PAUL VI, BIENHEUREUX ? DON LUIGI VILLA, DOCTEUR EN THOLOGIEPour
raliser toute limportance de larticle qui va suivre, rappelons
simplement un fait assez rcent : Jean-Paul II, dans son allocution
au cours de laudience gnrale du 6 aot 2003, fit mmoire de Saint Pie
X devenu pape le 4 aot 1903, et surtout de Paul VI. Il dclara : A
25 ans de sa disparition, sa haute stature de matre et de dfenseur
de la foi, une heure dramatique de lhistoire de lEglise et du
monde, apparat toujours plus clatante (Documentation Catholique du
5 octobre 2003, n 2299 p.841) Le prsent article est le condens d'un
livre paru en italien sur le pontificat du pape Paul VI, intituls :
Paul VIbienheureux ? - Editrice Civilta, Brescia (Italie) ; il a t
crits par Don Luigi Villa, docteur en thologie Sommaire 1 Paul VI
bienheureux ? 1.1 Quelques Papes, Dieu les veut ; certains, il les
permet ; dautres, il les tolre. (St Vincent Pallotti) 2 PREAMBULE 3
CHAPITRE I 3.1 SA NOUVELLE RELIGION 3.2 LA RELIGION MAONNIQUE 4
CHAPITRE II: 4.1 SON OUVERTURE AU MONDE 4.1.1 (rsum) 5 CHAPITRE III
5.1 SON OUVERTURE AU MODERNISME 5.1.1 (En conclusion) 5.2 CONTRE LE
MODERNISME 6 CHAPITRE IV 6.1 SON OUVERTURE LA FRANC-MAONNERIE 6.1.1
(autre plan) 6.1.2 (Des rgnes)... 6.1.3 (infiltrations) 7 CHAPITRE
V 7.1 SON OUVERTURE LA DMOCRATIE UNIVERSELLE 7.1.1 (doux mlange)
7.2 LA DMOCRATIE UNIVERSELLE MAONNIQUE 8 CHAPITRE VI 8.1 SA
TOLRANCE ET COMPLICIT 8.1.1 (sentiments envers les prtres) 9
CHAPITRE VII 9.1 SON OUVERTURE AU COMMUNISME 9.1.1 (Des turcs)
9.1.2 (un agent double ?) 9.1.3 (des Ukrainiens) 9.1.4 (des
Hongrois et bien d'autres) 9.2 FATIMA AUSSI FUT PROFAN PAR PAUL VI
9.3 COMMUNISME ET FRANC-MAONNERIE 10 CHAPITRE VIII 10.1 SA MESSE
CUMNIQUE 10.1.1 (Quelle est la nature de lvolution) 10.1.2 (rappel
de quelques congrs eucharistiques) 10.1.3 (Du bref examen critique
du Novus Ordo Miss) 10.1.4 (de la langue latine) 10.1.5 (zoom avant
la conclusion) 11 APPENDICE 11.1 LE SERMENT LE JOUR DU COURONNEMENT
DE PAUL VI 11.1.1 ndlr PAUL VI BIENHEUREUX ? Quelques Papes, Dieu
les veut ; certains, il les permet ; dautres, il les tolre. (St
Vincent Pallotti) Frres, en tant que gardiens des mystres de Dieu,
levez-vous et agissez, vous qui avez sous les yeux les destructions
que les autres sont en train de perptrer. (St Athanase, P.G. XXVII,
219) Pourquoi ces titres : Paul VI... bienheureux ? et Procs un
pape ? Parce que je suis en mesure daffirmer, par des arguments de
critique soit interne soit externe, que le pontificat de Paul VI
fut ambigu et quivoque, et mme, assez1
souvent, erron, mu par un esprit libral, moderniste, favorisant
la franc-maonnerie, en opposition donc son devoir de Pasteur
universel de lEglise du Christ. Ceux qui ne veulent pas accepter
une semblable vision du pape, justifient leur raction en appuyant
leur protestation sur des textes vangliques tels que : Tu es Pierre
et sur cette pierre Je btirai mon Eglise, et les portes de lenfer
ne prvaudront pas contre Elle (Mt 16, 18) ; et sur cet autre : Qui
vous coute, mcoute ; qui vous mprise, me mprise (Lc 10,16) ; et
encore : Tout ce que vous lierez sur la terre, sera li dans les
cieux, et tout ce que vous dlierez sur la terre sera dli dans les
cieux (Mt 18, 18)... En outre, ils apportent aussi la preuve
doctrinale appuye sur des documents de lEglise, par lesquels on
dmontre que la fidlit et lobissance au Saint Sige Apostolique a
toujours t considre comme ncessaire au salut ternel, et donc, qui
sen spare fut toujours marqu danathme. Or ceci est vrai en tant que
faisant partie de la Rvlation, et lhistoire est l pour dmontrer que
sous cette discipline, toute intrieure et religieuse, la Vrit, la
Saintet, lUnit se sont toujours conserves dans lEglise du Christ.
Ceci dit, il est cependant de mon droit de thologien daffirmer quil
y a aussi une autre rponse au problme ; une rponse plus difficile
bien sr, mais exacte elle aussi, cest dire que parfois savre
lgitime, et sainte mme, lopposition au pape, ou encore un concile
(lequel est toujours subordonn au pape). Or, ceci aussi nous est
suggr par lEvangile, o aprs chaque exaltation de Pierre et de sa
Primaut, on trouve aussi de dures humiliations pour lui rappeler sa
condition dhomme pcheur. De fait : - aprs sa Confession de Csare,
et la merveilleuse promesse que le Christ lui fait, voici aussi la
terrible gifle : Arrire Satan, tu mes un scandale ! (Mt. 16, 23). -
et aprs son serment de fidlit, Jsus lui prdit la chute, le
reniement, mais aussi son repentir : Jai pri pour toi, afin que ta
foi ne dfaille point. Et toi, quand tu seras converti, affermis tes
frres. (Lc 22, 32). De toutes faons, bien que lhistoire ait
enregistr des cas o des papes ont drap en matire de foi, de morale,
de discipline et que, en de tels cas, les fidles durent sopposer
(comme dans les cas des papes Libre (352-366), Honorius Ier
(625-638), Jean XXII (1316-1334), cependant, mme si lon attaquait
la personne du pape, ceci na jamais voulu dire attaquer la Papaut.
La contestation un dsordre, une erreur, une faiblesse de lhomme, ne
fut jamais une attaque lautorit, linstitution quIl reprsentait, la
fonction quil assumait, parce que, si lEglise est hirarchique, son
chef est monarchique. Donc il ne sagissait pas de contradiction,
lorsquon condamnait les faiblesses possibles de lhomme qui
lincarne, mais den prciser les limites, se souvenant que lexception
confirme la rgle. LEglise avait toujours parl le mme langage. Avec
Paul VI au contraire, on a commenc utiliser un autre langage, au
nom de la nouveaut et du changement, qui cachaient cependant
hrsies, schismes, apostasie. Un pouvoir, vraiment, celui de Paul
VI, qui nous a amens une situation sans prcdent, au point de lui
faire dire luimme que nous en sommes arrivs un tat d
auto-dmolition, survenue cependant grce sa prsume rforme. Et alors,
pourquoi ne pas rappeler ici ce que nous dit Jsus : Vous les
reconnatrez leurs fruits ? (Mt 7, 15) Paul VI est mort, mais sa
nouvelle Eglise continue se dtruire, justement par ses rformes qui,
malheureusement, continuent encore avec toutes leurs consquences
nfastes. Lorsquil tait encore Milan, bien des gens lappelaient
lhomme des utopies ; un archevque qui poursuit des illusions, des
rves gnreux, bien sr, mais irrels Ce qui nous rappelle ce que
disait saint Pie X des chefs du Sillon : Lexaltation de leurs
sentiments, la bont aveugle de leur cur, leurs mysticismes
philosophiques, mls pour une part dIlluminisme, les ont entrans
vers un nouvel vangile, dans lequel ils ont cru voir le vrai
vangile du Sauveur (Cfr. St Pie X, Lettre sur le Sillon, 25 aot
1910) H bien, cette tude de recherche sur la figure
historico-religieuse de Paul VI nous a amens une triste conclusion
: la religion prche par Paul VI ne concidait pas toujours avec la
religion authentique enseigne de manire constante pendant 2000 ans
par le Magistre continu, par tous les Saints et les Docteurs de
lEglise. Tout en ne mettant pas en doute la sincrit de Paul VI, car
Dieu seul sonde les reins et les curs (Ps. 7, 10), nous voulons
toutefois rapporter ici les tristes conclusions de notre tude sur
lui, persuads que nous sommes quil a entran les fidles vers une
nouvelle religion qui continue porter ltiquette de catholique. Il
est vident qu travers ces crits, je ne prtends pas avoir fait une
tude exhaustive de toute luvre de Paul VI. Mais les citations que
je prsente ne peuvent certainement pas avoir un sens diffrent de
celui quelles ont, cest pourquoi, mme si lon prsentait dautres
textes diffrents, ils ne pourraient que confirmer la mens de cet
Hamlet, cest dire la double face de Paul VI. De toutes manires, le
lecteur honnte devra reconnatre que nos crits reproduisent sa vraie
mentalit dominante, si profondment enracine en lui quelle a inspir
de faon dsastreuse toute sa pastorale et son magistre. Certes, il
na pas t facile dcrire sur lui, car Paul VI a t comme pape au
centre du naufrage le plus pouvantable quait eu lhistoire de
lEglise. Lorsquon crit sur lui, on ne peut tourner autour du pot et
ergoter la recherche dpisodes sensationnels pour cacher la vrit,
cest dire les vraies responsabilits de son inquitant pontificat,
dans le cadre complexe de Vatican II. Voil pourquoi, pour me faire
un jugement humainement quitable sur la pense de Paul VI et sur ses
responsabilits, jai d relire les textes officiels de ses crits et
de ses paroles prononces pendant le Concile Vatican II, et celles
prononces au cours de son application. Ctait la seule faon de
dirimer la grave question de ses responsabilits dans le drame
pouvantable que vit lEglise depuis louverture du Concile jusqu
prsent. Je peux faire mien le grave avertissement de Manzoni dans
son livre clbre : Observations sur la Morale Catholique, au chap.
VII : Il faut demander compte une doctrine des consquences lgitimes
quon en tire, et non de celles que les passions peuvent en dduire.
