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Résumé Les méthodes quantitatives d’analyse spatiale appliquées à l’échelle du site ont été encore très peu utilisées sur des données du Néolithique dans le Bassin parisien. Pourtant, les données sont désormais disponibles pour réaliser des études de cas pertinentes à visée palethnographique. Les différentes démarches d’analyse et de modélisation spatiale déjà réalisées sont présentées et criti- quées : modélisation à l’échelle de la structure, juxtaposition de structures, reconstitution des aires d’activité, modélisation globale. Enfin, une étude de cas inédite est développée sur les données publiées du site de Poses « Sur la Mare » (Eure). Cette analyse met en évidence des facteurs de variabilité chronologiques et spatiaux. Abstract Quantitative methods of spatial analysis applied at the level of individual sites are still only rarely used to study the Neolithic of the Paris Basin. Nevertheless, relevant data are available to enable us to carry out palaeo-ethnographic case studies. A critical review is offered of the various analytical approaches and models that have already been used: modelling at the scale of individual structures, juxtaposition of structures, reconstruction of activity areas and global modelling. Finally, a new case study is offered, using published information about the site of Poses “Sur la Mare”(Eure). This analysis highlights the chronological and spatial variables that are involved. L’ANALYSE SPATIALE INTRASITE APPLIQUÉE AUX SITES NÉOLITHIQUES DU BASSIN PARISIEN : DE LA STRUCTURE ARCHÉOLOGIQUE À LANALYSE GLOBALE FRANÇOIS GILIGNY* * Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR Trajectoires, 21 allée de l’Université F-92023 NANTERRE cedex. [email protected] 445 Arbogast (R.-M.) et Greffier-Richard (A.) dir. Entre archéologie et écologie, une Préhistoire de tous les milieux. Mélanges offerts à Pierre Pétrequin. Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2014, 526 p. (Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté, 928 ; série « Environnement, sociétés et archéologie », 18).
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"L’analyse spatiale intrasite appliquée aux sites néolithiques du Bassin parisien : de la structure archéologique à l’analyse globale"

Mar 03, 2023

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Résumé

Les méthodes quantitatives d’analyse spatiale appliquées à l’échelle du site ont été encore très peu utilisées sur des données du Néolithique dans le Bassin parisien. Pourtant, les données sont désormais disponibles pour réaliser des études de cas pertinentes à visée palethnographique. Les différentes démarches d’analyse et de modélisation spatiale déjà réalisées sont présentées et criti-quées : modélisation à l’échelle de la structure, juxtaposition de structures, reconstitution des aires d’activité, modélisation globale. Enfin, une étude de cas inédite est développée sur les données publiées du site de Poses « Sur la Mare » (Eure). Cette analyse met en évidence des facteurs de variabilité chronologiques et spatiaux.

Abstract

Quantitative methods of spatial analysis applied at the level of individual sites are still only rarely used to study the Neolithic of the Paris Basin. Nevertheless, relevant data are available to enable us to carry out palaeo-ethnographic case studies. A critical review is offered of the various analytical approaches and models that have already been used: modelling at the scale of individual structures, juxtaposition of structures, reconstruction of activity areas and global modelling. Finally, a new case study is offered, using published information about the site of Poses “Sur la Mare”(Eure). This analysis highlights the chronological and spatial variables that are involved.

L’anaLyse spatiaLe intrasite appLiquée aux sites néoLithiques du Bassin parisien : de La structure archéoLogique à L’anaLyse gLoBaLe

François giLigny*

* Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR Trajectoires, 21 allée de l’Université F-92023 NANTERRE cedex. [email protected]

445

Arbogast (R.-M.) et Greffier-Richard (A.) dir. Entre archéologie et écologie, une Préhistoire de tous les milieux. Mélanges offerts à Pierre Pétrequin. Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2014, 526 p.

(Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté, 928 ; série « Environnement, sociétés et archéologie », 18).

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Entre archéologie et écologie, une Préhistoire de tous les milieux. Mélanges offerts à Pierre Pétrequin

1. de La cartographie aux traitements quantitatiFs : exempLes d’anaLyse spatiaLe dans Le néoLithique du Bassin parisien

Les analyses spatiales à l’échelle intrasite tiennent une place particulièrement importante dans l’étude des occupations pré et protohistoriques.Depuis la paléoethnologie d’André Leroi-�ou-éoethnologie d’André Leroi-�ou-rhan, nous percevons l’espace, celui de l’habitat ou l’espace funéraire, comme socialisé et tout espace anthropisé comme porteur de sens social. On peut citer l’étude de l’hypogée des Mournouards comme exemple fondateur de cette démarche (L�������������������han et al. 1962). Dans cet esprit, un certain nombre d’études de cas traitant de sites néolithiques ont permis d’appréhender l’espace funéraire, comme l’espace domestique ou l’espace artisanal.

L’introduction des méthodes quantitatives de l’ana-’introduction des méthodes quantitatives de l’ana-lyse spatiale intrasite dans les années soixante-dix a permis de mettre à la disposition des archéolo-gues des outils, plus ou moins performants, afin de révéler les structures spatiales (h�dd�� et ��t�n 1976 ; h��taLa et La�s�n 1984 ; BLankh�Lm 1991 ; k��Ll et P��c� 1991 ; dj�ndj�an 1991, 1997, 1999). Une fois ces structures mises en évidence, il reste bien sûr à reconstituer les phénomènes ayant généré les distributions spatiales et surtout à discriminer les phénomènes anthropiques des phénomènes naturels de conservation différentielle ou post-dépositionnels. Le processus de travail est résumé comme suit par F. Djindjian (1997, p. 13) : — détermination de l’influence des processus post- dépositionnels ;— sélection des catégories de vestiges susceptibles de révéler les structures des phénomènes écono-miques et sociaux ;— analyse spatiale avec des méthodes appro-éthodes appro-priées ;— interprétation des structures obtenues en ter-étation des structures obtenues en ter-mes palethnologiques.

Peu d’analyses spatiales intrasites d’habitats néoli-’analyses spatiales intrasites d’habitats néoli-thiques ont mis à contribution des méthodes quan-titatives dans le Bassin parisien comme on a pu le réaliser sur des sites lacustres par exemple (��L���L���ny 2008). Un bref panorama des méthodes utili-éthodes utili-sées amène à constater que dans la plupart des cas, il s’agit seulement de cartographies quantitatives et de calculs de fréquences de mobilier par caté-gorie dans lesquelles la structure archéologique et son organisation interne priment.

