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Document de
La Banque Mondiale
A N'UTILISER QU'A DES FINS OFFICIELLES
Rapport No. 1377-RW
RWANDA
ETUDE DU SECTEUR AGRICOLE
30 juin 1977
...
D~partement des projets Bureau regional Afrique de l'Est
TRADUCTION NON-OFFICIELLE A TITRE D'INFORMATION
Le present document faU I'objet d'une diffusion restreinte, et
ne peut ftre utilise par HS destlnalalres que dans I'exerelc:e de
leurs fonc:tlons offlc:ielles. Sa teneur ne peut ftre aulremen'
dlvulguee sans l'aulorlsaUon de la Banque Mondiale.
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TAUX DE CHANGE
US$l RF 92.S4= RF 100 US$1.0S=
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POIDS ET MESURES
Sysdme metrique
ABBREVIATIONS
AIDR - Agence internationale pour Ie D~veloppement Rural ASPY -
Association des planteurs de pyrethre BRALIRWA Brasseries et
limonaderies du Rwanda CCS Centre communal de stage (communal
training center) CERAR Centre d'education rurale et art1sanale du
Rwanda' CNPE Commission national des prix CPM Contribution
personnel Ie minimum (Head tax) CRS Catholic Relief Service ETIRU
Etablissements techniques et industriels du Rwanda FED Fonds
Europ~en de D&veloppement ILACO International Land Development
Consultants INFAC Institut National de Recherches Agronomiques du
Congo ISAR Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda
(Rwanda Institute for Agronomic Sciences) OBM - Office de
Valorisation du Bugesera-Mayaga OCIR Office des Cultures
Industrielles Rwandais OPROVIA Office National pour Ie D~velopement
et la Commercialisation
des Produits Vivriers et des Productions Animales OVAPAM Office
de Valorisation des Produits Agricoles du Hutara PAC Plan d'action
communale (Communal Action Plan) PECDA Projet d'Entreposage et de
Commercialisation des Denr~es
Alimentaires RF Rwandese Francs SOVAKIR Soci~te pour la
Vulgarisation du Quinquina au Rwanda TRAFIPRO Travail, Fidelitt,
progres (Work, Fidelity, Progress)
a nation~ide cooperative of long standing
-
A N'UTILISElt QU'.A DES fiNS OFFICIELLES
RWANDA
ETUDE DU SECTEUR AGRICOLE
Table des matieres
Pages
RESlJ tt1E ............................................... ..
i-iii
I. INTRODUCTION........................................ 1
II. LE ROLE DE L'AGRICULTURE •••••••••••••••••••••••••• 3
A. La place de l'agriculture dans l'economie
et ses difficultes •••• ~..................... 3
B. La population et les terres •••••••••••••••••• 8
C. La production agricole ••••••••••••••••••••••• 11
D. La demande de produits agr icoles ••••••••••••• 12
E. Les moyens de developper
l'sgriculture ••••••..•••• •••••..• .•••••.•.. 14
III. LES ORIENTATIONS DE LA CROISSANCE •• ~.~ •••••..•••••
17
IV. INCIDENCES ECONOMIQUES •••••••••••••••••••••••••••• 24
A. La croissance et les exportations
agr icoles ................................... 24
B. Le financement du developpement
agricole •••••••••.•••••••••••••••••••.••••• 27
V. MOYENS DE REALISER LE DEVELDPPEMENT •.••• ••••••••• 31
A. Le plan d'action communale ••.••••••••.••••••• 31
B. Les services de vulgarisation •.•..••••••••••. 3Z C. La
formation agricole ••••.••••••••••••••••••• 33
D. Le credit agricole ••••••••••••••••••.•••••••• 35
r E. La commercialisation et les prix •••••••••.•.• 37
F. Les cooperatives •••.••••••...••••••••••....•. 38
G. La reforme agraire et la
concentration de l'habitat •.•.•••••••.••••• 39
VI. LES POSSIBILITES DE PROJETS........................ 41
VII. CONCLUSIONS
................................................... 44
Le present document fait I'objet d'une diffusion restrein.te, et
ne peut etre utilise .par ses destinalaires que dans I'exerci
-
Annexe l.
Annese 2.
Annexe 3.
Annexe 4.
Annexe 5.
Annexe 6.
Annexe 7.
Annexe 8.
IBRD 3595 R
IBRD 3596 Rl
lBRD 12833
RWANDA
ETUDE DU SECTEUR AGRlCOLE
Annexes
Systeme et structures agraires
Services de vulgarisation: themes, systemes et methodes
Commercialisation des productions agricoles et animales
Les cultures d'exportation
Main-d'oeuvre et formation dans Ie secteur agricole
Repartition et rentabilite des cultures
Structures de developpement
Annexe statistique
Cartes
Relief
Densite de la population
Emplacement des projets agricoles
,
-
RESUME
i. Le secteur agricole est Ie plus important de l'economie
rwandaise. II represente plus de la moitie du PIS et les trois
quarts des recettes d'exportation du Rwanda, dont Ie cafe a lui
tout seul fournit 60 %. Le secteur
• agricole fournit egalement 45 % de l'ensemble des recettes
publiques, alors qu'il ne re~oit que 12 % des depenses de l'Etat.
Dans Ie secteur public, la croissance n'atteignait ces dernieres
annees qu'environ 1,5 % par an en termes reels, tandis que la
population augmentait au rythme de 2,6 % par an. Plus de 95 % de la
population est employee dans Ie secteur rural, ou Ie niveau de
pauvrete absolue se situe a 65 dollars par habitant, niveau que
depassent seulement 40 % de la population rurale. Le developpement
agricole est freine par des contraintes financieres et par
l'absence de main-d'oeuvre qualifiee dans Ie domaine de la
planification et de la mise en oeuvre du developpement. Toutefois,
Ie probleme Ie plus grave que doive affronter Ie Rwanda reside dans
la rarete des terres agricoles et la rapidite de l'augmentation de
la population.
ii. Avec une population de 4,4 millions d'habitants, qui doit
doubler en 25 ans, Ie Rwanda a une densite demographique de 350
habitants au km2 de terre cultivable, et 171 habitants par km2 de
superficie totale. L'exploitation moyenne atteint a peine un
hectare et, si dans l'absolu les terres et les revenus sont assez
equitablement repartis, en fait la repartition des terres est
bimodale et les deux tiers des exploitations s'etendent sur moins
d'un hectare. A mesure que la densite demographique augmente, la
duree des jacheres racourcit et les mesures de conservation des
sols sont negligees, de sorte que la fertilite baisse; en meme
temps, la superficie des exploitations diminue et celles-ci sont
maintenant en moyenne de 40 % plus petites qu'en 1953. La qualite
de la nutrition, qui ne correspond actuellement qu'a 75 % des
besoins des adultes est erodee par la pression demographique. Une
partie de plus en plus importante de la population, et surtout la
jeunesse, est demunie de terre, et a mesure que les exploitations
les plus petites sont reduites a une taille trap infime pour etre
viables, elles sont achetees par les exploitants les plus riches.
II en decoule des inegalites sociales qui risquent de diviser la
societe rurale rwandaise, jusqu'alors relativement harmonieuse.
Ill. Etant donne sa position enclavee, qui l'empeche de compter
sur les importations alimentaires et reduit ses possibilites de
recettes en devises (en dehors de celles que fournit l'agriculture)
Ie Rwanda doit tabler sur l'agriculture pour nourrir sa population,
financer son developpement et creer des emplois. Un accroissement
de la production agricole est des lors indispensable. Le Rwanda ne
possede pas toutes les techniques necessaires pour realiser cet
objectif. II faudra donc intensifier l'effort de recherche pour
fournir les elements manquants, surtout pour les exploitations les
plus petites, et reevaluer les resultats des recherches en cours,
qui s'appliquent a des exploitations ordinaires. Pour nourrir la
population pendant les 25 prochaines annees, sans risquer une chute
de fertilite du sol par la reduction des jacheres, Ie rendement des
cultures vivrieres doit augmenter de 3 % par an, ce
-
- ii
qui laissera assez de terres disponibles pour accroitre de 5 %
par an les superficies consacrees aux cultures d'exportation sans
porter prejudice a la production vivriere. Cet accroissement des
surfaces, joint a un accroissement de 3 % des rendements garantira
une croissance des gains en devises pour couvrir Ie volume
croissant des importations futures.
iv. Un accroissement soutenu de 3 % signifie un changement
radical de la situation actuelle, presqu'une revolution. Pour
mettre en marche un programme national pour atteindre ce but, il
faudra considerer les objectifs contradictoires de croissance et
d'equite, car il est important, dans une societe rurale plus ou
mains uniforme comme au Rwanda, de ne pas aggraver les inegalites
de revenu, ce qui augmenterait les tensions potentielles d'une
nation qui manque de terre. Le maintien de cette uniformite
necessitera, peut-etre, Ie sacrifice de quelque croissance a court
terme. La mise en oeuvre du programme doit etre completement
integree aux structures sociales et administratives actuelles, ce
qui pourra faire omettre pour Ie moment des occasions de
developpement qui se trouveraient en dehors de ces structures.
v. Avec la realisation de cet objectif, Ie Rwanda disposerait
des devises necessaires pour developper raisonnablement Ie volume
de ses importations a long terme, et les recettes publiques
augmenteraient, dans la mesure ou sans elargissement excessif de
l'assiette de l'imp8t dans secteur rural, Ie developpement de
l'agriculture permettrait d'accroitre considerablement la part des
resssources d'origine nationale consacrees au financement du
progamme de developpement agricole. Puisque, actuellement,
l'investissement dans Ie secteur agricole offre la meilleure
occasion pour augmenter Ie PIS, c'est l'agriculture et Ie secteur
rural qui devraient recevoir une part plus importante des
ressources budgetaires.
vi. Dans Ie cadre de sa politique de developpement rural, Ie
gouvernement confie la planification et l'execution des programmes
aux communes. La commune est la plus petite cellule administrative
et ses habitants doivent desormais prendre en main leur propre
developpement. Dans la societe rurale relativement homogene du
Rwanda, cette politique est sans doute de nature a mobiliser les
ressources locales, mais il ne faut pas que Ie gouvernement central
se laisse aller a la demagogie et que les initiatives locales
accaparent des ressources qui devraient etre consacrees a
l'objectif national que constitue l'augmentation de la production.
Cependant, Ie developpement communal propose par l'Etat fournit un
cadre approprie a l'introduction de services de vulgarisation
ameliores, s'appuyant sur les leaders elus par les groupements de
paysans. Ceux-ci seraient formes dans les centres communaux de
formation par un personnel qualifie, qui fournirait aussi un appui
sur Ie terrain en matiere de vulgarisation. Par ailleurs, l'esprit
communautaire etant ainsi stimule, il devient possible d'envisager
que les cooperatives deviennent des intermediaires valables pour
l'octroi de credits, pour la commercialisation et pour la
fourniture de facteurs de production aux cultivateurs. De meme, des
organismes de credit de ce type, telles les banques populaires
gerees par les habitants des communes eux-memes, seront
certainement en l'occurrence beaucoup plus efficaces que les
organismes de credit nationaux par trop bureaucratiques.
