1 MADAGASCAR – ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE RÉCENTE Octobre 2013 Résumé Depuis plus de 4 ans déjà, l’économie malgache continue à être subjuguée par la crise politique. Par ailleurs, le contexte au niveau global a été instable en 2012, surtout au niveau des pays développés. La croissance mondiale a été tirée par les pays en développement tandis que la croissance a été négative dans la zone Euro 1 . La région Afrique subsaharienne, à laquelle Madagascar appartient, a cependant enregistré une performance économique exceptionnelle avec une croissance moyenne estimée à 4.3% en 2012. La croissance dans cette zone est prévue s’accélérer en 2013 avec un raffermissement de la situation globale. Cependant, la situation au niveau local ne suit pas la tendance régionale. Avec les incertitudes liées à la réalisation de l’élection en 2013, la vie économique se ralentit. Les tendances positives observées l’année précédente semblent même s’inverser et la stabilité macroéconomique acquise au cours des précédentes années se fragilise de plus en plus. Seules les activités minières en cours d’exploitation sont isolées – à un certain degré - de l’effet de la crise politique. Les finances publiques, qui ont été malmenées depuis le début de la crise continuent de subir les effets de décisions qui ne servent pas forcément l’intérêt général. Et la faible capacité de l’Etat ne lui permet pas de faire face convenablement à la vulnérabilité de Madagascar aux catastrophes naturelles, dont actuellement le problème lié à l’invasion acridienne. L’inflation s’est stabilisée mais pourrait augmenter à cause du prix du riz. Même si le prix international reste favorable, la faiblesse de la production locale engendrera des défis au niveau de la logistique et de la balance des paiements au gouvernement. La balance commerciale s’est améliorée suite à l’évolution des flux commerciaux relatifs au secteur minier. En effet, comme les investissements relatifs aux grands projets miniers sont majoritairement achevés, les exportations de nickel ont commencé à augmenter. Dû à la baisse des financements disponibles, le déficit de la balance globale est absorbé par les réserves internationales. Celles-ci sont réduites à USD 853 millions en juin 2013, contre un niveau de USD 1,051 millions en décembre 2012. 1 Sur laquelle l’économie malgache reste dépendante. Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized
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Transcript
1
MADAGASCAR – ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE RÉCENTE
Octobre 2013
Ré sumé
Depuis plus de 4 ans déjà, l’économie malgache continue à être subjuguée par la crise politique. Par
ailleurs, le contexte au niveau global a été instable en 2012, surtout au niveau des pays développés. La
croissance mondiale a été tirée par les pays en développement tandis que la croissance a été négative
dans la zone Euro1. La région Afrique subsaharienne, à laquelle Madagascar appartient, a cependant
enregistré une performance économique exceptionnelle avec une croissance moyenne estimée à 4.3% en
2012. La croissance dans cette zone est prévue s’accélérer en 2013 avec un raffermissement de la
situation globale.
Cependant, la situation au niveau local ne suit pas la tendance régionale. Avec les incertitudes liées à la
réalisation de l’élection en 2013, la vie économique se ralentit. Les tendances positives observées l’année
précédente semblent même s’inverser et la stabilité macroéconomique acquise au cours des précédentes
années se fragilise de plus en plus. Seules les activités minières en cours d’exploitation sont isolées – à un
certain degré - de l’effet de la crise politique.
Les finances publiques, qui ont été malmenées depuis le début de la crise continuent de subir les effets de
décisions qui ne servent pas forcément l’intérêt général. Et la faible capacité de l’Etat ne lui permet pas
de faire face convenablement à la vulnérabilité de Madagascar aux catastrophes naturelles, dont
actuellement le problème lié à l’invasion acridienne.
L’inflation s’est stabilisée mais pourrait augmenter à cause du prix du riz. Même si le prix international
reste favorable, la faiblesse de la production locale engendrera des défis au niveau de la logistique et de
la balance des paiements au gouvernement.
La balance commerciale s’est améliorée suite à l’évolution des flux commerciaux relatifs au secteur
minier. En effet, comme les investissements relatifs aux grands projets miniers sont majoritairement
achevés, les exportations de nickel ont commencé à augmenter.