1.1. Modéliser à l’échelle de la structureL’analyse spatiale menée à l’échelle de la structure archéologique amène souvent à établir un modèle de structuration de l’espace par rapport à celle-ci. Deux exemples emblématiques seront pris dans le Néolithique du Bassin parisien : une maison du Néolithique ancien et une sépulture collective du Néolithique récent/final.Le modèle de la maison rubanée est sans conteste un des modèles de structuration de l’espace les plus célèbres du Néolithique européen (s��dsky 1969, c��da�t 1998). En effet, la maison rubanée est structurée du point de vue de son espace interne dans son axe longitudinal entre différentes parties (avant, centrale, arrière) séparées par des couloirs. Elle est également structurée du point de vue de ses espaces externes, dont les fosses latérales dites « de construction » utilisées pour l’extraction de limon, probablement à la fabrication du torchis, puis comme dépotoir. La régularité, constatée de manière récurrente, de la distribution du mobi-lier dans ces fosses latérales a permis de propo-ser des hypothèses d’interprétation sur les ouver-tures latérales (chata��n�� et PLat�a�x 1986, �L�tt et al. 1982, �L�tt et al. 1986, s�m�n�n 1996, B�styn et al. 2003). Les traitements cartographiques réalisés consistent en une projection planigraphique des quantités cumulées relevées dans les fosses en représentant les quantités par des cercles propor-tionnels par mètre carré ou en courbes d’isodensité (fig. 1). Un autre mode de représentation consiste en une projection sur un axe longitudinal le long des deux parois (fig. 2).Un autre exemple concerne les structures funéraires (s�hn 2002, 2006, 2008). Cet auteur reprend une discrimination proposée par A. Leroi-�ourhan sur le caractère collectif ou individuel du mobilier funéraire des sépultures collectives du Bassin parisien. Elle met en évidence une struc-turation spatiale du mobilier collectif en fonction des zones des allées sépulcrales (depuis l’extérieur vers l’intérieur : vestibule, seuil, antichambre, chambre sépulcrale). Elle constate que la situation n’est pas univoque et ne correspond pas à la parti-tion antichambre-chambre sépulcrale. Le mobilier à tendance individuelle se localise surtout dans la couche sépulcrale et correspond plutôt à de l’équi-pement personnel (outils en pierre ou en os, parure, objets en métal). Le mobilier collectif est plutôt réparti dans une zone réservée : vestibule, seuil d’entrée ou plus près des inhumés. La céramique du Néolithique récent, les haches en pierre et les gaines à perforation transversale sont essentielle-ment collectives, la hache ayant une forte associa-tion avec les seuils et dans les zones de passage

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F��. 1. Projection planigraphique des quantités cumulées relevées dans les fosses de maisons rubanées. Maison 1 et 2 d’Échilleuses, quantité totale d’objets en nombre par dixième de m3 (sans le torchis). (Simonin 1996, fig. 39)

F��. 2. Projection des quantités de rejets céramiques et lithiques selon l’axe longitudinal le long des parois nord et sud de la maison 70 de Poses. (BoStyn et al. 2003, fig. 62 et 215)

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entre cellules d’inhumation ou entre antichambre et chambre. En outre, d’autres objets constituent des dépôts collectifs : armature tranchante, lame, poinçon, gaine et éclats. L’analyse spatiale propo-sée ici cherche à mettre en évidence les caractères récurrents à partir des relevés et plans. Le travail quantitatif est réalisé globalement sur le corpus par des calculs de fréquence et est visualisé sous forme schématique (fig. 3).Le recours aux systèmes d’information géogra-èmes d’information géogra-phiques reste exceptionnel dans l’analyse des sépultures collectives (���LL�t et ��y 1996). Dans la plupart des cas, ce sont de simples cartes de

répartition ou plans d’associations et de remon- tages qui sont présentés sans lien avec une base de données (chamB�n 2003).

1.2. De la structure élémentaire au site

Un certain nombre de sites sont constitués de structures juxtaposées ou répétées. C’est notam-ment le cas des enceintes à fossé interrompu et des minières à silex. L’analyse développée pour l’enceinte de Bazo-ches-sur-Vesles (Aisne) est basée sur le principe de la recherche des éléments géographiques structurants, en particulier des points de passa-passa-ges (d�B��L�z et al. 1997). Cette enceinte datée du Néolithique moyen II comporte pour un périmètre

12

inhumations

inhumations

1. dépôt cérémoniel2. dépôt sacré, de fondation ou commémoration3. dépôt de comémoration4. dépôt sacré ou de fondation5. dépôt collectif individualisé6. dépôt de fondation

3

4

4

5

6

F��. 3. Modèle de la répartition du mobilier dans les allées sépulcrales de la fin du Néolithique. (D’après Sohn 2002, fig. 3)

F��. 4. Enceinte de Bazoches-sur-Vesles. Distribution des vestiges céramiques par unité de 2 m linéaires mettant en évidence les concentrations de part et d’autre des ouvertures et localisation de ces concentrations et des dépôts de vases. (DuBouloz et al. 1997, fig. 5 et 7)

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de 1200 m englobant une surface intérieure de 9,2 ha, quatre réseaux de fossés faits de fosses non jointives et une à deux palissades. L’analyse réali-sée en 1997 ne porte que sur la moitié de l’enceinte fouillée alors. Les vestiges sont projetés sur plan par unité de 2 m linéaires afin d’identifier les con-centrations et de les mettre en correspondance avec les axes de circulation. Un plan de synthèse réalisé sur les concentrations céramiques sur 6 m linéaires de part et d’autre des ouvertures met en évidence leur distribution le long des axes de cir-culation, plan qui est corrélé à celui des dépôts de vases plus ou moins entiers (fig. 4). Les vestiges sont essentiellement concentrés dans les deux fos-sés proches des palissades et dans les mètres liné-aires des fossés proches des axes de circulation (65 % de la céramique). Un autre élément impor-tant est la dissymétrie observée pour les concen-trations de part et d’autre d’une interruption des fossés. Deux types de possibilités de circulation présentent des caractéristiques distinctes : les « passages » complets de l’intérieur vers l’extérieur de l’enceinte traversant à la fois fossés et palissade à concentration plus ou moins importante sur les deux cas relevés ; les « pseudo-passages », permet-tant d’accéder depuis l’extérieur vers la palissade mais sans la traverser, qui présentent des concen-trations importantes ; les « portes », permettant de passer à travers la palissade depuis l’intérieur vers l’extérieur, mais pas à travers les fossés, ne présen-tent pas de concentrations. Une structure de rejets et de dépôt depuis l’extérieur vers l’intérieur de l’enceinte apparaît donc comme trait marquant à Bazoches. Ce trait marquant a été relevé dans d’autres enceintes d’Europe tempérée, comme celle de Sarup (Danemark) (and��s�n 1997). Une courbe de fréquence des trois catégories de vestiges le

