UNIVERSITE FRANCOIS RABELAIS UFR DE MEDECINE - TOURS & AFRATAPEM Association Française de Recherche & Applications des Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine Une expérience d'art-thérapie auprès d'une résidente Atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi En Maison d'Accueil Spécialisé. Mémoire de fin d'études du Diplôme Universitaire d'Art-thérapie Présenté par Ludivine MANSIERE Année 2005 Sous la direction de Cécile GEOFFRIAULT - Art-thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours. - Psychologue Clinicienne. Stage effectué à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil Impasse de la Chaumellerie 86240 Iteuil
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UNIVERSITE FRANCOIS RABELAIS
UFR DE MEDECINE - TOURS
&
AFRATAPEM
Association Française de Recherche & Applications des
Techniques Artistiques en Pédagogie et Médecine
Une expérience d'art-thérapie auprès d'une résidente
Atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi
En Maison d'Accueil Spécialisé.
Mémoire de fin d'études du Diplôme Universitaire d'Art-thérapie
Présenté par Ludivine MANSIERE
Année 2005
Sous la direction de Cécile GEOFFRIAULT
- Art-thérapeute diplômée de la Faculté
de Médecine de Tours.
- Psychologue Clinicienne.
Stage effectué à la Maison d'Accueil
Spécialisé d'Iteuil
Impasse de la Chaumellerie
86240 Iteuil
Remerciements :
Ce travail d'investigations n'aurait pu s'effectuer sans ceux que je tiens à remercier :
- Les résidents de la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil et plus
particulièrement Michèle qui ont accepté ma présence et sans lesquels ce mémoire n'aurait pu
être rédigé.
- M. Malouvet Laurent, directeur de mon stage,pour sa disponibilité, son
écoute et ses précieux conseils.
M. Marcé, directeur de la Maison d'Accueil Spécialisé, ainsi que toute son équipe, pour
m'avoir accueilli au sein de cette structure.
- Mme Geoffriault Cécile, directrice de mémoire, art-thérapeute diplômée de la
faculté de médecine de Tours et psychologue clinicienne, pour le temps consacré à diriger
mon travail, pour son écoute, ses éclairages cliniques, ses conseils techniques et son esprit
critique. Merci pour sa disponibilité quant à l'élaboration de cet écrit.
- M. Forestier Richard ainsi que l'équipe de l'AFRATAPEM et du DU d'art-
thérapie pour le suivi qu'ils ont su apporter à mon travail.
- Les résidents et les animateurs du groupe de percussions africaines du Foyer
Médicalisé de St Trojan-les-bains pour leur amabilité et leur disponibilité.
Tables des matières :
Introduction p. 1
I. L'adulte atteint du syndrome de Rubinstein-Taybi, accueilli
en Maison d'Accueil Spécialisé, peut accroître son autonomie
en bénéficiant de techniques musicales : p. 3
A. L'adulte atteint du syndrome de Rubinstein-Taybi
a une qualité de vie perturbée car il manque d'autonomie : p. 3
1. Le Syndrome de Rubinstein-Taybi est une anomalie
du développement de l'embryon qui engendre des troubles
physiologiques ainsi qu'une arriération mentale : p. 3
a. Une approche génétique, clinique
et neuro-psychologique permettent une meilleure compréhension
du Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 3
a. 1. L'approche génétique du
Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 3
a. 2. L'approche clinique du
Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 4
a. 3. L'approche neuropsychologique du
Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 5
b. Un retard de croissance et des critères
dysmorphiques caractérisent le Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 8
c. L'arriération mentale est un symptôme majeur
du Syndrome de Rubinstein-Taybi. p. 9
2. Ces troubles altèrent la qualité de vie
de l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 10
a. L'adulte atteint de cette pathologie a une
mobilité réduite. p. 10
b. La qualité de vie de l'adulte atteint
du Syndrome de Rubinstein-Taybi est altérée par la perte
progressive de la vue et de l'audition. p. 11
c. Progressivement, l'adulte atteint du Syndrome
de Rubinstein-Taybi ne peut s'assumer seul et devient dépendant. p. 11
3. L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi
est dépendant et en souffre: p. 15
a. L'adulte atteint du Syndrome
de Rubinstein-Taybi a besoin d'un accompagnement au quotidien. p. 15
b. Cette dépendance entraîne une réelle souffrance. p. 16
c. Cette souffrance est une des raisons
pour lesquelles l'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi
nécessite une prise en charge paramédicale. p. 16
B. La musique est une technique artistique
qui implique l'autonomie, l'expression et la volonté
de la personne : p. 18
1. La musique regroupe différentes pratiques
qui mettent en oeuvre la sensorialité de l'être humain : p. 18
a. L'écoute musicale sollicite l'organe sensoriel
nommé oreille. p. 18
b. Le chant nécessite le bon fonctionnement
des cordes vocales et du larynx : organes essentiels de la phonation. p. 19
c. La pratique instrumentale induit
une motricité du corps : p. 20
2. La musique est un outil d'expression spécifique
et implique une dynamique relationnelle : p. 21
a. L'expression dépend d'un mécanisme
neurophysiologique : p. 25
b. Certains chanteurs utilisent la musique pour faire
passer un message : p. 26
3. La musique est un art : p. 30
*. L'art se présente sous différentes orientations: p. 30
- Les arts d'agréments et de confort : p. 30
- Les arts d'accompagnement ou arts pratiques : p. 31
- Les arts de la beauté : p. 31
4. La pratique instrumentale est
un acte volontaire dirigé vers l'esthétique : p. 32
a. A travers l'expression artistique, l'être humain
recherche une gratification sensorielle : p. 32
b. L'acte volontaire dirigé est le résultat
d'une phase intentionnelle : p. 33
c. La capacité d'action volontaire est nécessaire
à la recherche esthétique : p. 33
C. Diverses expériences montrent que des personnes
accueillies en Maison d'Accueil Spécialisé participent
à des activités musicales : p. 34
1. Un atelier de percussions africaines est mis en place
au foyer médicalisé de St trojan : p. 34
2. Un atelier conte musical est proposé quotidiennement
à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil : p. 35
II. Etude de cas concernant un atelier d'art-thérapie
à dominante musicale : p. 37
A. Lieu de vie, la Maison d'Accueil
Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil propose des soins
spécifiques aux résidents : p. 37
1. La Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil
est crée en 1994 : p. 37
a. Des textes législatifs régissent l'organisation
de la Maison d'Accueil Spécialisé: p. 37
a. 1. Historique de la Maison d'Accueil Spécialisé : p. 37
a. 2. Structure de la Maison d'Accueil Spécialisé : p. 38
a. 3. Le personnel de la Maison d'Accueil
Spécialisé comprend : p. 38
b. Un organigramme structure la Maison
d'Accueil Spécialisé d'Iteuil: p. 40
2. La Maison d'Accueil Spécialisé
"La Solidarité" d'Iteuil se compose
d'une équipe pluridisciplinaire : p. 41
a. Cette équipe travaille en collaboration
sur les projets individualisés. p. 41
b. Des réunions spécifiques regroupent ces professionnels : p. 44
3. La Maison d'Accueil Spécialisé "La Solidarité"
d'Iteuil propose différents ateliers d'expression artistique : p. 44
a. Un atelier arts-plastiques a lieu de façon hebdomadaire : p. 44
b. Un atelier de percussions est proposé aux résidents : p. 45
c. Les résidents peuvent participer à l'activité théâtre : p. 45
B. Les prises en charge individuelles en art-thérapie
à dominante musicale se mettent en place dans la continuité
du stage de première année d'Intervenant Spécialisé en Art-thérapie : p. 46
1. Les prises en charge en art-thérapie s'organisent
selon un cadre spécifique : p. 46
a. Une rencontre avec l'équipe pluridisciplinaire
s'avère nécessaire pour expliquer le projet : p. 47
b. Une salle adaptée est mise à notre disposition
pour les séances d'art-thérapie : p. 48
c. La prise en charge s'inscrit dans le projet individuel du
résident : p. 49
2. Le protocole de prise en charge engendre une
évaluation : p. 50
a. La rencontre avec les résident semble nécessaire
au préalable : p. 50
b. Des outils sont spécifiques à l'art-thérapeute
comme les items et la fiche d'observation : p. 51
c. Ces évaluations sont partagées en équipe
pluridisciplinaire : p. 52
C. Etude de cas concernant une résidente atteinte
du Syndrome de Rubinstein-Taybi prise en charge en atelier
d'art-thérapie à dominante musicale. p. 53
1. Michèle est une femme atteinte
du Syndrome de Rubinstein-Taybi : p. 53
a. L'anamnèse de Michèle ainsi que son
dossier médical sont à la disposition du stagiaire : p. 53
b. La rencontre avec Michèle s'effectue
progressivement lors des premières séances et hors de l'atelier : p. 55
c. Les premiers objectifs thérapeutiques sont établis : p. 56
d. La prise en charge avec Michèle commence par
la recherche d'une pratique musicale: p. 56
2. Cette étude de cas témoigne d'une évolution
significative relative à la communication et à l'accroissement
de l'autonomie : p. 57
a. Une séance d'art-thérapie à dominante musicale
se déroule selon une organisation précise : p. 58
- a. 1. Un rituel s'installe avant de débuter une séance : p. 58
- a. 2. La première partie de la séance est consacrée
à un temps de musique instrumentale : p. 59
- a. 3. Un temps de musique vocale s'insère dans la
continuité de la séance : p. 59
- a. 4. Pour clore la séance d'art-thérapie,
Michèle apprend à ranger le matériel avant que je ne la
raccompagne jusqu'à son unité : p. 60
b. Michèle s'autorise à parler avec l'art-thérapeute
et devient plus autonome: p. 60
✳ L'évaluation permet d'observer l'évolution
de la communication de Michèle : p. 61
✳ L'évaluation permet également d'observer
l'accroissement de l'autonomie de Michèle. p. 74
c. Les progrès de Michèle sont constatés en dehors
des ateliers d'art-thérapie par l'équipe pluridisciplinaire : p. 92
3. Un atelier d’art-thérapie à dominante musicale peut aider une résidente atteinte du
Syndrome de Rubinstein-Taybi à accroître son autonomie et à diminuer ses troubles de la
communication. p. 95
III. Différences et complémentarités entre divers
ateliers spécifiques présents en Maison d'Accueil Spécialisé : p. 97
1. L'ergothérapie et l'art-thérapie tiennent une place
importante dans le processus de soin prescrit aux résidents
de la Maison d'Accueil Spécialisé. p. 97
a. L'ergothérapie propose une aide éducative
pour les personnes porteuses de troubles psychiques et physiques. p. 97
b. L'art-thérapie s'oriente vers l'exploitation
du potentiel artistique dans une visée thérapeutique et humanitaire. p. 98
2. L'ergothérapie et l'art-thérapie divergent
sur plusieurs points : p. 99
a. L'ergothérapie utilise l'activité artisanale
qui amène au processus d'apprentissage ; l'art-thérapie
met en relief les techniques artistiques en privilégiant une guidance artistique. p. 99
b. L'ergothérapeute et l'art-thérapeute utilisent
des outils d'évaluation différents. p. 101
c. L'ergothérapeute utilise la technique rééducative
en fonction de la pathologie; l'art-thérapeute prend en
Les arts d'accompagnements ou arts pratiques autorisent la mise en valeur d'une autre
activité, d'ordre spirituelle, quotidienne, pratique, etc. ... Le compositeur d'une musique sacrée
va, par exemple, tout mettre en oeuvre pour créer un chant ou une musique qui glorifie Dieu.
