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A Christiane MARTIN - Poitiers - Biard · 2014-02-03 · Nord-Ouest) . [2]« Derrière les Halles Notre-Dame », c'est-à-dire entre l'emplacement de l'ancienne église St Etienne

Jul 11, 2020

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A Christiane MARTIN

et ses enfants :

François Xavier,

Fanny,

Sylvaine,

Daniel.

Felix qui potuit rerum cognoscere causas

(Virgile)

Maquette FT HEILY

Buxerolles

Le 7 novembre 2004

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Extrait du bulletin 1952 du SCP; interview de Madame Joseph MARTIN, 10 Novembre 1952, par L G HEILY, Président du s.c. P.

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Joseph MARTIN, musicien, archéologue, naturaliste

Joseph MARTIN était né le 24 septembre 1883 à Poitiers. A l'age de deux ans il perdit son père qui

était établi sellier d'art à coté de saint Porchaire, à l'emplacement de l'actuel magasin« Philoque »

[1]. L'enfant vécut alors chez ses grand parents qui habitaient derrière les Halles Notre-Dame, au

deuxième étage d'une maison portant enseigne « A la Groseille Blanche» [2].

Très jeune il commença à étudier le violon avec le vieux musicien Poitevin CHEVALlER. Puis il

fait ses études classiques au collège des Frères (aujourd'hui Saint Stanislas) et passe le baccalauréat

de Sciences - Langues avec une dispense d'âge. Déjà l'archéologie le passionne et il suit parfois le

père de La CROIX dans ses expéditions de fouilles ou dans ses explorations dans les souterrains de

Poitiers [3]. Il pousse plus loin ses études de Sciences et prépare les Mathématiques supérieures; à

la Faculté des Sciences il est, en Géologie, l'élève du Professeur WELSCH [4]. Parallèlement, pour

subvenir à ses besoins et aider sa famille qui vient de subir un malheureux revers de fortune, il

travaille à la Mutuelle de Poitiers et donne des leçons de musique. Il brille également dans les

exécutions de violon, basson, hautbois, piano, orgue, et à dix huit ans il dirige son premier concert

symphonique.

Ses études lui permettent d'obtenir son diplôme d'Ingénieur des Travaux Publics, et un de ses oncles

qui est Conducteur de Travaux le fait venir auprès de lui à Paris pour lui inculquer la pratique de la

profession dans les travaux de percement du Métropolitain ...

Joseph MARTIN ne tarde pas à abandonner cette carrière à laquelle il ne reviendra que plus tard, et

se laisse tenter par celle de la Musique. Il part en Europe à la tête de plusieurs orchestres: Milan,

Saint Sébastien l'applaudissent. De 1907 à 1913, à ses passages à Poitiers, il dirige l'orchestre du

Théâtre Municipal et les orgues de Notre Dame.

Définitivement stabilisé à Poitiers en 1913, il demeure vers le haut de la rue du Pont Neuf (actuelle

rue Jean Jaurès) [5]. Il achète cette année-là le cottage de la Norée à la veuve du peintre poitevin

Aristide BENON [6].

En 1914 il est classé dans le service auxiliaire et commence par assister les chirurgiens des hôpitaux

militaires. On l'affecte ensuite au Centre Spécial de Réforme de l'Hôpital 17 (Lycée de Jeunes

Filles). Il est mis en sursis avant la fin de la guerre car les professeurs manquent dans les

établissements scolaires: on le voit alors enseigner les Sciences au Lycée et à l'Institution des

Sourds-Muets.

Pendant toute la guerre il ne cesse d'organiser des concerts au profit des blessés. Au-delà, son

activité ne cesse pas et, en 1916 déjà, il dirige l'orchestre du Théâtre « Familia » (le futur « Majestic

» rasé par le bombardement de 1944).

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La démobilisation le rend totalement au professorat [7]. Les vacances scolaires lui permettent de se

livrer à des travaux d'archéologie dans la région. En 1926 il est l'objet d'une citation au Congrès des

Sociétés Savantes.

Il revient aux Travaux Publics selon le vœu de son vieil oncle, en qualité de Conducteur de travaux,

et désormais son existence sera partagée entre les chantiers, les loisirs consacrés à cette science

naissante qu'est la Spéléologie, l'Archéologie, les recherches radiesthésiques, sa chère musique, et la

fouille systématique de la grotte dont le mystère l'attire, dans la paroi rocheuse, sous son cottage de

la Norée [8] ...

En 1939 - 1940 la mobilisation ne saurait l'affecter mais la Préfecture ne tarde pas à lui confier la

lourde responsabilité de la détention du Dépôt Régional des Explosifs à l'usage des travaux publics,

et il aura à subir les contrôles fréquents de l'autorité occupante. On lui attribue ensuite la Direction

du Dépôt des émulsions du Petit Gazon, et il s'initie avec succès aux nouvelles techniques de

revêtements routiers.

En 1946 il fait partie du petit groupe qui, réuni autour de Paul BOISNIER dans la salle de la Maison

du Tourisme, fonde le Spéléo Club Poitevin [9].

En 1949 il est promu Officier de l'Instruction Publique pour services rendus à l'archéologie. En

décembre 1951 lui sont remises les médailles d'honneur de la Fédération des Sociétés Musicales de

l'Ouest, de la Confédération musicale de France, et du Ministère de l’Éducation Nationale [10].

Depuis de longues années Joseph MARTIN était membre de plusieurs sociétés savantes, dont la

Société des Antiquaires de l'Ouest, la Société de Botanique de l'Ouest, et, la Société Spéléologique

de France où il portait le numéro 17. Le sous-sol de Poitiers lui était familier comme lui étaient

familiers les sites les plus divers du département où il avait identifié, visité, exploré nombre de

vestiges des siècles lointains et la plupart des souterrains et des cavités naturelles.

Usé par une existence remplie du labeur écrasant des pionniers du sous-sol, âgé de 69 ans, il devait

succomber aux suite de l'amputation de la jambe qu'un bloc d'une tonne lui avait écrasée dans sa

chute alors qu'il travaillait à la désobstruction d'une nouvelle galerie des Grottes de la Norée [11].

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NOTES (Août 2004 )

La mention (DER) indique une référence à DERIBERE Maurice, Ingénieur E.B.P, 1951 «Les

Grottes de la Norée » in revue « Le Monde Souterrain» Juin - Août 1951 N°65-66 pp 566 sq.

[1] «L'actuel magasin Philoque» de 1952 occupait le rez-de-chaussée d'une petite maison d'un étage

accolée à la face Sud-Ouest de la Tour de St Porchaire (la face de l'entrée de l'église étant la face

Nord-Ouest) .

[2]« Derrière les Halles Notre-Dame », c'est-à-dire entre l'emplacement de l'ancienne église St

Etienne et de son cimetière desservi par l'impasse St Etienne (angle de la Place et de la Grand'Rue)

et l'actuelle rue Monseigneur Augouard. Voie autrefois non viabilisée appelée la Grande Allée, il y

fut percé en 1860 la « rue Mexico» quand fut édifié le marché couvert sur le modèle des pavillons

BALTARD. Après 1871 et le Traité de Francfort, l'usage fit abandonner le nom impérial de rue

Mexico pour en rattacher la partie haute à la Place du Marché Notre-Dame. Cet état de choses fut

officialisé en 1923 quand la section qui conduit de la Place à la rue Riffaut fut appelée « rue

Monseigneur Augouard » , rue nouvelle qui absorba, plus bas ,la rue de l'Estude ,dans son

prolongement entre la rue Riffaut et la rue St Denis (en haut de la rue des Carmes) . En 1923

encore, la Place devint officiellement «Place Notre-Dame» - tout court - puis, en 1970, «Place

Charles De Gaulle ». Dans la file de cafés qui borde l'ancienne «Grande Allée », celui du milieu

auquel faisait face la porte Est des Halles en perpétue le souvenir par son enseigne « A la Grande

Allée» . La Groseille Blanche serait semble-t-il donc à localiser à proximité de cet établissement.

[3] Le Père de La CROIX. - Camille de La CROIX d'OGIMONT (1831-1911), Père Jésuite, notable

poitevin un peu oublié de nos jours dans la mémoire collective, était un aristocrate belge qui

consacra de 1864 à 1911 une immense fortune personnelle à des fouilles archéologiques menées

surtout dans le Poitou, mais aussi dans ses environs et en Normandie. Personnage truculent à la

courte soutane de travail tachée de la terre remuée dans la journée, il était bien connu des Poitevins

quand le soir venu il «prenait un pot» d'habitué au Café «Castille» (prédécesseur du Cinéma de

même nom, sur la Place d'Armes) ,ou quand, sur le chantier en cours, il tâtait de la chopine avec ses

terrassiers (qui adoraient ce patron) .On lui doit notamment des travaux fondamentaux sur le

Baptistère, l'Abbaye royale de Sainte Croix, l'Hypogée des Dunes, l'enceinte gallo- romaine de

Poitiers, le Temple de Mercure à la Roche, les Thermes St Germain, le site gallo-romain de Sanxay,

le Théâtre charentais des Bouchauds, l'édification du bâtiment de style mérovingien qui protège

l'Hypogée,la réédification de la chapelle du Pas de Dieu et de la Cellule de Ste Radegonde, etc.

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Une rue de Poitiers derrière l'Hypogée porte son nom et la Société des Antiquaires de l'Ouest a érigé

son buste dans l'enceinte du champ de sarcophages qu'il y avait fouillé.

[4] Un demi siècle plus tard, le travail de ce dernier, WELSCH Jules 1912« Hydrologie souterraine

du Poitou calcaire », Spélunca tome IX N° 69, sera «la Bible» du SCP.

[5] Joseph MARTIN connaissait bien ce quartier car , en 1903 , à la faveur de l'agrandissement de la

Banque de France aux dépens de l'hôtel de La Barre (rue Henri Oudin) il avait travaillé à relever le

plan détaillé d'un quartier gallo-romain dont les substructions sont enfouies sous les cinq mètres de

la terre d'anciens jardins des Jacobins .Ce quartier s'étend sous la rue de l'Ancienne Comédie à l'Est;

il se prolonge sous la banque et la rue de l'Eperon au Sud où il fut atteint par des travaux en 1952

( Maison BEAULIEU): dans cette « insula » (îlot) les pièces d'habitat étaient de dimensions

restreintes mais possédaient le chauffage central par hypocaustes

[6] Aristide BENON avait succédé au premier curé de Biard après la Révolution, l'abbé Hubert

PENOT par ailleurs musicien réputé.

A l'acquisition de la propriété, le plus urgent pour Joseph MARTIN est d'agrandir le logement du

petit cottage et de consacrer le reste de ses loisirs à quelque travail d'extérieur dans les coteaux ... Et

la Grande Guerre éclate.

[7] Bien que démobilisé il n'est pas encore question d'explorer la grotte car d'autres tâches plus

utilitaires sont à reprendre ou à poursuivre. Le déclencheur sera l'équipée de la petite chienne FINA

en 1923.

[8] a) – Sur le nom de «la NOREE ». L'orthographe des toponymes, comme des anthroponymes, n'a

été fixée que tard, d'où les innombrables formes qui dérivent d'un terme roman unique hérité des

Celtes, des Latins ou des Germains et souvent difficiles à expliquer,soit en l'absence de racines

reconnaissables, soit au contraire devant leur pléthore apparente. La forme « la Norée », en

apparence simple, ne peut pas faire préjuger de quelque facilité à livrer la clé de sa signification.

