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UNIVERSITE DE TOULOUSE II LE MIRAILFACULTE DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES
LES ENJEUX COGNITIFS ET STYLISTIQUES DE LORGANISATION
HYPERTEXTUELLE.
THESE
Pour lobtention du grade de : DOCTEUR.
Discipline : SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA
COMMUNICATION.
Prsente et soutenue publiquement par :Olivier ERTZSCHEID.
Sous la direction de :Mr Franois-Charles GAUDARD & Mme Jo
LINK-PEZET
Membres du jury :
Mr Michel BALLABRIGA. Professeur Universit Toulouse 2.Mr
Jean-Pierre BALPE. Professeur Universit Paris 8.Mr Robert BOURE.
Professeur Universit Toulouse 3.Mr Franois RASTIER. Directeur de
recherche CNRS.
ANNEE UNIVERSITAIRE 2001 2002
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Conventions de lecture.
Traductions.
Afin de faciliter la lecture, nous avons choisi de ne mentionner
dans le corps du texte que les citations traduitesen franais. Ce
travail en comportant un nombre important, nous avons choisi de ne
pas utiliser les notes de bas de pagepour faire figurer la citation
originale. Pour chaque partie (avant-propos, introduction,
chapitres un, deux, trois etconclusion), la fin de chaque section,
le lecteur trouvera des pages mentionnant les citations originales
dans lordredans lequel elles apparaissent dans le texte.
Seules figurent les mentions originales des textes consults dans
leur langue originale. Pour les textes consultsdans leur traduction
franaise, nous navons pas fait figurer le texte original et
renvoyons le lecteur notrebibliographie.
Lorsque nous ne sommes pas arrivs une traduction fiable de
certains termes (vocabulaire technique,nologismes, jeux de mots
...) ou lorsque lexpression originale nous a sembl plus parlante
nous avons fait figurerces termes entre crochets dans le corps de
la citation traduite.
Mentions bibliographiques.
Nous avons choisi dadopter comme norme bibliographique celle
faisant figurer dans les renvois, le nom delauteur entre crochets
suivi des deux derniers chiffres de lanne de publication et dune
lettre de lalphabet pour lespublications dune mme anne et dun mme
auteur. L encore pour allger la lecture, lorsque les citations
necomportent pas cette mention bibliographique, elles se rapportent
alors la dernire cite.
Ne figurent dans notre bibliographie que les ouvrages et
articles que nous avons consults en premire main.Les rfrences
bibliographiques des autres (principalement ceux cits dans des tats
de lart) figurent en note de bas depage.
Pour les appels de rfrence bibliographique figurant dans des
passages cits, nous avons conserv leur formeoriginale.
Glossaire.
La mise en place et en uvre dune organisation hypertextuelle
renouvelle ou modifie nombre de notionsissues des champs
scientifiques sur lesquels repose ce travail. Elle contribue
galement en forger de nouvelles. Laprsence dun index systmatique
des notions nous est donc apparue plus problmatique
quclairante.
Cependant, et afin de palier ce manque, nous plaons un glossaire
dans ces pages liminaires. Nous nous entenons pour celui-ci au sens
principal que revtent, dans ce travail, les concepts qui y sont
prsents. Nombre dentreeux sont problmatiques, voire polmiques et
peuvent revtir des acceptions diffrentes selon le contexte thorique
danslequel ils sont exprims. Il sagit dun glossaire que nous avons
voulu analytique et dans lequel nous prcisons le sensdes termes y
figurant en indiquant le contexte dans lequel nous les utilisons et
les perspectives quils permettentdouvrir. Pour certains de ces
termes, nous nous en tenons la dfinition la plus consensuelle et
renvoyons notretexte pour une vue plus globale.
Nous nous sommes efforcs, dans le cours du texte, de dfinir
systmatiquement chaque nouvelle notion syprsentant, par rapport son
champ dappartenance initial et dans le contexte de notre thme
dtude.
Bonne lecture.
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GLOSSAIRE.
Cardinalit.Dsigne la possibilit dtablir des liens hypertextuels
non plus mono-directionnels mais multi-directionnels
(depuis un ou plusieurs documents, vers un ou plusieurs autres),
leurs ancres faisant alors office de pivot, de pointcentral.
Cognition, Cognitif, Cognitivisme.La cognition est une fonction
complexe multiple regroupant lensemble des activits mentales
(pense,
perception, action, volont, mmorisation, rappel, apprentissage)
impliques dans la relation de ltre humain avec sonenvironnement et
qui lui permettent dacqurir et de manipuler des connaissances
(associations, rtroaction, traitementde linformation, rsolution de
problmes, prise de dcision, etc.). (source :
http://www.granddictionnaire.com).
Selon [Varela et al. 93 p.35], dans le cadre de lnaction, () la
cognition, loin dtre la reprsentation dunmonde prdonn, est
lavnement conjoint dun monde et dun esprit partir de lhistoire des
diverses actionsquaccomplit un tre dans le monde.
Il indique galement propos du cognitivisme que [son] intuition
centrale () est que lintelligence humaine comprise ressemble
tellement la computation dans ses caractristiques essentielles que
la cognition peuten fait se dfinir par des computations sur des
reprsentation symboliques. [Varela et al. 93 p.73]
Quand nous parlons des enjeux cognitifs de lorganisation
hypertextuelle, il sagit dtudier les modalitsparticulires tant
disponibles pour des individus ou des agencements collectifs pour
interagir et crer du sens dans unenvironnement donn : celui rgi par
les principes de lorganisation hypertextuelle.
Couplage structurel.Le couplage structurel est un processus de
comportement dynamique non fig, li au sujet et qui permet de
faire merger de la signification sur un arrire-plan de
comprhension. (Varela) Dans notre thmatique, le couplagestructurel
permet de rendre compte de processus de navigation, de types
dorganisations hypertextuelles et dactivitscognitives associes.
Critique gntique.Approche de la critique littraire se
concentrant sur ltude des uvres au travers des diffrentes tapes
de
leurs processus de cration (analyse des brouillons, manuscrits,
etc.).
Ecologie cognitive.Lcologie cognitive dont nous parlons dans ce
travail fait explicitement rfrence lcologie de lesprit dont
parle Bateson. Elle a simultanment voir avec lintelligence
collective qui se donne lire au travers de
lorganisationhypertextuelle de la connaissance, avec les mmoires
individuelles, documentaires et collectives quelle ragence autourde
modalits et de styles cognitifs parfois indits et souvent
renouvels, ainsi quavec les nouveaux agencementscollectifs
dnonciation qui mettent en uvre et disposent de ces mmoires et de
ces caractristiques cognitives.
Si nous parlons dune nouvelle cologie cognitive cest parce que
lorganisation hypertextuelle, par lanature des lments quelle met en
rapport, par langle sous lequel ces lments peuvent tre penss et
perus, et par latopologie particulire qui y prvaut, opre un
renouvellement important des aspects sociaux et cognitifs de
lacommunication, dans leurs dclinaisons individuelles aussi bien
que collectives.
Enonciation, Agencements collectifs dnonciation.Selon [Dupriez
84], lnonciation dsigne lacte dnoncer, de produire un ensemble de
signes linguistiques.
() Lnonciation comporte sept ples susceptibles de lorienter. Ce
sont les ples du schma de la communication, savoir le locuteur, le
contact, le destinataire, la situation, le contenu du message, la
langue utilise et la formeesthtique donne au message.
Ce travail montre comment lorganisation hypertextuelle des
textes rorganise et redistribue la nature et lesfonctions de chacun
de ces ples. Dans cette nouvelle carte nonciative, les agencements
collectifs dnonciation jouentun rle majeur. Du point de vue du
lecteur/utilisateur, ils rendent compte de communauts
dinterprtation renouvelantlhermneutique textuelle ; du point de vue
auctorial, ils autorisent des niveaux de coopration jusque l
indits.
Epistmologie. Rflexion critique sur la connaissance, notamment
sur la science, ses conditions de possibilit et de
dveloppement, ses principes et ses rgles de mthode, ses limites.
(source : http://www.mcxapc.org/lexique).Lhermneutique (voir ce
terme) hypertextuelle dont nous tentons dans ce travail dtablir les
spcificits, prend placedans un cadre plus large : celui dun horizon
pistmologique visant positionner ltude de
lorganisationhypertextuelle en dehors dune rflexion exclusivement
et strictement interdisciplinaire.
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Fractal, Fractales.Selon Mandelbrot, se dit dune figure
gomtrique ou dun objet naturel qui combine les caractristiques
que
voici : ses parties ont la mme forme ou structure que le tout ()
une chelle diffrente. Lun des axes de ce travailest de dmontrer en
quoi toute organisation hypertextuelle est ncessairement de nature
fractale.
Gnrateur(s), Gnration de texte.Selon Blanquet, la gnration de
textes est la possibilit pour un ordinateur de gnrer par ordre
de
difficult croissante des expressions, des phrases ou du texte,
dans un style acceptable pour un tre humain. Ce travailsintresse
aux diffrents processus permettant de gnrer des textes, de voir
quel(s) genre(s) et quelle(s)littrature(s) ces outils peuvent tre
rattachs, et sinterroge sur le statut littraire des textes ainsi
produits.
Gestion lectronique de documents (G.E.D.), Gntique
documentaire.La gestion lectronique de documents recouvre un
ensemble dactivits qui vont de lenregistrement
lectronique des textes (numrisation) leur archivage (stockage,
conservation, organisation) et leur diffusion (le plussouvent via
des systmes documentaires). Avec laugmentation exponentielle de
documents existant ds leur crationsous forme lectronique, on parle
dsormais de GEIDE (Gestion Electronique de lInformation et du
Document Existant source : Dictionnaire encyclopdique de
linformation et de la documentation), celle-ci senrichissant de
nouvellestechniques (mtadonnes notamment).
Nous parlons de gntique documentaire en rfrence la critique
gntique (voir ce terme) et la thmatiquedu versioning (voir ce
terme). La gntique documentaire dsigne alors lensemble des activits
permettant de suivrelvolution dun document (ou dun ensemble de
documents) et de ses diffrentes versions dans une optique qui
estcette fois celle de son accs et de sa diffusion.
