BLAIN Stéphane SAMU/SMUR; Urgences. CH Bourg en Bresse AER 2012 Lyon le 16 novembre 2012
BLAIN Stéphane SAMU/SMUR; Urgences. CH Bourg en Bresse
AER 2012 Lyon le 16 novembre 2012
� Introduction � Evaluation de la sédation et du confort du patient � Evaluation de l’état de conscience du patient � Examen pupillaire
Introduc�on � La surveillance neurologique en service de
réanimation présente des spécificités : � Patients intubés/Sédation et analgésie. � Outils disponibles : peu d’ examen objectif et
standardisé, importance de l’examen clinique. � Elle est indispensable, permettant de dépister :
� Des signes d’évolution favorable. � Des signes de complications neurologiques
potentiellement fréquentes pouvant nécessiter une prise en charge en urgence.
Introduc�on � Référentiel de compétence de l’infirmière en
réanimation 2011 (SRLF)(1): l’ infirmière de réanimation doit être capable : � d’assurer une surveillance neurologique adaptée aux
prescriptions médicales et/ou au protocole du service. � de transmettre et de reporter les modifications de l’état
neurologique. � d’utiliser les échelles d’évaluation de la conscience, de
la sédation, de l’agitation et de la douleur en vigueur dans son service.
� d’évaluer le niveau de conscience du patient et d’adapter sa prise en charge.
Introduc�on � EN PRATIQUE : la surveillance neurologique
infirmière se résume à :
� Evaluer la sédation et le confort du patient.
� Rechercher des complications neurologiques.
Evalua�on de la séda�on et du confort du pa�ent � La sédation d’un patient hospitalisé en réanimation
permet : � Une diminution des douleurs liées à l’hospitalisation et à ses
soins. � Une meilleur adaptation à la ventilation mécanique. � Une diminution de l’agitation et de l’anxiété.
� Une sédation mal adaptée peut entrainer : � En cas de sédation insuffisante : agitation, augmentation du
métabolisme, asynchronisme respiratoire… � En cas de sédation excessive : une augmentation de la durée
de ventilation mécanique et d’hospitalisation.
Evalua�on de la séda�on et du confort du pa�ent
� Multiples échelles mais la plus fréquemment utilisée est l’échelle de Ramsay(2).
� Avantages :
� Facile d’utilisation. � Bonne reproductibilité intra et inter-‐examinateur.
� Inconvénients : � 1 seul item. � N’évalue pas la réponse respiratoire, les mouvements, la
tonicité musculaire, les tensions du visage et les constantes hémodynamiques.
Score Réponse
1 Le patient est anxieux, agité
2 Le patient est coopérant, orienté et calme
3 Le patient est capable de répondre aux ordres
4 Le patient est endormi, mais peut répondre nettement à la stimulation de la glabelle ou à un bruit intense
5 Le patient est endormi et répond faiblement aux stimulations verbales
6 Le patient ne répond pas aux stimulations nociceptives
Evalua�on de la séda�on et du confort du pa�ent
� Revue de la littérature regroupe 25 échelles (3,4) : � Seul 3 échelles évaluent l’anxiété au sein de leur
score. � La plupart des échelles utilisent 1 seul item et
aucune ne prend en compte l’expression du patient adulte.
� 3 échelles paraissent donc aussi pertinentes : � « Comfort scale » : pédiatrie (5) � « Sedation-‐Agitation Scale » (6) � « Motor Activity Assessment Scale » (7)
Score Description Définition
+4 combatif Combatif, danger immédiat envers l’équipe
+3 Très agité Tire, arrache tuyaux ou cathéters et/ou agressif envers l’équipe
+2 agité Mouvements fréquents sans but précis et/ou désadaptation au respirateur
+1 Ne tient pas en place Anxieux ou craintif mais mouvements orientés peu fréquents, non vigoureux, non agressifs
0 Eveillé et calme
-‐1 somnolent Pas complètement éveillé mais reste éveillé avec contact visuel à l’appel >10s
-‐2 Diminution légère de la vigilance Reste éveillé brièvement avec contact visuel à l’appel <10s
-‐3 Diminution modérée de la vigilance N’importe quel mouvement à l’appel mais pas de contact visuel
-‐4 Diminution profonde de la vigilance Aucun mouvement a l’appel, n’importe quel mouvement à la stimulation physique
-‐5 Non réveillable Aucun mouvement
Evalua�on de la séda�on et du confort du pa�ent : CONCLUSION
� Plusieurs échelles disponibles mais:
� Utiliser échelle du service. � Protocole d’adaptation en fonction du score.
� Nécessiter de développer des échelles permettant de déterminer l’évolution du confort.