Dû à la baisse des financements disponibles, le déficit de la balance globale est absorbé par les réserves
internationales. Celles-ci sont réduites à USD 853 millions en juin 2013, contre un niveau de USD 1,051
millions en décembre 2012.
1 Sur laquelle l’économie malgache reste dépendante.
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Typewritten Text
89946
2
Évolution régionale
Rétrospective sur 2012
Madagascar n’a pas bénéficié du rebond dans la région Afrique Subsaharienne.
En raison particulièrement de l’instabilité politique,
Madagascar est mise sur la touche de cette
performance régionale. En effet, Madagascar figure
parmi les pays dont les taux de croissance sont les
plus faibles en Afrique en 2012 (Graphique1). Le
résultat économique de Madagascar est proche de
ceux des pays qui sont aussi proies à des crises
politiques produit par des coups d’Etat (Guinée-
Bissau, Mali), et des pays victimes de leur forte
exposition à l’économie mondiale (Afrique du Sud,
Comores). Les taux de croissance dans ces pays ont
été inférieurs à la moyenne régionale ; une
moyenne que Madagascar aurait bien pu dépasser si
la crise n’avait pas interrompu l’élan pris avant son éclatement.
Perspectives pour 2013 La croissance dans la région Afrique Subsaharienne sera tirée par l’investissement.
La croissance dans la région subsaharienne a été soutenue par un afflux des investissements directs
étrangers et domestiques avec une formation brute de
capital fixe qui est passé de 16% du PIB en 2000 à 20%
en 20112. Le graphique 2 montre une reprise des flux de
IDE en direction de l’Afrique Subsaharienne à partir de
2011, mais encore une fois, Madagascar n’a pas suivi le
rythme.
Les perspectives de croissance pour la région en 2013
reposent encore sur une continuation de cet afflux
d’investissement, aussi bien dans les ressources naturelles
que dans les activités annexes. Et la croissance
économique de Madagascar restera en dessous de son
potentiel tant que la crise politique perdurera3
. Les
investissements privés demeureront faibles, surtout avec
l’achèvement des investissements dans les grands
chantiers miniers4. En plus, l’Etat ne dispose pas des ressources pour compenser l’insuffisance des
investissements privés.
2 Le ratio investissement/PIB a régressé à Madagascar de 16% à 14% pour les mêmes années. 3 L’instabilité politique est identifiée comme étant la première contrainte majeure au climat des affaires selon le rapport Global
Competitiveness 2012-2013. Viennent ensuite l’instabilité du gouvernement (coups d’Etat), l’accès aux finances, la corruption,
les vols et crimes, etc. 4 Les IDE dans les activités extractives représentent environ 80% des flux d’IDE totaux depuis 2006.
-3
1
5
9
13
Graphique 1: Taux de croissance économique de
quelques pays africains en 2012 (USD 2005
constant) (%)
Madagascar
Source : Banque mondiale (2013), Perspectives économiques
mondiales
0
5,000
10,000
15,000
20,000
25,000
30,000
35,000
40,000
45,000
0
200
400
600
800
1,000
1,200
1,400
Graphique 2. Flux d'IDE (en millions USD)
Madagascar (axe
gauche)
Afrique
Subsaharienne (axe
droite)
Source: UNCTAD
3
É volution nationalé
Rétrospective sur 2012.
La croissance économique ne concerne que quelques secteurs limités de l’économie.
Par rapport à notre précédente publication, nous avons révisé à 3.1% notre estimation de la croissance
du PIB de 2012, avec un taux de 2.4% pour le PIB non-minier – ce qui est rappelons-le toujours en
dessous de la croissance de la population.
La révision survient tout d’abord suite à l’évolution au niveau du PIB minier. Le démarrage de
l’exploitation de nickel avec les premières exportations en novembre 2012 ont boosté la croissance du
secteur5.
Par rapport au PIB non-minier :
i. Le secteur primaire a été soutenu par une bonne production rizicole6 et un prix
international élevé du girofle7.
ii. Au niveau du secteur secondaire, on a assisté à un doublement de l’exportation de sucre8
et une continuation de la progression des activités des entreprises franches, bien que le rythme ait été
plus ralenti par rapport à 2011.
iii. Le secteur tertiaire continue à être tiré par le tourisme, pour lequel Madagascar a figuré
parmi les pays africains ayant connu les plus forts taux de croissance en termes d’arrivée de touristes9.