2
Parcourons les pages du premier discours au Concile, dans lequel
Paul VI a fait manifestement sien le principe de lhrsie moderniste,
que le pape Jean XXIII avait dj exprim dans son discours douverture
du Concile, le 11 octobre 1962 (discours inspir par celui qui,
lpoque, tait archevque de Milan, Mgr Jean-Baptiste Montini) : Nous
navons pas comme premier but de discuter de certains chapitres
fondamentaux de la doctrine de lEglise mais plutt ce que cette
doctrine chrtienne soit approfondie et expose de la faon qui rpond
aux exigences de notre poque. (Documentation Catholique n1387
col.1382-1383 1). Un tel principe est inou dans lhistoire de tous
les sicles du Magistre ecclsiastique, car il remplace le principe
dogmatique, le seul qui offre la preuve et la certitude de la vrit
catholique, et lglise enseignante a toujours affirm que la raison
de la foi ne sappuie pas sur les conqutes scientifiques de
lintellect humain, la raison de la foi ne sappuie que sur lautorit
de Dieu rvlant et sur celle du Magistre suprme de lEglise, qui a
reu de Jsus-Christ le mandat de lenseigner officiellement et de
manire infaillible. PREAMBULE Vu que, dans cette tude historique et
thologique, jessayerai de dmontrer que Paul VI na pas accompli son
devoir, je me suis permis de me joindre lavocat du diable, cest
dire celui qui, dans tout procs de batification, a le devoir grave
de scruter la vie et les crits du candidat, prcisment pour en
extraire tous les lments qui peuvent sopposer sa canonisation. Et
bien que le chef de lglise catholique romaine soit appel
officiellement Saint Pre, il ne va pas de soi que sa saintet prsume
la forcment accompagn dans une mission si haute. En effet, sur 265
papes qui ont dirig lEglise catholique, 76 seulement ont t
canoniss. Le dernier a t Saint Pie X. Alors, que pouvait-on faire
de mieux, pour donner un jugement sur la vraie pense de Paul VI et
donc sur sa responsabilit dans le drame pouvantable que vit lglise,
que de citer ses discours au Concile et ses allocutions du dimanche
ou dautres occasions particulires, relatifs son mandat de Souverain
Pontife de lglise du Christ ? Combien de fois javais remarqu que
Paul VI allait contre ses prdcesseurs, accompagn de quantit
dapplaudissements mondains illusoires ; combien de fois navais-je
pas considr son grand dessein qui, pourtant, sopposait la foi de la
Tradition catholique, au point de me remettre en mmoire ce
qucrivait saint Pie X : Le triomphe de Dieu sur les individus et
sur toute la socit nest rien dautre que le retour Dieu des gars
travers le Christ, et au Christ travers son glise : voil Notre
programme. Alors que tout loppos, le programme de Paul VI tait de
provoquer le naufrage du Rgne de Dieu par un cumnisme universel de
foi en lhomme, et dun culte de lhomme qui mne forcment un humanisme
diste au service de lONU maonnique. Je me souviens de cette
confidence bizarre que fit Paul VI aux plerins, en ce mercredi 12
avril 1967 : Mais voil un trange phnomne qui se manifeste en Nous :
voulant vous rconforter, en un certain sens voil que se communique
Nous la senteur du danger auquel nous voudrions porter remde ; il
nous vient lesprit, en mme temps que la conscience de Notre
insuffisance, le souvenir des faiblesses de Simon, fils de Jean,
appel et fait Pierre par le Christ le doute la crainte la tentation
de plier la foi la mentalit moderne (D.C. n1493 col.786-787)
Malheureusement, lglise du Christ, durant son pontificat, a dpri
justement cause de son action innovatrice, rformatrice,
perturbatrice. Et il sen apercevait si bien lui-mme, quen termes
dconcertants, le 7 dcembre 1968, il dut ladmettre : Lglise se
trouve en une heure dinquitude, dautocritique, on dirait mme
dauto-destruction. Cest comme un bouleversement intrieur, aigu et
complexe, auquel personne ne se serait attendu aprs le Concile. On
pensait une floraison, une expansion sereine des concepts mris
pendant les grandes assises conciliaires. Il y a bien cet aspect
dans lglise, il y a la floraison, mais on doit bien plus remarquer
laspect douloureux. Comme si lEglise se frappait ellemme. (D.C.
n1531 p.12) Et le 29 juin 1972, son jugement sur ce qui se passait
dans lEglise fut encore plus noir : Par quelque fissure est entre
la fume de Satan dans le temple de Dieu : cest le doute,
lincertitude, la problmatique, linquitude, la confrontation. On ne
se fie plus lglise ; on se fie au premier prophte profane qui vient
nous parler sur quelque journal ou dun mouvement social, pour le
rejoindre et lui demander sil a la formule de la vraie vie. Et nous
ne remarquons pas que nous en sommes dj nous-mmes les propritaires
et les matres. Le doute est entr dans nos consciences, et il est
entr par des fentres qui devaient au contraire tre ouvertes la
lumire Dans lglise aussi rgne ce climat din-certitude. On croyait
quaprs le Concile viendrait une journe de soleil pour lhistoire de
lglise. Cest au contraire une journe de nuages qui est venue, une
journe de tempte, dobscurit, de recherche, dincertitude. Nous
prchons lcumnisme et nous nous dtachons toujours plus des autres.
Nous cherchons creuser des abmes au lieu de les combler Comment
est-ce arriv ? Nous vous confions notre pense : il y a eu
lintervention dun pouvoir adverse. Son nom est le diable, cet tre
mystrieux dont il est fait allusion dans la lettre de saint Pierre.
Si souvent, dautre part, dans lvangile, sur la bouche mme du
Christ, revient la mention de cet ennemi des hommes. Nous croyons
en quelque chose de surnaturel (correction postrieure :
prternaturel), venu dans le monde justement pour troubler,
suffoquer le Concile cumnique tout entier, et pour empcher que
lglise nexplose dans une hymne de joie pour avoir rcupr la
conscience dellemme. (D.C. n1613 p.658)
1
note : "La Documentation Catholique est le bulletin officiel du
Saint Sige en langue franaise. Dans la suite de larticle, nous y
ferons rfrence pour les textes officiels de Paul VI en mentionnant
: D.C. suivi du numro du bulletin et de la page ou colonne
concerne. Il se peut quil y ait quelques divergences quant aux
termes utiliss dans les textes cits, vu que cet article reprend le
texte italien de lauteur, qui lui-mme cite daprs la version
italienne de lOsservatore Romano".3
Paul VI admit donc lui-mme luvre de Satan dans lglise
conciliaire et postconciliaire Mais qua-t-il fait pour sauver cette
glise du Christ de la domination de Satan dont il avait constat la
ralit dvastatrice ? Rien, alors quil avait lui-mme jet la barque de
Pierre dans la tempte. Naurait-il pas d lui-mme en personne, par
des gestes dcisifs et nergiques, la dschouer des bas-fonds o il
lavait lance ? Tout au contraire, il sen excusa et sen lava les
mains comme Pilate : Le pape ne croit pas devoir tenir dautre ligne
qui ne soit celle de la confiance en Jsus-Christ, qui tient plus
que quiconque son glise. Cest lui qui calmera la tempte. Combien de
fois le Matre na-t-il pas rpt : Ayez confiance en Dieu. Croyez en
Dieu et croyez en moi ! Le pape sera le premier excuter ce
commandement du Seigneur et sabandonner, sans angoisse ni anxit
inopportune, au jeu mystrieux de linvisible mais trs certaine
assistance de Jsus son glise. (Le 7 dcembre 1968 D.C. n1531 p.12)
Pilate ne se serait pas exprim autrement. Trois ans avant, quand
Paul VI bouleversa tout pour rformer, changer, modifier, ntait-ce
pas lui qui gouvernait, qui imposait ses ides, crant ainsi toutes
les prmisses de cette tempte sur lglise ? Et alors, il navait pas
le droit de se croiser les bras, dabandonner le gouvernail de la
barque de Pierre, en prtendant que Dieu fasse Lui-mme le miracle du
sauvetage. Et pourtant, le 21 juin 1972, Paul VI rpta encore sa
fausse doctrine pour convaincre (qui ?) que ctait Dieu de sauver
son glise : Dans quelques-unes de Nos notes personnelles, Nous
trouvons ce propos : Peut-tre le Seigneur ma-t-Il appel ce service
non pas parce que jy avais quelque aptitude, ou pour que je
gouverne et sauve lglise de ses prsentes difficults, mais pour que
je souffre quelque chose pour lglise et pour quil apparaisse
clairement que cest Lui, et pas un autre, qui la guide et la sauve.
Nous vous confions ce sentiment non pas pour faire un acte public,
et donc vaniteux, dhumilit, mais pour qu vous aussi soit donn de
jouir de la tranquillit que Nous en prouvons Nous-mme, en pensant
que ce nest pas notre main faible et inexperte qui est au
gouvernail de la barque de Pierre, mais plutt la main invisible, et
pourtant forte et dvoue du Seigneur Jsus. (D.C. n1613 p.660) Cest
une autre sortie fausse et hypocrite, car Dieu ne lavait pas mis au
gouvernail de Pierre pour la faire partir la drive avec ses
rformes, mais pour quil sache la gouverner selon la juste
Tradition, comme le firent ses prdcesseurs. Paul VI ne devait donc
pas demander un miracle Dieu pour sauver de nouveau lglise, mais il
aurait d au contraire shumilier et corriger lui-mme ses erreurs et
accomplir luvre de sauvetage comme lexigeait son devoir. Oh ! Que
le Cur Immacul de Marie me donne la grce de savoir transmettre dans
ces pages la vrit, pour rester fidle la foi en Jsus-Christ, Notre
Seigneur, transmise par son glise, seule gardienne du depositum
fidei ! CHAPITRE I - SA NOUVELLE RELIGION Quand un ange venu du
ciel vous annoncerait un vangile autre que celui que nous vous
avons annonc, quil soit anathme ! Non certes quil y en ait un autre
; seulement il y a des gens qui vous troublent et qui veulent
changer lvangile du Christ. (Gal I, 8) Toute la richesse doctrinale
(des Conciles) ne vise qu une chose : servir lhomme ! Nous aussi,
Nous plus que tout autre, Nous avons le culte de lhomme ! (Paul VI
- 7 dc. 1965) Dans son Allocution du 23 septembre 1963, Paul VI
dclarait : Il ne faut pas stonner si au bout de vingt sicles... le
concept vrai, profond, complet de lEglise, telle que le Christ la
fonda... a encore besoin dtre nonc plus prcisment... Dans une autre
Allocution (29 septembre 1963), toujours durant la 2 session de
Vatican II, Paul VI dclarait encore : Il ne faut pas stonner si, au
bout de vingt sicles de christianisme et de grand dveloppement
historique et gographique de lEglise catholique, et aussi des
confessions religieuses qui sen appellent du nom du Christ, le
concept vrai, profond, complet de lEglise, telle que le Christ la
fonde et que les Aptres commencrent la construire, a encore besoin
dtre plus prcisment nonc. LEglise est mystre, cest dire une ralit
imprgne de prsence divine, et qui peut toujours tre lobjet de
nouvelles et plus profondes recherches... Cest la conscience de
lEglise dans ladhsion trs fidle la parole et la pense du Christ,
dans le souvenir dfrent de lenseignement autoris de la Tradition
ecclsiastique et dans la docilit lillumination de lEsprit Saint,
lequel semble justement vouloir de lEglise quelle fasse tout son
possible pour tre reconnue telle quelle est... Oui, le Concile tend
au renouvellement de lEglise. Mais il ne faut pas se mprendre sur
les dsirs que Nous avons exprims : ceux-ci nimpliquent pas la
confession du fait que lEglise de notre temps puisse tre accuse
dinfidlit substantielle la pense de son divin Fondateur. Bien au
contraire, la dcouverte plus approfondie de sa substantielle fidlit
au Christ la remplit de gratitude et dhumilit. (D.C. n1410 col.1351
1354) Cest une trange faon de parler que de dire infidlit
substantielle et fidlit substantielle. Peut-tre Paul VI
plaisantait-il ? Les cornes, quelles soient longues ou quelles
soient courtes, sont toujours des cornes ! Cest dire que la fidlit,
ou bien elle est totale, ou bien elle ne lest pas. Mais nous devons
aussi rappeler la grande bataille qui fut tout de suite engage par
les papes face aux tendances modernistes, depuis la parution de
lencyclique Mirari Vos de Grgoire XVI (15 aot 1832) jusquaux temps
de Vatican II. Tous les papes avaient tenu bon ! Le Syllabus du 8
dcembre 1864 fit la liste des erreurs du modernisme ; Pie IX ne
cessa jamais de combattre le libralisme catholique ; ainsi que Lon
XIII avec les encycliques Immortale Dei et Libertas Prstantissimum.
St Pie X fit par la suite une analyse implacable du Modernisme
doctrinal avec lencyclique Pascendi de 1907, de mme quil condamna
lutopie politico-religieuse de Marc Sangnier avec la Lettre sur le
Sillon du 25 aot 1910. Pie XI continua cette bataille contre les
nouvelles hrsies modernes avec lencyclique Quas Primas du 11
dcembre 1925, dont la doctrine est loppos de lactuelle
scularisation ; et puis, avec Mortalium Animos du 6 janvier 1928,
qui anticipe la condamnation de lactuel cumnisme. Pie XII dont les
enseignements sont tous contre la subversion actuelle dans lEglise
avec lencyclique Mystici Corporis du 29 juin 1943, contre
lecclsiologie rforme ; avec Divino Afflante Spiritu du 30 no4
vembre 1947 ; avec Humani Generis du 15 aot 1950, contre le
rformisme dogmatique, ou nouveau modernisme ; avec Haurietis Aquas
du 16 mai 1956 Et prsent demandons-nous : pourquoi ce que lglise
avait toujours rejet avec force et condamn, Vatican II la fait
passer rien moins que dans le dpt doctrinal ? La rponse cette
question, je la trouve dans le discours douverture de Vatican II du
11 octobre 1962, prpar et rdig par larchevque de Milan, Montini
(Tmoignage de Mgr Colombo, publi par Juff, Paul VI, p.129), mais
prononc par Jean XXIII ; un discours qui a ouvert les portes Note :
(Pendant une rception donne par le Card. Suenens pour des htes non
catholiques, le Directeur de la Foundation Trust anglaise, Michel
Harper, dclara : Jean XXIII a ouvert la fentre, mais Paul VI a
ouvert la porte ! ) toutes les nouveauts. En effet, le Message au
Monde du 30 octobre 1963, vot par acclamation, fut un signal de
victoire de lesprit nouveau. Paul VI en fera plus tard un
commentaire dithyrambique : Cas insolite dit-il mais admirable. On
dirait qu limproviste, le charisme prophtique de lglise a explos !
