Ville-Ecole-Intgration Enjeux, n 131, dcembre 2002
LA NOUVELLE MIGRATION PORTUGAISE VERS LEUROPE Ils migrent dun
pays dimmigrationAlbano CORDEIRO (*)
Le Portugal, malgr les signes de dveloppement conomique, est
devenu terre dimmigration tout en restant terre dmigration. Malgr
la dominante des faibles niveaux de qualification dans les deux
flux il sagit en quelque sorte dune migration de substitution , on
voit des migrants plus diplms arrivant des pays de lEst. On voit
aussi se diversifier les destinations de migration (Allemagne,
Suisse) et apparatre un phnomne de temporaires permanents .
Dans le panorama des mouvements migratoires que diffrentes
contres de lEurope ont connus, nous savons que les pays du Nord
industrialis ont reu des millions de travailleurs. Quelques-uns de
ces pays les ont reus pendant plus dun sicle, mais la plupart des
migrants sont venus postrieurement aux annes de la reconstruction
de laprsSeconde Guerre mondiale. Une bonne partie de ces
travailleurs venaient du sud de lEurope. Mais lintgration de ces
pays dans la Communaut europenne puis dans lUnion europenne a
concid avec larrt de ces dplacements et hmorragies de population
quont connus successivement lItalie, lEspagne, la Grce, le Portugal
et lancienne Yougoslavie. Cet arrt est donn comme un effet des
multiples(*) Unit de recherche migrations et socit (URMIS), CNRS,
Paris. Email : [email protected]
106
aides que cette intgration apportait au nouveau pays membre, qui
faisait dmarrer un cycle de dveloppement conomique. Cette
observation ne se vrifie pas dans le cas du Portugal. Pourquoi ?
Certes, lmigration portugaise, qui traditionnellement se dirigeait
vers les Amriques, du Sud et du Nord, ne sest tourne vers lEurope
quau dbut des annes soixante, mais elle a pris alors des
proportions jamais atteintes dans son histoire multi-sculaire.
Aujourdhui, lmigration portugaise est loin des niveaux de la fin
des annes soixante (des dparts suprieurs 100 000 personnes par an)
(1). Les flux actuels sont de lordre dun tiers ou dun quart de ceux
de cette poque-l. Mais ils se dirigent encore aujourdhui, de faon
prvalante, vers lEurope.
Entre-temps, le Portugal est devenu un pays dimmigrationEnviron
une dizaine dannes aprs le dbut de lexode des travailleurs
portugais vers la France, au dbut des annes soixante-dix, des
pnuries de main-duvre se vrifiaient dans les chantiers du BTP de la
rgion de Lisbonne, faisant monter le salaire des maons et des
manuvres de la construction civile. Pour parer cette situation qui
dstabilisait le tissu trs important pour lconomie de cette rgion
des entreprises de la construction civile, le gouvernement
portugais a facilit lembauche de travailleurs capverdiens. Quelques
milliers dabord, puis des dizaines de milliers de Capverdiens
(venant alors dun territoire encore national ) migrent vers le
Portugal entre 1970 et 1974. Donc, le pays tait devenu, cette poque
dj, un pays dmigration et dimmigration (de substitution). Aprs la
priode conomiquement difficile qui va de 1974 aux annes
quatre-vingt, lmigration se poursuit (2), certes, avec toutefois
quelques caractristiques diffrentes de celles des annes soixante
(diversification des destinations, accroissement de lmigration
saisonnire), tandis que limmigration, elle, connat un arrt (3).
Dans la seconde moiti des annes quatre-vingt, lmigration saccrot
nouveau. Le nouveau contexte institutionnel (entre dans la CEE) y
contribue. Limmigration, elle, dmarre progressivement dans les
annes quatre-vingt, mais ce sera dans la suite de lentre du
Portugal dans la CEE quelle va sacclrer et progresser danne en
anne, pour enfin exploser partir de 2000.107
Nous allons dabord donner un aperu quantitatif des deux courants
migratoires dentre et de sortie, partir des annes quatre-vingt,
pour ensuite revenir sur les caractristiques de lmigration
portugaise actuelle.
Quelques donnes sur lmigration portugaise dans la dernire
dcennieDans la priode 1992-1998, 213 373 Portugais ont migr, avec
une moyenne annuelle lgrement suprieure 30 000 (4). Les migrants
temporaires y reprsentaient 62,5 % du total. Les pays europens
(Suisse incluse) ont reu 84,9 % des migrants permanents et 93,7 %
des migrants temporaires. Quant aux destinations europennes des
migrants vocation au sjour long, elles sont : France : 24,7 % des
migrants permanents Suisse : 18,7 % des migrants permanents
Allemagne : 14,7 % des migrants permanents En ce qui concerne les
migrants partis pour des sjours infrieurs un an (saisonniers,
temporaires, travailleurs en dtachement court ), la rpartition est
la suivante : France : 26,6 % Allemagne : 24,6 % Suisse : 20,6 %
Ces trois pays prenaient trois sur cinq migrants portugais
permanents , et prs des 3/4 des migrants temporaires (71,4 %). Dans
ces trois pays, parmi les migrants dont les dparts ont t
comptabiliss au Portugal, les temporaires constituent une nette
majorit : 63,8 % en France, 62,9 % en Suisse et 73,8 % en
Allemagne. En 1999 et 2000, les Portugais ont t respectivement 28,2
milliers et 21,3 milliers migrer (permanents et temporaires, toutes
destinations). Pour cette dernire anne, pour laquelle nous
disposons de donnes plus prcises (5), celles-ci nous font savoir
que ces flux sont trs masculiniss (80 % dhommes), que les migrants
maris sont en minorit (46,9 %) par rapport aux clibataires, divorcs
et veufs, que les migrants de moins de 30 ans reprsentent 43,6 % et
que ceux des classes dge 30-44 ans reprsentent 38,8 % du total (6).
Environ 5 % de ces flux concernaient des partants des rgions
autonomes de Madre et des Aores. On apprend galement que un sur
huit de ces migrants108
tait illettr et sans diplme, et que les dtenteurs de diplmes ou
ayant frquent lenseignement secondaire et/ou suprieur taient dans
une proportion un peu plus forte (14,6 %, soit environ un sur
sept). Les illettrs et ceux qui navaient suivi que lenseignement
primaire (premier cycle) constituaient 44,2 % de ces flux. Ce
portrait indique que le Portugal continue fournir une main-duvre
largement peu instruite, destine des travaux subalternes dans les
services, la construction et les industries manufacturires (7). En
2001, les partants ont t 20 589 (deuxime anne conscutive de
baisse), dont 72 % constitus de migrants temporaires et 28 % de
migrants vocation de sjour long. En tenant compte de la rpartition
entre temporaires et permanents, on vrifie que ce sont les
individus de la classe dge 20-39 ans qui ont une plus grande
propension migrer temporairement. Plus de la moiti des partants
sont clibataires, divorcs et veufs (56,7 %), mais les clibataires
sont relativement plus reprsents dans lmigration permanente (60,5 %
du total), tandis que les clibataires et les maris squilibrent dans
lmigration temporaire. Mais ces donnes ne permettent pas de savoir
combien de maris partent seuls et combien partent avec conjoint,
voire avec des enfants. 30,2 % des partants avaient suivi des tudes
primaires, contre 31,6 % dans lanne prcdente, et 50,6 % avaient le
deuxime et le troisime cycle de lenseignement de base, contre 41,2
% en 2000 ; un lger mieux que la source de donnes interprte comme
une augmentation du niveau dinstruction des migrants (8). Dautre
part, les donnes des recensements franais de 1999 et de 1990
permettent un calcul du nombre de Portugais qui ont fix rsidence en
France entre les deux dates. Ce chiffre est denviron 50 000
(9).
