1 NOTIONS DE CRTIQUES HISTORIQUES. PRÉSENTATION DU COURS : Le cours consiste en l’examen d’une procédure càd un mode de raisonnement avec une procédure en différentes étapes. « Rien ne nait du néant », l’histoire est profondément inscrite dans des contextes. On est donc amené à explorer le passé : une remontée de l’antiquité à nos jours s’impose pour voir le développement de l’application des règles de la critique historique. Historicité de quelque chose signifie avoir une histoire et est sujet à modifications. Concept du temps n’est pas toujours le même car il n’y a aucune manière de lire le temps. « Le temps, je sens ce que c’est, mais je ne peux pas la définir » Saint Augustin. La procédure critique est utile parce qu’elle est rattachée à notre raison. La raison est un instrument pour appréhender le réel et le conquérir. Or la raison n’est pas détachée de l’histoire. La manière et la pratique de la raison est un vrai exercice càd une pratique répétée, elle n’est pas autonome et l’exercice de la raison permet d’utiliser les règles de la critique historique. PRÉCISIONS PRATIQUES À PROPOS DU COURS : Cours ex cathedra. Premier et second quadri, même heure, même endroit. Examen écrit avec des questions ouvertes en juin et septembre. Matière : cours oral. 2 OUVRAGES : 1. « Critiques historiques », Léon Ernest Halkin Complément et matière du cours : étudier la première partie. 2. « Histoires et historiens », Jean Moris Bizière et Pierre Vayssière.Pouvoir produire un résumé du chapitre 3, 6, 7.
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NOTIONS DE CRTIQUES HISTORIQUES.
PRÉSENTATION DU COURS :
Le cours consiste en l’examen d’une procédure càd un mode de raisonnement avec une
procédure en différentes étapes.
« Rien ne nait du néant », l’histoire est profondément inscrite dans des contextes. On
est donc amené à explorer le passé : une remontée de l’antiquité à nos jours
s’impose pour voir le développement de l’application des règles de la critique
historique. Historicité de quelque chose signifie avoir une histoire et est sujet à
modifications.
Concept du temps n’est pas toujours le même car il n’y a aucune manière de lire le
temps. « Le temps, je sens ce que c’est, mais je ne peux pas la définir » Saint Augustin.
La procédure critique est utile parce qu’elle est rattachée à notre raison. La raison est un
instrument pour appréhender le réel et le conquérir. Or la raison n’est pas détachée de
l’histoire. La manière et la pratique de la raison est un vrai exercice càd une pratique
répétée, elle n’est pas autonome et l’exercice de la raison permet d’utiliser les règles de la
critique historique.
PRÉCISIONS PRATIQUES À PROPOS DU COURS :
Cours ex cathedra.
Premier et second quadri, même heure, même endroit.
Examen écrit avec des questions ouvertes en juin et septembre.
Matière : cours oral.
2 OUVRAGES :
1. « Critiques historiques », Léon Ernest Halkin
Complément et matière du cours : étudier la première partie.
2. « Histoires et historiens », Jean Moris Bizière et Pierre Vayssière.Pouvoir produire un
résumé du chapitre 3, 6, 7.
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INTRODUCTION :
Commençons par se poser la question, quid de la définition de la critique historique ? Il y en
a beaucoup. Selon le prof c’est : « l’art de discerner le vrai du faux en histoire », chaque
terme recouvre une réalité de la critique historique.
2 REGARDS DE PERSONNES DU PASSÉ :
1. Ernest Renan : « La critique est contraire à l’allure normale de l’intelligence… ».
Il dit que l’esprit critique n’est pas inscrit naturellement dans la critique de l’homme
au contraire, au contraire le rationalisme est une dimension rejetée par intelligence.
L’intelligence càd l’acte d’essayer de comprendre. L’intelligence humaine aurait une
tendance à écarter ou rejeter des idées en optant pour une tendance spontanée en
la croyance. La pente naturelle de l’intelligence de l’homme serait la croyance,
donner foi à ce qu’on lui dit. L’homme serait donc d’abord un animal qui écoute, qui
assimile en étant même prêt à mettre de côté ses propres observations surtout si
l’interlocuteur est hiérarchiquement supérieure. C’est le combat en la raison et
l’abandon de soi dans l’affirmation d’autrui. La pensée cartésienne ou rationnelle, qui
se fonde sur la différence entre les phénomènes face à la pensée analogique, qui se
fonde sur les ressemblances entre les phénomènes.
2. Louis Pasteur : « l’instinct naturel de l’homme face à l’eau est de se noyer, apprendre
à nager c’est… ». La natation est le produit d’un apprentissage. La comparaison est
éclairante : l’esprit critique n’est ni naturel, ni constitutif de l’homme. c’est pourquoi
l’esprit rationnel est toujours à reconquérir, ce n’est jamais un acquis. Quand
l’irrationnel s’épanouit dans des sociétés technologiques il y a des fractures. Par
exemple ; les nazis, fracture dont la raison est l’otage et la victime. C’est aussi dans
les enjeux de la critique.
QU’EST CE QUE L’HISTOIRE ?
« Histoire » désigne différentes choses :
1. Ce que les hommes ont fait.
2. Ce que nous pensons, savons des hommes du passé.
HISTOIRE REALITE :
Objet d’étude
HISTOIRE CONNAISSANCE :
Démarche pour l’atteindre
TEMPS
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Tout l’enjeu est de relever ce qui traverse le temps : ce sont les sources, les documents, les
traces, les restes. La procédure de la critique historique porte sur les sources.
« Raconter des histoires » : il ya une réalité, l’histoire connaissance est un récit. La mise en
récit de l’histoire connaissance est la seule manière de rendre l’histoire intelligible. Les règles
du récit soumettent l’histoire connaissance. Il y a une soumission aux contraintes du réel
dans la production du discours historien.
LA DÉFINITION DE LA CRITIQUE HISTORIQUE :
« L’art de discerner le vrai du faux »
Le mot art a deux sens au fond, le premier sens : l’adresse, le flair, la finesse. Cela renvoi
plutôt à la notion d’artiste, autrement dit des choses qui sont impondérable. Cela implique
l’exercice de la raison, entrainé à une certaine démarche qui est l’objet même du cours de
critique historique. Deuxièmement l’art renvoi à l’artisan, à la technique qui mêlée au talent
personnel permet d’arriver à un résultat. La boite à outil est la procédure elle-même, qui
constitue les instruments du mot art. L’art c’est aussi comme cela qu’on qualifie la
médecine, car cette approche demande un exercice, un talent et demande à se soumettre à
une procédure.
Discerner, c’est regarder les choses de manières à les séparer. Si je regarde un tas de billes,
je vais discerner les billes blanches et les billes noires. C’est une opération qui consiste à
regarder pour séparer, faire des parts et des regroupements, faire des morceaux qui sont
propices à l’analyse. Lorsque j’effectue une séparation entre des choses, je ne peux le faire
que si les choses sont différentes. Pour que la comparaison soit possible il faut qu’il y ait une
différence entre les choses que je sépare. Ce sont toutes des billes, mais il y en a des
blanches et des noires. On ne peut discerner une chose d’une autre qu’à l’intérieur d’une
ressemblance sinon cela n’a aucun sens. Je peux distinguer une maison d’un building, car
elles sont toutes les deux des habitations humaines. Mais il n’y a aucun intérêt à comparer
une poule et un escalator.
Le jugement rationnel, c’est l’évaluation, l’opération de séparer. C’est une opération de
connaissance.
Ici intervient une dimension de la connaissance. Une opération de connaissance engage des
concepts. Il y a aussi milles définitions d’un concept. Le concept c’est une idée, donc pas une
image, une idée générale et abstraite. Le concept n’est pas une simple représentation. Le
concept de téléphone n’est pas la représentation de téléphone, mais j’ai besoin de son
concept pour pouvoir dire que tel objet est un téléphone. Le concept de téléphone n’est pas
l’image de l’objet, mais sans son concept je ne peux pas dire que tel objet est un téléphone.
Le concept de téléphone permet de dire qu’il y a un trait commun entre tous les téléphones,
qui les définissent comme téléphone et pourtant chaque téléphone est différent. Le concept
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n’est jamais l’expression adéquate de la chose de ce que je définis précisément, mais sans le
concept je ne sais pas définir. Ce qui signifie que la connaissance pose un problème
considérable, c’est la distance entre la réalité et la connaissance. Les objets sont concrets et
singulier. Ils ont tous une réalité concrète, mais pour les connaitre je dois m’éloigner d’eux,
pour les conceptualiser.
Ce que nous allons faire dans ce cours : réfléchir à la connaissance. De l’épistémologie.
L’approche du réel, même par l’expérience doit se faire avec cette prise de conscience. Une
loi scientifique est une loi jusqu’à preuve du contraire. « Jusqu’à preuve du contraire » c’est
ce qui cause la science du fanatisme. Si les scientifiques oubliaient jusqu’à preuve du
contraire, la science ne progresserait plus. Il n’y a pas une seule discipline scientifique qui
échappe à cette difficulté. L’approche de la réalité est un exercice périlleux pour toutes les
sciences.
L’homme est un animal temporel, il a donc intérêt à appréhender le passé avec des
instruments efficaces. Le passé est tellement présent qu’il conduit nos existences. Car notre
perception du monde repose sur d’innombrables éléments du passé, qui nous échappe
complètement. Mais nos comportements les plus anodins sont dictés par le passé. Prenons
un jeune universitaire, qui prend un petit déjeuner puis va acheter un CD de Céline Dion, il
prend l’autobus il paye avec de l’argent et il revient l’écouter dans sa chambre. Tous ces
micros éléments sont dictés par le passé. Qui a décidé que nous mangions le matin ? Les
lignes de bus… ? La présence du passé est omniprésente et la démarche du présent et
conduite par le passé. Cela peut s’étendre jusqu’à nos codes, nos valeurs, nos gestes,…
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LES DÉBUTS DE L’HISTOIRE
CONNAISSANCE.
QUAND EST NÉE L’HISTOIRE CONNAISSANCE ?
Il y a un repère spontané : l’invention de l’écriture.
L’histoire connaissance ne commence pas avec l’invention de l’écriture et d’autre part le
principe de l’histoire connaissance ne neutralise pas ce qui pouvait exister avant càd un souci
du passé, une relation au passé. Si on part dans cette thématique du passé on va remonter
très loin dans le temps : à l’aube de l’humanité. Il faut attendre l’écriture. Mais au fond
l’artiste qui a dessiné une scène de chasse dans une grotte, a-t-il représenté un fait ou une
espérance ? La cela ne serait plus un dessin de souvenir, mais d’avenir. Cette question est
impossible a tranchée, mais elle montre la situation de l’homme dans le temps. L’histoire
connaissance a été conçue au 5ACN en Grèce.
QUI AVAIT-IL ENTRE L’INVENTION DE L’ÉCRITURE ET LE 5ACN ?
Des supports étaient le signe du passé :
- les annales ; rédigés par les logographes, ce sont des listes des évènements
- des mentions pêle-mêle d’évènements réputés importants pour une collectivité, mais
qui n’ont pas de liens entre eux. Ce procédé se retrouve dans toutes les civilisations
connues des traces de pêle-mêle.
- Les généalogies ; réalisés par des généalogistes, ce sont des supports très anciens, le
recourt à établir des relations entre les individus ne concerne que les détenteurs du
pouvoir, qui ont besoin de justification en terme d’héritage et de filiation. C’est le
principe de toute forme de dynastie. Une tribu n’est qu’une association de famille. Il
est fait s’appuyer sur une connaissance des filiations pour assurer la transmission de
pouvoir. Il n’empêche que les généalogies témoignent d’un souci du passé.
- Les codes juridiques au sens large ; càd des listes de règles, des lois pour fonctionner.
L’écriture a généré la rédaction de code pour diriger la cité. Les codes énoncent des
règles, mais bien souvent avec une justification et une raison d’être à respecter ses
règles. Les règles laissent de la place à des allusions à des évènements du passé,
même flou et mythique ou avec un rituel. L’injonction de ces références mythiques
illustre un souci du passé.
- Les textes religieux ; témoignent en général d’un quête des origines, d’une
temporalité de cette nature et font intervenir des évènements dans le discours
religieux proprement dit. Ex : chez les hébreux le texte de la bible contient des
personnages historiques et non historiques et fait référence au passé pour appuyer
son message religieux et lui donner corps et signification. L’histoire dans ces textes
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religieux n’est qu’une occasion d’exposer une théorie religieuse. L’histoire est
élaborée pour montrer les rapports entre dieux et les hommes. Le passé est donc
encadré dans une perspective religieuse. À partir du moment où une culture est
dominé par la bible, comme au MA, la logique de production du récit est intimement
lié à la manière de lire l’histoire dans la bible, notamment en mélangeant le
merveilleux et les faits.
- Toutes formes de récits littéraires ; les poésies chantées sont les premières forme de
récits littéraires, des poésies sont chantées pour faire des éloges, glorifier les chefs
ou bien pour exécrer l’ennemi ou le vaincu, celui que l’on veut dénoncer.
- Les mythes.
LES MYTHES :
Ils sont fondamentaux pour l’encadrement culturel de ces sociétés, d’un point de vue
religieux, social aussi. Il est intemporel, fait référence à un passé lointain, un événement
originel. Il est hors du temps. Le récit d’un mythe se rattache à un événement mais est hors
du temps. Il traverse les temps historiques, certains mythes continuent à nous « parler »
même si nous en sommes éloignés de plusieurs millénaires. Son récit conserve une force de
persuasion. C’est une affabulation, ne fait pas référence à des personnages ayant existés. Il
rend le passé exemplaire, l’explique : c’est sa fonction sociale. Le mythe est donc une
lecture de la réalité via un souci du passé intemporel à travers un récit fondateur de valeurs
dans une société donnée de l’antiquité.
DÉFINITION:
Le mythe est originaire car il renvoie à une époque très lointaine pour laquelle on a aucune
trace. Il est a-historique: il fait référence à des événements qui n'ont jamais existé. Il est
intemporel, il dit quelque chose à toutes les générations.
Il y a des mythes qui nous parlent encore. (Exemple: le mythe de Sisyphe; il doit pousser une
pierre en haut d'une colline et une fois au sommet, elle redescend et il doit recommencer.
Renvoi à la condition humaine.)
Chaque époque peut le charger d'une situation nouvelle, il reste invariable.
Dans les sociétés de l'Antiquité, les mythes étaient les cadres mentaux. On ne peut pas
déroger au message du mythe.
