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CONSOMMER DANS LES CAMPAGNES DE LA GAULE ROMAINE Actes du X e congrès de l’Association AGER Sous la direction de Xavier Deru et Ricardo González Villaescusa REVUE DU NORD Hors série. Collection Art et Archéologie N° 21. 2014. Université Charles-de-Gaulle - Lille 3
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X. Deru, R. González Villaescusa, Discussion préalable autour du concept de consommation, in X. Deru, R. González Villaescusa (dir.), Consommer dans les campagnes de la Gaule romaine,

Feb 04, 2023

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Nadine Levratto
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Page 1: X. Deru, R. González Villaescusa, Discussion préalable autour du concept de consommation, in X. Deru, R. González Villaescusa (dir.), Consommer dans les campagnes de la Gaule romaine,

CONSOMMER DANS LES CAMPAGNESDE LA GAULE ROMAINE

Actes du Xe congrès de l’Association AGER

Sous la direction deXavier Deru et Ricardo González Villaescusa

REVUE DU NORDHors série. Collection Art et Archéologie N° 21. 2014. Université Charles-de-Gaulle - Lille 3

Page 2: X. Deru, R. González Villaescusa, Discussion préalable autour du concept de consommation, in X. Deru, R. González Villaescusa (dir.), Consommer dans les campagnes de la Gaule romaine,

Dans l’historiographie, la campagne s’oppose à laville : autant cette dernière est consommatrice, autantla première est laborieuse. Il n’est en fait pas d’oppo-sition, mais un équilibre, la ville produit bien évidem-ment des biens et des services et la campagneconsomme. Dès lors, la «  consommation  » dans lescampagnes nous paraissait un thème prometteur, per-mettant de rassembler les acteurs des différentes disci-plines archéologiques, des différentes régions, aussibien jeunes chercheurs que savants patentés.

Le concept de « consommation » est vague et sus-pect. Vague, il l’est tout d’abord dans la classificationdichotomique des sites par beaucoup d’archéologuesqui distinguent « sites de production » d’une part, etd’autre part, « sites de consommation », c’est-à-diretout le reste : aussi bien les sites d’habitat ruraux, desagglomérations, des sanctuaires ou des nécropoles.Ensuite, «  société de consommation  », «  consumé-risme » sont souvent employés dans un sens péjoratif1.La consommation étant perçue soit comme une bouil-lie culturelle lors qu’elle est de masse, soit comme unmoyen d’exclusion, de distinction quand elle est auxmains des élites. S’il est vrai que notre «  société deconsommation » n’est pas comparable aux sociétés del’Antiquité, la réflexion de J. Baudrillard2 sur «  la »société de consommation peut nous aider à compren-dre la « consommation », donc la production depuisun autre point de vue, certes, moins habituel, del’Antiquité. C’est aussi dans l’ouvrage de MaryDouglas et Baron Isherwood, The world of goods3,que nous proposons de reprendre quelques points clésissus aussi bien de l’anthropologie que de l’économie.Ces auteurs insistent au préalable sur la relativité desjugements que l’on peut avoir sur les biens qu’il estnécessaire de classifier, de hiérarchiser de manièredynamique et spatiale.

La classification, en effet, joue généralement sur lahiérarchie des biens, entre ceux qui sont nécessaires etceux qui sont rangés dans le luxe ou le superflu. Lesbiens nécessaires, ceux répondant aux besoins vitaux,se nourrir suffisamment, se vêtir, se loger, correspon-dent à une vision hygiéniste, restant souvent prison-nière de préjugés moraux. Pourtant, une alimentationsaine et diversifiée favorise la croissance et nous rendplus résistants à certaines maladies. Cette consomma-tion minimale n’est pas assurée dans les sociétés pré-industrielles, en tout cas pour une part de la popula-tion et de manière permanente. Les démographes oules ostéologues pourraient nous fournir des indica-teurs de l’état sanitaire de la société romaine, tout aumoins de manière relative, sur une histoire longue,entre l’Âge du Fer et le haut Moyen Âge.

