École résidentielle Qu'Appelle (Lebret) La première école industrielle construite par les Oblats se trouve à Lebret en Saskatchewan dans la vallée de la Qu’Appelle. C’est en 1883 que le Gouvernement du Canada vote sur des sommes d’argent pour l’établissement de trois écoles résidentielles, dont une au Lac Qu’Appelle. Assuré de l’appui financier du Gouvernement, et avec les encouragements du père Joseph Hugonnard o.m.i., Mgr Alexandre Taché o.m.i. fait donc construire une école qui ouvre ses portes au printemps 1884. À son ouverture, l’école, dirigée par le père Joseph Hugonnard o.m.i., ne devait recevoir que des élèves de sexe masculin. Trois Soeurs Grises arrivent en octobre 1884 et prennent en main l’éducation des jeunes garçons. Ainsi, tôt en 1885, le Père Hugonnard peut se concentrer sur le recrutement d’élèves autochtones pour son école malgré la résistance de plusieurs chefs des réserves environnantes. En 1886 on compte 86 élèves. L’année suivante, on construit un nouvel édifice dans le but d’accueillir plusieurs filles des environs qui pourront désormais être éduquées à l’école de Lebret. Le nombre d’élèves augmente régulièrement pour atteindre les 280 en 1914. Le programme scolaire du Père Hugonnard comporte trois volets, soit l’instruction, l’initiation aux différentes branches de l’industrie et l’instruction religieuse. Les garçons apprennent donc leur catéchisme, à lire, à écrire, et à compter comme tous les autres enfants. Mais on cherche aussi à les intégrer dans la nouvelle société qui se crée dans l’Ouest canadien. On leur apprend donc l’agriculture et plusieurs métiers manuels qui devaient leur permettre de se trouver un emploi. Les filles, quant à elles, apprennent le jardinage, l’entretien des animaux de basse-cour, la cuisine, le lavage et la couture. Les débuts de l’école sont prometteurs. En 1895, le père Hugonnard vante les mérites de son école qui a remporté plusieurs prix lors d’une exposition scolaire à Régina. En 1906, le père Hugonnard et William Graham, Commissaire pour les Indiens, obtiennent une réserve spéciale à Montagne-la-Lime (File Hills), tout près de Lebret pour y installer les anciens élèves de l’école industrielle. En s’installant dans cette nouvelle colonie, on considérait que ces derniers échappaient à l’influence de leur famille et amis qui ne se s’étaient pas convertis à la religion catholique et qui mènaient toujours un mode de vie traditionnel. Mais les succès sont de très courte durée, et les élèves qui sortent des écoles ont beaucoup de difficultés à s’intégrer dans la société « blanche ». En outre, les taux de mortalité dans les écoles sont très élevés et beaucoup d’élèves quittent l’école avant d’avoir terminé leurs études. L’intérêt du Gouvernement canadien pour les écoles industrielles décline et les subventions accordées à l’école industrielle Qu’Appelle diminuent rapidement. On doit alors faire travailler les élèves sur la ferme de l’école et dans ses ateliers pour maintenir un financement stable. En janvier 1904, le désastre frappe et un incendie détruit l’école de Lebret. Malgré les difficultés financières, on construit un nouvel édifice en 1905 qui servira d’école jusqu’à ce qu’un incendie le détruise à son tour en 1932. Les élèves, les religieuses et les enseignants sont donc logés au Scolasticat du Sacré-Cœur de Lebret temporairement. Les filles quant à elles sont logées dans la vieille église de Lebret. Le Gouvernement du Canada est réticent à l’idée de financer la construction d’une nouvelle école et les élèves doivent passer plusieurs années au Scolasticat avant de pouvoir retourner en classe. Les Pères Scolastiques continuent l’enseignement et tentent de distraire les enfants en organisant des sorties, des jeux, des associations religieuses ou de nombreuses classes de catéchisme. La construction d’une troisième école industrielle est finalement terminée en novembre 1935 et les élèves peuvent ainsi regagner leurs classes. Le nouvel établissement ouvre ses portes à plus de 270 enfants. Ce troisième édifice, à l’épreuve du feu, servira d’école jusqu’à la fin. En 1948, le père Paul Piché, o.m.i. organise une classe d’études supérieures pour mieux poursuivre
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École résidentielle Qu'Appelle (Lebret)
La première école industrielle construite par les Oblats se trouve à Lebret en Saskatchewan dans
la vallée de la Qu’Appelle. C’est en 1883 que le Gouvernement du Canada vote sur des sommes
d’argent pour l’établissement de trois écoles résidentielles, dont une au Lac Qu’Appelle. Assuré
de l’appui financier du Gouvernement, et avec les encouragements du père Joseph Hugonnard
o.m.i., Mgr Alexandre Taché o.m.i. fait donc construire une école qui ouvre ses portes au
printemps 1884.
À son ouverture, l’école, dirigée par le père Joseph Hugonnard o.m.i., ne devait recevoir que des
élèves de sexe masculin. Trois Soeurs Grises arrivent en octobre 1884 et prennent en main
l’éducation des jeunes garçons. Ainsi, tôt en 1885, le Père Hugonnard peut se concentrer sur le
recrutement d’élèves autochtones pour son école malgré la résistance de plusieurs chefs des
réserves environnantes. En 1886 on compte 86 élèves. L’année suivante, on construit un nouvel
édifice dans le but d’accueillir plusieurs filles des environs qui pourront désormais être éduquées
à l’école de Lebret. Le nombre d’élèves augmente régulièrement pour atteindre les 280 en 1914.