Pour cela, il va essayer de la faire la plus mélodieuse possible. Toutefois, la finalité sera
l'adoration divine et non pas l'esthétique.
- Les arts de la beauté
Les arts de la beauté ont pour seul et unique but la recherche de la qualité esthétique.
Les personnes concernées sont les artistes. Par le biais de techniques liées à l'artisanat, ils
parviennent à un idéal esthétique, à une projection d'eux-mêmes dans leurs créations.
Ces propos sont illustrés par un schéma proposé dans le livre de R. Forestier, Tout savoir sur
l'art-thérapie, p. 224 .
4 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 22
(a) L'homme produit des objets pour se protéger, ils répondent à une fonction bien définie. Il
acquiert des savoirs ou produit.
(b) L'homme crée des objets utiles, avec un style propre.
(c) L'homme recherche un plaisir sensoriel.
(d) Savoir-faire mis en oeuvre dans le but d'une recherche esthétique.
(e) Capacité de percevoir sensoriellement et d'analyser de façon hiérarchique.
4. La pratique instrumentale est un acte volontaire dirigé vers l'esthétique :
a. A travers l'expression artistique, l'être humain recherche une gratification
sensorielle :
L'homme, dans sa pratique artistique, semble à la recherche de l'esthétique, c'est-à-
dire, d'une gratification sensorielle en elle-même, par elle-même et pour elle-même. Cette
gratification sensorielle ne peut exister que dans un bon rapport entre le fond et la forme.
Le fond est ce qui plaît ; il appartient au domaine des affects, du ressenti, donc du subjectif et
du singulier. C'est ce qui est propre à chacun.
Homme
Esthésie
Techné Savoir-faire
(e)
(a)
Esthétique (c) Agréable goût
(d) Artiste Impression différente
Oeuvre d'art
Artisan (b) Utile, style
La forme correspond à ce qui est observable, de l'ordre du commun, des moyens que l'on va
mettre en oeuvre pour parvenir à notre but. La forme correspond au domaine de l'objectif.
b. L'acte volontaire dirigé est le résultat d'une phase intentionnelle :
La volonté de faire et de retranscrire ses émotions par l'expression artistique va être
engendrée par les choses extérieures qui touchent la personne. Une intention de faire va se
mettre en place, l'artiste va alors imaginer sa production future. Il va également projeter
l'intensité de l'émotion qu'il souhaite recevoir face à son oeuvre achevée. Ce processus
correspond à un principe d'idéalisation de ce qu'il aimerait réaliser.
C'est à l'aide de techniques artistiques que l'artiste va mettre en oeuvre son intention. Il
va rechercher dans ses connaissances, qu'il a engrangé depuis toujours, pour exprimer son
intention. Il va passer de l'intérieur vers l'extérieur. Quelque chose de concret va apparaître, de
visible, de tactile, d'audible.
Il va adapter les outils, connaissances et méthodes afin de satisfaire son intention de départ.
Il lui faudra utiliser de la façon la plus juste les moyens au service de son intention
esthétique afin d'arriver à une belle production. Lorsque la production artistique est achevée,
le processus d'idéalisation prend fin. C'est là qu'il pourra établir une sorte de bilan sur sa
production en se demandant s'il est parvenu à son idée de départ : est-ce que son propre plaisir
est satisfait ?
c. La capacité d'action volontaire est nécessaire à la recherche esthétique:
Si la personne ne ressent pas l'envie de recherche artistique, elle ne pourra accéder au
plaisir d'une expression artistique. La capacité d'action volontaire induit que la personne
agisse intentionnellement pour quelque chose.
Ceci implique que le développement psychomoteur et intellectuel lui permettent le passage de
l'art I à l'art II. C'est-à-dire, le passage du globale et de l'anarchique à une expression
spécifique ordonnée avec pour médiateur la technique artistique.
C. Diverses expériences montrent que des personnes accueillies en Maison
d'Accueil Spécialisé participent à des activités musicales :
1. Un atelier de percussions africaines est mis en place au foyer médicalisé de St
Trojan (17) :
Chaque mercredi après-midi de 15h à 16h30, un atelier de percussions africaines est
proposé aux résidents du Foyer Médicalisé de St Trojan (17).
Trois animateurs encadrent l'atelier et huit résidents y participent. L'indication de cet atelier
leur a été posée en fonction de leur motivation et surtout de leur capacité à y participer. Le
polyhandicap engendre souvent une incapacité à jouer d'un instrument, d'autant que les
percussions nécessitent une bonne motricité de la main et une certaine dextérité.
Plusieurs représentations annuelles sont prévues à l'extérieur du foyer. Par exemple, un
spectacle à Poitiers ( 86 ) dans le cadre de l'anniversaire de la Maison d'Accueil Spécialisé
d'Iteuil, ou bien encore une représentation à La Rochelle ( 17 ) pour la manifestation annuelle
intitulée "Art et handicap".
Un projet à long terme serait l'enregistrement d'un Compact Disque reprenant quelques
titres du groupe de percussions.
Cet atelier vise plusieurs objectifs :
- Donner la capacité aux résidents de tenir une rythmique. Dans un groupe de
percussions, le plus important réside souvent dans le fait de savoir tenir sur la durée une
rythmique proposée. Ceci s'avère une action difficile avec le public polyhandicapé. Les divers
handicaps, moteurs ou mentaux, conduisent souvent la personne à s'isoler des autres. Or,
l'atelier de percussions propose de former un groupe qui s'unisse autour d'un même rythme. Il
faut donc écouter les autres musiciens, ne plus être dans une démarche individuelle mais
collective. Les résidents deviennent progressivement acteurs dans une dynamique de groupe.
Un travail sur l'attention et la concentration est également prévu afin que les résidents
puissent maintenir un accompagnement rythmique pendant la durée d'un morceau.
- Le second objectif consiste à travailler les capacités cognitives telles la
mémoire. Etre capable de se souvenir de la structure d'un morceau par exemple. Un morceau
de musique peut être composé de plusieurs parties, il est alors nécessaire de savoir dans quel
ordre elles sont jouées. Pour les traumatisés crâniens, se souvenir de plusieurs éléments peut
s'avérer une difficulté. En apprenant des rythmiques différentes au fil des séances, ces
résidents semblent être en mesure de reproduire un schéma musical.
- Par des répétitions hebdomadaires de divers morceaux de musique, les
animateurs de l'atelier percussions africaines souhaitent inculquer aux résidents les notions de
persévérance, de dextérité, de patience nécessaires à tout instrumentiste.
- Les projets de spectacles : objectifs visant la capacité à donner une
représentation en public, à se mettre en scène et ainsi, valoriser l'image et le rôle social des
résidents.
Ce travail amène les résidents à s'exprimer avec leur corps et leurs expressions.
Adapter l'activité musicale aux capacités de chaque résidents : Prenons l'exemple d'une
personne présentant un traumatisme crânien qui reste par conséquent lent dans l'exécution de
ses actes : dans un groupe de percussions, l'élément important s'articule autour de la
rythmique. Pour que la personne traumatisée crânien puisse participer à son rythme, les
animateurs adaptent l'activité en proposant à cette résidente de soufflée dans un sifflet avec un
mesure d'un temps sur trois. Les rôles peuvent alors être inversés puisqu'elle va guider le
groupe et donner la pulsation. Cette solution adaptée lui montre qu'elle peut appartenir au
groupe et qu'elle y tient même une place importante prenant celle du meneur.
2. Un atelier conte musical est proposé quotidiennement à la Maison d'Accueil
Spécialisé d'Iteuil :
Pour la troisième année consécutive, l'atelier conte musical est proposé à la Maison
d'Accueil Spécialisé d'Iteuil. Huit personnes assurent l'encadrement dont un animateur, des
aides-soignants et Aides médico-psychologiques. Cet atelier a lieu une fois par semaine le
jeudi après-midi pendant deux heures et demi.
Neuf résidents y participent. Ce sont des personnes qui s'étaient déjà investies dans des
activités d'expression artistique auparavant telles la musique, le théâtre, etc. ...
