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Médecine du Sport
Docteur Jehan LECOCQ Pôle Locomoteur
Service de Médecine Physique et de Réadaptation Hôpital de
Hautepierre
HOPITAUX UNIVERSITAIRES DE STRASBOURG La médecine du sport étant
une médecine transversale concernant tous les aspects de la
médecine jusque dans ses domaines les plus spécialisés, il n’est
pas possible ici de faire un panorama de tous ses aspects et nous
nous limiterons à quelques situations parmi les plus courantes en
médecine générale concernant les sportifs de loisir, compétiteurs
ou non, sachant que les sportifs inscrits sur les listes de haut
niveau sont soumis à des réglementations particulières et à des
suivis spécialisés, et concernant la pratique de l’activité
physique ou sportive comme facteur de santé. Les motifs de
consultation les plus fréquents sont :
- la demande de certificat médical de non contre-indication à la
pratique sportive.
- la prescription médicamenteuse pour des affections diverses
chez des sportifs compétiteurs.
- les conseils et prescription d’activité physique au cours de
diverses affections chroniques et situations morbides.
- la petite traumatologie lors des consultations du « lundi » et
les pathologies de surmenage ou sur-utilisation de l’appareil
locomoteur, comme par exemple les tendinopathies ou les fractures
de fatigue, ne seront pas abordées mais pourraient faire l’objet
d’un enseignement en ligne ultérieur de même que les notions de
nutrition du sportif.
CERTIFICAT MEDICAL DE NON CONTRE-INDICATION A LA PRATIQUE D’UN
SPORT (CMNCI) Aspects généraux et juridiques : Ce certificat régi
par plusieurs textes de loi peut être délivré par tout médecin,
hormis 6 catégories de sports à risques particuliers (les sports
sous-marins, l’alpinisme de pointe, les sports mécaniques à moteur,
les sports aériens, les sports utilisant des armes à feu et les
sports de combat où la mise « hors combat » est autorisée) et pour
les sportifs inscrits sur les listes du haut niveau ou espoirs
ainsi que les sportifs professionnels. Ce CMNCI est nécessaire
lorsqu’il est demandé pour la première fois une licence auprès
d’une fédération sportive (plus de 100 fédérations). La périodicité
est choisie par chaque fédération sportive, le plus souvent
annuelle. Pour la licence compétition, ce certificat est
obligatoirement annuel. Il n’est valable que pour une activité
sportive qui doit être précisée. Un certificat de moins d’1 an peut
également être demandé par les organisateurs de compétitions se
faisant en dehors d’un cadre fédéral ainsi que par des structures
sportives non affiliées à une fédération. Il est délivré
annuellement en France environ 16 millions de licences sportives
dont 10 millions pour la compétition.
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Ce CMNCI s’établit après un examen complet personnalisé tenant
compte de l’état de santé du sportif et de ses ambitions de
pratique sportive. Il engage la responsabilité du médecin.
Régulièrement, des décisions de justice ont lourdement pénalisé des
médecins, notamment pour défaut d’information. Sa rédaction doit
donc être prudente et précise. Buts du CMNCI : Le principal but est
comme son nom l’indique de rechercher des contre-indications à la
pratique sportive et non pas d’évaluer l’aptitude à cette pratique.
En effet, l’évaluation d’une aptitude à une tâche et donc le niveau
de performance espéré est complexe, s’appuyant sur les explorations
fonctionnelles d’effort en milieu spécialisé. Le but du législateur
a été que soient recherchées des affections inapparentes
susceptibles de se révéler à l’activité physique ou des affections
connues du patient mais pouvant s’aggraver ou se décompenser,
entraînant un risque d’altération de l’état de santé et parfois
même un risque vital ou pouvant être source de risques pour autrui.
Ce sont donc en premier lieu des affections cardiovasculaires qui
peuvent être inapparentes dans les activités de la vie quotidienne
et même professionnelle ou scolaire et donc non diagnostiquées et
qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital lors de pratiques
physiques intenses (mort subite dont il sera question plus loin).
C’est souligner d’emblée l’importance de l’examen cardiovasculaire.
Le 2ème but ou intérêt de ce CMNCI est de profiter de ce moment
privilégié pour informer, éduquer à la santé, voire orienter sur le
plan des activités physiques et sportives (APS), en particulier,
les sujets présumés sains qui consultent peu ou pas leur médecin.
La conduite de cet examen médical s’appuie en premier lieu sur
l’interrogatoire qui est primordial puis sur l’examen physique qui
pourra être complété éventuellement par des examens
complémentaires. Un protocole d’examen a été spécifiquement conçu
par la Société Française de Médecine du Sport (SFMS) à l’intention
des médecins généralistes. Ce protocole reproduit ci-dessous n’est
qu’un canevas qui laisse toute liberté aux médecins de développer
certains points en fonction du sportif et/ou de son activité
sportive. Il peut être également téléchargé sur le site
www.sfms.asso.fr. L’interrogatoire : Comprend deux temps, un temps
médical qui peut s’appuyer sur le questionnaire de la SFMS, qui
peut être utilisé comme un auto-questionnaire à signer par le
sportif ou les parents pour les mineurs, puis un temps concernant
les conditions de pratique sportive.
http://www.sfms.asso.fr/
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Société Française de Médecine du Sport FICHE D’EXAMEN MEDICAL DE
NON CONTRE INDICATION APPARENTE à la PRATIQUE D’UN SPORT
DOSSIER MEDICAL CONFIDENTIEL : questionnaire préalable à la
visite médicale à remplir et signer par le sportif Document à
conserver par le médecin examinateur Nom :
.....................................................................
Prénom :
....................................................................
Date de naissance : ...............................................
Sport pratiqué :
......................................................... Avez-vous
déjà un dossier médical dans une autre structure, si oui laquelle :
Avez-vous déjà été opéré ?
..........................................................................................
ı non ....................... ı oui Précisez et si possible joindre
les compte rendus opératoires. Avez-vous déjà été hospitalisé pour
traumatisme crânien .................................ı
non.................. ı oui perte de connaissance
...............................ı non.................. ı oui
épilepsie ...................................................ı
non.................. ı oui crise de tétanie ou
spasmophilie................ı non.................. ı oui Avez-vous
des troubles de la vue ?
..............................................................................
ı non ....................... ı oui si oui, portez-vous des
corrections :
........................................................... ı
lunettes ................. ı lentilles Avez-vous eu des troubles de
l’audition
........................................................................................
ı non................................ı oui Avez-vous eu des
troubles de
l’équilibre.......................................................................................