Le solde des entres dimmigrants trangers et de sorties de
nationaux a bascul ces dernires annes en faveur des entresComme
dautres pays europens, nous observons au Portugal une attitude
officielle anti-immigration irrgulire (souverainet nationale
oblige), alors que les autorits et les mdias sont bien au courant
de la persistance des flux darrives de nouveaux migrants. Ces
migrants sont plus ou moins contraints de rester en situation
irrgulire et de plonger dans la clandestinit quand ce nest pas
ladministration elle109
mme qui met des personnes anciennement en rgle dans une
situation dirrgularit. Dans cette situation, les statistiques
annuelles des entres dtrangers dans le territoire ont peu de
rapport avec la ralit. La conservation de rserves de main-duvre
prcarise, par le biais des refus de lgalisation du sjour, apparat
comme une stratgie daide et de soutien de lactivit de certains
secteurs de lconomie dpendants dune main-duvre sans qualification
ou faiblement qualifie, ou encore prfrant cette dpendance une
amlioration des conditions de travail, de la productivit ou des
salaires. Ainsi, un chiffre dentres particulirement lev dans telle
anne, la suite dune opration de rgularisation, nest pas comparable
avec les statistiques de sorties, bien que la saisie statistique de
celles-ci soit, elle aussi, dficiente. Depuis lentre du Portugal
dans la CEE, ses gouvernements ont procd trois oprations de
rgularisation de la situation de migrants indocumentados ( sans
papiers ). La premire date de 1993, la veille de lentre du Portugal
dans lespace Schengen. Alors que quelque 47 500 demandes de
rgularisation avaient t faites, en dfinitive, le nombre de demandes
acceptes fut largement infrieur (16 091) (10). La deuxime opration
(1996), sous un gouvernement socialiste, a men la rgularisation de
plus de 35 000 migrants (11). En janvier 2001, le gouvernement
socialiste, par une loi, cre un nouveau titre de sjour dit
autorisation de permanence (12). Ce titre est dlivr sous simple
prsentation dun contrat de travail vis par linspection gnrale du
travail. Onze mois aprs, la veille de nouvelles lections, le
gouvernement met fin ce systme de rgularisation permanent en faveur
dune mthode de calcul des besoins annuels (quotas). Le nouveau
gouvernement (droite et centre-droit), lu en mars 2002, prsente
ensuite un nouveau projet de loi sur limmigration mettant
dfinitivement un terme au systme de rgularisation permanent : un
visa de travail devra tre obtenu dans les services consulaires du
Portugal ltranger (alors que, dans la plupart des pays do
proviennent les candidats limmigration, les consulats portugais
sont rares ou mme absents). Lanne 2001, pendant laquelle le nouveau
systme de rgularisation a t mis en place, a rvl la prsence au
Portugal de plus de 120 000 travailleurs et travailleuses
trange()r(es), arrivs cette anne-l ou dans les annes prcdentes
(voir tableau page suivante) (13). En tout tat de cause, ce chiffre
record permet daffirmer que, au dbut des annes 2000, limmigration
trangre a supplant lmigration de nationaux. Du fait que lmigration
de nationaux portugais est constitue essentiellement de
travailleurs temporaires, la com110
paraison des chiffres du mouvement migratoire (entres et
sorties) portugais ne peut qutre dordre strictement quantitatif. En
outre, limmigration vers le Portugal est lie une conjoncture
particulire dans le secteur du BTP (construction de stades et
autres structures pour le championnat de football Euro 2004) ; et,
ct entres, celles-ci auront tendance diminuer fortement dans les
annes venir (aprs cette priode exceptionnelle de 1999-2000-2001).
Le niveau dentres reviendra probablement celui des annes
quatre-vingt, mais sy ajoutera la classique immigration familiale
qui suit les priodes de forte immigration de
travailleurs.Immigration par groupes dorigine, 2001
(janvier-novembre) Europe de lEst : Dont : Ukrainiens Moldaves
Roumains Russes Brsiliens : PALOP* : Dont : Capverdiens Angolais
Sous-total : Autres : TOTAL 66 253 (55,1 %) 42 647 (35,5 %) 8 469
(7,0 %) 6 985 (5,8 %) 4 817 (4,0 %) 22 604 (18,8 %) 12 106 (10,1 %)
5 232 4 752 100 957 (4,4 %) (4,0 %)
(84 %) (16 %) 120 244 (100 %)
Statistiques 2001, au 4 dcembre 2001. Source : SEF (Servio dos
Estrangeiros e das Fronteiras). * Acronyme pour : pays africains de
langue officielle portugaise
Quelques aspects de lmigration portugaise actuelleDes tudes
sociologiques rcentes concernant les immigrants au Portugal sont
relativement nombreuses, alors que les mmes tudes sur la nouvelle
migration sont plutt rares (14). Ainsi, il nous est difficile
desquisser des profils, de proposer des typologies et danalyser des
comportements. La composante principale de lmigration portugaise
actuelle est celle constitue par des migrants temporaires. En vue
dordonner et de donner un sens aux quelques donnes statistiques
accessibles, il serait111
ncessaire de distinguer ici au moins trois catgories dmigrants,
diffrenciant des attitudes face lemploi, et face au revenu de
lemploi. Que cette migration soit masculine ou fminine, le trait
distinctif par rapport lmigration vocation de sjour long, et qui
ressort du facteur dure, est la posture de lindividu par rapport
une (sa) famille (nuclaire), soit pour la constituer, soit
principalement dans le cas dune famille dj constitue. Et si
lobjectif pargne ne constitue pas un discriminant, puisquil est, en
rgle gnrale, assum par tous(tes), soit en vue dun paiement de
dettes, soit en vue de la constitution dun pcule (ventuellement
limit lacquisition dun bien jug essentiel ou dun bien status symbol
), il est possible aussi de constater, sur ce plan, quelques
diffrences de comportement parmi ces migrants. Ces trois catgories
sont : 1) le(la) jeune pas encore mari(e) et ne formant pas un
couple mettant en commun, partiellement ou totalement, leurs
revenus salariaux et autres ressources, et dpourvu(e) de projet de
constitution de famille, du moins court terme ; 2) les individus
formant des couples (que le conjoint partage ou pas lmigration),
maris ou non, non accompagns denfants ; 3) des individus en couple,
maris ou non, mais ayant des enfants. Ces catgories correspondent,
normalement mais systmatiquement, des classes dge distinctes et qui
se succdent. Le premier groupe est constitu plutt par des jeunes de
moins de 30 ans. On peut y observer une plus grande propension la
mobilit, enchanant les emplois temporaires (exemple : mois de mars
en Andalousie pour les fraises, cueillette des tomates vers lt en
France, ou emploi touristique sur la Cte dAzur, vendanges en
septembre, montagnes suisses en hiver), avec, ventuellement,
plusieurs retours au village dans lanne entre les emplois . Ce
groupe peut assumer un comportement consumriste de recherche de
status symbol . Dans le deuxime groupe, on peut retrouver ces mmes
comportements, mais ventuellement avec une plus grande proccupation
dpargne, et une mobilit conditionne par la recherche de la proximit
de lautre lment du couple, moins que celui-ci nmigre pas. Pour le
troisime groupe se pose la question du regroupement familial, moins
que la sparation temporaire de la famille soit clairement choisie.
