 1. II p. ~3. - Voir aussi Reyualdus et
Pallavaciui.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 149
guerre civile entre les Chrtiens, c'estdonc qu'il y ena qui,
fidles aux enseignements de l'vangile, ontvoulu se sparer, comme
c'tait leur droit, d'unecorruption persistante depuis des sicles,
d'unecorruption n'ayant pour argument que la force, etdont les
dfenseurs cruels taient coup sr indi- .-gnes du beau nom de
Chrtiens (1).
Le doute est d'autant moins permis cet gard,que l'vque de
Bitonte, Cornelio Musso, appuieainsi la dclaration des Lgats:
Il n'y a nulle tU1'pitude, quelque montrueusequ'elle soit, nulle
peste, nulle impuret, nulle ordure,dont le peuple et les prtres ne
soient souills. Dansle sa11ctuaire de Dieu, il n'y a nulle pudeur,
aucunepudicit, nulle esprance de ramener au bien les d1'-gls un
genre de vie hoimte, mais une luxun effr-ne et indomptable, une
audace sans gale et des crimesincroyables (2).
Il ne s'agit pas l des Chrtiens rformes, ils'agit des mauvais
Chrtiens en place reformer~.
Q!J'on ne s'y trompe pas: Luther n'a pas t lacause de la Rforme,
il n'en a t qu'un coopra-
(1) Oh sait que Paul m, beau-frre de feu Alexandre VI, taitpre
de famille. C'est parfaitement lui, et non pas Dieu, qui con-clut
une Ligne avec l'Empereur contre les Chrtiens rforms etqui publia
que cette Ligue tait pour la cause de la Religion, alorsque,
prcisment. c'est la Religion. compromise Rome, que lesChrtiens
lforms dfendirent contre ceux que le Pape lui-mmeavait appels des
corrupteurs. et des corrompus )l. C'est luiencore. et non pas Dieu,
qui fit une autre Ligue avec l'Empereurd les Vnitiens contre les
Turcs: Dieu, au contraire, fit chouercette ~igue.
(2) Voir Pra Paolo Sarpi, Reynaldus, Pallavicini.
C ~
-
-150 MYSTERIA
teur. N'etil pas exist, le XVI" sicle ne se serai tpas coul sans
la grande convulsion qui a eu lieu,car la Rforme, dont la ncessit
avait t reconnuedans un grand nombre de Conciles, tait dans
l'air.Mais comme on l'avait toujours retarde, commeon la retardait
toujours, elle se fit en dehors duRomanisme qui, lui, pour faire
diversion, et lagrande joie du Clerg et des Pasteurs, seuls
cor-rupteurs etcorrompus , cria sus aux hrtiques .
Cette diversion fut, elle. faut en convenir, autre-ment
aveuglante que celle qui consistait auparavant faire natre ensemble
deux ou trois Papes, dontles bruyants dmls finissaient toujours par
fairepasser l'ide d"une rforme intrieure.
Ecoutez prsent Claude d'Espence, qui, Recteurde l'Universit de
Paris, fut dput au Concile deTrente, et qui Paul IV offrit la
pourpre romaine:
Beroaldus et le Bolonais rapportent que, de leurtemps, en tenait
compte du gain de toutes les putainsd'Italie, afin que le magistrat
qu'on appelle Intendantdes Bullettes, leur ft payer le tribut. Et
Rome mme,la Mtropolitaine de tout le Christianisme, que n'a-t-ilpas
fait ou ne fait-on pas.? En 1538, Paul III commitun nombr de
cardinaux et d'au1res gens graves pourrformer l'glise roma,le (1).
Entn autres choses,
(:11 Ces cardinaux .taient Gasp.ard Contarini, Jean-Pierre
Ca-rasse (futur Paull'l) Jacques Sadolet et Reginald Pool. Les
autresgens graves taient Frgo.se, archevque de Salerne;
Al~andre.archev.que de Btindes; Giberti, vqpe de Vrone; Grgoire
Cor:t~y. abb de Saint-Grgoire de Venise; et Badia, ma:tre duSacr
Palais. Cette Commission fitoo long rapport sur on
nombreconsidrable d'abus et de yices. Aprs cela. dans on
Consistoire,le cardinal de Capoue (Nicolas Schomberg) exposa q ne
le temps.
