D.Guillaume AGRÉGATION 2001-2002 GRAMMAIRE-STYLISTIQUE Victor Hugo La Légende des Siècles (1859) 1. Bibliographie + Lexicologie : . Étymologie, morphologie, définitions. — REY, Alain (dir.) : Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, 1995 (1992) — Trésor de la langue française, Klincksieck, 1971-1991 (état de la langue au 19 e + affixes) — BLOCH, Oscar et VON WARBOURG, Walther : Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF, 1986 (1932) . Méthode et notions. — Rapport 2000 — LEDUC-ADINE, Jean-Pierre, PETIOT, Geneviève, « La question de vocabulaire aux concours », L’Information grammaticale n° 57, mars 1993. — PICOCHE, Jacqueline : Précis de Lexicologie française, Nathan, 1977 + Grammaire : . RIEGEL, Martin, PELLAT, Jean-Christophe, RIOUL, René : Grammaire méthodique du français, PUF, 1999 (1994) . MAINGUENEAU, Dominique : Précis de grammaire pour les concours, Bordas, 1991 (Dunod) . CALAS, Frédéric et ROSSI, Nathalie : Questions de grammaire pour les concours, Ellipses, 2001 . BONNARD, Henri, articles du Grand Larousse de la Langue française. + Stylistique . MOLINIÉ, Georges : Éléments de stylistique française, PUF, 1991 (1986) . PERRIN-NAFFAKH, Anne-Marie, Stylistique, Pratique du commentaire, PUF, 1989 . GOUVARD, Jean-Michel, La Versification, PUF, 1999 . MAZALEYRAT, Jean : Éléments de métrique française, Armand Colin, 1974 2. Points de syntaxe et de morphosyntaxe à voir : + Groupe nominal : l’article (les déterminants), les prépositions, l’adjectif qualificatif (la caractérisation), les propositions subordonnées relatives, l’apposition + Verbes et constructions verbales : le participe (les formes en –ant ), l’infinitif, l’attribut (constructions attributives), les constructions verbales (verbes transitifs et intransitifs ; valence), l’expression de la comparaison, les temps verbaux + Autres classes de mots : les indéfinis, l’anaphore (les pronoms) + Phrase : les constructions détachées, les propositions subordonnées, la négation, l’expression de la comparaison, modes et modalités (modalités d’énoncé / d’énonciation) — Lexicologie : + Quelques mots hugoliens clairons (Aym.234, Evir.114, 542) légendes (171) . mots de la contemplation : abîme (Sacre 1, Androclès 92, Rois 311, Evir.382, 899) / gouffre (Sacre 70), nuées / huées (Sacre 37-38, Parricide 64, Galice 517, Evir.1104), prodige (Sacre 14, Evir.755), prodigieuse (Sultan 257), vermeille (Sacre 145, Galice 637), sembler (160) / apparaître (190), sombre / ombre (Conscience 65-66, Première rencontre 45, Roland 7-8, Rois 157, Evir.451, 476, 587, Zim.219, Sultan 148), fauve (Puissance 59, Rois 80, Chevaliers 44, Galice 559, Evir.116, 462, Zim.29, 50), profonde (Lions 13), énorme (Lions 122
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D.Guillaume
AGRÉGATION 2001-2002
GRAMMAIRE-STYLISTIQUE
Victor Hugo La Légende des Siècles (1859)
1. Bibliographie
+ Lexicologie : . Étymologie, morphologie, définitions. — REY, Alain (dir.) : Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, 1995 (1992) — Trésor de la langue française, Klincksieck, 1971-1991 (état de la langue au 19e + affixes) — BLOCH, Oscar et VON WARBOURG, Walther : Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF, 1986 (1932) . Méthode et notions. — Rapport 2000 — LEDUC-ADINE, Jean-Pierre, PETIOT, Geneviève, « La question de vocabulaire aux concours », L’Information grammaticale n° 57, mars 1993. — PICOCHE, Jacqueline : Précis de Lexicologie française, Nathan, 1977
+ Grammaire : . RIEGEL, Martin, PELLAT, Jean-Christophe, RIOUL, René : Grammaire méthodique du français, PUF, 1999 (1994) . MAINGUENEAU, Dominique : Précis de grammaire pour les concours, Bordas, 1991 (Dunod) . CALAS, Frédéric et ROSSI, Nathalie : Questions de grammaire pour les concours, Ellipses, 2001 . BONNARD, Henri, articles du Grand Larousse de la Langue française. + Stylistique . MOLINIÉ, Georges : Éléments de stylistique française, PUF, 1991 (1986) . PERRIN-NAFFAKH, Anne-Marie, Stylistique, Pratique du commentaire, PUF, 1989 . GOUVARD, Jean-Michel, La Versification, PUF, 1999 . MAZALEYRAT, Jean : Éléments de métrique française, Armand Colin, 1974
2. Points de syntaxe et de morphosyntaxe à voir : + Groupe nominal : l’article (les déterminants), les prépositions, l’adjectif qualificatif (la caractérisation), les propositions subordonnées relatives, l’apposition + Verbes et constructions verbales : le participe (les formes en –ant ), l’infinitif, l’attribut (constructions attributives), les constructions verbales (verbes transitifs et intransitifs ; valence), l’expression de la comparaison, les temps verbaux + Autres classes de mots : les indéfinis, l’anaphore (les pronoms) + Phrase : les constructions détachées, les propositions subordonnées, la négation, l’expression de la comparaison, modes et modalités (modalités d’énoncé / d’énonciation)
2. Syntaxe : la caractérisation — 2. Relevé classé : classes et fonctions syntaxiques + 1) Adjectifs qualificatifs . a) Épithètes liées — sans complément de l’adjectif :
« Une ardente lueur de paix et de bonté » (v. 3) « au front du ciel inaccessible » (v.5) « le brouillard obscur » (v.7) « la terre ravie » (v.9) « les lointains splendides de la vie » (v.10) « Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.11-12) « L’Eden pudique et nu » (v.15) « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) « dans le chœur des concerts infinis » (v.23)
— avec complément de l’adjectif :
« Les horizons pleins d’ombre et de rocs chevelus Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.11-12)
— dans locution corrélative : « […] un hymne si charmant, / Si frais, si gracieux, si suave et si tendre, Que les anges distraits se penchaient pour l’entendre »(v.16-18)
. b) Épithètes détachées « Un abîme / D’éblouissement, vaste, insondable, sublime ; » (v.1-2)
. c) Attributs du sujets « […] et la clarté / Brillait sereine » (v.4-5) « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) « La prière semblait à la clarté mêlée » (v.30)
. d) Attributs du COD « Étant tout ce que Dieu peut avoir de visible » (v.6)
+ 2) Groupes nominaux . a) GN prépositionnels CDN
« Un abîme / D’éblouissement, » (v.1-2) « Une ardente lueur de paix et de bonté » (v. 3)
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« C’était aux premiers temps du globe » (v.4) « au front du ciel inaccessible » (v.5) « Des avalanches d’or » (v.8) « Le jour en flamme » (v.9) « les lointains splendides de la vie » (v.10) « Dans une profondeur d’éclair et de prodige ; » (v.14) « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) « dans le chœur des concerts infinis » (v.23) « Entre le cri de l’antre et la chanson des nids » (v.24)
. b) GN en construction détachée (apposés) « Tout s’illuminait, l’ombre et le brouillard obscur » (v.7)
+ 3) Propositions subordonnées relatives
« Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.12) « Les halliers où l’agneau paissait avec les loups » (v.20) « Les mers où l’hydre aimait l’alcyon » (v.21) « les plaines / Où les ours et les daims confondaient leurs haleines, » (V.21-22)
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D.Guillaume
AGRÉGATION 2001-2002 GRAMMAIRE-STYLISTIQUE
Victor Hugo
La Légende des Siècles (1859)
I.I « Le Sacre de la femme », pp. 55-56, v.1-30
1. Lexicologie : « effrayants » v.12 + a) Morphologie et étymologie.
. Adjectif verbal (16e s.) formé sur le participe présent du verbe «effrayer », l’affixe –ant
indiquant que le terme déterminé par l’adj. est l’agent du procès dénoté par la base verbale :
« effrayant » = « qui effraye ». Ce verbe = d’abord esfreder, puis esfrer (11e siècle) et esfreier
(12e s) < lat. pop. *exfridare « faire sortir de la paix, de la tranquillité », composé du préfixe
privatif ex- et d’un verbe dérivé du francique fridu « paix » (cf. ancien haut allemand fridu et
— Forme verbal refaite àp du substantif (lui-même déverbal) : esfrei, effroi effroy :
(12e)
+ b) Étude diachronique.
