1 Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1 ère Partie Avril 2010 Etude sur la filière et les métiers de l’électronique 1 ère Partie Dossier final (Avril 2010)
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Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique 1ère Partie
Dossier final (Avril 2010)
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Sommaire Partie I : introduction sur l’industrie électronique et sa chaine de valeur 4
1. Historique et structure de l‟industrie électronique 4
2. La chaine de valeur 9
2.1 Les équipementiers en Europe et en France 10
2.2 Positionnement des sous-traitants de l‟électronique 12
2.3 Les composants électroniques 16
3. Crise de 2009 et tendance en Europe et en France 29
3.1 Impact de la crise de 2009 sur la production électronique 29
3.2 Structure de la production électronique en Europe et en France 30
3.3 Croissance de la production 2008-2013 par zone 31
3.4 Restructuration en cours en Europe dans la filière des composants 32
Partie II : Analyse de la production électronique européenne et française par secteur 2013-
2020 35
1. Automobile 35
1.1 Périmètre de l‟industrie 35
1.2 Fondamentaux du marché et perspectives 36
1.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la filière 38
2. Aéronautique & Défense 40
2.1 Périmètre de l‟électronique 40
2.2 Fondamentaux du marché et perspectives 41
2.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain 43
3. Alimentations et réseaux électriques 45
3.1 Périmètre de l‟électronique 45
3.2 Fondamentaux du marché et perspectives 46
3.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain 47
4. Bâtiment intelligent et domotique 48
4.1 Périmètre de l‟électronique 48
4.2 Fondamentaux du marché et perspectives 49
4.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain 50
5. Contrôle et systèmes industriels 52
5.1 Périmètre de l‟électronique 52
5.2 Fondamentaux du marché et perspectives 53
3
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5.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain 54
6. Médical 56
6.1 Périmètre de l‟électronique 56
6.2 Fondamentaux du marché et perspectives 57
6.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain 58
7. Energies renouvelables et éclairage 60
7.1 Périmètre de l‟électronique 60
7.2 Fondamentaux du marché et perspectives 61
7.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain 62
8. Ferroviaire 64
8.1 Périmètre de l‟électronique 64
8.2 Fondamentaux du marché et perspectives 65
8.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain 66
Partie III : caractérisation des métiers de l’électronique et enjeux 67
1. Grandes fonctions industrielles 69
1.1 Conception 71
1.2 Industrialisation & Test 75
1.3 Production 79
1.4 Maintenance/Réparation 81
2. Type d‟acteur 84
2.1 Architectes systémiers 87
2.2 Equipementiers 90
2.3 Sous-traitants de production 93
2.4 Fabricants de composants 96
2.5 Installateurs 99
4
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Partie I : introduction sur l’industrie électronique et sa chaine de
valeur
1. Historique et structure de l’industrie électronique
L’électronique est une industrie jeune dont l’origine remonte au sortir de la seconde guerre mondiale. L’innovation est au cœur du dynamisme de l’électronique qui connaît des cycles de croissance parmi les plus forts de l’ensemble des filières industrielles.
Figure 1 Croissance annuelle de la production d’équipement électronique mondiale, 1970-2013
Source DECISION
3 grandes périodes de développement,
L‟industrie électronique a connu jusqu‟à présent 3 grandes périodes de
développement durant lesquelles elle a successivement pénétré des champs
d‟application très distincts.
La première période qui va jusqu‟aux années 80 correspond au développement des
technologies et produits électroniques pour les marchés gouvernementaux, et en
particulier ceux de la défense.
Au cours de la seconde période qui s‟étend des années 80 au milieu des années 90,
l‟électronique pénètre le monde de l‟entreprise pour y apporter des gains de
productivité grâce en particulier au développement de l‟informatique et du contrôle
numérique.
La troisième période dans laquelle nous nous trouvons encore est celle durant laquelle
l‟électronique sert la demande des individus. C‟est l‟ère du téléphone portable, de
l‟informatique personnelle et des lecteurs mp3.
Ces 3 périodes successives illustrent le phénomène de pervasion propre à
l‟électronique et qui peut être assimilé à la pénétration croissante de l‟électronique
dans différents secteurs d‟activité pour y apporter productivité, performance,
nouveaux services, etc.
Ces évolutions successives n‟auraient bien entendu pas été possibles sans les progrès
vertigineux effectués par la filière électronique en termes de miniaturisation, de
performances et de productivité au cours de ces 50 dernières années.
Une industrie
jeune et
dynamique,
pénétrant
progressivement
tous les secteurs
de l‟économie
L‟électronique
est dorénavant
tirée par les
marchés de
masse
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Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
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Crise de 2001,
Le passage à la 3ème période de développement, celle des individus, n‟a pas été sans
heurt pour l‟électronique qui a connu sa première crise de croissance en 2001.
En effet, la mauvaise estimation du potentiel de développement des marchés de
masse a conduit les acteurs à surinvestir massivement face à une demande finale qui
n‟était pas aussi importante qu‟escomptée, en particulier dans les pays développés. Le
retournement du marché a frappé sévèrement l‟ensemble de l‟industrie qui n‟a dans
ce contexte eu d‟autre choix que de se tourner vers les marchés qui à l‟époque
présentaient le plus de potentiel eu égard à leur démographie et au taux de
pénétration des équipements électroniques, c‟est à dire les pays émergents et en
particulier la Chine.
Entre 2001 et 2005, la structure de production de l‟industrie électronique a ainsi
profondément évolué et une grande partie des nouveaux investissements de la filière
électronique s‟est localisée en Asie. Durant cette période, la Chine a vu sa part de la
production mondiale d‟équipements électroniques doubler !
Vers un 4ème cycle de croissance : les besoins sociétaux
Comme indiqué précédemment, l‟électronique est une industrie jeune et d‟autres
cycles de croissance continueront de stimuler la filière à l‟avenir. Les 10 prochaines
années pourraient voir l‟émergence d‟une nouvelle période de développement pour
l‟électronique, stimulée par l‟émergence des besoins sociétaux dans le domaine de
l‟environnement, de la sécurité ou de la santé.
L‟électronique jouera un rôle déterminant dans la satisfaction de ces nouveaux besoins
sociétaux et contribuera directement au développement de nouveaux marchés
comme celui du véhicule électrique, de la télésanté ou de la sécurité aéroportuaire
pour ne citer que quelques exemples.
Ces nouveaux marchés sociétaux auront des structures, des cycles et des mécanismes
très proches des premiers marchés gouvernementaux servis par l‟électronique à
l‟origine. Ceci pourrait être une opportunité supplémentaire pour les filières
électroniques des pays développés soumises depuis de nombreuses années à la
concurrence des pays émergents.
Les nouveaux
besoins
sociétaux offrent
des perspectives
de croissance
considérables
pour les acteurs.
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Partie
Avril 2010
La production d‟équipements électroniques représente en 2008 1140 milliards d‟euros
(approximativement 3 fois les revenus du transport aérien mondial à titre de
comparaison).
Figure 2 Ventilation de la production électronique mondiale par secteur et par région,
2008
Source DECISION
En première lecture, on peut constater qu‟approximativement 50% de cette
production est concentrée dans les secteurs Informatique et Télécoms communément
appelés TIC (Technologies de l‟Information et de la Communication).
Ces deux secteurs sont les plus emblématiques de la globalisation de l‟industrie
électronique avec une standardisation très développée et une concentration des
acteurs importante pour servir une demande de plus en plus globale.
3ème secteur débouché en terme de valeur, le secteur Industriel&Médical est
beaucoup moins visible que les précédents et ne répond pas aux mêmes logiques. On
y retrouve les équipements électroniques embarqués dans les trains, les bateaux, les
machines-outils, etc. avec des marchés beaucoup plus fragmentés, et des productions
en plus petites séries.
D‟un point de vue régional, plus de 50% de la production électronique est dorénavant
localisée en Asie, la Chine étant la première zone de production d‟équipements
électroniques avec 26% de la production mondiale.
Plus surprenant, c‟est l‟Europe avec 22% de la production électronique mondiale qui
occupe le 2ème rang, en raison d‟une forte spécialisation dans les télécoms et surtout
dans le secteur industriel&médical.
Europe
22%
Amérique du
Nord
18%
Japon
15%
Chine
26%
Asie Pacifique
16%
Reste du
Monde 3% Audio & vidéo
15%
Electro-
ménager
6%
Informatique
25%
Télécoms
21%
Aéronautique
& défense
7%
Automobile
8%
Industriel &
médical
18%
22 % des
équipements
électroniques
sont toujours
produits en
Europe.
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La chaîne de valeur de l‟industrie électronique peut être en première approche
décomposée en 2 grandes catégories d‟acteurs : les producteurs de composants
électroniques et les producteurs d‟équipements électroniques.
Les 1140 milliards d‟euros correspondant à la production annuelle d‟équipement
électronique se répartissent ainsi de la manière suivante :
Figure 3 Principaux jalons de la chaine de valeur électronique
Source DECISION
L‟ensemble des composants électroniques peut être segmenté en trois grands marchés
correspondant chacun à des savoir-faire et des logiques industrielles sensiblement
différentes :
Les semi-conducteurs (circuits intégrés) : la principale famille tant en terme de
volume d‟activité que d‟innovation. Ce sont dans les circuits intégrés que se
concentre l‟intelligence des systèmes électroniques.
Les composants d‟interconnexions : connecteurs, circuits imprimés, etc. Ils
servent à interconnecter et faire transiter les signaux électriques entre les
différents composants.
Les composants passifs : regroupe un large panel de technologie et de savoir-
faire (condensateurs, composants magnétiques, résistances). Ces composants
permettent d‟agir sur le signal électrique lui-même pour en modifier les
caractéristiques (stockage d‟énergie, filtrage, etc.)
Une fois les composants produits, ils doivent être assemblés et interconnectés sur une
carte électronique, qui elle-même va être assemblée avec d‟autres cartes et/ou mise
en boîtier pour réaliser un équipement.
Les fabricants de
composants et
d‟équipement se
partagent
l‟essentiel de la
valeur ajoutée
industrielle.
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Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Ces opérations industrielles sont réalisées par deux catégories d‟acteurs :
Les équipementiers : ils réalisent en plus de la production d‟autres tâches
comme le développement des produits et leur commercialisation. Les
équipementiers détiennent la marque des produits (Hewlett Packard, Sony,
etc.)
Les sous-traitants de production : ce sont des acteurs spécialisés dans le
report de composants sur les cartes. Ils peuvent également réaliser le
développement des équipements dans certains secteurs.
Contrairement à certaines idées reçues, la production d‟équipements électroniques
sous-traitée ne représente que 20% de l‟ensemble de la production d‟équipement
électronique dans le monde et les équipementiers occupent une place
prépondérante dans la filière électronique. L‟électronique n‟est pas morte en Europe !
La sous-
traitance de
production
représente
20% de la
production
électronique
mondiale
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Avril 2010
2. La chaine de valeur
Compte tenu du phénomène de pervasion qui conduit l‟électronique à s‟adapter
continuellement à différents contextes d‟application, les équipements électroniques
recouvrent aujourd‟hui différents types de produits allant d‟un téléphone mobile à un
variateur de vitesse industriel en passant par le contrôle-moteur d‟une voiture de
tourisme. Les équipements électroniques peuvent ainsi être catégorisés selon la
volumétrie des marchés concernés et la typologie des clients ciblés.
En première analyse on distinguera les marchés de masse correspondant à de forts
volumes de production pour les besoins des consommateurs des marchés
professionnels correspondant à des volumes plus faibles pour la demande des
entreprises ou des institutionnels.
Les réalités industrielles recouvertes par cette classification sont en effet très différentes
pour les acteurs de la filière électronique.
Dans les marchés de masse, les industriels devront satisfaire aux exigences suivantes :
Recherche d‟économies d‟échelles
Importance de l‟investissement productif
Couverture géographique mondiale et présence industrielle en zone low cost
Réactivité industrielle, tant au niveau de l‟introduction de nouveaux produits
(Time to Market) que de leur disponibilité en grand volume (Time to Volume)
Dans les marchés professionnels, les contraintes des industriels de l‟électronique sont de
toute autre nature :
Valeur ajoutée essentiellement liée à l‟activité d‟intégration
Flexibilité industrielle nécessaire sur de petites et moyennes séries
Poids important du service associé à la vente de l‟équipement
Comme indiqué précédemment, la crise de 2001 a marqué un tournant dans
l‟organisation industrielle de la filière électronique, accélérant le phénomène de
transition de la production vers les pays émergents pour servir une demande
exponentielle et réduire les coûts de production.
Cette transition a néanmoins été essentiellement effectuée dans le domaine des
marchés de masse. A titre d‟illustration, la France était en 1999 parmi les 3 principaux
pays producteurs de téléphones mobiles dans le monde et n‟en produit plus aucun
dorénavant !
Les marchés professionnels de l‟électronique exigent en revanche une production plus
proche du client final pour les raisons évoquées plus haut.
L‟électronique n‟est pas morte en Europe depuis la crise de 2001, la production
électronique en Europe reste dynamique dans les secteurs professionnels !
Dans l‟analyse
de la filière
industrielle, une
distinction doit
être faite entre
marchés de
masse et
marchés
professionnels.
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Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Figure 4 Spécialisation du mix de production électronique par zone, 2008
Source DECISION
Cette spécialisation de l‟électronique européenne sur les marchés professionnels a des
implications différentes en Europe pour les acteurs de la chaine de valeur.
2.1 Les équipementiers en Europe et en France
On peut distinguer 5 étapes dans la réalisation d‟un équipement électronique comme
illustré dans le graphique suivant :
Figure 5 Principales étapes de valeur ajoutée
Ce sont historiquement les équipementiers de l‟électronique qui sont en charge de la
conduite de ces différentes étapes industrielles bien que le degré d‟intégration
industriel puisse sensiblement évoluer d‟un secteur à l‟autre ou d‟un acteur à l‟autre.
Les principaux équipementiers électroniques présents en Europe sont indiqués dans la
figure suivante par secteur d‟application. On notera une forte dominance des
équipementiers positionnés sur les secteurs professionnels de l‟électronique
La crise de 2001 a
conduit à une
spécialisation de
l‟Europe sur les
marchés
professionnels de
l‟électronique.
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Partie
Avril 2010
(aéronautique défense, industriel et médical, automobile), en accord avec la structure
de production précédemment évoquée.
Figure 6 Principaux équipementiers électroniques en Europe
La même photographie des acteurs au niveau France montre une répartition par
secteur relativement similaire à l‟exception du secteur aéronautique défense qui est
particulièrement représenté.
Figure 7 Principaux équipementiers électroniques en France
Les équipementiers qui produisent en France sont ainsi, comme au niveau européen,
essentiellement positionnés sur les marchés de l‟électronique embarquée1 et des
1 En référence à l‟électronique utilisée dans des environnements contraints en particulier dans les plates-
formes de transport (avion, bateau, train, voiture, etc.)
Electro Ménager
Bosch-Siemens
Electrolux Fagor
Indesit
SEB
Aéronautique Défense
Dassault Aviation
EADS Finmeccanica
Liebherr Aerospace
Oerlikon
Rolls-Royce
Safran Thales
Audio Vidéo
Philips
TomTom
Informatique
Bull
Logitech Medion
Télécommunications
Alcatel-Lucent
Ericsson Nokia
Automobile
Autoliv
Beru Continental
Faurecia
Hella
Magneti Marelli
R.Bosch SNR
Valeo
ZF
Industriel et Médical
ABB
ASML CGG Veritas
Danfoss
Fresenius
Fugro
Gamesa Getinge
Invensys
Johnson Control
Kone
Legrand Liebherr
MAN
Philips
Q-Cells
Schneider Electric Schindler
Smiths Group
Solarworl
SKF Sorin
Siemens
Robert Bosch
Rhode & Schwarz
Wartsila
Audio Vidéo
Archos Informatique
Bull
LaCie Gemalto
Ingenico
Télécommunications
Alcatel-Lucent
Nexans Sagem Communications
Aéronautique Défense
Airbus
Astrium Dassault Aviation
DCNS
Eurocopter
Latécoère
Liebherr Aerospace (All) MBDA
Nexter
Safran
Thales
Zodiac Automobile
Actia
Autoliv (Suè) Continental (All)
Faurecia
Michelin
R.Bosch (All)
Valéo Visteon (USA)
Faiveley
GE Healthcare (USA)
Johnson Control Landys & Gyr
Legrand
Lenze (CH)
Parkeon
Leroy-Somer Otis (USA)
Saft
Schlumberger
Schneider Electric Sercel
Siemens (All)
Somfy
ThyssenKrupp (All)
Electro Ménager
Electrolux (Suè)
Fagor-Brandt (Esp) Seb
Whirlpool (USA)
Industriel et Médical
Alstom
Actaris Areva T&D
Atlantic
Bombardier (Can)
Chauvin Arnoux
Clemessy Delta Dore
Ela Medical (It)
Les
équipementiers
des marchés
professionnels
dominent le
paysage industriel
en Europe et en
France.
12
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Partie
Avril 2010
applications industrielles comme les équipements basse tension, la variation de vitesse
ou les automatismes.
Dans d‟autres secteurs plus orientés vers les marchés de masse, les équipementiers
présents en France se sont séparés de leurs sites de production et ont recentré leurs
activités en France sur des fonctions de design et d‟intégration. C‟est en particulier le
cas pour les équipementiers des secteurs télécoms, informatique et audio-vidéo.
2.2 Positionnement des sous-traitants de l’électronique
Comme évoqué précédemment, les degrés d‟intégration industrielle peuvent
sensiblement varier d‟un acteur à l‟autre ce qui donne lieu à la mise en place de
différents modèles de sous-traitance dans lesquels l‟équipementier délègue une
partie plus ou moins importante de la valeur ajoutée à un acteur spécialisé.
Figure 8 Les différents modèles de sous-traitance électronique
1: Electronic Manufacturing Services (sous-traitance de production)
2: Original Design Manufacturer (sous-traitance de production et de design)
Marketing Conception Industrialisation Fabrication Commercialisation
ODM2
EMS1
Modèle 3
« conception
sous-traitée »
Modèle 4 ODM
Modèle 2 « production sous-traitée »
Modèle 1 « intégré »: L’équipementier contrôle toute la chaine de valeur
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Partie
Avril 2010
Avant 1980, la sous-traitance électronique était organisée entre :
La sous-traitance de spécialité, destinée à mettre en œuvre des techniques
de production spécifiques n‟étant pas maitrisées en interne par les
équipementiers.
La sous-traitance de capacité, destinée à aider temporairement les
équipementiers faisant face à une brusque augmentation de la demande en
leur apportant des capacités additionnels de production.
Après 1980, de nouveaux business models sont apparus et ont conduit au
développement des leaders actuels de la sous-traitance électronique mondiale :
C‟est l‟époque de l‟émergence des Electronic Manufacturing Services (EMS),
principalement aux USA, fournissant non seulement des capacités de
production mais aussi une palette de services additionnelle comme la gestion
des approvisionnements, des achats, etc.). Parmi les principaux acteurs
actuels ayant adopté ce modèle de développement, on peut citer Jabil
Circuits (1966), Foxconn (1974), Solectron (1977), Sanmina (1980), Elcoteq
(1980) ou Flextronics (1990).
Les Original Design Manufacturers (ODM) se sont également développés à
cette époque, majoritairement à Taiwan. Comparativement aux EMS, les
ODM offrent aux équipementiers des services de conception en plus de la
fabrication des équipements. Les acteurs mondiaux majeurs sont Lite-ON
(1975), Inventec (1975), Compal (1984), Quanta (1988), etc.
Aujourd‟hui les EMS et les ODMs représentent ensemble 20% de la production
d‟équipement électronique dans le monde. Ce ratio est néanmoins beaucoup plus
élevé si l‟on prend en compte uniquement les marchés de masse, de l‟ordre de 35%.
En effet, les pressions au développement de la sous-traitance sont beaucoup plus
fortes pour les équipementiers positionnés sur ce type de marché.
Dans les pays développés où les équipementiers se spécialisent sur les marchés
professionnels de l‟électronique, la sous-traitance de production se développe
néanmoins de façon dynamique. Contrairement aux marchés de masse, les sous-
traitants positionnés sur les marchés professionnels sont des acteurs de taille moyenne
ayant souvent des logiques de marchés nationaux ou régionaux.
Figure 9 Principaux sous-traitants de production par zone
La spécialisation
européenne
dans les
marchés
professionnels
s‟observe
également chez
les sous-traitants
de production
électronique.
Top 10 EMS français (effectif 2007)
Asteel Flash (3200 pers)
Eolane (1100)
Cofidur (665)
Lacroix Electronique (1400)*
NCF (761)
Tronico (350)
Selha (500)
Novatech (420)
Thales Microelectronics (490)
Adetel (450)
CA = 2 milliards $
= 20% de la sous-traitance européenne
* avec PrehTronic
Top 10 EMS mondiaux
Foxconn
Flextronics
Jabil Circuits
Sanmina-SCI
Celestica
Elcoteq
Benchmark
Venture
USI
Plexus
CA = 130 milliards $
Top 10 EMS européens
Elcoteq
Zollner Elektronik
Asteel Flash
Videoton
Enics
TT Electronics
Partnertech
Neways Electronics
Scanfil
Elektonic Network
CA = 10 milliards $
= 8% de la sous-traitance
mondiale
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Partie
Avril 2010
Tout comme les équipementiers, les sous-traitants de l‟électronique adopteront des
organisations industrielles distinctes selon qu‟ils adressent les marchés de masse ou les
marchés professionnels de l‟électronique :
Foxconn, 1er sous-traitant mondial réalise les 4/5 de son activité en Chine et
totalise 550 000 employés et produit, entre autre, l‟iphone d‟Apple,
Adetel, sous-traitant français, compte 450 personnes et réalise 95% de son
activité en France dans les domaines de l‟électronique embarquée en
environnement sévère pour des clients comme Thales ou Safran,
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Point sur la sous-traitance électronique française :
De 2000 à 2001 :
La France est encore le principal fabricant de téléphones portables en Europe au
moment où la crise se déclenche avec plusieurs sites de production majeurs comme
Philips au Mans, Solectron à Bordeaux, Alcatel puis Flextronics à Laval, Flextronics à
Lunéville et à Illkirch, Sagem à Fougères, Mitsubishi à Rennes. La crise a pour effet
immédiat une chute de la production de téléphones portables et d‟infrastructures.
Les autres secteurs sont en revanche plus dynamiques : informatique d‟entreprise,
automobile et aéronautique / défense, ferroviaire et médical.
A cette époque, les principaux EMS actifs en France sont Solectron et Flextronics dans
les Télécoms et Sanmina-SCI surtout dans l‟Informatique. La sous-traitance locale est
éparpillée et les acteurs les plus importants aujourd‟hui comme Asteel ou Lacroix
Electronique ne dépassent pas 50 millions d‟euros de Chiffre d‟Affaires. Il n‟y a pas de
concurrence frontale entre les grands EMS internationaux et les sous-traitants locaux.
De 2002 à 2005 :
Dès la fin de 2001, puis en 2002, la conjonction de l‟explosion de la téléphonie
portable et la crise profonde du marché des infrastructures de radiotéléphonie
mobiles vont réduire drastiquement la production française dans ces deux domaines
ce qui se traduira par une série de transferts de production ou de fermetures d‟usines.
Ce mouvement va continuer les années suivantes.
A une moindre échelle, le schéma est le même dans le secteur Informatique.
Parmi les 3 grands EMS internationaux précités, Solectron s‟est séparé des usines de
Longuenesse, Douarnenez et Pont de Buis, Flextronics de Lunéville, Illkirch et Laval et
Sanmina-SCI de Grenoble. En revanche, Jabil Circuits arrive en France avec deux sites
à Meung sur Loire et Brest.
Les sous-traitants et EMS locaux se sont eux bien développés, parfois en reprenant des
sites aux EMS mondiaux (Novatech à Lannion et Pont de Buis, Asteel à Douarnenez),
mais surtout en développant leur activité dans les marchés professionnels qui
continuent de bien se porter.