La qualité des biens, comme autre critère de hiérar-chisation, peut laisser l’archéologue dubitatif, la qua-lité étant relative aux yeux de l’observateur. Pour unarchéologue, un récipient à l’engobe grésé et brillantpeut révéler des qualités supérieures à une vaisselleaux surfaces simplement lissées, mates et poreuses etce type de récipient est en effet distribué sur delongues distances. Il existe pourtant à nos yeux desproduits de qualité équivalente, dont la distribution estdifférente : par exemple, certains mortiers en céra-mique claire voyagent sur de longues distances etconcurrencent des produits locaux de qualités, à notreavis, semblables. Dès lors, l’archéologue ne peut pasjuger à coup sûr de la qualité d’un produit et le prixserait un critère plus pertinent. Comme nous ignoronsbien évidemment celui-ci, la distance parcourue par leproduit, voyage qui accroît fortement le prix, pourraitconstituer un facteur vénal décisif.

*. — Xavier DERU, Université de Lille 3, Laboratoire HALMA-IPELUMR 8164, courriel : [email protected] ; Ricardo GONzáLEzVILLAESCUSA, Université de Nice – Sophia Antipolis, CEPAM UMR7264, courriel : [email protected].

1. — GREENE 2008.2. — BAUDRILLARD 2011.3. — DOUGLAS, ISHERwOOD 1996 (2008).

REVUE DU NORD - N° 21 HORS SÉRIE COLLECTION ART ET ARCHÉOLOGIE - 2014, P. 13-19

XAVIER DERU, RICARDO GONZÁLEZ VILLAESCUSA*

Discussion préalable autour du concept de consommation

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Mary Douglas présente d’autres modes de classifi-cation empirique. Le temps dont découle la notion defréquence constitue un autre facteur ; en effet, la fré-quence est inversement proportionnelle à l’impor-tance du bien. Le critère est évident à nos yeux, entrele costume du quotidien, du dimanche ou de cérémo-nie, mais il nous paraît difficile de l’appliquer auxdonnées archéologiques.

Un autre type de classification repose sur les grandssecteurs de production : les biens de nécessité dépen-dent prioritairement du secteur primaire, l’agricul-ture ; les ustensiles du quotidien se classeraient selonleur degré de technicité dans les biens nécessaires oude luxe. Aux yeux de l’économiste, les biens issus dusecteur tertiaire sont les biens plus élevés, les servicescomblent en effet au mieux le désir de luxe, de confortet de bien-être ; ils sont liés au lieu de présentation, autemps et à l’information. L’activité politique de l’élitelui permet d’entretenir ainsi ses relations sociales dansle cadre du forum, des thermes ou des pièces de récep-tion de ses villae. Le temps est gagné par la consom-mation de main-d’œuvre ou par ses moyens de trans-port.

La dernière démarche classificatoire que l’on peutproposer est fournie par le statisticien Ernst Engel aumilieu du XIXe siècle4. Il se fonde sur une enquête de la

consommation de très nombreux biens par cent cin-quante-trois ménages belges. Il calcule la part derevenu accordée à chaque bien et observe commentcette proportion évolue selon les modifications, l’élas-ticité, du revenu. Houthakker5, un siècle plus tard, aélargi l’enquête à d’autres pays occidentaux, maiségalement à des pays en voie de développement. Ilinsiste sur la validité de la loi empirique d’Engel, touten mettant au jour des variations locales. Ainsi, Engelrange les biens dans une catégorie inférieure lorsquela part allouée à ceux-ci tend à diminuer si le revenuaugmente ; il s’agit des denrées de nécessité ou deconsommation courante. La catégorie des biens nor-maux, comme l’habillement ou le logement, recevraune part égale ou légèrement supérieure, tandis quel’augmentation des ressources bénéficiera surtout auxbiens supérieurs, ceux liés aux transports, aux loisirset à l’information.

Sur le schéma (fig. 1), nous avons tenté de combi-ner les différentes démarches et définitions en propo-sant quatre classes de biens, tout en sachant les limitesde leur caractère opératoire. Nous avons ainsi l’ali-mentation, les biens d’équipement partagés entre ceuxde production simple et locale et ceux de technicitéplus complexe qui peuvent venir de loin et, pour finir,les biens immatériels.

