Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Vendredi 27 septembre 2013 Ensemble intercontemporain Dans le cadre du cycle Rêves du 17 au 29 septembre Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Ensemble intercontemporain | Vendredi 27 septembre 2013
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Vendredi 27 septembre 2013 Ensemble intercontemporain …content.citedelamusique.fr/pdf/note_programme/np_13124.pdf · 2013. 9. 19. · why suffering is our condition. And how we
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Roch-Olivier Maistre,Président du Conseil d’administrationLaurent Bayle,Directeur général
Vendredi 27 septembre 2013Ensemble intercontemporain
Dans le cadre du cycle Rêves du 17 au 29 septembre
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse
suivante : www.citedelamusique.fr
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Les songes de Sylvia Plath, l’imaginaire de Couperin, la vision wagnérienne de Jonathan Harvey… Dans les rêves, tous les artifices semblent naturels.
« À la lumière de quelques bougies, sur un écran rond comme la lune suspendu au-dessus du clavecin, défilent des vignettes peintes à la main dans un dialogue libre et rêveur avec les pièces de François Couperin. » C’est ainsi que Louise Moaty résume le spectacle pour lanterne magique qu’elle a conçu avec la complicité du claveciniste Bertrand Cuiller. Elle a peint elle-même les images sur les plaques de verre qu’elle manipule, créant une féérie d’effets – des cascades d’eau, le soleil qui perce à travers les nuages… – tandis que l’on écoute des pièces évocatrices de Couperin (L’Amphibie, Les Ombres errantes, Les Tours de passe-passe…), de Pancrace Royer (La Marche des Scythes) ou de Rameau (Les Tendres Plaintes).
Jonathan Harvey, disparu en 2012, avait tiré deux interludes et une scène de son opéra Wagner Dream, créé en 2007 sur un livret de Jean-Claude Carrière. L’œuvre évoque la mort de Wagner, à Venise, victime d’une crise cardiaque tandis qu’il se souvient des Vainqueurs, un projet lyrique abandonné sur l’amour entre l’intouchable jeune fille Prakriti et le moine Ananda. Le premier interlude, comme l’expliquait Harvey, relate « le voyage qu’entreprend l’esprit de Wagner ». La scène qui suit se compose d’un air narratif chanté par Ananda et d’une ballade chantée par Prakriti. Le second interlude, enfin, prend la forme d’une danse lente au cours de laquelle les deux personnages s’attirent sans jamais se toucher. À ce singulier rêve wagnérien répond une création de Matthias Pintscher intitulée Bereshit, comme le premier mot de la Genèse, qui signifie « commencement ».
Sonia Wieder-Atherton joue Benjamin Britten. Charlotte Rampling prête les subtilités de sa voix aux poèmes de l’écrivaine américaine Sylvia Plath, qui mit tragiquement fin à ses jours en 1963. L’écriture de Plath, d’une force rarement égalée dans l’histoire de la littérature, fait ressortir les aspérités qui habitent le lyrisme des pages de Britten. Comme si la musique se mettait à rêver à voix haute, au fil de la plume de celle qui, dans sa nouvelle de 1958 intitulée Johnny Panic and the Bible of Dreams, se décrivait ainsi : « Chaque jour, de neuf heures à cinq heures, je suis assise à mon bureau […] et je dactylographie les rêves des autres. »
Cycle Rêves
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MARDI 17 SEPTEMBRE – 20H
La Lanterne magique de M. Couperin
Musique de Michel Corrette, François Couperin, Jean-Philippe Rameau et Joseph-Nicolas Pancrace Royer
Anton Webern/Johann Sebastian BachFuga (Ricercata) – extrait de L’Offrande MusicaleJonathan HarveyTwo Interludes and a Scene for an OperaBernd Alois ZimmermannSonate pour violoncelleMatthias PintscherBereshit