Depuis 2005 :
Les conditions d‟investissement en Asie sont les plus favorables au Monde et
l‟ensemble des grands EMS a dorénavant quitté le territoire français.
Les sous-traitants nationaux s‟internationalisent quant à eux (Asteel, Lacroix, Eolane,
etc.) et ont su rester dynamiques, portés par les besoins en électronique des marchés
professionnels.
En 2009 cependant, toutes les catégories d'acteurs souffrent de la crise.
Si les grands
sous-traitants
ont fermé leurs
sites en France,
les PME du
secteur sont
dynamiques,
portées par la
demande des
secteurs
professionnels.
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Partie
Avril 2010
2.3 Les composants électroniques
Les composants électroniques peuvent être regroupés en 2 grandes familles selon
leurs fonctions au sein des équipements et les technologies mises en œuvres :
composants semi-conducteurs : en charge de fournir les capacités de
transmission et de calcul,
composants passifs et d‟interconnexion : en charge de mettre en forme le
signal et d‟interconnecter les composants entre eux
Ces 2 grandes familles se répartissent l‟ensemble du marché des composants
électroniques en approximativement 2/3 pour les semi-conducteurs et 1/3 pour les
composants passifs et d‟interconnexion.
2.3.1 Les semi-conducteurs
C‟est essentiellement dans les semi-conducteurs (également appelés circuits intégrés)
que réside l‟intelligence des équipements électroniques et c‟est encore
principalement grâce aux semi-conducteurs que les équipements électroniques ont
pu enrichir leur fonctionnalités tout en maintenant voire en réduisant leurs coûts.
Cette caractéristique tout à fait singulière provient de la Loi de Moore, du nom du
cofondateur de la société Intel, qui a prédit dès 1965 le doublement du nombre de
transistor pouvant être intégrés dans une même surface de circuit intégré tous les ans.
Depuis lors, l‟industrie du semi-conducteur a suivi cette loi empirique, au prix d‟efforts
massifs en R&D de façon à poursuivre l‟effort de miniaturisation comme en témoigne
la croissance exponentielle du nombre de transistors intégrés au sein d‟un micro-
processeur Intel.
Figure 10 Loi de Moore
Source Intel
La
miniaturisation
est
historiquement
le moteur de la
croissance de
l‟industrie du
semi-
conducteur.
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Avril 2010
Les méthodes de production des semi-conducteurs ont ainsi permis de réduire les
dimensions critiques du transistor élémentaire (élément de base de toute
l‟électronique) et qui atteignent désormais des niveaux de miniaturisation jamais
atteints par aucun autre processus industriel de production (travail à l‟échelle du
nanomètre soit 10-9 mètres), qui plus est sur des volumes de production considérables
de l‟ordre de plusieurs milliards de pièces par an.
Cette course à l‟innovation et à la compétitivité, couplée au rôle central joué par
l‟industrie du semi-conducteur au sein de l‟ensemble de la filière électronique se
traduit par des cycles de croissance du marché extrêmement marqués.
Figure 11 Cycle de croissance de l’industrie du semiconducteur
Source WSTS
Ces cycles correspondent aux phases d‟investissement/amortissement des acteurs qui
attendent la saturation des nouvelles capacités de production et la pénurie de l‟offre
pour déclencher une nouvelle phase d‟investissement toujours plus couteuse que la
précédente.
Le marché du semiconducteur est donc marqué par l‟enchainement des nouvelles
générations de circuits permettant d‟intégrer plus de transistor dans une même
surface de silicium et/ou permettant de produire plus de composants en parallèle
grâce à l‟emploi de substrat semiconducteur de plus en plus grands (jusqu‟à 300mm
de diamètre dans les usines de dernières générations).
Cette innovation à un prix qui se traduit dans les coûts engendrés par la construction
des nouvelles usines d‟une part (liés à la taille des transistors et des substrats
employés),
...et de sa
volatilité !
18
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Figure 12 Evolution des investissements par génération technologique
Source STMicroelectronics, CATRENE, 2008
et dans les coûts liés au développement de nouveaux circuits intégrés d‟autre part
(liés au nombre de transistors intégrés au sein des circuits intégrés).
Figure 13 Evolution de la complexité des circuits et des coûts de développement
Source Thales, Rapport Saunier, 2008
Bien entendu, cette intensité capitalistique couplée à une forte pression
concurrentielle tend à faire évoluer la structure du marché mondial du semi-
conducteur.
Le graphique suivant représente la ventilation du marché annuel du semiconducteur
par zone de consommation (c-a-d correspondant au lieu d‟intégration finale du
circuit intégré dans l‟équipement électronique), en tenant compte de la localisation
du siège social de l‟entreprise et finalement en prenant comme critère la localisation
de la production.
Figure 14 Structure de l’industrie du semiconducteur
Source WSTS, STMicroelectronics, CATRENE, 2008
Les coûts
engendrés par
cette activité
industrielle sont
énormes !
19
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
La structure de la consommation indique une prédominance de la zone Asie,
cohérente avec la structure de production régionale des équipements électroniques.
S‟agissant de la structure par siège social, on constate la prédominance des sociétés
américaines et asiatiques dans le marché mondial, les sociétés européennes ne
représentant que 11% du marché mondial.
Finalement, s‟agissant de la localisation de la production des circuits intégrés, l‟Asie
représente à nouveau 50% de la production mondiale alors que l‟Europe ne
représente que 11%, bien en deçà de sa consommation évaluée à 16% du marché
mondial.
Figure 15 Répartition des capacités de production en Europe
Source World Fab Watch
L‟industrie du semi-conducteur tend à se concentrer géographiquement comme
l‟illustre le développement de clusters industriels dans lesquels les différents acteurs de
la chaine de valeur (fabricants de circuits intégrés, fournisseurs, utilisateurs, centres de
recherche, universités, etc.) se regroupent et concentrent leurs investissements et leurs
efforts de R&D.
Actuellement, l‟Europe dispose de 2 clusters ayant une dimension mondiale
respectivement à Crolles dans la région de Grenoble et à Dresde en ex Allemagne
de l‟Est. Ces deux clusters se sont naturellement constitués autour des principaux sites
de production des 2 leaders européens, STMicroelectronics et Infineon.
Dans les composants semi-conducteurs comme dans d‟autres maillons de la filière
électronique, il existe un lien étroit entre les activités de développement et les
activités de production.
Plusieurs études ont été conduites au sein de ces clusters de manière à déterminer
l‟impact des sites de production à l‟état de l‟art sur l‟emploi local. Les rapports
…et influencent
les choix
d‟investissement
au bénéfice de
l‟Asie !
Des clusters se
forment au
niveau mondial, y
compris en
Europe,
concentrant les
investissements
de la filière.
20
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
conduits à Crolles sur le site de STMicroelectronics mais également à Dresde sur le site
d‟Infineon convergent sur un effet de levier de 1 à 6 entre les emplois directs et les
emplois indirects générés par l‟activité industrielle au sein du cluster.
L‟importance de cet effet de levier s‟explique en grande partie par les spécificités du
processus industriel et l‟intensité capitalistique de l‟industrie qui incite à la coopération
entre acteurs de la chaine de valeur (phénomène d‟attractivité industrielle)
Le graphique suivant est tiré d‟une étude réalisée en 2007 sur le site de Crolles. Il
détaille la structure de l‟effet de levier et permet de démontrer que malgré le niveau
très élevé de technicité de la filière semi-conducteur, 40% des emplois induits
concernent des niveaux de qualification du second degré :
Figure 16 Effet de levier sur l’emploi d’un cluster du semiconducteur
Source Genthon Consultant, Reverdy
La présence de ces 2 clusters à dimension mondiale en Europe ne saurait pourtant
masquer les problèmes de compétitivité dont souffre l‟Europe dans le domaine du
semi-conducteur et qui sont principalement liés aux conditions d‟investissement
particulièrement avantageuses offertes dans certaines régions du Monde.
L‟industrie des semi-conducteurs est en effet massivement supportée par les
gouvernements en raison de son caractère stratégique, qui n‟hésitent pas à octroyer
aux industriels du secteur des conditions d‟investissement particulièrement favorables
(subventions, taxes, coût du crédit et conditions d‟amortissement, etc.) avec en
retour un impact très significatif sur le coût de revient des circuits et donc sur la marge
opérationnelle des fabricants.
C‟est en particulier en Asie (Taiwan, Singapour, Chine) que les conditions
d‟investissement sont les plus favorables ce qui explique en grande partie que les
nouveaux investissements de production se localisent dans cette région et que la part
de l‟Europe dans la production mondiale de circuits intégrés décroit mécaniquement
depuis plusieurs années (de 15% à 11% de la production mondiale entre 2000 et 2007).
Source : Gartner consultant, Reverdy
Ratio multiplicateur : 1 à 6
Nombre d’emplois total généré en France = 26 750
Effets induits sur
l’emploi local
Total des emplois
à Crolles
Emploi indirect chez les
fournisseurs, R&D, etc
4 415
3 835
9 500
10 000 Effets induits sur
l’emploi hors de
la région
4 415
+
+
+
=
Qualification
des emplois induits
Second degré : 40%
Université Bac+2 : 30%
Université Bac +3 : 30%
L‟activité
industrielle de ces
pôles de
compétence
génère un effet
multiplicateur sur
l‟emploi, et pour
tous les profils de
formation.
L‟industrie du
semi-
conducteur est
une industrie de
souveraineté,
massivement
supportée par
les pouvoirs
publics à
travers le
Monde.
21
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Dans le même temps, la part de l‟Asie (hors Japon) est quant à elle passée de 29% à
49% de la production mondiale.
En 2007 l‟Asie totalisait à elle seule 47% des investissements productifs contre
seulement 7,6% pour l‟Europe.
Figure 17 Classement des fabricants de semiconducteur dans le Monde
Source ISuppli, Mars 2009
On constate la prédominance des sociétés Japonaises et Américaines dans ce
classement et la perte de vitesse des sociétés européennes à l‟exception de
STMicroelectronics qui se maintient dans les 5 premiers acteurs mondiaux.
Ce tableau laisse également apparaître différents types d‟acteurs dans le
classement : les IDM (Integrated Design Manufacturers) qui disposent de capacités
de développement de circuit et de production en interne qui leur confèrent une
certaine autonomie industrielle et les fabless (fabricants sans usines) qui se sont
développés au cours de ces 10 dernières années et ne disposent que des capacités
de développement des circuits intégrés, la production étant confiée à des acteurs
spécialistes qu‟on appelle les fondeurs.
Pour compléter la typologie des acteurs intervenant dans le processus de production
des circuits intégrés, on pourrait également intégrer les fournisseurs d‟outils de
Conception Assistée par Ordinateur qui occupent un rôle central dans le processus
de développement des circuits ainsi que les fournisseurs de matière et d‟équipements
de production qui sont également spécifiques à la filière du semi-conducteur.
Le graphique suivant indique la structure des revenus des différentes catégories
#2007 #2008 société Type Origine CA2008
(Md! )
% %total
1 1 Intel IDM USA 24 647 -0,7% 13,2%
2 2 Samsung Electronics IDM Corée 12 337 -14,2% 6,6%
4 3 Toshiba IDM Japon 8 088 -9,1% 4,3%
3 4 Texas Instruments IDM USA 8 079 -9,8% 4,3%
5 5 STMicroelectronics IDM France-Italie 7 536 3,3% 4,0%
8 6 Renesas Technology IDM Japon 5 122 -12,3% 2,8%
7 7 Sony IDM Japon 5 073 -13,7% 2,7%
13 8 Qualcomm* fabless USA 4 728 15,3% 2,5%
6 9 Hynix IDM Corée 4 396 -33,4% 2,4%
9 10 Infineon Technologies IDM Allemagne 4 346 -4,0% 2,3%
12 11 NEC Ekectronics IDM Japon 4 253 1,5% 2,3%
10 12 AMD* fabless USA 3 982 -7,8% 2,1%
14 13 Freescale IDM USA 3 601 -6,3% 1,9%
19 14 Broadcom* fabless USA 3 389 23,9% 1,8%
17 15 Panasonic Corporation IDM Japon 3 265 15,3% 1,8%
15 16 Micron Technology IDM USA 3 237 -8,9% 1,7%
11 17 NXP IDM Hollande 2 960 -29,4% 1,6%
21 18 Sharp Electronics IDM Japon 2 688 8,3% 1,4%
18 19 Elpida Memory IDM Japon 2 627 -6,2% 1,4%
25 20 Rohm IDM Japon 2 444 27,2% 1,3%
Source Isuppli Mars 2009
L‟intensité
capitalistique de
l‟industrie du semi-
conducteur a
conduit à une
spécialisation des
modèles industriels
au sein de la
chaine de valeur.
22
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
d‟acteurs.
Figure 18 Distribution des revenus dans la filière semi-conducteur en 2008
Source ESIA, EDA Consortium, WSTS, ICInsight, Global Semiconductor Alliance
Point sur les principaux acteurs de la filière :
Les IDMs :
Ce sont les acteurs historiques de l‟industrie du semi-conducteur intégrant à la fois le
développement des circuits et les usines de production (70 à 90% de la production
effectuée en interne selon les acteurs). Historiquement dominant dans la filière, leur
position est de plus en plus concurrencée par de nouveaux acteurs spécialistes.
Les IDMs investissent de l‟ordre de 18% de leur CA en R&D.
Les fabless :
Aussi appelées Design House, ce sont les spécialistes de la conception de circuit sans
capacité de production. Ces entreprises sont généralement spécialisées sur une
fonction et/ou un marché générant de gros volumes (circuits de transmission sans fil
ou l‟informatique). Elles investissent 25% de leur CA en R&D et bénéficient ainsi d‟une
meilleure réactivité sur leur marché tout en ayant recours aux fonderies pour les
activités de production.
46% des fabless sont aux USA, 38% en Asie et seulement 11% en Europe. Les leaders
sont Qualcomm, Broadcom, Nvidia, SanDisk, Marvell, LSI.
Les fonderies:
Ce sont les spécialistes de la production de semi-conducteurs. Elles sont localisées en
Asie (en particulier Taiwan) en raison de l‟avantage compétitif que cette région
procure compte tenu de la taille des investissements nécessaire.
Les leaders sont TSMC, UMC, Chartered, SMIC, TSMC représentant près de 50% du
marché à lui tout seul.
Les fonderies investissement dans leur outil de production près de 25% de leurs revenus
et bénéficient d‟une organisation ultra-flexible, facilitant les changements de produits
rapides sur les lignes pour maximiser les économies d‟échelles.
23
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Leur business model est basé sur un nombre élevé de clients et de grands volumes,
permettant de faire monter en charge plus rapidement les équipements et le niveau
de rendement des usines.
Principaux enjeux de la filière semi-conducteur au niveau mondial :
Mutualisation des coûts de R&D :
Rares sont les acteurs dans la filière à même de pouvoir supporter seuls l‟inflation des
coûts de R&D pour les nouvelles générations de circuits intégrés.
Par voie de conséquence, les acteurs sont contraints de se regrouper au sein
d‟alliances R&D stratégiques de manière à mutualiser ces efforts.
Figure 19 Principes des alliances technologiques au sein de la filière semiconducteur
2 alliances se sont développées dans le monde sur ce modèle autour d‟IBM aux USA
et du fondeur TSMC à Taiwan. Les grands acteurs du semi-conducteur en Europe ont
rejoint l‟alliance IBM.
More Moore et More than Moore :
Les IDMs sont à l‟heure actuelle confrontés à des choix stratégiques importants face à
l‟explosion des coûts et à la pression concurrentielle exacerbée sur des marchés en
plus faible croissance que par le passé. 2 options se présentent à eux :
More Moore : Continuer sur la tendance historique de l‟industrie basée sur la
miniaturisation des procédés de production et l‟augmentation du nombre de
transistor par circuit (modèle Intel, Samsung, etc.).
More than Moore : Déléguer la production des technologies les plus avancées aux
fondeurs et concentrer l‟investissement R&D sur des circuits de plus faibles volumes et
de plus forte valeur ajoutée, mariant à la fois des technologies numériques et
analogiques et où l‟intégration peut être réalisée au sein d‟un boitier et non plus d‟un
seul circuit.
La taille des
investissements
nécessaires au
développement
des nouvelles
technologies de
production
pousse les
acteurs à se
regrouper.
En parallèle des
progrès de
miniaturisation
(More Moore)
d‟autres modèles
d‟innovation sont
portés par
certains acteurs
en particulier aux
USA et en Europe
(More than
Moore).
24
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Ces circuits intégrés peuvent être réalisés et assemblés dans des sites de production
et avec des procédés déjà amortis, modifiant profondément les modèles de
développement des fabricants. Certains acteurs importants dans la filière comme
Texas Instruments ont résolument adopté cette approche qui se traduit par une
augmentation significative des relations avec les fondeurs sur les technologies les plus
avancées.
25
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2.3.2 Composants passifs et d’interconnexion
A la différence de l‟industrie des semi-conducteurs qui est caractérisée par une
certaine homogénéité dans les process industriels employés, les composants passifs et
d‟interconnexion correspondent quant à eux à des process industriels non
homogènes. La population des acteurs fabricants est donc très différente d‟un type
de composant à l‟autre et reflète cette variété.
Cet ensemble hétérogène représente au niveau mondial approximativement 1/3 du
marché global des composants soit 110 milliards d‟euros au niveau mondial et une
consommation européenne d‟environ 25 milliards d‟euros, structurée de la façon
suivante en 8 grands types de composants.
Composants d‟interconnexion :
circuits imprimés
connecteurs
MCM, hybrides
Composants passifs :
Composants magnétiques
Condensateurs
Résistances
Filtres
A ces 7 principales premières familles on peut ajouter les composants d‟interface que
sont les commutateurs, interrupteurs et claviers.
Figure 20 Répartition du marché mondial des composants passifs et d’interconnexion,
2008
Source DECISION
Deux types de composants totalisent ainsi plus de la moitié du marché à eux seuls, les
circuits imprimés avec un marché européen de 6,9 milliards d‟euros et les
connecteurs avec un marché européen de 6,7 milliards d‟euros.
Les composants
d‟interconnexion
et passifs
représentent
ensemble 30% du
marché des
composants,
mais une plus
grande
proportion de la
filière en nombre
d‟acteurs.
26
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les autres technologies de composants passifs et d‟interconnexions (composants
magnétiques, MCM-hybrides, commutateurs-interrupteurs-claviers, condensateurs,
résistances et filtres) correspondent à des marchés plus petits compris entre 1 et 2
milliards d‟euros en Europe.
Les fabricants de connecteurs : Monde, Europe et France
L’industrie des connecteurs électroniques est une filière dans laquelle les fabricants des pays développés continuent d’occuper les premières places dans la hiérarchie mondiale.
Figure 21 Principaux fabricants de connecteurs (Monde, Europe et France)
Parmi les fabricants de connecteurs, on retrouve essentiellement de grands groupes
multinationaux américains et japonais dont le CA excède 1 milliard d‟euros. Seule une
société française, FCI (ex-filiale d‟Areva cédée en 2005 au fond d‟investissement
américain Bain Capital), appartient au TOP10 mondial.
Le paysage européen et français est quant à lui constitué de nombreuses PMEs de
toutes tailles dont les plus importantes sont localisées en Allemagne et en France et
réalisent un peu plus de 100 millions d‟euros de chiffre d‟affaires. Ces sociétés sont
spécialisées sur les marchés d‟infrastructures de télécommunication, de
l‟aéronautique/défense et des applications industrielles.
Dans la filière
industrielle des
connecteurs, la
production
industrielle est
encore localisée
en partie dans
les pays
développés.
27
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les fabricants de circuits imprimés : Monde, Europe et France
La filière industrielle des circuits imprimés est essentiellement localisée en Asie.
Figure 22 Principaux fabricants de circuits imprimés (Monde, Europe et France)
Dans le domaine des circuits imprimés, c‟est l‟Asie qui domine avec 5 fabricants
japonais et 3 taïwanais dans le Top 10 mondial.
Les volumes d‟activité de ces grands leaders mondiaux sont néanmoins un peu plus
faibles que les grands leaders des connecteurs en raison du caractère relativement
spécifique du produit final et de son process industriel plus difficile à implémenter sur
de très grands volumes de production.
Parmi les principaux fabricants en Europe, on retrouve quasi-exclusivement des
sociétés allemandes en raison des liens de proximité entretenus entre les fournisseurs
et les équipementiers télécoms, automobile et industriels qui génèrent des volumes
d‟activité très significatifs pour les fabricants locaux.
S‟agissant de la situation en France, les fabricants sont essentiellement de petites
PMEs, ou groupement de PMEs ayant précédemment appartenues à des
équipementiers donneurs d‟ordre qui se sont séparés de ces activités industrielles
jugées hors du cœur de métier.
La filière française de production de circuits imprimés reste par conséquent très
dispersée et fragile en comparaison de la filière allemande.
Les fabricants de composants passifs : Monde, Europe et France
Dans le domaine des composants passifs, la spécialisation géographique est encore
plus marquée puisque c‟est le Japon qui domine la filière avec 8 sociétés nippones
dans les 10 premiers fabricants mondiaux.
Si les leaders
mondiaux du
circuit imprimé
sont asiatiques,
l‟Europe dispose
toujours d‟une
capacité de
production (en
particulier en
Allemagne).
28
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Figure 23 Principaux fabricants de composants passifs (Monde, Europe et France)
S‟agissant de l‟Europe, les fabricants de composants passifs les plus importants sont
passés sous giron étranger ces dernières années. C‟est en particulier le cas des
sociétés EPCOS, TT electronics et Evox Rifa qui ont été rachetée par des sociétés
japonaises et américaines.
La filière des composants passifs comptent néanmoins en Europe de nombreux
acteurs de taille moyenne servant des marchés de niche dans le domaine industriel
en particulier.
En France, rares sont les fabricants encore présents dans le domaine des composants
passifs. Les quelques industriels présents se spécialisent sur les composants très
spécifiques pour des marchés à faibles volumes, longs cycles et fortes contraintes de
performances comme par exemple l‟aéronautique et la défense.
Top 10 Monde
Murata
TDK/EPCOS
Kyocera/AVX
Taiyo Yuden
Vishay
Nippon Chemi-con
Panasonic
Samsung
Murata
Nichicon
Principaux français
Eurofarad
Temex Ceramics
Sécré Composants Electroniques
SCT
Principaux Européens
Les principaux acteurs Européens ont fait récemment l’objet de rachats par des asiatiques ou des américains :
TDK => EPCOS
Kemet => TT electronics
Kemet => Evox Rifa
Il y a aussi de nombreux spécialistes présents sur des niches
Dans le domaine
des composants
passifs, seuls les
acteurs positionnés
sur des niches de
marché demeurent
en Europe.
29
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
3. Crise de 2009 et tendance en Europe et en France
3.1 Impact de la crise de 2009 sur la production électronique
En 2009, l‟industrie électronique mondiale a connu pour la 2ème fois de son histoire
après l‟année 2001 une récession matérialisée par la chute de la production
mondiale des équipements électroniques exprimée en valeur.
Le graphique suivant indique l‟impact de la crise sur le cycle de croissance de
l‟industrie avec une chute de la production mondiale estimée à 7% en 2009.
Figure 24 Croissance de la production d’équipements électroniques mondiale en
valeur, 2008-2013
Source DECISION, 2009
Contrairement à la crise précédente de 2001 où l‟industrie électronique a pêché par
excès d‟optimisme sur l‟évolution de la demande mondiale (cf. bulle des télécoms),
la crise de 2009 diffère car ses causes sont extérieures à l‟électronique. Par
conséquent, le besoin final d‟électronique et les perspectives de croissance à plus
long terme ne sont pas fondamentalement remis en cause par la récession de 2009.
Sans excès d‟optimisme, on pourrait même considérer que la crise mondiale, en
remettant sur le devant de la scène les besoins sociétaux liés à l‟environnement, la
sécurité et la santé, a augmenté le potentiel de croissance de l‟industrie électronique
à plus long terme !
L‟impact de la crise de 2009 sera néanmoins très significatif puisque l‟industrie
électronique voit ses perspectives de croissance moyenne à 5 ans réduites de moitié,
de 6% en Avril 2008 à 2,7% en Avril 2009.