14 XAVIER DERU, RICARDO GONzáLEz VILLAESCUSA

4. — DOUGLAS, ISHERwOOD 1996 (2008), p. 117. 5. — HOUTHAkkER 1957.

BIENS

Nourriture

Ustensiles de la vie quotidienneBasse technicitéProduction de proximité

Ustensiles de confortHaute technicitéProduction éloignéeDiversification

Service (personnel, esclave)Information (voyage, politique)

Nécessaires

D'équipement

De luxe

Primaire

Secondaire

Tertiaire

CLASSES SECTEURS

FIG. 1. — Hiérarchisation des biens de consommation.

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La loi d’Engel présentait déjà la relativité desvaleurs et la dynamique de celles-ci. Cette évolutions’explique par le goût de l’Homme pour la nouveauté,bien que cette dynamique s’affole à certaines périodescomme en Gaule à la période romaine, et comme elles’est accélérée à Rome même, au IIe s. av. J.-C.L’anthropologie montre un accroissement de la quan-tité d’un bien durant sa phase d’acquisition. Considéréd’abord comme un objet de luxe du fait de sa rareté, ilpeut devenir un objet nécessaire au quotidien, qui nesera plus renouvelé que selon des cycles qui lui sontpropres. Le niveau de saturation du marché est diffé-rent selon le prix et le revenu (critères économiques),le lieu, le moment et le goût (critères culturels). Ilsemble, par exemple, que les personnes qui ont lesmoyens et la nécessité sociale d’avoir un établisse-ment balnéaire au sein de leur villa, en disposent à lafin du Ier s. Au-delà, ils l’améliorent, l’entretiennent,mais peu de nouveaux édifices sont construits par lasuite. La saturation ici reste cantonnée à une classeaisée.

Cette phase d’acquisition est généralement compa-rée au modèle infectieux, correspondant à une diffu-sion par imitation et par émulation. Quelquefois laphase de saturation dépasse les classes sociales, leprix du produit baisse ou un service naît. Alors quel’élite dispose de main-d’œuvre pour la confection depain, les humbles, au IIe s., se rendent à la boulange-rie : le pain ne doit plus être considéré seulementcomme un aliment nécessaire, mais comme l’écono-mie d’un long moment de mouture, un luxe mainte-nant à portée de tous…

Si l’on prend le cas de la terre sigillée à Reims6, onconstate que son acquisition au début du Ier s. est limi-tée ; les produits proviennent d’Italie ou en faiblequantité du sud de la Gaule ; ils constituent vraisem-blablement une marque de distinction des tables. Aumilieu du Ier s., leur proportion atteint 15 % de la céra-mique et oscille jusqu’au IVe s. entre 10 et 15 %(fig. 2a). Cela reflète la saturation de l’offre ou de lademande, soit le prix reste trop élevé pour une classesociale inférieure, ce qui étonne vu le rapprochementdes ateliers (du sud vers le centre et dès le IIe s. enArgonne ; fig. 2b), soit le volume de terre sigilléenécessaire à satisfaire un public est atteint et qu’uneaugmentation de revenu tourne le consommateur versd’autres produits, de la vaisselle en métal par exem-ple, ou tout autre chose.

Il y a également des biens de consommation quideviennent des moyens de production ; la relationsemble ambiguë, elle ne l’est en aucun cas. Toute

consommation peut apparaître comme uneproduction : l’alimentation produit l’énergie muscu-laire, essentielle dans les sociétés préindustrielles,l’outil acheté et utilisé transforme la matière, demême, le bel habit crée un effet aux conséquencessociales peut-être importantes. Il convient dès lorsd’analyser la consommation comme un investisse-ment qui pourra être hiérarchisé selon les secteurséconomiques précédemment évoqués, mais avec unglissement : l’alimentation appartenant au secteuragricole fournit l’énergie à une activité artisanale,l’habit issu du tissage sera l’outil de la séductionsociale.