ı non................................ı oui Avez-vous eu
connaissance dans votre famille des évènements suivants : Accident
ou maladie cardiaque ou vasculaire survenue avant l’âge de 50 ans
Oui Non Mort subite survenue avant 50 ans (y compris mort subite du
nourrisson) Oui Non Avez-vous déjà ressenti pendant ou après un
effort les symptômes suivants : Malaise ou perte de connaissance
Oui Non Douleur thoracique Oui Non Palpitations (coeur irrégulier)
Oui Non Fatigue ou essoufflement inhabituel Oui Non Avez-vous Une
maladie cardiaque Oui Non Une maladie des vaisseaux Oui Non
té opéré du coeur ou des vaisseaux Oui Non Un souffle cardiaque
ou un trouble du rythme connu Oui Non Une hypertension artérielle
Oui Non Un diabète Oui Non Un cholestérol élevé Oui Non Suivi un
traitement régulier ces deux dernières années (médicaments,
compléments alimentaires ou autres) Oui Non Une infection sérieuse
dans le mois précédent Oui Non Avez-vous déjà eu : - un
électrocardiogramme
...........................................................................
ı non ....................... ı oui - un échocardiogramme
..............................................................................
ı non ....................... ı oui - une épreuve d’effort maximale
................................................................. ı
non ....................... ı oui Avez-vous déjà eu ? - des
troubles de la coagulation
...................................................................
ı non ....................... ı oui quand remonte votre dernier
bilan sanguin ?
............................................................ (le
joindre si possible)
Fumez-vous ?
..............................................................................................................
ı non ....................... ı oui, si oui, combien par jour ?
.............................. Depuis combien de temps ?
..............................
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13. Avez-vous - des allergies respiratoires (rhume des foins,
asthme) non oui
- des allergies cutanées non oui - des allergies à des
médicaments non oui si oui, lesquelles
..........................................................................................
14. Prenez-vous des traitements ? - pour l’allergie ? (si oui,
lesquels)
.............................................................. non
oui - pour l’asthme ? (si oui,
lesquels)...............................................................
non oui 15. Avez-vous des maladies ORL répétitives : angines,
sinusites, otites non oui 16. Vos dents sont-elles en bon état ?
(si possible, joindre votre dernier bilan dentaire non oui 17.
Avez-vous déjà eu ? - des problèmes vertébraux : non oui - une
anomalie radiologique non oui 18. Avez-vous déjà eu : ( précisez le
lieu et quand ) - une luxation articulaire non oui - une ou des
fractures non oui - une rupture tendineuse non oui - des tendinites
chroniques . non oui - des lésions musculaires non oui - des
entorses graves non oui 19. Prenez-vous des médicaments
actuellement ? non oui 20. Avez-vous pris par le passé des
médicaments régulièrement non oui 21. Avez-vous une maladie non
citée ci-dessus
..................................................................
................................. 22. Avez-vous eu les vaccinations
suivantes : Tétanos polio non oui Hépatite non oui Autres précisez
:…………………………….
..............................................................................
23. Avez-vous eu une sérologie HIV : non oui RENSEIGNEMENTS COMPL
MENTAIRES CONCERNANT LES FEMMES.
quel âge avez-vous été réglée ?
................................................................................
Avez-vous un cycle régulier ? non oui Avez-vous des périodes
d’aménorrhée ? non oui Combien de grossesses avez-vous eu
?.........................................................................
Prenez-vous un traitement hormonal ? non oui Prenez-vous une
contraception orale ? non oui Consommez-vous régulièrement des
produits laitiers ? non oui Suivez-vous un régime alimentaire ? non
oui Avez-vous déjà eu des fractures de fatigue ? non oui Dans votre
famille, y-a-t-il des cas d’ostéoporose ? non oui Avez-vous une
affection endocrinienne ? non oui Si oui, laquelle ?
...........................................................................................................
Combien effectuez-vous d’heures d’entraînement par semaine ?
................................
Je soussigné (parent ou tuteur pour les mineurs) certifie sur
l’honneur l’exactitude des renseignements portés ci-dessus Nom :
------------------------------------- Date
------------------------------
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Les questions d’ordre médical recherchent plus particulièrement
des facteurs de risques cardiovasculaires et des éléments pouvant
faire évoquer une affection cardiovasculaire inapparente, notamment
la recherche de signes fonctionnels à l’effort (lipothymie, perte
de connaissance, douleurs thoraciques, palpitations, dyspnée,
fatigue excessive, …). Il ne faudra cependant pas négliger les
autres appareils, notamment l’appareil locomoteur avec la recherche
d’antécédents traumatiques et de lésions de surmenage. En cas de
prise régulière de médicaments, il est important de s’assurer
qu’ils ne pourraient pas positiver un contrôle du dopage. Le
deuxième temps de l’interrogatoire concerne la pratique sportive,
chacune d’entre elle présentant des contraintes physiques et des
risques lésionnels. Il n’est pas question de se substituer aux
techniciens du sport mais on peut se faire une idée des contraintes
et risques en fonction du niveau de pratique sportive et des
objectifs du sportif (loisir, compétition de différents niveaux,
professionnel, « sports-santé ». Passé sportif, interruptions
sportives, fréquence et nombre d’heures d’entraînement
hebdomadaire,…), ce qui permettra de mieux cibler la recherche de
contre-indication ou d’éléments à surveiller. Il faudra aborder le
type de gestes sportifs répétitifs, le milieu dans lequel évolue le
sportif (eau, altitude, chaleur, froid,…), les risques de collision
des sports collectifs ou au contraire le risque lié à l’isolement
d’autres sports, les risques des sports de combat, des sports
utilisant des engins pouvant être dangereux, des sports à catégorie
de poids pouvant amener à des comportements alimentaires
particuliers,…. L’examen clinique de base : Peut s’appuyer sur le
plan de la fiche proposée par la SFMS. Cet examen comporte deux
axes principaux : cardiovasculaire et respiratoire d’une part,
morphologique et ostéoarticulaire d’autre part. Le reste de
l’examen est fonction du type de sportif (puberté, affections
chroniques) et de la discipline pratiquée (examen ORL, de la vue,
…). L’analyse d’urine par bandelette réactive sera systématique
pour dépistage. Les tests dynamiques comme le test de Ruffier
Dickson qui n’a pas de valeur prédictive sur le plan
cardiovasculaire et n’apprécie que globalement la condition
physique du sujet ne sont pas nécessaires, sauf s’ils sont demandés
précisément par une fédération sportive.
Société Française de Médecine du Sport FICHE D’EXAMEN MEDICAL DE
NON CONTRE-INDICATION APPARENTE LA PRATIQUE D’UN SPORT Document à
conserver par le médecin examinateur Nom :
................................................................
Prénom : ......................................
.................................... Adresse :
..........................................................
.........................................................................................