Cependant cette vision générale, portant sur les 1140 milliards d‟euros de production
annuelle d‟équipement électronique dans le monde, masque des disparités
importantes d‟une part entre secteurs débouchés de l‟électronique et d‟autre part
entre régions productrices. L‟Europe et la France jouissent en effet d‟une position tout
à fait singulière en terme de production d‟équipements électroniques, liée à la
spécialisation de la production électronique après la crise de 2001.
Si le potentiel de
croissance de
l‟électronique
demeure intact
à long terme, la
crise de 2009
réduit de moitié
la tendance de
croissance à
moyen terme
(horizon 2013).
30
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
3.2 Structure de la production électronique en Europe et en France
La production européenne d‟équipements électroniques représente 22% de la
production mondiale avec la structure suivante par secteur d‟application
Figure 25 Structure de la production électronique en Europe, 2008
Source DECISION, 2009
Contrairement à la structure mondiale de production, on constate que plus de 50%
de la production européenne concerne l‟électronique pour les secteurs Industriels,
Automobile et Aéronautique & Défense, correspondant à des marchés professionnels
de l‟électronique et non à des marchés de masse.
L‟Europe dispose en effet de leaderships mondiaux dans le domaine de
l‟électronique professionnelle avec près de 40% de la production mondiale
d‟électronique industrielle, le tiers de la production mondiale d‟électronique pour
l‟aéronautique & la défense ainsi que pour l‟électronique automobile ou encore 25%
de la production mondiale d‟électronique pour le secteur du médical.
En outre, plus de 20% des équipements électroniques pour le secteur des
télécommunications sont toujours produits en Europe, essentiellement dans le
domaine des infrastructures et des terminaux mobiles pour lesquels l‟Europe dispose
de leaders internationaux (Ericsson, Nokia Siemens, Alcatel, Nokia).
Cependant le poids toujours important des télécommunications ne doit pas masquer
le fait que le secteur des télécoms s‟est considérablement contracté en Europe
depuis la crise de 2001. En 1999 par exemple, la France était parmi les tout premiers
producteurs de téléphones mobiles au niveau mondial. 10 ans après, cette
production a totalement disparu du territoire comme dans la plupart des pays
développés à forts coûts de main d‟œuvre.
L‟Europe
dispose de
leaderships
stratégiques,
en phase avec
l‟émergence
des nouveaux
besoins
sociétaux.
31
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Figure 26 Structure de la production électronique en France, 2008
Source DECISION, 2009
On notera en France une spécialisation encore plus marquée dans les secteurs
professionnels qui représentent près de 75% de la production d‟équipements
électroniques.
Les secteurs aéronautique & défense, automobile et industriel sont particulièrement
importants pour la France, domaines dans lesquels le pays représente entre 10 et 30%
de la production européenne.
3.3 Croissance de la production 2008-2013 par zone
Figure 27 Structure de la production électronique par secteur et par zone, 2008-2013
Source DECISION, 2009
Production d’équipements électroniques en France
en valeur, 2008
Secteur d’application Part en 2008
Aéronautique Défense 28%
Médical 16%
Automobile 14%
Industriel 11%
Télécommunications 4%
Part de la France dans la production
européenne d’équipements électroniques
Audio & Vidéo 3%
Electro Ménager
5%
Informatique 9% Télécoms
8%
Aéro & Défense
29%
Automobile
16%
Industriel
31%
La France
démontre une
spécialisation
de plus en plus
forte sur les
marchés de
l‟électronique embarquée.
La production
européenne (et
française)
demeure
pérenne. Elle devrait retrouver
les niveaux
atteints de 2008
en 2012 ou 2013.
32
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Si au niveau mondial, l‟ensemble des secteurs d‟application de l‟électronique sont en
croissance, on constate néanmoins que l‟électronique pour l‟industriel et
l‟aéronautique/défense bénéficient des taux de croissance les plus élevés sur la
période 2008-2013 au niveau mondial.
Cette dynamique des segments professionnels de l‟électronique est un phénomène
récent, l‟ensemble de l‟industrie électronique étant tirée depuis de nombreuses
années par la croissance folle des marchés de masse comme l‟informatique et les
télécoms. Elle correspond à l‟émergence au sein des sociétés développées des
nouveaux besoins sociétaux.
Par ailleurs, la spécialisation de l‟Europe et en particulier de la France sur ces secteurs
permet ainsi d‟amortir des chutes de production dans d‟autres secteurs comme les
télécoms ou l‟automobile. Ainsi, la production européenne et française, après avoir
fortement chutée en 2009 (-12% tous secteurs confondus) devrait retrouver son niveau
de 2008 en valeur à la fin de la période de prévision, c‟est à dire en 2012 ou 2013.
3.4 Restructuration en cours en Europe dans la filière des composants
3.4.1 Fabricants de circuits intégrés
L‟industrie des semi-conducteurs, longtemps la plus dynamique des filières de
composants électroniques, connaît une évolution importante qui se traduit dans la
stratégie des acteurs du secteur.
Tout d‟abord, la concurrence mondiale continue d‟être forte entre les fabricants dans
un contexte de croissance plus faible par rapport au passé. Cette détérioration des
conditions de marché s‟accompagne en outre de l‟explosion des coûts de
production et de développement sur les technologies les plus avancées, qui
atteignent des niveaux de miniaturisation se rapprochant inexorablement des limites
physiques de fonctionnement du transistor.
Seuls quelques acteurs sur des marchés très spécifiques sont donc en mesure de
poursuivre seuls cette course à la miniaturisation et aux économies d‟échelle (Intel,
Samsung, TSMC), les autres étant contraints de se regrouper au sein d‟alliances
technologiques mondiales pour mutualiser les coûts.
S‟agissant du paysage européen, le passé récent a été marqué par des vagues de
consolidation entre acteurs sur des marchés verticaux comme le rachat successif en
2008 des activités communications mobiles de NXP et Ericsson Mobile Platform par
STMicroelectronics, et les nombreuses annonces des fermetures/sessions de sites
industriels en Allemagne (AMD, Qimonda), en Hollande (NXP) et en France.
33
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Focus sur la France :
Au cours des années 2008 et 2009, le paysage industriel du semi-conducteur en
France a profondément évolué. Parmi les principaux évènements ayant marqué le
secteur on notera la fin de l‟alliance tri-partite de R&D entre STMicroelectronics,
Freescale et NXP sur le site de Crolles ainsi que des procédures de cession concernant
de nombreux sites de production dont Altis à Corbeil Essonnes, Atmel à Rousset, NXP à
Caen, e2v à Saint Egrève, etc.
En matière de production, la stratégie des acteurs européens s‟oriente en effet sur un
recours de plus en plus important aux fonderies asiatiques sur les technologies les plus
récentes (modèle fablite par opposition au fabless). Cette restructuration poursuit trois
objectifs majeurs :
Concentrer les investissements sur les phases de développement des produits
et des applications,
Améliorer la compétitivité en bénéficiant des technologies en production les
plus récentes au meilleur coût,
Maintenir la production interne sur les sites existants en profitant du
développement des technologies More than Moore ne nécessitant pas les
mêmes niveaux de miniaturisation ;
Cependant et pour rester dans la course de l‟industrie mondiale, les acteurs
européens devront conserver un niveau d‟implication relativement important dans le
développement des technologies de production les plus avancées de manière à
pouvoir intégrer ces technologies en cas de besoin et a posteriori. Dans le cas
contraire, l‟industrie européenne du semi-conducteur pourrait se retrouver
dépendante de technologies produites et maitrisées par des concurrents
internationaux, entrainant de facto la remise en cause de sa capacité d‟innovation à
plus long terme.
Focus sur la France :
En parallèle de ce portrait morose, certaines initiatives plus porteuses ont vue le jour
dont le rapprochement de STMicroelectronics et d‟IBM au sein d‟un partenariat
technologique étroit, le lancement du programme R&D Nano 2012 sur le site de
Crolles pour un montant de 2,3 milliards d‟euros ou encore le lancement du
programme Nano-Innov pour stimuler la R&D et l‟intégration dans le domaine porteur
des nano-technologies
3.4.2 Composants passifs et d’interconnexion
Dans le domaine des composants passifs et d‟interconnexion, la crise économique de
2008 et 2009 a laissé des traces avec des replis important d‟activités, souvent
matérialisés par des réductions d‟effectifs, une consolidation du secteur et/ou des
fermetures de sites.
Par exemple dans le domaine des composants passifs, le leader européen EPCOS (ex
filiale de Siemens) a été racheté par le leader japonais TDK et d‟autres acteurs
comme Yageo ont réduit leurs effectifs.
Néanmoins et compte tenu du tissu industriel pour ces familles de composants,
essentiellement composé de PME sur des marchés de niche plus abrités que les
34
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
marchés de masse, les restructurations ont été moins spectaculaires que dans
l‟industrie du semi-conducteur.
Focus sur la France :
C‟est parmi les fournisseurs de l‟industrie automobile, et en particulier les fabricants de
connecteurs, que les restructurations ont été les plus sévères en Europe et
particulièrement en France avec la fermeture des usines de Molex ou de Tyco
Electronics.
Dans les autres familles de composants, les acteurs français sont généralement de
taille réduite et positionnés sur des marchés moins exposés à la conjoncture
économique mondiale comme l‟aéronautique et la défense. Même si la période
récente a été difficile, elle n‟a pas conduit à un bouleversement du paysage
industriel.
A terme, le développement des marchés sociétaux en particulier dans le domaine de
l‟environnement et de l‟énergie pourrait stimuler la croissance des composants passifs
et d‟interconnexions et ainsi recréer en France des opportunités pour les industriels.
On le voit en particulier dans le domaine du stockage de l‟énergie.
35
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Partie II : Analyse de la production électronique européenne et
française par secteur 2013-2020
1. Automobile
En résumé :
- L‟électronique représente 25 à 30% du coût d‟un véhicule et 90% des innovations
- L‟Europe est la première zone de production pour l‟électronique automobile
- Un marché fortement contraint (volumes, coûts, fiabilité, etc.) où l‟électronique est jusqu‟à
présent du ressort des équipementiers
- Un paysage concurrentiel en cours d‟évolution en raison du développement des véhicules
intelligents, hybrides et électriques dont le développement repose sur une plus forte
proportion d‟électronique embarquée.
1.1 Périmètre de l’industrie
L‟électronique a pénétré l‟automobile depuis les années 80s pour progressivement couvrir
tous les domaines du véhicule : moteur, châssis, habitacle. Elle représente dorénavant de
l‟ordre de 25% à 30% de la valeur ajoutée d‟un véhicule moderne.
Bien plus que sa part dans la valeur du véhicule, l‟électronique contribue directement à près
de 90% des innovations dans le véhicule. Elle est donc devenue indissociable de l‟évolution
des véhicules modernes, permettant entre autre :
L‟amélioration de la sécurité à bord (systèmes de freinage, contrôle de trajectoire,
systèmes anticollision, etc.)
Le respect des normes anti-pollution de plus en plus sévères (injection électronique,
contrôle moteur, retraitement des gaz d‟échappement, etc.)
La croissance du confort et des services à bord (navigation, climatisation, fermeture à
distance, contenu multimédia, etc.)
La production des équipements électroniques pour l‟automobile en Europe s‟élève à 31,8
milliards d‟euros en 2008 ce qui fait de l‟Europe la première zone de production mondiale. La
ventilation de cette production par grand champ d‟application au sein du véhicule fait
apparaître les domaines de spécialités européennes, en particulier au niveau du bloc moteur
propulsion:
36
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Figure 28 Production électronique pour l’automobile, Europe, 2008
Source DECISION, 2009
Dans ce paysage européen, la production française représente 14% de l‟Europe avec 4,4
milliards d‟euros en 2008. Les principaux équipementiers de l‟électronique pour l‟automobile
produisant en France sont :
Actia
Autoliv (Suède)
Continental (Allemagne)
Faurecia
Magneti Marelli (Italie)
Michelin
R.Bosch (Allemagne)
Valéo
Visteon (USA)
1.2 Fondamentaux du marché et perspectives
Un secteur à très fortes contraintes pour les industriels
L‟une des grandes spécificités de l‟industrie automobile réside dans les volumes de
production qu‟elle génère par rapport aux autres secteurs d‟application de l‟électronique
professionnelle. Les contraintes portant sur les équipements électroniques sont également très
sévères tant en terme de robustesse, de fiabilité et de prix.
Pour répondre à ces contraintes industrielles, la chaine de valeur s‟est spécialisée avec d‟une
part les constructeurs en charge de l‟assemblage final du véhicule et de la fabrication du
moteur, et d‟autre par les équipementiers dont certains se sont spécialisés sur l‟électronique
comme Bosch, Continental, Valéo, etc.
37
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Positionnement des constructeurs et des équipementiers
Les équipementiers ont ainsi progressivement pris la main sur les développements
électroniques par rapport aux constructeurs qui sont restés positionnés sur leur métier
d‟origine d‟architecte/systémier du véhicule.
Les contraintes portant sur la production des équipements électroniques rendent difficile le
recours généralisé à la sous-traitance de production pour les équipementiers qui restent
relativement intégrés verticalement au plan industriel. L‟exemple le plus frappant étant
donné par le premier équipementier mondial, la société allemande BOSCH, qui maitrise
l‟ensemble des étapes de fabrication en interne, depuis les composants électroniques
jusqu‟à l‟intégration des cartes électroniques. On pourra d‟ailleurs souligner que la majorité
des investissements de production de BOSCH reste localisée en Allemagne !
La mainmise des équipementiers sur l‟électronique embarquée n‟a pas été sans créer
certaines difficultés chez les constructeurs. Suite au développement très rapide du contenu
électronique au tournant des années 2000, des problèmes de qualité et de maitrise de la
complexité croissante des systèmes électroniques embarqués ont vu le jour, obligeant
certains constructeurs à revoir leur degré d‟implication vis-à-vis de l‟électronique.
Pour jouer pleinement leur rôle d‟architectes/intégrateurs, les constructeurs peuvent
dorénavant être amenés à développer eux mêmes des technologies spécifiques sur
certaines fonctions du véhicule jugées stratégiques (contrôle moteur, direction assistée, etc.).
Ils s‟engagent également dans des partenariats plus étroits et sur le long terme avec des
équipementiers privilégiés.
En parallèle des programmes de coopération transverses à la filière se mettent en place en
particulier dans le domaine des logiciels dont la complexité n‟a cessé de croitre ces
dernières années (ex. initiative de standardisation Autosar). Ces initiatives sont nouvelles pour
la filière automobile qui s‟est historiquement appuyée sur des solutions et équipements
spécifiques à chaque constructeur.
Perspective de croissance à moyen terme
Les perspectives de croissance de la production électronique en Europe ne sont pas bonnes
pour l‟automobile à moyen terme compte tenu des effets de la crise qui a durement frappé
le secteur en 2009. L‟Europe devrait ainsi retrouver son niveau de production électronique de
2008 en 2013 dans le secteur automobile.
Cependant, il convient de noter que le rythme d‟intégration des nouvelles technologies
électroniques est assez lent dans l‟automobile par rapport à d‟autres industries utilisatrices et
les solutions doivent être éprouvées dans d‟autres secteurs avant de pouvoir pénétrer le
véhicule pour des questions de fiabilité.
Ainsi, l‟horizon de la prévision en 2013 ne permet pas d‟intégrer les innovations de ruptures qui
vont considérablement augmenter le contenu électronique dans les automobiles à plus long
terme et qui constitueront autant d‟opportunités de croissance pour la filière européenne.
38
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
1.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la filière
Croissance du contenu électronique
En se plaçant à l‟horizon 2020, certaines tendances du marché automobile déjà
perceptibles aujourd‟hui sur une part minime de la production mondiale pourront
avoir un impact très significatif sur la filière électronique et le contenu électronique
moyen des véhicules.
Les nouvelles contraintes en termes d‟énergie, de mobilité et de sécurité deviennent en effet
propices à des ruptures technologiques importantes :
Véhicule hybride
Véhicule électrique
Véhicule communicant
Route intelligente
Véhicule intelligent (Drive by wire)
Pour satisfaire ces développements, les véhicules intégreront ainsi plus d‟intelligence
(capacités de calcul et logiciel), plus d‟interfaces de communication (passager-véhicule,
passager-infrastructure, véhicule-infrastructure), et enfin plus d‟électronique de puissance de
manière à piloter et contrôler l‟énergie électrique et sa consommation à bord. Ainsi le
contenu électronique dans le coût du véhicule pourrait augmenter de façon significative
durant les 10 prochaines années à mesure du développement de ces nouvelles
fonctionnalités dans les ventes mondiales.
Les prévisions de marché à l‟horizon 2020 varient grandement d‟un acteur à l‟autre en
fonction des stratégies et du positionnement de chaque entreprise. Cependant, pour que
ces ruptures puissent se développer massivement dans une industrie soumise à d‟importantes
contraintes de coût et de fiabilité, l‟électronique embarquée devra s‟intégrer de plus en plus
étroitement avec les parties mécaniques du véhicule. Les systèmes mécatroniques intégrant
fonctions mécaniques et fonctions électroniques se développeront ainsi de plus en plus à
l‟avenir.
Impacts sur la filière
Les impacts de ces ruptures sur la filière seront nombreux et de natures différentes.
Nouvel environnement concurrentiel
Tout d‟abord, le développement progressif des véhicules hybrides et électriques va conduire
les constructeurs et les équipementiers à redéfinir leur rôle au sein de la chaine de valeur, en
particulier concernant l‟ensemble du bloc moteur/propulsion.
Ce domaine est historiquement contrôlé par les constructeurs qui pourraient voir leur situation
fragilisée au sein de la filière si le développement des motorisations électriques était contrôlé
à l‟avenir par les équipementiers électroniques qui disposent du socle de compétences
idoine.
La rupture du véhicule électrique permettra à certains équipementiers d‟augmenter leur part
39
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
de valeur ajoutée comme Michelin en France qui se positionne avec une offre de
motorisation intégrée à la roue.
Finalement, de nouveaux entrants pénètrent également le marché en provenance d‟autres
industries comme par exemple Bolloré ou Dassault en France et profitent de cette rupture
technologique pour proposer des solutions innovantes de stockage et de contrôle de
l‟énergie.
Les principaux enjeux industriels porteront sur la batterie, l‟électronique de puissance et de
contrôle associée ainsi que le moteur électrique lui-même. Le savoir-faire électronique sera
ainsi au cœur de la valeur ajoutée du véhicule électrique.
Nouveaux types de business models
Le véhicule électrique et communicant entrainera, outre l‟évolution de la motorisation, de
nouveaux modes d‟utilisation du véhicule. D‟autres acteurs pourront ainsi pénétrer le marché
pour fournir des prestations accompagnant la vente proprement dite du véhicule :
producteurs et distributeurs d‟électricité, fournisseurs de service télécoms, loueurs de batterie,
etc.
L‟organisation des coopérations entre ces différents intervenants et les business models
associés nécessiteront encore une fois un recours accru à l‟électronique pour mieux contrôler
et surveiller les différents paramètres du véhicule ou des réseaux auxquels il sera connecté
(énergie, télécommunication) afin d‟en optimiser le fonctionnement et/ou les prestations de
service associées.
40
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2. Aéronautique & Défense
En résumé :
- L‟électronique représente 25% de la valeur ajoutée du secteur, avec une forte disparité
entre équipements militaires et équipements civils
- L‟Europe est la 2ème zone de production électronique dans le secteur après les USA (forte
spécialité française)
- Tout comme dans l‟automobile, le contenu électronique est amené à progresser dans le
secteur pour répondre aux nouvelles contraintes portant sur les plates-formes en matière de
sécurité, confort, consommation et maintenance des systèmes
- Cette croissance du contenu électronique sera graduelle, liée à la mise en production de
nouvelles plates-formes (les acteurs se positionnent aujourd‟hui sur des programmes qui
généreront un volume d‟activité dans 5 à 10 ans)
- Des contraintes industrielles tout à fait spécifiques : environnements sévères, longue durée
de vie des programmes et petites séries
- …et dimensionnantes pour la filière industrielle, y compris au niveau de l‟électronique qui se
trouve répartie entre de nombreux intervenants de l‟avionneur jusqu‟au sous-traitant de
production électronique spécialisé
2.1 Périmètre de l’électronique
L‟aéronautique et la défense sont 2 secteurs d‟application historiques pour l‟industrie
électronique. L‟ensemble des équipements électroniques dans ces 2 secteurs représente
environ 25% de la valeur ajoutée totale, un niveau similaire à celui du secteur automobile
avec cependant une antériorité plus ancienne et surtout des disparités fortes entre
équipements militaires (de l‟ordre de 40% de la valeur ajoutée) et aéronautique civile (de
l‟ordre de 10 à 15%).
Bien que les domaines civils et militaires soient bien distincts tant sur le plan industriel qu‟au
niveau du contenu électronique, certaines similarités existent néanmoins entre les deux
marchés justifiant leur regroupement au sein de la même catégorie :
La durée de vie des produits peut atteindre plusieurs décennies contrairement à la
plupart des autres secteurs d‟application de l‟électronique ;
Les séries sont faibles au regard des autres marchés (de la centaine de pièce dans
le militaire à quelques milliers maximum dans le civil) ;
Les exigences de fiabilité sont plus élevées que dans les autres secteurs et les
environnements d‟utilisation sont sévères (environnement spatial, perturbations
radars, température et pression, etc.)
Les acteurs sont soumis à de fortes contraintes industrielles liées à la sécurité de
fonctionnement des systèmes embarqués (processus de certification et de
développement spécifiques, etc.)
La production d‟équipements électroniques en Europe pour le secteur aéronautique &
défense s‟élève en 2008 à 27,6 milliards d‟euros ce qui fait du continent la 2ème zone de
production après les Etats-Unis.
Le graphique suivant illustre la segmentation de cette production européenne par type
41
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
d‟application avec en particulier le poids important des équipements avioniques et de
communication/réseaux pour lesquels l‟Europe dispose d‟un leadership mondial :
Figure 29 Production électronique pour l’aéronautique et la défense, Europe, 2008
Source DECISION, 2009
Au sein de ce paysage, la France représente 7,7 milliards d‟euros soit 28% de l‟Europe avec
une forte présence dans l‟aéronautique, l‟espace et la défense. Les principaux
équipementiers électroniques en France dans le secteur aéronautique & défense sont :
Airbus
Astrium
Dassault Aviation
DCNS
Eurocopter
Latécoère
Liebherr Aerospace (Allemagne)
MBDA
Nexter
Rockwell Collins (USA)
Safran
Thales
Zodiac
2.2 Fondamentaux du marché et perspectives
Electronique pour l’aéronautique
L‟électronique dans le secteur aéronautique est dispersée à tous les échelons de la chaine
de valeur contrairement au secteur automobile où les équipementiers prédominent.
Dans l‟aéronautique, les avionneurs et les équipementiers disposent en interne de capacités
de spécification, de développement voire même de production électronique bien que ce
ne soit pas directement leur cœur de métier. Cette maitrise de l‟électronique est
42
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
nécessaire en raison des environnements d‟intégration sévères (température, vibration, etc.)
et des contraintes d‟optimisation importantes (poids, fiabilité, durée de vie, etc.) dans le
secteur :
Airbus conçoit et fabrique 10% des calculateurs électroniques embarqués dans ses
avions ;
les équipementiers (ex. Safran, Zodiac, Thales) sont structurés par grands domaines
(moteurs, trains d‟atterrissage, nacelles, gestion des fluides, freins, multimédia,
génération électrique, etc.). Certains produisent l‟essentiel de l‟électronique
associée aux équipements (Safran) alors que d‟autres développent une stratégie de
recours à la sous-traitance plus systématique (Thales) ;
Historiquement marginale, la sous-traitance électronique a en effet tendance à se
développer dans le secteur en raison des contraintes de compétitivité qui se répercutent à
travers la chaine de valeur et favorisent la consolidation des activités de production ou leur
localisation en zone dollar. Les contraintes spécifiques au secteur évoquées plus haut
favorisent l‟émergence de sous-traitants spécialisés comme par exemple Tronico, Selha ou
Adeneo en France.