Recherche de complica�ons neurologiques
� Recherche de troubles de conscience.
� Surveillance pupillaire.
Conscience du pa�ent: quel score ?
� Une échelle d’évaluation du coma idéale doit être:
� Reproductible pour le même intervenant et entre
intervenant. � Linéaire c’est à dire donner la même importance à
toute les composantes. � Facile à utiliser. � Capable de prédire le devenir du patient : taux de
mortalité évolution neurologique
Conscience du pa�ent: quel score ?
� Score de Glasgow : historiquement c’est le score utilisé en routine .
� Crée en 1974 par Teasdale et Jennett (8)
initialement pour les traumatisés crâniens puis étendue à tout les patients de soins critiques.
� Basé sur 3 composantes :
� Oculaire � Verbale � Motrice
Score Réponse oculaire
4 Ouverture Spontanée
3 Ouverture à la demande
2 Ouverture à la douleur
1 Pas d’ouverture
Score Réponse verbale
5 Orientée
4 Confuse
3 Inappropriée
2 Incompréhensible
1 Aucune
Score Réponse Motrice
6 Obéit à la demande verbale
5 Orienté à la douleur
4 Evitement non adapté
3 Décortication ( flexion à la douleur)
2 Décérébration ( extension à la douleur)
1 Aucune
Conscience du pa�ent: quel score ?
� Avantages (9,10): � Facile d’utilisation. � Bonne reproductibilité intra individuelle. � Peu dépendant du degré d’expérience.
� Inconvénients (9,10): � Reproductibilité inter individuelle inconstante. � Echelle verbale non utilisable chez les patients intubés. � N’évalue pas les reflexes du tronc cérébral .
Alternative au score de Glasgow ?
Conscience du pa�ent: quel score ?
� FOUR ( Full Outline of UnResponsiveness) score (11-‐14) : une alternative ?
� Décrit par une équipe de neurochirurgie de la Mayo Clinic en
service de neuroréanimation.
� Basé sur 4 composantes : � Oculaire. � Motricité. � Réflexes du tronc cérébral. � Respiration.
Score Réponse oculaire
4 A la demande : ouverture, suivie des yeux ou clignement
3 Ouverture mais sans suivi
2 Ouverture à la voix forte
1 Ouverture à la douleur
0 Aucune
Score Réponse motrice
4 Réalise l’un des 3 signes
3 Localisée à la douleur
2 Décortication ( flexion )
1 Décérébration ( extension)
0 Aucune
Score Réflexe du tronc cérébral
4 Réflexes pupillaires et cornéen présents
3 1 Pupille en mydriase fixe
2 Absence de réflexe pupillaire ou cornéen bilatérale
1 Absence de réflexe pupillaire et cornéen
0 Absence de réflexe pupillaire cornéen et de toux
Score Respiration
4 Non intubé avec respiration régulière
3 Non intubé avec respiration de Cheyne Stokes
2 Non intubé avec respiration irrégulière
1 Intubé avec FR > FR demandée
0 Intubé avec FR = FR demandée ou apnées.
Conscience du pa�ent: quel score ? � Avantages :
� Même caractéristiques statistiques que le score de Glasgow ( variabilité inter et intra examinateur, évaluation pronostique…).
� Prise en compte des réflexes du tronc et de la respiration.
� Inconvénients : � Plus complexe que le score de Glasgow. � Nécessite une courte formation.
Conscience du pa�ent : CONCLUSION
� Score de Glasgow : � Oui car score connu . � Importance du score moteur !!!
� Alternatives : oui mais entrainement nécessaire.
Surveillance pupillaire
� La surveillance pupillaire fait partie intégrante de la surveillance neurologique .
� Elle permet le dépistage de pathologies neurologiques sévères qui peuvent nécessiter une prise en charge en urgence.
� Afin d’assurer une reproductibilité il doit être réalisé à l’aide : � D’une lampe à pupille. � D’une échelle graduée.
Anomalie pupillaire
Lésions cérébrales organiques
Lésions non organiques
AVC
Anoxie cérébrale
Sédation/analgésie
Autres causes médicamenteuses
Causes ophtalmologiques
Etude : Intérêt de la surveillance pupillaire � Méthode :
l Etude monocentrique, prospective, observationnelle, sans modification des pratiques de soins, avec une période de recueil de 6 mois.
l Objectif : déterminer les caractéristiques épidémiologiques des
patients présentant une anomalie pupillaire et les conséquences de la mise en évidence d’une anomalie pupillaire.
l Définitions :
l Aréflexie pupillaire : absence de réactivité pupillaire visible à l’œil nu lors de la stimulation lumineuse
l Anisocorie clinique : différence de diamètre pupillaire entre les deux yeux ≥ 1 mm.
l Anomalie pupillaire : présence d’une aréflexie et/ou d’une anisocorie. l Evènement pupillaire : présence à l’admission en réanimation d’une
anomalie pupillaire ou apparition d’une anomalie pupillaire au cours du séjour.