Il est maintenant nécessaire d’insister sur la dimen-sion culturelle de la consommation ; celle-ci est unmoyen de communiquer, d’indiquer son identitésociale, professionnelle ou sexuelle. Ce phénomèneest paradoxal ; l’homme cherche la nouveauté d’une

DISCUSSION PRÉALABLE AUTOUR DU CONCEPT DE CONSOMMATION 15

6. — DERU sous presse.

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FIG. 2. — La terre sigillée à Reims. A : représentation de la terre sigillée par rapport au total de la céramique entre la période augustéenne et le IVe siècle. B : provenance de

la terre sigillée sur la même période.

A

B

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part, mais, d’autre part, son message d’identité nepourra être compris que s’il est partagé. J. Baudrillard7

nous rappelle en effet que les besoins font partie d’unepensée magique, et qu’ils « ne sont rien, pris un à un[et] qu’il n’y a qu’un système de besoins ». Autrementdit, et pour prendre un exemple classique, il est certainque les soldats romains installés sur le limes auraientpu se passer d’huile d’olive ou de garum, comme lefaisaient les gens du pays, en revanche le « système debesoins » latin, romain, méditerranéen…, de la civili-sation qui s’y installait supposait un flux de marchan-dises d’une production lointaine avec une valeur sym-bolique ajoutée, dont la consommation individuelleprend le relais, en liaison avec le système de valeursde la société, et non pas de l’individu8.

Si ses revenus le permettent, l’Homme a accès à desniveaux d’information diversifiés, est attentif à la nou-veauté, au gain de temps, de pouvoir, d’ostentation, àla manière de vivre que lui offre sa nouvelle acquisi-tion. Il peut, par ce biais, gravir la pyramide sociale.Toutefois, l’argent, la culture et la consommation nepermettent pas tout. Des conventions sociales font queles gens se marient entre personnes du même mondeou que l’ascension sociale se fait toujours selon desnormes. L’État lui-même réglemente la surenchèredans la compétition sociale par des lois somptuaires,bien que cela soit réduit dans la Rome impériale. Chezles humbles aussi, l’effet de groupe réfrène l’individuen dehors des comportements distinctifs.

Pour finir, si le droit latin offre la possibilité auxélites d’accéder aux ordres locaux et d’acquérir lacitoyenneté romaine, cette mobilité sociale risque trèsvite de créer un « club » fermé où les plus riches, auxsources de l’information et de l’autorité, s’adapterontau mieux, accapareront le pouvoir, laissant les pay-sans dans l’ignorance, évoluer au rythme des saisonset subir les aléas de ces dernières.

Depuis l’Âge du Fer, les sociétés de l’Europe occi-dentale atteignent un niveau qui dépasse la phase où«  les forces s’épuisent à survivre  »9. La sociétéromaine est une « société de croissance », une sociétéqui intègre dans un grand et unique marché, une mul-tiplicité de marchés régionaux et de produits10. Finleyjustifiait le concept d’«  économie antique  » dans lefait qu’à l’époque romaine il y avait une seule entitépolitique avec une structure culturelle et psycholo-

gique commune11. Comme le montre Greg woolf, lamasse de biens que propose la culture romaine aug-mente et se diversifie12, et malgré l’accaparement desbiens ostentatoires par l’élite, la consommation trans-forme l’ensemble de la société par l’acquisition denouveaux biens et les modifications de vivre le quoti-dien. Une économie qui finira par tomber dans le dés-équilibre qui fait entrer en crise les systèmes agraires :

« Si aucune solution n’est apportée, le cercle infer-nal de la culture extensive se noue : quand les rende-ments baissent, les superficies augmentent, quandles superficies augmentent, les rendements baissent.Le fonctionnement du système est donc incompati-ble avec certains taux d’expansion démographiqueou avec la nécessité d’étendre les surfaces cultivéespour produire des cultures industrielles et se procu-rer des revenus monétaires. Le problème se posealors de transformer le système pour rompre le cer-cle infernal qu’il engendre et résoudre la contradic-tion entre production et consommation »13.