long des principales ouvertures, en pourcentage et en écarts à la moyenne montre une corrélation assez bonne et met en évidence les concentrations les plus riches (fig. 5).Les minières à silex sont un parfait exemple de site à structures juxtaposées et espacées régu-lièrement. Cet espacement répond à la stratégie d’exploitation du substrat calcaire par creuse-ment d’un puits de mine depuis la surface, puis d’une extraction des blocs de silex selon plusieurs modalités : simple exploitation de la base du puits, creusement en forme de cloche, creusement de niches ou de galeries, voire de galeries avec des piliers. L’espacement des puits en surface dépend du volume exploité en sous-sol, plus celui-ci est grand, plus l’écart entre les têtes de puits gran-dit à la surface. Ce modèle de distribution per-met de définir une aire présumée d’extension en sous-sol à partir de l’équidistance entre les puits selon le modèle géographique des polygones de Thiessen. Ce modèle a été initialement défini pour modéliser la relation entre la taille d’un l’habitat et la superficie qui l’entoure, selon un schéma de distribution uniforme des habitats au centre d’une maille hexagonale. Les hexagones ou polygones sont délimités en traçant les médiatrices des droi-tes joignant chaque point à ses voisins immédiats (ha���tt 1973). Ce modèle a été appliqué au plan de la minière de Jablines (Seine-et-Marne), une des plus importantes minières néolithiques à silex du Bassin parisien (B�styn, Lanch�n et al. 1992). La surface totale de cette minière a été estimée à 40 ha environ d’après des clichés aériens. La fouille a porté sur une superficie de 3,5 ha et mis au jour près de 800 puits, dont 56 ont été fouillés. Le tracé des polygones de Thiessen coïncide effective-ment avec l’extension souterraine de l’exploitation

F��. 5. Enceinte de Bazoches-sur- Vesles. Courbe de fréquence des trois catégories de vestiges le long des principales ouvertures et écarts à la moyenne des quantités de vestiges cumulés. (DuBouloz et al. 1997, fig. 10 et 11)

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lorsqu’on les superpose avec la surface effective-ment excavée en profondeur de 43 structures : la gestion de l’espace en surface tient donc compte du réseau souterrain (fig. 6). Les polygones ont tendance à diminuer en superficie dans le sens de la pente car là où le banc de silex est plus profond, les galeries sont plus étendues et donc l’écartement entre les puits plus grand. En se basant sur ce prin-cipe et sur une minière fonctionnant de la même manière, il devrait être possible de prévoir l’exten-sion de l’exploitation souterraine à partir de la dis-tance entre les puits. C’est par exemple le cas de la minière de Flins-sur-Seine (Yvelines) sur laquelle on peut estimer la profondeur de creusement des puits à environ 2 à 3 m.

1.3. Reconstituer les aires d’activité

La reconstitution des aires d’activité nécessite d’abord des données spatiales issues d’une fouille systématique sur des surfaces qui ne sont pas trop réduites et qui n’ont pas fait l’objet de processus post-dépositionnels trop intenses.La conservation des occupations néolithiques dans le Bassin parisien est peu favorable à une analyse spatiale fine, dans la mesure où les sols d’occu-pation sont dans la plupart des cas détruits et ne laissent subsister que les structures en creux. Une partie des couches d’occupation est parfois conser-vée de manière inégale et en raison de conditions taphonomiques particulières (piégeages dans des dépressions, recouvrement par des alluvions ou des colluvions), dépôts que l’on nomme « niveaux » à défaut d’un terme plus approprié.

Parmi les sites néolithiques du Bassin parisien qui sont favorables à une analyse spatiale intrasite, très peu de sites du Néolithique ancien ont livré des niveaux d’occupation conservés en relation avec des structures en creux. Le plus connu d’entre eux le site Villeneuve-Saint-�ermain de Jablines « La Pente de Croupeton » (Seine-et-Marne), fouillé sur une surface d’environ 2500 m2 sur plusieurs campagnes entre 1986 et 1991. Un colluvionnement a permis la conservation d’un niveau dans lequel le mobilier a été relevé par quart de mètre-carré et près des deux-tiers (72,7 %) du mobilier prove-naient du niveau (Lanch�n et al. 1994). La surface analysée correspond à deux unités d’habitation et leur comparaison a montré des différences quanti-tatives. Des cartes de remontage, de densité et des comptages simples ont été utilisées pour traiter ces données (fig. 7). Plusieurs autres sites du Ville-neuve-Saint-�ermain ont révélé un niveau archéo-logique plus ou moins bien conservé ayant fait l’objet d’une cartographie des densités de mobilier. À Pontpoint « Le Fond de Rambourg » (Oise) où sur le versant d’une pente sableuse un niveau était également préservé autour de trois unités d’habi-tation (a�B��ast et al. 1998). Les quantités respec- tives de mobilier dans le niveau et les fosses ne sont pas précisées, mais les cartes de répartition indiquent des densités plus élevées dans les fosses. À Ocquerre « La Rocluche » (Seine-et-Marne), dans la basse vallée de la Marne, un site producteur de lames en silex bartonien présente un niveau avec deux à trois unités d’habitation sur 4800 m2 (P�a�d et al. 2009). Des cartes de densité rendent compte ici également des concentrations de mobilier en

F��. 6. Jablines « Le haut Château ». Modèles des polygones de Thiessen appliqués aux têtes de puits et à la surface excavée en sous-sol. (BoStyn et lanchon 1992, fig. 78)

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F��. 7. Jablines « La Pente de Croupeton ». Plans de répartition par type de produit laminaire. (lanchon et al. 1994, fig. 1 et 11)

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surface et à l’emplacement des structures en creux (ibid : fig. 65).Quelques rares tentatives de reconstitution des unités d’habitation et de leur fonctionnement en termes palethnologiques ont été réalisées sur des niveaux d’occupation en contexte sédimentaire alluvial. La lecture de ces niveaux à l’image des paléosols des sites paléolithiques suppose que les vestiges n’ont pas été déplacés outre mesure depuis leur abandon par des processus post-déposition-nels. C’est le travail qui a été réalisé sur le site de Choisy-au-Bac « Le Confluent » (Oise) où les effets de parois et témoins négatifs ont été recherchés (P��dé� 1997). Les effets de paroi sont corrélés aux poteaux pour proposer la reconstitution des bâti-ments dont malheureusement la surface est supé-rieure à la zone fouillée (fig. 8). L’originalité de cette démarche, très inspirée par les approches simi- laires en milieu lacustre mais dont le contexte dépositionnel est tout à fait différent, est de rai-sonner à partir de l’attribution fonctionnelle des artefacts. Cette démarche n’est pas exempte de critiques, car si elle est louable dans son inten-tion, la condition d’une reconstitution plausible des aires d’activités est la nécessité d’obtenir des données fonctionnelles précises sur le mobilier dont on étudie la répartition. Dans cet exemple, deux interprétations fonctionnelles considèrent les outils en silex – pics, ciseaux et tranchets – comme étant reliés au travail du bois et les burins comme témoignant du travail de l’os. Il se trouve que depuis les études fonctionnelles sur des outillages comparables dans le Bassin parisien, les tranchets témoignent surtout du travail des matières miné-rales, même si le bois et d’autres matériaux ne sont pas exclus, et les burins ont travaillé les matières végétales, probablement dans le cadre d’activités liées à la transformation des fibres textiles (aLLa�d et al. 2004 ; casPa� et al. 2005, 2007). Même si aucune analyse fonctionnelle n’a été pour l’instant réalisée à Choisy-au-Bac et si un seul site chronologique-ment comparable – Louviers « La Villette » dans l’Eure (��L��ny et al. 2005) – a fait l’objet d’analyses fonctionnelles, il vaudrait mieux ne pas considérer ces fonctions a priori.

