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& CIVILISATIONS
&CIV
ILIS
ATIO
NS
N 9SEPTEMBRE 2015
LA FORTUNE DES TEMPLIERSMOINES, GUERRIERS ET BANQUIERS
LA CONQUTEDU PACIFIQUE UNE POPEESPAGNOLE
LOUIS XIV1715, LA MORT GRAND SPECTACLE
LES GRECS ET L'ASTROLOGIEL'HRITAGEDES MSOPOTAMIENS
HANNIBALCONTRE SCIPIONDUEL DANS LE DSERT
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Je dsire recevoir gratuitement, sans engagement de ma part, la
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u
EN COMPAGNIE DE302 Prsident du CCFD Terre Solidaire,
ancien prsident des Amis de La Vie
3"0-%+/! Spcialiste du bouddhisme et collaborateur au Monde des
Religions.
63Saigon, lancienne capitale coloniale franaise3Phnom Penh et
son fameux palais royal3Les villages ottants le long du euve,
tmoins de la vie rurale3Angkor et les temples grandioses de la cit
khmre
77Hanoi et la Baie dHalong au Vietnam, Luang Prabang au Laos
avec des associations daide lenfance et des tmoins de lpoque
khmre rouge
VIETNAM CAMBODGE
6Croisire de Saigon aux temples dAngkor
Du 24 janvier au5 fvrier 2016
VOYAGES
13 jours partir de 4 140
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Dossiers
& CIVILISATIONS
22 La conqute du PacifiqueAu XVIe sicle, dintrpides navigateurs
espagnols commencent sillonner le plus vaste ocan du monde. PAR
SALVADOR BERNABU ALBERT
34 Xerxs, le Roi des rois ha des GrecsLes historiens antiques
ont fait du souverain achmnide larchtypedu despote oriental. Une
image nuancer. PAR FRANCIS JOANNS
44 Les templiers, financiers de lEuropeAgences, comptes, lettres
de change... Au XIIe sicle, lordre duTemple participe linvention de
la banque. PAR MARINA MONTESANO
56 Lastrologie dans la Grce antiqueLes anciens Grecs ont
perfectionn le savoir msopotamienprdire lavenir des rois, des cits
et des peuples. PAR AURLIE
68 Zama, la dernire bataille dHannibalEn 202 av. J.-C., dans les
sables dAfrique, a lieu lultime face-entre le gnral carthaginois et
le romain Scipion. PARPEDROBARC
78 Louis XIV, une mort souveraineLa disparition du Roi-Soleil
est devenue le modle diantde la mort dun chef dtat en exercice. PAR
ALEXANDRE MARAL
NUMRO 9
06 LACTUALIT
10 LE PERSONNAGEGuillaume TellLhistoire du hros de lindpendance
suisse est-elle un mythe ?
14 LVNEMENTLes Portugais au CongoLa collaboration enthousiaste
qui suivit la dcouverte du puissant royaume fut de courte dure.
18 LA VIE QUOTIDIENNEaztquesns le quotidien des riches
e Tenochtitln.
GRANDE UVERTE
es grottes de MogaoElles cachaient un trsor inestimable
de manuscrits.
LIVRES ET TIONS
Rubriques
OLIV
ER S
TREW
E / C
ORBI
S / C
ORDO
N PR
ESS
GUERRIER PUNIQUE MONTANT UN LPHANTTERRE CUITE. MUSE ARCHOLOGIQUE
DE NAPLES
RICCIARINI / PRISMA
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4 HISTOIRE & CIVILISATIONS
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Executive ManagementTERRENCE B. ADAMSON, TERRY D. GARCIA, BETTY
HUDSON, CHRIS JOHNS, AMY MANIATIS, DECLAN MOORE, BROOKE RUNNETTE,
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BAKER, KAMALIJIT S. BAWA, COLIN A. CHAPMAN, KEITH CLARKE, J. EMMETT
DUFFY, PHILIP GINGERICH, CAROL P. HARDEN, JONATHAN B. LOSOS, JOHN
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THOMAS B. SMITH, WIRT H. WILLS
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FRANCIS JOANNESProfesseur d'histoire ancienne l'universit Paris
1 Panthon-Sorbonne o il enseigne l'histoire msopotamienne, les
rapports entre la Bible et la Msopotamie, et les langues anciennes
du Proche-Orient.
GRCE SOPHIE BOUFFIERProfesseure dhistoire grecque luniversit
dAix-Marseille, spcialiste de lexpansion grecque en Mditerrane
entre le VIIIe et le IIIe s. av. J.-C., notamment en Italie et en
Gaule mridionale.
MOYEN GEDIDIER LETT Mdiviste, professeur luniversit de Paris
Diderot-Paris 7. Il est spcialiste de la fin du Moyen ge, de
lhistoire de lenfance, de la famille, de la parent et du genre.
GYPTE PASCAL VERNUSgyptologue, agrg de lettres classiques,
docteur d'tat. Directeur d'tudes en linguistique gyptienne et en
philologie lcole pratique des hautes tudes (EPHE) de Paris.
ROME CLAIRE SOTINELProfesseure dhistoire romaine luniversit
Paris-Est Crteil Val-de-Marne. Ancien membre de lcole franaise de
Rome. Elle est spcialiste de lAntiquit tardive.
POQUE MODERNE-CONTEMPORAINE DOMINIQUE KALIFA Professeur
dhistoire contemporaine Paris I o il dirige le Centre dhistoire du
XIXe sicle. galement professeur Sciences-Po, il est spcialiste de
lhistoire du crime et des transgressions.
COMIT SCIENTIFIQUE
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DE LA COMMANDERIE TEMPLIRE DE PARIS
Directeur de la publication : MICHEL SFEIRRDACTION :Direction de
la rdaction : JEAN-PIERRE DENIS Rdaction en chef : JEAN-MARC
BASTIRESecrtariat de rdaction : MILIE FORMOSODirection artistique :
BRUNO HOUDOURalisation : DENFERT CONSULTANTSCoordination : CAMILLE
LLORETMise en page : DIDIER HOCHETCorrection : JEAN-FRANOIS
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Ont collabor ce numro : PEDRO BARCEL, SALVADOR BERNABU ALBERT,
ISABEL BUENO, SYLVIE BRIET, CARLO CARANCI, AURLIE DAMET, ISABEL
HERNNDEZ, FRANCIS JOANNS, ALEXANDRE MARAL, MARINA MONTESANO, LAURA
SADURN
Traduction : ISABELLE LANGLOIS-LEFEBVRE, AMLIE COURAU, ANNE
LOPEZ, VANESSA CAPIEU, NELLY LHERMILLIER
Coordination ditoriale Le Monde : MICHEL LEFEBVRE
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interdite.
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 5
L D I T O R I A L
Depuis leur procs tragique qui sachve dans les ammes dun bcher,
lhistoire des templiers a t
obscurcie par un voile de secrets et de mystres. Pourtant,
la ralit est bien plus riche que la lgende dun trsor cach.
Les moines-soldats ont ainsi accompagn au Moyen ge
les dbuts du capitalisme. Ils dveloppent notamment la lettre
de change et le compte courant. Paris est lpoque lune
des grandes places nancires dOccident.
La condamnation des templiers sinscrit dans une longue suite
daffaires toutes provoques par la faillite des nances
publiques
dans ce domaine, rien de nouveau sous le soleil. Depuis le
rgne
de Saint Louis, la dette na cess de crotre. La ponction scale
est
alors minime, bien plus faible que de nos jours. En
comparaison,
le consentement limpt de lhomme contemporain est hroque.
Comme on ne peut rembourser, on sen prend ceux qui,
au service du souverain, se sont enrichis. Ainsi en est-il de
lordre
du Temple. Sa fortune suscita des envieux et prcipita
sa chute. Lorsque libelles et rumeurs commencent les accuser
de murs perverses, la puissance des templiers est dj
affaiblie,
notamment par la concurrence des Lombards.
Philippe le Bel voulait la chute du Temple. Pour semparer
de sa trsorerie, con squer ses biens et, plus encore, af
rmer
son propre pouvoir.
La raison dtat est un manteau parfois commode.JEAN-MARC
BASTIRERdacteur en chef
-
6 HISTOIRE & CIVILISATIONS
lieu Rennes entre 2011 et2013, avant la constructiondun centre
des congrs.Sous le couvent des Ja-cobins, un tablissementdominicain
construit en1369, 800 spultures ontt mises au jour.
LadameautopsieParmi elles, un ensemblede cinq cercueils de
plombaccompagns de reliquairesen forme de cur datant duXVIIe sicle.
Cest dans lunde ces cercueils, ouvert enmars 2014 et tudi
depuis,
E lle portait un ha-bit de religieuse, larobe de bure bruneen
laine grossire,une chemise de toile, desmules en cuir semelles
delige ; deux bonnets et unecape lui couvraient la tte ;ses mains
jointes tenaientun crucix. Ainsi a t d-couvert lecorpspresque
in-tact de Louise de Quengo,dame de Brefeillac,dcdeen 1656, sept
ans aprs sonpouxToussaintdePerrien.
Des fouilles archolo-giques prventives ont eu
que reposait la noble damedans un tat de conserva-tion
exceptionnel : Lestissus de ses
vtementstaientencoresouples,nousavons dshabill le corpset fait
lautopsie linsti-tut mdico-lgal de Tou-louse , explique
RozennColleter, anthropologue lInrap (Institut national
derecherches archologiquesprventives).
On sait ainsi que, le cer-veau tant toujours l, lamomication
sest faite defaon naturelle. Son cur
UnemomiebretonnedansuncercueildeplomLe corps de Louise de
Quengo, noble dame du XVIIe sicle, a t exde sa spulture dcouverte
lors des fouilles sous un ancien couve
XVIIE SICLE
PHOT
OS:ROZ
ENNCO
LLETER
/INR
AP
CERCUEILS EN PLOMBcontenant des squelettes,dcouverts au
couventdes Jacobins, Rennes.
RELIQUAIRE en formede cur, retrouv
sur le cercueilde Louise deQuengo.
L A C T U A L I T
avait quant lui t prle-v pour tre inhum dans un autre lieu
inconnu, sans doute avec celui de son poux. Il tait frquent, se-lon
lhistorienne Christine Aribaud, que les veuves se retirent dans des
couvents, o tre enseveli tait un pri-vilge. Cette dcouverte est en
tout cas un tmoignage rare des pratiques funraires de cette poque,
que le public pourra dcouvrir notam-ment grce la restaura-tion et
la prsentation des vtements.