-
LA' GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 151
ils jugrent qu'il fallait rformer la licence honteusedes
courtisanes, qui paraissaient en public avec l'or-noment et
l'quipage des bonntes dames, montes surdes mules et suivies en
plein JOUT de nobles, d'eccl,.siastiques, et des ojJicieTs et
domestiques des cardinaux.Ait reste, elles sont loges dans de
superbes maisons...Un de ces conseillers, qui fut ensuite Paul Iv,
n'tapoint cette bonteuse corruption, quoique j'eusse faittous mes
efforts pour le persu,ader en partic~ier damles audiences qu'il
mefit l'bonneur de me donner ( 1).
Et encore: Il n'y a presque point de dfense dont on ne soit
dispens sitt qu'on a compt de l'argent... Cbosehonteuse, ils
donnent per-mission aux prtres d'avoirdes cOn6ubines et de dem~trer
avec des putains dontils ont des enfants, moyennant un tribut
annuel. Etmme en certains Pieux il fard que les prtres sag[!s
et.coniinents payent le mme tribut. QJt'ils aient unejmtain chez
eux si bon leu,r semble, dit-on (2). Onpourrait dire que cette
accusation est fausse et qu'ellea t invente pour rendTe le Pape
odieux, n'taitque la dJDSe est ,wtoire et expose la vue de tout
lemonde ... On voit un livre imprim qui se vend au-
n!l>tait pa~ propre pou'!" faire la rforme propos'~e, parce
que lacorruption taii tro!, grande. On remit donc la chose aux
ca-lendes grecques, (:t l'on 'Prit la "snlution de tenir secret
toutce qui avait t dit (Ibid. 1. XlI p. 182; Pallavicini, 1. 11,c.
V).
(1) UV1'es de Cl. d'Espence, ln EpistaI. Tit. 17, cap. l, et.De
Continantia, lib. Ill, c. V.
(2) On voit que Claude d'Espence corrobore les art. 75 et 91
desCentum G,"aVamRna.
-
152 MYSTERIA
jourd'hui, et depuis longtemps, intitul les Taxes dela
Chancellerie apostolique, da'fls lequel on peut ap-preudre plus
d'llormits et plns de crimes que danstous les liv1'esdes Sommistes.
Etdecescrimes. il yenaquelques-ulls dont Olt se propose vendre la
permis-sion de les commettre. Et de tous on met e'J'J
ventel'absolution qnand on les a commis. je me dispenseraid'en
apporter les paroles, car, comme a bien dit quel-qu'un: Nomina sunt
ipso pene timenda sono, lesseules paroles en jOl1t borreur... Q!te
Rome soit cou-verte de honte, et qu'elle cesse de pmduire cet
borriblecatalor;"
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCTT8S SECRTES 1.~3
Non seulement on tolre, mais sO'uvent Oll fomentepr une licence
honteuse les blasphmfs contre Dieu,les parjures, les adultres, et
pendant que l'on vitd'une manire si dissolue, on O1'donne les
supplicescontre ceux qui ne sont coupables d'aub'e crime
qued'avait' publi les vices de la Cour de Rome et d'enavo' demand
la rformati012.
Sous le l11me Henri II. dans une sance du Par-lement.
J'Avocat-genral Sguier avait dit devant leConseil du Roi: Nous
abhorrons l'tablissement d'untribunal de sang, o la dlation tieut
lieu de preuve,o l'on te tous les moyens naturels de dfense eto
l'on ne respecte aucune forme judiciaire... Com-mencez, Sire, par
procurer li la nation un dit qui necouvrira pas votre royaume de
bchers, qui ne sera ar-ros ni des larmes ni du sang de vos fidles
sujets ...Q1lant vous, Messieurs, vous qui m'coutez si
tran-quillement, et qui croyez apparemment que la chosene vous
regarde pas, il est bon que vous perdiez cetteide ... A date1' de
l'enregistrement de l'dit, votrecondition cessera d'tre la mme...
Il ne s'agira plusque de s'assurer d'un Inquisiteur et de deux
tmoins;et fussiezvous des saints, vous serez brls
commehrtiques!
Disons le mot: si le Christ lui-mme avait paru cette poque,
('Inquisiteur Mathieu Orry l'auraitfait couper en morceaux. Car,
cote que cote, ilne fallait pas que la Vache lait franaise imitt
laVache lait an~laise ni la plypart des Vaches laitaHemandes.