Au même titre que les Variations Goldberg ou L’Art de la fugue, deux œuvres qui la suivent et la précèdent et qui, comme elle, célèbrent la géniale invention contrapuntique, L’Offrande musicale BWV 1079 constitue un des chefs-d’œuvre de la fin de la vie de Bach. Particulièrement reconnaissable, notamment grâce à l’arpège initial et la longue descente chromatique centrale, le « thème royal », soumis à Bach par Frédéric II de Prusse lors de leur rencontre le 7 mai 1747, donne lieu à une extraordinaire diversité de réalisations, depuis le canon à deux voix jusqu’à la sonate en trio, en passant par la fugue et le ricercar – la fuga ricercata constituant la forme la plus complexe et la plus aboutie de l’écriture contrapuntique. C’est sans doute la raison pour laquelle Webern choisit de transcrire ce ricercar à six voix, ou plus précisément d’en livrer une analyse en musique, un commentaire proprement musical. En effet, la mélodie de timbres, ou Klangfarbenmelodie (principe qui consiste à attribuer à différents instruments, différents timbres, les notes d’un thème ou d’une mélodie), permet au transcripteur de mettre en valeur tel intervalle, tel motif, telle dissonance – sans jamais rompre la fluidité ni la souplesse de la musique de Bach. Comme l’écrit Webern au chef d’orchestre Hermann Scherchen : « Mon instrumentation essaye de mettre à nu les relations motiviques. Cela n’a pas toujours été facile. Naturellement, elle veut, au-delà, montrer comment je sens le caractère du morceau, de cette musique ! (...) Rien ne doit être mis à l’arrière-plan ! Pas même le plus minime son de trompette bouchée ne doit être perdu. Tout est essentiel dans cette œuvre et dans cette transcription. » Cette volonté de rendre clairs et compréhensibles la forme et le discours musicaux est aussi inscrite dans l’utilisation de la technique dodécaphonique, exploitée magistralement dans les propres œuvres de Webern au cœur des années 1930 et qui se voit irriguée par le style contrapuntique de Bach dont la modernité est à nouveau révélée ici.
Grégoire Tosser
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Jonathan Harvey (1939-2012)Two Interludes and a Scene for an Opera
Composition : 2005.
Commande : Two Interludes a initialement été commandé par l’ensemble Sinfonia 21 avec le soutien de la Fondation
Gulbenkian, puis par le London Sinfonietta avec le soutien du Arts Council England ; Scene (et le reste de l’opéra
Wagner Dream) a été commandé par l’Ircam- Centre Pompidou, le nederlandse Opera, le Grand Théâtre de
Luxembourg et le Holland Festival.
Réalisation informatique musicale Ircam : Gilbert nouno et Carl Faia.
Création : le 25 mars 2006 à Paris, Centre Pompidou, par l’Ensemble intercontemporain pour Scene, le 17 mars 2004
à Londres, au Queen Elizabeth Hall, par le London Sinfonietta et Martyn Brabbins, pour Two Interludes.
Effectif : soprano solo, ténor solo, flûte/flûte piccolo/flûte en sol, hautbois, clarinette en si bémol/clarinette en la,
clarinette en la/clarinette basse/clarinette en si bémol, basson/contrebasson, cor, trompette/bâton de pluie, trombone,
Mon travail sur Wagner Dream, qui évoque l’instant de la mort du compositeur, a précisément commencé par l’écriture de ces deux Interludes. C’est un instant chargé de réflexions sur Bouddha et sur l’opéra que Wagner projetait de composer sur la superbe légende de Prakriti, l’humble paysanne, et d’Ananda, le cousin et disciple du Bouddha Shakyamuni. Wagner rédigeait un texte sur cette légende lorsqu’il a été foudroyé. Le premier Interlude évoque la crise cardiaque qui l’a frappé et le voyage de son esprit immédiatement après, à travers l’Esprit clair et les « mille tonnerres ». Dans le bouddhisme, l’état dans lequel se trouve l’esprit au moment de la mort détermine l’existence future.