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8 HISTOIRE & CIVILISATIONS
RCIPIENTS ET ASSIETTES enalbtregyptiendcouverts dans la tombede
la reineKhentkaus III. Cette pierrefut largement utilise sous
lAncienEmpire gyptienpour raliser des objetsde luxe, dcouverts
dansdenombreusestombes royales.
rieur, une chapelle comporte de fausses portes destines
confondre les voleurs de tombes de lAntiquit. Lac-cs la chambre
funraire souterraine se faisait par un puits vertical. Ces mesures
de scurit se rvlrent inefficaces, car la tombe fut saccage dans le
pass. Mal-gr cela, les archologues ont dcouvert lintrieur une
partie du mobilier funraire, qui comprend de nombreux rcipients en
albtre et des ustensiles en cuivre. l-ment majeur : les
inscrip-
Les gyptologues de luniversit Charles de Prague, qui fouil lent
la ncropole royale dAbousir, au sud-ouest du Caire, ont ralis une
dcou-verte de grande importance : la mise au jour de la spulture de
Khentkaus III, une reine jusqualors inconnue.
pouse et mre de roisLa tombe se trouve dans un petit cimetire au
sud du complexe funraire du roi Nferefr (2431-2420 av. J.-C.). Au
niveau sup-
tions des murs permettent didentifier la propritaire de la
spulture, Khentkaus III, dsigne comme mre et pouse de rois. Les
archo-logues pensent quelle fut lpouse de Nferefr, dont le complexe
funraire qui comprend une pyramide inacheve se trouve proximit et
fut dcouvert dans les annes 1980. Le titre de mre de roi ferait
ainsi rfrence au fait quelle fut la gnitrice du pharaon Menkaouhor,
successeur de Niouserr.
Latombedunesouveraineinconnue surgit du passUne quipe
darchologues tchques vient de dcouvrir la tombe de Khentkaus III,
reine de la Ve dynastie, dans la ncropole dAbousir.
ANCIENNE GYPTE
MAR
TIN
FROU
Z,AR
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EOF
THE
CZEC
H IN
STIT
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PTOL
OGY
NFEREFR fut un pha-raon de la Ve dynastie (xXVIe-XXIVe sicles
av. J.-C.). Son frre et successeur Niouserr fut son tour remplac
par Menkaouhor, fils de Nferefr et de Khentkaus III, dont la tombe
vient dtre localise dans la ncropole dAbousir. Menkaouhor est
men-tionn dans la liste de Manthon, qui lui attri-bue 21 annes de
rgne.
DEA
/ ALB
UM
VUE de la spulture de Khentkaus III, rcemment localise
Abousir.
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fer, Internet ou encore les imprimantes 3D et le cur articiel, les
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10 HISTOIRE & CIVILISATIONS
L E P E R S O N N A G E
histoire de Guillaume Tell est lune des plus clbres qui nous
soient parvenues du Moyen ge. Selon la tradi-tion populaire, cet
habitant
de Br glen, une commune du centre de la Suisse actuelle, tait
connu pour son adresse manier larbalte. Vers 1276, il provoqua le
gouverneur du canton dUri, Hermann Gessler, en refusant de
Lsincliner devant le symbole de lauto-rit de lEmpire autrichien,
qui dominait alors la rgion : un chapeau plac au sommet dun mt rig
au centre de la place principale de la commune. Le gou-verneur, qui
avait entendu parler de lhabilet de Guillaume Tell, dcida donc de
punir cet affront en obligeant ce dernier tirer sur une pomme pose
sur la tte de son plus jeune ls : si lar-
cher atteignait sa cible, il serait libre ; sinon, il serait
fait prisonnier.
Guillaume Tell sexcuta et russit planter son carreau darbalte
dans la pomme. Le gouverneur lui demanda alors pourquoi il avait
prpar deux ches, si une seule lui suf sait pour atteindre sa cible.
Le tireur lui rpondit que, en cas dchec, ctait en sa direction quil
aurait point son second projectile.
SOLDAT TIRANT LARBALTE. XVIIE SICLE.
MUSE DE LARME, PARIS.
Guillaume Tell, la vritsur le hros suisseSelon la lgende, la fin
duXIIIe sicle, un vaillant paysan du canton dUri se rebella
contrele bailli imprial, devenant ainsi un symbole de la lutte des
Suisses pour leur indpendance.
1273Rodolphe Ier accde au trne imprial. Le mouvement de
rsistance n de lunion des paysans du canton dUri voit le jour.
1291Le 1er aot, les reprsentants des trois cantons du centre de
la Suisse se runissent et se jurent entraide contre les
Habsbourg.
1315Les soldats de lEmpire sont dfaits lors de la bataille de
Morgarten. De nouveaux territoires se rallient la Confdration.
1353Les trois cantons centraux sunissent ceux de Glaris et de
Zoug, et aux villes du canton de Berne.
RMN
IMAG
ES
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 11
Le gouverneur ordonna alors darrter linsolent et de le conduire
en prison. Pendant la traverse en bateau du lac des Quatre-Cantons,
une tempte cla-ta et Guillaume Tell profi ta de la confu-sion pour
schapper et se diriger vers le chteau du gouverneur, Kssnacht.
larrive de Gessler au chteau, Guil-laume Tell dcocha sa seconde fl
che et tua le gouverneur.
Un simple mythe ?Cette singulire histoire a
toujours suscit le scepticisme des his-toriens. Au XVIIIe sicle,
Voltaire di-
sait dail leurs que lhistoire de la pomme [tait] suspecte, et
tout le reste ne l[tait] pas moins . Il nexiste en effet aucun
document contemporain de larcher suisse dans lequel soit consi-gne
cette histoire, ni mme mentionn le nom de son protagoniste. Les
pre-mires versions crites de ces faits datent du XVe sicle, et la
premire rf-rence Guillaume Tell apparat dans un texte de 1470 o il
est question dun personnage nomm Thall .En ralit, lhistoire dun
vaillant
homme qui tire une flche sur une pomme pose sur la tte de son fi
ls se retrouve dans dautres lgendes, comme la Geste des Danois,
rdige vers 1200
par Saxo Grammaticus, et une ancienne ballade anglaise de
William de Cloudeslee. Il est donc fort probable que lhistoire de
Guillaume Tell ne soit quune adaptation de ces lgendes. Cest
Aegidius Tschudi qui produisit en 1570 le premier rcit complet du
mythe de Guillaume Tell, avec sa Chronique de la Suisse (Chronicon
Helveticum), rdige dans le seul but de plaire tous ses lec-teurs
potentiels. Pour ce faire, il nhsi-ta pas inventer lexistence de
toutes sortes de documents.Lhistoire de Guillaume Tell tait lie
une autre lgende relative aux origines de la Suisse. Selon le
rcit dAegidius Tschudi, cest lassassinat du gouver-neur par le hros
qui dclencha la grande rbellion des Suisses contre le pouvoir
imprial. Ce mouvement par-tit des trois cantons (districts
souve-rains) du centre du pays, savoir Uri, Schwyz et Unterwald,
dont les repr-sentants (Walter Frst, Werner Stauf-facher et Arnold
von Mechtal) se runirent une nuit non loin du lac des
Quatre-Cantons, sur la plaine recule de Rtli, pour jurer de
sentraider et de se librer du joug des Habsbourg.
Rbellion dans les AlpesSil est vrai que les lgendes de
Guil-laume Tell et du serment de Rtli sont postrieures aux faits
quelles relatent, elles sont toutefois fondes sur des faits
historiques. Noublions pas que les territoires composant la Suisse
ac-tuelle et bordant le lac des Quatre-Can-tons ont longtemps t
domins par diffrents seigneurs fodaux. Suite lextinction en 1218 de
la ligne des comtes de Zhringen, propritaires dune grande partie du
territoire suisse, la dynastie des Habsbourg, la tte du
Saint-Empire germanique partir de 1273, chercha en effet tendre sa
do-mination sur le pays. Louverture des premiers cols alpins du
Simplon et de Saint-Gothard suscita en outre un in-trt stratgique
accru pour ces terri-toires, jadis fort isols.Face lambition
expansionniste des
Habsbourg, les cantons (et surtout les communauts rurales qui se
savaient les plus vulnrables) prirent conscience
BATAILLE DE LAUPEN. En 1339, les troupes de Berne et leurs allis
suisses crasent larme autrichienne. Miniature dune Chronique
illustre de Diebold Schilling le Vieux. XVe sicle.
MONUMENT LA MMOIRE DE GUILLAUME TELL. XXe SICLE. ALTDORF,
SUISSE.
Guillaume Tell dut tirer une flche sur une pomme place sur la
tte de son fils.
AKG
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TECA
9 X
12
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L E P E R S O N N A G E
LAVIERUDEDANSLESMONTAGNES
SICERTAINSAUTEURSduXVIIIe sicle,
telsqueJohannesvonMllerdanssonHistoiredelaConfdrationsuisse,prsentent
lesSuissescommeunpeuplepacifiquevivantenharmonieavec lanature, la
ralittait toutautre. Lesdifficiles
conditionsdeviedeschasseursetdespaysans
dans ces cantons alpins les obligaient en effet mener
defrquentesexpditionsarmesdanslebutdesemparer
depturagesetdattaquerdescouvents situs proximit.
ARBALTEMUNIE DUN ARC EN MTAL ET DCORE DE FLEURS. XVE SICLE.
de la ncessit de prserver les privi-lges auxquels leur statut de
territoires libres leur donnait droit, dans la me-sure o ils
dpendaient directement de lempereur. De plus, les communauts
alpines se caractrisaient par une longue tradition de pactes et
dalliances dfensives, et la singulire gographie dela rgion rendait
presque impossible la domination des seigneur fodaux.
Chaque communaut tait en effet r-gie par un gouverneur
(landammann), gnralement le plus grand propritaire terrien de la
communaut en question, investi dun rle avant tout reprsen-tatif.
Les hommes libres prtaient un serment par lequel ils sengageaient
renforcer lautorit du gouverneur et, ce faisant, garantir la paix
intrieure du territoire.
Cest ainsi quen 1291, aprs la mort de Rodolphe IV de Habsbourg,
les fa-milles la tte des cantons dUri, de Schwyz et dUnterwald
renforcrent leur alliance pour faire rgner lordre sur les terres
domines par les Habsbourg, sans recourir leur intervention. Pour ce
faire, ils prtrent serment par crit en prsence dun juge : Que
chacun sache donc que, considrant la malice des temps et pour tre
mieux mme de dfendre et maintenir dans leur in-tgrit leurs vies et
leurs biens, les gens de la valle dUri, la totalit de la valle de
Schwyz et celle des gens de la valle infrieure dUnterwald se sont
engags, sous serment pris en toute bonne foi, se prter les uns aux
autres nimporte quels secours, appui et assistance, de tout leur
pouvoir et de tous leurs efforts, sans mnager ni leurs vies ni
leurs biens, dans leurs valles et au-dehors, contre celui et contre
tous ceux qui, par nim-porte quel acte hostile, attenteraient leurs
personnes ou leurs biens (ou un
ZURICH, qui dpendait de lEmpire, fut lune des premires villes
sunir la Confdration, en 1291.
