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FLA VIUS JOSfiPHE LES ANTIQUITÉS JUIVES Livres VI et VII
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Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

Apr 23, 2023

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Etienne Nodet
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FLA VIUS JOSfiPHE

LES ANTIQUITÉS JUIVES

Livres VI et VII

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FLA VIUS JOSfiPHE

LES ANTIQUITÉS JUIVES

Volume III : Livres VI et VII

Établissement du texte, traduction et notes par Étienne NODET

LES ÉDITIONS DU CERF PARIS

2001

Page 4: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

© Les Éditions du Cerf, 2001 (29, boulevard La Tour-Maubourg

75340 Paris Cedex 07)

ISBN 2-204-06595-1 ISSN en cours

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INTRODUCTION

Ce volume contient les livres VI et VII des Antiquités juives de Flavius Josèphe. Le premier court depuis l’épisode de l’Ar-che chez les Philistins, à partir duquel Samuel agit comme juge d’Israël, jusqu’à la mort de Saül ; le second est consacré à la royauté de David, jusqu’à sa mort. La source biblique de cet ensemble va de 1 S 5 à 1 R 1:1-2:11 ; la coupure entre les livres VI et VII coïncide avec la fin de 1 Samuel. Le texte, l’apparat, la traduction et le commentaire sont don-

nés selon les principes définis dans l’introduction au premier volume (livres I à III, 2e éd. révisée parue en 1992). On y ren-voie donc, pour ne donner ici que quelques rappels ou complé-ments.

I – LE TEXTE ET LA TRADUCTION DES ANTIQUITÉS

L’identification du texte de Josèphe se scinde en deux par-ties : la critique textuelle va de soi, mais auparavant, le contour de l’œuvre de l’auteur doit être examiné, car tous les livres sont assortis de sommaires, dont il importe de préciser l’origine.

1. De l’authenticité des sommaires

Tous les manuscrits donnent pour chaque livre une sorte de table des matières, qu’on considère habituellement comme l’œuvre d’un réviseur ultérieur. Pourtant, un examen des tables des cinq premiers livres a montré des anomalies, permettant de conclure qu’elles étaient au contraire des esquisses de l’auteur lui-même, au moment où il composait son plan en vingt livres, ce qui procède d’une saine méthode pour une entreprise aussi vaste, surtout pour aboutir à une structure concentrique équi-librée dont le centre est l’exil à Babylone1.

1. Voir l’introduction générale aux Antiquités de S. MASON, dans Steve MASON (ed.) Flavius Josephus. Translation and Commentary, Vol. 3 : Judean Antiquities 1-4, Translation and Commentary by Louis H. FELDMAN, Leiden, Brill, 2000, p. XIII-XXXVI.

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VI LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

Les mêmes singularités apparaissent aux livres VI et VII ; elles se regroupent aussi sous deux rubriques : a) Le contenu du livre est souvent mal présenté, par impré-

cision ou surtout par excès de brièveté : – 6:s9 situe mal la faute de Saül, qui a eu lieu bien auparavant ; – 6:s13 correspond à presque la moitié du livre (§æææ213-367), avec di-

verses lacunes ; – 7:s9 couvre une section importante, avec des lacunes (§æææ194-231) ; – 7:s11 résume une longue histoire politique, en omettant les conflits

(§æææ258-350). b) ‡ l’opposé, certains titres ne font l’objet d’aucun dévelop-

pement notable : – 6:s3 correspond à trois versets (§æææ32-34) ; – 6:s4 correspond à un seul verset (§æææ35) ; – 7:s5 correspond à un seul verset (§æææ66) ; – 7:s8 correspond à un seul verset (§æææ127) ; Les conclusions précédentes peuvent donc être prolongées

ici : il s’agit d’une esquisse par l’auteur, dans son propre style ; en particulier il prend soin de signaler les détails qui lui parais-sent importants, même si finalement il y a peu à en dire. On peut même préciser davantage, au moins pour le livre VII : il suit le récit de 2 Samuel, en le prolongeant jusqu’à la mort de David (1 R 2:11), mais, surtout à la fin, il introduit de larges portions propres à 1 Chroniques, qui souvent sont peu cohérentes avec le récit principal (intronisation de Salomon, préparation des travaux du sanctuaire). Or, le sommaire, qui dans cette partie suit strictement 2 Samuel, n’en tient aucun compte, alors que dans son récit Josèphe indique que la construction du Temple est presque l’œuvre de David, ce qui occasionne diverses distorsions. Il y a donc eu une évolution entre le sommaire et la rédaction, due à l’introduction d’une documentation nouvelle (1 Ch). Le même phénomène se rencontre lorsque Josèphe reprend et

développe dans les Antiquités ses récits de la Guerre, qui sont beaucoup plus brefs. Un examen détaillé du livre XVIII (qui va de la succession d’Hérode à la mort de Gaïus) aboutit aux con-clusions suivantes, qui constituent un schéma général2 : le som-

2. Voir Étienne NODET, Flavius Josèphe : baptême et résurrection (Coll. « Josèphe et son temps », 2), Paris, Éd. du Cerf, 1999, p. 127-132. On voit en particulier que l’histoire d’Anilaïos et Asilaïos est longuement étirée (18:310-379), comme s’il s’agissait de remplir à tout prix un cadre fixé à

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INTRODUCTION VII

maire résume très mal les Antiquités, mais suit de manière équi-librée le contenu et l’ordre d’exposition de la Guerre ; cepen-dant, on voit en des endroits précis comment une documentation nouvelle est prévue ; enfin, entre le sommaire et le texte des Antiquités, on voit à nouveau que de nouvelles informations sont introduites par blocs ; il en résulte des distorsions dans le plan et la rédaction du récit final, car les divers dossiers ainsi rassemblés sont souvent incohérents, et Josèphe a pour habitude de ne rien perdre de ses sources. Chacun des sommaires se termine par l’indication du laps de

temps couvert par le livre. Ces notices doivent aussi être tenues pour authentiques, car elles correspondent bien au souci chrono-logique de l’auteur, mais il peine souvent à combiner les don-nées bibliques, qui sont à la fois lacunaires et disparates. Ce-pendant, pour les livres VI et VII, la situation est assez simple : le premier couvre les gouvernements de Samuel et de Saül (12 et 20 ans), le second le règne de David (40 ans). On peut même indiquer un détail favorisant leur authenticité : en AJ 6:378, tous les mss grec indiquent que Saül régna 40 ans ; en ajoutant les 12 ans de Samuel, on obtiendrait une durée de 52 ans, mais le sommaire indique seulement 32 ans. Il est permis de conclure d’une part que les 40 ans de Saül sont une ancienne correction de copiste d’après Ac 13:21, texte familier créditant Saül de 40 ans de règne, et d’autre part que l’indication « 32 ans » peut difficilement avoir été inventée par un copiste chrétien.

2. Critique textuelle

L’editio maior de B. Niese, qui reste irremplaçable3, com-prend deux parties qu’il convient de bien distinguer : d’une part un apparat critique de variantes, très précis et de consultation aisée, d’autre part un texte reconstruit de manière éclectique, à partir d’une reconstitution du stemme des manuscrits, que l’au-teur établit en préface. Cependant, les traducteurs modernes ont l’avance. Lorsqu’en AJ 20:267 Josèphe indique en finale que l’œuvre comprend 60 000 lignes, cela résulte non pas d’un calcul effectif, mais du choix d’un cadre : chacun des vingt livres était prévu pour faire environ 3 000 lignes, et même probablement 100 colonnes de 30 lignes.

3. FLAVII IOSEPHI Opera (ed. Benedikt NIESE), 7 vol. Berlin, 1885-1895 (ed. maior). L’auteur a donné en parallèle une editio minor sans apparat, où il donne un texte éclectique, fondé sur ses choix et ses conjectures : FLAVII IOSEPHI Opera (ed. Benedikt NIESE), 6 vol. Berlin, 1888-1895.

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VIII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

eu tendance à ne pas suivre les conclusions de Niese, et ont sou-vent choisi d’autres variantes, mais sans discussion ni justifica-tion d’ensemble. Commençons par redonner les sigles des principaux témoins

directs et indirects, tels que définis par Niese. R – Regius, Paris BN gr. 1421, papier, XIVe s. ; contient AJ 1:13-

10:274, avec une lacune 1:66-92. Ce manuscrit a peu de ratures ou de notes marginales ; il a peu d’erreurs propres.

O – Oxoniensis, Bodl. misc. gr. 186, papier, XVe s. ; contient AJ 1-11. Ce manuscrit a de nombreuses erreurs propres, corrections et étourderies.

M – Marcianus, Venise Bibl. Marc. fr. 381, papier, XIIIe s. ; détruit au début, il contient AJ 1:91-10:206, avec lacune 1:170-183. Ce manuscrit a de nombreuses erreurs, mais beaucoup montrent une tradition propre : certaines datent en effet d’avant la minusculisation du VIIIe s., d’autres supposent corrections et révisions.

S – Vienne, Österr. Nationalbibl. Vindobonensis, hist. gr. 20, parch., XIe s. ; contient AJ 1-10. Ce manuscrit soigné est presque dépourvu d’er-reurs propres.

P – Parisinus, BN gr. 1419, parch., XIe s. ; contient AJ 1-10, sauf le premier sommaire. Ce manuscrit, soigné et contrôlé par le copiste, a peu d’erreurs propres.

L – Laurentianus, Bibl. Medic. 69/20, papier, XIVe s. ; contient AJ 1-15, mais le passage 1:1-44 (fol. 1-3) est d’une main plus récente. Ce ma-nuscrit a de nombreuses erreurs propres, certaines remontant avant la mi-nusculisation, mais il y a peu de traces de révisions successives. Niese ne l’a pas collationné pour AJ 6-9.

V – Vaticanus, Rome, Bibl. Vat. gr. 147, papier, XIIIe-XIVe s. ; con-tient AJ 3-15. Nombreux sigles, lecture difficile ; hormis quelques sondages, Niese n’a collationné que le livre 10, pour lequel il y a assez peu d’erreurs propres.

A – Ambrosianus, Milan, Bibl. Ambr. 234 (D 50 sup.), parch., XIe s. ; contient G et AJ 2:196-349, avec quelques erreurs propres.

Edpr – Editio princeps (Bâle, Frobenius, 1544), établie sur le manus-crit Escorialensis 304, lui-même daté de Venise en 1542. Niese a montré (I, Praefatio p. LXX s.) que ce manuscrit est un petit-fils de M, mais contaminé par les éditions latines antérieures (cf. Lat). Exc – Excerpta Peiresciana, manuscrit d’une anthologie byzantine

de Constantin Porphyrogénète (Xe s.), que Niese a montré dériver d’un ancêtre de M.

E – Epitome, composée au Xe ou au XIe s., qui suit la narration en éli-minant digressions et références. Niese l’a éditée (Berlin, 1896).

Zon – Chronique de J. Zonaras, qui s’étend de la Création jusqu’à 1118, date de la fin de la rédaction. Niese a établi (I:XXIII-XXVI) qu’elle n’utilise les Antiquités qu’à travers l’Epitome précédente. Quelques

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INTRODUCTION IX

indépendances réciproques montrent que la parenté remonte avant l’archétype des manuscrits connus de E, et que Zon a par la suite été contaminé, par influence de ≈ et de la famille RO. Lat – Version latine faite au VIe s. à l’instigation de Cassiodore, par-

tiellement collationnée par Niese. Pour les livres I-V, l’édition critique de Blatt est évidemment plus sûre4, mais l’examen de l’apparat montre que les variantes des nombreux manuscrits sont peu importantes, au sens où les incertitudes sur l’archétype de Lat sont faibles en comparaison de ses divergences fautives par rapport au grec.

Quant aux citations patristiques, les dépouillements faits par Niese fournissent les principales leçons, particulièrement pour les noms propres, et on peut en tirer la preuve d’une tradition textuelle extérieure à l’archétype des manuscrits grecs, sans qu’on puisse affirmer pour autant qu’elle reflète l’original. C’est pourquoi on a introduit un point Y sur le stemme, qu’on pourrait baptiser « hyperarchétype ». Schreckenberg a systématisé ce travail, en compilant tous les témoignages patristiques utiles5, mais le bilan pratique de son étude est surtout de confirmer la qualité et la pertinence du travail de Niese. Pour limiter l’arbitraire dans le choix des variantes, une étude

globale de l’apparat des livres I-X a donc été entreprise, selon une méthode un peu différente de celle de Niese. En particulier, on évite de supposer les manuscrits homogènes. Le résultat gé-néral en est que la famille privilégiée par Niese (RO), à laquelle se rattache d’ailleurs la traduction latine (Lat), est en fait mal placée dans le stemme6, qui est représenté ci-après. Bien entendu, les regroupements de Niese subsistent, puisque

le réseau des variantes est un fait, tant qu’on ne fait pas inter-venir la filiation, c’est-à-dire la succession dans le temps des types de texte, qu’il ne faut évidemment pas confondre avec la chronologie des manuscrits eux-mêmes. En effet, l’établissement de cette succession ne dépend que de l’identification des variantes fautives, c’est-à-dire du sens des erreurs, car elles seules ont un effet conjonctif pour les manuscrits. C’est là qu’interviennent de difficiles problèmes de méthode, à cause des risques de subjectivité. Par exemple, l’axiome lectio difficilior potior n’est valide que si aucune autre considération n’in-

4. Franz BLATT, The Latin Josephus. I : Introduction and Text, The Anti-quities, Books I-V (Acta Jutlandica 30, 1 ; Hum. Ser., 44), Aarhus and Co-penhagen, 1958.

5. Heinz SCHRECKENBERG, Die Flavius-Josephus-Tradition in Antike und Mittelalter (LGHJ, 3), Leiden, 1972.

6. Voir Étienne NODET, « Le texte des Antiquités de Josèphe (livres 1-10) », RB 94 (1987), p. 323-375.

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X LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

tervient ; ainsi, une omission par erreur d’homéotéleuton peut rendre un passage plus difficile à comprendre, mais c’est bien une erreur. Dans le cas présent, Niese s’est concentré sur les noms pro-

pres, et a constaté que dans la famille RO ils étaient bien moins souvent alignés sur les formes données par la Septante (≈). C’est exact et l’on peut parler de lectio difficilior, mais c’est un cas typique où des phénomènes de contamination entrent en jeu, puisque pour toute famille de manuscrits, chaque génération de copistes s’est trouvée sous l’influence de la Bible grecque : ainsi, des manuscrits peuvent avoir des erreurs communes sans que cela implique qu’ils dépendent d’un unique ancêtre fautif. En sens inverse, il est des cas où des copistes peuvent avoir fait indépendamment les mêmes judicieuses corrections d’un pas-sage inintelligible, c’est-à-dire d’une erreur de l’archétype, sans qu’on puisse rien conclure sur la filiation des témoins.

Un excellent exemple est donné en 7:323, lorsque David doit choisir entre trois maux ; les principaux témoins ont än d™ c�nhtaj tpÍf treÏf µ¢naf njkyµ�npuf aÄtpÎf, où l’on ne voit pas comment rattacher un accusatif à c�nhtaj. La traduction latine a compris conformément au contexte, mais en paraphrasant : si eligeret trium mensium victoriam hostium « s’il choisissait la victoire des ennemis pendant trois mois ». Lat a donc compris, lu ou deviné ¥lhtaj au lieu de c�nhtaj. Le manuscrit M, qui est assez isolé dans le stemme, met ce ¥lhtaj, mais non l’editio princeps, qui pourtant lui est très apparentée ; il s’agit donc d’un fait propre à M. La phrase prend alors un sens (« s’il choisissait »), mais c’est une correction, qui est peut-être inspirée de l’expression treÏf a≠r�sejf « trois choix » au §æææ321. Il est alors assez facile de reconstituer un original c` ¥lhtaj, ainsi que la cause de l’erreur : en écriture onciale CELHTAJ a été lu et copié CENHTAJ, verbe bien plus fréquent. Il s’agit donc bien d’une lectio difficilior, qui est une erreur de l’archétype, et il est clair qu’on ne peut en déduire que l’ensemble MLat forme une famille par rapport à laquelle tous les autres témoins dépendraient d’un même ancêtre fautif7. Dans l’étude des variantes, on s’est efforcé de considérer les

erreurs qui ne dépendent pas d’influences externes et qui sont davantage que de simples rectifications de copistes. Typique-ment, æil æs’agit d’omissionsæ ou de gloses. æCes erreurs sont alors

7. De manière analogue, les variantes de préfixe qrp-/qrps- ou de pronom ȵeÏf/øµeÏf (de même prononciation, vous/nous), ou même d’esprit (aÄtpÙ/aÈtpÙ) ne peuvent autoriser de rapprochements, car chaque copiste peut avoir modifié indépendamment, selon ce qu’il comprend.

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INTRODUCTION XI

Le tableau ci-dessus donne une synthèse simplifiée du stemme des témoins, en respectant approximativement leur chronologie. En dehors des embranchements, on a introduit des copies intermédiaires pour situer les altérations dans la filiation des manuscrits ; elles sont qualifiées de révisions par simple commodité. La minusculisation est signalée, puisque ce fut aussi un acte de copie. Elle permet aussi de situer les erreurs d’onciales, qui sont nécessairement antérieures. Un point unique fictif « t », proche de l’archétype X, représente pour

simplifier la source de diverses révisions de L, M et Lat. Graphiquement, la différence par rapport au stemme de Niese est sim-

plement un changement de la filiation des erreurs, c’est-à-dire de la chro-nologie relative des diverses branches. Cela se traduit uniquement par un déplacement du « point d’accrochage » du réseau des relations, lequel n’est autre que l’archétype, par définition. Une pastille notée « Niese » situe son archétype entre RO et Lat.

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2

Josèphe

XY

Siè Z

«t»

(archétype)

EusèbeChrysostome

Lat

mss

Niese

S P A

E

VL

mss E Zon

ExcPeiresc

M

Edpr

Ed LatR

Orévision et copiecopieminusculisation

V7-10 3

Antiquités juives

Livres 1 à 10

Stemme des principaux témoins (livres I-X).