La succession demplois temporaires pourra aboutir une stabilisation
, et ce sera ce moment-l que se posera la question de ce
regroupement ; sans exclure, pour certains emplois,
principalement112
dans lindustrie touristique, des regroupements familiaux
(galement temporaires). Ou alors la famille suit la succession
demplois temporaires de la femme et du mari. Dans cette situation,
la scolarisation des enfants obligera terme une stabilisation, du
moins de la mre. Les dcisions de quelques dizaines de milliers de
travailleurs portugais par an de partir ltranger pour des sjours
relativement courts sont-elles aujourdhui plus faciles prendre
quauparavant eu gard aux avances technologiques en matire de
transport et de communication ? Langoisse de la sparation est
minore, du moment que, par tlphone mobile (15), on est inform de
laccident ou de la maladie de lenfant rest au pays, et, nimporte
quel moment, on se connecte avec les membres de la famille. Par
autoroute ou par avion, on se retrouve en peu de temps auprs des
siens. Mais les retombes de ce progrs se manifestent galement dans
lorganisation mme des dparts, souvent collectifs, qui voient
lintervention dun rabatteur, dun intermdiaire. Celui-ci possde la
fameuse adresse de travail . Bien avant le dbut de la saison , il
contacte les agriculteurs, les directions dhtels et dusines, pour
recenser les besoins tant dhommes, tant de femmes, les professions,
la dure de lengagement contractuel et sinforme des conditions de
logement. Le jour et lheure convenus avec lemployeur ou les
employeurs, le rabbateur se prsente, avec minibus ou autocar, et
rpartit les hommes et les femmes. Pour ces contacts, le tlphone
mobile est un instrument essentiel. Ce nest pas tant la flexibilit
que ce systme apporte lemployeur qui est recherche, mais plutt la
fiabilit de lintermdiaire. Et, pour le travailleur, cette fiabilit
est aussi importante que les conditions de rmunration ou de
travail. Y a-t-il des profiteurs et des escrocs parmi ces
rabatteurs ? Les ides reues tendraient laffirmative, et cest bien
le cas de certains ; mais, aujourdhui, les candidats lmigration ne
sont pas tout fait des paysans sans exprience. Mme si certains
dentre eux sont analphabtes, ils ont plus de connaissances des
conditions du march que par le pass, et sont sur leurs gardes. Si
les nouvelles technologies ont partiellement dsangoiss le migrant
par rapport la souffrance de la sparation, elles ont aussi quelque
peu modifi les comportements vis--vis des emplois que recherche le
migrant temporaire, en particulier en facilitant linformation sur
dautres marchs du travail et en facilitant la mobilit. Bien que
prsente dj dans le pass, la figure du temporaire permanent (qui
pose un problme insoluble la statistique, tout en y chappant)
est113
devenue frquente. Que ce soit avec une profession bien prcise et
en ayant les comptences officielles pour son exercice, ou en
passant dun type dactivit un autre, il y a aujourdhui des hommes
(et des femmes) qui circulent en Europe et y sont souvent
insaisissables administrativement. Cest le barman qui tantt est
Blackpool, tantt Zermatt, en Suisse, tantt sur le port de
Barcelone. Cest le maon qui passe du Luxembourg la Suisse, pour se
retrouver ensuite en Allemagne. Cest la serveuse de bar en Suisse
qui va faire des mnages en Angleterre, avant de devenir vendeuse
Lyon. Des salaris transnationaux autogrant leur propre mobilit.
Limage du travail temporaire a galement volu. Des familles au
Portugal font jouer leurs rseaux avec dautres fragments de la
famille, proche ou plus ou moins lointaine, pour placer la jeune
fille ou le jeune garon, tudiants universitaires, pour quelques
mois, en Suisse, ou en France, ou au Luxembourg. Ainsi, cette fille
tudiante fait des remplacements de concierge Paris tandis que la
titulaire est en vacances dans son village au Portugal.
La sous-traitance internationale et la pratique du dtachement de
travailleurs Le cas des chantiers allemands des annes
quatre-vingt-dixLentre du Portugal dans la CEE (1986) a apport une
nouvelle donne. Bien que les travailleurs portugais naient accd la
libre circulation quen 1992, la libre installation des entreprises
portugaises dans lespace europen fut alors acquise : non seulement
celle de la cration dune entreprise portugaise dans un autre pays
de la CEE, mais aussi celle du libre exercice de son activit dans
cet espace europen. La chute du mur de Berlin et les grands travaux
publics qui sen sont suivis Berlin et dans dautres villes de
lAllemagne ds le dbut des annes quatre-vingt-dix vont offrir une
opportunit aux entreprises portugaises (existantes ou cres ad hoc)
de se procurer des chantiers hors du Portugal et dobtenir des
profits considrables. Dune part, le nouveau contexte juridique en
matire de libert dentreprise et de libre circulation des
travailleurs portugais, et, dautre part, la forte demande de
main-duvre du BTP en Allemagne vont crer un appel dair de nouveaux
migrants, dont la plupart seront clandestins, non seulement lgard
de la lgislation du travail, mais parfois aussi 114
lgard de la rglementation concernant les entreprises (certaines
ne sinscrivaient pas en Allemagne, pour exercer leur activit
propre). Les entreprises portugaises prsentes sur les chantiers
allemands amenaient leurs propres ouvriers du Portugal avec des
contrats de droit portugais, cest--dire sous un rgime fiscal et
parafiscal (cotisations sociales) bien diffrent de celui de
lAllemagne, bien que les travaux rgls sous facture fussent aux
normes allemandes ... Carlos Trindade dans linterview cite (note
41) indique, de sources syndicales, le chiffre denviron 40 000
Portugais travaillant dans les chantiers allemands (16) et qui,
souvent, ont t victimes, outre de lexploitation concernant leurs
salaires, dautres avanies (en matire de logement, de non-paiement
de salaires, de disparitions de grant, etc.). Dautres sources
citent le chiffre de 27 000, au moment de plus grande activit, en
1997, avec un possible maximum de 30 000 (17). Cette situation est
lorigine de nombreux contentieux, qui ont t rgls grce non seulement
aux autorits allemandes qui y taient intresses, mais aussi et
surtout grce aux syndicats allemands, en collaboration avec les
syndicats portugais (CGTP). Beaucoup de ces travailleurs se
trouvaient gagner presque la moiti de ce que gagnerait un ouvrier
allemand (10-12 marks, contre 1820 marks pour un ouvrier allemand).
La lgislation allemande ne statue pas sur le salaire minimum, et il
a fallu de longues ngociations entre syndicats et patronat
allemands pour enfin arriver un accord sur un salaire minimum
applicable tous les travailleurs du BTP, indpendamment de la
nationalit de lentreprise et de ses ouvriers. Aprs que la presse a
alert lopinion publique (ds le dbut du phnomne) et que les
syndicats portugais et allemands se sont mobiliss, ainsi que le
secrtariat dtat aux communauts portugaises, les cas des
entrepreneurs peu scrupuleux (dont des curieux , disait un
responsable portugais de lmigration) (18) ont beaucoup diminu.
