B U L LET I N DE PHILOSOPHIE MEDIEV ALE EOITE PAR LA SOCIETE INTERNA TIONALE POUR L'ETUDE DE LA PHILOSOPHIE MEDIEV ALE (S.LE.P.M.) 29 Jean R. MICHOT IV, 2. - « L'EPITRE SUR LA DISPARITION DES FORMES INTELLIGIBLES VAINES APRES LA MORT» D'AVICENNE Edition critique, traduction et index P. 152-170 SECRETARIAT DE LA S.LE.P.M. CHEMIN D' ARISTOTE 1 1348 LOUVAIN-LA-NEUVE - BELGIQUE 1987
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Yahya Michot, L'"Épître sur la disparition des formes intelligibles vaines après la mort" d'Avicenne
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8/4/2019 Yahya Michot, L'"Épître sur la disparition des formes intelligibles vaines après la mort" d'Avicenne
Dans un Bulletin anterieur, nous avons presente l'epitre d'Avicenne parfois intitulee
Epitre sur l'dme, ou Epitre exposant que la forme intelligible opposee au reel se dissoui,
e n l'tim e h um ain e, a pres L a mo rt, et nous en avons donne une traduction anglaise-,
Nous en proposons aujourd'hui la premiere edition critique, la traduction francaise
integrale et un index arabo-francais en nous referant aux manuscrits suivants :
N = Istanbul, Nuru Osmaniye 4894, fol, 370 v. - 371 v. (voir G. C. Anawati, Le
manuscrit Nour Osmaniyye 4894, in MiD.E.O., III, Dar el-Maaref, Le Caire, 1956, p.
381-386, n' 66; W. E. Gohlman, The Life of Ibn Sina, State Univ. of New York Press,
Albany, New York, 1974, p. 3). Non date; XeIXVle s. selon W. E. Gohlman. Ecriture
reguliere tres lisible; beaucoup de points diacritiques manquent. Dans les fihrist de cette
importante majmil' a avicennienne, l'epitre est par deux fois intitulee Risdla fi l-nafs -
Epitre sur l'dme.
A = Istanbul, Ahmed ill3063, fo1. 45 v. - 48 v. (voir F. E. Karatay, Topkapi
Sarayi Miaesi Kiauphanesi, Arapca YazmaLar Katalogu, t IV, Milli E~tim Basunevi,
Istanbul, 1969, p. 402, qui ne signale pas l'epitre). Non date, mais sceau du sultan
Bayazid (m. en 918/1512). Ecriture recherchee et reguliere; beaucoup de points
diacritiques manquent.
M3 = Teheran, Majlis II 2252, p. 133 - 137 (voir M. T. Danesh Pajuh & B. D. 'I.
Anvari, Fihrist Kitabhaye KhatIJ Kitdbklu1neh Ma jL is S en d, t. I, Teheran, p. 6-7). Non
date; XeIXVIe - XIeiXVIIe s. Ecriture rapide, nerveuse, sans beaute et de lecture difficile;
peu de points diacritiques.
I = Teheran, Mishkat 1037, fo1.207 v. - 205 v. (sic). Majmu'a de 229 fo1.(6,5 x
16), aux ecritures diverses, cornprenant plusieurs textes d'Avicenne. Le groupe de textes
dont l'epitre fait partie est date (fo1. 208 v.) du mois de Rabi' II (1)171/1578. Surface
ecrite de 3,7 x 12,5; de 20 a 23 lignes par fo1.Ecriture nasta' liq assez epaisse, rapide etnon stylee, portant la plupart des points diacritiques; quelques traces de corrections du
t copiste meme,
1 Avicenna·s .. Letter on t~ disappearance of t~ vain intelligible forms after deatn ». Presentation and
Translation, in Bulletin ... , n' 27,1985, p. 94-103. Rappelons qu'il s'agit de l'oeuvre avicennienne Ergin
210 ( O. Ergin, ibni Sina Bibliyografyast, in Bilyiilc Tiirk Filozof ve Tib Ustadi lbni Sina. Sasiyen ve
eserieri hakkinda tetkikler, TUrk Tarih Kururnu Yaymlanndan: VII. Seri - N' 1. A. Halit Kitap Evi,
Istanbul, 1937. pp. 1-80. p. 46). Anawati 81 (G. C. Anawati. Essai de bibliographie avicennienne,
Millenaire d'Avicenne, Ligue Arabe, Al-Maaref, Le Caire, 1950. p. 146) et Mandavi 36 (Y. Mahdavi,
Bibliographie d'Ibn Sina, Publications de l'Univ, de Teheran. n' 206. Teheran. 1954, p. 50).