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XII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

qualifiées de conjonctives : elles rapprochent les manuscrits qui ont des fautes communes, car il est en général improbable que deux copistes distincts aient altéré leur texte de la même ma-nière. Selon ce critère, la famille préférée par Niese se trouve en très mauvaise position. Une nouvelle version du stemme des témoins est donnée à la page précédente. Une conséquence importante de ce réexamen concerne la tra-

duction latine, pour laquelle il existe quelque 171 manuscrits. L’édition de Blatt est limitée aux cinq premiers livres8 ; pour le reste, on dispose des collationnements partiels de Niese. Par-delà les aléas de la tradition manuscrite latine, qui comprend diverses erreurs, on arrive assez bien à reconstituer le travail du traducteur lui-même : il a utilisé un texte grec proche de la famille RO, mais très révisé, avec des corrections et des gloses ; on rencontre de nombreux doublets du grec, et même quelques triplets, d’où des effets de sens inédits. Parfois, le traducteur a eu du mal à comprendre (ou à lire) et a noté en marge videtur (peut-être en abrégé) pour indiquer un doute ; on le sait par le fait que plusieurs fois les copistes suivants ont intégré ce commentaire dans le texte, non sans créer des significations parasites. Finalement cette traduction a peu à dire sur l’archétype des témoins, bien qu’elle soit beaucoup plus ancienne que les manuscrits grecs connus.

3. Présentation de la présente édition

La traduction figure en regard du texte, avec deux registres de notes indépendants.

a. Texte et variantes

Il s’agit d’une editio minor, et non d’une édition diplomatique fondée sur un manuscrit de référence, qui aurait été S ou P, ou peut-être la source commune de la famille SP. Le texte présenté est éclectique. Il est censé représenter au mieux l’archétype, source de la traduction. C’est pourquoi ne figure dans l’apparat qu’une sélection de variantes, qui obéit à quelques critères précis :

– lorsqu’il s’agit d’une variante de l’archétype, formellement aussi

8. Franz BLATT, The Latin Josephus. I : Introduction and Text, The

Antiquities, Books I-V (Acta Jutlandica 30, 1 ; Hum. Ser., 44), Aarhus and Copenhagen, 1958.

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INTRODUCTION XIII

probable que la leçon retenue dans le texte ; – pour les noms propres (surtout bibliques), toutes les variantes sont

systématiquement données, car c’est là que le risque de contamination est permanent et diffus, et la meilleure leçon peut figurer dans n’importe quel témoin ;

– les choix et les conjectures des éditeurs et des commentateurs sont fournis, qu’ils soient ou non adoptés dans la traduction, lorsqu’ils donnent un éclairage utile soit sur un accident de transmission, soit sur une difficulté littéraire.

N. B. Lorsqu’une conjecture ou une variante ne figurant pas dans le texte sont utilisées dans la traduction, elles apparaissent en italique dans l’apparat.

b. Traduction et notes

Pour la traduction comme pour les notes, les travaux précé-dents (principalement les éditions de Reinach, Loeb et Schalit) ont été systématiquement exploités, ainsi que les premiers vo-lumes parus de la Bible d’Alexandrie, et il n’y est renvoyé ex-pressément qu’en cas de discussion, ou pour signaler un aperçu utile. Les Antiquités ne sont pas une œuvre de haute qualité litté-

raire, mais constituent une base documentaire exceptionnelle, qu’il s’agit de rendre accessible. La pensée est peu originale, et l’expression souvent lourde. Cependant, la traduction a dû re-noncer à être trop littérale, sous peine d’être franchement illi-sible ; elle s’efforce cependant de respecter l’archétype, et de ne pas masquer d’éventuels accidents de composition littéraire. Cependant, pour ne pas descendre au-dessous d’un certain seuil d’intelligibilité, on n’a pu éviter de tenir compte de quelques corrections, venant de témoins secondaires ou de conjectures, mais celles-ci ne sont jamais introduites dans le texte lui-même. Sauf évidemment en ce qui concerne la critique textuelle, il

n’entre pas dans le propos de la présente édition de traiter de la postérité littéraire de Josèphe, c’est-à-dire de l’usage fait de l’œuvre achevée par les générations ultérieures. Il s’agit plutôt de fournir des éléments pour restituer l’auteur au travail : sa culture, ses sources, son activité littéraire, etc. La littérature pa-tristique utilise et commente largement Josèphe, mais en dehors de quelques maigres renseignements donnés par Suétone et Eu-sèbe, elle n’offre rien pour la restitution de l’auteur dans son milieu. Dans cet esprit, les notes se veulent le plus possible docu-

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XIV LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

mentaires. Il s’y trouve des renseignements de nature variée. Elles s’attachent particulièrement à deux points : les relations entre les Antiquités et la Bible et la situation de Josèphe dans le judaïsme. ‡ l’occasion, on signale quelques influences littéraires d’historiens grecs, lorsqu’elles sont évidentes, car Josèphe a beaucoup lu. Pour les livres VI-VII, il y a peu à dire, en dehors du problème

de la Bible de Josèphe. Il signale la tradition voulant qu’Homère ait parlé de Jérusalem (7:67, cf. de même CAp 1:174). Il cite l’historien Nicolas de Damas, le secrétaire et ami d’Hérode (7:101), à propos des guerres araméennes de David, en s’efforçant de réduire quelques incohérences avec sa source biblique (7:121). Il est ici et là sous l’influence littéraire de Thucydide9. Enfin, on observe que dans cette partie, lorsque Jo-sèphe brode autour du récit, il n’a presque rien en commun avec les légendes rabbiniques ; les menus contacts identifiés (par exemple 7:323, n. 2) sont probablement une influence indirecte de Josèphe sur le midrash tardif. Il y a cependant au moins une exception : en 7:239, Josèphe dit qu’Absalom, en s’enfuyant, se prit dans un arbre par la chevelure, détail non biblique mais plausible en lui-même, que connaissent et commentent les sour-ces rabbiniques anciennes.

9. La preuve en est fournie par un intéressant lapsus calami. Lors des

troubles et des séditions qui se multiplièrent après la mort d’Hérode, un essai de pacification fut tenté par un de ses cousins, Ahiab (`Aw#abpf), celui qui avait empêché Hérode de se suicider (G 1:662 et 2:55) ; en AJ 17:270, FJ reprend le même épisode dans un style différent, mais le cousin est nommé par tous les témoins Alcibiade (`Alkjbjêdhf), inexplicable dans le contexte ; or, on trouve dans la même phrase un verbe rare £neysµ�npu (« refoulé »), qui figure en THUCYDIDE, 8:93, dans un passage où Alcibiade tente de contenir des factieux autour d’Athènes. La scène est parallèle, et il n’y a pas lieu d’attribuer l’erreur à un copiste ultérieur. Pour l’étude littéraire proprement dite de FJ, on renvoie aux analyses très fines de Louis H. FELDMAN, Studies in Josephus’ Rewritten Bible (Supplements to JSJ, 58), Leiden, Brill, 1998.

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INTRODUCTION XV

II – LES SOURCES BIBLIQUES DES LIVRES VI ET VII

Dans cette partie, Josèphe paraphrase, depuis la capture de l’Arche (1 S 5) jusqu’à la mort de David (1 R 2:11), en complé-tant de temps à autre avec certains passages de 1 Chroniques. Ce constat d’ensemble étant fait, l’identification précise du détail de ses sources est malaisée, pour plusieurs raisons : dans l’hébreu massorétique (∑), le texte de 1-2 Samuel est difficile, et les passages parallèles avec 1 Chroniques offrent d’importantes divergences ; en grec (≈-£, Hexaples), le texte a plusieurs formes nettement distinctes ; enfin, le latin et le syriaque ont aussi d’importantes variantes propres. De plus, les grottes de Qumrân ont livré des fragments couvrant de larges passages de 1-2 Samuel, qui ont de remarquables contacts avec 1 Chroni-ques, avec le grec, et aussi avec le récit de Josèphe. Il s’agit donc de situer celui-ci dans un ensemble assez complexe. Josèphe lui-même dit à plusieurs reprises qu’il a traduit de

l’hébreu. Il déclare dans le prologue des Antiquités (1:5) : « Le travail que j’ai entrepris […] comprendra un récit complet, tra-duit des écritures hébraïques (µeihrµhneuµ�nhn), de notre histoire ancienne et de notre constitution. » En cours de rédac-tion, il le dit encore plus clairement : à propos de Jonas, il se voit tenu de rapporter ce qu’il a trouvé consigné « dans les livres hébraïques » (10:208). Il insiste un peu plus loin : « Dès le début de cette histoire […] j’ai indiqué que je ne faisais que traduire (ou paraphraser, µetavrêgejn) les livres des Hébreux en langue grecque et promis de tout exposer sans ajouter aux faits aucun détail inventé ni rien en retrancher10 (10:218). » Plus tard, en CAp 1:54, il affirme encore : « J’ai traduit (µethrµπneuka) l’Archéologie à partir des livres saints. » L’examen détaillé du Pentateuque fait dans les volumes précédents a montré que la meilleure hypothèse, pour rendre compte des faits, était que Josèphe n’avait pas utilisé de Bible grecque, mais qu’il avait paraphrasé une source hébraïque assez usagée et comprenant des

10. ‡ propos du livre de Daniel, que FJ utilise largement, il prévient son

lecteur que s’il veut connaître les secrets du futur, il doit prendre la peine d’étudier lui-même le livre, tâche difficile. Il laisse entendre qu’il l’a fait lui-même (10:210). FJ ne renvoie certainement pas à un livre en grec. Ce passage est un des nombreux indices qu’il s’adresse surtout à des Juifs.

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XVI LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

gloses marginales, c’est-à-dire un exemplaire de référence, longuement travaillé. De plus, celui-ci provenait très pro-bablement des archives du Temple, confisquées par Titus en 70 ; c’est ce que laisse entendre Josèphe en Vie §æææ417, dans un passage malheureusement corrompu11. Ce n’est pas tout. Dans le même prologue des Antiquités, Jo-

sèphe explique qu’il s’est permis de traduire la Bible en grec grâce au précédent du grand prêtre Éléazar, qui avait envoyé des traducteurs à Alexandrie à la demande du roi Ptolémée II. C’est une allusion au récit de la traduction grecque du Pentateuque tel que raconté par la Lettre d’Aristée, ouvrage que Josèphe connaît et utilise. Ici, il ajoute : « J’ai donc jugé convenable et d’imiter moi-même la libéralité de ce grand prêtre, et de supposer que maintenant encore, à l’instar du roi [Ptolémée], beaucoup aiment s’instruire. Car il n’eut pas l’heur de recueillir toutes nos annales : seule la partie concernant la Loi fut transmise par ceux qui avaient été envoyés faire la traduction à Alexandrie. Or les saintes ›critures fourmillent de renseignements, puisqu’elles embrassent l’histoire de cinq mille ans » (AJ 1:12-13). En résumé, Josèphe énonce trois affirmations : 1. il a traduit

de l’hébreu ; 2. il est le premier à rendre en grec les livres his-toriques (Prophètes antérieurs), du moins en lien avec une re-quête de l’autorité civile ; 3. il n’a rien ajouté ni retranché. Le troisième point est aisé à vérifier : contrairement à ce qu’il a fait pour le Pentateuque, il n’a effectivement rien omis de notable dans les livres VI et VII, mais il a modifié l’ordre et le sens de certains passages, et ajouté des commentaires personnels ainsi que des discours. Quant aux deux premiers points, on va montrer qu’il faut aussi croire Josèphe, contre l’avis de nombreux commentateurs. Pour ce faire, il convient de commencer par étudier les relations entre Josèphe et les formes connues de la Bible grecque, puis on considérera l’apport des trouvailles de Qumrân, et enfin les raisons de croire que les traducteurs de la « Septante » de Samuel se sont inspirés de Josèphe pour certains passages difficiles.

1. Préliminaire : Josèphe et ses sources

Avant même de chercher à caractériser la Bible de Josèphe, il

11. Voir Étienne NODET, « Josephus and the Pentateuch », JSJ 28 (1997), p. 154-194.

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INTRODUCTION XVII

y a lieu d’examiner plus généralement sa manière de traiter ses sources. On peut d’emblée annoncer la conclusion d’ensemble, pour les livres VI et VII : lorsqu’il n’a pas de raison particulière de déformer ses sources, Josèphe se montre plutôt scrupuleux, quitte à être assez souvent incohérent. Cela n’exclut évidemment pas quelques distractions ou erreurs, mais ce respect des sources permet souvent d’expliquer une rédaction malaisée ou d’allure négligente. Par conséquent, il est légitime d’examiner ses dires avec soin pour rechercher le détail de ses sources. Il faut même ajouter qu’il y a une évolution dans la manière de travailler de Josèphe : pour le Pentateuque, sa paraphrase était assez lâche ; ici même, elle est de plus en plus précise au fur et à mesure que le récit avance. On va mettre en relief cette minutie sous deux aspects com-

plémentaires : d’abord la manière qu’a Josèphe de réduire les doublets, puis son absence de recul par rapport aux sources. 1. Lorsque Josèphe, pour un récit ou pour un point de droit,

dispose de deux sources distinctes, il ne choisit pas mais s’ef-force de les combiner pour n’en rien perdre. On a rencontré ce phénomène dans les volumes précédents ; il se poursuit ici à di-vers niveaux. Par exemple, pour la rédaction d’ensemble, on voit que Josèphe s’est efforcé de combiner la fin de la vie de David selon 2 Samuel-1 Rois, où celui-ci se borne à construire un autel sur l’aire d’Arauna, avec plusieurs chapitres de 1 Chroniques, où David prépare tout pour la construction du Temple et le culte, et finalement réduit à presque rien l’intervention propre de Salomon. Josèphe ne fait pas une synthèse homogène, mais coud les épisodes comme il les a trouvés, avec seulement de menus aménagements ; le résultat est assez malhabile, mais précieux pour identifier ses sources. Mais considérons plutôt quelques cas de détails :

– En 6:110 Jonathan, face au camp ennemi, parle à son écuyer : « At-taquons l’ennemi, et si nous ayant vus ils nous ordonnent de monter, nous y verrons un signe de victoire. » Le sens n’est pas très clair, mais il s’explique par une incertitude textuelle : en 1 S 14:8 ∑, on lit « révélons-nous (epilbpe, de dlb) à eux ; s’ils nous disent ainsi : Montez, etc. » ; ≈ comprend « déboulons sur eux, etc. » ; le verbe, probablement sous la forme ep¬bpe a été dérivé de llb « rouler ». Josèphe, qui parle d’« attaquer » et de « se montrer », s’est efforcé de combiner les deux sens, mais le résultat est un peu confus.

– En 6:128, Jonathan est condamné pour sa transgression, mais les Is-

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XVIII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

raélites l’arrachent à la malédiction de son père, et « eux-mêmes adressè-rent des prières à Dieu, pour qu’il le délie de son péché ». 1 S 14:45 ∑ a « le peuple racheta (ectie) Jonathan » mais ≈ met « le peuple intercéda (qrpshÎoatp) pour Jonathan » ; sous ce verbe, il faut restituer lltie (cf. 1 S 2:25), graphiquement très semblable. Josèphe a associé les deux idées (prière et rachat).

– En 7:259, après la mort d’Absalom, les Israélites déplorent qu’on ne revienne pas vers David pour le supplier de revenir de sa colère et d’accepter de régner sur eux. En 2 S 19:11, ils se disent : « Pourquoi restez-vous silencieux pour faire revenir le roi (jlnd z$ aiydl) ? » ≈ met « pour faire revenir (le peuple) vers le roi », ce qui suppose un hébreu jlnd l$ aiydl, avec une lettre altérée. Josèphe combine les deux aspects.

– En 7:299 David est menacé par un Géant, qui était muni d’une lance dont le manche pesait trois cents sicles. En 2 S 21:16, ∑ parle de « manche » (epiw), et ≈ de « lance ». Josèphe a combiné les deux, ce qui n’était guère difficile.

– En 7:324-327, Josèphe dit que Dieu envoya la peste, puis il donne la description d’une grosse calamité, en s’inspirant du récit par Thucydide de la peste à Athènes ; certains meurent vite, d’autres s’épuisent lentement. Josèphe précise alors que le fléau, qui avait commencé à l’aube, avait fait périr soixante-dix mille personnes à l’heure du repas, mais l’ange exterminateur continue à opérer sur Jérusalem, jusqu’à ce que David supplie Dieu. Cette rédaction indécise s’explique par une incertitude sur la source : 2 S 24:15 met « YHWH mit une peste sur Israël, depuis le matin jusqu’au temps fixé (cren zr), et il mourut du peuple […] soixante-dix mille hommes » ; le temps fixé peut correspondre aux trois jours de peste annoncés auparavant (v. 13), mais ≈ lit « jusqu’à l’heure du déjeuner », correspondant à un hébreu creq zr, avec une lettre légèrement altérée12. Josèphe a manifestement combiné les deux variantes, d’où son imprécision sur la durée exacte du fléau. On peut dégager de ces quelques cas une observation : ou

bien Josèphe avait sous les yeux deux exemplaires bibliques distincts, un hébreu et un grec, et il a collationné très soigneu-sement, quoique sans se laisser influencer par la terminologie du grec ; ou bien il lisait seulement une Bible hébraïque où dans chaque cas figurait une leçon dans le texte et l’autre en correction ou glose marginale, car les quelques exemples don-nés, qui ne constituent qu’un petit échantillon illustrant un phé-nomène fréquent, se résolvent tous en variantes hébraïques simples.

12. Le Talmud garde un écho de la leçon de ≈ ou de sa source, car un dit interprète « jusqu’au temps fixé » comme « jusqu’à midi » (zevg, BBer 62b).

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INTRODUCTION XIX

2. Dans d’autres cas, la minutie de Josèphe, qu’on peut aussi qualifier de manque de recul par rapport à ses sources, aboutit à des inconséquences :

– En 7:213-216, David a fui Absalom qui est arrivé à Jérusalem ; Ahitophel conseille d’abord à celui-ci de coucher avec les concubines de son père, pour sceller la rupture ; ce qu’il fit, aux yeux de tous. Puis Ahi-tophel donne un second conseil, de le laisser poursuivre David avec dix mille hommes, mais Hushaï, l’ami de David, flatte la vanité d’Absalom en lui conseillant de prendre lui-même la tête d’une armée de tout Israël. En 2 S 16:21, Ahitophel dit d’abord : « Viens vers les concubines de ton père », ce qui est réalisé au v. 22 « et Absalom vint vers les concubines de son père » ; puis en 17:1 son second conseil est de poursuivre David immédiatement, cette nuit même. Josèphe a cru devoir interpréter exactement le premier conseil et sa réalisation, ce qui introduit un délai notable, et il est obligé d’omettre la pointe du second conseil, qui est la rapidité. Il en résulte des effets rédactionnels malencontreux et insipides (§æææ217-221).