Certains ntaient que des socits pratiquant la sous-traitance en
matire de main-duvre. Pour se prvenir des amendes et autres
sanctions, les entrepreneurs portugais sassociaient avec des
entrepreneurs allemands (et vice-versa) pour crer ce type
dentreprises (19). Ce nest que le 26 fvrier 1996 que le Parlement
fdral a enfin adopt une loi sur les conditions obligatoires du
travail dans la prestation de services outre-frontires , dite loi
du dtachement , qui fait appliquer les minima salariaux de la
branche (ici le BTP), relevant de contrats collectifs ngocis entre
syndicats patronaux et travailleurs (20). En 1997, aprs cette
lgislation, la police fdrale a ins115
pect un total de 55 entreprises. Le ministre public allemand a
mis, alors, 20 mandats de capture contre des grants dentreprise,
dont certains portugais. 1 500 ouvriers portugais furent reprs
comme engags illgalement, dans 47 entreprises (21). La pratique de
lenvoi de travailleurs portugais en dtachement ltranger na pas
concern que lAllemagne. Sur le site de la construction des nouveaux
btiments de la CEE Bruxelles, vers 1994, environ 400 Portugais
travaillaient pour une entreprise, effectuant plus dheures que les
autres travailleurs et dans des conditions prcaires de scurit (22).
Les entreprises portugaises du BTP offrant de la main-duvre aux
prix portugais ont aussi investi le march franais. Ds 1990, lOMI
(Office des migrations internationales) a dpos plainte auprs de la
Cour de justice des Communauts europennes contre lentreprise
Rush-Portuguesa. Selon la presse, la cour a estim que
Rush-Portuguesa tait libre dappliquer le statut quelle souhaitait
ses salaris envoys en France (23). Aprs la dcouverte de
travailleurs portugais en sous-traitance de main-duvre avec des
contrats portugais dans le chantier du TGV Paris-Lille et sur le
chantier dEuro Disneyland, en juillet 1994 tait annonce la sortie
dun dcret obligeant les entreprises trangres appliquer le droit de
travail franais (24). La pratique du dtachement international de
travailleurs et celle de la sous-traitance internationale de
main-duvre se poursuivent toujours en France, daprs un rapport
rcent de la DILTI (25). Les travailleurs concerns seraient, selon
une estimation large, entre 18 000 et 30 000, restant en moyenne
trois mois et demi en France. Ces situations touchent de plus en
plus les travailleurs des pays de lEurope de lEst, vers lesquels
sopre une substitution de main-duvre de sous-traitance
internationale, du moins en Allemagne et en France. Aujourdhui, ces
pratiques ne se droulent pas toujours dans lillgalit. Carlos
Trindade nous disait : Le travailleur qui est la recherche dune
reprise dactivit suite la perte de son emploi va offrir ses
services une entreprise qui ira le placer en Angleterre ou en
Irlande, dans le btiment ou dans une industrie alimentaire. Quand
il fait cette dmarche, il sait dj que cette entreprise envoie des
travailleurs ltranger. Dans ce cas, le travailleur cherche, avant
le dpart, fixer les conditions contractuelles, de rmunration et
autres. Les plus jeunes auront plus tendance se lancer dans
laventure, soit par manque dexprience, soit pour dautres motifs.
116
Aujourdhui, les secteurs touchs sont plus diversifis. Cest le
cas de la demande en provenance des industries de viande de
lAngleterre et de lIrlande. Les contrats sont gnralement de six
mois, et les travailleurs sont durant ce temps-l sous le rgime du
dtachement. Ils y sont logs par lentreprise locale, et retournent
ensuite au Portugal... ou passent dans une autre entreprise ou
ferme agricole, deviennent serveurs de restaurant. Ces cas, dans
lindustrie alimentaire, ont t lorigine dun protocole de coopration
entre les syndicats anglais et la CGTP, pour faire face aux abus
dans les modalits de recrutement et dans les conditions de travail
et hors-travail. La situation des travailleurs portugais en
Angleterre est mal connue, mais leur nombre aurait tripl ces dix
dernires annes. Outre les travailleurs en dtachement, il y a, en
Angleterre, une immigration portugaise ancienne et une immigration
plus rcente. Le profil de celle-ci est donn par Catarina Oliveira
dans Lusitano (6 octobre 2001) : Un jeune de 20-30 ans, tudiant
qualifi ou artiste, profession librale, de la banque ou de la
finance, frachement mari ou dj avec des enfants, bien intgr dans la
communaut locale, et avec des aspirations au sein de celle-ci,
citoyen reconnu, travailleur, sans antcdents, respect, un vrai
gentleman. Il sagit bien dun profil atypique dans le contexte de
lmigration portugaise. Une tude en cours sur le Little Portugal de
Lambeth (quartier Stockwell), prs de Londres, donnera dautres
lments sur cette immigration (26). La pratique du dtachement de
travailleurs portugais toucherait aussi actuellement la Hollande,
concernant quelque 4 000 travailleurs dans le BTP, les industries
mtallo-mcaniques et lagriculture (culture en serre). Les rabatteurs
et les entreprises qui sous-traitent internationalement
utiliseraient mme des cassettes vidos pour prsenter les locaux de
travail avant le dpart. Mais, dans dautres cas (estims quelques
centaines), les salaires et les conditions de logement ne
correspondent pas aux promesses et aux attentes (27).
Lmigration portugaise en SuisseCette migration dmarre dans les
annes quatre-vingt et prend vite des proportions considrables. La
Suisse est devenue, depuis ces annes-l, une destination majeure de
lmigration portugaise. Le patronat suisse a procd, avec les
Portugais, une substitution des tra117
vailleurs italiens et espagnols qui nassuraient plus leur relve,
spcialement en ce qui concerne les saisonniers. En 1981, 18 800
travailleurs portugais avec le statut de saisonniers et 9 300 avec
le statut de permanents taient recenss en Suisse. En 1991, 39 400
saisonniers et 63 000 permanents furent enregistrs ( cela il
faudrait ajouter un nombre indtermin de travailleurs sans documents
de sjour) (28). Aprs une progression dcennale denviron 13 400
entres par an (autorisations annuelles et permanentes) entre 1983
et 1992, la crise conomique helvtique provoque une baisse relative
des entres (9 300 par an, dans les cinq annes suivantes) (29).
Dautre part, les entres de travailleurs portugais statut de
saisonniers passent de 23 700 de moyenne annuelle dans la priode
1980-1983 40 700 dans la priode 1984-1990, et baissent par la suite
(30). La rptition des sjours de saisonnier aboutit souvent au
statut d annuel ou de permanent , mais la population portugaise
cesse de crotre, atteignant aujourdhui plus de 146 000 individus
(saisonniers exclus), dpassant la population espagnole et devenant
la troisime communaut trangre de Suisse, derrire les ressortissants
de lex-Yougoslavie (toutes nationalits confondues) et les Italiens
(31). Comme de bien entendu, les emplois occups par les Portugais
en Suisse se trouvent majoritairement dans le BTP, puis dans
lindustrie htelire, dans les infrastructures touristiques et dans
lagriculture. Un nombre variable de travailleurs portugais est
employ dans lindustrie htelire. Ce chiffre est actuellement de
lordre de 24 000. Les conditions de travail les plus dgrades sont
celles des saisonniers de lagriculture, o travaillent quelque 10
000 Portugais. Limmigration portugaise en Suisse prsente des
groupes dge relativement jeunes par rapport limmigration portugaise
en France, au Luxembourg ou en Allemagne. Cela signifie aussi des
proportions relativement importantes denfants en bas ge et
dadolescents, issus de familles que se sont constitues et installes
depuis une dizaine dannes ou moins, mais, par contre, peu de
descendants de Portugais tant entrs dans la vie active, comme dans
les autres pays cits. Du fait quil sagit, en Suisse, dune
population moins ge que celle que lon trouve en France ou en
Allemagne, le mouvement associatif y reste relativement dynamique.