Malgré les signes positifs observés dans ces
quelques branches, les effets de la crise se font
encore sentir au niveau des principaux secteurs
pourvoyeurs d’emploi10
(Graphique 3). Par
exemple, malgré l’existence de quelques
constructions privées, les bâtiments et travaux
publics continuent à souffrir durement des
conséquences de la crise et à enregistrer une forte
dégradation de leurs chiffres d’affaires. Sans la
reprise, les emplois formels de ces secteurs ne
pourront pas être rétablis. Ceux qui ont perdu leurs
emplois se trouvent en plus en concurrence avec les
400 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le
marché de l’emploi. Le maintien d’une telle
situation met une pression sur la stabilité sociale.
5 L’effet immédiat s’est aussi fait remarquer au niveau des exportations. En effet, rien que pour les deux mois d’activité, les
exportations de nickel et cobalt représentent 6% de l’exportation totale de l’année. 6Hausse de 6% selon Observatoire du riz (2013), Horizon n.49. 7 Madagascar a exporté en moyenne 12 mille tonnes de clou de girofles par an sur la période 2001-2010, l’exportation en 2012 a
excédé les 20 mille. 8 Le poids de l’agroalimentaire dans l’économie reste encore insignifiant, mais les potentiels dans cette branche existent et
peuvent avoir un impact direct sur la population dans les zones de productions. 9 UNWTO (Janvier 2013), Baromètre du tourisme. 10Les chiffres du graphique ne portent que sur les entreprises qui sont gérées par la DGE, donc celles réalisant un chiffre
d’affaire supérieur à 2 milliards Ariary. Si le secteur informel tend à avoir de plus en plus d’importance depuis le déclenchement
de la crise, les activités informelles se développent surtout dans la branche commerce.
166 46 33 21 10 5
-2 -4 -4 -6 -7
-16 -20 -25 -60
mine
banque
transport
immobilier
tabacs et alcool
petrolier
prestation de service
commerce
touristique
industriel
telecommunication
assurance
hotellerie
pecherie elevage
batiment travaux publics
Graphique 3: Evolution des chiffres d'affaires des
grandes entreprises 2011/2012 (%)
Source: Ministère des finances et du budget
4
Evolution économique au cours du premier semestre 2013 L’activité économique montre des signes de ralentissement au cours du premier semestre de 2013.
L’activité économique au cours du premier semestre de l’année 2013 est soutenue principalement par
l’activité minière. Le PIB non- minier, de son côté se ralentit par rapport à l’année 2012. Déjà, les
évolutions positives observées en cours de 2012 n’ont concerné que des branches limitées et ces dernières
montrent pour la première moitié de l’année en cours des résultats mitigées.
I. Secteur réel Les données sur les 5 premiers mois révèlent en
effet une dégradation des résultats en termes d’arrivée des
touristes. L’arrivée de visiteurs non-résidents aux frontières
a enregistré une baisse de 21% au cours de cette période.
C’est la première fois qu’une régression s’observe sur cet
indicateur depuis l’année 2010. La baisse du marché des
produits pétroliers d’aviation affirme ce ralentissement :
-10% au cours du premier semestre.
En l’absence de données fiables, il n’est pas possible
d’avoir une projection scrupuleuse de l’évolution de la
production agricole, et particulièrement rizicole. On s’attend
cependant à une récolte rizicole moins fructueuse que
l’année dernière11
compte tenu des dégâts liés à l’invasion des criquets et de la pluviométrie en moyenne
moins abondante par rapport à l’année précédente 12
(voir Annexe 2).
Les activités des entreprises franches affichent une certaine stagnation au cours de la période
étudiée. Leurs exportations totales ont progressé seulement de 3% par rapport au premier semestre de
l’année précédente. La progression a été tirée uniquement par les activités textiles (+8%). Les
exportations des autres produits ont tous régressé, notamment des crevettes et conserves de thons13
. La
quantité de crevette exportée suit une tendance baissière depuis l’apparition du virus de l’année dernière.
D’une manière générale, les activités dans les autres branches de l’industrie tournent aussi au
ralenti :
i. D’une part, les informations relatives au marché pétrolier reflètent une stagnation (-1.1%, au
premier semestre). Bien que la consommation pour les besoins du transport14
soit en hausse, la
consommation des industries est en nette régression si on compare à l’année précédente.
ii. Il en est de même pour la consommation d’électricité par les industries et services (+1.8%, au
premier semestre).