(Cfr. Discours du 29 sept. 1963 D.C. n1410 col.1357). Puis ce fut
lencyclique Pacem in Terris, toute inspire par la Dclaration des
droits de lhomme : droits la libert, la paix universelle, en accord
avec les principes maonniques, et pour cela, immdiatement divulgue
et exploite dans le monde entier. Mais ce ntait que le dbut de la
dissolution. En effet, sous Paul VI, la subversion ouvrira les
cataractes et obtiendra une certaine lgitimit officielle quelle
navait jamais eue auparavant. Quon relise tous les discours
douverture et de clture de la IIme Session, tenus par Paul VI,
imprgns de cet esprit nouveau, avec toutefois cette subtile
oscillation de sa pense qui savait unir les extrmes, cest dire les
contradictions, avec une si habile audace. (cfr. Discours du 18
novembre 1965 D.C. n1460 col.2045-2052). Mais ce sera avec
lencyclique Ecclesiam Suam du 6 aot 1964 (dj bauche dans son
discours du 29 septembre 1963, et qui deviendra la Charte de son
Pontificat) que Paul VI manifestera ses intentions, tout en
continuant son attitude quivoque, parlant de : Exprience
vitale...mais foi, de renouveau mais tradition et perfectionnement
spirituel, de dialogue mais prdication Paroles dulcores en une
claire vision de sa nouvelle religion que tous ses prdcesseurs
avaient pourtant rejete. Et ce sera le choix de la rforme, de
loptimisme, du dialogue cumnique, de louverture au monde do
sortiront ensuite ses schmas les plus dangereux, quil promulgua
solennellement malgr les nombreuses oppositions. Mais lopposition
sera crase et la subversion finira par vaincre. Aprs ces claires
allusions, nous pouvons dire que la subversion de la foi dans
lglise universelle est la consquence inluctable du pontificat de
Paul VI, qui se servit justement de Vatican II pour raliser ses
songes libraux de renouveau et de mise jour. Il suffit de lire :
Nous dsirons faire ntres les mots importants employs par le
Concile, ces mots qui dfinissent son esprit et, en une synthse
dynamique, forment lesprit de tous ceux qui se rfrent lui, quils
soient ou non dans lglise. Le mot nouveaut, simple, trs cher aux
hommes daujourdhui, et trs utilis, est de ceux-ci. Transpos dans le
domaine religieux, il est extraordinairement fcond, mais il peut
devenir explosif sil est mal compris. Ce mot, cependant, nous a t
donn comme un ordre, comme un programme ; plus encore, il nous a t
annonc comme une esprance. Il nous arrive tout droit des pages de
la Sainte criture : Voici (dit le Seigneur) que je veux faire du
neuf . Saint Paul fait cho ces paroles du prophte Isae (cfr. II Cor
5, 17). Et puis lApocalypse : Voici que je fait toute chose
nouvelle (Ap.21, 5). Et Jsus, notre matre, ne fut-il pas lui-mme un
innovateur ? Vous avez appris quil fut dit aux anciens Mais moi Je
vous dis (Mt. 5) rpt dans le Discours sur la Montagne Voil
prcisment comment le Concile sest prsent Nous. Deux termes le
caractrisent : renouveau et mise jour ("aggiornamento"). Nous
tenons beaucoup ce que cet esprit de renouveau - selon lexpression
du Concile - soit compris et vcu par tous : il rpond la
caractristique de notre temps, tout entier engag dans une norme et
rapide transformation, et qui cre des nouveauts dans tous les
domaines de la vie moderne. En effet, on ne peut manquer de faire
spontanment cette rflexion : si le monde entier change, la religion
ne changera-t-elle pas elle aussi ? Entre la ralit de la vie et le
christianisme, le catholicisme spcialement, ny a-t-il pas un
dsaccord, une indiffrence, une incomprhension, une hostilit
rciproques ? La premire court, lautre ne bouge pas ; comment
peuvent-ils aller daccord ? Comment le christianisme pourra-t-il
prtendre avoir aujourdhui une influence sur la vie ? Et cest pour
cette raison que lglise a entrepris des rformes, surtout aprs le
Concile. Lpiscopat est en train de promouvoir le renouveau qui
correspond aux besoins prsents ; les Ordres Religieux rforment
leurs Statuts ; le lacat catholique se qualifie et sinsre dans la
vie de lglise ; la Liturgie accomplit une rforme dont chacun
reconnat lextension et limportance ; lducation chrtienne rexamine
les mthodes de sa pdagogie ; on est sur le point de rviser et de
rnover toutes les lgislations canoniques. Et combien dautres
nouveauts consolantes et prometteuses verra-t-on apparatre dans
lglise ! Elles attestent sa nouvelle vitalit, laquelle montre
quelle est continuellement anime par lEsprit Saint, mme en ces
annes si cruciales pour la religion. Le dveloppement de lcumnisme,
guid par la foi et la charit, dit de lui-mme quel progrs presque
imprvisible a t accompli dans le cheminement et la vie de lglise.
Lglise regarde vers lavenir avec un cur plein despoir, plein dune
nouvelle attente dans lamour Nous pouvons dire du Concile : il
marque louverture dune re nouvelle, dont personne ne peut nier les
aspects nouveaux que Nous vous avons indiqus . (Audience gnrale du
2 juillet 1969 D.C. N1545 p.703 et 704) Oh certes ! Cest vraiment
une re nouvelle qui nous a donn pour sr tant daspects nouveaux,
mais combien malheureux, sans intelligence, destructeurs de toute
une civilisation chrtienne construite en tant de sicles de martyre
et de travail constructif, spirituel et social ! Et
malheureusement, de tout ceci les responsabilits vraies et les plus
graves doivent tre attribues celui qui naurait jamais d le
faire.5
Or, scripta manent et quod factum est, infectum fieri nequit.
Voil donc la vraie identit de Vatican II qui se prtend seulement
pastoral, mais qui est aussi bourr dambiguts, de rticences, de
coups de main, qui dmontrent que lencyclique Ecclesiam Suam, bien
loin de reprsenter un point dappui sr cette thse, a servi btir un
difice sur le sable. Quon rflchisse un peu sur le sens de ces
quatre conditions pour un dialogue fcond, dictes justement par Paul
VI dans lencyclique Ecclesiam Suam : 1) La clart : qui devrait
consister en une parfaite galit de position entre les deux parties
en dialogue. (Mais Jsus navait-il pas envoy ses Aptres pour prcher
? donc non pas pour dialoguer). Une telle position de Vatican II
est donc inoue dans toute lhistoire de lglise, mme lorsquelle se
trouvait face aux graves aberrations du paganisme, du polythisme,
de la philosophie grecque, des sophismes de tous genres Mais lglise
na jamais song adopter ce principe impossible dune parit dans le
dialogue entre elle et les non-croyants ! 2) La douceur : sens
unique cependant, avec lexclusion de lannonce toujours obligatoire
et aussi avec lexclusion de menaces de damnation pour qui naura pas
cru Ce nouveau style dvanglisation est une vraie trahison du mandat
du Christ aux Aptres : Euntes, docete... , surtout maintenant quont
t dmanteles toutes les dfenses de la foi. 3) La confiance : avec
seulement deux aspects humains du dialogue, cest dire : confiance
dans la vertu propre de la parole (et on ne prcise mme pas quil
sagit de la parole rvle), et confiance dans les capacits de celui
qui la reoit (sans aucune allusion laction surnaturelle pourtant
ncessaire de la prire et de la grce). 4) La prudence : qui ici
pourtant fait compltement dfaut, cause justement de ces trois
prcdentes conditions indiques dans Ecclesiam suam. Et encore :
cette invitation lexercice des facults suprieures de lhomme propos
de la clart du dialogue, nest srement pas faite pour solliciter le
zle apostolique, ni pour rviser la forme du langage utiliser. De
toute faon, dire que lglise, jusquen 1964, cest--dire avant
lavnement de Vatican II, a perdu son temps en employant des mthodes
radicalement errones, raison pour laquelle elle doit maintenant
renverser tout ce quelle a fait et se mettre jour, na certainement
pas t, de la part de Vatican II, une faon trs polie ni difiante de
parler de lglise de la Tradition. On voudrait aujourdhui que lglise
utilise la technique dun dialogue plus parfait, comme celui quon a
invent actuellement. On ne devrait donc plus imiter, par exemple,
la faon de parler dun saint Etienne, le Protomartyr, avec ceux de
la Synagoga Libertinorum, qui finirent par le lapider justement
parce quil eut limprudence de ne pas sadapter passer sous silence
des vrits brlantes qui ne plaisaient pas ces diables... De mme, on
ne devrait plus rien apprendre des saints apologistes qui, comme
Saint Augustin, luttrent contre tous les hrtiques de leur temps. De
fait, les quatre points de Ecclesiam Suam, cits plus haut,
reprsentent une position pastorale diamtralement oppose celle de
laptre Paul qui prcisa : et sermo meus et prdicatio mea non in
persuasibilibus humanae sapientiae verbis (une mthode qui est au
contraire prconise dans Ecclesiam Suam)ut fides vestra non sit in
sapientia hominum, sed in virtute Dei (I Cor. 2, 2-4). Le dialogue
de Ecclesiam Suam, tout loppos, au bout de vingt sicles de
christianisme prch (et non dialogu), doit sappuyer uniquement sur
des moyens humains, exclusion faite de la ncessit fondamentale de
la Grce divine afin que la Parole rvle soit rendue fconde. Depuis
Vatican II, ce nest plus vrai. Elle doit tre prsente, dialogue
comme un raisonnement de lhomme, dhomme homme. Cest dire que dans
le dialogue, selon Paul VI, cest lautorit ou la comptence
personnelle et lhabilet de linterlocuteur qui doivent valoir plus
que lautorit de Dieu qui se rvle. Et malheureusement cette doctrine
de Ecclesiam Suam est latente dans tous les Documents, Dcrets,
Constitutions de Vatican II, dans lesquels on fait de lhomme le
centre de tout. Paul VI layant dit lui-mme, personne ne pourra nous
accuser de nous tre mpris sur la teneur de ce caractre inquitant,
paradoxal, subversif du Magistre Suprme du XXme sicle, qui a mis
lHomme la place de Dieu. La ralit, au contraire, tait que Paul VI,
comme fruit de Vatican II, voulait une entente cordiale entre la
religion du Dieu qui se fait homme, et la religion de lhomme qui se
fait Dieu. Et bien que ce soient deux positions antithtiques comme
il le dit lui-mme la clture de Vatican II - il ny eut aucun
accrochage, aucune lutte, aucune condamnation, mais au contraire
une immense sympathie qui a tout pntr, finissant en un ample
humanisme. Et comme cela, on eut le Moi la place de Dieu.