De mme, lengagement syndical semble plus dvelopp et plus prcoce que
ce que lon a pu observer lors des vagues dmigration portugaise vers
la France, lAllemagne et le Luxembourg. 20 000 travailleurs
portugais du BTP sont inscrits dans le syndicat suisse de la
construction (32).118
Le 1er juin dernier est entr en vigueur laccord entre la Suisse
et la Communaut europenne sur la libre circulation des personnes,
qui apporte, pour les ressortissants de pays de lUE, un
assouplissement notable des contraintes qui pesaient sur les
trangers saisonniers et les candidats aux sjours longs (33). Le
statut de saisonnier ne sapplique plus ces ressortissants, les
garanties juridiques et de scurit sociale sont amliores et laccs au
statut de rsident annuel et de rsident permanent est plus ais.Dans
son film documentaire Gens des baraques (1996), qui montre la vie
de familles portugaises dans un bidonville de Saint-Denis, dans les
annes soixante, Robert Bozzi filme un nouveau-n dune mre
portugaise. Il le recherchera vingt ans plus tard, et le retrouvera
en Suisse, immigr. Bozzi le prend en train de filmer lendroit o il
vit et lappartement quil a lou pour sy installer aprs son mariage.
Un appartement coquet bien diffrent de la baraque o il est n. La
cassette vido quil fait est destine sa fiance au Portugal. Deux
poques, deux vcus bien diffrents, mais toujours et encore
lmigration.
Sur les causes de lmigration portugaise actuelleLa question qui
est pose est non seulement celle du pourquoi de la poursuite de
lmigration de nationaux portugais, malgr les quelques indices de
dveloppement du pays dans les quinze dernires annes, mais aussi
celui de la simultanit de deux mouvements dentres et de de sorties.
Cette simultanet nest pas en soi une exception en Europe, puisque,
des degrs divers, tous les pays europens connaissent des flux de
sorties dactifs haute qualification technique ou scientifique et
dtudiants (34). Mais ces pays reoivent, en contrepartie, dautres
travailleurs qualifis, et aussi de forts contingents de main-duvre
sans qualification (soit des migrants rguliers, soit des
irrguliers, permanents ou temporaires). Ces flux dentres en Europe
sont de lordre de 500 000 par an. Le caractre exceptionnel du cas
du Portugal rside dans le fait que, dans les deux mouvements, les
emplois (plus que les qualifications relles des individus) concerns
sont essentiellement nonqualifis ou de faible qualification. Les
tudes concernant les immigrants au Portugal, en particulier sur
ceux arrivs ces dernires annes des pays de lEurope de lEst, font
tat de cas frquents dhommes et de femmes ayant fait des tudes
suprieures dans le pays dorigine (mdecins, ingnieurs, professeurs,
personnels techniques suprieurs, infirmiers) (35). Hormis la
question de la non-connaissance de la langue du
119
pays, ces immigrants sont confronts au problme de la
non-reconnaissance de leurs diplmes (36). Les nouveaux migrants
portugais ne sont pas non plus comparables, en termes dinstruction
et de qualification professionnelle (diversit et niveau), leurs
compatriotes des annes soixante et soixante-dix. Le niveau gnral
dinstruction sest entre-temps lev. Mais le Portugal reste encore
aujourdhui en queue de lEurope en ce qui concerne lalphabtisation
(37). Dautre part, les entreprises portugaises sont aussi celles
qui en Europe dispensent le moins de formation leurs salaris
(quatre cinq fois moins que les entreprises danoises ou sudoises)
(38). La pauvret est en diminution, mais elle touche encore un
nombre trop lev de mnages portugais : autour de 20 % de la
population est concerne (39). Le revenu minimum garanti est peru
par un peu moins de 4 % de la population, ce qui peut tre considr
comme trs lev. Donc, la pauvret et un faible niveau dinstruction
pourraient, dans un premier temps, tre pris pour des indicateurs
dune disponibilit migrer de diffrentes couches sociales. On sait
toutefois que ces indicateurs ne sont pas des facteurs explicatifs
suffisants. Lmigration touche souvent des couches de jeunes qui ne
sont ni les plus pauvres, ni les moins instruits. Ce qui semble
dterminant est la croyance dans les possibilits daccder des revenus
salariaux dgageant une pargne bien suprieure ce quils peuvent
anticiper en restant dans le march du travail portugais, et la
croyance dans une ascension sociale via lacquisition court terme
des status symbols des classes aises. Lmigration suppose un
investissement de dpart dont le financement, dans la premire (ou
les premires) exprience(s), provient des parents ou du cercle
familial ; mais elle ne constitue plus comme autrefois un sacrifice
. Si le projet de devenir propritaire de leur propre maison reste
un objectif pour certains, il ne semble plus tre en soi une
motivation, au profit dune vie un jour plus facile et aise. Le fait
que ces dterminants soient encore aujourdhui agissants, favorisant
la persistance de courants migratoires de sortie du pays, accrdite
la thse que cette situation est due un blocage des structures
sociales et conomiques, comme nous laffirme Carlos Trindade,
responsable la CGTP (40) du secteur des migrations. Nous avanons
comme explication le fait que, au Portugal, les conditions de
travail, de rmunration du travail et les conditions de scurit
sociale nont pas volu au point de justifier, pour des dizaines de
milliers de tra120
vailleurs, labandon de la recherche dun emploi ltranger, o ils
esprent trouver ces conditions absentes dans la socit portugaise,
et ce pour des franges importantes de la classe travailleuse (41).
La coexistence des flux dimmigrants trangers et des flux dmigrants
nationaux se rapporterait donc un phnomne de migration de
substitution. Deux processus se combinent. Ct travailleurs, on
observe que des travailleurs nationaux dlaissent des emplois
portugais sous-pays et dpourvus de protections diverses (entre
autres, de scurit), de conditions de travail dignes dun pays
moderne. Ces comportements provoqueraient des pnuries spcifiques de
main-duvre auxquelles les entreprises feraient face en embauchant
des travailleurs qui, eux, acceptent les conditions offertes au
prix dun abaissement de leurs conditions de vie hors travail, de
faon pouvoir pargner. Ct entreprises, les arrives continues de
travailleurs trangers, par voie lgale ou illgale (celui qui vient
de ltranger, par manque dattaches, se dplace plus facilement vers
lemploi disponible), et leur prcarisation (contrats de courte dure,
licenciements plus faciles dus la fragilit de statut des
travailleurs concerns), provoquent une mobilit spcifique qui donne
une fausse impression dabondance de mainduvre. Les entreprises
peuvent ds lors embaucher sans changer par ailleurs les conditions
dexercice et de rmunration du travail. Cet tat de choses, imputable
des stratgies des entreprises elles-mmes, mne la stigmatisation des
conditions de salaire et des conditions de travail... et des
dizaines de milliers de travailleurs nationaux prfrent ds lors
chercher ltranger la qualit demploi quils ne trouvent pas chez eux.