. Le sens de l’adjectif effrayant prolonge l’évolution du verbe dont il dérive. Celui-ci a
d’abord (10e s) son sens étymologique de « troubler », propre à l’AF. Par extension, il signifie
ensuite « frapper de frayeur » d’où, par exagération, « provoquer de l’inquiétude » et « mettre
en défiance, choquer ». Peur plus ou moins forte et profonde. Cf. dès le 18e s., emploi
familier comme intensif, qui vaut jusqu’à aujourd’hui : cf. un prix effrayant.
. Rem. : le rapprochement avec frayeur n’est pas étymologique. Au contraire, sens et
forme de frayeur < rapprochement avec effrayer ; frayeur = réfection au 15e de frëor (12e) <
lat fragorem, de fragor « bruit éclatant, vacarme », dérivé de frangere = briser (> fraction). A
d’abord signifié « vacarme » en même temps que « peur violente, souvent passagère,
provoqué par un danger réel ou supposé » = seul sens demeuré usuel , dans un registre
soutenu < rapprochement avec effrayer.
. Sémantiquement, à distinguer de effroi, qui a pourtant marqué la contitution de l’adj. =
signifie au MA « grande frayeur » ; par exagération (àp 16e), se dit pour « appréhension » ds
loc ; comme avec effroi, à son grand effroi. Reste assez usuel mais soutenu pour « peur ».
— En dérive (16e) l’adj. effroyable (suffixe –able sans valeur modale de possibilité
ici : indique attribution de la qualité sée par la base substantivale) .= doublet + fort de
effrayant, reste jusqu’à aujourd’hui, ds registre soutenu. Se dit dès le 17e pour « énorme », h.
act. familier — cf. un embouteillage énorme.
+ Étude contextuelle.
. Déterminant des « arbres » du monde originel, signifie bien « qui frappe de frayeur »,
entre inquiétude et forme de terreur sacrée (face à l’originel : « que l’homme ne voit plus »).
Contexte = peut entrer dans le champ sémantique de termes et de syntagmes connotant la
peur et le mystère (cf. article indéfini): « pleins d’ombre », « rocs chevelus » (v.11), « songe »
et « vertige » (12) en contexte immédiat ; mais aussi « abîme » (1), « profondeur » (14),
« rugissement du tigre » (19), « les loups » (20), « l’hydre » (21), « le cri de l’antre » (24).
. L’ensemble se mêle à une série antonyme de la « paix » (2) lumineuse et de l’harmonie
(« chœur des concerts » 23), qui le transfigure. Positivité de la création première, divine, et
donc aussi de la nature sauvage. Tout près du Verbe et du premier élan créateur, réactivation
possible de la base étymologique de l’adj. : la paix cad. aussi l’immobilité première, dont
émerge à peine la vie des origine. En un sens, l’effrayant est presque consubstantiel à cette
vision de Genèse hugolienne.
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. Ds le livre, détermine préférentiellement une forme de vie peu distincte, voire
monstrueuse : « L’amour et le bonheur, tout était effrayant » (Androclès 9), « Les barons
effrayants et difformes des Vosges » (Evir. 60), « Une sorte de vie effrayante, à sa taille »
(115).
— S’oppose clairement avec autre adj. de même base = « les éléphants, / Effroyables,
marchaient sur les petits enfants » (Andr. 38), « On voyait tressaillir l’effroyable coupure »
(Sultan 117) : cruauté +taille (archaïsme).
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2. Syntaxe : la caractérisation
— 1. Introduction :
+a) Termes et relations concernés. . Usage = « manière d’être », indiquée par les adj. qualificatif, si nombreux chez VH
(« a inventé l’adj. ».
. Mais aussi définition très vaste possible, cf. Molinié 1986, p. 37 : « tout ce qui n’est
pas strictement obligatoire pour la complétude sémantique du message ressortit au champ
langagier des caractérisants » > tout sauf déterminants et noyau fonctionnel de la phrase
(SV) ?
— en fait notion transversale, stylistique : « stylème »
. La caractérisation concerne les relations sémantiques existant entre le GN minimal
(déter.+N ou substitut : PN) et ses modificateurs : pas seulement l’adj. qualificatif épithète ;
aussi : CDN, PSR et diverses constructions détachées.
. Elle peut être établie par l’intermédiaire d’un verbe > peut concerner l’attribut, du S et
du COD..
+ b) Caractérisation et actualisation . Elle permet de préciser le référent du GN. : « caractériser » = décrire une
caractéristique, une manière d’être, conférer une qualité > privilège trad. de l’adjectif
qualificatif (classe) et de l’attribut (fonction).
. Facultative, elle distingue de l’actualisation, obligatoire (même sous la forme zéro),
prise en charge par les déterminants et qui permet seulement de passer de la langue au
discours (notion pure et simple > insertion dans un contexte). ; prolonge l’actualisation.
+ c) Rapport déterminatif ou explicatif : une opposition sémantique majeure . La caractérisation restreint l’extension du N : rapport déterminatif (Riegel et alii)
[classifiant, objectif (Maingueneau)].
. Ne restreint pas l’extension du N : rapport explicatif (ou : descriptif, appositif) [non-
classifiant, subj.]. Dans ce cas, elle informe sur les modalités d’énoncé, cad. sur l’attitude du
— sans complément de l’adjectif : « Une ardente lueur de paix et de bonté » (v. 3) « au front du ciel inaccessible » (v.5) « le brouillard obscur » (v.7) « la terre ravie » (v.9) « les lointains splendides de la vie » (v.10) « Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.11-12) « L’Eden pudique et nu » (v.15) « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) « dans le chœur des concerts infinis » (v.23)
— avec complément de l’adjectif : « Les horizons pleins d’ombre et de rocs chevelus Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.11-12)
— dans locution corrélative : « […] un hymne si charmant, / Si frais, si gracieux, si suave et si tendre, Que les anges distraits se penchaient pour l’entendre »(v.16-18)
. b) Épithètes détachées « Un abîme / D’éblouissement, vaste, insondable, sublime ; » (v.1-2)
. c) Attributs du sujets « […] et la clarté / Brillait sereine » (v.4-5) « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) « La prière semblait à la clarté mêlée » (v.30)
. d) Attributs du COD « Étant tout ce que Dieu peut avoir de visible » (v.6)
+ 2) Groupes nominaux
. a) GN prépositionnels CDN « Un abîme / D’éblouissement, » (v.1-2) « Une ardente lueur de paix et de bonté » (v. 3) « C’était aux premiers temps du globe » (v.4) « au front du ciel inaccessible » (v.5) « Des avalanches d’or » (v.8)
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« Le jour en flamme » (v.9) « les lointains splendides de la vie » (v.10) « Dans une profondeur d’éclair et de prodige ; » (v.14) « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) « dans le chœur des concerts infinis » (v.23) « Entre le cri de l’antre et la chanson des nids » (v.24)
. b) GN en construction détachée (apposés) « Tout s’illuminait, l’ombre et le brouillard obscur » (v.7)
+ 3) Propositions subordonnées relatives « Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.12) « Les halliers où l’agneau paissait avec les loups » (v.20) « Les mers où l’hydre aimait l’alcyon » (v.21) « les plaines / Où les ours et les daims confondaient leurs haleines, » (V.21-22)
— 3. Approche sémantique + a) Caractérisation déterminative (restriction de référent) = svent problématique. En
partant du plus simple.