-
154 MYSTERIA
Claude d'Espence a-toi! rien exagr? Non. De-son temps, et bien
avant lui, l'absolution de tousles vices et de tous les actes rputs
crimes taittarife.
Voici, d'ailleurs, quelques extraits du livre desTaxes auquel il
faisait allusion :
- L'absolution pour un prtre qui a connu char-nellement une
femme dans une glise et commis d'au-tres mfaits: 6 gros.
- L'absoluti012 pour un prtlf'e qui a bni le mJ-riage de. ses
enfants: 7 gros.
- L'absolution pour un concubinaire, avec la'dispense de
l'irrgularit, et cela mlgr. tes Const.i-tutions provinciales et
synodales, etc. : 7gros.
L'absolution p6JUr celui qui a conl/1.u charnellementsa mre, sa
sur, ou quelque autre parente ou allie,ou sa commre de baptme : 5
gros. .
- L'-absolution pour celui qui a dflor unevierge: 6 gros.
- L'absolution pour un prtre qui tient une con-cubine : 21
tournois, 5 ducats, 6 gros.
- L'absolution pour quelque acte de paillardiseque ce soit,
commis par un clerc, ft-ce avec une re-ligieuse dans un clotre ou
au dehors, ou avec ses pa-rente.s OTt allies, ou avec sa fille
spirituelle (filleu le),ou avec quelque autre femme: 36 tournois,
.3 ducats.
- L'absolution d'un laque pour toutes sortes de-pchs de la
c.hair se donne au for de la consoiencepour 6 tournois 2
ducats.
- L'absolution d'un laque pour crime d'adultre._
-
LA GUERRE CONTRE LES S@CITS SECRTES 155
donne au for de la conscience: 40 tournois. S'il y aince-ste : 6
tournois en plus par tte. Si, outre ces cri-mes, on d.emande
l'absolution du pch contre natureou de bestialit, la taxe est d.e
9-0 tourmois, 12. ciucatset 6 carlins. Si l'on demande seulement
l'absoluti'On ducrime con.iYe naJture ou de bestialit, la taxe
n'est quede 36 tournois et 3 ducats.
-
156 MYSTERJA
Q!Jel outrage l'uvre du Christ!S'il est vrai que les hommes
hassent les vertus
opposes leurs vices, ce n'est videmment paspour l'amour de Dieu
que les bnficiaires de cecommerce impur ont. fait' poursuivre,
traquer etmassacrer comme des hrtique's les partisansde la Rforme,
coupables d'avoir demand qu'onchasst de nouveau les marchands du
Temple.
Mais le temps des murs austres de l'gliseprimitive tait loin, o
Tertullien disait: Il nenous est pas permis de rien inventer ni mme
dechercher aprs l'Eva11gile.
Eh bien, examinez-le la loupe, ce Livre sacr,et essayez d'y
dcouvrir un seul paragraphe ayantjamais autoris qui que ce soit
s'approprier le ju-gement des uvres de la chair, et crer des pchs
l'infini afin de faire de l'or au moyen d'un inter-minable tarif
attach leur rmission.
Q!Jand Jsus fut en prsence de la femme adul-tre, il dit aux
Scribes et aux Pharisiens qui la luiavaient amene et qui voulaient
contre elle l'appli-cation de la Loi mosaque: Que celui d'entre
vousqui est sans pch lui jette la premire piene. Cesmessieurs', qui
taient les Beaux, les Vrais, les Seulsde ce temps-l, firent la
grimJce et, l'oreille basse,se retirrent un un. Alors, il reprit,
s'adressant
quel Tarit fut arrt en Conseil du Roi, le 3 sept. 1691, et qui
estrapport tout entier dans l'Instruction de Jacques
Lepelletim',imprime Lyon en 1699, avec privilge et approb2tion du
Roi(Lyon, Antoine Boudet, diteur).
-
LA GOERRE CONTRE LES _SOCITS SECRTES 157
la femme : je ne te condam1lc pas 1/on plus, va, etne pche plus
( 1).
A la place de Jesus, un Pharisien romaniste, laTaxe de la
Chancellerie d'une. main et un pav del'autre, aurait ajout: Ma
bonne dame, c'est40 tournois.
Or, cette Taxe a t invente depuis l'vangile,et le pape Honorius
III en a fait suffisamment con-natre Jes inventeurs, quand il a
fait cet aveu: Le dsir des richesses a t de tout temps l'opprobreet
le scandale de la saillte glise romaine (2).