Cet atelier propose aux résidents une activité pluri-artistique, puisque la musique, le
conte, les arts-plastiques, le théâtre et cette année, la manipulation de marionnettes sont des
pratiques utilisées.
Chaque résident choisit l'activité qu'il préfère et contribue ainsi à la réalisation du conte
musical. Un thème est choisi en accord avec les résidents et les animateurs. Puis, chaque
atelier fonctionne indépendamment. La mise en commun des différentes activités est réalisée
en fin de séance.
Le but de l'atelier vise la réalisation d'un spectacle que les résidents donneront en
extérieur. Le conte musical "Les visages sont les plus beaux paysages" a été joué dans
plusieurs salles de la région poitevine. Un journaliste a filmé tout au long de l'année
l'évolution du spectacle et a réalisé un film-documentaire.
II. Etude de cas concernant un atelier d'art-thérapie à dominante musicale :
A. Lieu de vie, la Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil propose des
soins spécifiques aux résidents :
1. La Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" d'Iteuil est crée en 1994 :
La Maison d'Accueil Spécialisé "La solidarité" située à Iteuil, dans le département de
la Vienne, accueille 48 résidents pour lesquels elle devient un lieu de vie. Des soins médicaux
et paramédicaux spécifiques sont adaptés aux résidents. Une place importante est consacrée
aux pratiques artistiques (Telles le théâtre, les arts-plastiques) et à la diversité des activités
proposées aux résidents.
a. Des textes législatifs régissent l'organisation de la Maison d'Accueil
Spécialisé:
Les Maisons d'Accueil Spécialisé ont été créées par les lois 75-534 et 75-535 du
30.06.1975 et par les décrets 88-1211 du 26.12.78.
La loi 2002 du 2 Janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico sociale, s’applique dans son
intégralité à la Maison d’Accueil.
La loi de décentralisation de 1984 a laissé les Maisons d'Accueil Spécialisé sous contrôle direct
de l’Etat. Leur financement est assuré par une convention passée entre la C.R.A.M et
l’Association Gestionnaire. Le paiement étant effectué par la C.P.A.M du lieu de résidence de
la Maison d'Accueil Spécialisé.
Cette convention fixe les droits, les devoirs et les limites du budget.
L’accueil des résidents est possible après orientation de la COTOREP. L’orientation peut être
prise entre la seizième et la soixantième année.
a. 1. Historique de la Maison d'Accueil Spécialisé :
Suite à l’arrêté préfectoral du 12 Mai 1992 et du 26 Octobre 1993, la Maison d'Accueil
Spécialisé "La Solidarité" a ouvert ses portes le 21 Septembre 1994.
Cette Maison d'Accueil Spécialisé dépend du C.L.P - A.P.A.J.H (Comité local Poitevin -
Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés) qui est une Association de type loi 1901,
adhérante d’une fédération de parents au niveau national : l’A.P.A.J.H.
Le CLP - A.P.A.J.H a été crée en 1971, pour l’ouverture de son premier établissement l’Institut
Médico-Educatif des Varennes, devenu depuis son déménagement et son nouvel agrément
l’Institut Médico-Educatif Roger Godin.
Cette association gère également un C.A.T, le C.A.T Henri Bucher, une Section Annexe et un
Foyer pour adultes handicapés.
L’ouverture de la Maison d'Accueil Spécialisé s’est effectuée progressivement. Elle a été
entièrement réalisée au 1er Janvier 1995. A ce jour elle comprend 40 internes, 8 externes et un
personnel de 46 équivalences temps plein soit 60 salariés.
Elle a été inaugurée le 24 Mars 1995 et fonctionne aujourd'hui avec effectif complet.
a. 2. Structure de la Maison d'Accueil Spécialisé :
La Maison d’Accueil Spécialisée est équipée d’un matériel adapté pour le confort, les
soins, les apprentissages et l'épanouissement des résidants.
Sont accueillis 40 résidants en internat et 8 en externat. Ils ont tous été orientés par la
COTOREP, conformément à l’article 14 de la loi 75534. Ce sont des personnes handicapées
incapables de se suffire à elles-mêmes dans les actes essentiels de l’existence. Aucune d’elles
n’est autonome.
La Maison d’Accueil Spécialisée accueille également une section d’adultes traumatisés
crâniens de dix places. Ces résidents sont regroupés en une unité spécifique qui a son propre
mode de fonctionnement.
a. 3. Le personnel de la Maison d'Accueil Spécialisé comprend :
- Cinq animateurs :
De part leur statut conventionnel, les animateurs ont un rôle de coordinateur et
d’animation dans l’unité où ils travaillent.
Ils sont les garants des projets individuels et de leur cohérence avec le projet de l’établissement.
Ils veillent au bon fonctionnement de l'unité, au bien-être des résidents, se chargent d'organiser
des rendez-vous réguliers avec les familles. Les animateurs organisent des sorties diverses
telles les voyages, les soirées au théâtre, cinéma, etc. ...
Leur rôle consiste également à superviser les différents membres présents sur différentes les
unités, comme les maîtresses de maison, les aides Médico-Psychologiques, ...
Ils planifient leurs emplois du temps et se montrent à l'écoute de chacun d'entre eux en cas de
problème.
- Les aides Médico-Psychologique et Aides-soignants :
Les aides Médico-Psychologique et les Aides Soignants ont en charge tout le travail de
soins corporels et le nursing : elles doivent aider les patients pour les toilettes, en protégeant
l'intimité de chacun. Pour les résidents non valides, elles assurent les soins nécessaires et les
prennent en charge pour les toilettes et les changes réguliers. Ces deux qualifications
différentes permettent d’offrir un maximum de compétences pour accomplir toutes les tâches
quotidiennes.
- Les maîtresses de maison :
La fonction principale des maîtresses de maison est l’entretien des lieux de vie et la
préparation des repas. Elles sont également responsables de la qualité de l’accueil des familles
ou autres personnes entrant dans les unités. Elles doivent assurer une ambiance chaleureuse et
agréable sur les unités.
b. Un organigramme structure la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil:
Conseil d'administration C.L.P - A.P.A.J.H
Président Mme MONARD
Directeur général M. FRANCOIS
Service de tutelle
C.A.T
S.A.C.A.T
M.A.S Directeur M. MARCE
S.A.V.S
I.M.E
Directeur adjoint M. ALLEGRINI
Educateurs spécialisés Employé de bureau
Service Educatif : Animateurs Aides Soignantes Aides Médico-psychologiques
Service médical et paramédical : Psychologue Psychiatre Ergothérapeute Kinésithérapeute Infirmière Musicothérapeute
Services généraux : Aide Cuisinière Lingère Ouvrier d'entretien Surveillant de nuit Maîtresses de maison
Service administratif : secrétaire comptable Employée de bureau
2. La Maison d'Accueil Spécialisé "La Solidarité" d'Iteuil se compose d'une
équipe pluridisciplinaire :
L'organigramme qui structure la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil montre qu'une
équipe pluridisciplinaire est en place dans le but de proposer une palette de soins adaptés aux
prescriptions médicales des résidents.
Un psychiatre, un psychologue, des infirmières, une ergothérapeute, un kinésithérapeute, un
musicothérapeute et un art-thérapeute composent cette équipe.
a. Cette équipe travaille en collaboration sur les projets individualisés.
Le projet individualisé est propre à chaque résident et détermine les sites d'action sur
lesquels les différents thérapeutes vont agir.
L'équipe paramédicale a un rôle clé dans l'accomplissement de ces projets individualisés car
elle peut se servir de la diversité des thérapeutes et de leur spécificité pour répondre au projet.
Chaque thérapeute a un rôle particulier :
- Le psychiatre :
Le psychiatre est un médecin spécialisé en psychiatrie, préparé à traiter différentes
maladies mentales. Le psychiatre prescrit différentes médications. Il peut toutefois avoir
recours à la psychothérapie qu'il assure lui-même ou en collaboration avec d'autres
professionnels.
Le psychologue :
Le psychologue étudie les comportements humains en travaillant sur leurs mécanismes
psychiques. Il s'intéresse tout particulièrement à la construction de la personne, à la vie
affective, intellectuelle et comportementale et à l'influence du milieu familial et social. Il
réalise des bilans psychologiques, reçoit les patients en entretiens individuels, aide au
diagnostic et pose des indications thérapeutiques.
Ce professionnel obéit à un code de déontologie.
- L'infirmière :
Au service des personnes en matière de santé, l'infirmière assume la responsabilité de
l'ensemble des soins infirmiers que requiert la promotion de la santé, la prévention de la
maladie et les soins aux malades.
Elle aide les personnes souffrantes à maintenir et à recouvrir leur indépendance et autonomie,
à développer leur potentiel santé et à soulager leur souffrance.
Dans l'ensemble de ses activités, l'infirmière est également soumise au respect du secret
professionnel. Elle exerce leur activité en relation avec les autres professionnels du secteur de
la santé, du secteur social médico-social et éducatif.
- L'ergothérapeute :
L'ergothérapie a acquis, au sein de l'équipe de rééducation, un rôle spécifique. Elle
réduit les conséquences fonctionnelles d'un processus pathologique par le travail, par la
manipulation d'objets. Elle propose des solutions pratiques et efficaces aux obstacles que le
handicap élève dans les actes de la vie quotidienne.
L'ergothérapeute est amené à collaborer avec le kinésithérapeute et le psychologue pour
rétablir la relation entre l'homme et son environnement, en s'inscrivant dans de larges
programmes de revalidation neurologique.
L'ergothérapie a un double but, celui de réduire le trouble lié aux fonctions déficitaires en
utilisant le travail ou tout autre occupation et celui d'assurer la meilleure indépendance
possible dans les activités de la vie quotidienne.