Les perspectives du secteur sont parmi les plus dynamiques de l‟industrie électronique avec
une croissance de la production de l‟ordre de 4% par an en moyenne entre 2008 et 2013.
Airbus a battu en 2009 son record de production de l‟année 2008 et les carnets de
commande permettent de conserver un degré de visibilité très important en comparaison
d‟autres secteurs plus perméables à la conjoncture économique mondiale !
Electronique pour la défense
Bien que similaire sur certains points, le marché de l‟électronique de défense garde certaines
caractéristiques spécifiques qui se sont traduites par un degré d‟intégration industrielle plus
important chez les acteurs, y compris en matière d‟électronique :
Contenu électronique plus élevé dans les plates-formes, en particulier en raison des
systèmes d‟armes et de l‟électronique de mission,
Secteur mono client où l‟état joue le rôle de prescripteur, de financeur et de client,
Contraintes de souveraineté et d‟indépendance technologique pouvant prendre le
pas sur les contraintes économiques,
La filière électronique de défense en Europe est cependant dépendante des marchés
d‟exportations pour financer l‟innovation et conserver l‟outil industriel. A cet égard, la position
des USA et de son industrie de défense qui représente 50% de la production et des achats
des systèmes électroniques de défense dans le Monde lui confère un avantage concurrentiel
majeur.
Avec 17 milliards d‟euros de production annuelle, l‟Europe est la 2ème zone de production de
systèmes électroniques de défense et concentre 1/3 de la production mondiale. Ce volume
d‟activité couvre un éventail de technologies très large lié à :
la gestion de l‟obsolescence de certains équipements électroniques d‟anciennes
générations (en raison des durées de vie des programmes) qui nécessite de
maintenir certains savoir-faire et technologies sur de très longues périodes,
des activités R&D de pointe sur des secteurs stratégiques (radars actifs, furtivité,
guidage, écoutes, cryptage, vision de nuit, contrôle/commande, etc.),
S‟agissant des perspectives de croissance à moyen terme, les cycles de l‟industrie de
43
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Défense (et de l‟électronique de défense) sont très longs et généralement contra-cycliques
par rapport à la conjoncture économique globale. Pour l‟Europe, la croissance de la
production électronique est estimée à +3% en moyenne pour la période 2008-2013. En
France la dernière loi de programmation militaire favorable aux dépenses d‟investissement
devrait conduire à une croissance similaire.
2.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain
Secteur aéronautique
Ce sont les nouveaux programmes d‟avion qui permettent à l‟industrie aéronautique
d‟apporter des innovations, en particulier grâce à l‟électronique. Le rythme de pénétration
est donc lent mais l‟activité de R&D est intense pour préparer ces évolutions au sein de la
filière. Les principaux thèmes de développement pour les prochaines générations d‟avion
sont :
L‟amélioration du confort (réduction du bruit, services à bord)
La sécurité
L‟amélioration de la consommation par passager
La réduction des coûts de possession pour les compagnies
Ces grands enjeux de R&D se traduisent par des solutions technologiques ayant toutes un lien
étroit avec les technologies électroniques :
Confort : système multimédia embarqué à bord (films, musiques, communications),
etc.
Sécurité : dispositifs anti-terroristes empruntés à la défense (radars, systèmes de
détection et contre mesures, etc.), etc.
Consommation : remplacement des commandes hydrauliques par des commandes
électriques (avion plus électrique), etc.
Réduction des coûts de possession : réseaux de capteurs et maintenance
prédictive, etc.
La valeur ajoutée liée à l‟électronique représente donc un enjeu considérable pour les
acteurs, et ce d‟autant plus que le contexte de concurrence internationale s‟amplifie avec
l‟apparition sur le marché aéronautique civil de nouveaux entrants comme la Russie, la Chine
ou le Japon qui développent leurs propres programmes de moyens courriers. Comme dans
les autres secteurs d‟application, l‟électronique permet aux avionneurs de se différencier de
la concurrence par des gains de performance et de fonctionnalité.
Les développements de l‟électronique numérique et décentralisée, de l‟avion plus électrique
et des systèmes de maintenance préventive seront certainement les innovations les plus
structurantes pour la chaine de valeur en raison de leur caractère diffusant dans les
architectures d‟avions et particulièrement pour les équipementiers (toutes les structures et les
actionnements sont potentiellement concernés).
Ces développements pourraient amener les équipementiers à modifier leur positionnement
et intégrer de nouvelles compétences en particulier dans le domaine de l‟électronique de
puissance.
Secteur défense
La maitrise des technologies électroniques demeure un enjeu stratégique à moyen et long
44
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
terme dans le domaine de la défense pour :
Assurer le maintien des équipements en condition opérationnelle,
Optimiser les capacités des forces armées en améliorant les performances et les
fonctionnalités des équipements embarqués ou au sol (surveillance et détection,
systèmes d‟armes, cryptage, vision et guidage, systèmes de communication et de
commandement, etc.)
Par ailleurs l‟évolution des théâtres d‟opération (conflits asymétriques, mission de maintien de
la paix, etc.) et du contexte géo-stratégique (menace terroriste) sont porteurs pour les
technologies électroniques puisque les équipements militaires doivent être communicants et
intégrer de plus en plus de capacités de calcul et de détection (d‟intelligence) pour remplir
ce type de missions.
Finalement les acteurs de la défense se tournent de plus en plus vers le marché de la sécurité
de manière à étendre leur portefeuille clients à d‟autres secteurs et ainsi réduire leur
exposition aux seuls cycles du marché militaire. On assiste ainsi à une diversification de
l‟électronique de défense, faisant de plus en plus appel à des technologies d‟origine civile
de manière à répondre aux contraintes de coûts plus sévères dans le domaine de la sécurité
que dans le domaine de la défense.
Cette évolution générale des acteurs de la défense vers les technologies dites „duales‟ a de
facto des répercutions dans la chaine de valeur et favorise le recours à la sous-traitance de
production voire de développement électronique habituée à manipuler ce type de
technologie.
Parmi les principaux marchés de la sécurité représentant des débouchés importants pour la
filière électronique de défense à moyen et long terme, on peut citer :
L‟identification et le suivi des biens et des personnes,
La sécurité aéroportuaire,
La protection des infrastructures critiques (eau, électricité, gaz, pétrole, etc.),
Les communications sécurisées,
La protection NRBC (Nucléaire, Radiologique, Bactériologique et Chimique),
Etc.
45
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
3. Alimentations et réseaux électriques
En résumé :
- Historiquement dans le giron des industries électriques, l‟électronique contribue également
à la protection et aux performances des alimentations et réseaux électriques
- L‟Europe et la France en particulier disposent d‟une forte expertise dans ce secteur
d‟application qui demeure très local en raison des spécificités propres à chaque pays, tant
au niveau technique que dans l‟organisation du marché
- Dans le domaine des alimentations, le recours croissant à l‟énergie électrique en substitution
d‟autres sources d‟énergie (hydraulique, pneumatique, etc.) contribue à stimuler la
demande en systèmes de protection et de traitement électroniques
-Dans le domaine des réseaux, la libéralisation du marché de l‟énergie entraine de nouvelles
contraintes de régulation et de contrôle nécessitant le recours à plus d‟‟électronique
3.1 Périmètre de l’électronique
Dans le domaine des alimentations et des réseaux électriques, l‟électronique est
principalement utilisée pour apporter une protection :
de l‟utilisateur en cas de court-circuit, de sur-tension, de coupure électrique, etc.
du signal électrique lui-même pour le rendre robuste aux perturbations extérieures
L‟électronique permet aussi d‟adjoindre aux alimentations et réseaux électriques des
capacités de traitement du signal électrique (filtrage, modulation) qui permettent de
simplifier les interfaces entre le réseau et les dispositifs qui s‟y connectent ou d‟en élargir les
fonctionnalités.
Dans ce domaine privilégié pour l‟électronique analogique, l‟Europe dispose d‟un leadership
mondial en matière de production d‟équipements avec 5,6 milliards d‟euros de production
en 2008. Près de la moitié de cette production concerne les alimentations non interruptibles,
c‟est à dire dotées de capacités de stockage de l‟énergie permettant de maintenir
l‟alimentation électrique même en cas de rupture de réseau.
Figure 30 Production électronique pour les alimentations et réseaux électriques, Europe, 2008
Source DECISION, 2009
Au sein de ce grand marché régional, la France représente 751 millions d‟euros de
production électronique soit 13% de l‟Europe.
46
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
L‟électronique analogique et de puissance dans le domaine des alimentations et des
réseaux électriques est un des points forts de l‟Europe et de la France. L‟ensemble de la
chaine de valeur y est en effet représentée, des grands opérateurs aux intégrateurs et
jusqu‟aux fournisseurs de dispositifs de stockage d‟énergie.
Les principaux fournisseurs d‟électronique en France dans le domaine sont :
AREVA T&D
Converteam
Johnson Control (USA)
Saft
Schneider Electric
SOCOMEC
3.2 Fondamentaux du marché et perspectives
Un marché dynamique lié aux exigences croissantes de protection
Le marché des alimentations et des réseaux électriques est, dans le domaine industriel, un
secteur générant des volumes de ventes assez importants sur des produits relativement
spécifiques d‟un point de vue géographique.
En Europe comme partout ailleurs, les réseaux électriques sont en effet très hétérogènes tant
sur le plan technique que sur le plan de l‟organisation de la filière. La densité des réseaux en
Europe rend ainsi le marché particulièrement porteur pour les fournisseurs du secteur dont de
nombreuses sociétés de taille moyenne dont l‟offre est adaptée à la demande locale.
Les fonctions de protection croissantes liées aux alimentations et réseaux électriques sont par
ailleurs porteuses pour l‟électronique puisqu‟elles poussent à intégrer au sein des
alimentations et des réseaux :
Des capacités de monitoring (capteurs)
Des capacités de communication
Des fonctions de stockage de données et d‟énergie
Des spécificités sectorielles comme dans le transport
Par ailleurs, certains secteurs comme en particulier dans le domaine des transports ont de
plus en plus recours à l‟énergie électrique en remplacement des autres sources d‟énergie
(hydraulique, thermique, pneumatique). Ainsi, les secteurs du transport ferroviaire, de
l‟aéronautique ou de l‟automobile, qui sont tous des points forts de l‟Europe, ont des besoins
d‟alimentation électrique spécifiques répondant aux exigences particulières de ces secteurs.
Ainsi certains acteurs fournisseurs de solutions d‟alimentation électriques se spécialisent dans
certains marchés débouchés pour répondre à ces contraintes spécifiques. C‟est en
particulier le cas dans les secteurs du transport ferroviaire ou de l‟aéronautique dont les
47
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
volumes générés permettent difficilement aux grandes sociétés du secteur de proposer une
offre.
3.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain
Alimentation
Dans le domaine des alimentations, l‟amélioration continue des performances des
composants électroniques ainsi que les nouvelles stratégies de développement des
fabricants de composants en particulier dans le domaine de la puissance (cf. More than
Moore) stimule l‟activité de développement électronique des équipementiers du secteur qui
peuvent intégrer des contrôleurs plus précis et rapides, des batteries plus performantes et des
interfaces plus évoluées.
A moyen et long termes, la poursuite de l‟intégration entre les différents éléments de
l‟alimentation (électrique, électronique, mécanique) permettra d‟apporter des gains
importants en terme de performance, d‟encombrement, de coût et de durée de vie. Cette
intégration mécatronique résultera naturellement d‟une approche spécifique liée au
contexte d‟utilisation et à l‟application finale, c‟est à dire d‟une approche système.
Pour l‟ensemble des sociétés de taille moyenne proposant des solutions d‟alimentation, cette
évolution signifie d‟être en mesure d‟intégrer au plus tôt les besoins des clients donneurs
d‟ordre dans le processus de développement électronique ainsi que les contraintes des
fournisseurs. Les travaux de développement en plateau et les phases de co-développement
sont donc amenés à se développer pour les équipementiers du secteur.
Réseaux
En dissociant les activités de production, de transport, de distribution et de
commercialisation, la libéralisation du marché de l‟énergie entraine de nouvelles contraintes
d‟interconnexion des réseaux et un besoin accru de partage de l‟information sur l‟état du
réseau, ses besoins et les capacités disponibles. Toutes ces nouvelles fonctions reposent
naturellement sur plus d‟intelligence et donc d‟électronique au niveau des réseaux
électriques existants.
Les solutions électroniques requises sont en outre spécifiques en raison des normes en vigueur
dans le domaine électrique et des contraintes de puissance particulièrement importantes
dans le secteur qui impose le recours à des technologies dédiées.
Finalement, cette modification du paysage devrait conduire à l‟augmentation de la pression
concurrentielle sur les marchés nationaux. La capacité à maitriser et proposer des offres
innovantes grâce à l‟emploi de solutions électroniques sera un facteur de compétitivité
majeur pour les équipementiers du secteur.
48
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
4. Bâtiment intelligent et domotique
En résumé :
- L‟Europe représente plus du tiers de la production électronique mondiale dans ce
secteur. C‟est le secteur tertiaire qui tire la demande et qui représente l‟essentiel des
débouchés pour l‟électronique
- La pénétration de l‟électronique est lente dans ce secteur où l‟effet du parc installé
est déterminant. La complexité de la chaine de valeur entre le fournisseur
d‟équipement et le client final contribue également à ralentir l‟innovation dans le
secteur
- Le marché est local en raison de l‟existence de normes nationales et la croissance
relativement stable, liée aux cycles d‟investissement dans la construction
- A plus long terme, le bâtiment intelligent aura un rôle clé à jouer en raison de son
poids dans la consommation énergétique globale (jusqu‟à 40% aux USA).
L‟électronique sera au cœur de ces évolutions pour mesurer, réguler et contrôler la
consommation et la production énergétique du bâtiment
- Dans le domaine de la santé, le maintient à domicile des patients ou des personnes
âgées nécessitera également un recours accru aux technologies électroniques dans
l‟habitat.
4.1 Périmètre de l’électronique
Le concept générique de bâtiment intelligent fait référence à l‟usage croissant de dispositifs
électroniques dans les bâtiments et les maisons d‟habitation.
Ces systèmes concernent encore pour le moment la gestion de fonctions simples telles que :
Le chauffage, la climatisation et la ventilation
L‟éclairage et le pilotage des ascenseurs
Les fonctions de sécurité comme le contrôle d‟accès, la vidéosurveillance ou les
alarmes incendies
Au sein de ce marché, on parlera de domotique dès lors que les systèmes électroniques
seront déployés dans l‟habitat individuel, apportant un degré d‟automatisation plus
important de certaines fonctions (commandes de volets roulants, gestion de l‟éclairage et
de la température, etc.).
La production de systèmes électroniques dans le secteur général du bâtiment (y compris la
domotique) représente ainsi environ 3,3 milliards d‟euros en Europe en 2008, soit plus du tiers
de la production mondiale. La structure de cette production en Europe est représentée sur le
graphique suivant qui montre la lente pénétration de la domotique (7% du total) en raison
d‟une structure de marché plus contraignante que dans le secteur tertiaire.
Figure 31 Production électronique pour le bâtiment et la domotique, Europe, 2008
49
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Source DECISION, 2009
Avec 417 millions d‟euros de production de systèmes électroniques en 2008, la France
représente environ 12% de l‟Europe dans ce secteur, les principaux fournisseurs de systèmes
électroniques localisés sur le territoire sont :
CIAT
Carrier (USA)
Delta Dore
Johnson Control (USA)
Legrand
Schneider Electric
Somfy
OTIS
Thales
4.2 Fondamentaux du marché et perspectives
Un marché aux cycles longs
La production de systèmes électroniques dans le domaine du bâtiment et de la domotique
est régionale en raison de normes spécifiques dans chaque pays et d‟une grande
fragmentation de la demande ayant tendance à limiter les volumes.
Cette dispersion de la demande donne une place particulièrement importante aux
installateurs qui vont proposer, installer et maintenir les systèmes fournis par les
équipementiers. Pour les produits plus simples, la grande distribution peut également avoir un
rôle d‟interface avec la demande finale.
Cette relative fragmentation de la chaine de valeur entre le fournisseur de l‟équipement
électronique et le client final a tendance à allonger les cycles d‟innovation et favoriser les
produits matures. Par conséquent, la production des équipements électroniques dans ce
marché a plutôt tendance à être localisée dans des zones à bas coûts de main d‟œuvre.
50
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les équipementiers conservent les fonctions de développement électronique dans ce
secteur, en particulier en raison des normes locales et pour des questions de différenciation
de l‟offre par rapport à la concurrence. Ils peuvent également faire appel à des sous-
traitants de production le cas échéant, en particulier pour les produits bas de gamme.
Le marché du bâtiment présente l‟avantage d‟être relativement stable en comparaison
d‟autres secteurs débouchés de la filière électronique car il est directement lié aux cycles de
la construction immobilière. Les dispositifs électroniques sont en effet très largement intégrés
dans les bâtiments neufs plutôt que dans l‟ancien.
Et à fort potentiel
Avec seulement 1% de croissance de la production européenne sur la période 2008-2013,
l‟impact de la crise tend néanmoins à masquer le réel potentiel de croissance de ce
marché.
La pénétration de l‟électronique dans les solutions du bâtiment entrainent le développement
de nouveaux marchés qui représenteront à terme des volumes très significatifs de
production. A titre d‟exemple, le renouvellement des compteurs d‟eau et d‟électricité par
des compteurs “intelligents”, c‟est à dire capable d‟échanger des informations à distance,
génère pour ERDF en France un marché de 35 millions de compteurs qui doivent être installés
à l‟horizon 2017. Le déploiement de ces nouvelles générations de compteurs doit démarrer
dès 2010.
Au niveau mondial, le marché des compteurs intelligents pourrait atteindre selon certains
cabinets d‟étude des volumes supérieurs à 200 millions d‟unités par an en 2014 soit des
volumes tout à fait similaires aux marchés de masse de l‟électronique (source ABI Research) :
En Europe, la volonté politique est de passer à un compteur intelligent pour tous les
Européens à l‟horizon 2022,
Aux Etats-Unis, une aide de 3,4 milliards de dollars a été octroyée par le
gouvernement fédéral en novembre dernier pour le développement du « smart grid »,
Enfin, la Chine aurait l‟ambition de remplacer 300 millions de compteurs électriques
d‟ici cinq ans environ selon cette même étude.
Dans le domaine du tertiaire, ce sont les communications sans fils entre dispositifs que se
développent de manière très rapides pour assurer des fonctions de régulation (contrôle
d‟ambiance, thermostats, détecteurs de mouvement, etc.)
4.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain
Bâtiment et consommation énergétique
Le bâtiment est un pôle majeur de consommation énergétique à l‟échelle d‟une région ou
d‟un pays :
jusqu‟à 16% des émissions de CO2 en Europe
40% de la consommation énergétique aux USA (21% pour le résidentiel et 19% pour le
tertiaire)
51
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les nouvelles contraintes environnementales qui se développeront dans les prochaines
années aux niveaux national et international stimuleront le recours à l‟électronique dans le
bâtiment pour mieux gérer voire générer l‟énergie localement. Le bâtiment intelligent sera
ainsi une composante essentielle des réseaux électriques intelligents et chaque maison ou
bâtiment pourra générer sa propre énergie (photovoltaïque et systèmes de récupération
d‟énergie), la stocker et l‟échanger avec le réseau électrique en fonction de ses besoins.
Les principaux enjeux techniques pour la filière électronique porteront sur l‟électronique de
puissance pour les systèmes de génération et de récupération d‟énergie, sur la supervision et
le contrôle du bâtiment (compteur intelligent, systèmes de gestion technique centralisée ou
à distance, capteurs et actionneurs), etc.
Les autres domaines porteurs
La notion de bâtiment ou de maison intelligente ne concerne pas uniquement l‟efficacité
énergétique de l‟habitat mais également l‟apport des technologies électroniques dans
d‟autres domaines comme la sécurité, le confort ou l‟assistance.
Outre la mise à disposition dans les bâtiments ou les maisons de nouveaux dispositifs
électroniques, le marché du bâtiment intelligent entraine de facto le développement de
nouveaux services permettant de fournir au client entreprise ou particulier une prestation
complète dans différents domaines comme par exemple :
Bâtiments et maisons sécurisés
Maisons adaptées pour les personnes âgées ou déficientes
Hospitalisation ou télésurveillance à domicile
Etc.
Qu‟il s‟agisse de mieux gérer la consommation d‟énergie ou le fonctionnement du bâtiment
dans son ensemble, les enjeux pour la filière seront nombreux :
Appropriation par les clients,
Nouveaux business models et financement,
Installation et maintenance des systèmes,
Sur le dernier axe, la pénétration croissante de l‟électronique dans les bâtiments et les
systèmes de contrôle et de régulation associés vont entrainer une évolution certaine des
compétences des installateurs et des artisans du bâtiment par qui passera la mise en œuvre
de ces dispositifs. A titre d‟exemple, la chaudière ou la VMC auront un rôle central dans les
systèmes de régulation des bâtiments à économie d‟énergie ce qui nécessitera de nouvelles
interfaces entre métiers jusqu‟à présent isolés (plombiers, électriciens, couvreurs, etc.)
52
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
5. Contrôle et systèmes industriels
En résumé :
-Le principal leadership européen au niveau mondial avec près de 50% de la production
électronique mondiale dans ce secteur
-Les marchés de la vitesse variable, de la supervision et des réseaux industriels représentent
l‟essentiel des débouchés de l‟électronique, devant la commande numérique
-La sous-traitance de production électronique est plus développée dans ce secteur que
dans d‟autres marchés professionnels et l‟électronique, historiquement spécifique, se
standardise
-Dans ce marché comme dans d‟autres secteurs, la capacité des fournisseurs à mettre en
œuvre une approche système et fournir des solutions complètes basées sur différents
équipements interconnectés devient centrale
-Tout comme dans l‟automobile, l‟intégration mécatronique se développe dans le secteur
industriel (en particulier au niveau des interfaces homme machine) et jouera un rôle clé à
l‟avenir
5.1 Périmètre de l’électronique
Quasiment plus aucun produit n‟est exempt d‟électronique et de logiciel dans le domaine
des systèmes industriels.
L‟électronique a pénétré les usines à partir des années 80s avec l‟apparition des machines
outils à commande numérique et des automates programmables. Les équipements ont par
la suite été mis en réseau au sein de l‟usine et la plupart des produits industriels sont
dorénavant dotés de fonctionnalités de communication, entre eux ou avec des outils de
supervision.
En parallèle de ces évolutions l‟électronique a également permis d‟améliorer la commande
des moteurs électriques qui sont massivement utilisés dans l‟industrie (compresseurs,
ventilateurs et pompes) en permettant le contrôle de leur vitesse (vitesse variable).
On peut ainsi distinguer 2 types d‟électronique dans le domaine du contrôle et des systèmes
industriels :
L‟électronique de puissance (plutôt du domaine de l‟électrotechnique) pour la
commande des moteurs,
L‟électronique embarquée classique, de plus en plus numérique, apportant les
capacités de calcul et de communication aux machines.
Aujourd‟hui, la production européenne de dispositifs électroniques pour ce marché
représente environ 38 milliards d‟euros soit près de la moitié de la production mondiale.
L‟Europe et en particulier l‟Allemagne, dispose d‟un leadership très important dans ce
secteur et contribuant fortement à sa position de premier exportateur mondial.
La structure de cette production fait apparaître le poids significatif de la vitesse variable et
des réseaux industriels (incluant les systèmes de supervision et les interfaces homme
machine).