Il a une fonction qui se veut explicative pour légitimer des explications. A l'origine, ces
explications reposent sur des affabulations. Ils ont pour fonction d'expliquer le présent, de
dire comment faire,... Ils sont à la fois totalisant et ils ont une dimension métaphysique, ils
s'échappent au pouvoir de l'homme.
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LES MYTHES ≠ LES LÉGENDES :
Légende : Mythe :
Dans une légende, il y a toujours un fond de vérité historique. (Exemple: la chanson de Roland). La légende est moins puissante que le mythe, elle autorise l'humour.
Le mythe illustre que l'homme n'échappe pas à sa condition temporelle, il ne peut pas se passer du passé. Il apporte un confort, nécessaire aux sociétés, qui peut passer par l'illusion de croire que l'on peut exercer un certain contrôle sur le présent parce qu'on connait le passé.
Dans ces époques avant le 5ème siècle, les sociétés organisées à travers le mythe pouvaient
se contenter d'un faux passé. Cela leur suffisait pour créer un socle de valeurs opératives,
efficaces dans l'organisation sociale.
Que s'est-il passé pour que l'on commence à quitter le confort d'un faux passé pour aller
vers la formation d'une discipline historique ?
Au 5ème siècle en Grèce se produit un basculement. Les historiens avaient trouvé une
formule pour identifier ce 5ème siècle grec. Ils parlaient de « miracle grec ».
MIRACLE GREC :
Concerne tous les domaines de la cité grecque. Essor de la rationalité. Sur tous les plans de
la société se développe un souci d’interrogation rationnelle. On s’interroge en faisant
confiance à la raison, sur la réalité à travers les disciplines existant à l’époque. Ces disciplines
vont produire une définition de leur démarche qui peut ressembler à une démarche
objective, scientifique. Se développe l’idée que l’observation prévaut sur la spéculation.
Socrate veut ramener la philosophie sur terre et il s’intéresse à la conduite de la société. L’un
des secteurs les plus spectaculaires concerné par cette rationalité est : la politique.
L’invention de la politique accentue le sentiment d’appartenance des grecs à leur cité, à leur
état, statut de chacun lié au statut de tous, concept politique de citoyen se développe. Ce
citoyen se sent concerné par le destin collectif de sa cité et pour qui la cité n’est pas la
somme des citoyens mais quelque chose de plus que cette somme. Ce plus, c’est une
projection de la cité dans l’avenir. C’est le début de la conscience politique qui contient une
forme d’abstraction dans le destin d’une collectivité.
HÉRODOTE :
Père de l’Histoire. Il incarne pour le domaine historien la diffusion de la rationalité dans la
cité grecque. Il a vécu vers 484-425ACN. Il est né en Asie mineure, est contemporain des
guerres médiques. Il fera de ces guerres l’objet de son histoire, l’objet de son enquête. Il
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forge un mot nouveau : l’histor : enquêteur. Il a une démarche objective, qui fait confiance
aux sens. Emergent dans sa démarche, deux dimensions :
- L’Opsis : (optique, voir). Hérodote va se déplacer pour mener une enquête et se
rendre sur les lieux concernés par ces guerres, il va observer ces lieux, prendre
connaissance des coutumes, des sources, il a donc une démarche opérative.
- L’Acoé (acoustique, écoute). Hérodote va écouter, entendre les récits, entendre les
témoins.
Il fait cela pour rédiger des histoires et plusieurs éléments liés à sa démarche illustrent la
révolution qu’il incarne. Il veut connaître les causes des événements pour maitriser les
conséquences. Or la recherche des causes, c’est le propre d’une histoire explicative.
L’explication c’est comprendre par les causes. Hérodote veut une histoire explicative où la
causalité est au cœur de sa problématique. C’est une nouveauté radicale. La recherche des
causes l’amène à ne pas faire émerger dans son explication une cause première, originelle.
Cela aussi est nouveau pour l’époque. Avant on fondait une explication sur une cause
première, ce qui est utilisé pour les mythes. Pour Hérodote, il n’y a que des causes humaines
et des actions humaines. Il débarrasse son explication des guerres médiques à toute sorte de
métaphysique, religion etc. Il dit que les choses, événements, auraient pu se passer
autrement. Les grecs auraient pu perdre la guerre : signifie que la nation de destinée, de
direction de l’histoire, s’est effacée. Cette manière de penser fait rentrer Hérodote dans
l’histoire connaissance car c’est une dimension fondamentale du discours d’historien. Tout
aurait pu se passer autrement.
Le discours d’Hérodote heurte le cadre du destin, des mythes. Il y a quelque chose de décisif
avec Hérodote.
L’HISTOR :
L’histor : pour se positionner par rapport à l’aede : c’est le poète qui raconte des légendes,
qui évoque la gloire immortelle des héros, dieux. Il dispense le kleos : chantre des mythes.
L’histor mène une enquête pour éviter l’effacement des actes des hommes. Cette politique
rend possible le retrait du légendaire, au profit du continent historique dans une perspective
pragmatique et autorisant la transmission du passé des hommes sur terre. Le discours qui
était d’essence épique devient un discours des sciences politiques.
Quand on passe d’Homere à Hérodote, on assiste à la manifesttion d’une sécularisation. La
position de l’histor dans la société grecque est un baromètre de cette sécularisation avec les
dieux et le destin. Il est le contemporain de Socrate et les ouvriers sont entrain d’ouvrir le
parthé à Athènes. Il veut empêcher que tombent dans l’oubli les grands exploits accomplis
dans les guerres médiques. Elles se sont déroulées entre 490-429 ACN. Il commence son
récit avec le début de Syrus en 549 ACN pour donner du chant à son analyse.
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Ses conclusions ne l’amène pas à distiller un discours qui voudrait que pour des raisons
culturelles : les grecs ont gagné et les perses ont perdu. Il identifie la cause de la défaite des
perses dans la nature des régimes politiques engagés dans les conflits. Ce n’est pas pour un
caractère identitaire que les perses ont perdu et grecs gagné. C’est le régime politique qui a
été décisif compte tenu de la différence entre le modèle grec qui repose sur la Diké dans
laquelle règne la loi commune comme fondement de l’état où sont engagés des citoyens. Le
modèle perse est celui de l’houbris qui est le contraire de la Diké. C’est la démesure qui est
le propre du despotisme, où il règne selon son bon-vouloir. De Cyrus jusqu’à Xerxes, le
despotisme, malgré ses immenses armées fut vaincu par les cités grecques moins nombreux.
Hérodote n’oppose pas deux régimes selon leur caractère culturel mais selon leur
organisation politique.
Si jamais les grecs avaient perdu, y’avait plus de civilisation grecque. Au départ de l’enquête
historienne, il y a donc un parti pris, une subjectivité dans le choix-même du sujet étudié. Il
confère à son sujet d’étude une dimension telle qu’elle est subjective alors que sa démarche
sera objective.
Si l’histoire est enquête, toute enquête n’est pas séparée de la subjectivité de celui qui
choisit son sujet. Cette subjectivité de base ne neutralise pas les effets de l’enquête
objective. L’enquête objective peut corriger la perspective subjective originelle. La force
paradoxale de l’enquête est qu’elle peut modifier l’enquêteur. En attendant il y a un
marquage de l’histoire connaissance par le choix même des historiens. Le choix de l’historien
ne peut être justifié mais c’est un choix. L’histoire connaissance est donc un choix
d’historiens qui vont extraire des moments qu’ils vont mettre en relief. Ils vont introduire
une déchirure dans le tissu du temps. Pour faire vivre le passé il faut du relief mais cette
mise en relief est subjective et elle traumatise le tissu du temps.
Hérodote fait exister les guerres médiques pour toujours car nous y avons encore accès via
son regard. Ce qui veut dire que les guerres nous parviennent via son regard mais qu’elles
nous parviennent via notre propre regard ce qui ajoute de la subjectivité. La lecture qu’on en
fera sera en résonnance avec notre propre contexte. Le passé nous parvient pas dans un
environnement débarrassé de toute sorte d’influence.
CONCLUSIONS :
L’histoire est inséparable de l’historien, l’histoire connaissance est toujours liée aux
historiens qui la fabriquent.
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THUCYDIDE :
Il est jeune général, condamné à l’exil, se met à penser sur les raisons de son échec. Il prend
du recul tout en restant impliqué dans son sujet.
Tout évènement qui surgit est produit par un nombre de causes innombrables. Cela signifie
que l’histoire n’est pas une science, on ne peut tirer des lois de l’histoire. Il n’y a jamais les
mêmes causes donc jamais les mêmes effets. Tout évènement est singulier. Nous pouvons
par une approche comparative des évènements du présent et du passé, tirer des leçons en
gardant en tête que tout évènement est singulier. Son ambition est d’être tellement complet
que quand il aura écrit son histoire de la guerre, tout sera dit, il ne faudra plus la réécrire.
C’est une illusion.
Les historiens positivistes au 19ème siècle, baignaient dans le climat positif et ont cru qu’on
pouvait écrire des histoires définitives.
LE PARADOXE DE THUCYDIDE :
Thucydide, lorsqu’il est confronté à des trous dans son récit, n’hésite pas à produire un
discours fictif. C’est là le paradoxe, pour arriver à une histoire réaliste, il a recourt à de la
fiction. Pour lui cette fiction est qualifiée de crédible, il invente des dialogues fictifs mais dit-
il proches de la réalité. Cette notion de crédible est très aléatoire et conditionne toute une
part de la création intellectuelle, du document historique au docu-fiction. Elle contient un
nombre de pièges considérable.
Heureusement, Thucydide a mis en confidence son lecteur ce qui l’absout d’un nombre
d’accusations que nous pourrions porter à son encontre. Il se présente dénudé et par
conséquent, nous pouvons « l’accueillir ».
DE COULANGES :
« L’histoire ne sert pas à prévoir mais à mieux voir ». La connaissance du passé nous permet
de poser un regard analytique sur le présent.
POLYBE :
2ème siècle ACN, il est grec mais il vit dans le monde romain conquérant. Rome est la grande
puissance mondiale, l’empire romain sera l’un des plus imposants de l’histoire. La notion
d’impérialisme va prendre une nouvelle ampleur après celle d’Alexandre le grand.
Polybe est un témoin romanisé, il vit à Rome. Il va vouloir rédiger l’histoire de sa ville. Cette
ville qui pourtant va romaniser le monde méditerranéen. Sa manière de traiter l’histoire de
Rome va s’inscrire dans la dynamique de la philosophie de l’histoire. C’est un des premiers
philosophes de l’histoire.
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Pour lui, si on scrute bien la passé de cette ville, on comprendra que d’une certaine manière,
il était inévitable que Rome s’impose comme la maitresse du monde. Il veut mettre en relief
cette dynamique déterminisme dans l’histoire. Rome était déterminée à devenir la plus
grande puissance mondiale. Il lui confère un sens à l’histoire et ce sens est irrésistible, ce
sens devait s’épanouir comme il l’a fait, que ce n’est pas une suite de hasards.
Polybe dépasse le présent. Pour lui, la lecture du passé pour prévenir le présent a une
continuité dans l’avenir. Il a le sentiment qu’on est arrivé à la fin de l’histoire. Que le
triomphe de Rome est la fin de l’histoire. Les évènements suivants seront en résonnance que
Rome est la maitresse du monde. Mais il ne pouvait pas anticiper que cet empire
s’effondrerait après un long déclin.
LE TEMPS :
Personne n’est arrivé à donner une définition du temps. Il y a eu plusieurs conceptions du
temps. Elles ont eu une influence sur la vision du monde à leurs époques.
Le temps circulaire, cyclique est normal. Tout est cyclique, les saisons, la lune, la vie-mort.
Donc pourquoi pas le temps. Dans une conception comme celle-là, il y a un premier constat :
Il n’y a ni début ni fin. Ça veut dire aussi que s’il n’y a ni début ni fin, c’est qu’il n’y a pas
d’évolution. La conception d’évolution est absente au profit de celle de reproduction. Tout
est immuable, en particulier l’organisation dans laquelle on vit, valeurs de la société,
hiérarchisation. Rien ne changera. C’est un encadrement idéologique. Comme ça on explique
l’importance du rituel dans les sociétés traditionnelles. Il ponctue les célébrations, renvoie à
des mythes fondateurs et à la notion de répétition. On fait ce qu’ont fait d’autres avant
nous. Cette vision est rassurante, elle offre la possibilité de ne pas être désarçonné dans le
changement. C’est donc le même qui est privilégié et pas le nouveau. Car le « même » c’est
celui qui a la longévité à la mesure du temps. Ce qui reste le même est donc vrai. Ça a une
influence sur la manière d’écriture de l’histoire. C’est le « même » qui est mis en relief, donc
c’est l’exemple. Le passé est une liste d’exemples dont il faut s’inspirer. C’est pourquoi dans
cette conception du temps, le mythe est parfaitement à sa place. Il est intemporel, tout le
temps là. Cette conception du temps est conjointe à la conception polythéiste.
Lors des conquêtes d’Alexandre le grand, les peuples qui ne se connaissaient pas ont été
confrontés au moule impérial. Les différences entre ces peuples sont apparues et le constat
de la parenté des Dieux, en dépit des différences de société, sera fait. Puisque les hommes
ont les mêmes dieux, il y a plus de choses qui les rassemblent qui ne les séparent. C’est la
première phase du développement de l’idée qu’il y a une nature humaine.
Une étape politique va être franchie, c’est le caractère de citoyenneté romaine attribué à
des membres de populations extérieures à Rome. Grâce à la pluralité des dieux puis il se
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passa quelque chose considérable, pas d’un jour à l’autre, une mutation durant un certain
temps.
PASSAGE DU POLYTHÉISME AU MONOTHÉISME :
Le triomphe du monothéisme. Fait référence à un dieu unique, transition menée par
tradition judéo-chrétienne. 3 grandes religions monothéistes vont apparaître et la
dynamique qu’elles vont engager en conception du temps vont faire que la conception
cyclique du temps va disparaitre à la place d’une nouvelle conception du temps : linéaire.
2 ajouts vont apparaitre : un début et une fin, il met l’accent sur les permanences plutôt que
sur les différences.
Linéaire a un sens, une direction, un début et une fin. Ce temps linéaire est irréversible.
Chaque acte est définitif, tragique. Plus de modifications provisoires, il y a une évolution.
Beaucoup moins rassurante qu’une conception cyclique. Implique que le changement soit
inclus dans le devenir. Les évènements sont uniques et il y a un architecte de cette
conception du temps, c’est Dieu.