Genres littraires.Si ce travail peut tre rattach une rflexion
sur la thorie des genres cest dans la mesure o il choisit,
propos des uvres hypertextuelles, de parler de modle ( pattern )
plutt que de genre, et distingue, pour chacun desmodles isols,
diffrents niveaux de gnricit.
Hermneutique.Science de linterprtation. Appelons hermneutique
lensemble des connaissances () qui permettent de
faire parler les signes et de dcouvrir leur sens. (Foucault). Ce
travail tente de dmontrer lexistence dunehermneutique
hypertextuelle spcifique.
Hypertexte, Hypertextualit, Organisation, Organisation
hypertextuelle.- Hypertexte.
- Lhypertexte est ce qui reste de ldifice du sens, une fois la
pierre du texte te. Parmi les(nombreuses) dfinitions prsentes et
discutes dans ce travail, celle dont nous nous rapprochons leplus
est celle le dfinissant comme la science des relations et de la
gestion de ces relations. (Isakowitz, Stohr, Balasubramanian)
- Hypertextualit.- Lhypertextualit est un principe dorganisation
dont linteractivit est le mode principal et la
condition premire.- Organisation.
- Selon Edgar Morin (La Mthode), lorganisation dsigne la proprit
dun systme capable lafois de maintenir et de se maintenir, de
relier et de se relier, de produire et de se produire.
- Organisation hypertextuelle.- Lorganisation hypertextuelle est
ce qui permet de rendre compte de la nature rhizomatique de
toute
forme dintelligence collective. Elle entretient, par bien des
points, un rapport privilgi avec la notionde mmoire collective,
cette dernire nayant de sens (en termes daccs comme dorganisation)
quesi elle dispose de fonctions hypertextuelles (les liens). La
dimension fractale est le point commun dela trilogie corps/rseau,
mmoire/hypertexte, intelligence/rhizome choisie pour caractriser
cetteorganisation.
Ingnierie des connaissances, Gestion des
connaissances.Lingnierie des connaissances dsigne lensemble des
procdures et mthodologies mises en uvre pour la
conception et la ralisation de systmes (outils logiciels le plus
souvent) permettant de favoriser lchange et le partagede
connaissances diffrentes chelles (entreprises, rseaux de
collaborateurs, etc.). Lun des objectifs assigns delingnierie des
connaissances et de faciliter la coopration et de permettre de
capitaliser de nouvelles connaissances surla base de celles
recueillies.
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Le dispositif FoRSIC (chapitre trois) est un projet qui a pour
finalit la gestion collective des connaissancesdun collectif de
formateurs la recherche documentaire.
Interaction, Interactivit. Linteractivit est ce qui permet
lusager dun systme () de dialoguer avec lui afin de choisir, selon
ses
besoins et au moment o il le dsire, le type dinformations
souhait et selon la forme approprie. (Dictionnaireencyclopdique de
linformation et de la documentation). Dans ce travail,
linteractivit est la condition premirepermettant de parler de
systme hypertextuel.
Quand nous parlons dinteractions, elles peuvent avoir lieu entre
plusieurs types dindividus isols ou runis encollectif, entre
plusieurs types dagencements (humains ou machiniques), entre
plusieurs styles cognitifs, entre plusieurstypes dorganisations, et
entre tout ou partie des lments prcits.
Intertextualit.Lintertextualit dsigne (chez Kristeva notamment)
un processus indfini, une dynamique textuelle : () le
texte ne se rfre pas seulement lensemble des crits, mais aussi
la totalit des discours qui lenvironnent (). Plus pragmatiquement,
il sagit de la relation de coprsence de deux ou plusieurs textes.
(Genette)
Lhypertexte est souvent confondu ou assimil lintertextualit. Ce
travail pose qu linverse,lintertextualit est un piphnomne dune
organisation hypertextuelle des textes.
Invariant.La notion dinvariant telle que nous lenvisageons dans
ce travail se situe dans le cadre dune approche
ethnomthodologique1. () Il sagit de dgager des invariants, cest
dire des principes gnraux, structuraux etfonctionnels, pouvant
sappliquer aussi bien un systme qu un autre. [Rosnay 75 p.92], le
systme ici envisagtant celui de lorganisation hypertextuelle et de
ses constituants (hypertextes, pratiques sociales et processus
deliaison).
Lien hypertexte, Ancres, Nuds.Un lien hypertexte se compose dune
ancre (cliquable) reliant un nud-source et un nud-cible qui
peuvent
tre deux documents ou deux parties de document. Ce travail
propose une vue englobante de lensemble desformalismes permettant
de lier deux ou plusieurs textes (documents).
Mmoire, Mmoire collective.Stiegler rappelle que toute mmoire est
affecte de technique, quelle est artificielle, quelle sacquiert. Il
est
possible de distinguer entre mmoire interne (dans le cerveau de
lindividu), mmoire externe (constitue par lesdocuments dans un
systme o linformation est stocke), mmoires documentaires (qui
mettent en jeu plusieurstechnologies, diffrentes interfaces et
donnent lieu diffrents usages) et mmoire sociale ou mmoire
collective [Link-Pezet 99]. De plus, et ce depuis lantiquit, on
parle des arts de la mmoire [Yates 75] ceux-ci ayant partie lie
avecla rhtorique.
Lhypertexte entretient avec lensemble de ces activits mmorielles
des rapports souvent renouvels. Nousparlons dans ce travail de
nouvelles organisations mmorielles rendant compte dune volution des
rapports entre lesuvres (textes, documents) et les individus
rassembls en agencements collectifs dnonciation.
Mtadonnes.Les mtadonnes permettent dharmoniser et de structurer
lindexation des donnes prsentes sur le rseau
(Internet) en balisant les documents laide de titres, de
mots-cls, de descriptions bibliographiques, etc. Cesinformations
(invisibles pour les utilisateurs) sont rcupres par les moteurs de
recherche qui les utilisent pour fournirdes rponses appropries.
Navigation, stratgies de navigation, browsing, searching.La
navigation dsigne lensemble des activits de reprage, de
localisation, dorientation et de circulation dans
un hypertexte ou une organisation hypertextuelle. Elle peut tre
envisage du point de vue de lutilisateur (faisant alorsrfrence aux
styles cognitifs prdominants chez celui-ci), du point de vue de
lauteur (faisant cette fois rfrence auxstructures narratives ou aux
modalits dinterfaage choisies), ou du point de vue des liens
eux-mmes et despossibilits de navigation quils autorisent ou
interdisent.
Le browsing et le searching sont ses deux modalits principales,
chacune dentre elles pouvantoccasionner diffrents problmes lis la
surcharge cognitive de lutilisateur, problmes auxquels ce travail
apporte deslments de rponse.
1 Ethnomthodologie : science qui a pour objet la dimension
subjective des relations sociales. (source
:http://www.granddictionnaire.com)
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Ontologies.Une ontologie est une spcification formelle,
explicite dune conceptualisation partage. [Gruber 93]. Dans
ce travail, les ontologies reprsentent lun des moyens de
disposer de modes daccs aux connaissances qui soient enrapport avec
les modes de classification et dorganisation de ces mmes
connaissances.
Les ontologies sont actuellement dsignes comme lune des voies de
recherche les plus prometteuses dans lecadre du web smantique et de
ses applications. Elles posent cependant beaucoup de problmes de
conception et demise en uvre.
Le projet FoRSIC repose sur lutilisation de plusieurs niveaux
(types) ontologiques quune organisationhypertextuelle permet
denrichir et de renforcer.
Recherche dinformation, Recherche documentaire, Actes
documentaires. La recherche documentaire dsigne lensemble des
activits de recherche et danalyse des informations
disponibles sur un thme donn. Elle dsigne galement le reprage
dinformations spcifiques partir dun ensemblede documents. (source :
http://www.granddictionnaire.com) Par extension, on parle de
recherche dinformation.
La formation la recherche documentaire est la base du projet
FoRSIC dcrit dans le troisime chapitre de cetravail. Nous avons
dtermin une srie dactes documentaires permettant de rendre compte
de cette activit derecherche en tant que processus
dapprentissage.
Rseau.Nous parlons de rseau dans ce travail pour dsigner tout
phnomne organisationnel prsentant
simultanment : des lments identifis comme des relais, permettant
de rendre compte dune dynamique (flux), desniveaux dorganisation
dchelle diffrente mais de structure semblable.
Il existe diffrents types de rseaux (hirarchique, global,
linaire, etc.) qui peuvent tre combins entre eux,offrant ainsi
diffrents niveaux dorganisation rticule.
Rhtorique.La rhtorique (initialement lart de bien parler) dsigne
ltude de lensemble des figures de discours (tropes)
quil est possible de mettre en uvre dans un texte. Nous montrons
en quoi lhypertexte reprend nombre des figures dela rhtorique
classique mais fait varier leurs effets et les entits auxquelles
elles sappliquent.
Srendipidit, Srendipidit associative, Srendipidit
structurelle.La srendipidit (fortuit) dsigne un phnomne rendant
compte de la dcouverte par chance ou par
sagacit de rsultats que lon ne cherchait pas. (Dictionnaire de
lOffice de la Langue Franaise). Nous abordonscette notion sous
langle de la navigation et de la recherche dinformation, et
distinguons alors entre srendipiditstructurelle et associative.
Stylistique. La stylistique hrite de la rhtorique une
description des moyens expressifs [que lon pourra appeler
stylistiques ] susceptibles dtre forms par la langue (la thorie
des figures) et des rgles de slection etdutilisation de ces figures
en fonction de types de discours (la thorie des genres). [Gaudard
91 p.8]
Quand nous parlons des enjeux stylistiques de lorganisation
hypertextuelle, il ne sagit pas dentrer dansles diffrents courants
qui constituent la stylistique, mais de lenvisager comme la
discipline qui tente dtablir lesmodalits et les motivations
permettant de passer dune reprsentation interne du sens une forme
de surfacecorrespondante qui est celle du texte (de lhypertexte)
tudi.