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 13
Avecletemps,la librationdesterri-toiresde laSuissecentraleet
laconsti-tution de la premire alliance entrecantons sincarnrent au
travers
dumythedelarbelliondeGuillaumeTellcontrelegouverneurGessler.ForgeauXVe
sicle,cettehistoiresediffusaunevitesse fulgurante. Mais ce nest
quauXVIIIe sicle que Guillaume Tell fut re-connu comme un hros de
la libert suisse. La chronique dAegidius Tschu-di, imprime pour la
premire fois en 1736, raconte les faits de ce personnage et servit
de base au long rcit que Jo-hannes von Mller inclut dans son
His-toire de la Confdration suisse, publie en 1778. Cette uvre fait
de Guillaume Tell le vritable reprsentant de lesprit national et
dpeint aux yeux du monde les Suisses comme un peuple paci que, en
harmonie avec la nature, et ayant ob-tenu son indpendance la seule
forcede son courage.
partir des crits de Johannes vonMller, Friedrich von Schiller
publia en
seul dentre eux), les attaqueraient ou leur causeraient quelque
dommage.
Un hros romantiqueLa porte de ce pacte dpassa les esp-rances.
Peu aprs sa signature, la ville de Zurich, place sous la tutelle
directe de lEmpire, dcida de le signer elle aussi. Dautres cantons
et villes libres limi-trent bientt, donnant naissance une nouvelle
confdration territoriale. Cette volont dautonomie et dautod-fense
allait cependant lencontre des prtentions impriales. En 1315, les
pay-sans sopposrent aux soldats envoys par lempereur pour faire
cesser les at-taques contre le couvent dEinsiedeln. La bataille de
Morgarten se solda par une victoire des paysans sur les troupes
im-priales, ce qui poussa dautres terri-toires rejoindre les
cantons centraux. Le serment de Rtli marqua ainsi le d-but de la
formation dun nouveau pays compos dhommes et de territoires libres
: la Confdration suisse.
1804 une pice de thtre sur ce hros dsormais clbre. Bien quil
nait jamais mis les pieds en Suisse, le grand crivain allemand tait
un adepte de lhelvto-philie, un courant alors trs en vogue,
vhiculant une vision idalise des Suisses prsents comme un petit
peu-ple ayant su conqurir sa libert face au despotisme. Lloquence
du personnage de luvre de Schiller ( Ce que les mains ont lev, les
mains peuvent le renverser. Dieu nous a donn la forteresse de la
libert. [] Les tyrans violents sont ceux dont le rgne dure le
moins. ) t de Guillaume Tell un symbole de la li-bert universelle
et un prcurseur de la lutte pour les droits de lhomme.
ISABEL HERNNDEZUNIVERSIT COMPLUTENSE DE MADRID
ESSAIGuillaume Tell J.-F. Bergier, Fayard, 1988.
Pour en savoir plus
LES REPRSENTANTSdes trois cantonscentrauxprtent
le sermentdeRtli.JohannHeinrichFssli.
Huile sur toile. 1779.Htel deVille deZurich.
LA PREMIRECONFDRATION
PACTE FDRALDE ZURICH, QUI SCELLA LUNIONDES TROIS CANTONS DE LA
SUISSE CENTRALE EN 1291.
AU DBUT du mois daot 1291, trois cantons centraux de la Suisse
actuelle sunissent. Cette premire Confdration voit le jour grce
plusieurs alliances entre les peuples dUri, de Schwyz et
dUnterwald, dans le but de dfendre leurs cantons contre les
attaques des Habsbourg. Ses signataires nont pas pour autant
lintention de fonder un tat in-dpendant, puisque chacun dentre eux
[demeure] attach son seigneur [...] .
STAA
TSAR
CHIV
SCH
WYZ
BPK
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LA
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14 HISTOIRE & CIVILISATIONS
du travail du fer et de la production de tissus trs apprcis,
darmes et dob-jets en cuivre, plomb et cramique. Ils vouaient
galement un culte leurs anctres et aux esprits des lieux.
Le voyage de Diogo CoEn 1482, une expdition navale portu-gaise
atteint lembouchure du Congo, alors que son chef, Diogo Co, cherche
ouvrir une route maritime qui relierait directement le Portugal
lInde. Peu aprs, celui-ci entreprend un nouveau voyage au cours
duquel il remonte le
a fondation du royaume du Congo par le roi Nimi Lukeni, du
peuple kongo (ou bakon-go), est postrieure 1350. Au dbut du XVIe
sicle, ce terri-
toire central couvrait une superficie de300000 kilomtres carrs,
au nord et au sud de lembouchure du fleuve Congo, et comptait une
population denviron 3 millions dhabitants. Si la monarchie y tait
sacre, elle tait nanmoins de nature lective. Les Congolais
pratiquaient lagriculture et le commerce, et tiraient leur
rputation
fleuve et entre en contact avec le puis-sant tat congolais. La
grandeur et les richesses de ce royaume impressionnent les
Portugais. Selon leurs dires, le che-min reliant la cte la capitale
Mbanza Kongo tait sr, propre, bien entre-tenu et permettait un
ravitaillement alimentaire rgulier et abondant . cette poque, le
roi du Congo (le ma-nikongo ) est Nzinga a Nkuwu (1470-1506). Diogo
Co le dcrit assis sur une estrade richement dcore, torse nu, coiff
dune couronne en feuilles de palmier et dune queue de cheval
Les Portugais au Congo : la lune de miel tourne court la fin du
XVe sicle, des explorateurs portugais dcouvrent le puissant royaume
du Congo. Mais lesrelations amicales ne tardent pas laisser place
aux conversions forces et la traite ngrire.
UN ROI DU CONGO trnant sur son estrade reoit une dlgation de
Portugais au XVIe sicle. Gravure partir dun original de Thodore de
Bry.
L
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 15
pare dargent qui lui tombait dans ledos, la
tailleceintedunvoiledeDamasque [le roiduPortugal]luiavaitenvoyet le
bras gauche orn dun braceleten ivoire .Les Portugais se
montrentrespectueux envers les Congolais, etleur commandant baise
la main du roien signe destime.
lacooprationr contact donnesignature dac-e collaborations deux
pays enLes Congolaismerveills par
echnologies des
Europens, auxquels ils
demandentdefairevenirartisansetmatriaux.Desmaons et des
charpentiers arriventbientt et sinstallent dans la
capitalecongolaise. Des liens diplomatiquesse nouent galement entre
les deuxroyaumes : en 1489, une
ambassadecongolaisepartpourLisbonnesurordrede Nzinga a Nkuwu, qui
envoie
peuaprsdesjeunesgensdesacourtudierauPortugal.Laidemilitaireportugaisese
rvle dcisive pour le monarquecongolais qui repousse grce elle
desennemis tels que les Tks, un peupleaussiconnusous
lenomdeBatks.
Encontrepartiedecettecoopration,lesPortugaisexigentlaconversiondes
Congolaisauchristianisme.Lesmis-sairesenvoysen1489auPortugalsont
ainsi baptiss. Les premiers
mission-nairesarriventen1491etconstruisent des glises et des
coles.Le roi Nzinga a Nkuwu, qui accepte de se faire bap-tiser et
prend le nom de Jean Ier, est le premier dune longue ligne de
mo-narqueschrtienscongolais.Lesaristo-cratesautochtonesquisesonteuxaussi
convertis forment un parti catholique proportugais,
lesEsi-Kongo.
Une grande partie de la population rejette toutefois la nouvelle
religion. Leroilui-mmerefusedenembrasser
touslesprincipes,notammentlinter-dictiondelapolygamie,etnetardepas
revenir ses anciennes croyances. Toutstaitenchantroprapidement pour
quune vritable acceptation du catholicismeftpossible,crit
lhis-torien Isidore Ndaywel Nziem. la mort du monarque, lun de ses
fils,un non-chrtien soutenu par les parti-sans de la tradition,
doit lui succder. LDAT PORTUGAIS. FIGURINE DU XVIe SICLE. MUSE DU
QUAI BRANLY, PARIS.
Grce laide militaireportugaise, Jean Ier du Congoput vaincre ses
ennemis.
L V N E M E N T
UNE FONDATION SANGLANTE
SELONLALGENDE,NimiLukeni, ledernier
filsduroideBungu,dcidadeprendre le contrle de la rive droite du
fleuve Congo. Le prince exigeaitun droit de passage lev pour
rejoindre lautre rive, jusqu ce que
satante,enceinte,cherchetraverser le fleuvesanssacquitterde
limpt.Furieux,NimiLukeni ltripa.Poursuivipar lepredeladfunte, il
traver-sa le fleuve avec ses loyaux serviteurs et fonda le royaume
du Congo.
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HIST
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LE CONTINENT AFRICAIN REPRSENT SUR UNE MAPPE-MONDE DE PIERRE
DESCALIERS. 1550. BRITISH LIBRARY, LONDRES.
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16 HISTOIRE & CIVILISATIONS
L V N E M E N T
LA MAGIE DU BAPTME
CRUCIFIX DU ROYAUME DU CONGO. XVIe SICLE. METROPOLITAN MUSEUM,
NEW YORK.
Mais avec laide des Portugais, un autre de ses fils, un
catholique convaincu du nom de Mvemba Nzinga, renverse lhritier
dsign et monte sur le trne sous le nom de Ndofunsu .
Le catholicisme par la forceNdofunsu (1506-1543) matrise la
lan-gue portugaise et pense que le catho-licisme lui permettra de
se maintenir
au pouvoir. Les Portugais ne le consi-drent pas comme un roi
tributaire, mais comme un souverain vritable. En 1512, Manuel Ier
du Portugal sadresse lui : Trs puissant et excellent roi du Congo,
veuillez recevoir nos salutations en signe de lamour et de lestime
que nous vous portons. Nous prions Dieu de vous accorder une longue
vie et toute la sant que vous puissiez dsirer.
Mais la ferveur religieuse presque obsessionnelle de Ndofunsu
surprend les Portugais eux-mmes. Il combat la religion congolaise
en brlant les objets de culte et en punissant de mort leur
possession (peine prononce contre plusieurs membres de sa famille).
Il pro-meut un art chrtien fond sur lemploi de la croix, que les
Congolais adaptent cependant en lui associant des signi-fications
africaines. Il encourage len-seignement en langue portugaise, fait
construire de nombreuses glises et coles pour les enfants de la
noblesse, tenues par des prtres europens dont le niveau
intellectuel laisse cependant dsirer. Ndofunsu
adopte ltiquette de la cour portugaise, sa hirarchie et ses
titres, et rebaptise la capitale du pays Saint-Sauveur (So
Salvador). Envoy par son pre au Portugal pour tudier, le fils du
roi, Ndo-diki, devient lge de 23 ans le premier vque catholique
noir.