– En 7:346, lors de la tentative d’Adonias pour être proclamé roi, les opposants sont, outre les guerriers les plus braves, le grand prêtre Sadoq, le prophète Nathan, Benayah et « Shiméï l’ami (v#lpf) de David ». Cette qualification, qui met Shiméï au rang de Hushaï, est surprenante, car peu après David, dans son ultime discours à Salomon (§æææ388), lui recommande de le châtier car il l’a gravement maudit lors de la révolte d’Absalom. Selon 1 R 1:8, les opposants au parti d’Adonias sont Sadoq, Benayah, Nathan « et Shiméï et Réï et les braves (mixeabde irxe) » ; pour le dernier nom, Réï, qui manque chez Josèphe, ≈ met ka´ Rhsej, mais le texte lucianique (£, cf. ci-après) traduit ce passage « Shiméï et ses compagnons, ceux-ci étant les braves » ; ce sens plutôt étrange provient d’une leçon mixeabd eirxe, par simple déplacement d’un e (mots coupés autrement). Ici, Josèphe dépend d’une leçon analogue erx « son compagnon » qui, sans e de liaison, devient une apposition à « Shiméï » ; celui-ci est alors promu « l’ami de David », mais Josèphe a oublié le contexte plus large, qui dénie cette qualité. Un intérêt annexe de cet exemple est de montrer que la source biblique de Josèphe ne se réduit pas aux versions connues aujourd’hui. D’autre part, il offre ici une certaine parenté avec le texte lucianique, ou antiochien, qui est l’objet de la section suivante. En marge des détails de ce genre, il y a parfois des raisons

particulières qui invitent Josèphe à altérer ses sources, et en particulier à omettre certains passages. Ainsi, par exemple, lors de la visite secrète de David à Ahimélek, prêtre de Nob, il omet l’épisode des « pains sacrés » et de la pureté rituelle qui permet à David et à ses compagnons d’en manger, alors qu’ils ne sont pas prêtres (6:243). Josèphe, prêtre lui-même et partisan en son

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XX LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

temps du système sacerdotal, considère certainement l’affaire comme un précédent fâcheux à ne pas publier.

2. Josèphe et la « recension lucianique »

Eusèbe de Césarée mentionne très favorablement Lucien, un prêtre d’Antioche martyrisé en 312 (HE 8.13.2 et 9.6.3). Vers 390 Jérôme, dans la Préface à sa traduction des Chroniques, si-gnale qu’il existe trois recensions reconnues de la Bible grec-que : « Alexandrie et l’Égypte louent Hésychius comme l’auteur de leur Septante ; de Constantinople à Antioche on approuve les exemplaires du martyr Lucien ; les provinces intermédiaires li-sent les livres palestiniens préparés par Origène et publiés par Eusèbe et Pamphyle13. » D’autres témoignages, peut-être moins solides, soulignent la compétence de Lucien en hébreu14. Pendant longtemps, on ignora quelles traces directes avait

laissées ce texte lucianique (£ ci-après). Ce n’est qu’à partir de 1863 qu’on s’aperçut que le type de texte représenté par un petit groupe de manuscrits médiévaux15 coïncidait avec les citations de Chrysostome, de Théodoret de Cyr et d’autres Pères antio-chiens, et parfois avec des citations hexaplaires marquées du sigle l, pour Lpukjanf « Lucien ». Un peu plus tard, A. Mez constata que de Josué à 2 Samuel ce texte lucianique avait de remarquables contacts avec la paraphrase de Josèphe16. Il existait donc quelque chose de « protolucianique », mais en grec. Cette conclusion était due en réalité à deux considérations : d’une part Josèphe, supposé écrire après la fixation de la Bible hébraïque à Yabné-Iamnia, ne pouvait avoir connu un autre hébreu que le

13. MIGNE, PL 28, 1932A ; un peu plus tôt, dans une lettre au pape Damase datée de 382, il traitait de haut l’œuvre de Lucien et d’Hésychius, mais la politique n’était pas absente de ce jugement ; un peu plus tard, vers 392, dans son De viris inlustribus §æææ77, il loue les qualités de Lucien, si remarquables que « jusqu’à maintenant certains exemplaires des Écritures sont appelés lucianiques ». Pour plus de détails, cf. Bruce M. METZGER, Chapters in the History of New Testament Textual Criticism (New Testament Tools and Studies, 4), Leiden, Brill, 1963, p. 1-41.

14. SUDA, sub verbo et Siméon METAPHRASTES, Passio S. Luciani martyris, cf. METZGER, p. 5.

15. Pour les livres historiques, les minuscules n° 19, 82, 93 et 108 de la grande édition de Robert HOLMES et James PARSONS, Oxford, 1798-1827. Après A. CERIANI et F. FIELD, Paul de LAGARDE ajouta aussi le ms. 118.

16. Adam MEZ, Die Bibel des Josephus, untersucht für Buch V-VII der Archäologie, Basel, 1905.

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INTRODUCTION XXI

texte massorétique ∑ ; d’autre part et corrélativement, les contacts indiqués prouvaient qu’il avait utilisé une Bible grecque17. H. St. J. Thackeray, qui avait préparé l’édition des Antiquités

pour la collection Loeb et beaucoup travaillé sur la Septante, alla jusqu’à conclure fermement que de 1 Samuel à 1 Maccabées Josèphe avait utilisé, à côté d’une source sémitique, une Bible grecque unique de type £18. De fait, pour la partie qui nous occupe ici, les contacts entre £ et Josèphe sont innombrables. Un simple coup d’œil sur les notes accompagnant la présente traduction permet de s’en convaincre. C’est d’autant plus facile à vérifier qu’on dispose maintenant d’une bonne édition de £19, qui tient compte des citations patristiques, très nombreuses. On peut cependant se demander si cela prouve que Josèphe a utilisé une Bible grecque de type £, plutôt qu’un texte hébreu qui serait lui aussi à l’origine des leçons propres de £. Il faut d’abord remarquer que Josèphe a parfois des contacts

avec la Septante (≈) contre £ et ∑ : – En 1 S 19:22, Saül a envoyé des messagers retrouver David ;

17. Dominique BARTHÉLEMY, Les Devanciers d’Aquila (VT Sup., 10),

Leiden, Brill, 1963, p. 126-127, juge que la notion de « recension lucianique » est inadéquate, car ce type de texte existait bien avant Lucien. Emanuel TOV, « Lucian and Proto-Lucian. Toward a New Solution of the Problem », RB 72 (1979, p. 101-113), fait le même constat, et suggère même, avec de bons arguments, qu’il n’y a pas eu à proprement parler de « recension protoluciniaque », mais qu’il s’agit au départ d’une ancienne traduction grecque indépendante, remaniée ensuite par les Antiochiens (Lucien). La question est donc débattue, mais en toute hypothèse il reste pratique de parler de « texte lucianique » ou « antiochien », et de le noter £. De même, on garde par commodité le sigle ≈ pour la « Septante ».

18. Henry St. John THACKERAY, Josephus : The Man and Historian (Stroock Lectures, 1928), New York, 1929, p. 85. Traduction française : Henry St. J. THACKERAY, Josèphe, l’homme et l’historien (Coll. « Josèphe et son temps », 3), adapté de l’anglais par Étienne NODET, avec un appendice sur la version slavone de la Guerre, Paris, Éd. du Cerf, 2000. Dans cet ouvrage, THACKERAY donne peu d’exemples pour illustrer son affirmation ; on en trouve bien davantage dans l’annotation de sa traduction (LOEB).

19. Natalio FERNÂNDEZ MARCOS y José Ramón BUSTO SAIZ, El texto antioqueno de la Biblia griega. I – 1-2 Samuel, Madrid, Instituto de Filología (CSIC), 1989. La précédente édition, presque dépourvue d’apparat critique, était due à Paul de LAGARDE, Librorum Veteris Testamenti canonicorum pars prior graece, Göttingen, 1883, qui appelait de ses vœux un travail plus minutieux, car il était convaincu que le texte lucianique permettrait de remonter en deçà des Hexaples d’Origène.

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XXII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

comme ils ne revenaient pas, « il y alla lui-même », selon ∑ et £, mais ≈ ajoute auparavant ka´ °iuµŒih Ôrc≈, expression qu’on retrouve en 20:30 pour s$ xgie. Josèphe met Ôrcjsie#f aÄtõf °oŒrµhsen « s’étant mis en colère, il se précipita lui-même » (6:222). Ce contact est intéressant car £, qui comprend de nombreux doublets dus à des révisions, est très rarement plus court que ≈.

– En 1 S 17:43, Goliath vient de dire : « Suis-je un chien pour que tu viennes contre moi avec des bâtons ? » ≈ ajoute une réponse de David qui est inconnue de ∑, de £ et d’Origène : ka´ e»qen Daujd PÄw´ £ll` ß we#ry kunf « et David dit : Non, mais pire qu’un chien ». Josèphe a une expression presque identique pÄw´ tpjpÙtpn £llû ka´ we#ry kunf « pas seulement ainsi, mais encore pire qu’un chien ». Cet exemple est semblable au précédent, mais son intérêt supplémentaire réside dans l’emploi du comparatif we#ry, qui est inconnu ailleurs dans ≈ (hapax), mais courant chez Josèphe. Dans d’autres cas, Josèphe s’écarte de £, et suit simplement le

texte commun à ≈ et ∑ : – En 1 S 28:19, lors de la scène à En-Dor, Samuel annonce à Saül :

« Demain, toi et tes fils vous serez avec moi » ; de même Josèphe (6:336), mais £ met « toi et ton fils Jonathan ». Cette variante est isolée puisque en 31:2, où les trois fils meurent, £ est conforme aux autres témoins.

– En 2 S 4:4 s. et 9:6 s., £ met systématiquement Meµvjbaal « Me-phibaal » pour le fils de Jonathan, contre Meµvjbpsie pour le fils de Saül. Josèphe (7:9) les distingue aussi, mais en suivant le système de ∑ (respectivement zyeaitn « Mephiboshèt » et zyeayi$ « Ishboshèt »). ≈ ne les distingue pas bien, de même que le principal texte de Qumrân (4 QSama, qui sera discuté plus loin). Ici, Josèphe suit ∑ et non £, mais celui-ci – ou sa source hébraïque – peut être crédité d’une haute tradition, car on juge en général20 que le suffixe -baal de noms théophores païens a été remplacé tardivement par le sobriquet -boshèt « honte ».

– Selon 2 S 5:4-5, David a régné pendant 40 ans, 7 ans et 6 mois à Hébron, puis 33 ans à Jésusalem. Josèphe dit de même (7:389), mais £ met « 32 ans et 6 mois à Jérusalem », ce qui donne un calcul plus exact. 1 R 2:11 ajuste autrement, en mettant seulement 7 ans à Hébron. Or ici Josèphe vient de raconter la mort de David d’après 1 R 2 ; il faut donc conclure qu’arrivé à 1 R 2:11, il a lu comme 2 S 5 : sa source avait probablement une correction en glose. En tout cas, il ne doit rien à £.

– En 2 S 20:7 Joab part réprimer la rébellion de Shéba : « Et sortirent (∑-≈ e$vie, £ “convoqua” de wrfie, cf. v. 4) derrière lui (Abishaï) les hommes de Joab et le Kérétite (∑-≈ izxkde a$ei iyp$, £ “Amasa le peuple, et Joab”) et le Pélétite et tous les preux, et ils sortirent (e$vie, £

20. Voir CAQUOT, p. 254. Ce jugement est parfois discuté.

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INTRODUCTION XXIII

om.) de Jérusalem ». £ a deux différences notables par rapport à ∑-≈ : la première variante résulte d’un autre verbe dans la source de £, peut-être importé d’un verset voisin ; elle correspond bien à Josèphe, qui dit que Joab sortit « après avoir ordonné au reste des forces stationnées à Jérusalem de le suivre » (7:283) ; c’est bien une convocation. La seconde variante de £, que Josèphe n’a pas vue, est étrange (« Amasa convoqua derrière lui le peuple [mrd] ; puis Joab et le Pélétite et tous les puissants hors de Jérusalem, et ils poursuivirent, etc. ») : Amasa obéit brusquement à l’ordre donné par David au v. 4, alors qu’au contraire Abishaï ne suit pas l’instruction que David vient de lui donner, et il semble en outre que ce soit Joab qui sort de Jérusalem, et que tout le monde poursuive Shéba. Plus techniquement, on voit que £ a « Amasa » en trop, et qu’il manque « sortirent » (e$vie, le second membre de la phrase est boiteux). Il faut donc supposer que « sortirent » a disparu par accident, puis a été restauré sous une forme donnant finalement « Amasa ». Ce n’est possible qu’en hébreu, par une fusion de mr

« peuple » et de e$vie « sortirent », le tout donnant $vnr, compris « Amasa ». Il faut donc conclure d’une part que £ est le résultat approximatif d’un hébreu troublé, et d’autre part que Josèphe n’a pas vu £ (grec), car il additionne toujours tout ce qu’il trouve, et il n’aurait pas manqué de signaler qu’Amasa était sorti. En d’autres termes, Josèphe s’écarte ici de £, mais il a un contact avec un ancêtre de £.

– En 2 S 24:16, il commence à être question de l’aire d’Arauna (dpex$) le Jébuséen, où sera édifié le sanctuaire. Le parallèle de 1 Ch 21:15 a opx$ ; ≈ et £ mettent partout Prna (et de même 4 QSama dpx$), mais Josèphe écrit `Prpnnîf, qui se rapproche nettement de 2 S ∑. Un cas voisin doit être signalé ici : pour Adonias, troisième fils de David et prétendant au trône, 1 R 1:6 met dipec$, ≈ et FJ `Adyn#af, mais £ Prnja, qui suppose un hébreu dipx$. Dans ces deux exemples, FJ ne suit pas £ et se trouve dériver directement de ∑, ce qui est remarquable : s’il avait sous les yeux une Bible en grec, on ne voit pas pourquoi il n’en adopterait pas les transcriptions, quitte à ajouter un suffixe de déclinaison.

– Terminons par un cas plus complexe : selon 2 S 8:9 Toï (irz), roi de Hama, envoie en ambassade auprès de David son fils Yoram (mxei). Les noms des deux personnages sont malaisés à restituer. Pour Toï, ≈ met Ippu et £ Eljab, contre IaÏnpf de Josèphe (7:108) ; celui-ci n’a certainement pas vu £, qui semble aberrant ; il ne paraît pas non plus dépendre de ≈, mais pourrait se rattacher à un hébreu oirz. Le passage parallèle de 1 Ch 18:9 a erz et Iya ; ici, erz concorde avec Ippu de 2 S ≈, alors que Iya suppose un hébreu drz. En rapprochant cette dernière forme de celle que suppose Josèphe, on peut conjecturer que toutes deux dérivent de la même correction mal comprise : erz corrigé en irz (ou l’inverse) par adjonction d’un i (ou d’un e) ; ensuite un copiste, omettant de supprimer la lettre fautive, a obtenu ierz (d’où drz de 1 Ch), ou eirz (d’où oirz de Josèphe). Cet exemple, qui introduit des

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XXIV LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

complications à cause de 1 Ch, montre que – contrairement à £ – la forme donnée par Josèphe n’est pas aberrante, mais peut se situer entre ≈ et ∑.

Quant à Yoram, ≈ et £ mettent Jeddpuran, contre `AdŒraµpf de Josèphe (7:107) ; le chaînon manquant est fourni par 1 Ch, qui a mxecd (identique à Josèphe) et Jdpuraµ. Les formes de ≈-£, que Josèphe n’a pas vues, semblent provenir d’une correction i destinée à remplacer -cd (pour retrouver mxei), mais qui s’est ajoutée par erreur. Ici, Josèphe a un contact avec 1 Ch contre 2 S, mais il est prématuré d’en conclure qu’il a effectivement été voir 1 Ch, car il est possible que la forme de 2 S qu’il a connue soit beaucoup plus proche de celle d’où ont été extraits les pas-sages parallèles de 1 Ch ; les fragments de Qumrân, qui présentent des cas comparables, aideront à clarifier cette question (cf. §æææ3 ci-après). Ces réserves n’altèrent nullement l’ampleur des contacts entre

Josèphe et £, mais il commence à apparaître la possibilité que tous deux dépendent d’un même hébreu. Quelques exemples complémentaires vont préciser ce point :

– En 1 S 8:12, Samuel expose aux Israélites le « droit du roi » ; en particulier, ce roi qu’ils exigent fera d’eux des serfs pour (selon les té-moins, donnés de manière simplifiée) : ∑ labourer son labour moissonner sa moisson ~ hébreu eyixg yxgl exivw xvwle exiva xvale (restitué) ≈ ~ moissonner sa moisson vendanger sa vendange £ labourer son labour moissonner sa moisson vendanger sa vendange AJ 6:40 artisans, cultivateurs champs vignobles.

∑ omet le troisième terme, graphiquement très semblable au second. ≈ omet le premier terme, mais il est restauré par £ conformément à ∑. Josèphe met : « (les rois) feront d’eux des artisans […] et des cultivateurs et des préposés à leurs champs et des laboureurs de leurs vignobles ». Il y a donc quatre termes : les deux derniers (champs et vignobles) se retrouvent dans ≈ et £, mais les deux premiers (artisans et cultivateurs) correspondent au seul labour, ignoré de ≈ : c’est compréhensible, du fait que la même racine hébraïque (yxg) peut signifier « forger » (cf. 2 S 5:11) ou « labourer » (homonymes). Autrement dit, Josèphe ici a un accord d’ensemble avec £ contre les deux autres, mais en outre, il semble être parallèle à £, dépendant du même hébreu.