* 1) Les groupes nominaux
. GN prépositionnel (CDN) = normalement, sont tj. déterminatifs, mais avec
sémantismes différents, même pour une même préposition « de »
— possession : « C’était aux premiers temps du globe » (v.4) « au front du ciel inaccessible » (v.5)
— propriété : « les lointains splendides de la vie » (v.10)
— procès / agent : « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) « dans le chœur des concerts infinis » (v.23) « Entre le cri de l’antre et la chanson des nids » (v.24)
. Un groupe non prépositionnel actualisé par un article défini, en construction détachée
= la caractérisation permet l’identification du réft. du terme qu’elle complète (PN. indéfini =
substitut d’un GN) : en restreint l’extension par extraction de deux élts. « Tout s’illuminait, l’ombre et le brouillard obscur » (v.7)
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Malgré valeur d’identité référentielle, due à l’article défini, nuance explicative, concessive, du groupe détaché = « même l’ombre et le brouillard… [renforce l’argument]»
* 2) Propositions subordonnées relatives
. Valeur déterminative vient préciser emploi du déterminant indéfini = un exemplaire
quelconque d’un type défini par la PSR. « Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.12) [il existait peut-être d’autres dont l’espèce est encore visible à l’homme]
* 3) Adjectifs
. Cas peu contestables = rares : « Les horizons pleins d’ombre et de rocs chevelus Et d’arbres» (v.11-12) [=les horizons sombres eux aussi luisaient ; sens affaibli de l’adj. + « de » = indique une relation plus qu’une qualité ; peut se gloser par verbe= qui contient] « Étant tout ce que Dieu peut avoir de visible » (v.6) [s’oppose à tout ce qu’il a d’invisible]
+ b) Caractérisation explicative ou descriptive
* 1) Adjectifs qualificatifs :
— affectifs : « Et d’arbres effrayants que l’homme ne voit plus » (v.11-12) « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19)
— impressionnistes (Maingueneau = précise ) : « la terre ravie » (v.9) « […] et la clarté / Brillait sereine » (v.4-5)
— évaluatifs axiologiques : « les lointains splendides de la vie » (v.10) « L’Eden pudique et nu » (v.15) « […] un hymne si charmant, / Si frais, si gracieux, si suave et si tendre, Que les anges distraits se penchaient pour l’entendre »(v.16-18) « Un abîme / D’éblouissement, vaste, insondable, sublime ; » (v.1-2) [modalité se diffuse àp du troisième adj. ; mais distinction possible ; « insondable » = épistémique ?]
* 2) Les GN. exprimant une modalité d’énoncé :
— impressionnistes : « Un abîme / D’éblouissement, » (v.1-2) « Des avalanches d’or » (v.8) « Le jour en flamme » (v.9) « Dans une profondeur d’éclair et de prodige ; » (v.14)
— évaluatifs axiologiques :
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« Une ardente lueur de paix et de bonté » (v. 3) « Dans une profondeur d’éclair et de prodige ; » (v.14)
+ c) Cas problématiques
* 1) Valeur explicative et non déterminative (cf. test de suppression), en raison de la
valeur générique de l’article défini.
— Adjectifs qualificatifs : « au front du ciel inaccessible » (v.5) « le brouillard obscur » (v.7) [cf. tout s’illumine = même ombre et brouillard, lequel est obscur en tant que tel (hésitation possible)] « les anges distraits se penchaient pour l’entendre »(v.18) « dans le chœur des concerts infinis » (v.23)
— Propositions subordonnées relatives : « Les halliers où l’agneau paissait avec les loups » (v.20) « Les mers où l’hydre aimait l’alcyon » (v.21) « les plaines / Où les ours et les daims confondaient leurs haleines, » (V.21-22)
* 2) Difficultés liés à des emplois particuliers de l’adjectif
— Hésitation entre sens propre et sens figuré (cf. antéposition) : « Une ardente lueur de paix et de bonté » (v. 3) [une lueur possible parmi d’autre ; cf. « quelle aurore ? » ; mais antéposition renforce possibilité d’un sens figuré, subj., évocateur d’amour]
— Adjectif à valeur adverbiale comme marqueur argumentatif d’exclusivité : =
ne relève pas de la caractérisation (ni détermination ni explication) ; délimite champ où vaut
la prédication (assurée par le GV) : « Le seul rugissement du tigre était plus doux » (v.19) [ « Seul le rugissement… Le rugissement seulement… Il n’y a que le rugissement qui… »]
— Attribut régi par un verbe à valeur modale > expression évaluative
épistémique : « La prière semblait à la clarté mêlée » (v.30)
— 4. Conclusion. + a) Analyse sémantique des cas fait apparaître étroite relation (interaction) des différentes composantes de la phrase, qui toutes contribuent à la caractérisation du GN
ou de ses substituts éventuels :
. Actualisation, ordre des mots, sens propre / figuré, valeur modale d’un verbe,
contexte…
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+ b) Certains cas semblent montrer limites de l’opposition entre caractérisation
déterminative et explicative :
. Coexistence de l’identification et de l’explication (v.7) [orientation argumentative de
la phrase]
. GN portant modalités d’énoncé propres aux modificateurs explicatifs sont en même
temps déterminatifs (test de suppression = pbmatique) < détermination d’un univers
imaginaire par transgression des catégories sémantiques usuelles.
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D.Guillaume
AGRÉGATION 2001-2002
GRAMMAIRE-STYLISTIQUE Victor Hugo
La Légende des Siècles (1859)
« Sultan Mourad » pp. 292-293, v.93-125
1. Lexicologie :
A. « béant » v.102
— 1. Morphologie et étymologie
+ Participe présent du verbe béer, verbe intransitif : d’abord baer puis baier (12e s.) avant
bayer (1662), graphie distinctive / bâiller[= ouvrir involontairement la bouche avec large
+ 2) Les tropes glosent le visible : en renforcent puissance expressive + l’intègrent à un
discours poétique
. a) Métonymie et métaphore : adj. abstrait (exprime ou implique caractère moral) /
substantif concret, visible :
— métonymie : « tête auguste » / Mourad (92)
— hypallage [attribuer à certains mots — d’une phrase — ce qui semble porter
sur d’autres mots]: « plaie implacable » (104) [implacable = rayons de soleil —
ou boucher]
. b) Comparaisons : une certaine élévation du discours poétique.
— participent de l’amplification phrastique (oratoire) : . parallélismes + anaphore : reprise de « Comme » en début de phrase et de vers
(107, 109 — 124)
. cadence majeure (apodose > protase) : (109-111) et (120-125)
— véhiculent des termes et des références valorisés (par connotation ou
dénotation) / opposition au contexte de dégradation et cruauté : . « soleil » (107), « colombes » (109), « destin » (124)
. Moustiques = « Comme s’ils accouraient à l’appel du soleil » (107) : cf.