APRS LARRIVE des Portugais, le manikongo Nzin-ga a Nkuwu commena
sintresser au christianisme. Le monarque accepta dtre baptis en
1491, car il avait en-tendu les chrtiens dire que leau bnite
garantissait la vie ternelle. Le roi y vit le remde qui lui
permettrait dchapper la vieillesse et la mort.
LOANGO, au royaume du Congo, tait lune des villes les plus
dveloppes dAfrique. Elle dut sa prosprit au trafi c des
esclaves.
Gravure du XVIIIe sicle.
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 17
CARLOCARANCIHISTORIEN
ESSAISNouvelle histoire du CongoI. Ndaywel Nziem, Le Cri,
2009.Histoire des colonisations.Des conqutes aux
indpendances,XIIIe-XXe sicleM. Ferro, Points, 1996.
Pourensavoirplus
Les Portugais entendent contrler les exportations congolaises.
Ils in-terdisent au Congo de commercer avec dautres pays europens
et tentent de priver le manikongo de ses navires com-merciaux. Le
gouverneur de So Tom (une le du golfe de Guine dcouverte en 1470,
servant de base conomique au Portugal) mprise les missaires
congolais, retient les voyageurs faisant route vers Lisbonne et
sapproprie les prsents que schangent le Portugal et le Congo. Le
souverain Ndofunsu, longtemps conciliant, commence se montrer
rticent lintroduction gnralise du droit portugais et au fait que
les Portugais inculps dans son royaume soient jugs au Portugal.
cette situation vient se greffer le commerce des esclaves, lanc
en 1505. Ndofunsu y est fermement oppos et entend expulser de ses
terres les com-merants europens, qui comptent des allis au sein de
la noblesse congolaise.
Le souverain craint de voir son pays dpeupl et dpouill de toute
main-duvre. Il crit en 1526 Jean-Paul III du Portugal, dont il
ignore la participa-tion la traite : [Le] pays regorge de
trafiquants dont lactivit menace de [le] mener sa ruine. Il ne se
passe pas un seul jour sans que ces hommes ne rduisent des
habitants en esclavage.
Dsaccords et conflitsLes tensions entre Portugais et Congo-lais
ne cessent de crotre et la religion africaine, jusqualors
marginalise, re-prend du terrain. Le jour de Pques de 1539, des
sicaires portugais engags par les esclavagistes font irruption dans
lglise o Ndofunsu est en train de prier et tirent sur le souverain.
Ils ont voulu me tuer devant le Vritable Sauveur du monde , dclare
le roi, incrdule, qui mourra quatre ans plus tard, en 1543.
Ds lors, lhistoire du Congo sera marque par lesclavagisme, par
de vio-
lentes guerres avec ses voisins et par la conversion force au
christianisme. En 1665, le Congo perd son indpendance aprs la
bataille de Mbwila, o des cen-taines de Portugais, avec leurs allis
africains, ont raison de larme du roi Antoine Ier, quils dcapitent.
Lors des dcennies suivantes, le Congo plonge dans la guerre civile
et la dliquescence. La dynastie des rois chrtiens congolais se
maintient toutefois au pouvoir de manire fantoche jusquen 1885,
anne o le territoire du Congo est rparti entre le Portugal, la
Belgique et la France lors de la confrence de Berlin.
Un ambassadeur auprs de la Rome papaleEN 1608, LE ROI DU CONGO
envoie une premire ambassade Rome en signe de soumission lglise
catholique. Son ambassadeur dcdera dans la Ville ternelle, o il
sera enterr avec tous les honneurs.
Dpart du CongoAssis sur son trne, Nimi a Nkanga (1587-1614)
donne des instructions son reprsentant, Antonius Emanuel,
concernant son ambassade Rome.
Visite du papeLtat de sant de lambassadeurcongolais saggrave. Il
reoit la visitedu pape Paul V, qui lui donnesa bndiction, et dcde
peu aprs.
Entre Rome son arrive Rome en 1608, Antonius Emanuel, tomb
malade pendant son voyage, est log au palais apostolique du
Vatican.
4 EnterrementLambassadeur congolais est enterr
Sainte-Marie-Majeure. Son cercueil est conduit lglise par un cortge
o est reprsent tout le clerg romain. BRI
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L A V I E Q U O T I D I E N N E
tiques, mais vitaient den user car, commelcrivait un autre
chroniqueur espagnoldu XVIe sicle, le pre Sahagn, semettre des
couleurs, mme si cela parat bien, est le propre des femmes
mondaines et charnelles []. Seules enusent les femmes qui ont perdu
les sens. Il convient de signaler que la polygamie tait une
pratique courante chez les nobles et que les hommes pouvaient avoir
autant dpouses que le leur permettaient leurs nances.
Lesnobles portaient des vtements encotonet des ornements en
plumes, en or ou en jade. Lhomme possdait deux vtements : le
maxtlatl (pagne),
pliaient le petate et les couvertures quils rangeaient dans des
coffres pour dgager la pice. Les gens humbles navaient pas de
couvertures et secontentaient de plier la natte quilsappuyaient
contre le mur pour att-nuer le froid ou lhumidit.
Pagneet corsagebrodHommes et femmes se lavaient aumoins une fois
par jour avec un sa-von confectionn partir du fruit ducopalxocotl
ou de rhizomes de sapo-naire, et se schaient avec un drap
encoton.Quasimentimberbes,lesjeunesgens navaient pas besoin de se
raser,mais ils rassemblaient leurs
cheveuxdansunbandeaurougequilsornaientde somptueuses plumes
doiseauxtropicaux pour marquer leur statutsocial. Les femmes se
faisaient uneraie mdiane et deux tresses quellesrelevaientsur la
tte, lespointesdiri-ges vers le haut lorsquelles
taientmaries.Ellesdisposaientdecosm-
Tenochtitln, la capi-tale de lEmpire aztque, la journe commenait
au son des tamboursdont lesprtres jouaient
au sommet des temples de la ville.Selon le chroniqueur espagnol
duXVIe sicle Diego Durn, lorsquils lesentendaient, les voyageurs et
lestrangers se prparaient partir, lespaysans allaient dans leurs
champs,les marchands dans leurs ngoces,
etlesfemmesselevaientpourbalayer.
Compose de guerriers, de fonc-tionnaires et de prtres, la
noblessequidirigeait lEmpireentamaitla jour-ne de la mme manire.Ds
le leverdu soleil, les serviteurs sactivaientpour assister leurs
matres. Ces der-niers dormaient sur une natte, oupetate, sur
laquelle taient posesdpaisses couvertures en coton en
telas.Unetreslevs,
mestiques
Une journe dans la vie des nobles aztquesDs le lever, le
quotidien des aristocrates de la capitale tait rythm au son des
trompettes et des tambours des temples.
VTEMENT DE LA DESSEX ET DESSES sont souvent reprsents avec
vtements identiques ceux des humains. Ici,esse Chalchiuhtlicue,
pouse du dieu Tlaloc,se, est vtue comme les femmes aztquese jupe et
dun huipil (corsage brod). Deuxues tresses retombent dans son
dos.
2015
BANC
ODE
MX
ICO
DIEG
ORI
VERA
FRID
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HLO
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S TR
UST,M
EXIC
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VEGA
P. FO
TO: A
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HIUHTLICUE, CELLE QUI PORTE UNE JUPE DE JADE . DE LHOMME,
PARIS.
MARCH DE TLATELOLCO, avec la ville de Tenochtitln et la double
masse du Templo Mayor en arrire-plan. Fresque de Diego Rivera.
1945. Palais national, Mexico.
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 19
qui passait entre les jambes et se nouait sous le nombril en
laissant tomber de-vant et derrire une longue extrmit, et le
tilmatli, un manteau qui se nouait sur lpaule gauche. La femme
portait le huipil, un corsage bord blanc, et une jupe descendant
jusquaux genoux, attache avec une lanire brode en guise de
ceinture. Les toffes les plus recherches pour leurs motifs
somp-tueux venaient des ctes du golfe du Mexique, une rgion do les
femmes aztques importaient aussi un poncho bord de franges. Hommes
et femmes chaussaient des sandales, les cactli, dont les semelles
en fibre vgtale et
Des rites sacrs pour saluer le SoleilDAPRS LE TMOIGNAGE
recueilli dans les chroniques de Sahagn, chaque matin, les prtres
du temple faisaient brler des parfums et du copal (une rsine), et
sacrifiaient une caille. Une fois la caille dcapite, les prtres
loffraient au Soleil, quils saluaient
par ces mots : Il sest lev, le Soleil, celui qui resplendit, le
fils chri de la Turquoise, laigle qui slve. Qui sait comment il
ac-complira sa COURSE aujourdhui ? Qui sait ce qui sera dans sa
queue, sous son aile ? Va, accomplis ta course, notre seigneur ! Et
la nuit, selon ce mme Sahagn, ils
disaient : Le seigneur de la nuit sest dploy, celui au nez
pointu (YACAHUITZLI). Qui sait comment il accomplira son travail ?
Se-lon dautres tmoignages, les Aztques indiquaient successi-vement
le dbut du coucher du soleil, lobscurit, lheure daller se coucher,
et minuit.
-
L A V I E Q U O T I D I E N N E
en cuir taient dotes de talonnires et de cordons pour les
nouer.
Une fois lavs et vtus, les hommes prenaient le premier repas de
la jour-ne, assis sur des siges bas en bois, le manteau ramen vers
lavant. Ce repas se composait de galettes de mas grilles, parfois
farcies de viande ou de poisson, et dune tasse de cacao, la jicara,
le tout servi dans de prcieux rcipients en cramique rouge et noire
de Cholula, trs prise par llite az-tque. Mais le reste de la
population navalaitsonpremierrepas galettes
ine de mas que lorsque
les trompettes du temple sonnaient la deuxime heure du jour,
vers 9 heures du matin.
Djeuner heure fixeLes nobles travaillaient dans le quartier
crmoniel de la capitale, o se trou-vaient les temples, les autels,
les palais royaux, les btiments administratifs et les principales
coles. Certains se-condaient le tlatoani (gouverneur) dans ses
fonctions politiques et militaires. Dautres taient des juges
respects, ou soccupaient de ladministration du complexe et du
recouvrement des impts, la charge des calpixques. Les
prtres duquaient les enfants de la no-blesse dans une cole
appele calmecac, entretenaient les temples et organi-saient les
crmonies. Quant aux guer-riers vtrans, ils formaient les jeunes
lcole militaire (telpochcalli). Sur les marchs, des inspecteurs
veillaient ce quil ny ait ni rixe, ni escroquerie sur les prix ou
les quantits.