Si l'ergothérapeute propose des activités éveillant l'intérêt des patients, il leur permet
également d'avoir l'idée la plus juste de l'étendue de leurs possibilités gestuelles et de leurs
performances.
- Le kinésithérapeute :
Le kinésithérapeute utilise la thérapeutique du mouvement. Il intervient sur
prescription médicale.
Le mouvement peut être actif comme dans la gymnastique médicale, la balnéothérapie
(mouvements pratiqués dans l'eau), la pouliéthérapie (mouvements exécutés avec une
résistance progressive grâce à un système de poulies), etc. ...
Le mouvement peut être également passif : c'est la mobilisation passive faite par le praticien
sur le patient.
Le mouvement peut être provoqué par une machine ou par l'électricité. Les applications de la
kinésithérapie sont nombreuses, elle peut être utilisée en rééducation fonctionnelle des
blessés, pour des handicaps moteurs, la correction des anomalies de maintien, la correction
des insuffisances respiratoires, entre autres.
- Le musicothérapeute :
Le musicothérapeute fait également partie de l'équipe pluridisciplinaire. Il exploite la
musique dans un but thérapeutique. Cette thérapie peut être l'objet d'une prescription
médicale.
La musicothérapie permet d'acquérir une meilleure connaissance de son corps et facilite la
relation aux autres. Elle constitue un moyen d'expression et de communication. Cette nouvelle
approche peut favoriser le développement sensoriel et constituer une stimulation mentale et
un moyen de socialisation.
Le musicothérapeute peut utiliser plusieurs techniques comme la musicothérapie réceptive où
le sujet écoute un programme sonore établi après une discussion entre le musicothérapeute et
le sujet. La musicothérapie active est davantage axée sur des productions sonores ou sur le
travail de la voix pour faciliter la communication avec autrui. Enfin, les techniques
psychomusicales proposent des méthodes de détente et de relaxation sous inductions
musicales, l'utilisation de la musique pour des rééducations en kinésithérapie, etc. ...
- L'art-thérapeute :
L'art-thérapeute intervient dans trois domaines différents : les domaines artistique,
thérapeutique et pédagogique.
En effet, l'art-thérapeute est un artiste et connaît les effets de l'art, il sait les maîtriser ou les
provoquer. Grâce à cette expérience qu'il va pouvoir partager, il proposera son intervention
dans un lieu de soin. L'art-thérapeute et le patient se retrouvent alors dans une démarche
artistique, il intervient comme un guide qui permet au patient d'enrichir son projet, sa
production. Il ne doit en aucun cas faire part de jugement de valeur ni même s'adonner à
interpréter les productions artistiques des patients.
L'art-thérapeute possède également une compétence thérapeutique acquise par une
formation théorique spécifique. C'est un artiste qui intervient auprès de personnes en
souffrance en les accompagnant dans une démarche artistique à visée humanitaire.
Des connaissances en psychologie lui sont nécessaires afin de ne pas se trouver dépourvu face
à un public en souffrance psychique. De plus, des connaissances en biologie sont
indispensables notamment par rapport à la douleur physique des patients, mais également
relativement aux effets de certains médicaments sur leurs comportements.
L'art-thérapeute possède ses propres outils d'évaluation et présente des bilans lors des
réunions. L'art-thérapeute peut proposer son activité en séance individuelle ou en atelier selon
les besoins des patients.
Enfin, il sollicite et stimule les apprentissages du patient. Toutefois, l'atelier d'art-
thérapie n'est pas un lieu d'enseignement, mais l'acquisition d'un savoir-faire peut engendrer
un désir de faire, de produire.
b. Des réunions spécifiques regroupent ces professionnels :
Des réunions techniques réunissent les membres de l'équipe pluridisciplinaire une fois
par semaine, le mardi de 15h45 à 17h. Sont également présents les animateurs qui dirigent
chaque unité.
Ces réunions permettent d'échanger sur l'évolution ou l'involution des prises en charge des
résidents, sur les arrêts éventuels de ces dernières. Chaque professionnels peut s'exprimer sur
le travail spécifique poursuivi avec le résident. Les échanges riches permettent de mesurer au
quotidien l'impact des prises en charge.
Ces réunions s'avèrent nécessaires afin de débattre sur les projets individualisés des résidents.
Les professionnels essaient également d'apporter leurs points de vue quant aux questions
particulières relatives, par exemple, à la sexualité des résidents, l'intimité de chacun, le respect
...
3. La Maison d'Accueil Spécialisé "La Solidarité" d'Iteuil propose différents
ateliers d'expression artistique :
Les équipes de la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil accordent beaucoup
d'importance aux activités artistiques. Celles-ci sont donc proposées comme l'atelier d'arts-
plastiques, le groupe de percussions ou encore l'atelier théâtre.
a. Un atelier arts-plastiques a lieu de façon hebdomadaire :
Chaque mardi après-midi, les résidents peuvent participer à une activité arts-plastiques
dirigée par une plasticienne. Cet atelier propose un moment de détente à l'aide de techniques
plastiques variées, telles le dessin, la sculpture, la mosaïque, etc. ... L'aboutissement de
l'atelier consiste à une exposition de travaux au cours de l'année.
Le nombre de résidents est limité à quatre par séance afin que chacun puisse bénéficier
d'un étayage individualisé. Pour créer une ambiance intimiste, chacun dispose d'un espace
particulier.
La plasticienne est présente pour donner des conseils aux résidents et les guider dans leur
première approche des différents matériaux.
Les résidents sont invités à s'essayer à cette activité selon leur désir. S'ils le souhaitent,
ils peuvent se limiter à l'observation de la plasticienne et des autres résidents pendant
quelques séances. De plus, l'animatrice de l'activité laisse libre choix des thèmes des
réalisations afin que chacun s'exprime librement.
Enfin, les résidents peuvent refuser l'exposition de leurs oeuvres suite à une sollicitation
effectuée par la plasticienne.
b. Un atelier de percussions est proposé aux résidents :
Un atelier percussions est mis en place chaque mercredi après-midi par une aide-
soignante de la Maison d'Accueil Spécialisé. Contrairement à l'atelier d'arts-plastiques, l'aide-
soignante décide de prendre en charge certains résidents. Son choix respecte l'accord des
différents animateurs des unités concernées. Ont été choisi les résidents qui ont un attrait pour
la musique, c'est-à-dire des résidents qui ont déjà jouer d'un instrument, qui aiment écouter de
la musique, etc. ...
Le but de l'atelier percussions est de donner aux résidents attirés par la musique un
temps où ils peuvent s'adonner à une activité, où ils prennent du plaisir. En effet, certains
résidents ont déjà pratiqué une activité musicale et se trouvent dans l'impossibilité de la
poursuivre. Il semble important de leur donner une opportunité de s'exprimer par la musique
et cela peut leur apporter une satisfaction personnelle. Ceci leur permet également de
développer leur technique musicale, en apprenant de nouveaux morceaux et en s'intéressant à
la composition.
c. Les résidents peuvent participer à l'activité théâtre :
L'activité théâtre est proposée aux résidents une fois par semaine. Une aide médico-
psychologique, comédienne, anime cet atelier. La composition et le nombre de résidents
peuvent varier selon les séances.
Cette activité nécessite de pouvoir s'exprimer devant un public. Cela induit une forte
implication personnelle. Toutefois, l'activité n'est pas seulement proposée aux résidents qui
verbalisent correctement mais également à ceux dont le langage est limité voire inexistant. Il
s'agit alors pour l'animatrice de trouver une technique particulière qui puisse mettre en valeur
un autre aspect que celui du langage, comme le mime par exemple.
L'atelier théâtre ne se limite pas à la mise en scène de pièces connues, mais comporte
également une partie d'écriture. Les résidents, après avoir choisi un thème, travaillent autour
de l'écriture d'une pièce de théâtre dans le but de l'interpréter ensuite.
La réalisation d'une pièce nécessite également la préparation des décors pour laquelle l'aide de
la plasticienne peut être demandée. Certains résidents participent donc à cette activité théâtre
en aidant à la confection des décors ou des costumes. Leur implication multiple favorise un
fort investissement.
Bien qu'il n'y ai aucun but thérapeutique dans cette activité théâtre, les résidents
peuvent y trouver des bénéfices : vaincre leur timidité (liée à leur image corporelle
dévalorisée) ou encore surmonter des difficultés de langage et d'expression.
B. Les prises en charge individuelles en art-thérapie à dominante musicale se
mettent en place dans la continuité du stage de première année d'Intervenant Spécialisé
en Art-thérapie :
1. Les prises en charge en art-thérapie s'organisent selon un cadre spécifique :
Lors de la première année d'enseignement en art-thérapie nommée année d'Intervenant
Spécialisé en Art-thérapie, les étudiants doivent effectuer un stage de quatre-vingts heures
afin de se familiariser avec le milieu professionnel du soin et d'observer un art-thérapeute
dans le cadre de son activité professionnelle.
J'ai réalisé un stage à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil. Réitérant avec un projet précis,
j'ai mis en place un atelier d'art-thérapie à dominante musicale.
a. Une rencontre avec l'équipe pluridisciplinaire s'avère nécessaire pour
expliquer le projet :
J'avais déjà rencontré l'équipe pluridisciplinaire lors de mon stage précédent pendant
les réunions techniques auxquelles j'ai pu assister. Il s'agissait désormais d'expliquer les
ressortissants du stage d'observation et de présenter mes motivations pour la mise en place
d'un atelier d'art-thérapie à dominante musicale ainsi que les buts thérapeutiques d'un tel
atelier.
Avant la proposition de prises en charges individuelles en atelier d'art-thérapie à
dominante musicale (préalablement discutées avec mon maître de stage), une concertation
avec l'équipe pluridisciplinaire au complet s'avérait nécessaire.