La Scène apparait plus tard dans l’opéra et est reprise du drame des Vainqueurs, le projet de légende bouddhiste sur lequel Wagner travaillait. C’est un moment « classique », une déclaration formelle des deux personnages principaux. On y entend une aria narrative d’Ananda et une ballade de Prakriti qui lui répond. Partant de cet élément formel, le drame (filtré par l’imagination de Wagner à l’article de la mort) suit les aventures de l’esprit inconscient. Mais avant cela, le second Interlude exprime le désir d’amour, et de transcendance par l’amour, que Prakriti commence à manifester. Cette page est une lente danse de séduction entre les deux personnages, qui ne se touchent pourtant jamais. La Scène mène directement et sans interruption au second Interlude, pour lequel j’utilise un important dispositif électronique en direct et des sons enregistrés. Chaque instrument peut faire l’objet d’un traitement électronique, que ce soit individuellement, de manière polyphonique ou en groupes. Carl Faia a assuré la programmation de l’informatique musicale de Two Interludes.
Un concours financier a été généreusement apporté par la Fondation Gulbenkian et l’Arts Council d’Angleterre pour les recherches en matière de traitements électroniques. Les Interludes ont été composés à l’invitation du London Sinfonietta. L’électronique de la Scène (et du reste de l’opéra) a fait l’objet d’une commande conjointe de l’Ircam, du nederlandse Opera et du Grand Théâtre de Luxembourg. Gilbert nouno est le réalisateur en informatique musicale de ce travail gigantesque.
Jonathan Harvey
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Jonathan Harvey Two Interludes and a Scene for an Opera
PrakritiAre you really a noble man?
Anandanot any more.
PrakritiWhat do you mean?
AnandaI’ve left these words behind. They don’t mean anything to me now.
PrakritiBut you’re a cousin of Prince Siddartha?
AnandaYes. And, as you see, one of his followers.
PrakritiTell me about him.
AnandaWhat do you want to know?
PrakritiWhy he is called the Buddha. The awakened one.
AnandaBecause he left his palace by the water, a long time ago. He wanted to know why we suffer. He wanted to know why suffering is our condition. And how we could be saved from it. He asked many people, he visited many places, he retired to the forests. Until one day he awakened. He understood everything. He understood why suffering is our condition. He understood why we suffer. He understood how we could be freed. And he started walking, going everywhere preaching. I followed him.
PrakritiThen why do the brahmins reject him?
PrakritiÊtes-vous vraiment un noble ?
AnandaPlus maintenant
PrakritiQue voulez-vous dire ?
AnandaJ’ai laissé ces titres derrière moi. Ils ne signifient plus rien pour moi à présent.
PrakritiMais vous êtes bien un cousin du Prince Siddhârta ?
AnandaOui. Et comme vous pouvez le voir, un de ses disciples.
AnandaCar il a quitté son palais au bord de l’eau, il y a fort longtemps. Il voulait découvrir pourquoi nous souffrons. Il voulait comprendre pourquoi la condition humaine est de souffrir, et comment nous en libérer. Il a interrogé beaucoup de monde, visité de multiples régions, s’est retiré dans des forêts. Jusqu’à ce qu’un jour, il s’éveille. Il comprit tout. Il comprit pourquoi la souffrance est notre condition. Il comprit pourquoi nous souffrons et comment nous libérer. Alors, il a commencé à marcher, à pêcher un peu partout. Et je l’ai suivi.
PrakritiAlors, pourquoi les brahmanes le rejettent-ils ?
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AnandaBecause he tells the truth.
PrakritiHow is your life?
AnandaWe go chanting, begging, meditating.
PrakritiWhy do you meditate? About what?
AnandaWe try to overcome our desires and hatreds.
PrakritiYou have desires?
AnandaSome.
PrakritiWhich desires? Tell me!