Au vu de certains indicateurs conomiques et sociaux, cette
situation peut sembler paradoxale. Premirement, du point de vue
conomique, mais global et quantitatif, cest--dire en gommant
diffrents effets de structure et les situations dingalit, il
apparat indniable que lconomie officielle (celle qui est mesure)
portugaise a connu des taux de croissance apprciables dans les
annes quatre-vingt-dix, de lordre de 3-4 %, ce qui a permis un lger
rattrapage en termes de PIB par habitant par rapport aux quinze
pays de lUE. Selon cet indicateur, le Portugal sest hiss aux 3/4 du
niveau europen, contre 55 % en 1986. Mais, selon Victor Constncio,
gouverneur de la Banque du Portugal (in Lusitano, 21 dcembre 2001),
en 1999, avant le dbut de la crise conomique en cours, la
productivit, parit des pouvoirs dachat, restait encore deux tiers
de celle moyenne de lUE, et la plus faible en121
cet espace conomique. En contrepartie, le Portugal est le pays o
lon travaille le plus dheures par mois, o le taux dactivit des
femmes est le plus lev (78 %) et o, par consquent, la population en
ge actif est la plus utilise . Ce sur-effort national stend mme
jusquaux enfants (42). Ce dveloppement (terme impropre, puisque
limpact sur la rduction des ingalits est faible) touchant le
Portugal ne transparat pas suffisamment au niveau des rmunrations
des salaris. Le Portugal reste en queue du peloton europen en ce
qui concerne les revenus mensuels nets des salaris. Le salaire
minimum est situ un niveau gal 38 % de celui de la France (390
euros en 2001), selon Eurostat (43). Selon lOCDE, les revenus nets
mensuels dun mnage avec deux enfants sont 851 euros (moyenne qui
inclut les cas trs frquents de double salaire), soit environ 60 %
de la moyenne des mmes mnages franais (44). Par contre, lconomie
portugaise prsente le cot salarial horaire pour les entreprises le
plus faible de lUE : 8,1 euros, soit moins dun tiers du cot observ
en France (30,9 euros), et presque 1/4 de celui observ en Allemagne
(45). La faible productivit de lconomie portugaise (malgr les taux
de croissance quelle a connus) se base donc sur un contexte
socio-conomique historiquement dpass en Europe, mais conserv au
Portugal. Ce contexte, que les milieux conomiques dirigeants ont
russi prserver, permet de maintenir un niveau trs bas des
rmunrations et den faire un atout dans la comptition conomique en
Europe et dans le monde. Ces entreprises de sous-traitance
internationale, portugaises ou mixtes mais dont le sige est au
Portugal, cres parfois ad hoc, sont en mesure de casser les prix
dans toute lEurope en fournissant des ouvriers 25 % 30 % moins
chers que les ouvriers nationaux des pays o ils sont expdis . Cest
ce propos que Carlos Trindade parle de dumping social . Le taux de
croissance qua connu le Portugal dans les annes quatrevingt-dix est
consensuellement attribu en premier lieu aux fonds structurels et
aux fonds de cohsion de la CEE, qui concernaient, en particulier,
les quatre pays de queue : lEspagne, la Grce, lIrlande et le
Portugal (46). Sans cet apport, le pays naurait pas atteint la
vitesse de croissance conomique tablie. Ces aides diverses de
Bruxelles restent pourtant infrieures non seulement aux
investissements privs trangers, mais galement au montant des moyens
de paiement que gnre lmigration portugaise 122
ltranger, avec ses envois dargent et ses prestations sociales.
Les envois de lmigration reprsentent encore aujourdhui une manne de
lordre de 3 % du PIB (47), dont environ deux tiers en provenance de
la France. Ces fonds de lmigration , grs par les mnages,
soutiennent le niveau de la consommation nationale et, en partie,
la construction civile, mais une bonne partie reste en sommeil dans
les comptabilits bancaires (48). Ils nont pas le mme effet
multiplicateur que les fonds dinvestissement en provenance de
lEurope, grs principalement par ltat et les collectivits locales et
dirigs vers des infrastructures qui bnficient en premier lieu aux
entreprises (autoroutes, grands ouvrages de travaux publics,
tlcommunications), et bien moins vers les besoins en matire de
sant, dducation ou de formation. Carlos Trindade, dans linterview
cite (cf. note 41), critiquait le discours alors courant au
Portugal selon lequel limmigration que connaissait le pays tait le
reflet de la croissance conomique. Il y a cinqsix ans, on pouvait
entendre satit, de la part des milieux patronaux, de personnages
politiques, mdiatiques, et mme parfois du ct universitaire, le
discours qui consiste dire en gnral, de faon a-critique que si le
Portugal est bien devenu une destination de courants de migration
internationale, cela tait d simplement au fait que notre pays
connaissait une croissance conomique comparable celle que les pays
de lEurope occidentale avaient connue aprs la Deuxime Guerre
mondiale, et qui avait produit aussi des courants importants
dimmigration. On disait que cette immigration tait un simple
indicateur dune croissance conomique et que limmigration tait une
rponse aux besoins apparus dans le march du travail du fait de
cette croissance conomique. Nous avons alors dit clairement que
nous ne croyions pas cette interprtation des faits. Lmigration est
couramment associe des forts taux de chmage (49). Or, au Portugal,
pendant toute la dcennie quatre-vingt-dix, le taux de demandeurs
demploi officiellement enregistrs et pris en compte par rapport au
nombre dactifs est rest lun des plus bas de lUE (50). Le
gouvernement et les dirigeants conomiques irlandais ont srement
dmontr un savoir-faire en attirant les fonds de la CEE. Mais,
surtout, ils ont su les utiliser de faon plus productive et crative
que les dirigeants portugais. Lancien ministre portugais socialiste
du Travail et des Affaires sociales, Ferro Rodrigues, a pu dclarer
ce sujet, au journal Le Monde (du 14 mai 2002) : LIrlande a
beaucoup investi les123
fonds structurels dans lenseignement, la formation et la
qualification professionnelle. Au Portugal, il y a eu une priorit
aux infrastructures routires. La proportion dentreprises
irlandaises dispensant de la formation leurs salaris est quatre
fois suprieure celle que lon connat au Portugal (51). Alors que le
cot salarial horaire tait en moyenne, en octobre 2001, pour les
entreprises irlandaises, de 18,9 euros, au Portugal, ce mme cot
horaire tait de moins de la moiti de cette valeur (43 %) (52). Ce
dphasage entre les quelques signes de dveloppement de lconomie
portugaise et un retard certain dans les critres de rpartition de
la richesse produite en termes de salaires peut expliquer, du moins
partiellement, le fait que lon observe au Portugal le plus fort
taux dendettement des mnages en Europe (53). Et peut tre galement
lun des facteurs explicatifs de la recherche demploi ltranger dune
partie des forces de travail nationales. Albano CORDEIRO NOTES(1)
De 1962 1973 sortaient annuellement vers lEurope environ 85 515
Portugais, mais les sorties dpassaient 100 000 vers la fin des
annes soixante et le dbut des annes soixante-dix. En 2001, elles
ont atteint 150 000 (Laranjo Marques, in Janus 2001 anurio de
relaes exteriores, co-dition Pblico et Universit autonome de
Lisbonne, Lisbonne, 2000). (2) Dans cette priode, lmigration
annuelle reste infrieure 30 000 sorties (toutes destinations),
cest--dire un niveau que lon retrouve aujourdhui, mais avec de
nouvelles caractristiques, comme limportance accrue des migrants
temporaires vers lEurope. (3) ENGRCIA LEANDRO (M.), Le mouvement
migratoire au Portugal la fin du XXe sicle , Migrance, n 15, 3e
trimestre 1999, ditions Mmoire-Gnriques, p. 60-81. (4) Donnes
INE-DGACCP (Lisbonne). La moyenne serait de 7 500, plus leve que
dautres calculs (voir supra), mais la priode comprend le dbut de la
libre circulation qui a rendu possible les dparts. Depuis 1988, le
systme denregistrement des sorties de travailleurs du territoire ne
dispose plus du support que constituait le passeport dmigrant
(dcret-loi du 29 novembre 1988). partir de 1993, les services
statistiques se sont servis de lenqute annuelle sur lemploi en y
ajoutant une enqute complmentaire concernant les absents et les
maisons vides , dont les informations servent de base une
estimation des mouvements migratoires de sortie de lanne antrieure.