– En 1 S 23:25 David, averti de la poursuite de Saül, « descendit vers la roche dans le désert de Maôn (oern) ». ≈ transcrit t≈ Maan (de orn), mais £ donne une curieuse traduction t≈ °qhk„ « le désert attentif, obéissant ». Josèphe met t≈ S#µynpf °r𵄠« dans le désert de Simon », ce qui suppose un hébreu oerny, lequel permet de préciser

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INTRODUCTION XXV

l’origine de £ comme rny

21 ou peut-être comme le même oerny

22. Ce « Simon » est une sorte d’intermédiaire entre ∑ et £, qui cumule les deux formes par addition, ce qui ressemble bien à la manière de Josèphe. Techniquement, pour expliquer le dédoublement oern-rny, le plus simple est de considérer ≈, qui suppose orn, et d’envisager une correction de o- en oe- , suivie d’un brouillage la faisant apparaître comme y.

Un peu plus loin, en 25:2, Nabal, mari d’Abigaïl, est introduit : « (Il y avait) un homme à Maôn (oern). » ≈ transcrit comme ci-dessus Maan, mais £ met « dans le désert » ; ce pourrait être un souvenir du « désert de Maôn » ci-dessus, mais il manque « Maôn », ce qui fait penser à une er-reur. Juste auparavant, en 25:1, David « se leva et descendit au désert de Parân (ox$t) », mais ≈ met « au désert de Maôn (Maan) » et £ « au dé-sert attentif », et l’on retrouve le cas de 23:25. On peut alors interpréter l’erreur de £ au v. 2 : un scribe a glosé « attentif » avec « désert », par in-fluence du v. précédent, mais le copiste suivant a remplacé au lieu d’ajouter. En conclusion, on peut conjecturer sous £ actuel au v. 2 un grec moins perturbé qui dérive de rny ou de oerny comme plus haut. Or, ce raisonnement est confirmé par Josèphe, qui dit que Nabal était °k qleyf Eµµa (6:295, « de la ville d’Emma ») ; pour retrouver £, il suffit de supposer une haplographie de s et de restaurer Seµµa, qui coïncide avec rny. ‡ nouveau ici, Josèphe est proche de £ et de lui seul, mais au sens très précis où tous deux dérivent d’une même source hébraïque.

– La même conclusion s’impose dans d’autres cas. Par exemple, en 2 S 17:27 est mentionné un ami de David, « et Shobi (iaye) fils de Na-hash de Rabba des fils d’Ammôn » ; ≈ met Puesbj, qui ne suppose pas un autre hébreu, mais £ lit Seveej, de ity. Josèphe (7:230) met Sejvar, qui se rapproche de £ ; on peut alors conjecturer qu’il dépend d’une forme xty, où x- provient de i- trop grand (ou l’inverse, si on veut expliquer ity comme altération). Ces divers exemples invitent à rechercher des cas où Josèphe

n’avait pas de Bible grecque sous les yeux, que ce soit ≈ ou £, alors qu’elle lui aurait fourni des solutions pour des passages délicats ou des transcriptions commodes de noms propres ; dans ce cas, que ≈ et £ soient ou non conformes à ∑ devient secon-daire. Voici un échantillon :

– En 1 S 7:11 il est question d’une localité de Judée nommée xk zia

21. ‡ vocaliser rn2yÅ ou r~ÅyA. 22. ‡ propos du nom de Siméon, le deuxième fils de Jacob (orthographié

SuµeŒn en AJ 1:304, par alignement sur ≈), Léa explique « YHWH a entendu (rny) que je n’étais pas aimée » (Gn 29:33), mais PHILON, De somniis 2:34, interprète le nom comme dénotant une aptitude à écouter, ce qui suggère que le terme oerny a pu exister avec ce sens.

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XXVI LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

« Bet-Kar », (litt. « lieu aux pâtures ») peut-être à identifier avec ªAin Kar¬m. ≈ et £ mettent Bajiwpr, et Josèphe KprraÏa (6:28) : il omet « Bet », mais le remplace en mettant un adjectif au neutre pluriel, et en parlant d’un lieu-dit (tqpf tjf) et non d’une ville. Tout cela convient, mais Josèphe ne doit rien à ≈-£.

– En 1 S 9:13, Samuel doit bénir le festin, puis les « invités » (mi$xUw) mangeront. Josèphe dit de même (6:48 keklhµ�nyn), mais ≈ et £ ont rendu ce mot par o�npj « étrangers ». C’est une interprétation plausible, plutôt que la trace d’une variante de l’hébreu, mais en tout cas il n’y a pas de lien direct entre ≈-£ et Josèphe.

– En 1 S 16:2 Dieu recommande à Samuel, pour passer inaperçu avec sa fiole d’huile destinée à l’onction de David, de prendre une génisse (xwa zlbr, ≈-£ dêµaljn bp›n) et de dire qu’il va à Bethléem offrir un sacrifice. Josèphe explique seulement que Dieu « lui donna un moyen d’assurer sa sécurité » (6:157), ce qui est très vague ; il n’a pas compris que la génisse est un camouflage habile, alors que c’est évident avec ≈ et £. De fait, l’hébreu est ambigu, car l’expression xwa zlbr peut signifier aussi « char à bœufs », auquel cas il n’y a plus de ruse, et on ne voit plus ce qui protège Samuel, sauf à imaginer un char blindé. C’est cependant le premier sens qui vient à l’esprit, car dlbr « char » est bien plus fréquent que l’homonyme dlbr « génisse » ; il en a été question peu auparavant pour le retour de l’Arche à Bet-Shémesh (1 S 6:7-14). Il faut conclure qu’ici Josèphe lisait l’hébreu, mais n’en a pas compris la pointe, d’où son expression vague et embarrassée.

– En 1 S 19:18 s. David se réfugie « à Nawit » (∑ Ket. ziepa) ou « à Nayot » (Qer. zeipa). ≈ (ms. A) met °n Naujyi, (ms. B) et £ °n Auai, à restaurer en °n Nauai (forme attestée par le ms. V). Tout se résume à des hésitations sur e et i, lettres souvent très semblables, mais toutes les versions ont compris le -a initial comme une préposition. Les mss de Jo-sèphe (6:221) ont diverses formes qui se résolvent en Balcpuai. Le B- initial intégré au nom prouve qu’il n’a pas vu ≈-£ ; quant à la suite de ce nom, il suffit de considérer une erreur d’onciales LC pour NJ, et l’on re-trouve BANJPUAI, semblable à ∑ Qer.

– En 2 S 2:36 Abner est rejoint par les émissaires de Joab à la « citerne du Sira » (dxiqd xean) ; ≈ et £ traduisent £qõ tpÙ vr�atpf Sejra(µ) « du puits de Sira », ce qui atteste une variante dxiqd x$an. Josèphe (7:34) met Bhshra, qui procède visiblement de la même variante, mais il n’a vu ni ≈ ni £.

– En 7:129, Josèphe indique que David a mis de côté pour le futur Temple « des quantités d’émeraudes et toute espèce de pierres précieu-ses ». Sa source est 1 Ch 29:2 « des pierres de cornaline (mdy) et des pierres, etc. » ≈ se borne à transcrire l#ipuf sppµ, mais £ traduit l#ipuf Ånuwpf « pierres d’onyx ». Ce terme de ∑ paraît avoir un sens incertain, puisqu’il figure en Ex 28:9 pour les pierres ornant l’ephod du grand prêtre, mais ≈ comprend « émeraude », alors que Josèphe parle de

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INTRODUCTION XXVII

« sardoine » (AJ 3:165). Ces flottements, qui indiquent que la terminologie des pierres précieuses n’est pas très assurée23, prouvent non seulement que Josèphe n’a pas cherché à amender un grec préexistant, puisqu’il hésite lui aussi, mais surtout qu’il n’avait pas de grec sous les yeux, au moins pour ces passages. L’ensemble des exemples considérés jusqu’ici – qui n’est

qu’un échantillon très partiel – tend à montrer que l’hypothèse la plus simple est que pour 1-2 Samuel, Josèphe ait disposé uni-quement d’un texte hébreu d’un type proche de la source hé-braïque de £, ou tout au moins de ses leçons caractéristiques24 ; dans ces conditions, il faut ajouter que ce texte, qui comprenait des gloses, devait être un exemplaire d’archive, et l’on retrouve les conclusions proposées pour le Pentateuque. Il reste cepen-dant à éclaircir deux points importants, qui sont apparus ici et là : 1. il y a des contacts de détail de Josèphe avec 1 Chroniques contre 2 Samuel (tel que nous l’avons) dans les passages com-muns aux deux, ce qui pose une question sur la nature exacte de ses versions de 1-2 Samuel et de 1 Chroniques, ainsi que sur sa manière de collationner les sources ; 2. Josèphe a des contacts de vocabulaire avec ≈ ou £ contre les deux autres, ce qui suggère qu’il a pu malgré tout consulter de temps à autre une Bible grecque. Le premier point sera examiné à la lumière des données four-

nies par les fragments de 1-2 Samuel recueillis dans les grottes de Qumrân, d’autant plus qu’ils ont d’intéressants contacts avec

23. Ces hésitations sont confirmées par d’autres témoignages : FJ donne

deux fois la liste des 12 pierres du pectoral du grand prêtre d’après Ex 28:17-20 (ou 39:10-13, avec de menues divergences), en G 5:324 et en AJ 3:168, avec quelques différences ; en particulier mdy devient « béryl » et « onyx » (cf. £ ici) respectivement, mais on ne sait trop s’il s’agit de différences de traduction ou de listes ordonnées autrement. Cette liste figure aussi, avec d’autres différences (d’ordre ou de traduction) en Ap 21:19, Ps.-PHILON 26:10-11 et ExR 38:8, cf. Louis H. FELDMAN, « Prolegomenon », dans la réimpression de Montague R. JAMES, The Biblical Antiquities of Philo, New York, Doubleday, 1971, p. CXIII.

24. Ce qui reviendrait à prolonger l’hypothèse d’E. TOV (cf. n. 17), selon laquelle le texte lucianique grec est formé de deux couches : l’une, récente, correspond à une recension antiochienne qu’on peut qualifier de « lucia-nique » ; l’autre, plus ancienne, serait une traduction grecque de plein droit et non une recension d’une traduction antérieure. Celle-ci proviendrait alors d’un hébreu distinct de ∑, apparenté à la source de FJ. Dans ces conditions, il n’y a aucune raison de dater trop haut cette traduction. Cette discussion est reprise plus loin (§æææ5).

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XXVIII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

£. Il faut donc d’abord présenter ces trouvailles et montrer leur intérêt pour la recherche des sources de Josèphe.

3. Josèphe et les fragments de Qumrân

Les grottes de Qumrân on livré des fragments de quatre ma-nuscrits différents de 1-2 Samuel, tous antérieurs à l’ère chré-tienne25 :

1 QSam (1 Q7), avec sept petits fragments ; sont reconstitués 1 S 18:17-18, 2 S 20:6-10, 21:16-18 ; le texte conservé, qui comprend des erreurs de scribe, est dans l’ensemble conforme à ∑ et n’apporte rien pour Josèphe.

4 QSama, avec des centaines de fragments sur l’ensemble du livre : le texte a de remarquables contacts avec Josèphe, avec £ et avec 1 Chroniques (contre 2 Samuel ∑) ; les données utiles, très nombreuses, sont présentées ci-après26.

4 QSamb, avec un grand fragment et sept petits ; sont recons-titués jusqu’ici les passages 1 S 16:1-11, 19:10-17, 20:26-42, 21:1-9, 23:9-17. Le texte a de nombreux contacts avec ≈-£, parfois avec ≈ contre £ (et ∑), mais jamais avec £ contre ≈ ; il a quelques variantes propres, dont une en commun avec Josèphe pour un passage difficile (1 S 21:3, cf. ci-après).

25. Il n’y a pas encore d’édition officielle (DJD) de ces nombreux frag-ments, à cause de la complexité de leur assemblage et des problèmes de critique textuelle biblique. Une vue d’ensemble est donnée par Martin ABEGG Jr., Peter FLINT & Eugene ULRICH, The Dead Sea Scrolls Bible, Edinburgh, T&T Clark, 1999, p. 213-259, avec bibliographie.

26. Pour 4 QSama, les principaux éléments sont donnés et discutés par Eugene ULRICH, The Qumran Text of Samuel and Josephus (Harvard Semitic Monograph, 19), Missoula (Mont.), Scholars Press, 1978. ID., « Josephus’ Biblical Text for the Books of Samuel », dans : Louis H. FELDMAN et Gohei HATA, Josephus, the Bible, and History, Leiden, Brill, 1989, p. 81-96, où l’auteur reprend la démonstration faite dans le premier volume, en répondant à quelques contradicteurs. Cet article est repris dans Eugene ULRICH, The Dead Sea Scrolls and the Origins of the Bible (Studies in the Dead Sea Scrolls and Related Literature, 1), Grand Rapids (Mich.), W. B. Eerdmans & Leiden, Brill, 1999, p. 184-201. La thèse principale d’ULRICH, selon laquelle FJ a utilisé une traduction grecque proche de £ et dont la vorlage est apparentée à 4 QSama, est discutée plus loin. Par ailleurs, Edward D. HERBERT, Reconstructing Biblical Dead Sea Scrolls : A New Method Applied to the Reconstruction of 4 QSama (Studies on the Texts of the Desert of Judah, 22), Leiden, Brill, 1997, qui présente une méthode statistique rigoureuse, a pu préciser certaines lectures et situer quelques fragments jusque-là non identifiés.

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INTRODUCTION XXIX

4 QSamc, avec un fragment donnant une partie de 1 S 25:30-31 et de nombreux fragments qui ont permis de reconstituer 2 S 14:7-33 et 15:1-15. Le texte a quelques menues variantes pro-pres, souvent des erreurs, ainsi que des contacts avec £ et avec 4 QSama, mais il n’offre pas de leçons en commun identifiables avec Josèphe.

Avant d’examiner 4 QSama, commençons par présenter l’u-

nique contact significatif de 4 QSamb avec Josèphe : – En 1 S 21:3, David explique au prêtre Ahimélek sa mission confi-

dentielle, et justifie l’absence de ses hommes : « Et aux serviteurs j’ai fait savoir (izrcei) à tel endroit. » L’expression n’est pas claire, même en comprenant izrcei comme un poªel à sens hifil de rci. ≈ et £ mettent « et aux serviteurs j’ai témoigné (djaµeµartÎrhµaj) à l’endroit dit, etc. » ; le sens n’est guère meilleur, mais le verbe grec suppose une leçon izcrd2. 4 QSamb met izcri « j’ai fixé rendez-vous », qui donne le sens requis. La différence essentielle entre ∑ et les autres est une métathèse (de c et r) ; ce phénomène est fréquent. Quant à Josèphe (6:243), il dit que David a prescrit à ses serviteurs de le rejoindre ; il leur a donc fixé un rendez-vous. Autrement dit, il dépend soit de izcri comme 4 QSamb, soit de izcrOOd comme ≈ (lu comme hifil de cri). Ici, la leçon de 4 QSamb permet d’établir un lien net entre Josèphe et ≈-£, mais à travers un hébreu intermédiaire. Arrivons enfin à 4 QSama, pour présenter d’abord ses contacts

les plus notables avec Josèphe : – En 1 S 1:22, après la naissance de Samuel, Anne dit à son mari El-

qana qu’elle l’a consacré à Dieu ; 4 QSama et lui seul ajoute mler cr xifp ediz[zpe] « [et je fe]rai de lui un nazir pour toujours », avec une petite restauration. En 5:347 Josèphe, après la naissance de Samuel, indique qu’Anne remet Samuel au prêtre Éli, « l’ayant réservé à Dieu pour qu’il devienne prophète » (£natjieÏsa t‰ ie‰ qrpvπthn cenhsµenpn). Josèphe a résumé le passage, mais il est certain qu’il lisait comme 4 QSama : pour lui, la condition de nazir est un état provisoire (cf. AJ 4:72), mais il met « prophète » pour un nazir permanent (cf. 5:278). Il est à noter qu’en Lc 1:15 Jean-Baptiste est campé par bien des traits comme un nouveau Samuel ; en particulier il doit devenir nazir permanent (ou prophète) : « Il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni boisson forte. » Le rapprochement n’est pas possible avec ∑ (cf. v. 11 ci-après).

En complément, il faut noter qu’en 1:11 4 QSama a une expansion par rapport à ∑ : les mots de la prière d’Anne eiig ini lk dedil eizzpe « et je le donnerai à YHWH tous les jours de sa vie » sont remplacés par une expression plus longue, presque entièrement détruite mais reconstituée grâce à ≈-£ kaÏ dŒsy aÄtõn °nŒqjn spu dptõn ¥yf

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XXX LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

øµ�raf ianêtpu aÄtpÙ ka´ p»npn ka´ µ�iusµa pÄ q#etaj « et je le donnerai devant toi comme “donné” jusqu’au jour de sa mort et il ne boira ni vin ni boisson forte ». Le mot dptf « donné » est un hapax dans ≈-£ ; il peut correspondre à xifp nazir dans sa source, mais en Jg 13:5, pour Samson, ce terme est simplement transcrit nagjr par ≈ ; il peut aussi correspondre, au voisinage de dŒsy, à un redoublement du verbe par un infinitif o«zp, qui peut se lire aussi o™zp « donné », expression très rare. Le témoignage de Josèphe favorise cette seconde possibilité : en 5:344, il rapporte la prière d’Anne, qui promet « que son premier-né serait consacré au service (kaijerŒsejn °q´ t≈ djakpn#°) de Dieu et qu’il adopterait un mode de vie (d#ajtan) bien différent de celui des gens ordinaires ». Le mode de vie spécial indique que Josèphe lisait une leçon longue27 ; il n’est cependant pas encore question de « prophète », mais seulement de « consécration au service », c’est-à-dire de « don ».

– Après 1 S 10:27a (dgpn), 4 QSama laisse une fin de ligne blanche (petuåa), puis ajoute un supplément de trois lignes et demie sur Nahash roi des Ammonites. Josèphe paraphrase ce supplément, mais en le suivant de près :

Josèphe (6:68-69, cf. traduction p. 24) 4 QSama (traduction) Mhn´ d` ısterpn… (un mois plus tard)

Naêshn… tõn `Aµµanjt›n basjl�a: oenr ipa jln yg[p] Nahash le roi des Ammonites p÷tpf cûr qpllû kakû ugl $ed c’est lui qui avait opprimé tpÍf q�ran tpÙ `ùùJprdênpu qptaµpÙ cb ipa z$ les fils de Gad kat„khµ�npuf t›n `ùùJpuda#yn djat#ihsj… oae$x ipa z$e et les fils de Ruben |swÎj µ™n ka´ b#°… dwfga avec force. t›n… laµbanpµ�nyn qpl�µpu nµ„ [le]k mdl xwpe Il leur avait crevé tout tpÍf deojpÍf ÚvialµpÍf °o�kpqten. .oini o[ir] œil droit.