Ananda hesitates then says:
AnandaMy cousin says I’m too fond of women. And it’s a weakness, he says.
PrakritiWhy is it a weakness?
Instead of answering her question, Ananda says:
AnandaWhat about you? What do you expect from life?
As an answer, she sings a ballad:
BalladShe met an old man on her wayHe asked her: where are you going?She said: I’m looking for a princeDon’t waste your time, said the old man.
AnandaParce qu’il enseigne la Vérité.
PrakritiEt quelle est votre vie ?
Anandanous chantons, nous mendions, nous méditons.
PrakritiPourquoi méditez-vous ? À propos de quoi ?
Anandanous essayons de vaincre nos désirs et nos animosités.
PrakritiVous avez des désirs ?
AnandaQuelques-uns.
PrakritiQuels désirs ? Racontez-moi !
Ananda hésite puis déclare :
AnandaMon cousin dit que j’aime trop les femmes. Il dit aussi que c’est une faiblesse.
PrakritiPourquoi est-ce une faiblesse ?
Au lieu de répondre à sa question, Ananda demande :
AnandaEt toi ? Qu’attends-tu de la vie ?
En réponse, elle se met à chanter une ballade :
BalladeElle rencontra un vieil homme sur son cheminIl lui demanda : où allez-vous ?Elle répondit : je cherche un princene perdez pas votre temps, dit le vieil homme.
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When she came back, night had fallenThe old man asked: did you find him?no, she said, and now I am lateDon’t waste your time, said the old man.
next day the old man still was thereBegging his life as the girl cameShe said to him: I must hurryDon’t waste your time, said the old man.
When she came back she was exhaustedShe was sobbing and desperateShe saw the old man in the darkAnd she sat next to him in tears.
Don’t cry, he said, look at my faceHe was radiant and beautifulShe said in surprise: Who are you?Does it matter? He answered.
She said to him: how could I knowThat you were so close to me?He said to her: how could I knowThat you were looking for me?
At the end of the song, Prakriti has tears in her eyes.
Ananda asks her:
AnandaWhy do you look so sad? Why do you have tears in your eyes? Why did you choose that song?
She doesn’t answer.
They keep quiet and look at each other for a moment. They’re falling in love. They almost embrace. Their movements are a slow, silent and erotic dance of attraction, but they don’t touch each other.
At the back Lord BUDDHA appears, unseen by Ananda.
Quand elle passa de nouveau, la nuit était tombée.Le vieil homme demanda : l’avez-vous trouvé ?non, répondit-elle, et maintenant je suis en retardne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.
Le jour suivant, le vieil homme était toujours làMendiant sa vie, quand la jeune fille arrivaElle lui dit : Je dois me dépêcherne perdez pas votre temps, dit le vieil homme.
Quand elle revint, elle était épuisée.Elle était en sanglots et désespéréeElle vit le vieil homme dans la pénombreEt elle s’assit près de lui, tout en pleurs.
ne pleurez pas, dit-il, regardez-moiSon visage était rayonnant et magnifiqueÉtonnée, elle demanda : Qui êtes-vous ?Quelle importance ? Répondit-il.
Elle lui dit : comment pouvais-je savoirQue vous étiez si près de moi ?Il lui dit : comment pouvais-je savoirQue vous étiez à ma recherche ?
À la fin de la chanson, Prakriti a les larmes aux yeux.
Ananda lui demande :
AnandaPourquoi avez-vous l’air si triste ? Pourquoi vos yeux sont-ils noyés de larmes ? Pourquoi avoir choisi cette chanson ?
Elle ne répond pas.
Ils demeurent silencieux, s’observent pendant un moment. L’amour s’éveille, ils s’embrassent presque. Leurs mouvements sont lents, danse silencieuse et érotique de l’attraction, mais ils ne se touchent pas.
En arrière-plan, le Bouddha apparaît. Ananda ne le voit pas.