Texte, Textualit.La figure du texte, de la textualit, est lobjet
dtude de la critique littraire. Elle peut tre envisage selon
plusieurs points de vue, souvent croiss (stylistique, rhtorique,
argumentation, etc.) Nous reprenons dans ce travaillide de Barthes
selon laquelle le texte est avant tout un champ mthodologique et
tentons de dfinir ce quiladvient ou peut advenir de ce champ quand
on lui adjoint le prfixe hyper- .
Topologie, Topographie.La topologie est une branche des
mathmatiques dsigne comme la structure destine formaliser et
gnraliser les notions intuitives de born, douvert, de continu,
de frontire, pour un ensemble de points. Elle tudieles ensembles
munis dune telle structure. (dictionnaire encyclopdique Quillet)
Selon Gleick elle est la gomtriedes surfaces lastiques () et
demande : si vous ignorez les mesures, que pouvez-vous dire sur la
structure globale ?
Ce travail montre en quoi lorganisation hypertextuelle, quelque
soit le point de vue envisag pour son tude(critique littraire,
sciences de linformation et de la communication) dispose de
proprits topologiques marques, quila caractrisent et suffisent
expliquer et rendre compte de la plupart de ses modalits, en termes
aussi bien applicatifsque perceptifs.
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Transclusion.Selon Ted Nelson, mcanisme qui permet un document
dtre plusieurs endroits simultanment.() Le
document ne sera pas dupliqu mais transclus, cest dire inclus
simultanment dans divers environnements.
Versioning.Le versioning dsigne lensemble des manires de grer,
indpendamment de tout niveau dchelle (dun
hypertexte local lhypertexte plantaire), les procdures
permettant de rattacher diffrentes versions dun mmedocument un
(des) auteur(s), tout en permettant chacun de sapproprier tout ou
partie des documents produits pardautres ou par eux-mmes, et en
assurant un suivi des diffrentes modifications apportes.
Web smantique.Le web smantique, dvelopp sous limpulsion de Tim
Berneers Lee, est la dernire des tapes de lvolution
du web. Il dsigne un environnement de type web (hypertexte) dans
lequel la recherche dinformation seffectuerait demanire plus
intelligente , notamment au moyen doutils agents (reposant sur des
ontologies), et qui offrirait plus deconvivialit et dinteractivit
que le web actuel. (voir le site http://www.semantic-web.org)
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Rsum.
Lenjeu de ce doctorat est de montrer comment la perception et
les pratiques lies la figure de lhypertextepermettent dentrevoir de
profonds bouleversements dans notre rapport lcrit (document
numrique, nouveaux genreslittraires, textualit renouvele),
lorganisation de la connaissance, ainsi qu la manire dont sagrgent,
seconstituent, se dveloppent et se transforment les diffrents types
de rapport au rel prsents dans toute organisationsociale rticule.
Lanalyse critique de ces transformations nous permet de prciser
comment se met progressivement enplace une nouvelle cologie
cognitive, en quoi elle est rendue ncessaire, et quels sont les
outils (typologie englobantedes processus de liaison entre entits)
et les pratiques sociales mergentes qui la fondent.
Dans notre premier chapitre, nous faisons dabord un point sur
les effets dj mesurables de lorganisationhypertextuelle dans le
rapport lcrit pour isoler les transformations cognitives
occasionnes par ce nouveau support,pour isoler galement la nouvelle
organisation des structures traditionnelles de lnonciation dans le
processus decommunication (rapports auteur-lecteur, agencements
collectifs dnonciation). Nous concluons par une typologie
desnouveaux genres hypertextuels (lis notamment lutilisation de
gnrateurs) et sur le statut littraire de cesproductions.
Notre second chapitre aborde les aspects plus thoriques de
lorganisation hypertextuelle au travers deltude systmatique de ses
procds de liaison. Aprs un tat de lart de la question, nous
dfinissons une typologieenglobante des liens hypertextuels prenant
en compte leurs aspects informatiques, les structures rhtoriques et
formellesqui les sous-tendent et les diffrents types de rapport
entre ces entits-liens autorisant qualifier diffrentesorganisations
hypertextuelles. Sur tous ces points, les propositions formules
dans ce travail devront permettredamliorer les pratiques de
navigation et de rduire certains effets lis (surcharge cognitive,
dsorientation).
Notre troisime chapitre montre que ce que ces liens rvlent du
fonctionnement de la pense humaine (modeessentiellement associatif)
est en train de changer la manire dont les systmes et les
organisations sociales seconstituent et se dveloppent, en mettant
en place, de manire effective, des artefacts et de processus
habituellementimplicites et dont lenjeu sera, pour le chercheur,
daccompagner le passage lexplicite. Ce dernier chapitre sappuiesur
le dispositif exprimental FoRSIC et lutilisation quil fait de
diffrents types ontologiques, ce dernier tantcaractristique des ces
nouveaux rapports au savoir que notre travail essaie de qualifier
plus que de quantifier.
Mots-cls.
Actes documentaires - Ancres - Arbres de connaissance - Archive
- Archivistique - Artefact - Associationnisme -Auteur - Autopose -
Autorit - Bibliothque - Bibliothque classique - Bibliothque
lectronique - Bibliothquevirtuelle - Browsing - Cardinalit -
Cartographie - Cognition (Cognition distribue) - Comptences -
Complexe -Complexit - Connexionnisme - Coopration - Couplage
structurel - Critique gntique - Critique littraire -Cyberespace -
Cybertexte - Dsorientation - Ecologie cognitive - Ecran - Ecriture
- Enonciation (agencementscollectifs dnonciation) - Epistmologie -
Esthtique - Ethnomthodologie - Figures - Forsic - Fractal,
fractales -Fragment (esthtique du) - G.E.D. (Gestion lectronique de
documents) - Gnrateur(s) de texte - Gntiquedocumentaire Gnotexte -
Genres littraires - Gestion des connaissances - Hermneutique -
Hyperfiction -Hyperimage - Hypermdia - Hypertexte - Hypertextualit
- Image - Ingnierie des connaissances - Intgrit -Intelligence
collective - Interaction - Interface - Intertextualit - Invariant -
Lecteur - Lecture - Lexie - Lien - Liensadaptatifs - Liens
dynamiques - Liens typs - Lieu - Littrarit - Littrature -
Littrature assiste par ordinateur -Littrature digitale - Littrature
gnre par ordinateur - Littrature informatique - Livre - Livre
lectronique - Mdia -Mdiasphre - Mmoire (Mmoire collective) -
Mtadonnes - Navigation (stratgies de) - Nuds - Ontologies(types
ontologiques) - Organisation hypertextuelle - Phnotexte -
Pragmatique de la connaissance - Proxmie -Recherche dinformation -
Recherche documentaire - Ringnierie documentaire - Rseau -
Rhtorique - Rhizome -Scnarios dusage - Searching - Srendipidit -
Srendipidit associative - Srendipidit structurelle - Session -
Stylescognitifs - Stylistique - Surcharge cognitive - Systmes
coopratifs - Texte - Textualit - Topographie - Topologie
-Transclusion - Tropes - Typologie - Usages - Versioning.
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Les enjeux cognitifs et stylistiques de lorganisation
hypertextuelle. Table des matires.
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TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS OU
HYPO-THESE..................................................................................................................
p.I
A. Aux origines de ce travail. p.IIB. Prcision terminologique.
p.IIIC. Hypertexte(s) ? p. IV
C. a/ Lhypertexte ou la fin dune certaine ide du Livre. p.VC. b/
Lhypertexte, une technologie de lintelligence. p.VIIIC. c/
Lhypertexte pour la construction dune nouvelle cologie cognitive.
p.IX
Citations originales p. XI
INTRODUCTION....................................................................................................................................................
p.1
1. Problmatique. p.22. Organisation. p.3
2.1. Quel est le mode de constitution de cet hypertexte ? Le
Livre. p.32.2. Quels types doprations produisent () et transportent
les discours () ? Le(s) Lien(s). p.42.3. Quelle est la topologie
des rseaux o circulent les messages ? Le Lieu. p.6
3. Horizons (inter)disciplinaires. p.73.1. Hypertexte et
littrature. p.73.2. Hypertexte et sciences de linformation et de la
communication. p.9
4. Quelques limites au discours. p.9
Citations originales p.12
CHAPITRE PREMIER : LE
LIVRE.....................................................................................................................
p.13
SECTION A : Livres, auteurs et lecteurs. p.14
1. Le Livre. p.151.1. De lamalgame des supports la confusion
smantique. p.151.2. Le livre comme entit ? p.171.3. Entre
mythologie et bibliocentrisme. p.19
1.3.1. Lhyperlivre avant lhypertexte. p.201.3.2. Lhyperlivre
pour lhypertexte. p.21
1.4. De linscription la d-scription du livre. p.22
2. Auteur(s) et autorit. p.252.1. Dfinitions ? p.252.2.
Chroniques dune mort annonce. p.262.3. La fonction plus que la
nature. p.292.4. Marques et masques de lnonciation. p.312.5. Les
enjeux de lauctoritas hypertextuelle. p.322.6. Le paradigme de
lnonciation : vers des logiques de linteraction. p.33
3. Lecteurs et lectures. p.353.1. Logiques de linteraction : le
sujet suppos. p.383.2. La lecture comme coopration. p.40
3.2.1. Introspection. p.403.2.2. Exo-spection. p.413.2.3.
In-spection. p.42
3.3. La lecture comme collaboration. p.423.3.1. Prolongement de
lcriture. p.433.3.2. Dcodage. p.443.3.3. Validation. p.443.3.4.