Autant dire que ces flux de sorties sont insuffisamment couverts,
en particulier les mouvements des saisonniers, et quils sont sans
doute globalement sous-estims. (5) Estatsticas Demogrficas 2000,
INE, Lisbonne, 2002, p. 186/7. (6) Prcisons que les statistiques,
en utilisant le mot emigrantes , ne distinguent pas ceux en ge
actif qui partent pour des raisons demploi, et les autres migrants
(non
124
actifs). Cette question se pose principalement pour le flux
minoritaire des migrants permanents. (7) Pour viter que de ce
portrait ne se dgage le strotype dvaloris du migrant portugais,
signalons que, aujourdhui, bien plus que dans le pass, font partie
de ces flux annuels des professions scientifiques, techniques,
librales (et similaires), ainsi que des commerants et artisans.
Mais, malgr les progrs faits par le Portugal depuis les annes
soixante-dix en matire de scolarisation, les emplois sans
qualification crs annuellement sont encore aujourdhui plus
importants que ceux exigeant une qualification, selon lenqute
Main-duvre de lEurostat, pour la priode 1995-2000. Dans cette
priode, la croissance des premiers a t suprieure celle des emplois
qualifis. En 2000, 3,9 millions dactifs occupaient des emplois non
qualifis, et seulement 0,7 million des emplois qualifis (Expresso,
7/9/02). (8) Destaque , INE (Institut national de statistiques),
Resultados definitivos Emigrao em Portugal 2001 , 16.7.2002. Il
convient de rappeler que ces donnes concernent lmigration saisie
statistiquement, et que nous ne savons pas quelle proportion elle
reprsente dans lmigration relle. (9) Cela signifie, pour la priode
1990-1999, une moyenne de migrants permanents vers la France, sur
neuf ans, suprieure 5 000 par an (calculs sur les recensements de
1990 et 1999, in Portugal Branco, Le vieillissement des Portugais
de France , communication au colloque sur la communaut portugaise,
ralis par lURMIS (CNRS) et le Centre culturel de la fondation
Gulbenkian de Paris, le 17 mai 2002 ( publier). Compte tenu du cas
particulier de 1992 (entre en vigueur de la libre circulation), o
14 000 entres ont t enregistres (principalement, des sorties de la
clandestinit ), la moyenne annuelle serait plutt au-dessous de 4
000 migrants par an. Cette moyenne aura tendance baisser dans la
dcennie en cours, dans la mesure o les facteurs moteurs de
lmigration portugaise vers lEurope tendent se rapprocher des normes
europennes , concernant principalement une main-duvre pointue plutt
qualifie et diplme. Les legs de lancienne migration entretiendront
probablement des courants tirs par les rseaux familiaux et
villageois, mais qui resteront vraisemblablement marginaux. (10)
Chiffres rvls par lACIME (Haut Commissariat pour limmigration et
les minorits ethniques, Lisbonne), citant le rapport 1994 du SEF
(Service des trangers et des frontires). (11) MACHADO (F.-L.),
Aspects et spcificits de limmigration au Portugal , Migrance, n 15,
3e trimestre 1999, ditions Mmoire-Gnriques, Paris, p. 82-93. Aussi
CORDEIRO (A.), Indocumented migrants in Portugal , Fortress Europe
?, n 55, Stockolm, aot 1998, p. 18-19. (12) Malgr le terme
burocratiquement attribu de permanence , le titre en question
navait rien de permanent. Au contraire, il sagissait dun titre pour
un sjour prcaire, non assur, dun an, renouvelable cinq fois,
condition de reprsenter un contrat de travail en cours (le mme, ou
un autre). (13) Le processus de rgularisation a t stopp fin
novembre 2001, mais les immigrants qui avaient dpos des dossiers
avant la date darrt des rgularisations ont pu encore bneficier de
cette mesure. Cest ainsi quil faut en ajouter encore environ 50
000. Le chiffre final de rgularisations atteindra 175 319. (14)
Ltude la plus rcente (1998), de GARCIA (J.-L.) et alii, A Emigrao
Portuguesa uma breve introduo , 99 p. + biblio. + ann.
statistiques, publie par le scretariat dtat aux communauts
portugaises, malgr son intrt, est principalement historique et
renseigne relativement peu sur lmigration actuelle. Sur lmigration
vers la Suisse : LARANJO MARQUES (J.), A Emigrao Portuguesa para a
Suia , matrise de sociologie, universit de Coimbra, 1997.
125
(15) En 1999, un Portugais sur trois possdait dj un tlphone
portable, contre un Espagnol sur sept. Cet outil est plus prsent au
Portugal quen France mme (Libration, 24-25.4.1999). (16) Les
travailleurs et les entreprises portugaises ntaient pas les seuls
sur les chantiers allemands. Selon certaines sources, les ouvriers
trangers dpendant dentreprises du BTP de leurs pays, oprant en
Allemagne la moiti des annes quatre-vingt-dix, pourraient monter
200 000. Parmi ceux-ci, des Britanniques, des Irlandais, et autres
nationalits (Libration, 28.3.96). (17) CAMPOS (A.) et BOTELHO (L.),
O trabalho temporrio e as novas formas de clandestinidade , Janus,
2001-anurio de relaes esteriores, p. 151-154. (18) Le curieux selon
lexpression de Jorge Oliveira, responsable de la Dlgation de Porto
de la Direction gnrale des affaires consulaires et des communauts
portugaises (DGACCP), est celui qui possde un petit camion ou un
mini-bus et dit quatre ou cinq amis : Voulez-vous aller travailler
en Allemagne ? Mais la notion dentrepreneurs peu scrupuleux est
plus large. (19) Libration, 28.3.1996. (20 Lusitano, 25.3.1996.
(21) Lusitano, 21.6.1997. (22) Information fournie par Carlos
Trindade (interview cite). (23) Libration, 18.7.1994. (24)
Libration, 18.7.1994. (25) Dlgation interministrielle de lutte
contre le travail illgal. La DILT ne soccupe pas que des salaris
trangers. Malgr les dispositions rglementaires prises par la
Communaut europenne (directive de 1996) pour exiger des employeurs
sous-traitants internationaux de main-duvre le respect de
conditions minimales, et sa mise en application par la France et
les autres pays membres de lUE, ces situations non acceptables se
poursuivent, bien quelles touchent de plus en plus les travailleurs
des pays de lEurope de lEst vers lesquels sopre une substitution de
main-duvre, du moins en Allemagne et en France. (26) Vida Lusa,
mars 2001. (27) OLIVEIRA (C.), Emigrantes em dificuldades na
Holanda , Lusitano, 2.11.2002. Ces informations sont globalement
confirmes par le consul du Portugal Rotterdam, interview par la mme
journaliste, mais pour qui la situation est due au manque
dinformation de ces travailleurs victimes du dtachement
international. (28) Donnes SOPEMI, OCDE. (29) LARANJO MARQUES
(J.-C.), A emigrao portuguesa para a Europa : desenvolvimentos
recentes , Janus, 2001, op. cit. (30) LARANJO MARQUES (J.-C.)