Je rappelais la définition de l'art-thérapie et la spécificité de l'art-thérapeute au sein
d'une équipe pluridisciplinaire.
J'expliquais ensuite mon projet concernant la mise en place d'un atelier d'art-thérapie à
dominante musique au sein de la Maison d'Accueil Spécialisé. L'équipe a pris note de mes
jours d'intervention, le mardi et mercredi matin de 9h30 à 12h30.
Mes souhaits s'orientaient vers la demande d'une salle adaptée pour un atelier d'art-
thérapie. Cette demande adoptée, j'ai pu, par la suite, investir la salle destinée aussi à la
musicothérapie.
Cette réunion a également permis de prescrire à certains résidents des séances d'art-thérapie à
dominante musicale : les animateurs de chaque unité avaient réfléchi au préalable aux
résidents en souffrance pouvant être pris en charge en art-thérapie. Ils m'exposaient donc leurs
choix et les pathologies des différents résidents. Quatre résidents ont été retenu.
Chaque matinée se divisait en deux parties : une séance d'art-thérapie de trois quarts d'heure,
puis une demi-heure consacrée à l'analyse de la séance et aux évaluations. Je pouvais
également solliciter un temps de discussion avec les membres de l'équipe ou bien avec mon
maître de stage.
Je commençais alors les prises en charge individuelles en art-thérapie.
b. Une salle adaptée est mise à ma disposition pour les séances d'art-thérapie:
Salle où se déroulent les séances d'art-thérapie.
Cette salle est grande et permet d'accueillir si besoin, un groupe de résidents. Elle est
très lumineuse, ce qui lui confère une atmosphère chaleureuse. Des chaises sont
préalablement disposées devant les instruments afin que les résidents puissent s'asseoir pour
découvrir ou jouer des instruments qu'ils désirent.
Le matériel adapté m'est également prêté. Une chaîne hi-fi permet l'écoute musicale et de
nombreux instruments sont à ma disposition : Synthétiseurs, djambés, gong, tambour, flûte,
oeufs, maracas, ... Ceci permet de proposer un maximum de choix aux résidents.
Différents instruments de musique sont à ma disposition.
c. La prise en charge s'inscrit dans le projet individuel du résident :
Les prises en charge en art-thérapie doivent s'inscrire dans le projet individuel du
résident. Ce projet est établi au cours des premiers mois du résident dans la structure et est
revue de façon régulière afin de noter les évolutions, les changements éventuels, etc... Ce
projet tend à apporter des solutions à la personne en souffrance afin d'améliorer sa qualité de
vie et de travailler sur les points qui la mettent le plus en situation d'échec.
Il peut s'agir de favoriser la relation avec le monde extérieur d'un patient se refermant sur lui-
même ou bien encore de mettre en place des activités de la vie quotidienne comme la
préparation des repas ou le rangement du linge afin de garder un contact avec la réalité.
L'art-thérapie trouve sa place dans les projets individuels, lorsqu'il s'agit par exemple,
de faire participer les patients à des activités corporelles pour les amener à accepter leur image
corporelle détériorée. La musique, en l'occurrence, permet un travail avec le corps puisque
jouer d'un instrument nécessite de le saisir ou le toucher, implique une mise en action du
corps. Le corps est mobilisé partiellement ou entièrement : chanter implique le corps qui
devient le médiateur. En effet, les cordes vocales et tout l'appareil phonatoire deviennent les
acteurs du chant.
La prise en compte de la prise en charge en art-thérapie dans le projet individuel du
résident semble très importante puisque cela permet de travailler en accord avec l'équipe
pluridisciplinaire et d'avoir des objectifs communs.
2. Le protocole de prise en charge engendre une évaluation :
Les prises en charges en art-thérapie répondent à un protocole particulier. L'art-
thérapeute s'autorise une période d'observation afin de rencontrer les résidents, de déambuler
dans les couloirs pour s'imprégner de l'ambiance des lieux, etc. ... Ensuite, viens le recueil
d'informations concernant les résidents qu'il va prendre en charge. Ceci s'effectue avec
l'équipe qui lui transmet l'anamnèse du résident et ses objectifs. La prise en charge en art-
thérapie s'intègre dans le projet individuel du résident. La prise en charge peut alors débuter
engendrant des évaluations avec les outils propres à l'art-thérapeute, des bilans ponctuels
remis à l'équipe pluridisciplinaire et des bilans généraux en cas de décès du résident ou de
refus de la personne de poursuivre les séances ou inversement.
Ce protocole de prise en charge permet une démarche claire et un suivi continu.
a. La rencontre avec les résidents semble nécessaire au préalable :
Je souhaite rencontrer les résidents avant que l'atelier ne débute pour faciliter la prise
de contact. Un animateur me présente donc aux résidents avec lesquels je vais travailler en
art-thérapie. Certains, tels Françoise, Marielle ou Olivier semblent enthousiasmés par les
prises en charge et signifient leur plaisir par des gestes, des cris et des sourires. Michèle, pour
sa part, reste très en retrait, même si elle écoute attentivement l'animateur. Ses signes de tête
montrent une certaine inhibition. Je possède déjà quelques informations.
Je décide ensuite de rencontrer les autres résidents, d'observer le comportement de
ceux que l'on m'a présenté, de faire connaissance avec le personnel de la Maison d'Accueil
Spécialisé.
Certains résidents viennent me serrer la main, me demander mon identité, d'autres se
contentent d'observer de loin, d'autres encore ne semblent même pas remarquer ma présence.
Olivier vient vers moi et me prend la main, m'emmenant dans sa chambre. J'observe alors
qu'il ne parle que très peu, que ses réponses sont parfois incohérentes, mais qu'il a le désir
d'établir un contact avec moi, de me faire partager son univers.
Après avoir passé un moment avec olivier, je me dirige vers l'unité 4, celle où réside Michèle.
Lorsque j'arrive, elle est en train de lire une revue. Ceci me surprend puisqu'on m'a dit que
Michèle avait une cécité partielle due à sa pathologie. Je m'approche donc d'elle et j'engage la
conversation en haussant la voix afin qu'elle m'entende suffisamment. Je demande à Michèle
si elle me reconnaît. Ces questions me permettent d'observer que Michèle a un regard fuyant.
Ses réponses se traduisent seulement par des signes de tête. Michèle sait parler, mais elle ne le
fait qu'avec sa mère et quasiment pas avec les membres de l'unité 4. En effet, lors de cette
rencontre, Michèle ne prononce pas un mot mais l'important est qu'il y est néanmoins une
interaction.
La rencontre en dehors de l'atelier d'art-thérapie est importante car elle favorise
l'établissement d'un premier contact. Ceci permet également d'observer le résident dans son
environnement quotidien et de commencer à se fixer des objectifs thérapeutiques pour les
séances à venir.
b. Des outils sont spécifiques à l'art-thérapeute comme les items et la fiche
d'observation :
L'art-thérapeute détermine un objectif général dans le cadre de la prise en charge qu'il
va effectuer. C'est-à-dire, un objectif thérapeutique qu'il va tenter d'atteindre par le biais des
séances d'art-thérapie. Il doit s'inscrire dans le projet individuel du sujet accueilli dans cet
atelier spécifique. Pour atteindre cet objectif général, il est parfois nécessaire d'établir des
objectifs intermédiaires.
L'art-thérapeute possède des outils qui lui sont spécifiques pour l'évaluation. L'élément
principal étant l'item. Il se définit comme la plus petite unité observable.
" L'item se rapporte à des faits précis. Ces faits peuvent être abordés de façon quantitative,
qualitative, fonctionnelle ou descriptive. Les items pourront être appréciés de façon objective,
(mesurable), interprétée (se rapportent à des faisceaux de faits et connaissances connexes à
l’observation) ou ressentie (l’impression esthétique de l'art-thérapeute)."5
Les items sont regroupés en faisceaux d'items, ceux-ci pourront déterminer l'évolution du
comportement, par exemple, de l'humeur, de l'attention, de la communication, etc. ... Ils seront
choisis en fonction de l'objectif thérapeutique.
La fiche d'observation permet le repérage et l'analyse de l'action thérapeutique dans le
temps. Elle est constituée à partir d'observations et est fondée sur les différents temps du
phénomène artistique : intention, action, production, ces temps étant les parties visibles des
actions et productions de la personne.
Elle s'organise de façon linéaire qui représente le temps d'une prise en charge entière ou d'une
séance. Elle se situe par rapport à un axe vertical qui correspond à la profondeur et à la
précision, c'est-à-dire, l'analyse de ce qui se passe en un temps donné avec la personne.
La fiche d'observation doit être personnalisée. Elle est propre à chaque personne prise en
charge et ne peut en aucun cas s'appliquer à tous.
Il peut ensuite faire part de ses observations à l'équipe pluridisciplinaire.
5 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 63
c. Ces évaluations sont partagées en équipe pluridisciplinaire :
Après quelques séances, l'art-thérapeute est en capacité d'établir une fiche
d'observations qui va lui donner de précieuses informations sur le cheminement du résident et
les progrès accomplis ou non par rapport à l'objectif thérapeutique fixé.
Ces outils vont également lui permettre de communiquer avec l'équipe pluridisciplinaire. Il va
transmettre les informations recueillies aux autres professionnels. Ainsi, l'art-thérapeute fera
part de ses observations : où en est le patient par rapport à l'objectif thérapeutique général. De
plus, ce que l'art-thérapeute observe lui est caractéristique, dans le sens où il est le seul à
observer les actions et productions de la personne d'un point de vue artistique. Cela peut
permettre des éclairages spécifiques concernant le comportement ou le potentiel du résident.
C. Etude de cas concernant une résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-
Taybi prise en charge en atelier d'art-thérapie à dominante musicale.