Etude : Intérêt de la surveillance pupillaire
� Résultats : épidémiologie 302 patients
113 (37%) patients avec anomalie pupillaire
189 (63%) patients sans anomalie pupillaire
133 évènements pupillaires
63 (47%) à l’admission
70 (53%) durant le séjour
11136 examens pupillaires
Etude : Intérêt de l’examen pupillaire � Etiologies :
133 évènements pupillaires
Lésion cérébrale n = 40 (30%)
AVC n = 10 (8%)
Anoxie n = 30 (22%)
Ipratropium n = 8 (6%)
Autre étiologie n = 67 (50%)
Sédation/Analgésie n = 51 (38%)
Anomalie pupillaire connue n = 8 (6%) Etiologie
indéterminée n = 26 (20%)
Etude : Intérêt de l’examen pupillaire � Examens complémentaires et modifications thérapeutiques , parmi
les 113 patients avec anomalies pupillaires :
� Examens complémentaires réalisés chez 43 (38%) patients.
� Modification de la prise en charge thérapeutique (par exemple prise en charge neurochirurgicale) chez 10 (9%) patients.
Intérêt de l’examen pupillaire
� Cas clinique N°1 : � Homme 57 ans hospitalisé en réanimation pour choc
septique d’origine pulmonaire avec SDRA. � Ventilation difficile : nécessité de sédation profonde et
curarisation. � A J3 : anisocorie D>G a l’examen pupillaire
� Adaptation thérapeutique : administration de
plaquettes, prevention des ACSOS, avis neurochirurgien…
Réalisation d’un TDM cérébral : Hémorragie méningée
Intérêt de l’examen pupillaire
� Cas clinique N°2: � Homme 68 ans hospitalisé pour décompensation de
BPCO . � A J4 extubation et réalisation aérosols ventoline +
ipratropium . � Examen pupillaire : mise en évidence anisocorie D>G.
� Effet atropinique latéralisé.
Réalisation d’un TDM cérébral : pas d’anomalie
Intérêt de l’examen pupillaire : CONCLUSION
� Anomalies pupillaires fréquentes : 1/3 des patients � 50% au cours du séjour. � 30% liées à une lésions cérébrale organique donc
potentiellement traitable. � Modification thérapeutique dans 10% des cas .
� MAIS EXAMEN CLINIQUE INCONSTANT : nécessité d’un outil de surveillance plus objectif.
Apport de la vidéopupillométrie � Vidéopupillomètre : outil permettant un examen
pupillaire objectif et standardisé au lit du patient.
� Multiples études ont montrées la qualité des caractéristiques techniques (15-‐21).
Etude : Apport de la vidéopupillométrie � Méthode :
� étude prospective observationnelle, sur une période de 4 mois avec mesures cliniques et vidéopupillométriques du réflexe pupillaire au lit de chaque patient présentant une anomalie pupillaire.
� Objectif : déterminer l’apport du vidéopupillomètre dans le
dépistage des anomalies pupillaires. � Définitions :
� Anisocorie (AN) : différence de DP > 1 mm entre les 2 pupilles. � Aréflexie (AR) : absence de contraction pupillaire, visible à
l’œil nu lors la stimulation lumineuse, variation du DP < 5% au vidéo‑pupillomètre.
� Anomalie pupillaire (AP) AP était définie par une AN et/ou une AR pupillaire.
Apport de la vidéopupillométrie : résultats
225 patients
146 patients sans AP 79 patients avec AP
41 AN 62 AR
31 (76%) confirmées
10 (24%) non
confirmées
37 (60%) confirmées
25 (40%) non
confirmées
CONCLUSION � Surveillance neurologique indispensable car :
� Complications neurologiques fréquentes. � Possible indication de prise en charge en urgence.
� Confort du patient: � Utilisation d’échelles validées au sein du service. � Protocoles d’adaptation en fonction du score.
� Conscience du patient : � score de Glasgow ( importance du score moteur). � mais score de FOUR à évaluer.
� Surveillance pupillaire : � Nécessaire : permet de dépister des anomalies fréquentes et aboutissant à
une modification thérapeutiques chez 10% des patients � Intérêt +++ du vidéopupillomètre : permet d’infirmer fréquemment des
anomalies : diminution du nombre d’examen complémentaire ?
CONCLUSION
� DANS TOUT LES CAS : PREVENIR LE MEDECIN AU MOINDRE DOUTE!!!
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