BIBMOTHQOE DE THOItOGIE lUSTOHlQDEPUBLIE SOUS LA DIRECTION DES PROFESSEURS DE THEOLOGIE A l'institut catholique de paris
EXGSE RABBINIQUEETr-y
EXEGESE PAULINIENNEPAR
Joseph BONSIRVEN,
S. J.
^S!^fisn^S^
Bibliothque de Thologie historique
"
,
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EXEGESE RABBiNIQUEET
EXGSE PAULINIENNE
DU MEME AUTEURChez Beauchesnelogie. 2 vol. 1935.et sesfils.
:
Le Judasme Palestinien au Temps de Jsus-Christ. Sa thoLes Epitres de S. Jean, introduction, traduction et commentaire. (Collection Verbum salutis). 1936.Les Juifs et Jsus, attitudes nouvelles. 1937.
Chez Grasset.
Sur les Ruines du Temple, ou le Judasme aprs Jsus-Christ.1928. (Collection la
Vie chrtienne).
Chez Bloud et Gay. Les Ides Juives au Temps de Notre-Seigneur.catholique des Sciences religieuses). 1934.
(Collection
Chez Flammarion.Juifs et Chrtiens. 1936.
BIBMOTHQDE DE THOIiOGIE HISTORIQUEPUBLIE SOUS LA DIRECTION DES PROFESSEURS DE THEOLOGIE A l'institut CATHOLIQUE DE PARIS-t^'&s.o*--
EXGSE RABBINIOUEET
EXGSE PAULINIENNEPAR
Joseph BONSIRVEN,
S. J.
BEAUCHESNE ET SESMCMXXXIX
FILS
PARIS. RUE DE RENNES, 117
^^mrr?^LIBBABIES
^AOO.t^AT/if /L
OBSTAT
Jh. Demaux-Lagrange, S. J.
Praep. Prov. Tolos.
IMPRIMATURParisiis, die1=>
aprllis 1938.
f Rogerius BeaussartEps Elaten.
Tous droits de reproduction, d'adaptation ou de traductionrservs
pour
tous pays.
Copyright d938 by Beauchesne et ses
Fils.
VNT-PROPOS
ne tenir compte que de l'tymologie, [e^-qyriai, explication), crivait le P. Durand, le terme d'exgse peut s'entendre de l'explication de n'importe quel texte; pratiquement, il ne ^ se dit gure que de l'explication du texte biblique ." C'est dans ce sens restreint que le mot est employ ici.
A
C'est l'intention des exgtes et des thologiens chrtiens
que nous avons entrepristiers
cet
ouvrage
:
ils
se rfrent volon-
l'hermneutique rabbinique, dans leurs remarques sur les interprtations bibliques qu'ils rencontrent dans le
Nouveau Testament ou chezinvariablement
les
Pres de l'glise. Presque:
les ils rptent les mmes lieux communs rabbins se servaient dans l'explication de la Bible des sept
rgles d'HUlel, qui se sont ensuite dilates dans les treize d'Ismal; leurs mthodes hermneutiques comprenaient
quatre gemmes indiqus par les quatre lettressant le par ds, jardia)le le ders,:
PRDS (compo-
qui dgage le sens littral, rmz qui dcouvre les indications contenues dans le texte,le pest,
ou l'interprtation familire ethomiltique, le sd, la science thosophique, l'invention des secrets mystiques cachs sous la lettre^. Nous avions le sentiment que la ralitnatre d'une
moins simple et qu'il tait ncessaire de la faire conmanire concrte par des exemples et par un expos systmati(jue des procds exgtiques employs parest:
les
rabbins anciens.
Dictionnaire d'Apologtique (A. d'Als), 1. c. 1811 (Exgse). Brierre-Narbonne, Exgse talmudique des prophties messianiques, Paris, 1934, p, 5-12. C'est le Zohar (xin s.) qui appliqua le mot pards aux quatre voies de l'interprtation biblique, par allusion aux rabbins qui s'taient introduits dans le jardin de la thosophie {Hagiga 14 b).1. 2. Cf. ibid., c. 1812, sq, et J.
6
AVANT-PROPOS.
que si l'on connat suffisamment les deux termes confronter. Nous livrons dans notre premire partie le terme le moins connu de la com-
Une tude comparative ne peut
s'instituer
paraison.
La seconde partie est une application de la mthode comparative au cas le plus intressant et le plus reprsentatif.
PREMIRE PARTIE
QUELQUES PARADIGMES
DE L'EXGSE RABBINIQUEANCIENNE
AVERTISSEMENT
crivant pour renseigner nos collgues chrtiens, nous avons pens qu'il importait surtout de multiplier les exemples. Nous les avons classs mthodiquement suivant les divers
types que prsente l'exgse des rabbins. Nous essayons en outre de dfinir les lois hermneutiques qu'applique cette exgse. Nous laissons aux spcialistes, aux rabbins vous
du Talmud, le soin de dgager le mcanisme dialecde ces mthodes, d'en discuter la valeur logique et tique juridique, de rechercher leurs origines historiques, d'enl'tude
aux rabbins tannates deuxime sicles aprs Jsus-Christ). Ils vivaient (premier l'ge d'or de l'exgse juive par eux furent cres et les mthodes qui constituent le fonds et la base dveloppes de l'hermneutique juive. Les plus anciens d'entre eux avaient t les condisciples de Paul l'cole de Rabban Gamaliel nous familiarisant avec leurs sentences, nous prenons contact avec un milieu exgtique qui diffre assez peu de celui qui a vu surgir le message chrtien primitif.et::
clairer les procds laborieux. Nous avons restreint notre champ
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUESSOURCESMidrasim juridiques(tannates).a.
Mekhilta (Exode), dition H. S. Horovitz (Rabin), Frankfurt
M. 1926.
Siphra (Lvitique), dition Weiss, Wien, 1862. Siphr d'b Rab (Nombres), dition Horovitz, Leipzig, 1937. Siphr d'b Rab (Deutronome) dition M. Friedmann. Wien, 1864. (dition Horovitz- Finklstein, Breslan, en cours de publication). Traduction de Siphr-N ombres par G. K. Kuhn (en cours de publication), Stuttgart.
Mekhilta de R. Simon b, Yohai (Hoffmann), Frankfurt a M. 1906.
Autres midrasim
:
Gense rabba, dition Albeck-Theodor, Berlin, 1912, sqq. Midras rabba, dition Romm, Wilna, 1896.
Tanfyuma, dit. Buber, Wilna, 1913. Pesiqta de Rab Kafiana, dit. Buber, Lyck, 1868. Seder 'Olam rabba, dit. B. Ratner. Wilna, 1897.
Talmud.Misna, ditions Strack (Leipzig), Beer-Holtzmann (Giessen). Traduction Danby, Oxford, 1933. Tosephta, dit. Zuckermandel, Pasewalk, 1880.
Talmud palestinien (Jrusalem), dit. Krotoschin, 1866. Talmud babylonien, dit. Romm, Wilna, 1896. Misna (parfois prcde de M.) par chapitres (Modes de citation:
et
Babli par folio a et b, le Palestinien (indiqu par Pal.) par chapitre, halakha et folio abcd, la Tosephta (indique par Tos.)halakhot, le
par chapitre et halakha).
TERMINOLOGIE DE L'EXGSE JUIVEW. Bcher, Dieliteratur,
I,
exegetische Terminologie der judisehen Traditions(Tannaten), Leipzig, 1899.
Ch. Albeck, Einleitungp. 19-44.
und Register zum Bereschit
iaa, Berlin, 1931,
J. Vinter und Wuensche, Mechilta...ber^ezt.., Leipzig, 1909, p. 377-390. A. Bcher, Die Promien der jiidischn Homilie, Leipzig,. 191 3. W. Bcher, Die Agada der Tannaiten, P, 1903, 11, 1890, Strasbourg.
10
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES.
OUVRAGES GNRAUX SUR L'EXGSE RABBINIQUE Une tude objective et cri1 (RosENBLATT, op. laud. p. 2, dclare que de l'exgse rabbinique de la Bible est encore un des:
deratum.
>):
W.
the Jewish Encyclopedia, Ne Bcher, Bible Exegesis, dans 162-174. York, 1906, III, p. A. Kaminka, Bibelexegese, dans Encyclopaedia judaica, Berlin, 192 IV, c. 619-627. H. L. Strack, Einleitung in Talmud und Midras, Miinchen, 192:
p. 95-109.
M. MiELZiNER, Introduction
to the Talmud, New York,'-1925, hermeneutics of the Talmud). (Lgal
p.
115-11
H. S. HiRSCHFELD, Holachische Exgse, Berlin, 1840.
,
Haggadische Exgse, Berlin, 1847.
L.
WoGU, Histoire de
la Bible et de l'Exgse biblique jusqu' jours, Paris, 1881 (p. 164-173, mthodes exgtiques, p. 367, histoire de l'Exgse).
n1'
OUVRAGES PARTICULIERSA.
Berliner,
Beitrge zur hebrischen
Grammatik
in
Talmud
m
Midrasch, Berlin, 1879. Lieber Dobschuetz, Die einfache Bibelexegese der Tannaim, HalleS., 1893.
H. L. Strack, Prolegomena critica in Vtus Testamentum hebraicv (II. De textu bibliorum hebraicorum qualis jtalmudistarum tei
poribus fuerit), Lipsiae, 1873.
Samuel Landau, Ansichten des Talmuds und der Geonim ber d exegetischen Wert des Midrasch, Halle, 1888.
Ludwig Blau, Masoretische Unersuchungen, Strassburg, 1891. Bernhard Koenigsberger, Aus Masorah und Talmudkrilik, Berlin, 18 Georg Aicher, Das Alte Testament in der Mischna, Freiburg i. B. 19C Samuel Rosenblatt, The Interprtation of the Bible in the MishnaBaltimore, 1935. Isaak Heinemann, Altjdische Allegoristik, Breslau, 1936. Ed. BiBERFELD, Beitrge zur Mthodologie der halachishenteuchexegese, Berlin, 1928.
Penl
Adolf ScHWARTZ, Die Kontroversen der Schammaiten
und
Hillelite
Karlsruhe, 1901. Die hermeneutische
Analogie
in
der der
talmudischentalmudischen
Literat't
Wien,
1987.
Der hermeneutische Syllogismus
in
Literati
Karlsruhe, 1901. Die hermeneutische Induktion in d. t. Lit. Wien und Leipzig, I9( Die hermeneutische Antinomie in d. t. L. ibid. 1913. Die hermeneutische Quantittsrelation in d. t. L. Wien, 1916.
CHAPITRE PREMIER1.
QUELQUES NOTIONSqui prcdent
GNRALES.
i
L'exgse biblique dans
le
Judasme.
Dans
les sicles
et suivent l'tablissement
du
Christianisme, l'exgse biblique, le Midrs\ est une discipline activement exerce en Isral. Expliquer les critures, les scruter, dgager toutes leurs significations possibles,discuter les interprtations proposesles:
autant d'exercices aux-
rabbins des deux premiers sicles consacrent le quels meilleur de leur temps. Nous saisissons, en outre, dans leursexgses une volution touchant les mthodes et les opinions, qui atteste une tradition dj ancienne. Il est fait allusionantrieiu-s,
aux interprtations singulires que soutenaient des interprtes di' les rsumai, ou dot's hamrt^. Ces
indications permettent d'affirmer que les tudes exgtiques taient une des principales fonctions de ces Scribes, dontles rabbins
passaient pour tre les
hritiers
et les
con-
tinuateurs.Cette induction est confirme
D'Esdras,(7, 10)
le
premier
et le
par les deux faits suivants. modle des Scribes, il est dit
son cur scruter [ders, tudier, interprter) la Tr d'Yhwh et la pratiquer, ainsi qu' enseigner en Isral prceptes et dcrets . Les crits du mme qu'il appliquait1. Dans l'hbreu postbiblique le verbe dras est employ uniquement dans un sens technique, qui apparat dj dans les derniers livres de l'Ancien Testament expliquer un texte biblique particulier, interprter les Ecritures. Le substantif driv, midrds, aplusieurs sens, mais tous dans la mme ligne recherche, tude; interprtation d'une criture ou des Ecritures en gnral; les crits qui contiennent ces interprtations. Voir Strack, oc. cit., p. 4; Bcher, Terminologie,;
;
p. 25, sqq., 103, sq.2.