L'étymologiste DAUZAT analyse l'origine de nombreux noms de lieux ou de personnes voisins et

nous ne disposons guère ici que de cette ressource.

La démarche normale serait d'orienter la recherche vers les plus anciennes formes attestées du nom,

mais quand il s'agit d'une grotte quelque bonne fortune est nécessaire pour en retrouver trace dans

des actes anciens .

De tels noms ont pu être changés au gré des générations, le sens et la saveur qui s'y attachaient en

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un temps étaient alors oubliés.

Joseph MARTIN avait retrouvé aux Archives Départementales un unique document faisant état

de grottes ici - et encore la Norée n'y est-elle pas nommément désignée, englobée qu'elle est dans le

terme vague et sibyllin « les grottes sous le village de Biard ». C'est un procès verbal de descente de

police daté de 1749 où l'on a le choix entre les cavités de l'Ermitage, du Moulin, les gouffres

ouverts là où passera la voie du « tramway départemental» (avant que les explosifs n'aient provoqué

éboulements et effondrements de voûtes qu'il est trop hâtif d'attribuer au tremblement de terre de

1018 : cf. au Chaos )., la Grotte de la Norée , donc, et la cavité aval, puis enfin la grotte disparue de

Rochebague ,au pont de la Cassette, où l'exploitation moderne d'une carrière n'a laissé subsister que

quelques fonds de galeries .

Dans la mémoire populaire le nom d'une grotte est le plus souvent une désignation fondée sur une

quelconque caractéristique bien tangible ( par exemple, Grotte des Pins, Grotte à Deux Issues, .. .) ,

ou bien inspirée par un événement du passé ( Grotte au Loup, Trou à l 'Âne , ... ) , ou bien encore

par un personnage ( Grotte de l'Ermite, Grotte du Prince Noir, Grotte à Rosalie, Grotte de la Fille, ...

). Le tènement ne fournit pas nécessairement un nom à la cavité qui l'occupe: ainsi les Grottes de la

Norée s'ouvrent dans les rochers du coteau de Bellevue, nom qu'elles ont supplanté. Le mot poitevin

« roche» dans le sens de « grotte» n'est employé ici qu'à Rochebague ; ce terme celtique signifie «

Grotte des Paysans» ; il évoque sans doute la persistance tardive d'un culte rendu à la puissante

fontaine de la Cassette, en face, sur l'autre rive de la Boivre ; dans l'immédiat après dernière guerre ,

un malencontreux coup de mine prévu pour capter cette belle cascade haute de deux mètres à la

sortie du rocher la fit disparaître en sous écoulement où elle est maintenant pompée .

1°) Selon REDET (« Dictionnaire topographique de la Vienne ») le mot Norée viendrait de « norois

», Nord-Ouest, (DER). Il se trouve qu'effectivement la grotte s'ouvre par un dernier coude de la

galerie orienté au Nord-Ouest. Le « norois» ou « noroit » est aussi le vent des marins qui souffle du

Nord-Ouest; dans le Poitou on dirait « vent de galerne ». L'application de cette notion à la grotte

n'est pas claire du tout, et pas davantage à la vallée de la Boivre qui, avant d'aborder Poitiers,

dessine ici le dernier d'une série de méandres et n'a donc pas une direction bien constante.

2°) Le mot d'ancien français « norrois », du germanique « north »le Nord, peut désigner la langue

proto scandinave ou les Scandinaves eux-mêmes, les gens du Nord. Sous la forme « NORET» c'est

un nom de famille. N'oublions pas que les raids normands sont venus jusqu'à Poitiers.

3°) Le mot « Norée »pourrait être rattaché à la liste des Nogaret (1226, Haute Garonne), Noray

(1150, Oise), Norrey (1198, Calvados), Naurois (vers ll04, Aisne), Norroy (en Lorraine) etc. et des

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formes de Haute Saône, Marme, Vosges, Aube, Isère, Loire, Seine et Oise etc. qui proviennent d'un

ancien « noieray », du gallo-romain « nucarietum » (en latin: nucetum) : plantation de noyers; en

latin la noix et le noyer se disent « nux, - cis » , en gallo-romain ce terme est réservé à la noix et le

noyer se dit « nucarium ». Si l'on n'observe pas cet arbre à la Norée cela ne nous donne pas le droit

d'affirmer que depuis les Ligures préceltiques du Bronze, à qui nous devons tant de toponymes, il

n'y a jamais été planté.

Les toponymes inspirés par des plantations de noyers deviennent aussi parfois des noms de

familles : NAUROY, NORROY, NOlRA Y, (Bourgogne, Savoie) etc. et puis un nom de famille ou

un sobriquet peuvent repasser à un lieu.

4°) Une quatrième étymologie possible en appellerait à un diminutif de « noir». A l'origine « Noiré»

« Noiret » ont désigné des individus noirauds de poil ou de peau, comme les innombrables BRUN,

LEBRUN, BRUNET, MORE, MORIN, MOREAU, SARRAZIN etc.

5°) Il reste une dernière explication intéressante, celle par le mot occitan « nore » ou « lanore » qui

signifie « bru , belle fille » ( du latin « nurus,-us » et « nura,-ae », racine venue du grec). Ce fut un

surnom de parenté avant de devenir nom de famille sous Louis XI.

Dans aucune des cinq possibilités envisagées il ne faut oublier d'une part le passage toujours

possible du toponyme à l'anthroponyme et inversement, d'autre part le rôle de l'article : ce dernier,

employé au masculin désigne l'homme (« le François ») ; au féminin, l'épouse (« la François ») ;

( l'ajout de la préposition « à» fournissait le sobriquet des enfants : « Alafrançois »).

Dans cette optique la forme « la Norée » pourrait être interprétée comme un sobriquet féminin

formé sur l'un des NOROIS, NORAY, NORROIS, Noiré, NOIRET, NORE vus plus haut, et pas

obligatoirement régional, par exemple importé par mariage, « la Untel» signifiant « la femme

Untel». Ce sobriquet aurait alors été appliqué à une personne ayant habité l'entrée de la grotte ou

une cabane proche, à l'héritière des lieux, ou bien à tout autre personne s'étant signalée là un jour à

un titre quelconque : la femme qui vient du Nord Ouest (Bretagne ou Normandie), celle qui a planté

un ou des noyers, la femme d'un gars du Nord, la femme à la peau sombre ( Gitane?), la bru (parce

qu'elle se flattait d'avoir des beaux parents « arrivés »). Comme s'il n'y avait pas déjà suffisamment

de suppositions sur ce thème, ce n'est pas exactement dévier du sujet que d'avancer aussi la thèse

d'une homonymie.

Ainsi, en face de la Sauvagerie, sur la rive droite de la rivière, s'étend le Bois de la queue du Renard

qui se trouve être doublement le Bois de l 'aquedu' puisqu'il est traversé par l'aqueduc romain de

Fleury et par son moderne successeur. Qui est donc alors ce « Renard» ? - le propriétaire d'un

terrain concerné ? ... un chef de chantier ? Le jeu de mots, référence sans doute volontaire à un nom

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ou à un sobriquet, incite à en imaginer un autre : pourquoi la remise de l'entrée de la grotte n'aurait-

elle pas un jour servi d'écurie à un âne ? ... La Grotte de l’Âne ... Oyré, par exemple, « l’Âne acheté à

Oyré », ou tout autre phonème convenable ... Dommage que ça ne fasse pas sérieux ! A contrario le

18 ème siècle verra faire dériver le nom du village de 86 Montamisé de «mont à Misère» parce qu’il

est bâti sur une croupe aride ... Or la forme « Monte Tamiserio » est attestée dès 964, c'est-à-dire «

le Mont du Tamisier ». La fabrication de tamis pour le blutage était complémentaire de l'industrie de

l'extraction des meules pour les moulins que l'on pratiquait non loin de là en Forêt de Moulière.

On ne connaît pas l'âge de l'appellation la Norée. Les noms de lieux ont souvent une existence

brève. Ainsi la Sauvagerie voisine (de « sylvatica », lieu boisé) porte un nom qui couvre maintenant

tout le débouché du vallon de Vauloubière dans la vallée de la Boivre. A l'époque pas si lointaine

des tentatives d'élevage du ver à soie, la partie haute qui surplombe la ferme de l'angle du chemin

s'appelait la Magnanerie ; en outre la grosse maison d'en face (<< le château» ) s'appelait la

Bitauderie. Plus rien ne rappelle ces anciens noms.

En définitive on s'est livré à des conjectures sans pour autant dégager la silhouette d'une solution.

Seules de possibles archives devraient permettre de trancher ; en attendant qu'un hasard les fasse

resurgir, longtemps sans doute on hésitera entre le Nord, le Nord Ouest, les noyers, la bronzée et la

bru ...

b) La grotte de la Norée. Le Chemin du Moulin est, semble-t-il, une voie antique. D'ailleurs, vers le

bas, en bordure, il existe (DER), ou il a existé ..., une forte pierre connue autrefois sous le nom de «

Pas de saint Jacques ». Plus loin, le chemin franchit la Boivre (« biber »,la bièvre,le castor), sur un

ponceau de grosses dalles rectangulaires que Joseph MARTIN tenait pour romain. Vers le Grand

Mazais (nom gallo-romain), la roche du sol a été entaillée pour améliorer le passage. Il se serait agi

d'une bretelle locale entre les voies de Saintes et de Nantes.

Un jour de 1923 la petite chienne FINA poursuit un Blaireau et disparaît à ses trousses en arrière du

fond de la remise à outils qu'offre le seuil de la grotte ; avant qu'elle ne revienne bredouille on

entendait ses aboiements résonner au loin dans de grands volumes libres. Cependant on ne va pas

commodément plus loin que l'actuel «Refuge des Bandits» ; le sol s'élève en ce point jusqu'à

presque toucher la voûte. Autrefois des visiteurs ont pu y graver le souvenir de leur passage sans

avoir besoin d'une échelle : près de là il y a une date, « 1845 », que l'on met en relation avec les

exploits de pilleurs de diligences dits « la Bande à GABARD » qui sévissait précisément à ce

moment là. La mention « SENECHAUD Ernest 1879 » concerne un paisible habitant du voisinage.

En rampant sous le plafond il devait être possible de progresser et c'est ce qu'il fit sans doute et en

tint à immortaliser son nom dans la roche.

On devait ainsi pouvoir se glisser au niveau du sol de la galerie supérieure, pratiquement jusqu'au

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pied du Chaos qui se confondait là avec les éboulis descendus par le Grand Gouffre ; voie

provisoirement barrée à gauche, au Nord, mais pas à droite, vers le Sud, où une belle galerie, pas

très haute mais praticable, allait s'achever au « Funiculaire» sur un siphon argileux.

Ayant refait le parcours de FINA, et probablement de SENECHAUD, Joseph MARTIN comprit le

parti à tirer de ces curiosités souterraines en les ouvrant au public. Un journalier, sa mère âgée de 67

ans (DER) - ce qui la fait naître en 1856 et son épouse vont constituer sa première équipe de

déblaiement armée d'une brouette et de quelques pelles et pioches.