∑ v. 27b yixgnk idie Et il fut comme silencieux ycg enk idie Et fut environ un mois (= ≈) v. 28 ygp lrie et Nahash monta, etc. ygp lrie et Nahash monta, etc.

Ce tableau montre la correspondance très précise entre Josèphe et

4 QSama. La seule différence notable est que l’un met l’indication « un mois plus tard » avant cette notice, alors que 4 QSama la met après. Ce n’est qu’un arrangement stylistique de Josèphe, qui a bien perçu que l’oppression de Gad et Ruben est largement antérieure aux événements qu’il raconte, un mois après l’intronisation de Saül. Cette indication temporelle se retrouve dans ≈, mais ∑ a une autre leçon, et £ cumule les

27. Contrairement à ce qui est dit dans le volume précédent, p. 197, n. 3, où

il est supposé à tort que FJ a compris ey$x lr dlri $l dxen du v. 11 ∑ (suite du passage cité) comme TOnq, Aq. etc. : « la crainte (des hommes, cf. $xen) ne montera pas à sa tête », alors que pour le nazir le sens est : « le rasoir ne montera pas ». ∑ compris ainsi coupe tout lien entre Samuel et l’état de nazir.

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INTRODUCTION XXXI

deux. – En 1 S 28:1, le roi Akish invite David à se joindre à lui contre

Saül : « Sache bien que tu sortiras avec moi, toi et tes hommes pour la guerre. » 4 QSama ajoute l$rxfi « à Yizréel », qui est effectivement le lieu du camp de Saül (1 S 29:1 ∑ « à la source qui est à Yizréel »). Josèphe (6:325) explique que les Philistins mobilisent leurs alliés pour qu’ils se joignent e|f tõn qleµpn e|f &Recên « à la guerre à Réga ». Ce nom de lieu, que les mss orthographient Rjcan, Reccan, Rella (Lat), est introuvable dans la Bible, et a suscité diverses conjectures, mais 4 QSama fournit une solution simple et plausible : 1. en grec, Jegrahl « Yizréel » est souvent confondu avec Jsrahl « Israël » (1 S 29:1 ≈ [B], variantes de AJ 8:346 s. et 8:105 s.), d’où diverses formes intermédiaires : 2. en onciales, « à Réga » de Josèphe donne à peu près EJCRECAN ; 3. si l’on considère que C est une petite erreur pour L (confusion fréquente), on obtient EJCRELAN ; 4. si l’on admet alors une haplographie de EIC (préposition) et les aléas d’écriture EI/I, on obtient enfin EJC (E)JCRELAN, qui est réellement proche de « à Yizréel » de 4 QSama. La forme au féminin provient peut-être d’un suffixe de direction (dl$rxfi), car Josèphe prend parfois cette désinence pour une marque de féminin (cf. AJ 1:336, où il comprend dxiry « à Séïr » comme « touffue », Gn 33:16). Toute cette explication se résume aisément : une simple haplographie de EIC a déclenché divers essais de correction, et autant d’altérations (antérieures à l’archétype).

– En 2 S 5:6, David arrive sur Jérusalem, mais les Jébuséens lui en-voient dire : « Tu n’entreras pas ici, si ce n’est après que tu aies écarté (jxiqd m$ ik) les aveugles et les boiteux. » Le sens n’est pas très net : ou bien David doit d’abord vaincre les infirmes (qui défendent la ville), ou bien David doit écarter les infirmes de ses propres troupes28. (Le passage parallèle de 1 Ch 11:5 ignore aveugles et boiteux.) ≈ et £ lisent autrement : « Car t’écarteront (jxiqd ik) les aveugles et les boiteux. » Dans ce cas, le sens est que les infirmes suffiront à défendre la ville. 4 QSama a ici une leçon propre ziqd ik (où z- est graphiquement proche de jx-), qu’on peut comprendre « car (te) dévoieront (provoqueront) les aveugles et les boiteux ». Josèphe explique (7:61) que les Jébusites « fermèrent les portes et placèrent sur les remparts les aveugles, les boiteux et tous les estropiés, pour railler le roi ; ils disaient que ces infirmes l’empêcheraient d’entrer […] Cela irrita David, qui commença le siège de Jérusalem ». Josèphe suit ≈-£ et non ∑, mais il ajoute les railleries et l’irritation de David, c’est-à-dire une provocation. Cela indique qu’il avait aussi la leçon de 4 QSama, et que selon son habitude il s’est efforcé de tout additionner.

28. Conformément au précepte de Lv 21:18 qui interdit à l’aveugle, au

boiteux et en général aux infirmes de participer au culte. Cet interdit est repris ici, plus généralement, pour l’accès à la ville (2 S 5:8 « David hait les boiteux et les aveugles »).

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XXXII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

– En 2 S 11:6, lors de l’affaire de Bethsabée, David fait dire à Joab de lui envoyer son mari, Urie. 4 QSama ajoute a$ei ilk $yep « l’écuyer de Joab », indication qui ne figure nulle part ailleurs (Urie est mentionné 26 fois, dont 1 Ch 11:41 et 1 R 15:5). Pourtant, Josèphe dit à ce point (7:131) que David fait revenir du front Urie, « l’écuyer de Joab » (tõn `Jyêbpu µ™n Úqlpvrpn) ; il n’a pas inventé ce détail. Ces contacts entre Josèphe et 4 QSama sont de qualité excep-

tionnelle, et on ne peut malheureusement pas les compléter par un inventaire d’omissions communes, car le style de la para-phrase de Josèphe ne permet pas, sauf rares exceptions, de dé-terminer si ses omissions de détail sont volontaires ou non.

4. Josèphe, 1 Chroniques et 4 QSama

La parenté entre Josèphe et 4 QSama étant ainsi établie, il est maintenant possible de revenir à la question posée plus haut sur les relations entre Josèphe et 1 Chroniques pour les passages parallèles à 2 Samuel. Plusieurs leçons de 4 QSama vont per-mettre de les préciser :

– Selon 2 S 3:2, le deuxième fils, ou plus exactement le deuxième « aîné » qu’eut David était « Kileab, d’Abigaïl (libia$l a$lk) » ; cette forme est étrange, et l’on a soupçonné une dittographie de a$l. ≈ et £ mettent Dalpuja, qu’on retrouve 4 QSama dielc ou edilc (les trois der-nières lettres sont légèrement incertaines). Le parallèle de 1 Ch 3:1 a l$ipc, ≈ Daµnjhl ou Dalpuja (cf. 2 S), contaminé par « Daniel ». Tout cet ensemble permet de reconstruire une double forme de nom théophore l$ilc/dielc, d’où procèdent les diverses variantes (sauf 2 S ∑), y compris celle de Josèphe. Celui-ci écrit Dalpu#hlpf (7:21, avec des variantes également contaminées par Danjhl), et donne l’impression d’avoir fusionné les deux formes : Dalpuja + hl + pf : dans ce cas, il lisait comme 4 QSama, et avait en marge une glose l$ilc, ou peut-être simplement une correction l$-, dont 1 Ch ∑ garde une trace, et qu’il a additionnée. La question qu’on peut se poser est alors si une telle glose est une importation de 1 Ch ∑, ou une véritable variante de 2 S ∑. Les exemples suivants vont proposer une réponse.

– En 2 S 6:7, lorsque Uzza a touché l’Arche qui menaçait de verser, « et Dieu le frappa là pour l’insolence (lyd lr) ». Le terme est un hapax, de sens difficile, que les versions rattachent plus ou moins intuitivement à l’araméen ely « être négligent ». L’expression parallèle à ce terme, en 1 Ch 13:10, est claire : « au motif qu’il avait porté la main sur l’Arche » (oex$d l$ eci gly xy$ lr), mais ces mots mêmes figurent en 2 S 6:7 selon 4 QSama. Josèphe (7:82) dit nettement que Uzza était mort « pour avoir seulement tendu la main vers (l’Arche) », avec un décalque exact de l’expression hébraïque (comme en 1 Ch 13:10

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INTRODUCTION XXXIII

≈). Le témoignage de 4 QSama montre que Josèphe a très bien pu avoir trouvé ce passage dans sa version de 2 S, sans avoir eu besoin de consulter 1 Ch 13, c’est-à-dire, en d’autres termes, que cette version serait plus proche que ∑-≈-£ de celle d’où ont été extraits plus anciennement les passages parallèles de 2 Ch.

Cependant, la position de Josèphe ici est plus complexe, car il accroche la leçon longue indiquée non pas à sa place normale (2 S 6:7, avec la mort d’Uzza), mais un peu plus loin, pour expliquer la crainte de David au v. 9 (« Et David craignit YHWH ce jour-là »). Au moment où Uzza touche l’Arche (7:81), il dit seulement que « Dieu le fit mourir, parce qu’il n’était pas prêtre » ; autrement dit, Uzza a agi avec négligence, insolence ou présomption, on ne sait, mais on retrouve une trace de l’expression de 2 S 6:7 ∑. Il faut conclure que Josèphe a bien lu les deux leçons : la plus courte, qu’il s’est efforcé d’expliquer, était à sa place. Quant à la plus longue, il l’a déplacée, alors qu’elle était facile à combiner avec la courte. Cela indique qu’il ne l’a pas trouvée à sa place propre (en 1 Ch 13), mais en glose dans son exemplaire de 2 Samuel et mal alignée avec le v. 7. Le témoignage de 4 QSama prend alors sa pleine valeur : la glose n’est pas une importation de 1 Ch ∑, mais une variante de 2 S ∑.

– En 2 S 10:6, les Ammonites se préparent à la guerre, et « envoyèrent prendre à leur solde Aram » ; 1 Ch 19:6, 4 QSama et Josèphe (7:121) précisent qu’ils envoyèrent « mille talents d’argent ». Au même verset 2 S 10:6, le roi de Maaka, un des coalisés, envoie « mille hommes », mais les mêmes témoins (1 Ch 19:6, 4 QSama et Josèphe) omettent ce chiffre. Quant à savoir si Josèphe suivait 1 Ch, ou 2 S avec un texte de type 4 QSama, on a un indice : au moment où il aligne des effectifs, il omet un détail de 1 Ch 19:7 qui ne figure pas dans 2 S, selon lequel les coalisés recrutèrent « trente-deux mille chars » ; l’argument d’une omission commune n’est pas très fort, mais on peut cependant supposer que Josèphe ne lisait pas 1 Ch.

– En 2 S 24:17, au moment où la peste fait des ravages, « David dit à YHWH quand il vit l’ange frappant le peuple » (il n’y a pas ici de parole de David) ; 4 QSama et 1 Ch 21:16 ont une version plus longue, qui est aussi celle de Josèphe (7:327) : « David leva les yeux et vit l’ange de YHWH qui se tenait entre la terre et le ciel, l’épée dégainée dans la main pointant vers Jérusalem, et David et les anciens, revêtus de sacs, tombèrent sur leur face. » Il n’y a pas de variante notable de ≈-£. Josèphe suit fidèlement ce récit, et se borne à omettre les « anciens ». ‡ nouveau, le témoignage de 4 QSama permet de supposer que Josèphe a trouvé ce texte dans son exemplaire de 2 S 24, et n’a pas eu besoin de vérifier sur 1 Ch 21. On ne peut exclure que, comme dans l’exemple précédent, Josèphe ait eu les deux leçons, et que la plus courte, qui ne comprend pas d’« anciens », se soit retrouvée dissoute dans sa paraphrase ; c’est cependant peu probable, comme va le montrer la suite.

Voici la suite de 2 S 24:17a : « Il dit : Voici, moi j’ai péché et moi

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XXXIV LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

(≈-£ et 4 QSama aj. “le berger”) j’ai corrompu, mais eux, le troupeau, qu’ont-ils fait ? » ‡ nouveau, le parallèle 1 Ch 21:17a est différent : « David dit à Dieu : N’est-ce pas moi qui ai dit de dénombrer le peuple, et c’est moi qui ai péché ; moi, j’ai vraiment fait le mal, mais eux, etc. » Mais comparons les variantes sur un tableau, en reconstituant la source de ≈-£ avec l’orthographe de 4 QSama : la partie utile – la seule conservée dans 4 QSama – est mise entre deux barres verticales : 2 S ∑ eyr dn o$vd dl$e izierd ikp$e iz$hg ikp$ dpd

2 S ≈(-£29) eyr dn o$vd dl$e izrxd drxd $ed ikp$e iz$hg ikp$ dpd

4 QSama [ … ]e izrxd drxd ikp[ … ] 1 Ch ∑-≈ eyr dn o$vd dl$e izerxd rx2de iz$hg xy$ $ed ip$e

Pour le verbe, l’écart entre 2 S ∑ et les autres résulte d’une métathèse rx/xr, accompagnée d’une identification ie/x. 1 Ch a un redoublement de la racine rrx « être mauvais » au hifil (cf. 1 S 12:25), alors que ≈-£ et 4 QSama ont une allitération de racines semblables (drx « paître » et rrx). Il faut enfin noter que l’écart graphique entre 4 QSama et 1 Ch ∑ est minime : il se réduit à un d devant un autre d, avec des possibilités symétriques d’haplographie comme de dittographie. En faveur de l’haplographie, i. e. du caractère secondaire de 1 Ch ∑, on peut cependant faire valoir que celui-ci perd et l’allitération et la symétrie entre « berger » et « troupeau » ; on peut remarquer aussi que $ed de la source de ≈ est déplacé et mis dans une locution assez lourde.

Avant d’invoquer Josèphe, considérons la fin de 2 S 21:17 : « Que soit ta main sur moi et sur la maison de mon père » ; 1 Ch 21:17 dit de même, et ajoute « et pour ton peuple, qu’il ne soit pas pour la destruction (dtbnl $l jnrae, ≈ aj. “Seigneur”) ».

Josèphe dit d’abord, comme ≈-£ et 4 QSama, « David dit à Dieu que lui seul, le berger, méritait d’être châtié, mais que le troupeau devait être sauvé » (7:328), puis il continue : « Il le suppliait de détourner sa colère sur lui et sur toute sa famille, et d’épargner le peuple. » La finale est con-forme à 1 Ch 21. ‡ nouveau, on pourrait supposer que Josèphe, colla-tionnant les deux parallèles, a tout recueilli. 4 QSama n’est pas conservé ici, mais l’exemple précédent, qui a trait au même passage, a montré qu’il donnait un texte long, conforme à la source de 1 Ch ; il y a lieu de prolonger cette conclusion ici, et de considérer que le témoignage de Josèphe la soutient, et ceci d’autant plus que 1 Ch paraît avoir connu des altérations. Un autre détail du même passage va le confirmer.

29. Pour la partie entre les barres, ≈ met ka´ °cŒ e|µj Ú qpjµœn °kakp-qp#hsa, mais £ et Origène suppriment la copule e|µj ; elle correspond donc à l’équivalent hébreu $ed, qui figurait dans la source de ≈. De même, en Dt 6:4 fin, ≈ lit kur#pf eÒf estjn « le Seigneur est un » contre ∑ cg$ dedi ; ce n’est pas une négligence de ≈, car le texte du papyrus Nash ajoute $ed à la fin : telle était la source de ≈.

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INTRODUCTION XXXV

– En 2 S 24:20, le prophète Gad a envoyé David à l’aire d’Arauna, qui « regarda et vit le roi et ses serviteurs qui passaient vers lui ». 4 QSama est lacunaire ici, mais ajoute « enveloppés de sacs, et Arauna vannait les blés ». Le parallèle de 1 Ch 21:20 est difficile, et ≈ a renoncé à le traduire entièrement : « Arauna se retourna et vit l’ange (≈ “le roi”) et ses quatre fils avec lui qui se dissimulaient (mi$agzn, ≈ transcrit sans traduire µeiawabjn), et Arauna vannait les blés. » La « dissimulation » des quatre fils est étrange, mais on peut la voir comme une altération des « serviteurs enveloppés de sacs » de 4 QSama (cf. Ulrich, p. 158). Josèphe (7:330) dit simplement : « Arauna était en train de vanner son blé lorsqu’il vit arriver le roi et tous ses enfants (ou “serviteurs”, qaÏdaf). » Il ne tient aucun compte de 1 Ch 21 : il suit 4 QSama, en omettant les sacs ; il a toutefois mentionné plus haut que David s’était revêtu de sacs (§æææ327, cf. ci-dessus 2 S 24:17). Il a en outre une ambiguïté instructive, en mettant qaÏdaf (comme ≈-£), car 2 S met « serviteurs » et 1 Ch « fils » ; ce peut être la trace d’un compromis entre deux variantes ; 4 QSama, détruit en cet endroit, ne permet pas de trancher. La conclusion utile ici est double : Josèphe utilise 2 S selon 4 QSama, et 1 Ch, qui en dépend aussi, est dégradé. Pour conclure sur l’usage que Josèphe a pu faire de 1 Chro-

niques, il faut distinguer dans ce livre deux constituants : les passages propres, et les passages parallèles à 2 Samuel, qui ont souvent d’importantes divergences de détails. Pour la première catégorie, il est certain que Josèphe a inclus des chapitres entiers dans son récit, qui suit Samuel ; c’est particulièrement clair à la fin du livre VII, lorsqu’il crédite David de toute la préparation des travaux du Temple et de l’organisation du futur culte ; il va même jusqu’à transférer sur son nom tout un passage que 1 Rois attribue expressément à Salomon. Il n’y a aucune raison de supposer qu’il a utilisé une compilation préexistante. Quant aux passages parallèles 1 Ch-2 S, ce sont à l’origine des

extraits d’une certaine version de 2 S (qu’on dénomme 2 S*), qui ont eu ensuite leur histoire propre au sein de 1 Ch : remaniements volontaires et altérations ; les traductions grec-ques (≈-£) apportent peu de lumière, car elles supposent un original extrêmement proche de 1 Ch ∑. Les considérations précédentes, qui portent sur un échantillon limité, aboutissent cependant à une hypothèse d’ensemble en deux points : 1. La source 2 S* de ces extraits est proche de 4 QSama, avec

souvent de bonnes confirmations grâce à 2 S ≈-£. Il n’y a pas lieu de supposer que 4 QSama soit le résultat d’un essai d’har-monisation de textes de type 2 S ∑ et 1 Ch ∑.