C’est Dieu qui indique la direction et la signification. Il indique le sens dans les deux sens du
terme (direction, signification) selon un plan parce qu’il y a un début et une fin. Ce temps est
en quelque sorte sous contrôle. Le début est la création du monde et la fin c’est la parousie.
Au milieu de la ligne, il y a J-C. ce point d’orgue divise une période entre l’ancien testament
et le nouveau testament. La parousie est le retour du christ sur terre. Les hommes ne sont
pas des automates, il y a un libre arbitre. Les civilisations s’écroulent parce qu’elles
s’éloignent du sens de dieu.
C’est ici que ça devient intéressant car dans cette conception du temps il y a une conception
cyclique : la venue de Jésus, son retour. Il y a une période qui offre une liaison entre la passé
et le futur.
Comme Dieu est le moteur de l’histoire, toutes les actions des hommes ont quelque chose à
voir avec le sens de l’histoire. Soit les hommes s’inscrivent dans le sens voulu par dieu et
découvre ce sens en se référant aux textes sacrés soit ils s’éloignent du sens de l’histoire et
seront dans le péché, ils iront vers la catastrophe.
LE PROVIDENTIALISME :
La philosophie de l’histoire qui développe ceci est :
Le providentialisme : inspirateur du sens de l’histoire. Philosophie de l’histoire car elle
propose une explication globale du passé, présent et avenir des hommes.
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Au début du 4ème siècle, chrétien devient officiel, dû à l’empereur Constantin. Fusion entre le
plus grand empire et la véritable religion du peuple.
Puis les signes de faiblesses de l’empire se manifestent et en 410, un barbare germain,
Alaric, va venir saccager Rome, le cœur de l’empire.
St Augustin est contemporain de ce fait. Il est père de l’église et sa réflexion va conduire à
l’élaboration d’une idéologie : augustinisme médiéval. Car à la suite du saccage de Rome, un
courant d’opinion romain stigmatise les chrétiens en les rendant responsables de
l’affaiblissement de l’empire.
Ces accusations mobilisent des gens comme St Augustin et Orose, ils vont développer ce
discours : avant l’existence du christianisme, Rome a subi de sérieux revers. Les chrétiens
n’en sont pas responsables. St Augustin va dire : il faut distinguer cité terrestre de la cité
céleste. Les empires sont éphémères car ne s’inscrivent pas dans les desseins de Dieu. Par
contre la cité céleste traverse le temps, et l’église incarnée par les pouvoirs du Pape,
traversera les époques car elle s’inscrit dans la direction voulue par Dieu.
L’augustinisme médiéval va occuper les esprits pendant 1000 ans. Va influer sur l’écriture de
l’histoire. Toute la pensée de l’église s’en ressent, y compris l’écriture de l’histoire, le
providentialisme va imbiber l’écriture de l’histoire pendant tout le Moyen-âge.
Cette écriture est avide de trouver du sens dans le passé pour inscrire cette signification
dans la grande signification de l’histoire voulue par Dieu. C’est pourquoi l’historiographie
médiévale ne nous est plus audible car dans les chroniques médiévales, il y a un mélange du
rationnel et de l’irrationnel, entre le merveilleux et les faits. Ce n’est pas parce que ce sont
des mauvais auteurs, au contraire, un bon auteur médiéval construit son discours en mêlant
le merveilleux aux faits.
UNE CONCEPTION DU TEMPS QUI A UN SENS :
Une conception du temps qui a un sens, c’est également une source de motivation pour les
hommes, c’est également un patron, un canevas dans lequel on s’inscrit. Mieux on s’inscrira
dans le sens de l’histoire et plus on sera dans la compréhension intelligente de l’ordre des
choses. Celui qui est intelligent est celui qui a compris le sens de l’histoire. Ne faut-il pas
éclairer ceux qui n’ont pas compris le sens de l’histoire, s’en débarrasser ? Cela va créer la
terreur. On justifie les meurtres par le sens de Dieu qui est soi-disant incompris par certains.
Nous sommes en partie les héritiers de cette conception mais il s’est passé quelque chose, le
siècle des lumières.
14
18ÈME SIÈCLE.
SÉCULARISATION DE LA VISION DE L’HISTOIRE, UNE LAÏCISATION :
Une modification de la conception providentialiste va apparaître. Il n’y a plus de début et de
fin. Il n’y a plus de début car la science, les naturalistes, les botanistes, ceux qui observaient
les animaux, gens comme Buffon, des gens qui trouvaient des crânes d’êtres bizarres, ces
gens et Charles Darwin en couronne le mouvement, vont développer que les espèces
vivantes ne sont pas apparues toutes faites mais que le vivant a évolué.
Mais ça ne va plus avec la chronologie de la Bible, avec ces découvertes, le temps du passé
va dans le très lointain et ne s’arrête pas à 6000 ans. D’autre part, les hommes des lumières
ont foi en la science et la raison et donc estiment qu’on ne peut accéder qu’à la
connaissance des phénomènes, ce qu’on peut voir.
Comme Dieu n’est pas un phénomène, cela ne les intéresse plus, ce n’est pas un objet de
rationalité. La question de Dieu n’est pas un objet rationnel, ça ne doit plus comprimer la
pensée scientifique.
Il y a une sécularisation de la vision de l’histoire, une laïcisation.
C’est un temps irréversible sans début ni fin. Bientôt, quelque chose va remplacer dieu
comme moteur de l’histoire, comme si la tragédie du temps devait être compensée par un
sens, le bon sens de l’histoire : la raison et le progrès. S’il y a des oppositions à ce
développement, il faut les transformer ou les abattre. Abattre l’ancien régime ou réaliser des
conquêtes sous le prétexte du progrès. Travailler dans ce sens c’est faire une bonne œuvre.
Il y aura des variantes, le matérialisme historique : va provoquer des transformations au
20ème siècle. Le sens est la fin de la lutte des classes, fin de l’état, tout ce qui peut entraver le
sens de l’histoire et ce qui est contre-révolutionnaire.
RELATIVISME DE LE RAISON ET DU PROGRÈS :
La conception du temps et de l’histoire est tout sauf neutre. Il y a des évènements qui sont
venus altérer la foi dans le progrès. Un optimisme de la raison a laissé sa place à un
relativisme de la raison car des évènements ont été des fractures, deux évènements qui
n’ont rien à voir l’un avec l’autre :
1) Auschwitz : sort du cadre du rationnel. A la fois pour ceux qui l’ont vécu et pour ceux
qui l’examinent. Fracturé l’optimisme des lumières, la raison n’est pas morte mais en
conserve les cicatrices, personne n’a jamais compris cet alliage entre la logique
industrielle moderne et la mort. Comment une société technologique a basculé dans
le monde irrationnel en fabriquant des chambres à gaz. Si on lit la liste des enfants
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exterminés, il faut 3 mois ininterrompus, rien que pour les enfants de moins de 16
ans.
2) Hiroshima, Nagasaki : bombe atomique. Ce n’est qu’une invention de gens
intelligents, le top dans leur domaine, les plus grands scientifiques. D’un point de vue
organisation, on ne peut faire mieux. Après c’est la guerre froide, une espèce vivante
s’est donné pour la première fois la capacité de s’anéantir ainsi que les autres êtres
vivants. Comme on ne désinvente jamais rien, la bombe atomique fera partie de
l’existence ad vitam aeternam. C’est la raison qui a permis à l’homme l’acquisition de
cette puissance.
16
RENAISSANCE
Deuxième révolution de l’histoire européenne : la révolution marchande. C’est le temps des
grandes découvertes maritime, nouvelles voies commerciales, rondontité de la terre est
démontré par les voyages des marins.
MUTATION POLITIQUE : VERS UN ÉTAT MODERNE.
Epoque de mutation politique : le système féodal qui a prévalu pendant un millénaire et qui
s’incarnait par des pouvoirs d’individu à individu, de suzerain à vassal, sera mis à mal par la
notion d’état moderne. Un état d’où émerge une famille aristocrate qui impose une lignée
de dynaste qui vont devenir rois et empereurs, façonnant le monde moderne, se dotant
d’une capitale où ils résident et capables de faire irradier ce pouvoir dans les autres
provinces de leur pays via des relais, fonctionnaires, délégués de ce pouvoir qui appliquent
les lois dans toutes les parties du royaume.
Pour un dynaste, ses pires ennemis sont ses paires. A l’époque féodale, un suzerain devait se
montrer, à l’époque moderne il ne se déplacera plus mais son pouvoir sera diffusé. Le
meilleur sera Louis XIV.
CONSÉQUENCES DE LA DÉLÉGATION DU POUVOIR :
La délégation du pouvoir implique un mode de fonctionnement où le document écrit a un
grand rôle. Un souci de conservation de ces sources qui met en condition pour réfléchir aux
meilleurs moyens de les conserver. Le renforcement de la notion d’état est contemporain de
l’affirmation de la bourgeoisie qui est une classe sociale laborieuse qui n’entre pas avec
souplesse et aisance dans le schéma du tri fonctionnalité féodale (existence de 3 ordres dans
la société : clergé-noblesse-tiers état).
Le développement des capitales va créer la bourgeoisie qui ne se situe dans un aucun des 3
ordres mais politiquement elle fait partie du tiers-état. Elle va développer un savoir-faire
dans le domaine du droit, banque, commerce, artisanat à la source de liberté, droit de
regard sur la fiscalité. Elles auront tendance à rechercher des autonomies au prix de lutte
sociale. Certains vont devenir riches.
Il y a une distorsion qui aura pour effet de venir influencer une nouvelle écriture de l’histoire
qui va s’éloigner du providentialisme au profit de l’histoire des hommes en activité. A côté
de cette réalité politique, il y a l’ouverture de nouvelles voies commerciales qui mettra les
européens en situation de rencontrer tous les peuples du monde.
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FACTURE IDÉOLOGIQUE DU CHRISTIANISME :
Le christianisme n’a jamais été complètement homogène mais avec l’apparition du
protestantisme cela va être plus fort. Au sein du christianisme, des guerres brutales de
religion vont diviser les européens, même les états européens. Il y aura des deux cotés le fait
d’instrumentaliser le passé pour défendre chacun leur église.
Le pessimisme qui pourrait ressortir de cette situation n’empêche pas à la renaissance d’être
un moment de réflexion sur l’homme, son identité, son potentiel de bonheur sur terre. Ce
bonheur est possible grâce à la liberté et à la raison. Ceux qui développent ces idées font
partie des humanistes de la renaissance qui sont des lettrés, savants. Ils communiquent
entre eux et donc il y a un réseau d’humaniste qui surplombe les querelles religieuses. Ils
parlent en latin et participent à l’élaboration d’une culture renaissante, tournée vers
l’Antiquité grecque et romaine.
Il y a à la renaissance, une redécouverte et rediffusion des auteurs de l’antiquité, d’avant le
christianisme. C’est donc une culture historienne puisque elle est fécondée par un élan
tourné vers un passé lointain, un mépris excessif du moyen-âge puisque ils peuvent revenir à
l’antiquité grâce aux copies des moines copistes au moyen-âge.
Les humanistes, aussi philologues, vont être confrontés à des difficultés car bien souvent les
originaux qui ont donné naissance à ces copies ont disparu. Les copies sont difficiles,
erronées.
Les humanistes vont développer des méthodes de traitement qui sont la base de la critique
historique. Le moyen de rendre opérationnels ces documents : l’impulsion de la critique
moderne avec un plus, qui est une invention : l’imprimerie.
L’imprimerie amène une fascination qui amène à renforcer le souci de ne produire que des
textes parfaits car un texte avec des erreurs, les erreurs vont se diffuser. Ils veulent
redécouvrir les pères de l’histoire au-delà de la tradition providentialiste car tout était relié à
ce livre.
La renaissance est un moment où on envisage une autre manière d’aborder la vérité en
dehors de la Bible.
La clef de cette culture historienne de la renaissance est la source : principe même des
documents est voué à un intérêt formidable.
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1ÈRE ÉTAPE CRITIQUE : EURISTIQUE
Collecte des traces du passé, des matériaux de base qui vont servir à l’élaboration de
l’histoire connaissance. Source et document étant des synonymes ici. Le document écrit est
le document par excellence, a été la source principale dans les matériaux disponibles pour
écrire l’histoire. Cette notion de document s’est fortement élargie et la notion de document
historique aujourd’hui, met en exergue tout support qui permette de s’interroger sur la
passé. La notion de document est extrêmement ouverte, sources écrites, iconographiques,
matérielles, paysages. Plus on remonte loin dans le temps, plus les sources se font rares et
plus les faire parler est un enjeu.
Une source est une source seulement quand on l’interroge. Plus on remonte loin dans le
temps plus on cherche à faire parler la moindre trace.
SOURCES CONSCIENTES ET INCONSCIENTES :
Les sources sont fort variées, on en a fait des catégories, deux catégories de source qu’on
peut distinguer :
1) Sources conscientes : sources volontairement laissées par les hommes du passé pour
qu’une trace soit sauvegardée. Elles ont un acte volontaire pour origine en termes
d’information qu’elles peuvent contenir. Tous les écrits sont des sources conscientes
mais les statues, monuments, peintures, sont des manifestations conscientes de
laisser une trace. Par contre la fiole qu’on retrouve dans les ustensiles de la
ménagère est une source inconsciente.
2) Sources inconscientes : contraire, source d'information due au hasard. (Exemple:
pièces de monnaie romaines retrouvées dans un lieu inattendu.
CATÉGORIES DE SOURCES :
SOURCES ÉCRITES :
Elles se subdivisent en deux catégories : d’une part les sources diplomatiques, d’autre part
les sources narratives.
Sources diplomatiques : renvoie à diplôme càd une source officielle, une source qui émane d’une autorité. Ce sont donc des écrits qui ont une utilité provenant d’une autorité reconnue, elles ont été rédigées en vue de remplir un rôle précis dans la vie administrative ou juridique. Ce sont des documents où l’auteur du document est effacé, comme les textes législatifs, lois,…
Sources narratives : l’auteur s’implique, illustre sa personnalité. Ecrits rédigés dans un but, scientifique, politique etc. S’adresse aux contemporains où à la postérité. Œuvres de science-fiction etc.
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SOURCES FIGURÉES :
Ce sont les images, elles ont servi pendant longtemps à illustrer l'écrit mais elles peuvent à
présent nous donner des informations précises et à plusieurs niveaux du contexte où elles
sont apparues.