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« L'epitre sur la disparitioti des formes uaines » d'Auicenne 153
U2 = Teheran, Universite 1149n3, foL 386 v. - 387 v. (voir M. T. Danesh Pajuh,
Fihrist Kitabklulneh Ihdilye Aqaye Sayyid Muhammad Mishkdt beh Kitdbkhdneb
Daneshgah Tehran, t. ill, 4 [6], Complement, Publications de I'Univ. de Teheran, n'
303, Teheran, 1335, p. 2437-2438, 2434). Non date, mais temoignage de propriete de
962/1555 (voir M. T. Danesh Pajuh, Fihrist . .. , p. 2437). Ecriture non sty lee et hesitante;
plusieurs points diacritiques manquent
Q = Mashhad, Astane Quds Ridawi 389, p. 1 - 4.1 Majmu'a de 49 p. (20 x 13,2)
comprenant huit textes philosophiques, dont cinq d'Avicenne. Pas de date ni de nom de
copiste; depose a la bibliotheque en 1311/1893. Surface ecrite de 13 x 7; 17 lignes par
page. Ecriture nasta'liq cursive et sans beaute, portant la plupart des points diacritiques.Une etiquette de la bibliotheque collee sur la page de garde porte l'inscription : Tajyfr dar
infisdkn suwar - Texte sur la dissolution des formes.
T = Teheran, Malik 4693, p. 28 - 30.2 Majmu 'a de 227 p. (25,5 x 13,5),
composee de trois recueils (p. 1-151, 152-214,215-227) comprenant plusieurs textes
d'Avicenne. Pas de date ni de nom de copiste mais posterieur a 871/1466 (date citee p. 56
a propos d'un texte d'al-Dawani). Nombre et disposition des lignes variables suivant les
pages. Surface ecrite du premier recueil : 19 x 8. Fine petite ecriture ta 'liq, nerveuse mais
reguliere, portant la plupart des points diacritiques. Dans Ie fihrist, l 'epitre est appelee
Risdla taqrirdt Ibn Sfnil- Epitre composee par Avicenne.
M2 = Teheran, Majlis 634, p. 40 - 41 (voir Y. I'ti~ami, Fihrist Kitdbkhdnen Majlis
ShuraT Millf . Kutub Khattf, t II, Impr. de la Bibliotheque, Teheran, 1311, p. 390-401;
396). Date de 1043/1633. Epaisse ecriture stylee et reguliere, portant beaucoup de points
diacritiques. Pages deteriorees en divers endroits.
UI = Teheran, Universite 2401, p. 404 - 405 (voir M. T. Danesh Pajuh, Fihrist
Kitdbkhdneh. Markazi Daneshgah Tehran, t. IX, mss. 2121-2629, Publications de l'Univ.
de Teheran, n' 669, Teheran, 1340, p. 1012-1023; 1023). Xle/XVIIe s. ? Ecriture fine,
tres reguliere, portant la plupart des points diacritiques. L'epitre est evoquee comme suit
dans lefihrist :Maqdla li-ba'd; al-hukamil'jf l-suwar al-mawjtida fi l-nafs - Epitre de l'un
des Sages concernant les formes existani en l'dme.
MI = Teheran, Majlis 3923 (autrefois: Tunkabani 79), p. 185 - 189. Majmua de
379 p. (18 x 13) comprenant plusieurs textes d'A vicenne. Pas de date ni de nom de
copiste. Surface ecrite d'environ 12,5 x 8; 18 lignes par page. Ecriture nasta'liq portant
beaucoup de points diacritiques. Une note marginale.