Maintenant il faut tout de suite nous demander : quelles sont les
caractristiques de la religion de Dieu et celles de la religion de
lhomme ? La rponse est facile : tandis que la religion de Dieu veut
la transcendance de lAbsolu - Dieu en effet, se distingue de lhomme
en tant que son Crateur, comme Etre infini et comme Souverain
Seigneur, au point que lhomme dpend de Lui jusque dans son
existence mme, et Lui doit un hommage et une dvotion totale -, dans
la religion de lhomme au contraire, cest lhomme qui prend la place
de lAbsolu, qui le veut en soi-mme, immanent, comme tant sa propre
nature, et donc sadore lui-mme, sidoltre et sattribue une espce de
culte. Mais ceci est encore un retour Feuerbach, auteur justement
de cette religion de lhomme et prcurseur de Karl Marx. En outre,
alors que la religion de lhomme limine tout mdiateur entre labsolu
immanent et le fidle, la religion de Dieu comporte au contraire un
Mdiateur, qui fait le pont pour joindre lInfini de Dieu avec le
fini de lhomme. La religion de Dieu comprend aussi la Religion
rvle, la seule vraie. La religion de lhomme, au contraire, considre
comme un contresens une Religion rvle qui obligerait tous les
hommes, car elle dpend de lhomme, bien plus, elle est crature de
lhomme. Do cet absurde cumnisme de Vatican II qui induit les fidles
retenir que toutes les religions mnent au salut ternel, cest
pourquoi elles doivent toutes tre admissibles et elles peuvent tre
acceptes dans la communion de lEglise catholique. Affirmation qui
facilite la multiplicit des sectes qui en appellent au libre
examen, inaugur par Luther. Voil pourquoi Paul VI, avec sa religion
de lhomme, a pour ainsi dire cr une Nouvelle Eglise qui se dtache
toujours plus de la traditionnelle Eglise de toujours.6
Evitant de donner des dfinitions dogmatiques, Paul VI put
ajouter ces autres normits incroyables, quon trouve dans une
Allocution la veille de la clture du Concile (7 dcembre 1965) :
Aliud est etiam, quod consideratione dignum putamus : hujus modi
divitem doctrin copiam, eo unice spectare, ut homini serviat . La
version italienne pourra peut-tre mettre encore en plus grande et
inquitante vidence lnormit de cette dclaration : Toute cette
richesse doctrinale est tourne dans une unique direction : servir
lhomme . Cest ahurissant car ce sont les paroles dun pape qui, pour
nous assurer encore plus de sa pense, ajoute : Lglise, dune
certaine manire, sest dclare servante de lhumanit Puis il poursuit
: Servante de lhumanit, au moment mme o une plus grande splendeur
et une plus grande vigueur ont assum, de par la solennit
conciliaire, autant son Magistre ecclsiastique que son gouvernement
pastoral. Lide de ministre a occup une position centrale Tout ceci
et tout ce que nous pourrons dire sur la valeur humaine du Concile
a peut-tre dvi lesprit de lEglise en Concile vers la direction
anthropocentrique de la culture moderne ? Non, lEglise na pas dvi,
mais elle sest tourne vers lhomme. (D.C. N1462 col.64-65) Ce sont
des paroles extrmement claires mais stupfiantes, parce quelles sont
en violation du principe didentit (ou de contradiction). Dans lune
et lautre en effet, le centre est toujours lhomme. La suite du
discours aggrave encore plus la situation : Celui qui observe bien
cet intrt prdominant du Concile pour les valeurs humaines et
temporellesne peut nier quun tel intrt (prdominant) est d au
caractre pastoral que le Concile a choisi comme programme (ibid.)
Rappelons encore ces autres paroles de Paul VI la clture de Vatican
II (8 Dcembre 1965) : Ce Concile est un acte solennel damour de
lhumanit. Et celles de Gaudium et Spes : Tout sur la terre, doit
tre ordonn lhomme, comme son centre et sa fin. Et ces autres
encore, toujours de Paul VI, dites au Mouvement mondial de la Paix
le 1er janvier 1972 : Une paix qui ne rsulterait pas du culte vrai
de lhomme, nest pas une vraie Paix. Or ce rappel, qui revient
souvent dans les documents conciliaires et post conciliaires, au
caractre pastoral de Vatican II, cre un quivoque captieux, car il
tend le distinguer de tous les Conciles cumniques prcdents,
justement pour son caractre pastoral. Cependant il insinue presque
lide que les autres Conciles ne se sont jamais proccups des raisons
pastorales, et donc pratiques, comme sils staient limits courir
aprs les papillons sous lArc de Titus, ou sentretenir dans la
stratosphre des abstractions thologiques. De toute manire, cest
comme un diplme dnerie gratuit attribu aux Pres des autres
Conciles. Face ces dclarations de Paul VI dans son discours du 7
dcembre 1965, en clture de Vatican II, et de la Declaratio de
Libertate Religiosa, dans les termes du numro en marge 1044 et
1045, sur les Droits inviolables de la personne humaine (les seuls
Droits nomms dans ces numros, ignorant totalement au contraire ceux
de Dieu, alors quils sont primaires et conditions des Droits de
lHomme), on verra clairement et le manque de prparation et la
supercherie, in contemptum, de tout le Magistre Suprme de la
Tradition dogmatique de lglise antcdente Vatican II. Il ny a qu se
confier au Seigneur, rptant nous aussi avec lAptre : Je sais en qui
jai mis ma confiance, et jai la conviction quil a le pouvoir de
garder mon dpt jusqu ce jour-l . (II Tim.1, 12). En fait, nous nous
trouvons en prsence dun nouveau christianisme, celui de Paul VI qui
sest efforc de rendre le christianisme plus prsent, plus intressant
pour lhomme daujourdhui. Mais sa route fut une fausse route. La
religion fonde par notre Seigneur Jsus-Christ est essentiellement
surnaturelle. Selon la sagesse humaine cependant, ses enseignements
qui nous sont transmis par les saints vangiles, sont absolument
incomprhensibles et inacceptables. Un Dieu qui se fait homme, qui
se laisse insulter, mpriser jusqu lignominie de la Croix ! Un
Matre, qui batifie le sacrifice et la souffrance et prche
lanantissement du propre moi, nest certainement pas aim du monde
pour sa doctrine, mais seulement par la foi, cest--dire selon un
point de vue surnaturel qui dpasse compltement la vision humaine
des choses. Paul VI et Vatican II ont au contraire pouss les choses
de faon ce que peu peu, Dieu disparaisse presque pour faire place
lhomme. Dans ce cadre, le christianisme sest fait religion de
lhomme, et quoique le nom de Dieu reste et la religion soit encore
appele chrtienne, en ralit, elle est nourrie uniquement du second
commandement, imprgne de Aimons-nous bien !, de assez des guerres
de religion !, de bas toutes les barrires qui nous sparent ! pour
nembrasser que les choses qui peuvent nous unir. Mais voil qui est
en opposition radicale avec lvangile qui, tout au contraire,
enseigne le primat de Dieu et de son amour. Si donc nous devons
aimer et servir notre prochain, nous devons le faire parce que Dieu
le Pre laime dans la personne de son Fils Jsus-Christ. Cest
pourquoi, sans lamour de Dieu, lamour de lhomme na plus aucun sens.
Bien sr, Paul VI ne pouvait pas nier ouvertement cette vrit
dogmatique, mais il en est arriv dire que lamour est "d tout homme
cause de sa qualit dhomme". (Message pour la journe de la paix, le
14 novembre 1970 D.C. n1576 p.1103) Mais ctait un vrai dlire
humaniste que le sien ! Quil suffise de rappeler ce qui est crit
dans la Sainte Ecriture : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et pour
Lui seul tu auras un culte . (Mt 4,10) De la lecture de ses textes,
il ressort que son obsession, son principal souci est uniquement,
ou presque, au niveau de lhomme. En effet, voici en quels termes il
sexprime dans le Discours prononc lors de la session publique du 7
dc. 1965 : Ce Concileen conclusion, donnera une leon nouvelle,
simple et solennelle pour apprendre aimer lhomme pour aimer Dieu
Pour connatre Dieu, il faut connatre lhomme Toutes ces richesses
doctrinales (du Concile) ne visent quune chose : servir lhomme Nous
aussi, Nous plus que quiconque, nous avons le culte de lhomme La
religion du Dieu qui sest fait homme sest rencontre avec la
religion (car cen est une) de lhomme qui sest fait Dieu. Quest-il
arriv ? Un choc, une lutte, un anathme ? Cela aurait bien pu
arriver, mais il nen fut rien !... (D.C. n1462 col. 64 66
passim)7
Au contraire, Paul VI parlant de ses voyages missionnaires dans
tous les points du globe, en est arriv dire : Nous navons pas
dautre intention que dessayer, selon nos humbles forces, de
travailler adoucir le sort de lhomme visant faire rgner la paix et
faire triompher la justice sans laquelle aucune paix nest durable.
(En Indonsie, le 3 dcembre 1970) Or, quun pape nait pas dautre
intention que de travailler pour une cause seulement humaine, est
une confession choquante. Un pape qui nest pas le gardien de la
foi, mais seulement un expert humaniste, est ou bien en pleine
hrsie, ou bien un grand utopiste. Que sa foi ait plus t en lhomme
quen Dieu, signifie quil a pris le Christianisme pour un simple
humanisme, comme du reste, il lavait dj fait dans son encylique
Ecclesiam suam, o il crit que : LEglise se fait dialogue (non plus
vanglisatrice, donc, pour convertir au Christ, unique Voie, Vrit et
Vie), et ce dialogue devra caractriser Notre tche apostolique. Voil
pourquoi son humanisme religieux et chrtien ne consistera pas
prcher lEvangile, qui seul peut apporter la paix et le bonheur aux
hommes, mais il consistera travailler la coexistence pacifique
entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux. Il consistera :
Dans le dveloppement intgral de lhomme... auquel nous avons os
linviter au nom dun humanisme plnier, dans notre encyclique
Populorum Progressio (cf. N42). (Message pour le 25 anniversaire de
lONU, 4 octobre 1970 D.C. n1572 p.903) Nous, au contraire, nous
continuons croire aux paroles de Jsus : Cherchez dabord le Rgne de
Dieu et sa justice, et le reste vous sera donn par surcrot (Mt
6,33), mme si lensemble des crits de Paul VI prche le contraire.
Son accent, en effet, est toujours sur les intrts humains ; Dieu
est comme pris en remorque, une espce de supplment aux efforts
humains. Dans son Message pour la journe de la paix (14 novembre
1970), Paul VI osa dire : ... La vraie paix doit tre fonde... sur
le dogme fondamental de la fraternit humaine... (D.C. n1576 p.1103)
Assertion qui efface le rle principal et essentiel de Dieu, qui
nous a dit : Sans moi, vous ne pouvez rien faire (Jn 15,5). Et
encore : A quoi sert lhomme de gagner tout le monde, sil vient
perdre son me ? (Mt 16,26). Paroles que Paul VI... avait oublies !