Diego Durn poursuit : midi, les ministres du temple sonnaient
les cornes et les conques, donnant le signal que tous pouvaient
manger. Le moment tait venu de faire une pause pour consommer un
repas fru-gal. Tandis que les plus humbles bu-vaient latole et
mangeaient les galettes et les haricots quils avaient appor-ts de
chez eux, dautres se rendaient dans lune des auberges du quartier
du march o, selon Hernn Corts, lon pouvait acheter boisson et
nourriture dans des maisons o lon donne boire et manger contre de
largent . ENTAIL EN PLUMES. MUSE ETHNOGRAPHIQUE DE VIENNE.
Aprs le dner, les nobles uvaient un cacao mousseux ans la brise
du soir.
La routine dun AztqueDANS SES CHRONIQUES de la conqute du
Mexique, Andrs de Tapia, capitaine de Hernn Corts, dcrit les
habitudes quo-tidiennes du souverain Moctezuma, qui taient
certainement trs proches de celles des nobles de sa cour
Tenochtitln : Ses domestiques venaient le servir et lui
appor-taient chaque repas plus de quatre cents plats de viande avec
des fruits et des herbes, des lapins et du gros gibier, des cailles
et des poules, et beaucoup de poissons diffrents cuits de diverses
manires, et chaque plat tait plac sur un brasero allum ; et on lui
apportait toujours de nouvelles assiettes pour manger et il ne
mangeait jamais plus dune fois dans le mme plat, et ne portait
jamais le mme vtement plus dune fois ; et il se lavait le corps
deux fois par jour.
Le bain quotidienCette scne du Codex de Florence illustre le
bain rituel du dieuQuetzalcatl, mais on peut imaginer que les
Aztques se lavaient aussien saspergeant au moyen une cuelle , au
bain ou prs dun ruisseau.
AGE
FOTO
STOC
K
E. L
ESSI
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ALBU
M
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 21
L A V I E Q U O T I D I E N N E
En revanche, ceux qui vivaient dans les dpendances du quartier
crmoniel bnficiaient de la nourriture prpare dans les cuisines du
palais. Aprs cette brve pause, chacun retournait vaquer ses
occupations jusquau coucher du soleil, quand les tambours et les
trompettes du temple rsonnaient de nouveau pour annoncer la fin de
la journe de travail.
Dner aprs le bainDe retour chez eux, avant le dner, les nobles
prenaient un bain de vapeur dans le temazcal, une pice dont lun des
murs tait accol au foyer de la cuisine, allum en permanence afin
que lon puisse se baigner nimporte quel moment. Le temazcal tait
parfu-m avec des plantes aromatiques telles que la cacaloxochitl,
et les nobles se faisaient masser par des nains, seuls en mesure de
se tenir debout sous le plafond bas de la pice.
Aprs le bain, les nobles revtaient des vtements propres et
sasseyaient autour de la table recouverte de nappes. Les
domestiques apportaient des plats de viande, de poisson et de
lgumes que lon gardait au chaud sur de petits braseros en argile,
et lon se servait de galettes de mas en guise de couverts. Les
domestiques veillaient ce que ne manquent ni boisson ni nourriture.
Ils devaient aussi passer rgulirement laquamanile pour que les
invits se lavent les mains avant de les scher avec des linges en
coton. Les boissons consommes taient leau, le sirop dagave et les
jus de fruits. La consom-mation dalcool dont le pulque ou uctli,
labor partir de la sve fer-mente de lagave tait interditeavant 52
ans, ge auquel les noblespouvaient prendre leur retraite etjouir de
certaines prrogatives.
Le repas termin, les seigneurs az-tques sortaient dans la cour
prin-
cipale de leur demeure. Entours de fleurs, bercs par le murmure
des fontaines, ils prenaient place sur de confortables coussins
pour dguster un cacao mousseux et frais, sucr au miel et assaisonn
la vanille ou au piment, et fumer la pipe jusqu ce que les prtres,
allumant des torches et sonnant les trompettes, annoncent lheure de
dormir. Alors, crit Diego Durn, la ville tait plonge dans un tel
silence quil semblait que pas un homme ne sy trouvait, vidant les
marchs, regroupant les gens. Tout tait si calme et si tranquille
que cela paraissait trange.
ISABEL BUENODOCTEUR EN HISTOIRE
ESSAILes Aztques la veille de la conqute espagnoleJ. Soustelle,
Hachette, 2011.
Pour en savoir plus
Une nourriture abondante et varieCet autre dessin montre deux
hommes mangeant du mas quilsprennent dans des paniers en fibre
vgtale . Les rcipients surtrpieds contiennent de la volaille,
probablement de la dinde.
Le vtement dun nobleCette illustration extraite du mme codex
montre un nobleportant le tilmatli , lemaxtlatl , un cigare
(rouleau de tabac)
et un ventail pour chasser les insectes .
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MARQUISES, SALOMON, NOUVELLES-HBRIDES...
LA CONQUTE DU PACIFIQUEAu XVIe sicle, nourris de mythes sur la
Terre australe ,
des navigateurs comme lvaro de Mendaa partent la conqute des
mers du Sud, explorant ttons le plus vaste ocan du monde.
SALVADOR BERNABU ALBERTCHERCHEUR EN SCIENCES AU CONSEIL SUPRIEUR
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DE SVILLE
-
GREG
ORY
GERA
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Lorsquen 1513, quittant la province espagnole dEstrmadure, Vasco
Nez de Balboa traverse listhme de Panam, il est le premier Europen
contempler limmensit de locan Paci-fique. Ainsi souvrent de
nouveaux horizons aux Espagnols et leurs explorations du XVIe
sicle. Quelques annes plus tt,
Christophe Colomb avait entrepris ses clbres voyages pour
trouver une voie maritime menant vers lOrient et ses richesses
lgendaires, dcouvrant finalement le continent amricain. Voil que de
nouvelles possibilits soffraient. Au cours des annes qui suivront,
Magellan (1521), Jofre de Loasa (1526), Saavedra (1527), Grijalva
(1536) et Lpez de Villalobos (1542) vont sillonner le Pacifique
pour relier les ctes amri-caines aux les Moluques rputes pour leurs
prcieuses pices , aux Philippines, la Chine et au Japon. Grce eux,
Urdaneta dcouvri-ra en 1565 la route maritime permettant de revenir
de lAsie vers lAm-rique, que le galion de Manille parcourra pendant
des sicles, raison dune ou deux traverses par an entre les
Philippines et Acapulco.
LES LES MARQUISESEn 1595, lexpdition de Mendaa atteint
les les Marquises.Pour remercier de son
soutien Magdalena Manrique, pouse
du vice-roi du Prou, Mendaa donne son nom lune des les,
lactuelle Fatu Hiva.
-
deMendaa,uncapitainegalicien, entreprend la premire expdition
maritime dans le but datteindreces terresmythiques.
Les lesduroiSalomonMendaaestchoisiparsononcle Lope Garca de
Castro, gouverneur intrimaire du Prou, pour mener lentreprise. Il
quitte Callao, le port de Lima, le 19 novembre 1567, au
com-mandement de deux navires transportant 156 hommes. Les
dsaccords entre Mendaa etdeuxdesesofficiers,lecosmographe Pedro
SarmientodeGamboaetlechef-pilote Hernn Gallego, provoquent
plusieurs changements decap.Maisauboutde60jours de navigation, on
aperoit une le la vgtation exubrante
En suivant cette route traversant le Paci-fique, les navigateurs
espagnols sengagentdans une rgion inexplore : le Pacifique
sud.AuXVIe sicle,onignorait lexistencedelAus-tralie, de la
Nouvelle-Guine et des
archipelsdeMlansieetdePolynsie,maisloncroyaitquunimmensecontinentarctique,
laTerreaustrale , stendait dans lhmisphre
sud.Lesexplorateursespagnols,avidesdedcouvrirce territoire
mythique,taient sduits par
leslgendesqui,desaconquteauxannes1530,circulrentauProu.Unelgendeincavoquaitainsi
des les florissantes au cur de la
Meroccidentale,olonsituaitgalementlaterredesAmazonesetOphir,lepaysdesminesdordu
roi Salomon selon la Bible.En 1567,lvaro
AUX CONFINS DU MONDE Cette carte montre larchipel des
Philippines, dans le Sud-Est de lAsie, o accosta lexpdition de
Mendaa en 1596. Extrait dA. Ortelius, Theatrum orbis terrarum.
Anvers, 1570.
24 HISTOIRE & CIVILISATIONS
ALVARO DE MENDAA estnomm capitaine dune exp-dition qui part du
Prou pourexplorer le Pacique sud. Aprsune traverse difcile, il
atteintlarchipel des les Salomon.
1567-1568VOULANTORGANISER une se-conde expdition pour coloniser
les les Salomon, Mendaa se rend en Espagne pour obtenir une
au-torisation ofcielle. Elle ne lui sera accorde que quinze ans
plus tard.
1574-1589LEXPDITION de Mendaa part de Paita, au Prou.
Lexplorateur est accompagn de son pouse, Isabel de Barreto. Aprs la
dcou-verte des les Marquises, il meurt dans les les Santa Cruz.
1595
LA QUTE DU
PARADIS
ERICH LESSING / ALBUM
-
LIMA, LA VILLE DES VICE-ROIS
Lima, capitale de la vice-royaut du Prou
depuis 1543, tait une ville prospre o con uaient les
richesses dAmrique et dOrient. Sur cette photo, la cathdrale de
Lima, construite entre 1535 et 1649.
FERNNDEZ DE QUIRS effec-tue un nouveau voyage dans le Paci que
et dcouvre larchipel des Nouvelles-Hbrides, mais il ne peut obtenir
le nancement dune autre expdition.
1605-1606
GONZ
ALO
AZUM
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E FO
TOST
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sontblesss,etcesdeniers brlent le
villagindigneavantdereparCecitant,lesexploratsoumettre plusieurs de
grandes richessesdceler des indices prouvant l existence d
oretdpices,cequipousseMendaarentrerauProupourprpareruneautreexpditiondotede
plus de moyens. Sur le chemin du retour,les explorateurs font un
grand dtour qui lesamne jusqu la cte de Californie,quils
re-descendentjusquCallao,leurportdedpart.
Errancedans
lePacifiquePourprparercettenouvelleexpdition,Men-daaserendenEspagneo,le27avril1574,ilsefaitremettreparlegouvernementlescapitula-tionslenommantadelantado,cest--diregouverneur,
capitaine et gnral des les
quilavaitdcouvertes;enchange,ildoitfinancerlintgralitde
lentreprise.En1577,deretourau Prou, Mendaa nobtient pas lappui
duvice-roi Francisco de Tolde et doit attendre1589, date de larrive
de son successeur, lesecond marquis de Caete, pour
concrtisersonprojet.Lentrepriseestplusambitieusequela prcdente. La
flotte se compose de deux
appartenant larchipel des Ellice. Trois se-maines plus tard, le
7 fvrier 1568, les naviresatteignent lune des les dun archipel
encoreplusgrand,quilsdnommentleSalomon,persuadsquil sagitdu
lgendaireOphir.