Le programme scolaire du Père Hugonnard comporte trois volets, soit l’instruction, l’initiation aux
différentes branches de l’industrie et l’instruction religieuse. Les garçons apprennent donc leur
catéchisme, à lire, à écrire, et à compter comme tous les autres enfants. Mais on cherche aussi à
les intégrer dans la nouvelle société qui se crée dans l’Ouest canadien. On leur apprend donc
l’agriculture et plusieurs métiers manuels qui devaient leur permettre de se trouver un emploi.
Les filles, quant à elles, apprennent le jardinage, l’entretien des animaux de basse-cour, la
cuisine, le lavage et la couture.
Les débuts de l’école sont prometteurs. En 1895, le père Hugonnard vante les mérites de son
école qui a remporté plusieurs prix lors d’une exposition scolaire à Régina. En 1906, le père
Hugonnard et William Graham, Commissaire pour les Indiens, obtiennent une réserve spéciale à
Montagne-la-Lime (File Hills), tout près de Lebret pour y installer les anciens élèves de l’école
industrielle. En s’installant dans cette nouvelle colonie, on considérait que ces derniers
échappaient à l’influence de leur famille et amis qui ne se s’étaient pas convertis à la religion
catholique et qui mènaient toujours un mode de vie traditionnel.
Mais les succès sont de très courte durée, et les élèves qui sortent des écoles ont beaucoup de
difficultés à s’intégrer dans la société « blanche ». En outre, les taux de mortalité dans les écoles
sont très élevés et beaucoup d’élèves quittent l’école avant d’avoir terminé leurs études. L’intérêt
du Gouvernement canadien pour les écoles industrielles décline et les subventions accordées à
l’école industrielle Qu’Appelle diminuent rapidement. On doit alors faire travailler les élèves sur la
ferme de l’école et dans ses ateliers pour maintenir un financement stable.
En janvier 1904, le désastre frappe et un incendie détruit l’école de Lebret. Malgré les difficultés
financières, on construit un nouvel édifice en 1905 qui servira d’école jusqu’à ce qu’un incendie
le détruise à son tour en 1932. Les élèves, les religieuses et les enseignants sont donc logés au
Scolasticat du Sacré-Cœur de Lebret temporairement. Les filles quant à elles sont logées dans la
vieille église de Lebret. Le Gouvernement du Canada est réticent à l’idée de financer la
construction d’une nouvelle école et les élèves doivent passer plusieurs années au Scolasticat
avant de pouvoir retourner en classe. Les Pères Scolastiques continuent l’enseignement et
tentent de distraire les enfants en organisant des sorties, des jeux, des associations religieuses
ou de nombreuses classes de catéchisme.
La construction d’une troisième école industrielle est finalement terminée en novembre 1935 et les élèves peuvent ainsi regagner leurs classes. Le nouvel établissement ouvre ses portes à plus
de 270 enfants. Ce troisième édifice, à l’épreuve du feu, servira d’école jusqu’à la fin. En 1948, le
père Paul Piché, o.m.i. organise une classe d’études supérieures pour mieux poursuivre
l’entraînement des élèves aux métiers tout en suivant le curriculum de la Saskatchewan. L’école
de Lebret devient ainsi la pionnière dans l’enseignement des grades supérieurs aux autochtones.
Elle possède alors 2 000 acres en culture, un troupeau de vaches laitières, un poulailler et une
porcherie.
En 1965, le Département des Affaires indiennes transfert l’administration de l’éducation des
autochtones aux gouvernement provinciaux. Pour sauver leur école, les anciens élèves se
mobilisent et créent un conseil d’administration formé entièrement de membres autochtones. En
1973, le conseil prend aussi en main la gestion de la résidence des élèves. Bien que les Soeurs
Grises quittent définitivement l’école en 1973, le père Léonard Charron o.m.i. reste comme
assistant-directeur jusqu’en 1974. Le but de cette nouvelle administration est d’enseigner à
l’école la culture, les valeurs et les traditions des ancêtres des élèves autochtones. On compte
alors 222 étudiants en résidence. En 1981, le Qu’Appelle Indian School Council prend le controle
total du contenu éducationnel de l’école. On compte cinq volets, soit académique, vocationnel,
récréatif, physique et moral.
Bibliographie
- « Historique de la fondation de l’école industrielle de Qu’Appelle, Sask., », L’Ami du foyer,
volume 3, numéro 12, (juillet 1908), p. 177-183.
Laviolette, Gontran. « Missions indiennes et école (photos) », L’Ami du foyer, volume 41, numéro
3, (novembre 1945), p. 34-35.
Laviolette, Gontran. « Le pensionnat indien de Qu’Appelle (photos) », L’Ami du foyer, volume 44,
numéro 8, (avril 1949), p. 7-10.
Laviolette, Gontran. « Qu’Appelle Indian School Marks 100 Years », The Indian Missionary
Record, volume 47, numéro 4, (October 1984), p. 9-10.
Lebret History Book Committee. Mission to Lebret: 1865-1989, Lebret History Book Committee,
1989.
Mitchell, Estelle. Les Sœurs Grises de Montréal à la Rivière-Rouge 1844-1984, Montréal, Éditions