1. Michèle est une femme atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi :
a. L'anamnèse de Michèle ainsi que son dossier médical sont à la disposition du
stagiaire :
La consultation du dossier médical de Michèle m'a paru nécessaire et intéressante pour
prendre connaissance et comprendre davantage d'éléments de son histoire.
Michèle est née le 19 octobre 1949 à Vincennes. Elle est entrée à la MAS d’Iteuil le 10
octobre 1994 suite à une demande faite à la COTOREP statuant d’un taux d’incapacité de 100
% et préconisant l’hébergement en Maison d'Accueil Spécialisé.
- Les handicaps de Michèle sont multiples:
Syndrome de Rubinstein-Taybi, oligophrénie, dysfonctionnement intestinal et hypertension
articulaire. Les handicaps associés au syndrome sont la perte de la vision et de l’audition
progressives.
Elle a toujours vécu avec ses parents et à été scolarisée de 1959 à 1970 à temps partiel.
- Histoire de la maladie de Michèle:
Michèle a subi plusieurs interventions chirurgicales dont une où elle a été intubée ce
qui aurait causé une atrophie d’une corde vocale, donc une perte partielle du langage.
Michèle a également subi un choc au moment du mariage de sa soeur, elle n’a pas eu
de règles pendant quatre ans.
Michèle a de gros problèmes de vue et d’audition de plus en plus handicapants.
Michèle se présente comme une personne au physique agréable, elle est très lente dans
ses déplacements et dans ses actions. Son expression orale est très limitée avec tous ( sauf sa
mère ), même si elle semble tout comprendre. Elle exprime peut ce qu’elle désire.
- La relation avec Michèle:
Michèle semble une personne inhibée, elle ne vient jamais vers l’autre pour échanger,
le personnel de la Maison d'Accueil Spécialisé la sollicite pour appréhender ses besoins et ses
désirs et il n’y a pas d’interaction avec les autres résidents, elle y semble indifférente.
Si elle n’est pas stimulée, elle peut rester de longues heures; immobile, à ne rien faire, assise,
les bras croisés.
- Le projet individuel de Michèle comporte plusieurs points:
- Favoriser le plus possible sa relation avec l'environnement proche.
- Mettre en place des actions dans la vie quotidienne autour des repas, du linge, ... pour
favoriser son contact avec la réalité.
- Travailler sur un repérage dans le temps : mise en place de pictogrammes.
- La faire participer à des activités axées sur le corps, ateliers parcours marche, continuité du
travail des spectacles avec une demande d’implication dans de nouveaux projets tant au
niveau théâtral que musical.
- Un bilan est établit par l'équipe pluridisciplinaire le 05 janvier 2005 :
Michèle a des difficultés relationnelles dues en partie à sa perte de vision presque totale.
Sa perte d’audition s’étant aggravée, Michèle a dû être appareillée. Elle présentait déjà des
difficultés d’expression puisqu’elle ne parlait qu’à sa mère.
Ses problèmes de santé occasionnent une perte d’autonomie, elle ne décide plus de se lever
seule le matin ni de s’habiller.
Il lui faut une stimulation pour manger.
- Michèle est inscrite à différentes activités et est présente à l'atelier d'art-thérapie:
Michèle participe aux ateliers lecture, cuisine thérapeutique, musique, repassage, marche et
cinéma.
Date de la première séance d'art-thérapie à dominante musicale : 05 janvier 2005.
Date de la dernière séance d'art-thérapie à dominante musicale : 06 juillet 2005.
Durée d'une séance d'art-thérapie à dominante musicale : environ 45 minutes.
Périodicité des séances à dominante musicale : une par semaine.
Nombre de séances à dominante musicale sur la période du 05 janvier au 06 juillet
2005 : 23.
b. La rencontre avec Michèle s'effectue progressivement lors des premières séances et
hors de l'atelier :
J'ai eu l'occasion de rencontrer Michèle en dehors de l'atelier d'art-thérapie au moment
des présentations par l'animateur6. Michèle m'apparaît telle une femme réservée, agréable, en
retrait par rapport aux autres, ne communiquant que très peu et en cas de nécessité seulement.
Lors de la première séance, je vais chercher Michèle dans son unité, décline mon
identité de nouveau et lui demande si elle se souvient de la raison de ma présence.
Visiblement, Michèle me reconnaît puisqu'elle fait un signe de tête positif. Je n'ai toujours pas
entendu sa voix. Je lui propose de se diriger vers la salle de musicothérapie ce qu'elle accepte
en me tendant la main. La vision et l'ouïe de Michèle se dégradant progressivement, une aide
lui est nécessaire pour se déplacer.
En allant vers la salle de l'atelier, je suggère à Michèle de commencer à entonner une
chanson. Elle répond à cela par un éclat de rire qui cache une certaine gène accentuée par un
rougissement et une inclinaison de la tête vers le sol.
Les premières séances d'art-thérapie à dominante musicale me permettent de confirmer
les premières observations que j'avais établi au préalable :
- Inhibition.
- Communication difficile.
- Regards fuyants.
- Prise d'initiative difficile.
6 Cf. Paragraphe B, 2, a.
- Besoin de stimulation pour agir.
Ceci m'autorise à poser les premiers objectifs thérapeutiques.
c. Les premiers objectifs thérapeutiques sont établis :
Deux objectifs apparaissent importants dans la prise en charge de Michèle en art-
thérapie.
Le premier consiste à accroître son autonomie par la pratique musicale. Les handicaps
multiples liés au Syndrome de Rubinstein-Taybi contraignent Michèle à une dépendance à
son entourage. N'étant pas sûre d'elle à cause de ses déficiences auditives et visuelles, Michèle
ne cherche pas de solutions palliatives à ses problèmes, mais se "laisse plutôt aller" en
attendant de l'aide.
Le deuxième objectif thérapeutique, lié au premier, s'apparente à l'incitation à la
communication de façon spontanée. En effet, si Michèle sait parler, elle converse très
rarement, ( excepté les échanges avec sa mère ), par nécessité. Lorsque Michèle s'interdit de
parler avec le personnel soignant et les autres résidents, elle s'enferme dans un mutisme
ponctuel de plus en plus isolant accentuant sa perte d'autonomie.
Afin d'atteindre ces deux objectifs, il est nécessaire de trouver une pratique musicale
avec laquelle Michèle se sente à l'aise.
d. La prise en charge avec Michèle commence par la recherche d'une pratique
musicale :
Michèle cherche une pratique musicale qui lui convient : elle essaie le synthétiseur..
Lors des premières séances d'art-thérapie, je décide de proposer à Michèle une
pratique instrumentale. Différents instruments sont disposés çà et là dans la salle d'art-
thérapie. J'accompagne Michèle pour l'aider à les saisir, à les toucher, à écouter leurs
sonorités, etc. ... Michèle semble aimer découvrir ces instruments, elle prend le temps
d'observer chacun d'entre eux consciencieusement. Elle sourit au son du xylophone, du
synthétiseur et semble dérangée par le son de la flûte par exemple. Malgré sa timidité,
Michèle laisse apparaître les sensations et impressions que lui procurent les instruments. A
chaque essai, elle porte son regard vers moi comme pour me demander mon avis ce qui atteste
de son manque de confiance en elle.
Je souhaite que Michèle effectue ce choix librement et seule. Je lui demande donc à plusieurs
reprises de choisir un instrument de musique qui lui convient, dont elle aime la sonorité et
qu'elle envisage de découvrir plus amplement. Michèle met beaucoup de temps à orienter son
choix. Plusieurs séances sont nécessaires avant d'obtenir une réponse. A la quatrième séance,
Michèle choisit le synthétiseur, le désignant par un geste de la main, en le pointant. Une étape
est franchie : Michèle a pris une décision seule.
Je désire ajouter à la pratique instrumentale une pratique vocale qui peut, peut-être,
l'aider à travailler sur la parole. Je propose donc régulièrement à Michèle de chanter ou de
fredonner une chanson de son choix. Cette demande entraîne un rire plutôt défensif, puis
Michèle reste immobile, les bras croisés sur sa poitrine, la tête baissée.
Pour tenter de motiver Michèle à chanter, à la sixième séance, je décide de lui faire écouter
des disques. La variété française semble lui convenir.
A la séance 10, Michèle se décide à fredonner la chanson "L'eau Vive" de Guy Béart (musique
composée pour le film du même nom en 1960). Ses lèvres bougent, elle semble mimer les
paroles.
Dans les séances suivantes, nous continuons à travailler à l'aide du synthétiseur et sur la
pratique du chant jusqu'à la fin de la prise en charge.
2. Cette étude de cas témoigne d'une évolution significative relative à la
communication et à l'accroissement de l'autonomie :
Au fil des séances d'art-thérapie, Michèle va peu à peu s'autoriser à parler avec l'art-
thérapeute, à chanter avec de plus en plus d'intensité dans la voix. Aux premiers contacts,
Michèle reste impassible à mon discours, elle ne répond pas à mes interrogations. Petit à petit,
elle va entrer en contact avec moi, tout d'abord, par des signes de tête, puis par quelques mots
éparses "oui", "non", "j'aime", "j'aime pas". Nos échanges s'améliorent peu à peu et elle finit
par échanger quelques phrases courtes telles: "Ca va ce matin ?", "Je connais cette chanson",
"je veux jouer du synthé", etc. ...
Elle semble également prendre du plaisir à jouer du synthétiseur et améliore son jeu
progressivement. Son jeu hasardeux des premières séances va peu à peu évoluer vers un jeu
construit et harmonieux.
Je note les progrès de Michèle dans le cadre de l'atelier d'art-thérapie. Ceux-ci sont également
remarqués par le personnel médical et paramédical :
- Amélioration des interactions avec le personnel de la Maison d'Accueil Spécialisé et les
membres de l'équipe pluridisciplinaire.