En abaissant le sol du fond de la remise pour rattraper le niveau du sol de l'entrée, on découvre à

gauche les charbons de bois d'un ancien foyer ; quelques autres indices en firent aussitôt un refuge

de bandits, un repaire de « chauffeurs» ; ces hors la loi, qui sévirent pendant la Révolution et

jusqu'en 1803, forçaient leur victime à avouer l'endroit où elle cachait son magot en lui faisant

lécher la plante des pieds par les flammes d'un bon feu. Ils avaient fini par aller se mélanger à des

bandes de Chouans qu'ils contribuèrent à discréditer.

Parvenus à la Galerie Supérieure les fouilleurs durent adapter leur matériel et posèrent le decauville

qui déroula sa voie jusqu'au déversoir, sur une pente de la propriété. (Le 8 Juillet 1951 le déversoir

s'éboula sur la route du bas, ce qui nécessita la consolidation du coteau par la pose d'une «herse»

solidement chaînée ; pour rendre rapidement la route à la circulation les terres dégagées furent

épandues sur le pré qui borde la rivière.)

Joseph Martin avait déterminé par relevés goniométriques que l'ouverture en surface du Grand

Gouffre (close par une dalle lors de l'établissement de la voie ferrée) doit se situer à douze mètres au

Nord de l'intersection du Chemin du Moulin et de la voie, un peu à l'Ouest et au dessous de celle-ci.

En l'interprétant comme une galerie verticale on le dit haut de «trente deux mètres du bas de

l'escalier» (DER). Il faut ici distinguer la hauteur déterminée par la longueur des agrès virtuellement

nécessaires à la descente dans un conduit offrant des décrochements ( ce qui était le cas ici lorsque

d'anciens éboulis compliquaient le profil) : c'est la valeur brute très souvent retenue pour la

profondeur des gouffres ; et distinguer le dénivelé, c'est-à-dire la différence des cotes prises en haut

et en bas : en comparant avec le gouffre ouvert en 1951 on ne doit plus dépasser vingt deux mètres

au dessus de la Galerie Inférieure .

Joseph MARTIN explora aussi derrière les trois petits porches contigus, plus ou moins murés, situés

à une quarantaine de mètres de la même intersection en bordure supérieure de l'ancienne voie. Il se

heurta à un système de joint fort surbaissé, vraisemblablement en rapport avec les parties hautes du

Grand Gouffre et du réseau général de la Norée.

L'électrification d'une première section des Grottes permit l'ouverture au public en 1931 mais le

déblaiement et les explorations continuaient : au Nord du Grand Gouffre une galerie en étage,

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encombrée de blocs effondrés, permet de redescendre en arrière vers un terme peu prometteur;

néanmoins Joseph MARTIN voulant le joindre plus commodément ouvrit à l'explosif le passage

maintenant appelé « la Galerie à la Mine».

Parallèlement au Sud, les wagonnets d'argile se succédaient en provenance des Tourbillons et de la

Galerie Infernale ; cette dernière, anglaisée jusqu'à la voûte mais orientée dans l'axe général de la

Grotte, semblait tout indiquée comme voie conduisant peut-être à des salles nouvelles. Bien

qu'intéressante à divers titres, mais étroite et somme toute décevante vis-à-vis du travail qu'elle

exigea, incommode pour le reflux du public elle fut abandonnée en 1950.

En 1936 le Chemin du Moulin s'effondra devant l'entrée supérieure de la propriété par suite de

l'éboulement du remplissage d'un gouffre dans la Galerie Inférieure, au Refuge des Bandits, mettant

ce point en communication verticale avec l'extérieur. A un mètre à l'Est du Refuge des Bandits le sol

est à quatorze mètres vingt sous le niveau du Chemin du Moulin. Le passage rétabli et le gouffre

muré et comblé, la fouille du Sud fut orientée à gauche, vers l'Est et la Salle du Grand Pont. En

1939 quand la guerre survint, une galerie boisée, non ouverte au public, contournait une importante

masse de terres en longeant à gauche la paroi rocheuse directrice. Pratiquement arrêtées pendant la

durée du conflit, les fouilles reprirent en 1945 ; elles aboutirent en 1949 à la découverte des Grandes

Grottes et à la pose du tunnel métallique court-circuitant la galerie boisée qui fut murée.

Las ! le 2 Juin 1951 à six heures du matin se produisait l'écrasement de cette galerie boisée sous

l'éboulement du remplissage des parties hautes d'un nouveau gouffre, créant un cratère de quatre

mètres de diamètre sur l'ancienne voie ferrée, cette fois franchement au Sud du haut du Chemin du

Moulin, dans la direction de la descente qui conduit à la Cassette. L'intéressant état des lieux, dressé

avec l'Ingénieur des Mines GUERNIGOU, indique dix neuf mètres de dénivelé entre l'ouverture et

le sol au Tunnel.

Un an plus tard c'était le drame meurtrier...

Le fils de Joseph MARTIN, Guy, organiste en Normandie, pourra se libérer et se retirer

définitivement à la Norée en 1953. Il continuera l'exploitation de la Grotte et son exploration, ce qui

l'amènera le 28 Décembre 1971 à découvrir les Nouvelles Grottes au- delà du terme d'alors. Ce

prolongement, Joseph MARTIN le cherchait quand il sondait non loin en 1951.

c) La légende du TRESOR de la VISITATION. Quand, dans le Poitou, quelqu'un s'intéresse de

trop près à une grotte, c'est à coup sûr qu'il recherche « l'épée de Charles Martel»... A la Norée les

travaux de Joseph MARTIN rappelèrent dans le village la curieuse légende du Trésor de la

Visitation.

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A Poitiers l'ancien couvent des Filles de la Visitation, converti en prison départementale à la

Révolution, couvrait l'emplacement de l'hôtel de la Grand'Poste et jusqu'aux Escaliers de la Gare. Il

était longé par la rue de la Visitation (aujourd'hui Arthur Ranc) ; le portail d'entrée du couvent était

en face de l'Impasse Arthur Ranc, (ancienne Impasse de la Visitation, appendice de la rue des

Ecossais) ; conservé en 1907 lors de la construction de la Poste, il fut démonté et transporté à

l'entrée du cimetière de l 'Hôpital des Champs. Au début du vingtième siècle cette impasse fut

rendue tristement célèbre par la découverte en 1901 de la bauge où était retenue la fameuse «

séquestrée de Poitiers».

En 1816 le gardien de la prison était un certain François JARISSAC dit « DECOSSE» du nom d'un

tènement du début du Champ de Tir de Biard où existent des dolines qui seraient en communication

avec les Grottes de la Norée ( ... ?). Le mot « cosse» est l'équivalent du mot « causse».

La nuit venue le gardien libérait ses prisonniers pour aller avec eux faire du fructueux butin ; à

l'aube ils réintégraient sagement leur cellule. L'affaire finit par être éventée et il se serait retiré dans

une cachette ménagée dans les Grottes de la Norée ... (DER). On raconte qu'il était ravitaillé par le

Grand Gouffre où des gens de Biard lui passaient de la nourriture dans un panier attaché à une

corde, notamment une certaine «mère CHAUFFETEAU» qui avait deux fils. Lors d'une expédition

DECOSSE perdit sa casquette dans la nature ; redoutant que cet indice ne mit la police sur sa trace,

il résolut de se tirer un coup de fusil, mais non sans avoir auparavant révélé aux deux frères

CHAUFFETEAU l'emplacement de son trésor de guerre. Par la suite si l'un végéta, l'autre connut

l'opulence et la prospérité, ce qui fit dire à Biard qu'il était passé le premier et avait tout raflé.

Lorsque la prison fut démolie en 1907, le chantier fut l'occasion de faire des recherches dans l'espoir

de retrouver quelques parts des comparses de DECOSSE, mais sans succès. La légende du Trésor

de la Visitation refit surface en 1944 quand la courte rue René Coindé qui joignait la rue Arthur

Ranc à la rue Jacques de Grailly fut écrasée sous les bombes. Longeant le bas de la Poste d'un côté,

de l'autre elle bordait le cinéma «Majestic» dont les ruines recouvrirent alors les décombres d'une

partie de la Visitation. Quand les déblais furent évacués pour laisser la place aux travaux

d'agrandissement de la Poste vers le bas, on fut attentif, mais encore en vain ...

La rue René Coindé ayant été supprimée, le nom de ce malheureux administrateur colonial

assassiné par des cannibales du côté de Madagascar fut reporté à une petite artère de Montmidi ; sa

sœur, ancien professeur à Tours, avait épousé un épicier poitevin de la Place du Marché Notre

Dame, vers l'angle de la rue Scévole de Sainte Marthe.

[9] Le Spéléo Club Poitevin fut fondé le mercredi 13 Novembre 1946 par treize personnes réunies à

vingt heures trente à la Maison du Tourisme (6 Place de la Préfecture ) à l'initiative de son créateur

Paul BOISNIER. Association déclarée à la Préfecture le 28 Décembre 1946 (J.O. du 12 Janvier

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1947). Le Club vécut sans structure particulière jusqu'à l'Assemblée Générale du 19 mai 1951 tenue

à la Chambre de Commerce, Commissariat au Tourisme, 35 rue du Marché.A partir du 3 Septembre

1952, les réunions mensuelles du premier mercredi ont lieu à l 'Hôtel de Ville de Poitiers, salle de la

Justice de Paix. Les Assemblées Générales du 8 Janvier 1953 et du 6 Janvier 1954 ont été tenues à

la Maison du Peuple, Bourse du Travail, rue Arsène Orillard. Le 3 Février 1954 est officialisée la

décision prise avec Madame Joseph MARTIN de transférer le Siège Social de Poitiers à la Norée.

Le 9 Janvier 1955 l'Assemblée Générale est réunie au nouveau Siège Social, et à l'Assemblée

Générale annuelle du 15 Janvier 1956 la décision est prise avec Madame MARTIN et son fils Guy

de tenir désormais les réunions mensuelles ordinaires le premier samedi à vingt et une heures au

Siège Social de la Norée.

[10] Il est alors expert au Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU).

[11] Le 3 Juillet 1952 est un Jeudi et le Jeudi est alors le jour de congé scolaire hebdomadaire. Ce

Jeudi là, profitant de la main d'œuvre fournie par une équipe de jeunes du Centre du Grand Mazais,

Joseph MARTIN leur fait rouler vers le déversoir des wagonnets remplis de l 'argile extraite à la

dernière séance de désobstruction. Tout en surveillant non loin les chargements, lui-même attaque à

la pince de carrier un bloc instable dans l'étroite extrémité de cette galerie dite depuis «de

l'Accident»... Le bloc d'une tonne se détache, glisse, lui écrase la jambe droite et le maintient

prisonnier. Les enfants donnent l'alerte, Madame MARTIN appelle les Pompiers qui ne tardent pas

à arriver : après deux heures d'un délicat travail de dégagement ils emmènent le blessé à la Clinique

de Pont Achard. Dans un premier temps l'os émietté sera savamment reconstitué par le Professeur

FOUCAULT mais, devant la gangrène qui s'installe on doit se résoudre à amputer. Joseph MARTIN

meurt le 18 Août âgé de soixante neuf ans. Il sera inhumé à Chilvert

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POSTFACE

Dans la période de créativité débridée qui suivit la Libération, la fondation du Spéléo Club Poitevin

ne résulta ni du hasard ni d'une nécessité immédiate : paradoxalement elle ne répondait pas au

besoin de réunir des spéléologues mais à celui d'en faire. Ce devait être le cas dans bien d'autres

disciplines en un pays qui sortait d'une léthargie de quatre années et ne pensait qu'à la nécessité de

combler les lacunes qui en découlaient.