Sur ces mots voir
infr, p. 249-251.
12
EXGSE RABBINIQUE.
temps prsentent l'tude [dras] des commandements de Dieu comme une occupation qu'aiment les justes et que ngligentles
impies {Ps. 119, 45, 94, 155; 1 Chron. 28,il
8).
Et
tait naturel, ncessaire,
que
cette
priode de l'histoire
juive, qui se droule sous le signe d'Esdras, ft
marque par donne l'tude des Ecritures. Isral ]3i'end de plus en plus la forme d'une communaut religieuse, voue l'tablissement du rgne de la Loi de la Tora est le code unique et totalitaire, qui doit Dieu informer l'esprit et la conduite des fidles, guider les comtout en elle, rien sans elle ou en portements de la nationune importanceparticulire::
dehorsChristet toi:
d'elle.((
Gomme
le
dira
un contemporain de
Jsus-
Tourne-la (laTr), retourne-la, car tout est en elle aussi tu y es tout entier et ne t'en carte pas, car tu ne;
trouveras rien de meilleur qu'elle A l'ouverture de cette priode, Esdras le Scribe, entour et aid de ses compagnons, lit et explique la Loi de Dieu au.
^
peuple [Nhem. 8, 1-8); aux termes d'une ancienne tradition il aurait prpar et publi une nouvelle dition des livres saints (4 Esd. 14, 37-48), tudier la Tora, en instruire lesfidles,
la principale occupation des Scribes, qui, aprs Esdras, se font les instructeurs de la nation et ses guides spirituels. Jsus, fils de Sirach, un des leurs, crit l'loge de
demeure
ces
hommes qui renoncent aux mtiers manuels pour se consacrer tout entiers mditer la Loi du Trs-Haut et qui
mritent ainsi d'avoir une place distingue dans les assembles, de pouvoir occuper le sige du juge, d'interprter lajustice et le droit [Eccli. 38, 24-39, 11).
mentaires
Ces tudes exgtiques poursuivent deux objectifs complfaire l'inventaire du dpt des Ecritures; fonder:
sur la parole divine l'enseignement des docteurs. Nous voyons, ds la fin du premier sicle, les rabbins les plus rputs,Eliezer le grand, Josuben Hanania, pratiquer ces deux formes d'exgse celle qui n'a d'autre fin qu'elle-mme, l'exgse:
dsintresse; celle qui fournit
une dmonstration
ncessaire,
1. Pirq Abat, 5, 22; sentence attribue l Ben Bag Bag, disciple de Hillel; dans Abt de Rabbi Nathan. 12, 12, elle est mise dans la bouche de Hillel lui-mme.
l'exgse dans le jodasme.
13
l'exgse intresse, l'exgse juridique. Il est probable que ds les origines les scribes se sont galement engags dans les
deux directions
;
divers indices semblent pourtant suggrer
que
l'on a scrut les critures avant tout
pour en
tirer
un
enseignement, pour y C'est dans ce sens que Jsus, fils de Sirach, s'applique aux critures; c'est pour fonder sur elles sa jurisprudence qu'HiUel formule ses rgles d'hermneutique.Les Matres en Isral devaient concilier deux obligations, en d'une part l'interdiction soit apparence contradictoires:
dcouvrir les lois qu'elles contiennent.
d'ajouter la Loi qui contient tout, soit d'en rien retrancher puisqu'elle est sacre; d'autre part, la ncessit d'adapterorale, dont quelliminent pratiquement tels commandeques prescriptions ments anciens ou bien introduisent d'incontestables innovacette Loi
aux circonstances, d'dicter la Loi
tions. L'exgse rsout la difficult
un raisonnement ingnieux dduit de la lettre divine les prceptes nouveaux. Notons ds maintenant que cette exgse n'invente pas, mais:
seulement justifie, unetion;
et c'est
un
fonder une
loi si
qui tire toute sa valeur de la tradiprincipe reu qu'un raisonnement ne peut elle n'a dj autorit i. Pour autant l'exgseloi
juridique pourra,
impunment
et
sans crainte, se donner:
carrire, se permettre toutes les subtilits, tous les arbitraires les conclusions qu'elle doit dmontrer sont dj acquises.
Suivant ces deux directions nous avons deux espces d'exgse l'exgse qui est cense fonder le droit, les halkt, l'exgse halakhique l'exgse qui scrute les critures pour:
;
les
mieux comprendre pour y dcouvrir des enseignements moraux ou religieux, l'exgse haggadique. En thorie ces deux exgses devraient suivre des voies diffrentes et tellesrgles hermneutiques sont plus propres la halk en pratique l'une et l'autre procdent peu prs de la mme:
1. Cf. infr, p. 88, 92 et Aicher, op. cit. p. 57-60 sur les prescriptions introduites sans aucun appui scripturaire.
Le mme Aicher, ibid. p. 154-156, s'efforce de dmontrer que la forme Mischna, c'est--dire la prescription nue, sans fondement exgtique, a prcd le Midrasch, soit le commentaire scripturaire halakhique mme si quelques-uns des arguments prsents sont contestables, l'ensemble de la thse parat certain.;
14
EXGSE RABBINIQUE.Il
manire.;
ne parait donc pas opportun de les exposer sparment il suffira de signaler l'occasion les procds caractristiques de l'une et de l'autre branche ^2
Les sources
:
la littrature exgtique
O trouver nos exgses? Nosappartiennent deux genres
sources sont de deux espces,
littraires distincts.
D'abord la Misn, rdige par Juda du second sicle ap. J,-G. il est le plus souvent les halakhot sont rapportes remarqiiable que simplement sans aucun souci de les fonder sur l'criture; plusieurs prceptes sont pourtant accompagns soit de rfrences scripturaires, soit d'exgses plus ou moins compliques^. La Tosephta, recueil de lois parallle la Mina et de peu postrieur est, au contraire, riche en midrasim delittrature juridique. le Prince vers la fin;
La
toute espce. Cette diffrence trahit
une
diversit d'coles et
de tendances. Les deux commentaires de la Misna, le palestinien [Talmud de Jrusalem) et le babylonien [Talmudbabylonien),font
une
trs
large place
au midras,
tant
halakhique que haggadique.
La
littrature exgtique
proprement
dite, soit les
commen-
1. AicHER, op. cit., p. 152, note trs justement que la distinction, ordinairement affirme entre les mthodes hermneutiques suivies respectivement par la Halakha et la Haggada est imaginaire. Bcher, die Agada der Tannaiten, I, p. 464 (appendice sur le mot Haggd) En fait, cint l'origine il n'y avait pas de diffrence formelle entre l'exgse halakhique et l'exgse haggadique, il serait faux de considrer le midrasch halakhique et le midrasch haggadique comme deux domaines spars ds le principe. Il suffit d'tudier les monuments qui nous ont t conservs de l'ancien midrasch pour s'en convaincre. L, selon l'ordre des vei'sets du passage expliqu, les interprtations suivent les interprtations et ce n'est que le caractre intrinsque du texte comment qui conditionne la nature halakhique ou haggadique de l'exgse . Cf. aussi Strack, Einleitung in Talmud und Midras^, p, 96 la haggada utilise les mmes rgles que la halakha, bien qu'elle en::
suive qui lui soient propres. 2. Voir Strack, loc. cit., p. sqq. et H, Danby, The Mishna translated... (Oxford, 1933), Introduction, p. xxiv, sq. rfrences aux textes de la Misna et de la Tosepha. On trouve environ 666 citations scripturaires dans la Misna: la Tosephta en contient beaucoup plus.:
OCCASIONS DES EXEGESES.
15
taires rabbiniques sur les divers livres de la Bible, les midrasim. Dans cette collection nous tiendrons compte tout parti-
culirement de ceux qu'on appelle les midrasim halakhiques, Mekhilta sur l'Exode, Siphra sur le Lvitique, Siphr sur les
Nombres
Deutronome. Ces compilations, peu prs conde la Misna, contiennent les exgses des rabbins temporaines de l'ge tannate et aussi des exgses plus anciennes bien que dnomms halakhiques, ces commentaires comportent enet le;
ralit quantit d'exgses haggadiques C'est dans cette littrature qu'on saisit
'
.
comme
sur le vif les
habitudes
exgtiques des rabbins. Nous les entendons discuter les interprtations proposes par leurset les traditions
collgues ou par leurs devanciers. Surtout nous voyons l'uvre des esprits subtils, insatiablement curieux, acharns
chercher
et
examiner tous les sens que peut revtir3 Occasions des exgses.
un
texte.
et
Ce prurit de multipHer les interrogations, de tout mettre remettre en question, d'ergoter sans fin et pour le plaisir,
se manifesteles
par des formules caractristiques qui amorcent dveloppements exgtiques. En voici quelques chan-
tillons.
Ce sont d'abord des questions sur tel ou tel texte qui soulve des problmes. A propos des mots qui ouvrent le livre du Deutronome:
Voici les paroles:
que
dit Mose, etc.
)),
le
commentateur
se
demandeMose
n' aurait-il fait
que
tout entire, suivant qu'il est dit {Deut. 31, 9)
cette prophtie? N'a-t-il pas crit la Tora Et Mose crivit (toute):
1. Il serait intressant d'tudier, comme tmoins de l'exgse rabbinique, les plus anciennes versions des critures les diverses traductions grecques, les targums aramens; les deux targums pales:
tiniens
du Pentateuque abondent en
traditions
haggadiques. Ces
recherches, fort dlicates, donneraient des rsultats moins srs et surtout beaucoup moins tendus que l'tude des crits rabbiniques. Dans son travail Dobschutz a rapproch quelques exgses rabbiniques des textes correspondants des anciennes versions. P. Churgin, Targum
Jonatham
to tke
Prophets,
New
les indications exgtiques
Haven, 1907, p. 80, que contient ce targum.
84, 87, 93, tudie
16cette
EXGSE RA.BBINIQUE.Tora
les ?
^ ? Pourquoi est-il enseign en ces termes voici les paroCela nous apprend que c'taient des paroles de rprimande, suivant qu'il est dit (beut. 32, 15) Et Yeshurun est devenu gras et il a:
Paroles regimb . Et de la mme manire tu dis {Amos, 1, 1) d'Amos qui fut parmi les bergers de Thecoa, ce qu'il a vu au sujet de Jrusalem. Amos n'aurait-il fait que cette prophtie ? N'a-t-il pas prophtis plus que ses compagnons? Pourquoi est-il enseign en ces termes paroles d'Amos ? Parce que ce furent des paroles de rprimande, suivant qu'il est dit (Amos, 4, 1) Ecoutez cette parole, vaches de Basan, qui tes sur la montagne de Samarie . Cette expression dsigne leurs tribunaux. Mmes remarques sur Jrmie, David, Salomon:
:
(Ecclsiaste)
^.
nous fait assister une scne d'cole un disciple interrogeant son matre sur un mot qui lui parait sans raison d'tre, le matre lui rpond en lui faisant observer que la syntaxe de la phrase est absolument rgulire
Le
texte suivant
:
:
Et Mose
dit
son beau-pre,
etc.