•
-
- iii
vii. Le gouvernement considere la reforme agraire comme un moyen
de remedier aux problemes fonciers, et deux commissions
gouvernementales etudient la question. Certes, une reconnaissance
officielle des droits fonciers coutumiers garantirait les droits
des cultivateurs; il conviendrait d'empecher les terres
sous-utilisees d'etre laissees en jachere et il serait bon de
regrouper certaines tres petites exploitations pour en faire des
unites viables, mais certaines des mesures apparemment envisagees
vont bien au-dela de cela et vont meme jusqu'a proposer Ie
regroupement obligatoire des exploitations, de fa~on a permettre la
rationalisation des methodes agricoles. Les experiences tentees
dans d'autres pays montrent que de telles mesures pourraient
entra1ner de graves perturbations de la production agricole et etre
prejudiciables a long terme a la fertilite des terres, et il faut
se garder de prendre des mesures precipitees.
Vlll. Pour conclure, si Ie Rwanda veut assurer la survie de sa
population et, a cette fin, faire progresser la production annuelle
de 3 %, il doit investir tout particulierement dans les projets
agricoles qui amelioreront la fertilite des sols, fourniront une
formation en vue de subvenir aux besoins futurs en matiere de
main-d'oeuvre et qui, s'adaptant aux structures administratives
existantes, faciliteront la participation de la population aux
activites communales. Les projets agricoles devraient etre axes sur
la production, et les differentes sources d'assistance pourraient
financer divers elements d'un meme projet integre, tels que la
recherche, la formation, la multiplication des semences, etc. On
peut identifier trois projets possibles: l'execution de la premiere
tranche du programme de developpement agricole du Plan d'action
communale du gouvernement, Ie projet de developpement rural du
8yumba, qui a deja ete mis au point par Ie Ministere du Plan et qui
vise les memes objectifs, et enfin un projet de reboisement destine
a satisfaire les besoins urgents du Rwanda en bois de chauffage et
de construction.
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RWANDA
ETUDE DU SECTEUR AGRICOLE
I. INTRODUCTION
1.01 Dans l'edition 1976 de l'Atlas de la Banque Mondiale, Ie
Rwanda figure parmi les cinq pays les plus pauvres du monde. II a
la densite de population la plus elevee de taus les pays d'Afrique
et c'est aussi l'un des plus petits; il est isole, prive d'acces a
la mer, et n'a pratiquement aucune ressource minerale. Ces
caracteristiques donnent au developpement du Rwanda l'aspect d'une
gageure: etant donne Ie taux eleve d'accroissement de la population
et Ie manque de terres utilisables, l'intensification de la
production est au premier rang des prioritesj faute de
main-d'oeuvre qualifiee, Ie Rwanda continue a etre tributaire des
experts etrangers et etant depourvu de ressources financieres, il
doit faire largement appel a l'assistance exterieure pour ses
investissements. Compte tenu de cette situation, Ie present rapport
examine la necessite de developper l'agriculture et les
possibilites d'accroltre la production agricole et d'ameliorer les
conditions de vie des paysans.
1.02 Le Ministere de l'agriculture a recemment elabore un plan
de developpement du secteur agricole pour la periode 1976/81,
fixant des objectifs de production pour les principales cultures et
decrivant les methodes au moyen desquelles ces objectifs doivent
etre realises. Certes, il est bon d'etablir des plans dans Ie cadre
de limites temporelles determinees et la planification est en soit
une operation fondamentale, mais il est egalement utile d'etudier
Ie rOle du secteur agricole a plus long terme et d'etudier dans
quelle mesure Ie Rwanda peut subvenir a ses propres besoins
alimentaires et se procurer des devises, tout en donnant a ses
agriculteurs un moyen de gagner leur vie de fa90n remuneratrice et
interessante. A cette fin, il faut considerer un horizon temporel
plus recule, surtout lorsqu'on prevoit une augmentation rapide de
la population. On examinera donc dans Ie present rapport la demande
de produits agricoles au vu des besoins du pays pendant les 25 pro
chaines annees, on analysera les incidences de ces besoins sur les
rendements, l'utilisation des terres, Ie revenu des agriculteurs,
les finances publiques et les recettes en devises, ainsi que les
possibilites de financement du developpement agricole. On a choisi
une periode de 25 ans car c'est l'horizon choisi pour les
projections de l'etude du Ministere du Plan intitulee Disponibilite
et utilisation des terres au Rwanda: situation actuelle et
perspectives (novembre 1973).
1.03 Apres avoir analyse Ie rOle de l'agriculture dans
l'economie rwandaise et examine certaines des entraves au
developpement agricole, on etudiera les options applicables a une
strategie du developpement, les consequences d'une strategie
donnee, et les moyens de la mettre en oeuvre. La description des
structures agraires du Rwanda est donnee dans l'Annexe 1. Dans
l'Annexe 2,
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- 2
on etudiera les services de vulgarisation agricole dans Ie cadre
de la politique de decentralisation du gouvernement. La longueur du
present rapport ne permet pas de discuter dans tout leur detail
tous les aspects du secteur agricole, et Ie manque de place a
necessairement conduit a traiter succinctement certains sujets et a
seulement citer certains autres comme l'elevage et la sylviculture.
On obtiendra un tableau plus complet de l'economie rwandaise en se
referant au memorandum relatif a l'economie du Rwanda, paru sous la
cote 1108-RW, en date du 27 juillet 1976.
1.04 Le present rapport s'appuie sur les conclusions de deux
missions, effectuees l'une en fevrier/mars 1976 par MM. Le Breton
(BIRD) et Lesire (FAD/Programme conjoint) et l'autre en mai/juin
1976 par MM. Le Breton (BIRD), Lesire (FAD/Programme conjoint),
Prefol et Gentil (consultants). M. Key (BIRD) a contribue a
l'analyse economique. Les membres de ces missions ont collabore
etroitement avec les fonctionnaires rwanda is , et notamment ceux
du Ministere du Plan et du Ministere de l'agriculture, dont Ie
representant, M. Theophile Fundi, a accompagne les membres de la
deuxieme mission dans la plupart de leurs deplacements. Une
premiere redaction de ce rapport a ete discute avec Ie gouvernement
en mai 1977 et un accord d'ensemble s'est etabli sur ses
principales conclusions. Les representants de la Banque se sont
servis des avantspro jets du plan de developpement quinquennal pour
etudier les strategies et les objectifs du gouvernement. Comme dans
tous les pays, tous les fonctionnaires consultes ne sont pas en
complet accord sur les methodes a adopter pour assurer Ie
developpement agricole et les conclusions du rapport n'engagent que
la seule responsabilite de la Banque.
1.05 Comme pour bien d'autres pays, les donnees statistiques du
Rwanda sont souvent incompletes et inexactes, aussi la mission
s'est-elle appuyee parfois sur les estimations qu'elle a jugees les
meilleures plutOt que sur les chiffres officiels. Etant donne
qu'aucun recensement agricole n'a eu lieu depuis l'etude effectuee
en 1964 par Ie BOPA (Bureau pour Ie developpement de la production
agricole, societe fran9aise d'etudes), Ie manque de statistiques
rend particulierement fragile toute hypothese d'ensemble faite au
sujet de l'agriculture du Rwanda. Si les connaissances presentes en
matieres de techniques agricoles sont suffisantes pour permettre un
progres immediat de la production agricole, par contre il faudrait
en savoir davantage sur les facteurs socio-economiques tels que la
distribution des terres, l'emploi de la main-d'oeuvre, etc., pour
pouvoir elaborer un plan satisfaisant. C'est pourquoi il est
souhaitable que soient prochainement degages les credits
necessaires a un recensement agricole. •
-
- 3
II. LE ROLE DE L'AGRICULTURE
A. La place de l'agriculture dans l'economie et ses
difficultes
2.01 Par certains cOtes, Ie Rwanda est relativement avantage sur
Ie plan agricole. En effet, Ie climat permet de faire deux recoltes
par an et la diversite de la topographie autorise une grande
variete de cultures, suivant la temperature et l'altitude. Malgre
les ravages de l'erosion, les sols sont plus fertiles par
comparaison avec ceux de la plupart des pays d'Afrique
equatoriale.
2.02 En 1970, derniere annee pour laquelle les comptes de la
nation aient ete etablis de faqon systematique, l'agriculture
representait directement 55,6 % du PIB, dont 94,6 % etaient
constitues par la valeur ajoutee par les cultures de subsistance
traditionnelles, et Ie reliquat provenait des cultures de rapport,
dont la plus grande partie est exportee. Le cafe est la principale
de ces cultures. La transformation des produits alimentaires par
les paysans representait 10,2 % du PIB. Depuis 1970, on ne dispose
que d'estimations generales du PIB, obtenues au moyen de methodes
de calcul differentes. II ressort de ces estimations que Ie rOle de
l'agriculture dans l'economie, quoique toujours preponderant, avait
legerement diminue en 1974. GrAce a une augmentation du prix au
producteur du cafe et a une diversification de la production qui a
permis d'accrottre la recolte de the, de quinquina et de pyrethre,
les cultures de rapport et d'exportation avaient progresse. La
valeur de la production agricole a augmente de 6,9 % par an entre
1969 et 1974 en prix courants. On ne possede pas d'indice de
deflation pour Ie secteur agricole, mais si on applique l'indice
general de deflation du PIB a la valeur ajoutee pour Ie secteur
agricole, on constate que la croissance reelle n'a ete que de 1,5 %
par an.
2.03 En 1974, les produits agricoles constituaient en valeur 77
% des exportations des produits de base; a lui seul, Ie cafe
representait 60 % de toutes les exportations, Ie the, Ie pyrethre
et les productions animales, 15 %. La courbe des recettes
d'exportations est irreguliere depuis 1970, car la gamme des
produits exportes est reduite. Etant donne que, jusqu'a present, Ie
prix au producteur du cafe est lie au prix a l'exportation, lorsque
Ie prix a l'exportation diminue comme cela a ete Ie cas fin
1974/debut 1975, Ie volume destine a l'exportation diminue aussi,
ce qui entraine une chute encore plus• marquee des recettes
d'exportation; de plus, la recolte de cafe est tres sensible aux
conditions meteorologiques. La degradation progressive des termes
de l'echange fait que Ie deficit en compte courant du Rwanda ne
cesse d'augmenter depuis 1970 (sauf en 1973 ou un leger excedent a
ete enregistre) et atteint en moyenne 4 % du PIB pour la periode
consideree.
2.04 Bien que sa balance commerciale soit deficitaire, les
reserves en devises du Rwanda augmentent depuis 1972, grace a
l'assistance bilaterale et multilaterale. L'assistance exterieure,
accordee presque entierement a
-
- 4
titre de subvention, est passee d'un montant estimatif de 22
millions de dollars en 1970 a 45,7 millions de dollars en 1974.