Inflation
Le ralentissement général affaiblit la demande et entretient le retranchement de l’évolution des indices des
prix à la consommation. Le glissement annuel de l’IPC s’établit à 5.5% à la fin du premier semestre de
2013. Cette hausse provient à hauteur de 82% des produits locaux. Avec la décélération des prix au
11 Moins de 20% de production dans les greniers à riz (http://www.midi-madagasikara.mg/economie/riz-baisse-de-20-de-la-
production). 12 FAO GIEWS. 13 Les 2é et 3è produits d’exportation des entreprises franches. 14 A noter que la délimitation précise entre consommation de gasoil pour le transport et les industries reste difficile (OMH (2012),
Analyse du marché global mai- juin 2012)
10,000
15,000
20,000
25,000
30,000
jan
feb
mar
apr
may jun
jul
aug
sep
oct
no
v
dec
Graphique 4. Nombre d'arrivée de
touristes
2011 2012 2013
5
niveau mondial et le faible poids des produits importés dans le panier de consommation, la contribution
des produits importés est très minime.
En outre, l’affaiblissement du prix du riz sur le marché international a contribué à la contraction des prix
du riz importé. Par contre, le prix du riz local est resté supérieur au prix de l’année précédente, en raison
de la menace d’une mauvaise récolte pour cette année. Enfin, la fixation des prix de l’énergie (carburants
et électricité)15
et l’évolution du cours du baril sur le marché international ont permis aussi de limiter la
hausse au niveau des prix de l’énergie.
Tableau 1 : Evolution des IPC et des prix observés
Jun-
12
Jul-
12
Aug-
12
Sep-
12
Oct-
12
Nov-
12
Dec-
12
Jan-
13
Feb-
13
Mar-
13
Apr-
13
May-
13
Jun-
13
Variation annuelle des indices des prix à la consommation
Prix moyen paddy Mada 0.1 -0.2 -2.8 -0.6 1.7 0.2 -1.6 -1.3 4.7 5.8 7.1 13.4 n.d
Sources : Instat, Observatoire du riz
Perspectives : On s’attend à ce que l’activité économique reste morose au cours du second semestre,
étant donné que celle-ci est fortement conditionnée par les incertitudes sur la date des élections. Les
entreprises et industries locales et le tourisme seront les principales concernés. Par conséquent, la
demande locale et les investissements privés resteront encore faibles pour le reste de l’année. Ainsi, pour
2013, nous projetons à 3.3% la croissance du PIB global et 1.8% celle du PIB non-minier. Nos
projections pour l’année 2014 (voir Annexe 1) reposent sur une hypothèse de réalisation des élections en
2013.
L’évolution des indices des prix à la consommation dépendra de la réaction des autorités face à la baisse
de la production nationale du riz. Le marché international reste une alternative favorable, à condition que
les intentions des autorités soient claires pour permettre au secteur privé de réagir.
Une hausse du prix du pétrole sur le marché international pourrait aussi inciter le gouvernement à réviser
le prix plafond imposé, d’autant plus que les subventions pèsent lourdement sur les finances publiques.
Cependant, l’impact de la variation des prix du riz sur l’indice des prix à la consommation devrait être
plus visible puisque ce produit représente 15% du panier de consommation (13.4% pour le riz local),
tandis que les produits pétroliers ne pèsent que 1.2%.
15 L’énergie ne représente cependant qu’environ 6% du panier de consommation. Ceci implique que l’effet de la hausse des prix
de l’énergie sur l’indice des prix est minime. Par ailleurs, 96% des dépenses en carburants des ménages sont faites par les 20%
de la population les plus riches (EPM 2010). De ce fait, c’est cette partie de la population qui tire le plus profit du gel des prix.
6
II. Finances publiques Le déficit s’accroit suite à une augmentation des dépenses plus vite que les ressources.
À la fin du premier semestre, le déficit budgétaire excède déjà l’objectif établi pour l’année. Celui-ci se
chiffre à Ariary 166 milliards (0.6% du PIB) alors que la Loi de finances prévoit un niveau de déficit
d’Ariary 38 milliards pour le premier semestre de 2013 et d’Ariary 141 milliards pour l’année
budgétaire. En effet les recettes fiscales n’atteignent pas les prévisions alors que l’Etat n’a pas
compressé ses dépenses de fonctionnement.