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Bernd Alois Zimmermann (1918-1970)Sonate pour violoncelle seul – … et suis spatiis transeunt universa sub caelo (L’Ecclésiaste III, 1)
Rappresentazione
Fase
Tropi
Spazi
Versetto
Composition : 1960.
Dédicace : « à ma femme ».
Création : le 23 avril 1960 à Stuttgart par Siegfried Palm.
Effectif : violoncelle seul.
Éditeur : Modern.
Durée : environ 14 minutes.
Bernd Alois Zimmermann fut un lecteur assidu de L’Ecclésiaste, livre biblique auquel il emprunta dans maintes œuvres et dont le troisième chapitre est une splendide méditation sur le temps. Là se déclinent le temps de la chronologie, à l’image de l’irréversibilité de nos existences, qui nous mène inexorablement vers la mort, mais aussi le cycle des événements, incessamment recommencés, comme les saisons ou l’alternance du jour et de la nuit, et un autre temps, éthique, celui la courbure, par lequel nous atteignons l’existence vertueuse et discernons le bien et le mal. « Il y a un moment pour tout ». Et la Bible d’ajouter : « Un temps pour toute chose sous le ciel ». Selon la traduction allemande de Luther, tout projet, tout dessein, toute intention a « son heure », son moment favorable, tandis que la Vulgate latine, par une périphrase que la Sonate pour violoncelle de Zimmermann porte en exergue, insiste sur le caractère transitoire de ce qui est ici-bas, le passage, la traversée par des étendues, des distances, des espaces, des intervalles, mais aussi des durées ou des laps de temps propres.
Ce que Zimmermann a admirablement perçu et traduit dans les cinq mouvements de l’œuvre (Rappresentazione, Fase, Tropi, Spazi et Versetto), divisés en brefs fragments ou tesselles de sons, c’est une telle multiplicité du temps : « Rêves, pensées et réalités apparaissent et alternent avec les souvenirs, les attentes et l’irréalité », écrit-il de sa Sonate. Mais cette multiplicité, que cisèlent les modes de jeu, les timbres, les densités et les strates de la polyphonie, hautement différenciés, tend à un dépassement : « Phases, couches et espace seront rassemblés dans l’unité du flux temporel de la perception et simultanément déployés dans cette même unité ». Il en résulte une insistance sur le présent, qui ne se tient pas seulement entre passé et futur, mais recueille la totalité des relations de l’œuvre, le souvenir de ce que l’on vient d’entendre et l’attente de ce qui, bientôt, suivra. À cette condition, chère à Zimmermann, qui la puise à la source de L’Ecclésiaste et de philosophes modernes, le temps est l’horizon de l’être : le temps tel qu’il se constitue dans la conscience – la conscience que nous en avons –, mais aussi notre conscience, à chacun de nous, en tant qu’elle est temporelle.
Laurent Feneyrou
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Matthias Pintscher (1971)Bereshit
Composition : 2011-2013
Commande : Ensemble intercontemporain et Saint Paul Chamber Orchestra.
