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LE QUOTIDIEN DE L'CONOMIE // LUNDI 13 JUILLET 2015 //
LESECHOS.FR
ISSN0153.4831 107e ANNENUMRO 21978 28 PAGES
Antilles-Runion 3 . Guyane 3,90 . Belgique2,60 . Espagne 3.30 .
Grande-Bretagne260. Grce 2,90 . Italie 3.30 Luxembourg2,80 . Maroc
24 DH. Niger 2.600 CFA Suisse4,60 FS. Tunisie 3.300 TNM. Zone
CFA2.200 CFA.
Le Guide Michelin,une institution culinaireCommentle guide
rougesest donnune dimensioninternationale.// SRIEDT P. 13
C est une bagarre digne dHomre qui a oppos,dimancheBruxelles,
lesdirigeantseuropenssurlavenir de la Grce. Ils ont pris dans
laprs-midi
larelvedeleursministresdesFinancesqui,dansuneambiancesurvolte,
staient montrs incapables de trancher entre unGrexit et la mise en
place dun troisime plan daides pour la
Grce, qui devrait dpasser les 80 milliards deuros. Face aurefus
de principe de ce soutien de la part des faucons alle-mand et
finlandais, les grands argentiers ont propos auxchefs dEtat et de
gouvernement une nouvelle srie de condi-tions comme des efforts
supplmentaires dans le domainedes retraites, de la fiscalit et du
march du travail. Autre
option,lamiseengagedactifsgrecshauteurde50milliardspour garantir
le remboursement de la dette. Le prsidentfranais a continu dfendre
le maintien de la Grce dansleuro tandis que la chancelire allemande
semblait salignersur son svre ministre des Finances. // PAGES 2 5ET
LDITORIAL DE NICOLAS BARR PAGE 9
DOMINIQUE SEUXDANS LDITO CO 7H20DU LUNDI AU JEUDI
SUR
LES BANQUES SE METTENTAU CROWDFUNDING Banque Populaire
Atlantique et leCrdit Mutuel Arka investissenten direct dans des
projets definance participative pour compl-ter leur palette de
services. // P. 22
PUBLICIT DIGITALE :LE MOBILE TIRE LE MARCHLe march de la
publicit surInternet a bondi de 3,5 % au pre-mier semestre. La
publicit surmobile progresse de 63 %. // P. 20
SauvetagedelaGrce:lEuropeposesesconditionsl Vives tensions au
sommet Bruxelles sur lavenir de la Grce dans la zone euro.l Le
nouveau plan daides de plus de 80 milliards deuros divise les
dirigeants europens.
LESSENTIEL
LE FMI APPELLE HOLLANDE POURSUIVRE LES RFORMESPour rduire la
dpense publi-ques, le FMI recommande, entreautres, de reculer
nouveau lgede dpart la retraite et de rfor-mer lassurance-chmage.
// P. 6
LE MEXIQUE LHONNEURFini la brouille entre la France et
leMexique. Invit dhonneur du14 Juillet, le prsident
mexicain,Enrique Pea Nieto, en visitedEtat, doit signer une
soixantainedaccords conomiques. // P. 8
REPOSITIONNEMENTDIFFICILE POUR CITRONLe constructeur, dont les
ventesont recul au premier semestre,invite la patience alors
quiltarde concrtiser sa nouvelleimage de marque. // P. 18
EUROTUNNEL NE VEUT PASCHANGER DE STATUTLentreprise attaque un
dcret quirevient crer une partie fran-aise du tunnel sous la
Manche.Ce qui modifierait son cadresocial. // P. 17
ENTREPRISES& MARCHS
INTERVIEW A la veille du 14 Juillet, le gnral DidierCastres,
sous-chef dtat-major Oprations, livre sonanalyse des menaces et des
rponses y apporter.
Transferts de technologies, filires derecrutement, de
financement, campsdentranement, e-propagande En cetteveille de 14
Juillet, le gnral de corpsdarme Didier Castres, sous-chef
dtat-major Oprations, estime que lennemi asymtrique , celui que
larme franaisecombat au Sahel ou en Irak, a parfaitementintgr les
codes de la mondialisation. Sila dimension scuritaire se concentre
sur unespace gographique dfini, ce qui lalimente
provient du monde entier [...]. On est passdune guerre des
stocks une guerre desflux , dit-il dans une interview aux Echos ,
la premire accorde depuis quiloccupe cette fonction. Une crise doit
donctre aborde dans sa globalit et le leviermilitaire sattacher
casser les nuds desrseaux ennemis, dont les armements onttendance
rduire sensiblement la sup-riorit technologique des armes
occiden-tales. // ENTRETIEN PAGE 11
LlitedufootfranaisrestelourdementdficitaireLa perte
dexploitation de la L1estime 271 millions pour 2014-2015.
SPORT Dansunentretienexclusifaux Echos ,Jean-MarcMickeler, le
nouveau prsident de la Direction nationale
ducontrledegestion(DNCG),lorganismecontrlantlesclubsde football
professionnel franais, analyse leur situationfinancire la veille de
la reprise des Championnats deLigue 1 et de Ligue 2. Il estime que
celle-ci samliore, mais demeure tendue . Le rsultat dexploitation
de la L1 estimau 30 juin hors transferts est, il est vrai, ngatif
de 271 mil-lions deuros pour la saison 2014-2015, aprs une perte
de351 millions en 2013-2014. Pour Jean-Marc Mickeler,
lesclubsdoiventdiversifier leursrevenus.Parailleurs, leconflitentre
la L1 et la L2 a repris de plus belle propos du
systmedesmontesetdescentesentrelesdeuxdivisions.Lventua-lit dune
scission nest plus exclure. // PAGES 16-17
Dfense:Nousfaisonsfacedescrisesmondialises
lA DMeNCe
De FrANOIs
Par le Baron de Mn
eval
Le roman politiquede lt // P. 12
DR
Bourse Star Wars propulse lactionDisney au sommet// P. 20
Luca
sfilm
Ltd.
Leshpitauxontcreus leurdficiten2014SANT En 2014, lactivit
hospitaliredans lHexagone a perdu prs de400 millions deuros, contre
312 mil-lions en 2013. Cette somme quivaut celle qui a t prleve sur
le budgethospitalier par lexcutif sous formedannulation de crdits,
soit 430 mil-lionsdeuros,pourfinancerlerembour-sement de nouveaux
traitementscontrelhpatiteC.LaFdrationhospi-talire franaise sinquite
de nouvellescoupes budgtaires qui pourraient frei-ner de futurs
investissements. Ces der-niers ont dj chut en 2014, passant de5,07
milliards deuros 4,38 milliards.// PAGE 7
Universits :unsecrtairedEtatnefaitpasleprintempsLe Point de vue
deBernard Belloc
Alors que la loi Macron ouvre laporte dune vision plus modernede
lconomie, rien de neuf pour laformation suprieure. Et la
rcentenomination de Thierry Mandon ausecrtariat dEtat
lEnseignementsuprieur et la Recherche nychange pas grand-chose,
selonBernard Belloc. // PAGE 9
DR
Angela Merkel, Franois Hollande et Alxis Tspras. Photo John
MacDougall/AFP
Relgu en Ligue 2, le club de Lens a souffert ces derniers moisde
difficults financires. Photo Denis Charlet/AFP
Didier Castres.Photo Jrmie Faro/Arme de terre/EMA
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02 // VNEMENT Lundi 13 juillet 2015 Les Echos
Anne [email protected] Bureau de Bruxelles
Lheure tourne et la zone euro taitdimanche aprs-midi toujours
trsdivise sur le sort de la Grce. Lors-que les chefs dEtat sont
arrivs enmilieu daprs-midi Bruxelles,leurs ministres des
Financesnavaient toujours pas trouv deposition commune. Le
matinmme,leprsidentduConseileuro-pen, Donald Tusk, avait annul
lerendez-vous prvu 28 le soir, touten promettant quil ne lcherait
pasles dirigeants de la zone euro tantquils nauraient pas pris une
dci-sion ferme sur leur volont ou nondelanceruntroisimeplandaidesla
Grce. A leur arrive, les dclara-tions des uns et des autres
mon-traient bien que la tension avaitatteint un point maximal. Le
visageferm, la chancelire allemande,Angela Merkel, a dclar : Il
nyaura pas daccord nimporte quelprix pour sauver la Grce, en
rap-pelant que la valeur la plus impor-tante, savoir la confiance
et la fiabi-lit, a t perdue avec Athnes. A
loppos, Franois Hollande pro-mettaitde tout fairepourtrouverun
accord ce dimanche afin que laGrce reste dans la zone euro.
Ilcartait aussi fermement les idessouleves la veille par le
ministreallemand des Finances,
WolfgangSchuble,dorganiserunGrexitpro-visoire. Une sortie de la
zone eurosignifie une Europe qui recule et quinavance plus, et a je
nen veux pas ,a martel le prsident franais.Quant au principal
intress, le Pre-mier ministre grec,Alxis Tspras, ila pris au mot la
chancelire alle-mande, qui avait coutume de rp-ter que tout est
possible avec de lavolont politique. Je suis prt aucompromis ,
a-t-il affirm. On ledoit aux Europens qui veulent uneEurope unie et
pas divise.
Un fonds pour donnerconfiance Les grands argentiers ont
finale-mentrecommand in extremis auxleaders daller vers louverture
dengociations sur un nouveau pro-gramme daides la Grce, mais
ensoumettant ce feu vert de multi-ples conditions. Dabord, ils
souhai-
tent que la Grce vote un grandnombre de rformes dici mer-credi
15 juillet, en gage de sa bonnefoi.Ensuite, ilsrclamentdesmesu-res
supplmentaires afin dattein-dre les bons quilibres
financiers.Enfin, il ntait pas clair sils avaientou non repris la
suggestion delintraitable ministre allemand desFinances, Wolfgang
Schuble,dobliger la Grce consigner lesrecettes de ses futures
privatisa-tionsdansunfondsdestingaran-tir les prts qui lui seront
concds.Dans un document, le ministre exi-geait 50 milliards dactifs
grecs engage Peu importe le montant, cequi compte, cest le
principe, expli-quait le prsident du Parlement
europen, Martin Schulz. Il faut unfonds pour donner confiance.
Mais
ilfautviterquelaGrcesesentehumi-lieetdonctrouverunmodledegou-vernance
adquat. A sa sortie, leprsident de lEurogroupe, JeroenDijsselbloem,
ne cachait pas que larecommandation faite par desministres des
Finances dsunis etpuiss laissait encore bien du tra-
vail aux leaders . Ceux qui veu-lent pousser le bouchon trop
loinjouentenfaitleGrexit ,dcryptaithier une source europenne.
Il est vrai que la dgradation ensix mois de la situation
conomiquegrecque est telle que nombre degrands argentiers ont pris
peur.Samedi, leurs changes ont t vio-lents. Pour aider la Grce, il
estdsormais question dun plandaides de 82 86 milliards deurossur
trois ans, dont rapidement9 milliards, pour pouvoir honorerles
chances de lt. Dans lavisrendu par la Commission euro-penne et la
BCE, la dgradationrapide de la conjoncture
conomi-queestsouligne,ainsiquelagravit
de la situation bancaire, un cerclevicieux qui risque dexploser
trsvite. Plus on attend, plus lconomiegrecque se paralyse, moins
les prtssont rembourss, plus les prts nonperformants alourdissent
les bilansde banques cours de cash. Lecontrle des capitaux a t
prolongdedeuxmoisvendredi.SelonlaBCE,il faut dsormais prvoir 25
mil-liards pour la recapitalisation desbanques grecques. Durgence.
PourleprsidentdelaBCE,MarioDraghi,il y a bien un risque de
dstabilisa-tiondelazoneeuroencasdeGrexit.
(Lire lditorialde Nicolas BarrPage 9
l Des dirigeants trs divisssur lopportunit dune nouvelleaide
Athnes.l La BCE voque un risquede dstabilisation de la zone euroen
cas de Grexit.
Grce :lesnouvellesconditionsdelEurope
LPILOGUE DE LA CRISE GRECQUE
Pour aider la Grce,il est questiondun plan daidesde 82 86
milliardsdeuros sur trois ans.