Et celas'est perptu de telle manire, qu'il fau-drait des volumes
pour contenir les citations quenous pourrions faire cet gard.
Par exemple, l'Evque Alvars Pl;lge, qui futNonce du Pape Jean
XXII aprs en avoir t le Pni-tencier, s'exprime ai nsi : Communment
ujour-d'hui tous les prlats s01l1 des mercellaires -qui cher-che1lt
leur profit et non celui de jsus-Christ... Tout lem01lde cherche
l'or dailS l'glise ... je suis souvententr dans la chambre du
camrier de Notre Seigneurle Pape et j'y ai toujours vu des
changeu1's, des tablescouvertes d'or et des ecclsiastiques qui
comptaientet pesaient des m01lnaies. Puisse jsus-Christ, qui afait
profession de pauvret, venir bientt renverserces tables et les
jeter hors de l'glise une secondefois et sans jamais qu'elles y
reviennent (;). A quoi
(1) Saint Jean, VIll,2 il '16.(2) Hist01'ia major; du bndicti"l
Matthieu Pris. La lettre
d'Honorius III y est rapporte.(3) De planctu Ecclesi, lib. II
xv.
-
158 lI1YSTER1A
JEneas Syl vius (Pie II) ajoute: La Cour de Romene donne 1'ien
sans argent,. l'imposition des mains etJe don du Saint Esprit sJ
vendent et la 1'lnissiondes pchs ne sJ d011Jne point 1wn plus qu'
forced'argent (1). Et le P. Baptiste Sp3gnoli, gnralde l'Ordre des
Carmes, de reprendre: Tout sevend Rome, temPles, autels, sacerdoce,
sacrifice,encens, prires, le Ciel et Dieu mme (2) .. Etc ...
II en tait encore de mme l'poque du Con-cile de Trenbe, puisque,
d'un ct, Pa!.!1 III recon-naissait que le Clerg et les Pasteurs
seuls . taient les corrupteurs et les corrompus; et que,
d'autrepart, compltant les aveux de l'vque CornelioMusso et dnon3nt
l'avarice de la Cour de Rome,ses turpitudes, ses vices et la Taxe
de la Cba12celle-rie apostolique, le clbre Claude d'Espence, ami
dePaul IV, crivait alors qu'il n'y avait presque pointde dfense
dont on ne pt tre dispens ds qu'onavait compt de l'argent (3).
Pour de l'argent, le Pharisianisme de Rome effa-ait pchs et
crimes!
Les pauvres, trs capables d'imiter les prtres etles moines
dbauchs, restaient seuls des pcheurset des criminels: n'ayant pas
de quoi se faire blan-.chir, ils restaient indfiniment noirs et
sans conso-lation.
Comme on pourrait croire que no,us plaisantons,
(1) Ai:neas Sylvius (Pie II), Epist. LVI.(2) De calam. suorum
7emp . lib. lII.(3) Ad Caput J. Epistolre ad TitU1n digressione
II.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCITS SECRTES 159
tipchons-nous de dire que, dans la Taxe de laChancellerie et de
la PniJtencerie, dition de Paris,1520, an trouve ce qui suit, Ja
page 23 : Cessortes de grces et de dispenses ne s'accordent pas
auxpauvres, parce que, n'ayant pas de quoi, ils ne peu--'Vent tre
consols (1).
Le'F.. Dulaure ne nousa pasditsi, en ce temps-l, les neuvaines
que l'on faisait encore saint Fou-tin, saint Guerlichon, saint
Guignol et atltressaints phallus sacr taient gratuites; mais il y
agros parier que les rclures et les chandelles neDevaient pas
l'tre.
On pourra nous objecter avec suffisance que ces,choses
n'existent plus.
Ceci ft-il vrai, rien ne serait chang dans le faitqu'elles ont
exist, non dans la Maonnerie, mais -dans les innombrables Ordres
plus au moins C'iotrsdu Romanisme.
Et puis, il ne faudrait pas trop se glorifter cesujet.
Car si vraiment ces choses avaient disparu com-pltement, c'est
donc ql!I'on aurait fini, malgr tout,par les tr0uver honteuses;
c'est donc que les malheureux Chrtiens qu'on a torturs, gorgs,
br~sou massacrs en les traitant d' hrtiques , au-
(1) Ce joli systme ~st d'ailleurs celui des anciens Canons.