Une autre tentative d’analyse spatiale de niveau d’occupation se fonde sur un principe similaire. Il s’agit de l’exemple du site de Bettencourt-Saint-Ouen « La Socour » dans la Somme, daté du Néo-lithique final, période pour laquelle les villages et les habitations sont encore mal connus. Ce site, fouillé dans le cadre d’une opération préventive, est encore inédit mais l’analyse spatiale a été publiée dans un article préliminaire (ma�t�n et al. 1996 a et b). Les aires d’épandage du mobilier ont été étu-’épandage du mobilier ont été étu-diées à partir de cartes de densité selon leur masse

au mètre carré après transformation logarithmi-que décimale. Les histogrammes de distribution des valeurs brutes ou transformées ne sont pas présentés. Une carto-interprétation, inspirée de celle utilisée en analyse morphologique et structu-rale des paysages est réalisée sur plus de 8000 m2. Des zones de rejets ou dépotoirs céramiques sont reconstituées, des zones de débitage de silex sont mises en relation avec des fosses. Les zones de vide, les axes d’étirement, les concentrations de mobilier et les structures fouillées (foyers et fosses) sont mis en correspondance pour dégager des uni-tés interprétées comme des habitations (ma�t�n et al. 1996a, fig. 3). Malheureusement, les points de comparaison proposés par l’auteur de l’analyse portent sur des sites lacustres, dans des contextes de conservation et de rejets et pour des modèles architecturaux tout à fait différents. Malgré la per-tinence des interrogations, il semble assez risqué de faire appel à des modèles dont l’adaptation au contexte étudié n’est pas justifiée, tant pour la com-paraison avec les sites lacustres que pour la carto-interprétation utilisée en archéologie du paysage. En effet, les processus dépositionnels et post-dépo-sitionnels ou les éléments qui structurent l’espace sont distincts et peu comparables. Ce genre d’ap-proche est encore largement à approfondir avant d’être réellement justifié et convaincant.Les analyses de données d’éléments chimiques sont exceptionnelles et une seule étude de cas a été réalisée sur des dosages de phosphore (F�chn�� et al. 2011). Les valeurs élevées en termes de concen-élevées en termes de concen-tration sont un élément confortant l’hypothèse de la présence de bétail au sein des bâtiments du Néo-lithique ancien. En revanche, les valeurs sont plus faibles pour les bâtiments du Néolithique final et amènent à plusieurs hypothèses : durée d’occupa-tion plus réduite ou différence fonctionnelle avec des activités domestiques peu polluantes et absence de bétail.Contrairement aux niveaux d’occupation en con-’occupation en con-texte lacustre, aucun site d’habitat du Bassin pari-sien n’a fait l’objet d’une analyse selon le principe dit de la structuration spatiale (dj�ndj�an 1988) ou unconstrained clustering de R. Whallon (1984). Un exemple de cette démarche a été proposé par C. Tardieu sur les sites de Charavines « Les Bai-gneurs » (Isère) et Egolzwil 3 (CH, canton de Lucerne) (ta�d��� 2005). Les sites avec niveau d’occupation conservé sont rares dans le Bassin parisien et l’essentiel des sites conservés se pré-sente sous la forme de structures en creux partiel-lement conservées et disjointes.

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1.4. Vers une analyse spatiale intrasite globale des habitats

Deux sites du Néolithique ancien ont fait l’objet des analyses spatiales intrasite les plus abouties actuellement à l’échelle des sites néolithiques du Bassin parisien : Cuiry-lès-Chaudardes (Aisne) et Poses (Eure).

L’approche de L. Hachem sur l’analyse spatiale de la faune de Cuiry-lès-Chaudardes (hach�m 1997, 2011) a renouvelé, méthodologiquement et par ses résultats, l’analyse spatiale des habitats danubiens. En effet, elle a traité de la faune, une donnée rare car habituellement mal conservée dans les habi-

tats danubiens, sur un site fouillé presque exhaus-tivement, autre singularité du site. L’utilisation de l’analyse factorielle des correspondances, appli-quée aux quantités de restes par unité domestique, lui a permis de proposer un modèle de distribu-tion montrant des différences significatives en ter-mes d’espèces consommées. La structure obtenue repose sur une partition de l’espace villageois en quatre quarts selon deux axes : est-ouest et nord-sud. Les maisons des cinq phases d’occupation ne se répartissent pas égale-ment dans l’espace, la plus ancienne étant concen-trée à l’est. Néanmoins, une tendance à la surre-, une tendance à la surre-à la surre-présentation de quelques espèces paraît récurrente sur l’ensemble des phases. Les maisons regroupant

F��. 8. Choisy-au-Bac « Le Confluent ». Interprétation spatiale du Locus 1. (ProDéo 1997, fig. 8)

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la plus grande proportion d’animaux domestiques sont situées à l’est et celles où les animaux sauva-ges sont mieux représentés dans le quart nord-ouest (fig. 9). Trois espèces sont particulièrement déterminantes : le bœuf, le sanglier et le mouton. En regroupant les deux quarts est, trois secteurs se distinguent du point de vue de la composition des faunes et chaque phase comprend au moins deux maisons dans chacun des trois secteurs. À l’est, le bœuf est plus abondant, au nord-ouest c’est le sanglier, tandis qu’au sud-ouest c’est le mouton (fig. 10). Ce modèle appelle une interprétation anthropolo-èle appelle une interprétation anthropolo-gique, notamment en termes de segmentation de la société, modèle qui pourrait être plus général et révéler une structure élémentaire de la société dont elle témoigne.L’habitat Villeneuve-Saint-�ermain de Poses « Sur la Mare » est un autre exemple d’analyse spatiale globale où les différences de composi-tion en mobilier des unités domestiques ont été recherchées (B�styn et al. 2003). Si le site présente

un assez abondant corpus mobilier, tant cérami-que qu’en industrie lithique en silex (860 vases, 40 000 pièces), d’autres vestiges, comme la faune, ne permettent pas l’approche réalisée à Cuiry-lès-Chaudardes. Le nombre de restes de faune est en effet suffisant pour donner une image globale de l’alimentation carnée, mais pas à l’échelle des mai-sonnées. Comme pour toute analyse d’habitat, la question de la chronologie est un préalable afin de pouvoir raisonner en termes de complémenta-rités au sein d’une même phase. La céramique a permis de proposer deux phases chronologiques, corroborées par l’industrie lithique. Si l’intervalle de temps représenté par chaque phase ne peut être déterminé, les auteurs proposent, à la lecture du plan, une continuité entre les deux phases, la distribution des maisons respectant les deux ran-gées sur un axe nord-sud structurant l’espace du village. Sur un total de onze unités domestiques, la première phase regroupe trois unités (40, 80 et 120), la seconde quatre (70, 90, 6, 60), une unité ne peut être attribuée de manière univoque (50) et