Pour la Grce, chaque seconde quipasse rapproche le pays du
dsas-tre.TenueboutdebrasparlaBan-que centrale europenne (BCE),
quiadbours180milliardsdefinance-ments pour elle, la Grce est
main-tenant engage dans une coursecontre la montre pour ne pas
cou-ler. Le contrle des capitaux mis enplace en Grce est dsormais
pro-long de deux mois. Samedi, auxpetites heures du matin, le
Parle-ment grec a donn son feu vert
augouvernementpourquilaillengo-cier un nouveau programmedaides
Bruxelles, en apportant engage de sa bonne volont la liste
desrformes quavaient refuses lesGrecs par rfrendum cinq joursplus
tt. Samedi matin, le nouveauministre des Finances grec,
EuclideTsakalotos, est donc arriv confiant Bruxelles pour un nouvel
Euro-groupe, fort dune majorit de251 dputs sur 300.
Le pauvre Tsakalotos, dcrit partous ses collgues comme
unhommesrieux,engagetdebonnefoi, ne sattendait sans doute pas
tomber dans une telle ptaudire. Car, aprs avoir fait preuve dune
unit sans faille contre son prd-cesseur,YnisVaroufkis,
lesminis-tres des Finances, cette fois-ci appe-ls mettre la main au
portefeuille,se sont montrs vindicatifs, dso-rients, incapables de
voir plus loinque leur contrainte parlementaire immdiate. Assomms
et ttaniss parlampleurdesnouveauxbesoins
financiersdelaGrce(81,7milliardsdeurossurtroisans),
ilssesontdivi-ss en deux clans, lun men par
laFrance,quiplaidepourlaideAth-nes, et lautre men par le ministre
allemand des Finances, Wolfgang Schuble, qui prfrerait sortir la
Grce de la zone euro. Une note deson ministre a fuit avec une liste
de conditions longue comme le bras, avant toute nouvelle aide ou
lefameux plan B : un Grexit provi-soire de cinq ans avec la clef
une restructuration de la dette grecque,sur le modle de ce que fait
le Club de Paris pour les pays en dveloppe-ment. Un papier violent,
qui a enflamm ledbatenAllemagne,et
qui risque de coter cher au leader
duSPD,SigmarGabriel(lirepage3).Le ministre allemand na cess samedi
de rpter son manque de confiance. Et de rappeler quil tait l en
2009, 2010, 2011, 2012 lors de toutes les ngociations clefs sur la
Grce et quil ntait plus question pour lui de se faire avoir par les
pro-messes jamais tenues dAthnes. Dans la cacophonie, le ministre
fin-landais des Finances, Alexander Stubb, a rajout de lhuile sur
le feu,dclarant ne pas vouloir participer au moindre plan daides
Athnes,car son partenaire dans sa coalitiongouvernementale, le
parti dultra-droite Les Vrais Finlandais, ne le
veut pas. Sensuivait un dbat veni-meux, sur les rgles de vote du
Mcanisme europen de stabilit, afindesavoirsionpouvaitsepasserde
lavis de la Finlande.
La nuit porte conseilSamedi soir, mme limpassibleprsident de la
BCE a failli draillerlors dun change muscl avec Wol-fgang Schuble.
Ne me prenez paspour un imbcile , aurait dclar leministre allemand,
furieux de lana-lyse de Mario Draghi, selon laquelleun Grexit et
une faillite des banquesgrecques peuvent mettre en dangerla
stabilit de la zone euro. Samedisoir avant de se
quitter,Wolfgang
Schuble prenait encore une der-nire fois partie le ministre
fran-ais Michel Sapin, pour le mettre engarde contre sa gentillesse
avecAthnes. Les dclarations vendredimatin de Franois
Hollande,jugeant les propositions grecques srieuses et crdibles ,
ont froissBerlin.Lanuitdusamediaudiman-che a quelque peu port
conseil. Lematin, les ministres reprenaientleurs travaux dans une
atmosphreplus calme. Je pense que Mme Mer-keladpasserparl ,
soulignaitunproche des ngociations. Avec destrsors de patience, le
prsident delEurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a russi mettre au
point un texte,
runissant selon lui un accord sur90 % des points.
A leur arrive, les dirigeants,dbriefs par leurs ministres
desFinances, avaient encore des dcla-rations guerrires. Il leur
restait trancher certains sujets. Dun
ct,dterminerlalonguelistedestextesquAlxis Tspras doit faire
adopterparsonParlementcettesemaineenpralable louverture dun
nou-veau programme : TVA, rformedes retraites, indpendance du
fiscet de loffice des statistiques, et
rforme de la justice. De lautre,trouver la formule pour
rassurerlAllemagne sur les privatisations,et surtout sur la
perspective dunallgement de dette, tout en vitantdes mots qui
fchent comme res-tructuration . A lheure du dner,tout espoir ntait
pas perdu pourque les chefs dEtat donnent un feuvert une ouverture
des ngocia-tions. La BCE a averti : demain, il luifaudra dbrancher,
si elle na pasuneperspectivedaccord. Avecder-rire un calendrier trs
serr, dunesemaine au maximum, pour quedun ct, le Parlement grec
vote lesrformes demandes, puis pourque les autres Parlements votent
leprincipe dun troisime pro-gramme. A. B.
Le rcit dun week-end sous haute tensionLes ministres des
Financesse sont runis samediet dimanche dans uneambiance
survoltervlant leurs divergences.
Le Premier ministre grec, Alxis Tspras ( gauche), en discussion
avec (de gauche droite) le prsident de la Commission
europenne,Jean-Claude Juncker, Franois Hollande et le Premier
ministre belge, Charles Michel, dimanche, Bruxelles. Photo Geert
Vanden Wijngaert/AP/Sipa
Le pauvre Tsakalotos,dcrit comme srieux,engag et de bonne foi,ne
sattendaitsans doute pas tomber dansune telle ptaudire.
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Les Echos Lundi 13 juillet 2015 VNEMENT // 03
3
Thibaut [email protected] Envoy spcial Bruxelles
La ligne dure de Wolfgang Schu-ble est-elle totalement partage
parle reste du gouvernement alle-mand ? Merkel et Gabriel sont
der-rire Schuble , affirme un diplo-mate allemand. Si un ministre
ditquelque chose, ce nest pas forcmentson pays qui le dit , a
nanmoinssoulign dimanche le prsident duParlement europen,
MartinSchulz, membre minent du Partisocial-dmocrate allemand
(SPD).
Selonundocumentanonymequicircule depuis samedi, le ministredes
Finances allemand demandeau gouvernement grec daller plusvite et
plus loin dans les rformes,notamment en confiant un vasteprogramme
de privatisations uneagence comparable la Treuhand,qui avait uvr en
Allemagne delEst aprs la runification. Si Ath-nes refuse, le
ministre propose unesortie temporaire de la Grce de
leuro. Le camp allemand insistepour dire quil sagit simplement
descnarios et quaucune piste nestprivilgie.Etpourtant,
leGrexitnajamais t aussi proche. LUnionchrtienne-dmocrate
(CDU)dAngela Merkel estime ne pluspouvoir faire confiance au
Premierministre grec, Alxis Tspras, pourquil mette en uvre les
rformespromises. Le rfrendum
surprise,danslequelilaappelsapopulation voter contre les rformes
euro-pennes, a laiss des traces profon-des. Les affiches de
campagne deson parti, Syriza, mettant en scneWolfgang Schuble en
vampire quiaurait saign les Grecs pendantcinq ans, ont aggrav la
relation.
Divisions au sein du SPDMais la facture dun ventuel troi-sime
programme daide a aussirefroidi le gouvernement : plus de80
milliards deuros au total, alorsquon parlait initialement de 30 50
milliards. Alors que 85 % desAllemandsseprononcentcontredenouvelles
concessions Athnes,cette dimension risque de compli-quer la dcision
du Bundestag,cens donner son feu vert desngociations formelles avec
Ath-nes. Mardi, le quotidien Bild
demandait Angela Merkel, qui-pe dun casque pointe, dtre une
chancelire de fer .
Si ce message sduit la CDU cequi nexclut pas des voix plus
conci-liantes , le SPD semble profond-ment divis. Aprs la fuite du
docu-ment prsentant la position duministredesFinances,samedisoirsur
Twitter, plusieurs sociaux-d-mocrates de haut rang ont
attaquWolfgang Schuble. Les proposi-tions du ministre des Finances
nesont pas srieuses , ragissait ainsi Carsten Schneider,
vice-prsidentdu groupeparlementaire enchargedu budget. Le jeu de
Schuble estmauvais, ajoutait Hubertus Heil,autre poids lourd du
parti, sur lerseau social. Son plan de Grexit napas le soutien du
SPD.
Mais, aux premires heures dedimanche, les dputs
sociaux-d-mocrates apprenaient que leurchef, Sigmar Gabriel, tait
au con-traire sur la ligne de WolfgangSchuble ! Le
vice-chancelier
reconnat alors sur Facebook que le SPD connat naturellement
laproposition de son collgue desFinances, tout en voyant une
sortiede la Grce de la zone euro seule-ment si le gouvernement grec
con-sidrait qui l sagissait de la meilleure alternative et
excluantune approche qui ne serait pascoordonne avec la France.
Runiece lundi, la direction du SPD pour-rait se dsolidariser de son
prsi-dent,dontlastratgiepopulisteleurchappe depuis quelques
semai-nes. Au point que certains sedemandent sil ne prpare pas son
hara-kiri . Angela Merkel doitmontrer si elle a la dimension
dunefemme dEtat et sceller un accord,
etquandbienmmeseslecteursaime-raient mettre les Grecs la porte , cr
i t l he b doma dai re DerSpiegel . In fine, la chancelire ris-que
de devoir choisir entre sonministre des Finances et
FranoisHollande, ardent dfenseur de laGrce dans la zone euro. n
Lacrisegrecquemetlegouvernementallemand
lpreuveetfracturelespartisLa chancelire allemandesoutient
officiellement sonministre des Finances, toutcomme le
vice-chancelier,Sigmar Gabriel.
Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schuble,et la
chancelire, Angela Merkel.Photo Wolfgang Kumm/dpa
Picture-Alliance/AFP
Le bon sens doitprvaloir et unaccord doit tretrouv. LItalie
neveut pas que laGrce sorte de lazone euro. MATTEO RENZIPrsident du
Conseil italien
Ils ont dit
Je suis prt aucompromis [], on ledoit aux Europensqui veulent
uneEurope unie et pasdivise. ALXIS TSPRASPremier ministre grec
La valeur la plusimportante, savoirla confiance et la fia-bilit,
a t perdue avec Athnes.ANGELA MERKELChancelire allemande
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/AFP
Jean
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Je me battraijusqu la derniremilliseconde pouravoir un
accord.[...] Je suis dansun esprit combatif. JEAN-CLAUDE
JUNCKERPrsident de la Commissioneuropenne
Jean
-Chr
isto
pheV
erha
egen
/AFP
La Finlande plus dureque lAllemagneLors de lEurogroupe de ce
week-end, la Finlande sestillustre par son intransigeance vis--vis
de la Grce enallant un cran plus loin encore que lAllemagne. Le
minis-tre des Finances, Alexander Stubb, a en effet t sommpar le
Parlement national de plaider en faveur dunesortie dfinitive de la
Grce de la zone euro. Le Parlementfinlandais est sous linfluence du
parti eurosceptiquedes Vrais Finlandais qui est arriv en deuxime
positionaux lections lgislatives davril dernier. Ce parti
auraitmenac de faire clater la coalition gouvernementale
fin-landaise si son ministre des Finances navait pas dfenduun
Grexit pur et simple. Le prsident du parti des VraisFinlandais,
Timo Soini, considre que la seule solutionviable conomiquement pour
la Grce est dabandonnerleuro et de dvaluer sa monnaie.