{Ex. 18, 15)
;
On:
dit
:
sur ce
mot Juda de Kephar Ikos interrogea Rabban Gamaliel Pourquoi Mose a-t-il dit Quand le peuple vient vers moi ? (Il s'tonne sans:
doute que Mose se poselui rpondit: Si cela
comme
ne convient pas
celui qu'on doit interroger.) Le matre qu'aurait-il d dire? L'autre
repartit:
Quand il
le
(texte biblique complet).
interroger Dieu,
peuple vient vers moi pour interroger Dieu Le matre rpondit: Puisqu'il a dit pour a bien dit 3.
Ou bienrence:
question sur une allusion dont
manque
la rf-
Et
il
arrivera quand vous entrerez dans la terre que
Yhwh
vous
donnera
comme:
il l'a dit...
{Ex. 12, 25j. Mais o
l'a-t-il
dit?
Je vous
introduirai dans{Ibid. 16, 23)il
il
C'est ce
appel?
Et
Pareillement tu peux citer a appel sabbaton . Mais o l'a-tarriva au sixime jour {Ibid., 16, 5)-*.la terre
{Ex.
6, 8).
que Yhwh
Ou bien difficult sur une expression mtaphorique qui semble impliquer une impossibilit J'enivrerai mes flches de sang {Deut. 32, 42). Est-il possible que:
des flches s'enivrent de sang? Mais voici que j'enivre d'autres tres1. Enseigner en ces termes , traduction littrale d'une formule, talmd lmar, probablement la formule la plus employe dans cette litlraiure, pour indiquer une rfrence directe un texte biblique.2. 3.
4.
Siphr Deut. 1, 1, 1, 64 Mekhilta in loc. p. 196. Mekhilta in ^c. p. 39.
a.
OCCASIONS DES EXGSES.
17
possible
de ce que font les flches. Et mon pe se repatra de chair. Est-il une pe de se repatre de chair? Mais je repatrai d'autres tres de ce que fait mon pe. Et dans le mme sens il est dit {Ezech. 39, 17, 18): Fils de l'homme, dis aux oiseaux de toute sorte et tous:
volatiles du ciel (citation libre) Assemblez-vous et venez! Runissez-vous des alentours mon sacrifice que je fais pour vous... Et vous mangerez de la graisse satit et vous boirez du sang jusqu'lesl'ivresse.,.
Et il dit encore (/s. 34, 6) L'pe de Yahw est pleine de sang et ruisselante de graisse , Pourquoi? Car Yahw fait un sacrifice Bosra et un grand carnage au pays d'Edom *.:
tonnementLes enfants
sur uneet
indication historique,:
qui parait
invraisemblable,
rponseil
de Ramss pour Sokoth {Ex. a cent vingt parasanges. Laparasange y faisant quatre milles, la voix de Mose aurait port quarante jours de marche? Ne t' tonne pas. Voici qu'il est crit : {Ex. 9, 8, 9). Yahw dit Mose et aron Prenez une pleine poigne... qu'elle devienned'Isral partirent12, 37).
De Ramss Sokoth
:
une
fine
poussire sur toute la terre d'Egypte:
.
Voici
qu'on peut
raisonner a fortiori
poussire, qui n'a pas pour essence de s'tendit sur une surface de quarante jours de marche, s'tendre, combien plus forte raison la voix qui a pour essence de s'tendre ensi la fine
un
clin d'iP.
Ou bien une
action divine parat inadmissible moralement
:
Yahw
frappa... jusqu'aux premier-ns des captifs
(Ex. 12,29).
Est-ce que les captifs avaient pch? Non, mais uniquement pour que les captifs ne puissent pas dire : C'est notre crainte (notre religion,
notre Dieu) qui a
amen sur eux
qui peut subsister. Terrible est notre crainte,
ces peines. Terrible est notre crainte puisque les peines n'ont
pas de prise sur nous. Autre explication: c'est pour t'apprendre que de tous les dcrets (de perscution), que Pharaon avait dcrts contreIsral, les captifs s'taient rjouis,
suivant qu'il est dit (Prov. 17, 5)s.
:
Qui se rjouit d'un malheur ne sera pas impuni
Ou bien un mot duprofonde signification
texte parait superflu alors qu'il:
a une
Ecoute, Isral, Yahw, notre Dieu un ces termes? N'est-il pas dit encore:
{Deut.
6,
4).
Yahw unique?
Pourquoi Et pour-
1. 2.
Siphr, Deut. in lac. 332, 140 a.
ici
Mekhilta in lac. p. 47, sq. L'expression s'tonner employe sous forme ngative, revient trs souvent dans les Midrasim plus rcents sous forme positive je m'tonne . 3. Mekhilta in loc. p. 43.:
18
EXGSE RABBINIQUE.
quoi est-il enseign en ces termes notre Dieu ? C'est sur" nous par excellence qu'il fait reposer son nom. Pareillement tu trouves dit ("3!;. Trois fois 23, 17) par an tous tes mles se prsenteront devant:
Seigneur Yahw, Dieu d'Isral (ce deux derniers mots ne figurent pas dans la Bible) . Quel besoin de dire cela, n'est-il pas dit aussi devant le Seigneur Yahw ? Pourquoi est-il enseign en ces termesle
par excellence qu'il a fait reposer sur Ps. 50, 7. Autre explication Yahw, un seul Yahw , sur tous ceux notre Dieu qui entrent au sicle; Yahw notre Dieu un Yahw , en ce monde unique pour le
Dieu
d'Isral ? C'est sur Isral
son nom!
Mme remarque:
:
;
sicle qui vient
^.
Enfin la question peut porter, soit sur une difficult ou impossibilit historique, soit sur d'apparentes contradictions
des critures Moseet
:
demande Dieu de passer deque Mose:
ce dernier cas est particulirement frquent. l'autre ct du Jourdain3, 25):
de voir le pays promis {Dent.Est-il possibleait
demand devant
le
Mqm
(le
Lieu
=
Dieu) d'entrer dans la terre (promise) ? N'est-il pas dit aussi [ibid. 27 et Num. 27, 12, 13) Tu ne passeras pas ce Jourdain ? Parabole. La chose est semblable un roi qui avait deux serviteurs. Il dcrta
que
l'un d'entre:
eux ne
boirait pas
de?
Celui-ci dit
qu'a-t-il
dcrt
mon
sujet
vin pendant trente jours. que je ne boive pas de vin
mme
de trente jours ? Je n'en goterai pas de toute une anne, et de deux annes. Et tont cela pourquoi? Pour obtenir que soit annul le dcret de son matre. Celui-ci, nouveau, dcrta que le second serviteur ne boirait pas devin de trente jours. Ce dernier dit Est-il possible que je vive mme une heure sans vin? Et tout cela pourquoi? Pour tmoigner son amour envers son matre. De mme Mose aimait les paroles du Mqm (le Lieu Dieu) et il demandait devant lui ( Lui) d'entrer dans la Terre. C'est pourquoi i^:
=
est dit
:
Puiss-je entrer et voirI
!
-.
Contradictions historiques ou juridiques flagrantes
:
Il y a onze jours de marche de i'Horeb, par la montagne de Sir, jusqu' Cads-Barn {Beut. 1, 2). Y a-t-il onze jours de marche jusqu' Qibrot Hattawwa et de Qibrot Hattawwa jusqu' Hasrot ? Voici qu'il n'y a que trois jours de marche, suivant qu'il est dit {Num. 10, 33) Ils:
1.
2.
Siphr, in Zoc, 31, 73 a. Siphr Deut. 3, 25, 28, 71
Est-il possible que Dieu allt la terre [Jr. 23, 2i)?
b. Mekhilta sur Ex, 13, 21, devant eux, lui qui remplit le
p. 82. ciel et
OCCASIONS DES EXEGESES.
19
marche . partirent de la montagne de Yahw et ils firent trois jours de R. Juda dit : N'est-ce pas qu'en ces trois jours de marche les Isralitesfirent
jours de marche suivant qu'il est dit d'Elie {1 Reg. 19, 8) : Il se leva, mangea et but et par la force de cette nourriture il marcha pendant quarante jours et quarante. Si les Isralites l'avaient mrit, en onze jours ils seraient entrs dans la Terre. Mais de ce qu'ils avaient corrompu leurs actions le Maqom (Lieu Dieu) leur imposa quarante annes...^.
une marche de onze tapes? Ne peut-on pas dire qu'il y a quarante
nuits
=
hite
Marie et Aaron parlrent contre Mose au sujet de sa femme cous[Num. 12, 1). Etait-elle coushite? N'tait-elle pas madianite, suivant qu'il est dit {Ex. 2, 16) Le prtre de Madian avait sept filles ? Et pourquoi est-il enseign en ces termes coushite ? Mais, de:
mme7, 1):
que
le coushite se distingue
par sa peau, desa beaut.
mme
Sphora setu dis {Ps.
distinguait de toutes les
femmes par
De mme
Shiggaion de David qu'il a chant l'occasion des paroles de Cush le benjaminite. Etait-il donc coushite? Mais de mme que le Coushite se distingue par sa peau, de mme Saul se distinguait parson apparence...2.
Nous trouvons enfin des questions qui introduisent des conjectures bizarres, trs nombreuses dans la littratureexgtique rabbinique:
Et les eaux se divisrent
{Ex.
14, 21).
Toutes les eaux du
mondepuits,
se fendirent. D'o tires-tu
que se fendirent
mme
les
eaux des
des citernes, des cavernes, des cruches, des coupes, des vases de verre, des tonneaux? De ce qu'il est dit les eaux se fendirent . Dece qu'il est crit ailleurs la
mer
se fendit
et qu'il est crit ici les
eaux se fendirent , il enseigne que se fendirent toutes les eaux du monde. D'o tires-tu que se fendirent aussi les eaux suprieures et Les eaux t'ont infrieures? De ce qu'il est dit {Ps. 77, 17) vu, Dieu, les eaux t'ont vu; elles ont trembl, bien plus, l'abme s'est:
mu
... ^.
Aprs ces problmes d'ordre plutt exgtique, les problmes juridiques la porte juridique de textes, qui semblent superflus ou dont la raison d'tre n'apparat pas.:
Mais
14).
un homme agit mchamment (contre son prochain) [Ex. 21, Pourquoi cette section est-elle dite? De ce qu'il dit {Lv. 24, 17)si
:
1.
p. 77, est2.3.
Siphr Deut. 1, 2, 3, 65 ab. Dans le Siphr de Num. prsente une autre conciliation. Siphr Num. 12, 1, 99, p. 98, sq. Mekhilta, Ex. 14, 21, p. 104.
10, 33, 82,
20
EXGSiE RABBINIQXJE.Celui qui frappe
un homme mortellement:
sera mis mort
,
on
pourrait
tant celui qui frappe volontairement que celui qui frappe par mgarde, les trangers, le mdecin qui tue, celui qui frappe par l'ordre du tribunal, celui qui chtie son fils ou son disciple:
entendre
il
s'il est enseign en ces termes agit mchamment , pour exclure celui qui agit par mgarde; un , pour exclure l'enfant: , pour inclure les trangers; son prochain , pour inclure:
homme
homme
les enfants
;
son prochain
,
pour exclure
les trangers
^.
La formule prcdente, propre l'cole d'Isml, est remplace souvent par une formule trs usite, destine mettreenrelief la prcision
juridique contenue dans
culier':
pomTait
dduire...