F��. 9. Cuiry-lès-Chaudardes. Structuration spatiale globale du site présentant des écarts positifs à la moyenne pour les animaux domestiques et sauvages. (hachem 2011, fig. 141)

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trois autres incomplètes ne sont pas intégrées au schéma (23, 60bis, 130). La forme trapézoïdale des maisons est plus prononcée dans la seconde phase que dans la première, indice chronologique qui s’inscrit bien dans le schéma proposé. Les auteurs constatent « que toutes les analyses aboutissent au même constat d’un fonds commun systématique et que la composition des ensembles céramique, lithique taillé ou en grès des unités d’habitation ne présente jamais des caractéristiques fondamentalement différentes. C’est bien dans la représentation différentielle de chaque type de produit, et donc de chaque type d’activité qu’il sous-entend, que des variations se font jour et prennent leur signification » (B�styn et al. 2003, p. 291). Dans cet esprit, des différences ont été constatées au sein des phases et traduites schématiquement (fig. 11). Quelques constats sont pris à titre d’exemple : — les maisons 40 et 120 de la phase ancienne ont une forte proportion de burins sur lames et denticulés, la maison 120 concentre une grande part du matériel de mouture et la maison 80 la moitié du matériel de polissage ;

— les maisons 50 et 90 de la phase récente ont un taux de produits laminaires fort, contrairement à la maison 6 ; les maisons 6 et 60 rassemblent la majeure partie des outils de polissage en grès ; la maison 60 est plus riche en grands vases dits « à provisions ».

Enfin, dans la phase récente, une opposition appa-écente, une opposition appa-raît dans les produits d’importation entre brace-lets en schiste et lames en silex bartonien, ce qui fait proposer une redistribution généralisée dans le village, à l’exception d’une maison. Les diffé- rences sont également plus marquées dans la phase récente.

F��. 10. Distribution spatiale des trois espèces surabondantes dans les rejets. (hachem 2011, fig. 142)

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Entre archéologie et écologie, une Préhistoire de tous les milieux. Mélanges offerts à Pierre Pétrequin

F��. 11. Poses « Sur la Mare ». Structure générale de distribution des vestiges caractéristiques des unités domestiques montrant une complémentarité possible en termes d’activités. (BoStyn et al. 2003, fig. 291)

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F. Giligny – L’analyse spatiale intrasite appliquée aux sites néolithiques du Bassin parisien…

2. étude de cas : poses « sur La mare » : Facteurs de variaBiLité chronoLogiques et spatiaux

L’étude exemplaire menée sur le site de Poses « Sur la Mare », dans une discipline où les monogra-phies de sites sont encore trop rares, est basée sur des calculs de fréquence. Seule une analyse facto-rielle avait été réalisée par l’auteur de ces lignes à titre de test sur un tableau de présence-absence regroupant les caractères discriminants des pro-ductions lithiques (B�styn et al. 2003, p. 234-239 et infra). Le résultat de cette analyse confortait les interprétations proposées pour le rapprochement des maisons du site de Poses, et leur sériation chronologique avec les deux autres sites de la même micro-région (Léry et Incarville). Il nous a paru intéressant de reprendre et de prolonger cette première analyse. Une des questions clés de l’interprétation de ce site, ainsi que d’autres sites présentant plusieurs phases d’occupations successives, repose sur la fiabilité de la distinction entre facteurs de variation chrono-logique et facteurs de variation spatiale. Plusieurs

tableaux de données en effectifs ont été constitués : un tableau regroupant les individus céramiques, un deuxième regroupant les produits de débitage et l’outillage en silex, un troisième tableau avec produits de débitage et outillage en silex auxquels on a adjoint le mobilier en grès regroupé par caté-gorie fonctionnelle (mouture, percussion, polis-sage). Les éclats de grès ont été exclus de l’analyse car ils modifiaient la structure obtenue sur le silex, en soulignant le caractère particulier de deux maisons (M23 et M70). Les catégories comprenant moins de cinq pièces ont été éliminées d’emblée.

2.1. Sériation sur les décors céramiques

L’analyse réalisée sur le premier tableau des types de décor céramique a permis de confirmer le sché-ma chronologique proposé et de mettre en évi-dence des différences spatiales au sein de chaque phase. Les maisons 23 et 60 bis ont été positionnées en éléments supplémentaires, de même que les décors à la spatule et ovale cranté. Le plan facto-riel axe 1-axe 2 rassemble 65 % des valeurs propres et présente une structuration tripartite pouvant se distribuer le long d’une double parabole imparfaite

-0.2 0 0.2 0.4 0.6

-0.25

0.25

0.50

0.75

Facteur 1 (20,5 %)

M6

M40

M50

M60

M70

M80

M90

M120

M23

M60bis

peignearêtes de poisson

incisés

triangle sous le bord

bord encoché

poinçon

boutons sous le bord

boutons jumelés

bord modelé

V modelé

Facteur 2 (44,4 %)

0

C l a s s i f i c a t i o n a s c e n d a n t e h i é r a r c h i q u e

M6

M7 0

M6 0

M5 0

M9 0

M8 0

M4 0

M1 20

F��. 12. Poses. Plan factoriel axe 1-axe 2 de l’analyse des correspondances sur les effectifs de décor céramique par type et par maison et dendrogramme de classification ascendante hiérarchique sur les coordonnées factorielles. (F. Giligny)

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Entre archéologie et écologie, une Préhistoire de tous les milieux. Mélanges offerts à Pierre Pétrequin