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04 // VNEMENT Lundi 13 juillet 2015 Les Echos
3LPILOGUE DE LA CRISE GRECQUE
Derrirelerideaugrec
LE FAITDU JOURPOLITIQUE
CcileCornudet
L es frondeurs du PSsoutiennent FranoisHollande. Mme Jean-Luc
Mlenchon a eu des motsdoux son gard.Derrire la tragdie grecquese
joue une pice bienfranaise. Avec des acteursqui changent de rleet
des questions nouvelles.Pourquoi Franois Hollandetait-il ces jours
derniersle seul dirigeant europen soutenir la Grce ?Pourquoi les
frondeurs PS,les Verts et le Front de gauchelui trouvent-ils des
vertuspour la premire foisdepuis trois ans ? Pourquoila droite
ttonne-t-elle surlopportunit dun Grexit ?Les trois questions
trouventleur rponse autour dun seulterme : la rigueur.A gauche, le
soutien toutneuf des plus svrescontempteurs du chef delEtat
ressemble un grandrve. Franois Hollande parledtalement de la dette
et jouele bras de fer avec lAllema-gne ? Cest le signe quil aenfin
tourn le dos laust-rit , veulent-ils croire. Finde laustrit pour la
Grce etpar ricochet pour la France.Le lien est fait. Schuble visela
France travers la Grce.Ne pas lui laisser un pouce deterrain ,
tweete le frondeurGuillaume Balas. FranoisHollande, lui, tente
dviter lemalentendu. Il applaudit auplan de rformes et craint un
recul de lEurope pluttquil ne critique directementlaustrit grecque.
Il nemp-che, la gauche nest pas laseule faire une lecture
anti-austritaire de la main ten-due de la France la Grce. Ladroite
dnonce le laxisme et souponne le prsident depousser un compromis,
nimporte quel prix, pour vi-ter davoir supporter courtterme
(cest--dire avant 2017)un dfaut de paiement de laGrce, lourd pour
les financesfranaises. Alxis Tsprasveut un chque en blanc , aalert
dimanche NicolasSarkozy, en invitant FranoisHollande se rapprocher
delAllemagne. De bons conseilsfont-ils une position claire ?Pas
forcment. Les Rpubli-cains, Alain Jupp et NicolasSarkozy en tte,
ont paruchangeants ces derniersjours, sans doute parcequeux-mmes ne
savent tou-jours pas quels efforts ilsdemanderont aux Franaislors
de la prsidentiellede 2017. De ce point de vue,Franois Fillon
restele plus radical. Monsieur le Prsident,la menace de la faillite
nest pasabstraite , a-t-il crit ce week-end dans le JDD . CQFD :mme
en cas dhypothtiqueaccord avec la Grce, et devictoire politique de
FranoisHollande, il faudra que laFrance mette lacclrateursur les
[email protected]
Quy avait-il derrire lamdiation de Hollande ?La fin de
laustrit,se rjouit la gauche ; dulaxisme, craint la droite.
Grgoire [email protected]
Le 14 Juillet de Franois Hollande ne sera nul autre pareil. La
crise grecque, dont lintensit dramati-que ne sest pas dmentie tout
au longduweek-end,amisleprsidentde la Rpublique en premire
ligneetseraleprincipalsujetdesoninter-vention prsidentielle la
tlvisionpour la Fte nationale. Elle risque doccuper 90 % de
linterview , pro-nostique un de ses conseillers.
Depuis la fin du mois de juin,Franois Hollande a pris son btonde
plerin pour convaincre lesautres pays de la zone euro de nepas
exclure la Grce et de sortir parle haut de cette crise majeure,
laplus grave depuis la naissance deleuro en 2002. Une position quil
atenue contre vents et mares,mme sil est apparu bien seul enface de
pays comme lAllemagne, laFinlande ou encore la Slovaquie,pour ne
citer queux. Au cours de lajournededimanche, leprsidentaenchan les
runions avec lesministres concerns et ses conseil-lers sur le
dossier grec.
Sur le plan intrieur, sa fermetpaie. Elle a t salue par
plusieursdirigeants de la gauche pourtant
peususpectsdadhrersansrserveau hollandisme. Mercredi dernier,
loccasion du dbat sur la GrceorganisparlAssemblenationale,les dputs
communistes ontapplaudi lintervention de ManuelValls,
fermementpartisandumain-tien de la Grce dans leuro. Lunionsacre de
la gauche autour de lacrise grecque a franchi une nou-velle tape ce
week-end. Il est desmoments o trs peu de personnestiennent dans
leurs mains un boutdhistoire. Aujourdhui, FranoisHollande est de
ceux-l , a dclarhier la dirigeante cologiste CcileDuflot, qui avait
violemment cla-qu la porte du gouvernementau printemps 2014. Mme
Jean-Luc Mlenchon a tu ses critiques,habituellement violentes,
contreFranois Hollande.
Pourlessocialistesfranais,Fran-ois Hollande nest pas loin
dtredevenu le sauveur de lEurope,quand, dans le mme temps,
lachancelire allemande, AngelaMerkel, est voue aux gmonies.
MadameMerkelvoustesirrespon-sable.Lhistoireneretiendraquevotregosme
national, votre dsir de puis-sance, votre soumission largent ,
adclar le dput frondeur PouriaAmirshahi sur Twitter. Enfin,
lejournal allemand Die Welt y estgalement all de son
compliment,estimant que Franois Hollande est devenu le nouvel homme
fort delEurope . Depuis le dbut, laFrance tient les deux bouts :
mainte-nirlaxefranco-allemandetfairedelapdagogie avec les Grecs ,
estimeune source proche de lexcutif.
Eviter un sautdans linconnu Pourleurpart,
lestnorsdeladroitefranaise ont continu critiquer
lagestiondudossiergrecparFranoisHollande. Dans les colonnes du JDD
, lancien Premier ministreFranoisFillonlaaccusdejouerun trouble jeu
: Rigoureux en com-pagnie dAngela Merkel, complaisanten coulisses
avec Alxis Tspras. Ilfaut que M. Hollande se ressaisisse
etreconstitue une unit avec la chance-lire allemande, Angela Merkel
, adclar pour sa part lancien prsi-dent Nicolas Sarkozy.
Quelle que soit lissue de la crise,Franois Hollande aura prouv
sadtermination pour maintenir lepays dans la zone euro et viter un
saut dans linconnu , comme ledit un de ses conseillers. Une
mobi-lisation qui lui permet aussi de
faireoublieruntempslesmauvaisrsul-tats conomiques. n
FranoisHollandefaitlunionsacregaucheLe prsident de la Rpubli-que
a mis tout son poidsdans la bataille pourconserver la Grce dansla
zone euro. Une tnacitsalue par sa majorit.
Avec le dossier de la crise grecque, Franois Hollande aura prouv
sa dtermination et sa tnacit.Photo Kenzo Tribouillard/AFP
les avantages fiscaux appliqusaux agriculteurs.
Letauxdelimptsurlesentre-prises sera quant lui relev de26 % 28
%, ce qui nest pas favo-rable aux investissements.
L e s d p e n s e s m i l i t a i r e sdevront tre rduites de
100 mil-lions deuros cette anne et de200 millions lan prochain.
Le systme des retraites devradgager des conomies perma-nentes
reprsentant entre 0,25 %et 0,5 % du PIB en 2015 et de 1 % partir de
2016. Pour y parvenir,le recours aux prretraites seradcourag et lge
de dpart laretraite 67 ans sera gnralis partir de 2022. Les
retraites com-plmentaires devront respecterla clause du zro dficit
. Enfin,la suppression de lallocationpour les petites pensions
(Ekas)sera effective dici la fin 2019.
Les privatisations serontmenes bien, Athnes sengage finaliser
toutes les procduresen cours, notamment celle
desaroportsrgionaux,desportsduPire et de Thessalonique et durseau
grec de transport dlectri-cit Admie, filiale de
lentreprisepubliquedlectricit (PPC).Mais,apparemment, aucun
engage-ment nest pris pour de futuresprivatisations.
Le gouvernement na appa-remmentpasrenoncfairerevi-vre les
conventions collectives supprimes durant les cinqannes de crise en
cooprationavec lOIT et lOCDE.
Un bref rpitCe plan ne peut quavoir un effetrcessif compte tenu
de limpactdes hausses dimpts prvues etde la rforme des retraites.
Lemoment est particulirementinappropri puisque
lconomiegrecqueestdjdprimeparcesderniers mois dinstabilit. Maisle
gouvernement a gagn un peudoxygne dans la mise en uvrede
sapolitiquebudgtaire. Lexc-dent primaire calcul hors paie-ment des
intrts de la dette estfix 1 % cette anne puis 2 %en 2016, 3 % en
2017 et 3,5 % en2018. Cest moins que ce qui taitprvu sous le
prcdent mmo-randum, qui exigeait un surplusde 3 % cette anne puis
de 4,5 % partir de 2016. Mais il est vraique ce rpit a t arrach au
prixde trois trimestres de rcession.Depuis la fin 2014, la crise
politi-que puis les lections ont peu peu cass llan de reprise
cons-tat au dbut 2014 et lactivit est nouveau dprime. C. C.
Le document listant les Actionsprioritaires que le gouver-nement
Tspras a finalementadoptes jeudi soir puis faitvoter par le
Parlement reprendpresque mot pour mot le plan descranciers,
massivement rejetpar les Grecs lors du rfrendumdu 5 juillet. Il
prvoit des cono-mies budgtaires denviron12 milliards deuros sur
deux ans au lieu de 8 milliards dans uneversion grecque antrieure.
Letexte prvoit aussi une srie derformes structurelles visant rendre
le systme fiscal plus ren-table, le systme de retraite
plussoutenable et lEtat plus efficace.
La TVA va tre augmenteimmdiatement et devra
rappor-terlquivalentde1 %duPIB,cest--dire 1,8 milliard deuros
chaqueanne. Le taux normal reste 23 % mais il inclut dsormais
laplupart des produits et des ser-vices, y compris les
restaurants(au lieu des 13 % actuels), le tauxrduit de 13 % tant
restreint leau, lalimentation de base,lnergie et les htels (6,5 %
jus-quici) et le taux super-rduit de 6 % sappliquant uniquementaux
produits pharmaceutiques,
auxlivresetauxbilletsdethtre.Les les, qui bnficiaient
duneTVArduite, vont perdreleur pri-vilge et seront soumises au
tauxnormal partir doctobre, aprsla saison touristique. La miseen
place sera progressive, encommenant par les les lesplus riches et
les plus touristi-ques, et stalera jusqu 2016.Les
leslesplusreculesneserontpas concernes.
La taxe sur les produits deluxe sera tendue aux bateauxde
plaisance de plus de 5 mtreset la taxe dj prleve sur letonnage
ralis par les arma-teurs sera releve. Les rgles fis-cales spciales
sur le transportmaritime seront supprimes.De mme que, dici la fin
2017,
Les privatisationsseront menes bien, Athnessengage
finalisertoutes les procduresen cours.
Hausse de la TVA et destaxes sur les plus riches,rforme des
retraites,le dtail des rformesacceptes par Athnes.
LeplanderformesacceptparlaGrceaurauneffetrcessif
La Grce horszone euro, cest
lEurope qui reculeet qui navance
plus, et celaje ne le veux pas.
FRANOIS HOLLANDE
Catherine [email protected]
A la question de savoir si Alxis Ts-pras restera dans lhistoire
commeun apparatchik inconscient ou ungnial stratge, il est encore
trop ttpour rpondre. Mais le revirementque le Premier ministre grec
issu dela gauche radicale a opr depuisjeudi en faveur du plan de
rformesdes cranciers du pays,
quelquesjoursaprsunrfrendumquiavaitrejet ce dernier plus de 60
%,montre quil est capable dautant desouplesse que dintransigeance
etde mpris pour la dmocratie quedun certain sens des
responsabili-ts : entre le risque de chaos et unmaintien douloureux
dans la zoneeuro, il a choisi la deuxime solu-
tion, au prix dun reniement de latotalitdesonprogrammelectoralet
quitte se mettre une bonne par-tie de son lectorat dos.
Maintenir le peuple en vie Aprs avoir fait tout ce qui
esthumainement possible , selon lui,pour convaincre les Europens et
leFonds montaire internationalquune nouvelle cure daustritserait
contre-productive pour laGrce et quil vaudrait mieux com-mencer par
allger le poids de ladette si lon veut relancer lcono-mie, il sest
rsign accepter unprojetdaccord trsloigndupactelectoral
desonpartiSyriza.Maisila assur devant le Parlement
grecvendredisoirquectait lemeilleurpossible ,appelantleslusunvote
de responsabilit nationale pour maintenir le peuple en vie .