En 1938, à Saint Quentin, HEILY avait eu l'occasion d'entendre Norbert CASTERET (1897 + 1987)

venu donner une conférence sous l'égide de la Société Industrielle. «1938 c'était encore le bon

temps et la veille des années terribles» lui dira plus tard CASTERET à l'évocation de ce souvenir.

«Plus tard» c'est sept ans après, en fin 1945 alors que HEILY venait d'être présenté à Paul

BOISNIER par le Lieutenant FTP Roger NONAIN. BOISNIER et NONAIN se connaissaient de

longue date. Le hasard voulut qu'ils se soient retrouvés récemment à voyager dans le même

compartiment et bien entendu, ils avaient beaucoup parlé des sujets qui leur tenaient à cœur à tous

les deux, à savoir la vie associative à Poitiers, le nouvel élan touristique, les gens utiles à contacter,

etc.

NONAIN, quarante ans, vieil ajiste d'avant guerre, militait comme HEILY lui-même au MUAJ

(Mouvement Uni des Auberges de Jeunesse) et gérait aussi Tourisme et Travail alors en plein essor à

Poitiers. Il était connu autrefois comme le syndicaliste qui «faisait la rue Gambetta» avec les

étudiants à faluche ; ils formaient des équipes de francs lurons prêtes à toutes les frasques qui

entretenaient un climat de bonne humeur dans le Poitiers de l'époque. Le livre de Jacques

MARZAC 1993, consacré à la photographe Jane ROGEON - autre ajiste - montre page 85 ( photo

du haut) les participants au 26ème Congrès de l'Union Départementale des Syndicats Ouvriers de la

Vienne, 1936 : NONAIN y figure, assis au premier rang, le cinquième à partir de la droite.

Deux principaux courants existaient en ce temps là aux Auberges ; celui de Marc SANGNIER

( 1873 + 1950 ), apôtre du Sillon et du catholicisme social condamnés par le Pape Pie X, il fut le

créateur de la Ligue Française des Auberges de la Jeunesse en 1929. Celui de Léo LAGRANGE

( 1900 + 1940), ministre des Sports sous le Front Populaire, créateur en 1936 du Centre Laïque des

Auberges de Jeunesse ( CLAJ). Le MUAJ de la Libération avait pour idéologie de se vouloir

aconfessionnel et apolitique dans l'union des composantes et la mixité.

Enfin, NONAIN possédait une parfaite connaissance, acquise dans le Maquis, de la région d'Angles

sur l'Anglin si riche en cavités naturelles.

Paul BOISNIER ( 1900 + 24-04-1962 ) Chef de Division honoraire à la Préfecture de la Vienne,

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Président de l'Union des Syndicats d'Initiatives de l'Ouest, auteur en 1939 du guide «Poitiers ville

de tous les âges», fondateur du Photo Club, créateur de la Maison du Tourisme, membre de la

Société des Antiquaires de l'Ouest ; retiré à Saint Georges les Baillargeaux, il mourut veuf ; il avait

deux sœurs dont l'une était religieuse de la Charité. Il fut un homme d'honneur et un homme de

cœur.

L'éclosion de la Préhistoire sous le Second Empire n'était pas si lointaine et cet amoureux du Poitou

qu'il était avait accès à des collections et une bibliothèque qui pouvaient fournir des indications sur

les ressources du département en cavités. Il pensait au travers des BROUILLET, CHAUVET,

COQUILLAUD, LARTET, de LONGUEMAR, etc. qui ne furent certes pas des spéléologues mais

travaillèrent à l'entrée de vraisemblables réseaux souterrains attendant d'être explorés. Lui-même

tenait un fichier photographique des mégalithes de la région ; il avait visité pas mal de souterrains

sous la ville de Poitiers et dans une histoire si riche, ses guides étaient le photographe

ROBUCHON, BROTHIER de ROLLIERE, de CHERGE... Les chapiteaux et les voûtes n'étaient

plus inaccessibles à la photographie : il avait alors recours à une ingénieuse «girafe» de son

invention. Et quand on franchissait le seuil de son bureau vitré de la Maison du Tourisme, les

premières des choses qui attiraient le regard, c'était un crâne (fort moderne) de Gorille trouvé dans

la grotte de Boivre (sic) et une maquette en plâtre des Arènes de Poitiers au temps de leur gloire.

BOISNIER, c'était un plaisir de l'entendre mêler à ses propres préoccupations intellectuelles celles

de ses amis ; Joseph MARTIN et son labeur à la Norée ; GAULT, le «cousin GAULT» des

MARTIN, le fouineur toujours à l'affût de ce que pouvaient révéler les tranchées des travaux

publics et qui «grattait» dans une cavité de son coteau des Gallois ; PETIT, numismate de l'Empire

romain, en ces temps occupé à chercher des dents de Cheval devant la petite cavité de la Pierre

Pélerine de Buxerolles, indiquée par son ami l'inénarrable curé COLIN ; ORLIANGE, possesseur

aussi d'une grotte en cours de désobstruction, sous l'aqueduc romain du Cimeau, dans son coteau de

Bellevue, en face de l'entrée de la route de la Torchaise, cofondateur de la Maison du Tourisme.

Ce qui manquait pour la région c'était un répertoire clair des cavités, avec des descriptions et des

plans. Au terme de débats passionnés entre HEILY et BOISNIER naquit l'idée d'orienter vers la

recherche souterraine les ajistes poitevins curieux de la chose. C'est ainsi que sous l'impulsion de

L.G.HEILY soutenue par Paul BOISNIER bombardé Président d'honneur, émergea une très

officieuse «Section de Spéléologie» à l'AJ (Auberge) de la Place de la Cathédrale. L'immeuble

abritait aussi le local des «Eclaireurs de France », les relations de voisinage étaient excellentes,

mais ces derniers, moins «cheminards » (cf. plus bas ... ) tinrent toujours à préserver leur originalité

propre.

La Section réunissait la poignée des premiers fidèles : Lucien BOIZIER (1926 + 29-04-1971)

Responsable du groupe MUAJ local, Louis BOUTIN, Jacques Claude CLEMENT, Jacques

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DEPLANQUE, le couple des jeunes Instituteurs Pierre et Henriette ENARD parent du couple FFI

des FRENKOL1, Jean GIRAULT (ancien d'avant guerre que sa carrure avait autrefois fait

surnommer « Mammouth»), LG. HEILY, Lucien LAMBERT, Jacques LA VAUD, etc. On se

réunissait au local pour parler de choses souterraines, des lectures sur le sujet, pour écouter une

causerie de BOISNIER, ou pour préparer une balade de reconnaissance autour de telle ou telle

cavité du voisinage citée dans la littérature. C'était aussi le temps des «cheminards» qui refaisaient

le monde des loisirs autour d'un bon feu de bois dans la vaste cheminée de la grande cuisine. Par

réaction contre le nazisme souverain des années écoulées, le MUAJ offrait une palette d'opinions

libertaires où se mêlaient curieusement la «Cinquième» ou la «Sixième» Internationale de certains

ultra trotskystes bien inoffensifs, avec des réminiscences de la Ligue, du CLAJ, du romantisme

désuet des Chantiers de Jeunesse du Général de La PORTE du THEIL, ou de la vie au Maquis pour

certains, tout cela sur fond de préoccupations syndicales très réalistes. Suivant les régions de

France, c'était l'une ou l'autre de ces tendances qui dominait, sans exclure pour autant aucune des

autres.

Ces premiers temps d'après guerre furent marqués par d'intéressants repères spéléologiques autour

de Montmorillon, le Chaffaud, en Forêt de Moulière, Angles, dans les vallées du Clain, de la

Boivre, de l' Auxance, du Miosson, etc. Malheureusement aucune note ne fut laissée et a fortiori

aucune topographie ni croquis de repérage : les communications se faisaient par le bouche à oreille,

entre cheminards.

A la Sauvagerie - Est, non loin de la Norée, existe une grotte qui avait naguère reçu la visite de

Joseph MARTIN et Paul BOISNIER ; ils y reviendront en 1947 et 1948. Le 07-03-1946 la

propriétaire de cette cavité consent et signe pour une durée de six mois une autorisation

d'exploration concoctée par Paul BOISNIER, Président du Syndicat d'initiative, et Lucien

BOIZIER, Responsable du MUAJ. Pelleter de l'argile de décalcification amuse pendant quelque

temps puis tombe en désuétude avant l'expiration de l'accord. Sans trouver «l'épée de Charles

Martel» (évidemment ! le propriétaire de la Sauvagerie Ouest nous a garanti que c'est chez lui

qu'elle est cachée...) quelque sept ans plus tard, et sans autorisation particulière, il fut réalisé

beaucoup mieux dans cette cavité par l'équipe Bernard DECRON, Fr et LG. HEILY, Guy MARTIN,

avec une topographie sérieuse et la découverte d'un prolongement et de corrélations avec les cavités

voisines.

Pour des raisons d'ouverture plus large au grand public, HEILY et BOISNIER ne tardèrent pas à

imaginer de déclarer un vrai Spéléo Club indépendant en conformité avec la loi de 1901 sur les

associations. HEILY se rappelait la conférence de 1938 et ses lectures ultérieures ... BOISNIER

1 FRENKOL père, établi pharmacien à l'angle des rues de la Cathédrale et Arsène Orillard, sous la

Mutuelle, était le correspondant local de l'Association France - URSS

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exploita cette circonstance : pour «lancer» cette association on inviterait Norbert CASTERET à

venir donner une conférence aux Poitevins... La salle de la Coupole, rue de la Tranchée, n'attendait

qu'une date... Heureux temps où il suffisait d'être connu comme BOISNIER l'était... et les portes

s'ouvraient toutes seules sans qu'il soit besoin de les pousser ! .

HEILY se chargea de prendre contact avec CASTERET qui ne tarda pas à accepter dans un créneau

possible autour du 10 décembre 1946. En fait, pour mieux grouper ses interventions, le

conférencier, inscrit à l'organigramme du Club des Explorateurs, devra un peu retarder sa venue au

5 février (1947) ; entre temps BOISNIER s'était hâté de convoquer pour le 13 novembre (1946)

ceux qui devaient être les fondateurs du «Spéléo Club Poitevin». Outre lui-même, douze autres

furent là ; six « anciens» du MUAJ : BOIZIER, BOUTIN, CLEMENT, GIRAULT, HEILY,

LAMBERT ; puis un vrai spéléologue : le Colonel Jean NOIR (1918 + 20-03-1958), polytechnicien,

membre du Conseil d'Administration de la Société Spéléologique de France, vétéran, avec Pierre

CHEVALlER, du Trou du Glaz et adepte des charges creuses, alors en poste d'Ingénieur militaire à

Châtellerault ; Melle VERGEZ, de Tourisme et Travail ; PETIT et l'équipe Camille GAULT, Joseph

MARTIN et ORLIANGE, où chacun voyait sans déplaisir se dessiner l'apparition de possibles

terrassiers à intéresser à sa cause. Seul Joseph MARTIN bénéficiera de quelque aide fortuite et rare

jusqu'en 1950.