Tél. : ...................................................Date de
naissance : ..............................âge
:.......................... Club ou structure:
............................................. Discipline pratiquée
: ...................................................... Niveau de
pratique…………………………….Titres ou classement…………………………………….. Heures
d’activités physiques par semaine : ……………………………………………………………….
Scolarité………………………………objectifs sportifs………………………………………………… CARNET
de SANTE présenté : oui- non SAISON PRECEDENTE Maladies
:........................................................................
Traitements :.................................................
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Traumatismes
:......................................................................................................................................
Période(s) d’arrêt :…………………….
Vaccinations : DTP ou autre .......... .......................
HB...........................
.......................AUTRES……………………………………….. VISION OD
................
OG...........................Corrections.............. ı lunettes ı
lentilles MORPHOLOGIE Taille :....................... Poids :
................... IMC: ...................... Stade pubertaire :
......…………… N cycles/an.......................... RACHIS : S
fonctionnels :……. Cyphose : ………Scoliose :………. Lordose :………… DDS
:……….. Lasègue actif :.................... Talon-fesse en
procubitus :………. Membres supérieurs..
..................................................................
......................................... Membres inférieurs :
................................................................………………………….
tat musculaire :…………………………………………………………………………… tat tendineux :
…………………………………………………………………………….
Signes fonctionnels ostéo-articulaires :………………………………………………………
APPAREIL CARDIOVASCULAIRE Recherche d’un souffle cardiaque
(position couchée et debout) Palpation des fémorales Signes
cliniques de syndrome de Marfan Mesure de la Pression artérielle
aux deux bras (position assise) Facteurs de risque :
............................. Signes fonctionnels :
.......................... Fréquence cardiaque de repos
:.....................
:……………………...................................... ECG si nécessaire:
.....
..................................................................
......................................... Test d’effort si
nécessaire APPAREIL RESPIRATOIRE Perméabilité nasale :
..................................................................
......................................... Auscultation : ..........
.................................Asthme : ..................
.........................................
TAT DENTAIRE ET ORL ..................................
..................................................................
....................... .................. BILAN PSYCHOLOGIQUE
:
OBSERVATIONS– CONCLUSION : ........................
L’électrocardiogramme de repos : Actuellement, il n’y a aucune
obligation légale d’effectuer un ECG pour le CMNCI hormis pour les
sportifs de haut niveau et espoirs et pour leur suivi,
contrairement à l’Italie où un ECG 12 dérivations est une
obligation tous les deux ans. Des discussions sont actuellement en
cours aux ministères de tutelle pour rendre l’ECG de repos
nécessaire sous certaines conditions. A la suite de la Société
Européenne de Cardiologie, la Société Française de Cardiologie
préconise « chez tout demandeur de licence pour la pratique d’un
sport en compétition, il est utile de pratiquer, en plus de
l’interrogatoire et de l’examen physique, un ECG de repos 12
dérivations à partir de 12 ans, lors de la délivrance de la
première licence, renouvelé ensuite tous les 3 ans, puis tous les 5
ans à partir de 20 ans jusqu’à 35 ans. ». Avant 12 ans, l’ECG peut
présenter des particularités uniquement liées à l’âge et en dehors
du QT long, nombre de pathologies génétiques ne sont pas encore
exprimées. Après 35 ans, la maladie coronaire est la principale
cause des accidents survenus lors de la pratique sportive et c’est
davantage la place de l’ECG d’effort qui doit alors être
discutée.
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Quoiqu’il en soit, dès qu’il existe des facteurs de risques
cardiovasculaires et/ou des signes fonctionnels de repos ou
d’effort, ou des signes d’examen clinique cardiovasculaire ou des
antécédents familiaux, un ECG de repos est indiqué. Il est
également préférable de le réaliser en cas de pratique d’un sport
intensif en compétition (de l’ordre d’au mois 1 à 2 H
d’entraînement/jour), en cas de sport à forte sollicitation
cardiaque avec une fréquence cardiaque proche de la fréquence
maximale (220 - âge). A la reprise du sport ou d’un début d’un
sport à partir de 35-40 ans chez l’homme et 45-50 ans chez la
femme, il est plus logique de proposer la réalisation d’un ECG
d’effort. En fonction des compétences de chacun dans ce domaine,
l’ECG de repos peut être réalisé par le médecin généraliste ou bien
le médecin peut adresser le sportif à un cardiologue a fortiori
lorsqu’il existe des signes cliniques d’appel, ce qui permettra à
ce dernier de juger de la nécessité de poursuivre les
investigations par une échocardiographie et/ou une épreuve d’effort
cardiologique. L’interprétation de l’ECG de repos chez l’enfant et
chez les sportifs pratiquant du sport intensif peut être délicate,
et nécessite une formation appropriée. La Société Française de
Cardiologie propose des critères établissant des limites de l’ECG
au-delà desquelles un avis cardiologique est nécessaire
(www.sfcardio.fr/recommandations/sfc/ ). L’incidence de la mort
subite non traumatique sur les terrains de sport est de l’ordre de
1/20.000 pratiquants, soit 1000 à 1200 morts/an, près de 90 %
d’hommes. Sur une étude française de 705 cas la moyenne d’âge est
de 47 ans et 15 cas sont survenus chez de jeunes compétiteurs. Dans
environ 90 % des cas, la mort subite est d’origine
cardiovasculaire. Il y a 20 fois plus de morts subites chez les
sportifs occasionnels que chez les sportifs de haut niveau. La
moitié des cas environ survient en dehors d’enceintes sportives. La
cause immédiate de la mort subite est en règle une arythmie
cardiaque (d’où l’importance de l’accès rapide à un défibrillateur
automatique ou semi-automatique, les 3 actions à faire étant :
appeler, masser, défibriller). Avant 35 ans, les cardiomyopathies
sont le plus souvent en cause suivies des anomalies de naissance
des artères coronaires, de la maladie coronarienne, puis des
myocardites. Après 35 ans, une cause prédomine très largement, la
maladie coronaire. L’activité physique ne crée pas la pathologie
cardiaque mais la révèle. Un sportif qui meurt sur un terrain de
sport de pathologie vasculaire est donc un cardiaque ignoré. C’est
dire l’importance des démarches de prévention dont fait partie le
CMNCI et l’ECG au moindre doute. La prévention de ces morts subites
et des accidents cardiovasculaires en général consiste aussi en
conseils donnés aux sportifs, notamment au cours de la visite du
CMNCI, ce qui constitue donc le 2ème volet de cette visite, qui
outre la recherche de contre-indications est l’occasion d’informer,
de donner des conseils et d’éduquer à la santé ces sportifs. le
Club des cardiologues du Sport a ainsi établi 10 »règles d’or »
pratiques et facilement compréhensibles dans le tableau ci-dessous
que le médecin peut donner au sportif
(www.clubcardiosport.com/presentation/regle-dor.htm) :
Règles 1, 2, 3 : Je signale à mon médecin toute douleur
thoracique, toute palpitation ou tout malaise survenant à l’effort.