L'aide exterieure finance maintenant environ 50 % des depenses
publiques, dont la plupart des depenses d'investissement et une
forte proportion des depenses courantes. II n'est pas possible de
chiffrer la proportion exacte de chaque type de depense, car
l'assistance n'est pas comptabilisee dans Ie budget ordinaire de
l'Etat et revet souvent la forme d'une aide technique prise
directement en charge par l'organisme donateur. Le secteur agricole
re~oit environ un tiers de l'assistance technique et 20 % de toute
l'aide etrangere.
2.05 Ces dernieres annees, les finances publiques ont ete
fortement tributaires du secteur agricole puisque les impots
directs ou indirects verses par la population rurale sont toujours
superieurs aux depenses consacrees a l'agriculture. Le tableau
ci-apres indique qu'en 1974, les recettes fiscales provenant des
zones rurales ont atteint 1.643 millions de francs rwanda is (17
millions de dollars), soit environ 8,2 % du revenu rural. En
revanche, les depenses publiques consacrees a l'agriculture, y
compris les fonds provenant de l'aide exterieure, s'elevaient a
1.004 millions de francs rwandais (11 millions de dollars), dont on
estime que 800 millions de francs rwanda is representaient des
depenses au titre de projets finances directement au moyen de
l'assistance exterieure. Sur ses ressources propres, l'Etat n'a
affecte que 204 millions de francs rwandais a l'agriculture. Etant
donne que Ie rapport production/investissement des projets agricole
est nettement superieur a celui des projets d'autres secteurs, on
peut penser que davantage d'investissements dans l'agriculture
auraient eu un effet plus grand sur Ie PI8.
•
-
- 5
Tableau 1: PART DE L'AGRICULTURE DANS LES RECETTES ET LES
DEPENSES (1974)
Pourcentage des Pourcentage des Pourcentage Montant recettes
depenses publiques du budget
Millions FRw totales totales de l'Etat
Impots ruraux 1.643 44,6 19,3 38,3
Taxes sur Ie betail 86 2,3 10,0 2,0
Contribution personnelle 249 6,8 2,9 5,8
Taxe d'exportation du cafe 484 13,1 5,7 11,3
7 5 ~~ des taxes a la consommation 290 7,9 3,4 6,8
50 ~o des droi ts d'importation 534 14,5 6,3 12,5
Depenses consacrees a l'agriculture 1.004 27,2 11,8 23,4
Budget ordinaire 153 4,1 1,8 3,6
Comptes extrabudgetaires 22 0,6 0,3 0,5
Budget de develappement 29 0,8 0,4 0,7
Depenses affectees a des projets /1 800 21,7 9,4 18,6
• /1 Financees directement au moyen de l'aide exterieure. Les
decaissements d'aide exterieure ne figurent pas dans les recettes,
mais sont consideres comme un poste de financement.
2.06 Dans Ie budget de fonctionnement de l'Etat, les recettes
courantes financent environ 85 % des depenses du budget ordinaire.
Le reliquat est finance par des avances de la Banque centrale et
par les souscriptions aux obligations d'Etat. Les depenses de
personnel constituent Ie principal poste de depenses, et sont en
augmentation. Les ministeres qui ant les effectifs
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- 6
les plus nombreux, 8 savoir l'education, la sante et la defense,
re90ivent les credits les plus importants. Alors que l'agriculture
fournit la majeure partie du PIB, Ie budget du Ministere de
l'agriculture pour 1975 ne representait que 4 % du total du budget
ordinaire. Or, 74 % des credits affectes au Ministere de
l'agriculture etaient destines aux remunerations, 16 % aux
materiaux (y compris ceux pour les plantations antierosives) et 10
% aux frais de deplacements, 8 l'entretien des vehicules et aux
depenses de bureau. A titre de comparaison, Ie budget du Ministere
de la justice presentait 5 % du total, et celui du Ministere de la
defense 21 %; l'education et la sante recevaient respectivement
27,5 % et 9 %. Le budget de developpement, qui represente
essentiellement des contributions de contrepartie 8 des pro jets
finances au moyen de l'aide exterieure, s'eleve 8 environ 5,7 % du
total des depenses budgetaires en 1975. L'agriculture a re9u 4,4 %
des credits inscrits 8 ce budget, tandis que Ie logement en
recevait 9 %, les routes 12,3 % et les batiments administratifs
28,8 %.
2.07 La population urbaine est peu nombreuse et est estimee 8 un
peu plus de 4 % du total. Cependant, son taux d'accroissement, 6,3
% par an, est beaucoup plus eleve que Ie taux general, qui est de
2,8 % par an. Les donnees sur les revenus sont tres fragmentaires,
mais d'apres les estimations Ie niveau de pauvrete absolue serait
de 65 dollars par habitant et par an pour la population rurale et
120 dollars par habitant et par an pour la population urbaine en
1975. Environ 60 % de la population rurale et 30 % de la population
urbaine sont en-de98 de ces niveaux. Malgre la disparite des
exploitations, dont la superficie varie entre 0,3 ha et 7 ha, la
repartion du revenu est relativement equitable et presente un ecart
de trois 8 cinq entre Ie dixieme et Ie quatre-vingt quinzieme
percentile, alors qu'il est d'environ 1 8 10 dans un grand nombre
de pays africains. L'homogeneite de la population a souvent ete
signalee, mais elle est moins linguistique et ethnique que sociale,
car les differences ethniques, quoique moins nombreuses que dans
d'autres pays d'Afrique de l'Est, demeurent importantes.
2.08 On estime qu'en 1970, 5 % environ de la population active
etaient salaries. Pour la periode 1970-1976, Ie Ministere du Plan
estime que 43.000 nouveaux emplois ont ete crees, alors que pendant
cette periode, 258.000 personnes devaient arriver sur Ie marche de
l'emploi. Etant donne que la population augmente plus rapidement
que Ie nombre des emplois, Ie secteur agricole ne manque pas de
main-d'oeuvre, sauf peut-@tre en periode de semailles et de
recolte, et du reste, un grand nombre de paysans ont deja vivement
conscience des difficultes qu'auront leurs enfants 8 trouver un
emploi, surtout ceux des paysannats,lI qui ne peuvent pas
subdiviser leurs terres entre leurs heritiers.
Les paysannats sont des groupements agricoles dans Ie cadre
desquels les11 exploitants signent avec l'Etat un bail leur donnant
la jouissance d'un lot de 1,5 8 2 ha, comprenant une culture de
rapport. Tout paysan qui ne respecte les clauses du bail peut @tre
expulse. En general, les services de vulgarisation, services
sociaux, reseaus d'adduction d'eau, routes, etc, y sont beaucoup
plus denses qu'ailleurs.
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- 7
2.09 Malgre l'abondance de la main-d'oeuvre, Ie Rwanda n'est pas
exempt de problemes dans ce secteur, au contraire, car etant donne
que 75 % de la population est illettree, et que 2 % seulement des
rwandais ont re~u un enseignement secondaire, Ie Rwanda doit faire
face a une grave penurie de maind'oeuvre qualifiee qui entame
fortement sa capacite d'absorption des investissements, ses
services de planification et d'execution des projets etant tres
limites. Dans la plupart des ministeres, quelques fonctionnaires
hautement competents doivent non seulement diriger l'orchestre mais
egalement jouer de plusieurs instruments faute de personnel
qualifie, et cela entraine quelques fausses notes. La qualite des
services de vulgarisation agricole p§tit tout autant du manque de
personnel qualifie que du manque de fonds. Heureusement,
l'assistance etrangere repond a une grande partie des besoins en
personnel agricole et les pastes de haut niveau continueront a etre
occupes soit par des etrangers soit par Rwandais formes a
l'etranger. Mais c'est aux echelons intermediaires et surtout aux
echelons inferieurs que les besoins sont les plus grands si l'on
veut promouvoir Ie developpement a taus les niveaux de la societe.
Actuellement, Ie gouvernement fait porter ses efforts sur la
formation de techniciens superieurs, pour laquelle il dispose deja
de moyens suffisants, y compris les bourses etrangeres, tandis que
rien n'est fait pour recycler les 1.000 vulgarisateurs dont
l'agriculture a besoin. Le Ministere de l'agriculture ne disposera
pas du personnel de vulgarisation necessaire d'ici 1981 si un
effort n'est pas fait pour donner les moyens de formation
necessaires a ce niveau. On trouvera a l'Annexe 5 une evaluation
des besoins et des moyens actuels.
2.10 Par ailleurs, Ie manque d'organisation et de coordination
fait que la main-d'oeuvre disponible n'est pas pleinement utilisee.
Le Ministere du Plan, qui est charge de la politique nationale, est
si mal organise que les differents departements qui participent a
l'elaboration et a l'execution du Plan travaillent souvent chacun
de leur cote, ce qui entraine des gaspillages. De plus, Ie
Ministere du Plan est handicape par Ie manque de coordination avec
les ministeres techniques a des etapes critiques de l'elaboration
du Plan. Certes, la situation s'est nettement amelioree au cours
des derniers mois, mais les minis teres techniques continuent a
entretenir des doutes au sujet du Ministere du Plan, dont Ie role
ne leur parait pas indispensable, peut-etre parce qu'il ne jouit
pas de l'autorite dont il aurait besoin pour s'acquitter de sa
t§che. Au Ministere de l'agriculture, la planification ne releve
d'aucun service particulier. Elle est confiee au Premier Conseiller
aupres du Ministre, et les etudes sont effectuees par Ie Bureau
d'etudes de la Direction de l'economie agricole. Cette Direction
prepare les documents techniques concernant les differents projets
du Ministere. Sur Ie plan sectoriel, c'est Ie Ministere du Plan,
assiste d'une equipe du PNUD, qui est charge de la planification
agricole, mais les relations entre les deux Ministeres sont
distantes et la cooperation est presque inexistante. Si un service
de planification est cree au Ministere de l'agriculture, il n'aura
pas l'efficacite voulue si de bonnes relations de travail ne
s'instaurent pas entre ces deux Ministeres.
-
- 8
B. La population et les terres
2.11 De taus les problemes du Rwanda, Ie plus pressant est celui
que pose l'augmentation rapide de la population et Ie manque
d'espace utilisable. La population progresse plus rapidement que la
production agricole, et on estime que pour les vingt dernieres
ann~es, elle a augment~ en moyenne de 3,2 % par an, immigration
comprise. Si l'on exclu l'apport des immigrants, Ie taux
d'accroissement naturel tournait autour de 2,8 %. II est
vraisemblable que ce taux se maintiendra car la natalite est
generalement elevee et la moyenne d'age est tres basse. En 1970, 58
% environ de la population feminine avaient mains de vingt ans, et
26 % etaient en age d'avoir des enfants (entre 20 et 40 ans), ce
qui laisse a penser que Ie taux de natalite demeurera eleve. En
meme temps, Ie climat et les conditions naturelles etant
naturellement saines et les services de sante assez developpes et
denses, font que les taux de mortalite diminuent et que l'esperance
de vie s'allonge. En 1970, l'esperance de vie a la naissance ~tait
de 46 ans, contre 39 ans 1949.