C’est la conséquence d’une « sur-consommation »et, par voie de conséquence, d’un commerce à longuedistance, dans le cadre de l’acculturation des régionsintégrées dans l’Empire romain. Le « miracle quoti-dien  » se manifeste, par exemple, dans l’apparitiondes marbres polychromes venant de l’autre bout del’Empire que l’on retrouve dans une bonne quantité devillae comme « négation magique » de la rareté et quideviennent, enfin, « puissance captée ». Le riche pro-priétaire foncier de l’entreprise agricole qu’est la villautilisant dans le décor de la pars urbana des porphyresrouges de l’Egypte, s’approprie un environnementlointain qui symbolise une partie de l’Empire dont ilfait partie ; il s’agit donc d’une « réinterprétation dumonde à usage interne »14.

Paradoxalement, à Rome est créée une colline arti-ficielle, le Testaccio, avec les argiles des fundi parse-més dans tout l’empire, transformées en amphores quiarrivent à Rome. Dans ce cas, on peut paraphraserBaudrillard (2011, 53) : Que l’emballage puisse sejeter, n’est-ce pas déjà cela l’Âge d’Or ? La plus-valuede la marchandise justifie ce « gaspillage » consubs-tantiel à une société d’abondance, de consommation.Abondance, croissance et gaspillage (et pénurie) vontde pair organisant la production elle-même, en fonc-tion de processus ostentatoires.

16 XAVIER DERU, RICARDO GONzáLEz VILLAESCUSA

7. — BAUDRILLARD 2011, p. 104.8. — BAUDRILLARD 2011, p. 51, 95.9. — BAUDRILLARD 2011, p. 44.10. — LEVEAU 2003.11. — FINLEy 1975, p. 39.12. — wOOLF 2000.

13. — GODELIER 1965 p. 83-84, dans son article « Anthropologie éco-nomique  » citant A. LEROI-GOURHAN, Le geste et la parole, 1964,p. 213.14. — Dans ce paragraphe nous avons mis entre guillemets lesconcepts empruntés à J. Baudrillard 2011.

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Les «  systèmes d’approvisionnement  » et La« distance »

Du point de vue de S. Narotzky15, à la suite d’autresauteurs qui s’intéressent davantage à la consomma-tion, l’approche des « modes » ou « systèmes d’appro-visionnement » met en relief la définition de la « facecachée de la consommation  ». Nous n’avons retenuque quelques questions qui peuvent apporter des élé-ments de réflexion aux sociétés de l’Antiquité (notam-ment d’époque romaine) ainsi que sur la méthodearchéologique davantage.1. Dans chacune des étapes du parcours d’approvi-

sionnement, les rapports sociaux produisent une«  différenciation matérielle  » qui est incorporéedans les biens et les services eux-mêmes.

2. Dans cette approche, il faut tenir compte de l’appro-visionnement simultané de produits spécifiques àpartir de différentes voies – marché, État, commu-nauté, groupe domestique – et l’articulation desstades commerciaux et non commerciaux le longd’un parcours d’approvisionnement.

3. L’approche du «  système d’approvisionnement  »peut articuler, d’une part, les processus de distribu-tion aux processus de production : c’est-à-dire,quels fournisseurs de quels biens utilisent quelscanaux de distribution et vice-versa. À titred’exemple, certains établissements ruraux d’Ebusus(Ibiza, Baléares) produisent un surplus d’huiled’olive ne pouvant servir à la seule consommationde l’unité de production, mais devant être destiné,probablement, à une consommation citadine. Cequi n’empêche pas de trouver les ubiquistesamphores Dressel 20 de Bétique au sein de cesmêmes établissements ruraux ou du chef-lieu de lacité. Les systèmes d’approvisionnement en huile del’une ou de l’autre zone de production, sont sansdoute différents et, par voie de conséquence, lesconsommateurs diffèrent aussi. D’autre part, l’ap-proche du «  système d’approvisionnement  » peutmettre en rapport des processus de distribution avecles capacités et les formes d’échange, c’est-à-direavec des questions relatives à la disponibilité derevenus, les différentes formes d’échange (enespèce, crédit, troc, prestations en main-d’œuvre),les modalités de transfert (personnel ou imperson-nel), ou le cadre des échanges. On songe aucontrôle et aux restrictions de création d’un marchéévoqués par le texte de Pline le Jeune,(Epistularum, V, 4, 1).