Pourquoi ces mots? De Non! ces mots indiquent...
texte partice qu'il est dit ailleurs on
un
Une mme loi pour l'indigne {'zrah)... [Ex. 12, 49). Pour il sera comme quoi est-ce dit? N'est-il pas dit ailleurs (ibid. 12, 48) du pays ? Et pourquoi est-il enseign en ces termes l'indigne: :
pour l'indigne ? De ce qu'il est dit si un tranger sjournant chez toi veut faire la pque je pourrais dire il n'y a que pour la pque que l'tranger soit assimil l'indigne Czrah); pour le reste des commandements de la loi, d'o le tire-t-on? Une seule loi
une seule
loi
:
:
pour l'indigne et pour l'tranger La Loi assimile l'tranger l'indigne en tous les commandements de la Loi 2. Aucun tranger n'approchera de vous {Num. 18, 4). Pourquoi estce dit? De ce qu'il (Dieu) dit {ibid. 18, 7) l'tranger qui approchera sera mis mort , nous entendons la punition ( infliger au crime) o trouver l'interdiction? De ce qu'il est enseign en ces termes aucun tranger n'approchera de vous ^..
;
:
Parfois la prcision ainsi dgage est tout haggadique.a
Et la colre de12, 9).
Yahw s'enflammaqu'il leur a fait
contre eux; et
il
s'en alla il
{Num.
Aprs
connatre leur faute
dcrte
contre eux l'excommunication... Rabbi Nathan disait: pourquoi- leur fit-il connatre leur faute et aprs cela dcrta-t-il contre eux l'excom-
munication? Pour
qu'ils
ne disent pas comme Jobprends partie?:
(10, 2)
:
Fais-moi
connatre pourquoi tu
me
''.
est-il
Question frquente pourquoi tel mot, ou tel prcepte, Ici encore nous aboutissons des prcisions, rpt?
soit juridiques, soit1.
haggadiques.
2.3.4.
Mekhilla, in loc, p. 263. Mekhilta, in Zoc, p. 57. Siphr Num, in loc, 116, p. 132. Siphr Num, in loc,, 104, p. 102.
OCCASIONSa
t>ES
EXGSES
21
Tout habitant pur de ta maison en mangera:
{Num.
18,
13).
Pourquoi est-ce dit? N'est-il pas dit aussi {ibid. 11) tout habitant pur de ta maison en mangera ? Pourquoi donc est-il enseign en ces termes (13): tout habitant pir de ta maison en mangera ? Pour inclure la fille d'Isral fiance un prtre. Que si nous cherchons si une femme peut manger de la term (prlvement sacerdotal), nous trouvons dsigne (11) la femme marie un prtre. Pourquoi doncest-il
enseign en ces termes
:
tout habitant
pur de
ta
maison en
mangera ? Pour inclure:
Les termes incluent la fiance et aussi l'hte de passage {lshb) et le mercenaire comment alors faire droit (accomplir, qaiim) l'criture L'hte de {Ex. 12, 45) passage ni le mercenaire n'y auront part ? L'hte et le mercenaire qui sont en ton pouvoir en mangeront, mais l'hte et le mercenaire qui ne sont pas en ton pouvoir n'en mangerontla fille d'Isral fiance
un
prtre.
:
pas'.
Dans la section sur
les villes
Ik-sammdL (sam)il
et trois fois il
de refuge, il est son compagnon et lil
dit trois fois:
pourquoi?
habitera, l
mourra,
sera enseveli. Son compa:
gnon, sauf les trangers; son compagnon, sauf l'hte (proslyte); son compagnon, voici que l'criture le dsigne ainsi en disant qui aurafrapp sonIl est
compagnon
sans le savoir
2.
d'autres questions qui ne sont pas suggres par le
texte,
qui ne rpondent donc pas une proccupation exg:
tique,
mais qui, dictes par un souci juridique, provoquent aux recherches exgtiques sur quelle criture fonder telle prescription lgale, que ne contient pas explicitement la lettre sacre? Cette question, dans les temps les plus anciens, d'o est formule de manire trs simple (minnain):
(vient tel
commandement) Cette interrogation conduit le plus ordinairement des prcisions juridiques, elle peut intro?
duire aussi des prcisions historiques ou haggadiques. Il
gorgerale
(Lv.
1, 5).
L'immolation
est-elle valide, faite
par des
trangers, des
dans
femmes, des esclaves ou des hommes impurs, mme sanctuaire, mais condition que les impurs ne touchent pas
1. Siplir Num. in loc. 117, p. 136, sq. Noter la fin de ce passage une autre formule intressante, parce que rappelant beaucoup de textes du Nouveau Testament comment accomplir? 2. Siphr Deut. 19, 4, 5, 11, 181, 108 a. Nous pourrions videmment sans peine multiplier les exemples de cette calgorie, vg. pourquoi ce commandement {E.x. 12, 6) prcde-t-il le suivant?:
22les chairs,
EXGSE RABBINIQUE.faite par un prtre? Et d'o viens-tu ( cette Toi principe (formul) en ce qui est dit {Num. 18, 7) avec toi, vous garderez votre sacerdoce en tout ce qui regarde on pourrait dduire galement pour l'immolation. Mais
ou seulement
opinion)?et tes fils
Du
:
l'autel
,
:
puisqu'il est dit [Lv.
1, 5),
sang
et l'aspergeront...
et les prtres, fils d'Aaron, offriront le depuis ce point et plus loin c'est la loi du:
sacerdoce ; mais pour ce qui regarde l'immolation,
elle est valide faite
par tout
homme ^.
un passage o abondent les minnain et souvent amorcer des prcisions juridiques minimes. Dieu ordomie pour de ne pas brler sur l'autel des mets fermentes ou du miel.Voicio:
Vous pourrez
{Lv. 2, 12).
les prsenter Yahw en offrandes de prmices Offrande de prmices , en sorte qu'elle serve de prles oblations
mices toutes{Lv. 23; 16):
(non sanglantes); et
Et vous
offrirez
Yahw une
oblation nouvelle
c'est ainsi qu'il dit , afin
qu'elle soit nouvelle (prmices) pour toutes les oblations. 11 n'est question que de l'oblation de froment; pour l'oblation d'orge d'o (le tire au jour des prmices, quand vous t-on)? Quand il dit {Num. 28, 26):
prsenterez si le sujet
Yahw une
du
oblation nouvelle,j votre fte des semaines , contexte ne peut tre l'oblation de froment, accorde que
le sujet est l'oblation d'orge.
D'o (tires-tu) que (les prmices d'orge) prcdent les prmices? De les ce qu'il est enseign en ces termes {Ex. 34, 22) prmices de la moisson du froment . Il ne s'agit que de la moisson du froment, celle:
de l'orge, d'o ? De ce qu'il est enseign en ces termes (Ex. 23, 16) de ce que tu auras sem . Il ne s'agit que de ce que tu auras sem , les feuilles qui en proviennent, d'o? De ce qu'il est enseign en ces termes de ce que tu (auras sem) dans les champs . Il ne s'agit que de ce qui a pouss dans les champs, ce qui a pouss sur les toits ou dans les demeures, ou dans le dsert, d'o? De ce qu'il les est enseign en ces termes {Num. 18, 13) prmices de toute leur::
:
Et d'o vient qu'elles prcdent les libations et les fruits des les arbres? De ce qu'il est enseign en ces termes {Ex. 23, 16) prmices de ton travail et qu'il dit c quand tu recueilleras des champsterre. :
:
le fruit
de ton travail
n^.
1. Siphra Lv. 1, 5, 6 a. Nous avons choisi ce texte cause de la d'o viens-tu? {Weki minnain forme singulire de l'expression b''t). Ordinairement nous avons seulement minnain (d'o). Quelque d'o dis-tu? fois se trouve la formule complte vg. Mekhilta, d'o dis-tu que les plaies dont R. Jos disait Ex. 14, 25, p. 109 ceux-ci furent frapps sur la mer taient les mmes dont les autres furent frapps en Egypte...? C'est pourquoi les gyptiens disaient fuyons Isral, car Yahw combat pour eux en Egypte . 2. Siphra Lv. 2, 12, 11 d, 12 a.: :
:
:
:
OCCASIONS DES EXGSES.
23
La
mmeil
formule introduit aussi en divers cas des prci:
sions d'ordre historique
Et
arriva la veille matutinale
les prires(le
(Ex. 14, 24). Tu trouves que du juste sont exauces au matin. Le matin d'Abraham, o
matin
Et Abraham se leva au ce qu'il est dit {Gen. 22, 3) matin d'Isaac o? De ce qu'il est dit (ibid. 6) Et ils s'en allrent tous deux ensemble . Et des textes sont indiqus pour les matins de Jacob, de Mose, de Josu, de Samuel, des prophtes Gen. 28, 18; Ex. 34, 4; Jos. 3, 1 I Sam. futurs, du sicle qui vient
trouver)?.
De
:
Et
le
:
:
;
15, 12; Ps. 5,4;
iam.
3,
23 ^est:
La formule un peu trop elliptique autre, qui finira par la supplanter(quel texte fonde telle loi)
remplace par unequelle est la raison
de
telle loi,
ou de
tel
rabbin
)>
(dans l'opinion qu'il propose)?Sur l'offrande pourla
femme souponne
d'adultre,
le prtre 15)...
ne:
versera pas d'huile ni ne mettra d'encens est la raison de cette chose? (L'criture)
[Num.
5,
Quelle
l'annonce
(l'enseigne)
car c'est une oblation de jalousie
^.
Nous laissons de ct des interrogations de forme trs simple (comment? o?) qui introduisent tout autant des explications historiques ou juridiques que des discussions exgtiques, pour en venir une srie de formules, encore pluscaractristiques de l'exgse rabbinique. Elle se complat rechercher toutes les conjectures qu'on peut faire sur un texte, toutes les interprtations qu'on en peut donner, inter-
prtations et conjectures souvent arbitraires, voire mme grotesques, qui donnent lieu une discussion plus oii moins
longue. Nous saisissons encore l
un
trait,:
qui nous est dj
apparu dans,
les
exemples prcdents
le caractre
drama-
disent certains crivains, de l'exgse juive; tique elle semble toujours reproduire une discussion entre interlo-
comme
cuteurs rels ou supposs. De ces formules, la plus usite est le sma' 'ani j'entends , qui introduit toutes sortes de suppositions juridiquesMekhilta in loc, p. 107. Sipkr Num. in loc. 8, p. 14. Celte formule ma ta'm deviendra de plus en plus frquente dans le Talmud et la littrature postrieure, voir Bcher, Terminologie, I, p. 66.1. 2.
24
BXGSE RABBINIQUE.juifs, et
OU haggadiques. Divers auteurs
leur suite des
chrtiens, ont rapproch cette formule du ego autem vobis dico de Jsus dans le Sermon sur la Montagne les quelques exemples que nous transcrivons font saisir l'inconsistance de;
ce rapprochement. Pendant sept jours tu mangeras des azymes :s>{Ex. 13, 6). J'entends: toute sorte d'azyme suivant le sens du mot. Il est enseign en ces termes {Deut. 16, 3) : Avec ces victimes tu ne mangeras pas de pain
lev pendant sept jours, mais tu
mangeras des azymes . Je ne dis que des choses qui peuvent devenir des azymes et du pain ferment et que sont-elles? Ce sont les cinq espces de grains... ^. Fais aussi approcher du sanctuaire tes autres frres, la tribu de Lvi, la tribu de ton pre [Num. 18, 2). J'entends suivant le sens des mots (frres) galement les Isralites il est enseign en ces termes; :;
la tribu
de Lviil
.