Ne pas négliger un symptôme suspect tel que douleur dans la
poitrine, arythmie ou malaise survenant à l’effort est une priorité
en terme de prévention. En effet, il est fréquent que l’accident
aigu soit précédé de signes avant-coureurs. Un arrêt immédiat de la
pratique
http://www.sfcardio.fr/recommandations/sfc/http://www.clubcardiosport.com/presentation/regle-dor.htm
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dans ce cas de figure, suivi d’un bilan cardiovasculaire
exhaustif permettraient d’éviter l’accident dans un grand nombre de
cas. Règle 4 : Je respecte toujours un échauffement et une
récupération de 10 minutes lors de mes activités sportives.
L’échauffement est indispensable pour permettre une vasodilatation
coronaire progressive de qualité et, donc, une bonne oxygénation du
muscle cardiaque. L’arrêt doit également être progressif, le risque
d’arythmie ventriculaire dangereuse étant favorisé lors d’un arrêt
brutal. Règle 5 : Je bois 3 à 4 gorgées d’eau toutes les 30
minutes, à l’entraînement comme en compétition. Une hydratation
régulière au cours de l’effort prolongé limite le risque de bas
débit cardiaque ou rénal, d’arythmie ventriculaire ainsi que celui
de survenue d’une hyperthermie sévère, tous susceptibles de générer
des complications gravissimes. Règle 6 : J’évite les activités
sportives intenses par des températures extérieures < -5°C ou
> 30°C et lors des pics de pollution. La pratique sportive
intense dans des conditions hostiles est dangereuse. Le froid ou
les chaleurs intenses sont particulièrement sollicitantes pour un
cœur fragilisé par une ou plusieurs anomalies quiescentes. Le
risque est également majoré lors des pics de pollution
atmosphérique. L’abstention d’une pratique sportive soutenue dans
ces périodes permet de limiter significativement le risque
d’infarctus du myocarde ou d’arythmie dangereuse. Règle 7 : Je ne
fume jamais 1 heure avant ni 2 heures après une activité sportive.
La pratique d’une activité sportive s’accompagne d’une diminution
de la fluidité sanguine durant l’effort et les dizaines de minutes
qui suivent. Le tabac est un facteur facilitant les spasmes
artériels. Il convient donc d’éviter de rétrécir le calibre des
artères coronaires alors que le sang qu’elles véhiculent est plus
visqueux, sinon, le risque de constitution d’un thrombus occlusif
est réel.
Règle 8 Je ne consomme jamais de substances dopantes et j’évite
l’automédication en général. Le retentissement délétère au niveau
cardiovasculaire de nombre de substances dopantes est bien
identifié : risque augmenté de thrombus artériel, de spasme
vasculaire, d’arythmies létales. L’automédication, beaucoup plus
répandue, constitue également un risque non négligeable pour
certaines familles médicamenteuses dans certaines circonstances.
Règle 9 : Je ne fais pas de sport intense si j’ai de la fièvre, ni
dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal (fièvre +
courbatures). Le risque de survenue d’un trouble du rythme mortel à
l’effort en cas de présence d’un virus banal au sein du myocarde
est bien connu. L’abstention de toute activité soutenue lors de la
période à risque a prouvé son efficacité en terme de diminution des
décès. Règle 10 : Je pratique un bilan médical avant de reprendre
une activité sportive intense si j’ai plus de 35 ans pour les
hommes et 45 ans pour les femmes. La reprise d’une activité après
un arrêt prolongé est clairement identifiée comme une période à
risque cardiovasculaire. Les recommandations plaident donc pour un
bilan cardiologique préalable dans les tranches d’âge suscitées
afin de dépister les éventuelles anomalies et de guider le sportif
dans son effort.
Hormis ces aspects cardiologiques, d’autres explorations,
notamment d’imagerie pourront être demandées avant d’établir le
CMNCI. Les contre-indications à la pratique sportive : Chaque
fédération sportive établit ses propres listes de
contre-indications spécifiques. Elles sont accessibles soit sur le
site web de la fédération soit sur les sites qui répertorient les
contre-indications par sport :
http//www.entremed.fr/rubrique/contre-indications_sportives.php Les
contre-indications absolues c’est-à-dire quel que soit le niveau de
pratique sportive (compétition ou non) et définitives sont rares et
concernent des affections graves et/ou non ou mal équilibrées ou
contrôlées par le traitement. Il s’agit
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essentiellement des maladies cardiovasculaires et
pleuropulmonaires ou d’affections neurologiques ou psychiatriques
sévères. L’avis du spécialiste de l’affection concernée est requis
d’autant que ces affections sont en règle générale connues et
suivies. Dans ces cas, la fédération sportive concernée sera
contactée au niveau national (union nationale des médecins fédéraux
: www.unmf.org) ou régional (les coordonnées des fédérations, le
nom des médecins fédéraux régionaux et leurs coordonnées peuvent
êtres obtenus auprès du médecin conseiller de la direction
régionale Jeunesse et Sports [en Alsace,
[email protected], 14 rue du Maréchal Juin 67000
Strasbourg] ou auprès du Comité Régional Olympique et Sportif [en
Alsace www.crosa.com ]) soit en adressant directement un certificat
d’inaptitude au médecin fédéral national ou régional, soit en leur
demandant de statuer eux-mêmes sur cette inaptitude définitive, en
général après avis d’une commission d’expert. Les
contre-indications absolues et temporaires sont liées à un état
physiologique (grossesse) ou un état pathologique passager le plus
souvent évident comme une lésion traumatique (fracture, …) ou une
maladie aiguë ou en phase de poussée (infection, …) ou de maladies
en cours de diagnostic, d’investigations ou dont le traitement
n’est pas encore équilibré ou efficace ou les pathologies de
croissance (ostéochondrose, ostéochondrite). Le patient devra être
revu, la principale difficulté étant de donner un délai précis de
reprise sportive. Les contre-indications relatives sont la
majorité. La pratique sportive doit être adaptée et même comme cela
sera détaillé plus loin, la pratique des activités physiques voire
sportives est même conseillée sous certaines conditions. Ces
contre-indications relatives peuvent être définitives pour des
maladies chroniques notamment cardiovasculaires ou pour des
handicaps définitifs, physiques, sensoriels ou mentaux. Ces
contre-indications relatives sont souvent temporaires et peuvent
concerner quasiment l’ensemble de la pathologie et relèvent souvent
du simple bon sens. En synthèse, en cas de doute sur la non
contre-indicationn qui dépasse quelques semaines, il est préférable
de demander un avis soit d’un médecin spécialiste de l’affection en
cause soit d’un médecin du sport qu’il s’agisse du médecin fédéral,
national ou régional, ou travaillant dans une unité ou centre de
médecine du sport. Rappelons que pour 6 catégories de sports, le
législateur a prévu des dispositions particulières. Rédaction du
CMNCI On ne peut que certifier ce que l’on a constaté. Ce
certificat daté et tamponné par le cachet du médecin et dont un
double est gardé peut être rédigé par exemple ainsi : « Je
soussigné Dr…, certifie avoir examiné M… né le…, demeurant… et
n’avoir pas constaté à ce jour de signes cliniques apparents
évocateurs de contre-indication médicale à la pratique (indiquer 1
ou plusieurs sports), en compétition ou en loisir ». Le
surclassement est une autorisation spéciale pour qu’un enfant
puisse pratiquer la compétition dans une catégorie d’âge supérieur
ou avec des adultes selon un règlement propre à chaque fédération.