4. Cette approche doit aussi se focaliser sur les dépla-cements entre les différents modes d’approvision-nement et se concentrer sur leurs interactions pourélaborer différentes options permettant de repro-duire des structures sociales spécifiques.B. Fine restreint le domaine d’application de sa

théorie aux « marchandises », c’est-à-dire, d’unemanière restrictive, aux produits réalisés pour leséchanges de marché, mais aussi à ceux qui peuvententrer dans un processus d’échange marchand sansêtre des « marchandises » au sens propre16. «  Celacomporte une construction sociale de la marchandisedans son aspect matériel comme culturel »17. Il recon-naît aussi l’importance de considérer « la mouvanterelation entre les formes commerciales et non com-merciales d’approvisionnement, comme les change-ments et les transformations de ces catégories »18. Dupoint de vue de l’archéologie, J.-P. Morel avait déjàfait le constat de formes de «  non-commerce  »19, ladistribution et la consommation par « d’autres voiestelles que les traditions ethniques, l’imitation ou lacontrefaçon, les migrations ou les transferts d’arti-sans, la création de succursales…  ». Conduisant« même parfois à nier le commerce proprement dit auprofit du “non-commerce” »20. Nous voyons donc desmarchandises comme les moulages ou les artisans(dépositaires d’un savoir-faire) qui laisseront très peude traces matérielles, voire aucune, mais qui multi-plieront les indices de consommation, ailleurs, trèsloin du lieu de production sous forme de céramiquesproduites avec des argiles locales. Ou bien, des mar-chandises qui pourront nous induire en erreur commele transport d’amphores vides ou les possibles ateliersd’amphores de Lyon qui serviraient à emballer le vin«  qui y serait parvenu en dolia »21. La constructionsociale de la marchandise destinée à une consomma-tion précise acquiert ici la forme d’une amphore, lesrealia du vin qui arrive par un système d’approvision-nement différent.

Ainsi les objets peuvent entrer et sortir de la condi-tion de marchandises, et certains d’entre eux sontconsommés à plusieurs reprises de manière différente,dans des contextes culturels différents et par différentstypes de personnes, ce que J.-P. Morel appelait le« baptême de mer et d’éloignement », qui transformaitune céramique vulgaire dans son lieu d’origine en unobjet spécial qui trouvait sa place sur les tables et dansles sépultures des élites et dont les traces de réutilisa-tion ou les marques d’appropriation témoignent de sa

DISCUSSION PRÉALABLE AUTOUR DU CONCEPT DE CONSOMMATION 17

15. — NAROTzky 2007, p. 183-185. 16. — FINE 2002.17. — FINE 2002, p. 98.18. — FINE 2002, p. 114.

19. — MOREL 1982, 1998.20. — MOREL 1998, p. 489.21. — MOREL 1998, p. 498.

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valeur. D’autres, en revanche, ont le reflet d’un vec-teur simple entre la production et la consommationfinale22. Toutes les sociétés ont des idées culturelle-ment construites sur les flux de marchandises23. Maisces histoires acquièrent des qualités très intenses, nou-velles et surprenantes quand les distances spatiales,cognitives ou institutionnelles entre la production, ladistribution et la consommation sont grandes24.

Nous sommes tentés de comparer quelques produitsconsommés par les sociétés romanisées avec le rôlejoué par la canne à sucre, comme source de calories,pour la société de l’Angleterre industrialisée de S.Mintz, dans Sweetness and power : the place of sugarin modern history25, et dans la constitution et l’essorde la société capitaliste. Un mode de production (laplantation) est à l’origine d’un produit cher et raredevenu d’usage courant de nos jours et depuis leXIXe siècle. C’est la conséquence directe d’un divorceentre production et consommation, d’une longue dis-tance spatiale et d’une nouvelle signification – ou dis-tance – culturelle dans un système d’interprétation dif-férent de celui dont il est issu. Mais les questions quise posent invariablement sont pourquoi, quelles quan-tités sont disponibles, où et quand se cristallisent leschoix26.