L = Londres, British Library Add. 16659/30, foL 433 v./438 v. - 434 v./439 v.
(voir Ch. Rieu, Catalogus Codicum Manuscriptorum Orienialium qui in Museo Britannica
asservantur, t II: Codices Arabicos amplectens, Musee Britannique, Londres, 1871, p.
447-451, n' DCCCCLXXVIII). Date de 1182/1768. Petite ecriture tres claire mais sans
beaute, portant la plupart des points diacritiques. Quelques traces de corrections, sans
doute du copiste meme, Dans lefihrist de cette volurnineuse majmu'a, l 'epitre est intitulee
lOu, seton Y. Mahdavi : IV, 387/1.
2 Suivant Y. Mahdavi : 2013.
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Epitre sur I'ame du Shaykh al-Ra'Is, Preuve du Reel
- que Dieu rafraichisse sa sepulture !
Au nom de Dieu, Celui qui fait misericorde, le Misericordieux,
Que le Dieu Seigneur des mondes soit loue de la louange de ceux qui sont
reconnaissants !Ses benedictions sur Muhammad et sur sa famille de Purs !
J'ai examine la question a propos de laqueUe notre maitre, l'Ustadh, le Ra'is tres
honorable - que Dieu fasse durer sa grandeur ! - nous a consulte, 11savoir ladissolution apres la mort, [5] dans les arnes humaines, des formes qui existent dans l'ame
et qui sont opposees au reel.
A propos des formes qui existent dans l'arne et qui sont opposees au reel, il est deux
opinions : l'une est que ces formes sont imaginales et pas du tout intelligibles, la
deuxieme qu'elles sont a la fois imaginales et intelligibles. Celui qui dit que ces formes
sont imaginales et pas du tout intelligibles dit quelque chose de vain. La realite de
l'inteUigible consiste en effet en ceci : la forme existe dans l'ame en etant denuee de
position, de designation et du reste de ce en quoi l'intellect n'admet pas d'association.
[10] Toute forme, done, qui existe dans l'ame d'une maniere telle qu'il est possible, pour
l'intellect, d'y admettre quelque association, est universeUe, intelligible. Or, parmi les
formes impossibles, i1 en est certaines qui ont ce caractere; ainsi, par exemple, la croyance
que la 'Anqd'Mughrib1 existe dans les faits. Celui qui admet qu'elle existe dans les faits
admet de meme qu'il puisse y en avoir plus d'une. n croit done que1que chose d'universel
et c'est quelque chose d'intelligible. Puisque, des deux opinions distinguees, c'est la
premiere qui est impossible - 11savoir que la forme contraire au reel n'est pas intelligible
du tout -, il reste des lors qu'il est possible que cette forme soit intelligible.
[15] L'affaire etant telle, il nous faut obligatoirement examiner si cette forme s'en va de
l'arne ou si eUe demeure eternellement en elle.
n n'est pas possible, dirons-nous, que ces formes opposees au reel existent ni dans les
affaires permanentes et sempiternelles, ni dans les intellects agents.' Les intellects agents
intelligent en effet les choses en tant qu'elles sont des concomitants de leurs essences; ils
intelligent l'existence de ces choses ou des moyens et des dispositifs menant a leur
existence. Or, toute affaire concomitante d'une affaire qui existe en acte [20] existera
immanquablement en acte. Des lors, si une affaire impossible etait concornitante des
intellects agents, il faudrait qu'elle existe en acte. La consequence etant impossible, il reste
done que rien d'impossible n'est concomitant de ces intellects agents et que ces derniers
n'intelligent pas ces affaires. Nous l'avons en effet dit, ce sont leurs concomitants qu'ils
1 Sur cet oiseau fabuleux du genre du phenix, voir Ch. Pellat, art. 'Alltd', in Enc. de l'Islam, 2e ed., t. I,
p. 524, E. J. Brill, Leyde - G.-P . Maisonneuve, Paris, 1960.
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intelligent. Dans les entendements, elles existent cependant - je veux dire les formes
impossibles, dans les ames humaines -. n ne fait done pa s de doute que l'intelligence lesintellige de ce point de vue. Quant a exister dans les faits, ce n'est pas du tout le cas, et ladifference entre ces deux existences est evidente, n y aurait a parler longuement a cepropos.