Le Président BOISNIER composa un Bureau provisoire réduit avec GIRAULT (vice Président),

HEILY (Secrétaire) VERGEZ (Trésorier), et LAMBERT, qui va très vite être amputé par des

départs de Poitiers.

La salle de la Coupole était comble ; le conférencier fut accueilli chaleureusement, de surcroît les

photos projetées étaient fort illustratives ; CLEMENT, du SCP, assurait la bonne marche du

projecteur et de la projection. Le sujet abordé : « A l'assaut du record de profondeur, le Gouffre de la

Henne morte» passionna le public mais n'incita pas grand monde à venir solliciter son inscription au

jeune Club.

CASTERET viendra une seconde fois à Poitiers quelques années plus tard, invité par Tourisme et

Travail cette fois. C'est probablement en cette occasion qu'il aurait visité incognito les Grottes de la

Norée ainsi que le rapporte la légende.

A la demande du propriétaire des lieux, Norbert CASTERET était venu en Charente en fin juillet

1936 pour explorer les magnifiques et complexes Grottes du Queroy, à 16 Chazelles. Il était alors

accompagné de son épouse Elisabeth et de R.MASSONAUD. Des prolongements considérables

avaient été découverts2 .

Naguère une autre célébrité du monde spéléologique avait été invitée à la Norée : Robert de JOLY

(1887 + 1968). Cet original à qui l'on est redevable de nombre de petites inventions fort utiles sous

2 cfN Casteret 1940 « Mes Cavernes» (Lib Acad.Perrin) p.101 cf aussi Bull. du SCP 1959 pp.21 sq

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terre, habitait une maison perchée sur un éperon rocheux qu'on ne gravissait que par une échelle

métallique souple installée à demeure. Le cottage de la Norée résonne encore des chocs des échelles

métalliques cascadant à l'aube sur les marches de l'escalier... Le maître félicita Joseph MARTIN

pour le travail accompli dans la grotte mais l'aide apportée à l'œuvre s'était arrêtée là.

En 1947 plusieurs membres anciens sont professionnellement appelés à s'éloigner de Poitiers et

quelques « nouveaux» les remplacent, recrutés par le Président BOISNIER, dont la plupart

grossiront le nombre des «pigeons voyageurs» sans même avoir été inscrits. Des cavités sont

devenues alors des classiques : la Grotte du Tunnel, à Saint Benoît, sous Passelourdin, la

Bertandinière, la Roche de Pron etc. Un plan de cette dernière circule qui, à défaut d'autre document

plus fiable, sera trop hâtivement adopté ; cependant Jean NOIR, qui avait visité Pron, avait pourtant

attiré l'attention du Club sur ce point. Faute bénéfique : le SCP en apprendra à lever des

topographies.

En fin 1950 HEILY est de retour à Poitiers. Il ne croit plus beaucoup en cette association sans

colonne vertébrale. En 1946 il n'a été conféré que de vains titres dans un Bureau fantôme; ce qui ne

facilitait pas les choses, les moyens de communication devenus banals aujourd'hui étaient alors

limités à la bicyclette, au chemin de fer et au courrier ; rare, le téléphone n'était utilisé qu'avec

beaucoup de réserves. Par contre on savait marcher et «faire du stop» quand un véhicule se dessinait

sur des routes à peu près désertes. A vélo on s'accrochait en remorque derrière les rares camions ;

cette pratique fut interdite comme dangereuse, il fut même longtemps question d'interdire aussi le

stop.

Deux membres d'alors, Pierre ENARD et Georges NECER (ce dernier a un pied à Poitiers et l'autre

aux USA), ont montré une personnalité intéressante en entreprenant une tournée des membres du

Club pour réclamer un fonctionnement satisfaisant. Leur influence sera déterminante. BOISNIER

voyant que ça bouge enfin, se rend à leurs raisons et l'Assemblée générale est convoquée pour le 19

mai 1951 à la Chambre de Commerce où il a désormais son bureau de Secrétaire du Commissaire

régional au Tourisme MORIN.

HEILY est sceptique mais il sort tout de même de la réunion élu vice Président sur proposition de

BOISNIER ; le Secrétaire général est Pierre ENARD ; le Trésorier, Lucien BOIZIER... Dès lors il

n'y a plus qu'à se mettre au travail...

Pour commencer un chantier est organisé à la Norée. Évidemment chacun y participait en fonction

de sa disponibilité. Ainsi HEILY et BOIZIER, soit indépendamment, soit ensemble, formaient le

noyau d'une équipe du soir. Joseph MARTIN descendait prendre la pioche avec eux. Quand on

remontait, sa voix s'égrenait dans la nuit : «Il est bien tard mes bons amis... Nous allons nous

nettoyer et vous vous chaufferez un peu» « Voyez vous assez clair? » ajoutait-il en levant sa lampe à

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carbure. Parvenus au cottage, parfois, le cousin Jules veillait encore, alors, le hélant, Joseph

MARTIN l'arrachait à la lecture de son journal dans la cuisine voisine «Hop hop, Jules! sers nous

donc quelque chose de chaud ! » . HEILY aimait particulièrement les soirs où l'équipe était réduite à

lui-même car alors, parmi les dossiers épars sur la table de la salle à manger ils reprenaient une

conversation jamais terminée qui portait sur tous les sujets et que le piochage et le pelletage, en bas,

n'interrompaient même pas. Et inexorablement la funeste galerie mordait sur l'inconnu...

L'année 1951 est une année clef de l'histoire du Club car elle a vu s'épanouir des initiatives de tous

ordres qui serviront longtemps de bases à sa vie associative. Elle ouvrira une décennie marquée par

la fidélité agissante notamment des AUGEARD, BOIZIER, BUGEON, DECRON, MACARY,

PELE, Pierre PROUST (+ 11-10-2001), PUECH etc et aussi l'habitude de garder trace des activités

sur le terrain dans un Bulletin tapé à la machine avec planches tirées au soleil sur ozalid, qui, pour

non imprimé qu'il soit, conserve en deux exemplaires les moments de l'histoire du Club. Ce sera

aussi le temps où l'équipement individuel d'exploration est codifié, et où est étudié et résolu par

PROUST le problème de la construction des échelles métalliques souples type de Joly.

En décembre 1951, alors que les records à la Pierre Saint Martin, le gouffre franco espagnol à la

verticale absolue de 346 mètres, sont le sujet favori des magazines, Marcel LOUBENS, disciple de

Norbert CASTERET, vient à Thouars chez son ami Henri BROSSET, du Groupement

Spéléologique Thouarsais ; à Poitiers, il donne au Castille une conférence sur le Lépineux, ce qui

conforte le SCP dans la nécessité d'ouvrir des relations avec les collègues étrangers. De retour en

juin 1952, LOUBENS essaiera un scaphandre de plongée dans la résurgence du système de Font

Serein. C'est deux mois plus tard que cède l'attache du câble qui le remontait du fond du Gouffre de

la Pierre Saint Martin. La chute de trente mètres est terrible. Le lendemain 14 août LOUBENS

meurt. Il avait 29 ans. Son corps ne pourra techniquement être remonté ni après l 'accident, ni au

cours de la campagne 1953.

Le 8 novembre 1952, à l'invitation du SCP, BROSSET vient donner à la Bourse du Travail une

causerie sur la vie de LOUBENS. Les 17 et 18 janvier 1953 HEILY et PELE rejoignent à 16

Rancogne l'équipe de BROSSET (devenue le GST Marcel LOUBENS). Cette énorme cavité sous le

village est alors en cours de topographie pour le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et

Minières) ; les opérations de baguage sont envoyées directement à André BROSSET du Museum

National d'Histoire Naturelle, un frère.

A la Pierre Saint Martin, Robert LEVI, un ancien avec les LEPINEUX, Haroun

TAZIEFF, Jackie ERTAUD etc, succède au Professeur Max COSYNS (ancien déporté à

Büchenwald) à la direction de la campagne. L'Ingénieur QUEFFELEC installe un nouveau treuil

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d'utilisation plus aisée. Le 4 février 1954, LEVI donne une conférence dans la Salle des Fêtes du

Collège Saint Joseph, rue des Feuillants : «Record du monde de profondeur au Gouffre de la Pierre

Saint Martin», avec projection du film tourné par Jackie ERTAUD pendant la campagne 1953.

Ce ne sera que sept mois plus tard, le 15 août 1954 et au prix de difficultés inouïes, que LOUBENS

sera remonté, grâce à un appareillage spécialement conçu. Henri BROSSET est présent à la levée

du corps ; il voudra d'ailleurs être le dernier à revenir à la surface.

Les 6 et 7 juin 1954, c'est Guy de LAVAUR (1903 +1986), pionnier dans le réseau actif de Padirac,

qui avait répondu à l'invitation du SCP de venir examiner les possibilités de pénétration du réseau

actif de Font Serein. Au Lac, il montre le point de fuite de la rivière, mais à la Roche, des éboulis

encombrent la sortie du conduit. Il est accompagné du Dr Yves Henri DUFOUR, du Spéléo Club de

Paris. Ce dernier, qui s'était voué à l'étude des mystérieuses hydrocutions, mourra en avril 1957

foudroyé par une syncope bulbaire dans un siphon qu'il venait de passer plusieurs fois pour

accompagner des groupes de stagiaires.

Le 10 décembre 1954 à 21 heures au grand amphithéâtre de la Faculté des Lettres, MORACCHINI,

du SCT (Tours) donne une conférence sur le Trou du Glaz.

L'existence du SCP amenait bien entendu la Presse à l'interpeller quand il arrivait quelque chose

intéressant le monde souterrain. De petits tassements, voire des effondrements de terrain localisés se

produisaient assez fréquemment au passage de l'attelage quand on labourait encore à cheval. La

Presse signalait le 5 mars 1947 l'ouverture d'un trou d'environ un mètre à la Croix des Plaines, sur

Dissay. Paul BOISNIER s'y rendit et constata.

Ensuite, c'est le 2 juin 1951 que le Club se rend à un trou qui s'est ouvert aux Sables. Il est aussi

d'environ un mètre. Puis, prévenus en septembre 1951 par la Préfecture elle-même alertée par le

Génie Rural, une cuvette peu profonde s'est ouverte en début d'année à Ensoulesse. Le SCP,

encouragé par le Maire de Montamisé et le propriétaire, déblaiera jusqu'à cinq mètres de profondeur

une cheminée en diaclase ; le travail y est sporadique et durera jusqu'en octobre 1955. Le Professeur

Etienne PATTE visitera cette cavité et attribuera le tassement initial à la dissolution de la voûte

d'une minuscule salle existant latéralement. Faute de la volonté de continuer la fouille, le Trou

d'Ensoulesse sera rebouché

Au Petit Médoc, non loin des Pierrières de Saint Julien L'Ars, le 2 mars 1952, le SCP va constater la

formation d'un petit effondrement cylindrique de moins d'un mètre qui vient de se produire dans le

fond d'un thalweg. En février 1958, il est avisé de l'ouverture d'un petit puits, en fin 1957, à Monts

sur Messais ; là il s'agit de l'ancien accès à un petit souterrain refuge creusé dans un grès terreux peu

solide.