Prenant au mot les Grecs qui onttoujours affirm vouloir rester
dansleuro, il a considr, au lendemaindu rfrendum du 5 juillet, que
leslecteurs ne lui avaient pas donn
un mandat de rupture avec lazone euro : Ils mont donn unmandat
pour renforcer la position dengociation du gouvernement pourun
accord soutenable conomique-ment et juste socialement. Ds
lelendemain de la victoire du non ,il staitassur
lesoutiendelensem-ble des partis dopposition pourrechercher un
compromis avec lescranciers du pays. Il a pu ainsi ral-lier un trs
large soutien au Parle-ment dans la nuit de vendredi
samedisurlespropositionsderfor-mes qui serviront de base de
ngo-ciations louverture ventuelledun troisimeplandaides.Endpitde la
dissidence dune quinzaine dedputs de Syriza dont la
prsi-denteduParlement,ZoeKonstanto-poulou, et de deux
ministres,Panaytis Lafaznis et DimtrisStratolis , le texte a t
approuvpar251voixsur300.Tsprasdisposedonc dune large majoritpour
fairevoter les mesures durgence que
lescranciersnemanquerontpasdexi-ger rapidement. n
TsprasrsigncooprerpourresterdanslazoneeuroAprs une
volte-facespectaculaire, le Premierministre grec se dit prt
accepter les sacrificesncessaires pour resterdans la zone euro.
Alxis Tspras a obtenu un trs large soutien du Parlement grecsur
les propositions de rformes. Photo Geert Vanden
Wijngaert/AP/Sipa
-
Les Echos Lundi 13 juillet 2015 VNEMENT // 05
LA LGENDE A GRANDI
LA NAVITIMER 46 mm
Jean-Philippe [email protected]
Francfort
Le scnario du pire tait toujoursprsentdimanche la findunweek-end
de divisions entre les dirigeantseuropens, impuissants
rsoudrelacrisegrecque.EtlesortdusystmebancairegrecestcelundidenouveauentrelesmainsdelaBanquecentraleeuropenne
(BCE). Celle-ci va runirlundi son Conseil des gouverneursavec la
question de plus en pluscontroverse en son sein du main-tien ou non
dun outil de perfusionfinancire distille depuis janvier.Elle
pourrait dcider tout
momentdefermerlerobineteurossilapers-pectivedun
nouveauplandaidesnese concrtisait pas.
Pour lheure, linstitution est enmode standby
,enayantplafonnlaide aux banques grecques depuisfin juin, la
rendant peine suffisantepour permettre aux
tablissementslocauxdegarder latte horsdeleau.Leur matelas de scurit
a fondu cesderniers jours comme neige ausoleil, malgr le contrle
des capi-taux et la limite journalire desretraits bancaires 60
euros.
Mais, avant de prendre une dci-sion irrversible, la BCE sait
quelle apour mission de garantir la
stabilitdusystmefinancierdelazoneeuro,en mme temps que celle des
prix. Illui faut donc veiller ce que les
ban-quescontinuentdejouerlapremireligne de dfense contre les
crisesfinancires, condition quellessoient solvables.
Seulement voil, laide
financiredelaBCEatoujourstprvuepourcolmater des manques
passagersdeliquidits,jamaispourbnficier des tablissements en tat
defaillite. La limite entre les deux nest
pas aise. Aussi, le dispositif daidetemporaire a t maintenu
depuisdes mois en attendant que les diri-geants politiques europens
soienten mesure de prendre une dcisionsur le dossier grec. La
population a,dans le mme temps, retir plus
de40milliardsdeurosdesbanquesdupays, conduisant la BCE relever
sans cesse le plafond de laide. Jus-qu bloquer le compteur 89
mil-liards deuros.
Lchance du 20 juillet Silyauneperspectivedaccordpoli-tique, a
change tout , disait diman-che une source bancaire. Restequen cas
de prolongation de laideaux banques, il faudrait que
lesmilieuxpolitiquesprennentlerelaispour garantir un financement
ad-quat, plaidait dernirement JensWeidmann, prsident de la
Bundes-bank.Ensachantquecelaniraitpassans laccord de lAllemagne
Pressdagir,Francfortestfocalissur le 20 juillet, quand Athnes
doitrembourser 4,2 milliards deurosdobligations achetes par la BCE
etles autres banques centrales
natio-nales.SilaGrcenapasrgllanote,car aucun crdit ne lui aura
taccord, alors la BCE coupera lesvivres aux banques grecques
etprendralaresponsabilitdepousserle pays en dehors de la zone euro.
n
La BCE doit juger des perspectives politiquespour dcider du sort
des banques grecquesLa Banque centraleeuropenne se retrouveencore
en premire lignepour viter le naufragedes banques.
La BCE va runir lundi son Conseil des gouverneurs pour
discuterdu maintien ou non du dispositif daide financire aux
banquesgrecques. Photo ECB/Robert Metsch
La BCE trouverales bonnes solutions
une condition,quelle ait devant
elle un cadrepolitique
suffisamment clairet crdible.
MICHEL SAPINMinistre franais des Finances
Ondoitpouvoirsuivrelamiseenuvredesrformes Propos recueillis
parVirginie [email protected]
Les tensions entre nationseuropennes peuvent tretrs vives, y
a-t-il un moyende grer les crises autrement ?Le Conseil europen est
une agglo-mrationdesouverainetsnationa-les qui peuvent prendre le
proces-sus en otage. La Slovaquie, parexemple, vient de menacer de
faireun rfrendum. La Finlande a aussiun Parlement trs actif. Cest
pour-quoiilfaudraitquelaccordsoitava-lis par le Parlement europen,
carcela permet ensuite aux dputsdaller expliquer leur vote
dansleurs pays. Il faut remettre du lienentre les Europens. Au lieu
de direque les Allemands sont contre lesGrecs et les Grecs contre
les Alle-mands,faisonsobserverquilyadesGrecs riches qui nont pas
pris leursresponsabilits. Et il y a des Alle-mands et des Franais
trs modes-tes dont la contribution va servir aider un pays dont les
nationauxaisssedsintressent.Ilnefautpasmonter les uns ou les autres
sur deslignesnationales.Cestabominable.
et a ne correspond pas au projeteuropen.
Mais ce vote au Parlementnest absolument pas requis ?En droit,
non, mais, dans lhistoire,les volutions sont souvent nesdvnements
majeurs. Le systmetelquilestaunefaille.Danslintrtde lEurogroupe, il
faudrait un avaleuropen : les dputs pourraientporter cet accord.
Les Grecs ont eule sentiment davoir t humilispar la troka, dautres,
comme lesAllemands, celui davoir t flous.Il y a en fait de bons
arguments desdeux cts. La dislocation ne serait
dans lintrt de personne, avec
desconsquencesfinanciresetgopo-litiques pour tous. Les Grecs ontt
peu coopratifs et mme assezagressifsenlanantunrfrendumsans attendre
la fin des discussions,tout en disant vouloir garder leuro.
Comment assurer la bonneexcution dun accordavec les Grecs ?La
Grce est un pays qui nous afait normment de promesses.Les Grecs
sont certes responsablesde leurs dcisions le dpart dela retraite
tel ge, la TVA telniveau , mais il faut que nous
puissions suivre la mise en uvredes rformes. On peut trs
bienimaginer un processus par lequelils rendent compte de ltat
davan-cement dun programme quand ilsreoivent de largent. Au lieu
davoirune tutelle technocratique avec desinstitutions comme la BCE
ou leFMI dont lexpertise est videm-ment requise par ailleurs , on
doitavoir un dbat transfrontire ettransparent.
De quelle faon ?Tous les deux ou trois mois, onpourrait
organiser une journedans la commission conomiqueet montaire au
Parlement euro-pen. On y recevrait un rapport
delacommission,delaBCEouduFMIsil le dsire. Cette session
publique,enprsencedugouvernementgrec,quialaparole,peutaidermesurerles
progrs, alerter sur les besoinsdassistance technique ou sur
lesretards ventuels. Et une ou deuxfois par an, il faudrait un dbat
enplnire pour faire le point. Il
fautpasserdunsystmetechnique,cen-tr sur la finance, un systme
pluslarge. Il faut arriver un contrlepar les pairs. n
Ham
ilton
/RA
INTERVIEWSYLVIE GOULARDDpute europenne, ADLE
sion europenne. Ces dernires doi-vent juger de lexistence dun
risquepour la stabilit financire de toute la zone euro ou pour
certains Etats membres. Dans leur conclusion surla demande grecque,
les deux insti-tutions prvoient que, sans aide immdiate, le systme
bancaire grec seffondrera, ce qui aura des effets trs nfastes non
seulement pour la Grce mais aussi pour nom-bre de pays voisins,
Bulgarie, Rou-manie, Chypre et mme Royaume-Uni. Elles ajoutent ne
pas pouvoir prjugerdeseffetssurlescomporte-ments des dtenteurs de
comptes bancaires dans dautres pays. Unefaillite non contrle du
systme ban-caire grec et de la Grce
commeemprunteurcreradesdoutessignifi-catifs sur lintgrit de la zone
euro ,concluent-elles en recommandant louverture dun nouveau
pro-gramme. Au grand dplaisir du gouvernement allemand et
dautresexcutifsdepaysdelazoneeuroquinont cess de rpter que le
risque decontagiondunGrexittaitlimit.En sus, en cas de risque de
dstabili-sation de la zone euro, les institu-tions peuvent demander
au MES desurseoirlargledelunanimitparun vote 85 % sur ladoption dun
nouveau programme. n
Anne [email protected] Bureau de Bruxelles
LeMcanismeeuropendestabilit(MES) a les moyens de lever
plu-sieurs milliards deuros sur les mar-chs pour les prter la Grce.
Cren fvrier 2012, ce fonds de secoursdispose dun capital de 80
milliardsdeuros, fournis par les Etats de lazone euro selon leur
clef de rparti-tion dans la Banque centrale euro-penne (BCE), et
dune capacit deprts de 500 milliards. Not
AAAparFitchetAa1parMoodys,lefondsa pour linstant dbours 41,3
mil-liardsdeurospouraiderlEspagnerecapitaliser ses banques et 5,7
mil-liards pour aider Chypre. Comme ledit son directeur, Klaus
Regling, leMES est un outil efficace de rsolu-tion des crises et
dispose encore de90 % de sa capacit de prts.
Pour ouvrir un nouveau pro-gramme daide, outre une requte du
pays, le MES doit obtenir un avisfavorabledelaBCEetdelaCommis-
Dot dune capacitdemprunts de 500 mil-liards, le fonds de
secoursnen a utilis que 10 %. LaBCE pousse son utilisation.
LeMESalargementlesmoyensdaiderlaGrce
-
France Stratgie se penchesur le compte personnel dactivitSOCIAL
Le compte personnel dactivit a t introduit par laloi sur la
modernisation du dialogue social, mais son contenureste encore
vague. France Stratgie a t charg de mener unerflexion sur le sujet.
Un rapport dtape est attendu dici lautomne 2015. Il devrait prciser
quels sont les droits porta-bles qui pourraient figurer dans ce
compte personnel dacti-vit. Par exemple, les droits rechargeables
lassurance-ch-mage, le compte personnel de formation, le compte
pnibilit,ou encore les droits une mutuelle de sant qui est
dsormaisobligatoire pour tous les salaris. Ce compte doit tre
opration-nel pour janvier 2017 et devrait permettre de faciliter la
mobilitprofessionnelle en scurisant les changements de poste.
en bref
leFMI,nemettentpaslaFrance labri, rappelant que la
repriseconomique, bien que relle,sappuie encore en grande par-tie
sur un environnementexterne favorable (faiblessedes prix du ptrole,
niveau deleuro et des taux dintrt,reprise dans les autres pays dela
zone euro). Elles ne suffisentpas pour inverser rapidementla courbe
du chmage. Selon leFonds, le nombre de personnessans emploi ne
devrait dimi-nuer que lentement , 9,9 %de la population active en
2016contre 10,2 % cette anne.
Le FMI conseillede rformer le SMICDette publique, baisse de
lacomptitivit et des marges demanuvre des entreprises,march du
travail rigide et obs-tacles la concurrence : denombreuses
faiblesses sontpingles par linstitution. Pourdiminuer la dpense
publique,il recommande, entre autres,daugmenter lge de dpart
laretraiteouderformerlesaidessocialesetlesystmedassuran-ce-maladie.Lalibralisationdumarch
doit aussi se poursui-vre. Surtout, la France devraitengager une
rforme degrande ampleur du march dutravail . Notamment en don-nant
plus de flexibilit auxaccords dentreprise, en
rfor-mantlesalaireminimumoulesallocations chmage. P. R.