J'entends suivant le sens des mots
:
galement::
les
femmes
enseign en ces termes la tribu de ton pre > mram a mrit que la tribu fut appele de son nom. Rabbi dit la tribu de Lvi , j'entends suivant le sens des mots galement les femmes il est enseign en ces termes tes frres , pour exclure les femmes 2.;
est
:
:
Yahw
frappera tout premier-n:
{Ex. 12, 29). J'entends
:
est-ce
par l'intermdiaire d'un ange ou l'intermdiaire d'un messager? 11 est enseign en ces termes {ibid. 12) et je frapperai tout premier-n des gyptiens , non par l'intermdiaire d'un ange ou d'un messager^.
une formule peu prs analogue, la seule diffrence qu'elle met l'objection dans la bouche de l'interlocuteur, rel ou fictif. Ici encore apparat le caractre dramatique deVoici
notre
exgse
:
Tu garderas ce sur les phylactres.
mais
le
commandement [Ex. 13, 10) c'est le prcepte Tu dis est-ce le prcepte des phylactres ou non, de prcepte compris dans tout commandement? Tu diras:
:
:
quel sujet parle-t-il? Toi et tes fils avec1.
Des phylactrestoi
^.
vous porterez
le
pch de votre sacerdoce
plte par crales).2.
Mekhilta, in loc, p. 64. Ici la prescription biblique est comun principe juridique classique (les cinq espces de
Siphr Num., in loc, 116, p. 131. La conjecture est repousse par rappel {talmd lmr) au sens rigoureux du texte. 3. Mekhilta, in loc, p. 43. Nous ne citons que des exemples simples; souvent la discussion est autrement longue et complique, procdant coups de raisonnements subtils nous aurons l'occasion de retrouver des textes de ce type.le;
4.
Mekhilta, in
loc., p. 68.
OCCASIONS DES EXGSES.
25
Ce pch est une chose dont l'examen est commis au ce pch est-il une chose commise au sacerdoce ou dis au tribunal? Comme il dit {ibid. !):. toi et tes fils avec toi vous rem{Num.18, 1).
sacerdoce.
Tu
:
plirez votre sacerdoce pour tout ce qui concerne l'autel (le tribunal du Sanhdrin avait le contrle du culte), ce pch est une chose
au tribunal. Dis ceci pourquoi est-il enseign en ces termes vous porterez le pch de votre sacerdoce ? Ce pch est une chose commise au sacerdoce. Tu dis : les Isralites ne, portent pas le pch des prtres, mais les lvites portent le pch des prtres. Il est Les lvites feront le travail de enseign en ces termes {ibid. 23) latente de runion et ils. portent leur pch'' .livre: :
Tous ces exemples trahissent la
mme
inclination
:
opposer
une exgse celle que soutient son interlocuteur; dgager tous les sens que peut contenir la lettre dtache de son contexte. Cette
recherche de toutes les combinaisons possibles est exprime par un terme trs frquent ykl (il est possible) terme qui introduit souvent des conjectures plausibles,et tout aussi
souvent des inventions ridicules, tant en matire juridique qu'en matire haggadique. A propos de l'imposition des mains sur la victime de l'holocauste [Lev. 1,Il
4), le
commentateur
se
demande
:
est possible;
tion des
que seul mains l'holocaustede l'autreil
de l'un
et
l'holocauste volontaire comporte l'imposiobligatoire d'o ? On peut raisonner ainsi est dit qu'on l'introduit (hab'); de que:
mme
l'un comporte l'imposition des mains de mme aussi l'autre. Aprs une controverse sur l'offrande obligatoire qui admet une substitution, on cite le texte l'holocauste , soit l'holocauste volontaire, soit l'holo-
causte obligatoire 2.
une suggestion vraiment purile, qui ne s'explique par un prurit incoercible de risquer des suppositions que Tu disposeras (les pains de proposition) en deux piles (Lv. 24, 6).Voici:
Onil
pourrait les disposer huit et quatre.
.
Il
est enseign
en ces termes
:
six et six
Si la pile est de six on pourrait (imaginer) six, six et six ; est enseign en ces termes ; douze . Si c'est douze on pourraitil
(imaginer) quatre, quatre et quatre;1.
est
enseign en ces termes
destin avoir
Siphr Num. in loc, 116, p. 131. Rapprochons un terme un grand succs dans la littrature talmudique et usit Penses-tu dj quelque peu au temps des Tannas [sbr) que celui qui dit cela a dit aussi le reste ? A propos des derniers mots de:
Num.2.
11, 6 Siphr, in loc, 88, p. 87. Siphra, in loc, 5 d.:
26
EXGSE nABBINIQUE..
deux piles et six par pile Tant que ces trois textes scripturaires n'ont pas t prononcs, nous n'avons pas entendu (le sens de la loi) ^
Le
mme terme peut introduire des: :
conjectures et prcisions
ouvre le commentaire historiques Sipkra, sur ce sujet l'appel de Dieu devance-t-il toujours sa parole ? une autre controverse s'enchaneainsi la discussion, qui:
11 est possible que l'appel n'ait prcd que pour cet entretien; pour les autres entretiens de la Tora, d'o? Il est enseign en ces termes de la tente de runion toutes les fois qu'il parle de la tente de runion l'appel prcde l'entretien. Il est possible que l'appel:
n'aitles>. Paroles la pluie de printemps en nisan et de R. Mer. Et les sages disent la pluie d'automne en kisleu. R. Mer leur dit puisque les arbrespluie), pluie: :
mettent douze mois donner leurs fruits et les moissons six mois, que trouvons-nous dans les arbres? Suivant qu'il est dit leur sujet12) : Chaque mois ils produiront des fruits nouveaux Pareillement les moissons viendront en quinze jours voici que tu la pluie de printemps et la pluie d'automne sont en apprends que
[Ez. 47,
.
:
nisan ^.Ici le
raisonnement par analogie
est
plus explicite
;
l'ana;
logie est considre entre les choses,elle est
non entre
les
termes
souvent gratuite. Considrations sans porte exg-
tique propre.
G.
RAISONNEMENTS PAR ANALOGIE COMPLTE.
Schwarz compte plus de deux cents raisonnements de cette espce dans la littrature tannate; nous retrouvons ici la forme habituelle du raisonnement par analogie. QuelquesexemplesSi:
un sea de teruma (prlvements sacerdotaux) impure tombe au milieu de cent seas de teruma pure, l'cole de Sammai dit : le tout est interdit; l'cole de Hillel le dclare permis. Les HilllitesV
disaient
aux Sammates
:
puisque
trangers et que l'impure est interdite aux prtres, de l'impure peut tre neutralise, de mme aussi la pure. Les
rpondirent
:
Non!
Si les
teruma pure est interdite aux mme que Sammates comestibles profanes qui sont permis auxla
1. Misna Berakhot 7, 3. La formule caractristique est que trouvons-nous? C'est probablement ce mot qui explique le nom donn par Schwarz cette catgorie der zetistische Analogiescliluss [Zetistich de ttcsv, chercher?). 2. Tos. Taanit, 1, 1, p. 214. Notre traduction rend le raisonnement absurde en sa forme mr dsigne la pluie prcoce, malqs, la pluie tardive au temps de la rcolte; mais suivant le point de vue on peut renverser l'ordre des termes.: :
100
EXGSE RABBINIQUE.
trangers neutralisent ce qui est pur, est-ce que la teruma, dfendue sub gravi et interdite aux trangers pourra neutraliser la teruma impure? Aprs qu'ils se furent mis d'accord, R. Eliezer ordonnad'enlever la partie impure et de la brler; mais les rabbins dclarrent qu'on pouvait la considrer comme disparue en raison de sa petitesse ^.R.
Simon
disaitet
:
il
arrivale
Diskos Yabn
qu'on
une fois qu'on mesura le rservoir du trouva insuffisant R. Tarphon le dclara: :
pur, mais R. Aqiba le dit impur. Aprs
une premire controverse sur la prsomption de puret, nouveau raisonnement. R, Tarphon dit quoi cela est-il semblable? quelqu'un qui offrirait un sacrifice sur l'autelon s'apercevrait qu'il est fils^ d'une rpudie ou d'une femme qui le mariage lviratique, et donc sacrifiant validement. R. Aqiba dit quoi la chose est-elle semblable? quelqu'un qui offre un sacrifice l'autel et on s'aperoit qu'il a une tare corporelleet
on a refus
:
et qu'ainsi sa liturgie est invalide.
On
se:
demande
alors laquelle des
deux comparaisons est juste. R. Aqiba dit pour le bain les conditions d'invalidit sont en lui-mme tout comme dans un prtre ayant une tare elles sont dans son corps et on ne peut opposer le fils de la divorce ou de la refuse dont les causes d'invalidit viennent d'autres que d'eux-mmes pour le bain et le prtre ayant une tare les causes d'invalidit sont du domaine du particulier, et on ne peut opposer le fils de la refuse son invalidit vient du tribunal qui a fix le prix du rachat et qui l'a dclar impur. R. Tarphon, lui dit Aqiba,;
:
quiconque se spare de
toi se
spare de la vie 2.
Nous avons dans ces deux cas, et nous les dcouvrirons dans les deux autres cas, des raisonnements par analogie analogies non verbales mais relles; analogies galement qui ne sont pas videntes et qui peuvent tre repousses par une autre argumentation. Ici, comme dans toutes les analogies, l'argumentateur s'efforce de montrer que l'analogie entre les deux espces est aussi complte que possible et que les dissemblances ne sont pas exclusives de l'assimi:
lation.
trs
Rptons encore que ces rapprochements contribuent peu clairer le sens des textes et ne sont donc pas
proprement exgtiques.III.
GNRALISATION d'uN CAS PARTICULIER OU d'uNE LOI.
C'est encoreet
juridique1.2.
:
un procd de dialectique, la fois populaire tendre ce qui a t dit d'un seul cas aux cas5, 4.1,
Misna Terumot,Tos. Miqwa'ot,
17-19, p. 653, sq.
GNRALISATIONS.
101
le ressort de rargumentation est toujours l'anaCes gnralisations sont proposes soit par le procd logie.
analogues
:
du binyan^
b, soit simplement.(Hillel,
1
Binyan bA.
3
et 4;
Ismal, 3; Eliezer,
8).
BINYAN AB d'aPRS UNE SEULE CRITURE'.
dfinir plus clairement ce binyan b, donnons-en deux exemples, l'un halakhique, l'autre haggadique:
En vue de
S'il
se trouveil
{Deut. 17, 2)
:
ceci concerne les tmoins, d'aprs le:
sur la parole de deux ou de trois tmoins la chose sera tablie {19, 15). Voil le binyan b pour tout endroit o il est dit il se trouve [immse) l'criture parle alors de deux et de trois tmoins 2. Tu as miontr ta grandeur (Deut. 3, 24) voici un binyan b pour toute ta grandeur qui se trouve dans la Tora^.
principe, car
est dit ici {ihid. 6)
:
:
Ces deux exemples permettent de dfinir le binyan b : d'un texte explicite on dduit comment on doit entendre,soit un mot pareil, soit une espce juridique semblable. Nous pouvons galement dterminer le sens donner l'expression hbraque. Xous prenons b au sens qii'il a souvent dans les passages juridiques H dsigne un principe: :
les
abat des travaux serviles sont ceux qui ont t pratiqus la construction de l'arche; dans un sens un peu diffrent
on parle des impurets [abat) primaires qui engendrent des impurets secondaires; b garderait un peu son sensdoaa dans sa liste le binyan b d'aprs une seule binyan b d'aprs deux critures certains, suivant d'ailleurs des manuscrits anciens, proposent de lire simplement ; deux critures et de voir l la rgle de conciliation de deux critures1.