Apollon protecteur des troupeaux (détournement burlesque dans une forme
héroï-comique)
. Comparaison développée amorçant une phrase = tournure homérique.
. c) Gradation, entre logique visionnaire de l’hypotypose et pratique plus prosaïque du
discours.
— Ambivalence entre sens propre (concret) du verbe, impliquant un S animé
(> métaphore), et sens figuré, lexicalisé (> simple composition d’un tableau, effet visuel). . « les arbres et les blés / Jettent […] / Leur frange d’ombre » (95-97)
[réactivation du jet délibéré par « accablés »]
. « le sang / Faisait un lac fumant… » (104-105) [action du sang suggéré par
« plaie implacable »]
+ Entre prose rhétorique et vision,
III La constitution d’un discours
— A. Du récit au discours
+ 1. Ponctuation et modalités d’énonciation (cf. types de phrase : assertif, interrogatif,
injonctif).
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. a) Avant le point final du passage, seul signe de ponctuation fort = « ? »v.119 :
interrogation rhétorique (Morier ; oratoire) [sens = personne, alors, n’aurait eu pitié de ce
malheureux] sollicitant la sympathie.
— Précédé d’une série de points-virgules à valeur de points atténués <
accumulation de traits descriptifs formant un ensemble (point possible v. 100, ap. charnière
anecdotique « il vit » 98)
. b) > Passage au discours (120-125) = commentaire synthétique de l’anecdote et du
tableau précédent : cf. saisie totalisante du derniers vers avec enjambement typique de VH.
(N//épith.+CDN : cf. fin de « Pasteurs et troupeaux » in Contemplations : « La laine des
moutons sinistres de la mer »).
— adjectif numéral « deux » [groupe déterminant « Les deux… »] (après
l’opposition des PN indéfinis « L’un » et « L’autre ») + comparaison = rassemble la dualité du
drame + la transpose en discours.
+ 2. Temps verbaux du discours.
. a) Question > commentaire final = subjonctif PQP à valeur d’irréel du passé
(hypothèse) : « Qui donc eût eu pitié » (119), « Comme si le destin eût voulu confronter »
(123).
. b) En amont, imparfait (entre récit et discours : cf. porte caractérisation descriptive
évaluative) ms aussi présent :
— caractérisation déterminative et CCM, bq. contexte passé, en PSR 95-96:
« À l’heure où les maisons […]Jettent […] Leur frange d’ombre » ; en PS conjonctive
circonstancielle 109 : « Comme autour de leurs nids voltigent les colombes »
— assertion générale, introduite pas conjonction de coordination à valeur
d’explication (sinon : cause ou justification) « Car », 112-114 : « Car la mort, l’agonie et la
corruption / Sont ici bas le seul mystérieux désastre / Où la mouche travaille en même temps
que l’astre »
+ Passage bascule vers le discours, mais lui-même travaillé par une parole subjective et
évaluative.
— B. Le jugement. + 1. Nuances énonciatives
. a) Adj. évaluatif prépare dès la description le jugement de la puissance :
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— cf. « de soleil accablé » 96 > « livré / Au féroce soleil, de mouches
dévorés » (115-116) : parallélisme de la construction passive intro. par « de » renforce
rapprochement sémantique « mouche »/ « soleil ».
. b) Glissement énonciatif dans l’accumulation d’épithète caractérisant la victime v.
121.
— « torturé, mourant, maudit » = discours du poète.
— « infect, immonde » = évaluation axiologique négative plus cohérente si elle
est attribuée aux persécuteurs et aux indifférents, écho de la vox populi aliénée sous la
tyrannie (= ceux qui maudissent) : changement de locuteur (polyphonie).
+ 2. Rimes . a) Association de la souffrance et de la misère : le porc comme figure allégorique de
syn. Litt. de ombragé ; maus aussi parfois sens fig. de « sombre » (16e) = « pudique, prompt à
s’effaroucher ».
— 3. Étude contextuelle : second substantif le plus caractéristique du livre, après « rois ».
+ Emploi de « l’ombre » = attribut du COD « qu’ », mis pour « cette sombre rue » ;
juxtaposé à « l’infini » et coordonné à « l’immensité ».
+ Sens = espace privée de lumière, quoique éléments de polysémie.
. Reste quelque chose de l’ombre comme projection due à l’interposition d’un corps
opaque < « sombre rue » : suppose présence de bâtiments qui font de l’ombre ; enfoncement
ou profondeur masquant un soleil lointain < cf. aussi « hiver » (142) et « Janvier » (143) =
soleil faible et caché.
. Mais : juxtaposition à deux substantif signifiant (morphologiquement) l’absence de
limite > mise en valeur de ce sens d’espace : non seulement une qualité de l’espace, mais
l’espace lui-même [< infini / immensité = proximité de sens > redondance : progression par
expolition = réexposition plus vive, plus nette, d’une pensée ; approximation ;
impressionnisme, par touches successives] ; opposition très nette / sens de « forme,silhouette
projetée par un corps ».
. « Sombre rue » caractérisée par l’ombre = espace de « passants » anonymes,
qu’explicite certainement « Le tourbillon […] / Le tonnerre, la trombe et le typhon […] »
(146-147) = ph. naturels violents mais sans véritable matérialité. De plus, activité [=
« S’acharnent » sur Corbus (148)] = « en vain » (145) > réactive, pour « ombre », sens de
« spectre », « vaine apparence ».
— d’où aussi connotation de tristesse et de mort qui affleure ds diachronie du
mot et < par proximité et homophonie de « sombre » : ne riment pas, comme souvent, mais ts
deux sont 2e lexèmes avant deux rimes successives (144-145) ; et « sombre » peut d’autant
plus connoter une tristesse de mort qu’il rime avec « décombres » (111-112).
29
+ Les relations phrastiques et rythmiques, jouant de ses diverses valeurs en langue, font ici
de « l’ombre » le mot d’un illimité funèbre et spectral.
2a. Morphosyntaxe : les formes en « -ant »
Introduction — Grande diversité de ces formes (/ classes et fonctions) < morphologie, d’un point de
vue diachronique. + En effet <
. gérondif latin (ablatif à valeur circonstancielle) : type amando
— forme française : prép. « en » + radical + « -ant »
. participe présent (accusatif > cas régime) : type amantem
— formes verbales et déverbales (adjectivales, nominales et même adverbiales)
+ Plan :
. Classement : formes non verbales / verbales
. Approche morphologique
. Approche syntaxique et sémantique
Relevé et classement des occurrences
A. Formes n’appartenant plus à la classe des verbes 1. Adverbes
Pourtant / L’hiver lui plaît ; […] (109-110)
2. Substantifs
[…] l’hiver, sauvage combattant, (110) […] tous les passants de cette sombre rue […] S’acharnent (144-148)
3. Adjectifs verbaux
Une sorte de vie effrayante […] (115) Et le puissant donjon […] (117) Le Fôhn bruyant s’y lasse (151)
30
B. Formes appartenant à la classe du verbe
1. Participe présent
Des nuages hagards croulant sur ses décombres, (112) Quand, jappant comme un chien poursuivie par un loup, Novembre, dans la brume errant de roche en roche, Répond […] (122-123) La nuée attaquant, farouche, la ruine ! Un ruissellement […] Descend des profondeurs (128-130) Et, sous la pluie entrant par les trous des plafonds, (138)
2. Gérondif
L’âpre averse en fuyant vomit sur les griffons ; (137)
[3. Périphrase aspectuelle (avec un verbe de mouvement)
Morphologie — Radical :
+ a) Certains adjectifs verbaux conservent formes anciennes de participes présents, qui ont
été remplacées, dans la conjugaison, par des formes analogiques :
. puissant (117) = ancien part. présent du V. « pouvoir » > pouvant
. bruyant (151) = id. pour « bruire » > bruissant (conj. alignée sur V. du 2e groupe)
+ b) [Généralité] Dans les participes présent, pour les consonnes [k] et [g], les graphies
« qu » et « gu » on été conservées, par analogie (pression paradigmatique) devant « a » et
« o », et donc devant « -ant ». Formation savante des participes présent au 17e > graphies « c »
et « g » comme en latin : fatiguant / fatigant, vaquant / vacant…
— Terminaison et désinences :
+ a) [Généralité] Terminaison en –ant, issue des V. latin du 1e groupe, s’est généralisée dès
le Xe siècle.