Ce sont des sources à part entière, on y inclut les cartes et aussi les plans. Tout ce qui est
figuratif. Avant ils servaient à illustrer un propos écrit et donc il y avait une soumission au
document écrit. Après ils sont devenus des documents à part entière avec leurs propres
règles critiques.
Ces documents regorgent de ressources en matière d’interprétation, il ne faut pas s’arrêter à
leur simple image, on peut les faire parler, par exemples :
- La peinture représentant Bonaparte. Peintre = Ingres. Cette peinture est de 1803, se
trouve dans un musée de liège. Elle est ici car la thématique est liégeoise. Bonaparte
est représenté debout, sa main au-dessus d’un papier évoquant un faubourg bien
connu. Ce faubourg qui en Juillet 1794 avait été bombardé par les autrichiens qui
s’enfuyaient devant les français. Bonaparte avait financé la reconstruction. En
arrière-plan, la cathédrale st-Lambert qui aujourd’hui n’existe plus. Elle a été démolie
pendant la révolution française. Donc on se dit que le peintre ne connait pas cette
actualité car elle n’existe plus à l’époque de Bonaparte. Mais, certes la cathédrale est
reconstruite dans l’imaginaire du peintre mais cela a une explication : le peintre la
représente en écho d’un autre évènement qui date de 1801 : le concordat entre
Bonaparte et Pie VII. Il marquait une stabilisation des relations entre les catholiques
et la France. Retour à la normalisation des relations entre l’église et l’état. Ingres
illustre le fait que Bonaparte est en quelque sorte le restaurateur des relations avec
l’église et la matérialité de celle-ci est illustré par la représentation fictive de la
cathédrale qui a pourtant été détruite.
- L’ensemble des productions mixes espagnoles sont produites dans l’école de Cuzco.
Les indiens ne pouvaient pas signer car les œuvres signées peuvent apporter la
notoriété à l’artiste. Or, la limite du pouvoir espagnol s’arrête là. Donc le fait de
rendre anonyme les auteurs est une manière d’empêcher qu’ils acquièrent une
réputation. Ces artistes ne se sont pas laissé faire. Ils ont pratiqué le rébus. Ils ont
signé grâce à cela et on peut les identifier donc. Il y a donc une forme de réactivité à
une mesure de nature à les réduire à l’anonymat.
- Les cartes sont pleines de sources, à la fois en matière de connaissance de la
géographie. L’institutionnalisation de mettre le nord en haut et le sud en bas est un
acte volontaire et donc notre vision du planisphère n’est pas un hasard. Si on
retourne l’Europe, elle nous parait plus petite, ce n’est plus qu’une sorte de petite
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queue d’un immense ensemble qu’est l’Asie. Les plans des villes, architectes,
topographie, tout cela évolue.
SOURCES MATÉRIELLES :
Des sources en 3 dimensions: objets, édifices, champs de bataille, paysage,... Elles ont une
dimension silencieuse mais elles nous informent sur la vie quotidienne des hommes du
passé.
C'est une source d'intérêt pour les historiens s'intéressant aux mentalités. Dimension
supplémentaire dans l'appréhension du passé.
Leur diversité est importante. Le champ de sources matérielles est extrêmement vaste. Ce
n’est pas seulement les objets façonnés de main d’homme. Les restes de pollen dans un tissu
du passé peuvent tracer le cheminement de ce vêtement, tissu. Les brins de tabac dans les
sarcophages ne veulent pas dire que les pharaons fumaient, le tabac est cultivé loin. On s’est
dit : « et si, les égyptiens avaient fait des incursions en Europe, et si ils avaient découverts
l’Amérique avant Colomb ? »
Tous les détails matériels, sont des sources matérielles. La chimie permet de réanimer des
excréments. En les réactivant, ils reprennent leurs couleurs, après on peut s’interroger sur ce
qui précède leur fabrication biologique.
SOURCE ORALES ET AUDIOVISUELLES :
Une source est orale quand elle est gravée et enregistrée. Mais les sources orales sont aussi
les récits transmis d'une génération à l'autre. Les récits peuvent nous raccrocher à des
époques antérieures et nous faire comprendre que les époques passées ne le sont pas tant
que ça.
Une source orale disparait si quelque chose ne l’enregistre pas. Il y a dont une ambiguïté
mais il ne faut pas confondre source orale et mémoire orale. La source est quelque chose
exprimé par la voix et sauvé par un enregistrement. La mémoire est quelque chose qui est
transmis de génération en génération par cette mémoire. Dans notre société, la mémoire
orale est atrophiée, on ne l’utilise pas car on sauvegarde toutes les sources orales sur des
supports. Des anthropologues se sont interrogés sur la durée d’une information orale, ce
serait des dizaines de générations. Le porteur de la mémoire doit assurer la descendance de
cette information.
De nos jours, cette mémoire existe encore à une ou deux générations de nous. Après ce sont
des limbes. De la mémoire à la source il y a une passerelle et là encore, il y a une certaine
diversité de sources orales. Il y a les sources des acteurs de l’histoire, enregistrement de ce
que dit Churchill pendant la guerre, enregistrements de personnalités. Il y a aussi les
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enregistrements de témoins selon une approche plus collective. La conservation de la source
orale peut concerner les initiatives telles que celles prises par le musée de la vie wallonne,
fondé en 1913. C’est un musée prestigieux, réputation internationale. Une des missions du
musée a été d’enregistrer les parler wallons locaux en se disant qu’ils allaient disparaitre et
les termes de métiers qui allaient disparaitre. Il y a donc maintenant une banque de données
considérable sur ces données.
La première guerre mondiale a été le premier évènement à être photographié, mais de
quelle manière. 95% des attaques sont des reconstitutions par les soldats eux-mêmes car la
caméra ne peut pas faire ça. Pour que le caméraman reste vivant il faut qu’il bouge aussi vite
que les soldats avec un matériel léger. Quand c’est un contrechamp, c’est la réalité car le
caméraman est caché.
Thomas Edison invente le phonographe qui permet de graver les vibrations. C’est le tout
premier appareil enregistreur du monde. Après 1945, la conservation est devenue plus
systématique. Maintenant, la moisson est plus abondante. Ces archives méritent autant
d’attention critique que les autres sources, elles peuvent être tronquées.
COMMENTAIRE SUR LES SOURCES :
Toutes les sources ont quelque chose à dire mais il faut les solliciter, sinon elles ne dévoilent
pas leur vraie valeur historique.
Quand on parle de sources, les époques ne sont pas égales entre elles. Les époques où il y a
beaucoup de sources et les époques où il y en a moins. Beaucoup de sources de l’antiquité
ont été détruites. Des morceaux de cette connaissance ne tiennent qu’à très peu de choses,
un témoin où un seul manuscrit. En histoire contemporaine, il y a abondance de sources et
donc il y a un effet de distorsion.
CONSERVATION DES DOCUMENTS
Ceux qui n’en font pas l’objet seront détruits rapidement. Tout est contre les documents
écrits, les bactéries attaquent le papier. Un champignon attaquait le papier après la
réunification allemande et on ne comprenait pas pourquoi. En fait, elle provenait d’une
initiative que les allemands de l’est ont prise. On a ouvert les archives et elles vu qu’elles
étaient contaminées, cela a diffusé une maladie dans la population allemande.
22
HISTOIRE DES ARCHIVES :
DES DÉPÔTS D’ARCHIVES :
On trouve des dépôts d’archives dès l’antiquité. Dès que les sociétés sont organisées, elles
essayent de le conserver par écrit. Samshi addu, roi de Mari, les tablettes d’argiles sont
conservées. De cette époque, quasi rien n’a été conservé. Mais on a conservé beaucoup de
papyrus de l'Egypte. Ils ont mieux résisté que ceux d’Europe occidentale car les conditions
atmosphériques étaient différentes.
Du haut moyen-âge, on n’a pratiquement rien comme documents écrits. Quelques
fragments de documents du pape, très peu de sources écrites. C’est parce que le premier
producteur d’archive, c’est l’état. Or, le moyen-âge est caractérisé par la féodalité. Il n’y a
pas d’état central, éclatement des pouvoirs. Toutes les relations de pouvoir sont orales, pas
besoin de supports écrits pour traduire les contrats.
Entre le 12ème et 16ème siècle, il y a des recueils d’archives. On conserve une copie des actes
produits par la chancellerie Allemande. On les appelle des cartulaires. D’autres documents
officiels comme des testaments, contrats, diplômes se voient aussi rassemblés dans les
chartriers.
C’est au 16ème siècle, en 1567 que le premier dépôt d’archive d’état apparait. Sous le règne
de Philippe II. L’Espagne est un état puissant qui contrôle d’autres régions d’Europe.
L’Espagne administre la colonie américaine, c’est donc un immense empire qui implique une
administration et la circulation d’une info officielle. Les archives d’états étant les ressources
de mémoire de cet état.
Nous sommes à la renaissance, les dépôts d’archive d’état vont se répandre. La diffusion de
ces archives au 17ème siècle va stimuler le développement d’une discipline auxiliaire de
l’histoire qui est l’archivistique. Il faut des instruments pour conserver, exploiter et classer
ces archives.
DOUBLE IMPACT DE LA RÉVOLUTIONFRANÇAISE :
1789 aura un double impact :
1) Lié à la volonté de suppression de l’ancien régime et de centralisation. Les archives
communales, départementales et nationales.
2) Politique : dans l’ancien régime on ne pouvait consulter les archives. La révolution
française y rend l’accès libre pour tous. Au nom de la publicité qui garde le peuple. A
ce principe démocratique est collée une précision : délai de consultation. Les archives
sont accessibles à tous mais on peut imposer un délai de consultation pour un certain
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nombre d’années pour certaines catégories d’archives plus sensibles. C’est pourquoi
l’histoire contemporaine à ses limites. Dans les années 2020, il y aura encore des
documents de l’assassinat de Kennedy qui seront rendus publics.
Le travail de l’archiviste est autant de traiter les archives que de les détruire. Les archives
nationales et départementales en France, si on cumule leur stock, il y a plus de 2000km de
rayonnage. Il est impossible de se débrouiller dans une telle forêt sans des inventaires
d’archives. C’est la première chose qu’on consulte, les inventaires d’archives sont des
ouvrages présentant ce qu’il y a comme archives.
Il y a des bibliothèques qui contiennent des publications mais aussi des documents
imprimés. Une source imprimée est une source. Il existe des livres qui contiennent
seulement des sources. Ces ouvrages se trouvent en bibliothèques donc celles-ci sont aussi
des lieux primaires pour consulter des sources imprimées.
Les monuments Germania historica, sources de l’histoire germanique. C’est une collection
de sources commencée en 1926 et qui continue à paraitre et qui rassemble l’ensemble des
sources relatives à l’histoire dans les sources germaniques.
De vastes entreprises de conservation de livres sont en cours comme avec Google. Mais on a
via Gallica, un accès direct à la bibliothèque de France et des documents accessibles et
téléchargeables.
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2IÈME ÉTAPE CRITIQUE : LA RESTITUTION
Sous l’obédience des sources écrites. C’est une approche qualitative de la source, idée de sa
valeur. Critique de restitution est apparue à la renaissance à un moment où la question des
copies et originaux était au cœur des esprits. Elle est fléchée dans 2 directions :
1) Correction des fautes dans une source : à priori non. Mais l’émendation le permet.
Quand on a plusieurs copies et pas l’originale, comment choisir la bonne copie ? ça
s’appelle la recension.
2) Correction des fautes dans une copie.
MABILLON :
Erudit français, moine bénédictin de l’ordre de Saint Maur. C’est lui qui forgea la
diplomatique, càd l’étude et examen des sources diplomatiques des documents officiels. Il
va être entrainé dans un débat qui sera l’occasion de faire preuve d’imagination et de forger
les bases de la diplomatique. Ce débat, nous projette en 1675.
POLÉMIQUE ENTRE MABILLON ET PAPEBROCKE :
Mabillon écrivait les acta sanctorum, les vies des saints. Papebrocke, dans cette mission,
était découragé par la quantité de faux documents sur la vie des saints et la difficulté d’en
faire une biographie historique.
Papebrocke en est venu à se méfier des sources. Il est devenu un hyper critique. Il a
manifesté cette hyper critique dans la préface du tome 11 des acta. Ce volume est
accompagné d’une préface dont le titre même est très révélateur : sur le discernement du
vrai et du faux dans les vieux parchemins. Il dit que les papyrus mérovingiens ne sont pas
crédibles, ce sont des documents qui sont vraisemblablement des faux. Les bénédictins
furent ébranlés par ces propos, en particulier les bénédictins de l’abbaye de Saint-Denis car
ils étaient aussi archivistes et qu’ils conservaient en leur sein, les fameux manuscrits,
papyrus mérovingiens, qui ne sont pas de simples sources, ce sont les archives des rois de
France.
Ces documents font référence aux origines d’une dynastie, à la tradition monarchique et
donc s’ils sont remis en question, c’est de nature à avoir un impact politique. Les moines de
Saint Denis font appel à Mabillon. Lui va se pencher sur les documents incriminés et le faire
sans esprit de polémique. Il va analyser environ 200 pièces d’archive sous toutes les coutures
et il va mettre 6 années pour finalement produire en 1681, son traité fameux, l’un des
ouvrages de la critique « de re dilomatica » qui est un ouvrage méthode faisant de lui le
fondateur de la diplomatique et il tire des conclusions des documents mérovingiens.
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CONCLUSIONS DE MABILLON :
Selon lui, les documents sont authentiques et il en fait la démonstration.
C’est ici que ça devient intéressant car Papebrocke va reconnaitre la démarche de Mabillon
et ses conclusions alors que celles-ci vont à l’encontre de ses préjugés hyper critiques.
Autrement dit, ce travail de bénédictin est en résonnance avec une société. 1681 : date de
parution de l’ouvrage de Mabillon. C’est aussi la date de publication du discours sur l’histoire
universelle de Bossuet, de vision radicalement différente de la production historienne. Nous
sommes aux portes du siècle des lumières.
Pendant que Mabillon et Bossuet rédigeaient leurs œuvres, Richard Simon publiait un
ouvrage très important, en 1678.
RICHARD SIMON :
Moine de l’ordre des oratoriens. Il publie une histoire critique de l’ancien testament.
Critique au sens historique et pas au sens polémique. C’est sulfureux car la Bible est « le »
texte intouchable, socle de la culture depuis des siècles, ce qui est dit dans la Bible, c’est la
parole divine et donc appliquer la démarche critique à ce texte est irrespectueux, diabolique
et en plus, par un moine, quelqu’un de l’église.