2.12 Plutot que de voir sa population doubler d'ici la fin du
siecle et doubler a nouveau trente ans plus tard, Ie Rwanda songe a
adopter des mesures en vue de limiter sa croissance demographique.
Un grand nombre de responsables officiels preferent parler de
solutions "politiques" plutot que de solutions "techniques", mais
depuis quelques annees les possibilites d'~migration tendent a
diminuer, les pays voisins etant contraints, par des pressions
sociales et economiques, a satisfaire les besoins de leur propre
population avant d'ouvrir leurs portes aux immigrants rwandais. Le
gouvernement a conscience de l'existence du probleme, sinon de son
urgence, et a cre~ deux commissions chargees d'en examiner les
differents aspects. II se peut donc qu'en fin de compte une
politique demographique voie Ie jour. Cependant, meme en prenant
des mesures vigoureuses, Ie Rwanda ne peut esperer obtenir des
r~sultats notables a court terme, et Ie gouvernement pourrait
s'estimer heureux s'il reussit a n'avoir a la fin du siecle que
7.380.000 habitants au lieu de 8.200.000 projetes actuellement. La
politique demographique ne s'avererait reellement rentable qu'a
beaucoup plus long terme, si la population se stabilisait a environ
10 millions d'habitants au lieu de 16 ou 17.
2.13 La rapidit~ de l'accroissement demographique du Rwanda en a
deja fait Ie pays Ie plus dens~ment peupl~ d'Afrique.
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- 9
Tableau 2: DENSITES DEMOGRAPHIQUES COMPAREES EN 1970
Pays Habitants au km2
Rwanda 140
Burundi 130
Ouganda 43
Malawi 39
Kenya 20
Tanzanie 14
Zaire 8
Afrique 11
Source: Tendances dans les pays en developpement, Banque
Mondiale, 1973.
Sur une superficie totale de 25.595 km2,11 on comptait en
moyenne 171 habitants par km2 en 1976, et 350 par km2 de terres
cultivables, y compris les paturages. Abstraction faite des
paturages, la densite etait de 488 habitants au km2 Cette densite
moyenne masque des differences regionales variant de 372 habitants
au km2 dans la prefecture de Ruhengeri, a 109 dans Ie Kibungo. Les
plus fortes densites coincident avec les moyennes altitudes (1.500
a 1.900 m) au les conditions sont Ie plus favorables a
l'agriculture.
2.14 Les consequences de cette densite elevee et du taux
dJaugmentation de la population sont inquietantes. L'augmentation
progressive de la densite demographique s'accompagne d 1 une
diminution de la dimension moyenne des exploitations, qui n'est pas
compensee par l'augmentation des cultures vivrieres et la mise en
valeur de terres nouvelles. C'est ainsi que maintenant
l'exploitation moyenne atteint a peine un hectare (soit 40 % de
mains que l'esti mation de 1953); presque toutes les bonnes terres
sont occupees et on ne dispose plus que de quelques parcelles de
terres marginales.
2.15 Les chiffres qui montrent la diminution de la superficie
des exploitations mettent en evidence Ie systeme de repartition des
terres. L'etude de la prefecture de Byumba, effectuee par des
consultants pour Ie Ministere du Plan en 1974, et qui est a ce jour
la seule etude generale du secteur agricole menee au Rwanda, montre
que lion n'a pas une repartition normale, ou Ie plus
11 Ceci est Ie chiffre calcule par Ie Ministere du Plan dans son
etude sur la disponibilite des terres. II est probablement plus
precis que Ie chiffre officiel, soit 26.338 km2•
-
- 10
grand nombre d'exploitation tournerait aut~ur d'un hectare,
mais, une repartition bimodale, ou un groupe important
d'exploitations font moins d'un hectare et un plus petit groupe
d'exploitations plus d'un hectare. Si l'on suppose, ce qui devrait
@tre verifie, qu'une repartition bimodale du type constate a 8yumba
regne sur l'ensemble du territoire, la dimension statistique
moyenne d'un hectare signifie sans doute que:
un tiers des exploitations ont plus d'un hectare;
un tiers des exploitations ont entre 0,5 et un hectare (entre la
moyenne et la moitie de la moyenne);
un tiers des exploitations ont moins de 0,5 hectares (moins de
la moitie de la moyenne).
On peut egalement supposer que l'ecart entre les exploitations
est aussi large dans des domaines tels que l'emploi de salaries, Ie
pourcentage de la production commercialisee, l'importance des
excedents alimentaires et monetaires, l'attitude a l'egard de
l'endettement, Ie prestige social, etc.
2.16 II arrivera inevitablement un moment ou toutes les terres
cultivables seront utilisees. D'apres une etude effectuee en 1973
par Ie Ministere du Plan sur la disponibilite et l'utilisation des
terres, toutes les terres utilisables seront cultivees aux environs
de 1990. Les terres dont dispose chaque famille diminuent
rapidement et dans certains cas, il est deja impossible d'y
installer la jeune generation. Certains parents en sont deja venus
a persuader leurs fils de chercher du travail dans les villes,
quete souvent vaine qui engendre la delinquance juvenile.
2.17 En meme temps, les terres a p~turage et les terres a
vocation agricole reduite (en particulier les fortes pentes) sont
progressivement mises en cultures. Avec Ie systeme actuel de
paturage libre, par opposition a l'elevage en stabulation, la
production de betail continuera a diminuer. Le nombre des bovins a
deja commence a reculer. En raison de la pression sur les terres,
les jacheres sont raccourcies ou eliminees. Le raccourcissement des
jacheres (un ou deux ans) a des consequences facheuses sur Ie plan
agronomique; la terre, qui retourne en friche, exige un surcrolt de
travail des paysans avant de pouvoir etre a nouveau cultivee.
L'utilisation des pentes raides, Ie raccourcissement des jacheres,
Ie relachement de la lutte contre l'erosion (souvent identifiee
dans l'esprit des paysans avec la tutelle coloniale) et la
deperdition de matieres organiques aboutissant a l'epuisement du
sol. Dans certaines regions, les rendements ont subi une chute tres
nette.
2.18 Les ecarts sociaux se creusent progressivement. Les terres
passent aux mains des paysans les plus riches. L'apparition d'un
groupe social de paysans riches favorise l'intrusion de rapports
marchands aux depens du cadre social traditionnel. Les terres (ou,
plus precisement, les droits d'usage) sont transferees de plus en
plus souvent pour des raisons pecuniaires. Le proletariat agricole
se developpe au profit des paysans riches et les formes
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- 11
traditionnelles de cooperation disparaissent du terrain. On peut
deja voir dans Ie paysannat du pyrethre au Ruhengeri les grands
proprietaires, qui ont ete les premiers a planter du pyrethre,
s'enrichir au point ou ils peuvent racheter les terres des petits
paysans et engager comme salaries les anciens proprietaires. Le
developpement de la commercialisation (demande "urba~ne",
desequilibres regionaux) reduit la solidarite au niveau de la
colline:1! les echanges reciproques entre voisins et la solidarite
familiale sont deja menaces par des formes de peuplement qui
eloignent et dispersent de plus en plus les paysans. Le principal
atout du Rwanda, l'homogeneite de sa societe rurale, sur laquelle
la politique de cooperation et de developpement communal du
gouvernement se fondent, est menace et, a mesure que la pression
demographique sur les terres augmente, les graines de discorde se
propagent.
C. La production agricole
2.19 En 1966, Le Ministere de l'agriculture a estime qu'environ
603.000 ha avaient ete oceupes par les cultures vivrieres
traditionnelles (y compris environ 230.000 ha en double recolte).
En 1974, ces superficies etaient respectivement de 797.000 ha et
294.000 ha. Cela equivaut a une progression annuelle de 3,5 %, soit
un peu plus que Ie taux d'augmentation de la population et beaucoup
plus que Ie taux annuel d'augmentation de la production.
2.20 Le taux de croissance demographique et Ie taux de
progression des superficies cultivees, ainsi que Ie
raceourcissement des jacheres, d'une part font ressortir
l'accroissement de la pression sur les terres et, d'autre part,
laissent a penser que Ie rendement moyen des cultures vivrieres
diminue. Mais eela n'a pu etre prouve statistiquement faute de
donnees sares. Lorsqu'il ne sera plus possible de mettre de
nouvelles terres en culture, Ie rendement constituera un facteur
determinant du volume de la production agricole.
2.21 La qualite de la nutrition au Rwanda est inferieure aux
normes internationales, etat de chases qui est aggrave par la
rigueur des conditions de vie et de travail du paysan ordinaire. En
outre, Ie spectre de la famine est toujours present et surtout
depuis quelques annees OU Ie manque de terres se fait ressentir.
Deja on assiste a des insuffisances periodiques et localisees de
l'approvisionnement en vivre dans de nombreuses regions du pays. II
ressort du Tableau 3 ci-apres que dans l'ensemble, la population ne
consomme que 70 a 80 % du minimum journalier indispensable en
calorie recommands par la FAO. Cependant, la carence en proteique
serait moins marquee.
1/ Les divisions administratives du Rwanda (dscrites de fa~on
plus detail lee dans l'Annexe 7) sont la prefecture, divisee en
communes, elles-memes divisees en secteurs, qui regroupent des
collines, unites de base d'environ 50 familIes.
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- 12
2.22 Les statistiques concernant la consommation de calorie
(Tableau 3 ci-apres) risquent d'etre entachees d'erreur. En effet,
les chiffres de production portant sur les annaes 1973-75, d'apres
lesquels la consommation en calorie est calculee, pourraient etre
legerement inferieurs a ceux d'une periode type de trois ans en
raison de la secheresse qui a sevi en 1974. II n'est pas tenu
compte non plus des denrees importees, mais la majorite de la
population consomme tres peu de ces dernieres. Ces chiffres n'en
mettent pas moins en lumiere une tendance evidente et inquietante,
a savoir que la qualite de la nutrition est faible et ne cesse de
diminuer. II est donc indispensable d'augmenter l'offre de denrees
alimentaires, qu'elles soient produites sur place ou importees, et
les projections de bilan alimentaire consti tueront l'un des
indicateurs critiques du bien-etre economique dans les annees a
venir.
Tableau 3: MOYENNE JOURNALIERE DE DE CALORIES
1959
LA CONSOMMATION
1969 pour 1973-75 Moyenne
Produits vegetaux 2.194 2.108 1.850
Produits animaux 90 76 76/1
Total 2.284 2.184 1.926
Besoins:
Homme moyennement actif 3.000 3.000 3.000
Femme moyennement active 2.200 2.200 2.200
/1 On suppose que ce chiffre n'a pas change depuis 1969, car on
ne connait pas les chiffres de la production.
Source: FAO, Rapport de Mission au Rwanda, 1971, et estimations
de la mission.