Unfameux canoniste, Augustin d'Ancone, a crit: {( he pwpe nedoit
pas donne" l'indulgence ceux qui ont la volont dedonner et qui ne
le peuvent ... Il n'y a point du tout d'-incon-vnient que le
pattvre soit de pire cond.ition que le l'che savoirquan 1 il s'agit
de l'ecevoir la rmissioYo des pchs par voie-d'indulg.ence. (De
Potestate PaplE qust. 3, ad Te,tium).
-
160 MYSTEHlA
raient t dans la vrit lorsqu'ils dnonaient lesvices de la ~our
de Rome et qu'ils en demandaientla rformation; c'est donc que les
corrupteurs etles corrompus , dsireux de jouir perptuit,auraient t
des criminels et leurs victimes desmartyrs?
Un malin, Antoine Arnauld, qui ne s'est pasrappel que la morale
chrtienne interdit de faire lemal pour procurer l.e bien, a
crit:
Dieu, qui ne souffre le mal que pour en tirer lebien, n'a permis
que ces dernires brsies se soientleves, que pour exciter les gens
de bien de t'Eglisecatbolique remdier aux maux qui avaient servi
deprtexte former des scbismes (1 ).
Combien y en avait-il donc alors, de ces gens debien?
Demandez-le Adden VI, Clment VII, Paul III, Cornelio Mussa,
Claude d'Espence, etc.
Dem:ll1dez-Ie aussi au diacre Anne du Bourg.Les vrais gens de
bien ne se trouvaient-ils pas
du ct de ceux auxquels l'Avocat-gnral Sguierfaisait allusion
quand il disait:
Fussiez-vous des saints, vous serez b-rls commebrtiques.
En croira-t-on le ca~dinal Sadolet qui, au courantde bien des
secrets, puisqu'il fut de la Commissionde Rforme de 1538, :l crit,
parlant des rfor-ms : Toutes les cboses qu'on publie d'eux
n'ont
;1) Ap0logie POUt les catholiques, par Ant. Arnauld.
-
LA GUERRE CONTRE LES SOCiTS SECRTES '161
, t.inventes que pour les rendre odieux, et je n'encrois 1'ien
(1) ,
En vrit, il y avait intrt tre Juif, en ce temps-l.
C'est encore le mme cardinal qui a dit cela dansune lettre il
Pau 1II (2).
On ne juge pas d'une Religion par les murs etles actes de ceux
qui la profanent.
Ces dportements, ce commerce abject et cettepolitique infme du
Clricalisme l'endroit, qui ontprovoqu, en dehors du Romanisme, une
rformequ'on promettait toujours de faire et qu'on ne rali-sait
jamais, n'entachent pas plus la morale del'vangile, que les actes
quelconques du Clricalisme l'e11vers des pseudo-Maons franais
n'entachentla morale de la Maonnerie Universelle,
laquelled'ailleurs CeS messieurs n'appartiennent pas.
Hest donc du dernier ridicule d'essayer, proposde murs, de jeter
le discrdit sur les Socitsdites secrtes relevant de la Maonnerie
Universelle,surtout quand on a sur la conscience un pass telque
celui que nous venons de rappeler d'aprs destmoignages
irrcusables.
d '1" Cepen ant ne le achons pas encore, ce passe:car il va nous
permettre , prsent de montrer ~ i;)
(1) Lettl'es du cardinal Sadalet, Rome, '1754 et 1759',(2)
Lel!res d:u cardinal Sadalet, Rome, 1754 1759.
-
162 MYSTERIA
Chevalerie de la Triste-Figure, avec preuves l'ap-pui, que ce ne
sont pas des Initis anciens ou mo-dernes, mais bien des Prtres
romanistes, qui,s'tant dpravs ou se dpravant, ont cherch et
crutrouver leur justification soit dans des crits d'hom-mes rputs
saints, soit dans des doctrines recom-mandant certaines pratiques
de dvotion raffine ol'me n'est pas seule en jeu.
TEDER.(A suivre.)
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LE DEhTA SAC~tude sur le Ternaire
CHAPITRE II
Avant de pousser jusqu'aux peuples de l'Extrme-Orient, fils du
Soleil ou fils du Ciel; ql!li veneraientegalement le Ternaire, nous
allons nous arrter eHChaldee et chez les peuples qui eurent subir
soninfluence ou sa domination.