Le gouvernement franais doit persvrer dans les rformes.Cest en
tout cas la recomman-dation que lui a faite, vendredi,dans un
rapport, le FMI. Au len-demain de la publication de sesprvisions de
croissance mon-diales, qui maintenait celle delHexagone 1,2 % pour
cetteanne, le Fonds montaire a encourag la France pour-suivre ses
efforts pour freiner ladpense publique, relancer lacration demplois
et supprimerlesobstacles lacroissance .Car les rigidits
structurelles conti-nuent de peser et pourraientmme miner , en cas
de chocextrieur ou de manquementdans lapplication des rformesen
cours, les perspectives decroissancemoyenterme
,aler-tentlesexpertsdelorganisation.
Lorganisation dirige parChristine Lagarde salue lesrformes
lances par le gouver-nement : le Cice et le pacte deresponsabilit,
qui ont rduitconsidrablement la fiscalit dutravail , les lois
Macron et Reb-samen. Mais ces dernires, juge
CONJONCTURE
Pour le Fondsmontaire interna-tional, les rformesmises en uvrene
mettent pasla France labri.
Rformes : le FMIappelle encore persvrer
EMPLOI
Ils sont serveurs, plagistes,
vendan-geurs,animateursLesunssontdestudiants se faisant de largent
depoche ou payant leurs tudes ; lesautres des actifs qui cherchent
untremplin vers lemploi stable ou enont fait un mode de vie : lt
marquele retour des saisonniers. Faute destatistiques publiques
prcises, il estimpossibledesavoirleurnombre.Leministre du Travail
voque une estimation de 1,3 million de tra-vailleurs saisonniers et
pluri-actifs.La CGT, elle, avance le chiffre de2 millions de
contrats saisonnierspar an et tire la sonnette dalarme. Leur nombre
a doubl en quelquesannes. Cela devient pour desemployeurs une faon
de ne pasembaucher en CDI, mais davoir unemultitude de saisonniers
quon peutvirercommeonveut.Cest limagedelemploienFrance
,dnoncesonlea-der, Philippe Martinez. On enretrouve dans des
activits dont lecaractre saisonnier est plus que dis-cutable, comme
la grande distribu-tion , pointe de son ct Ins Minin,secrtaire
nationale de la CFDT, qui,commeFOetlaCGT,sillonnelesrou-tes leur
rencontre (lire ci-contre).
LasouplesseduCDDsaisonnierad e f a i t d e q u o i s d u i r e l
e s
employeurs : il permet de ne pasfixer dchance prcise et,
contrai-rement au CDD classique, il nouvrepas de droit automatique
la primede prcarit (10 % du salaire acquis ;certaines branches la
versent) et nencessite pas de priode de carenceentre deux
embauches. Des tudesrgionalesdelInseemontrentaussique les
saisonniers, poste gal,sont moins pays que les salarispermanents.
Les patrons se rga-lent , dplore Philippe Martinez.
Non-respect des droitsAvec le chmage de masse, les
can-didatsnemanquentpaset lessyndi-cats salarment de
dsormaisretrouver parmi les saisonniers
des retraits et des chmeurs qui ytrouvent un pis-aller pour
sassurerun minimum de revenus , expliquela CFDT. Et aussi, avance
la CGT, des migrants, des sans-papiers, dessalaris qui travaillent
pendant leurscongs , sans oublier des salarisdtachs , notamment via
les agen-ces dintrim espagnoles. Cecontexte alimente des abus,
commele non-respect des droits (temps detravail, rmunration des
heuressupplmentaires, etc.) et le
travailsous-dclarouaunoir.Celasajouteaux difficults rcurrentes des
sai-sonnierspourseloger,sedplaceretse former (lire ci-dessous)
Les syndicats rclament unmeilleur encadrement de cette
forme demploi, via le versementsystmatique de la prime de
prca-rit, plus de contrles par linspec-tion du travail, des aides
au loge-ment et au transport et un accsfacilit laformation. Il
fautstruc-turer.Onnepeutpluspenserlemploisaisonnier comme une
simple varia-ble dajustement. La France est
unegrandedestinationtouristique.Avoirdessaisonniersformsetcomptentsest
un enjeu de comptitivit ,insiste Ins Minin.
Le ministre du Travail partageses enjeux . Interrog lAssem-ble
en fvrier, le ministre, FranoisRebsamen, avait affirm que
lasituation des saisonniers fait lobjetdune mobilisation des
services duministre sur leurs conditions de tra-vail et de vie ,
puis quil avait lancun groupe de travail interminist-riel devant
formuler des proposi-tions avant lt . Mais ce dernier,compos de
parlementaires issusde rgions touristiques, a pris duretard. Le
rapport sera rendu lautomne, puis discut avec les par-tenaires
sociaux, en vue darriver des solutions concrtes et opration-nelles
, promet la Rue de Grenelle.Paralllement, les branches
profes-sionnelles sont invites dvelop-per des accords sur lemploi
des sai-sonniers.Etcesdernierspatienterencore. D. P.
l Les syndicats dnoncent une hausse des abus lis au travail
saisonnier.l Un groupe de travail interministriel rendra ses
propositions lautomne.
Travail saisonnier : Rebsamenveut remettre de lordre
La priorit est de scuriser les parcours Propos recueillis
parDerek Perrotte
D pute socialiste de Savoie,Bernadette Laclais estmembre du
groupe de tra-vail interministriel sur lemploisaisonnier, qui
tiendra sa troisimerunion ce mercredi et prsenterases propositions
lautomne.
Le recours au travailsaisonnier explose-t-il ?Cest difficile
dire. Le travail sai-sonnier est un phnomne com-plexe, avec
plusieurs types de con-trats et une multitude de secteursconcerns,
et nous ne disposonspas des outils statistiques pour bienapprhender
son primtre rel.Cest la premire priorit : il faut sedoter doutils
de mesure et de suivi efficaces. Ce que lon sait, cest quecest un
public plutt jeune, avecbeaucoup de femmes, sur desmtiers peu
qualifis, pays auSMIC ou peine plus et avec parfoisdes horaires
atypiques. Ils cumu-lent toutes les caractristiques de
lemploi prcaire et de mauvaisequalit, auxquelles sajoutent
desdifficultsspcifiquesautravailsai-sonnier, comme laccs au
loge-ment et le transport. Tout celaimpacte aussi fortement leur
viesociale.
Quelles sont vos pistesde travail ?Laprioritestdetravailler
lascu-risation de leur parcours, notam-ment en leur facilitant
laccs laformation. Cest aussi dans lintrt
des employeurs pour amliorernotre comptitivit. Dans le tou-risme
par exemple, il faut dsor-mais des salaris parlant
plusieurslangues. Un autre chantier est celuide la reconduction
automatiquedes contrats, et des droits attachs,pour les saisonniers
revenant tou-jours travailler pour les
mmesemployeursauxmmespriodes.Ilfaut aussi rflchir une forme dedroit
au logement. Aujourdhui,certains ont la chance dtre logspar leur
employeur ou dtre de la
rgion, mais certains nont parfoisdautres choix que de dormir
dansleurvoiture.Toutescesproblmati-quessontconnuesdelonguedateetcertaines
branches ont fait de relsefforts,commecelledutourismedeplein air,
qui a un accord sur lareconduction des contrats. Desrgions aussi
travaillent sur cessujets.Jepensenotammentcequefont lAquitaine et
Paca en matirede formation. Mais normmentreste faire. Il faut que
les partenai-res sociaux se saisissent dsormaisdu sujet au niveau
national, via unengociation interprofessionnelle.
Faut-il rformer le CDDsaisonnier ?Commenons par bien mesurer
laralit du travail saisonnier et sonprimtre. Quels sont les
secteursconcerns, quelle chelle ?Ensuite, il faudra sans doute
repr-ciser et recadrer la dfinition juridi-que du travail
saisonnier, en sinter-rogeant les secteurs o il est
justifi,etdoncautoris,etceuxoilnapasde raison dtre utilis. n
Laur
entC
erin
o/R
A
INTERVIEWBERNADETTE LACLAISDpute socialiste de Savoie
Ils seraient environ 1,3 million de travailleurs saisonniers et
pluri-actifs, 2 millions selon la CGT. Les syndicats rclament un
meilleurencadrement de cette forme demploi, bien moins
contraignante quun CDD. Photo Mychele Daniau/AFP
CGT, CFDT et FO sur la route
Comme chaque anne, la CGT, la CFDT et FO profitent delt pour
aller au contact des saisonniers. Objectif : leurrappeler leurs
droits, quils ignorent souvent ; toucher unnouveau public, les
jeunes dont manquent les syndicats ;soigner son image en montrant
un visage plus festif.La CGT, en qute de nouveau souffle, met le
paquet, avecsix caravanes sillonnant 56 dpartements et un standavec
le Tour de France (comme FO). La CFDT mobilise100.000 euros pour
visiter 70 villes. On va eux pourleur montrer que les syndicats
sont utiles et accessibles ,indique la CFDT. Pour la CGT, cest
loccasion de montrerquon est sur le terrain, de crer des liens et
de syndiquer .
Baccalaurat 2015 : prs de neufcandidats sur dix ont
russiDUCATION Prs de neuf candidats sur dix au baccalaurat2015 ont
dcroch leur diplme, soit un taux de russite de87,8 %, presque gal
au record de la session prcdente. En 2014,le taux de russite quasi
dfinitif aprs les oraux de rattrapage,mais avant la session de
remplacement de septembre avaitatteint le niveau historique de 87,9
%. Cette stabilit masque desvolutions plus contrastes selon les
voies : le taux de russiteprogresse de 0,6 point pour le bac gnral
91,5 %, il estinchang pour le bac technologique 90,6 %, mais recule
de1,6 point pour le bac professionnel 80,3 %. Au total,617.900
candidats sont devenus bacheliers cette anne.
Fillon critique Hollande pour tenterde reprendre la
mainPOLITIQUE Dans une lettre ouverte au chef de lEtat,
paruedimanche dans le JDD , Franois Fillon critique svrementla
politique mene par Franois Hollande et lappelle dver-rouiller la
France . Votre parole est inaudible , crit-il au chefde lEtat, et
laction de votre gouvernement contresens desattentes de notre pays
. Il est insupportable de voir la Franceglisser hors de lhistoire
et perdre la matrise de son destin , pour-suit-il. Cette lettre
parat quelques jours peine aprs que le tri-bunal correctionnel de
Paris a relax Jean-Pierre Jouyet, secr-taire gnral de lElyse et
deux journalistes au Monde ,accuss de diffamation lencontre de
Franois Fillon.
06 // Lundi 13 juillet 2015 Les Echos
FRANCE
-
Les Echos Lundi 13 juillet 2015 FRANCE // 07
Les hpitaux de nouveau dficitairessuite des annulations de
crdits
Solveig [email protected]
Lespouvoirspublicsontmissciem-ment les hpitaux en dficit en2014.
La Fdration hospitalirede France na pas pris de gants, ven-dredi,
pour dnoncer via un com-muniqu les annulations de
crditshospitaliers de lanne dernire.
Comme chaque anne, pournourrir le dbat sur le budget de laScurit
sociale lautomne, laFdration a men une enqute surles finances des
tablissementspublics. Ce sondage portant sur93 % des hpitaux mais
extrapol 100 % montre que le dficit ducompte de rsultat principal
sestalourdi 398,4 millions deuros en2014, contre 312 millions
deuroslanneprcdente.Danscetindica-teur, on ne comptabilise pas
lesdpenses du secteur mdico-socialou bien les cessions de
patrimoineimmobilier, mais uniquement lesrecetteslies
lactivithospitalireelle-mme : remboursements delassurance-maladie
de base, descomplmentaires, et reste chargedes patients.
Or lanne dernire, le gouverne-ment a annul une somme trs pro-che
de cette perte, 430 millions
deuros de crdits. Quelque 250 mil-lions deuros ont t puiss dans
lesfondspourlessoinsdesuiteetder-ducation et la psychiatrie ; 180
mil-lions dans les missions dintrtgnral. Chaque anne, une partiedes
crdits est gele pour avoir unemargedemanuvreencasdedra-page des
dpenses. Mais en
2014,protestelaFHF,ilnyapaseudexcs.Toutjusteunesurconsommationde77
millions deuros sur la liste en
susofigurentlestraitementscoteuxquacquirent les hpitaux. Je
pen-saisquontermineraitlanne lqui-libre, voire en excdent , se
lamenteYves Gaubert, de la FHF.