(fig. 12). À l’extrémité gauche de l’axe horizontal, les M80 et M120 sont corrélées aux décors au pei-gne et aux boutons jumelés. Les maisons M40 et M60bis se rapprochent de ce premier groupe. Dans le quadrant supérieur droit, à l’extrémité supé- rieure de l’axe 2, la maison M90 est associée aux bords modelés. Un peu plus à droite, la maison M60 est liée aux boutons sous le bord, décors au poinçon, en V modelés et triangles sous le bord.Enfin, dans le quadrant inférieur droit, les M70 et M6, très proches, sont liées au bord encoché, ainsi qu’aux décors incisés, en V modelés et aux trian-gles sous le bord. Les éléments les plus éloignés de la structure parabolique sont les M50, M40, les décors en arêtes de poisson et les décors incisés. Si l’on met les décors structurant l’axe 3 en éléments supplémentaires, la M90 se rapproche des M70 et M6. Le décor en arêtes de poisson est le plus inerte et ne joue aucun rôle dans la structuration de l’en-semble (sur l’axe 5 uniquement) et les maisons 40, 50 et 60 sont celles qui, tout en ayant un poids sta-tistique moyen, jouent un faible rôle.Le dendrogramme de classification ascendante hiérarchique réalisé sur les coordonnées des élé-érarchique réalisé sur les coordonnées des élé-

ments sur les quatre premiers axes (fig. 12) traduit la partition principale le long de l’axe 1 et divise les maisons en trois groupes (gr.1 : M80-M120-M40 ; gr. 2 : M90-M60-M50 ; gr. 3 : M70-M6), les deux derniers pouvant être associés à un niveau plus élevé de la hiérarchie. Sur la base des cinq premiers axes, le dendrogramme change pour pré-senter une partition en deux : M80-M120-M50-M40 et M90-M60-M70-M6. L’interprétation proposée par Y. Lanchon dans la publication est chronolo-gique. Les décors les plus anciens sont représen-tés par les décors au peigne et boutons jumelés et les plus récents par les décors modelés en V et bords encochés. La proposition de deux phases, en regroupant les maisons M120-M80-M40 d’une part et M90-M50-M6-M70-M60 d’autre part, sem-ble donc valide. On pourrait aussi proposer une subdivision en trois phases et non deux sur la base de ces résultats, avec un classement incertain de la M50. Ce qui ressort également est la forte homo-généité des deux extrêmes à travers les groupes M120-M80-M40 et M70-M6. Dans un schéma en trois phases, les maisons écartées se rattacheraient au groupe 1 pour la M60bis, au groupe 2 pour la

20 % ; en gris : types en pourcentages de chaque ensemble ; en noir : EPPM

M6

M70

M60

M50

M90

M40

M120

M80

engiep

sélemuj snotuob

éledom drob

sésicni

drob ss snotuob

noçniop

éledom

V

drob ss elgnairt

éhcocne drob

ossi op ed set êr an

% de l’ensemble dans l'effectif total

récent

ancien

F��. 13. Poses. Sériographe sur les effectifs de décor par type et par maison. Les maisons 60bis et 23 ont été exclues. EPPM : écarts au pourcentage moyen. (F. Giligny)

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F. Giligny – L’analyse spatiale intrasite appliquée aux sites néolithiques du Bassin parisien…

M23. Si l’on en juge d’après les rares exemplaires présents dans la maison 130 écartée à cause d‘un effectif trop faible (10 individus décorés), elle s’in-tègrerait dans le groupe 2.Un sériographe réalisé en neutralisant les décors en arête de poisson confirme la sériation mise en évi-dence par l’analyse des correspondances (fig. 13). Une partition est possible en deux ou trois grou-pes. La mauvaise intégration du décor en arêtes de poisson dans la sériation laisse penser que ce décor peut varier de manière importante au sein d’une phase chronologique. Il peut aussi varier régiona-lement dans le Bassin parisien, comme Y. Lanchon en avait émis l’hypothèse. Nous aurions donc pour chaque phase chronologique dans une partition en deux, ou les deux phases extrêmes pour une partition en trois, une maison à décor en arêtes de poisson surreprésenté par rapport à la moyenne. Un autre facteur de variabilité spatiale est la nature des outils utilisés, en particulier le nombre de dents des peignes utilisés. En effet, la sériation des maisons obtenue en regroupant les peignes en trois classes (2-3 dents, 4-5, 6 et plus) ne coïncide

pas avec celles des types de décor (Lanch�n 2003, fig. 77 et p. 93). Le troisième facteur de variabilité spatiale est la capacité des récipients et notamment la proportion des vases dits « de stockage », cylin-driques à décors appliqués ou modelés, facteur souligné dans la synthèse générale publiée.

2.2. Sériation sur les industries lithiques

La seconde analyse des données réalisée sur le site de Poses a porté sur le mobilier lithique. Deux séries d’analyses ont porté soit sur les produits de débitage et l’outillage en silex, soit en combinant silex et mobilier en grès. Le résultat décrit est celui obtenu sur l’analyse combinant les artefacts en silex et en grès, d’ailleurs très proche de celui obtenu sur le silex seul (fig. 14).Le premier axe factoriel (44,8 % des valeurs propres) oppose les maisons associées aux burins sur lame, lames retouchées et utilisées, aux denticulés sur éclat et au matériel de mouture en grès à celles atti-rées par les grattoirs sur éclat. �lobalement, il s’agit d’une opposition outils sur lame/outils sur éclat

-0 .25 0 0.25 0.50 0.75

-1.0

-0.5

0

0.5

Fac teur 1

Fac teur 2

M23

M6

M40

M50M60M70

M80M90

M120

M60bis

E gratto ir

E dentic u lé

E éc lat re t

E bur in E grattoir &denticulé

E perç oir

E Gratt herm.

Ec oc he

E rac lo ir

E p ièce es quillée

E dent&bur in

L bur in

Lame retouchée

L utilisée

L émous s ée

L gratto ir

L armature

L tronc ature

L f auc ille

L perç oir

Lame à dos

L bur in & br iquet

G moutureG perc us s ion

G polis s age

M23

M120

M80

M60bis

M40

M50

M6

M90

M70

M60

F��. 14. Poses. Plan factoriel axe 1-axe 2 de l’analyse des correspondances sur les produits de débitage et l’outillage en silex et en grès et dendrogramme de classification ascendante hiérarchique sur les coordonnées factorielles. (F. Giligny)

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Entre archéologie et écologie, une Préhistoire de tous les milieux. Mélanges offerts à Pierre Pétrequin

avec des exceptions de part et d’autre de l’axe 1. En effet, les éléments de faucille sur lame et les grat-toirs sur lame sont plutôt associés aux grattoirs sur éclat. Les éclats retouchés sont plutôt associés aux outils sur lame à droite de l’axe 1. L’axe 2 (17,1 %) oppose les denticulés sur éclat, perçoirs sur éclat, coches sur éclat, matériel de mouture et de polis-sage aux burins sur éclat, grattoirs herminettes sur éclat et lames retouchées. L’axe 3 (12,4 %) oppose à nouveau les outils sur éclat (éclats retouchés et burins) aux outils sur lame (burin, lame retou-chée, lame utilisée, armature). Le premier plan factoriel axe 1-axe 2 sépare deux groupes de maisons le long de l’axe 1 : M50, M40, M23, M120, M80, M60bis associées aux outils sur lame et M60, M70, M90 et M6 associées aux outils sur éclat (fig. 14). L’axe 2 individualise nettement la maison M6 sur les coches et perçoirs sur éclat du groupe M70-M60-M90 qui sont très proches. Les deux premières maisons sont pratiquement super-posées et sont les maisons les plus ressemblantes. Le plan factoriel axe 3-axe 4 discrimine au sein du premier groupe quatre maisons M50, M40, M80 et M60bis en fonction de leurs caractères particu-liers : — lames utilisées et burins sur lame, armatures et lames retouchées pour la M50 ; — lame retouchée, grattoir sur lame, matériel de polissage en grès pour la M60bis ;— éclat retouché, grattoir-herminette sur éclat, burin/briquet sur lame pour la M80 ;— burin sur éclat, perçoir sur lame, mobilier de percussion en grès, denticulé/burin sur éclat pour la M40.