La science des caractres cuneiformes, ou assJrio-logie, est
encore trop peu developpee pour que l'onait pu pntrer fort avant
dans la connaissance desmurs et des mystres de la patrie de la
GralildeSemiramis. Cette science est post~rieure mme l'egyptologie,
qui date du sicle dernier seulementet fait peu de progrs. Ce que
l'on sait de la Chal-dee nous est parvenu par l'Ancien Testament
quimentionne assez souvent la cruelle Assour et par lesauteurs
grecs.
En Chaldee, la religion tait basee sur unt' doubletriade ou
trinit, c'est--dire que la premire tri'adeemanait de la
seconde.
La premire triade assyrienne se composait d'Hollou Assour, le
principe inconnu crateur (identique
-
fM MYSTEnJA
l'Ansoph de la Kabbale, comme nous le verrons)manifest dans:
1 Oanns ou Sama~ MGlrdouk, principe positif.solaire;
2 Bin ou Ao, principe ngatif, lunaire;JO Bel, union du principe
positif et du principe
ngatif.La religion phnicienne tait tablie, elle aussi,
sur la trinit. C'tait: .1 Baal, principe crateur suprme;2 Baal
Khons, principe conservateur;JO Baal Mo19Ck, principe destructeur
ou modifi-
cateur universel.Baal Khons, deuxime terme de cette trinit,
tait
le Khons gyptien, autre nom d'Horus (Bibliothquegyptologique, 1.
XXI, p. 51), deuxime terme de latrinit gyptienne.
On a eu le tort (Hrodote et Plutarque en sontcause) de placer
Horus ou Har aprs Isis; d'en fairele troisime terme de la trinit
gyptienne.
Il ne faut pas confondre, en effet, Horus l'an(Harori, en
gyptien), ne sans mre \deuxime termede la trinit: Amon Ra, Horus,
Isis;, verbe solaire(Bibliothque gyptologique, 1. II, p. 8) dont le
soleilvisible est l'il: l'il d'Horus (Biblioth. gyptol.,t. XXXIV,
p. 1561, ~vec le deuxime Horus, filsd'Osiris et d'Isis. Le premier
Horus appartient ladoctrine sotrique, le second la mythologie,
laseule que connurent Hrodote et Plutarque.
La trinit carthaginoise tait identique la trinit
-
LE DELTA SACn 165
phnicienne; mais, lorsque la Phnicie et Carthage,sa colonie,
atteignirent lel1r apoge (et tout apogemarque le dbut de la
dcadence), elles remplac-rent le deuxime terme du ternaire: Baal
Kons, parune divinit femelle; ce fut, chez la premire,Astart, et
Tanit chez la_seconde.
C'est le culte lunaire ou femelle imposant sasuprmatie sur le
culte solaire ou mle, avec toutesses cruelles et rotiques
manifestations religieuses.Ceci serait trop long expliquer ici.
D'autres auteurssotriques et nous-mmes (voir Orphe et lesOrphiques)
avons expos la diffrence et la lutte deces deux cultes dans
l'antiquit.
Sanchoniaton, qui tudia, l'poque grecque, lathogonie phnicienne,
dit qu'au dbut existait leChaos. (La thogonie orphique qui dbute,
elle aussi,par le Chaos, est tablie sur le mme principe.)
Du Chaos sortit:1 Roukh: l'Esprit divin, le souffle ou
fluide
crateur. Celui-ci, m par un dsir intrieur, iden-tique au Nahash
du Sepher Bereshit, l'Eros desOrphiques, se fcgnda lui-mme (deuxime
terme) etMt (troisime terme) : la substance apparut.