O. La demande de produits agricoles
2.23 La necessite d'offrir une alimentation satisfaisante a sa
population, compte tenu de l'augmentation du coefficient
homme-terre, est au premier rang des priorites du Rwanda. Comme l'a
dit Ie President Habyarimana, l'objectif de produire plus est moins
une option politique qu'une question de survie pour Ie peuple
rwandais. Meme s'il pouvait financer les importations de denrees
alimentaires, au moyen de ses propres ressources ou de l'aide
exterieure,
-
- 13
necessaires pour combler l'ecart croissant entre sa production
interieure et ses besoins, les difficultes d'acces aux courants des
transports internationaux rendrait l'approvisionnement du Rwanda
tres aleatoire, comme l'a montre recemment l'interruption des
livraisons de carburant. En outre, il resterait a resoudre des
problemes de distribution a l'interieur du pays meme. 5i Ie niveau
de production actuel demeure constant, la production interieure ne
correspondra qu'a 40 a 45 % des besoins alimentaires en l'an 2001
(en prenant comme denominateur commun Ie nombre de calories) et il
faudrait importer plus d'un million de tonnes de vivre par an, soit
dix fois plus que Ie volume importe actuellement.
2.24 Pour etablir des objectifs de production agricole a long
terme, Ie gouvernement a etabli des projections des besoins
alimentaires echelonnees sur une periode de 25 ans, en utilisant
les methodes appliquees dans l'avantprojet de plan quinquennal pour
determiner les objectifs pour 1981. En retenant un taux de
croissance demographique de 2,6 % par an (ce qui implique, a long
terme, un ralentissement du taux historique), on aurait une
population de 8.180.000 habitants en l'an 2001. Le nombre de
calories souhaitable a ete fixe a 2.450. 11 en est resulte les
objectifs de production ci-apres:
Tableau 4: OBJECTIF5 DE PRODUCTION (milliers de tonnes)
Moyenne pour 1973-75 1976 1981 2001
Banane 1.717 1.810 2.000 2.340 Haricots 133 240 278 464 Pais 55
75 87 145 50rgho 136 180 W9 349 Mais 62 79 91 152 Patates douces
571 810 940 1.570 Pomme de terre 133 140 200 334 Manioc 372 360 460
768
2.25 Meme s'il ne devait pas importer des vivres, Ie Rwanda a
grand besoin de l'agriculture pour se procurer des devises, car Ie
potentiel d'expansion des autres secteurs, comme Ie tourisme,
l'industrie et les mines, est limite, et 11 n'y a guere de chances
qu'ils puissent un jour remplacer l'agriculture comme principal
fournisseur de devises. 11 est possible que pour maintenir a 5 % Ie
taux de croissance a long terme du PIS, Ie volume des importations
doive augmenter de 8 % par an. On ne saurait calculer Ie montant de
la somme en devises dont Ie Rwanda aura besoin pour l'an 2001, mais
d'apres les projections, Ie deficit de sa balance des ressources
s'elargira, passant de son niveau actuel de 2,6 milliards de francs
rwanda is (28 millions de dollars) a environ 3,8 milliards de
francs rwandais (41 millions de dollars) d'ici 1980. Etant donne
que Ie Rwanda est tributaire des importations pour presque tous
ses
-
- 14
produits manufactures et qu'il ne pourra pas remplacer ses
importations par des produits fabriques sur place, en dehors de
quelques biens de consommation, les recettes d'exportation devront
continuer a augmenter pour que les importations puissent suivre,
~me si les risques politiques entra1nes par la necessite de compter
sur l'aide etrangere pour obtenir des capitaux sont acceptables.
M~me si Ie Rwanda ne peut suffire a ses propres besoins en devises
avant longtemps, il serait souhaitable que les politiques a long
terme du gouvernement visent a accrottre des maintenant ses
ressources dans ce domaine.
2.26 Tant que Ie secteur industriel et les autres secteurs ne
seront pas plus developpes (et ce developpement est en partie lie
aux resultats de l'agriculture), les sources de recettes publiques
demeureront assez limitees. Les droits d'importation et les imp6ts
indirects sur les biens de consommation sont assez prometteurs,
mais les imp6ts directs, comme l'impdt sur Ie revenu, la
contribution personnelle et l'impdt sur Ie betail ant un potentiel
de croissance assez limite. En l'occurrence, l'element Ie plus
facilement imposable est donc toujours constitue par les cultures
d'exportation, et m~me si parfois il peut etre necessaire d'ajuster
Ie niveau des taxes pour soutenir la motivation des paysans, il est
certain que les exportations agricoles presentent dans l'immediat
Ie meilleur potentiel d'elargissement de l'assiette de l'impdt.
2.27 C'est aussi vers Ie secteur agricole que Ie Rwanda doit se
tourner pour creer de nouveaux emplois puisque, comme on l'a vu,
m~me selon des estimations optimistes, les nouveaux emplois crees
dans Ie secteur non agricole ne pourraient absorber plus de 20 a 25
% de la population active. Cela presuppose qu'il est possible
d'accro1tre Ie nombre des emplois dans les fermes en developpant la
production. C'est bien Ie cas dans les exploitations les plus
vastes (plus d'un hectare), au on pourrait introduire l'elevage en
stabulation, mais la main-d'oeuvre que peut absorber une ferme est
d'autant plus limitee que sa superficie diminue. Alors qu'une ferme
de 0,5 ha peut occuper une famille moyenne de 4,46 personnes, les
methodes culturales prOnees actuellement ne peuvent occuper a plein
temps que deux personnes sur les fermes de 0,3 ha, a mains qu'elles
ne se consacrent a des cultures telles que Ie the au Ie pyrethre
qui exigent une main-d'oeuvre abondante.
E. Les moyens de developper l'agriculture
2.28 Le developpement de la production agricole etant
indubitablement un objectif fondamental, il conviendrait de
s'assurer que les bases techniques de ce developpement existent
bien, et si elles n'existent pas, trouver les moyens de les creer
(voir Annexe 2, paragraphes 4 et 5). L'Institut des sciences
agronomiques du Rwanda (ISAR) effectue des recherches sur les
cultures vivrieres et sur les principales cultures d'exportation,
et a mis au point des varietes selectionnees qui ant faient leurs
preuves, et des techniques culturales, qui sont diffusees par Ie
Service des semences selectionnees, dans Ie cadre d'un projet
finance en grande partie par la Belgique, qui prendra sans doute
une grande ampleur dans un proche avenir.
-
- 15
2.29 On reproche presque toujours aux instituts de recherche de
ne pas lier la recherche et l'application, et a cet egard, l'ISAR
ne fait pas exception a la regIe. Les rapports sur les recherches
de l'ISAR paraissent dans des notes techniques, et les conclusions
sont adressees au Ministere sous forme de fiches techniques qui
doivent etre distribuees aux vulgarisateurs. Or, les lacunes de la
distribution interrompent la chaine recherche-vulgarisation; encore
que l'ISAR ne soit pas a blamer en l'occurrence. En fait, ce qu'on
peut reprocher a l'ISAR c'est que ses recherches ne soient pas en
ellesmemes suffisamment orientees vers les besoins les plus urgents
des pay sans rwandais et des fermes de moins d'un hectare. II
conviendrait de reevaluer les orientations de la recherche agricole
au Rwanda, qui devrait etre consacree aux ameliorations techniques
a la portee du fermier ordinaire.
2.30 Un effort de recherche et d'imagination doit etre fait pour
trouver des solutions techniques pour les petites exploitations,
qui constituent l'essentiel des exploitations rwandaises. Le
fatalisme des techniciens et des chercheurs a leur egard semble
assez inquetant. "II n'y a pas de solution pour eux" entend-on dire
trop souvent. II faudrait envisager pour ces exploitations des
programmes speciaux (apiculture, piment, petit elevage, ver a soie,
arboriculture fruitiere), leur reserver les terres de marais
(notamment pour les legumes et la pisciculture) et utiliser la
main-d'oeuvre pour les vastes travaux de reboisement communaux pour
Ie sommet des collines. En complement de la lutte antierosive et
l'enfouissement de matieres organiques, un accent particulier doit
etre mis sur l'experimentation de l'engrais en milieu paysan, sous
la supervision de l'ISAR. Le programme propose par la FAD pourrait
etre tres interessant a cet egard. Le chaulage des sols degrades en
haute altitude en vue d'introduire la culture du ble offre de
grandes possibilites qui n'ont pas encore ete exploitees.
L'utilisation d'engrais chimique et l'introduction de
l'enfouissement des fanes de legumineuses lorsque l'exploitat ion
est trop petite pour permettre une periode de jachere prolongee,
pourraient contribuer fortement a ameliorer Ie rendement dans ces
exploitations. II semble egalement necessaire de passer
progressivement a une regionalisation de certaines cultures,
notamment les pois, les pommes de terre, l'arachide, Ie soja, selon
les diverses zones ecologiques (zones de haute, moyenne et basse
altitude}.
2.31 Dans l'espoir d'ameliorer la fertilite des sols et de
prevenir l'erosion, les chercheurs et les vulgarisateurs font
depuis quelque temps porter leurs efforts sur la fermette,
c'est-a-dire la petite exploitation polyvalentes dans laquelle une
vache et un veau sont gar des en stabulation pour fournir l'engrais
necessaire aux cultures, eux-memes etant alimentes au moyen des
four rages cultives en partie sur les terrasses anti-erosives. Ce
systeme, decrit de fa~on plus detaillee a l'Annexe 2, commence a
etre adopte spontanement par les fermiers, a mesure qu'ils
comprennent les avantages de la fumure organique. Certes, cette
methode resout Ie probleme de plus en plus complexe des paturages,
mais elle ne saurait etre la panacee que croient certains,
puisqu'elle n'est pas utilisable dans les fermes de moins d'un
hectare et exige des capitaux et une main-d'oeuvre supplementaire
que ne peuvent obtenir un grand nombre de fermiers. Cependant, elle
constitue une technique
-
- 16
simple qui permet d'ameliorer la production dans un nombre
important de fermes, qui sont precisement celles qui peuvent
contribuer Ie plus a ameliorer Ie rendement.
2.32 Etant donne que la banane joue un role important dans
l'economie de l'exploitation rwandaise et que les bananeraies
occupent une proportion importante des terres cultivees, il
semblerait souhaitable de chercher a accroitre la productivite dans
ce secteur. Bien que la banane soit la plus rentable de toutes les
cultures, les rendements sont faibles et la biere de banane,
principale utilisation du fruit, nla qu'une faible qualite
nutritive. Les solutions les plus interessantes pour l'avenir
resident dans une amelioration soit des rendements soit de la
valeur nutritive. L'ISAR n'a pas les ressources necessaires pour se
lancer dans un programme complet de recherche dans ce secteur afin
de selectionner les varietes susceptibles de satisfaire les gouts
difficiles des exploitants, mais il devrait etre possible
d'intensifier les efforts pour tester et rep andre des varietes a
meilleur rendement, pour completer la variete Gros Michel produite
actuellement a l'ISAR.