Ponction de solidarit Cette anne, nous avons respectnotre
objectif dconomies, stonne-t-il, avec ces annulations, la
Scuritsociale a donc enregistr une recettenette, cest une premire.
Lobjectifde dpenses dassurance-maladie(Ondam) des hpitaux, vot par
le
Parlement, avait t brid + 2,29 %en 2014. Mais avec les 430
millionsponctionns, laugmentation na tque de 1,7 %. Sachant que les
dpen-ses hospitalires ont naturellementtendancecrotrede3,6
%paran,laFdration estime le montant totaldconomies ralises par les
hpi-taux prs de 1 milliard deuros .Au gouvernement, on salue cet
effort de productivit , et on justi-fie la ponction par la
solidarit .Lhpital a combl le trou cr dansles comptes de la Scurit
socialepar les nouveaux traitementscontre lhpatite C (imputs sur
lebudget des soins en ville).
Alors que le gouvernement vientde donner un tour de vis
suppl-mentaire lOndam global, en lervisant 1,75 % en 2016-2017,
leshpitaux sont inquiets pour
lave-nir.Leurdettenediminuepas,alorsquils subissent de
nouvellescontraintes budgtaires. Rsultat,en 2014 les
investissements ontencore chut, passant de 5,07 mil-liards deuros
4,38 milliards. Lemontant total des nouveauxemprunts avoisine 2,5
milliards,contre 3,3 milliards en 2013. Selonla FHF, la capacit
nette dautofi-nancementdescentreshospitaliersuniversitaires a chut
de plus de10 % l anne dernire . Ces tpourtant l que sinvente la
mde-cine du futur. n
l En 2014, lactivit hospitalire a perdu 398 millions.l Pour
faire des conomies, le gouvernement a dciddannuler 430 millions
deuros de crdits mis en rserve.
SANT
Marie-Caroline MissirCorrespondante Lyon
Cestuneinitiativerarequeviennentde prendre les mdecins des
Hospi-ces Civils de Lyon (HCL). Dans untexte commun, une trentaine
depraticiens dnoncent le projet debudget 2015-2017 du deuxime
cen-tre hospitalier universitaire (CHU)franais. Noussommes
laveillederetrouverunesituationfinancirequimet de nouveau en pril
lavenir desHCL, qui risque de bloquer les projetsdinnovation,
damoindrir lattracti-vit du CHU pour les jeunes profes-sionnels et
de dsesprer la commu-naut hospitalire , alertent-ils. Lesmdecins
avaient dj rejet le pro-jet de budget et refus de siger ausein de
la commission mdicale deltablissement fin juin. Les inqui-tudes se
concentrent sur les 40 mil-lions deuros dconomies par
andemands,ledoubledesannespr-cdentes. Le plan se traduit par
lasuppression de 129 postes, unerduction de lenveloppe ddie
auxactivits nouvelles 3,5 millionsdeuros, et la poursuite de la
rduc-tion des lits en chirurgie. Sy ajoute
une diminution des financementspublics de la recherche de lordre
de7,5 millions deuros pour 2015.
Runion prvue fin juillet Maisnousarrivonsunstadeolesconomies
demandes menacent laqualitdessoins ,
argumentelepro-fesseurOlivierClaris,prsidentdelacommission mdicale
dtablisse-ment. Pas question de stopper nosefforts, mais 40
millions, ce nest paspossible , salarme le
mdecin.Depuis2008,cesefforts,conjugusun investissement immobilier
de1 milliard deuros, ont permis deramener le dficit de 96
millionsdeuros 22 millions en 2014.
Deuxsitesonttferms,lachirurgieambu-latoire a t dveloppe et 1.000
postessupprims en six ans , dtaille Oli-vier Claris. LAgence
rgionale desant rappelle que le plan nationalde ralentissement de
la croissancedes dpenses de sant est fix 2,1 %en 2015, contre 2,4 %
les annes pr-cdentes. Les HCL ont dj consid-rablement restaur la
situation : ilfaut quils tiennent bon , ajoute ladirectrice gnrale,
Vronique Wal-lon. Nousnesommespasauborddela faillite, mais la
trajectoire est trsexigeante poursuit-elle. Une ru-nion est prvue
fin juillet. Nousallons regarder comment revoir cettetrajectoire :
il existe toujours des mar-ges de manuvre , promet-elle. n
A Lyon, les mdecinshospitaliers en rvolteLes praticiens des
HospicesCivils de Lyon refusentles 40 millions deurosdconomies par
andemands sur 2015-2017.
Les dputs veulent prter main-forte aux hpitaux, confronts
unedette de plus de 29 milliards deuros.La Mission dvaluation et
decontrle des lois de financement
delaScuritsocialevientderendreunrapport alarmant. Le taux
dendette-mentestprochede40
%desproduitsdactivit.Certes,ladetteatendancese rduire depuis. Mais
cela sexpli-que par la baisse des taux, et par lerecul de
linvestissement. Ainsi, lapart des dpenses dinvestissementdans les
produits des hpitaux estpasse de 10,9 % en 2009 7,6 % en2013. Les
dputs craignent pourlavenir. De nouveaux dfis apparais-sent :
chirurgie micro-invasive, hos-pitalisation domicile,
quipementscoteuxCelancessitedesinvestis-sements productifs qui
cotent cher.
Cependant, leshpitauxvonttrepris en tenaille entre des budgets
deplus en plus contenus, et une auto-nomie financire trs rduite.
Cha-que anne, 2,5 milliards deuros
surles3,5milliardsdgagspourlauto-financementpartentdanslamortis-sement
de la dette. Si ces
facteursperdurent,ilestprobablequeleshpi-tauxaurontdesdifficultssemoder-niser
et risquent de creuser leur dfi-cit, entrant dans une spirale
infernaledendettement , affirme la mission.
Les plans dinvestissement Hpi-tal 2007 et 2012, destins
rattraperle retard franais, ont eu pour effetde faire tripler la
dette de moyen etlong terme en dix ans. Ils ont
promulerecourslempruntbancaire,avecpeu de subventions. Et ils ont
favo-ris les projets immobiliers (95 %des dpenses lies au premier
plan),audtrimentdesquipementsetdessystmes dinformation. Rsultat,
lacapacit hospitalire a cr alors
queladuremoyennedesjourbaissait.Une erreur stratgique. Le
rseauhospitalier nest-il pas surabon-
dant ? interroge la mission, quiplaide pour une nouvelle
approche.
La tutelle et les tablissementshospitaliers ont donc mal
investi.Mais la responsabilit des banquesne peut tre lude, en
raison deleur marketing offensif des pro-duits structurs. Ainsi,
prs dunmilliard deuros de dette est consti-tu demprunts trs
toxiques, que lacharte de bonne conduite Giss-ler a bannis depuis
2010. Commeles banques ont reu des aidespubliques suite la crise de
2008, ilest juste quelles participent leurtour lassainissement de
la dettedes hpitaux, estime la mission.
Des alternatives lempruntElle propose donc de ngocier auniveau
interministriel un rgle-ment global pour diminuer, voireannuler, le
cot de sortie desempruntsstructursdespnalitspour rachat anticip
estimes 1,5 milliard deuros. Dautres mesu-
res sont en cours dadoption dans lecadre du projet de loi sant,
afindinterdire les emprunts en deviseset dimposer un cadre sur
lesemprunts taux variable.
Il faudraaussitrouverdesalterna-tiveslemprunt.Lamissionproposede
sinspirer du crdit-bail, puisquelobsolescence du matriel
biomdi-callourdestdeplusenplusrapide,etquil faut donc le renouveler
rapide-ment.Latarificationlactivit,quisetraduit par une variation
droutantedu budget des hpitaux, doit trerevue pour scuriser sur
trois anslinvestissement. Par ailleurs, lesAutorits rgionales de
Sant doi-vent tre associes aux dcisionsdemprunt des hpitaux, tout
enveillant ce quils consacrent aumoins 3 % de leur budget aux
inves-tissements de renouvellement. Lesfuturs groupements
hospitaliers deterritoiresdevronttreincitsgreren commun une partie
des trsore-ries et des dettes. S. G.
Les dputs sattaquent au poidsde la dette des tablissements de
santIls proposent de ngocierune baisse, voire uneannulation, des
indemnitsde remboursement anticipdes emprunts toxiques.
247MILLIONS DE DFICIT GLOBALLes excdents dus aux cessionset au
mdico-socialne compensent quen partiele dficit de lactivit
hospitalire.
LE 21 JUILLET, BRAZZAVILLE,LE MAGAZINE FORBES AFRIQUE ORGANISE
LE
LE RENDEZ-VOUS AFRICAINDES DCIDEURS INTERNATIONAUX
avec cette anne pour thme:
LA RVOLUTION NUMRIQUE :acclrateur de la croissance africaine
.
Une journe dchanges et de dbats pour :
comprendre lAfrique en mutation ;
rencontrer les acteurs de son dveloppement ;
saisir les opportunits dinvestissement.
Le forum sera retransmis en direct
sur le site forumforbesafrique.com
our :
pement ;
ent.
-
LGRE HAUSSEDE LINDUSTRIEEN ITALIELindice de la
productionindustrielle en Italie aaugment de 0,9 % endonnes CVS au
mois de maipar rapport au mois davril,a annonc vendredi
lIstat,linstitut italien desstatistiques.
RECUL DU DFICITCOMMERCIAL BRITANNIQUELe dficit
commercialbritannique a diminu en mai, 8,0 milliards de livres
sterlingcontre 9,84 milliards en avril,soit le montant le plus
basdepuis prs de deux ans,a annonc vendredi lOfficenational de la
statistique.Les exportations ont augmentde 0,1% en mai, par rapport
avril, et les importationsont diminu de 5,5%.
6,8 %DE CHMAGE AU CANADALe taux de chmage sestmaintenu 6,8% en
juinau Canada, pour le cinquimemois daffile, malgr la pertede 6.400
emplois, a indiquvendredi linstitut national dela statistique. Sur
un an,lemploi a progress de + 1,0point avec 176.100 postes.
enchiffres
Le prsident mexicain vient en Francerenforcer la coopration
conomique
La date avait t arrte lors de lavisite au Mexique de Franois
Hol-lande au printemps 2014.
EnriquePeaNietoeffectue,nonseulement,une visite dEtat en France
partirde lundi pour quatre jours mais enplus, privilge rare, le
prsidentmexicain sera prsent dans la tri-bune officielle lors du
dfil du14 Juillet. Le Mexique est, cetteanne, linvit dhonneur.
Cest une tape supplmentairedans le nouveau chapitre que laFrance
et le Mexique ont ouvertdepuis 2013, tournant ainsi dfiniti-vement
la page de la priode debrouille ne de laffaire FlorenceCassez. Pour
cette visite, EnriquePea Nieto vient accompagn dunedlgation dune
cinquantaine depatrons intervenant dans lnergie,la mode et le
design aussi bien quedans la sant. Tous secteurs confon-dus, une
soixantaine daccordsdevraient tre signs tandis quunforum conomique
doit clore Paris, jeudi, la visite. Entre-temps, leprsident
mexicain se sera rendu Marseille notamment chez
AirbusHelicopters.Larelationpolitiqueestrevenueaubeaufixeetpeutcapitali-ser
sur la bonne sant du Mexique.
Tir par la demande des
Etats-Unis,lepaysconnatunecroissancecontinue de ses exportations
(horsnergie) qui bnficie plus directe-ment llectronique et
lautomo-bile.Dsormaisquatrimeexporta-teur mondial de voitures,
leMexique concentre sur son sol
tou-teslesmarquesinternationalesatti-res par le march amricain.
Kia,le coren, vient de sinstaller dans lesillage de Fiat, BMW ou
encore Nis-san. Cette bonne sant conomiquedevrait se poursuivre
cette anneavec une hausse des exportationsestime de + 5 % puis de +
5,3 % en2016, selon les prvisions dEulerHermes.