(1998), op. cit. (31) 156 659 au 1.1.2001. Source : Le Matin
(Genve), cit dans Lusitano, 25.8.2001. Dautres statistiques,
publies par la DGACCP (Lisbonne), portent sur la population
portugaise et dorigine portugaise (celle-ci souvent comptabilise
comme nationale du pays de rsidence). Cette source donne une
population portugaise en Suisse de 156 542 individus en avril 2002.
(32) Dclarations de Manuel Beja, responsable de la main-duvre
portugaise au Syndicat de la construction et de lindustrie de
Suisse (Zurich), dans Lusitano, 4.5.2002. Ce syndicaliste informe
en outre que la participation des travailleurs portugais une
importante manifestation syndicale pour la retraite 60 ans dans le
BTP, Berne, tait de lordre de 60 % (7 000 Portugais pour 12 000
manifestants). (33) Acordo sobre a livre circulao de pessoas
celebrado entre a Comunidade Europeia e a Suia As suas implicaes
para os Portugueses, opuscule dit par lambassade du Portugal Berne,
2002, 44 p. (34) International Mobility of the Highly Skilled,
OCDE, Paris, 348 p., 2002. Ajoutons que les migrations de retraite
des pays du nord de lEurope vers les pays du
126
sud, avec acquisition de proprits immobilires dhabitation, est
un phnomne en croissance. Les deux mouvements (dactifs et de
retraits) font que, actuellement, les Europens qui migrent le plus
sont les Allemands et les Anglais (en termes absolus). (35)
CARVALHO (A.), Le Portugal partag entre nouvelle et ancienne
immigration, mmoire de DEA Migrations internationales et relations
interethniques, URMIS, universit Denis-Diderot, Paris, 2002, 94 p.
+ biblio. + annexes. (36) Au vu du manque de mdecins de diverses
spcialits dans les hpitaux portugais, ce contre-usage de mdecins
(mais aussi dautres professionnels de haut niveau) est un immense
gaspillage pour le pays dorigine dabord, et ensuite pour la socit
portugaise. Cest cette rflexion qui a men le Service jsuite des
rfugis, avec lappui financier de la Fondation Gulbenkian, offrir,
rcemment, des stages hospitaliers 85 mdecins des pays de lEst
travaillant auparavant dans le BTP (mdecins hommes) ou dans les
services domestiques (mdecins femmes). Ces stages se termineront
avec lexamen dquivalence pour exercer lgalement leur profession au
Portugal (Pblico, 26.9.2002). (37) Daprs le rapport sur la pauvret
en Europe prsent la Confrence rgionale de Caritas-Europe, le 25 mai
2002, Sesimbra (Portugal), le taux d illettrisme (concerne des
personnes non capables de comprendre un texte simple) au Portugal
est de 48 %, le plus haut de lUE, et encore plus haut que celui des
pays de lEst qui se joindront lEurope en 2004, comme la Pologne, la
Slovnie, la Hongrie et la Rpublique tchque (Jornal de Notcias,
10.6.02). Selon Eurostat (cit par Arnaud Leparmentier, Le Monde,
14.5.2002), 43 % des 18-24 ans sortent du systme scolaire sans
formation, contre 19 % en moyenne dans lUE. (38) Seulement 20 % des
entreprises portugaises dispensent de la formation leurs salaris
(presque le double en Espagne) : 17 % dans les petites entreprises,
les plus nombreuses, contre 78 % dans les grandes entreprises (plus
de 250 salaris) (donnes CEREQ, Le Monde, 28.5.2002). (39) Selon un
institut de recherche portugais (Instituto de Solidariedade e de
Segurana Social), la pauvret diminue (la quasi-disparition de
mendiants de rue, depuis les annes quatre-vingt, semble corroborer
ces affirmations). Elle touchait 23 % de la population en 1995 (26
%, en 1993), et en 2005 ne devrait concerner que 17 % (Opinio,
dcembre 2001). Mais le retour des annes de crise conomique pourrait
retarder cette progression. (40) Confdration gnrale du travail du
Portugal, principale centrale syndicale de gauche. (41) Cette
interview nous a t accorde le 11 septembre 2002 au sige du STAD
(Syndicat des travailleurs des activits domestiques), Lisbonne.
Cette thse est aussi reprise dans un article du Monde diplomatique
(DIEUX (H.), Transferts de pauvret au Portugal , juillet 2002).
(42) Constatable dans toute lEurope, cette utilisation de
main-duvre infantile prend des proportions ingales au Portugal. Une
enqute sur le travail infantile ralise en 1998, sous les auspices,
entre autres, de lOrganisation internationale du travail, a pu
recenser environ 11 000 enfants travaillant dans lindustrie et le
commerce, et environ 22 000 dans lagriculture. 78 % de ceux-ci
poursuivaient leur cursus scolaire, et, dans la quasi-totalit, ce
travail tait men dans le cadre des rapports familiaux (Pblico,
18.1.1999). (43) Libration, 14.1.2002. (44) Donnes pour lanne 1999,
ibidem. (45) Donnes Rexecode pour octobre 2001, ibidem. (46) En
1997, de ces quatre pays, le Portugal se plaait en 3e position,
aprs la Grce et lIrlande, quant au solde positif entre contribution
verse au budget europen et totalit des aides reues. Mais le solde
de celle-ci tait presque le triple (2,82 fois) de celui
127
du Portugal, ce qui faisait de lIrlande un pays relativement
choy (donnes du Center for European Reform, Commission europenne,
dans Libration, 24.3.1999). (47) Dans la seconde moiti des annes
quatre-vingt-dix, ces envois taient encore de lordre de 3 milliards
deuros par an (Mundo Portugus, suppl. Banques et assurances,
5.11.1999). (48) Les comptes-pargne des migrants reprsentaient 18 %
des comptes particuliers en dpt dans le systme bancaire portugais
la fin des annes quatre-vingt-dix (ibidem, Mundo Portugus). (49)
Les situations du Portugal et de lEspagne sont, sur ce plan,
opposes. En effet, dans les annes quatre-vingt-dix, lEspagne
prsente les taux de chmage les plus levs de lUE, et pourtant ce
pays na pas connu un mouvement dmigration tel que celui que lon
observait alors au Portugal, qui, lui, avait les taux de chmage les
plus bas de lEurope. (50) Le plus bas taux de la dcennie a t
enregistr au quatrime trimestre 2000 (3,8 %), mais, en moyenne, ce
taux est toujours rest au-dessus mais proche des 4 %. La rgion
centre du Portugal, qui a connu des taux de chmage infrieurs 2,5 %
en 2000, a mme t classe comme une des rgions les moins touches par
le chmage en Europe (Expresso, 29.7.2000). (51) Donnes Eurostat,
Flash CEREQ, Le Monde, 28.5.2002. (52) Donnes Rexecode, Le Monde,
14.1.2002. (53) Cet endettement des mnages monterait, en 1999, 54,9
% du PIB et 76,5 % du revenu des mnages. Un quart du revenu des
particuliers est affect lamortissement de la dette et aux intrts
(Dirio de Notcias, 7.8.2000).
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