2.33 Une fois la base technique etablie, il faudra trouver les
moyens de diffuser les techniques. Les methodes de vulgarisation
sont etudiees dans un chapitre ulterieur. La mise en place d'un
systeme de vulgarisation depend entre autre de la qualite du
personnel qui Ie fera fonctionner. Pour Ie moment, les moyens de
formation du personnel de niveau inferieur sont insuffisants, et
l'orientation des cours ne correspond pas vraiement aux besoins
veritables du personnel et ne Ie prepare pas au type de travail
qu'il devrait effectuer. Pour Ie personnel de niveaux intermediaire
et superieur, les moyens existants et prevus, y compris les bourses
etrangeres, devraient suffire a repondre aux besoins prevus d'ici
cinq ou dix ans, et les lacunes pourront etre comblees entre temps
par l'assistance technique etrangere.
-
•
- 17
III. LES ORIENTATIONS DE LA CROISSANCE
3.01 Du developpement de la production agricole dependent
l'avenir de l'approvisionnement en denrees alimentaires et des
recettes publiques. Plusieurs facteurs determineront Ie taux
d'accroissement et les sous-secteurs (cultures traditionnelles et
cultures de rapport) qui pourront soutenir cet accroissement, a
savoir l'existence de terres permettant d'accroltre la production,
la base technique sur laquelle cet accroissement sera fonde, Ie
laps de temps qui s'ecoulera avant que les investissements
deviennent rentables et l'equilibre entre la croissance economique
et la justice sociale.
3.02 Le mode d'utilisation des terres dependra des hausses de
rendement qui pourront etre obtenues dans Ie sous-secteur des
cultures vivrieres. Avec les m~mes rendements qu'en 1973-75, il
faudra de toute evidence developper les superficies consacrees aux
cultures vivrieres au m~me rythme que l'accroissement estime, soit
a un taux legerement plus eleve que Ie taux de croissance
demographique, puisque les projections prevoient une amelioration
de la qualite de la nutrition. Lorsqu'on a etabli les estimations
concernant l'utilisat ion future des sols, on a suppose qu'aucune
nouvelle terre ne pourrait ~tre mise en culture. Certes, des
mesures de conservation des sols efficaces, la recuperation des
marecages ou une irrigation extensive permettraient d'augmenter la
superficie disponible, mais les frais entra!nes par ce type de
mesure Ie rend impraticable a large echelle. On suppose egalement
que la double saison de culture restera inchangee.
3.03 Etant donne qu'il faut exclure une strategie a long terme
basee sur les importations de denrees alimentaires en raison de la
situation geographiphique du Rwanda (sans parler du manque de
devises), la superficie de terres necessaire pour assurer
l'approvisionnement en vivre determinera la superficie qui pourra
etre consacree aux cultures d'exportation. Les cultivateurs qui se
livrent a l'agriculture de subsistance comptent en fait sur
certaines cultures de rapport pour obtenir les liquidites dont ils
ant besoin pour payer leurs impOts, les dots, etc.; ces cultures de
rapport, qui sont en general perennes, ant des rendement plus
stables que les cultures annuelles et demandent mains de travail a
l'epoque des plantations. Cependant, comme cela ressort de l'Annexe
6, dans les conditions de prix actuelles, les cultures vivrieres
assurent a la fois un meilleur revenu brut a l'hectare et a la
journee de travail, ce qui explique que l'exploitant prefere avant
tout satisfaire ses propres besoins alimentaires avant de songer
aux cultures de rapport. En general, les exploitants
n'accepteraient pas volontairement d'augmenter la part des cultures
d'exportation, sauf si l'alimentation de la famille est assuree par
les terres restantes ou par une source exterieure stable et a un
prix raisonnable, et si Ie prix des cultures d'exportation leur
offre une bonne incitation. Par consequent, pour que davantage de
terres puissent etre consacrees aux cultures d'exportation, une
augmentation des rendements est indispensable.
-
- 18
3.04 Le rendement determine la superficie du terrain necessaire
pour remplir un objectif de production donne. On estime
generalement que la courbe des rendements est en baisse, a quelques
exceptions pres (haricots). Etant donne la rarete des terres et
l'accroissement de la production, l'avenir serait sombre si cette
tendance devait se poursuivre et, a terme, il est evident qu'une
amelioration des rendements s'impose. Les projections ci-apres
illustrent les modes d'utilisation des sols suivant l'evolution des
rendements des cultures vivrieres.
-
- 19
Tableau 5: POSSIBILITES D'UTILISATION DES SOLS (milliers
d'hectares)
Moyenne 1973-75 1976 1981 2001
Total des terres cultivees 1.250 1.250 1.250 1.250
i) Le rendement des cultures vivrieres diminue de 1 % par
an:
Cultures vivrieres 504 700 876 1.17a11 Paysan?ats 72 72 72 72
Autre~ 674 478 302 (-)
ii) Le rendement des cultures vivrieres demeure constant:
Cultures vivrieres 504 687 816 1.17a11 Paysan?ats 72 72 72 72
Autre~ 674 491 362 (-)
iii) Le rendement des cultures vivrieres augmente de 1 % par
an:
Cultures vivrieres 504 673 762 1.044 Paysan?ats 72 72 72 72
Autre~ 674 505 416 134
iv) Le rendement des cultures vivrieres augmente de 2 (l' par
an:-0
Cultures vivrieres 504 660 711 798 Paysan?ats 72 72 72 72 Autre~
674 518 467 380
01 10v) Le rendement des cultures vivrieres augmente de 3 par
an:
Cultures vivrieres 504 647 663 613 Paysan?ats 72 72 72 72 Autre~
674 531 515 565
vi) Le rendement des cultures vivrieres augmente de 4 % par
an:
Cultures vivrieres 504 635 620 474 Paysan?ats 72 72 72 72 Autre~
674 543 558 704
/1 La superficie cultivee ne suffit pas a realiser les objectifs
de production.
/2 Notamment les jacheres, les paturages, les terres qui ne sont
pas cultivees actuellement et les terres consacrees aux cultures
d'exportation. Voir Annexe 8, Tableau 2.
Source: Annexe 8, Tableaux 1 et 9.
-
- 20
3.05 II ressort de ces calculs qu'il faudrait que les rendements
augmentent au mains de 2 % par an pour que les objectifs soient
realises. A mains de 2 %, on en arriverait a consacrer toutes les
terres agricoles aux cultures vivrieres, sans jachere ni p§turage,
option qui est evidemment a ecarter et qui exigerait des
orientations entierement nouvelles qui depassent de loin Ie domaine
de l'agriculture. Du reste, m~me une augmentation annuelle de 2 %
du rendement conduirait a reduire considerablement les surfaces en
jachere et les paturages, et il serait impossible de justifier
l'affectation de terres supplementaires aux cultures d'exportation.
II semble donc qu'il faille fixer un objectif minimum
d'augmentation des rendements de 3 % par an. Or, au cours de la
derniere decennie, les rendements sont restes stationnaires au m~me
ant diminue. On voit donc a quelles difficultes se heurte Ie
gouvernement. M~me avec la meilleure volante du monde, il n'est pas
certain qu'il puisse atteindre l'objectif desire, etant donne les
nombreux obstacles materiels. Quoiqu'il en soit, il n'y a pas
d'autre solution. De plus, il est probable que les difficultes
continueront au siecle prochain, m~me si l'objectif fixe pour l'an
2001 est atteint.
3.06 On a signale plus t6t qu'il aurait fallu depuis longtemps
adopter une politique de limitation de la population. Si Ie
gouvernement adoptait des mesures vigoureuses a cet egard
aujourd'hui meme, la t~che a accomplir a long terme dans Ie domaine
agricole, quoique toujours impressionnante, serait mains ardue.
L'experience a montre dans d'autres pays qu'apres les dix premieres
annees d'application d'un programme intensif de planning familial,
Ie taux d'augmentation demographique ne diminuait pas, en raison du
recul de la mortalite infantile. Toutefois, a plus long terme, un
programme bien con~u permettrait de reduire Ie taux de croissance
demographique de 0,1 % par an. A la fin du siecle, ce taux pourrait
~tre ramene a un peu plus de 1 % par an, ce qui donnerait en l'an
2001 une population d'environ 7,4 millions d'habitants au lieu de
8,2 millions. Par la suite, les avantages de ce programme seraient
beaucoup plus substantiels, puisque la population n'atteindrait
sans doute que 10 millions d'habitants en 2030, au lieu de 16 a 17
millions. La pression sur les terres agricoles serait donc
considerablement allegee, et la necessite de creer un grand nombre
d'emplois nouveaux serait mains pressante.
3.07 On estime qu'en 1974, 6 % environ des terres a vocation
agricole qui n'etaient pas consacrees aux cultures vivrieres, soit
environ 50.000 ha, portaient des cultures d'exportation; 52 %
etaient des paturages, 26 % etaient en jachere et 15 % n'etaient
pas cultivees. En supposant que Ie rendement des cultures vivrieres
pourra augmenter de 3 % par an, la superficie des terres agricoles
ne portant pas de cultures vivrieres devrait tomber de 674.000 ha
en 1973-75 a 515.000 ha en 1981, mais remonterait a 565.000 ha en
2001. Bien qu'on puisse douter de la precision de ces chiffres, il
semblerait qu'on puisse affecter 100.000 ha de cultures vivrieres
aux cultures d'exportation d'ici la la fin du siecle, sans nuire a
l'approvisionnement en vivres. La superficie totale des cultures
d'exportation pourrait donc passer a 150.000 ha, ce qui
equivaudrait a une expansion de 5 % par an. Cette expansion
pourrait raisonnablement etre associee a une augmentation de 3 %
des rendements, comme dans les autres secteurs de l'agriculture, ce
qui porterait l'augmentation
-
- 21
tion de la production a 8 % par an. II va sans dire que si
l'augmentation du rendement des cultures vivrieres n'atteignait pas
3 %, l'expansion des cultures d'exportation serait fortement
entravee, et qu'au contraire, si ce taux est depasse, les
superficies disponibles augmenteront. Etant donne qu'a l'heure
actuelle les cultures d'exportation couvrent une superficie
reduite, les projections relatives aux superficies disponibles dans
les prochaines annees sont relativement sensibles.