Co-spcification. p.45
3.4. Le temps de la lecture. p.463.5. Le mouvement de la
lecture. p.48
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3.6. Le territoire lectoral. p.503.6.1. Larchitecte et le
labyrinthe. p.503.6.2. Le complexe de Thse. p.503.6.3. Ariane et le
Minotaure. p.51
Citations originales. p.52
SECTION B : Nouvelles subjectivits, nouvelles modalits, nouveaux
matriaux. p.53
4. Emergence de nouvelles subjectivits. p.544.1. Les nouveaux
masques de lauteur : pour une ingnierie auctoriale. p.544.2. Les
nouveaux visages du lecteur. p.564.3. De lauteur au lecteur.
p.59
4.3.1. Du singulier au collectif. p.594.3.2. De lidentit aux
N.O.Ms. p.60
5. Le texte et ses nouvelles modalits. p.645.1. Quest-ce quun
texte ? Ruptures p.66
5.1.1. Clture et finitude : un texte a un dbut et une fin.
p.665.1.2. Traabilit. p.68
5.2. Quest-ce quun texte ? Continuits p.695.2.1. Dans la
dpendance du support ? p.695.2.2. Le dpassement de lnonciation.
p.695.2.3. Lhypertexte haut-lieu de lintertexte. p.70
6. Limage comme nouveau matriau textuel. p.746.1. Limage avant
le texte. p.746.2. Limage au lieu (haut-lieu) du texte. p.756.3.
Limage est lavenir du texte. p.766.4. Le paradoxe analogique.
p.776.5. Langage de limage. p.796.6. Imagines agentes : le rle
jouer de limage dans linterface. p.806.7. Lisible, scriptible,
visible. p.81
Citations originales. p.84
SECTION C : Gnrateurs & genres. p.85
7. Gnrateurs de textes. p.867.1. Approches techniques. p.887.2.
Hypertexte et gnrateurs. p.897.3. Les implications de la gnration
sur la dichotomie auteur-lecteur p.937.4. impliquent la redfinition
des niveaux dinteraction p.957.5. soulvent la problmatique du texte
gnr / utilis. p.987.6. La qute dun Graal stylistique. p.100
8. Genres hypertextuels. p.1048.1. Besoin de genres
hypertextuels ? p.1048.2. Quest-ce quun genre ? p.1058.3. En qute
de genres hypertextuels. p.106
8.3.1. Un peu dhistoire. p.1068.3.2. Esquisses dfinitoires.
p.1088.3.3. Entre luniversit et reconnaissance institutionnelle.
p.109
8.4. Panorama de la littrature informatique. p.1108.4.1.
Littrature pr-informatique. p.1128.4.2. Littrature digitale.
p.1128.4.3. Cyber-littrature. p.1138.4.4. Littrature assiste par
ordinateur. p.1138.4.5. Littrature gnre par ordinateur. p.116
8.5. La forme des genres : pour une critique topologique.
p.119
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9. Du livre au lien. p.123
Citations originales. p.125
CHAPITRE SECOND : LE LIENp.127
SECTION A : Rhizome et fractalit. p.128
1. Dialectique du rseau et de la ligne. p.1311.1. Rseaux.
p.1311.2. Lignes. p.1321.3. Typologie des rseaux. p.133
1.3.1. Finalit de lorganisation en rseau. p.1351.3.2.
Structure(s) des rseaux. p.1361.3.3. Point de vue oprationnel.
p.136
1.4. Logiques de ladquation. p.1371.4.1. Le rseau. p.1381.4.2.
Lhypertexte. p.1381.4.3. Le rhizome. p.1391.4.4. Adquations ?
p.140
2. Esthtique du fragment - du fragment au fractal. p.1432.1. De
linformation fragmente la navigation fragmentaire. p.1442.2. Nature
fractale de lorganisation hypertextuelle. p.145
Citations originales. p.148
SECTION B : Typologie des liens. p.149
3. Liens, ancres, nuds p.1503.1. Dabord vinrent les nuds.
p.1503.2. Une ancre est dans un nud. p.1533.3. Un lien relie les
deux. p.154
4. Etat de lart. p.1604.1. Attendus mthodologiques. p.1604.2.
Principes mthodologiques retenus. p.1614.3. Organisation
mthodologique. p.1634.4. Premire srie de problmes : existe-t-il une
infinit de liens ? p.166
4.4.1. Existe-t-il des liens primitifs ? p.1674.4.2. Quest-ce
quun type de lien ? p.169
4.5. Deuxime srie de problmes. p.1714.5.1. Pourquoi typer des
liens ? p.171
4.5.1.1. Approches orientes information . p.1724.5.1.2.
Approches cognitives, linguistiques. p.177
4.5.2. Comment sy prendre ? p.1814.5.2.1. Directement dans le
code. p.1824.5.2.2. En proposant un mta-modle. p.1844.5.2.3. En
construisant un systme ddi. p.1864.5.2.4. Indpendamment des codages
et des systmes. p.189
4.5.2.4.1. Cardinalit et granularit. p.1904.5.2.4.2. Intention
auctoriale et structure de navigation. p.1914.5.2.4.3. Critre de
smantique et de structure. p.192
4.5.2.5. Premier bilan. p.1974.6. Troisime srie de problmes.
p.199
4.6.1. Liens dynamiques / adaptatifs. p.2004.6.2. Integrit des
liens. p.2024.6.3. Cardinalit. p.2024.6.4. Versioning. p.203
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4.7. Transclusion. p.2074.7.1. Postulat de dpart : le web est un
archasme. p.2074.7.2. Dfinition. p.2084.7.3. Principes. p.2084.7.4.
Objectifs et perspectives. p.209
5. Nos propositions pour une typologie englobante p.2105.1.
Proprits des ancres hypertextuelles. p.213
5.1.1. Proprits individuelles de nature. p.2135.1.1.1.
Granularit. p.2135.1.1.2. Donnes dinteraction. p.214
5.1.1.2.1. Habillage. p.2145.1.1.2.2. Niveau de visibilit.
p.2145.1.1.2.3. Excution. p.2145.1.1.2.4. Adressage.
p.2155.1.1.2.5. Degr dactivation. p.215
5.1.1.3. Priodicit dune ancre. p.2155.1.1.4. Longueur dune
ancre. p.2165.1.1.5. Vitesse de propagation dune ancre.
p.2165.1.1.6. Connectivit dune ancre. p.2175.1.1.7. Connexit dune
ancre. p.2185.1.1.8. Rsistance dune ancre. p.218
5.1.2. Proprits individuelles de fonction. p.2195.1.2.1. Ancres
transcriptives. p.219
5.1.3. Proprits lies au contexte. p.2195.1.3.1. Contexte de
production. p.221
5.1.3.1.1. Mode de cration structurel . p.2215.1.3.1.2. Mode de
cration infrentiel. p.221
5.1.3.2. Contexte de lecture (aide la comprhension).
p.2215.1.3.3. Contexte de navigation (choix de lutilisateur).
p.2225.1.3.4. Contexte dorientation (choix de lauteur). p.223
5.1.3.4.1. Rtroactivit des ancres. p.2235.1.3.4.2. Proxmie des
ancres. p.2245.1.3.4.3. Cardinalit conjonctive et disjonctive.
p.225
5.1.4. Proprits collectives. p.2255.1.4.1. Ancres extensives et
intensives. p.2265.1.4.2. Systmique et hirarchies. p.227
5.1.4.2.1. Ancres qualitatives. p.2275.1.4.2.2. Ancres
structurelles. p.2275.1.4.2.3. Ancres fonctionnelles.
p.2285.1.4.2.4. Ancres gntiques. p.228
5.2. Seuil de turbulence, transition de phase et transition de
percolation. p.2305.3. Bilan de nos propositions. p.231
5.3.1. Le besoin dinvariants. p.2325.3.2. Le besoin dducation.
p.2325.3.3. Le besoin diconicit. p.233
5.4. La rhtorique du lien. p.2345.4.1. Pour une rhtorique de
lhypertexte. p.2345.4.2. Mthodologie adopte. p.2365.4.3. Mtaphore,
asyndte et synecdoque. p.2385.4.4. Figures de la redondance.
p.2405.4.5. Figures de la confusion. p.2415.4.6. Figures de la
rptition, de lcho. p.2415.4.7. Figures de la rupture. p.2425.4.8.
Figures de la digression, du dcalage. p.2435.4.9. Figures de la
condensation. p.2435.4.10. Figures de laltration. p.2445.4.11.
Bilan. p.2445.4.12. Perspectives. p.246
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Citations originales. p.249
SECTION C : Hypertextes & Navigations. p.255
6. Typologie des hypertextes. p.2566.1. Quimporte le support
p.2566.2. pourvu quil soit organis. p.2576.3. Entres typologiques
pertinentes. p.258
6.3.1. Type daccs / nombre dutilisateurs. p.2596.3.2. Mdia
rfrent. p.2606.3.3. Domaine dapplication. p.2606.3.4. Modalits
dusage. p.2606.3.5. Degr douverture. p.2606.3.6. Niveau de
profondeur. p.2606.3.7. Fonction(nalits). p.261
6.3.7.1. Hypertextes littraires et mode propositionnel.
p.2626.3.7.2. Hypertextes structurels et de prsentation et modes
procduraux. p.2626.3.7.3. Hypertextes de travail en collaboration
et modes distribus. p.2626.3.7.4. Hypertextes dexploration et modes
analogiques. p.263
6.3.8. Navigation (degr de contrle de lutilisateur).
p.2636.3.8.1. Browsing. p.2636.3.8.2. Searching. p.265
7. Stratgies de navigation. p.2677.1. Surcharge cognitive.
p.269
7.1.1. Dfinition et symptmes. p.2697.1.2. Causes. p.269
7.2. Dsorientation. p.2717.3. Syndrome dElpnor. p.2717.4.
Srendipidit et navigation. p.272
7.4.1. Dfinition(s). p.2727.4.2. Srendipidit structurelle.
p.2737.4.3. Srendipidit associative. p.273
7.5. Comment lutter contre ces phnomnes ? p.2747.5.1.
Optimisation les procds de liaison. p.2757.5.2. Organisation
larchitecture de contenu. p.276
7.5.2.1. Smantique interne (niveau smantico-temporel).
p.2767.5.2.2. Smantique externe (niveau spatio-smantique).
p.278
7.5.3. Etablir des cartes dorientation. p.2797.5.4. Etablir des
parcours de navigation. p.280
7.6. Conclusion et pistes de rflexion. p.2807.6.1. Pour une
pdagogie moderne de lhypertexte. p.2817.6.2. Le recours lantique.
p.2817.6.3. Navigation tangentielle. p.2827.6.4. Invariants
procduraux et dclaratifs. p.282
7.7. Browsing Versus Searching. p.2847.7.1. Squentialit ?
p.2877.7.2. Dimension fractale. p.2877.7.3. Dynamiques. p.2887.7.4.