Seul le simple surclassement peut être décidé par le Médecin
Généraliste. Le minimum est de s’assurer qu’il n’y a pas d’anomalie
de croissance et de préciser l’intensité et le volume d’activités
physiques et sportives qui est souvent (trop) important chez les
enfants. Il est souvent souhaitable de s’adresser au médecin
fédéral régional ou à une consultation spécialisée de médecine du
sport d’autant qu’il est utile de préciser les capacités
d’adaptation à l’effort.
http://www.unmf.org/mailto:[email protected]://www.crosa.com/
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LUTTE ANTI-DOPAGE Il n’est pas question ici de rentrer dans les
arcanes de l’arsenal juridique français de la lutte antidopage mais
d’indiquer les obligations qui s’appliquent à tout médecin et de
donner quelques conseils pour la pratique quotidienne de la
médecine générale. Selon la loi, « le médecin qui est amené à
déceler des signes évoquant une pratique de dopage est tenu de
refuser la délivrance d’un des certificats définis aux articles… »,
c’est-à-dire en pratique le CMNCI. Il doit en outre informer son
patient des risques qu’il encoure et lui proposer de le diriger
vers l’antenne médicale de prévention du dopage de sa région (en
Alsace : espace Prévention du dopage, Centre psychothérapique, 2A
rue du Jura 68100 Mulhouse tél : 03 89 65 15 22), l’essentiel
restant bien sûr la prise en charge médicale de l’intéressé par son
médecin traitant. Le médecin a l’obligation, certes un peu
théorique, de demander à tous ses patients s’ils pratiquent du
sport en compétition. A l’inverse, les patients sont aussi dans
l’obligation de signaler à leur médecin s’ils pratiquent de la
compétition. Si c’est le cas, le médecin doit pour toute
prescription de médicaments s’assurer qu’ils ne soient pas sur la
liste des substances et procédés interdits élaborée par l’Agence
Mondiale Antidopage (AMA) et transcrite par décret en France par
l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD), autorité
publique indépendante chargée de définir et de mettre en œuvre les
actions de lutte contre le dopage. Outre les renseignements
disponibles par le dictionnaire Vidal, cette liste est accessible
sur leurs sites (www.afld.fr et www.wada-ama.org/fr). la dernière
mise à jour annuelle, a été publiée par décret le 18 décembre 2010.
La liste différencie les substances et méthodes interdites en
permanence, donc en et hors compétition (anabolisants, hormones
peptidiques, facteurs de croissance et apparentés, bêta-2
agonistes, antagonistes et modulateurs hormonaux, diurétiques et
autres agents masquants, méthodes améliorant le transfert
d’oxygène, manipulations chimiques et physiques, dopage génétique)
de celles interdites uniquement en compétition (stimulants,
narcotiques, cannabinoïdes, glucocorticoïdes) et pour certaines
uniquement pour certains sports (alcool, bêta-bloquants). Si ce
médicament prescrit est indispensable et ne peut pas être remplacé
par un autre, il appartient au sportif de faire une demande
d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) auprès de
l’AFLD. Le formulaire est disponible en ligne sur le site Internet
de l’AFLD mais également auprès de la Fédération du sportif et des
Directions Régionales Jeunesse et Sports. Il sera rempli et signé
par le sportif et son médecin en fournissant un certain nombres de
pièces médicales dont l’ordonnance concernée de moins d’1 an et
selon le cas les examens médicaux de moins de 2 ans. L’AFLD
statuera dans les 30 jours. A partir du 01/01/11, les
glucocorticoïdes par voie non systémique (voie intraarticulaire,
périarticulaire, péritendineuse, épidurale, intradermique et par
voie inhalée) ainsi que certains bêta 2 mimétiques par voie inhalée
à dose thérapeutique pour l’asthme (salbutamol et salmétérol) ne
nécessitent plus de déclaration d’usage auprès de l’AFLD, ni aucune
autre démarche. Si le patient ne souhaite pas demander d’AUT, il
faut savoir qu’il peut être contrôlé aussi bien au cours des
compétitions que sur les lieux d’entraînement et de pratique hors
compétition (et que même pour les sportifs de haut niveau, ils
http://www.afld.fr/http://www.wada-ama.org/frhttp://www.wada-ama.org/fr
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doivent transmettre leurs horaires à l’AFLD qui pourra réaliser
ainsi des contrôles inopinés). Il est dans ces cas préférable que
le médecin informe par écrit l’intéressé de l’incompatibilité de la
prise médicamenteuse avec la pratique sportive et qu’il en garde un
double. Il est également à noter que des sportifs non licenciés qui
pratiquent des compétitions non agréées par une fédération, comme
par exemple les innombrables courses sur route, peuvent être
contrôlés. Au total, les risques ne sont pas négligeables de faire
des erreurs en toute bonne foi ou par ignorance, aussi bien le
médecin que le sportif. Comme pour le CMNCI la responsabilité du
médecin peut être engagée. C’est pourquoi en cas de difficulté ou
d’hésitation, il est possible de se renseigner au niveau national
sur le site de l’AFLD ou au téléphone de « Ecoute Dopage » (numéro
vert 0 800 15 2000 : appel gratuit, anonyme et confidentiel
accessible à tous, y compris les professionnels de santé) ainsi
qu’au niveau régional auprès de la direction Jeunesse et Sports (en
Alsace, auprès du médecin conseiller, [email protected]
et auprès du médecin chargé de la lutte antidopage
[email protected]) ainsi qu’auprès de l’antenne régionale
antidopage. L’ACTIVITE PHYSIQUE OU SPORTIVE, FACTEUR DE SANTE : LA
PRESCRIPTION Etat des lieux L’activité physique (AP) ou sportive,
comme vu précédemment pour le CMNCI peut avoir des effets délétères
en fonction du niveau et de l’intensité de cette AP rapportée aux
capacités du pratiquant, mais à l’inverse il est actuellement bien
démontré par de nombreuses études que l’AP pratiquée dans certaines
conditions a des effets bénéfiques quel que soit l’âge et
représente un important facteur de santé avec la nutrition, et
surtout sur lequel il est relativement aisé de jouer (et peu
coûteux). En France, les contextes et effets sur la santé de l’AP
ont fait l’objet en 2008 d’une expertise collective sous l’égide de
l’INSERM faisant un état des lieux approfondi (811 pages) de
l’ensemble de la littérature (peut être commandé à
www.lavoisier.fr). Globalement et de manière non exhaustive, l’AP
permet l’amélioration de la performance cardiaque et une meilleure
vascularisation des tissus, une meilleure oxygénation cellulaire,
une meilleure utilisation des lipides et un meilleur profil
lipidique (HDL), une augmentation de la force musculaire et une
prévention de l’ostéoporose, une diminution du risque de dépression
et une diminution de l’anxiété, un meilleur sommeil et contrôle de
soi. Ces bénéfices observés dans la population générale ont un
intérêt majeur de prévention primaire de nombreuses affections mais
expliquent également que l’AP ait un rôle de prévention tertiaire
et participe au traitement curatif de nombreuses affections
chroniques et de cancers. Par exemple, pour les cancers il existe
un niveau de preuve convaincant à partir de plusieurs dizaines
d’études sur les cancers du côlon et du sein que le risque de
survenue est diminué de 20 % à 40 %. Ce pourcentage est du même
ordre en prévention tertiaire, donc pour prévenir la récidive et
diminuer le risque de mortalité. Pour d’autres cancers, le niveau
de preuve est encore limité. Le bénéfice de l’AP sur les affections
métaboliques comme le diabète de type II, les dyslipidémies,
l’obésité est maintenant bien établi scientifiquement. Pour
l’obésité, l’AP permet essentiellement le maintien du poids perdu
par le régime.