Figure 32 Production électronique pour le contrôle et les systèmes industriels, Europe, 2008
53
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Source DECISION, 2009
Au sein de cette production européenne, la France représente environ 4,2 milliards d‟euros
de production soit environ 11% de l‟Europe. Les principaux équipementiers électroniques
pour ce marché sont en France :
Areva T&D
IBM (USA)
Invensys (Royaume Uni)
Johnson Control (USA)
Honeywell (USA)
Landys & Gyr (Suisse)
Lenze (Suisse)
Leroy-Somer
Schneider Electric
Siemens (Allemagne)
5.2 Fondamentaux du marché et perspectives
La chaine de valeur
Dans le marché du contrôle et des systèmes industriels, les clients des équipementiers
électroniques sont d‟une part les fabricants de machines (tours, centres d‟usinage, systèmes
de convoyage, robots, etc.) et d‟autre part les grandes ingénieries qui réalisent les
installations (raffinerie, agro-alimentaire, etc.) ou encore les installateurs électriques
(Cegelec, Spie, etc.).
Comme évoqué précédemment, la quantité d‟électronique embarquée dans les systèmes
industriels croit de manière significative et certains fabricants de machine ont intégré des
activités de conception et de production de cartes électroniques en interne, en particulier
pour la production de circuits sensibles.
La sous-traitance de la production des équipements électroniques dans le secteur du
contrôle et des systèmes industriels est néanmoins plus développée que dans d‟autres
54
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
secteurs comme celui de l‟habitat en raison d‟un marché plus global et moins dispersé.
La maintenance des équipements et des machines revêt dans ce secteur un caractère
stratégique et ce sont les fabricants des machines qui en ont la charge soit en direct ou par
l‟intermédiaire de prestataires spécialisés. Les machines et les équipements électroniques
qu‟elles embarquent peuvent atteindre des durées de vie très longues (fréquemment une
trentaine d‟années) et leur maintenance représente donc un vrai challenge en particulier
pour l‟électronique embarquée dont les cycles d‟innovation sont beaucoup plus courts.
Vers une plus forte standardisation de l’électronique ?
Les équipements électroniques intégrés dans les usines sont historiquement conçus
spécifiquement pour tenir compte des exigences particulières de l‟environnement industriel
et s‟adapter aux process industriels mis en œuvre par les clients.
Ainsi des réseaux de communication et des systèmes de supervision dédiés ont été
développés par les principaux équipementiers et systémiers du secteur.
La tendance dans le secteur est néanmoins en train de s‟inverser avec l‟usage de plus en
plus systématique de technologies génériques issues du monde de l‟informatique et
adaptées au contexte de l‟usine, en particulier pour les fonctions réseaux et supervision.
Certains domaines clés comme la vitesse variable ont néanmoins recours à des technologies
plus pointues et moins standardisées, en particulier pour l‟électronique de puissance.
Outre la volonté de réduire les coûts et de bénéficier des dernières innovations
technologiques développées pour les marchés de masse, un facteur essentiel poussant à
une plus forte standardisation de l‟électronique embarquée est le développement des
contraintes réglementaires et de la normalisation dans le secteur qui impose le recours à des
procédures de tests de plus en plus pointues.
L‟électronique n‟est pas la seule visée par la standardisation, c‟est également le cas du
logiciel qui connaît une croissance exponentielle et difficilement contrôlable comme dans
d‟autres marchés (cf. automobile).
5.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain
Croissance et nouveaux besoins en perspective
Les grands donneurs d‟ordre adressent un marché mondial structuré d‟une part par le parc
d‟usines existantes qu‟il faut maintenir/moderniser et d‟autre part par les nouveaux projets
d‟investissement qui suivent le rythme de la mondialisation et du progrès industriel.
Compte tenu de la position de leadership de l‟Europe, les cycles de croissance des
équipementiers électroniques du secteur sont fortement liés aux investissements productifs à
travers le monde. La croissance moyenne de la production sur la période 2008-2013 est donc
logiquement impactée par la crise internationale mais reste cependant positive en Europe à
environ 2%. C‟est à plus long terme que le secteur du contrôle et des systèmes industriels offre
les perspectives les plus porteuses pour l‟électronique.
55
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
L‟électronique est en effet un élément central des solutions qui devront être développées
pour répondre d‟une part à l‟évolution des contraintes réglementaires et d‟autre part aux
nécessaires gains de productivité/flexibilité de l‟outil industriel dans son ensemble. Parmi ces
nouvelles contraintes on peut citer :
L‟intégration plus étroite des outils de conception, de production et de mise en
œuvre permettant de :
Concevoir des produits pouvant être industrialisés et produits plus facilement
Concevoir des produits pouvant être réparés et maintenus, etc.
La réduction de l‟empreinte environnementale qui s‟appuiera sur :
le recours systématique aux capteurs et aux systèmes de monitoring et de
contrôle/supervision
le développement rapide de la vitesse variable (les moteurs électriques
représentent aujourd‟hui 70% de la consommation électrique des usines)
La traçabilité et l‟optimisation du cycle de production qui entraineront l‟emploi
d‟électronique à travers toute la chaine logistique et le développement de
nouveaux concepts comme par exemple celui de la maintenance préventive
Développement des systémiers
La plus grande standardisation des briques technologiques utilisées dans le contrôle et les
systèmes industriels (cf. communication de machine à machine) ne signifie pas pour autant
une standardisation du système électronique dans son ensemble. En effet, l‟intelligence du
système et son architecture resteront propres à l‟application visée. C‟est en particulier sur ce
point que la différenciation va s‟opérer entre les systémiers qui seront en mesure de fournir
des solutions globales à leurs clients et les autres fournisseurs.
Un systémier du contrôle industriel sera ainsi en mesure de fournir plusieurs types
d‟équipements et de machines interconnectées de manière à offrir un service global. Ce
développement nécessitera de couvrir une part croissante de l‟infrastructure des clients pour
développer des offres à valeur ajoutée comme :
Optimisation de la facture énergétique,
Optimisation du cycle de maintenance, ou du temps de cycle industriel, etc.
Ces possibilités d‟optimisation pourront être mises en œuvre par les systémiers lors des phases
de développement ou par des prestataires de services au cours du cycle de vie de l‟usine et
via le recours à des moyens de mesure assez fins (capteurs) permettant d‟évaluer différents
paramètres sur les matériels mis en œuvre (consommation, usure, etc.).
56
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
6. Médical
En résumé :
- L‟électronique ne représente à ce jour qu‟environ 10% de l‟ensemble des technologies
médicales, pour l‟instant majoritairement dans le domaine de l‟imagerie (hors informatique
médicale)
- L‟Europe représente 25% de la production mondiale d‟électronique pour ce secteur, en
raison de son leadership dans le domaine historique de l‟imagerie (2 des 3 leaders mondiaux
sont européens)
- Comme dans le domaine du contrôle et des systèmes industriels, la production électronique
a tendance à se rationaliser et se standardiser dans le secteur médical
- … ce qui stimule le recours à la sous-traitance de production électronique et diminue les
frais de maintenance et d‟installation (assurés par les équipementiers)
- A plus long terme, le marché médical offre les perspectives de croissance les plus pérennes
pour l‟industrie électronique en raison de phénomènes structurels (vieillissement de la
population, désertification médicale, croissance des dépenses de santé dans le PIB, etc.) qui
stimuleront le besoin dans les décennies qui viennent
- En 2050, 50% de la population aura plus de 50 ans et les dépenses de santé en France
comptent déjà pour plus de 11% du PIB par an !
6.1 Périmètre de l’électronique
Bien qu‟en croissance régulière, la part de l‟électronique dans l‟ensemble des technologies
médicales est encore relativement faible et estimée aux alentours de 10% (hors informatique
médicale). La pénétration de l‟électronique dans les équipements médicaux est en effet un
phénomène relativement récent, l‟électronique étant jusqu‟à peu essentiellement
cantonnée aux dispositifs d‟imagerie médicale.
La situation change néanmoins et devant les nouvelles demandes du secteur (soins, suivis,
performance, etc.), l‟électronique se généralise à présent dans d‟autres familles
d‟équipements médicaux.
La production d‟équipements électroniques pour le secteur médical représente en Europe 8
milliards d‟euros en 2008 soit environ 25% de la production mondiale. L‟Europe se distingue en
particulier des autres zones de production (en particulier les USA) par une spécialisation très
marquée dans le domaine historique de l‟imagerie médicale. 2 des 3 principaux leaders du
marché sont en effet européens (Philips et Siemens) et le 3ème dispose d‟une implantation
industrielle importante en Europe (General Electric).
57
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Figure 33 Production électronique pour le médical, Europe, 2008
Source DECISION, 2009
Avec 1,2 milliards d‟euros de production d‟équipements électroniques pour le secteur
médical en 2008, la France représente 15% de l‟Europe avec un pôle d‟activité important
dans le domaine de l‟imagerie et quelques acteurs significatifs dans le domaine des
équipements hospitaliers. Sur le marché des implants médicaux, la société ELA Medical
dispose cependant d‟une activité industrielle significative. Les principaux équipementiers
présents en France sont :
GE Healthcare (USA)
Horiba (Japon)
Vygon
Thales Electronic Devices
ELA Medical (Italie, Sorin Group)
Maquet
Fresenius Vial (Allemagne)
Trophy (Kodak, USA)
Teama (Air Liquide)
Trixell (Thales)
Moria
6.2 Fondamentaux du marché et perspectives
Chaine de valeur
Dans une certaine mesure le secteur médical relève d‟une logique de marché voisine de
celle du secteur de la défense avec des exigences de qualité très strictes sur les produits, des
procédures de certification lourdes, des durées de vie longues et des tailles de série
relativement faibles. La conjugaison de ces facteurs contraignants conduit à un degré de
régulation important du marché par les acteurs publics (financement des organismes
d‟assurance).
Contrairement au secteur de la défense, les clients sont cependant beaucoup plus dispersés
dans le secteur médical (les hôpitaux sont les premiers clients) avec des logiques
d‟approvisionnement propres contribuant à une grande fragmentation du marché au
détriment des acteurs industriels.
58
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les profils des équipementiers sont ainsi très variables, depuis la petite entreprise innovante
développant une nouvelle technologie de capteur implantable jusqu‟à la multinationale en
mesure d‟imposer sur le marché de nouvelles solutions de diagnostic précoce en passant par
le fournisseur de dispositif hospitalier souhaitant intégrer plus d‟électronique à ses produits
pour en améliorer les fonctionnalités.
En terme de géographie, les principaux équipementiers du secteur sont américains, les USA
dépensant près de 18% de leur PIB dans les dépenses de santé ce qui stimule l‟activité de
leaders mondiaux comme Medtronic dans le domaine des dispositifs implantable ou GE
Healthcare dans celui de l‟imagerie.
Perspectives d’évolution
La production européenne d‟équipements électroniques pour le secteur médical devrait
croitre en moyenne de 4% par an sur la période 2008-2013 ce qui place le secteur parmi les
plus dynamiques de l‟industrie.
A côté des grands systèmes d‟imagerie médicale dont la croissance reste plus lente en raison
des cycles d‟investissement des hôpitaux, de nombreuses niches correspondant aux besoins
spécifiques du secteur de la santé se développent :
Assistance respiratoire,
Petite imagerie portable
Prothèses
Surveillance/monitoring du patient
Etc.
Comme souvent dans le domaine de la santé, les développements de nouveaux marchés
sont souvent liés à l‟évolution des réglementations qui peuvent imposer le recours à certaines
catégories d‟équipements électroniques comme par exemple dans le cas récent des
défibrillateurs portables rendus récemment obligatoires dans les lieux publics.
Par ailleurs et malgré l‟apparition de nouvelles solutions électroniques dans différents champs
cliniques, les systèmes électroniques dans le domaine médical ont tendance en règle
générale à être de plus en plus standardisés. Cette évolution à un double impact.
Tout d‟abord elle favorise le recours à la sous-traitance, certains acteurs historiques de la
filière sous-traitant l‟intégralité de leur production électronique tout en restant au cœur du
processus de prescription et d‟homologation des équipements, en particulier pour les
fonctions critiques (implants cardiaques, imagerie médicale, etc.).
Dans un second temps, l‟activité d‟installation/maintenance qui reste du ressort des
équipementiers évolue et tend à s‟accélérer. Alors qu‟il y a 10 ans l‟installation d‟un système
d‟imagerie dans un hôpital prenait jusqu‟à 1 mois, ce temps a dorénavant été réduit à 1
semaine, ce qui modifie considérablement les business models des fournisseurs.
6.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain
Une croissance assurée sur le long terme
Parmi l‟ensemble des débouchés de l‟électronique, le secteur du médical est certainement
celui offrant les perspectives les plus importantes sur le long terme pour les fournisseurs en
59
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
raison du besoin structurel d‟amélioration de la productivité et de la qualité des soins.
Les pays développés consacrent entre 8 et 17% de leur PIB aux dépenses de santé, un
montant en croissance constante en raison du vieillissement de leur population. En France et
en Europe, par exemple 50% de la population aura plus de 50 ans en 2050. L‟ampleur des
pressions exercées sur les systèmes de soins, conjuguées à d‟autres problématiques telles que
la désertification médicale entraineront le recours nécessaire aux technologies électroniques
dans le secteur.
Les marchés et technologies porteuses
La croissance de l‟électronique dans le secteur de la santé prendra de nombreuses formes
dans la décennie à venir.
Tout d‟abord les progrès réalisés par l‟électronique en matière de miniaturisation et
d‟intégration permettront aux dispositifs existants d‟améliorer leur performance ou d‟élargir
leurs fonctions thérapeutiques :
Robotisation de blocs chirurgicaux
Prothèses robotisées
Nouvelles générations d‟implants
Etc.
Les systèmes de contrôle et de diagnostic du patient se démocratiseront et sortiront de la
sphère hospitalière pour intégrer d‟autres environnements comme les cabinets médicaux ou
les véhicules d‟intervention (ex. imagerie médicale portative). Ces systèmes devront être
communicants et dotés d‟interfaces plus intelligentes permettant le cas échéant leur
manipulation par des personnels non spécialistes.
Finalement, l‟interconnexion entre l‟environnement hospitalier et le monde extérieur
constituera la base du développement de la télésanté qui permettra à terme la consultation,
l‟expertise ou la surveillance des patients à distance. Ces nouveaux principes et organisations
des soins reposeront sur la mise à disposition d‟équipements électroniques et de réseaux de
communication permettant la mesure et la mise en relation des différents intervenants de la
chaine de soin, depuis le domicile du patient jusqu‟au centre de traitement. Les systèmes
d‟information et de gestion sur lesquels reposeront ces organisations seront stratégiques et
devront présenter un très haut niveau de sécurité « électronique ».
Le secteur médical se trouve donc au cœur d‟une problématique d‟intégration transversale
faisant intervenir plusieurs champs :
Technologique : du composant aux systèmes d‟information et de communication
Industriel : processus de certification et fragmentation du marché
Economique : nouveaux services et business model, financement de l‟innovation et
retour sur investissement
60
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
7. Energies renouvelables et éclairage
En résumé :
- L‟électronique est dorénavant omniprésente dans le domaine des énergies renouvelables
et des nouveaux dispositifs d‟éclairage
- L‟Europe représente 25% de la production mondiale d‟électronique pour ce secteur où la
France accuse un retard par rapport à ces voisins
- Malgré ce retard et une concurrence mondiale féroce, la filière industrielle se structure en
France, en particulier dans le domaine du photovoltaïque
- La demande vis-à-vis des technologies électroniques est forte et pérenne dans ce secteur
grâce aux nouveaux services que l‟électronique peut contribuer à développer
7.1 Périmètre de l’électronique
L‟électronique contribue au marché des énergies renouvelables de différentes façons :
Directement lorsque les dispositifs électroniques permettent de générer directement
l‟énergie électrique comme par exemple dans le cadre des panneaux
photovoltaïques (conversion directe de l‟énergie solaire)
Indirectement lorsque l‟électronique est utilisée dans le contrôle des alternateurs
permettant de générer l‟énergie électrique grâce à un actionnement mécanique,
lui-même généré par une source d‟énergie primaire (éolienne, solaire thermique,
hydraulique)
Seul le marché direct, c‟est à dire à l‟heure actuelle celui des cellules photovoltaïques, est
comptabilisé dans la production électronique pour le secteur des énergies renouvelables.
Dans le cas des marchés indirects, la production électronique se retrouve ventilée dans
d‟autres secteurs d‟application comme par exemple les systèmes et contrôles industriels ou
les alimentations et réseaux électriques, etc.
Par convention, les dispositifs électroniques utilisés dans les systèmes d‟éclairage sont
également associés au domaine des énergies renouvelables en raison de leur influence sur la
consommation d‟électricité. L‟éclairage est un secteur dans lequel les technologies
électroniques n‟étaient pas utilisées historiquement mais la situation évolue fortement.
En effet le nouveau segment des lampes à économie d‟énergie qui regroupe les lampes à
décharge, les LEDs et les systèmes de contrôle associés utilise les technologies électroniques
contrairement aux traditionnelles lampes à incandescence. L‟électronique est ainsi exploitée
tant au niveau de la génération de lumière (LED) qu‟au niveau de l‟alimentation des lampes2
ou des systèmes de gestion évolués de l‟éclairage. Compte tenu des volumes de marché
considérés, cette évolution technologique constitue de facto un nouveau marché très
porteur pour les fournisseurs de dispositifs électroniques.
La production d‟équipements électroniques en Europe dans ces deux applications
représente 6,2 milliards d‟euros en 2008, répartis approximativement à part égale entre le
photovoltaïque et l‟éclairage. L‟Europe représente ainsi de l‟ordre de 25% de la production
mondiale dans ces deux domaines.
Figure 34 Production électronique pour les énergies renouvelables et l’éclairage, Europe,
2008
2 Le recours aux ballasts électroniques en remplacement des ballasts ferromagnétiques permet de réduire la
consommation électronique de 20% (source Syndicat de l‟Eclairage)
61
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Source DECISION, 2009
La production française est quant à elle beaucoup plus limitée avec 300 millions d‟euros et
seulement 5% de l‟Europe et rares sont les acteurs de taille significative présents en France
dans le domaine.
Cette situation est néanmoins en train d‟évoluer car même si la France a raté le train de la
1ère génération de cellules photovoltaïques contrairement à l‟Allemagne qui est devenue
leader sur ce secteur, elle s‟est résolument positionnée sur la 2ème et bénéficie d‟un effet
“rattrapage”3 sous l‟impulsion du CEA.
7.2 Fondamentaux du marché et perspectives
Influence des réglementations
Le secteur des énergies et de l‟éclairage, compte tenu des infrastructures en place dans
chaque pays, est un marché à forte inertie où le poids de la réglementation nationale voire
régionale joue un rôle déterminant.
Les objectifs fixés par les états sur la place des énergies renouvelables dans le futur mix
énergétique sont un facteur de stimulation du marché considérable. Les objectifs fixés à
l‟échelle européenne sont ambitieux puisque les états membres ont signé en Mars 2007 un
accord contraignant fixant à 20% le seuil des énergies renouvelables dans la production
d‟énergie en Europe.
Dans le secteur de l‟éclairage, les directives européennes EUP (Energy Using Product)
favorisent également le développement des dispositifs électroniques de pilotage dans les
systèmes d‟éclairage. Ces évolutions entrainent une réorganisation de la chaine de valeur
industrielle et des procédés de production.
L‟impact des régulations sur le développement des marchés, voire de l‟offre industrielle, est
particulièrement illustré dans la filière du photovoltaïque. C‟est l‟Allemagne qui la première
s‟est investie dans ce secteur avec le programme « 1 million de toits solaires » qui a permis de
structurer une filière de développement, de production et d‟installation nationale. La Chine
et les USA sont également à la pointe dans ce domaine et bénéficient de programmes de
soutiens très significatifs.
3 Lancement du consortium PV20 en Février 2010, créant une filière française de production photovoltaïque
totalement intégrée (du silicium au panneau assemblé)
62
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Dans le domaine de l‟éclairage, ce sont essentiellement aux Japon, en Europe et aux USA
que les savoir-faire et les principaux fournisseurs se concentrent (Philips, Siemens, General
Electric, Toshiba, Omron).
Réorganisation des activités de production
Dans le domaine des énergies renouvelables comme dans celui de l‟éclairage, le rôle de
plus en plus prépondérant joué par les technologies électroniques stimule considérablement
l‟innovation du secteur.
La proximité de ces technologies avec la filière du semi-conducteur (cellules
photovoltaïques, LEDs) pousse les industriels du secteur des composants électroniques à
investir sur ces nouveaux débouchés :
Dans le domaine de l‟énergie solaire
Un regroupement d‟entreprise de haute technologie (cluster) s‟est formé dans la
région de Dresde en Allemagne (bassin de la société Infineon) dans le
développement et de la production de cellules photovoltaïques,
D‟autres acteurs comme le Japonais Sharp (spécialiste de la production d‟écrans
plats) ou STMicroelectronics ont récemment annoncé des programmes
d‟investissement dans ce domaine en Europe
Dans le domaine de l‟éclairage, l‟industrie du semi-conducteur investit également
massivement, en particulier sur les technologies de LEDs
C‟est dans le domaine de l‟éclairage que la rupture technologique est la plus importante
pour les acteurs en raison de l‟existence d‟une filière industrielle historique dans ce domaine
et des contraintes d‟adaptation qui en découlent, en particulier au niveau de l‟outil
industriel.
S‟agissant de la production d‟équipements électroniques dans le secteur des énergies
renouvelables et de l‟éclairage, la croissance moyenne pendant la période 2008 à 2013 est
donc dynamique avec toutefois des disparités en fonction des segments, de 20% dans le
secteur de l‟énergie solaire à 7% dans l‟éclairage.
7.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain
Une croissance pérenne du secteur
Les perspectives de croissance citées pour la période 2008 à 2013 devraient se prolonger
jusqu‟en 2020 et à mesure que le déploiement des nouvelles solutions de production
d‟énergie et d‟éclairage se poursuivra sous les effets conjugués de la réglementation, de la
sensibilité de l‟opinion et des principes de financement (primes, tarifs de rachat d‟électricité,
etc.).
Au niveau national, certains soubresauts pourront avoir lieu à mesure que les systèmes
d‟accompagnement se mettent en place ou disparaissent (cf. marché espagnol du
photovoltaïque) qui ne remettront nullement en cause la demande du secteur dans son
ensemble. La France bénéficiera quant à elle d‟un effet de rattrapage dans le marché du
photovoltaïque en raison du retard accumulé ces dernières années.
63
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Une innovation portée par l’électronique
D‟un point de vue technologique, la bataille se concentrera sur l‟amélioration des
rendements énergétiques et lumineux, principalement en raison des progrès attendus dans le
domaine des matériaux et des technologies de fabrication des dispositifs électroniques dans
lesquels les acteurs du semi-conducteur continueront d‟investir dans les années qui viennent.
En parallèle du progrès au niveau des cellules élémentaires, la mise en place de systèmes de
contrôle et de régulation intelligents permettra également d‟améliorer significativement le
coût global de ces technologies pour le moment prohibitif sans système
d‟accompagnement extérieur. A titre d‟exemple, un système d‟éclairage équipé d‟une
électronique de contrôle et d‟un dispositif de gestion de l‟éclairage (détection de présence
et de la lumière du jour) permet d‟économiser jusqu‟à 70% d‟énergie par rapport à une
solution traditionnelle.
Ces systèmes de contrôle et de régulation reposeront à terme sur des solutions industrielles
interopérables sur lesquelles s‟appuieront de nouveaux services à valeur ajoutée permettant
de modéliser, prédire, informer, adapter le besoin énergétique et les capacités de
production.
64
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
8. Ferroviaire
En résumé :
- Un marché de niche pour l‟électronique où l‟Europe représente 75% de la production
mondiale
- Le secteur ferroviaire est parmi les secteurs les plus porteurs pour les entreprises de la filière
électronique, y compris en France
- Comme dans d‟autres secteurs d‟application, les donneurs d‟ordre du secteur ferroviaire
travaillent de plus en plus avec les sous-traitants de l‟électronique
- A l‟avenir, les progrès en électronique de puissance et le développement du confort et de
la sécurité à bord ainsi que l‟ouverture des marchés du transport ferroviaire stimuleront le
développement de l‟électronique embarquée dans les trains
8.1 Périmètre de l’électronique
Le développement de l‟électronique dans le domaine ferroviaire est historiquement lié à
celui de la traction électrique à bord des matériels roulants (électronique de puissance) ainsi
qu‟au développement du confort et de la sécurité à bord nécessitant le recours à des
dispositifs électroniques pour le marché dit des auxiliaires (calculateurs et cartes
électroniques pour les portes, la climatisation, etc.).