- Prises d'initiatives plus fréquentes.
a. Une séance d'art-thérapie à dominante musicale se déroule selon une organisation
précise :
- a. 1. Un rituel s'installe avant de débuter une séance :
Lorsque je vais chercher Michèle dans son unité, je m'assoie à sa hauteur, je décline
mon identité et je lui propose de me suivre. Ensuite, lorsque nous marchons vers la salle d'art-
thérapie, je chante une chanson de mon choix et propose à Michèle de m'accompagner.
Arrivées devant la salle, nous prenons le temps de terminer la chanson, puis nous entrons.
J'ai établi ce rituel en guise d'introduction à la séance. De plus, Michèle est tellement inhibée,
qu'au début, elle n'ose pas me suivre, elle montre une certaine réticence. Chanter la rassure
certainement, l'incite sans doute à s'orienter tout de suite dans l'activité. Je souhaite que la
chanson soit terminée avant d'entrer, car nous ne sommes pas en situation d'art-thérapie dans
les couloirs et le franchissement de la porte signifie l'entrée dans le travail thérapeutique.
- a. 2. La première partie de la séance est consacrée à un temps de musique
instrumentale :
Entrées dans le lieu où se déroule l'atelier d'art-thérapie, j'accompagne Michèle près du
synthétiseur, instrument qu'elle a choisit avant. Avec mon aide, elle déplie le pied de
l'instrument, le fixe à sa hauteur et pose le synthétiseur dessus. Par mesure de sécurité, je
préfère brancher le synthétiseur moi-même.
Nous commençons à jouer toutes les deux, simultanément ou bien chacune notre tour selon
les séances. Ensuite, Michèle a la possibilité de jouer seule. Je lui montre quelques
techniques, doigtés, etc. ... afin qu'elle puisse obtenir ce qu'elle désire. En général, nous
discutons de ce qu'elle souhaite produire, si elle veut jouer un air triste, gai, ou seulement
pianoter à sa guise. Michèle est totalement libre dans sa production, je suis uniquement là
pour l'aider et la guide en fonction de sa demande. Au fil des séances, Michèle apprend à se
servir de la boîte à rythme ainsi que des différents sons qu'il est possible de produire avec le
synthétiseur.
Le temps de musique instrumentale s'étend entre dix à quinze minutes.
- a. 3. Un temps de musique vocale s'insère dans la continuité de la séance :
Après le temps de musique instrumentale, nous passons au chant. J'ai moi-même
proposé la pratique du chant à Michèle car un de mes objectifs thérapeutiques vise un travail
sur la parole.
Au début de la prise en charge, je commence à chanter des airs variés que Michèle
serait susceptible de connaître. Je lui demande à chaque fois de chanter et je l'accompagne.
Après quelques séances Michèle commence à chanter surtout lorsque je passe des disques. La
chanson révélatrice sera "L'eau vive" qu'elle connaît bien. A chaque séance, le temps de chant
débute donc par cette chanson, puis nous entonnons d'autres mélodies.
En préambule, des exercices de respirations sont nécessaires pour Michèle. Elle ne
parle pas beaucoup, sa voix est donc très peu exercée, le volume sonore reste faible et la
qualité pas toujours satisfaisante. Nous nous prêtons donc à divers exercices tels de grandes
inspirations puis expirations enchaînées plusieurs fois. De plus, nous détendons la mâchoire
en la faisant bouger de haut en bas puis de droite à gauche, afin de relaxer les muscles. De
même, nous travaillons sur le volume sonore de la voix en émettant de petits sons très courts
sur des voyelles, à différentes hauteurs de la gamme.
Ces exercices semblent être perçus par Michèle comme un moment de détente et d'amusement
également. Ils lui permettent, au fil des séances, d'améliorer nettement sa qualité d'émission
vocale.
- a. 4. Pour clore la séance d'art-thérapie, Michèle apprend à ranger le matériel avant
que je ne la raccompagne jusqu'à son unité :
Les dix dernières minutes de la séance sont consacrées au rangement du synthétiseur.
Ce temps de rangement est intégré par Michèle lors de la troisième séance. Je lui explique que
le synthétiseur ne doit pas rester à cette place mais doit être rangé dans le local bordant la
salle. Elle commence tout d'abord par débrancher le synthétiseur, elle enroule le fil, ensuite,
elle soulève l'instrument, replie le pied et nous allons toutes les deux le mettre dans le local. Je
ne peux demander à Michèle de faire cette action seule car elle se déplace très difficilement et
le synthétiseur est relativement lourd. L'important étant que Michèle prenne part au
rangement, comme tout musicien range son instrument après l'avoir utilisé.
Enfin, nous regagnons l'unité quatre. Je souhaite raccompagner Michèle à chaque fois
dans son unité afin de clore la séance. Le trajet du retour est parfois l'occasion d'échanger sur
la séance.
Ce temps d'étayage jusqu'à sa chambre me permet de lui rappeler le jour et l'heure de la
prochaine séance.
b. L'évaluation montre que Michèle s'autorise à parler avec l'art-thérapeute et devient
plus autonome:
A partir de la séance 10, Michèle commence à échanger alors qu'elle se contentait de
répondre aux questions que je pouvais lui poser par des signes de tête. Lors de cette séance, je
demande à Michèle de chanter une chanson. Comme elle refuse, je passe le C.D. de la
chanson "L'eau vive" (de Guy Béart, musique composée pour le film du même nom en 1960).
A la fin de l'écoute, Michèle m'affirme soudainement : "Je la connais cette chanson". Je lui
demande alors si elle accepte de la chanter. Elle mime les paroles.
✳ L'évaluation permet d'observer l'évolution de la communication de Michèle :
Faisceau d'items 1 : prise de parole de Michèle.
L'évolution significative de Michèle peut se résumer ainsi :
Séance 1 : Michèle ne répond pas aux questions de l'art-thérapeute en atelier. Elle reste les
bras croisés et la tête orientée vers le sol. Toutefois, elle semble écouter ce que je lui dis
puisque certaines de mes interrogations la font sourire. Quand je demande :"J'aimerais que
vous me chantiez une chanson Michèle", je constate une thymie souriante.
Cette première approche confirme les informations que je notais lors de notre première
rencontre :
- Michèle est une femme très inhibée.
- Son accès au langage est limité.
- Elle semble intéressée par sa participation aux séances d'art-thérapie.
Séance 5 : Michèle commence à communiquer avec l'art-thérapeute par des hochements de
tête. Après cette période de non-communication, Michèle se décide à me répondre, elle
verbalise toujours peu et se contente souvent de mouvements de tête. Ses réponses se
cantonnent alors à "oui" ou "non".
Ces éléments renforcent mes hypothèses à savoir :
- Michèle est capable de verbalisation.
- Elle doit être stimulée pour entrer en action.
Séance 10 : Michèle s'autorise à parler avec l'art-thérapeute, elle émet quelques mots tels
"oui", "non", "j'aime" et commence à faire des phrases construites pour s'exprimer : "je la
connais cette chanson", "oui je veux écouter". Elle fredonne pendant la séance sur des
mélodies simples qu'elle semble connaître comme "J'ai du bon tabac".
Une relation de confiance est semble-t-il établit entre Michèle et moi puisqu'elle prend la
liberté de me parler. Ceci me conforte dans mes objectifs à poursuivre :
- Encourager la communication.
- Multiplier les interactions
Entre les séances 10 et 15, Michèle prend de plus en plus souvent la parole pour décrire
timidement ce qu'elle enregistre, pour chanter, etc. ... Michèle ne répond désormais plus par
des signes de la tête mais engage de courtes conversations. La chanson et les exercices
respiratoires et phonatoires7 auxquels nous nous sommes prêtés avant de chanter lui ont
permis de retrouver une certaine qualité d'émission vocale.
Ceci montre les évolutions que j'observe au fil des séances d'art-thérapie :
- Michèle est de plus en plus à l'aise en séance.
- Elle s'autorise le dialogue.
- Elle montre une capacité vocale nouvelle.
Dernière séance ( 23 ): Michèle est beaucoup plus à l'aise en séance d'art-thérapie, elle
plaisante avec l'art-thérapeute. Michèle est davantage en interaction avec le personnel
soignant notamment pour demander l'horaire de la prochaine séance d'art-thérapie, qui vient la
chercher, etc. ...
7 Cf. Paragraphe a-3, p. 54.
Ces séances ont donc été bénéfiques à Michèle. La question qui se pose maintenant
s'articulerait autour de la continuité ou discontinuité de cette communication. Va-t-elle
perdurer sans le maintien des séances d'art-thérapie ?
Evaluation quantitative de la prise de parole de Michèle.
Quantité Séance 1 Séance 3 Séance 10 Séance 15 Dernière
séance
Importante �
Moyenne � �
Rare � �
Inexistante
Importante : entre 10 et 15 fois/séance.
Moyenne : entre 5 et 10 fois/séance.
Rare : entre 1 et 5 fois/séance.
Inexistante : aucune fois.
L'évaluation quantitative de la prise de parole de Michèle peut également être signifier par un
diagramme.
Importante : entre 10 et 15 fois/séance.
Moyenne : entre 5 et 10 fois/séance.
Rare : entre 1 et 5 fois/séance.
Inexistante : aucune fois.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 3 S 10 S 15 D. S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 3 : Troisième séance d'art-thérapie. S 10 : Dixième séance d'art-thérapie S 15 : Quizième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie.
Une évaluation qualitative de la prise de parole de Michèle est possible.
Qualité Séance 1 Séance 3 Séance 10 Séance 15 Dernière
séance
Adaptée et
ciblée
� �
Riche � �
Précise � �
Confuse �
Inexistante �
Adaptée et ciblée : Mots ou phrases cohérentes et adaptés au sujet de discussion.