Cest pour cela quil abdiqua la charge de Vicaire du Christ lorsque,
dans la Basilique mme de Saint Pierre, en prsence de deux mille
vques, il renona la tiare aux trois couronnes, la veille du jour o
il exonra les Juifs du pch de dicide... Mais partir de ce moment,
avions-nous encore un pape ?... A la suite de ce geste en effet,
beaucoup se le demandrent, mme parmi les vques. La rponse, il la
donna lui-mme, onze mois plus tard, quand Paul VI complta son acte
dabdication en remettant au Secrtaire Gnral de lONU, Mr. U Thant,
Birman de haut grade maonnique, les deux autres symboles de sa
papaut : lanneau pontifical et la croix pectorale. En change, le 4
octobre 1965, il recevra le symbole du Grand Prtre Hbreux du
Sanhdrin : lEphod, cest--dire la reproduction du pectoral que Caphe
portait au moment de la condamnation de Notre Seigneur. (Veritas de
janvier 1976, p.7 ; Louisville, Kentucky - USA) Et cet phod, Paul
VI le portera pendant longtemps, sur la mosette. Et l-dessus, il ne
peut y avoir aucun doute, parce que la forme, la couleur, les
ornements de cet insigne correspondaient parfaitement aux
descriptions quon lit dans la Bible, au chapitre XXVIII du livre de
lExode. En effet, lphod, dor pur, est carr, orn de douze pierres
prcieuses, disposes sur quatre ranges, trois par trois ; il est
pendu au cou par un cordon, en or lui aussi, fait danneaux tresss
qui se terminent par un gland. Les douze pierres prcieuses sont de
couleurs diffrentes et correspondent aux douze tribus dIsral. Donc
il sagit bien de lphod du Grand Prtre Juif quAaron et ses
successeurs ont port comme ornement rituel. Quiconque a examin les
photos de Paul VI a pu tablir quil commena porter cet trange
amulette ds 1964, un mois plus ou moins aprs son voyage en
Palestine, o il sjourna aussi en territoire dIsral. Depuis lors, on
le remarqua quand il portait la mosette, une petite cape rouge,
borde dhermine blanche. Parfois, la Croix pectorale semblait cache
sous les mains jointes, ou bien il ny en avait pas, alors quau
contraire, linsigne dAaron se remarquait toujours, suspendue un
ample cordon dor. Une seule fois en Inde, on vit lemblme pendre sur
lhabit blanc sans la mosette. Il se trouvait assis, entour denfants
indous. Mais sur les photos prises pendant ses visites en divers
Lieux Saints de la Catholicit, ainsi que dans les divers
Sanctuaires, lphod tait toujours visible ; comme par exemple,
Fumone, quand Paul VI se rendit sur la tombe du Pape Clestin (celui
du grand refus- Dante) ; la mme chose, Sainte Sabine, sur lAventin,
le mercredi des Cendres (quand on chantait dj les Litanies des
Saints innoves de la nouvelle liturgie, qui commenaient par :
Sancte Abraham...) ; de mme, sur la Piazza di Spagna, pour lhommage
traditionnel lImmacule ; de mme Sainte Agns, Santa Maria di
Trastevere, au stade des Yankees, New York, etc... et en bien
dautres occasions. Ce geste de Paul VI ne peut pas ne pas susciter
des soupons, soulever des doutes, poser des questions qui ne se
contentent pas de silences quivoques... Cest dire : Paul VI, en
portant lEphod de Caphe, voulait-il dire quil tait lui-mme lhritier
direct du sacerdoce lvitique, dans une Eglise catholique devenue le
nouveau et unique Isral de Dieu?... Ou bien, Paul VI, avec son
Pontificat, tait-il en train de prparer une restauration du
judasme, en tant que religion du monothisme pur, de lAlliance
Universelle ?... Certainement, ce sont des demandes hardies, mais
lgitimes par certains pisodes qui font dj partie de lhistoire,
comme ceux-ci : au Katholikentag (Congrs des Catholiques), en
Allemagne, en 1970, se droula un culte hbraque sabbatique ;
Bruxelles, le cardinal Suenens prconisa un autre Concile de
rconciliation, qui aurait d avoir lieu Jrusalem. Il faut aussi
savoir que les Bnai Brith (la Haute Franc-Maonnerie hbraque) et la
Franc-Maonnerie rvent eux aussi de construire Jrusalem, comme New
York, un Temple de la Comprhension, dont ils ont offert une
maquette Paul VI en signe dcumnisme... Et ainsi de suite, comme
dans cet autre passage du 27 mars 1960, au cours dune confrence :
Lhomme moderne narrivera-t-il pas un jour, mesure que ses tudes
scientifiques progresseront et dcouvriront des ralits caches
derrire la face muette de la matire, tendre loreille la voix
merveilleuse de lesprit qui palpite en elle ? Ne sera-ce pas la
religion de demain ? Einstein lui-mme entrevit la spontanit dune
religion de lunivers Le travail nest-il pas dj engag dans la
trajectoire directe qui mne la religion ? 8
(D.C. N 1330 col.764)Cest ahurissant ! Montini prche ici une
religion do le surnaturel et la Rvlation sont exclus ; on dirait
que pour lui, la religion de demain ne sera plus celle de
Jsus-Christ, celle qui est communique aux hommes par la grce de la
foi, du saint vangile, de la Passion du Christ, de la sainte
Eucharistie Non ! Son autre religion sera la religion de lunivers,
cest dire un rsultat de la trajectoire directe trace par le travail
et la recherche scientifique. Lhumanisme de Paul VI (que lui-mme
confond dans ses crits et ses discours, comme si esprit et matire
pouvaient constituer une seule et unique chose) se situe au niveau
de la seule raison humaine apparie une conscience naturelle, comme
norme, alors quau contraire, le christianisme se situe au niveau de
la foi, prenant le saint vangile comme norme suivre sur le chemin
de la vie. En somme, cest un christianisme dclou de la Croix que le
sien ; cest dire : - Un Christ considr comme un Librateur, non pas
tant du pch que de la souffrance, de lhumiliation, de
lasservissement ; - Un vangile confondu avec la Charte des droits
de lhomme et mis au service de la justice sociale ; - Les droits de
Dieu pour ainsi dire ngligs, au profit de lexaltation des Droits et
des gots de lhomme ; - Une vanglisation rduite un dialogue, non pas
pour convertir, qui sappuie sur des moyens humains plutt que sur
des moyens surnaturels Bref, plus que le Christ et son vangile,
Paul VI a servi et fait servir lhomme en remplaant : - La primaut
du surnaturel par la primaut du naturel, du temporel, de lhomme ; -
La primaut de la Loi de Dieu par la primaut de la conscience ; - La
primaut du Rgne de Dieu et de la vie ternelle par la primaut du
monde, de lhistoire, de sa chimre pour aboutir une espce de paradis
sur terre. Cest pourquoi on pourrait accuser Paul VI davoir rendu
lhomme un culte qui ne lui est pas d. Il faut aimer lhomme bien sr,
mais pas dun amour dsordonn, cest dire non rgl par lamour de Dieu
ou indpendant de son amour. Le culte de lhomme porte au mythe de
lgalit entre tous les hommes, do le nivellement des classes (avec
toutes les violences que cela comporte), do la dmocratie
universelle (une autre utopie chre Paul VI) qui nest autre que
luniversalisme maonnique. Et la meilleure faon de prouver cette
religion de lhomme cumnique maonnique, est de citer ici de
nombreuses affirmations et rvlations de personnalits qui, dans la
Franc-Maonnerie, ont eu des degrs levs et une autorit suprieure.
Comme celles-ci : La racine de lhomme est lhomme lui-mme... La
critique de la religion aboutit la conclusion doctrinale que, pour
lhomme, LEtre suprme est lhomme. (Karl Marx - Morceaux choisis) La
Franc-Maonnerie, (...) dans les Cons-titutions Gnrales, stait fixe
clairement un but quil nest licite personne de changer. Chacune des
Grandes Loges - y affirme-t-on - a le droit damliorer les prcdentes
prescriptions et den tablir de nouvelles, mais pas de modifier les
points fondamentaux, qui doivent rester fixes pour toujours : la
liquidation totale du monde surnaturel A ce moment-l, on ne peut
plus parler de religion ni de morale. (Saint Maximilien Kolbe : les
ennemis actuels de lEglise, Cracovie, avant le 19 octobre 1922). Le
15 janvier 1901, le franc-maon Viviani proclama du haut de la
tribune : Nous avons la tche de prserver de toute attaque le
patrimoine de la Rvolution... Nous nous prsentons ici portant dans
nos mains, outre les traditions rpublicaines, ces traditions
franaises attestes par des sicles de lutte pendant lesquels, peu
peu, lesprit lac sest dgag de ltreinte de la socit religieuse...
Nous ne nous trouvons pas seulement en prsence des Congrgations,
mais en face de lEglise catholique. Nest-il pas vrai que, par-del
ce combat dun jour, on rencontre une fois de plus ce conflit
formidable dans lequel le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel
se disputent des prrogatives souveraines, et cherchent, en se
disputant les consciences, de conserver jusqu la fin la direction
de lhumanit ?... La vrit est la suivante : cest quici se
rencontrent, selon la belle expression du comte de Mun, en 1878, la
socit fonde sur la volont de lhomme et la socit fonde sur la volont
de Dieu. Il sagit de savoir si, dans cette bataille, une loi sur
les Associations peut suffire. Les Congrgations et lEglise ne vous
menacent pas par leur faon de procder, mais au contraire par la
propagation de la Foi... Ne craignez pas les batailles qui vous
seront offertes, et si vous trouvez en face de vous cette religion
qui potise la souffrance, promettant les rparations futures,
opposez la raison de lhumanit, qui potise elle aussi la souffrance,
lui offrant comme rcompense, la flicit des gnrations. (cit par
Henri Delassus, Le problme de lheure prsente Descle & C.,
Typographes-Editeurs, 1907, vol. I, p.24.) Le franc-maon Viviani
disait dans le mme sens : Substituer la religion de lhumanit la
religion catholique, ou plutt, selon la formule de Bourgeois :
Faire triompher lesprit de la Rvolution, de la Philosophie et de la
Rforme sur laffirmation catholique. (Idem. p.28) Le franc-maon
Gambetta, le 4 mai 1877, donna le fameux mot dordre, suivi par tous
ceux qui ont tenu le pouvoir en France depuis cent vingt cinq ans :
Le clricalisme, voil lennemi ! Et le 1er juin 1877, recevant une
dputation de la jeunesse des coles de droit, de mdecine, etc..., il
dit : Nous avons lair de combattre pour la forme de gouvernement,
pour lintgrit de la constitution. La lutte est plus profonde : la
lutte est contre tout ce quil reste du vieux monde, entre les
agents de la thocratie romaine et les fils de 1789. (idem p.25)
Citons encore quelques autres textes qui illustrent ce culte de
lhomme de Paul VI, si vident dans son humanisme. Dans son Discours
la IVeme Session de Vatican II, Paul VI a fait une espce de
profession de foi qui tient de linou. Sa faon de parler de lhomme
que lon doit comprendre, respecter, admirer a abouti un vrai culte
de lhomme. Lglise du Concile a-t-il dit sest beaucoup occupe de
lhomme, de lhomme tel quil se prsente notre poque ; lhomme vivant,
lhomme tout centr sur lui-mme, lhomme qui se fait non seulement le
centre de tout ce qui lintresse, mais qui ose se faire le principe
et la raison dernire de toutes les ralits Lhumanisme lac et profane
est apparu enfin dans sa terrible stature et a, en un certain sens,
dfi le Concile. La religion du Dieu qui sest fait homme sest
rencontre avec la religion de lhomme qui sest fait Dieu. Quest-il
arriv ? Un choc, une lutte, un anathme ? Cela9
aurait bien pu arriver ; mais il nen a rien t ! La vieille
histoire du samaritain a t le modle de la spiritualit du Concile.
Une sympathie immense la envahi tout entier. La dcouverte des
besoins humainsa absorb lattention de ce Synode. Reconnaissez-lui
au moins ce mrite, vous les humanistes modernes qui renoncez la
transcendance des choses suprmes, et sachez reconnatre notre nouvel
humanisme : Nous aussi, Nous plus que quiconque, nous avons le
culte de lhomme ! (Allocution au Concile, le 7 dc. 1965 D.C. N1462
col.63) Mais dj le 14 septembre 1965, Paul VI se demandait : Est-ce
que lglise, est-ce que Nous pourrons faire autrement que de
regarder ce monde et de laimer ? Le Concile est un acte solennel
damour pour lhumanit. Que le Christ nous assiste pour quil en soit
vraiment ainsi ! (D.C. n1456 col.1660) Or une telle faon de parler
tient de labdication, de la servilit face lathisme pour en obtenir
les bonnes grces. Mais lui, Paul VI, lappelle un mrite, alors que
cest du laxisme, une dformation de la charit ! Au lieu de condamner
le fol orgueil de lhomme qui sexalte lui-mme et ne veut plus se
soumettre Dieu, Paul VI le flatte, veut lui plaire en affirmant que
lui et les siens ont un culte de lhomme qui dpasse mme celui de
lhumanisme athe. Mais cest justement cette forme didoltrie envers
lhomme qui a fait proclamer la libert religieuse droit fondamental
et absolu de lhomme. Et cest justement ce faux amour de lhomme qui
a donn le jour Gaudium et Spes, ou lglise dans le monde
daujourdhui, qui reprsentera le couronnement de luvre du Concile,
et que Paul VI affirmera tre inspire la religion de lHomme, centre
et chef du monde. (Gaudium et spes, n12) Dans son dlire humaniste,
il a encore ajout : Il y a encore un autre point que nous devons
souligner : toute cette richesse doctrinale (du Concile) ne vise qu
une chose : servir lhomme. Il sagit bien entendu de lhomme tout
entier, quelle que soit sa condition, sa misre, ses besoins Et il a
poursuivi : Tout cela et tout ce que nous pouvons encore dire sur
la valeur humaine du Concile a-t-il peut-tre fait dvier la pense de
lglise du Concile vers des positions anthropocentriques reprises la
culture moderne ? Non, lglise na pas dvi, mais elle sest tourne
vers lhomme La mentalit moderne, habitue juger toute chose daprs sa
valeur, son utilit, voudra bien admettre que la valeur du Concile
est grande au moins pour ce motif : tout a t orient vers lutilit de
lhomme ! Quon ne dclare donc jamais inutile une religion comme la
religion catholique qui, dans sa forme la plus consistante et
efficace comme lest celle du Concile, proclame quelle est toute
entire au service de lhomme (Allocution au Concile, 7 dc. 1965 D.C.