3.08 L'etude sur la disponibilite et l'utilisation des terres
prevoit qu'en l'an 2001 la population urbaine atteindra 1.783.000
habitants sur un total de 8.100.000. La population rurale
compterait donc 6.317.000 personnes au 1.416.000 familIes. Si toute
la population rurale reste sur les 1.250.000 ha disponibles pour
l'agriculture (y compris les pAturages et les jacheres) la
dimension moyenne de l'exploitation (y compris celIe des
paysannats) tombera de 1,03 ha a 0,88 ha en l'an 2.001. II est
possible, bien entendu, que les zones considerees pour Ie moment
comme inutilisables puissent servir pour Ie pacage, et que les
terres marginales soient ameliorees, ce qui augmenterait la
superficie disponible. Cependant, comme on l'a deja souligne, un
tel procede serait onereux et les terres ainsi gagnees seraient de
qualite mediocre. Si on elimine cette possibilite et que l'on ne
tienne pas compte des paysannats (40.000 familIes paysannes), 1
'exploitation "moyenne" comprendrait en 2001 0,09 ha pour Ie
logement, 0,11 ha de cultures d'exportation, 0,23 ha de jachere au
de paturages et de 0,45 ha de cultures vivrieres. A l'heure
actuelle, cette repartition est de 0,03 ha pour les cultures
d'exportation (cafe), 0,09 ha pour Ie logement, 0,24 ha pour les
jacheres et 0,67 ha pour les cultures vivrieres. L'exploitation
"moyenne" s'etend sur 1,03 ha. Autrement dit, pour maintenir la
production alimentaire destinee a la consommation familiale a son
niveau actuel, sans ameliorer la qualite de la nutrition, tout en
triplant la superficie consacree aux cultures de rapport (5 % par
an en 25 ans, voir par. 3.07 ci-dessus) et en gardant 35 % des
terres en jachere pour pratiquer la rotation des cultures de fa~on
appropriee, il faut que la production de cultures vivrieres
augmente d'au moins 69 % en 25 ans.
3.09. Les hypotheses pour l'an 2001 ant des consequences
importantes pour l'avenir de l'elevage au Rwanda. En 2001, tout ce
qui restera comme terrain pour paturage permanent sera 0,07 ha par
exploitation. M@me quand on y inclut la jachere, Ie total pour Ie
pAturage ne sera que 0,23 ha par exploitation - donc, Ie quart de
la superficie par exploitation en 1970 quand il y avait encore des
terres non cultivees utilisables comme paturage communal. Si Ie
cheptel national rwandais dOit se maintenir, il faut qu'il soit
nourri en stabulation permanente et non pas en paturage libre. II
est alors urgent que Ie systeme d'association de l'elevage et de
l'agriculture (cite en par. 2.31 ci-dessus) et diffuse aussit8t que
possible.
3.10 Pour qu'on puisse obtenir un accroissement annuel de la
production vivriere de 3 % tout en ameliorant la qualite de la
nutrition, sa production doit augmenter de 110 % en 25 ans. Pour
certaines cultures, il est deja possible d'ameliorer les rendements
de 100 %, en utilisant des semences selectionnees et des techniques
agricoles ameliorees, ce qui semblerait indiquer
-
- 22
que l'augmentation de 110 % recherchee et realisable. Toutefois,
il faut se garder d'etre trop optimiste car les rendements sont en
baisse ou tout au plus stationnaires depuis un certain nombre
d'annees et une progression reguliere de 3 % par an represente un
changement radical, presqu'une revolution. On ne possede pas encore
les moyens techniques d'ameliorer Ie rendement de toutes les
cultures vivrieres et de plus, les institutions qui seraient
necessaires pour diffuser ces techniques dans tout Ie pays
n'existent pas encore. C'est pourquoi de tres gros efforts seront
necessaires dans ce domaine. Dans Ie secteur des cultures
d'exportation, Ie cafe est actuellement la seule culture pour
laquelle il serait possible d'obtenir immediatement des hausses de
rendement superieures a 3 % par an, mais ces hausses ne
depasseraient sans doute pas 5 %. Toutefois, sur cinq ans, une
augmentation de 5 % du rendement du cafe fournirait des recettes
d'exportation qui compenseraient largement la stagnation du
rendement par les autres cultures d'exportation.
3.11 Un programme national d'amlioration des rendements est long
a mettre en marche, car il faut tout d'abord recruter du personnel,
obtenir des semences et des facteurs de production, mettre sur pied
des programmes de recherche, etc. II faudrait donc peut-etre
envisager de concentrer tout d'abord les efforts sur un secteur ou
des resultats rapides pourront @tre obtenus, de fa~on a disposer
d'une base de ressources ferme, tandis que la politique a long
terme prend tournure. En particulier, il pourrait sembler
judicieux, a court terme, de consacrer les ressources a
l'intensification de la production du cafe, afin de compenser en
partie Ie declin qu'enregistreront probablement les prix apres
1980. Cette demarche serait sans doute justifiee si l'on pouvait
esperer accro!tre Ie rendement annuel de plus de 5 %, mais d'apres
des calculs de la Banque sur les augmentations de rendement, cela
semble improbable. On pense qu'il faudrait au moins quatre ou cinq
ans pour que les efforts deployes dans Ie domaine du cafe ou des
cultures vivrieres commencent a porter leurs fruits. En
privilegiant Ie cafe, au depart, on retarderait Ie lancement du
programme d'intensification des cultures vivrieres, car Ie Rwanda
n'a pas les ressources, et en particulier la main-d'oeuvre,
necessaires pour mener deux programmes speciaux de front. Le
programme de cultures vivrieres ne commencerait donc a donner des
resultats que dix ans plus tard, retard que Ie Rwanda ne peut
tolerer. C'est pourquoi il serait preferable d'inscrire Ie cafe (et
les autres cultures d'exportation) parmi les points saillants du
programme general, sans changer la proportion des ressources
affectees au cafe et aux cultures vivrieres, plutdt que
d'entreprendre un effort particulier axe sur Ie cafe qui
detournerait des ressources de l'objectif principal, qui est
d'augmenter Ie rendement de toutes les cultures. D'un autre cate,
vu son importance, la mise en valeur des cultures vivrieres ne doit
pas se faire aux depens du cafe.
3.12 Parmi les cultures vivrieres elles-memes, certaines
pourraient ~tre choisies pour faire l'objet de mesures pilotes, de
meme que certaines zones geographiques pourraient ~tre
selectionnees en vue d'une mise en valeur intensive. Celles-ci
constitueraient des points strategiques a partir desquels Ie
developpement pourrait s'etaler progressivement sur l'ensemble du
pays. II
-
- 23
faut donc decider si Ie developpement sera extensif, de fa~on a
stimuler la croissance generale dans l'ensemble du pays, au
intensif, visant a concentrer Ie peu de ressources disponibles pour
stimuler la croissance 19 au les resultats sont susceptibles d'~tre
les meilleurs.
3.13 L'option intensive, qu'elle s'applique a une culture au a
une region specifique, excluerait par definition une partie de la
population. Dans un pays au la repartition du revenu est si
reguliere, il faut se demander s'il est souhaitable de creer des
ecarts sociaux en privilegiant une partie de la population. Lorsque
des possibilites d'expansion s'offrent, certaines personnes s'en
saisissent, et d'autres les rejettent, et si lIon parvient a
ameliorer Ie niveau de vie au Rwanda, il faudra certainement pour
cela sacrifier l'egalite de repartition du revenue Mais accentuer
deliberement les inegalites risquerait d'introduire des elements de
trouble dans une societe qui jusquIa ce jour demeurait
raisonnablement homogene, malgre les pressions exercees par une
forte densite demographique et un rapport homme-terre en
augmentation. II faut trouver un equilibre entre les objectifs
contradictoires de croissance et d'equite.
3.14 Dans Ie cas de foyers d'action geographiques, l'approche
intensive qui vise a creer des centres de developpement dans
l'espoir qu'ils feront tAche d'huile, ne slest pas revelee tres
efficace au Rwanda. L'effet de demonstration attendu n'a pas eu
lieu: les cultivateurs n'ont pas ete persuades d'appliquer chez eux
les methodes utilisees dans Ie cadre d'un programme de
developpement. eela s'explique sans doute en partie par Ie fait que
ces projets ne sont pas integres a la structure administrative du
pays: tres souvent Ie projet a sa propre organisation au des liens
particuliers avec l'administration locale, qui en font un cas
special. II est donc difficile a reproduire, puisqu'il se deroule
dans des conditions particulieres. En outre d'autres Ie considerent
comme un phenomene exterieur qui suscite plus la curiosite que
l'envie d'en tirer une le~on. Les programmes de developpement ant
beaucoup plus de chances de reussir s'ils s'appliquent a l'ensemble
d'une prefecture, car alors ils peuvent s'inserer naturellement
dans l'ensemble de la structure administrative (et peuvent @tre
adaptes plus facilement comme element d'une politique nationale) et
les points d'interaction avec l'administration peuvent @tre
eprouves a tous les niveaux. En outre, cette approche permettrait
de realiser des economies d'echelle, car Ie cas du developpement
intensif exige un personnel complet pour chaque centre qualifie
tandis qu'un programme extensif n'aurait besoin que d'un seul
personnel pour toute une prefecture.
3.15 L'application simultanee d'un programme a l'ensemble d'une
prefecture obligera peut-etre a negliger provisoirment les points
situes a l'exterieur de la prefecture et qui presentent un
potentiel de croissance. II faut accepter Ie prix de cette
selectivite. Si tous les foyers de croissance pouvaient etre mis
immediatement en valeur, qu'ils s'inserent ou non dans Ie cadre
d'une prefecture, alors on pourrait obtenir un taux de croissance
plus eleve. Etant donne l'importance de la structure administrative
du Rwanda, il ne serait pas possible de soutenir ce rythme plus
eleve sans s'attaquer a la question de l'organisation. Alors que
des gains a court terme peuvent deliberement ne pas etre exploites
a fond, une croissance soutenue, basee sur une bonne
infrastructure, s'averera peut-etre plus rentable a long terme.
-
- 24
IV. INCIDENCES ECONOMIQUES
A. La croissance et les exportations agricoles
4.01 Vu les servitudes qui existent au Rwanda, au une
augmentation du rendement est essentielle pour assurer la simple
survie de la population, Ie potentiel de croissance est
inevitablement limite. II est bien evident qu'un programme qui
permettra seulement de mettre Ie Rwanda en mesure de suffire a ses
propres besoins alimentaires ne parviendra pas a relever Ie niveau
de vie et Ie revenu reel par habitant. C'est ainsi qu'un taux
d'augmentation des rendements de 3 % par an maintiendrait la
population rurale dans la m~me fourchette de revenu reel par
habitant d'ici 25 ans. Une croissance plus rapide est donc
necessaire si l'on veut que Ie Rwanda echappe au cercle vicieux de
la pauvrete.
4.02 L'Etat recherche des sources de croissance en dehors du
secteur agricole. II a des plans ambitieux pour l'industrie et Ie
tourisme, dans lesquels il voit une source d'emploi et de revenus
monetaires pour la population et de devises et de recettes fiscales
pour lui-meme. Neanmoins, les limites de ces deux secteurs ne les
predisposent pas a jouer un role de pointe, et c'est encore vers Ie
secteur agricole que Ie gouvernement devra se tourner dans les
annees a venire Le rdle des cultures d'exportation a cet egard est
crucial. A l'heure actuelle, elles fournissent environ 10 % du
revenu national, plus de la moitie des recettes d'exportation et
une partie variable mais importante des recettes publiques (les
droits d'exportation du cafe a eux seuls representaient 15 % de
celles-ci en 1974).