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Revenons en 1951 / 1952. Vers Noël, de son nouveau bureau de la Chambré de Commerce, Paul

BOISNIER lance l'idée d'une fouille rue Jean Jaurès, en face des Hospitalières, sur l'emplacement

présumé du chœur de l'église abbatiale carolingienne de Sainte Croix. Il s'est assuré sans peine le

concours de bras du SCP pour descendre à plusieurs mètres sous le niveau du potager des

religieuses qui recouvre le site, entre l'emplacement de l'église Saint Austregésile et la rue Jean

Jaurès actuelle. Sur les indications du Journal des Abbesses communiquées par la titulaire d'alors,

puis de l'excellent plan détaillé de l'abbaye levé en 1787 et qui fut étudié par le Père de La CROIX,

il comptait retrouver assez aisément sous trois à quatre mètres de décombres, la sépulture de la fille

du Stathouder de Hollande Guillaume le Taciturne, Flandrine de NASSAU (1577 + 1640) qui fut la

grande abbesse réformatrice de la communauté. En effet il voit là un coup d'éclat destiné à valoriser

encore davantage les commémorations qui approchaient du XIVème centenaire de la fondation de

l'abbaye royale par sainte Radegonde en 553. Malheureusement les indications de départ n'étaient

pas assez fiables, ou bien le travail des salpêtrières de l'An II avait été trop consciencieusement

mené, et rien ne fut trouvé «derrière la grille du chœur ». Le tombeau de marbre noir recherché avait

été plutôt érigé dans la chapelle de la Vierge voisine, rasée elle aussi à la Révolution et déjà fouillée

par le Père de La CROIX, mais sans succès vis-à-vis de l'identification des restes des moniales. Le

but de Paul BOISNIER fut néanmoins partiellement atteint car, à l'époque, son projet retint

l'attention érudite de la Presse qui la communiqua à ses lecteurs et au public.

Tout cela était intéressant, certes, mais n'avait pas grand-chose à voir avec la spéléologie, aussi le

dégagement de la masse totale des remblais du potager en question fut effectué ultérieurement par

une relève et, désormais, derniers témoins de cette agitation, dans un gazon, seules les bases de

quelques piliers demeurent visibles, comme un reproche.

De bien tristes événements devaient interférer dans la vie courante de l'Association avant la fin de

l'année 1952. Paul BOISNIER préparait une demi retraite en aménageant un petit magasin de

photographe rue des Grandes Écoles, à côté de la Banque Populaire. Deux jours après l'accident de

Joseph MARTIN, il réunit l'Assemblée Générale. Le 5 juillet 1952 . Il se démet officiellement de

ses fonctions de Président, proposant HEILY pour le remplacer L’assemblée ratifie par un vote la

composition de la nouvelle direction où le vice Président est Pierre ENARD, le Secrétaire général,

Bernard DECRON, et le Trésorier, Lucien BOIZIER ; les membres du Conseil: André AUGEARD,

Henriette BERTHOLEAU (Madame Pierre ENARD), Raymond FOUQUES, Georges NECER. Une

lente structuration a été opérée depuis un an et le Club n'oubliera pas qu'un cadre administratif est

nécessaire pour que soient assurées les fonctions vitales d'une association, hors duquel les

acquisitions se subliment inutilement et sont perdues dans l'air du temps qui passe.

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Lucien BOIZIER était en poste au département des Titres de la Banque de France, rue des

Carmélites ; il y côtoyait Henri BISSIRIEX, Chef de Groupe, mais aussi cinéaste amateur à ses

heures de loisir. Après avoir tourné un documentaire, en altitude, dans les Alpes Dolomites, ce

dernier s'était mis en tête de réaliser un autre film, en profondeur, sur la spéléologie, cette fois. Ce

devait être une réussite car, projeté au Festival International du Film Documentaire, il devait obtenir

une citation.

On était alors au dernier trimestre de 1952. C'était l'époque où la couleur commençait à s'imposer au

cinéma. Henri BISSIRIEX obtint sans difficulté le concours du SCP. Afin de réaliser une

reconnaissance logistique, le 19 octobre il rejoignit avec armes et bagages le Club qui opérait ce

jour là dans la Grotte de Chambon, avec BOIZIER, DECRON, GUIHO, HEILY , PELE, Melle

PLANCHON. Le 22 novembre, à la faveur de la soirée de l'AS Banque de France qui se tenait à la

Coupole, H. BISSIRIEX avait mis au programme la projection du court métrage noir et blanc

tourné à Chambon à titre d'essai. Le 29 novembre, Madame Joseph MARTIN a autorisé le tournage

des premières images en couleur du projet, dans les Grottes de la Norée, avec BOIZIER, Gaston

CHEVRIER, FOUQUES, HEILY et PELE. Une séquence d'Homme préhistorique penché sur la

flamme de son foyer (CHEVRIER au pied du Chaos... sa peau d'Ours en peluche commençait à

fumer !) sera coupée au montage. Après la fin officielle du tournage, des images complémentaires

feront l'objet d'une nouvelle séance à la Norée. Le 8 décembre, H. BISSIRIEX transporte l'équipe

BOIZIER, FOUQUES, HEILY, PELE en Charente, pour tourner dans les vastes et somptueuses

Grottes du Queroy. Ils s'adjoignent le propriétaire M. SALIGNAC et deux collègues du

Groupement Spéléologique Charentais, BOURZEIX et DESCLIDES. Le 1er février 1953, l'équipe

poitevine effectue une reconnaissance logistique à Font Serein. Les 14 et 15 février, il neige ;

l'alimentation électrique vient de plusieurs centaines de mètres chez un particulier obligeant, mais

les pertes de courant qui se produisent dans la ligne de fortune rendent le tournage à peu près

impossible. Les 14 et 15 mars le travail peut reprendre, cette fois avec un groupe électrogène

récupéré sur un sous marin allemand et emprunté à Angoulême au père de Madame HEILY ; le

personnel connaît l'appoint de Guy BUGEON et Bernard DECRON .

Après une projection privée pour les Responsables, le 20 avril H. BISSIRIEX réunit le SCP à la

Bourse du Travail pour lui projeter la version définitive intitulée « Au Pays des Ombres» .

Le 5 décembre 1953 à 17 heures et le 7 décembre à 17 et 21 heures, dans la salle du cinéma le

Castille, H. BISSIRIEX donnera trois conférences publiques «Des cimes aux abîmes»,

accompagnées des documentaires tournés dans les Dolomites et sous terre avec le concours du SCP.

Les films sont sonorisés par synchronisation avec l'image de textes enregistrés sur vinyle.

A l'Assemblée générale du 9 janvier 1955 à 18 heures, dans la Salle d'Accueil de la Norée, Henri

BISSIRIEX offrira au SCP une dernière projection du film « Au Pays des Ombres ».

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Les premières errances du SCP semblent alors amorties. La vie de l'Association se déroule

calmement, rythmée par les Assemblées générales de janvier, et les séances ordinaires mensuelles.

Septembre 1953 avait amené la présence et la collaboration dévouée d'une recrue de choix en la

personne de Guy MARTIN. La dernière fois qu'il a travaillé aux Grottes, c'était avec son père, en

1949, quand il avait ouvert une fouille dans le sol de la galerie inférieure, sous la paroi Est de

l'entrée. Immédiatement il accueille le matériel du Club, prend ses archives sous sa surveillance.

L'équipe LG HEILY et Guy MARTIN entreprend la topographie détaillée des Grottes de la Norée le

23-04-1954, tâche poursuivie le 04-05, achevée le 06-05 avec le concours de Jean MACARY.

En 1955, Guy MARTIN entre au Conseil d'Administration du SCP, mandat qui sera renouvelé en

1958 ; de même, Madame Joseph MARTIN, en 1956, réélue en 1959.

L'ambition générale est alors d'explorer et de topographier jusque dans les départements limitrophes

; trouver des prolongements aux cavités déjà connues enflamme les esprits. De telles découvertes

sont réalisées par le SCP, au Queroy, à Font Serein, à la Bertandinière, à la Sauvagerie, au Prince

Noir, à Fontarnault etc. ou encore à la Grotte aval de 36 Saint Hilaire sur Benaize. Là, le 10 mai

1956, le flair de Madame HEILY et une rapide désobstruction livraient au Nord du réseau un vaste

prolongement inconnu des explorateurs précédents ( SCT PLISSON 1954, Ann. Spel. IX,4-191). La

salle terminale lui fut dédiée sous le nom de «Salle Francine HEILY» (Bull.SCP 1956 -11 & pl II) .

Le Club enrichit aussi son Répertoire de plusieurs rivières souterraines: 37 Montrésor, 79 Bataillé,

86 Gabouret, 86 Curzay, 86 Fontoux, 16 Lascoux avec le Géologue GABILLY, 36 l'Aven noir ou

Gouffre du Gué de l'Embûche rendu accessible à l'explosif vers les années 1950 par GALLET, un

parent des BROUILLET...

Une équipe de deux plongeurs est constituée en 1956 par Pierre PROUST avec Michel

ABONNEAU en second. Ils obtiennent des succès notables aux sources de la Touvre en 1960, et à

Font Serein en 1962 où la jonction Lac - Résurgence sera réalisée en 1967 par un siphon de 250

mètres.

Les verticales sont rares et à rechercher à Saint Pierre de Maillé (les deux avens de la carrière de la

Roche à Guet), à Chauvigny (Aven des Basses Plantes), dans les Bois du Deffent (le Petit Soubis),

dans l'Indre (Gouffre du Raffou), dans la Braconne (16 1a Fosse Mobile), dans la Grotte de

Rancogne, dans la Grotte du Queroy...

Quand la décennie des années 50 s'achève, le SCP a exploré de nombreuses cavités dont les fleurons

demeurent Pron, Rancogne, Saint Hilaire, Le Queroy, Curzay ...

Le mouvement spéléologique né de la dernière guerre a retrouvé des cavités bien oubliées depuis

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MARTEL quand il avait eu le bonheur de les signaler. Le Poitou-Charentes possède sa

géomorphologie propre qui ne semble pas favorable à l'existence de cavités notables mais c'est là

une erreur ; il suffit de citer le complexe de cavités liées aux résurgences de la Touvre, qui se

placent en seconde position après la Fontaine de Vaucluse, ou encore la percée hydro géologique de

Bataillé - Sompt , quatre kilomètres , et les énormes cavités citées plus haut.

Fatigué de soutenir le Club à bout de bras dans les tâches multiples imposées par la fonction, de

nouvelles adhésions de jeunes se profilant derrière ABONNEAU, parmi lesquelles des promesses

apparentes de relève, à l'Assemblée générale du 11 janvier 1959, HEILY se démet de ses fonctions

en faveur de Pierre PROUST.