N1462 col.64-65) Et le 13 juillet 1969, il affirma : Lhomme se rvle
nous comme un gant. Il se rvle nous, divin. Il se rvle nous divin,
non pas en soi, mais dans son principe et dans son destin. Honneur
lhomme, honneur sa dignit, son esprit, sa vie ! Oui, car lhomme est
le terme Le premier terme dans lascension vers la fin suprme et
transcendante vers le principe et la cause de tout amour Notre
humanisme devient christianisme et notre christianisme devient
thocentrisme au point que nous pouvons galement affirmer : pour
connatre Dieu, il faut connatre lhomme. Mais alors, ce Concile,
dont les travaux et les proccupations ont t consacres
principalement lhomme, ne serait-il pas destin ouvrir une nouvelle
fois au monde moderne les voies dune ascension vers la libert et le
vrai bonheur ? Ne donnerait-il pas, en fin de compte, un
enseignement simple, neuf et solennel pour apprendre aimer lhomme
afin daimer Dieu ? (7 dc. 1965 D.C. N1462 col.66) Il y a de quoi
rester stupfaits ! Dans son discours, on ne trouve plus la Croix du
Christ, la Grce baptismale, les dons du Saint Esprit, les mystres
de la Foi, trsors de Vrit, de Vie, de Vertu, de lunique glise
catholique Dans une uvre dite Fribourg sous ce titre : La
dification de lhumanit, ou le ct positif de la francmaonnerie, le
P. Patchtler a trs bien dmontr le sens que la franc-maonnerie donne
au mot humanit et lusage quelle en fait. Ce mot - dit-il - est
utilis par des milliers dhommes (Initis ou chos inconscients
dinitis) dans un sens confus, certes, mais cependant toujours comme
le nom de guerre dun certain parti pour un certain but, qui est le
renversement du christianisme positif. Ce mot dans leur bouche ne
signifie pas seulement ltre humain en opposition ltre animal... Il
pose comme thse lindpendance absolue de lhomme dans le domaine
intellectuel, religieux et politique ; il nie pour lui toute fin
surnaturelle, et demande que la perfection purement naturelle de la
souche humaine soit achemine sur les voies du progrs. A ces trois
erreurs correspondent trois tapes sur la route du mal : lhumanit
sans Dieu, lhumanit qui se fait Dieu, lhumanit contre Dieu. Tel est
ldifice que la franc-maonnerie veut riger la place de lordre divin
qui est lhumanit avec Dieu. Quand la secte parle de la religion de
lavenir, de la religion de lhumanit, cest justement cet difice, ce
temple quelle a en vue . (Delassus, op. cit p. 30) Vers la fin
juillet et au dbut aot de 1870, se tint un Congrs Nancy, auquel
participrent les loges de Strasbourg, Nancy, Vesoul, Metz,
Chlon-sur-Marne, Reims, Mulhouse, Sarreguemines, en un mot tout
lEst. On y posa la question de lEtre Suprme, et les discussions qui
sen suivirent se propagrent de loge en loge. Pour y mettre fin, le
Monde Maonnique (nos de janvier et mai 1870) fit cette dclaration :
La franc-maonnerie nous fait savoir quil ny a quune religion vraie,
et par consquent une seule naturelle : le culte de lhumanit. Parce
que, mes frres, cette abstraction qui, rige en systme, servit
former toutes les religions : Dieu, nest autre que le complexe de
tous nos instincts les plus levs auxquels nous avons donn un corps,
une existence distincte ; ce Dieu nest, en fin de compte, que le
produit dune conception noble mais errone de lhumanit qui sest
dpouille au profit dune chimre. (Delassus p.35) Rien de plus clair
: lhumanit est Dieu ; les droits de lhomme doivent remplacer la loi
divine ; le culte des instincts de lhumanit doivent prendre la
place du culte rendu au Crateur ; la recherche du progrs dans la
satisfaction des sens doit se substituer aux aspirations de la vie
future. Le franc-maon Mauro Macchi, dput au parlement italien,
membre du Conseil suprieur, crivait dans la Massonic Review, le 16
fvrier 1874 : La clef de vote de tout systme oppos la
franc-maonnerie est le sentiment asctique10
et transcendental qui transporte les hommes au-del de la vie
prsente et fait quils se considrent comme des plerins sur la terre.
Tant que ce systme naura pas t dtruit par le marteau de la
franc-maonnerie, nous aurons une socit de pauvres cratures dupes,
qui sacrifient tout pour obtenir la flicit dans une existence
future. (Mauro Macchi, francmaon et dput italien, dans Massonic
Review du 16 fev.1874) Nous nous trouvons en prsence dune sorte
didoltrie de lhomme, telle que la dnona le Christ lui-mme quand il
rpondit Satan qui le tentait : Retire-toi, Satan ! Car il est crit
: tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu ne serviras que Lui seul !
(Mt 4,10) Or ceci nous fait venir lesprit un passage de St Pie X,
dans sa premire encyclique : Si grande est laudace et la rage avec
laquelle on perscute partout la religion, on combat les dogmes de
la Foi et on semploie effrontment extirper, anantir tout rapport de
lhomme avec la divinit ! Dans cette situation, ce qui, justement,
daprs les paroles de lAptre lui-mme (St Paul), est le caractre
propre de lAntchrist, lhomme lui-mme, avec infinie tmrit, sest mis
la place de Dieu, slevant surtout contre tout ce qui sappelle Dieu,
de manire ce que, bien quil ne puisse teindre en lui-mme toute
connaissance de Dieu, en ayant toutefois outrag la majest, il a
fait de lunivers une espce de temple ddi lui-mme pour y tre adorDo
il ressort que restaurer toutes les choses dans le Christ et
ramener les hommes la sujtion Dieu est un mme et identique but.
Pour obtenir tout cela selon notre dsir, il est ncessaire que par
tous les moyens et la peine possibles, nous faisions radicalement
disparatre lnorme et dtestable sclratesse, toute caractristique de
notre temps : la substitution de lhomme Dieu. (E Supremi
Apostolatus du 4 octobre 1903) Cette ligne vraiment papale est
cependant toute loppos de la ligne librale de Paul VI qui, Sidney,
le 2 dcembre 1970, dclarait aux journalistes : Nous avons confiance
en lhomme, nous croyons en ce fond de bont qui existe en tout cur,
nous connaissons les motifs de justice, de vrit, de renouvellement,
de progrs, de fraternit qui sont lorigine de tant de belles
initiatives et mme au sein de tant de contestations, et
malheureusement parfois de tant de violences Soyez les semeurs dun
idal authentiquedun idal qui le fasse grandir selon sa vraie
stature de crature faite la ressemblance de Dieu, qui le pousse se
dpasser sans cesse pour difier ensemble la cit fraternelle laquelle
tous aspirent et tous ont droit. Lglise catholique, surtout aprs la
nouvelle pousse de son aggiornamento conciliaire, va la rencontre
de ce mme homme que vous avez lambition de servir. (D.C. n1577
p.14) Certes, dans ses paroles, Paul VI ne se souvenait plus de ce
qui est crit dans la Sainte criture : Maudit soit lhomme qui se
confie en lhomme, qui fait de la chair son bras et dont le cur se
retire de Yahweh ! (Jr. 17,5) Et encore : Sans moi, vous ne pouvez
rien faire . (Jn 15,5) Paul VI au contraire, lAnglus du 7 fvrier
1971, loccasion dun voyage spatial, composa un Hymne la gloire de
lhomme, opposer presque lHymne au Christ Roi des sicles : Honneur
lhomme, la pense, la science ! Honneur la synthse que lhomme sait
faire entre la science et sa mise en uvre, lui qui, la diffrence de
tous les autres animaux, sait donner des instruments de conqute son
intelligence et ses mains. Honneur lhomme, roi de la terre et
prsent galement prince des cieux ! Honneur ltre vivant que nous
sommes, qui reflte en lui le visage de Dieu et qui, en dominant les
choses, obit lordre biblique : emplissez la terre et soumettez-la.
(D.C. N1580 p.156) L aussi, lerreur de Paul VI est celle du primat
de lhumain, sa marotte de donner de la valeur tout ce qui est
humainement apprciable, qui est de lhomme, centre et sommet, alors
que lglise du Christ a toujours t bien sr au service de lhomme, et
mme jusqu lhrosme, mais ceci toujours en vue du service de Dieu et
du salut des mes. Voil pourquoi lanthropocentrisme de Paul VI, son
orientation vers lhomme et non vers Dieu, nous rappellent les
paroles insenses de la Constitution Gaudium et Spes qui dit : Tout
sur terre doit tre orient vers lhomme, comme son centre et son
apoge ; paroles qui ne sont srement pas lcho de : Caritas urget
nos. Malheureusement il semble plus quvident que pour Paul VI,
lhomme passe avant Dieu, mme si, parmi ses citations de lvangile,
il rpte frquemment la suivante : Tout ce que vous faites au plus
petit des miens, cest moi que vous le faites . (Mt 25, 40) Certes !
Mais il faut que ce que lon fait au prochain, soit agrable Jsus Ce
nest certainement pas le cas lorsquon flatte lorgueil de lhomme,
quand on vante ses fausses sciences, quand on encourage son rejet
de toute dpendance de Dieu Il aurait toujours d se rappeler que sa
vocation exigeait de lui une prdication continuelle de la suprmatie
du surnaturel et de loptique chrtienne condense dans les Batitudes
: Bienheureux les pauvres en esprit les doux les pacifiques les
perscuts (Mt 5, 3-5-9-10) Tout le contraire de sa faon de se vanter
dtre un expert en humanit, comme lui-mme se qualifia lONU (4
octobre 1965 D.C. n1457 col.1732) Ou encore : La mission du
christianisme est une mission damiti entre les peuples de la terre,
une mission de comprhension, dencouragement, de promotion,
dlvation, et, disons-le encore une fois, une mission de salut. (A
Bethlem, le 6 janvier 1964 - D.C. N1417 col.181) Une vision qui
nest pas du tout celle de lvangile et qui ne reflte certainement
pas les paroles de Jsus : Je ne suis pas venu porter la paix, mais
lpe (Mt 10, 34) Voil pourquoi Il fut toujours un signe de
contradiction. Mais Paul VI aggrave encore sa pense : Lhomme connat
des doutes atroces Nous avons lui dire un message que Nous croyons
librateur. Et Nous Nous croyons dautant plus autoris le lui
proposer quil est pleinement humain. Cest le message de lHomme
lhomme. (A Bethlem, le 6 janvier 1964 D.C. ibid.) Voil le Nouvel
vangile tout humain, de Paul VI ! En somme, sa foi est dans lhomme
; cest pourquoi il considrait le christianisme comme un simple
humanisme.