Styles cognitifs. p.2887.7.5. Rapport aux invariants de liaison.
p.2897.7.6. Vers une troisime voie : navigations mergentes.
p.289
8. Du lien au lieu : penser le rseau. p.291
Citations originales. p.293
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CHAPITRE TROISIEME : LE LIEU. p.295
SECTION A : Le lieu du texte : de lcran la bibliothque.
p.296
1. Ecran : le dialogue du corps et du texte. p.2991.1. Lcran
comme fentre culturelle . p.3001.2. Lcran comme support technique .
p.300
1.2.1. Historique. p.3001.2.2. Spcificits. p.301
1.2.2.1. Mdiation instrumentale : lcran protiforme.
p.3011.2.2.2. Mdiation censurante : lcran procusten. p.302
1.3. Quel avenir pour ce dispositif cognitif ? p.3031.3.1.
Nature de lcran : entre surface et interface. p.303
1.3.1.1. Surface cran. p.3031.3.1.2. Interface cran. p.303
1.3.2. Dimension de lcran. p.303
2. Bibliothque. p.3052.1. Classique, lectronique, virtuelle.
p.3052.2. Pour un nouvel encyclopdisme. p.306
2.2.1. Encyclopdisme savant. p.3062.2.2. Encyclopdisme dusage.
p.3072.2.3. De la bibliothque-mmoire la bibliothque neuronale.
p.308
2.3. La bibliothque sans livres : pour une archivistique
topologique. p.308
3. Le lieu du texte. p.3113.1. Littrature et espace. p.311
3.1.1. Spatialit du langage. p.3113.1.2. Spatialit de la
lecture. p.3123.1.3. Espace smantique. p.3123.1.4. Spatialit
temporelle. p.312
3.2. Le texte comme espace sociologique. p.3133.3. Le texte
comme lieu technologique. p.3133.4. Aporie du lieu : texte utopique
? p.314
Citations originales. p.316
SECTION B : Topologie et cartographie. p.317
4. Typologie et topologie. p.3184.1. Topologie : dfinitions.
p.3194.2. La topologie comme (inter)discipline. p.320
4.2.1. Topologie et S.I.C. p.3204.2.2. Topologie et littrature.
p.320
4.2.2.1. De la rhtorique lOulipisme. p.3214.2.2.2. Pour une
lexie topologique. p.3214.2.2.3. Topologie de luvre. p.322
4.3. Topologie et hypertexte. p.3234.3.1. Topologies dynamiques
de lorganisation hypertextuelle. p.3234.3.2. Topographies statiques
de la session hypertextuelle. p.323
4.3.2.1. Topographies de navigation. p.3244.3.2.2. Les liens
comme rsistances topographiques. p.324
5. La carte et le territoire. p.3265.1. Carte(s) et
cartographie(s). p.3275.2. Territoire(s) et territorialit(s).
p.328
5.2.1. Logiques territoriales fractales. p.3285.2.2. Le savoir
entre terre de culture et territoire de connaissance. p.329
5.3. Cartes fractales dun territoire rhizomatique. p.330
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SECTION C : Vers une pragmatique de la connaissance : le rle des
ontologies dans le projet FoRSIC. p.333
6. FoRSIC. p.3346.1. Prsentation du projet. p.3356.2.
Architecture fonctionnelle dun dispositif de cognition distribue.
p.336
6.2.1. Une plate forme pour la gestion des connaissances.
p.3366.2.2. Un outil-auteur pour la r-ingnierie documentaire.
p.338
6.3. Fondements thoriques. p.3416.3.1. Connexionnisme.
p.3416.3.2. Systmique. p.342
6.4. Principes. p.3426.4.1. Couplage structurel. p.3426.4.2.
Cognition distribue. p.3426.4.3. Le modle de conversion de
connaissances. p.3436.4.4. Legitimate Peripheral Participation
p.344
6.5. Dimensions. p.3456.5.1. Dimension cooprative. p.3456.5.2.
Dimension collective. p.3476.5.3. Dimension cartographique et
Arbres de connaissances . p.348
7. Le rle jouer des ontologies. p.3517.1. Dfinitions. p.3517.2.
Ontologies versus terminologies. p.353
7.2.1. Terminologies, taxonomies, mtadonnes, thesaurus
p.3537.2.2. Types ontologiques. p.354
7.3. Mthodologie dlaboration et rsultats attendus. p.3577.4.
Niveaux ontologiques prsents dans FoRSIC. p.359
7.4.1. Modle de domaine de la recherche dinformation.
p.3607.4.1.1. Du squentiel au hirarchique. p.3607.4.1.2. Du
hirarchique au contextuel. p.3607.4.1.3. Du contextuel au
multi-relationnel. p.360
7.4.2. Scnarios dusage. p.3617.4.2.1. Niveaux de formation.
p.3617.4.2.2. Activits cognitives. p.3617.4.2.3. Actes
documentaires. p.362
7.4.3. Matrice de comptences. p.3637.4.3.1. Comptences gnriques.
p.3647.4.3.2. Comptences explicites. p.364
7.4.4. Couplages structurels. p.3657.4.4.1. Une ingnierie de
lusage. p.3657.4.4.2. Une organisation hypertextuelle.
p.3657.4.4.3. Un modle pour une pragmatique de la connaissance ?
p.367
7.5. Bilan et perspectives. p.368
Citations originales. p.371
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CONCLUSION : organisation hypertextuelle, pragmatique de la
connaissance & cologie cognitive..p.372
1. Mdiasphre, logosphre, mcanosphre et toposphre. p.374
1.1. Lorganisation hypertextuelle comme mdiasphre. p.3741.2.
Lorganisation hypertextuelle comme logosphre. p.3741.3.
Lorganisation hypertextuelle comme mcanosphre. p.3751.4.
Lorganisation hypertextuelle comme toposphre. p.375
2. Lhermneutique hypertextuelle comme pragmatique de la
connaissance. p.377
2.1. Intelligence collective et connaissance identitaire.
p.3772.2. Intelligence collective et savoir communautaire.
p.379
3. Vers une cologie cognitive du cyberespace : penser le
complexe. p.380
3.1. Cyberespace. p.3803.2. Ecologie cognitive. p.382
4. Notre contribution une cologie cognitive : dcrire des systmes
de dispersion. p.383
Citations originales. p.385
BIBLIOGRAPHIE p.386
Bibliographie complmentaire. p.410
ANNEXES... p.412
Annexe 1. Les pres de lhypertexte. p.413
Annexe 2. Carte de voisinage hypertextuelle. p.416
Annexe 3. Proto-hypertextes et hypertextes. p.417
Annexe 4. Stratgie des interfaces. p.423
Annexe 5. Littrature informatique et gnrative. p.425
Annexe 6. Recensement de la littrature hypertextuelle. p.426
Annexe 7. Patterns of hypertext . p.427
Annexe 8. Principaux systmes hypertextuels. p.429
Annexe 9. Taxonomie des hyperliens [Trigg 83]. p.433
Annexe 10. Figures de rhtorique : dfinitions. p.435
Annexe 11. Modle de domaine de la recherche dinformation.
p.437
Annexe 12. Principes thoriques du projet FoRSIC. p.441
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TABLE DES FIGURES.
Chapitre premier : Le livre.
Fig. 1 : Du dilemme au paradoxe. p.17 Fig. 2 : Du Volumen
lhypertexte. p.21 Fig. 3 : Marques et masques de lnonciation
hypertextuelle. p.63 Fig. 4 : Panorama de la littrature
informatique. p.118
Chapitre second : le lien.
Fig. 5 : Lobjet lien et ses composants daprs [Fortes &
Nicoletti 97]. p.150 Fig. 6 : Influence de lembotement des chelles
sur la nature des nuds hypertextuels. p.151 Fig. 7 : Codage dun
lien hypertexte. p.155 Fig. 8 : Nuds-source possibles. p.156 Fig. 9
: Vue synoptique des problmatiques du lien. p.206 Fig. 10 :
Transpointing windows dans le systme Xanadu. p.208 Fig. 11 :
Typologie englobante des proprits invariantes des ancres
hypertextuelles. p.229 Fig. 11a : Typologie des proprits rhtoriques
des ancres. p.248 Fig. 12 : Typologie des hypertextes. p.266 Fig.
13 : Srendipidit structurelle et associative. p.274 Fig. 14 :
Principe de double orientation. p.277 Fig. 15 : Carr smiotique de
la coopration idale. p.284
Chapitre troisime : le lieu.
Fig. 16 : Copie dcran de la plateforme SEE-K. p.337 Fig. 17 :
Copie dcran du dispositif SABRE. p.339 Fig. 18 : SABRE : un exemple
de ressource XML produite. p.340 Fig. 19 : Architecture
fonctionnelle de FoRSIC. p.340 Fig. 20 : La conversion de
connaissance daprs [Takeuchi & Nonaka 95]. p.344 Fig. 21 :
Elments pouvant composer une ontologie. p.354 Fig. 22 : Types
ontologiques. p.357 Fig. 23 : FoRSIC, une organisation
hypertextuelle. p.367
Conclusion.
Fig. 24 : Vers une cologie cognitive. p.376
TABLE DES TABLEAUX.
Chapitre second : le lien.
Tableau 1 : Vues compares des principes du rhizome, de
lhypertexte, du rseau. p.140 Tableau 2 : Typologie des liens selon
Landow. p.191 Tableau 3 : Typologie des liens selon [DeRose 89].
p.192 Tableau 4 : Typologie des liens selon [Baron et al. 96].
p.193 Tableau 5 : Typologie des liens selon [Rao & Turoff 90].
p.194 Tableau 6 : Typologie des liens selon [Thuring et al. 91].
p.195 Tableau 7 : Typologie des liens selon [Parunak 91]. p.195
Tableau 8 : Typologie des liens selon [Cleary & Bareiss 96].
p.196 Tableau 9 : Typologie des liens selon [Fortes & Nicoletti
97]. p.196 Tableau 10 : La rhtorique du lien hypertexte. p.240
Tableau 11 : Vues compares des invariants de navigation. p.287
Chapitre troisime : le lieu.