Le déficit a été essentiellement financé par les tirages sur financement extérieur (Ariary 125 milliards en
net, à travers les tirages sur projets) et dans une moindre mesure par le secteur bancaire (Ariary 173.6
milliards en net), majoritairement par le biais du marché des BTA.
Ressources
Le manque en termes de recettes fiscales s’élargit.
La performance en termes de collectes d’impôts et taxes ne
cesse de se détériorer (Graphique 5). Au premier semestre, les
autorités n’ont pu collecter que 84% des prévisions de la Loi
de finances 2013. Les manques dans les recettes fiscales
s’élèvent à Ariary 220 milliards au cours de la période. Cet
écart correspond à 2 mois de dépenses en personnel dans le
budget ou encore au montant de l’investissement sur
financement intérieur prévu dans la Loi de finances pour
l’année 2013.
Deux faits peuvent expliquer cet écart par rapport aux
prévisions :
(i) Il s’agit tout d’abord de la conjoncture actuelle qui ne
permet pas à l’économie de se développer dans son plein
potentiel. Ceci se reflète à travers les taux de collecte de la TVA qui sont au-dessous de leurs niveaux
pour la même période de l’année 2012 (-2% pour les TVA sur importations hors produits pétroliers et -
5% pour les TVA collectées par la DGI).
(ii) L’écart est aussi attribuable à une mauvaise programmation des recettes. D’une part, les recettes
sur les droits d’accises ont été surestimées : une hausse des recettes de 50% a été anticipée suite à
l’augmentation du taux d’imposition sur les cigarettes de 30% (de 250% à 325%). D’autre part, les
recettes sur les produits pétroliers ont été largement inférieures aux prévisions. En effet, les recettes
collectées sur les produits pétroliers ne sont qu’à 57% des prévisions.
Tableau 2 : Recettes fiscales au premier semestre 2013 (milliards Ariary)
Prév. Réal. Ecart
Douanes 635.4 499.1 -136.2
dont impôts sur produits pétroliers 240.7 136.5 -104.2
DGI 736.2 652.2 -84.0
dont impôts sur biens et services (TVA et DA) 408.3 319.8 -88.5
Total 1371.6 1148.6 -220.3
Source : Ministère des finances et du budget
Les recettes fiscales représentent 88% des recettes budgétaires de l’Etat au cours du premier semestre. Ce
niveau n’est que le reflet de la déficience des financements extérieurs, les recettes non fiscales étant
structurellement faibles. En fait, à peine 1% des prévisions de dons courants a été collecté. Les dons en
75
85
95
105
115
125
2010S1 2010S2 2011S1 2011S2 2012S1 2012S2 2013S1
Graphique 5. Taux de collecte de recettes
fiscales (%)
Recettes Douanes
Recettes DGI
Linear (Recettes
Douanes)Linear (Recettes
DGI)
7
capital affichent un taux de réalisation de 112%, dont une partie devrait représenter les fonds alloués pour
les élections. En tout, les ressources s’élèvent à Ariary 1315 milliards.
Dépenses
Les investissements sont quasi-inexistants.
Jusqu’à la fin du premier semestre, 43% du budget
général ont été engagées.
Les engagements de dépenses s’accroissent plus vite
(+8%) que les ressources collectées (+0.2%). La
hausse provient essentiellement des dépenses
courantes, dont 71 % des dépenses en personnel.
Comme cela a été le cas pendant les dernières années,
les dépenses engagées sont majoritairement orientées
vers les dépenses de fonctionnement. Sur les Ariary
1467 milliards de dépenses, seules Ariary 331
milliards ont été engagées pour les investissements.
Les financements extérieurs ont couvert 86% des
investissements.
Perspectives : Si la tendance dans la collecte des recettes fiscales se poursuit, l’Etat devrait trouver
d’autres sources de financement pour combler l’équivalent de 4 mois de charges de personnel pour
l’année. L’ajustement sur les dépenses d’investissement sur financement interne, auquel l’Etat a recouru
depuis le début de la crise pour atteindre son objectif de limitation du déficit, sera insuffisant. Pour
rappel, les prévisions en investissement sur financement intérieur incluent Ariary 60 milliards pour le
financement des élections.