Hillel
:
criture et le
;
opposes
:
ainsi Schwarz, die hermeneutische Antinomie, p. 22, sq.:
ScHWARz traite du binyan d'aprs une seule criture et des gnradie hermeneutische Induktion in der talmulisations dans son livre dischen Literaur, ein Beitrag zur Geschichte der Logik, Wien undLeipzig, 1909.
Siphr Deut. 17, 2, g 148, 104 a. videmment le se trouve il s'agit concerne seulement les cas de faute tels que Deut. fautes o l'on ne peut punir que sur le tmoi18, 10; 22, 22; 24, 7 gnage de deux et trois tmoins. 3. Siphr Deut. 3, 24, 27, 71 a. Dans tous les textes qui mentionnent la grandeur de Dieu, on doit entendre comme ici : ta main puissante, qui est Dieu en dehors de toi... ?2.
dont
:
102
EXGSE BABBIKIQUE.
original de pre, ii constituerait des familles [byt b)\ construire une famille consiste dgager le cas-type qui donne leur forme tous les autres. Le cas-type n'est pas celuiqui, en soi, est le mieux dtermin, mais seulement celui dont l'criture dfinit clairement et exactement la nature'.
Quel est le mcanisme de cet argument? Il nous semble que c'est une de ces analogies lmentaires si frquentes dans les raisonnements populaires d'un cas bien dfini on:
passe aux autres cas plus ou moins indtermins;est rig
un
cas-type
en principe^.dlicate de l'induction:
La dialectique assez
nous parait
totalement absente d'exemples tels que celui-ci
Si quelqu'un s'est rendu coupable, il confessera son pch [Num. o, 6, 7). Pourquoi est-ce dit"? Comme il dit {Lv. 5, 5) Celui qui a pch confessera sa faute , je pourrais entendre uniquement les pchs qui impliquent l'obligation de la confession d'o prouver les sacrifices 'sm? De ce qu'il est enseign en ces termes si pour quelqu'un s'est rendu coupable, il confessera . R. Nathan disait:
;
:
voil qui construit
un b
(principe)
pour tous
les
mourants, pour
prouver
qu'ils sont
tenus faire une confession^.
Peut-on dire que ce mode d'argumentation est plus logique qu'exgtique? Sa logique apparat parfois quelque peu arbitraire; dans l'exemple prcdent on essaie de donner une base scripturaire l'usage recommand de la confession desmourants. Le ct exgtique serait plus nettement accus si les mots qui servent dterminer le binyan b taient, comme dans le muphn^ des mots superflus dans la phrase; nous avons tudi attentivement plusieurs de ces raisonnements,
nous en avons dcouvert trs peu comportant des mots superflus, inutiles au contexte. Quoi qu'il en soit, le binyan baide
mieux comprendre certains passages
et il
a de ce
chef une porte exgtique.p. 170-174 entend h au sens d'espce et binyan ainsi l'opration serait une au sens de genre non une arguinduction consistant passer de l'espce au genre mentation gnalogique, mais une opration strictement logique . 2. Le caractre de principe est marqu par cette qualification du binyan b dans la liste d'Elizer c'est un principe [yesd, fonde1. ScHWARz, (synonyme de
op.
cit.
byt)
:
:
:
ment) qui instruit sur ce qui suit . 3. Siphr Num. in loc, 2, p. 6.
GNi;RALISATIONS.
103
B.
BINYAN AB d'aPRS DEUX CRITURES.b, intressante parce
Forme plus complique du binyan
montre quelles conditions doit rpondre une anaqu'elle logie pouT' pouvoir fonder un raisonnement exgtique ou juridique. Donnons d'abord un exemple:
S'il fait tomber une dent son serviteur {x. 21, 27). J'entends une dent de lait aussi ; il est enseign en ces termes ou un oeil de mme que l'il n peut repousser, d mme la dent stipule ne peut rpousser. Je ne vois que la dent et l'il, l'extrmit des autres membres d'o? Voici que tu dis en raisonnant (jugeant) un binyan b d'aprs les deux la condition de la dent et celle de l'il sont diffrentes; le ct gal entre les deux c'est que la mutilation de l'un et de l'autre cause une tare irrparable et la mutilation de l'extrmit de membres qui ne peuvent repousser, faite avec intention et ouver de mme la mutitement, procure l'affranchissement de la victime lation de membres qui ne peuvent repousser procure l'affranchissement de la victime ^:
:
:
Le procd consiste dgager ce qui est essentiel en deux espces juridiques analogues, qui, par ailleurs, prsentent des diffrences essentielles, et tendfe la loi dterminepar ce pointl'exgse:
communaucuncas
une autre, oun'est
,
d'autres espces,
possdant ce pointici
commun. Ce
texte n'est clair
pas proprement de par cette dductioiconstruit
juridique. Citons un
un peu plus compliqu, mais:
suivant le
mme schma
Il y a quatre le buf, la citerne, principes (abt) de dommages l'animal qui broute (les pturages d'autrui), l'incendie. Ces espces diffrent entre elles : les unes ont l'esprit de vie en elles, le feu ne l'a:
pas; certaines
ne se dplacent pas comme
le
buf pour causer un
dommage. Let
ct gal entre ces quatre catgories c'est que toutes les quatre causent un dommage, que tu es oblig veiller cet endroit,
que,
si elles
causent un dommage,
le
propritaire de la causeles
du
dommage
doit le rparer
au mieux suivant
coutumes du pays 2.
1. Mekhilta in loc, p. 279, sq. Dans la Bible n'est pas prvue la mutilation des autres membres, on la dduit de ces deux mutilations
types.2.
Misna, Baba
qamma
1, 1 (le
premier
article
du code
criminel, de
104
EXGSE RABBINIQUE.2
Autres formes de gnralisation.
Nous trouvons d'autres raisonnements de gnralisation, dont certains sont identiques au procd du binyan b, avec cette seule diffrence qu'il n'est pas parl de binyan b.Quelques exemples, en Hag-gada:
Isralites camprent l {Ex. 19, 2) ; en tout endroit o il dit : partirent et ils camprent , leur dpart se fait avec des querelles et leur campement avec des querelles, mais ici ils n'avaient qu'un
Les
ils
les Isralites il est dit camprent l en face de montagne .... En face de la montagne , du ct oriental de la montagne tout endroit o tu trouves en face , leur face est vers
cur, c'est pourquoila:
:
l'Orient 1.
Voici
une gnralisation juridique plus
justifie.
L'aigle [Lev. 11, 14) : de que l'aigle a pour particularit de n'avoir pas de doigt supplmentaire, ni de jabot, ni un gsier qu'on puisse peler, mais de lacrer avec ses pieds ce qu'il mange :est
mme
impur
tout ce qui est pareil
^.
Gnralisation juridique par analogie
:
ordonne de recueillir et de rendre entre autres le manteau Le manteau est compris aussi parmi ces choses. Pourquoi cette mention spciale? Pour servir une assimilation; en te disant de mme que le manteau a pour particularit d'avoir dsloi
La
[JDeut. 22, 4).
:
marques
et d'tre
rclam, ainsi doit-on publier (pour les faire retrou-
ver) tout ce qui a des
marques
et
qu'on rclame 3.
Gnralisation juridique en raison de la prcision apporte
explicitement par la Tora
:
Vous prendrez un bouquet d'hysope {E. 12, 22). De l tu apprends comment se pratique toute action de prendre, stipule dans la Tora puisqu'il est parl en gnral d'actions de prendre et que:
l'criture prcise
pour l'une
d'elles qu'elle
ne
se fait
que par un bou-
la section neziqin sur les dommages). Ces quatre types de dommages sont prvus|dans Ex. 21, 28-22, 5; de l on dduit toutes les lois essentielles des dommages. 1. Mekhilta Ex. in loc, p. 206. Est-il besoin de faire observer com-
bien gratuite est la conclusion?
Babli Hullin, 61 a. Nous retrouvons une expression courante kys,fi tout ce qui lui est pareil. 3. Misna, Baba mesia\ 2, 5.2.
:
GNRALISATIONS.quet,
105
dans
la
de mme je prcise pour toutes les actions de prendre qui sont Tora qu'elles ne se font que sous forme de bouquets ^:
Gnralisation juridiqpie par extension d'un cas historiqueroi:
ne peut pouser une veuve. R. Juda dit il peut pouser la Le veuve d'un roi, car nous trouvons cela chez David, qui pousa la veuve de Saul suivant qu'il est dit (2 Sam. \2, 8) Je te donnerai la maison de ton matre et je mettrai ses femmes dans ton sein^ .:
Faut-U encorevaleur
noter
que
des plus juridique dductions d'un texte donn, elles n'aident pas le mieux
ces gnralisations ont tirent qu'exgtique? elles
une
comprendre.
Cependant
les
commentateurs anciens voient l une indica:
tion exgtique
ces prcisions bibliques d'o l'on tire des gnralisations montrent que la Tora parle de ce qui se fait d'ordinaire.
champs
Vous ne mangerez point la chair dchire qui se trouve dans les [Ex. 22, 30). Je ne trouve que celle qui est dans les champs, celle qui est dans les maisons, d'o? Il est enseign en ces termes bte [Lo. 17, 15) gorge non rituellement et bte dchire il assimile l'une l'autre. Pour la bte gorge non rituellement il ne distingue pas entre la maison et les champs, de mme pour la bte dchire il ne distingue pas entre la maison et les champs. Mais alors: ;
pourquoi enseigne-t-il
:
la
chair
dchire qui
se trouve dans les
champsest
=
? l'criture parle suivant ce qui arrive ordinairement (ce qui Adio). Mmes remarques sur Deut. 22, 27 23, 11 ; 20, 6, introduites;
par kys h^.1. Mekhilta Ex. in loc, p. 37. La gnralisation n'est-elle pas excessive? Certainement les prises sont limites, bien qu'il n'en soit rien dit aux vgtaux.
Nous trouvons ici un procd analogue, sinon identique, un procd que nous tudierons plus loin : gnral et singulier, mention sans prcision {stm) et mention prcise, particulire (pert). 2. Misna Sanhdrin 2, 2. Schwarz, op. cit. p. 162-170, cite treize exemples pareils pris dans la Misna et la Tosephta, tant pour la halakha que pour la haggada formes lmentaires du binyan b, qui attestent la fois l'ingniosit exgtique des rabbins et leur respect pour la Bible, dont tous les textes font loi. 3. Mekhilta in loc. p. 320, sq. Cette proprit attribue l'criture rappelle celle que dfinit Ismal et que nous avons dj rapporte l'criture parle suivant la coutume, suivant les murs humaines, kedrk 'res. Dans la dix-huitime rgle d'Elizer, le premier exemple est ce:
:
106
EXGSE RABBINIQUE.IV.
GNRAL ET PARTICULIER.Hillel est ainsi
La cinquime rgle dekeldl)y ce
formule
:
gnral
et particulier, particulier et
gnral
(Kell phert,:
phert
que nous pouvons entendre en deux sens ou bien les deux conscutions dans l'criture, gnral puis singulier, ou bien, diverses combinaisons singulier puis gnral.
;
possibles entre le gnral et le singulier. Les rgles 4-11 d'Ismal prsentent huit combinaisons possibles entre le
gnral et le singulier.