Tableau 12 : Fonction et nature de lorganisation hypertextuelle.
p.331 Tableau 13 : La recherche dinformation comme processus
dapprentissage. p.363 Tableau 14 : Matrice ontologique de
comptences gnriques. p.364
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Les enjeux cognitifs et stylistiques de lorganisation
hypertextuelle Avant-propos
- II -
Cet avant propos poursuit un triple objectif.
Dabord, il va nous permettre de faire tat des motivations qui
furent lorigine de ce travail.
Ensuite, et sans tre encore entr dans ce que nous prsenterons en
introduction comme notre
problmatique, il va permettre dclaircir quelques horizons
terminologiques comme celui qui fait de
larticulation hypertexte/hypermdia une source frquente de
confusion.
Enfin, nous prsenterons, sans tenter de les problmatiser mais en
les articulant autour des trois
grands horizons de lanalyse auxquels elles se rattachent, un
chantillon non exhaustif mais reprsentatif des
dfinitions habituellement associes lhypertexte ; cette
prsentation, en donnant une ide de ltendue du
spectre des significations plus ou moins connotes de ce terme
confirmera, du moins nous lesprons, une
double vidence : celle de sa richesse et de sa porte
scientifique, et celle de sa ncessaire problmatisation,
hors laquelle les horizons de lanalyse que nous voquions
resteront trangers toute approche critique.
A. Aux origines de ce travail.
Dfinition de lhypertexte : La science des relationset de la
gestion des relations. Isakowitz T., Stohr E.,Balasubramanian P.,
RMM : A Methodology for StructuringHypermedia Design , in
Communications of the ACM, 38(8)34-44, Aot 1995. Cit par [Carr et
al. 99a].
Cet avant propos ne saurait permettre de rpondre la question de
savoir si lhypertexte est ou non
une science, fusse-t-elle celle des relations et de la gestion
des relations . Il demeure cependant
indniable que lhypertexte est un terme qui fait aujourdhui
partie de notre culture commune. Il est entr
dans les pratiques de chacun. Que celles-ci soient dordre
professionnel comme linterrogation de bases de
donnes dans le cadre de la documentation ou sapparentent la
sphre des loisirs individuels la
navigation sur Internet lhypertexte est chaque fois prsent, de
manire plus ou moins transparente, plus ou
moins avoue, plus ou moins explicite.
Initialement peru comme lavatar caractristique de lre numrique,
il a eu ses effets de mode, qui
commencent peine sestomper. Mais ce qui le rend fascinant, et
qui fait quil est actuellement prsent
dans tous les champs du quotidien, est sa nature
associative.
Lassociation comme cause et consquence dun certain type
dorganisation , que cette
organisation soit celle dun ensemble de personnes interagissant
et collaborant dans un but commun, ou bien
celle qui caractrise le fonctionnement associatif de la pense
humaine :
- toute lacquisition du langage consiste associer des mots et
des objets, dsigner des
abstractions par des concepts,
- la plupart des techniques de rducation associes aux
pathologies de la mmoire tendent
recrer ces associations originelles,
- tout effort intellectuel, du plus simple au plus complexe,
passe par lactivation dun rseau
dassociations qui permettent la pense de se mettre en place et
de saisir les objets et/ou les
concepts quelle vise apprhender,
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Les enjeux cognitifs et stylistiques de lorganisation
hypertextuelle Avant-propos
- III -
- notre connaissance actuelle des mcanismes biologiques qui
prsident la pense et qui sont mis
en uvre dans le cerveau repose sur des modles associatifs
autour, principalement, de rseaux
de neurones.
Si lhypertexte, dans sa quotidiennet, est effectivement lun des
paradigmes mis au jour par la
science informatique, au vu de linventaire indicatif qui prcde,
lhypertextualit nest pas rductible
lhypertexte en ce quelle touche au plus intime de notre part
dhumanit. De la psychologie la biologie, de
linterprtation des rves la neurologie ou la physiologie, de la
sociologie la philosophie, toute approche
ou toute tude exprimentale visant mieux comprendre comment
fonctionne lesprit humain, quelles
sont ses spcificits et quels sont les mcanismes lui permettant
de communiquer1, possde de fait une
dimension associative, hypertextuelle.
Pour dfinir le cyberespace dans son dsormais classique
Neuromancien, [Gibson 85 p.64] le
dcrit comme une hallucination consensuelle vcue quotidiennement
en toute lgalit par des dizaines de
millions doprateurs. Voil sans doute lessence du choc culturel
que constitue lavnement dInternet et
du mode si particulier de navigation qui lui est associ. Car
dans la vision littraire prmonitoire de Gibson
comme dans les aspects les plus pragmatiques de notre ralit
quotidienne, lhypertexte apparat comme le
principe fdrateur de toute une srie complexe dinteractions entre
des tres, des documents et des ides ; il
inaugure et caractrise du mme coup une ralit nouvelle des
organisations : un certain niveau dchelle et
indpendamment de toute mthode danalyse, tous les lments qui
composent lhypertexte sont relis ; cette
homognit absolue, cet irrvocable dterminisme connexionniste, par
les collaborations et les interactions
fortuites ou dlibres quil occasionne, est sinon une chance, du
moins un formidable terreau de
questionnements touchant la plupart des domaines connus de la
connaissance.
Comment ds lors ne pas se demander dans quelle mesure ces
interactions, ces collaborations, sont
organises de manire tlologique ? En quoi rvlent-elles une
cohrence ? De quel type de savoir, dentit
( hypercortex ) sont-elles rvlatrices ? Comment, devant ce qui a
tous les traits dun apparent chaos ne
pas se mettre en qute de principes organisateurs ?
Voil quelques-unes des motivations qui inaugurrent le
questionnement lire dans ce travail.
B. Prcision terminologique.
Si, comme la partie suivante en fera la dmonstration, les
dfinitions de lhypertexte recouvrent des
vues souvent trs diffrentes, il est une manire daborder la
question qui fait lunanimit, cest celle du
1 quil sagisse ici encore de communication inter-personnelle ou
de communication intra-cellulaire.
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rapport dinclusion qui lie lhypertexte lhypermdia2, le second
hritant dune dimension gnrique que ne
possde pas le premier. Pour autant, cette unanimit nexclue pas
la confusion : lusage du terme hypermdia
fait le plus souvent rfrence un support de nature particulire
(cdrom, sites web, etc.), combinant
plusieurs types de mdias (son, image, vido). Il reste alors
lhypertexte se choisir une signification entre
celle, inapproprie, de donnes textuelles accdes sur cran et
celle, fruit dune mtonymie rductrice, des
liens hypertextuels quil permet de mettre en place dans tout
type dhypermdia. Comme nous aurons
loccasion de le montrer dans le premier chapitre de notre
travail, la question du support, pour autant quelle
demeure un angle dapproche lgitime de la question
hypertextuelle, nest notre sens quune problmatique
de surface 3.
Voil pourquoi, afin de clarifier notre propos et notre pense,
nous choisissons dinverser la relation
dinclusion qui lie hypertexte et hypermdia et de considrer que
le second sinscrit dans le cadre danalyse
offert par le premier, lhypertexte permettant dvoquer
simultanment les questions lies la nature du
support ou du mdia et celles lies au type dorganisation quil met
en uvre. Si nous sommes amens
sortir momentanment de cette convention de lecture, nous le
prciserons au cours de notre texte.
C. Hypertexte(s) ?
De Nelson Genette
La premire occurrence du concept dhypertexte date de 1965.
Lauteur de ce nologisme, Thodore
Nelson, est philosophe de formation. Il souffre dune forme
extrme dun syndrome affectant les capacits
dattention, perdant sans arrt le fil de ses penses.
Lide mest venue en octobre - novembre 1960 alors que je suivais
un cours dinitiation linformatique qui, au dbut, devait maider
crire mes livres de philosophie. Je cherchais unmoyen de crer sans
contraintes un document partir dun vaste ensemble dides de tous
types, nonstructures, non squentielles, exprimes sur des supports
aussi divers quun film, une bandemagntique, ou un morceau de
papier. Par exemple, je voulais pouvoir crire un
paragrapheprsentant des portes derrire chacune desquelles un
lecteur puisse dcouvrir encore beaucoupdinformations qui
napparaissent pas immdiatement la lecture de ce paragraphe. Ted
Nelson.Cit par [Baritault 90 p.190].
Philosophie. Mmoire.
Comme en atteste [Funkhauser 00] :
Selon une note bibliographique dans Dream Machines, Lhypertexte
, un article deNelson, apparat dans les actes de la confrence de la
Fdration Mondiale de la Documentation en1965. Cependant, ce nest qu
partir de Dream Machines que le dbat autour de ce concept estpubli
grande chelle.
2 [Rhaume 96] propose de distinguer le multimdia qui concerne
les canaux de transmission , lhypermdia reprsentant les liens entre
tous ces objets et les sociomdias dsignant le facteur humain . Ce
dernier terme est emprunt Barrett E.,Sociomedia, Cambridge, Ma, The
MIT Press, 1992.3 Sur ce point de terminologie on pourra notamment
consulter la page de la base de connaissance des P.U.F., lentre
Hypertexte/Hypermdia http://www.imprimeriedespuf.com/cadre6.htm
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Les enjeux cognitifs et stylistiques de lorganisation
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Documentation.
Dix-sept ans plus tard, mais encore huit ans avant que ne se
tienne Aberdeen la premire
confrence sur lhypertexte, cest un autre auteur, lui aussi
friand de nologismes qui impose son ide de
lhypertexte, dans le champ de la critique littraire cette
fois.
Jappelle donc hypertexte tout texte driv dun texte antrieur par
transformation simple(nous dirons dsormais transformation tout
court) ou par transformation indirecte (nous dironsimitation).
[Genette 82 p.16]
Littrature.