Si l’on excepte la mise en exergue de la M6 sur l’axe 2 au sein du groupe à outils sur éclat dominants, le

groupe à outils sur lame est beaucoup plus hété- rogène, contrairement aux trois maisons M70-M60-M90. La classification ascendante hiérarchique effectuée sur les coordonnées des éléments sur les axes fac-toriels établit la partition entre les deux groupes de part et d’autre de l’axe 1 de l’analyse des correspon-dances (fig. 14). Au sein du groupe M60-M70-M90-M6, la maison M6 est la plus singulière ; au sein du second groupe, la maison M50 s’individualise également.Cette partition correspond aux deux phases chronologiques déterminées par l’analyse de la céramique. Les maisons M60 et M90, qui se pla-ceraient dans une position intermédiaire dans la sériation céramique, se rapprochent sans ambi-guïté des maisons M70 et M6. Les facteurs de variabilité spatiale sont révélés sur les axes 3 et 4 et, comme le soulignait F. Bostyn (2003, p. 292) : « Les oppositions semblent en effet plus marquées dans la phase récente que dans la phase ancienne ».

2.3. Sériation sur les données lithiques qualitatives

L’analyse factorielle des correspondances et la classification automatique réalisée pour la publica-tion de Poses portait sur un tableau regroupant de manière synthétique les caractères essentiels des productions lithiques (voir supra). Les variables sont des critères de matériaux (proportion de lames en silex bartonien, silex cénomanien et silex secondaire exogène dit autre, roches tenaces), de débitage (part de débitage laminaire, mode de percussion utilisé pour le débitage des lames, part de l’outillage sur éclat, présence d’éclats en silex bartonien) et, enfin, des présences de catégories d’outils indicatrices de la période récente du VS�

F��. 15. Poses. Tableau de données qualitatif synthétique.(F. Giligny) LamesTB : lames en silex tertiaire bartonien ; eclat TB : éclat en silex tertiaire bartonien ; CENlames : lames en silex cénonien ; Rtenaces : outils en roches tenaces ; SECautre : silex secondaire autre ; Lame pInd : lames débitées en percussion indirecte ; Lame pdir : lames débitées en percussion directe ; Lame : fréquence des lames ; Oeclat : outils sur éclat ; Tranchet : tranchets ; Hache : haches polies ; Br schiste : bracelets en schiste ; Br CERAM : bracelets en céramique.

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F. Giligny – L’analyse spatiale intrasite appliquée aux sites néolithiques du Bassin parisien…

(tranchet, hache polie). Ce tableau a été complété en y ajoutant quatre caractères qui étaient suscep-tibles de jouer un rôle chronologique (fig. 15). Le premier caractère ajouté est la proportion de lames en silex bartonien décrite selon trois modalités : absent (TB1), présent en quantités moyennes (TB2, soit moins de 10 % de lames par rapport au total de lames et outils sur lame), présent en quantités plus élevées (TB3, soit 15 à 17 % du total de lames et outils sur lame). Le second caractère est la propor-tion de bracelets en schiste et d’autres roches qui a été calculé par rapport au nombre total d’outils en silex (Br schiste rare : moins de 1,6 %, Br schiste moyen : de 1,6 à 3 %, Br schiste fréquent : 7 % et plus). Le dernier caractère ajouté est la présence ou l’absence de bracelets en céramique.Deux analyses des correspondances multiples ont été réalisées sur le tableau qualitatif regroupant seulement les unités domestiques de Poses ou incluant les sites plus tardifs de Léry et d’Incarville, afin de contrôler les facteurs chronologiques.Les critères chronologiques associés aux ensembles récents de Poses et d’Incarville sont les quantités plus élevées de lames en silex bartonien, les lames

en silex secondaire autre, les lames en silex céno-manien, la présence de lames débitées à la percus-sion directe, les bracelets en schiste fréquents, les bracelets en céramique présents et les tranchets. Le site de Léry se trouve attiré par Incarville, toutes les maisons de Poses étant soit proches de l’origine, soit en coordonnées négatives et oppo-sées à ces modalités.

La seconde analyse sur les maisons de Poses seu-les ne prend en compte que les critères présents dans ces ensembles (fig. 16). Elle oppose sur l’axe 1 les maisons M6 et M70 de la phase récente aux maisons de la phase ancienne M50 et M40, aux-quelles se rattachent les M80, M90 et M23. Les variables associées aux M6 et M70 sont : lames présentes en quantités faibles (< 7 %), présence de haches en roches tenaces, lames en silex ter-tiaire bartonien en quantités moyennes, bracelets en schiste fréquents, outils sur éclat en quantités faibles. Celles associées aux maisons de la phase ancienne sont : outils sur éclat peu et moyen- sont : outils sur éclat peu et moyen-éclat peu et moyen-nement fréquents, lames très fréquentes, lames en tertiaire bartonien rares, bracelets en schiste peu

-0 .75 0 0.75 1.50

-2.25

-1.50

-0.75

0

0.75

Fac teur 1

F ac teur 2

M50

M23

M40

M80M120

M70M6

M90

M60

lameTB=absent

lameTB=rare

Rtenace=présent

Rtenace=absent

Lame=rare

Lame=moyen

Lame=abondant

Oec lat=abondant

Oec lat=moyen

Oec lat=rare

tranc het=présent

tranc het=absent

Hac he=présent

Hac he = absent

Br s c his te=absent

Br s c his te=moyen

Br s c his te=abondant

Classif ication hiérarch ique direct e

M50

M23

M40

M80

M120

M90

M60

M6

M70

F��. 16. Poses. Plan factoriel axe 1-axe 2 de l’analyse des correspondances sur le tableau synthétique et dendrogramme de classification ascendante hiérarchique sur les coordonnées factorielles. (F. Giligny)

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Entre archéologie et écologie, une Préhistoire de tous les milieux. Mélanges offerts à Pierre Pétrequin

fréquents, roches tenaces absentes. Les maisons M60 et M90 sont en situation intermédiaire entre les deux groupes et opposées sur l’axe 2, chacune associée à des variables (tranchet présent, bracelet en schiste absent et hache présente). La M90 se rat-ésente). La M90 se rat-tache à la phase récente sur le plan 1-2. La position des maisons sur l’axe 1 traduirait une évolution chronologique.