PROUST était quelqu'un de pondéré à qui doit revenir le mérite d'avoir discipliné ABONNEAU au

cours de leurs plongées. A condition d'être encadré, ABONNEAU (décédé depuis) révéla les

qualités des découvreurs mais il cite rarement son directeur de plongée ou ses collègues

d'exploration, se mettant en avant comme s'il avait opéré seul ; c'est un fait qu'il a beaucoup exploré,

cependant il n'a pas laissé beaucoup de descriptions, taisant même volontiers le nom et

l'emplacement des cavités qu'il visitait. Par contre il a su remplacer par la sienne la signature des

textes et des dessins des autres, ce qui relève davantage d'un certain infantilisme que de quelque

esprit de faussaire. C'est dommage car, sur le terrain, il était d'une hardiesse et d'un courage frisant

la témérité, aussi lui doit-on quelques succès. Il quitta le club et Poitiers pour s'occuper de stages

dans l'Ardèche (Vallon Pont d'Arc).

Des découvertes particulières méritent d'être signalées de 1946 à 1965 :

1) Une mandibule d'Hyène (CROCUTA spelaea) et un ossement d'Ours (URSUS sp.) à Pron,

novembre 1946. Remis au Pr. Etienne PATTE, Institut de Préhistoire.

2) Une station préhistorique à Quincay. Le 6 avril 1952, HEILY prospecte dans le vallon de

Ringère, avec DECRON et PELE. Il identifie un gisement d'industrie préhistorique qui semble

important (Bull. SCP .1952 p.9 et 1954 p.15 et pl.Il). Le Pr PATTE alerté se déplacera rapidement et

confirmera en donnant une date approximative. C'est à François LEVEQUE qu'il reviendra plus tard

d'exploiter l'étude du site qui s'avère être l'une des très rares stations actuellement connues du

Châtelperronien, industrie du Paléolithique supérieur, à l'articulation de la coexistence de deux races

humaines, celle de Neandertal et celle de Cro-Magnon.

3) A la Roche, le 26 septembre 1953, Francine HEILY à identifié des griffades et

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du poli de la paroi qui ne peuvent être attribués qu'à un Ours (URSUS sp.).

4) A la Sauvagerie Ouest, du 5 septembre au 6 novembre 1953, les époux HEILY et Guy

MARTIN effectuent des travaux derrière les ruines de «la maison du crime» où un assassinat avait

été commis au 19ème siècle. De premiers dégagements avaient été opérés là par Joseph MARTIN

en 1947 et 1948. Une dangereuse désobstruction conforte l'opinion d'une liaison avec la Sauvagerie

Est. Un premier sondage dans un piège naturel avait été effectué par Maurice DERIBERE en 1950.

Repris, il a livré en 1953 des ossements très fossilisés d'un Cheval et une mandibule de Félin

(panthère ou Lynx ?) remis au professeur PATTE.

5) A la Sauvagerie Est, c'est du poli de Blaireau qui attire l'attention et réclame une

désobstruction le 21 mars 1954.

6) Six jours plus tard, à Fontarnault, parmi de nombreux restes osseux, fragments attribuables à

un Ours et un crâne de Canidé (CANIS lupus).

7) Le vieux puits muré du village de Biard fut vraisemblablement fermé, comme les puits de

Poitiers, au début du 20ème siècle. C'est le 16 septembre 1954 que Guy MARTIN apprend qu'un

puits ignoré vient d'être découvert sous un hangar servant de garage, à une dizaine de mètres de la

rue ; la maison appartient aux anciens bâtiments d'une caserne qui laissa la place à une filature. Une

voûte maçonnée, de bonne facture, épaisseur 0,30 m, mure l'orifice d'un diamètre de 1,20 m. Un

ouvrier qui posait des canalisations, creusait une tranchée quand il heurta la maçonnerie de la

margelle où s'ouvrit une brèche étroite. Le 23 septembre PROUST sonde le puits à 40 mètres avec

la sonde flottante, et 42 mètres avec la sonde immergée, soit deux mètres d'eau dans la réserve,

provenant surtout, semble- t-il , de trois petits aqueducs drainant l'eau des toits voisins à moins un

mètre au NE, à l'E, et au SO. Testé, l'air se révèle sain et respirable. La descente eut lieu le 03

octobre (1954) après aménagement de l'ouverture dans la margelle, sans toucher à la voûte.

Le puits est maçonné jusqu'à -1,50 m. Ensuite il est taillé dans le calcaire gris sublamellaire du

Bajocien à silex, jusqu'en bas. A -5 m. -8 m. (N.B. poutres de bois à ce niveau), et -11 m,joints de

silex carié. Ici le diamètre s'abaisse à 1,10 m. jusqu'en bas. Aucune alimentation n'est visible dans la

réserve. D'après les données de la nouvelle carte au 1/25000 ème, le fond du puits serait à 72

centimètres au dessus de niveau de la Boivre, qui coule là à 275 mètres à l'Ouest, sous la Norée.

Cette donnée est intéressante car on ne retrouve pas ici cet aspect de cargneule caractéristique dans

les Grottes de la Norée, ce qui semblerait bien indiquer que leur creusement a été en relation avec

celui de la vallée et, qu'au moins en ce point les Grottes ne sont pas en relation avec des cavités du

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plateau.

8) Hors région, mais sans précision d'origine, un crâne d'Ours des Cavernes (URSUS spelaeus)

présenté par ABONNEAU dans les années 1965.

En dépit de sa hardiesse, Joseph MARTIN n'a pas accompli les prouesses physiques d'un

CASTERET, mais il donne une autre leçon, celle de la persévérance. Le Poitou-Charentes n'offre

pas les possibilités spéléologiques de la Navarre, du Comminges ou du Vercors qui sont des régions

à grande puissance calcaire. En regard, ici les vallées entaillent un Jurassique de médiocre

puissance, en déterminant le «relief en creux» des géographes. La tectonique montre deux

directions privilégiées : sud armoricaine et perpendiculaire, visibles sous terre dans l'orientation des

diaclases locales. Les plissements et les failles sont grosso modo parallèles à la chaîne des Pyrénées

dont ils représentent le lointain écho ,mais n'entraînent que des pendages très faibles. La corrosion

en milieu aquatique acide sous couvert végétal a élargi la fissuration et les joints de stratification,

s'attaquant aux faciès les plus solubles de la roche, avant le relèvement post-crétacique de la région.

Les libérations des tensions de l'écorce et les chocs thermiques des épisodes glaciaires ont participé

au démantèlement des cavités et à la réutilisation que nous leur connaissons dans le système actuel

des vallées au creusement desquelles elles ont présidé initialement. Elles sont en voie de

comblement par le jeu des effondrements et du colmatage par la sédimentation des argiles de

décalcification et le concrétionnement de calcite, voire quelquefois de gypse. Ces phénomènes étant

très lents, l'aspect actuel de certaines cavités peut fort bien localement être demeuré celui qu'avaient

connu les gens de la Préhistoire.

La fréquentation des cavernes stimule la réflexion sur la fuite inexorable du temps en montrant la

Nature à l'œuvre pour perpétuellement modifier ce qu'elle a construit.

Un guide de stage conçu par ABONNEAU en 1965, et fruit d'une collaboration, sera la seule

manifestation d'existence laissée par le SCP dans les années 60. On peut regretter que personne n'ait

alors pris la relève pour continuer la première Série du Bulletin stoppée en 1960.Une nouvelle ère

s'ouvrait pour le Club, peut-être plus spéléiste, mais au total féconde et conforme à l'esprit des

fondateurs .

Il nous reste à examiner cet autre aspect de la Spéléologie qu'est la «Biospéologie» Le SCP a

participé à un travail de recensement des Chiroptères (Chauves Souris) organisé par le Museum

National d'Histoire Naturelle, à Paris. Il s'agissait de connaître la durée de vie et les déplacements

des différentes espèces de ce petit Mammifère. Sous l'impulsion de Norbert CASTERET, le

Professeur RODE imagina donc de leur étendre le système de baguage déjà utilisé chez les Oiseaux.

C'était avant la Guerre, et aujourd'hui le Museum a fort heureusement mis fin à la campagne ; en

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effet certains opérateurs n'étaient pas conscients de manipuler des êtres vivants très fragiles aussi, à

terme, l'existence même des espèces était menacée.

Le 19 mai 1955, L.G.HEILY recevait un avis du Museum : un Minioptère (MINIOPTERUS

Schreibersi) bagué par ses soins à Font Serein le 14 septembre 1952 venait d'être repris dans la

Grotte de la Fontanguillière, à Rouffignac de Sigoulès (Dordogne) après deux ans et huit mois et un

déplacement de 175 kilomètres. Cette belle espèce est le meilleur voilier observé ; elle semble

coutumière du trajet Font Serein-Rancogne, dans les deux sens, (82 kilomètres ), ce qui prend de

onze mois à trois ans et sept mois. Pour couvrir les neuf kilomètres qui séparent Rancogne du

Queroy, cela prend de quinze jours à deux mois et neuf jours.

Sur neuf espèces contrôlées, six ont été observées à la Norée entre 1947 et 1959 : le Grand Fer à

Cheval (RHINOLOPHUSferrum equinum), le Petit Fer à Cheval (RHINOLOPHUS hipposideros et

la variété Rll.hipposideros minimus),le Grand Murin (MYOTIS myotis), le Vespertilion de Natterer

(MYOTIS Nattereri), le Vespertilion à Moustaches (MYOTIS mystacinus), l'Oreillard (PLECOTUS

auritus).

Les déplacements du Petit Fer à Cheval sont négligeables et il peut être considéré comme à demi

sédentaire. Ceux du Grand Fer à Cheval, l'espèce la plus commune, un assez bon voilier, atteignent

21 à 56 kilomètres en des temps de un an et quatre mois à quatre ans et trois mois ; un sujet femelle

bagué à la Norée le 22-02-1951 a été repris à la Norée le 15-12-1956, soit au bout de cinq ans et dix

mois. Bien entendu on ignore tout de ce qui a pu se passer entre les deux termes, dans l'espace

comme dans le temps.

Un RHINOLOPHUS Euryale, belle et élégante espèce à peu près de même taille queferrum

equinum, a parcouru les 61 kilomètres qui séparent la Fosse Mobile, en Charente, des Grottes de

Loubeau, à 79 Melle, en un an un mois et trois semaines.

Bien que dormant dans les cavernes (certaines espèces du moins) les Chauves Souris ne sont pas

des «cavernicoles». Ce terme même pourrait faire rêver : quels sont donc ces êtres mystérieux qui

hanteraient les cavités du sous-sol ? A part une espèce des Amphibiens, le Protée, qui vit

exclusivement en Carniole (Croatie), le spéléologue européen côtoie les cavernicoles sans même les

regarder,sans même les remarquer tant ce sont d'infimes petites bestioles.

D'abord il convient de distinguer les faux cavernicoles et les vrais. Chez les premiers,on distinguera

encore :

a) les «trogloxènes » : étymologiquement, leurs adaptations en font des étrangers dans le monde des

cavernes mais on les y rencontre accidentellement ; anatomiquement adaptés à la vie épigée, ils sont

hygrophiles et fréquentent habituellement les Mousses, l 'humus, le creux des Arbres etc.

b) les « khasmatophiles » ou « troglophiles » car « elles aiment les cavités », sont des espèces

épigées que l'on rencontre volontiers dans les fentes des arbres, du sol ou des rochers, dans certains

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recoins de caves, etc. fuyant surtout la sécheresse et la lumière ;

c) les «endogée » qui, leur nom l'indique, vivent dans le sol même pourvu qu'il soit assez meuble ;

ce sont toujours anatomiquement des épigées mais qui mènent obligatoirement une vie fouisseuse,

fuyant la sécheresse et la lumière. Les endogées sont souvent «synanthropes», c'est-à-dire qu'ils

vivent au voisinage de l'Homme, ce dernier déplaçant leurs populations avec les terres qu'elles

habitent et modifiant ainsi leur répartition.