Chez les Isralites, nous avons: 1 JElohim,Lui-Les-Dieux, l'tre
de tous les tres qui se ma-nifeste par: 2 Ar (1) qui devient
lui-mme
(1) II est curieux de rapprocher l'Ar (prononcer r) du textede
Mose, dn mot Or6uazescht, du Zend Avesta qui signifiegalement la
lumire spirituelle, principe de Zrouan Akrn :le Temps sans bornes,
premier terme de la Trinit des parsis ini-
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16'6 MYSTERIA
Rouh (1), lIuand l'Ar accomplit son action.Voici expliqu par la
grammatologie kabbalistique
le sens de ce ternaire:JO n , ii ~ N JElohim,N Le Principe
crateur, l'Unit Ineffable,~ dployant, extriorisant, par suite d'une
action
e:Jfpansive,n la Vi.e Absolue, Spirituelle (i1 signe de vie avec
le
point-voyelle chlem),, Par une manifestation ordonnatrice,n
Universelle, infinie.2 :l'1N Aor,N Le Principe Crateur (l'Unit
Ineffable),~ Dans sa Spiritualit (Caractre intelligible) (Va
avec le point voyelle chlem),
tis 0'1 mages (voir notTe article prcdent). Voici, dn reste,
deuxtextes expliquant ce q n'est cette Oronazescht :
0 vous, fen agissant, ds le commencement, je m'apptochede vous,
vous, principe d'union entre Ormuzd et l'tre absqrbans
l'excellence, ce que j'ai la discrUon de ne 1!as expliquet".Venez,
lumire Or6uazescht qui animez l'hom~e (l'me del!homme est donc une
parcelle de l'Oruazescht de l'tre suptme)feu d'Ormuzd, appel
Oruazelcht. Je vous invoque, Lumireleve au-dessus de tout, principe
permanent du soleil. (VendidadSod, XXXVI'; H a-Haftenghat, IIo
Card). Et encore:
Toute la 'Lumire premire, leve, brillante, a t donne
aullommencement, cette lumire qui brille par elle-mme, en unefois,
et par laquelle se voient les astres, le soleil, Ja lune.
,.(Vendidad Sai, Fargard lI.)
Comme on le voit, l'Or6uazescht de Zoroastre est identique l'Ar
de Mose.
(1) Comparez galement Je Roukh phnicien au Roukh.hbraque.
-
LE DELTA SACR i67
, Dou d'un mouvement propre et centrifuge.C'est l'JElohim
sortant de sa nature incognoscible
pour manifester son nergie ..30 m, Rouh,::1 Le RaYOl~nement
centrifuge, la Force expansive,~ Passant d'une nature inconnue une
nature
nouvelle (Va avec le point-voyelle kbbutz),n Pour engendrer la
Vie.
C'est la transformation d'Ar en Rouh", l'irradiationdu Verbe
divin, du Logos des Alexandrins.
n~:Jil'i:l c' ilSN il".,, c'n il P~~y
Wa-Rouh lohim merahephet halphane hamam.Et le souffle d'lohim
planait sur la ,surfaQe des eaux.
(Verset .2.)diseHt les Septante, dans leur traduction
vulgaire,exotrique, de la Gense.
Interprt au moyen de la grammatologi~ kabba-listique, ce passage
nous donne:
l (wa) : lettre de transition d'une ide uneautre; - , (resch) :
le rayonnement centrifuge, laForce expansive - , (vaou) : passant
d'une natureinconnue une nature nouvelle - il (h) pour- engendrer
la vie; N (aleph) : (du, de) le Principe Crateur, l'Unit Ineffable
- , (Iamed) : dployant, ext-riorisant par suite d'un mouvement
expansif il (he-h) : la Vie Absolue, l'tre - , (iod) par une
mani-festation - 1:) (mem) (' la fin des mots) infinie,
uni-verselle; 1:) (mem) : exerait une action fcondante,
-
168 MYSTERIA
formative - ., (resch) : par son action (son rayon-nement
propre) - n (heth) : et vivifiante -!j (phe) :de puissance, de
dilatation ~ n (thao) : parfaite, har-monique - :r(han): sur la
matrialit - S(lamed) :dploye - !j (ph) : puissante - J (noun) :
dansla production -, (iod) : de cette manifestation; i1 (h):pris
dans leur abstracti9n - r.J (mem) : des lmentsformateurs passifs -
, (iod) : de la manifestation- r.J (mem, la fin des mots) :
Universelle.
- La Force expansive (passant d'une nature uneautre pour
engendrer la Vie) du Principe Crateurextiriorisant la Vie Absolue
par une manifestationUniverselle exerait une action fcondante,
formatrice(par son irradiation propre, vivifiante, de
dilatationparfaite) sur la matrialit dploye (puissante dansla
production de cette manifestation) des lmentsformateurs, passifs
(pris dans leur abstraction) de laManifestation Universelle.
En bon franais:L'nergie vivifiante d'lohim' exerait son
action
fcondante sur la masse des lments