. Cependant : après que s’est fixée la différence entre participe présent et adj. verbal
(17e) > formation savante d’adj. verbaux par analogie avec les formes latines en –entem >
certaines opposition entre formes verbales en -ant/ formes adjectivales (et nominales) en -ent:
+ b) Adjectifs verbaux (indiquant qualité stable) :
. Épithète postposée (115, 151) et antéposée (117)
+ c) Substantifs (agents galt. humains du procès dénoté par la base verbal > caractérisation
permanente) :
. GN apposé sans déterminant (lui-même déterminé par un adj. épithète) (110)
. GN S, actualisé par déterminant complexe (144)
— Formes verbales = liées à une base nominale mais peuvent régir complément s d’un
verbe. + a) Participes présents :
. Épithète détachée, antéposée > + CCM (122)
. Épithètes liées > CCL (112, 123, 138)
. Verbe d’une prop. sub. participiale ( < S. « la nuée »128 différent de celui de la
principale « un ruissellement … descend » 129-130) : valeur de CCC ou CCT.
+ b) Gérondif
. Porte sur le S. du V. principal, par rapport auquel fonction de CCM (ou : complément
de phrase).
Conclusion
— Dualité des formes verbales en –ant. + a) Participe présent.
. Peut fonctionner à la fois comme adj. qualificatif (/ gpe qu’il détermine) et comme
V. (/ groupes qu’il régit).
. Forme apposée a aussi valeur circonstancielle, comme une prop. participiale et
comme un gérondif : 122 = comme CCM ( « répond en jappant »).
+ b) Gérondif.
. Usage ancien (17e) et tours parlés > proximité / prop. participiale, qui a un S. propre.
— Productivité stylistique et sémantique de ces formes pour VH. + a) Contribue à l’amplification phrastique
. Manière condensée de subordonner l’expression d’un procès à une base nominale.
+ b) Participe d’une poétique vitaliste et historiciste.
33
. Multuplie l’expression de procès divers (> temps, énergie).
. Forme adjective et substantive = peut suggérer un continuum entre acte, qualité et
substance.
2b. Syntaxe : les constructions détachées
Introduction
4. Définition :
+ Construction marquée par encadrement entre virgule (à l’oral : pause éventuelle et
contraste d’intonation) tout en correspondant à une relation de dépendance unilarérale
(subordination : sens large).
. ≠ juxtaposition
. une seule virgule si groupe détaché est en début ou fin de phrase (différence /
juxtaposition : pas mise sur le même plan avec un autre syntagme lui non apposé.
— Distinction :
+ A. Plan syntaxique. Les cas de complémentation :
. modificateurs détachés du GN
. les circonstants (compléments de phrase)
+ . B. Plan logique et communicatif. Les cas de détachement — ou dislocation — permettant
une mise en relief du thème.
Relevé et classement des occurrences + commentaire.
A. Les compléments détachés
1. Les modificateurs du GN et de ses substituts
a. GN apposés […] sauvage combattant, / Il se refait […] (110-111)
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Il est joyeux, ce bourg, soldat encore debout, (121)
b. Groupes adjectivaux Corbus, triste, agonise (110) Et le puissant donjon, féroce, échevelé, (117) Il est joyeux, ce burg, soldat encor debout, Quand, jappant comme un chien poursuivi par un loup, Novembre […] Répond au hurlement de janvier qui s’approche. (121-124) La nuée attaquant, farouche, la ruine ! (128) Le château de granit, pareil aux preux de fer, Lutte toute, la nuit […] (141-142) Le tourbillon, d’un fouet invisible hâté, (146)
c. GN prépositionnels Une sorte de vie effrayante, à sa taille ; (115)
d. PSR explicatives
— Sens :
+ Permet caractérisation explicative (≠ déterminative : groupes facultatifs ne limitant pas
l’extension) du GN :
. cf. abondance des mots évaluatifs (axiologiques VH. : « soldat encore debout »(121)
[courage, résistance], « farouche » (128) [force et indépendance], affectif ou impressionniste :
« « triste » (110).
— Construction :
+ Directe (même v. 146 := inversion : CA du participe épithète qui est intro ; par « de ») ou
indirecte : GN prépositionnel, à valeur qualifiante ici (v.115 ; ≠ nuance circonstancielle,
. v. 110-111. Apposés à un PNP : antéposés lorsque PN. a sa forme conjointe
(clitique : « il ») ; sinon : forme disjointe (tonique, forte : « lui »).
— v. 121 : apposition / « ce bourg » (et non « il »)
. Emploi sans déterminant : le référent est actualisé par ailleurs > substantif apposé =
simple support de qualités (envisagée virtuellement, ds leur généralité : comme ds cas d’un
adj.)
2. Les circonstants […] l’hiver, sauvage combattant, / Il se refait […] (110-111) Il se refait, avec les convulsions sombres Des nuages hagards croulants sur ses décombres, Avec l’éclairs qui frappe et fuit comme un larron,
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Avec les souffles noirs qui sonnent du clairon, Une sorte de vie […] (111-115) Il rit quand l’équinoxe irrité le querelle Sinistrement, avec son haleine de grêle ; (120) Il est joyeux, ce burg, soldat encor debout, [1]Quand, jappant comme un chien poursuivi par un loup, Novembre, [2] dans la brume errant de roche en roche, [1]Répond au hurlement de janvier qui s’approche. (121-124) Et, sous la pluie entrant par les trous des plafonds, Les guivres […] Grincent des dents […] (138-140)
— Capacité des circonstants au détachement < mobilité qui le caractérise :
+ CC. Ne fait pas partie de la valence du V. (aptitude à imposer des actants :S + CO)
. Pas de pronominalisation (cf. / « l’hiver » 110-111).
+Porte en lui-même caractérisation de sa fonction :
. < prép. et conjonction [≠ celles qui introduisent les COI : « à » et « de » relationnelles
, non sémantiques, et contraintes] (« avec » = moyen 114-115, manière 120 ; « quand »=
temps 122, « dans »123 et « sous »138 = lieu).
. sens et forme des termes construits directement : « l’hiver »110 (> temps).
— Le détachement des CC permet de varier la dynamique communicative : + ≠ absence de détachement : CC fait alors partie du prédicat exprimé par le verbe, qu’il
complète (fonction rhématique).
. Cf. : « Le château […] Lutte toute la nuit » (141-142) : CC = interprétable comme O
privilégié de la négation.
+ Détachement en tête de phrase — et en incise — : fonction thématique ou « scénique » =
mise en place du cadre où prend place le reste de la phrase.
. Net v. 110 ; incise entre S et V (111-115, 123) : cadre ds suspens de la résolution
phrastique (avant achèvement du prédicat).