Avant d'exposer ces rgles il convient de dfinir les mots qu'elles emploient. Keldl (du verbe klal, peine usit en hbreu biblique embrasser, complter) dsigne la totalit,
=
l'ensemble, le gnral, lala
rgle, le principe ^:
des cas particuliers et aussi Son sens se prcise par le perdt^;
somme
dchirer, auquel on l'oppose pert (du verbe jirat le particulier, le singuUer. Aurions-nous arracher) dsigneici
=
l'opposition
classique
du gnral
et
du singulier? En
partie,
mais pas toujours avec la rigueur de nos catgories logiques la valeur vraie du couple nous semble exprime par les verbes correspondants, dont se sert le vocabulaire;
rabbinique parler en gnral, exprimer une ide en forme gnrale ou en forme particulire^. Nous allons passer en revue les huit combinaisons de:
mme
texte
;
la rgle est ainsi
formule
:
d'une chose qui n'est dite;
que suivant une de ses parties et qui a une extension gnrale si c'est ainsi pourquoi est-elle dite seulement en partie? parce que l'Ecriture parle de ce qui arrive d'ordinaire. 1. ScHWARZ tudie le sens du mot, trs ancien et trs usit dans la littrature rabbinique (plus de 100 fois dans la Misna et plus de 130 fois dans la Tosephta), dans son ouvrage die hermeneudsche Quantittsrelation in der talmudischen Literatur, Wien, 1916, p. 163-180 {die sopherische Bezeichnung des Allgemeinen und Besonderen) ; quelquefois il laisse entendre que kelL dsignerait le genre. KeLl au sens de principe dans celte sentence de R. Aqiba voici le plus grand principe de la Tora aimer le prochain comme soi mme :: :
{Sip/ira2.il
Lc
19, 18, 89 b).12, 43:
Le rdacteur remarque au commencement de la parasa Ex.le
gnral (participe prsent :,kll) au commencement et le particulier la fin, et d'autres o il formule le et le gnral la fin {Mekhilta, p. 52). particulier au commencement
y a des sections o il formule
GNRAL ET PARTICULIER.;
107
gnral et particulier prvues dans les rgles d'Ismar sur ces exemples nous verrons quelle valeur logique et exgtique
on peut attribuer
ces rgles hermneutiques.
1
Kell phert, gnral et singulier: il n'y a dans le gnral que ce qui est dans le singulier.('s, 's, deux fois rpt) ne s'approchera sa proche parente pour dcouvrir sa nudit (Lv. 18, 6) tu ne dcouvriras pas la nudit de ton pre ni de ta:
Personne d'entre vous
d'une
femme (7):
gnral;
mre
particulier. Gnral et particulier,le
il
n'y a dans le gnral:
([ue ce
qui est dans
Puisqu'il est permis frre du pre peut pouser la interdite la
particulier. Car on pourrait raisonner ainsi d'pouser la fille du frre de son pre et que lefille
de celai-ci,
si
j'apprends que lui est
femme du
frre de son pre, pareillement le frre de son
pre ne peut pouser la femme de celui-ci. Puisqu'on peut pouser la femme de son beau-fils, le beau-fils peut pouser la femme de son beau-pre, mais si j'apprends que lui est interdite la fille de son beaufils il faut aussi que son beau-fils ne puisse pouser sa fille. Si tu parles ainsi tu dduis par raisonnement des interdits matrimoniaux; c'estPersonne... pourquoi il est dit dans le gnral que ce qui est dans:
c
:
gnral et particulier,
il
n'y a
le particulier 2.il
pas traiter;
le gnral n'est dont on pourrait principe gnral dduire, analytiquement ou par analogie, toutes sortes de conclusions l'extension du gnral est limite par toutes les;
Le cas est assez compliqu
montre que
comme un
Pert indique parfois (dans l'cole d'Aqba) une exception la (Li>. 14, 34), lpre dans la maison de la terre que vous possderez sauf (cela except) une maison construite sur une barque ou dans une exdre sur quatre poutres, avec inclusion de celle qui est btie sur des arbres (pilotis?) ou sur des colonnes Siphra, 73 a).:
Il y aurait lieu parfois de rapprocher stm (indtermin) de kell ; stm et mephrs correspond en certains cas l'opposition entre celle de kell et de pert. 1. Schwarz assure que ces huit rgles sont disposes suivant un ordre logique. Il les divise en deux catgories les trois premires sont des relations quantitatives synechesischen^ qui font rentrer le particulier dans le gnral (de cuvsxstv); les cinq autres sont des relations quantitatives apochoristiques, qui font sortir le particulier du gnral (de:
noy^optsiv^.2.^ Siphra Lv. 18, 6, 86 b. Remarquons la rgle dj mentionne on ne peut fonder sur un raisonnement une prescription lgale. Il est vident que les termes la femme du frre de son pre et autres pareils dsignent la veuve.;
108prcisions
EXGSE RABBINIQUE.particulires qui suivent,elles le
spcifient et
empchent, par consqiient, qu'on ne l'tende tous les cas particuliers ou toutes les applications qu'il pourrait admettre.Voici
un exemple plus
clair
:
(Vous offrirez) une corbeille d'azymes , gnral, de fleur de (N'uni. farine, de gteaux ptris dans l'huile et de galettes azymes Gnral et particulier, il n'y a dans le gnral que 6, 15), particulier. ce qui est dans le particulier. Car on pourrait raisonner ainsi puisque:
le sacrifice
d'action de grces
comprend du pain
un pain, si j'apprends que le grces comporte les quatre espces il faut aussi que le bouc du nazir comporte les quatre espces; mais il est enseign en ces termes une corbeille d'azymes gnral, de farine .... particulier; il n'y a dansnazir on doit joindre:
qu'au bouc du sacrifice d'action deet
le
gnral que ce qui est dans le parti culier"".
mcanisme de la mthode. Ce ne l'est que par une coupure arbiqui est appel gnral traire dans la phrase ce n'est donc, ni une analyse logique de la proposition, ni une opration de logique qui dcouvre ce gnral et il en est ainsi de maint autre keldlj point de dpart pour un raisonnement analogue. Si la corbeille d'azymes est le gnral, son extension est dtermine parNous saisissons bien:
ici le
;
les
mentions particulires qui suivent aussitt.
Il
ne faut donc
pas concevoir l'opposition entre le kell et le pert comme l'opposition entre nos deux catgories logiques du gnral et du particulier. La relation de l'un l'autre n'est pas unerelation logique permettant de conclure du gnral au particulier ou de faire une induction du particulier au gnral:
particulier, ou plus exactement est exclusivement dtermine par les ses points particuliers, termes du texte. De ce chef nous pouvons relever une grande parent entre cette rgle et celles du ribbi et du mVt (inclusion et exclusion) que nous verrons plus loin la seulele:
rapport du gnral au
diffrence est que dans ces dernires l'exclusion et l'inclusion sont dtermines par la teneur du texte sans l'intervention
d'aucun raisonnement.1.
Siphr Num.
6, 15, ^ 34, p. 39.
GNRALE PARTICULIER.Il
109
rapprocher cette raction du j^ert sur le kell de la raction du perf sur le stum (indtermin)
y a
lieu de
:
Quand
desles
hommes
se querellent
{Ex. 21, 18)
:
il
n'est parl:
que
femmes d'o (ls inclure?) R. Ismal dit puisque tous les dommages de la Tora sont prsents d'une manire indtermine et qu'une criture prcise pour l'un d'entre eux que les femmes sont sur le mme pied que les hommes, je puis prciser aussi pour tous les dommages mentionns dans la Tora que les femmes sont sur un homme ou une le mme pied que les hommes. R. Josia dit femme {Num. 5, 6) pourquoi est-ce dit? Pour mettre sur le mme pied (dclarer gaux) les femmes et les hommes en ce qui regarde les dommages mentionns dans la Tora^.d'hommes,:
:
Le mot qui sert prciser est pris dans un texte fort loign et qui n'a pas un rapport direct avec le texte comment; il est pourtant admis que ce mot sufft dterminer GT sens de prescriptions indtermines [stm).3
Pert kell. Particulier et gnral le gnral ajoute au particulier et nous comprenons (dans l particulier) le tout (le contenu du gnral).:
Un exemplela dfinir:
suffira illustrer cette rgle et
permettra de
Si quelqu'un donne garder son prochain un ne, ou un buf ou une brebis {Ex. 22, 9). Je ne trouve que ne, buf et brebis, tous les autres animaux, d'o (les tirer)? Il est enseign en ces termes . Je lis toute sorte de btail et {ibid.) ou toute sorte de btail est-il enseign en ces termes ne, buf ou brebis ? Si les pourquoi derniers mots taient seuls dits, je pourrais entendre : je ne suis pas
tenu tant qu'on ne m'a pas confi tout le btail il est enseign en ces termes ne, buf ou brebis , pour obliger l'gard de chacun. Pourquoi alors est-il enseign toute sorte de btail ? C'est que;
l'criture t'apprend
particulier est
que si un gnral s'ajoute un particulier, chaque comprendre suivant la notion du gnral 2.:
Tout cela est de l'exgse expliquer la raison d'tre de la mention gnrale d'animaux aprs l'indication de quelques animaux particuliers. Si la rgle tait l'inverse de la rgle prcdente on pourrait conclure que tout btail comprend1. MekhiltaEx. 21, 18, p. 269. Pert, en ce sens de prciser, particulariser, est trs frquent dans les commentaires de l'cole d'IsmaBl2. Mekhilta in loc. p. 302, sq.
ilO
EXGSE RABBINIQTJE.
l'entendrait ainsi
uniquement les trois espces mentionnes. Un exgte moderne les trois animaux nomms d'abord le sont:
comme
des exemples particuliers et l'addition tout btail se rapporte tout autre animal qui pourrait tre pareillement confi en dpt. Nous ne voyons pas, devons-nous confesser,: :
le
bien-fond de l'exgse rabbinique on est responsable de chaque animal en particulier n'est-ce pas vident?
3 Kell phert kell. Un singulier entre tu dois conclure d'aprs le singulier.
deux gnraux
:
Voici
un premier exemple simplesoit le corps
:
Quel que,
du
dlit , gnral,
vtementtout objet
gnral que
particulier, soit gnral et particulier; il n'y a ce qui est dans le particulier. Mais comme il dit
buf, ne, brebis ou dans le:
sur
perdu dont on dira ... (Ex. 22, 8), de nouveau gnral. Ou bien est-ce que ce nouveau gnral est comme le premier? tu rponds non, mais gnral, particulier et gnral, tu ne juges (conclus) que:
les biens suivant le particulier de mme que le particulier prcise mobiliers qui n'admettent pas de recours, de mme j'tends (la prescription) uniquement aux biens mobiliers qui n'admettent pas de:
:
recours''.
une prescription lgale relative aux objets perdus, ou confis, rclams par deux plaignants. Est-elle fonde elle-mme exgtiquement? Il semble que la distinction de deux affirmations gnrales soit presque uniquement verbale tout corps de dlit {kl dbr pesa') est li grammaticalement au sujet duquel on dira le second gnral ou tout objet perdu introduit une gnralisation du cas qui, en fait, s'identifie au tout corps deCette exgse veut justifier:;
la dtermination de cette espce gnrale se fait ingnieusement en rduisant au facteur commun les quatredlit:
exemples numrs objets mobiliers. Le procd apparat plus contestable quand:
le
second gn-
1. Mekhilta in loc. p. 300, sq. Recours {'aliarit)^ qu'on peut exercer contre l'acheteur d'un bien immeuble qui ne paye pas, mais non contre l'acheteur de biens meubles. C'est quelque peu l'quivalent de jios hypothques pesant sur une proprit vendue, mais dont l'acte de
vente ne porte pas quittance.