Un dernier segment utilisant de l‟électronique dans le secteur ferroviaire est celui de la
signalisation et de l‟information dans le domaine des infrastructures (systèmes d‟affichage,
relais et systèmes de communication, etc.).
Prise dans son ensemble, l‟industrie ferroviaire représente un débouché relativement faible
pour l‟électronique. Avec 1,5 milliards d‟euros de production d‟équipements électroniques
dans ce secteur, l‟Europe représente 75% de la production mondiale. Cette production est
très majoritairement concentrée sur les segments du matériel roulant incluant les dispositifs de
traction et les auxiliaires, la signalisation ne représentant que 13% de la production en Europe.
Le leadership européen s‟explique en grande partie par la présence de grands leaders
internationaux en particulier en Allemagne et en France comme Siemens, Alstom et
Bombardier, ainsi que par le degré de déploiement des infrastructures ferroviaires en Europe
qui alimente une activité de production et de maintenance de dispositifs électroniques très
fragmentée au niveau local.
65
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Figure 35 Production électronique pour le ferroviaire, Europe, 2008
Source DECISION, 2009
Au sein de l‟Europe, la France représente environ 300 millions d‟euros de production
électronique soit 20% du total européen. Les principaux équipementiers présents en France
sont:
Alstom
Bombardier (Canada)
Faiveley
8.2 Fondamentaux du marché et perspectives
Structure du marché et évolution de la chaine de valeur
Le secteur du transport ferroviaire est totalement globalisé avec 3 acteurs majeurs en mesure
de développer des solutions de transport ferroviaire complètes :
Siemens (Allemagne),
Bombardier (Canada) en particulier depuis le rachat de la société française ANF
Industrie en 1989 et de la société allemande ADTranz en 2001,
Alstom (France) qui a récupéré en France les compétences développées par les
SNCF dans les années 1970 dans le cadre du programme TGV,
Les principaux concurrents de ces grands acteurs sont japonais (Mitsubishi) à une échelle
moins importante cependant.
Les grands équipementiers conçoivent et fabriquent leurs propres équipements dont une
partie de l‟électronique associée, en particulier pour certaines fonctions critiques comme
l‟électronique de puissance associée à la traction électrique des rames. Le reste de
l‟électronique, jugée moins critique, est plus facilement confiée à la sous-traitance bien que
certaines activités de développement et de production demeurent intégrées.
L‟électronique de puissance est une composante clé du savoir-faire des équipementiers
ferroviaires car elle contribue directement aux performances des trains et rares sont les
fournisseurs de systèmes électroniques maitrisant ces niveaux de puissance. A titre
66
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
d‟exemple, le TGV de 4ème génération développé et fabriqué par Alstom (AGV) dispose
d‟une motorisation répartie sur l‟ensemble de la rame contrairement aux versions
précédentes des TGV. Cette architecture novatrice a été rendue possible grâce au degré
d‟intégration des modules de conversion de puissance qui a permis de loger les moteurs et
leur électronique directement sur les bogies des rames.
Croissance du secteur
Le secteur ferroviaire a été ces dernières années un domaine très porteur avec une
croissance des ventes mondiales d‟équipements à deux chiffres en raison de 2 facteurs :
la croissance du besoin en infrastructure de transport des pays émergents (en
particulier de la Chine)
le renouvellement ou l‟installation de nouvelles infrastructures de transports publics
dans les pays industrialisés (tram, liaisons régionales)
Entre 2008 et 2013, la production d‟équipements électroniques pour le secteur ferroviaire
devrait croitre en Europe de 5,5% ce qui correspond à un rythme moins soutenu que ces
dernières années. La crise financière mondiale a ainsi rendu le financement de certains
investissements plus difficile, limitant de fait la croissance de la demande mondiale.
8.3 Macrotrends 2020 et impacts sur la supply chain
Les progrès et les innovations à venir dans le transport ferroviaire sont en grande majorité
porteurs d‟une amplification du contenu électronique dans la valeur ajoutée des
équipementiers qui reste pour le moment relativement faible.
Tout d‟abord certaines améliorations progressives en matière de puissance, de vitesse, de
fiabilité voire de pilotage automatique des rames seront introduites. Elles reposeront sur une
capacité d‟intégration supérieure de l‟électronique dans l‟environnement ferroviaire et une
miniaturisation progressive des éléments de puissance.
Plus généralement, l‟électronique pénétrera de nombreuses catégories d‟équipement :
Dans le domaine de la sécurité : freins, portes et solutions de lutte contre le
vandalisme (vidéo-surveillance, alarmes, etc.)
Dans le domaine de traction : développement de l‟intégration de l‟électronique de
puissance avec la gestion et le stockage de l‟énergie
Pour les voitures : gestion adaptative de la consommation des auxiliaires, de
l‟éclairage, services à bord (communication et multimedia), information passager,
etc.
Pour l‟infrastructure : interconnexion des réseaux (multi-tension), environnement
multi-opérateur, etc.
Dans ce contexte, la valeur ajoutée des équipementiers consistera de plus en plus à
appréhender et proposer des systèmes complets comme par exemple un système de
pilotage ou la configuration d‟un système de signalisation, etc. Cette capacité nécessitera
des compétences de plus en plus pointues en électronique.
67
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Partie III : caractérisation des métiers de l’électronique et enjeux
Rappel des enquêtes conduites
68
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Synthèse
Les grandes tendances :
Les compétences sont tirées vers le haut sous l‟effet croisé de plusieurs facteurs comme les
progrès de l‟intégration électronique, l‟accélération du rythme des innovations et les
exigences de formation continue toujours plus importantes
Les besoins en compétences électroniques sont réels dans certains domaines industriels clés
pour la France, en particulier pour les spécialités du test et de l‟électronique analogique
Les sous-traitants de production électronique sont les acteurs sur lesquels les transferts de
compétences au sein de la chaîne de valeur sont les plus critiques
La poursuite de la pervasion de l‟électronique dans de nouveaux secteurs conduira à la
création de nouveaux métiers et compétences, en particulier dans les fonctions d‟installation
et de maintenance/diagnostic/mesure
Les constats :
Dans certains secteurs clés comme l‟électronique analogique et en particulier l‟électronique
de puissance ou encore dans le domaine de l‟électromagnétisme, la demande excède
sensiblement l‟offre de travail et les compétences manquent
Une formation spécifique à la mesure électronique (métrologie en courants faibles) serait très
appréciée par les industriels
Il apparaît nécessaire aux industriels de casser les cloisons des formations initiales et de
favoriser les profils de formation plus transversaux de la conception jusqu‟à la production
La fonction de chef de projet polyvalent devient de plus en plus critique pour piloter des
projets qui font intervenir un champ d‟expertise toujours plus large
Les profils de techniciens spécialisés sont trop rares (la plupart des techniciens supérieurs
poursuivent des études d‟ingénieur)
Les risques :
L‟électronique, c‟est avant tout le matériel (le hardware). Les compétences dans ce
domaine sont de plus en plus faibles en France suite aux crises de 2001 et 2009 qui ont
fragilisé les activités de production
C‟est en particulier dans les métiers de l‟industrialisation que les compétences clés doivent
être maintenues de manière à préserver les capacités d‟innovation de l‟industrie
La filière électronique souffre d‟un déficit d‟attractivité notable vis-à-vis des étudiants qui fait
peser un risque important à terme sur le développement des entreprises du secteur
69
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
1. Grandes fonctions industrielles
Les enquêtes conduites auprès des acteurs de la filière électronique (utilisateurs, concepteurs, fabricants, etc.) ont permis d‟isoler 11 types de fonctions
pouvant être occupées par les électroniciens au sein des entreprises. Ces fonctions peuvent elles-mêmes être décomposées en 24 spécialités différentes
correspondant chacune à des savoir-faire et des profils particuliers. Le tableau suivant représente l‟ensemble de ces fonctions qui concernent 4 grands
jalons de valeur ajoutée dans l‟entreprise : la Conception, l‟Industrialisation & Test, la Production et la Maintenance & Réparation.
Figure 36 Fonctions des électroniciens en entreprise
70
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les fonctions précédentes peuvent toutes être occupées par des électroniciens mais les
savoir-faire propres de l‟électronique sont plus ou moins dominants dans ces fonctions. Le
graphique suivant a pour objet d‟illustrer ces dominantes électroniques, les fonctions
indiquées au centre étant celles à forte dominante électronique alors que celles situées à
l‟extérieur ne relèvent pas directement de compétences électroniques. Ainsi, sur les 11
types de fonctions et 24 spécialités identifiées plus haut, seules 14 spécialités peuvent être
considérées à forte dominante électronique (indiquées en blanc sur le graphique).
Les principaux contingents d‟électroniciens dans les entreprises sont situés dans les
fonctions de conception et d‟industrialisation&test.
71
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
1.1 Conception
Ce sont dans les activités de conception qu‟on retrouve l‟essentiel des contingents
d‟électroniciens dans les entreprises, en France comme ailleurs.
Dans la conception d‟un système complexe faisant intervenir de l‟électronique, les
savoir-faire propres à l‟électronique interviendront pour effectuer le lien avec le
matériel. On retrouvera ainsi plusieurs métiers propres au savoir-faire de
l‟électronicien :
Conception matérielle/hardware : architecture matérielle et conception
du schéma électronique, simulation de haut niveau
Conception carte : implémentation du schéma électronique sur la carte
Placement, routage des composants
Simulation physique
Conception logicielle (firmware) : double compétence électronique et
informatique (fonction généralement occupée par des électroniciens)
On retrouve également des profils d‟électroniciens dans les domaines de la
conception système bien que cela résulte plutôt d‟une évolution de carrière plutôt
que d‟une spécificité du métier d‟électronicien.
Les conceptions matérielles et cartes font toutes deux appel à des ingénieurs et
des techniciens supérieurs avec une prédominance des ingénieurs dans la
conception matérielle et des techniciens supérieurs dans la conception carte où le
degré de spécialisation est plus élevé.
Figure 37 Fonctions des électroniciens dans le domaine de la conception et
dominantes électroniques
72
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Modélisation et approche système
La plupart des produits électroniques sont dorénavant plus intelligents et
communicants. Ils doivent donc prendre en compte un environnement d‟utilisation
et des interfaces de plus en plus riches tant sur le plan matériel que logiciel.
L‟électronique est par ailleurs de plus en plus utilisée dans des systèmes embarqués
avec des contraintes d‟environnement sévère (électronique haute température,
environnement vibratoire, agression chimique, etc.) devant être prises en compte
dès les premières phases de conception de manière à assurer la fiabilité du
système.
Pour appréhender cette complexité et ce degré d‟intégration, la conception
système impose un recours accru à la modélisation et à la simulation ainsi que
l‟ouverture sur des champs de compétences transverses.
Le développement de la mécatronique fournit une bonne illustration des
nouveaux besoins en compétences transverses dans certains secteurs comme en
particulier l‟automobile, l‟aéronautique ou les actionnements industriels. Son
développement entraîne de nouvelles organisations au niveau des cycles de
conception faisant intervenir différent profils d‟expertises (mécanique,
électronique, électrotechnique) autour de projets d‟intégration.
Les ingénieurs électroniciens et automaticiens sont particulièrement utilisés dans le
développement des modèles nécessaires à la simulation des systèmes complexes
fortement intégrés. Ces postes nécessitent généralement cependant une grande
expérience et il est difficile d‟appréhender ces savoir-faire dans le cadre de la
formation initiale.
Conception matérielle et logicielle
Deux évolutions majeures des technologies électroniques influencent directement
les fonctions de conception électronique depuis les années 90s, d‟une part le
passage de l‟électronique analogique au „tout numérique‟ et d‟autre part la
croissance exponentielle du logiciel dans les équipements.
Electronique analogique et électronique numérique :
Les systèmes électroniques se sont massivement numérisés au cours de la dernière
décennie suite à certaines ruptures technologiques majeures comme le
développement de la micro-informatique, d‟internet et des communications
mobiles dont les systèmes reposent en grande partie sur ce type d‟électronique.
L‟électronique numérique constitue dorénavant l‟épine dorsale de la majorité des
équipements électroniques.
La croissance de la complexité des systèmes numériques est beaucoup plus rapide
que celle des systèmes analogiques et elle impose pour les concepteurs un degré
d‟abstraction plus important par rapport aux technologies de base.
Cela se traduit par la prédominance des savoir-faire de programmation et des
modèles de simulation dans les phases de conception numérique, les briques
technologiques de base étant de plus en plus standardisées.
La conception
système nécessite
l‟ouverture sur un
large champ de
compétence et
beaucoup d‟expérience.
73
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Cette dichotomie entre la conception des systèmes numériques et analogiques a
ainsi conduit à la spécialisation progressive des profils de concepteurs
électroniciens entre d‟une part les numériciens rompus à la conception
fonctionnelle et aux simulations de haut niveau, et d‟autre part les analogiciens
dont le rapport à la technologie et aux processus physiques mis en œuvre
demeure beaucoup plus fort.
Si l‟électronique numérique s‟est fortement développée depuis les années 1990,
l‟électronique analogique reste néanmoins au cœur des systèmes utilisés dans
certains secteurs clés en France comme l‟automobile, l‟industriel ou l‟aéronautique
défense. Par ailleurs, les nouveaux besoins sociétaux dans les domaines de
l‟énergie ou de la santé font pour la plupart appel à une forte proportion
d‟électronique analogique dans les systèmes.
Finalement et par opposition à l‟électronique numérique, la conception
analogique est moins standardisée et repose sur des profils ayant plus
d‟expérience, elle est donc moins facilement délocalisable.
Les profils d‟analogiciens sont pourtant en pénurie en France suite à la bifurcation
des formations sur l‟électronique numérique dans le courant des années 1990s.
Parmi certaines compétences en pénurie avérée, on retrouve celles liées à
l‟électronique de puissance et à l‟électromagnétisme.
Développement du contenu logiciel dans la valeur ajoutée :
Comme indiqué précédemment, le développement de l‟électronique numérique
s‟est accompagné d‟une plus forte standardisation du matériel au sein des
équipements.
La croissance du logiciel dans les systèmes répond ainsi à une exigence de
différenciation pour les donneurs d‟ordre qui peuvent ainsi personnaliser plus
rapidement leurs équipements et apporter de nouvelles prestations à moindre
coût. Le logiciel permet également d‟apporter de la flexibilité en autorisant
certaines mises à jour sans pour autant changer de matériel.
Depuis la fin des années 90s, la quantité de logiciel dans les équipements
électroniques progresse de façon exponentielle ce qui n‟est pas sans poser
problèmes à certains secteurs comme l‟automobile ou l‟industriel qui doivent
appréhender rapidement ces nouveaux savoir-faire.
La conception du logiciel ne relève pas à proprement parler d‟une compétence
électronique, mais plutôt d‟une compétence d‟informaticien ou d‟automaticien
selon le type d‟application visé en raison d‟un fort degré d‟abstraction par rapport
au matériel (logiciels applicatifs). Néanmoins, certains logiciels sont plus proches du
matériel et ont pour fonction d‟effectuer les passerelles entre les deux mondes
(logiciels firmware). Les électroniciens peuvent ainsi évoluer vers la conception de
cette dernière catégorie de logiciel en raison de leur connaissance du matériel.
Les concepteurs de firmware auront une place de plus en plus centrale à l‟avenir
car ils maîtriseront les optimisations entre le Hard et le Soft. Ils restent néanmoins
une minorité dans les équipes de conception logiciel (15 à 20% des concepteurs).
L‟électronique
analogique
concentre
l‟essentiel des
besoins en
conception
électronique.
74
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Principaux enjeux liés aux activités de conception électronique
Comme évoqué précédemment, le niveau d‟abstraction par rapport au matériel
dans les activités de conception a tendance à croitre depuis les années 1990 alors
que les nouveaux besoins dans les domaines de l‟énergie, de la santé ou des
systèmes fortement intégrés (mécatronique, etc.) remettent la technologie au
cœur des problématiques de conception. Les compétences des concepteurs de
l‟électronique seront ainsi tirées à l‟avenir vers la chimie, les matériaux et la
physique.
Outre les besoins en innovation, la capacité des industriels à répondre à un
environnement réglementaire de plus en plus contraignant, en particulier au
niveau de l‟impact environnemental (traçabilité, éco-conception, recyclage,
etc.), nécessite de garder un lien étroit entre la conception et l‟environnement de
production ce qui nécessitera une évolution des filières de formation à terme.
A plus court terme, on constate dès à présent une remontée des compétences
d‟industrialisation plus en amont dans les phases de conception tant au niveau du
test que de la production elle-même :
Design for Test : consiste à influer sur la conception matérielle et carte d‟un
équipement pour faciliter sa testabilité une fois l‟équipement en production
Design for Manufacturing : consiste à influer sur la conception matérielle et
carte d‟un équipement pour faciliter et fiabiliser sa production sur chaîne
Cependant les formations d‟ingénieurs et de techniciens de conception n‟ont plus
de lien avec la production des systèmes électroniques malgré les tendances de
fonds évoquées plus haut. Beaucoup d‟industriels jugent ainsi souhaitable de
réintégrer ces savoirs dans les cycles de formation initiale.
De nombreux industriels indiquent également des difficultés de recrutement sur les
profils de techniciens supérieurs électroniciens, allant jusqu‟au recrutement
d‟ingénieurs pour effectuer des tâches de techniciens supérieurs le cas échéant
(en particulier dans le domaine du test).
Finalement c‟est certainement le manque de compétence en électronique
analogique et en électronique de puissance qui apparaît comme le fait le plus
marquant dans les fonctions de conception électronique à une période où ces
technologies constituent un savoir-faire clé dans nombre de secteurs allant des
transport aux futurs réseaux électriques intelligents ou à la domotique.
Des compétences
liées à
l‟industrialisation
et à la production
remontent à
présent dans les
phases de
conception.
Les techniciens
supérieurs
manquent dans
les domaines de
la conception, et
en particulier
dans la
conception des
tests
75
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
1.2 Industrialisation & Test
La progression des exigences de qualité vis-a-vis des systèmes électroniques est
une constante à travers les filières utilisatrices, en particulier celles représentées en
France dans les marchés professionnels.
Ces exigences rendent les fonctions d‟industrialisation et de test de plus en plus
critiques pour assurer la qualité finale des équipements et les niveaux de
performances requis.
Au sein de ce domaine, on peut identifier 3 grands types de fonction faisant appel
aux compétences des électroniciens :
Process et méthodes : correspond aux activités d‟ingénierie de production
et de support
Marketing achats : correspond aux fonctions d‟interface technique entre
les fournisseurs de composants ou de sous-systèmes et les donneurs d‟ordre
Tests : correspond aux tests conduits sur les dispositifs électroniques
Selon le positionnement des entreprises et leur rôle au sein de la chaîne de valeur,
ces différentes fonctions peuvent le cas échéant employer un grand nombre de
techniciens supérieurs et d‟ingénieurs électroniciens.
On constate néanmoins une prédominance des profils de techniciens supérieurs
dans les fonctions d‟industrialisation et de test en raison de la proximité de ces
fonctions avec l‟environnement et les process de production.
Les fonctions de marketing achat et les tests physiques nécessitent le plus de
savoir-faire électronique dans les fonctions d‟industrialisation et de test.
Figure 38 Fonctions des électroniciens dans le domaine de l’industrialisation / test,
et dominantes électroniques
76
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Process et méthodes industrielles
Le driver de l‟intégration
Les progrès continus réalisés par l‟électronique en matière d‟intégration nécessitent
la mise en œuvre d‟équipes expertes des process et méthodes industrielles parmi
les utilisateurs et les fabricants de systèmes électroniques. L‟intégration ne peut en
effet être conduite sans connaissance des technologies et procédés de
production.
Les équipes des méthodes industrielles sont ainsi, au même titre que les achats ou
la qualité, impliquées très en amont dans les revues de conception.
Parmi ces équipes expertes en process et méthodes, les compétences sont très
diverses en raison de la variété croissante des technologies mises en œuvre dans
les systèmes électroniques. Les profils sont plutôt des électroniciens avec des
formations d‟ingénieurs et de techniciens supérieurs couplées à une forte
expérience de l‟environnement de production. On trouve aussi des profils de
métallurgistes, de physiciens et de chimistes dans ces fonctions.
Les crises de 2001 et 2009 ont entraîné des pertes importantes de compétences au
niveau des activités de production et d‟industrialisation électronique en France.
Alors que certains industriels se sont désengagés de ces activités suite à la mise en
place de stratégies de type fabless, d‟autres cherchent à les maintenir ou les
développer par l‟intermédiaire d‟investissements en propre ou mutualisés.
Maîtrise de la fiabilité électronique
Certains secteurs industriels français, en particulier dans le domaine des
équipements embarqués, sont soumis à des contraintes environnementales ou
réglementaires spécifiques et la plupart représentent des débouchés trop faibles
pour influencer les développements technologiques de la filière électronique
(niches industrielles, aéronautique/défense, ferroviaire, médical, etc.). Ces secteurs
sont donc contraints d‟exploiter les technologies électroniques aux limites de leurs
performances d‟où un contrôle très strict au niveau des process et des méthodes
afin d‟assurer le niveau de fiabilité nécessaire.
Marketing achat
Maîtrise des fournisseurs et de la valeur ajoutée :
Sur une carte électronique, les composants peuvent représenter jusqu‟à 85 à 90%
de la valeur ajoutée. Les achats et les relations fournisseurs revêtent donc un
caractère stratégique dans la filière électronique. Si la fonction achat repose
principalement sur un savoir-faire de négociation, les fonctions en amont
regroupées sous le terme de marketing achat nécessitent a contrario des
compétences électroniques spécifiques.
L‟intégration
croissante de
l‟électronique
et la fiabilité
entrainent de
nouvelles
exigences sur
les process de
production et
la maitrise des
technologies.
77
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les principales fonctions liées au marketing achat sont :
La définition de la stratégie fournisseur : généralement des profils
d‟ingénieurs électroniciens en mesure de conduire des audits techniques et
de qualifier des fournisseurs,
Le suivi de la relation fournisseur : généralement des profils de techniciens
supérieurs avec de l‟expérience pour comprendre et gérer les problèmes
de qualité chez les fournisseurs (variabilité des spécifications, dérives,
rupture d‟approvisionnement, etc.),
La gestion de certaines contraintes spécifiques comme l‟obsolescence des
cartes et des composants : généralement des profils de techniciens
supérieurs électroniciens en interaction avec les bureaux d‟études,
Ces différentes fonctions sont donc occupées par des ingénieurs ou des
techniciens supérieurs électroniciens selon les compétences requises. Elles
impliquent toutes la capacité de conduire des audits chez les fournisseurs et/ou
des analyses sur les plans techniques et industriels.
Des reports de compétences sur les acheteurs :
A moyen terme et dans une optique de réduction de coûts, les fonctions de
marketing achat auront naturellement tendance à se reporter sur les acheteurs qui
verront leurs profils monter en compétence et intégrer plus de savoir-faire
spécifique à l‟électronique.
Chez certains équipementiers et architectes systémiers, les fonctions achats sont
ainsi d‟ores et déjà massivement confiées à des ingénieurs électroniciens ayant
précédemment occupé des fonctions de conception.
Le développement de l‟intégration des systèmes électroniques comme par
exemple celui de la mécatronique a également un impact important sur les
compétences des acheteurs qui doivent être en mesure de négocier des systèmes
et des fonctions complètes à plus forte valeur ajoutée. La stratégie et le suivi des
fournisseurs doit donc s‟adapter à cette nouvelle donne.
Tests physiques
Des besoins en croissance :
En parallèle des contraintes de qualité et de fiabilité, les exigences qui reposent sur
les tests des équipements électroniques sont de plus en plus sévères et nécessitent
pour les acteurs de la filière la mise en place de moyens spécifiques.
Les fonctions liées au test des produits sont donc en plein essor au sein des
entreprises qui peuvent le cas échéant développer des équipes spécialisées pour
réduire les coûts associés à ces phases. Les contingents de personnels associés
peuvent en effet être importants dans certains secteur où la réglementation est
particulièrement importante (médical, industriel, bâtiment, etc.).