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XXXVI LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

2. Lorsque Josèphe a des contacts avec 1 Ch contre 2 S, ils proviennent de son exemplaire de Samuel (qu’on nomme 2 Sj, et qui est proche de 2 S*). On a pu le verifier dans plusieurs cas, grâce à 4 QSama. Dans d’autres cas, où l’on voit que Josèphe additionne exactement et dans l’ordre les données de 2 S et de 1 Ch (par exemple en 7:61-64), on pourrait reconstituer avec précision 2 Sj, qui par ailleurs a certainement des corrections et des gloses. On peut même montrer que Josèphe n’a pas cherché à glaner

des informations dispersées dans 1 Ch, en dehors des blocs de la première catégorie ci-dessus. Par exemple, en 7:78-81, pour le transfert de l’Arche de Qiryat-Yéarim à Jérusalem, il suit 2 S 5 et son parallèle 1 Ch 13, dans les conditions indiquées ; en particulier, il explique que le lévite Uzza fut puni pour avoir touché l’Arche « parce qu’il n’était pas prêtre ». Mais si Josèphe avait réellement consulté 1 Ch en détail, il aurait pu lire un peu plus loin (1 Ch 15:2) que David avait institué des lévites spécialement chargés de transporter l’Arche. De fait, ce chapitre n’a pas de parallèle dans 2 S, et Josèphe ne l’a nulle part importé « en bloc ». Les analyses faites jusqu’ici supposaient, et parfois mon-

traient, que Josèphe suivait une source hébraïque, et que même sa parenté avec £ se comprenait mieux à travers un intermédiaire hébreu, du fait de divergences de transcriptions ou de tra-ductions. Il reste maintenant à déterminer s’il a aussi utilisé une source grecque, ou tout au moins s’il y a un avantage à le sup-poser.

5. Josèphe et la Bible grecque

Avant d’examiner les faits textuels eux-même, commençons par tenter une synthèse logique de ce qui a été discuté jusqu’ici. On a vu plus haut (§æææ2) que Thackeray affirmait que Josèphe,

outre ∑ ou un targum, avait utilisé de Josué à 1 Maccabées une Bible grecque de type £ ; notons-la £*. Si maintenant on tient compte de 4 QSama, il faut conclure que £* dérivait d’un hébreu analogue à 4 QSama, puis que £ actuel est le résultat de révisions postérieures à Josèphe, qui l’ont rapproché de ∑ tout en lui laissant un caractère propre. Une partie de ces révisions est nécessairement « protolucianique », car de nombreuses ca-ractéristiques textuelles de £ (mais non de £*) se retrouvent chez

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INTRODUCTION XXXVII

divers témoins bien antérieurs à Lucien : des papyrus anciens, des fragments de la Vetus Latina, le substrat de la version arménienne, le texte cité par les Antiquités bibliques du Pseudo-Philon, des citations de nombreux Pères (Clément d’Alexandrie, Théophile d’Antioche, Tertullien, Hippolyte et Origène). Cette masse de témoignages anciens a conduit E. Tov à af-

firmer que le texte protolucianique n’était pas une recension, mais une traduction de plein droit30, diffusée comme telle. Cette hypothèse est intéressante, mais le témoignage combiné de Jo-sèphe et de 4 QSama oblige à la compléter, en disant que s’il y a bien eu une telle traduction ancienne, qui est forcément £* ci-dessus, elle a été révisée ensuite quelque part au IIe siècle, ou au moins perturbée accidentellement, pour donner la couche an-cienne de £, si largement attestée. Ce n’est pas impossible en soi, mais il faut encore ajouter que, comme on l’a vu (§æææ2), la parenté entre Josèphe et £ passe à travers un hébreu. Autrement dit, £ et £* dérivent indépendamment d’un même hébreu, et £* se réduit à n’être qu’un proto-Josèphe grec, dont on n’a aucune autre trace par ailleurs. On aboutit ainsi à deux conséquences simples : 1. £*, non attesté autrement, n’existe pas ; Josèphe a utilisé

une source hébraïque apparentée à 4 QSama, apparentée aussi à la source des extraits de 1 Chroniques, livre qu’il n’a pas con-sulté pour des vérifications de détail. 2. L’hypothèse de Tov d’une véritable traduction protolucia-

nique se trouve considérablement renforcée ; c’est la couche ancienne de £. Il faut cependant ajouter qu’il n’y a jusqu’ici au-cune raison d’affirmer qu’elle soit antérieure à Josèphe. Cela ouvre la possibilité, au moins en droit, que le traducteur ait consulté celui-ci, puisque son œuvre était protégée par un dépôt en bibliothèque publique (tout comme la Septante officielle du Pentateuque, à Alexandrie). Après ces déductions, il faut revenir aux discussions de détail.

L’argumentation de Thackeray en faveur d’un grec £* se réduit en fait à un principe a priori : dès que Josèphe s’écarte de ∑, c’est qu’il utilise une source grecque ou un targum. Ce principe reposait en fait sur un autre : jusqu’à une époque assez récente, on supposait volontiers que les traductions grecques de la Bible

30. E. TOV, « Lucian and Proto-Lucian… » (cf. n. 17), p. 104-105. Il conteste à bon droit l’idée que les témoins anciens cités aient subi des retouches par le fait de « réviseurs lucianiques ».

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XXXVIII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

n’étaient que des paraphrases plus ou moins libres de ∑, comme les targums araméens, d’où la notion diffuse, pour expliquer les diverses recensions avant et après Origène, de révisions plus ou moins partielles d’après ∑. Les arguments d’E. Ulrich31 sont à examiner de plus près, car

après avoir étudié en détail 4 QSama, qui est un hébreu bien distinct de ∑, il conclut, encore plus nettement que Thackeray, que Josèphe a utilisé presque exclusivement une Bible grecque pour 1-2 Samuel. Voici ses raisons :

– En 1 S 10:4, Samuel annonce à Saül qu’il rencontrera trois hommes qui « te donneront deux pains (mgl izy), et tu prendras ». ≈ et £ rendent ka´ dŒspus#n spj (£ omet ce mot) dÎp £qarwûf ôrtyn (= 4 QSama mgl zetepz izy) ka´ lπµx∆. Josèphe donne un texte très semblable (6:55) : dŒspus# spj ôrtpuf dÎp, sÍ d™ lπx∆. De cette similitude Ulrich conclut que Josèphe a recopié le grec. Ce jugement est plutôt arbitraire : 1. le vocabulaire utilisé, à la fois précis et banal, peut rendre simplement une même source ; 2. Josèphe omet £qarwêf « prélèvements, prémices », ce qui le rapproche de ∑, et l’éloigne de ≈-£ ; 3. £ omet spj, d’où un contact mineur de Josèphe avec ≈ contre £, ce qui affaiblit sans raison la parenté très réelle de Josèphe avec £. Ulrich donne quelques autres exemples aussi peu probants de contacts de vocabulaire usuel entre Josèphe et ≈-£, qui peuvent dériver d’une même source. Il n’est pas nécessaire de les rapporter ici.

Juste auparavant (v. 3) ≈ et £ rendent oii lap « outre de vin » par ôskpf p”npu, et de même Josèphe (6:55) ; l’expression oii lap ne se rencontre en tout que trois autres fois, dans ∑, et uniquement dans 1-2 S : en 1 S 25:18 ≈ et £ mettent simplement £cceÏpn « récipient » ; en 1 S 1:24 et 2 S 16:1, ≈ et £ se contentent de transcrire nebel. Autant dire que l’expression est mal connue ; en conclure que Josèphe à recopié ≈-£ est certainement excessif, d’autant plus que dans le même verset, les trois mgl zexkk « miches de pain » sont bien « trois pains » chez Josèphe, mais deviennent des £cceÏa ôrtyn « récipients de pains » dans ≈-£ (sans doute de mgl ilk), ce qui exclut tout contact direct.

– En 1 S 25:3, Nabal, mari d’Abigaïl, est présenté comme un individu peu recommandable, et le v. de ∑ conclut (Ket.) ealk $ede « et il était (i. e. “il agissait)” comme son cœur » ; (Qer.) ialk $ede « et il était calé-bite », ce qui est possible puisque Nabal est de Maôn et que selon æ1 Ch æ2:42-49æ Calebæ est æun æclan æqui æinclutæ æentreæ æautresæ æZiph, ææHébron et Maôn ; on peut aussi comprendre qu’il était « canin » (de alk). ≈ et £ mettent ka´ Ú ôniryqpf kunjkf (cf. 4 QSama yi$de) « et æl’homme æétaitæ cynique (ou “canin”) » ; ils lisent comme ∑ Qer., mais il est remarquable qu’ils n’aient pas identifié le gentilice « calébite ». Josèphe

31. E. ULRICH, The Qumran Text… (cf. n. 26), p. 183-187.

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INTRODUCTION XXXIX

(6:296) dit plus clairement que Nabal « était un brutal, de mauvaises mœurs, qui pratiquait la manière de vivre cynique (°k kunjk¢f £skπseyf) ». Ulrich en conclut qu’il dépend de ≈-£, mais c’est arbitraire tant qu’il n’a pas prouvé que cette leçon de ≈-£ est antérieure à Josèphe : en effet, kunjkf est un hapax dans la Bible, et introduit un sens étonnant ; on peut très bien imaginer au contraire que les traducteurs ou réviseurs, tombant sur une leçon incertaine ialk/ealk de sens difficile, soient allés consulter Josèphe. Quant à celui-ci, il n’y a pas de difficulté à admettre qu’orienté par une leçon comme Qer. et frotté de culture grecque, il ait qualifié Nabal de cynique, puisqu’il était brutal et surtout asocial.

– En 1 S 26:11 s., min zgtv « gourde d’eau » est rendu trois fois par ≈-£ tõn vakõn tpÙ ıdatpf « lentille d’eau », ce qui est anormal dans les deux sens : zgtv est traduit autrement ailleurs, et vakf rend d’autres termes. Dans le récit par Josèphe de cet épisode (6:313 s.), la même expression revient trois fois, et nulle part ailleurs. Ulrich remarque avec raison que la coïncidence n’est pas fortuite ; cependant, le sens de l’emprunt est malaisé à déterminer, car on voit au voisinage certains détails pour lesquels Josèphe et ≈-£ se rattachent indépendamment à la même source hébraïque.

– En 1 S 28:1, le roi Akish invite David à se joindre à lui contre Saül : « Sache bien que tu sortiras avec moi, toi et tes hommes pour la guerre ». 4 QSama ajoute l$rxfi « à Yizréel », mais Josèphe met « à Réga » (6:325), et l’on peut retrouver que c’est une déformation de « à Yizréel ». Ce cas, qui a été discuté plus haut (§æææ3), s’explique bien par une erreur d’onciales de l’archétype. Ulrich affirme que c’était déjà une erreur de la source grecque de Josèphe, car s’il avait reconnu le nom « Yizréel », il n’aurait pas manqué d’ajouter qljf « ville », comme il le fait ailleurs. C’est bien possible, si l’on considère la ville de Yizréel, qui fut un temps la capitale d’Israël (8:346 s.). Cependant, l’argument n’est pas décisif dans le présent contexte : 1 S 29:1 évoque le lieu de la bataille « à la source qui est à Yizréel », mais ce n’est pas typiquement l’indication d’une ville. C’est encore plus clair dans ≈, qui met « à Ain-Dor qui est en Yizréel » ; £ lit « à Ain », transcription et non traduction (« source ») ; autrement dit, « Ain » est la ville et « Yizréel » la région. L’argument d’Ulrich devient finalement très faible.

– En 2 S 6:13, lors du transfert de l’Arche à Jérusalem, les porteurs font « six danses (micrv, litt. “pas”) » . ≈ et £ mettent « et il y avait avec eux les porteurs de l’Arche, sept chœurs (wprp#), et un sacrifice, etc. » ; la phrase est ambiguë, car on ne sait si les chœurs se confondent ou non avec les porteurs. Josèphe est plus clair (7:85) : « Les prêtres la transportèrent, précédée de sept chœurs (–qtû d™ wpr›n […] qrpacntyn). » ≈-£ et Josèphe ont manifestement une leçon commune, qui ne doit rien à ∑, et qui suppose un hébreu ze¬gn (cf. v. 15). 4 QSama, lacunaire en ce point, ne permet pas d’arbitrer. Ulrich conclut cependant que Josèphe s’est inspiré de ≈-£, mais, sans aller jusqu’à

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XL LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

envisager l’inverse, il n’est pas plus invraisemblable de supposer, puisque la source de ≈-£ ici est certainement un hébreu différent de ∑, que Josèphe dépend de cet hébreu. L’argument est donc loin d’être décisif.

– En 2 S 10:6, dans un passage vu plus haut (§æææ4), « les fils d’Ammôn envoyèrent et recrutèrent Aram (de) Bet-Rehob (agx zia mx$ z$), etc. » ≈ met « et recrutèrent la Syrie (tœn Sur#an) et Bet-Rehob », où « Syrie » est un équivalent normal de mx$ ; la phrase n’est cependant pas très claire, et £ modifie en mettant SÎrpf, qui peut être « un Syrien » ou un nom propre « Syros », mais ce n’est pas beaucoup plus clair. L’hébreu sous-jacent diffère seulement d’un e de liaison : agx ziae mx$ z$. Le parallèle de 1 Ch 19:6 met « qu’ils envoyèrent mille talents d’argent pour se recruter de Syrie-Mésopotamie (ou “d’Aram-Naharaïm”, mixdp mx$ on) », sans Bet-Rehob ; il ne s’agit plus de recruter la Syrie ou Syros, mais seulement des hommes de Syrie. Quant à Josèphe, il dit que les Ammonites ont envoyé « mille talents à Syros, roi de Mésopotamie, pour l’inviter, etc. », et il ignore Bet-Rehob (7:121). Malgré sa parenté avec £ (« Syros »), Josèphe ici dérive d’un texte différent, qui coïncide avec 1 Ch (et vraisemblablement avec 4 QSama, mais il est lacunaire en ce point), mais avec la marque de l’accusatif, comme 2 S ∑ : mixdp mx$ z$. Ils auraient donc envoyé mille talents pour recruter (tout) Aram Naharaïm ; Josèphe modifie légèrement pour transformer « Aram » en roi, ce qui fait plus vraisem-blable. Ulrich affirme que « Syros », commun à Josèphe et à £, prouve que Josèphe a lu £. Rien n’est moins sûr, puisque Josèphe suit ici un texte de type 1 Ch (ou 4 QSama). Enfin, à propos du « Syros » de £, qui n’est pas qualifié de roi et qui améliore peu ≈, il faut faire deux remarques : 1. SÎrpf est un hapax dans ≈-£, alors qu’il est très fréquent chez Josèphe ; 2. il n’est pas établi que £ comme traduction soit antérieur à Josèphe, sans même parler des révisions lucianiques. Ces analyses montrent que les conclusions d’Ulrich ne s’im-

posent pas, surtout quand on les compare aux éléments qui invi-tent à penser que Josèphe suivait une source hébraïque. En fait, le seul exemple qui ne se laisse pas neutraliser aisément est la « gourde d’eau » de 1 S 26:11, qui pose la question d’emprunts très ponctuels. Considérons donc un échantillon de cas où Jo-sèphe et ≈ ou £ ont des expressions grecques semblables :

– En 1 S 20:30, Saül traite son fils Jonathan de « fils de rebelle éga-rée », avec une expression difficile z™©xnAd zeArp ; ≈-£ met kpras#yn aÄtpµplpÎntyn « fils de fillettes révoltées », et Josèphe (6:237) °o aÄtpµlyn cecenhµ�npn « engendré par des révolté(e)s ». La traduc-tion de ≈ est atypique : 1. cxn est en général rendu par £vjstênaj ou un dérivé ; 2. l’expression employée est très rare, alors qu’elle est courante chez Josèphe. Il y a donc lieu de supposer que ≈-£ (traducteurs

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INTRODUCTION XLI

ou réviseurs) s’en sont inspirés. Quant à la source de Josèphe, il suffit d’ajouter un x et l’on obtient « servantes révoltées » zecxnd zexrp. Dans ces conditions, on peut imaginer que ≈-£ se soit trouvé face à la leçon de ∑, et ait hésité.

– En 1 S 22:6 et 31:13 figure l’expression ly$d zgz « sous le tama-ris », qu’on ne rencontre pas ailleurs. ≈ et £ mettent Èqõ tœn ôrpuran « sous le champ », ce qui est un peu étrange, car dans un cas c’est le lieu où siège Saül, et dans l’autre c’est le lieu où les gens de Yabesh l’enter-rent. Dans les deux cas, Josèphe met un nom propre indéclinable sans ar-ticle « Arourès » : Saül siège « sur Arourès » en 6:251, puis est enterré « en un lieu nommé Arourès » en 6:377. On ne voit guère quelle est l’origine de ce terme, mais ce n’est sûrement pas un emprunt à ≈-£, car Josèphe n’aurait pas fait disparaître la déclinaison, à laquelle il tient (AJ 1:129). En sens inverse, on peut se demander si ≈-£ n’a pas discrètement regardé comment Josèphe avait compris l’expression, la forme déclinée étant un développement secondaire.

– En 2 S 2:21, le mot rare dvilg « tenue de combat » est rendu qanpql#a par ≈-£ et par Josèphe (AJ 7:15). Son unique autre occurence dans la Bible est en Jg 14:19, où ≈ (A) met stplêf et (B) ≠µat#a, ce qui indique que le mot est mal connu. Quant au terme qanpql#a, c’est un hapax dans ≈-£, alors qu’il est fréquent chez Josèphe (22 emplois). Le contact ainsi observé en 2 S 2 suggère donc, s’il y a eu un emprunt, que ce sont les traducteurs (ou réviseurs) de ≈-£ qui ont consulté Josèphe pour un mot difficile, et non le contraire.