Des rformes attenduespar les investisseursOutre la connexion
directe avec lemarch amricain, qui absorbeprs de 80 % de ses
exportations, cesuccs repose sur trois piliers dontla comptitivit
du march du tra-vail et aussi le nombre daccords delibre-change que
le pays a signs.Lessentielrevientpourtantautrainde rformes onze au
total que leprsident Pea Nieto a imposesds son arrive et qui ne
sont pastoutes encore entres en vigueurmais dont lesprit revient
faciliterlarrive dinvestisseurs trangers
dans certains secteurs. Les Mexi-cains vivent dans une conomie
demarch , explique ce bon connais-seur du pays. Depuis larrive de
lanouvelle quipe au pouvoir, lescots de llectricit et des
tlcom-munications ont t sensiblementrduits, lapprovisionnement
engaz a doubl et lintrt des tran-
gers sest affirm. Ainsi, le domainede lnergie va connatre un
tour-nant,mercredi,aveclouverturedeschamps mexicains. Une
opportu-nit et la fois un danger pourPemex, lentreprise dtat
tentacu-laire qui peut lgitimement appr-hender de voir dbarquer les
Shellet autres Exxon.
Si le Mexique est dsormais enposition de leader sur la zone,
cestaussi du fait des mauvaises perfor-mances de ses voisins, Brsil
en ttemais aussi Argentine et bien sr
Venezuela. Sur une longue priode,la performance du Mexique
najamais t exceptionnelle puisquedepuis 1996, la croissance est
enmoyenne de 2,7 %. Mme le traitde libre-change nord-amricain
afinalement eu peu deffet sur la crois-sance potentielle , relve
CrditAgricole dans une rcente note surles marchs mergents. Autant
direque limpact des rformes PeaNieto est lui, vraiment attendu,
lePIBpouvantaismentcrotrede4 %par an. M. G.
l Le Mexique est cette anne linvit dhonneur du dfildu 14 Juillet
Paris.l Une soixantaine daccords doivent tre annoncspendant la
visite dEnrique Pea Nieto.
AMRIQUE LATINE
mobile, de laronautique etlnergie solaire qui sont recher-chs.
En descendant vers le Gua-temala, les infrastructures, lepor-tuaire
ou lnergie olienne sontprivilgis. A la PME, qui ne sins-crit pas
dans le sillage dun grandgroupe pour aborder le
marchmexicain,lepatrondeProMexicovante la soixantaine
daccordscommerciauxsignsetbiensrlemarch de lAlna
(Etats-Unis,Canada). Le Mexique, cest uneplate-forme dexportation,
la portedentreverslAmriqueduNord. Et comme pour mieux montrer quel
point lconomie mexicaineest arrime aux Etats-Unis
nousexportonsunmilliondedollars laminute vers les Etats-Unis ,
seplat-il rappeler.
ProMexicoauneautremissionqui monte en puissance, celledutiliser
la France comme trem-plin vers le continent africain. Etl, le
chantier est quasimentvierge. Nous avons une offre sp-cifique,
notamment dans les mat-riaux de construction : le ciment, leverre,
les aciers ou encore la cra-mique. Et, en Afrique, il y a beau-coup
de choses faire. M. G.
Le Mexique exporte un
milliarddedollarsparjourdanslemonde.LaFrancenestcertespassadesti-nationprivilgie,sapartdanslesexportations
mexicaines ntantque de 0,35 % (donnes de 2013).Sil peut constituer
une portedentreverslUnioneuropenne,lHexagone savre surtout treun
march de niche, notammentdans lagroalimentaire, maisaussi la sant
et plus rcemmentles industries cratives.
Guillermo Garza Garcia sait dequoi il parle. Responsable
depuis2009, Paris, de Pro Mexico, il estcharg, par son
gouvernement,dassurerlapromotiondesexpor-tations mais aussi des
investisse-ments entre les deux pays. Silcherche sans cesse de
nouveauxdbouchs loffre mexicaine, iltente tout autant dattirer
lesinvestissements dans son pays. Eta, pour cela, des priorits :
lauto-mobile, laronautique, les tl-coms et le design. Quelque 21
des23 groupes industriels du CAC 40sont dj prsents au Mexique.
Siune grande entreprise veut y inves-tir, elle sadressera
directement auministre de lEconomie, cest uneopration qui se fera
sans moi ,explique-t-il, philosophe.
Tremplin vers lAfriqueA force de jouer les interfaces,Guillermo
Garza Garcia fait lemme constat. Il y a une mcon-naissance de part
et dautre , sou-ligne-t-il. Le Mexique, par exem-ple, naccueillera
pas les mmesinvestissements dans sa partienord et sa partie sud.
Prs de lafrontire avec les Etats-Unis, cesont surtout les secteurs
de lauto-
Pro Mexico est linterfacepour aider les fluxcommerciaux aussi
bienque les investissementscroiss.
Le Mexique exporte1 million de dollars laminute vers les
Etats-Unis
Lascuritetletourisme,nouvellesprioritsbilatrales Propos
recueillis parMichel De Grandi
Vous allez prsiderune nouvelle runiondu Conseil
stratgiquefranco-mexicain.Quelles sont vos priorits
?Nousallonsremettredansquelquesjours notre deuxime rapport. Ilfaut
bien voir que notre action sins-crit dans le temps, concerne tous
lessecteurs de lconomie la culture,de la science la politique. Cela
per-met au fur et mesure de nos ren-contres raison de deux fois
lan,dexplorer des pistes intressantespour nos deux pays et partir
de l,de dterminer de nouvelles priori-ts. A son niveau, le Conseil
stratgi-que agit comme un conseiller sur tous les sujets. Le
premier docu-ment, dvoil au printemps 2014,ciblait quatre domaines
stratgi-ques : laronautique, la sant,lnergie et lenvironnement.
Lescooprations dans ces domainestant dsormais bien avances,
etdevant aboutir lors de la visite desannonces concrtes, nous en
avonsdtermin de nouvelles comme lascurit ou le tourisme associ
lagastronomie.AuMexiquecetteder-nire activit emploie 3 millions
depersonnes et reprsente prs de10 % du PIB. En France, ce sont
2 millions demplois pour 7 % duPIB. En outre, 300.000
visiteursmexicains ont foul le sol franaisen 2013. Cela mrite que
des effortssoient faits. Sagissant du
tourisme,enFrance,certainshtelsdeluxeoude charme, restaurs au cours
desdernires dcennies, pourraientintresser des investisseurs
mexi-cains pour un financement demoyen ou de long terme. Il y a,
enFrance, des propritaires quiaujourdhui veulent passer la mainsans
savoir exactement quisadresser pour nouer une transac-tion. Cest
une piste. Dans le mmetemps, au Mexique, la monte
enpuissancedenouveauxconsomma-teurs impose de renforcer le
parchtelier, y compris dans lhtellerie
daffaires.Etjenoubliepaslagastro-nomie.Degrandschefstoilsrfl-chissent
louverture dtablisse-ments haut de gamme au Mexique.
Depuis le printemps 2014,quels projets concrets ont vuou vont
voir le jour ?Notrebutestderelancerlesrelationsbilatrales aprs les
tensions quenous connaissons tous. Sur le planconomique, nous
avons, par exem-ple, initi des partenariats dans ledomaine
nergtique. Nous atten-dons maintenant des annoncesconcrtes. En
matire dinvestisse-ments, un fonds a t cr pourfinancer des
entreprises dans laro-nautique et linnovation. Dautresdossiers sont
galement trs avan-
cs, comme la cration, Paris
surlesbordsdelaSeineduneMaisonduMexique ou lorganisation, en
2016,auGrandPalaisduneexpositionsurlart contemporain mexicain.
La scurit au Mexiquedemeure une question pose.Les investisseurs
potentielssen ouvrent-ils souvent vous ?Les entreprises franaises
connais-sent parfaitement ce problme, lesrgions rputes dangereuses,
lespratiques viter et bien entendules mesures prendre. Une
foisquelles matrisent cela, les probl-mes surviennent rarement.
Enrevanche, pour quelquun qui vientla premire fois, le Mexique
peutfairepeur,ilfautenconvenir.Toutlemonde garde en mmoire
laffairedes 43 tudiants assassins Igualail y a quelques mois.
Depuis llec-tion du prsident Pea Nieto, laFrance a contribu la
formationdune gendarmerie mexicaine. Lesautorits mexicaines ont t
extr-mement frappes par la faon
dontlesforcesdescuritfranaisessontintervenues rcemment, notam-ment
depuis les attentats de
janvier.Celalesincite,sansdoute,treplusvolontaires dans ce type de
coop-ration. Jajoute que la France a unevraieexpertise
fairepartagerdansles passeports biomtriques. n
DR
INTERVIEWPHILIPPE FAUREReprsentant spcialdu gouvernement
franaispour le Mexique
Le succs du Mexiquerepose sur un marchdu travail comptitif,ses
accordsde libre-changeet sa connexionavec les Etats-Unis. Le
prsident mexicain, Enrique Pea Nieto, en visite dEtat en France,
sera prsent dans la tribune
officielle lors du dfil du 14 Juillet. Photo Susana
Gonzalez/Bloomberg
08 // Lundi 13 juillet 2015 Les Echos
MONDE
-
Arrtonsdedire quelEuropevaseffondrer causedelaGrce. On voitbien
qui profitecette rhtorique de fin du monde. La vritest que, si
lesngociationsavecAthnes sesont tires aussi longtemps,
cestparcequedes gouvernements europens responsablesdevant leur
opinionpublique ontcherchobtenir desassurancesdesrieux de la
partdun gouvernement grec peu dignedeconfiance. Etait-ce illgitime
? Etait-ce fairepreuve dintransigeance ?
Quelqueschiffres, ici,mritent dtrerappels. Aprs avoir apport
plus de250 milliards deuros laGrce depuis 2010et abandonn plusde100
milliards deurosde crances, lEuropeveutsassurer
quenchangede80milliards deuros de plus, lesGrecsferont bienles 12
milliardsdeurosdconomies quils promettent. Ce nest pasen posant la
question de confianceauxGrecsque lonrisquait la ruine de
lEurope.Cest au contraire en vitantdelaposer,sousprtexteque le
leader grec joue la zoneeuro la rouletterusse.
Depuis le dbut, legouvernement Tspras, pourfendeur dune
Europenolibrale quilexcre et quil rve detransformer,ngocie avecune
grenade dgoupille lamain, estimantdunepartque la dettedont il
ahriteest illgitime et dautre partqueBruxelles, la BCEet leFMI
luiont impos une cure daustrit
quiplongelepaysdanslespiresdifficults. Soutenu par les extrmes,
ilbnficie dune incroyable complaisance allant bien au-delde
sessulfureux appuis : lopprime,cest laGrce.Sonchantage auchaosest
grossier,mais il fonctionneauprs dunepartie de lopinioncontamine
par les prjugs : loppresseur,cest lAllemagne
Il faut vite sortir de ce discours binaire dans lequel Tspras
atent denfermer le dbat et de piger lEurope. Celle-ci ne serasolide
que si ses Etats membres et ses peuples se font confiance,pas sils
ont limpression de subir un chantage permanent. Siquelquun sape
lesprit europen depuis des mois, cest bien AlxisTspras. Il dit
vouloir rester dans leuro mais nen accepte pas lesrgles. Pis, il
les combat, en rfute le bien-fond, y voit latraduction montaire dun
ordre capitaliste contre lequel il achoisi de lutter. Et cest
seulement dos au mur, alors que largent vamanquer pour verser les
prochains salaires des fonctionnaires,quil promet les rformes
jusquici combattues. Ne fait-il quegagner du temps ou est-il sincre
? On ne peut en vouloir sespartenaires, eux qui essuient les
insultes de ses ministres, de strepos la question. On ne peut leur
en vouloir davoir des doutes lgard dun gouvernement qui promet de
mettre en uvre unprogramme pitinant la volont populaire exprime le
5 juillet.Ces doutes assombriront longtemps les relations de la
Grce avecle reste de lEurope.
(Lire nos informationsPages 2 5
LDITORIALDES CHOS
Questiondeconfiance
Pourfendeurdune Europenolibralequil excre,Tsprasngocieavec
unegrenadedgoupille.
Par NicolasBarr
DANS LA PRESSE TRANGRE
tude de luniversit de Chicagoauprs de jeunes Blancs, 31 %dentre
eux pensent que lesNoirs sont plus paresseux queles Blancs et 23 %
pensent quilssont moins intelligents.
Chez les jeunes, nombreuxsont ceux qui pensent
quigno-rerlacouleurdepeaudesautresest une preuve de leur
progres-sisme, souligne le magazine. Ce
qui peutrendre plusdifficile lap r i s e d econscience
que les Etats-Unis connaissent
defortesingalitsracialesetquecel-les-ci progressent , affirme le
Time .