Sans point commun apparent avec lide de Nelson, il est
intressant de remarquer comment, au
point actuel de lvolution technologique, les deux dfinitions
entrent sans peine en rsonance, laissant
entrevoir un champ pistmologique la fois ouvert et complexe dans
lequel les associations de lun font
cho aux drives de lautre.
Depuis lors, tous ceux, auteurs, critiques, thoriciens,
ingnieurs, qui se sont intresss lhypertexte
ont propos leur propre dfinition, comme sil ne pouvait tre
question dun quelconque consensus, ou
comme si, plus exactement, ils prouvaient le besoin de
sapproprier de manire forte et diffrencie lun des
aspects que recouvre la ralit hypertextuelle, de se positionner
par rapport cet aspect, et de le dvelopper
lexclusive des autres, comme une finalit en soi dans un champ
disciplinaire nvoquant souvent
linterdisciplinarit que comme un alibi permettant de mieux sen
dmarquer.
Nous avons choisi dorganiser linventaire non exhaustif mais
clairement reprsentatif de ces
dfinitions selon trois axes qui sont ceux adopts pour
lorganisation de notre travail et que nous reprendrons
en dtail dans lexpos de notre problmatique. Le premier de ces
axes est celui de la marge, de la
diffrenciation, celui de la fin dune certaine ide de la
civilisation du Livre : lhypertexte y est dfini par
contraste avec toutes les notions, rles, structures et supports
traditionnels, stigmatisant la ncessit de forger
de nouveaux cadres thoriques. Le deuxime axe est celui de
lmergence qui, prenant acte des nouveaux
outils notre disposition et de la structuration acheve de
nouveaux concepts, propose de sengager
rsolument dans une dmarche de rappropriation des codes de
communication qui leur sont habituellement
associs et fait de lhypertexte plus quun outil technologique :
une technologie de lintelligence. Le
troisime axe enfin, prend rsolument parti pour la construction
dune nouvelle cologie cognitive, sous les
conditions et contraintes prcdemment inventories.
C. a/ Lhypertexte, ou la fin dune certaine ide du Livre.
Aucun champ disciplinaire ne se construit ab nihilo, il doit
dabord se dmarquer dun hritage de
notions et de mthodes. Dans le cas de lhypertexte, cet hritage
premier est clairement celui du texte comme
rfrent culturel inamovible depuis le moyen-ge et linvention de
limprimerie. Lhypertexte, comme en
atteste son tymologie, demeure un texte, mais : () un texte
modulaire dynamique, lu de manire non-
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Les enjeux cognitifs et stylistiques de lorganisation
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squentielle, non-linaire, compos de nuds ou fragments
dinformation, qui comprennent des liens
associs dautres nuds. [Poyeton 96]. Comme [Moulthrop 95] fut lun
des premiers le souligner,
lhypertexte fait cho la vision de Barthes : Bien que tout
document hypertextuel reste un objet limit et
dfinissable, cet objet sapparente davantage la notion de texte
chez Barthes un rseau dynamique
dides, indfini dans ses limites et changeant travers le temps qu
une uvre littraire
tlologiquement ferme. Voil sans doute lune des raisons de la
difficult critique saisir dune manire
autrement quintuitive la nature profonde du phnomne hypertextuel
: Un vrai hypertexte est une sorte
dimage de la textualit plutt que lune de ses ralisations.
[Bennington 95]
Dautres prfrent aborder lhypertexte sous langle de la lecture
qui peut en tre faite :
Sera dsign comme hyperdocument tout contenu informatif
informatis dont lacaractristique principale est de ne pas tre
assujetti une lecture pralablement dfinie mais depermettre un
ensemble plus ou moins complexe, plus ou moins divers, plus ou
moins personnalis delectures. (...) Un hyperdocument est donc tout
contenu informatif constitu dune nbuleuse defragments dont le sens
se construit, au moyen doutils informatiques, travers chacun des
parcoursque la lecture dtermine. [Balpe 90 p.6]
Ce postulat ainsi pos, il devient vident que quelle que soit la
forme hypertextuelle choisie, nous
serons toujours dans le cas de figure suivant : Lhypertexte est
un systme infiniment d-centrable et re-
centrable dont le point de focalisation provisoire dpend du
lecteur. [Landow 92 p.11]. Il semble donc que
ce soit le lecteur qui fasse lhypertexte et non linverse.
Dautant que lhypertexte fournit loccasion dune
perce mthodologique qui radicalise ce genre de point de vue
:
Lhypertexte est une manire dinteragir avec les textes et non un
outil spcifique pour unbut unique. Vous ne ralisez ce quest ou ce
que peut tre lhypertexte quen en consultant unpendant une
demi-heure. Une fois pris dans sa nature interactive, vous
commencez alors imaginerun immense ventail dapplications possibles.
M. Heim4.
Aprs stre construit sur les bases dune textualit tout le moins
tendue, lhypertexte semble alors
soffrir lanalyse sous langle des interactions quil autorise avec
les textes. Lhypertexte est un document
virtuel - qui nest jamais globalement perceptible - dont
lactualisation dune des potentialits est
conditionne par leffectivit de la lecture [Claeyssen 94]. Se
dessine ainsi progressivement une
vectorisation nouvelle du schma de la communication, o la place
de la lecture et du lecteur migre de laval
vers lamont de la production littraire.
A force daller toujours plus avant dans la proximit des trois
entits qui fondent la notion
dhypertextualit (texte auteur lecteur), celles-ci se rapprochent
sans pourtant jamais se confondre. Ce qui
change, ce nest pas la perception que nous avons des fonctions
dvolues chacune delles, mais la
perception des rapports organisationnels qui les lient. Dune
organisation fonctionnant sur un schma
pyramidal classique deux dimensions (avec le texte comme sommet
et le lecteur et lauteur comme base),
lhypertexte marque le passage vers un espace multidimensionnel5
dont ces trois entits sont autant de
formes possibles et mouvantes.
4 The Metaphysics of Virtual Reality, New-York : Oxford
University Press, 1993. Cit par [Barnes 94 p.26].5 baptis par
certains multivers ou docuverse , notions sur lesquelles nous
reviendrons dans notre troisime chapitre.
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Selon une premire approche, lhypertexte numrique se dfinirait
donc comme unecollection dinformations multimodales dispose en
rseau navigation rapide et intuitive. (...)Suivant une seconde
approche, complmentaire, la tendance contemporaine
lhypertextualisationdes documents peut se dfinir comme une tendance
lindistinction, au mlange des fonctions delecture et dcriture (...)
qui a pour effet de mettre en boucle lextriorit et lintriorit, dans
ce caslintimit de lauteur et ltranget du lecteur par rapport au
texte. [Lvy 88 p.42]
Ce qui se joue ici nest rien moins que la redfinition de
lintertextualit vcue comme la
perception par le lecteur de rapports entre une uvre et dautres
qui lont prcde ou suivie , et qui ne
saurait dsormais tre envisage sans prendre en compte la notion
dinteraction. Lhypertexte peut
senvisager comme un systme la fois matriel et intellectuel dans
lequel un acteur humain interagit avec
des informations quil fait natre dun parcours et qui modifient
en retour ses reprsentations et ses
demandes. [Clment 95]
La figure de la rcursivit est laboutissement logique dun cycle
dinteractions men terme. Les
apports de la cyberntique notamment lide de feedback seront
incontournables pour rendre compte de
ce continuum. Espace ouvert de complexits disponibles des
infinits de parcours qui, eux-mmes,
instantanment, sy inscrivent comme autant de nouvelles donnes
constitutives. [Balpe et al. 95 p.9]
La tendance gnrale des questionnements lis lhypertextualit
constitue souvent un aveu
dimpuissance devant laspect insaisissable de cette dernire,
devant lincommensurable totalit dont elle
prtend rendre compte. Les mathmaticiens et les informaticiens
emploient hyper pour dsigner ce qui
dpasse trois dimensions (hypercube, hyperespace et mme
hypertemps). Notre vue ne peut percevoir que
trois dimensions : ce qui est hyper nest donc plus percevable
lil nu. Cest bien le cas des hypertextes.
[Otman 96]
Certes un hypertexte nest plus percevable lil nu. Mais quen
est-il des textes classiques ? La
forme mme du codex6 rend la saisie visuelle globale dune uvre
impossible. Qui peut prtendre avoir
parcouru dun seul regard Le Rouge et le Noir, LAssommoir, ou
Madame Bovary ? Tout au plus peut-on
embrasser dun seul coup dil le rceptacle de ce texte, cest dire
le livre. Mais le livre nest pas le texte.
Pour ne pas rester sur ce qui ressemble un constat dchec, il
faut tre capable de changer nos
repres. A linstar de la quasi totalit de nos mathmatiques qui
nauraient aucun sens sil fallait les
dmontrer dans un espace euclidien deux dimensions, lhypertexte
offre lanalyse critique ces nouveaux
repres, ces dimensions supplmentaires, non-euclidiennes de la
pense. Il permet de saisir la dynamique de
transformation et de rorganisation qui affecte lensemble des
processus de communication et pour lesquels
la perspective offerte conjointement par la littrature et les
sciences de linformation et de la communication
se rvle particulirement clairante7.
6 par opposition au volumen (feuilles manuscrites de papyrus
roules), le codex dsigne la forme actuelle du livre. Voir aussi le
point1 Le livre du chapitre premier.7 Le choix de ces deux champs
est dtaill et justifi dans notre introduction.
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C. b/ Lhypertexte, une technologie de lintelligence.
De nouveaux moyens sont notre disposition pour nous permettre de
faire face cette refonte des
codes qui nous taient jusqualors familiers. Ils soffrent comme
autant de nouveaux supports, de nouveaux
concepts visant rendre tangible la ralit que recouvre
lorganisation hypertextuelle.
Le premier aspect de ces modalits mergentes est celui du
connexionnisme qui nous place
directement au cur de la problmatique hypertextuelle, considrant
celle-ci comme la simple connexion
de mots et de phrases. [lhypertexte est] une structure
indfiniment rcursive du sens. Une connexion de
mots et de phrases dont les significations se rpondent et se
font cho par-del la linarit du discours.