11
Voil pourquoi, aprs Ecclesiam Suam, lglise ne devait plus
convertir, car lglise se fait dialogue ; un dialogue qui caractrisa
son Pontificat (Ecclesiam Suam n60) ; un dialogue qui ne consistera
plus prcher lvangile, mais plutt travailler pour une coexistence
pacifique entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux Vaste
entreprise, bien digne de runir toutes les bonnes volonts en une
immense et irrsistible conspiration pour ce dveloppement intgral de
lhomme et ce dveloppement solidaire de lhumanit, auquel Nous avons
os les inviter au nom dun humanisme plnier, dans Notre encyclique
Populorum Progressio (n42) . (Message pour le 25me anniversaire de
lONU, le 4 octobre 1970 D.C. N1572 col.903) Mais voici une autre
preuve des bases sur lesquelles Paul VI considrait que lon pouvait
tablir la paix : Osons un terme qui peut lui aussi sembler ambigu ;
mais considrons-le dans lexigence de sa profondeur. Cest un terme
flamboyant et sublime damour : amour de lhomme, premire valeur de
lordre terrestre La paix, la vraie paix, la paix humaine est un
effet de lamour Si nous voulons la paix, nous devons reconnatre la
ncessit de la fonder sur des bases plus solides La vraie paix doit
tre fonde sur la justice, sur le sentiment dune intangible dignit
humaine, sur la connaissance dune ineffable et heureuse galit entre
les hommes, sur le dogme fondamental de la fraternit humaine, cest
dire sur le respect et lamour d tout lhomme en sa qualit dhomme.
(Message pour la journe de la paix, le 14 novembre 1970 D.C. N1576
p.1103) Donc, la base la plus solide pour avoir la paix, nest pas
le respect de Dieu et de ses lois, mais le sentiment dune
intangible dignit humaine, la reconnaissance dune ineffable et
heureuse galit entre les hommes, base sur le dogme fondamental de
la fraternit humaine ! Et pourtant Jsus avait bien dit : Sans moi,
vous ne pouvez rien faire (Jn 15,5). Paul VI, lors dun discours la
FAO, affirma : Quant vous, lhomme que vous secourez, est lhomme que
vous soutenez. Comment pouvez-vous agir contre lui alors que vous
existez pour lui et que vous ne pouvez russir sinon avec lui ?
Cette sortie de Paul VI semble tre une autre espce de profession de
foi en lhomme, une rptition de ce quil avait dj dit lONU : Cest
comme "expert en humanit" que nous apportons cette Organisation le
suffrage de nos derniers prdcesseurs, celui de tout lpiscopat
catholique et le Ntre, convaincus comme Nous le sommes que cette
Organisation reprsente le chemin oblig de la civilisation moderne
et de la paix mondiale Les peuples regardent vers les Nations Unies
comme la dernire esprance de la concorde et de la paix. Nous osons
apporter ici, avec le Ntre, leur tribut dhonneur et desprance.
(Visite lONU du 4 octobre 1965 D.C. N1457 col.1732) Voici le fond
de la pense de Paul VI ; il croit en la puissance de lhomme, mme
athe, antichrtien et satanique, comme cest le cas de lONU. Il y
croit plus quaux moyens surnaturels : Grce, Prire, Sacrements La
grande esprance pour lui, cest lhomme ! Il le dira aussi le 27
janvier 1974, loccasion de la canonisation dune religieuse, Thrse
de Jsus Jornet Edibards : Une sainte pour notre temps ; ce qui
caractrise en effet notre temps, cest laspect humanitaire, social,
organis, marqu par le culte de lhomme pour lhomme. Et Bogota,
devant une foule de paysans qui agitaient des affiches
rvolutionnaires, il dit : Vous tes un signe. Vous tes une image.
Vous tes un mystre de la prsence du Christ. Le Sacrement de
lEucharistie nous offre sa prsence cache, vivante et relle ; mais
vous aussi, vous tes un sacrement, cest dire une image sacre du
Seigneur parmi nous. (A Bogota - septembre 1968) Verbiage montinien
! LA RELIGION MAONNIQUE - Pour que lhomme forme bien selon les
principes maonniques sa conduite, il ne doit pas chercher le
commandement en-dehors ou au-dessus de sa raison () ; il ne doit
pas envisager la loi morale comme un commandement venu den haut,
dune existence extra mondaine, surnaturelle laquelle il devrait
sincliner. () Une fois le surnaturel limin, la morale maonnique est
purement naturaliste ; les droits et les devoirs humains, les fins
et les luttes humaines sont lies la terre (Le franc-maon Tommaso
Ventura). - La morale maonnique nest ni chrtienne, ni hbraque, ni
mahomtane. La Franc-Maonnerie proclame des principes dtermins sur
lesquels les moralistes de tous les pays et de toutes les religions
sont daccord, et sefforce dharmoniser les opinions qui parfois sont
en contraste seulement en apparence. (Le franc-maon Salvatore
Farina). - On en arrive se demander si la Franc-Maonnerie nest pas
une religion ; je rponds nettement que la FrancMaonnerie est la
religion. (Le franc-maon Gorel Porciatti). CHAPITRE II: - SON
OUVERTURE AU MONDE Naimez point le monde, ni ce qui est dans le
monde. Si quelquun aime le monde, lamour du Pre nest point en lui.
Car tout ce qui est dans le monde, la concupiscence de la chair, la
concupiscence des yeux et lorgueil de la vie, ne vient point du Pre
mais du monde : et le monde passe avec sa concupiscence (I Jn
2,15-17) Avec sa nouvelle gestion de lEglise, Paul VI semble avoir
dit tacitement que lEglise des sicles prcdents navait rien compris,
cest dire quelle avait vcu comme dans un ghetto. Aprs son lvation
au Sige de Pierre et aprs son Vatican II, lEglise tait au contraire
comme sortie de prison. Ah ! finalement ! La voici ouverte tout :
son cher monde, son idologie !... Fabuleuse, fascinante, son
Eglise-camlon qui commena louverture au monde ds le dbut de son
Pontificat ! Non plus doctrine fixe, mais dialogue avec le monde
moderne, avec nimporte quelle idologie, nimporte quelle religion...
avec tous ! Rappelons-nous ce quil dit lors de louverture de la
deuxime Session du Concile, le 29 septembre 1963 : Le concile
travaillera jeter un pont vers le monde contemporain. (D.C. N1410
col.1357)12
Comment il pratiquera ensuite ce dialogue, il le dira dans sa
premire encyclique Ecclesiam Suam daot 1964 ; mais dj au mois de
mai prcdent, devant des artistes et des intellectuels, il avait
fait un trange mea culpa: Nous vous avons mis, vous qui tes
crateurs, toujours vivaces, source jaillissante de mille ides et de
mille nouveauts, une chape de plomb. Pardonnez-Nous ! (7 mai 1964
D.C. n1425 col. 686-687) Il est clair prsent, que la nouvelle glise
de Paul VI a rompu avec le pass : La religion de Dieu qui sest fait
homme sest rencontre avec la religion de lhomme qui sest fait Dieu
. (7 dc. 1965) Il y a dsormais une osmose entre lglise et le monde
(Congrs Eucharistique de Pise, le 7 juin 1965). LAptre Jean avait
pourtant crit que le monde entier est plong dans le mal (I Jn
5,19). Et Jsus avait dit : Qui nest pas avec moi, est contre moi
(Mt 12,30). Lon XIII galement, dans son encyclique Humanum Genus,
avait crit : Le genre humain est divis en deux camps ennemis qui ne
cessent de se combattre : lun pour la vrit et la vertu ; lautre
pour tout ce qui leur est contraire. Lun est la vraie glise de
Jsus-Christ lautre est le rgne de Satan. Mais Paul VI, durant tout
son pontificat, a tent de concilier ces deux choses inconciliables
; do ses contradictions, ses ambiguts, justement pour son amour du
monde. Nous avons sans doute entendu parler de la svrit des Saints
pour les maux du monde. Beaucoup sont encore familiariss avec les
livres dascse qui contiennent un jugement globalement ngatif sur la
corruption terrestre. Mais il est certain aussi que nous vivons
dans un climat spirituel diffrent, tant invits, surtout par le
rcent Concile, porter sur le monde moderne un regard optimiste,
pour ses valeurs, ses conqutes La clbre Constitution Gaudium et
Spes est toute entire un encouragement envers cette attitude
spirituelle nouvelle. (Audience gnrale, du 3 juillet 1974 D.C.
n1658 p.661) Ces paroles de Paul VI sembleraient une claire
invitation abandonner la svrit des Saints, les livres dascse, pour
choisir cette nouvelle attitude spirituelle, en regardant le monde
avec plus doptimisme ; en fin de compte : rendre un jugement
positif sur la corruption terrestre ! Et ceci parce que nous vivons
aujourdhui dans un climat spirituel diffrent ! Donc la mentalit de
Paul VI tait douverture au monde. On peut aussi le dmontrer en
lisant les textes du Colloque international, organis Brescia par
lInstitut Paul VI. Le Cardinal Poupard en effet, dans son
introduction, rappela une question que Paul VI se posait : Quelle
conscience lglise a-t-elle mri sur elle-mme, au bout de vingt
sicles dhistoire et dinnombrables expriences et dtudes et de traits
? Et voil la rponse synthtique donne par Montini en personne :
Lglise est communion. Elle est la communion des Saints. Il me
semble continua le cardinal Poupard que ce soit cette vision
globale de lglise, vue comme mystre de communion, la contribution
spcifique de Paul VI au Concile Vatican II et llaboration de sa
Magna Charta, la Constitution doctrinale Lumen Gentium. Lapport
original du pape Montini au Concile poursuivit le cardinal fut
celui doffrir une synthse thologique et de donner une forme
culturelle au projet johannique (selon Jean XXIII) dune glise
adapte aux temps nouveaux, et renouvele dans sa spiritualit et dans
son lan missionnaire. Le synode extraordinaire sur le Concile, dans
sa relation finale, fit galement ressortir que "dans les documents
du Concile, lecclsiologie de communion est lide centrale et
fondamentale", et quelle "ne peut pas tre rduite de pures questions
dorganisation ou des problmes qui concernent les pouvoirs". Aussi
poursuivait le card. Poupard elle doit engendrer dans lglise un
style de communion tous les niveaux, entre les fidles et les
prtres, entre les prtres et les vques, entre les vques et le pape.