– Il faut enfin rappeler la curieuse addition commune à Josèphe et à 1 S 17:43 ≈ (mais non £) « non mais pire qu’un chien », où apparaît un comparatif we#ry, hapax dans ≈ mais courant chez Josèphe ; étant donné le style littéral de ≈ et l’absence en hébreu de forme propre pour le comparatif, on ne voit pas à quelle expression hébraïque cet adjectif peut correspondre. Il faut donc présumer que l’expression provienne de Josèphe. Chez celui-ci, compte tenu de son style, la phrase peut être soit une expansion libre, soit la trace d’une leçon de l’hébreu. Aucun fragment de Qumrân ne permet d’arbitrer. Ajoutons qu’on ne peut trop bâtir sur le fait que £ ignore cette addition : elle a pu être éliminée par un réviseur antiochien (Lucien). En toute hypothèse, il subsiste dans ≈-£ de nombreux mots

transcrits de l’hébreu et non traduits, ce que Josèphe ne fait ja-mais, ainsi que des tournures hébraïques comprises différem-ment (ce qui affaiblit encore la thèse d’Ulrich). Donc, même en admettant que Josèphe ait été consulté par des traducteurs ou des réviseurs, ce n’a pu être au mieux que de façon dispersée et non systématique.

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XLII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

6. Conclusions

Commençons par un résumé de chacun des points abordés dans cette analyse : 1. Pour 1-2 Samuel, Josèphe suit ses sources de près. Il est

donc légitime de scruter sa paraphrase en détail. 2. La parenté entre Josèphe et £ est évidente, mais se com-

prend bien mieux si tous deux dérivent d’un même hébreu. (Pour éviter des circonlocutions inutiles, les notes du commen-taire ont été rédigées en fonction de cette conclusion.) Cela tend à confirmer que la forme primitive de £ est bien une traduction de plein droit, comme l’affirme Tov. 3. Josèphe a une parenté très nette avec 4 QSama, qui est au

plus tard d’époque hérodienne ; c’est d’autant plus significatif que sa source est un exemplaire officiel, probablement pris par Titus dans les dépôts du Temple. Les résultats combinés de Barthélemy et d’Ulrich32 indiquent en outre que lorsque £ re-présente la plus ancienne traduction grecque, il a beaucoup plus de contacts avec 4 QSama. Ajoutons qu’il n’est pas établi que £ soit antérieur à Josèphe. 4. 4 QSama est proche du type de texte d’où ont été extraits

les passages de 1 Chroniques parallèles à 2 Samuel, qui dans ∑ actuel sont très divergents. En extrapolant à partir des éléments vérifiables, on conclut que là où Josèphe paraît suivre 1 Ch ∑-≈ contre 2 S ∑, il suit en fait un texte proche de 4 QSama. Le problème reste cependant complexe, car il a parfois des leçons doubles. 5. Les contacts de vocabulaire entre Josèphe et ≈-£, lorsqu’il

y a des mots rares ou une difficulté de l’hébreu, doivent être considérés comme des emprunts sporadiques à Josèphe, qu’on peut dans un premier temps attribuer à des réviseurs, qui sa-vaient pouvoir le consulter en bibliothèque. Il faut revenir un instant sur la datation de la traduction £ de

1-2 Samuel et se demander quels sont les indices précis d’une traduction grecque officielle avant Josèphe. Observons d’abord que le Nouveau Testament, qui connaît

l’histoire biblique, ne cite expressément que deux passages de l’ensemble des livres historiques : 2 S 7:8.12.14 (prophétie de

32. E. ULRICH, The Qumran Text… (cf. n. 26), p. 115-117 ; D. BARTHÉ-

LEMY, Les devanciers… (cf. n. 17), p. 110-127.

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INTRODUCTION XLIII

Nathan) et 1 R 19:14.18 (Élie à l’Horeb), ce qui peut s’accomo-der d’une traduction privée ou de testimonia. Le cas de Philon, qui parle peu d’histoire, est encore plus éloquent : pour lui, Da-vid est un poète, Salomon un sage, et il n’y a jamais eu d’exil, mais seulement émigration délibérée pour diffuser dans le mon-de la loi de Moïse, la seule capable de surmonter les guerres. Il y avait cependant quelque chose. Dans son prologue, qu’il

date d’Alexandrie en 132, le traducteur de Ben Sira se lamente de ce que les traductions de la Loi et des Prophètes sont très différentes de l’original hébreu (l. 22-25 de Rahlfs) ; le grec, qui n’est pas mentionné, est probablement sous-entendu. En tout cas il ne s’agit certainement pas de traductions officielles33. De

manière analogue, la Lettre d’Aristée (§æææ30) explique que Démétrius, le bibliothécaire d’Alexandrie, se plaignait de n’avoir que de mauvaises copies des lois juives ; elles étaient marquées, c’est-à-dire n’avaient pas la qualité requise pour être formellement admises dans la bibliothèque royale. Telle fut l’occasion de la mise en route de la traduction officielle du Pen-tateuque par les Septante (en fait soixante-douze, chacune des douze tribus ayant fourni six traducteurs).

33. Voir Marguerite HARL, Gilles DORIVAL et Olivier MUNNICH, La Bible grecque des Septante (Coll. « Initiation au christianisme ancien »), Paris, Cerf, 1988, p. 100-111.

Josèphe

Ancêtre de 4 QSama

4 QSama

Ancêtre de 1-2 S ∑

Archives Jérusalem 1 Ch ancien

1 Ch ∑ ≈ £

Source de 1-2 S £

1-2 S ∑1-2 S £

1-2 S ≈

Schéma proposé des relations entre les divers témoins de 1-2 Samuel.

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XLIV LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

En bref, on ne discerne pas de traduction officielle des Pro-phètes antérieurs (livres historiques) avant Josèphe. De plus, pour 1-2 Samuel, £ (couche ancienne) est un parent plus éloigné que Josèphe de 4 QSama, lui-même proche d’un exemplaire autorisé de Jérusalem ; à l’autre extrémité, £ est plus proche que Josèphe de ∑. Il y a donc lieu de croire que £ est postérieur à Josèphe, ce qui laisse encore un temps suffisant pour y voir un « devancier d’Aquila », car la traduction de celui-ci peut être située vers 120. Compte tenu de la diffusion dès le IIe siècle des variantes de type £, il faut admettre que c’était bien une traduc-tion officielle. Et si l’on extrapole les conclusions de Barthé-lemy, c’était la plus ancienne. Tout cela a certainement des con-séquences pour la préhistoire des Hexaples d’Origène34, mais ce n’est pas le lieu pour en traiter35. Finalement, l’affirmation de Josèphe qu’il est le premier à

rendre en grec les livres historiques n’est pas dépourvue de fon-dement, à condition de bien le suivre quand il se compare au grand prêtre Éléazar : il se campe comme obéissant à une de-mande formelle de l’autorité civile, en vue d’un dépôt en biblio-thèque. Les analyses présentées ici sont encore préliminaires, et les

conclusions avancées, qui sont illustrées par le tableau de la page précédente, doivent encore être qualifiées d’hypothèses, que le lecteur est invité à vérifier. Un dépouillement complet des variantes de noms propres et des faits signalés dans les notes fera l’objet d’un travail ultérieur, incluant l’ensemble de l’historiographie de Josèphe. Il importe ici de conclure Josèphe prend un rang honorable

parmi les traducteurs de la Bible. Certes, il reste à se demander pourquoi il s’est attelé à une tâche aussi lourde, au résultat aussi touffu. On est loin du polémiste alerte et brillant qu’on voit à l’œuvre dans le Contre Apion, où il s’adresse aux Gentils pour défendre sa religion et son peuple. On a exposé ailleurs quelques

34. Voir Sebastian BROCK, The Recensions of the Septuaginta Version of

Samuel (Quaderni di Henoch, 9), Torino, S. Zamorani, 1996. 35. Il y a aussi d’importantes conséquences sur les relations entre critique

textuelle et critique littéraire, cf. Julio TREBOLLE BARRERA, Centena in libros Samuelis et Regum. Variantes textuales y composición literaria en los libres de Samuel e Reyes (Textos y Estudios « Cardinal Cisneros », 47), Madrid, Instituto de Filología (CSIC), 1989.

Page 45: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

INTRODUCTION XLV

raisons de croire36 que Josèphe, s’abritant sous l’autorité civile romaine, avait composé les Antiquités pour ses compatriotes. On peut maintenant ajouter un élément supplémentaire : il a mis à leur disposition les récits bibliques détaillés, en les ornant de ses propres commentaires moraux. Le fait qu’il n’ait pas eu de postérité juive suggère cependant qu’il n’a pas su trouver le style adéquat.

Jérusalem, août 2000.

36. É. NODET, Flavius Josèphe… (cf. n. 2), p. 7-17. ID. « Un nouveau

commentaire des œuvres de Josèphe », RB 108 (2001), p. 161-188.

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ABRÉVIATIONS ET CONVENTIONS

I – Transcriptions

Pour les noms propres, on utilise dans la mesure du possible, pour des raisons de clarté et de simplicité, les conventions adoptées dans la Bible de Jérusalem ou, le cas échéant, l’usage de la collection Budé, qui tiennent compte aussi de formes francisées traditionnelles (Josué, Sennachérib). Les substantifs hébreux ou araméens transcrits sont en général

transmis de manière fautive, et on s’est efforcé, en combinant les formes sémitiques connues et des informations glanées à travers les méandres de l’apparat critique, de restituer les vocalisations de Josèphe, souvent distinctes de celles des Massorètes (ex. assarôn pour oexyr, essên pour oyg, etc.).

II – Conventions, sigles

Dans le texte grec, lorsqu’un appel de note concerne une suite de plusieurs mots, un astérisque (*) est mis devant le premier. Dans l’apparat critique, les variantes ou conjectures retenues pour la traduction sont mises en italiques, sauf pour les noms propres ou lorsqu’il s’agit de détails peu significatifs pour l’établissement du texte. Dans la traduction, les crochets [ ] signalent des mots ajoutés

à l’original pour la clarté ; les parenthèses ( ) indiquent des ex-plications, qui sont le plus souvent des traductions de noms propres. Dans le commentaire, les parenthèses encadrent une explication, et les crochets une explication à l’intérieur de parenthèses.

III – Abréviations, bibliographie

En fait de bibliographie, seules sont signalées les abréviations de livres utilisées, c’est-à-dire principalement de sources an-ciennes (autres que grecques et latines, pour lesquelles on ren-voie aux dictionnaires classiques). Pour toute étude particulière,

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ABRÉVIATIONS, CONVENTIONS XLVII

on renvoie à la documentation rassemblée dans l’Histoire de SCHÜRER-VERMES, et surtout au remarquable ouvrage de Louis H. FELDMAN, Josephus and Modern Scholarship (1937-1980), Berlin - New York, W. de Gruyter, 1984. Pour les livres bibliques, on utilise les abréviations de la Bible

de Jérusalem.

1 QH, 11 QT… Documents des grottes de Qumrân ; les plus fréquem-ment cités sont : 1 QH (Rouleau des Hodayot), 1 QM (Rouleau de la guerre), 1 QS (Manuel de discipline ou Règle de communauté), 1 QSa (Règle messianique), 4 QMMT (Miq®at maªa�eh ha-Torah), 4 QFl (Florilegium), 11 QT (Rouleau du Temple), CD (Document de Damas) ; sauf 4 QMMT et 4 QFl, ces textes sont donnés en traduction française dans Intertestament. L’ensemble des textes non bibliques de Qumrân, édités ou non, est donné en traduction espagnole par Florentino GARC˙A MART˙NEZ, Textos de Qumrán (Col. Estructuras y Procesos), Madrid, Editorial. Trotta, 1992, avec index des fragments par grottes et des éditions disponibles. Traduction anglaise de ce recueil : The Dead Sea Scrolls Translated, Leiden, Brill, 1992 ; traduction italienne, mise à jour et annotée : Testi di Qumran (Biblica, Testi e Studi, 4), Brescia, Paideia, 1996 ; nouvelle édition, The Dead Sea Scrolls. Study Edition, Leiden, Brill, 2000.

4 QSama Edward D. HERBERT, Reconstructing Biblical Dead Sea Scrolls : A New Method Applied to the Reconstruction of 4 QSama (Studies on the Texts of the Desert of Judah, 22), Leiden, etc. E. J. Brill, 1997. Cf. aussi ULRICH.

4 QSamb Edward M. COOK, “1 Samuel XV 26–XXI 5 According to 4QSamb”, VT 44 (1994), p. 442-454.

4 QSamc Emmanuel TOV, “The Hebrew and Greek Texts of Samuel”, BIOSCS 13 (1980), p. 45-67.

ABEL Félix-Marie ABEL, Géographie de la Palestine (EB), Paris, Gabalda, 2 vol., 1938.

AB Anchor Bible. AbZara Traité ªAboda Zara, de l’ordre Neziqin de la Mishna. AbotRN A, B Salomon SCHECHTER, Aboth de Rabbi Nathan, New York,

19672 (Recensions $ et a). Cf. STRACK II, V, 1. add. Addition, ajout. AGAJU Arbeiten zur Geschichte des Antiken Judentums und des Ur-

christentums. AGSJU Arbeiten zur Geschichte des Spätjudentums und des Urchris-

tentums. aj. Ajoute(nt).

Page 48: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

XLVIII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

AJ FLAVIUS JOSfiPHE, Les Antiquités juives. ALGHJ Arbeiten zur Literatur und Geschichte des Hellenistischen Ju-

dentums. AOAT Alter Orient und Altes Testament. Aq. Traduction d’Aquila, cf. FIELD. Arak Traité ªArakhin, de l’ordre Moªed de la Mishna. aram. Araméen. ARISTÉE André PELLETIER, La Lettre d’Aristée à Philocrate (SC, 89),

Paris, Éd. du Cerf, 1962. ARNAUD Robert ARNAUD, dit ARNAUD D’ANDILLY (trad.), Flavius Jo-

sèphe. Histoire ancienne des Juifs. La guerre des Juifs contre les Romains, 66-70 après J.-C. Autobiographie. Adapté en français moderne par J. A. C. BUCHON. Paris, 1968.

Arukh Alexander KOHUT, Aruch completum, 9 vol., 19692. Asatir Chroniques samaritaines (Sam. Chron. I de J. MACDONALD),

cf. Moses GASTER, The Asatir. The Samaritan Book of the “Secrets of Moses” (Oriental Translation Fund, NS 26). London, 1927.

B... (ex. : BYoma 11b) Talmud de Babylone (Babli), traité (y compris les « petits traités » sans Mishna correspondante), pagination usuelle.

BA Marguerite HARL et al., La Bible d’Alexandrie, LXX : 1. La Genèse, Paris, Cerf, 1986 ; 2. L’Exode, 1989 ; 3. Le Lévi-tique, 1988 ; 4. Les Nombres, 1994 ; 5. Le Deutéronome, 1992 ; 6. Jésus (Josué), 1997 ; 7. Juges, 1999 ; 9.1 Premier livre des règnes, 1997.

BabaQ, BabaM, BabaB Traités Baba Qamma, Baba Me®ia, Baba Batra, de l’ordre Neziqin de la Mishna.

BAH Bibliothèque archéologique et historique. BAILLY Anatole BAILLY, Dictionnaire grec-français, Paris, 196326. BASOR Bulletin of the American Schools of Oriental Research. Bek Traité Bekhorot, de l’ordre Qodashim de la Mishna. Ber Traité Berakhot, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. BETL Bibliotheca Ephemeridum Theologicarum Lovaniensium. Bib. rab. Bible rabbinique, cf. Miqraot Gedolot. Bik Traité Bikkurim, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. BJ La Sainte Bible, traduite en français sous la direction de

l’›cole biblique de Jérusalem (Bible de Jérusalem), Paris, 19732.

BJPES Bulletin of the Jewish Palestine Exploration Society. BJS Brown Judaic Series. BLATT Franz BLATT, The Latin Josephus. I : Introduction and Text,

The Antiquities, Books I-V (Acta Jutlandica 30, 1 ; Hum. Ser., 44), Aarhus and Copenhagen, 1958.

BZAW Beihefte zur Zeitschrift für die alttestamentliche

Page 49: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

ABRÉVIATIONS, CONVENTIONS XLIX

Wissenschaft. CAp FLAVIUS JOSfiPHE, Contra Apionem. Loeb Classical Library,

1926 ; Collection Budé, 1930. CAQUOT André CAQUOT et Philippe de ROBERT, Les livres de Samuel

(Commentaire de l’Ancien Testament, VI), Genève, Labor et Fides, 1994.

CBQ Catholic Biblical Quarterly. CD Le Document de Damas, cf. André DUPONT-SOMMER,

L’Écrit de Damas, dans : André DUPONT-SOMMER & Marc PHILONENKO, La Bible : écrits intertestamentaires, Paris, 1987, p. 635-810.

Chron. Sam. II John MACDONALD, The Samaritan Chronicle No. II (or : Sepher Ha-Yamim) From Joshua to Nebuchadnezzar (BZAW, 107). Berlin, W. de Gruyter & Co., 1969.

CIG A. BOECKH, Corpus inscriptionum graecarum, Berlin, 1828-1877, 4 vol.

coni. Conicio, conicit. cor. Correction. Dem Traité Demaºi, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. Dict. Antiq. Ch. DAREMBERG, É. SAGLIO et al., Dictionnaire des

antiquités grecques et romaines, Paris, 1873-1919. DJD(J) Discoveries in the Judaean Desert (of Jordan) ; 21 volumes

parus (août 2000). DRIVER S. R. DRIVER, Notes on the Hebrew Text and the Topography

of the Books of Samuel, Oxford, Clarendon, 19132. EB Études bibliques. Edu Traité ªEduyot, de l’ordre Neziqin de la Mishna. err. Erreur. Erub Traité ªErubin, de l’ordre Nashim de la Mishna. Essai I Étienne NODET, Essai sur les origines du judaïsme, Paris, Éd.

du Cerf, 1992. ExR Exode Rabba (Shemot Rabba), deuxième partie du Mid

Rabba. Cf. STRACK III, IV. FIELD Fridericus FIELD, Origenis hexaplorum quae supersunt, Ox-

ford, Clarendon, 1875. FJ FLAVIUS JOSfiPHE. FRLANT Forschungen zur Religion und Literatur des Alten und Neuen

Testamentes. G FLAVIUS JOSfiPHE, La Guerre des Juifs contre les Romains. GEIGER Abraham GEIGER, Urschrift und Übersetzungen der Bibel in

ihrer Abhängigkeit von der innern Entwicklung des Juden-thums, Breslau, 1857.

GINZBERG Louis GINZBERG, The Legends of the Jews. Philadelphia, 1909-1938, 7 vol.