+ Détachement en fin de phrase : fonction plutôt prédicative (ajout d’un second prédicat)
. Cf. 121-124 : vérification par pertinence de la tournure « C’est… que » [or =
extraction du prédicat].
B. La dislocation de phrase
. Mise en relief du GS.
Il est joyeux, ce burg […] (121) Il craint peu l’ouragan, lui qui vit Attila. (126)
36
— Mise en relief du thème par détachement en fin de phrase, avec annonce
pronominale. + Groupe détaché =
. GN. v. 121 (reprend « Il »)
. Forme disjointe du PNP 126 : « lui » / « il »
— forme permet expansion par relative explicative, à nuance causale (« parce
que ») ou de justification (« puisque »).
Conclusion
— Rôle majeur du détachement dans la dynamique communicative :
de la créature / son créateur (pas impossible, dans cohérence interne du livre / figures de
tyran).
. importance de la réfutation (offense publique)
+ À comprendre dans éthique aristocratique déterminée av. tout par vertu militaire ; lié à tout
un paradigme opposant les nobles aux roturier.
. Miné < pers. complotent à plusieurs élimination physique ou politique d’un enfant ;
de plus = complot secret : ≠ valeur du « front » haut, de la lutte face à face — qu’incarnera
Roland : vraie noblesse, défense courageuse des faibles : affrontera ses pers. qui commettent
un affront / équité et sens de l’histoire.
2. Stylistique
— Introduction :
+ Passage théâtral de l’œuvre épique : dialogue + tirade.
. Situation : db. discussion des infants / sort à réserver au petit roi = le cloîtrer, le
vendre, le tuer > arrivée de Roland, qui libérera Nuno et vaincra les infants.
+ Particularités stylistiques < disc. dialogué.
. Oralité > tvL du vers.
. Argumentation > intégration dans projet historique et politique de VH.
40
I. Un poème de paroles
A. Dialogue et oralité
— 1. Marques du discours indirect + a) Phrases d’introduction avec verbe de parole :
. Le plus souvent — dans le dialogue entre Pacheco et ses frères — = après le discours
rapporté, et donc avec inversion du S. Dit Pacheco (110), Dit Jorge (113), dit Materno l’Hyène (113), disent Ponce et Ramone (114) > Réplique Pacheco (115)
— Très peu d’effort de variation (hormis dernière occurrence, réponse après
rafale) = au contraire, effet de scansion répétitive, en rejet (classique) au db. des vers : pê
mimèsis lointaine de l’épopée populaire de type chanson de geste [trad. de la CR 1852, lue
. Dans la tirade de Pacheco = précède le discours rapporté, qui vient après deux point
et entre guillemets : Je lui dirais : « Choisis […] » (117), Je dirais : « Le feu roi hantait les filles […] » (127), [la mort] Et nous lui crions : « Viens ! » (139)
— Une occurrence sans guillemets : Et je lui dit : C’est bon […] (120) = seule
occurrence d’une seconde adresse au même interlocuteur fictif : la fiction est posée > plus
besoin de cette démarcation.
— De même : guillemet au début du passage = prise de parole de Pacheco >
pas de rappel en db. de vers (≠ 128-133) : rappel inutile, fusion de la voix fictive dans la voix
épique du poète.
+ b) Spécification et singularités de mise en page.
. Tirets marquent les changements d’interlocuteur.
. S’ajoutent au décalage trad. des répliques ds textes de théâtre versifiés, ds passage de
style stichomythique [chaque réplique = un vers, ou en tout cas bref et de longueur voisine à
celle des autres] (mais : changement d’interlocuteur signalé alors en didascalie).
. > Dispositif spécifique, donnant valeur emphatique à l’isolement de chaque segment
de vers dans la page : misèsis graphique du désordre dialogué (éclatement polyphonique)
[accompagne orchestration par répétition des V. introducteurs].
— Cf. isolement d’un vers seul ds passage narratif : « Sacre » = intro. des pers.,
puis vision du couple : L’époux priait, ayant l’épouse à son côté. (61.143) Le beau couple innocent songeait silencieux. » (63.200)
41
— Décrochage > isolement dramatique d’une partie de vers : « Soir des rois »
= précède surrection et déclamation finale du mendiant. Le pont de Crassus […] Resta désert. Alors, tragique, se dressant, Le mendiant […] Montra sa souquenille […] (169. 307-310)
— 2. Marques syntaxiques et lexicales d’oralité + a) Types de phrases et modalité d’énonciation.
. Phrases exclamatives : injonctive (S+V mais aussi nominale) + Interjection (ici :
renforcement d’affirmation dévaluant une partie du contenu de l’énoncé) > tournure
exclamative de même valeur: Qu’il vive ! au couvent ! (112) « Viens » (139)
Mais, bah ! […] / […] que m’importe après qu’il reparaisse ! (123-126)
. Phrases interrogatives :
—dans le dialogue = n’ont de spécifique que leur incomplétude : protases de
système hypothétique, sans apodoses > participe du ballet verbal au même titre que la reprise
du verbe « dire » : Mais s’il reparaît plus tard ? (112), s’il revient ? (113), S’il revient ? (114)
— dans la tirade = questions rhétoriques > trouve sa réponse, ou correspond à
pertinent / petit roi, qu’il s’agit de tuer ou non) Tué, c’était le roi, vivant, c’est un bâtard. (111)
Nuno mort, c’est un spectre ; (123)
. Permet le détachement du thème = donne du relief à l’articulation prédicative ;
détachement du thème comme cadre circonstanciel (dans ex. précédents), mais aussi du S. : Toute la différence entre un rustre et nous autre, / C’est que […] (131)
. Permet l’extraction du prédicat, par association avec « qui » : C’est toi qui l’as voulu.
(120)
+ Liée à l’oralité, rhétorique et plus familière, du style déployé, ces formes de brutalité
assertive prennent un sens politique qui n’est pas étranger à la pente visionnaire de cette
poésie, dans son rapport à la mort.
. B. Satire d’une aristocratie spectrale
— 1. Mots et classes.
46
+ a) L’argumentation de Pacheco pose et sous-entend une opposition de classes qui se
déploie en deux champs onomasiologiques opposés.
. Part de l’opposition initiale : « roi » / « bâtard » (111), liée à une opposition entre
lâcheté et noblesse d’âme (accepter ou non « l’affront » 109 d’une vie sans régner) [pb. de
l’argumentation : faire passer l’héritier pour un bâtard = difficile si mère est vivante : est
morte ?]
— argument porte sur le sang, et donc l’être : manière de comprendre
récurrence de « c’est » aux moments forts de l’argumentation.
. Champ associatif passe des personnages de sang royal (père > fils [éventuellement
parenté plus éloignée : princes de sang) aux militaires : « roi » (111, 121, 127) et « prince(s) » (132,
136) > « guerriers » (138).
— relation roi > prince = lexicale et référentielle : les infants, frères du roi, sont
aussi fils de roi > princes.
— relation princes > guerriers = est prédiquée, et s’accompagne de la
constitution d’une communauté : « Nous » (=je [Pacheco] + vous) ≠ P3 : les bourgeois, mais
aussi ≠ P2 (interlocuteurs imaginaires) : le petit roi qui aurait la faiblesse de vivre + le peuple
à qui il faudrait expliquer sa bâtardise.
— cette communauté se caractérise par son courage : vertu aristocratique, non
explicite mais démontrée notamment par goût de la guerre et appel de la mort, mépris pour la
vie.
. Champ onomasiologique correspondant aux autres catégories sociales que les
souverains héréditaires = comprend surtout des termes péjoratifs.