Mais mme pour lglise ad extra, ce style de communion qui signifie
ouverture, respect et comprhension, caractrisera toujours plus
laction de lglise envers toutes les cultures et envers tous les
hommes, mme non croyants. De mme Jean-Pierre Torrell, de lUniversit
de Fribourg, lors de ce mme Colloque, Brescia, put dire que lglise
se dfinit comme incarnation qui se prolonge dans le temps, et comme
communion . Le pape Montini aurait donc eu une ouverture au monde
en continuelle volution (= relativisme), et aurait voulu pour cela
une nouvelle conception dune glise comme communion entre tous les
hommes de lglise et mme avec ceux ad extra. Voil donc lapport
original Vatican II que le cardinal Poupard entrevit de la part du
moderniste Paul VI, justement grce la contribution dcisive des
no-modernistes. Heureusement pour nous, le cardinal en question
rappela aussi que Montini connaissait trs bien la culture franaise
qui contribua beaucoup la formation dune telle vision de lglise. De
fait, Montini avait lu et tudi leurs livres : celui de de Lubac :
Mditations sur lglise ; celui de Hamer : Lglise est communion ;
celui de Congar : Vraie et fausse rforme de lglise ; celui de
Maritain : Lglise du Christ ; etc Par consquent, cette nouvelle
ecclsiologie de Montini provenait de la France, telle une normale
marchandise trangre. En fait, ce ntait pas une nouveaut pour un
Montini mal prpar en thologie (il navait jamais suivi de cours
rgulier ni de philosophie, ni de thologie !). Elle sadaptait trs
bien sa mens moderniste dj imprgne de ces ides aprs quil et frquent
pendant longtemps le salon de Tommaso Gallarati Scotti, ardent
fauteur du modernisme en Italie, et aprs avoir eu comme auteurs
prfrs : un Maritain premire manire avec sa conception socialistode
; un Bernanos, dfenseur des Brigades internationales pendant la
guerre civile en Espagne (alors quil tait au courant de la
destruction des glises et du massacre de milliers dvques, de
prtres, de religieux et religieuses) ; un de Lubac, avec son
catholicisme rduit un simple humanisme, et ainsi de suite Auteurs
qui nous permettent daffirmer que les choix de Montini, de prtre
pape, furent toujours consquents. Donc, lecclsiologie de communion
fut vraiment pour Paul VI comme lincarnation qui se prolonge dans
le temps et comme communion, cest dire : une continuelle volution
entre tous ses membres et mme pour les membres ad extra.13
Ce concept d glise-Communion fut donc cet apport original
attribuable Paul VI. Mais nous serions tents dobserver que jamais
il ny eut si peu communion quaujourdhui, malgr tant de bavardages
ce propos, tort et travers. Il y a souvent, dans cette sainte et
merveilleuse parole, un son faux, ou de toute faon ambigu, qui en
rvle un usage trop facile et donc partisan. La communion elle aussi
est sujette la polmique. Elle sert une cause pour laquelle elle
nest pas ne et face laquelle elle tombe en contradiction. Il y a
les thoriciens de cette communion : ceux qui la distinguent de la
communaut ; ceux qui la fondent avec elle ; ceux qui les finalisent
lune lautre. (Mgr Brunero Gherardini : Lglise arche dalliance. Sa
gense, son paradoxe, ses pouvoirs, son service.) Le card. Ratzinger
est plus clair et plus prcis sur ce sujet glise-Communion, cest
dire sur cette nouvelle ecclsiologie, dans son Rapport sur la Foi,
sous le titre : A la racine de la crise : lide dglise. (Joseph
Ratzinger, Rapport sur la Foi, chap. III). Le cardinal crit : Mon
impression est que tacitement on est en train de perdre le sens
authentiquement catholique de la ralit glise, sans que pour autant
on le rejette expressment. Serait-ce donc cela, lapport original du
pape Montini au Concile : estomper le mystre-communion, comme le
faisait Loisy, pre du modernisme, dans Autour dun petit livre, tout
en faisant semblant de rfuter Harnack et comme le font encore
aujourdhui les no-modernistes ? Cest une erreur que ce terme d
glise-Communion ajoute encore le cardinal Ratzinger cest une erreur
qui a amen la ngation pratique du concept authentique dobissance,
car on refuse le concept dune autorit qui a sa lgitimation en Dieu
. Et le cardinal de conclure : Rforme vraie (ou renouveau) ne
signifie pas tant svertuer pour riger de nouvelles faades, mais
(contrairement ce que pensent certaines ecclsiologies) Rforme vraie
veut dire se donner du mal pour faire disparatre, dans la plus
grande mesure possible, ce qui est ntre, de faon ce quapparaisse
mieux ce qui est Sien, du Christ. Cest une vrit que connurent trs
bien les Saints qui, en effet, rformrent en profondeur lglise, sans
prdisposer de plans pour de nouvelles structures, mais en se
rformant eux-mmes . Cest exactement ce que ne fit pas Paul VI, qui
ordonna au contraire de nouvelles structures arbitraires, daprs ses
conceptions fantasques qui remplacrent la Constitution mme voulue
par Jsus, et puis clairement exprime dans ses vangiles. Aprs quoi,
il nest pas difficile de comprendre le pourquoi de louverture au
monde moderne et de son amour sincre pour son propre temps. Et il
est bien inutile de se demander ce que Paul VI entendait par monde,
car il nentendait srement pas lunivers matriel, avec son ciel, la
terre, les plantes et les animaux, etc.mais plutt, par monde, il
entendait srement le nombre des hommes avec leurs ides, leurs
usages, leur praxis de vie. Donc, son ouverture au monde ne pouvait
tre que celle qui, dans le Nouveau Testament, surtout en saint Paul
et en saint Jean, dans toute la littrature patristique et dans les
crits de tous les Saints, a un sens pjoratif en tant que le monde
est le rgne du pch, oppos donc au Rgne de Dieu ; par consquent
lesprit du monde est en contraste avec lEsprit de Dieu (I Cor. 2,12
; II Cor. 7.10) ; par consquent les lments du monde sont comme des
puissances qui retiennent lhomme li au pch. (Gal.4, 3.8 ; Col.2,
20) Or si le dmon est le prince de ce monde (Jn 12, 31 ; 16, 11 ;
II Cor 4, 4), le Rgne de Jsus-Christ ne peut pas tre de ce monde
(Jn 8, 23 ; 16, 28 ; 18, 36) ; tout au contraire Jsus est ha par ce
monde (Jn 7, 7 ; 15, 18). Par consquent, tout comme Jsus, le
chrtien lui aussi, nest pas de ce monde, parce quen lui habite
lEsprit de vrit que le monde ne peut pas recevoir (Jn 15, 19 ; 17,
14 ; I Jn 2, 15). Voil pourquoi, dans sa Ire Lettre, saint Jean dit
: Je vous cris, petits enfantsNaimez point le monde ni ce qui est
dans le monde. Si quelquun aime le monde, lamour du Pre nest point
en lui. Car tout ce qui est dans le monde, la concupiscence de la
chair, la concupiscence des yeux et lorgueil de la vie, ne vient
point du Pre, mais du monde. Le monde passe et sa concupiscence
aussi ; mais celui qui fait la volont de Dieu demeure ternellement.
(I Jn 2, 12-17). Et je pourrais continuer encore longtemps, parce
que le mot monde dans le Nouveau Testament, est un terme proprement
thologique : Ayez confiance, jai vaincu le monde. (Jn 13,33). Tout
ce qui est n de Dieu remporte la victoire sur le monde ; et la
victoire qui a vaincu le monde, cest notre foi. (1 Jn 5, 4). Foi
surnaturelle bien entendu ; celui qui ne la pas, aime le monde et
en est aim en retour. Et ce dtachement du monde, Jsus le rabche mme
dans sa prire au Pre pour ses Aptres : Je leur ai communiqu ta
parole et le monde les a has, parce quils ne sont pas du monde,
comme moi-mme je ne suis pas du monde. (Jn 17, 14). Ouverture au
monde donc ne peut signifier autre chose dans le langage thologique
chrtien, qu ouverture Satan, le Prince de ce monde. Or voil qui est
exactement lessence du modernisme. Ce sont les modernistes en effet
qui veulent une glise ouverte au monde avec lhumanisme intgral,
avec la mconnaissance du surnaturel, avec la rduction des quatre
vangiles et de tout le Nouveau Testament un livre populaire,
profane, presque un mythe, fruit de la conscience des premires
communauts chrtiennes. Ds louverture de la Deuxime Session du
Concile (29 sept 1963), Paul VI avait en effet affirm : Que le
monde le sache : lglise le regarde avec une profonde comprhension,
avec une admiration vraie, sincrement dispose ne pas lassujettir,
mais le servir ; non pas le mpriser, mais le mettre en valeur ; non
pas le condamner, mais le soutenir et le sauver. (D.C. n1410
col.1359) Et aujourdhui, le clerg, oubliant les leons de lhistoire,
a suivi sans discussion tous les conseils-ordres de Paul VI, pour
se rapprocher toujours plus de la mentalit moderne. Autres
expressions qui trahissent la mission de lglise du Christ, laquelle
doit mettre sous le joug du Christ les hommes de ce monde.
Dailleurs, est-ce que cest le rle des vques et des prtres que de
mettre en valeur le monde ? Les hommes y pensent par eux-mmes
rejoindre les valeurs du monde, alors que les Pasteurs dme doivent
prcher14
de faon opportune et importune, que les valeurs terrestres sont
des nullits en comparaison avec Dieu et lternit, ainsi que lavait
dj prch lAptre Paul : Je regarde toutes choses comme de la
balayure, afin de gagner le Christ. (Phil.3, 8) ; ce Christ qui
avait dit : Quiconque dentre vous ne renonce pas tout ce quil
possde, ne peut tre mon disciple. (Lc 14, 33) Paul VI au contraire
persiste : Notre tmoignage est un signe de lattitude de lglise
envers le monde moderne : une attitude faite dattention, de
comprhension, dadmiration et damiti. (Allocution des patrons
chrtiens, le 8 juin 1964 D.C. n1427 col.802) Un langage rebours,
contraire celui quutilisait saint Jacques : Ne savez-vous pas que
lamiti du monde, cest linimiti contre Dieu ? (Jac 4, 4). A
louverture de la IVme Session du Concile, Paul VI avait dit : Le
Concile offre lglise, Nous spcialement, la vision panoramique du
monde : lglise pourra-t-elle, et pourrons-Nous, Nous-mmes, faire
autre chose que de regarder le monde et laimer ? Ce regard sur le
monde sera lun des principaux actes de la Session qui commence :
encore une fois et surtout, amour (IVme Session du Concile, 14
septembre 1965 D.C. n1456 col.1660) Paroles qui sentent la
capitulation dune glise face au monde ! Mais lui-mme senflamme
encore plus : 'Un courant damour et dadmiration a dbord du Concile
sur le monde humain moderne Ses valeurs ont t non seulement
respectes, mais honores ; ses efforts soutenus ; ses aspirations
purifies et bnies. (Discours du 7 dcembre 1965 D.C. n1462 col.64) H
bien, cette faon de dborder damour et dadmiration pour le monde
dont il honore les valeurs, va galement contre la Sainte criture
qui affirme : Naimez point le monde, ni ce qui est dans le monde.
Si quelquun aime le monde, lamour du Pre nest point en lui. (1 Jn
2, 15) Malgr cela, Paul VI continua propager son amour pour le
monde, allant jusqu prsenter la rconciliation de lglise avec le
monde comme une volution, un enrichissement de la doctrine
catholique : Il nous apparut intressant de remarquer quelques
aspects moraux du Concile que Nous pourrions qualifier de
caractristiques, et par consquent nouveaux et modernes Un de ces
enseignements qui changent notre faon de penser et encore plus,
notre conduite pratique, concerne la vision que nous catholiques,
nous devons avoir du monde au milieu duquel nous vivons. Comment
lglise voit-elle le monde aujourdhui ? Cette vision, le Concile
nous la largie jusqu en modifier, dune faon apprciable, le jugement
et lattitude que nous devons avoir face au monde. La doctrine de
lglise en effet, sest enrichie dune connaissance plus complte de
son tre et de sa mission. (Audience du 5 mars 1969 D.C. n1537
p.302) Donc pour Paul VI, lattitude catholique devant le Monde
devrait se modifier, slargir, ne laissant de la Tradition quun lger
vernis. Cest lui encore qui le dclare : Le cadre de cette rencontre
entre lglise et le Monde reste celui de lvangile. Par consquent,
ses principes thologiques et moraux fondamentaux sont le cadre
traditionnel et constitutionnel de la mentalit chrtienne. Mais,
dautre part, lglise accepte, reconnat et sert le monde comme il se
prsente elle, aujourdhui. Elle ne rejette pas les formules de la
synthse glise-Monde du pass mais lglise, dans le Christ et comme le
Christ, aime le monde daujourdhui. Elle vit, elle parle, elle agit
pour lui (Ibid. p.303) Ici, Paul VI dit quaprs le Concile, lglise
reconnat bien sr lopposition de toujours entre vangile et Monde,
mais en outre, elle reconnat galement la nouvelle attitude, oppose
la Tradition, en ce sens quelle reconnat, sert et aime le monde,
tel quil se prsente aujourdhui. Double voie en somme ! Deux
attitudes inconciliables ! Il ne nous reste qu rpter le verdict du
Christ : Nul ne peut servir deux matres (Mt 6,24). Ce qui veut dire
: ou bien on aime Jsus et son vangile, ou bien on aimera le monde
en mprisant Jsus et son vangile. Mais Paul VI poursuit : Cette
attitude (dalliance glise-Monde) doit devenir caractristique dans
lglise daujourdhui ; ici, on veille et on puise dans son cur des
nergies apostoliques nouvelles. Elle ne svade pas, elle ne se met
pas en dehors de la situation existentielle du monde, mais elle
sinsre spirituellement avec sa charit patiente et serviable cette
charit qui excuse tout, croit tout, espre tout, supporte tout
(ICor. 13, 4-7) . (Ibid. p.303) Voil un exemple typique de la
mauvaise faon de se servir des textes sacrs.