Les achats
peuvent
représenter
jusqu‟à 85% de
la valeur
ajoutée d‟une
carte
électronique. La
maitrise des
fournisseurs est
donc
stratégique et
relève de
savoir-faire
électroniques.
78
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Différentes spécialités de test :
Il convient de distinguer plusieurs sous-catégories dans le domaine du test qui reste
en règle générale du ressort des techniciens (opérateurs de test) et techniciens
supérieurs (mise en place et analyse des tests) :
Tests produits : conduits sur les produits ou les logiciels sur la base de
différentes configurations généralement établies par l‟équipementier ou
l‟architecte/systémier. La mise en œuvre de ces tests nécessite
relativement peu de compétences électroniques.
Tests de déverminage : liés à la qualification des équipements
électroniques destinés à certains marchés de l‟embarqué. Des
électroniciens sont souvent en charge de ces tests dont les résultats
peuvent entraîner le changement de certains composants sur la carte
électronique voire la reconception de la carte.
Tests normatifs : généralement conduits par des électroniciens dans des
laboratoires d‟analyse dédiés pour vérifier la compatibilité des dispositifs
électroniques avec les normes en vigueur.
On retrouve également les électroniciens pour la conception des logiciels et des
bancs de test qui vont être utilisés par les opérateurs pour les tests fonctionnels
(tests produits). Ces fonctions de conception sont généralement assurées par des
techniciens supérieurs et des ingénieurs électroniques avec une tendance de plus
en plus lourde vers le recours aux ingénieurs compte tenu de la complexité
croissante des systèmes.
Profils et enjeux de formation :
Il relève des enquêtes auprès des industriels que les fonctions de test et plus
généralement la mesure des signaux électroniques sont mal prises en compte dans
les formations initiales en électronique. Il manquerait ainsi une formation de
technicien en mesure électronique (métrologie électronique) capable de mettre
en œuvre une mesure selon certaines normes et protocoles.
Par manque de profils de techniciens supérieurs disponibles, certains domaines
comme l‟aéronautique ont recours à des profils d‟ingénieurs pour faire du suivi et
de l‟interprétation de tests sur cahier des charges alors qu‟ils ne sont ni formés, ni
adaptés à ce type de postes.
C‟est en particulier
dans les fonctions
de test que les
besoins sont les plus
importants au sein
de la filière
électronique. Des
formations ad hoc
pourraient être
créées dans ce
domaine.
79
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
1.3 Production
Les fonctions liées à l‟environnement de production font relativement peu appel
aux savoir-faire de l‟électronique.
Les fonctions sur la ligne de production (en ligne) doivent néanmoins être
distinguées des fonctions hors ligne qui ne font pas appel aux mêmes profils de
compétences.
Sur la ligne, les compétences électroniques requises de la part des opérateurs
spécialisés sont relativement faibles et relèvent généralement d‟un verni acquis en
entreprise.
Les électroniciens sont plus représentés dans les fonctions hors ligne et en
particulier dans les métiers de supervision de la production ou de tests.
Figure 39 Fonctions des électroniciens dans le domaine de la production et
dominantes électroniques
Fonctions sur la ligne
Au niveau des fonctions sur la ligne de production, on distingue 3 grands types de
spécialisations dans lesquelles l‟électronique apporte une spécificité.
Dans les métiers de main par exemple, la fonction de monteur/câbleur en charge
d‟assembler et d‟interconnecter manuellement les composants sur la carte
comporte des spécificités liées au secteur de l‟électronique. Les compétences
requises ne relèvent pas directement des savoir-faire d‟un électronicien et
concernent plutôt les matériaux utilisés, la mouillabilité et la réalisation des
soudures, etc.
Les fonctions sur
la ligne ne
relève pas de
savoir-faire
électronique
bien que les
métiers de
production puissent être
spécifiques.
80
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Les opérations de soudure manuelles sont de moins en moins pratiquées en raison
de l‟automatisation du report des composants et de la plus grande flexibilité des
machines qui peuvent être employées sur des séries de production plus petites que
par le passé. Les métiers machines permettant de piloter cette automatisation du
process de production relèvent de savoir-faire liés à la productique4 (pilotage de
machine à commande numérique) plutôt qu‟à l‟électronique.
Finalement, un test de 1er niveau (de type GO/NOGO) peut également être
effectué sur la ligne de production pour vérifier la conformité de l‟assemblage
électronique à certains jalons du process. Ce test de 1er niveau requiert de la part
des opérateurs d‟être en mesure de lire un schéma électronique et d‟utiliser le cas
échéant des outils adaptés.
Il est généralement réalisé par des opérateurs formés sur le tas ou par des
techniciens formés à l‟électronique.
Sur la ligne de production, les principales capacités recherchées sont la dextérité
manuelle (pour les métiers de main), la capacité de concentration et la
compréhension des consignes orales et écrites. Les principaux profils employés sont
ceux d‟opérateurs spécialisés.
Fonctions hors ligne
S‟agissant des fonctions hors ligne de production, les électroniciens sont
essentiellement regroupés dans deux spécialités, la supervision de la production et
les tests de 2ème niveau intégrant une part d‟interprétation et d‟analyse (à l‟inverse
des tests sur la ligne). On retrouve généralement des profils de techniciens et de
techniciens spécialisés pour occuper ces fonctions.
Parmi les fonctions hors ligne, la gestion de la supply chain (préparateurs, contrôle
qualité sur les entrants, etc.) peut également faire intervenir des compétences
électroniques. Celles-ci ne sont pas nécessaires mais appréciées car elles
permettent une meilleure interface avec les autres fonctions de l‟entreprise en cas
de besoins. L‟association d‟un premier niveau de formation en électronique avec
une formation en productique peut ainsi donner des résultats très efficaces en
entreprise.
4 La production électronique fait appel à des machines de report CMS (Composants Montés en
Surface) dont le pilotage fait l‟objet d‟un CQPM spécifique.
Les savoir-faire
électroniques
interviennent
hors ligne sur
des profils de
formation plus
élevés de
techniciens et
techniciens
supérieurs
(diagnostic et
supervision)
81
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
1.4 Maintenance/Réparation
Les activités de maintenance et de réparation ne sont pas homogènes au sein de
la filière électronique et dépendent étroitement des secteurs d‟application
considérés tout comme les compétences électroniques associées.
Cependant, c‟est en particulier dans les fonctions de maintenance de 2ème niveau
(conduisant à un diagnostic basé sur le relevé et l‟interprétation de mesures) et de
réparation que les savoir-faire électronique sont particulièrement nécessaires, la
maintenance de 1er niveau n‟étant généralement pas du ressort des
électroniciens.
Les activités de maintenance et de réparation représentent un réel challenge pour
la filière électronique dans de nombreux secteurs en raison de plusieurs facteurs :
La durée de vie des produits intégrant de l‟électronique qui est parfois
supérieure à celle des cartes et des composants électroniques qu‟ils
intègrent,
La croissance du contenu électronique dans certaines plates-formes qui
entraîne une plus forte technicité dans le diagnostic et la détection des
pannes
Les contraintes de coûts pesant sur les industriels et l‟évolution des normes
environnementales qui entraînent des arbitrages entre le remplacement et
la réparation des équipements selon les cas de figure,
Finalement l‟apport de l‟électronique elle-même sur les activités de
maintenance (systèmes de maintenance préventive, automates de test,
télé-mesures, etc.)
Figure 40 Fonctions des électroniciens dans le domaine de la maintenance /
réparation et dominantes électroniques
82
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Maintenance
Maintenance de 1er niveau :
Les agents et techniciens de maintenance électronique sont en règle générale
des personnes ayant une forte expérience au sein de l‟entreprise et une bonne
connaissance des produits. S‟agissant des savoir-faire propres à l‟électronique, ils
doivent disposer a minima d‟un 1er niveau de connaissance afin de pouvoir
effectuer quelques mesures sur les dispositifs électroniques concernés par l‟acte de
maintenance et identifier la carte défectueuse le cas échéant.
Ce 1er niveau de maintenance est présent dans la quasi-totalité des secteurs
d‟application de l‟électronique comme l‟automobile, les équipements industriels,
l‟aéronautique ou le bâtiment. La plupart de ces secteurs débouchés ne fait pas
appel à des formations d‟électroniciens pour occuper ces postes.
Maintenance de 2ème niveau :
Dans le cas de systèmes plus complexes mettant en œuvre plusieurs types
d‟équipements et des interactions multiples comme par exemple les réseaux
informatiques ou télécoms, les équipements d‟imagerie médicale, les
automatismes industriels complexes, ce premier niveau de maintenance peut
s‟avérer insuffisant et le recours à un diagnostic électronique plus pointu peut être
nécessaire.
C‟est dans ce 2ème niveau de maintenance, qui nécessite une vision globale du
système et de son fonctionnement, que l‟on retrouve des techniciens supérieurs
électroniciens.
Automatisation des phases de maintenance et de diagnostic :
A plus long terme et compte tenu de la complexité croissante des dispositifs
électroniques, les opérations de diagnostic ont tendance à être prises en compte
et gérées dès les phases de conception par la mise en place de procédures
d‟auto-diagnostic.
Des outils dédiés spécifiquement à la maintenance des dispositifs électroniques
peuvent également être conçus par les équipementiers et les
architectes/systémiers pour piloter ces capacités de diagnostic intégrées et
faciliter le travail des agents de maintenance.
Cette relative „automatisation‟ des phases de diagnostic est favorisée par le
développement de l‟usage de capteurs permettant de suivre et contrôler un
nombre croissant de paramètres du dispositif. Le suivi de ces informations permet
dès lors d‟élaborer des stratégies de diagnostic précoce et de maintenance
préventive pour des systèmes très critiques ou dont la maintenance est très
couteuse.
Les compétences des agents et techniciens de maintenance doivent donc
intégrer cette plus forte automatisation et être en mesure de piloter des outils et de
suivre les procédures de diagnostic correspondantes, d‟en interpréter les résultats.
La tendance est ainsi à la hausse des niveaux de formation requis.
Les fonctions de
maintenance
reposent sur des
agents
expérimentés.
Les savoir-faire
électroniques interviennent
dès lors qu‟un
diagnostic
évolué doit être
porté.
83
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Réparation
Contrairement à certaines idées reçues, il existe toujours un marché pour la
réparation de cartes électroniques.
Ce marché est en grande partie capté par les sous-traitants de production
électronique ainsi qu‟un tissu de TPE et PME spécialisées qui ont développé une
activité spécifique dans ce domaine.
Contrairement à la maintenance des systèmes électroniques, le domaine de la
réparation des cartes et des produits électroniques fait appel à des compétences
de test et de diagnostic spécifiques reposant sur une connaissance plus pointue
des composants et de la fabrication des cartes.
Les principales compétences nécessaires pour les techniciens et techniciens
supérieurs en charge de ces activités sont :
le travail sur schéma
l‟implantation et les spécifications des composants électroniques
la maîtrise des équipements de mesure (oscilloscope, multimètre, etc.)
On retrouve naturellement une forte dominante d‟électroniciens pour occuper ces
fonctions.
Ce sont les
activités de
réparation qui
concentrent le
plus de savoir-
faire
électroniques.
84
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2. Type d’acteur
5 types d‟interlocuteurs couvrant l‟ensemble de la chaîne de valeur des
équipements électroniques ont été interrogés dans le cadre des enquêtes depuis
les fonctions avales d‟installation des équipements jusqu‟aux fonctions amonts de
fabrication des composants électroniques.
Il ressort de ces enquêtes que le cœur de métier des acteurs est relativement bien
délimité par rapport aux fonctions électroniques détaillées précédemment et qu‟il
évolue sensiblement en entraînant des transferts de compétences parfois
importants.
Le graphique suivant illustre les cœurs de métiers historiques pour les 5 profils
d‟acteurs rencontrés.
Figure 41 Cœurs de métiers historiques des différents acteurs de la chaîne de
valeur électronique
Installateurs : l‟électronique ne fait pas directement partie du cœur de métier
des installateurs (à l‟exception des installateurs de réseau). Les électroniciens
sont essentiellement concentrés sur les activités de maintenance,
Architectes/Systémier : comme pour les installateurs, l‟électronique n‟est pas
dans le cœur de métier des architectes et systémiers qui ont cependant en
charge sa bonne intégration dans les plates-formes qu‟ils développent (avion,
voiture, train, équipement industriel, etc.). Les électroniciens se concentrent sur
les fonctions de conception système et de marketing achats,
Equipementiers : ce sont les acteurs dont le cœur de métier historique couvre
le plus de compétences électroniques, depuis la conception matérielle
jusqu‟à la production et la maintenance des équipements,
Sous-traitants de production : leur cœur de métier historique est celui de
l‟industrialisation et de la production des cartes électroniques, jusqu‟aux
activités de réparation des équipements,
Fabricants de composants : historiquement des spécialistes du process avec
une concentration sur les compétences électroniques liées à la
caractérisation des composants et à leur test,
85
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Plusieurs facteurs sont à l‟origine de l‟évolution du positionnement des acteurs vis-
à-vis de l‟électronique parmi lesquelles les principales sont la poursuite de la
pervasion de l‟électronique, le degré d‟intégration croissant des dispositifs
électroniques et les pressions concurrentielles toujours plus fortes pesant sur les
acteurs. Cette évolution est retracée dans le graphique suivant :
Figure 42 Evolution des cœurs de métiers et impact sur les savoir-faire
électroniques
Installateurs : compte tenu de l‟évolution de la complexité des systèmes
qu‟ils installent, leur compétence électronique est susceptible d‟évoluer vers
la conception système
Architectes/Systémier : pour mieux piloter leurs fournisseurs, ils sont le cas
échéant amenés à intégrer de nouvelles compétences électroniques en
matière de conception, d‟industrialisation et test voire de production dans
certains secteurs et sur des fonctions très stratégiques
Equipementiers : la part croissante prise par l‟électronique dans les solutions
de leurs clients les pousse à progresser vers des prestations à plus forte valeur
ajoutée comme la conception système. Ce mouvement s‟effectue au
détriment des activités de production ou liées à la technologie qui peuvent
dès lors être considérées à plus faible valeur ajoutée (hormis les technologies
stratégiques comme l‟électronique de puissance, etc.)
Sous-traitants de production : c‟est sur eux que les transferts de compétences
sont les plus forts. Ils doivent ainsi intégrer des compétences en
industrialisation et test, en conception de process voire de produit pour
certains d‟entre eux (compétences précédemment localisées chez leurs
clients équipementiers)
Fabricants de composants : leur compétence électronique est également
tirée vers les métiers de la conception matérielle voire de la conception
système en particulier pour les fabricants de semiconducteur qui ont un
positionnement relativement similaire à celui des équipementiers
L‟augmentation de la complexité des dispositifs électroniques entraîne une
spécialisation des acteurs car personne n‟est en mesure de tout gérer de
86
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
front. Les relations entre installateurs, architectes/systémiers, équipementiers, sous-
traitants et fabricants de composants sont donc en perpétuelles évolutions. Ce
sont sur les sous-traitants de production que repose l‟essentiel des transferts de
compétences au sein de la filière électronique.
87
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2.1 Architectes systémiers
En résumé :
- L‟électronique ne fait pas partie de leur cœur de métier mais ils en intègrent de
plus en plus dans les systèmes dont ils ont la charge
- Tous les modèles industriels existent chez les architectes/systémiers en matière
d‟électronique, de la production interne jusqu‟à l‟externalisation de l‟ensemble de
la conception
- Des compétences électroniques en général concentrées sur la conception
système (cœur de métier) et les fonctions d‟industrialisation et de test (contrôle des
fournisseurs)
- …nécessitant des profils de formation de haut niveau (ingénieurs et experts)
- Tendanciellement, les architectes/systémiers voient leurs compétences en
électronique se réduire tant au niveau de la technologie que du process de
production. Certains investissent dans les technologies pour ne pas perdre le
contact
Positionnement dans la chaîne de valeur
Les architectes et systémiers sont les donneurs d‟ordre finaux au sein de la chaîne
de valeur. En règle générale, l‟électronique ne fait pas partie de leur cœur de
métier mais les systèmes qu‟ils conçoivent en intègrent de plus en plus en raison du
phénomène de pervasion.
La part croissante prise par l‟électronique dans la valeur ajoutée industrielle impose
aux architectes et systémiers de conserver un certain contrôle sur le contenu
électronique de leurs systèmes bien que la tendance soit en parallèle à la
concentration des investissements sur le cœur de métier c‟est à dire le système
final (automobile, aéronautique, énergie, etc.).
Les choix industriels qui découlent de ce contexte en matière d‟intégration, de
maintien ou d‟externalisation de tout ou partie des activités électroniques
(conception, industrialisation, production et maintenance) sont très variés et
dépendent bien entendu des secteurs industriels considérés et de la stratégie
propre des entreprises au sein de ces secteurs.
Certains acteurs comme Airbus iront jusqu‟à maîtriser intégralement environ 10%
de l‟électronique embarquée dans ses avions alors que d‟autres comme Renault
ne s‟impliquent pas ou peu dans la conception de l‟électronique.
Tendanciellement, on constate une diminution des compétences électroniques
chez les architectes systémiers qui font plus appel à leurs fournisseurs pour ce type
d‟équipement. Cependant les entretiens conduits avec les industriels ont permis
d‟illustrer que contrairement au logiciel, il est difficile de totalement décorréler le
travail du fournisseur de celui de l‟architecte systémier dans le domaine du
matériel (hardware). Les liens entre fournisseurs d‟équipement et architectes
systémiers sont ainsi beaucoup plus étroits que dans le domaine du logiciel.
88
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Une concentration sur les activités de conception ‘système’
Le rôle de l‟architecte systémier n‟est pas d‟être un technologue mais d‟être
maître d‟œuvre, c‟est à dire en mesure de vérifier que l‟électronique s‟intègre de
manière optimale dans l‟environnement du système.
En règle générale, les compétences liées à l‟électronique chez les architectes
systémiers sont plutôt concentrées sur les postes de conception de haut niveau
faisant appel à des savoir-faire liés à la programmation, aux réseaux, aux
interfaces, etc.
Ils se concentrent de plus en plus sur la définition fonctionnelle des équipements et
disposent de compétences plus réduites que par le passé au niveau du matériel.
Leur exposition aux métiers propres de l‟électronique, à la technologie, est par
conséquent plutôt en déclin.
Cela se traduit en particulier par une tendance à la mise en œuvre de modèles de
simulation plus en amont dans les développements qui pourront être échangés
avec les partenaires fournisseurs lors des phases de conception. Ces modèles
pourront être fonctionnels ou physiques et concerneront soit les dispositifs
électroniques eux mêmes, soit leur environnement d‟utilisation (en particulier
l‟environnement thermique et électro-magnétique).
Cette relative perte de contact avec la technologie électronique et son process
de production pose néanmoins problème dans certains secteurs pour lesquels la
criticité des fonctions ou l‟environnement d‟utilisation est particulièrement
contraint.
Parmi ces secteurs on retrouvera ceux où la France et l‟Europe occupent des
positions de leadership comme l‟aéronautique, l‟automobile et l‟industriel, etc.
Certains architectes systémiers dans ces domaines peuvent ainsi s‟impliquer plus
avant dans la technologie pour des fonctions jugées critiques ou stratégiques.
Les compétences électroniques nécessaires à ces fonctions de conception au sein
des architectes/systémiers relèvent essentiellement de formations d‟ingénieur voire
de docteurs pour certaines compétences clés en matière d‟électromagnétisme
ou de thermique.
89
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
…et sur la maîtrise de la supply chain électronique
Outre les activités de conception, les compétences électroniques se retrouvent
chez les architectes systémiers dans les domaines liés à la maîtrise de la supply
chain bien qu‟en nombre moins important.
Dans le domaine de l‟industrialisation, les électroniciens occupent une place
prépondérante chez les architectes systémiers qui se doivent de choisir, contrôler
et piloter des équipementiers de l‟électronique qui captent une part de valeur
ajoutée de plus en plus importante.
Les électroniciens sont ainsi particulièrement représentés dans les fonctions de
marketing achats de manière à conserver une maîtrise de la chaîne de sous-
traitance et assurer un pilotage étroit des fournisseurs pouvant le cas échéant
conduire à la réalisation d‟audits sur les process de production.
Le test final qui reste du ressort de l‟architecte systémier impose également
l‟intégration de savoir-faire propres à l‟électronique, par exemple pour le
développement de bancs de test ou la conception et le pilotage des tests en fin
de chaîne d‟assemblage, toujours dans une logique de contrôle vis-a-vis des
dispositifs électroniques provenant des partenaires équipementiers.
90
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2.2 Equipementiers
En résumé :
- L‟approche système se développe fortement chez les équipementiers offrant une
gamme toujours plus vaste de produits et de prestations à leurs clients intégrateurs
(montée dans la chaîne de valeur)
- Dans un contexte de plus forte standardisation des technologies électroniques
(en particulier numériques), le désengagement des équipementiers vis-à-vis de la
production voire de la conception électronique prend de l‟ampleur dans de
nombreux secteurs débouchés. Ce désengagement est plus limité dans les
marchés à forte contrainte de fiabilité
- En France, les équipementiers conservent en règle générale une production sur
les petites séries. Cette production permet de maintenir un savoir-faire
d‟industrialisation pour piloter la sous-traitance sur les plus grands volumes et suivre
le rythme des innovations
- Cet équilibre est néanmoins fragile pour des équipementiers qui transfèrent de
plus en plus de responsabilité chez leurs sous-traitants partenaires
- On observe une montée vers le haut des profils de formation chez les
équipementiers de l‟électronique, des activités de conception jusqu‟aux activités
de production
Montée dans la chaîne de valeur
Compte tenu du développement de la pervasion dans de nombreux secteurs
d‟application et des capacités d‟interconnexions offertes par l‟électronique, les
équipementiers ont la possibilité, à l‟instar de leurs clients architectes systémiers,
d‟appréhender des systèmes complets et pas uniquement des équipements isolés.
Cette tendance vers le développement d‟une valeur ajoutée au niveau système
par les équipementiers de l‟électronique est une tendance de fonds qu‟on
retrouve aussi bien dans le marché ferroviaire, le marché industriel ou automobile.
En d‟autres termes, les équipementiers de l‟électronique ont la possibilité de
développer une démarche système similaire à celle des grands architectes
systémiers bien qu‟à une moindre échelle.
Cette montée dans la chaîne de valeur pose ainsi la question du maintien ou du
désengagement des équipementiers vis-à-vis des activités de production
électronique qui peuvent alors être considérées à plus faible valeur ajoutée. En
France, le phénomène de désengagement est relativement important et
transversal à de nombreux secteurs. Cette tendance a été accentuée par la
numérisation croissante des systèmes électroniques et leur relative standardisation
et peut également toucher les activités de conception.
91
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Des degrés variables d’intégration industrielle
Cependant tous les secteurs d‟application de l‟électronique ne répondent pas aux
mêmes tendances et il existe une limite au modèle „fabless‟ de l‟informatique et
des télécommunications, en particulier dans les marchés professionnels de
l‟électronique.
En France, le degré d‟intégration des équipementiers de l‟électronique en terme
de production est assez variable d‟un secteur à l‟autre. La plupart des
équipementiers continue néanmoins de conserver une activité de production de
cartes pour les petites séries et tend à la sous-traiter lorsque les volumes deviennent
plus importants.
On peut en particulier distinguer les marchés où la contrainte de fiabilité est
structurante pour l‟équipementier de ceux où elle ne l‟est pas.
Les secteurs aéronautique, défense, médical, ferroviaire ainsi que certaines niches
industrielles, ont des contraintes de fiabilité qui nécessitent pour les équipementiers
le maintien d‟un savoir-faire électronique en interne de manière à piloter l‟activité
de développement ou de production réalisée par des fournisseurs spécialisés le
cas échéant.
C‟est la capacité d‟industrialisation de ces équipementiers qui leur permet de
transférer une production dans de bonnes conditions une fois celle-ci portée à
maturité. Le maintien de cette capacité d‟industrialisation nécessite naturellement
des électroniciens en prise avec la technologie et la production.