[25] Les ames humaines ne saisissent rien que par l'intermediaire des sens et de
l'imaginative. Quant a leur saisie de leur essence, elle ne se fait pas par l'intermediaire dessens et de l'imaginative; elle constitue une autre espece de saisie que nous ferons connaitre
en son lieu. Les Maitres de I'An se sont occupes d'exposer cela et, par rna vie, c'est unechose dont un savant accompli ne saurait douter. Et quand la puissance imaginative
imagine quelque forme, impossible ou non impossible, l 'intellect accomplit en celle-ci
l 'action qui lui est propre et la fait devenir intelligible. Des lors, si l'imaginative ne servait
pas d'intermediaire, absolument aucune forme opposee au reel n'adviendrait [30]en
I'intellect,
Les intelligibles, on le sait, ne se dessinent pas dans quelque chose de divisible, c'est-
a-dire dans quelque chose qui a une position. Le tresor de tous les intelligibles, ce sont les
intellects agents. Quand l'ame vient a se tourner vers les intellects agents, les formes
intelligibles fluent sur elle, a partir d'eux, tant qu'elle reste tournee vers eux. Lorsqu'elle
se detoume d'eux vers le cote de l'organisme et des puissances organiques, elle est
distraite des formes intelligibles par ces affaires. Et chaque fois que les formes
intelligibles disparaissent de l'ame, c'est-a-dire chaque fois qu'elle ne [35]les saisit pas,
elle considere le t resor des intelligibles et elle en saisit ces formes; ou, plutot, ces formes
fluent sur elle, d'aupres du donateur des formes, par I'intermediaire des intellects. Cela,
de meme que lorsqu'elle ne saisit pas ses formes imaginales, la puissance imaginative
considere le tresor de ce qu'elle conserve comme idees et formes et en saisit alors ces
formes.
La gravure des particuliers ne se fait que dans une affaire divisible et qui a une
position. n s'ensuit necessairement de la que leur tresor [40] est un corps ou une
puissance se trouvant dans un corps. En revanche, iln'est pas possible que le tresor des
intelligibles soit un corps ou une puissance se trouvant dans un corps. Leur tresor, ce sont
plutot les intellects agents. Chaque fois done que cette forme contraire au reel disparait de
l'ame, cette derniere se retere a l'imaginative et ces formes lui adviennent au moyen de cenouvel acte d'imagination. Mais quand l'ame se separe de l'organisme et que la puissance
imaginative s'evanouit, ces formes s'evanouissent aussi en elle et il n'est pas possible
qu'elles lui adviennent a nouveau au moyen d'un acte d'imagination, etant donne que
l'imaginative n'existe plus.
[45]Ceci etant etabli, ilest done vrai que les formes contraires au r e e l se dissolvent en
l'ame rationnelle apres la mort. Ces formes ne fluent plus sur l 'ame apres la mort, comme
les formes r~elles Ie font, pour la seule raison qu'elles ne correspondent pas a l'essence de
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« L'epitre sur la disparitioti des formes vaines » d'Auicenne 163
l 'ame et que, du Createur, le mal ne provient qu'en cas de necessite. Ces formes opposees
au reel emanaient de lui en vertu de la necessite de l'imaginative. Aussi, lorsque celle-ci
s'evanouit, il faut necessairement qu'elles ne fluent plus de lui, tandis que les formes
reelles continuent a le faire, puisque c'est bien.
[SO]Le complexe raisonnement qui precede repose sur trois premisses.
L'une, c'est que l'ame rationnelle ne saisit rien des intelligibles, en son essence, qu'au
moyen des sens et de l'imaginative. Ou, plutot, je dirai qu'elle n'a de forme intelligible
qu'apres que cette derniere ait ete sensible ou imaginale. Certes, il est des intelligiblespour lesquels il n'est pas possible d'etre precedes par une affaire imaginee ou sensorielle,
ainsi Ie Createur - grande est Sa Majeste ! - et les intellects agents. Je dis cependant
que l'intellect hylique ne devient intellect en acte [55]que par l'intermediaire des sens et
de I'imaginative. A ce propos, les gens qui realisent les choses sont prolixes.