Leursespoirsdavoirenfintrouvleparadissont vite dus. De violents
accrochages
sesuccdentaveclestribusautochtonesaucoursdessixmoisdexplorationdeslesSantaIsabel,Guadalcanal
et San Cristbal toponymes
espagnols qui ont t conservs.
LechroniqueurLuisdeBelmonteBer-mdezracontecomment,lorsquelesEspagnolsdescendirentcher-cherdeleauSantaAna,unepe-tite
le basse et ronde dote dunpromontoire plac en son
centrecommeunchteau, les Indiensattaqurent les ntres avec deslances
et des flches, en pous-sant des hurlements ; ils taientenduits,
avec du feuillage sur latteetdesbandessur
lecorps.Lorsdelaffrontement,deuxin-dignessonttus,troisEspagnols
BOUCLIER ORN DUNE SILHOUETTE DE GUERRIEREN NACRE DE NAUTILE.
1860. LES SALOMON.BRITISH MUSEUM, LONDRES.
DANS UNE CHRONIQUE consacre au Prou, Pedro Sarmiento de Gamboa
rap-porte une curieuse histoire concernant le souverain inca Tupac
Yupanqui (v. 1440-1493). Celui-ci, se trouvant dans le Nord de son
royaume, rencontra des marchands venus de la mer qui lui donnrent
lide dorganiser une expdi-tion maritime. Il embarqua avec un grand
nombre de radeaux et 20 000 soldats. Il dcouvrit les les Auachumbi
et Nina-chumbi, et en revint avec des gens la face noire, une
grande quantit dor, un trne en laiton, une peau et des mandibules
de cheval . On suppose quil sagit des les Galpagos ou de lle de
Pques, mais peut-tre nest-ce quune lgende. Quant Sarmiento, il
navait pas oubli cette his-toire lorsquil fut nomm capitaine de
na-vire de lexpdition de Mendaa en 1567.
LINCA TUPAC YUPANQUI, LUN DES FONDATEURSDE LEMPIRE INCA AU XVe
SICLE. GRAVURE.
LA ROUTE INDIQUE PAR LES INCAS
/ AL
BUM
26 HISTOIRE & CIVILISATIONS
BRITI
SH M
USEU
M /
SCAL
A, F
LORE
NCE
ASTROLABE EN LAITON DOR AYANT APPARTENU PHILIPPE II 1566
MUSE
ARMURERIE ROYALE DE MADRID.
NAVIRE QUITTANT LE PORT DE LISBONNE
AU XVIe SICLE. GRAVURE DPOQUE DE T. DE BRY.
-
Auretourde la secondeexpditionmeneparMendaaen 1595,lepilote
FernndezdeQuirsdtaille dansun rapport cequil
fautimprativementemporterpour russir unvoyagedexplorationdans
lePacifique : le navire, lquipage, lesprovisions, les armes
1LquipageSelon Quirs, il fallait embarquer deux pilotes prudents
et enclins la raison , un ou deux chirurgiens et40 hommes, tous
marins, qui sont seulsncessaires aux dcouvertes, et sanssoldats,
car la paix est mieux prserve .Il fallait ajouter quatre
domestiques etdeux religieux pour soccuper des marinset convertir
les Indiens.
3Les provisionsQuirs recommandait de remplirles cales debizcocho
(pain sans levaincuit deux fois), de tranches de viande deporc ou
de buf, de poisson conserven saumure, de vin, dhuile, de
vinaigre,de beurre, de miel, de sucre, etc. Il fallaitemporter
suffisamment de barils deaupotable, bien que Quirs parle dunalambic
pour dessaler leau de mer.
es armes feuuirs conseillait demporter
oins une arquebuse par hommeipage, des mousquets et desers. Il
fallait aussi de la poudre
deux ou trois ans , de la corde pour(car on pouvait la
confectionnerr place), et deux ou trois chiens,car ils suivent les
traces, [...] etarce que les Indiens en ont peur .
4Un navire manuvrableSelon Quirs, les navires devaienttre de
taille moyenne, dune centainede tonneaux ; ils taient plus
maniables,moins susceptibles de schouer, et encas durgence cinq
hommes seulementsuffisaient les piloter. Enfin, il
fallaittransporter une chaloupe dmontepour reconnatre les ports,
chercherleau et le bois, et suivre les Indiens.
La prparation du voyage
MT
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DCHARGEMENTDE BARRIQUES DEVIN DUNEILLUSTRAXVe SICL
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INDE
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dans des canos et en sapprochant les encer-clrent , ce quoi les
Espagnols rpliquent en ouvrant le feu et en tuant plusieurs
indignes. Bermdez raconte quun indigne qui tentait de senfuir la
nage avec son enfant dans les bras fut tu dun coup darquebuse par
un soldat espagnol et coula avec son fils. Le soldat di-sait
ensuite avec grande douleur que le diable lemporterait en enfer
.
Une femme chef dexpditionLes explorateurs reprennent leur
navigationpour retrouver les les Salomon, mais pen-dant plus dun
mois ils ne voient que de
leauautourdeux.LemcontentementgranditauseindelquipagequicroitqueMendaaetsonpilote
sont perdus au milieu de limmensitdu Pacifique. Le 7 septembre, ils
atteignentfinalement Santa Cruz, une le magnifique,situe 400
kilomtres peine des les Sa-lomon,destination laquelle lexpdition
neparviendra jamais.
partirdecettedate,lescatastrophessen-chanent.LelendemaindelarriveSantaCruz,lun
des navires disparat avec ses 182
mem-bresdquipage;personnenenentendraplusjamais parler. Le reste de
lexpdition sins-talle et entame la construction de quelques
navires, une galiote et une frgate, et emporte un quipage de 280
hommes, en plus dune centaine de colons censs stablir dans les les
Salomon, dont plusieurs femmes. Lune dentre elles est lpouse de
Mendaa, Isabel de Barreto, qui a apport sa dot afin de complter la
flotte. Pedro Fernndez de Quirs, dorigine portugaise, en est le
chef-pilote.
Ayant appareill de Callao, la flotte se lance sur locan depuis
le port de Paita, au Prou, le 16 juin 1595. Aprs une traverse dun
mois,les navires arrivent dans larchipel des Mar-quises, baptis
ainsi en lhonneur de Mag-
pouse du vice-roi, donttionatdterminanteorganiser
lexpdition.
xplorent larchipel du-euxmoisetseheurtentuveau violemment
auxignes.Ainsi,Mendaavoie un jour un groupevingt soldats
chercherunportoudeleaudans
lune des les ; beau-coupdIndiensvinrent
LVARODEMENDAADIRIGEA DEUX EXPDITIONS DANSLE PACIFIQUE SUD.
GRAVURE DE 1880. AR
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INDIGNES DE PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINE. DESSINS COLORS LA PLUME.
1606. ARCHIVES GNRALES DE SIMANCAS, VALLADOLID.
28 HISTOIRE & CIVILISATIONS
INDE
X
OLIVER STREWE / CORBIS / CORDON PRESS
RECHERCHE DE LA TERRE AUSTRALE En 1606, Luis Vez de Torrs est le
premier navigateur europen traverser le dtroit sparant lAustralie
de la Nouvelle-Guine. Ci-contre, lle Waier, dans le dtroit de
Torrs.
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BRID
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ACI
Lors des expditions, les navigateurs espagnols sont entrs en
contact avec les populations indignes des archipels polynsiens. Les
chroniques rassemblent dintressantes observations de ces voyageurs.
Lune dentre elles est accompagne dillustrations dessines daprs
modle.
Le vtementDans certaines les, les femmes allaient vtues de
chemise et jupon et les hommes rien quune ceinture et leur nudit .
Ailleurs, tous taient nus.
La couleur de peauSur une le, ils virent des gens blancs et roux
, ailleurs des Indiens peu blancs et sur une autre le des gens
noirs diffrents de tous les autres .
Pacifiques...Les indignes dune le les reurent en jetant leurs
armes terre et les embrassrent et leur baisrent la joue , certains
tentant mme dapprendre leur langue.
... ou hostilesAilleurs, les indignes attaqurent les Espagnols
avec des flches, des lances, des masses, en se protgeant derrire de
grands boucliers.
u cours de leurs voyages, les Espagnols purent observer les
coutumes des po-pulations indignes. Ils ont consign
leurs impressions dans un grand nombre de chroniques et de
rcits. Ce fut le cas de lexpdi-tion de Fernndez de Quirs en 1606.
Aprs avoir atteint les Nouvelles-Hbrides (lactuel Vanuatu), Quirs
dcida de rentrer en Amrique. Lun de ses navires, command par Vez de
Torrs, scarta de sa route et explora seul les ctes de
Papoua-sie-Nouvelle-Guine. Les Espagnols entrrent en contact avec
des indignes et en capturrent mme une vingtaine. Ils rentrrent
finalement Manille en 1607. Torrs a rdig un rcit de ce voyage
illustr par Diego de Prado y Tovar.
COUPLE ENLAC. CETTE SCULPTURE EN BOIS FAISAIT PARTIE DUN POTEAU
DE MAISON CRMONIELLE. LES SALOMON. XVIIe SICLE.
-
ESSAIHistoire du Pacique des origines nos joursD. Barbe, Perrin,
2008.TEXTEHistoire de la dcouverte des rgions australesP. Fernndez
de Quirs, LHarmattan, 2003.
Pourensavoirplus
LetrajetfinalversManilleest extrmement
pnible.Sanseau,sansprovisions, des hommes meurent chaque jour,
victimes dpidmies. Les marins, pour tout ce quils devaient faire,
pour leurs maladies et pour voir le na-vire tant priv de moyens,
taient si abattus quilsnavaientplusgotlavie , raconte Luis
deBelmonteBermdez.Certains demandent mme de couler les navires pour
mourir tous ensemble. Finalement, seule une centaine de
survivantsparvientManillele 10 janvier 1596.