CRITIQUE BIBLIQUE :
Une critique biblique se mettra en place, au fil du temps. Elle va apporter par bien des
aspects, des apports considérables dans les rapports des hommes avec leur foi.
Simon dit que ce n’est pas possible que tous les textes de la bible proviennent du même
auteur, en particulier les 5 premiers textes de la bible. Officiellement, cela a été écrit par
Moise. Or, ces livres ont plusieurs auteurs et n’ont pas été écrits à la même époque.
Simon est rejeté, condamné par l’église et ses confrères, il doit quitter son ordre et se
défend d’avoir commis un péché.
Sa ligne de défense est extraordinaire et peut être sincère : il a défendu la foi catholique
contre les protestants. Parce que les protestants prétendent qu’on peut se passer des
prêtres, que si on met la bible dans la main du croyant, il est directement en relation avec
dieu. Mais non, il faut des pilotes. Souligner la complexité des textes de la bible, c’est
souligner l’importance d’avoir des pilotes pour comprendre ceux-ci.
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PRINCIPES DE MABILLON :
1) Ils donnent corps, volume et à la critique de restitution et tournés vers la question
des copies, quand on a plusieurs copies. La meilleure copie est celle qui reproduit
l’original. Le meilleur copiste du monde s’appelle la photocopie. A l’époque ça
n’existait pas bien sûr. Après la photocopie, le meilleur copiste est celui qui n’est pas
un mêle-tout, qui reproduit même les fautes, qui n’intervient pas dans le texte.
2) Quand on a plusieurs sources : on établit le stemma codicum : c’est la généalogie des
copies. Une bonne copie quand on en a plusieurs, c’est : la copie la plus ancienne,
autrement dit, celle qui se rapproche dans le temps de l’original. Pourtant l’âge d’une
copie n’a aucune importance du tout. L’adage de Mabillon : « les plus récentes ne
sont pas les plus détériorâtes ». Ce n’est pas le temps qui compte, c’est le nombre de
copies intermédiaires qui la séparent de l’originale.
3) Lectio meilor, lectio difficilor : la meilleure lecture est la plus difficile. Si on a 2 copies
d’un original disparu et que je trouve une différence dans le texte sur des termes
employés, on prend la copie où le mot est le plus difficile car le copiste à tendance à
copier de façon facile. Les imprécisions peuvent avoir de grandes répercussions.
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CRITIQUE PROPREMENT DITE.
Se subdivise en deux sous-étapes :
- Critique externe
- Critique interne
DÉFINITION, CRITIQUE EXTERNE :
Est appelée également : critique d’authenticité ou critique de provenance. Cherche à savoir
si un document est authentique. Un document authentique, c’est un document qui provient
bien d’où il prétend provenir. Il est tel qu’il émerge bien des mains de son auteur. C’est un
document dont l’auteur mentionné est bien l’auteur. Cela pose la question de l’origine du
document ou de la source. L’origine du document étant l’auteur du document. La question
de l’origine est importante dans l’information en général.
DÉFINITION, CRITIQUE INTERNE :
Est appelée critique de véracité ou de crédibilité. Elle cherche à savoir si un document est
crédible. C’est-à-dire si son contenu est crédible. C’est la question du fond, ce que contient
l’information. Si les éléments sont crédibles, alors, le document est un document vrai, d’où
« critique de véracité ».
CONCLUSIONS SUR LA CRITIQUE INTERNE ET EXTERNE :
La critique externe : La critique interne :
la critique externe détermine si un document est authentique.
Un document authentique est un document qui passe le filtre de la critique externe. Il sort des mains de son auteur.
Quand un document n'est pas authentique il est faux. Il ne sort pas des mains de son auteur, c'est un apocryphe.
La critique interne détermine si le document est vrai.
Un document véridique passe le filtre de la critique interne. C'est un document donc le contenu est crédible et vrai.
Un document peut être authentique mais son contenu non-crédible.
Un document faux peut être vrai.
Ex : si la note de cours du prof est signée xx, c’est un faux mais le contenu de cette note est
vrai.
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C’est une étape clef qui va conditionner la suite de la procédure. Quand on parle de
document, c’est synonyme de source et de témoignage. La critique se positionne comme
examen au sens large, toute source est une forme de témoignage et en plus, un témoignage
est une source.
IMPACT D’ORDRE POLIT IQUE CAUSÉ PAR DES FAUX :
La question des faux n’est pas qu’un exercice intellectuel. C’est au cœur de l’histoire puisque
au cœur de la communication de l’information.
Il y a certains faux célèbres qui ont eu un impact considérable, des conséquences d’ordre
politique :
DONATION DE CONSTANTIN :
C’est un document qui fait référence au premiers temps du christianisme lorsqu’il devient
religion d’état. Constantin, va changer le cours de l’histoire du christianisme en
reconnaissant ce culte et en en faisant celui de l’empire romain. Il définit les relations avec
les papes mais ce sont aussi des autorités temporelles et dans le processus d’affirmation du
christianisme, une étape a été franchie avec la donation de Constantin, càd la donation de
pouvoirs temporels et de possessions territoriales et qui vont donner l’assise du Vatican.
C’est donc un document fondateur.
A la renaissance, un ministre italien, Valla, a étudié en profondeur ce document et il en est
arrivé à la conclusion que le document était faux, qu’il ne provenait pas de Constantin mais
qu’il avait été forgé vers le 8ième siècle dans l’entourage du pape de l’époque et c’était donc
un document non-authentique, qui ne provenait pas d’où il prétendait provenir.
Ce faux est devenu emblématique car c’est un texte fondateur de l’église.
LE PROTOCOLE DES SAGES DE SION :
Fin 19ème, début 20ème, montée des nationalismes et de l’antisémitisme. Il y a l’affaire
Dreyfus en France, qui va diviser l’opinion. L’antisémitisme se répand partout en Europe et
s’adapte aux différentes conjonctures et contextes historiques.
Un ouvrage va paraitre, c’est « protocole des sages de Sion » il se présente comme un
ouvrage qui révèle le compte-rendu de réunions secrètes qui ont rassemblé des élites juives
mondiales pour préparer la domination du monde. Ce document à l’air d’être normalement
top-secret. Le succès de l’ouvrage sera immédiat et la longévité de son succès également.
Or, la réunion n’a jamais eu lieu, le document fabriqué de toutes pièces par la police du Tsar
de Russie. La police l’a fabriqué pour accentuer l’antisémitisme qui prenait en Russie des
formes violentes sous la forme de chasses au juif.
La démonstration fut faite que c’était un faux mais le faux a été assumé comme tel et a
continué à être une référence antisémite. La puissance du faux perdurait, aujourd’hui
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encore, il est en vente dans les librairies et continue à être un best-seller.
Le faux est plus puissant que le vrai.
LES MÉMOIRES DE ROBESPIERRE :
Révolution française, fin de la révolution, lorsque Robespierre est exécuté en juillet 1794,
c’est la fin de la première république dans sa phase politique aigue. Entrainé un nouveau
régime, le directoire qui est le marchepied de Bonaparte.
On découvrit dans l’appartement de Robespierre un manuscrit qui était ses mémoires où il
se confiait et où il disait que la république n’était pas son objectif et qu’il aspirait à devenir
Roi, à restaurer la monarchie. Ce livre a été publié. Il était fabriqué de toutes pièces par les
adversaires de celui-ci et qui voulaient se donner un maximum de garanties pour légitimer
leurs actions politiques.
La démonstration du faux a été faite mais ces mémoires ont parasité l’historiographie de la
révolution française, qui était viciée dans les analyses par ce document.
PROCÉDÉ DE LA CRITIQUE EXTERNE :
QUESTIONNEMENT :
La critique externe procède par des questionnements qui se succèdent.
- Critique qui concerne l’auteur du document. Ça n’est pas toujours évident. Bien sûr,
il y a des documents signés, où le nom de l’auteur est mentionné mais ce n’est pas
gage de vérité. Parfois, il n’y a pas de nom. Parfois l’auteur n’est pas totalement
l’auteur mais on peut le qualifier d’auteur. Ex : quand un ministre signe un courrier,
ce n’est pas lui qui l’a écrit mais il le reconnait comme tel.
- Contrefaçon : l’art de produire des faux est un art qui est extrêmement ancien et
répandu. Il a pris ses lettres de noblesse à partir du moment où il fallait pour cette
noblesse, justifier un certain nombre de titres de noblesse. La fabrication de
documents prouvant la noblesse a été un sport national. La vitalité des faux est très
riche en histoire.
- Quand les documents sont signés, ils peuvent être trompeurs. Beaucoup de textes
sont signés par Saint-Augustin, or, certains textes ont été écrits après sa mort. Ils ont
été signés st augustin pour donner à leurs contenus plus de poids. Le véritable auteur
s’effaçant devant une belle personnalité pour que ses idées aient plus de poids. Des
auteurs frères ne mettaient jamais leurs prénoms aussi. Avant, il y avait des
changements de nom.
- Il y a des anagrammes : mot obtenu par la permutation des lettres d’un autre mot
(Marie : Aimer).
- Il y a des pseudonymes : un nom d’emprumt (Voltaire : Arouet).
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DATE DU DOCUMENT :
L’usage de dater varie d’une culture et d’une période à l’autre.
On a daté de différentes manières, par génération (Hérodote 3 générations par siècle), par
ères (ère des olympiades, ère fondation de Rome).
Notre calendrier chrétien a une histoire. La manière de dater depuis la naissance du christ
s’est effectuée après de savants calculs de Denis le Petit et qui a calculé l’âge du christ. Bede
le vénérable, au début du 8ème siècle, va inventer l’habitude de calculer avant Jesus Christ. Le
premier document daté de l’année de l’incarnation ne date que de 742 et il faut attendre le
11ème siècle en Europe pour que l’ère chrétienne se généralise.
Une laborieuse diffusion de ce calendrier avec une difficulté : en Europe occidentale, on n’a
pas toujours fait débuter l’année de 1er janvier. On pouvait utiliser des styles chronologiques,
le style de noël fait commencer l’année le 25 décembre. Le style de l’annonciation, le 25
mars. Le style de Pâques, variable selon les années et donc les années ont des durées
variables. Beaucoup de confusions possibles.
C’est à partir de la fin du 16ème siècle, que dans les provinces belges, on a adopté le premier
janvier. Difficulté d’arriver à une cohérence même dans le christianisme. Si un document
n’est pas daté, écrit, il faut s’en référer au contenu, style, indices que donnent les
informations et faire usage du terminus post-quem et le terminus ante-quem.
- Post-quem : désigne la date après laquelle un document a nécessairement été écrit.
- Ante-quem : date avant laquelle le document a été rédigé nécessairement.
LIEU DE FABRICATION :
Peut-être mentionné mais les lieux voient des évolutions dans leurs abréviations, intitulés.
Les villes changent (Léopoldville = Kinshasa). Ça pose aussi un problème social et culturel.
Son origine a un impact sur la manière dont il a été rédigé. Il faut savoir le cheminement qui
va l’amener jusqu’à nous, où a-t-il été conservé, où l’a-t-on trouvé.
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OPÉRATIONS DE LA CRITIQUE INTERNE :
Va porter sur le contenu du document, sa véracité, crédibilité des informations que le
document véhicule. La critique interne se subdivise en sous-opérations. Elles sont :
1. Critique interprétation : ce que l’auteur a voulu dire.
2. Critique de compétence : l’auteur d’une source était assez compétent pour dire ce
qu’il dit.
3. Critique de sincérité : l’auteur ment-il ou ne ment-il pas. Mentir étant toujours un
acte volontaire. (motivation)
4. Critique exactitude : l’auteur se trompe-t-il de bonne foi ? Comment-il une erreur
involontaire. (erreur humaine)
(1) CRITIQUE D’INTERPRÉTATION : COMPARAISON DES TÉMOIGNAGES.
ICH BIN EIN BERLINER
Ça a l’air évident et pourtant, lorsqu’on a érigé le mur de Berlin, Kennedy s’est rendu à Berlin
dans la partie Ouest. Il fait un discours devant les berlinois en disant « je suis un berlinois »
et la foule hurle sa joie. On pourrait le prendre au premier degré, que Kennedy est berlinois.
Donc ça veut dire qu’il est allemand, ou d’origine allemande. Mais il y a une métaphore.
Quand il dit qu’il est berlinois, il veut dire qu’il est avec les berlinois, qu’il est solidaire.
Il faut donc savoir ce qu’un auteur veut dire et tenir compte du contexte, de la langue, des
tournures de phrases, les mots changent de signification.
FREUD :
C’est un médecin autrichien, inventeur de la psychanalyse. Un jour, de Vinci a mis par écrit
un de ses rêves, un récit détaillé. Pour Freud, c’est une aubaine extraordinaire. Il va faire un
ouvrage qui s’appelle « rêve de jeunesse de De Vinci) entièrement construit autour du rêve
de Léonard. Il raconte qu’un vautour lui aurait introduit sa queue dans la bouche. Freud
s’interroge sur ce vautour et tel l’auteur du da Vinci code, il va s’engouffrer dans la
thématique. D’abord, le vautour chez les égyptiens est représenté par le hiéroglyphe de la
maman. Le vautour, c’est un oiseau cité par les pères de l’église et en rapport avec la
naissance de la vierge marie. C’est incroyable car il y a un tableau de léonard de Vinci au
Louvres où il y a une représentation de la vierge. Elle a une robe et dans les plis de cette
robe, on décèle un vautour. Freud ne peut que voir la figure de la mère derrière ce vautour
et se pose la question de la relation de léonard et sa mère. Léonard est un enfant naturel.
Mais chez léonard il n’est pas question d’un vautour mais d’un Milan, beaucoup moins
connu et symbolique. Et donc pour un seul terme mal traduit, toute une thèse et ici un
ouvrage, s’effondre.
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(2) CRITIQUE DE COMPÉTENCE :
Elle pose la question de la compétence de l’auteur.
La compétence, c’est une connaissance préalable que l’on a pour pouvoir apprécier, juger,
évaluer quelque chose qui se présente à nous. Ce n’est pas parce qu’on assiste à quelque
chose qu’on est apte à témoigner. Une théorie dit que nous ne pouvons voir les choses pour
lesquelles nous avons des repères préalables. On ne pourrait donc pas voir ce qu’on n’a pas
vu. La situation du témoin n’est donc pas toujours optimale. Nous avons une tendance
naturelle à nous fier aux témoins les plus proches des faits mais aussi des situations
générales.