Le magazine rappelle que lesm n a g e s b l a n c s s o n t e
nmoyenne 13 fois plus riches queles Noirs. La jeune gnrationne peut
pas se permettre defaire limpasse sur ces ques-tions raciales : En
2014, lamajorit des enfants de moins de5ansnestpasblanche
etdici2043, les Blancs seront enminorit aux Etats-Unis. L. D.
Retirer le drapeau des Etatsconfdrs du Parlement deCaroline du
Sud, comme il en at dcid aprs la tuerie deCharleston, ne suffira
pas faire changer les ingalits et leracisme dont sont encore
victi-mes les minorits raciales auxEtats-Unis. Les Amricains,
enparticulier les jeunes, ontbesoin douvrir les yeux. Lej u g e m e
n tde TimeMagazine e s t s a n squivoque.
La gnration Y a certesappris lcole lhistoire descombats pour la
dsgrgationraciale.Ellea,certes,vcullec-tion de Barack Obama,
lepremier prsident noir. Mais,estime le Time , elle doitencore
prendre conscience queles ingalits raciales et leracisme nont pas
disparu. Orlide selon laquelle le racismeestunproblmequi
seraforc-ment rsolu, voire mme qui lestdj , est rpandue.
Pourtant,le racisme a encore besoindtre combattu. Selon une
LAmrique na toujours pas tourn la pagedes ingalits raciales
LE POINTDE VUE
de Bernard BellocEnseignementsuprieur
:unsecrtairedEtatnefaitpasleprintemps
universitaire.Sonpointdevuersumeparfaitement deux points de
blocagemajeurs. Tout dabord, elle sinterrogesur la capacit dun Etat
centralis donner davantage dautonomie sesuniversits. Mais pour
notre collgue,seules les universits de recherche ontrellement
besoin dune trs grandeautonomie. Cette considrationpourrait nous
permettre davancer, enidentifiant durgence quelques tablis-sements,
ou ventuellement regrou-pements dtablissements, dans lamesure o ils
peuvent avoir un sens,qui pourraient jouer le rle de ces
uni-versits de recherche. Celles-ci rep-res, et dotes de statuts
spcifiques,les autres nen souffriraient pas, car lesobjectifs de
toutes seraient ainsi gran-dement clari f is et les moyensseraient
bien mieux utiliss.
Notre collgue fait aussi observer lerle essentiel que joue aux
Etats-Unisla concurrence entre universits derecherche prives et
universitspubliques. L, ne rvons pas, il serapour le moins
difficile de seulementouvrir un dbat en France sur la pr-sence
duniversits prives dans lepaysage. Mais gardons au moins lemot
concurrence. La loi Macron nousmontre que ce mot a encore un
senspour la partie la plus lucide delactuelle majorit. Pourquoi
serait-ilun gros mot dans le secteur de lensei-gnement suprieur
?
Bernard Belloc est prsidenthonoraire de luniversitde Toulouse-I
Capitole.
l on veut rellement donner lesmmes chances tous dobtenir
undiplme ou encore des ressourcesfinancires des universits,
pourlesquelles rien nest tranch : pasdaugmentation des droits de
scola-rit, mais pas daugmentation nonplus du budget de lEtat pour
lensei-gnement suprieur et la recherche. Etnous passerons sur la
ncessairediversification des universits etlidentification de
quelques univer-sits de recherche, alors que cettediversification
existe dans tous lespays, y compris la Chine. Un calmeplat rgne
donc sur des sujets dont onpeut douter quils seront abords
plustard, en pleine rentre universitaire.
La question est-elle politique etserait-elle marque par le
clivagegauche -droi te ? Mme pas : lesilence est complet, sur tout
lhori-zon politique franais. Alors que laloi Macron ouvre un peu la
portedune vision plus moderne de lco-nomie et du rle du march, rien
deneuf en ce qui concerne la formationsuprieure et la recherche.
Circulez,tout a t fait, tout a t dit sur lesuniversits !
Fort heureusement une collgue deStanford, Caroline Hoxby, a
rcem-m e n t ex p r i m u n p o i n t d e v u eparticulirement
pertinent sur lesrformes universitaires franaises,lors des 15e
Rencontres conomiquesdAix-en-Provence. Avec une luciditabsolument
parfaite, elle exprime sesdoutes quant la possibilit decontinuer en
France la rforme
L a nomination de Thierry Man-don au secrtariat dEtat
lEnseignement suprieur et la Recherche met fin de longs
moisdatermoiements concernant cesecteur, dit prioritaire pour
legouvernement. Cre-t-elle pourautant une dynamique de moyens
?Personne ne se fait plus dillusion surce point. Une dynamique de
projets,alors ? Malheureusement, je crainsque l aussi, on ne puisse
se fairebeaucoup dillusions. Quelquesparoles convenues, quelques
pti-tions de principe, mais surtout nefcher personne, ne pas crer
dansl e nv i r o n n e m e n t p o l i t i q u e d ugouvernement un
nouveau chantierdangereux, alors mme que ThierryMandon, dans ses
fonctions prc-dentes, avait montr quil faisaitpartie du club hlas
trop ferm desrformateurs socialistes.
Il faut continuer rformer, affir-ment et raffirment les chefs
delexcutif. Fort bien, mais cela ne vautsans doute pas pour
lenseignementsuprieur et la recherche, secteurs quetous les autres
pays, sans exception,considrent comme essentiels pourleur
avenir.
Les rapports continuent de saccu-muler. Quils viennent de
thinktanks orients gauche ou se rcla-mant dune orientation librale
oumme de lInspection gnrale delEducation nationale et de la
recher-che, qui tous clairent les mmespistes, quil sagisse de
lorientationslective des tudiants, ncessaire si
Les chefs de lexcutif affirment et raffirment quil faut
continuer rformer. Mais cela ne vaut visiblement pas pour
lenseignementsuprieur et la recherche, secteurs que tous les autres
pays,sans exception, considrent comme essentiels pour leur
avenir.
Le Point de vue Construire un monde zro carboneet zro
pauvret
Art et culture Etourdissante Fte de la musique Montpellier
Entretien Gnral Didier Castres,sous-chef dtat-major
Oprations
Ils ont rvolutionnnos assiettes
Le Guide Michelin, institution culinaire
Patron de pre en fils Les fils Nicollin prparent la relve
SOMMAIRE
Alors que la loiMacron ouvreun peu la portedune visionplus
modernede lconomieet du rle dumarch, riende neuf en cequi
concernela formationsuprieureet la recherche.
Il sera difficile douvrir un dbat en France sur la prsence
duniversits prives dans le paysage. Photo Jean-Michel Andr/RA
Les Echos Lundi 13 juillet 2015 // 09
ides&dbats
-
10 // IDEES & DEBATS Lundi 13 juillet 2015 Les Echos
art&culture
Etourdissante Ftede la musique MontpellierPhilippe Venturini
Sil fallait dfinir la notionde festival, il faudrait pren-dre
pour exemple RadioFrance-Montpellier. Endeux semaines et demie,
laville et la rgion Langue-doc-Roussillon proposenten effet 200
rendez-vous,dont 175 en accs libre susceptibles de satis-faire
toutes les curiosits musicales, durpertoire classique au jazz en
passant parles musiques du monde.
Pour sa 30e dition, la manifestation,inaugure jeudi dernier,
additionne les v-nements comme ce marathon pianistiqueconu par
Philippe Cassard et qui a mencinq pianistes parcourir une centaine
deprludes, de Bach Chostakovitch et quel-que quatre-vingts fugues,
durant toute lajournedusamedi11juillet.Lesdimanche12et
lundi13sontconsacrs lanniversairedufestival dans toute la rgion
Perpignan,Castelnaudary, Als, Aigues-Mortes, Lozreet, bien sr,
Montpellier.
Fidle son esprit, le festival imagine desthmatiques originales
comme cette jour-ne Love Story , le mardi 14, qui fait se croiser
les sonorits orientales du formida-ble Trio Chemirani avec celles
du Japon (biwa),lescordesdeJanekaveclavoixetleluth du premier
baroque italien (Caccini, Monteverdi, Strozzi) et lAmrique
deBernstein et de David Chalmin (duo de
piano des surs Labqueavec percussion et guitarelectrique).
Entre dcouverteset rpertoireLa dcouverte demeureune des priorits
du festivalqui invite ainsi des lauratsde concours internatio-
naux et des artistes de la gnration 1985 (leclaveciniste
Benjamin Alard, par exemple)et fait dcouvrir des compositeurs du
Lan-guedoc-Roussillon (Sverac, Lacombe,Paladilhe, Mantovani), des
duos accor-don-violoncelle, des musiques
lectroni-ques(Tohu-Bohude19h0022h00),brsi-lienne et
napolitaine.
Le grand rpertoire nest pour autant pasoubli, reprsent par
lintgrale des con-certos pour piano de Beethoven avec
Fran-ois-Frdric Guy, la Symphonie n9 dumme confie lexcellent chef
autrichienChristianArmingetunepliadedebrillantspianistes (Alexander
Paley, Louis Schwiz-gebel, Paloma Kouider, Boris Berezovsky,Piotr
Anderszewski).
Lescurieuxneraterontpaslessoireslyri-ques. Ils pourront ainsi
couter le rarissime Fantasio dOffenbach restitu grce
Jean-ChristopheKeck,spcialisteducompo-siteur (18 juillet), et La
Jacquerie , recra-tion dun opra oubli de Lalo, prsent
encoproduction avec le Palazzetto Bru Zane (le24 juillet). Mieux
quun festival, un festin. n
De nombreux concerts se drouleront au Corum, une salle de
spectacle polyvalentecapable daccueillir des opras. Photo Luc
Jennepin
MUSIQUE CLASSIQUEFestival de Radio Franceet
MontpellierLanguedoc-Roussillonjusquau 25
juillet.www.festivalradiofrancemontpellier.com04 67 02 02 01
LE POINTDE VUE
dAnnick Girardin
Construire un monde zro carboneet zro pauvret
I
lyaunan,lapremireloidelaRpu-bliquesurlapolitiquededveloppe-ment et
de solidarit internationaletaitadopte,etcelundisouvreAddis-Abeba la
confrence des Nations uniessur le financement du
dveloppement.Derrire ces deux dates, la qute dunerponse deux
questions troitementlies : quel monde voulons-nous dansquinze ans ?
Quels moyens mobiliserpour y parvenir ?
Chaque jour, des dfis pressantssimposent sur nos crans : les
canicu-les et les typhons toujours plus fr-quents, les migrants qui
risquent toutpour une vie meilleure, la rvolte faceaux
ateliers-poubelle du Rana Plaza, lapanique suscite par
lirruptiondEbola Face ces situations, nous nepouvons pas attendre
quune maininvisible vienne spontanment lestraiter. Nous devons tous
nous mobili-ser, cest laffaire de chacun. Et nous ne pouvons plus
penser laction collectivecomme il y a quinze ans, travers unegrille
de lecture Nord-Sud . Lesenjeux sont si universels quils
nousobligent nous projeter collectivementdans la construction dun
monde dura-ble, sous peine de voir des annesdefforts de
dveloppement balays parle drglement climatique. Le
nouvelcosystmeconstruiredoitassocier laprservation de la plante une
cono-mie qui soit profitable tous unmonde zro carbone, zro pauvret
.
Cela nous mne la question desmoyens, qui sera centrale
Addis-Abeba. Laide publique au dveloppe-
ment a t, depuis les indpendances,linstrument de la convergence
cono-miqueentreleNordetleSud.Cenepeutplus tre le seul. Tous les
acteurspublics, Etats et collectivits, les inves-tisseurs et les
ONG ont un rle nouveau jouer. Cela ne signifie pas quil faille
sedsengager. Au contraire, laide publi-que au dveloppement est
essentiellepour les plus vulnrables, pour mobili-ser, pour fixer
des rgles. Cest pourquoila France, avec lUnion Europenne,rappellera
Addis-Abeba son engage-ment dy consacrer 0,7 % de son
revenudici2030,avecuneconcentrationplusforte vers les pays les plus
vulnrables.
La France est aux avant-postes decette transformation. Avec prs
de8 milliards deuros daide en 2014, ellereste le 4e donateur
mondial et assumeses responsabilits sur le climat, au