III. Situation extérieure La balance commerciale s’améliore grâce à l’exportation de produits miniers.
Balance commerciale.
Le déficit de la balance commerciale s’est nettement amélioré de 67 millions USD par rapport au
premier semestre de l’année précedente. Ceci provient de l’amélioration de la balance des biens qui a
contrebalancé l’amenuisement du solde des services. La structure des exportations est aussi modifiée.
Le nickel est devenu le premier produit d’exportation de Madagascar, avec plus de 30 millions USD en
moyenne d’exportation par mois. A son rythme actuel, les exportations de nickel excèderont cette année
le niveau des exportations des matières textiles et ouvrages en ces matières, qui ont toujours été le
principal groupe de produit exporté par Madagascar.
Au total, les exportations de biens ont connu une hausse de 26% au premier semestre. Cependant, les
exportations sont tirées exclusivement par les produits miniers. De leur côté, les exportations hors-
minier16
n’ont pas cessé de régresser de semestre en semestre depuis le début de l’année 2012. Les
exportations de girofle17
, de produits pétroliers, d’haricots et de litchi en sont les principaux facteurs.
Les importations de biens ont crû moins vite que les exportations (+4%). Avec l’achèvement de la phase
d’investissement des grands projets miniers, on assiste au ralentissement des importations de biens
d’équipement. La hausse est apportée surtout par les biens de consommation. Particulièrement, la quantité
de riz importé au premier semestre dépasse de 18% celle du premier semestre 201218
. La tendance
16 i.e. hors Ambatovy et QMM Tolagnaro. 17 La quantité exportée diminue alors que le prix sur le marché international reste élevé. 18 Ceci a contribué à maintenir la stabilité du prix du riz, et du riz importé en général, cette année.
83.2 74.4 76.3 77.4
6.5 5.7 3.8 3.0
10.3 19.9 19.9 19.5
0%
20%
40%
60%
80%
100%
2010 2011 2012 2013
Graphique 6. Répartition des dépenses engagées
(jan- juin)
Courantes
Investissement sur finm. Int.
Invm. Sur fin. ext
8
baissière sur le marché international du riz pourrait avoir contribué à l’attraction des opérateurs dans
l’importation, d’autant plus que le prix du riz local n’a pas été très compétitif.
Balance globale
Le déficit global se détériore.
Pour le premier semestre de 2013, le déficit global s’élève à 91 millions de DTS. La réduction des flux
d’investissements entrant et des autres investissements, a en effet été plus importante que l’amélioration
au niveau des transactions courantes. Ce déficit est financé uniquement par les réserves de la Banque
centrale.
Perspectives : L’influence positive sur la balance des paiements proviendra des échanges de bien. Par
contre, on s’attend à une détérioration de la balance globale. Les facteurs qui pourraient y contribuer
sont : (i) la réduction du nombre d’arrivée des touristes qui affaiblira les recettes de service, (ii) des
versements plus importants de dividende avec l’entrée en phase d’exploitation du projet de nickel et
cobalt et les remboursements de prêts et paiement intérêts et (iii) la faiblesse des rentrées
d’investissements, la situation actuelle n’étant pas encore favorable à leur retour.
IV. Monnaie Taux de change
L’Ariary reste stable par rapport aux principales devises.
L’Ariary s’est légèrement apprécié autour de 3% par rapport à l’Euro et l’USD entre le début et la fin du
premier semestre. Paradoxalement, le marché interbancaire des devises a toujours été vendeur net pendant
le semestre. Le marché a en effet reçu moins de pression en raison du traitement spécial des importations
de produits pétroliers. Ce qui a permis à la Banque centrale de faire des achats de devise.
Les réserves internationales chutent.
Le niveau des réserves internationales s’est cependant dégradé. Il est passé de USD 1,051 millions en fin
décembre 2012 à USD 853 millions en fin juin 2013, soit l’équivalent de 2.6 mois d’importation. La
tendance à la baisse a été engagée à partir du deuxième trimestre de 2012, inversant l’accumulation par
Tableau 3: Extrait de la balance des paiements (flux, en millions de DTS)