Création : le 24 mai 2013 à Saint Paul, Ordway Theater, par le Chamber Orchestra sous la direction de Matthias
Bereshit traite de la naissance des choses, de l’acte créateur et de son inconcevabilité. « À un commencement… » renvoie au mythe biblique de la création : « Bereshit » est le premier mot de la Torah, de l’Ancien Testament. Ce mot parle d’un à peu près, d’« un » commencement – et non « du » commencement –, d’une césure. C’est le point de départ de l’œuvre de Matthias Pintscher pour grand ensemble : « Bereshit naît d’une sonorité initiale comme du néant absolu, d’un son qui se réduit à des bruits exclusivement percussifs à partir desquels des éléments se détachent et se densifient. C’est une pièce très végétative dont le matériau est traité pour ainsi dire chronologiquement : il se révèle lentement. L’idée de l’œuvre est de dégager à partir d’un état sonore originel toute une série de sons, de gestes, de rythmes, d’orchestrations. »
Cette représentation authentique d’un processus devient ici un véritable programme : « Ce sont les sonorités et les couleurs fluides qui m’intéressent, l’idée d’un timbre en perspective. Il est question dans cette pièce de ce grand fleuve, d’un continuum de sonorités et d’événements qui se transforme constamment en grandissant. Ce n’est que progressivement que les choses se stabilisent, que se produisent des événements solistes. Bereshit poursuit ce que j’ai développé ces dernières années dans le domaine du timbre. Dans la conception sonore et par son effet spatial, cette pièce va bien au-delà des dimensions de musique de chambre que lui donne l’ensemble instrumental. »
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrices : Véronique Brindeau et Gaëlle Plasseraud | Graphiste : Ariane Fermont
Et aussi…
> CONCERTS
MERCREDI 30 OCTOBRE, 20H
Arnold SchönbergLa Nuit transfiguréeSamuel BarberConcerto pour violonDmitri ChostakovitchSymphonie n° 9
Chamber Orchestra of EuropeJaap van Zweden, directionHilary Hahn, violon
MARDI 19 NOVEMBRE, 20H
Johann Sebastian BachConcerto pour piano n° 5Ludwig van BeethovenSymphonie n° 4Wiltold LutoslawskiMusique funèbreLudwig van BeethovenConcerto pour piano n° 3
Münchener KammerorchesterAlexander Liebreich, directionAlexandre Tharaud, piano
> MÉDIATHÈQUE
En écho à ce concert, nous vous proposons…
> Sur le site internet http://mediatheque.cite-musique.fr
… de regarder un extrait vidéo dans les « Concerts » :Towards Osiris de Matthias Pintscher par l’Ensemble intercontemporain, Pierre Boulez (direction), enregistré à la Salle Pleyel en 2007
… d’écouter un extrait audio dans les « Concerts » :Sonate de Bernd Alois Zimmermann par les Solistes de l’Ensemble intercontemporain, enregistré à la Cité de la musique en 2003 • Fuga d’Anton Webern par l’Orchestre du Conservatoire de Paris, Michael Gielen (direction), enregistré à la Cité de la musique en 2002
(Les concerts sont accessibles dans leur
intégralité à la Médiathèque de la Cité de la
musique.)
… de regarder dans les « Dossiers pédagogiques » :La musique allemande après 1945 dans les « Repères musicologiques »
> À LA MÉDIATHÈQUE
… de lire :Anton von Webern de Alain Galliari • Jonathan Harvey de Arnold Whittall • Bernd Alois Zimmermann de Wulf Konold
> WEEK-END TURBULENCES
Pascal DusapinChemins de traverse
VENDREDI 18 OCTOBRE, 20H
Giacinto ScelsiOkanagonJohannes OckeghemMotet « Intemerata Dei Mater »Edgar VarèseIntégralesRobert MortonChanson « L’Homme armé »Pierre de La RueMesse « L’Homme armé » : Agnus DeiIannis XenakisThalleinJosquin DesprezMotet « Christus Mortuus est pro nobis »Jean RichafortMesse de requiem (in memoriam Josquin Desprez)Samy MoussaKammerkonzertAntoine BrumelMesse à six voixPascal DusapinJetzt genau!
Ensemble intercontemporainCapilla FlamencaPeter Rundel, directionSébastien Vichard, piano
SAMEDI 19 OCTOBRE, 17H30
Conférence : « La musique du cerveau : du bruit qui pense ? »
Franco DonatoniLumen
Solistes de l’Ensemble intercontemporainJulien Leroy, directionStanislas Dehaene, chercheur en psychologie cognitivePascal Dusapin, compositeur
DIMANCHE 20 OCTOBRE 2013, 16H30
Autour de Samuel Beckett
Pascal DusapinQuadMorton FeldmanFor Samuel Beckett