Aprs maintes supplications auprs de la cour espagnole, Fernndez
de Quirs obtient en1605lautorisationdeprparer une nouvelle
expdition, tant il est persuad datteindre la mythique Terre
australe et de dcouvrir un nouveaumonde.Lchecdecette expdition
mettrafinlpopeglorieusede lexploration
espagnoleduPacifique,quandles mers du Sud taientun lacespagnol.
btiments, mais la situation devient vite
in-tenable.Unepartiedelquipageseplaintdeslieux ( O nous a-t-on
emmens ! se la-mentent-ils)etlesrelationsaveclesindignessenveniment
en raison des abus commis
parlessoldatsquiaccompagnentlexpdition.Pourfinir,une pidmie de
fivre se dclare et tue,entreautres,lvarodeMendaa.Lecomman-dement
passe alors aux mains de son pouseIsabel de Barreto,un cas unique
de
responsa-bilitconfieunefemmelorsdelaconquteetdelacolonisationespagnoleenAmriqueetenOcanie.Elledcidederenoncerauprojetdecolonisation
et tente de se retirer en prenantladirectiondesPhilippines.
FinduvoyageManilleLe rle dIsabel de Barreto dans la suite
delexpdition est controvers. Pour lhistorienRamn Ezquerra, sa
rputation est immri-te, car cest en ralit le pilote Fernndez
deQuirs qui dirige la flotte, tandis qu elle faitpreuve dtroitesse
desprit et dgosme enseconsacrant laversesvtements,alorsquelquipage
meurt de faim, de soif et de
mala-dies.Onadmetcependantquelletaitdotedun caractre bien tremp et
sut empcherplusieursmutineriesaucoursduvoyage.
LE DERNIER AVENTURIER DES MERS DU SUD
LE PORTUGAIS Pedro Fernndez de Quirs fut lun des plus curieux
navigateurs du XVIe sicle. Aprs avoir t chef-pilote avec Men-daa en
1595, il dirigea sa propre expdition en 1606 et en revint convaincu
dtre pass tout prs de la terrale continent mythique que lon
imaginait sever dans lhmisphre sud. En Espagne, Quiessaya de
convaincre le gouvernement de Phlippe III de financer un nouveau
voyage pou un autre Nouveau Monde, trs grand et peu-pl de beaucoup
plus de gens que ne lest celuide lAmrique , abondant en or, en
perles eten pices, et dindignes convertir, et pou-vant accueillir
200 000 nouveaux colons es-pagnols. Mais on ne lcouta pas et
lEspagneattendra le XVIIIe sicle pour explorer de nouveaule
Pacifique.
MASQUE SURMONT DUN CASQUE EN BOIS ET COQUILLAGES.
PAPOUASIENOUVELLE-GUINE. XIXe SICLE. MUSE DES BEAUX-ARTS DE
HOUSTON
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GEM
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ACI
30 HISTOIRE & CIVILISATIONS
MAS
SIM
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GNAT
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OTOT
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9X12
-
UN PARADIS PERDUAprs avoir
dcouvert les les Salomon en 1568,
Mendaa chercha les retrouver sans
succs lors de son second voyage,
pour les coloniser. Ici, le lagon Marovo.
-
1 les SalomonEn 1568, Mendaa aborde les les Salomon etfonde une
colonie sur Santa Isabel. Les Espagnolsexplorent ensuite trs peu
les les, jusquaurtablissement de la colonie de Mendaa en 1606par
Quirs. Mais ce dernier la quitta peu aprs.
2 Nouvelles- HbridesEn 1606, Pedro Fernndez de Quirs prend
possession de ces les au nom de la Couronne espagnole. Lexplorateur
dbarque sur lle la plus grande, pensant quelle faisait partie du
continent austral, et la baptise Australia del Espritu Santo .
2
u cours du XVIe sicle, les expditionsespagnoles commencrent
rvler la vritable tendue de locan Pacifique et
lemplacement des archipels qui y taient dissmins. Certains
dentre eux devinrent des territoires sous souverainet espagnole,
comme les Philippines ds 1565, les les Mariannes, annexes en 1667
et baptises en lhonneur de la reine Marie-Anne dAutriche, et les
Carolines, incorpores par la Couronne en 1686 sous le rgne de
Charles II, qui leur donna son nom. Dans les trois cas, la
souverainet espagnole prit fin aprs la dfaite de lEspagne face aux
tats-Unis lors de la guerre de 1898-1899.
2Avril 1521. La otte de Magellan atteint lle de Mactan, dans les
Philippines. Magellan est tu lors dune bataille contre les
indignes.
1 Mars 1521. Magellan accoste Guam, dans un archipel quil nomme
les des voleurs . Elles seront par la suite baptises les Mariannes
.
5 Janv. 1528. lvaro de Saavedra atteint les les Carolines,
explore les plus importantes, mais ne dresse pas de campement
permanent.
3Nov. 1521. Aprs la mort de Magellan, Elcano, le nouveau
capitaine du navire Victoria, quitte les les Philip-pines et
parvient aux les Moluques.
9Oct. 1606. Aprs stre spar de la otte de Quirs, Vez de Torrs
parcourt le dtroit qui porte son nom et aperoit les ctes de
lAustralie.
Mendaa (1568)
H. Gallego (1568)
Quirs (1606)
Vez de Torrs (1606)
QUAND LE PACIFIQUE DEVIENT
1
-
33 les MarquisesCet archipel fut dcouvert par Mendaa en 1595,
lors de son deuxime voyage vers les les Salomon. Mendaa explora le
groupe sud des les quil appela Magdalena, Dominica, Santa Cristina
et San Pedro.
4Aot 1526. Alonso de Salazar est le premier Europen aperce-voir
Taongi, dans les les Marshall, mais il ny dbarque pas.
7 1555. Juan Gaetano aperoit peut-tre les les Hawa. Mais cest
Cook qui les dcouvre vraiment en 1778.
8 Janv. 1606. Lexpdition de Fernndez de Quirs parvient dans
larchipel des Tuamotu et accoste lle Hao.
6Mars 1535. Lors dun voyage de Panam Lima, lvque Toms de
Berlanga dvie de sa route et parvient aux les Galpagos.
Mendaa (1567)
Mendaa (1595)
Quirs (1605-1606)
Torrs (1606)
Mendaa (1595)
UN LAC ESPAGNOL
CART
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OSGI
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-
SIM
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ORFO
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NB P
ICTU
RES
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TACT
OLA GRANDE CAPITALE DE LEMPIRE PERSE En 518 av. J.-C., Darius
Ier entreprend la construction dune nouvelle capitale, Perspolis,
pour en faire le sige dynastique et spirituel de son empire. sa
mort, son ls Xerxs poursuivra les travaux.
-
LE ROI DES ROIS HA DES GRECS
FRANCIS JOANNS PROFESSEUR DHISTOIRE ANCIENNE, UNIVERSIT PARIS I
PANTHON-SORBONNE
XERXSAux yeux dHrodote et dEschyle, le souverain de la Perse
tait larchtype du despote oriental, monarque omnipotent et
conqurant cruel... Celui que ses peuples surnommaient
le Roi des rois mritait-il cette terrible rputation ?
-
LesThermopyles,Salamine,PlatesDesgnrationsdhellnistesontfaitla
connaissancedugrandXerxs Ier travers le rcit de ces batailles
deve-nuesmythiques,livrpar lhistorien
grec Hrodote.Unimaginairedontsestem-par
jusquaucinmalefilm300maisquia fauss durablement la perception de la
v-ritable personnalitdecesouverain.Protago-niste majeur de la
seconde guerre mdiqueface aux citsgrecquescoalises,Xerxsnestpas
seulementledespoteorientalconqurantque les
sourcesantiquesontvoulunousmon-
trer. Il fut aussi le roi rformateurqui russit tablir
durablementlempire perse achmnide, dansles pas de son pre Darius
Ier.
Xerxs,dontlenomenvieuxperse(Kshaya-arsha)
signifieceluiquirgnesurdeshros,nestpasunhritier toutdsign
:saplacedefils cadet ne le prdestinait pas au trne.
Enledsignantcommesonsuccesseur,DariusIer
fait un choix aussi tactique que novateur :privilgier ce fils n
de sa seconde pouseAtossa,quitaitaussi ladescendantedufon-dateurde
lEmpireperseCyrus leGrand.Auxyeuxdusouverain,montsur le
trneparuncoup dtat en 521 av. J.-C., Xerxs avait lemritedincarner
la lgitimitde latradition.Ainsi sa dsignation fut-elle reconnue
sansvritable contestation, ni parmi ses frres
etdemi-frres,niparmilesmembresdesgrandesfamilles nobles associes la
conqute dupouvoir par son pre.
CHRONOLOGIE
XERXS, LE PERSE CHOISI
520-519 av. J.-C.Naissance de Xerxs Ier, ls de Darius Ier et de
son pouse Atossa, lle de Cyrus le Grand, fondateur de lEmpire
achmnide.
486 av. J.-C.Mort de Darius Ier Perspolis. Xerxs, prince-hritier
en titre, succde son pre et monte sur le trne.
LA PORTE DEPERSPOLIS Pendant le rgne de Xerxs, plusieurs grands
di ces sont achevs Perspolis, comme la porte des Nations, laquelle
on accdait par un immense escalier.
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CE RELIEF DE PERSPOLIS ILLUSTRE LA POSITION DU PRINCE HRITIER,
DEBOUT DERRIRE LE GRAND ROI. MUSE ARCHOLOGIQUE, THRAN.
Empire persependant le rgnede Xerxs
Route Royale
Invasion de la Grceen 480 av. J.-C.
Bataille
-
481-480 av. J.-C.Xerxs engage la Perse dans une vaste campagne
militaire en Grce continentale, la seconde guerre mdique .
479 av. J.-C.Victoire grecque la bataille de Plates contre la
cavalerie perse. Xerxs retire ses trouves des terres de la Grce
dEurope.
466 av. J.-C.Reprise du chantier de Perspolis. Xerxs fait
construire de grands et somptueux di ces, comme la porte des
Nations.
465 av. J.-C.Xerxs est assassin, victime dune intrigue de cour,
bientt suivi par son ls Darius. Son autre ls, Artaxerxs, lui
succde.
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38 HISTOIRE & CIVILISATIONS
Quand il monte sur le trne en octobre 486 av. J.-C., Xerxs a
environ 33 ans. Ds le dbut de son rgne, en juillet 484, clatent des
rvoltes locales en gypte et en Babylonie. Ces troubles sont
peut-tre ceux auxquels il fait allusion dans linscription de
Perspolis dite des dai-va : Le roi Xerxs dclare : Quand je suis
devenu roi, il y eut lun dentre ces pays qui se rebella. Le dieu
Ahura Mazda mapporta son aide. Par la grce dAhura Mazda, je frappai
ce pays et je le remis sa place.
En rtablissant lordre imprial, Xerxs prend conscience quil faut
poursuivre largement la politique dunification entame par son
pre.
Grce aux archives cuniformes de Baby-lonie, on peroit mme de
manire in-
directe quun changement dcisif est intervenu entre la fin du
rgne de Da-rius Ier et la fin du Ve sicle av. J.-C. : les villes
babyloniennes, qui concentraient jusque-l les pouvoirs
administratif, conomique, politique et culturel, sen
voient en partie dposs des au profit des grands domaines
fonciers des membres
de la famille royale et de la noblesse perse.