mailto:[email protected]:[email protected]://www.lavoisier.fr/
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Les chiffres de tension artérielle systolique et diastolique
diminuent chez les sujets normotendus et encore plus nettement chez
les sujets hypertendus. L’ensemble de ces éléments explique la
réduction de 20 à 35 % de la morbi-mortalité cardiovasculaire. Un
gain des fonctions cognitives a été objectivé à tous les âges et
l’AP est associée à un risque plus faible de maladie d’Alzheimer et
de démence ainsi qu’à un moindre déclin des fonctions cognitives
avec l’âge. Concernant l’appareil locomoteur, outre le bénéfice sur
l’ostéoporose, l’AP permet de prévenir en partie la perte de masse
et de force musculaire observée avec l’avancée en âge (sarcopénie)
qui est un des facteurs de chutes et de perte d’autonomie. L’AP
sous certaines conditions a une action préventive primaire et
tertiaire sur la lombalgie commune, l’arthrose des membres
inférieurs et la fibromyalgie. Plus globalement, plusieurs études
ont montré qu’une activité physique modérée est associée à une
réduction de 30 % de la mortalité toutes causes confondues et ainsi
à un gain de longévité. Le plus important est que ce gain de
longévité se fait avec un gain de qualité de vie lié au maintien de
l’autonomie afin d’« ajouter de la vie aux années plutôt que des
années à la vie ». A l’opposé de ces constatations, il est démontré
que la sédentarité, c’est-à-dire un état actif mais dont la dépense
énergétique est proche de celle de repos et au cours duquel l’AP
par exemple ne dépasse pas 3000 pas/jour, augmente dans nos
sociétés occidentales. Il est estimé qu’environ 50 % de la
population française à l’âge adulte a un niveau insuffisant d’AP
favorable à la santé. Tous les âges sont concernés, notamment les
enfants. La sédentarité s’accompagne de modifications des
comportements alimentaires à l’origine d’un véritable cercle
vicieux qui participe à l’augmentation de l’incidence du surpoids
et de l’obésité. Un élément déterminant est qu’il a été montré
qu’il existe une corrélation entre la quantité d’activités
physiques pratiquées et la réponse bénéfique en terme de santé
(effet « dose–dépendant »), et surtout qu’il est constaté qu’un
bénéfice maximum est retiré lorsque l’on passe de la sédentarité à
au moins une activité modérée, d’où l’importance accordée dans les
recommandations à l’exercice d’intensité modérée C’est pourquoi les
pouvoirs publics ont mis en place un certain nombre de plans
nationaux, soit de manière spécifique comme le plan national de
prévention par l’activité physique ou sportive
(www.santesportsgouvfr/IMG/pdf/RapPreventionActivite-2008pdf), soit
des plans dans lesquels l’AP est incluse ou renforcée comme le plan
bien vieillir, le plan obésité et la version 3 en cours
d’élaboration du plan national nutrition santé (PNNS) dont une
partie des tableaux ci-dessous sont tirés(www.mangerbouger.fr et
www.santé.gouv.fr/htm/pointsur/nutrition/actions42_activite.pdf).
Il a également été souligné l’importance de la place centrale du
médecin traitant pour motiver les patients à la reprise d’une AP.
En pratique, que peut-on faire au quotidien en pratique de médecine
générale ?
http://www.santesportsgouvfr/IMG/pdf/RapPreventionActivite-2008pdfhttp://www.mangerbouger.fr/
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La phase diagnostique correspond à l’évaluation du niveau
d’activités physiques et de manière déterminante à comprendre quels
sont les freins à cette AP. L’évaluation du niveau de sédentarité
ou d’AP du patient peut se faire globalement à partir de questions
simples comme cela existe dans le tableau ci-dessous à gauche ou à
partir de questionnaires plus ou moins complexes. Il est proposé
ci-dessous à droite le questionnaire d’auto-évaluation de Ricci et
Gagnon permettant de déterminer le profil d’activités en 3 niveaux.
On peut éventuellement proposer d’évaluer le nombre de pas faits
par jour à partir de podomètres du commerce dont le coût est
minime, permettant plusieurs niveaux d’activités comme cela est
indiqué dans le tableau ci-dessous.
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Un carnet peut être fait pour évaluer son activité physique et
plus précisément de marche sur la semaine. A cette évaluation d’AP,
s’ajoutera l’évaluation plus classique de l’hygiène de vie
(sommeil, tabac, alcool,…) et de l’alimentation. L’évaluation et la
prise en compte des freins ou obstacles à la reprise d’une AP est
plus complexe mais est une démarche capitale. Hormis les aspects
strictement médicaux liés aux affections chroniques ou
transitoires, les tableaux ci-dessous présentent les principaux
obstacles à la pratique de l’AP et proposent des réponses
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Cette étape motivationnelle, décisive, recherche l’instauration
d’une confiance mutuelle, l’autonomie du patient et sa
collaboration par persuasion directe et non par confrontation et
l’évocation du changement qui doit venir de la personne elle-même.