Dans ce sens, on peut se demander si la consomma-tion de certains produits n’est pas un vecteur de roma-nisation, notamment quand il s’agit d’un produit quien remplace un autre qui avait la même fonction dansla société de réception. On songe à l’alun provenantde l’île de Lipari qui est utilisé comme mordant dansla teinturerie ou la tannerie et qui remplace toute unesérie de produits, d’origine animale ou végétale, dansles sociétés du nord de la Gaule et de la Bretagneromanisées.

Si dans une histoire économique, la « consomma-tion » vient à la suite de la production et de la distribu-tion, elle est pourtant intégrée en tant que telle à cesétapes ; il est à la fois nécessaire de l’isoler au sein duphénomène économique, tout en l’y contextualisant.« Consommer » n’est pas non plus une donnée natu-relle, de survie, elle forme un témoignage de l’indi-vidu au sein de son groupe et du groupe à l’intérieurd’un système de valeurs.Le colloque

Comme nous le lirons, les articles rassemblés iciproviennent de plusieurs disciplines, l’archéologie desstructures, celle du mobilier et l’archéo-biologie, à

plusieurs reprises les contributions mettent en dia-logue ces disciplines. Dans chacune, les auteurs ontessayé d’isoler la consommation, sans jamais y parve-nir réellement, tant la consommation est attachée à laproduction et au commerce.

Nous avons classé les articles par domaines de laconsommation, se référant autant aux secteurs del’économie. C’est l’alimentation cependant qui consti-tue le thème-clé, se nourrir était la priorité desAnciens. L’alimentation est appréhendée par les restescarpologiques et zoologiques. La mouture descéréales complète l’analyse de leur consommation,comme la vaisselle en céramique témoigne des modesde préparation et d’absorption des vivres.

Se loger devient la deuxième nécessité qui est iciappréhendée par la mise en œuvre des matériaux enterre cuite. Cela reste un domaine à explorer commecela est à appréhender à l’échelle d’un site et d’unerégion.

Pour terminer, on aborde à travers le monnayage lesmoyens d’acquérir des denrées aussi bien que lesfaçons de consommer la richesse en tant que telle.

RemerciementsL’Université de Lille, sa présidente F. Blaise, et le

laboratoire HALMA-IPEL, son directeur D.Devauchelle, ont accueilli ce colloque. Le Servicerégional de l’archéologie du Nord-Pas-de-Calais, sondirecteur, St. Révillion, et le Service archéologiquedépartemental du Nord, son directeur Fr. Loridant, ontsoutenu son organisation. La Municipalité deVilleneuve-d’Ascq, son maire, G. Caudron, sesadjoints et collaborateurs, nous ont reçu au sein duParc archéologique Asnapio. Chr. Aubry, J. Casène etC. Montagne ont participé à la mise en œuvre desjournées.

Ces Actes sont le fruit de la collaboration des labo-ratoires HALMA-IPEL et CEPAM des Universités deLille et de Nice. Ici aussi, nous avons bénéficié de lagénérosité du Service archéologique départementaledu Nord et de son actuel directeur P. Herbin. La Revuedu Nord, son directeur J.-M. Guislin, ont permis l’édi-tion de ce volume.

Que toutes ces personnes et institutions soient cha-leureusement remerciées.

18 XAVIER DERU, RICARDO GONzáLEz VILLAESCUSA

22. — APPADURAI 1986, p. 23.23. — NAROTzky 2007.24. — APPADURAI 1986, p. 48.

25. — MINTz 1985.26. — MINTz 1985, p. 179-80.