La Chauve Souris est troglophile ; elle cherche l'humidité nécessaire à l'entretien de son «patagium

» (les ailes) qui ne doit pas se dessécher, sous peine de mort ; elle possède des yeux mais fait

davantage confiance à son «radar» pour éviter les obstacles ; nocturne dans ses retraites

souterraines, elle le reste pour aller chasser les Insectes volants pendant la nuit. Outre les

Chiroptères, deux Diplopodes sont aussi des troglophiles. L'un appartient à la famille des Glomeris

et se roule aussi en boule: GERVAISIA cf pyrenaica ; long de trois à quatre millimètres, il est

dépigmenté (Grotte Sous Chilvert,bois mort au Moulin de Biard). L'autre,de la famille des Iules, se

roule comme eux en spirale ; petit et grêle, long d'une dizaine de millimètres, il est blanc avec,

latéralement, une rangée de points rougeâtres ou brunâtres ; c'est BLANIULUS cf venustus. On le

rencontre aussi endogée.

Les Cavernicoles vrais sont les «troglobies», c'est-à-dire des espèces anatomiquement adaptées à

tout ce que suppose la vie souterraine : l'œil, devenu inutile, a régressé ou a même disparu ; les

appendices peuvent avoir pris des proportions exagérées ; les téguments sont entièrement

dépigmentés ; l'adaptation à la vie cavernicole concerne même la reproduction. Chez les Vertébrés

on ne connaît que deux Amphibiens, le Protée déjà cité, et le Typhlomolge de certaines cavités

américaines. Les autres troglobies sont des Invertébrés si on met à part un rat américain aveugle mal

connu.

Le Club a rencontré dans le Poitou-Charentes des troglobies aquatiques et des troglobies terrestres.

Chez les aquatiques : un Amphipode (type « Crevette d'Eau Douce »), NIPHARGUS Ladmirauti,

ubiquiste dans la région considérée, sources, sous-écoulements, rivières souterraines. Chez les

aquatiques encore, un autre Crustacé, Isopode Asellidé, ASELLUS Heilyi Legrand 1956, de la

rivière souterraine de Bataillé et sa résurgence de Sompt ; grêle, long de 4 à 5 millimètres. Les

espèces épigées du genre ASELLUS mesurent 8 à 9 millimètres pour A.meridianus des eaux

courantes au Sud de la Loire, et jusqu'à 20 ou davantage pour A.aquaticus du Nord de la France

jusqu'en Scandinavie. Un autre Isopode aquatique, un Sphaeromidé, capable de se rouler en boule,

comme ses cousins de nos côtes, était signalé de la Bourgogne et de l 'extrême amont du système

d'alimentation des Sources de la Touvre. Il a été retrouvé par le SCP dans la rivière souterraine de

Bataillé : c'est CAECOSPHAEROMA burgundum, blanc, long de huit millimètres. Chez les

Crustacés terrestres, deux Oniscoïdes ont été rencontrés :

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HAPLOPHTALMUS gibbus Moracchini nov.sp. Legrand 1956, un petit Cloporte blanc long de trois

millimètres (Pron, Sauvagerie, Chambon ), et TRiCHONISCOIDES albidus speluncarum, autre petit

Cloporte dépigmenté, long de quatre millimètres (Saint Hilaire, Sous Chilvert, Sauvagerie, berges

de Bataillé et de Gabouret).

Pour être complet, il faut citer enfin un petit Mollusque Gastéropode holostome de la famille des

Hydrobiidés : AVENIONIA cf Berenguieri, d'un diamètre de deux millimètres, dépigmenté et

aveugle, connu jusque là surtout par ses coquilles recueillies dans les sources (Rivière souterraine

de Bataillé et sous écoulement de la résurgence de Sompt).

On peut se demander de quoi se nourrissent pour survivre ces petits hôtes permanents d'un milieu

particulièrement hostile... De la couverture végétale leur parviennent des racines, des débris

d'organismes morts, chitine ou cellulose, arrivant par les voies secrètes de la fissuration et qui

deviennent vite des milieux de culture riches en Bactéries. L'argile même des grottes en est une

autre source. On ne s'étonnera donc pas que ces «cavernicoles» soient microphages.

Un grand NIPHARGUS a vécu un an dans un verre d'eau de source, se nourrissant du voile de

NEUSTON qui se reformait au fur et à mesure en surface.

On peut légitimement se demander aussi comment des espèces si étroitement inféodées au milieu

souterrain ont pu acquérir leur aire de répartition actuelle : n'existerait-il pas sous nos pieds des

réseaux communicants à l'infini ? C'est fort peu probable car relevant d'une hypothèse tout à fait

incongrue !. Il faut plutôt faire appel, quand les mers occupaient des dispositions différentes, à des

migrations de formes épigées qui ont colonisé les sous-écoulements des affluents des grands fleuves

: la Nature donne le temps au temps...

Pendant des lustres dans les Grottes de la Norée, au dessus de l'escalier qui permet d'accéder à la

Galerie supérieure, on a connu une racine d'Ormeau courant sur plusieurs mètres contre la paroi ;

elle était grosse à peu près comme le poignet. L'arbre n'existe plus, la racine ne lui a pas survécu ;

elle avait passé sa vie à pomper de l'humidité et des sels minéraux à une trentaine de mètres de

profondeur. C'est à peine mieux qu'une honnête Carotte qui peut ainsi aller s'alimenter jusqu'à une

dizaine de mètres à l'entour. Dans le cas des arbres, ces longues racines conduisent la foudre que la

cime attire à l'instar des puits et des gouffres. Tous les spéléologues savent qu'en temps d'orage on

doit déséquiper les avens et remonter les échelles métalliques.

Joseph MARTIN protégeait cette racine d'Ormeau, qui ne lui aura survécu que de peu. Comme dans

son coteau il protégeait ces témoins d'un microclimat méditerranéen à la Norée que sont les Erables

de Montpellier (ACER monspessullana). Ici est la limite Nord de l'aire d'extension de l'espèce.

Où sont donc les origines dans le giron du MUAJ ? Les « Anciens» du CLAJ ont vécu en une sorte

d'amicale cultivant le souvenir de ses Fusillés, et puis la vie les a dispersés. Le début des années 50

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ce fut aussi le temps où certains magouilleurs des années de guerre relevaient la tête. Discrets

jusque là ils n'en tenaient pas moins au chaud des griefs contre les maquisards qui les avaient

naguère démasqués et quelque fois justement spoliés. Se précisaient aussi les luttes politiques au

sein des partis qui ne pardonnaient pas l'indépendance dont avaient fait preuve au maquis certains

des leurs ; or NONAIN tenait de l'armée américaine son brevet de Lieutenant signé, qui plus est, par

EISENHOWER : malade, écœuré, il quitta le Poitou sans retour, allant reprendre les ciseaux et son

ancien métier de tailleur auprès de lointains parents cévenoles. Il aurait pu faire sien le propos de

SCIPION «Ingrate patrie tu n'auras pas mes os». Aux instances nationales, des courants ont voulu

conserver un mouvement, d'autres voulaient un simple organisme de gestion des gîtes d'étapes,

tandis qu'au plan local la division naissait de questions de personnes. A Poitiers deux groupes en

résultent, celui de la Place de la Cathédrale et dans un « baraquement ZH » de la Promenade des

Cours, l'autre, affilié désormais aux « Cam'route» les « Camarades de la Route». C'est avec celui-là

que le SCP entretiendra des relations ; la nouvelle direction de Tourisme et Travail restera dans le

baraquement de NONAIN, implanté à peu près à l'entrée de l'actuelle rue Paul Guillon en haut de la

rue Boncenne. Et puis tout cela va fondre au gré des années de la décennie, au gré des départs des

uns et des autres, puis disparaître. Seul subsistera le rêve d'un SCP respectable et utile.

En reprenant page à page les Bulletins de cette époque, on pourrait retracer une histoire plus

complète des origines du Club. Ce n'était pas exactement le propos ici, qui visait plutôt à retrouver

dans le souvenir de Joseph MARTIN, de sa vie et de son époque, les raisons d'une utilité. A la

faveur de celle-ci nous n'avons pas parlé de la satisfaction de l'esprit : avec un autre grand, avec

Norbert CASTERET, on la goûte assis sur un rocher, lampe éteinte, à écouter la nuit: «Certes la

lumière et la vie sont bannies de ces hypogées de la Nature, mais le silence majestueux, écrasant qui

y règne suffit à en peupler les sombres dédales »

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BOISNIER Paul. 1939 «Poitiers ville de tous les âges, ses monuments, ses environs». 48 pp, 55

héliogravures. Édition du Syndicat d'Initiatives.

CASTERET Norbert. 1946 «Une vie de Chauve-Souris», Didier, Toulouse.

DERIBERE Maurice 1951 in Le Monde Souterrain na 65-66; pp 566 sq.

JOUSSAUME Roger, PAUTREAU J.P. 1990 «La Préhistoire du Poitou» 600 pp, fig. - (Ouest

France).

LEGRAND J.J. 1954 «Les Isopodes terrestres du Poitou et du littoral charentais» Éditions du

Muséum, Mémoires, A, VI, 3, 139-180.

LEGRAND J.J. 1956 «Contribution à l'étude de la Faune Cavernicole de l'Ouest de la France» .

Notes biospéologiques XI, 23-51.

MARZAC Jacques 1993 «Jane ROGEON photographe poitevine 1930-1953» Les Éditions du Pont

Neuf, Poitiers.

RODE Paul 1947 «Les Chauves Souris de France », 70 pp, Éditions N.Boubée, Paris.

S.C.P. Bulletin 1ère Série, maquettes HEILY pour les années 1946 - 1951, 1952 a, 1952 b, 1953,

1954 a ,1954 b, 1955, 1956, 1957, 1958 a, 1958 b, 1959, 1960.

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D'après Photo Necer

De gauche à droite : Joseph Martin, L G Heily, Lucien Boizier, Maurice Déribéré.

La Norée le 16 juin 1951

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Photo Gault

Paul Boisnier le 05-01-1952 sur le site du chœur de l'abbatiale de Ste Croix avec, de gauche à droite,

l'artiste peintre Hourrégue, L. Boizier, Heily, Petit, J.Macary.

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Photo Ramon Llastarry y Cam arasa

Font Serein 07-06-1954, Pierre PROUST, avec Guy de LAVAUR en tenue de plongée, devant la résurgence de

la Roche.

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Photo P PROUST

Exsurgence de Gabouret 24-07-1955, de gauche à droite, L.G HEILY, P. PROUST, B. DECRON.

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Photo L. Boizier.

Assemblée Générale du sep, le 11-01-1959. De gauche à droite, Guy Bugeon, Guy Martin, Francine Heily,

Madame Joseph Martin.

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Photo Francine Heily

Madame Joseph Martin, Guy Martin et F.T Heily à la Norée le 06-05-1966.

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Photo La NOREE « Méduse et Papillon»