La gestion du territoire babylonien passe ain-si des mains des
notables urbains celles dad-ministrateurs impriaux allognes, venus
surtout dgypte et du Levant.
La province elle-mme nest plus dfinie par les limites de lancien
Empire nobabylo-nien qui couraient jusqu la Mditerrane, mais se
rduit la Msopotamie gographi que, cest--dire, peu de choses prs,
lIrak ac-tuel. Les temples perdent sans doute aussi une bonne
partie de leurs ressources, suivant un processus initi par Darius
Ier, que Xerxs parachve. Cependant, cet affaiblissement local ne
signifie pas que la Babylonie soit vic-time en 484 av. J.-C. de la
violente rpression que dcrit Hrodote.
Xerxs lorgne du ct de la GrceEn Iran, Xerxs entreprend galement
tout ce qui peut renforcer cette unit impriale. Pour-suivant les
grands travaux palatiaux de Darius Ier, il met au service de
lexpression de la puissance perse larchitecture des capitales de
lEmpire. Perspolis, il roriente laccs la grande terrasse en faisant
construire au nord-ouest de celle-ci une entre monumentale connue
sous le nom de porte des Nations . Au sud du complexe dapparat de
lapadana construit par son pre, il fait difier une porte complexe
donnant accs la partie rsidentielle de la terrasse o il construit
sa propre rsidence, ainsi que le harem. Quant lapadana, lieu des
audiences et crmonies officielles, Xerxs en fait achever les
escaliers daccs, orns de frises montrant les peuples de lEmpire
unis dans une mme clbration de la puissance et de la richesse
impriales. Une autre source nous claire sur le personnage de Xerxs,
si lon ad-met quil faut bien lidentifier avec lAssurus voqu dans la
Bible, au Livre dEsther : au-de-l de lutilisation dlments
msopotamiens qui font douter de la ralit des personnages, ce livre
prsente une cour impriale fastueuse, mais dj traverse de luttes de
clans qui peuvent dboucher sur de violents affrontements.
LEmpire achmnide, dsormais pourvu dune gouvernance solide et de
ressources op-timises, a vocation gouverner le monde. Xerxs dirige
ses regards hors des frontires, vers la Grce continentale, qui
consti tuait la base arrire des foyers de rsistance gens et ioniens
lEmpire. Bien que restreint, ce ter-ritoire dispose dune population
active et dune
ART
ARCH
IVE
LHOMMAGE DES SUJETS
Ce plateau en or et argent dcor de bouquetins illustre le type
de cadeaux offerts au Grand Roi par les reprsentants des peuples de
lEmpire. VIe sicle av. J.-C. Collection prive, New-York.
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LE ROI SPARTIATE LONIDAS AUX THERMOPYLES. PAR J.-L. DAVID. HUILE
SUR TOILE. 1814. MUSE DU LOUVRE, PARIS.
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LE POUVOIR DU GRAND ROI
Sur cette terrasse de Perspolis, les
linteaux des portes sont orns de scnes
de lutte o rois et btes sauvages se battent corps
corps pour souligner la puissance
du souverain.
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LOPULENCE DE LA COUR
Le trsor de lOxus est le plus important ensemble dobjets prcieux
dpoque achmnide jamais dcouvert. Ci-dessous,un bracelet en or.IVe
sicle av. J.-C.BritishMuseum,Londres.
conomie florissante, la source de produits de grande qualit qui
circulent dans toute la Mditerrane. La premire confrontation lors
de la clbre bataille de Marathon, en septembre 490 av. J.-C., avait
t un chec pour les Perses. Dix ans plus tard, Xerxs met donc sur
pied une grande expdition terrestre et maritime, destine prendre
possession du sol grec et
neutraliserlesforcesnavalespouvantsoppo-serlamainmiseachmnidesurlamerge.Limportancenumriquedestroupesquilr-unitpourcettecampagnefrappe
limaginairedesGrecs,qui insisterontdautantplussur
ladisproportiondes forcesenprsence.
Vainqueurouvaincu?Enfait,cestlapremirefoisquelEm-
pirepersecherchecontrlerunespacegographiqueaussicomplexe.Pourta-
blirlasouverainetsurlaterreetleauquilrclameauxGrecsdEurope,Xerxsdoitpouvoircoordonnerlesforceslesplus
diverses de ses peuples. On saitcependant quil ny russira pas.
La
victoireremporteauxThermopyles,
face lhrosme des fameux 300 hoplites spartiates mens par
Lonidas, ne doit pas masquer lchec qui solde lexpdition que lon
appelle traditionnellement deuxime guerre mdique . Le dbut des
oprations en mai 480 av. J.-C. voit la progression simulta-ne de
larme terrestre et de la flotte par la Thrace, suivie dune descente
le long de la cte orientale de la Grce, qui amne les Perses jusqu
Thbes puis Athnes, quils saccagent en septembre. Xerxs y acquiert
une rputation supplmentaire de destructeur aveugle, ty-rannique et
impie. Mais le 29 septembre, la moiti de la flotte perse est
dtruite Salamine et lEmpire perd la matrise de ses relations
maritimes entre Asie et Europe. Le Grand Roi replie alors son
quartier gnral Sardes, en Lydie, et laisse le corps expditionnaire
perse, sous la conduite de Mardonios, prendre ses quartiers dhiver
en Thessalie, une rgion du Nord de la Grce. Lt 479 av. J.-C. voit
de nouveaux succs militaires grecs Plates et au cap Mycale, tandis
que des troubles intrieurs agitent lEmpire, obligeant Xerxs
dtourner son attention et ses forces vers la Babylonie.
Mais le retour final de Xerxs Suse est-il celui dun vaincu,
comme le laissent penser Hrodote et surtout le dramaturge Eschyle
dans sa pice Les Perses ? Certes, le souverain a chou dans son
projet dexpansion en Eu-rope, mais il a vaincu militairement les
Spar-tiates, pill et brl Athnes, ramen un butin humain et matriel
considrable. La frontire avec le monde grec est vite stabilise et
pour-vue de points dappui qui interdisent aux Grecs toute pntration
importante en Anatolie. Cependant, Xerxs ne verra pas ce dbut de
rtablissementperse.gdenviron55ans,il est assassin en aot 465 av.
J.-C. dans son palais de Suse, la suite dun complot mont par le
commandant de sa garde, Artaban, et par
leunuqueAspamitrs.Ilentreainsidfi-nitivementdanslalgendedesdespotesorien-taux
punis par le destin.
Pourensavoirplus
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ESSAISDarius, les Perses et lEmpireP. Briant, Gallimard,
1992.Les Perses vus par les Grecs. Lire les sources classiques sur
lEmpire achmnide D. Lenfant (dir.), Armand Colin, 2011.Histoire de
lEmpire perseP. Briant, Fayard, 1996.
TIBO
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FRISE DES ARCHERS. LES IMMORTELS ASSURAIENT LA GARDE PERSONNELLE
DU ROI. PALAIS DE SUSE. BRIQUES MAILLES. MUSE DU LOUVRE, PARIS.
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SPULTURES ROYALES Naqsh-e Rostam,
au nord-ouest de Perspolis, Darius Ier,
Xerxs Ier, Artaxerxs Ier et Darius II ont fait
creuser dans la roche des tombeaux aux
faades cruciformes.
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42 HISTOIRE & CIVILISATIONS
XERXS, ASSIS SUR SON TRNEET ENTOUR DE SES COURTISANS,CONTEMPLE
LHELLESPONT.PAR ADRIEN GUIGNET. HUILE SURTOILE. 1845. MUSE ROLIN,
AUTUN.
PE PERSE, OU AKINAKS, SEMBLABLE CELLE QUE XERXSA JETE LA MER.
MUSE NATIONAL DIRAN, THRAN.
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LE PONT FLOTTANT DE XERXSEn 480 av. J.-C., Xerxs dcide
dentreprendre
linvasion de la Grce, que son pre Darius Ier
navait pas russi mener son terme.Avec une arme de 250 000
hommes, le Grand Roi arrive sur lHellespont le dtroit des
Dardanelles, dans la Turquie actuelle et ordonne ses ingnieurs de
faire construire un pont dun kilomtre et demi de long. Celui-ci est
constitu de 700 vieux bateaux de transport amarrs les uns aux
autres, sur lesquels sont clous des panneaux en bois pour que larme
puisse passer. Hrodote raconte que Xerxs, avant la traverse du
pont, a demand la protection divine pour le succs dune telle
prouesse.
1 ARRIVE DANS LE DTROITSur les rives de lHellespont, Xerxs
harangue ses troupes : Nous nous dirigeons contre des gens pleins
de vaillance et si nous les vainquons aucune arme ne pourra se
confronter nous. [...] Traversons la mer aprs avoir adress une
prire aux dieux qui veillent sur la Perse.
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HISTOIRE & CIVILISATIONS 43
HRODOTE, HISTOIRES (VII - 45).
En voyant empli de navires tout lHellespont et bonds de soldats
toutes les plages et tous les champs
des habitants dAbydos, Xerxs se flicita de son propre bonheur ;
puis dans linstant il versa des larmes.
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2 PRPARATION AU PASSAGEAprs les prparatifs pour la traverse, le
lendemain, les Perses attendirent le lever du soleil phnomne quils
dsiraient contempler pendant quils brlaient sur les ponts toutes
sortes de substances aromatiques et couvraient le chemin de
branches de myrte .
3 OFFRANDE AHURA MAZDALorsque le soleil apparat lhorizon, le
Grand Roi Xerxs, muni dune coupe en or, fait une libation Ahura
Mazda, le dieu du Ciel, en lui demandant sa protection dans cette
entreprise. Une fois sa prire finie, il jeta la coupe dans
lHellespont, ainsi quun cratre en or et une pe.
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COUVENT DU CHRIST TOMAR Aprs la dissolution du Temple, ses
proprits portugaises furent transmises lordre du Christ. Parmi
elles, le couvent du Christ Tomar, sige des templiers du Portugal,
dont on voit ici la rotonde construite au XIIe sicle sur le modle
du Saint-Spulcre.
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premiers banquiers dEuropeLES TEMPLIERS
MARINA MONTESANOUNIVERSIT DE MESSINE
ANXO
RIA
L
LETTRE DE CHANGE, COMPTE COURANT... LE SYSTME BANCAIRE
DVELOPP PAR LORDRE DU TEMPLE PARTIR DU XIIE SICLE
FIT DE LUI LA PLUS GRANDE PUISSANCE FINANCIRE DE TERRE
SAINTE ET DEUROPE. JUSQU SUSCITER LA CONVOITISE.
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Des templiers, on connat surtout la fin dramatique du dernier
grand matre