Lorsque le niveau de motivation à changer les habitudes d’AP aura
été précisé (contemplatif, pré-contemplatif, actif), il sera
déterminant pour l’observance que les premiers conseils soient en
adéquation avec le niveau constaté en restant accessibles, afin de
progresser par étapes, de niveau en niveau. Le stade diagnostique
comporte aussi un examen clinique qui s’intègre dans le suivi
habituel d’une patientèle et si besoin d’éventuelles explorations
paracliniques. Il correspond à ce qui a été développé précédemment
dans le cadre du CMNCI et a pour but d’une part de s’assurer qu’il
n’y a pas de contre-indication absolue à l’AP et surtout d’adapter
la prescription d’AP à l’état de santé de l’individu. La
prescription d’activités physiques A partir du bilan diagnostique
précédent, il est nécessaire de fixer avec le patient un objectif
personnalisé et réaliste en procédant par étapes. Au-delà des
premiers conseils toujours utiles, l’AP sera prescrite comme un
médicament en précisant la fréquence, l’intensité, la durée et le
type de cette AP en s’appuyant sur les recommandations actuelles.
Les recommandations qui sont évolutives sont celles de l’American
College of Sports Medicine
(http://journals.lww.com/acsm-msse/Fulltext/2010/07000/American_College_of_Sports_Medicine_Roundtable_on.23.aspx%29).
Actuellement, l’AP nécessaire au maintien de la santé et à la
prévention des pathologies chroniques dans la population générale
doit être au minimum de 150 mn/semaine d’exercices en endurance
d’intensité modérée type marche rapide ou 75 mn d’exercices
d’endurance à intensité élevée ou toute combinaison des deux types
d’activités, l’important étant d’atteindre le niveau global
d’activités recommandées. Elles associent aussi aux activités
d’endurance des exercices de renforcement musculaire 2 fois/semaine
de type gymnastique, port de charges, etc… qui entretiennent la
masse musculaire, élément majeur chez les sujets âgés pour le
maintien de l’autonomie et la prévention des chutes (réduction de
15 à 20 %). L’important dans un premier temps est d’encourager le
mouvement au cours de la vie quotidienne comme indiqué dans le
tableau ci-dessous du guide « La santé vient en bougeant ».
http://journals.lww.com/acsm-msse/Fulltext/2010/07000/American_College_of_Sports_Medicine_Roundtable_on.23.aspx%29http://journals.lww.com/acsm-msse/Fulltext/2010/07000/American_College_of_Sports_Medicine_Roundtable_on.23.aspx%29http://journals.lww.com/acsm-msse/Fulltext/2010/07000/American_College_of_Sports_Medicine_Roundtable_on.23.aspx%29
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L’AP ne doit pas être assimilée à une activité sportive qui
n’est qu’une forme d’AP. Il faut privilégier l’endurance
d’intensité modérée de 150 mn/semaine, ce qui représente 30
mn/jour, 5 jours par semaine. Il est essentiel de souligner que le
bénéfice semble le même si cette AP régulière est fractionnée en
périodes de 10 mn minimum. On peut également proposer, pour ceux
qui ont un podomètre, de réaliser au moins 10 000 pas par jour, ce
qui comprend alors la totalité des déplacements même ceux
inférieurs à 10 mn. C’est un argument important pour promouvoir les
déplacements dits actifs (marche, vélo) qu’ils soient à but
professionnel ou non. Le tableau suivant liste des AP en fonction
de leur intensité. L’essentiel est que ces AP soient ludiques et
plaisantes, variées pour éviter la lassitude, faisables compte tenu
de l’environnement, des moyens, du climat et saisons…, et qu’elles
ne comportent qu’un faible risque traumatique :
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L’intensité modérée d’une AP se traduit par une accélération de
la respiration jusqu’à un léger essoufflement tout en laissant la
possibilité de parler. Il n’y a pas de transpiration ou minime dans
les conditions climatiques habituelles. Pour les personnes âgées,
la simple marche sans chercher à avoir une vitesse rapide est déjà
une AP modérée. Un moyen plus précis et plus médicalisé consiste à
se baser sur la fréquence cardiaque (FC) qui pour une AP modérée
correspond de 0,5 à 0,7 fois la FC maximale théorique définie par
220 – l’âge. Pour être plus précis, 50 % de la réserve de FC
représente la limite entre les intensités modérées et élevées d’AP
en endurance qui est une activité en aérobie car elle correspond
globalement à la limite entre la voie énergétique uniquement
aérobique et la mise en jeu supplémentaire et progressive de la
voie anaérobique lactique. La réserve de FC est définie par la FC
maximale théorique – la FC de repos. Par exemple, pour un sujet de
50 ans dont la FC maximale théorique est de 220 – 50 = 170
battements/mn et la FC de repos de 70 b./mn, la réserve de FC est
de 100 b./mn. 50 % de cette réserve de FC correspond à 50 b/mn. La
FC de travail à ne pas dépasser pour ce sujet correspond donc à 70
b/mn (FC de repos) + 50 b/mn (50 % de la réserve) soit 120 b/mn. On
peut éventuellement conseiller l’utilisation d’un
cardiofréquencemètre dont il existe des modèles simples et
relativement peu coûteux et qui sera surtout utile chez les
personnes âgées ou ayant une pathologie chronique. Chez les
personnes de 65 ans et plus en bonne santé les mêmes
recommandations seront faites. Comme dit précédemment, il sera
important d’y associer des exercices non seulement de renforcement
musculaire 2 fois/semaine mais également des exercices
d’assouplissement par du stretching. Il faudra privilégier l’AP
d’endurance d’intensité modérée par rapport à celle d’intensité
élevée (www.anaes.fr) : recommandations pour la pratique clinique.