BIOGRAPHIE DE CHARLEMAGNE PAR EGINHARD :
Il y a un auteur qui a vécu dans la cour de Charlemagne. Il a fréquenté celui-ci, un intellectuel
lettré appelé « EGINHARD » il a écrit une biographie de Charlemagne. « La Vita Karoli ».
Il voyait tout de Charlemagne. On se demande s’il y a mieux pour connaitre.
Mais à la lecture, des passages entiers sont plagiés d’un autre ouvrage, en plus un ouvrage
ancien de Suétone qui avait écrit la biographie de l’empereur Auguste.
De notre point de vue, c’est donc un incompétent sauf que (non), à l’époque, on n’a pas la
même notion de l’originalité d’un récit, du respect des auteurs.
C’est très sciemment qu’Eginhard a pompé Suétone. Pour être en résonnance avec la
doctrine de Charlemagne, qui est d’incarner le retour des empereurs Romains. Qui est de
restaurer un empire européen. Et donc le message qu’envoi Eginhard : vous êtes comme
Auguste. C’est donc dans son chef, une toute grande compréhension de Charlemagne.
Et donc la compétence est trompeuse.
Les archives contiennent beaucoup de témoignages d’apparition du Diable et de descriptions
très précises de celui-ci. Le problème c’est qu’on a des témoignages similaires de partout,
qu’ils sont formulés par des gens qui ne se connaissent pas, si on était juge d’instruction, en
s’en tenant au récit formel de ces témoins, on ne pourrait que conclure à l’existence du
diable. Ces témoignages de gens qui ne se connaissent pas dans des lieux différents
entrainent une vérité.
La question de la compétence du témoignage oculaire est une dimension qu’il est difficile à
déblyer.
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(3) CRITIQUE DE SINCÉRITÉ :
Pose la question : est ce que le témoin ment ou pas.
Mais il y a des gradations diverses. Où est la limite entre le mensonge et la mauvaise
interprétation qui nous convient quand même quand on fait récit de quelque chose. La
gradation va du mensonge affirmé au mensonge par omission. On peut mentir parce qu’on a
peur, sous la pression, par conviction idéologique, par calcul, par choix politique. Les raisons
et manières de mentir sont nombreuses.
La tendance naturelle est de dire que si quelqu’un avoue quelque chose qui lui est nuisible, il
dit la vérité. Mais ça ne suffit pas, il faut des éléments de preuve.
MASSACRE SAINT BARTHÉLÉMY :
Un évènement sanglant, qui s’est déroulé à Paris dans le contexte des guerres de religions et
une nuit, le 24 aout 1572, dans tout Paris, des groupes de catholiques en armes ont
massacré les protestants. L’évènement qui a été préparé se déroule dans d’autres lieux de
France, au total, 30.000 protestants sont assassinés.
Un jeune roi de 22 ans se vante d’en être l’organisateur, sauf que c’est pas lui ou alors il a
grossi son rôle. Parce que tuer du protestant, c’était bien pour un souverain catholique.
Maintenant ce serait différent mais pas à l’époque.
Il faut aussi tenir compte de cette dimension de vantardise, même dans le meurtre.
(4) CRITIQUE D’EXACTITUDE :
Plus un témoin témoigne tardivement plus les détails qu’il donne sont suspects. Certains
évènements sont anticipés.
ARRIVÉE DU ROI DE YOUGOSLAVIE :
Lors de l’arrivée du roi Alexandre de Yougoslavie en octobre 1934, quand il débarque à
Marseille : les journalistes du soir donnent un récit de la réception du Roi en se basant sur
des banalités du protocole classique.
QUAND IL N’Y A QU’UN TÉMOIGNAGE :
Lorsque c’est le cas, on ne rejette pas ce témoignage, pas comme les juristes, où un témoin =
pas de témoin.
La guerre des gaules n’est connue que par « de bello galico » de Jules César. C’est le seul
témoignage que nous avons de la guerre des gaules. Il s’y est mis en valeur, il n’empêche
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que c’est quelqu’un qui sait décrire les choses et a donné des informations sur la vie des
gaulois et ça constitue une source d’information sur la gaule.
Le temps ne détruit pas seulement les sources, il est aussi pourvoyeur de sources.
QUAND IL Y A PLUSIEURS TÉMOIGNAGES :
Ephore : veut que plus un témoin est proche des faits qu’il raconte dans le temps et plus les
détails qu’il donne ont des chances d’être justes. Et plus un récit vient au bout d’une chaine
d’intermédiaires, plus les détails perdent leur crédibilité.
QUAND IL Y A DES TÉMOIGNAGES CONCORDANTS :
- Si les témoignages divergent sur la forme et pas dans le fond, les divergences sur la
forme plaident en faveur de ces témoignages.
- En histoire, on applique l’adage « il ne faut pas compter les témoignages, mais il faut
les peser. » ce n’est pas le nombre mais la valeur qui fait le témoignage.
QUAND IL Y A DES TÉMOIGNAGES CONTRADICTOIRES :
On pourrait se dire de couper la poire en deux. Comme dans les nombres annoncés dans les
manifestations. C’est un travers de la pensée de couper en deux, qui est une vérité
intermédiaire face à des vérités contrastées. Il vaut mieux dans ces cas-là, renoncer à choisir.
QUAND ON N’A PAS DE DOCUMENTS OÙ QU’ON SOUPÇONNE QUE TOUS LES
DOCUMENTS SOIENT FAUX :
Le soupçon de la fausseté des sources peut exister. On appelle cela « l’hyper critique », qui
n’est pas une qualité, un détournement de l’esprit critique. Elle apparait à la renaissance et
c’est une boursouflure de l’esprit critique.
Cela consiste à partir d’un principe de doute systématique mais négatif. On peut
instrumentaliser l’hyper critique et lui donner l’apparence d’un discours savant. A notre
époque, l’un des fleurons de l’hyper critique, c’est le discours négationniste qui nie
l’existence des chambres à gaz.
La stratégie intellectuelle du négationnisme repose sur l’hyper critique qui elle a l’air
d’apparaitre comme une bonne volonté critique.
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LA TECHNIQUE NÉGATIONNISTE :
La technique négationniste est de toujours remettre en question les sources :
- Soit en les contestants : analyser les déportés qui géraient l’anéantissement des
Juifs. Ils contestent aussi les aveux des nazis estimant qu’ils ont été arrachés par la
force.
- Soit en les consultants : approche pervertie en consultation de la source. Lié au fait
que le vocabulaire administratif nazi est très métaphorique. La conférence de
Wanzée qui fixe l’extermination des juifs, utilise la formule de la solution finale. Voilà
des termes qui n’identifient pas l’objet, le but. Vocabulaire métaphorique : journal de
Kremer qui évoque l’arrivée de convois et des actions spéciales. Ce sont des gazages
mais pour les négationnistes ce sont des séances où on enlève les poux des arrivants.
Ce discours se présente comme un discours scientifique. Donc il y a une construction
extrêmement habile. C’est pourquoi il n’y a pas de dialogue possible car l’historien ne parle
pas dans le même niveau de lecture des choses, il ne parle pas la même langue. L’historien
va devoir prendre le chemin de celui qui construit plutôt que celui qui détruit.
Mais on a tous les noms de ceux qui ont été dans les camps. A l’arrivée, ils étaient
enregistrés administrativement. Si on a la population de départ du convoi et
l’enregistrement à l’arrivée, la différence a été assassinée.
Il faut donc faire tout ce travail pour proposer un barrage à cette propagande.
L’enjeu de l’hyper critique est donc un enjeu qui dépasse le simple exercice intellectuel de
l’histoire.
QUAND IL N’Y A PAS DE TÉMOIGNAGE : L’ARGUMENT DU SILENCE
Ça renvoie à l’argument du silence. L’argument du silence postule quelque chose. Il postule
qu’un évènement n’a pas eu lieu car aucune source n’en parle.
Pas de source = pas d’histoire connaissance.
C’est pourquoi les nazis ont essayé de faire exploser les crématoires et chambres à gaz. Ça
marche à certain moment, ainsi, au 18ème siècle, on rencontra dans les écrits des
philosophes, la rumeur d’une papesse, la papesse Jeanne qui aurait régné sur Rome en se
faisant passer pour un homme. C’était une rumeur utilisée par les lumières contre l’église.
Donc ici l’argument du silence est utile.
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CONDITIONS NÉCESSAIRE À L’ARGUMENT DU SILENCE :
Mais cet argument a besoin de conditions pour être utile :
1) Etre sûr que toutes les sources de l’époque du fait ont été conservées.
2) Il faut être sûr que les contemporains d’un fait ont eu la possibilité de connaitre le
fait. Le temps libère les sources, témoignages. Il n’y a que quelques années que l’on a
appris que les expériences nucléaires au Nevada avaient affecté la santé de la
population. Jusque-là, on pouvait dire qu’il n’y avait pas de source donc pas d’effet.
3) Il faut que les contemporains d’un fait aient la conscience d’un fait. Ex : nous savons
que la population européenne a augmenté au moyen-âge grâce à la révolution
agricole et pourtant il n’y a pas de documents là-dessus. Si on suit l’argument du
silence, la population n’a pas augmenté. Mais les contemporains du moyen-âge
n’avaient pas les instruments pour avoir ces statistiques et ce sont seulement les
progrès du 19ème qui ont permis cela.
CONCLUSIONS :
La critique du témoignage doit se loger partout. Même envers les sources les plus
diplomatiques qu’il soit.
DIFFÉRENTS TYPES DE CERTITUDES :
Toutes les disciplines scientifiques sont en quête de certitude. Mais elles n’aboutissent pas
toutes au même type de certitude.
(1) CERTITUDES HYPOTHÉTICO DÉDUCTIVES :
Sont les certitudes mathématiques. On y aboutit en pratiquant les mathématiques,
démonstrations. Ce sont des certitudes qui s’obtiennent par la déduction qui elle s’impose à
tout le monde.
(2) CERTITUDES DES SCIENCES EXACTES :
Font appel aux expériences. Elles ont émergé des certitudes expérimentales. Une expérience
qu’on répète dans les mêmes conditions et la reproduction de l’expérience conduit à des
certitudes expérimentales par induction (expérience).
(3) CERTITUDES HISTORICO-CRITIQUES
Elles se rapportent à des témoignages du passé et ce sont des certitudes fondées sur le
discernement de la valeur des témoignages, sur les opérations de la critique historique. Elles
sont à degré, on parlera des degrés de certitude en histoire.
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Aux extrêmes, il y a le certain (première guerre mondiale avant la deuxième). A l’autre bout,
il y a le douteux, c’est le moins certain d’être arrivé. Entre ces deux extrêmes se situent 3
degrés de certitude.
Le certain Le douteux
Trois degré de certitude : 1) du possible 2) du probable 3) du vraisemblable.
DEGRÉ DU POSSIBLE :
C’est la possibilité qu’un fait se soit produit. C’est une notion qui est liée à des critères de
culture d’une civilisation. Un évènement est possible dans un contexte et pas un autre. C’est
un degré où il n’y a ni preuves, ni même indices.
Ex : Il est possible que des extraterrestres aient débarqué sur la terre, c’est possible mais
notre conception de l’intelligence nous autorise à ne pas mettre cet épisode dans la
catégorie de l’imagination pure et simple. Par contre, pour un grec de l’antiquité du 5ème
siècle, c’est impossible car la connaissance qu’il a de l’espace lui interdit de penser ce genre
de choses.
DEGRÉ DU PROBABLE :
Cela implique l’existence d’indices mais pas de preuves. Repose sur des indices qu’un fait se
soit produit mais avec en prime que vu qu’il n’y a pas de preuve, la porte est ouverte à
l’interprétation.
Ex : L’existence historique de Jésus. Il y a des indices qui donnent une très forte chance
d’existence d’un personnage historique, mais pour d’autres c’est juste un indice donc que
son existence historique est aléatoire.
DEGRÉ DU VRAISEMBLABLE :
C’est ce qui nous semble vrai, la subjectivité est très forte. Degré très aléatoire lui aussi.
C’est un évènement dont on dispose de suffisamment de repères en termes de contexte
pour lui conférer ce caractère vraisemblable.
Ex : La rencontre entre le général San Martin et Bolivar, deux grands libérateurs de
l’Amérique latine dans les années 1820 qui ont mis fin à la colonie espagnole. Ils ne s’étaient
jamais rencontrés. Et un beau jour à lieu la rencontre entre les deux. Rencontre
fondamentale qui va tracer l’après révolution à Guayaquil. Le lendemain de cette rencontre,
ils doivent faire une réunion plénière et les deux hommes ne vont discuter qu’eux deux.
Pendant 4 heures ils l’ont fait, ne laissant aucune trace de leur entretien et ne laissant
transpirer que très peu de choses lors de cet entretien. Néanmoins on peut reconstituer ce
qu’ils sont dits car on a une très bonne connaissance du contexte en amont et en aval (ce
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qu’ils ont fait après). Donc on peut rendre vraisemblable le contenu de cette rencontre mais
ça reste de l’ordre de la subjectivité et de l’imaginaire.
(4) LES CERTITUDES MORALES : CONCEPT DE VÉRITÉ :
Un concept de vérité est à manipuler avec précaution. Ces certitudes ne sont pas moins
solides que les mathématiques, elles sont différentes, pas comparable. On les appelle aussi
les certitudes morales, sont existentielles, reposent entièrement sur un degré de confiance
qui peut exister entre l’historien et les témoins du passé. Il y a un moment donné un acte de
confiance vers l’autre car on ne connait le passé par une médiation. On est dans l’ordre du
croire plutôt que dans l’ordre du voir. Elles engagent de manière beaucoup plus franche que
les certitudes mathématiques qui elles, réclament un constat.
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L’HERMÉNEUTIQUE
DÉFINITION :
Appelée aussi la critique d’interprétation. C’est l’interprétation d’un épisode de passé. C’est
le moment où on produit du discours historien reposant sur des analyses de sources. C’est le
moment de nouveauté.
DIMENSIONS DE L’HERMÉNEUTIQUE :
L’herméneutique engage la production d’une synthèse, fruit d’une interprétation et elle
contient en elle-même deux dimensions fondamentales qui sont les deux piliers de
l’interprétation du passé :
(1) SIGNIFICATION :
Quand je produis une synthèse du passé, je donne du sens, de la signification à un
évènement du passé. C’est très difficile parce que je dois tout oublier, me dégager de ma
propre sensibilité dans mon environnement car la signification que je dois faire émerger des
anciens évènements n’est pas ma signification, c’est la signification que les hommes
d’autrefois donnaient à ce qu’ils vivaient. Je ne dois pas projeter mes propres significations,
il faut arriver avec beaucoup d’humilité dans le passé. La notion d’étrangeté va pourrir la
réflexion si on la conserve.