Gi† Traité Gi†in, de l’ordre Nashim de la Mishna. GnR Genèse Rabba (Bereshit Rabba), première partie du Mid

Page 50: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

L LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

Rabba. Cité selon Yehuda THEODOR, Bereschit Rabba, mit kritischem Apparat und Kommentar, Berlin, 1912. Complété et réédité par Hanok ALBECK, Jerusalem, 19552. Cf. STRACK III, III, 1.

Greek and Latin Menahem STERN, Greek and Latin Authors on Jews and Judaism, Jerusalem, 3 vol. 1974-1984.

Åag Traité Åagiga, de l’ordre Moºed de la Mishna. Åala Traité Åala, de l’ordre Åulin de la Mishna. Hex. Hexaples (cf. FIELD) ; sigle utilisé lorsque les témoignages de

Aq., Sym. et Théod. concordent. Hist. graec. Charles MÜLLER, Fragmenta historicorum graecorum.

Paris, 1878-1938. Hist. nat. PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle. Loeb Classical Library,

1966-1979 ; collection Budé, 1947-1977. HSM Harvard Semitic Monographs. HTR Harvard Theological Review. HUCA Hebrew Union College Annual. Åul Traité Åulin, de l’ordre Qodashim de la Mishna. IBN EZRA Commentateur du Pentateuque, cf. Miqraot Gedolot a. l. IEJ Israel Exploration Journal. JANES Journal of the Ancient Near Eastern Society ææ(Columbia Uni-

versity). JASTROW Marcus JASTROW, Dictionary of Talmud Babli, Yerushalmi,

Midrashic Literature and Targumim, New York, 1950. JBL Journal of Biblical Literature. JJS Journal of Jewish Studies. JNES Journal of Near Eastern Studies. Josippon David FLUSSER, The Josippon [Josephus Gorionides],

Jerusalem, 1978. JQR Jewish Quarterly Review. JSOT Journal for the Study of the Old Testament. Jubilés André CAQUOT, Jubilés, dans : André DUPONT-SOMMER &

Marc PHILONENKO, La Bible : écrits intertestamentaires, Paris, 1987, p. 635-810.

Kel Traité Kelim, de l’ordre Tohorot de la Mishna. Ker Traité Keritut (ou Karetot), de l’ordre Qodashim de la

Mishna. Ket. Ketib (TM). Ketub Traité Ketubbot, de l’ordre Nashim de la Mishna. Kil Traité Kilºayim, de l’ordre Tohorot de la Mishna. £ Recension dite « lucianique » de ≈ (texte antiochien), cf. Na-

talio FERNÂNDEZ MARCOS y José Ramón BUSTO SAIZ, El texto antioqueno de la Biblia griega. I – 1-2 Samuel, Madrid, Instituto de Filología (CSIC), 1989.

LA André PELLETIER, Lettre d’Aristée à Philocrate (SC, 89), Paris, Éd. du Cerf, 1962.

Page 51: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

ABRÉVIATIONS, CONVENTIONS LI

LDJ Henry George LIDDELL, Robert SCOTT & Henry Stuart JONES, A Greek-English Lexicon, Oxford, 19409.

LIEBERMAN I Saul LIEBERMAN, Greek in Jewish Palestine, New York, 1942.

LIEBERMAN II Saul LIEBERMAN, Hellenism in Jewish Palestine, New York, 1950.

LOEB JOSEPHUS, Jewish Antiquities, Loeb Classical Library, Vol. IV-IX (translated by H. St. John THACKERAY, Ralf MARCUS, Allan WIKGREN & Louis H. FELDMAN).

∑ Texte massorétique (TM). M. Tora MA‰MONIDE, Mishné Tora, traité, chapitre, halakha. M... (ex. : MPéa 3:2) Mishna, nom du traité, chapitre, mishna. Cf.

STRACK II, I. Maaserot Traité Maªaserot, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. MaasSh Traité Maªaser Sheni, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. MAbot Traité Abot, de l’ordre Neziqim de la Mishna. MA‰MONIDE, hilk… Cf. M. Tora, traité… Mak Traité Makkot, de l’ordre Neziqin de la Mishna. Meg Taan Rouleau Megilat Taªanit, cf. Hans LICHTENSTEIN, Die Fas-

tenrolle, eine Untersuchung zur jüdisch-hellenistischen Geschichte, HUCA (8-9), 1931-1932. Cf. STRACK I, IV, 3b.

Meg Traité Megila, de l’ordre Moªed de la Mishna. Men Traité Menaåot, de l’ordre Qodashim de la Mishna. MEZ Adam MEZ, Die Bibel des Josephus, untersucht für Buch V-

VII der Archäologie, Basel, 1905. MGWJ Monatsschrift für Geschichte und Wissenschaft des

Judentums. Mid Traité Midot, de l’ordre Qodashim de la Mishna. Mid Ag Salomon BUBER, Midrasch Agada (ªal åamisha åumshé

Tora), Wien, 1894. Mid Ps Midrash Tehilim. W. G. BRAUDE, The Midrash on Psalms,

New Haven, 19763, 2 vol. Cf. STRACK III, VI, 2. Mid Rabba Midrash Rabba. Trad. anglaise : Soncino ed., London, 1939. Mid Sam Salomon BUBER, Midrash Shemuel, Lemberg, 1893. Mid Tan Midrash Tannaïm, cité selon David HOFFMANN, Midrasch

Tannaim zum Deuteronomium. Berlin 1908-1909. Cf. STRACK III, IV, 9.

MidG Midrash ha-Gadol (sur le Pentateuque). Cf. STRACK III, VIII, 4.

Miqraot Gedolot Tora, Prophètes et ›crits avec en regard massore, tar-gums et commentaires juifs traditionnels, nombreuses éd. depuis l’éd. Daniel BOMBERG, Venise, 1524-1525.

MoedQ Traité Moºed Qa†an, de l’ordre Moºed de la Mishna. MOORE George Foot MOORE, Judaism in the First Centuries of the

Christian Era. The Age of Tannaim, New York, 2 vol., 1927 (nombreuses réimpressions).

Page 52: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

LII LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

MQa† Traité Moªed Qa†an, de l’ordre Moªed de la Mishna. ms., mss Manuscrit(s). n., nn. Note, notes. NABER FLAVII IOSEPHI Opera omnia (ed. Samuel A. NABER), 7 vol.,

Berlin, 1885-1895. Naz Traité Nazir, de l’ordre Nashim de la Mishna. NbR Nombres Rabba (Bemidbar Rabba), quatrième partie du Mid

Rabba. Cf. STRACK III, IV, 7. Ned Traité Nedarim, de l’ordre Nashim de la Mishna. Neg Traité Negaªim, de l’ordre Tohorot de la Mishna. Nid Traité Nida, de l’ordre Tohorot de la Mishna. NIESE FLAVII IOSEPHI Opera (ed. Benedikt NIESE), 7 vol. Berlin,

1885-1895 (ed. maior). NIESE2 FLAVII IOSEPHI Opera (ed. Benedikt NIESE), 6 vol. Berlin,

1888-1895 (ed. minor). ≈ (A, B, S…) Texte de la Septante (LXX), sauf indication contraire, se-

lon Alfred RAHLFS, Septuaginta, Stuttgart, 1935. Les sigles A, B, S désignent respectivement l’Alexandrinus, le Vatica-nus et le Sinaïticus.

OBO Orbis Biblicus et Orientalis. Ohol Traité ºOholot (ºAhilut), de l’ordre Tohorot de la Mishna. om. omet(tent), omission. Onomast. Erich KLOSTERMANN, Eusebius Werke ; III. Band, 1. Heft :

Das Onomastikon der biblischen Ortsnamen, Leipzig, 1904. Oracles sibyllins Aloisius RZACH, Oracula Sibyllina, Wien, 1891.

(Traduction partielle : Valentin NIKIPROWETZKI, Oracles si-byllins, dans : André DUPONT-SOMMER & Marc PHILONEN-KO, La Bible : écrits intertestamentaires, Paris, 1987, p. 1041-1140.)

Orig. Dans les Hexaples (cf. FIELD) : texte et/ou modifications d’Origène.

Orla Traité ªOrla, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. OTS Oudtestamentlische Studiën. OTE Old Testament Essays. p. Page(s) ; parallèle(s). Para Traité Para, de l’ordre Tohorot de la Mishna. Péa Traité Peºa, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. Pent. Étienne NODET, La Bible de Josèphe. I – Pentateuque (Coll.

« Josèphe et son temps », 1), Paris, Éd. du Cerf, 1996. Pes Traité Pesaåim, de l’ordre Moªed de la Mishna. PesiqR Midrash Pesiqta Rabbati ; pages selon l’édition de M.

FRIEDMANN, Wien, 1880. Pesiq RK Midrash Pesiqta deRab Kahana ; pages selon Salomo

BUBER, Pesiqta, vehi iggeret-ere®-yisrael, Lyck, Meki®ei Nirdamim, 1868. Cf. STRACK III, IV, 2.

PIASH Proceedings of the Israel Academy of Science and Humanity.

Page 53: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

ABRÉVIATIONS, CONVENTIONS LIII

Pir RE Midrash Pirqé de-Rabbi Éliézer, pages selon Gerald FRIEDLANDER (transl. and annot.), Pirké de Rabbi Eliezer. New York, 19814.

Praep. ev. Karl MRAS, Eusebius Werke ; VIII. Band : Die Praeparatio Euangelica, Berlin, 1954-1956.

Ps.-PHILON Pseudo-PHILON, Les Antiquités bibliques, trad. par J. CA-ZEAUX et al., Paris, 1976, 2 vol. Édition en anglais : M. R. JAMES, The Biblical Antiquities of Philo. Prolegomenon by Louis H. FELDMAN, New York, Ktav, 19712.

PW Paulys Real-Encyclopädie der klassischen Altertumswissen-schaft, hsgb. von G. WISSOWA, Stuttgart, 1894-.

Qer. Qeré (TM). Qid Traité Qidushim, de l’ordre Nashim de la Mishna. RAPPAPORT Salomo RAPPAPORT, Agada und Exegese bei Flavius Jose-

phus, Vienne, 1930. RASHI Commentateur du Talmud de Babylone et de la Bible masso-

rétique, cf. Miqraot Gedolot, a. l., ou B…, a. l. RB Revue biblique. REDAQ David QIMÅI, commentateur de la Bible massorétique, cf.

Miqraot Godolot, a. l. REG Revue des études grecques. REINACH Théodore REINACH (éd.), Œuvres complètes de Flavius Jo-

sèphe, Paris, E. Leroux, 1900-1933. REJ Revue des études juives. RQ Revue de Qumrân. RSh Traité Rosh haShana, de l’ordre Moªed de la Mishna. RSR Recherches de sciences religieuses. Sanh Traité Sanhedrin, de l’ordre Neziqim de la Mishna. SBA Sitzungsberichte der Berliner Akademie. SC Sources chrétiennes. SCHALIT Abraham ËALIÎ, Qadmoniot haYehudim, kerek a’ : sefarim 1-

10, Jerusalem, 1944. (Trad. héb. des AJ.) Schreck. Heinz SCHRECKENBERG, Rezeptionsgeschichtliche und Text-

kritische Untersuchungen zu Flavius Josephus (LGHJ, 10), Leiden, 1977.

SCHRECKENBERG Heinz SCHRECKENBERG, Die Flavius-Josephus-Tra-dition in Antike und Mittelalter (LGHJ, 3), Leiden, 1972.

SCHÜRER-VERMES Emil SCHÜRER, The History of the Jewish People in the Age of Jesus Christ, Ed. by Geza VERMES et al., Edin-burgh, 1973-1986.

Sed. ElR, Sed ElZ Séder æEliahu Rabba, Zu†a, cf. FRIEDMANN (éd.), edil$ xcqe $ax edil$ xcq $hef, Wien, 1900.

Shab Traité Shabbat, de l’ordre Moªed de la Mishna. Shebi Traité Shebiªit, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. Shebu Traité Shebuªot, de l’ordre Neziqin de la Mishna. Sheq Traité Sheqalim, de l’ordre Moªed de la Mishna.

Page 54: Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 6-7

LIV LES ANTIQUIT›S JUIVES, LIVRES VI-VII

SHAW Sitzungsberichte der Heidelberger Akademie der Wissenschaften.

SJLA Studies in Judaism in Late Antiquity. SOR B. RATNER, Seder Olam Rabba. Die grosse Weltchronik,

Vilna, 1897. Cf. STRACK III, VII, 1b. So†a Traité So†a, de l’ordre Nashim de la Mishna. Spec. leg. PHILON, De specialibus legibus I-IV, Loeb Classical Library,

vol. VII-VIII. STDJ Studies on the Text of the Desert of Juda. STRACK Hermann L. STRACK & Günter STEMBERGER, Einleitung in

Talmud und Midrasch, München, Beck, 19827. Trad. franç. Paris, 1987.

SUIDAS (Suda) Ada ADLER, Suidae lexicon (Lexicographi graeci, vol. I). Stuttgart, 1928-1937.

Suk Traité Sukkot, de l’ordre Moªed de la Mishna. Sym. Traduction de Symmaque, cf. FIELD. Syr. Trad. syriaque de la Bible (peshi†to, sauf autre indication). T... (ex. : TYoma) Tosefta, nom du traité, chapitre, halakha (éd. ZUK-

KERMANDEL). Taan Traité Taªanit, de l’ordre Moªed de la Mishna. Tam Traité Tamid, de l’ordre Qodashim de la Mishna. Tanå Midrash Tanåuma, Eshkol, Jérusalem, 1975. Cf. STRACK III,

IV, 4. TanåB Midrash Tanåuma, selon Salomo BUBER, Midrasch Tanchu-

ma, Vilna, 1885. (pag. par livre, ex. 2:18 = Shemot, p. 18). Cf. STRACK III, IV, 4b.

ÎebY Traité Îebul Yom, de l’ordre Tohorot de la Mishna. Tem Traité Temura, de l’ordre Qodashim de la Mishna. THACKERAY Henry St. J. THACKERAY, Josephus : The Man and the

Historian, New York, 1929. THACKERAY-NODET Henry St. J. THACKERAY, Josèphe, l’homme et

l’historien, adapté de l’anglais par Étienne NODET, avec un appendice sur la version slavone de la Guerre (Coll. « Jo-sèphe et son temps », 3), Paris, Éd. du Cerf, 2000.

Théod. Traduction de Théodotion, cf. FIELD. TOB Traduction œcuménique de la Bible, Paris, 1972. Tos. Tossafot, commentateurs du Talmud de Babylone

(successeurs de RASHI). Tosefta kifshu†ah Saul LIEBERMAN, Tosefta ki-fshu†ah ; A Comprehen-

sive Commentary on the Tosefta. New York, The Jew. Theol. Semin. of Amer., 8 vol., 1955-1973.

TOV Emanuel TOV, The Text-Critical Use of the Septuagint in Bi-blical Research. Second Edition, Revised and Enlarged (Jerusalem Biblical Studies, 8), Jerusalem, Simor Ltd., 1997.

trad. (rab.) Tradition (rabbinique). TWNT Theologisches Wörterbuch zum Neuen Testament.

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ABRÉVIATIONS, CONVENTIONS LV

TYon (Proph., écr.) Targum dit de Jonathan ben Uziel, cf. Bibl. rab. et Alexander SPERBER, The Bible in Aramaic. Vol II, III, IVa, Leiden, 1959-1973.

ULRICH Eugene Charles ULRICH, The Qumran Text of Samuel and Jo-sephus (Harvard Semitic Monographs, 19), Missoula (Mont.), Scholars Press, 1978.

URBACH Ephraim E. URBACH, The Sages ; Their Concepts and Beliefs, Jerusalem, Magnes, 1973.

VetLat Vetus Latina. Die Reste der altlateinischen Bibel, nach P. Sa-batier neu gesammelt…, Freiburg/B, Herder, 1949-.

Vie FLAVIUS JOSfiPHE, Autobiographie. VT Vetus Testamentum. Vulg. Vulgate latine de Jérôme, cf. Biblia sacra iuxta latinam

uulgatam uersionem ad codicum fidem, cura et studio monachorum sancti Benedicti, Rome, 1927-.

WHISTON William WHISTON, The Works of Josephus, Complete and Unabridged, New Updated Edition, Peabody (Mass.), 1987. (Avec notes, dissertations et index de WHISTON [1re éd. 1736], et numérotation de NIESE.)

Y... (ex. : YYoma 3:2, p. 40b) Talmud de Jérusalem (Yerushalmi), traité, référence de la mishna correspondante puis pagination de l’editio princeps.

YADIN Yigael YADIN, The Temple Scroll, Jerusalem, Israel Explora-tion Society, 3 vol., 1983.

Yalq Yalqu† Ëimªoni, Varsovie, 1878. Cf. STRACK III, VIII, 1. Yeb Traité Yebamot, de l’ordre Nashim de la Mishna. Yoma Traité Yoma, de l’ordre Moªed de la Mishna. Zab Traité Zabim, de l’ordre Tohorot de la Mishna. Zeb Traité Zebaåim, de l’ordre Qodashim de la Mishna.

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TABLE DES MATIfiRES

Introduction ................................................................................. V I – Le texte des Antiquités et sa traduction V

1. De l’authenticité des sommaires ................................................ V 2. Critique textuelle .................................................................... VII 3. Présentation de la présente édition ......................................... XII

II – Les sources bibliques des livres VI et VII XIII 1. Préliminaire : Josèphe et ses sources ..................................... XVI 2. Josèphe et la « recension lucianique » ................................... XIX 3. Josèphe et les fragments de Qumrân ................................ XXVII 4. Josèphe, 1 Chroniques et 4 QSama .................................... XXXI 5. Josèphe et la Bible grecque ............................................. XXXVI 6. Conclusions ............................................................................ XLI

Abréviations, conventions diverses ....................................... XLV I – Transcriptions XXXVII II – Conventions, sigles XXXVII III – Abréviations, bibliographie XXXVII

Livre VI ............................................................................... 1 et 1* Livre VII ..................................................................... 114 et 114*

Cet ouvrage a été reproduit et achevé d’imprimer

en janvier 2001 par l’Imprimerie Floch, 53100 – Mayenne.

Dépôt légal : janvier 2001. N° d’imprimeur : 49955. N° d’éditeur : 11437. Imprimé en France.