Pour les équipementiers des marchés professionnels, un autre enjeu consiste à ne
pas perdre pied avec le développement de la technologie électronique qui est
dorénavant drivée par les marchés de masse qui sont les seuls en mesure de
générer les volumes nécessaires à l‟amortissement des investissements industriels.
Le challenge consiste ainsi à pouvoir suivre cette évolution technologique et opter
pour les technologies les plus appropriées ce qui nécessite à nouveau le maintien
de compétences pointues au niveau des technologies électroniques.
Enjeux en matière de compétences
Conception
Les principaux contingents d‟électroniciens chez les équipementiers occupent les
fonctions de conception essentiellement aux niveaux système, fonctionnelle et
carte.
Ces concepteurs sont plutôt des ingénieurs et techniciens supérieurs avec une
dominante d‟ingénieurs pour les concepteurs systèmes et fonctionnel et une
dominante de techniciens supérieurs pour la conception de cartes électroniques.
Les équipementiers de l‟électronique ont recours de plus en plus fréquemment au
co-développement dans le cadre de partenariats stratégiques avec certains
partenaires spécialisés. Les activités de conception sont ainsi impactées par cette
tendance et des transferts de compétences ont lieu entre équipementiers et sous-
traitants.
Par ailleurs, la complexité croissante des développements électroniques impose
aux équipementiers de disposer de chefs de projet polyvalents et capables de
travailler dans des environnements techniques hétérogènes. Ces collaborateurs
92
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
sont majoritairement des ingénieurs électroniques.
D‟un point de vue technique les compétences d‟ingénieurs et de techniciens
supérieurs en électronique analogique, en électronique de puissance et les experts
en électromagnétisme (en particulier en Compatibilité Electro Magnétique) sont
particulièrement recherchées.
Industrialisation et test
Les fonctions d‟industrialisation et de test apparaissent de plus en plus critiques
pour les équipementiers électroniques qui font de plus en plus appel à la sous-
traitance pour la production des cartes, voire la conception des équipements.
Elles emploient de nombreux ingénieurs et techniciens électroniques et en
particulier des technologues qui qualifient et auditent les fournisseurs ou prennent
en charge des sujets spécifiques comme l‟obsolescence des composants, la
variabilité des process de production et les dérives de performances, etc. On
observe néanmoins des tensions sur ces profils de technologues qui sont en déclin
chez certains équipementiers, en particulier ceux ayant opté pour une
délocalisation massive de la production électronique.
Le test demeure chez les équipementiers une fonction très importante pour
laquelle les compétences en électronique et en mesure sont nécessaires. Ces
fonctions sont essentiellement de la responsabilité de techniciens supérieurs et les
besoins sont croissants en raison des exigences de plus en plus importantes en
matière de normalisation et de qualité.
Maintenance
Les équipementiers se chargent le plus souvent eux-mêmes de la maintenance
des produits lorsque celle ci relève d‟une maintenance de 2ème niveau.
Ils peuvent également prendre en charge la formation des agents de
maintenance de 1er niveau. Les formateurs sont en règle générale des techniciens
électroniciens.
La maintenance et le diagnostic électroniques seront des problématiques
importantes à l‟avenir pour les acteurs de l‟électronique et en particulier pour les
équipementiers en raison du développement du contenu électronique et du
degré d‟intégration de cette électronique au sein des systèmes.
Dans l‟automobile, la maintenance des véhicules va de plus en plus concerner les
équipementiers alors qu‟elle était jusqu‟à présent du ressort des
architectes/systémiers et des concessionnaires/garagistes. De la même manière
dans le secteur médical ou les équipements électriques pour l‟habitat, les profils
d‟agents de maintenance sont susceptibles d‟évoluer à moyen et long terme vers
des formations d‟électronique en mesure d‟établir des diagnostics et des mesures
plus élaborées sur les équipements.
En règle générale, les compétences recherchées par les équipementiers au niveau
électronique concernent essentiellement des profils de techniciens supérieurs et
d‟ingénieurs. Dans les activités de production lorsqu‟elles sont intégrées, les profils
évoluent des opérateurs spécialisés vers les techniciens car les produits sont plus
complexes que par le passé. Cette progression des profils de recrutement dans les
activités de production permet aux équipementiers de simplifier les dossiers de
production.
93
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2.3 Sous-traitants de production
En résumé :
- Le modèle du sous-traitant de production électronique en panier garni est révolu
et les sous-traitants français se tournent de plus en plus vers la réalisation et la
fourniture de produits complets (suivant ainsi les orientations stratégiques de leurs
donneurs d‟ordre)
- Les modèles d‟intégration des sous-traitants de production se différencient selon
qu‟ils intègrent ou non les activités de conception matérielle et logicielle
- Compte tenu des transferts de compétences de la part des clients, ce sont les
compétences liées à l‟industrialisation, au test et au process qui sont les plus en
tension
- Ils doivent intégrer rapidement ces compétences qui ont mis des dizaines
d‟années à se développer chez leurs clients
- Comme pour les précédents acteurs de la filière, on assiste à une montée vers le
haut des profils de formation recherchés
- Les sous-traitants de production électronique constituent un maillon essentiel pour
permettre aux start-ups et aux autres entreprises d‟intégrer plus d‟électronique
dans leurs produits
Evolution de la relation sous-traitants / ‘donneurs d’ordre’
Les besoins en compétences électroniques chez les sous-traitants de production
sont directement influencés par les mouvements stratégiques de leurs clients
donneurs d‟ordre.
Comme indiqué précédemment, ces orientations industrielles chez les donneurs
d‟ordre sont variables d‟un secteur à l‟autre et d‟un acteur à l‟autre. Cependant,
on a assisté ces dernières années à une déconsolidation progressive des
architectes/systémiers et des grands équipementiers qui ont successivement confié
à leurs sous-traitants la production des cartes électroniques puis
l‟approvisionnement et in fine la conception des cartes.
Finalement le modèle historique du sous-traitant électronique qui travaille en
panier garni est révolu et les principaux métiers du sous-traitant de production sont
dorénavant le process, les achats et la gestion de la supply chain. Ils se tournent
dorénavant de plus en plus vers le produit électronique complet plutôt que la
carte isolée ce qui nécessite l‟intégration d‟autres profils de compétence.
L‟intégration complète de la valeur ajoutée électronique n‟est pourtant pas
possible ou souhaitable et plusieurs positions s‟affrontent sur la stratégie à adopter
entre d‟une part les acteurs souhaitant se concentrer sur les activités de
production (EMS5) et d‟autre part ceux souhaitant en outre intégrer des activité de
conception produit (ODM6) et devenir ainsi de véritables équipementiers.
En parallèle, la sous-traitance de spécialité à visée purement technologique se
développe également dans la filière électronique pour palier la perte de
compétences des équipementiers et des architectes/systémiers sur les
technologies de base.
5 Electronic Manufacturing Services 6 Original Design Manufacturers
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Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
La capacité des sous-traitants de l‟électronique à élargir l‟éventail de leurs
prestations industrielles est déterminante puisqu‟elle permet d‟accompagner sur
des projets innovants des start-ups et des industriels de toutes tailles ne disposant
d‟aucune compétence électronique en interne. Ils sont donc un rouage essentiel
du phénomène de pervasion de l‟électronique.
Les métiers électroniques chez les sous-traitants
Conception
Les fonctions de conception sont celles qui évoluent le plus chez les sous-traitants
de l‟électronique en raison des transferts de compétences entre clients et sous-
traitants. Ces transferts de compétences s‟illustrent en particulier par le
développement des activités de co-conception dans certains secteurs comme
l‟aéronautique ou l‟automobile.
Les fonctions de conception chez les sous-traitants font appel à des techniciens
supérieurs et des ingénieurs comme chez leurs clients mais avec une proportion
plus importante de techniciens néanmoins. A titre d‟illustration, une équipe type de
conception sera composée d‟un ingénieur pour le contact avec le client et de 4
techniciens dans les différents métiers clés (Hard, Soft, Mécanique, etc.)
Industrialisation et Test
C‟est certainement dans le domaine de l‟industrialisation et du test que les
compétences à intégrer par les sous-traitants sont les plus importantes suite à
l‟évolution du positionnement des clients équipementiers.
Les fonctions liées au test et à la maîtrise du process, précédemment du ressort des
équipementiers, sont en croissance chez les sous-traitants qui doivent de plus faire
face à un resserrement de leurs exigences.
Comme pour les activités de conception, le domaine de l‟industrialisation et du
test fait appel à des compétences de techniciens supérieurs et d‟ingénieurs.
Production
Le métier d‟opératrice de base est en voie d‟extinction et le niveau de technicité
augmente à tous les échelons de l‟entreprise en raison du degré d‟automatisation
et d‟intégration des produits.
Selon les postes occupés, on retrouve des profils d‟opérateurs spécialisés, de
techniciens et de techniciens supérieurs dans les fonctions de production, les
derniers étant utllisés pour des fonctions de management et de supervision.
Réparation
Les activités de réparation de produits électroniques continuent d‟être une réalité
dans la filière électronique lorsque la valeur ajoutée de la carte le justifie (certains
secteurs comme l‟automobile peuvent la refuser pour des questions de maîtrise de
la qualité).
Ce sont les sous-traitants de production qui prennent le plus souvent en charge les
fonctions de réparation en raison de leur maîtrise des procédés de test et
d‟assemblage.
95
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Enjeux en matière de compétences
L‟exposition aux savoir-faire électroniques est en forte croissance chez les sous-
traitants électroniques. Les principaux besoins en compétence électronique se
trouvent dans les domaines suivants :
chef de projet polyvalent
expertise technologique (process)
profils de technico-commerciaux pour vendre les produits ou l‟offre de
sous-traitance
audits techniques et industriels, évaluation des fournisseurs
Comme pour leurs clients, on assiste chez les sous-traitants à une montée vers le
haut des profils de formation qui s‟orientent de plus en plus vers des techniciens
supérieurs et des ingénieurs électroniques avec une forte dominante sur les
techniciens néanmoins.
Les sous-traitants sont par ailleurs confrontés à des tensions de recrutement sur
certains profils par manque d‟offre de formation, en particulier dans le domaine de
l‟industrialisation et du process où la France manque d‟ingénieurs et de
techniciens formés, cette formation étant précédemment assurée par les grands
groupes donneurs d‟ordre.
Les profils de techniciens expérimentés dans le domaine de la production
électronique sont particulièrement recherchés.
Les sous-traitants sont également confrontés au progrès de l‟intégration des
produits électroniques qui nécessitent de leur part une plus grande variété
d‟expertise, donc plus de co-conception, et la capacité à conduire des projets
dans des environnements technologiques multiples. Le management de projet
devient donc une compétence clé qui intervient de plus en plus rapidement dans
les parcours professionnels alors que le background au niveau du process et de
l‟intégration n‟a pas eu le temps de se constituer.
96
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2.4 Fabricants de composants
En résumé :
- Les fabricants de composants sont avant tout des spécialistes d‟un process
industriel qui fait appel à différents types de compétences selon le composant
considéré (physique, chimie, mécanique, plasturgie, etc.)
- L‟exposition aux métiers de l‟électronique est plutôt en croissance pour les
fabricants de composants, avec des différences importantes par catégorie de
composant
- Chez les fabricants de semiconducteur, les métiers de l‟électronique sont très
similaires à ceux des équipementiers, la conception représentant l‟essentiel du
contingent des électroniciens
- Pour les composants d‟interconnexions et passifs, les compétences de
conception sont moins développées bien qu‟en croissance. Les fabricants doivent
faire notamment face à des problèmes de pyramide des âges et au nécessaire
transfert des compétences en interne
- D‟un point de vue technique, c‟est dans le domaine de l‟électronique
analogique et de l‟électronique de puissance que les besoins en compétences
électroniques sont les plus forts pour les fabricants de composants
Des spécialistes du process
Dans toutes les familles de composants électroniques, les caractéristiques du
process évoluent en permanence pour répondre aux grandes tendances
observées au niveau des équipements électroniques parmi lesquelles :
L‟augmentation des fréquences de fonctionnement (liée au
développement des communications sans fils et des capacités de calcul),
L‟augmentation des puissances électriques (liées à la multiplication des
fonctionnalités des équipements et au développement du tout-électrique),
Les contraintes de miniaturisation et d‟intégration au niveau du signal ou
de l‟environnement (liées à la pression sur les prix et à la pervasion de
l‟électronique),
Les contraintes de fiabilité et de qualité des composants liées au poids
croissant des marchés professionnels dans les débouchés
Les principales compétences des fabricants de composants électroniques sont
donc directement liées à la maîtrise des matériaux et des processus électro-
chimiques et mécaniques appliqués lors du cycle de production. Les profils de
compétence type concernent donc les spécialistes des matériaux, les physiciens,
les chimistes, les mécaniciens, les plasturgistes, etc.
97
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Métiers à dominante électronique
Semi-conducteurs
Au sein des composants électroniques, les composants semi-conducteurs
occupent une place tout à fait singulière. Leur degré d‟intégration, qui permet de
graver plusieurs millions de transistors dans une seule „puce‟, a permis à ces
composants de devenir de véritables systèmes en eux mêmes capables de réaliser
des fonctions toujours plus complexes
Les acteurs de la filière du semi-conducteur ont ainsi une chaîne de valeur très
similaire à celle des équipements électroniques avec des spécialistes de la
production (les fondeurs), des spécialistes de la conception (les design houses) et
des sociétés intégrés (les IDM7) à l‟image des sous-traitants, des bureaux d‟études
et des équipementiers.
Mises à part les fonctions de production qui ne font quasiment plus appel aux
savoir-faire de l‟électronique compte tenu du degré d‟automatisation atteint, on
retrouve chez les acteurs de la filière du semi-conducteur les mêmes catégories de
métier que chez les acteurs équipementiers, la conception des circuits
représentant le principal contingent d‟électroniciens au sein des entreprises.
Tout comme pour les équipements électroniques, la complexité croissante des
circuits intégrés (cf. progrès du More Moore8) a eu tendance à éloigner les
concepteurs de la technologie en raison du poids de plus en plus important pris
par le logiciel tant au niveau de l‟application que de la conception en elle-même
(progrès de la modélisation et de la CAO).
Ce n‟est que plus récemment que le développement des technologies More than
Moore9 impose un recours plus direct aux savoir-faire propres à l‟électronique en
raison de circuits moins complexes permettant de rechercher des compromis entre
l‟architecture, le logiciel, le matériel, etc.
Interconnexions et passifs
Les principales compétences électroniques chez les fabricants de composants
passifs et d‟interconnexion sont liées aux métiers du test et de la caractérisation.
Les compétences électroniques liées à la conception ont été plus récemment
intégrées par les fabricants qui progressivement cherchent à capter une part plus
importante de la valeur ajoutée en proposant des fonctions complètes à l‟image
des fabricants de semi-conducteurs.
Cette tendance de fond qu‟on retrouve dans toutes les familles de composants
passifs et d‟interconnexion est consolidée par la relative perte de maîtrise des
clients vis-à-vis des technologies de composants qui impose aux fournisseurs de
participer plus en amont dans les phases de conception de produits.
7 Integrated Design Manufacturers 8 cf Partie I Chapitre 2.3.1 9 Idem
98
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Enjeux en matière de compétences
Un poids croissant du process et des matériaux
A l‟avenir cette spécificité de la filière des composants restera vraie puisque les
matériaux vont être amenés à jouer un rôle de plus en plus central dans les futurs
progrès de l‟électronique et des composants, en particulier en raison du
développement des nouvelles applications dans les domaines de l‟énergie ou de
la santé.
Les récents investissements au niveau mondial dans le domaine des batteries, des
semi-conducteurs de puissance ou les travaux de recherche sur de nouveaux
composés organiques pouvant s‟intégrer au vivant témoignent de l‟importance
croissante des compétences et des enjeux au niveau des matériaux et des
process.
Progression des savoir-faire électroniques
Dans le même temps, le cheminement des composantiers vers la fourniture de
fonctions ou de solutions accroit naturellement leur exposition à l‟électronique
puisqu‟ils intègrent de plus en plus de savoir-faire dans les domaines de la
conception et entretiennent ainsi des relations plus étroites avec leur client.
L‟intégration est une tendance lourde dans le domaine des équipements et se
traduit au niveau des composants par une plus grande diversité de signaux à gérer
(analogique, numérique, puissance, optique, etc.), entraînant de nouvelles
contraintes pour les concepteurs, les tests et la modélisation de ces ensembles
complexes.
Des lacunes dans les filières de formation
Dans certaines filières de composants comme par exemple celle des composants
d‟interconnexion qui continuent de représenter un nombre significatif d‟entreprises
en France, un challenge important est le transfert des compétences en interne par
l‟apprentissage car il n‟existe pas de formation spécifique à ces produits,
contrairement aux composants semi-conducteurs.
C‟est dans le domaine de l‟électronique analogique et en particulier
l‟électronique de puissance que les besoins en électronique sont les plus forts pour
les fabricants de composants. Malheureusement les candidats sont rares dans ces
domaines où l‟expérience joue un rôle déterminant.
99
Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
2.5 Installateurs
En résumé :
- Les installateurs ont en règle générale peu de compétences électroniques à
l‟exception des secteurs où les contraintes réglementaires imposent le recours à
des tests de conformité évolués (par ex. médical) ou dans le domaine des réseaux
IT
- Un vernis électronique est néanmoins nécessaire pour effectuer la maintenance
de 1er niveau consistant au diagnostic élémentaire de cartes électroniques voire à
leur remplacement
- Pour la maintenance de 2ème niveau nécessitant du diagnostic plus évolué et
l‟interprétation de résultats, des techniciens sont nécessaires avec des spécialités
variables selon l‟environnement d‟intervention (électro-technicien, électronicien,
automaticien)
- A l‟avenir, le métier d‟installateur évoluera fortement dans certains domaines, en
particulier dans le tertiaire en raison de la croissance des dispositifs électroniques à
prendre en charge (éclairage, contrôle d‟accès, vidéoprotection, régulation
thermique et énergétique, capteurs divers…)
- Comme dans les réseaux IT, l‟interconnexion de l‟ensemble de ces dispositifs
nécessitera une montée en compétence des profils d‟installateurs et le
développement de nouvelles relations entre corps de métier (par ex. installateurs
électriques – plombiers, etc.)
Rôle et compétences des installateurs
L‟augmentation du contenu électronique dans toutes les catégories
d‟équipement fait peser de nouvelles contraintes sur les fonctions d‟installation et
de maintenance. Ces tâches sont parfois confiées à des installateurs spécialisés en
particulier dans les domaines des réseaux TIC et dans les secteurs tertiaires et
industriels.
Tests de conformité
L‟installation d‟un équipement contenant une part plus ou moins significative
d‟électronique ne nécessite pas une connaissance précise de l‟électronique
embarquée mais la capacité de lire un schéma d‟installation et d‟établir les
connexions ad hoc. Cette compétence ne relève pas directement d‟un savoir-
faire électronique.
Cependant, les contraintes réglementaires de plus en plus sévères nécessitent
souvent de conduire des tests pour vérifier que l‟équipement installé répond bien
aux normes en vigueur. La conduite de ces tests peut requérir des savoir-faire
électroniques, en particulier dans le domaine de la mesure des courants faibles.
Dans ces secteurs fortement réglementés comme le médical, les installateurs sont
des techniciens qui doivent comprendre la réglementation associée aux produits
qu‟ils installent et les mesures qui sont faites.
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Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Maintenance des équipements
Les activités de maintenance requièrent en général plus de savoir-faire
électroniques que celles d‟installation car même si l‟installateur n‟est pas
responsable de la réparation des cartes électroniques défectueuses, il est
néanmoins en charge des premières étapes de diagnostic et le cas échéant du
remplacement des cartes.
On peut distinguer plusieurs niveaux de test lors des phases de maintenance
effectuées par les installateurs.
Le 1er niveau de test consiste à assurer la sécurité du dispositif et effectuer un test
basique de type on/off sur des cartes électroniques. Ce 1er niveau de test peut
être effectué par des personnels non électroniciens mais disposant d‟un simple
vernis électronique.
Le 2ème niveau de test consiste à conduire des procédures de contrôle de manière
à identifier les causes possibles de la panne et éventuellement procéder aux
remplacements nécessaires. Un premier niveau d‟interprétation est nécessaire et
on retrouve à ces fonctions des techniciens électroniciens, automaticiens ou
électro-techniciens selon l‟environnement d‟intervention.
Le 3ème niveau de test est généralement de la responsabilité du fournisseur de
l‟équipement qui se déplace directement sur le site pour effectuer la réparation.
Spécificité sectorielle
Installation électrique dans les secteurs tertiaire et industriel :
Dans les secteurs tertiaire et industriel, les installateurs font rarement appel à des
profils d‟électroniciens. Dans les domaines de la maintenance, les profils dominants
sont plutôt des électro-techniciens ou des automaticiens qui ont acquis un vernis
électronique dans le cadre de leur formation de base. Les profils rencontrés sont
des techniciens et des techniciens supérieurs.
Dans les domaines de l‟installation, ce sont encore majoritairement des profils
d‟opérateurs spécialisés qui sont utilisés à l‟exception des secteurs soumis à des
contraintes réglementaires plus poussées comme indiqué précédemment où des
techniciens supérieurs peuvent être amenés à conduire des tests plus poussés.
Installation de réseaux :
Le métier des installateurs de réseaux se distingue par un degré de technicité plus
important nécessitant le recours à des profils de techniciens supérieurs
électroniciens spécialement formés à ces métiers.
Cette progression des compétences est liée à un éventail technologique plus large
que par le passé (rapprochement des technologies informatiques et télécoms) et
à l‟innovation rapide dans ces domaines qui conduit les installateurs à réactualiser
en permanence leurs compétences.
Les réseaux TIC sont des systèmes actifs et complexes et leur installation ne se limite
pas à du pur câblage. L‟aspect répétitif de l‟installation disparaît progressivement
et d‟autres prestations sont proposées par les installateurs comme les audits
préalables, les mesures de performances et la mise en place de configurations
dédiées.
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Etude sur la filière et les métiers de l’électronique – 1ère
Partie
Avril 2010
Un fort potentiel d’évolution des compétences électroniques
A l‟exception des installateurs de réseaux, les compétences électroniques sont
encore relativement peu développées chez les installateurs. Cependant, les
formations de bases des installateurs dans les domaines de l‟automatisme ou de
l‟électro-technique intègrent souvent des modules électroniques pour permettre
aux techniciens ou aux opérateurs d‟avoir une connaissance de base du
domaine.
A plus long terme, certaines évolutions comme le développement de l‟immotique
et de la domotique dans le secteur tertiaire ou des systèmes de monitoring &
control rendront l‟électronique omniprésente dans les installations et les
compétences des installateurs ne pourront plus se limiter à la connexion de
dispositifs plug&play comme s‟est encore souvent le cas aujourd‟hui.
C‟est en particulier dans le secteur tertiaire que l‟évolution sera la plus nette,
entraînant une montée en compétence nécessaire de la part des installateurs à
mesure que le spectre des technologies électroniques à intégrer va s‟élargir
(éclairage, contrôle d‟accès, vidéoprotection, régulation thermique et
énergétique, capteurs divers, etc.).
Le développement des nouvelles énergies dans le secteur tertiaire entraînera en
particulier la mise en place de nouveaux principes de régulation et de contrôle
avec un recours de plus en plus fort à l‟électronique de puissance. Les installateurs
devront être en mesure de comprendre le système et les mesures qu‟ils
effectueront et développer de nouvelles relations avec d‟autres corps de métiers
(électriciens-plombiers, etc.)
L‟ensemble de ces transformations s‟appuiera sur des réseaux de communication
qui permettront à terme aux installateurs ou aux fournisseurs de services d‟effectuer
du diagnostic à distance.
Le métier de l‟installateur électrique est ainsi amené à évoluer profondément à
l‟avenir sous l‟effet de la croissance du contenu électronique et entraînera de
facto une montée des profils vers des formations de techniciens supérieurs.