Ex : dire que les hommes du moyen-âge n’avait pas une bonne hygiène, ils n’avaient juste
pas la même hygiène que nous.
(2) PROBLÉMATIQUE DE LA CAUSALITÉ :
Expliquer un évènement c’est en comprendre les causes. Il faut produire une histoire
explicative car si on ne le fait pas, ça devient une suite d’évènements sans liens. C’est une
problématique très piégeante car les causes des évènements sont innombrables.
Ex : chute de la pomme. Cause de cet acte de frapper sur l’arbre c’est parce que le mendiant
à faim car il n’a pas su à cause de son état social de trouver à manger etc. C’est pourquoi
l’histoire n’est pas une science. En sciences, les mêmes causes produisent les mêmes effets,
en histoire aussi sauf qu’il n’y a jamais les mêmes causes, les évènements ne se reproduisent
pas.
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ILLUSION RÉTROSPECTIVE OU ILLUSION DE LA RETROSPECTIVITÉ :
Les évènements de l’avenir eux non plus ne se répéteront pas.
On ne peut pas dégager toutes les causes d’un évènement et donc se rabattre sur une
hiérarchisation des causes qu’on va classer en causes proches et lointaines d’un évènement
sachant que les proches ne sont pas toujours les plus significatives.
Il faut éviter de tomber dans le piège fatal absolu qui est l’illusion rétrospective ou illusion de
la rétrospectivité càd que ce n’est pas parce qu’un évènement en précède un autre qu’il en
est la cause. Or la tendance de l’esprit humain est de confondre temporalité et causalité.
Sinon on produit un discours très idéologique.
EXEMPLES : SIGNIFICATION – CAUSALITÉ :
FALLAIT-IL UN ORDRE ÉCRIT À HITLER POUR DÉCLENCHER LA SOLUTION FINALE ?
Constat de départ : il n’y a pas d’ordre écrit pour déclencher la solution finale. Certains
négationnistes se basent sur cette absence pour disculper Hitler de cette solution finale.
RÉPONSES DES HISTORIENS :
1) Tentative de reconstruction de l’éventuel ordre donné par Hitler.
de destruction propre qui mène à la destruction physique. Dimension
historiographique : querelle entre intentionnalistes et fonctionnalistes.
Les intentionnalistes : placent au centre de toute leur réflexion, la personnalité et intentions d’Hitler et postulent que les faits réels et les évolutions qui ont eu lieu pendant les 12 ans de régime nazi peuvent être déduits des intentions d’Hitler.
Les fonctionnalistes : cherche les mécanismes de prise de décision dans le régime Hitlérien, ne placent pas Hitler au centre mais des structures « qu’est-ce qui fait qu’une certaine personne agit comme ça à un moment ou un autre ? » plusieurs acteurs et pas juste Hitler au centre.
3) Reconstruire une politique de persécution sur base documentaire – insister sur le
souci continu d’Hitler pour la question juive, montrer le contexte général de la
radicalisation. On reconstruit une ambiance, en montrant le souci continu d’Hitler
pour cette question. Radicalisation d’Hitler et du mouvement nazi pendant la période
de pouvoir.
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HITLER DEVANT REICHSTAG :
Discours qu’Hitler prononce devant le Reichstag le 30 janvier 1939. Antisémitisme d’Hitler
omniprésent. Juifs derrière finance internationale mais aussi derrière le bolchévisme, en fait
derrière tous les maux du monde. Anéantissement de la race juive en Europe : pour les
intentionnalistes ; en 1939, Hitler dévoile ses intentions et au moment où la guerre est
déclenchée, il ne fait que mettre en œuvre ce qu’il dit.
Signification d’anéantissement : on ne savait pas exactement ce que ça voulait dire. On ne
peut pas affirmer que anéantissement veut dire destruction physique, cela pouvait signifier
une volonté de chasser les juifs d’Europe avec les plans de créer des colonies juives à
Madagascar.
JOURNAL DE JOSEPH GOEBBELS 13 DÉCEMBRE 1941 :
1er élément : contexte, nous sommes depuis 6 mois dans la campagne contre l’URSS.
2ème élément : référence que fait Goebbels au discours de 1939, prophétie aux juifs.
L’extermination des juifs doit être la conséquence de la guerre mondiale car ils en sont la
cause.
3ème élément : par référence à la prophétie, il montre le rôle crucial d’Hitler dans la question
juive. Pas question d’évoquer l’extermination des juifs sans évoquer le rôle d’Hitler dans
cette problématique.
PROTOCOLE DE LA CONFÉRENCE DE WANNSEE, 20 JANVIER 1942 :
Considéré comme moment de la mise en œuvre de la solution finale car il est question de
mesures concrètes et d’organisation de la solution finale.
Vocabulaire très administratif, pas un hasard parce que les gens présents à cette conférence
n’étaient quasi que des fonctionnaires.
On a pris ce document comme document de prise de décision mais il y a quelques éléments
troublants : pas beaucoup de responsables du régime nazi. Et dans une dictature, c’est
rarement les fonctionnaires qui prennent les décisions. On leur demande de régler les détails
pratiques de cette décision. Il est question de solution transitoire, problème concerne 11
millions de juifs en Europe, c’est un moment de transitions où les déportations ont
commencé mais la destruction physique ne suit pas tout à fait.
Le caractère systématique de la destruction va commencer après cette conférence.
JOURNAL DE JOSEPH GOEBBELS, 27 MARS 1942 :
Ici, il n’est plus question de détails pratiques mais de la solution finale elle-même. On se
prépare à ouvrir le camp d’extermination d’Auschwitz. Goebbels dit que c’est barbare mais
que c’est une nécessité mais que il n’y a que l’Allemagne et son gouvernement qui en sont
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capables. La décision de mettre en œuvre cette solution finale est une décision qui n’a pas
pu être prise sans Hitler.
HEINRICH HIMMLER, DISCOURS DE POZNAN, 4 ET 6 OCTOBRE 1943 :
Chaque dirigeant SS savait ce qu’il se passait. On peut aussi dire que les allemands savaient
ce qu’il se passait. Himmler ici, présente la solution finale comme quelque chose d’horrible
mais de nécessaire, une page de gloire de l’histoire mais qui ne sera jamais écrite, qui doit
rester secrète. Il dit que s’ils ne laissent pas de traces, non seulement ils exterminent les
juifs mais aussi, ils éliminent aussi toute dimension mémorielle ou souvenirs. Là où il n’y a
pas de traces, il n’y a pas de souvenirs. Notion de regret car pour lui c’est la plus belle page
de l’histoire de l’Allemagne et il doit laisser ça secret. Ils laissent le moins de documents
administratifs possible.
ELÉMENTS DE CHRONOLOGIE :
1) 03/1939 : début des fusillades de masse des juifs polonais
2) Mai 1940 : assassinats des patients juifs dans les psychiatries allemandes
3) Novembre 1940 : création du ghetto de Varsovie
4) 19-30/09/1941 : massacre de Kiev
5) 16/10/1941 : commencement des déportations des juifs habitant en Allemagne vers
l’est alors que 3 semaines avant, Hitler avait dit vouloir postposer cette déportation à
la fin de la guerre.
6) 8/12/1941 : premiers assassinats au gaz
7) 20/01/1942 : conférence de Wannsee
8) Fin juin 1942 : première sélection à Auschwitz
Entre mars 1942 et mars 1943, destruction systématique va connaitre son apogée (solution
finale).
MOMENT DE LA PRISE DE DÉCISION :
2 hypothèses s’opposent :
Thèse de l’euphorie : situe la prise de décision en septembre octobre 1941, à un moment où l’avancée de l’Allemagne à l’est était encore fulgurante. On pensait qu’une victoire sur le sol soviétique était proche. Pour Browning, le fait qu’Hitler entre septembre et octobre 1941 révise sa position sur la déportation et l’élément qui fait que la décision est prise sous l’euphorie
Décembre 1941 : radicalisation vers la destruction intégrale plutôt dans un contexte stratégiquement plus compliqué, càd le moment où l’offensive de l’armée est arrêtée devant Moscou. Ce frein + déclaration de guerre de l’Allemagne aux USA, moment où l’euphorie n’existe plus, contexte stratégique plus difficile. Moment de dire qu’ils radicalisent leur position sur la
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généralisée due aux victoires de l’armée allemande.
destruction des juifs, ils vont déclencher la solution finale. Ce qui plaide pour cette hypothèse, des trains de déportation auront la priorité sur des transports militaires, la radicalisation prend le dessus par rapport à la conduite de la guerre.
ELÉMENTS D’UNE CONCLUSION :
- Incontestable que sans Hitler la Shoa n’aurait pas eu lieu. Hitler reste l’instance de
légitimation. Ça veut dire qu’aucune décision n’est prise sans l’aval d’Hitler, mais
l’aval peut être postérieur par rapport à la décision d’un dirigeant nazi à un certain
moment.
- L’interprétation la plus suivie aujourd’hui : travailler en direction du Führer : de
nombreux fonctionnaires utilisaient leur marge de manœuvre dans un sens qu’ils
pensaient avalisé par le Führer.
- Hitler comme instance de légitimation et l’instance sur le terrain par les dirigeants
nazis. Si il n’y a pas d’ordre écrit d’Hitler pour déclencher la solution finale, c’est
parce que il n’en a pas eu besoin car chacun s’est toujours référé à la volonté d’Hitler
et donc dire qu’il n’y a pas d’ordre écrit d’Hitler pour déclencher la solution finale est
complètement faux.
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LE PROBLÈME DE LA CRITIQUE DES
TÉMOIGNAGES.
INTRODUCTION :
Annette Wieviorka, 2002, L’ère du témoin: « Ceux qui ont vu et vécu » déterminent le regard
vers le passé.
Le témoignage pose un problème épistémologique majeur pour l’historien qui relève des
relations entre « histoire » et « mémoire »
(1) HISTORIENS DE L’ANTIQUITÉ :
HÉRODOTE :
« J’ai dit ce que j’ai vu, ce que j’ai su par moi-même, ou ce que j’ai appris par les recherches.
Je vais maintenant parler de ce pays selon ce que m’en ont dit les Égyptiens ; j’ajouterai
aussi à mon récit quelque chose que j’ai vu par moi-même » (Histoires, II, 123).
« Libre à qui trouve de telles choses incroyables d’accepter ce récit des Égyptiens, quant à
moi, ce que je me propose tout au long de mon histoire est de mettre par écrit, comme je
l’ai entendu, ce que disent les uns et les autres » (Histoires, II, 152).
Il a recours à ce qu’il a vu et il récolte des témoignages oraux, dans ce cas, ceux des
égyptiens. Le témoin n’est pas nécessairement le témoin oculaire, ça peut être le témoin qui
a seulement entendu dire quelque chose. Le recours au témoignage est essentiel, constitutif
de la démarche de l’historien.
THUCYDIDE :
« Quant aux événements de la guerre, je n’ai pas jugé bon de les rapporter sur la foi du
premier venu, ni d’après mon opinion ; je n’ai écrit que ce dont j’avais été le témoin ou pour
le reste ce que je savais par des informations aussi exactes que possible. Cette recherche
n’allait pas sans peine, parce que ceux qui ont assisté aux événements ne les rapportaient
pas de la même manière et parlaient selon les intérêts de leur parti ou selon leur souvenirs
variables » (Histoire de la guerre du Péloponnèse, I, 21-22).
Thucydide peut être considéré comme le père de l’histoire. Le témoignage est un point de
vue d’une personne, les souvenirs varient d’un témoin à l’autre et qu’un témoignage peut
être fait avec une certaine intention. Donc la complexité du rôle du témoignage est bien plus
présente. Lui, il recourt aux témoignages les plus directs et les plus proches des faits relatés.
Conséquence : pour lui, la seule histoire possible est l’histoire du temps présent, une histoire
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dont les acteurs et ou les témoins sont toujours en vie. En disant que la seule histoire
possible c’est le présent, pour Thucydide, les éléments passés devaient obligatoirement
servir à la compréhension du présent.
(2) HISTORIENS ROMAINS :
POLYBE :
Dit qu’il a réalisé une série d’interviews d’acteurs pendant la conquête romaine. Il
revendique la supériorité du témoignage direct et plus encore, de l’expérience personnelle.
Les historiens de la Rome antiquité s’appuieront tous sur des témoignages contemporains,
ils écrivent presque tous de l’histoire immédiate, les témoins ne sont pas n’importe qui, des
généraux qui ont monté des campagnes, des autorités de par leurs fonctions donnent une
crédibilité au témoignage. Par rapport à Thucydide, il y a nettement moins de réflexion, la
critique du témoin est quasiment absente.
TÉMOINS SELON LES GRECS :
On peut dire que le grec ancien connait deux mots pour désigner le témoin et les deux
désignent en tout cas le témoin qui a entendu parler de quelque chose et pas
nécessairement le témoin oculaire.
2 MOTS : HISTOR ET MARTUS :
- HISTOR : intervient dans un différend entre peux parties qu’il écoute. Son
intervention engage pour l’avenir dans une action qui vient du passé. Il se forge une
opinion
- MARTUS : ne s’occupe que d’un côté. Il intervient dans le présent pour l’avenir.
Dans les textes anciens, on peut relever un autre moment remarquable. François Hartoj qui
relève un témoignage d’Homère qui raconte une rencontre entre un historien et un témoin.
Ulysse croise un barde qui lui chante la prise de Troie. Ulysse n’a pas encore donné un signe
d’identification, le barde ne sait pas que c’est lui et le texte d’Homère dit que le barde
change la prise de Troie de manière trop parfaite. Ulysse lui dit : comme si tu y avais été ou
entendu de quelqu’un. Or ulysse sait que le barde n’y était pas. Or le barde annonce que
pour lui, voir, entendre et le dire, c’est la même chose. En racontant l’histoire de la prise de
Troie, le barde occupe la position du seul sujet d’énonciation. Et là, nous pouvons retourner
à Thucydide car c’est ce qu’il veut être et faire, à savoir être l’énonciateur omniscient, celui
qui sait comment ça s’est passé pour tous les partis lors d’un conflit.