Lvy8. Les liens et les nuds hypertextuels correspondent la mise
en place de nouveaux signaux, de
nouveaux signes qui limage de la tabularit du codex venant
remplacer la linarit du volumen jettent
les bases dune vritable hermneutique hypertextuelle, et de sa
rhtorique propre.
Cette pense connexionniste na de sens que si elle prend appui
sur le support informatique, qui est
la matrice premire de lessor de lhypertexte. Mais l encore, mme
lorsque nous labordons par ce qui
parat tre sa caractristique principale, il semble une nouvelle
fois, sinon se drober lanalyse, du moins
faire ressortir une hybridation fondamentale.
Dun point de vue informatique, lhypertexte est en effet un
hybride qui transgresse lesfrontires tablies. Il sappuie sur la
mthode des bases de donnes, mais substitue aux
techniquestraditionnelles dinterrogation des voies daccs direct aux
donnes. Il sappuie aussi sur un schmade reprsentation des
connaissances, un type de rseau smantique qui mle des matriaux
textuelspeu organiss avec des oprations et des processus plus
formels et automatiss. Il sappuie enfin surdes procds dinterfaage
intuitif, quasi-gestuel. [Laufer & Scavetta 92 p.58]
Ce mlange la fois trs homogne et trs dense parce que profondment
rticul de matriaux
et de formalisations allant du trs organis au trs peu organis,
est peu commun dans le champ de
linformatique. A lheure o lon voque comme de nouveaux graals les
techniques quantiques et
holographiques, lhypertexte, conjuguant tout le spectre des
niveaux dorganisation, peut nous permettre de
mieux entrevoir les enjeux qui se dessinent dans ces voies de
recherche.
Pour saisir toute la force de cette notion, il importe de ne
jamais oublier quavant tout, lhypertexte a
t conu comme un outil , mme si cet outil a eu, par la suite, des
rpercussions fondamentales sur notre
perception de la ralit (quelle soit littraire, technique,
cognitive ou sociale).
Lhypertexte nest pas une vision excentrique, un projet de
recherche acadmique ou unethorie littraire : cest un outil et une
affordance utilis par des millions de gens (...) et tendant ltre
encore plus largement dans le futur. En lui-mme, aucun outil ne
peut changer le monde ; maisles changements dans le travail et la
communication que les outils rendent possible peuvent tresource de
grands bouleversements. [Moulthrop 96]
Moulthrop dfinit ici une opinion qui sert de base son
argumentation. Il isole bien la direction de
lexpansion du phnomne hypertextuel qui va de linvention de
loutil la refonte des codes de
communication et des modes de travail. Pourtant, son postulat de
dpart est historiquement faux. Oui,
8 Cit par [Klei 96].
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hypertextuelle Avant-propos
- IX -
lhypertexte fut une vision excentrique , dabord prsente chez
Otlet, puis chez Wells, chez Bush et enfin
chez Nelson9. Oui, lhypertexte tout le moins le rseau Internet
sur lequel il repose fut un projet
acadmique de recherche dvelopp par le gouvernement de la dfense
amricain, puis repris au niveau
europen et qui aboutit la mise en place des rseaux de
communication tels que nous les connaissons
aujourdhui. Oui, lhypertexte fut galement une thorie littraire
(que lon se souvienne de Genette )
reprise et enseigne dans les universits (Stanford, Paris VIII )
au mme titre que le structuralisme ou
dautres. Ces aspects se dvelopprent conjointement et de manire
croise, en interaction profonde et en
rciprocit parfaite. Le point de vue de Moulthrop reste cependant
particulirement pertinent, parce quil met
laccent sur le processus, sur la dynamique de ces interactions,
impossibles sans lavnement de loutil.
C. c/ Lhypertexte pour la construction dune nouvelle cologie
cognitive.
Les meilleures dfinitions dun concept, celles qui permettent
dentrer le plus avant et directement au
cur de sa dimension problmatique, sont souvent les dfinitions a
contrario. Lhypertexte ne peut pas tre
imprim. [Moulthrop 95]. Si lhypertexte demeure principalement un
outil, il est avant tout un outil
mdiatique. Et son pendant, son mdia le plus directement inverse
est limprim. Limpression dun vritable
hypertexte (nous laisserons pour le moment de ct les rcits
arborescents ou combinatoires) le prive de son
essence : il sagit dun concept unifi dides et de donnes
interconnectes, et de la faon dont ces ides et
ces donnes peuvent tre dites sur un cran dordinateur. T. Nelson
10.
Une fois avre lvidence de loutil, une fois constate son
inscription indlbile dans notre sphre
de ralit, lhypertexte se dote de rsonances dordre philosophique.
Lhypertexte est peut-tre une
mtaphore valant pour toutes les sphres de la ralit o des
significations sont en jeu [Lvy 90 p.29]. Sil
est un concept fondateur cest aussi parce quil offre de
conjuguer de manire originale la sphre du
technologique et celle de lintelligence. Lhypertextualit est
plus une rvolution technologique
quintellectuelle : mais comme la dmontr Mc Luhan, lune devient
lautre avec le temps. [Pickering 94]
Cest dans cet espace mdian que les prochaines conqutes
intellectuelles sont probablement faire
et dj luvre. Lhypertexte se donne dchiffrer comme la figure
changeante dune intelligibilit
potentielle, comme un espace smantique construire. [Clment
95]
Quelles que soient les contres pistmologiques dans lesquelles
lhumanit avance, elle est
perptuellement en qute de sens. Lessor de la technologie lui en
fournit sans cesse de nouvelles, tout en
modifiant radicalement et parfois dfinitivement les espaces dj
conquis. Lhypertexte est le destin de la
pense . Leroy-Gourhan11.
9 P. Otlet peut tre considr comme lun des pres de la
documentation et de la science de linformation. H.-G. Wells exposa
dansson article World Encyclopedia lide dune encyclopdie
universelle de la connaissance. V. Bush signa larticle fondateur
AsWe May Think , T.H. Nelson enfin, forgea le terme dans son sens
actuel. Il sagit l des quatre pres fondateurs de
lhypertexte,auxquels on ajoute souvent D. Engelbart, inventeur du
systme de fentrage, de la souris et concepteur dun systme Augment
destin faciliter laugmentation des capacits de lintelligence
humaine. Ces points historiques ont fait lobjet denombreux articles
dont on trouvera les rfrences en annexe 1 Les pres de lhypertexte ,
celle-ci rappelant sommairement lesavances permises par chacun
deux.10 Literary Machines, 1993. Cit par [Clment 95].11 Cit par
[Noyer 97].
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Les enjeux cognitifs et stylistiques de lorganisation
hypertextuelle Avant-propos
- X -
Il ne reste quun pas franchir pour que la technique manation de
loutil trouve son inscription
au cur du biologique, pour quelle devienne une incarnation de la
logique du vivant . Il semble ds lors
normal de laisser le dernier mot celui qui est lorigine de
lexpression runissant en un mme syntagme
ces deux pans fondamentaux de notre existence : Lhomme numrique
. Hypertexte : technique qui
reproduit partiellement le fonctionnement du cerveau humain en
tablissant des liaisons entre plusieurs
informations. [Negroponte 95 p.18]
Voil donc pour ce que nous avons tenu prsenter sous la forme dun
florilge hypertextuel afin
que le lecteur dispose de la vue la plus large possible des
questions que soulve lhypertexte et que, dans le
mme temps, il puisse commencer distinguer les principes
dorganisation que nous allons maintenant
dtailler et qui constituent le socle de notre problmatique :
quels sont les nouveaux lieux, les nouveaux
agencements, les nouveaux espaces ouverts la pense, lorsque des
modalits de liaison entirement
nouvelles investissent et transforment les cadres traditionnels
de nos habitus ?
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hypertextuelle Avant-propos
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Citations originales.
- [Carr et al. 99] The science of relationships and relationship
management.
- [Funkhauser 00] According to a bibliographical footnote in
Dream Machines, The Hypertext , anarticle by Nelson, appeared as
part of the Proceedings of the World Documentation Federation,
1965.However, it is not until Dream Machines that discussion of the
concept is published on a wider scale.
- [Moulthrop 95] Though any hypertextual document remains a
limited and definable object, this object ismuch more like R.
Barthess notion of text - a dynamic network of ideas, indefinite in
its boundaries andmutable over time - than like a teleologically
closed literary work.
- [Bennington 95] A real hypertext is a sort of image of
textuality rather than a realization of it.
- [Landow 92 p.11] Hypertext provides an infinitely
de-centerable and re-centerable system whoseprovisionnal point of
focus depends upon the reader.
- [Barnes 94 p .26] Hypertext is a mode of interacting with
texts, not a specific tool for a single purpose.You can realize
what hypertext is - or can be - only by sitting down with it for
half an hour. Once caught inthe interactive nature of the thing,
you can begin to imagine an immense range of possible
applications.
- [Moulthrop 96] Hypertext is not an eccentric vision, an
academic research project, or a literary theory :its a tool and
affordance being used by millions of people (...) and likely to be
used still more widely inthe future. By itself no tool can change
the world ; but the changes in work and communication that
toolsmakes possible can be enormously transforming.
- [Moulthrop 95] Hypertext cannot be translated into print.
- [Pickering 94] Hypertextuality is a technological rather than
an intellectual revolution ; but as McLuhan demonstrated, the ones
become the other in time.
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4 Ju
n 20
04
-
IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN
SSii Lire, crire, nous ne doutons pas que ces mots ne soient
appels jouer dans notre esprit un rle fort diffrent de celui
quilsjouaient encore au dbut de ce sicle : cela est vident,
nimporte quelposte de radio, nimporte quel cran nous en
avertissent, et plus encorecette rumeur autour de nous, ce
bourdonnement anonyme et continu ennous, cette merveilleuse parole
inentendue, agile, infatigable, qui nousdote chaque moment dun
savoir instantan, universel, et fait de nous lepur passage dun
mouvement o chacun sest toujours, dj, par avance,chang contre tous.
[Blanchot 59 p.275]
AAlloorrss Qui, de cette criture, dira lavenir immdiat et, de sa
lecture,
tablira le constat ? [Jabs 75 p.88]
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