La classification ascendante hiérarchique effectuée sur les coordonnées factorielles des éléments sur les cinq premiers axes, permet une représentation du degré de ressemblance typologique des mai-sons et des sites (fig. 14). Elle regroupe dans une classe homogène les maisons de la phase ancienne M23, M80, M40, M50 et M120, puis les maisons récentes M70 et M6. Les M60 et M90 restent indé-pendantes.

En résumé, il est possible de caractériser chaque maison, groupe de maisons ou site :— la maison 50 se singularise par un outillage sur éclat rare et un débitage laminaire fréquent, auquel on peut ajouter l’absence de restes lami- naires en silex bartonien ;— les maisons 23, 120, 80, 40 sont associées au laminaire moyen et aux outils sur éclat en propor-tion moyenne ;— les maisons 70 et 6 possèdent plusieurs caractéristiques communes (éclats bartonien, laminaire rare, outils sur éclat fréquents) et un caractère distinct (roches tenaces pour la 70) ;— les maisons 60 et 90 sont en situation intermédiaire entre les deux derniers groupes avec lesquels elles partagent des critères communs, notamment l’absence de haches, de roches tenaces, de bracelets en céramique, de lames en silex céno-manien, de lames débitées en percussion directe, de silex secondaire autre.

L’exemple du site de Poses montre la difficulté à séparer les facteurs de variabilité spatiale des fac-teurs chronologiques. Une partition chronologi-que simple, comme la division en deux phases de la chronologie du village, ne rend pas compte de la succession probable des maisons au sein d’une phase et risque donc de faire prendre un facteur de variabilité chronologique pour un facteur de variabilité spatiale. Au sein de la phase ancienne, les maisons 40, 80 et 120 sont très ressemblantes. Si l’on rattache les maisons 23 et 50 à cette phase, elles seraient tardives et juste antérieures aux mai-sons de la phase suivante (60 et 90). Au sein de la phase récente, il semble que les maisons 60 et 90 apparaissent avant les maisons 6 et 70, les plus tar-dives du village et les plus proches chronologique-ment des sites d’Incarville et de Léry.

La variabilité la plus faible concerne à la fois les maisons les plus récentes (6 et 70) et les plus anciennes (40-80-120) dans la sériation sur les décors et dans celle sur les données qualitatives de l’industrie lithique. Ce fait est montré par la proximité géométrique des maisons à l’extrémité des paraboles de sériation, voire leur superpo-sition. Avec un aussi faible nombre de maisons par phase, il est difficile d’établir une norme par phase. Il apparaît que la variabilité concernant les décors céramiques et les productions lithiques ne met pas toujours en évidence les mêmes maisons au sein d’une phase. Si, pour la phase ancienne, la maison 50 se distingue à la fois par ses décors céramiques et ses productions lithiques, pour la phase récente, c’est la maison 6 qui se différencie de la norme pour ses productions lithiques et la maison 90 pour ses décors céramiques. L’hypo-écors céramiques. L’hypo-thèse d’une homogénéité globale plus forte de la phase ancienne n’est pas confirmée dans les ana-lyses des données. Cette homogénéité est effecti-vement plus forte dans les décors céramiques, ce qu’indique la lecture de résultats de test de Chi2 (Chi2 = 30,6 pour les valeurs cumulées des mai-ées des mai-sons de la phase ancienne et Chi2 = 40,1 pour la phase récente sur un total de 70,7). Par contre, elle est plus importante dans la phase ancienne que dans la phase récente pour les productions lithi-ques (Chi2 = 467,6 pour la phase ancienne ; Chi2 = 339,5 pour la phase récente sur un total de 807).

Si cette nouvelle analyse conforte en grande partie les conclusions obtenues dans la publication, elle permet de nuancer certains faits et démontre par là les possibilités de l’analyse des données à l’échelle intrasite. Pour aller au-delà, il serait intéressant de tester l’homogénéité fonctionnelle de l’outillage en silex dans les maisons à l’aide des résultats des analyses tracéologiques et des paramètres technologiques de la céramique (matériaux et méthodes de façon-nage) utilisées dans chacune des deux phases afin de mettre en évidence d’autres facteurs de varia-évidence d’autres facteurs de varia-bilité spatiale. Cette démarche est justifiée par le caractère domestique des productions céramiques et ses résultats apporteraient certainement des élé-ments nouveaux sur la question de l’homogénéité interne de chacune des deux phases d’occupation de Poses. Une telle démarche a été mise en œuvre sur le site de Cuiry-lès-Chaudardes (��ma�t 2010 et 2012), site qui présente une documentation tout à fait exceptionnelle pour ce genre d’analyse.

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F. Giligny – L’analyse spatiale intrasite appliquée aux sites néolithiques du Bassin parisien…

concLusion

Les exemples d’analyses spatiales intrasites appli-’analyses spatiales intrasites appli-quées à des sites néolithiques du Bassin parisien sont encore peu nombreux. La mise en place d’un protocole d’analyse spatiale intrasite appliqué passe par la recherche d’un modèle adapté aux structures et à leur mode de fonctionnement. Dans ce cas, le recours à la cartographie quantitative est une première approche et c’est justement celle qui a été le plus fréquemment mise en œuvre. Au-delà, l’analyse des associations spatiales de vestiges est plus rarement tentée. Des modèles qualitatifs sont parfois proposés sur la base de la présence ou de l’absence de certains types d’objets à défaut d’ana-lyses statistiques.Dans le cas de niveaux d’occupation, une fois les zones de concentration identifiées, les activités représentées par les associations de vestiges peu-vent être identifiées à l’aide de différentes mé- thodes statistiques, test du Chi2 ou analyse des données. C’est la reconstitution des aires d’activi-tés dans une démarche palethnographique qui est ici visée.Dans le cas d’analyse d’habitats, la comparaison des assemblages d’unités domestiques est condi-tionnée par la maîtrise de la chronologie. Des facteurs de variabilité interne à une même étape chronologique peuvent apparaître entre les mai-sons et la variabilité stylistique n’est pas constante dans le temps. La prise en compte de différentes catégories d’artefacts en analyse factorielle des cor-respondances souligne efficacement les spécificités de chaque unité domestique. Les sites récemment fouillés, aussi bien des habitats que des enceintes ou des sépultures collectives, fournissent une documentation qui ne demande qu’à être traitée avec les méthodes adéquates.

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