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DISCUSSION PRÉALABLE AUTOUR DU CONCEPT DE CONSOMMATION 19

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Sommaire

Préface Michel Reddé 9Xavier Deru,

Discussion préalable autour du concept de consommation. Ricardo González Villaescusa 13

Se nourrirL’essor des blés nus en France septentrionale : Véronique Zech-Matterne,systèmes de culture et commerce céréalier autour de Julian Wiethold et Bénédicte Pradatla conquête césarienne et dans les siècles qui suivent. avec la coll. de Françoise Toulemonde 23Mouture de subsistance, d’appoint et artisanat alimentairede rendement. Les meules gallo-romaines entre villeset campagnes dans le nord de la Gaule. Paul Picavet 51Le matériel de mouture des habitats du Pôle d’activités Alexandre Audebert,du Griffon, à Barenton-Bugny et Laon (Aisne). Vincent Le Quellec 67Les meules rotatives en territoire carnute : provenances et consommation. Boris Robin 85La consommation des poissons en France du nord àla période romaine. Marqueur socio-culturel et Benoît Clavel etartefacts taphonomiques. Sébastien Lepetz 93Coquillages des villes et coquillages des champs :une enquête en cours. Anne Bardot-Cambot 109La consommation des ressources animales en milieu rural :quels indices pour quelle caractérisation de cet espacesocio-économique ? Tarek Oueslati 121Caractérisation de la consommation d’origine animale et Sophie Lefebvre,végétale dans une exploitation agropastorale du début de Emmanuelle Bonnaire, Samuel Lacroixl’Antiquité à Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais). et Oscar Reverter-Gil 129La diversité morphologique du porc en tant qu’indicateurdes mécanismes de gestion de l’élevage porcin et del’approvisionnement des villes romaines. Apport de l’analyse Tarek Oueslati,du contour des troisièmes molaires inférieures du porc. Catherine Cronier 151Une économie de marché entre la ville de Tongres etson arrière-pays ? Les exemples de la gestion des ressources animales et de l’approvisionnement en Fabienne Pigière etcéramique. Annick Lepot 155De la viande et des pots dans la proche campagne David Germinet,d’Avaricum (Bourges-Cher) : exemple de la villa Emmanuel Marot,de Lazenay et mise en perspective. Marilyne Salin 171La céramique des quatre habitats du IIIe siècle du« Pôle d’activité du Griffon » à Barenton-Bugny etLaon (Aisne). Amélie Corsiez 181La consommation alimentaire d’après la céramique enChampagne : comparaisons raisonnées entre la capitale Anne Delor-Ahü,des Rèmes et son territoire. Pierre Mathelart 193

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La consommation de denrées méditerranéennes dans lesmilieux ruraux de la Cité des Tongres : le témoignage desamphores. Noémie Nicolas 219

Se logerLa circulation des terres cuites architecturales dans lesud-est de l’Entre-Sambre-et-Meuse et zones contiguës, Laurent Luppens etd’après la répartition des estampilles. Pierre Cattelain 227Diffusion des tuiles dans le nord de la Gaule : Guillaume Lebrun,le cas de la région d’Orchies (Nord). Gilles Fronteau 249

Échanger

La monétarisation des grands domaines ruraux de Gaule septentrionale : une problématique nouvelle. Jean-Marc Doyen 267La circulation monétaire dans les campagnes du Languedoc à l’époque gallo-romaine : une première approche. Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec 277

Guillaume Varennes, Cécile Batigne-Vallet, Christine Bonnet,François Dumoulin, Karine Giry,Colette Laroche, Odile Leblanc,Guillaume Maza, Tony Silvino et

Apports de l’ACR Céramiques de cuisine d’époque l’ensemble des collaborateurs deromaine en région Rhône-Alpes et Sud-Bourgogne à l’ACR Céramiques de cuisine d’époque la question des faciès céramiques urbains et ruraux : romaine en région Rhône-Alpes et bilan, limites et perspectives. Sud-Bourgogne 291

Consommer à l’échelle du site et de la régionMatthieu Poux avec la coll. deBenjamin Clément, Thierry Argant,Fanny Blanc, Laurent Bouby,Aline Colombier, Thibaut Debize,Arnaud Galliegue, Amaury Gilles,Lucas Guillaud, Cindy Lemaistre,Marjorie Leperlier, Gaëlle Morillon,

Produire et consommer dans l’arrière-pays colonial de Margaux Tillier, Yves-Marie ToutinLugdunum et de Vienne : étude de cas. Aurélie Tripier 323La Vulkaneifel occidentale comme lieu de consommation et de production du Ier au IVe siècle. Peter Henrich 357

Résumés (français, anglais). 365