Masso-kinésithérapie dans la conservation des capacités motrices
chez le sujet âgé fragile à domicile). Pour les enfants et
adolescents jusqu’à 18 ans, il est recommandé au moins une heure
d’AP par jour d’intensité modérée à élevée sous forme de sport, de
jeux ou d’AP de la vie quotidienne auxquels il faut ajouter 2 à 3
fois/semaine des activités physiques d’intensité élevée pendant au
moins 20 mn par séance sous forme d’AP individuelle ou de sport
collectif et pour les adolescents d’entraînements musculaires en
résistance (musculation) associés à des assouplissements. Il est
essentiel de privilégier les exercices en charge qui participent
avec d’autres facteurs à l’acquisition définitive du capital osseux
qui se fait jusqu’à 20 – 25 ans. Les élements-clé de cette démarche
sont l’ancrage sur les établissements scolaires mais aussi à
l’extérieur d’eux et la prise en compte de l’environnement
socio-familial. La lutte contre la sédentarité chez les jeunes est
capitale comme chez l’adulte, mais en plus il a été démontré que
certains bienfaits se prolongent jusqu’à l’âge adulte (comme c’est
le cas pour le capital osseux) mais aussi parce qu’il est démontré
que l’AP de l’enfant si elle est pratiquée avec plaisir prédit le
niveau de pratique d’AP du futur adulte, c’est donc le meilleur
moyen de prévenir la sédentarité de l’adulte. Cette sédentarité des
jeunes est en augmentation régulière en France, avec par exemple
une présence devant un écran de 5,5 H/jour en moyenne et avec comme
corollaire une augmentation de la prévalence de l’obésité de
l’enfant qui actuellement est de l’ordre de 19 %. Pour la
population générale en bonne santé ou ayant une pathologie
chronique peu importante et bien contrôlée, il est important quel
que soit l’âge de limiter autant que possible la médicalisation de
cette AP. Plusieurs fédérations sportives ont ouvert des sections «
sport-santé » encadrées par des « coachs » (par exemple
http://www.anaes.fr/
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athlé-santé pour l’athlétisme) formés à ce type de pratique
telles que la Fédération Française (FF) EP Gymnastique Volontaire,
la FFEPMM Sport pour tous, la FF Randonnée pédestre, la FF Retraite
sportive, la FF Sport adapté, l’UFOLEP, l’UNSSS,… et d’autres FF
sportives telles que les arts martiaux, la natation, l’aviron, la
gymnastique, l’athlétisme,…. Cela permet un apprentissage des AP et
des activités d’endurance autres que celles de la vie quotidienne
telles que par exemple la natation, le vélo ou la marche nordique
particulièrement intéressante car mettant en jeu un grand nombre de
muscles des membres supérieurs et inférieurs. Cela est aussi
particulièrement intéressant pour les activités gymniques de
musculation ou de stretching. De plus ces activités en groupe, si
possible intergénérationnel, favorisent l’observance et
l’émulation. A côté de ces clubs affiliés aux fédérations
sportives, il peut exister d’autres associations sportives ou club
de « fitness » qui peuvent proposer le même niveau de prestation ou
des structures organisant des campagnes comme par exemple dans la
région strasbourgeoise « mieux dans nos baskets ! dans notre
assiette ! » ou « bouge toi pour ta santé ». Chaque médecin peut
ainsi, en fonction de son environnement, établir une collaboration
avec des professionnels du sport et avoir ainsi un carnet d’adresse
approprié. La situation est différente lorsqu’il s’agit de patients
fragilisés par une pathologie chronique plus sévère ou par le grand
âge mais qui peuvent néanmoins profiter de d’une AP adaptée. Dans
ces cas, le bilan médical doit être plus poussé pouvant comporter
une épreuve d’effort cardiologique voire complete avec une mesure
de la VO² max, ce qui permettra de préciser les seuils
ventilatoires, d’analyser au mieux le ou les facteurs limitant et
de personnaliser les objectifs et le niveau d’intensité de l’AP. A
côté des activités de la vie quotidienne qu’il reste important de
promouvoir, il faut intégrer cette AP à un projet de soins
personnalisé et élaboré avec le patient d’une part dans le cadre
d’une éducation thérapeutique mais aussi dans des structures
appropriées à l’AP adaptée aux pathologies chroniques et encadrée
par des professionnels formés, qu’il s’agisse de kinésithérapeutes
ou d’éducateurs médico-sportifs. Il faut développer des relais et
collaborations entre les professionnels de santé et les
professionnels du sport. C’est pourquoi se mettent en place des
réseaux entre ces deux mondes. Il existe encore peu de tels réseaux
d’une certaine ampleur, l’un des plus important actuellement étant
celui de la région Midi-Pyrénées, l’EFFORMIP qui permet
actuellement de faire collaborer 120 médecins avec 250 éducateurs
sportifs de fédérations sportives (www.efformip.canalblog.com).
D’autres réseaux existent comme SIEL BLEU qui s’est développé
initialement en Alsace et dans l’Est de la France, de même le
réseau SAPHYR en Lorraine. Des réseaux nationaux ou régionaux sont
dédiés à une seule pathologie ou type d’AP, par exemple
l’association « TRANS-FORME » qui concerne les sportifs
transplantés et dialysés, l’association « ANCRED » qui coordonne
les réseaux diabètes. Au niveau régional et alsacien, on peut
citer, entre autres, le réseau « RESOO » qui s’adresse aux patients
obèses et/ou diabétiques, le CAMES qui propose aux seniors un
entraînement médicalisé de type fractionné sur cyclergomètre. Le
suivi régulier des patients et l’évaluation des résultats lors de
chaque consultation sont déterminants pour maintenir l’observance
et s’assurer de la bonne tolérance de cette AP. La motivation en
est renforcée et une éventuelle « rechute » de la sédentarité peut
être dépistée. Les objectifs peuvent être ainsi modulés en plus ou
en moins en fonction des premiers résultats qui ont pu être
consignés sur un carnet. Le suivi porte sur l’observance de la
prescription d’AP en matière de fréquence, intensité, durée et
l’évaluation peut étayer sur la qualité de
http://www.efformip.canalblog.com/
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vie ressentie ou évaluée par questionnaire (SF36) mais également
sur des critères cliniques (poids, TA et FC au repos et
éventuellement au cours d’un step-test qui consiste à monter et
descendre d’une marche de 40 cm de hauteur pendant 3 min et à
mesurer FC et TA au repos, à l’arrêt de l’exercice et 1 min après
l’arrêt) et sur des critères paracliniques ainsi que sur les prises
médicamenteuses. En synthèse, il est essentiel d’intègrer l’AP
comme un élément incontournable de la prise en charge de nombreuses
pathologies chroniques et qu’elle doit faire partie des
prescriptions thérapeutiques. La lutte contre la sédentarité est
donc le principal objectif. L’AP doit être prescrite sur ordonnance
comme tout traitement qui doit donc être suivi et évalué de la même
manière. La régularité est le facteur déterminant, l’arrêt de l’AP
faisant perdre rapidement chez l’adulte et le senior les bénéfices
acquis. Pour motiver au mieux les patients, il faut insister sur la
possibilité d’obtenir d’importants effets bénéfiques en matière de
santé par une augmentation modeste de l’AP, en passant de l’état de
sédentarité à un niveau modeste d’AP et que, d’autre part, cette AP
régulière peut être fractionnée par périodes de 10 min, ce qui est
aisé à intercaler au cours des activités de la vie quotidienne et
professionnelle. C’est souligner le rôle éducatif des médecins dans
leurs relations avec les patients.