La deuxieme premisse, c'est que pour ces formes contraires au reel, opposees a lui, iln'est possible d'advenir en l'ame que par I'intermediaire de I'imaginative, des sens et de
l'estimative; assurement l'estimative a egalement une influence en ce phenomene.
Ces deux premisses sont quelque chose d'indubitable pour ceux qui excellent dans
l'Art de la Sagesse.
La troisieme premisse, c'est que l'ame humaine ne saisit rien [60]des intelligibles tant
qu'elle ne se tourne pas vers les intellects agents, et qu'aucune forme intelligible ne se
conserve en elle, En effet, l'ame n'est pas de ces affaires divisibles dont une partie
conserve tandis qu'une autre saisit, comme c'est le cas pour le reste des puissances.
Cette troisieme premisse est quelque chose dont ilserait possible qu'un des Maitres de
la Sagesse doute, Avec une recherche claire et un examen meticuleux, son incongruite
s'evanouit cependant.
Si on nous dit que les intellects agents ne sont pas des choses divisibles en lesquelles
quelque chose conserve tandis que quelque chose d'autre saisit et qu'il s'ensuit
necessairement qu'ils ne saisissent pas non plus tous les intelligibles a la fois, la reponse
sera [65] que les intellects agents saisissent tous les intelligibles d'un coup etsimultanement, lis ne saisissent pas une chose a un certain moment ni ne s'en detournenta un autre. lis connaissent les choses a partir de leurs essences et de celle du Premier Reel- grande est Sa Majeste ! -. lis sont toujours tournes vers l'essence du Premier et
saisissent done, en la considerant en permanence, les intelligibles. En effet, toutes les
choses sont des concomitants de cette essence.
Telle n'est pas la situation en ce qui conceme les ames humaines; meme si, apres la
mort, I 'arne humaine saisit egalement l'ensemble [70]de ses intelligibles d'un seul coup
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puisqu'elle est alors toumee vers le Premier et vers les intellects agents et qu'elle saisit ces
intelligibles d'un coup. Le cas des intelligibles contraires au reel est different de celui-ci
etant donne que, nous l'avons dit, les intellects agents ne font plus fluer, alors, ces
formes vaines. Elles sont en effet un mal et un mal n'est concomitant de leurs essences
que par accident, en cas de necessite, De plus, l 'ame aurait alors besoin de l'imaginative,
laquelle n'existe plus apres la mort.
La difference est done evidente et la realite est manifeste. II serait possible de s'etendre
beaucoup a ce sujet. [75] Un expose de cette mesure suffira cependant au savantaccompli. Et puisque ces affaires sont vraies, il est done vrai aussi que les formes
intelligibles opposees au reel se dissolvent en l'ame humaine apres la separation de
l'imaginative.
Voila ce qui s'est presente a mon esprit. Que Dieu fasse durer la grandeur de notre
maitre, l'Ustadh, et qu'Il nous donne de jouir de sa longevite !Ce serait, de sa part,
obliger son serviteur qu'accepter ses excuses pour la prolixite de cet ecrit, remedier a ses
defauts et y corriger ce qui est faux.
P· IlUX .
[80] Et louange au Dieu Seigneur des mondes !
• ••
IN D E X
Les mots retenus dans l'index sont ceux du texte arabe de l 'Epftre sur la disparit ion des
f ormes va in e s, tel que nous l'editons et le traduisons ci-dessus.
Les references donnees sont celles des lignes de notre edition.
Des crochets entourent les mots appartenant a des expressions classees sous desracines differentes de celles auxquelles ils se rattachent et sous lesquelles ils sont par
ailleurs egalement repris.
Comme les pronoms, la plupart des prepositions, des conjonctions et des adverbes ont
ete negliges. Ceux qui ont ete retenus sont soit classes sous les racines auxquelles ils se
rattachent, soit regroupes a la fin de l'index,
Les noms propres et les termes philosophiques arabes transcrits du grec sont regroupes
a la fin de l'index,
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