4.03 II est bien evident que la disponibilite en terres
cultivables determine la superficie occupee par les cultures
d'exportation. Depuis quelques annees, les programmes publics
visent a diversifier les exportations, dominees par Ie cafe. Les
autres cultures d'exportation sont Ie the, Ie quinquina, Ie
pyrethre et Ie caton. Deux d'entre elles seulement, en dehors du
cafe, presentent un bon potentiel de croissance a long terme, Ie
caton et Ie the, quoique Ie caton ne soit cultive qu'a petite
echelle. Les deux autres cultures, Ie quinquina et Ie pyrethre, se
sont revelees rentables et ant rapidement attire les cultivateurs.
Malheureusement, les debouches mondiaux sont reduits, et toute
tentative pour developper la production n'aboutirait qu'a faire
baisser les cours et peut-etre a creer des surplus invendables. Le
gouvernement peut donc envisager une expansion moderee de la
production, mais ne saurait compter sur Ie quinquina et Ie pyretre
pour asseoir sa strategie de developpement a long terme.
4.04 La strategie de developpement agricole examinee ici prevo
it une augmentation beaucoup plus rapide a long terme des cultures
d'exportation que des cultures vivrieres. Les investissements
necessaires dans l'immediat a la mise en oeuvre de cette strategie
sont relativement modestes puisqu'ils ne representeraient qu'entre
10 et 20 % du total des investissements agricoles les premieres
annees. Bien entendu, la part des ressources affectees aux
-
- 25
cultures d'exportation augmenterait a mesure que la place de
celles-ci dans l'economie s'elargirait, pour atteindre en fin de
compte jusqu'a 40 % du total des investissements agricoles. Mais la
conclusion la plus importante a tirer de ces chiffres, est qu'il
faut diriger des maintenant la plus grande partie des
investissements agricoles vers la production alimentaire.
4.05 En supposant que la production des cultures d'exportation
augmente de 8 % par an, Ie secteur agricole dans son ensemble ne
progresserait que d'a peine plus de 4 % en prix constants de 1975
(on a retenu les prix de 1975 car ce sont les plus recents, et lIs
representent en outre une evolution importante par rapport aux prix
de 1974). La valeur de la production serait ventilee comme
suit:
Tableau 6: VALEUR PROJETEE DE LA PRODUCTION EN PRIX CONSTANTS DE
1975 (millions de francs rwandais - prix aux producteurs)
Moyenne 1973-75 1976 1981 2001
Cultures vivrieres 20.950 23.740 30.760 51.380
Productions animales 2.300 2.300 5.590 9.340
Cultures d'exportation 1.560 1.740 2.560 11.790
Total 24.810 27.780 38.910 72.510
4.06 A long terme, la reussite serait remarquable, surtout si
les petits cultivateurs constituent Ie fer de lance de la strategie
de croissance. En fait, Ie taux de croissance de la production
agricole du Rwanda serait egal au taux Ie plus eleve realise par
les petits cultivateurs dans toute l'Afrique. II triplerait environ
la valeur de la production d'ici la fin du siecle, et ferait
augmenter Ie revenu par habitant provenant de l'agriculture
d'environ 45 % en moyenne pendant la meme periode. Par ailleurs,
d'autres activites pourront contribuer a faire augmenter encore Ie
revenu par habitant, notamment l'industrie ou Ie secteur
tertiaire.
4.07 Pour estimer les repercussions d'une croissance de 8 % de
la production sur les exportations, on a utilise les previsions a
long terme sur les produits de base de la Banque pour Ie cafe et Ie
the. On suppose que Ie marche mondial est en position d'equilibre,
un equilibre atteint, dans les dernieres annees, apres des
fluctuations a court terme. Les prix projetes sont les
suivants:
-
- 26
Tableau 7: PROJECTION DU COURS INTERNATIONAL DES PRODUITS DE
BASE (en dollars constants de 1975)
Cafe The Cafe The (cents la livre) --rF'Rw Ie kg)
1974 74,8 71,9 153,0 147,1 1975 65,3 62,8 133,7 128,6 1976 141,1
68,7 288,7 140,5 1977 256,6 100,6 525,0 205,8 1978 173,9 89,1 355,7
182,2 1979 136,5 78,1 279,2 159,7 1980-84 114,3 72,3 233.8 147,9
1985 et annees
suivantes 75,2 70,0 153,8 143,2
4.08 Si Ie Rwanda realise un taux d'accroissement annuel de 8 %
pour les cultures d'exportation, sa contribution au marche mondial
du cafe aura augmente de 50 % en 1985; a cette epoque elle
reprendra encore moins de 1 % du marche, et les prix devraient
alors se stabiliser au voisinage de leur niveau de 1974. II est
probable qu'ensuite la croissance des exportations de the et de
cafe devra ~tre limitee - les revenus provenant de l'exportation de
ces produits se stabiliseraient au niveau atteint en 1985 et Ie
Rwanda devra diversifier sa production par d'autres cultures
d'exportation de valeur equivalente. Sur la base d'un accroissement
annuel de 8 % du volume des exportations on a calcule les
projections suivantes des exportations a prix constant 1975.
Tableau 8: PROJECTIONS RELATIVES AUX EXPORTATIONS DE THE ET DE
CAFE
1973-75 1976 1981 1985 2001
Volume (milliers de tonnes) Cafe The
20,8 3,4
24,2 4,0
35,6 5,8
48 ,4 8,0
166,1 27,1
Valeur/1 (millions de francs rwandais en prix constants de
1975)
Cafe The
2.810 330
6.503 418
7.611 649
6.476 895
22.224 3.032
Total 3.140 6.921 8.260 7.371 25.256
II Les projection8 du Tableau 7 se referent a des qualites
specifiques de chaque produit livre au marche international. II a
donc ete necessaire, pour la presentation en Tableau 8, de
convertir les prix internationaux conformement a la qualite du
produit rwandais, f.o.b. Rwanda.
-
- 27
4.09 D'apres les projections, les recettes d'exportation
provenant de l'agriculture augmenteraient rapidement en termes
reels en 1976, puis resteraient stationnaires jusqu'en 1981. Cela
est da aux fluctuations de la valeur reelIe du cafe sur Ie marche
mondial, car les prix actuels resultent des gelees qui ont detruit
les cafeiers au Bresil en 1975. Lorsque Ie marche mondial se
trouvera en equilibre, Ie cours mondial du cafe reviendra sans
doute a une valeur a long terme voisine de celIe de 1974. Les
termes de l'echange pour les produits agricoles du Rwanda ne
devraient donc enregistrer a long terme que des changements
relativement mineurs et l'augmentation des recettes d'exportation
dependra presque entierement des niveaux de production atteints. Le
taux de croissance possible des exportations agricoles suffirait a
equilibrer une progression raisonnable du volume des importations a
long terme.
B. Le Financement du developpement agricole
4.10 La plupart des investissements agricoles et des depenses
relatives aux services agricoles sont finances conjointement par
l'Etat et par les organismes exterieurs. L'investissement prive est
tres reduit, en dehors de contributions en nature assez importantes
fournies par des organisations non gouvernementales et de la
contribution des cultivateurs sous forme de maind'oeuvre familiale.
Tres peu de cultivateurs individuels sont en mesure de faire des
investissements monetaires et les investissements des societes dans
l'agriculture sont insignifiants. Certains groupes religieux et
autres groupes prives ont fait quelques p~tits investissements
finances generalement par des sources exterieures. Par consequent,
dans pratiquement tous les cas, les investissements dans
l'agriculture sont des investissements publics. La presente section
portera donc tout particulierement sur les finances publiques.
4.11 Jusqu'a maintenant, Ie gouvernement n'a pas ete en mesure
de fournir une contribution financiere importante a ses programmes
de developpement agricole. Le budget general est limite, et la part
de l'agriculture est relativement faible, comme Ie montre Ie
Tableau 1 de la page 5. II est meme difficile de connattre Ie
montant exact des depenses affectees aux projets agricoles ces
dernieres annees, etant donne que l'assistance exterieure ne figure
pas au budget de l'Etat et n'est donc pas enregistree avec
exactitude; en fait, il faut s'adresser directement aux organismes
d'aide pour pour obtenir une idee generale des depenses agricoles.
Pour ameliorer l'affectation de l'aide exterieure, Ie gouvernement
devrait systematiquement acheminer toute assistance par
l'intermediaire de son compte de developpement.
4.12. Le plus gros des depenses est consacre a des projets
specifiques comprenant a la fois des elements de depenses courantes
et de depenses d'equipement. Les depenses publiques affectees aux
projets se limitent a des contributions de contrepartie accordees a
des projets finances au moyen de l'aide exterieure et la part du
budget ordinaire affectee aux pro jets est reduite. Cet etat de
chases s'explique en partie par Ie fait qu'un grand nombre de
pastes qui font normalement partie des depenses renouvelables,
notamment certains services de vulgarisation, sont inclus dans les
coats finances par l'organisme
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d'assistance, ce qui, par la suite cree des difficultes quand
l'Etat dOit prendre en charge les depenses recurrentes de ces
projets. Dans l'ensemble, la part de l'Etat s'eleve a 20 a 25 % du
total des depenses d'agriculture. Avec une part plus importante,
l'Etat aurait plus d'influence sur l'affectation des depenses et la
mise au point des projets. En outre, en augmentant sa contibution,
le gouvernement PQurrait reduire les delais qu'entra!ne l'octroi
d'un financement exterieur.
4.13 Pour determiner avec precision le volume des depenses
publiques 11 necessaires pour financer d'une part une augmentation
de la production vivriere de fa~on qu'elle ne prennent pas de
retard sur l'accroissement de la population et d'autre part une
augmentation annuelle de 8 % de la production des cultures
d'exportation, il faudrait disposer d'une liste de pro jets
indiquant les coOts detailles. A titre indicatif, on a calcule les
besoins en matiere d'investissement avec un coefficient marginal de
capital d'environ 2,5. Ce chiffre est quelque peu arbitraire, mais
c'est une approximation raisonnable des chiffres utilises dans
d'autres pays a des stades comparables de developpement, et qui
correspond aux tendances du Rwanda. Le montant total des depenses
necessaires pendant les 25 prochaines annees se situerait donc
autour de 120 milliards de francs rwandais (1,3 milliard de
dollars), soit en moyenne 4,8 milliards de francs rwandais (51,7
millions de dollars) par an, contre 1,3 milliard de francs rwandais
(13,9 millions de dollars) en 1975. Ce total serait atteint si les
depenses annuelles dans le domaine de l'agriculture augmentaient
d'environ 10 % par an en termes reels, ce qui le porterait a 20 %
des depenses publiques d'ici 2001. A ce titre, les depenses se
situeraient aux environ de 2,2 milliards de francs rwandais d'ici
1981 et 12 milliards de francs rwandais d'ici 2001. Cette
repartition des ressources est parfaitement raisonnable si l'on
tient compte de l'assujetissement du pays a l'agriculture. 11
faudrait certes renforcer la capacite d'absorption du Ministere de
l'agriculture, mais rien ne permet de douter que le pays possede
des ressources suffisantes pour y pa