TÉMOINS SELON LES ROMAINS :
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Pour les romains, il y a plusieurs mots pour désigner le témoin : SUPERSTES, ARBITER, TESTIS,
AUCTOR (le garant).
L’importance du témoin oculaire devient centrale au 1er siècle après J-C après l’avènement
du christianisme dans une tradition juive. Le témoin oculaire, ici c’est la conjonction entre le
témoin et la vue, il ne suffit pas d’avoir entendu parler, il faut avoir vu.
Pourquoi le témoin oculaire aura un rôle si important ? Parce qu’il devient crucial pour
établir et valider une chaine de tradition et pour permettre à transmettre dans le temps la
singularité d’un évènement.
Différence avec Hérodote car pour lui le témoin aide à retarder dans le temps l’oubli d’un
évènement dans le temps.
Chez Thucydide le témoin, c’est celui qui sert à comprendre ce qu’il se passera dans l’avenir.
Le premier siècle après J-C voit un autre historien arriver, Flavius Joseph.
FLAVIUS JOSEPH :
Il décrit la prise de Babylone par les romains et qui s’inscrit dans la tradition romaine, il
introduit dans son récit d’un témoin garant qui évidemment est le représentant d’une
certaine autorité. Concrètement, il dit que son histoire de la guerre romaine contre les juifs
est la seule vraie car Titus, fils de l’empereur qui mène la campagne, pense qu’il est
important de l’écrire comme Flavius Joseph l’a fait, donc le témoin garant valide le récit.
(3) MOYEN-ÂGE ET TEMPS MODERNES
RÈGLE DE L’AUTHENTIF ICATION :
Elle détermine la critique historique et la plus grande autorité fait foi. Le témoin oculaire
perd de son importance tout comme l’histoire devient une sorte de genre mineur,
marginalisé, au moyen-âge.
Il faudra attendre un certain temps, le 17ème siècle, pour retrouver de nouvelles réflexions de
fond sur le rôle du témoignage dans le travail de l’historien. C’est le siècle des grands
travaux, la critique historique et philologique est au centre de toutes les activités
historiennes.
Mabillon rappelle la tradition grecque quand il dit : « nous ne pouvons connaitre les choses
passées que pour les avoir entendus ou vus de témoins dignes de foi ou pour les avoir lu ». Le
témoignage oral est accepté si le témoin est digne de foi. Son témoignage doit être
authentifié.
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LA SCRIPTURISATION DE L’HISTOIRE ET L’ÉTATISATION DE L’HISTOIRE :
Par la suite, la scripturisation de l’histoire, qui est accompagnée d’une étatisation et sa
matière c’est les activités de l’état. Il y a une laïcisation de l’histoire, le providentialisme va
disparaitre au profit de la rationalité.
Voltaire critique dans des termes très forts les historiens de l’antiquité et les historiens
romains, il dit que leurs ouvrages sont naïfs et improbables.
Le 19ème siècle sera le siècle où le témoignage aura la vie dure puisqu’on dit que le
témoignage oral relève du folklore, pas digne d’être étudié, ou c’est quelque chose des
romantiques.
Jules Michelet (-): « Ce livre, […] il est sorti de mon expérience, bien plus que de mon étude.
Je l’ai tiré de mon observation de mes rapports d’amitié, de voisinage ; je l’ai ramassé sur les
routes […] enfin je l’ai trouvé surtout dans les souvenirs de ma jeunesse. Pour connaitre la
vie du peuple, ses travaux, ses souffrances, il me suffisait d’interroger mes souvenirs» (Le
Peuple, 1846).
L’école historique dominante, c’est l’école méthodique positiviste qui va pousser à l’extrême
la vision du 17ème en déclarant que l’histoire se fait avec les textes.
(4) FLORENCE DESCAMPS
Trois réfutations du témoignage oral :
1. Réfutation en tant que mode de transmission : traces non visibles, non durables, non
fixes.
2. Réfutation de l’intérêt même des informations transmises : l’anecdotique ne peut
être l’objet de l’histoire.
3. Réfutation de son statut épistémologique : elle ne permet pas de connaitre
scientifiquement les choses.
(5) LE 20ÈME SIÈCLE
L’ORAL HISTORY :
En Europe, la source orale pour matière va disparaitre quasiment jusqu’aux années 1950-
1960. Elle est réapparue car elle a été développée aux USA car on constate que là, va se
développer pendant les années 1920-1940, une nouvelle forme d’histoire, L’Oral History.
Née dans les années 1920 à l’université de Chicago où une série d’anthropologues ont
réalisé des interviews biographiques d’hommes et de femmes ordinaires.
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DOUBLE ORIGINE DE L’ORAL HISTORY :
En 1943, le président Roosevelt va demander d’instaurer un programme de récolte de
témoignages de vétérans de la seconde guerre mondiale ce qui veut dire que l’oral history
américaine a une origine double :
- Considérer cette histoire orale comme un moyen de connaitre des minorités
auxquelles l’historialité académique universitaire était restée indifférente.
- Il s’agit d’un moyen de repenser la guerre et de mieux gouverner. Il y a une autre
dimension, c’est le fait qu’elle permet d’affronter des expériences traumatisantes,
vécue par les soldats pendant la guerre.
DIFFUSION DE L’HISTO IRE ORALE :
En 1948, l’histoire orale sera introduite dans les universités. L’histoire orale va se répandre
partout, elle sera une sorte de contre-histoire qui doit contribuer à la résolution de conflits
de déséquilibres mémoriels.
Deux cas :
1) Italie
2) Allemagne
Volonté dans ces pays-là, de pratiquer une histoire qui serait une histoire de la vie
quotidienne sous la fascisme, donc l’objectif est de contribuer à la démocratisation de ces
deux sociétés. La théorisation de l’histoire orale deviendra très importante, c’est une
condition aux années 80, à l’entrée de l’histoire orale dans les universités italiennes et
allemandes.
La France elle, accuse un léger retard, ce qui a évité aux historiens français de mener
certaines polémiques. L’histoire orale est introduite par Joutard qui n’est pas un
contemporanéiste, il s’intéresse à des traditions plus anciennes.
Il faudra attendre 1979 pour voir l’entreprise de très grands travaux de recherche dans le
domaine. Inévitablement, on fait surgir de nouveaux questionnements sur le statut du
témoin et du témoignage oral et on entre ici dans l’ère du témoin.
Le témoignage oral s’est imposé aux historiens mais sur le plan méthodologique, ils ne sont
toujours pas d’accord sur la place de l’histoire orale dans les étapes de recherche de
l’historien. On n’a toujours pas de définition qui serait communément admise. En revanche,
une question subsiste au centre de tous ces questionnements : la question de la validité des
témoignages, comment appliquer les règles de la critique historique à un témoignage oral.
49
POURQUOI APPLIQUER LES RÈGLES DE LA CRITIQUE HISTORIQUE AUX TÉMOIGNAGES
ORAUX ?
VALIDITÉ D’UN TÉMOIGNAGE ORAL :
Il faut préciser le fait qu’aucun historien ne considère qu’un témoignage oral ne constitue un
accès direct à la réalité historique. Ceux qui pratiquent systématiquement l’histoire orale,
eux c’est une histoire objective de la subjectivité qui est l’objet de leurs recherches, travaux.
CRITIQUES FAITES À L’H ISTOIRE ORALE :
- Comment peut-on dire que ce qu’un témoin dit est vrai ou faux ?
Confrontation de témoignage avec la documentation écrite.
- Capacités physiologiques de la mémoire, jusque quand peut-on se rappeler avec
fiabilité ? Les recherches montrent que la mémoire à long terme fonctionnerait plus
ou moins bien.
HALBWACHS :
Halbwachs a publié sur la mémoire collective. Il dit qu’une mémoire individuelle n’est
justement pas qu’une mémoire individuelle. Au moment où on vit quelque chose, peu après,
ce qui sera fixé n’est pas le résultat de la seule expérience individuelle mais des facteurs
sociétaux interviennent.
Sans la mémoire sociale ou collective, on ne possèderait même pas de vocabulaire ou de
terminologie pour sauvegarder ce qu’on vient de dire : c’est l’interpénétration de la
mémoire collective dans la mémoire individuelle.
3 DIMENSIONS TEMPORELLES :
Au moment où un témoin fixe pour la première fois un évènement vécu, 3 dimensions
temporelles rentrent en jeu :
- Présent (action en cours)
- Passé (je vis un moment à travers les évènements antérieurs qui sont souvent
transmis socialement)
- Futur (en jugeant digne de mémoire tel évènement, j’anticipe une utilisation
éventuelle de cette mémoire à l’avenir.
La mémoire va subir des modifications par la sélectivité, changement de perspective. Notion
de refoulement ou d’oubli qui interviennent, l’oubli n’est pas négatif. Notre mémoire peut
s’enrichir, par exemple par des sources autres que notre propre expérience.
50
LES FACTEURS DU TÉMOIGNAGE :
Si on veut résumer ces éléments : le témoignage oral est extrêmement complexe.
C’est un échange inégal dans la mesure où tous les deux viennent d’horizons différents,
l’historien qui fait son job et le témoin qui raconte peut-être l’évènement le plus important
de sa vie et qui peuvent se solder sur le 3ème niveau : identification de l’historien au
témoignage, empathie.
Notion de document écrit est importante pour les témoignages oraux, pouvoir les vérifier.
Le témoignage lui-même s’effectue sous certains facteurs :
- Tradition narrative (société où l’oralité est importante ?)
- Tradition littéraire
- Tradition scolaire
- Tradition scientifique
- Différence selon le lieu où est réalisée l’interview.
Entre l’historien et le témoignage, on a la gestion de la conversation de la part de l’historien,
gestion directive ou non ? Facteurs qui influencent aussi : l’âge, souvent l’historien est plus
jeune que le témoin, sexe, nationalité etc.
L’historien a un rapport avec la mémoire : il peut découvrir de la mémoire latente, donc qui
n’est pas rendue explicite par le témoignage mais que l’on peut deviner au cours de la
conversation.
La dimension peut-être la plus importante, c’est ce qui concerne le témoin, sa mémoire et
l’évènement vécu :
1) Relation a posteriori : la mémoire sur un évènement dans le passé.
2) Relation médiate : des influences jouent sur cette mémoire.
3) Potentiel d’erreur : pouvant exister sur le rôle individuel, on exagère son rôle.
Question de chronologie, on n’est plus tout à fait sûr de la chronologie des choses.
RELATION ENTRE LE TÉMOIN ET SA MÉMOIRE :
- Capacité physiologique limitée de la mémoire.
- Manque de constance, on raconte les évènements différemment.
- Ex post : le témoin sait comment ça s’est terminé et oriente son récit.
- Subjectivité et sélectivité.
51
LE SCHÉMA SUR LA MÉMOIRE ET LE TÉMOIN : (TUYAU)
52
EXPLICATION DU SCHÉMA :
Le témoignage est extrêmement complexe :
- Le passé façonne le fonctionnement de la mémoire et le futur anticipe.
- À l’opposé nous avons l’avenir pour le travail de l’historien : constitution d’un corpus
de témoignages oraux.
- Le présent c’est tout ce qu’il y a durant l’interview.
- Une situation d’interview suppose que l’historien ait fait un choix, une sélection. Qui
et pourquoi ?
- Le témoin a donné son accord pour l’interview, c’est une dimension éthique
importante.
- Entre le témoin est l’historien il y a une interaction et une relation interpersonnelle.
- On est potentiellement dans une relation inégale. Dans la mesure où tous les deux
proviennent d’horizons différents.
- Le témoin relate souvent un évènement marquant, il faut donc une certaine
empathie.
- L’historien a en sa possession les témoignages et des documents écrits pour vérifier
la validité du témoignage.
- Le témoignage lui-même s’effectue avec une certaine tradition narrative ou
littéraire, scolaire et scientifique.
- Matériellement l’interview est aussi influencée par le lieu : le salon du témoin, dans
le bureau de l’historien, dans un studio,…
- Entre l’historien et le témoignage nous avons la gestion de la conversation de la part
de l’historien : directive ou non directive, flèche 8.
- Facteurs pouvant influencés cette relation : l’âge, le sexe, la nationalité, la catégorie
sociale,… flèche 9.
- L’historien a un rapport avec la mémoire, il peut découvrir ce qu’on appelle de la
mémoire ou des souvenirs latents. La dimension la plus importante est tout ce qui
concerne le témoin, sa mémoire et l’évènement vécu : flèche 10.
- Les flèches 5,6,7 marquent la relation entre l’évènement et la fixation de la mémoire.
Le premier élément est qu’on se trouve dans une relation à postériori : flèche 5. Une
relation médiate càd que des influences jouent sur cette mémoire : flèche 6. Et la
mémoire est une reconstruction de la réalité historique et non un reflet. Ensuite il y a
aussi tout le potentiel d’erreur sur le rôle individuelle, la mémoire est influencée par
la mémoire collective ou sociale : flèche 7.
- Et puis nous avons donc en dernier lieu la relation entre le témoin et sa mémoire : la
capacité physiologique plus ou moins limitée de la mémoire : flèche 1, un manque de
constance : flèche 2, les interprétations ex-post : orienter le récit vers la fin des
évènements qu’il décrit : flèche 3, la subjectivité et la sélectivité : flèche 4.
- Du côté de l’historien il reste la question de l’archivage.
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CRITIQUE HISTORIQUE APPLIQUÉE.
SELON FLORENCE DESCAMPS :
(1) CRITIQUE EXTERNE
CRITIQUE DE RESTITUTION :
Permet d’établir un texte. On essaye d’éliminer d’un texte, toutes les fautes volontaires ou
involontaires.
CRITIQUE DE PROVENANCE :
C’est datation d’un document pour remonter jusqu’à son origine, l’authentifier.
Généralement, les sources orales ne posent pas de problèmes car on sait qui parle et quand
il a parlé. Ce à quoi il faut s’intéresser, c’est le contexte de production des archives orales,
institution à l’origine, dans quel but, contexte, méthodologie utilisée etc. Puis on s’intéresse
au statut du témoin, quelles sont les sources d’information de celui-ci, est-il un observateur
direct ou indirect d’un évènement. A la fin de cette critique, on peut classer les témoignages
par source, point de vue et on constitue des familles de témoignages.
(2) CRITIQUE INTERNE
Déterminer si le témoin est digne de foi.
CRITIQUE D’INTERPRÉTATION (HERMÉNEUTIQUE) :
L’objectif est de restituer le sens du texte et donc à vouloir comprendre ce qu’a voulu dire le