. Échos, entre un césure et deux rimes (115-116) : « maintenant »-« vivants »-
« manants » = contre discours de Pacheco, peut suggérer que le présent vivant est l’heure du
peuple.
. Connotation historique d’un mot : « Une jeunesse courte et gaie à fin sanglante »
(137)
— personnification latente de « jeunesse » + fin (performative) du vers sur
« sanglante » > rappeler dérivé « raccourcir », dont sens fam. = décapiter.
— ironie dramatique (/suite du texte) et tragique (/histoire) : ds sa déclaration
de l’amour de la guerre, pers. laisse entendre sa propre condamnation.
49
— Conclusion : double travail poétique
+ Création de formes de discours =
. Densité des marques d’oralité, alliée à virulence du vocabulaire > ≠ Racine ou
Chénier.
. Porte un rythme qui trouve force expressive dans saisie de la métrique (et non
inclusion en elle).
+ Mobilisation des ressources rhétoriques, argumentative, reconnaissable, au profit d’une
visée discursive d’ordre politique (ds une certaine lecture de l’histoire).
. Dispositif complexe et stratifié :
— clarté de surface
— agencement de marques (lexicales, figurales) > discours du personnage
laisse apparaître énonciation politique du poème : = les mots de l’usurpateur tyrannique ont
un style romantique et des implications démocratiques.
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AGRÉGATION 2001-2002 GRAMMAIRE-STYLISTIQUE
Victor Hugo La Légende des Siècles (1859)
« Eviradnus », v. 546-574
QUESTIONS
I. Langue
—1. Lexique. Étudiez les mots farouche (v. 449), rêve (v. 554), pensifs (v. 567) et formidable (v.568) [4 points] — 2. Syntaxe. a) Étudiez l’apposition dans le texte. [6 points] b) Faites toutes les remarques qui vous paraissent nécessaires sur : Le métal fait reluire, en reflets durs et froids, / Sa grande larme au mufle obscur des palefrois ; (v. 565-566) [2 points]
II. Style
— Étudiez le style de ce texte. [8 points] D. Guillaume
AGRÉGATION 2001-2002 GRAMMAIRE-STYLISTIQUE
Victor Hugo La Légende des Siècles (1859)
« Eviradnus », v. 546-574
Corrigé
I. Langue
— 1. Lexique + a. Farouche v. 549 : adj. issu de l’altération de l’AF forasche (13e), par métathèse des voyelles ; ce dernier < bas-lat. forasticus (dérivé de l’adv. foras « dehors, au-dehors ») « extérieur, étranger », d’où « sauvage », par opposition à domesticus. L’évolution du sens marque d’abord l’isolement, puis la violence. S’est dit d’un animal non domestiqué (13e) puis d’une personne craignant la compagnie des hommes, et enfin des manières d’une telle pers.. Se développe ensuite son emploi pour désigner quelqu’un de rude, violent (14e), dont l’aspect et le comportement sont hostile, sauvage (16e). Extension pour ce qui se manifeste avec vigueur. Le champ dérivationnel exploite aussi les deux dominantes : le composé effaroucher (15e), plus proche du sens étym., l’adv. farouchement,15e mais usuel depuis peu, dans le sens d’une violence. — VH emploi ici l’adj. métaphoriquement (porte sur un inanimé), pour désigner un aspect violent et donc inquiétant, mais non sans relation avec le sens étymologique : cf. isolement du lieu, cerfs ≠ domestiques, et proximité même avec « sauvage » (< silvaticus : cf. bois 549 puis forêt 551). + b. Rêve v. 554 : substantif déverbal dérivé (17e) du V. rêver (12e) < étym. problématique : préfixe re- + probablement V. *esver (non attesté mais cf. AF. Desver « perdre le sens ») < gallo-romain *esvo « vagabond » < lat. pop. *exvagus « qui erre çà et là », de vagus id. et « indéterminé » ; ou : origine possible de *esver dans lat. evadere « sortir, s’échapper » > rêver compris comme « s’échapper en imagination » ; en outre, confusion possible de rêver avec raver « délirer, être en fureur », d’où cumul des sens. Sens concret du V. AF et MF d’une part : « aller de-ci de là pour son plaisir, s’amuser », d’autre part sens de « délirer » jusqu’à l’époque classique ;
51
16e convergence de l’abstrait et du concret : « laisser aller sa pensée au hasard », souvent péjoratif, comme le montrent aussi les dérivés dès 15e rêvasser, rêvasserie, rêvasseur. Rêve (17e, mais assez rare avant le 19e) apparaît après rêverie (13e « délire »), pour désigner d’une part les phénomènes psychiques accompagnant le sommeil (activité + résultat), d’autre part les constructions de l’imagination (faculté + ses productions), et notamment du désir — le mot tend à supplanter (en particulier dans premier sens), à ce titre, songe, qui l’a précédé. — Le verbe créer dont le rêve est ici sujet montrez bien que le substantif désigne ici la faculté créatrice de l’imagination (ce que confirme aussi « jeux », impliquant une dynamique), le rêve étant ici au bronze (personnifié, toutefois, par le contexte) ce que la pensée est à la matière ; cf. aussi le caractère fantastique et foisonnant des création (créatures) du rêve ; le rêve comme puissance créatrice tend à produire des objets douteux voire fictifs, puisque cimiers et armures, quoique bien réels, apparaissent avec un statut de réalité incertaine, voire explicitement onirique (champ onomasiologique de l’illusion : Semblent une forêt 531, vaguement aperçus 570, et du rêve nocturne : Cauchemars entrevus dans le sommeil 547). + c. Pensifs v. 567 : dérivé (11e) de penser [radical du verbe + suffixe adjectival -if : le substantif ainsi complété se voit attribuer comme qualité le fait d’être agent du procès dénoté par le V.] = forme savante (10e) du lat. pensare, fréquentatif de pendere (> fr. pendre) « peser » et « estimer » ; l’évolution phonétique donne peser, la forme penser provient de l’écrit, comme panser, de même origine. Dès les premiers emplois fr., le V. désigne l’action de réfléchir, méditer, et s’utilise aussi comme V. d’opinion pour « croire, estimer, juger » ; l’évolution essentielle est liée à celle de la transitivité (AF-MF penser de = « se mettre à, tâcher de », « avoir dessein de ») ; la construction penser à s’impose généralement : « attacher sa pensée à »(12e), « songer, réfléchir à, se souvenir de, avoir dans l’esprit » (13e). Pensée dérive du part. passé (13e) et désigne d’abord le siège de ce qui est pensé, puis, par métonymie, la manière d’user de cette faculté, un de ses contenus possibles. Pensif apparaît d’emblée pour désigner une personne absorbée dans ses pensée, puis, métonymiquement, le visage ou l’expression correspondant. — Ce sont ici les spectres (désignation métaphorique des armures) qui sont absorbés dans leurs pensées (importance ici du pluriel, et d’un certain vague impliqué par cette « absorption », où le S. tend à se perdre), en contradiction relative avec leur aspect farouche ; la pensée qui leur est attribuée n’a pas de contenu précis : ils ne pensent pas quelque chose, mais « pensent à », éventuellement « se souviennent de » : cf. « songent » 560, et « l’odeur du temps s’exhale » juste après cette émission de pensée… VH a particulièrement illustré cette aptitude de l’adj. au vague et au mystère (cf. opposition de sens / autres dérivés : subst. penseur, part. pensant = activité et faculté précises). + d. Formidable v. 568 : adj. emprunté (14e) au lat. formidabilis « qui inspire la crainte » < V. formidare « craindre, redouter » < N. formido, -inis « épouvantail » d’où « effroi, terreur ». Le sens étym. est devenu archaïque : seul sens début 19e « de grande taille, puissance », d’où l’emploi, par exagération, pour « étonnant » ; devenu même un superlatif, généralement laudatif (selon une évolution proche de celle de sensationnel, extraordinaire) > abréviation par apocope au 20e ( formide vers 1960). — VH joue ici sur les deux sens de l’adj., attribut de Leur ombre. Le sens étymologique, vieilli, est premier, cf. la description des ombres qui achève le passage : De grands nuages noirs aux profils effrayants (574) ; présence global d’un champ onomasiologique de la peur, pour caractériser ce qu’inspire les vieilles armures : cf. l’Épouvante bâille 564, rangée horrible 572, voire — métaphoriquement — flambeau frissonnant 569. Mais l’idée de grande taille est également présente (et motive pour une part la crainte) : cf. Elle remue et croît 571, l’énormité des vieux combles 573, grands nuages noirs 574. — 2a L’apposition [6 pts] + A. Intro. : discussion et définition de la notion (toujours : envisager aussi des thèses que vous en retenez pas…). Double définition possible de l’apposition comme expansion du GN ou de ses substituts : par relation attributive (coréférence), et par construction (détachement). Caractère problématique de la première définition, nécessaire cependant si le corpus comporte des appositions sans détachement (cf. les « métaphores appositions » chères à VH. ; on parlera d’ailleurs plutôt, en de tels cas, de noms épithète, le second substantif déterminant ou caractérisant le premier), surtout en cas de construction par préposition (type « la ville de Paris » = peut s’analyser comme complément du N : il n’y a pas coréférence à strictement parler). Pas de cas ici (pour ce qui serait un I). Le corpus ne comprend que des expansions détachées du GN : classement selon la nature, et différenciations sémantiques (selon que la relation se glose avec les verbes être ou avoir). + B. Relevé: CONFIRMATION : UN RELEVÉ EXAUSTIF EST NÉCESSAIRE, qu’il soit présenté séparément ou non ; LES OUBLIS SONT PÉNALISÉS ; sauf : corpus pléthorique (plus de 15-20 occurrences) dont vous devez seulement citez (à l’oral, notamment) des occurrences représentatives de chaque type. . a. GN apposés
v. 546-549 : Les cimiers surprenants, tragiques, singuliers, / Cauchemars entrevus dans le sommeil sans bornes, Sirènes aux seins nus, mélusines, licornes, / Farouches bois de cerfs, aspics, alérions, v. 553-557 Tous ces êtres, dragons, cerbères orageux, […] / Lions volants, serpents ailés, guivres palmées, […] / Espèces de démons composés de terreur,
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. b. Participes apposés v. 553-556 Tous ces êtres, […] / […] Faits pour l’effarement des livides armées, […] songent v. 556-559 Espèces de démons composés de terreur, / Qui […] / Hurlaient, accompagnant la bannière géante, v. 553-561 Tous ces êtres […] / […] / Sur les cimiers glacés songent, gueule béante, / Comme s’ils s’ennuyaient, trouvant les siècles longs ; v. 562-564 Et, regrettant les morts […] / Le carnage, on dirait que l’Épouvante bâille.
. c. Prop. sub. relat. explicatives v. 553-554 Tous ces êtres, […], Que le bronze et le rêve ont créé dans leurs jeux, v. 557-559 Espèces de démons composés de terreur, / Qui […] / Hurlaient […]
. d. Constructions absolues v. 553-560 Tous ces êtres […] / […] / Sur les cimiers glacés songent, gueule béante,
+ C. Analyse syntaxique et sémantique : . a. Caractère non déterminatif (non classifiant) des appositions : cf. absence d’article ici dans les nombreux GN apposés > pas d’actualisation, de restriction d’extension, mais appartenance à une classe, qui explicite la compréhension comme le font des adj. non déterminatifs, auxquels ils sont d’ailleurs juxtaposés v. 546 sq. ; cf. d’ailleurs extension inférieur de nombreux subst. par rapport à la base des appositions, qui fournissent autant d’exs.. . b. Nature verbales des participes apposés : ils s’analysent comme des épithète détachées d’un nom ou de son substitut ; mais, lorsqu’ils se rapportent au sujet de la principale, on peut les considérer comme noyau d’une proposition participiale dont le sujet est omis en raison de sa coréférence avec le S. de la principale (et par impossibilité, ici, qu’un PN relatif 558 ou qu’un PN personnel de forme conjointe 561, soit immédiatement S d’un participe) ; la participiale — comme souvent les modificateurs détachés — a alors valeur circonstancielle (CCM v.556, 559 ; CCC v. 561, 562sq.) ; cela est moins sensible pour le part. passé (< accord, et ici effacement de sa valeur proprement verbal, dans la locution « fait pour » = « propice à »). . c. Cas particulier des constructions absolues : N+adj. (ici adj. verbal 560), participe ou groupe prépositionnel ; le N(N2) représente généralement la partie d’un tout désigné par un autre N(N1) de la phrase (partie du corps, le + souvent) ; contrairement aux autres appositions, la tournure se glose à l’aide du verbe avoir : N1 a N2(COD) + attribut du COD (*tous ces êtres ont la gueule béante). — 2b. Remarques sur : Le métal fait reluire, en reflets durs et froids, / Sa grande larme au mufle obscur des palefrois ; (v. 565-566) [2 pts] + Construction factitive , où la phrase P [S2-V] (*Sa grande larme reluit) s’intègre dans une structure [S1 - faire [S2-V]] > [S1-faire [infinitif-S2]], où le sujet S1 (ici « Le métal ») est considéré comme cause du procès dénoté par P.. On peut comprendre alors le groupe S2-V comme une proposition infinitive, ayant son sujet propre et régie par faire comme elle le serait par des verbes comme laisser, entendre, voir… . Toutefois, le verbe faire est le seul à exiger, dans ces constructions, que S2 soit postoposé à l’infinitif s’il s’exprime sous forme nominale (*Le métal fait sa grande larme reluire ≠ laisse sa grande larme reluire) : faire et l’infinitif ne peuvent être séparés par le S de ce dernier, ni par un de ses compléments essentiels — mais on observe que le CCM en reflets… est détaché sans difficulté entre l’infinitif et S2. Cette contrainte, ajoutée à la pronominalisation de S2 par un PN conj. de forme COD (*Le métal la fait reluire), incite à analyser la tournure comme une périphrase factitive faire+infinitif ; le complément S2 exprime alors l’agent du procès (ici le siège, plutôt), et le sujet S1, sa cause.
II. Style — Passage où le registre légendaire (accueil du fantastique et du merveilleux) permet de fait à l’épique (élévation du genre et travail de l’histoire) de remettre en cause la distinction, en poésie, entre description et vision (accès par le langage à un référent spécifique : cf. Rimbaud « voyant » puis surréalisme). + I. L’extrême descriptif : 1. Généralité, indétermination et profusion (extension des termes, déterminants, richesse lexicale) 2. Vie des phrases et des choses (amplitude périodique, ponctuation, rythme et mètre). + II. Le basculement visionnaire : 1. Moyens de l’image : du tableau à la vision (organisation de la description ; types syntaxiques de comparaison et de métaphore : gradation dans l’effacement de l’analogie [remarque : les modalisateurs défont le merveilleux épique, mais lui substituent le vertige de la contemplation, engageant la subjectivité : Hugo ≠ Voltaire…]) 2. Mots d’une réalité spectrale (détermination des champs onomasiologiques, et leur communication, entre le propre et le figuré).