GNRAL ET PARTICULIER.rai,
111
comme
il
arrive souvent, est pris dans:
un
autre texte
que le texte comment
Quant au rachat, tu le rachteras depuis l'ge d'un mois gnral, selon ton estimation contre cinq sicles d'argent {Num. 18, 16), par-
ticulier : soit gnral et particulier, il n'y a dans le gnral que ce qui est dans le particulier. Et tout premier-n des hommes d'entretes fils,
tu le rachteras [Ex. 13, 13); de ce gnral est comme le premier? Tu dis culier et gnral, tu ne juges (ne conclus)
:
nouveau gnral. Est-ce que non mais gnral, parti!
que d'aprs
le particulier
en ces termes
:
de mme que
le particulier
prcise des biens mobiliers
pour lesquels il n'y a pas de recours, de mme le gnral ne comprend que des biens mobiliers pour lesquels il n'y a pas de recours. D'o le
on rachte les premiers-ns des hommes avec toute valeur, sauf avec des esclaves, des documents (lettres de change) et des terrains ^.dicton:
4
Gnral qui a besoin du particulier (d'tre prcise, particularis) et particulier qui a besoin du gnral (d'tre gnralis).
Consacre-moi tout premier-n (Ex. 13, 2). Voici une des treize au moyen desquelles la Tora est interprte du gnral qui a besoin de son particulier et du particulier qui a besoin de son gnral. Consacre- moi tout premier-n, qui ouvre le sein gnral : tout aussi bien les mles que les femelles, suivant le sens. Tout premier-n quirgles:
{Deut. 15, 19), particulier : sont exclues les femelles suivant le sens (masculin). Si je ne lisais que le gnral et non le particulier, je pourrais entendre quiconque nat le premier, soit mle, soit femelle,
nat
:
est le
premier-n (dont
n qui nat , tout mle
et non le gnral je ou non le sein, est premier-n; il est enseign consacre-moi tout premier-n , condition qu'il soit premier-n et qu'il ouvre le sein, pour Tout ce raliser ce qui est dit {Ex. 34, 19) qui ouvre le sein est ::
tout s'agit) mais il est enseign premiernon les femelles. Si je ne lisais que le singulier pourrais entendre tout mle qui nat, qu'il ouvreil:;
et
moi
et tout
premier-n mle de tes troupeaux
2,
Dans
le texte le
mcanisme du raisonnement:
est assez indi-
bien de l'exmais certainement inutile videmment le texte ne gse, prsente pas toutes les prcisions qu'on lui ajoute d'ailleurs,
qu pour n'avoir pas besoin d'y revenir:
c'est
1.
Siphr Num. 18, 16, 118, p. 138, sq. Dans Mekhilta sur Ex. 13,:
13 nous retrouvons le mme raisonnement avec seulement une addition biens mobiliers qui n'admettent pas de recours et dont la subs-^ tance est mammn (bien matriel).2.
Mekhilta in loc,
p. 57.
112
EXGSE RABBINIQUE.n'tait-il
pas connu ou sous-entendu? Remarquons aussi que le particulier est puis dans un texte fort loign c'est de la jurisprudence correcte, est-ce de la bonne
mais tout cela
:
exgse?5 D'un
exception) du gnral pour en sort pour instruire, non , son sujet, mais au sujet du gnral tout entier. (Cf. rgle 25 d'EHzer.)
lment qui sort enseigner quelque chose
(fait
:
il
Ce procd se prsente sous deux formes un peu diifrentes. Tu ne te vtiras pas (d'un tissu mlang de laine et de lin {Deut. 22, 11). Il ne s'agit que de se vtir, d'o l'interdiction de Un vtese couvrir? Il est enseign en ces termes {Lo. 19, 19):
de deux espces ne montera pas sur toi . On pourrait il est interdit de les rouler et lier sur son paule. Il est entendre enseign en ces termes tu ne te vtiras pas tre vtu tait dans le gnral et en est sorti, pourquoi? Pour servir de point de comde mme que le vtement a la particularit de servir au paraison corps, de mme le ne montera pas^ .
ment
fait
:
.
:
Le terme gnrique
est
monter sur
le
corps
,
l'lment
qui sort (fait exception) de ce gnral, mais dans un texte tout diffrent et fort loign, est vtir qui dtermine le,
sens donner dans le cas prsent monter sur le corps
.
dit toutes ces paroles ("^1:. 20, 1). Il est possible n'aient dit qu' la lin (du dcalogue) : nous acceptons. Il est qu'ils moi est dans le gnral enseign en ces termes moi Yahw :
Dieu leur
pour instruire sur le gnral. De mme que moi est une parole qui est pour elle-mme et que l'acceptation est pour elle) mme, chaque parole (du dcalogue) fut dite pour elle-mme et l'acceptation fut prononce pour chacune d'elles 2.et
en
est sorti
Ici,
dans;
le
domaine deil
la
haggada, l'exgse
est
moins
de reconnatre de l'exrigoui'euse cependant gse proprement dite; nous avons seulement la dmonstraest difficiletion,
par un procd qui semble logique, d'une tradition
historique^ accrdite d'ailleurs.Siphr Deut. 22, 11. 232, 117 a. Mekhilta de Simon h, Yohai^ in loc, p. 103. Le commentaire tait ponctu du moi Yahw rappelle que chaque commaadement d'o l'on dduit que chaque commandement du dcalogue tait accept sparment pour lui-mme, non tous en bloc aprs la pi-omulgation.1. 2.:
GNRAL ET PARTICULIER.6"
113
Tout lment, qui tait dans le gnral et qui sort du gnral pour stipuler une condition de mme espce que le gnral, sort pour allger et non pour aggraver. (Rgle 9 d'Ismal).Voici l'exemple propos dans la baraitha d'Ismal:
Une chair laquelle aura sur la peau un ulcre et lorsque cet ulcre sera guri (Lv. 13, 18). Et il est crit (ibid. 24) : Une chair qui aura sur la peau une blessure faite par le feu . Est-ce que l'ulcre et la brlure ne sont pas dans la rgle (le gnral) des plaies?
ils
Sortant de la rgle pour sortent pour allger et
une stipulation en harmonie avec la rglcj non pour aggraver pour allger, savoir :;
on ne dcide pas leur sujet suivant la reviviscence de la chair {ibid. 10) et la sentence ne demande qu'une semaine.
l tout la fois de l'exgse et du droit exgse en ce qu'est ainsi expliqu pourquoi ces cas particuliers de la lgislation sur la lpre reoivent un traitement
Nous avons
:
plus indulgent.1
Tout lment, qui est compris dans le gnral et qui en sort pour une stipulation d'un antre ordre que le gnral, en sort et pour allger et pour aggraver.
Si le buf frappe un esclave ou une servante {Ex. 21, 32). Esclave tait compris dans la rgle gnrale {ibid. 28) qu'il tue un homme ou une femme . Or l'criture les fait sortir de la
rgle gnralel'un
pour
ou
l'autre
l'allger et pour l'aggraver. valait cent mines, il ne donne:
{ftlas);
pour aggraver^.
s'ils
Pour allger si que trente sicles ne valaient qu'un denier, il donne:
trente sicles
La porte de la rgle est fort clairement indique dans cet exemple ici nous avons une exgse, mais nous voudrions une exgse historique et morale, expliquant pourquoi le meurtre d'un esclave par le buf mchant est moins gravement puni que celui d'une personne libre. De ce point de vue;
toutefois est bien vrifie la condition de cette rgle tion prvue droge la loi gnrale,1. Mekhiha Ex. in loc.,i^. 287. L'expression qu'il tue textuellement dans le texte, mais quivalemment.
:
l'excep-
n'est pas
1148" Si
EXGSE RABBINQUE,
un lment qui est dans la rgle gnrale en sort (en pour une stipulation nouvelle, on ne peut pas le ramener la rgle gnrale tant qu'une criture ne l'y a pas ramen expressment.est except)
Exemple donn dansleIl
la liste d'Ismalles
:
Dans une discussion sur immolera l'agneau danspchet l'holocauste,
le lieu
sacrifices notre rgle est invoque. o l'on immole les victimes pour
savoir dans le lieu saint
puisque,
comme
le
sacrifice
pour
le
pch
{halo'),
il
{Lv. est
14,
13),
sacrifice
de rparation... Car il n'est pas dit il est comme un sacrifice de pch de rparation , mais comme le sacrifice de pch est le sacrifice de rparation [halat, 'asem) )>, parce qu'il est fait exception (il sort) pour le sacrifice de rparation pour le lpreux pour unestipulation nouvelle, savoir
quela14)
de rparation sur le pouce de le lobs de l'oreille droite {ibid.
le prtre met du sang du sacrifice main, sur le pouce du pied et sur cause de cela on pourrait croire:
sacrifice n'oblige pas offrir sur l'autel le sang et les portions brler (comme dans les sacrifices de rparation (Lv. 7, 2-5) ; aussi
que ceest-il
ce sacrificele
comme le sacrifice enseign en ces termes pour le pch de rparation est pour le prtre ; par l l'criture ramne clairement sa rgle gnrale en te disant de mme:
:
que de
le sacrifice
pour
le
mme1.
ce sacrifice
offrandes sur l'autel, pch comporte de rparation comporte les ofirandes surles
l'autel
le sacrifice du nazir le prtre prend pour lui l'paule du quand elle est cuite... plus la poitrine balance et la cuisse prleve . [Num. 6, 19, 20). Pourquoi est-ce dit? Comme il dit Car [Lv. 7, 34) j'ai pris (pour les prtres) la poitrine balance
Dans
blier
:
et la cuisse
du
mais prlvement denazir,:
on doit entendre aussi le sacrifice pacifique l'excepte de la rgle gnrale dans le Je ne trouve que le prlvement de l'paule l'paule. le prlvement de la poitrine et de la cuisse, d'o ? Je puis raisonner si le sacrifice pacifique du particulier qui ne comporte ainsi pas le prlvement de Tpaule comporte le prlvement de la poitrine et de la cuisse, n'est-il pas juste que le sacrifice pacifique du nazir, qui comporte le prlvement de l'paule, comporte aussi le prlvement de la cuisse et de la poitrine? Si mon raisonnement vaut, il sera pourquoi est-il enseign en ces termes pour le prtre outreprleve,
l'criture
;
:
la
poitrine balance et la
cuisse prleve ? C'est que toute chose
qui est excepte de la rgle gnrale pour une prescription nouvelle,
1. Zebaliim 49 ab, mais allg par la baraitha d'Ismal de considrations formant remplissage.
GNRAL ET PARTICULIER.
115
ne peut tre ramene la rgle gnrale (restitutio in inlegnim ^ que si une criture la ramne sa rgle gnrale.
Ces deux exemples sont suffisamment clairs pour qui prendla peine de se rfrer aux textes bibliques dans les deux cas nous trouvons une drogation une loi gnrale; la:
drogation serait totale
si
une prescription expresse ne rin-
tgrait ce cas particulier dans la loi gnrale.
*
'^
Ces diverses rgles sur les combinaisons du gnral et du particulier manifestent au mieux les caractres essentiels del'exgse rabbiniquetm'es, analyse frences, prurit de tout expliquer etinutile.
connaissance approfondie des cripntrante de leurs ressemblances et dif:
dmontrer
mme
si c'est
deux rgles d'lizer qui ressemblent aux rgles prcdentes, sans leur tre idenAppendice:
Transcrivons ces
tiques
24. D'une chose qui est dans le gnral et qui en sort elle en sort pour apprendre quelque chose sur elle-mme. Comment? (Jos. 2, 11) Josu envoya... pour voir le pays et Jricho . Jricho n'est-il pas dans le gnral du pays? Il en sort pour apprendre sur lui-mme qu'il est quivalent en fo