Riche : Utilisation d'un vocabulaire important.
Précise : Emploi de qualificatifs cohérents, en rapport avec le sujet de discussion.
Confuse : Prise de parole inadaptée à la discussion.
Inexistante : Aucune prise de parole.
Un diagramme permet de mesurer l'évaluation qualitative de la prise de parole de Michèle
Adaptée et ciblée : Mots ou phrases cohérentes et adaptés au sujet de discussion.
Riche : Utilisation d'un vocabulaire important.
Précise : Emploi de qualificatifs cohérents, en rapport avec le sujet de discussion.
Confuse : Prise de parole inadaptée à la discussion.
Inexistante : Aucune prise de parole.
Riche
Précise
Confuse
Inexistante
S 1 S 3 S 10 S 15 D. S
Adaptée et ciblée
Bilan de l'évolution de la prise de parole de Michèle :
Ces évaluations mettent en relief l'évolution significative de la prise de parole de
Michèle.
Au niveau quantitatif, la prise de parole de Michèle a nettement augmenté puisqu'au début des
séances d'art-thérapie, elle refusait le dialogue, n'entrant en interaction que par des signes de
tête. Progressivement, elle s'est autorisée à prendre la parole de plus en plus souvent.
Sur le plan qualitatif, une évolution est également notable puisque Michèle est passée d'un
discours quasi enfantin se traduisant par l'emploi de quelques mots simples tels "oui" ou
"non", à un accès à des phrases construites et sensées "Je la connais cette chanson.", allant
parfois jusqu'à la plaisanterie.
- Observations de départ :
- Michèle est une personne inhibée.
- Accès au langage réduit ( sauf avec sa mère )
- Tendance à ne pas entrer en action sans sollicitation.
- Objectifs relatifs à la prise de parole :
- Entrer en interaction avec Michèle autrement que par des signes de tête.
- L'encourager au dialogue.
- Tenter de favoriser l'expression par l'utilisation du chant.
- Evolutions de Michèle relative à la prise de parole :
- Prises de parole plus nombreuses.
- Participation active aux séances d'art-thérapie musicale en verbalisant par rapport à
ce qu'elle entend ou produit.
- Bonne qualité d'expression.
Faisceau d'items 2 : l'amélioration de la qualité du chant de Michèle.
Séance 1 : Lors de la première séance, Michèle ne chante pas. Lorsque je lui demande de le
faire, elle exprime une certaine gène par un thymie souriante. Toutefois, elle m'écoute chanter
avec beaucoup d'attention.
Je constate donc que :
- L'inhibition de Michèle ne lui permet pas de chanter devant moi.
- Puisqu'elle parle très peu, sa qualité d'émission vocale doit être très faible.
Séance 5 : Après l'écoute d'un disque de Guy Béart et de la chanson L'eau vive que Michèle
me dit connaître, elle mime les paroles. Michèle fredonne très timidement deux mots de cette
chanson "l'eau" et "petite".
Ceci me montre que :
- Michèle connaît certaines chansons et se souvient des paroles.
- Elle est capable d'émettre un son, ce que je supposais jusqu'à cette séance.
Séance 10 : Nous reprenons cette chanson et Michèle commence à fredonner le refrain, soit
une vingtaine de mots consécutifs. La qualité de l'émission vocale de Michèle s'améliore
notamment à l'aide d'exercices vocaux et respiratoires qui l'aident à renforcer sa voix.
Dans la continuité des séances, il serait nécessaire que :
- Michèle continue sa progression en utilisant des exercices vocaux.
- Qu'elle exploite ses capacités vocales à l'aide de nouveaux chants.
Séance 14 : Michèle parvient à chanter, avec une voix plus claire qu'auparavant, des mélodies
variées telles "j'ai du bon tabac", "L'auvergnat", "Mon manège à moi", etc ...
- Ses difficultés vocales sont partiellement gommées.
Dernière séance : Michèle réussit à chanter plusieurs chansons dans leur globalité. L'émission
vocale est riche puisqu'elle tente des variations sur les thèmes.
Ces séances ont permis à Michèle de retrouver une certaine qualité d'émission vocale
par le biais du chant mais qui lui permet de s'exprimer plus facilement au quotidien.
Evaluation quantitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle.
Quantité Séance 1 Séance 5 Séance 10 Séance 14 Dernière
séance
Importante �
Moyenne � �
Rare �
Inexistante �
Importante : Chante une chanson dans sa globalité.
Moyenne : Chante partiellement une chanson.
Rare : Fredonne quelques paroles d'une chanson.
Inexistante : Ne chante pas.
Evaluation quantitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle en diagramme:
Importante : Chante une chanson dans sa globalité.
Moyenne : Chante partiellement une chanson.
Rare : Fredonne quelques paroles d'une chanson.
Inexistante : Ne chante pas.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 5 S 10 S 14 D. S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 5 : Cinquième séance d'art-thérapie. S 10 : Dixième séance d'art-thérapie S 14 : Quatorzième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
Une évaluation qualitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle est effectuée.
Qualité Séance 1 Séance 5 Séance 10 Séance 14 Dernière
séance
Emission vocale
parfaite
Emission vocale
riche
� �
Emission vocale
faible
�
Emission vocale
très faible
�
Emission vocale
inexistante
�
Emission vocale quasi-parfaite : Emission vocale très claire et audible au niveau du volume et
de la diction. Changement de registre de voix possible.
Emission vocale riche : possibilité de changement de registre, de variations sur un thème
musical.
Emission vocale faible : Peu de volume sonore, voix timide et frêle.
Emission vocale inexistante : Aucune sonorité lors du chant ou des exercices vocaux.
Une évaluation qualitative de l'amélioration de la qualité du chant de Michèle est effectuée
sous forme de diagramme.
Emission vocale parfaite : Emission vocale très claire, audible et compréhensible au niveau du
volume et de la diction. Changement de registre de voix possible.
Emission vocale riche : possibilité de changement de registre, de variations sur un thème
musical.
Emission vocale faible : Peu de volume sonore, voix timide et frêle.
Emission vocale inexistante : Aucune sonorité lors du chant ou des exercices vocaux.
Emission vocale riche
Emission vocale faible
Emission vocale très faible
Emission vocale inexistante S 1 S 5 S 10 S 14 D. S
Emission vocale parfaite
Bilan de l'évolution de la qualité du chant de Michèle :
Ces évaluations montrent la progression de la qualité du chant de Michèle.
Au niveau quantitatif, Michèle qui refusait de chanter pendant les premières séances a peu à
peu acquis une qualité d'émission vocale satisfaisante qui l'a autorisé, lors des dernières
séances, à chanter plusieurs chansons dans leur intégralité.
Sur le plan qualitatif, Michèle, qui ne parlait que très peu, avait quelques difficultés
d'émission vocale telle un voile sur la voix. Des exercices vocaux et respiratoires lui ont
permis de retrouver une bonne émission vocale et donc de chanter avec plus d'enthousiasme.
- Observations de départ :
- Michèle refuse de chanter.
- Accès au langage réduit.
- Mauvaise émission vocale.
- Objectifs relatifs à l'amélioration de la qualité du chant de Michèle :
- Utiliser des exercices vocaux pour améliorer son émission vocale.
- Stimulation par l'utilisation de disques.
- Travailler avec des mélodies qu'elle connaît pour ne pas la mettre en difficulté.
- Evolutions de Michèle relative à qualité du chant de Michèle :
- Augmentation des moments de chant.
- Nette amélioration de la qualité d'émission vocale.
- Plaisir vocal exprimé.
✳ L'évaluation permet également d'observer l'accroissement de l'autonomie de
Michèle.
Faisceau d'items 1 : la capacité décisionnelle de Michèle.
Séance 1 : Michèle se laisse guider par l'art-thérapeute, refuse tout choix et préfère rester
immobile sur sa chaise. Elle reste toutefois attentive à ce que je lui dis puisqu'elle répond par
des signes de tête.
Cette séance me permet d'observer que :
- Michèle reste inactive sans sollicitation.
- Elle ne prend aucune décision seule et se laisse guider.
- Elle préfère s'en remettre à l'avis du thérapeute.
Séance 4 : C'est à la quatrième séance que Michèle commence à orienter son choix en
préférant jouer du synthétiseur. Après plusieurs séances consacrées au choix d'un instrument,
Michèle se décide à utiliser le synthétiseur. Elle oriente son choix après avoir écouter
longuement la sonorité de cet instrument. Malgré cela, Michèle me demande timidement ce
que j'en pense. Lors de cette séance Michèle apprend également à ranger seule son instrument.
Ces nouveaux éléments montrent que :
- Michèle est capable d'orienter un choix.
- Son choix respecte ses souhaits mais reste encore soumis à l'autre.
Séance 10 : Une autre étape est décisive pour Michèle : lors de la dixième séance, elle choisit
une chanson ( "L'eau vive" de Guy Béart ) qu'elle souhaite interpréter. Lors de l'écoute du
disque de Guy Béart, Michèle reconnaît cette chanson. Elle sourit beaucoup en l'écoutant et à
la fin me dit "Je la connais cette chanson". Elle semble vouloir l'interpréter à son tour, ce
qu'elle réalise timidement au début.
Ceci montre que Michèle augmente encore sa capacité décisionnelle :
- Michèle oriente un choix de manière très précise, sur une chanson ciblée bien que nous en
écoutions plusieurs à la suite.
- Michèle décide d'interpréter la chanson de son choix.
Séance 16 : Cette séance est l'occasion pour Michèle d'exprimer ses goûts et choix : elle
s'autorise à ne pas faire une activité qui ne lui convient pas. Lorsque je propose à Michèle de
quitter le synthétiseur pour commencer la phase de chant, elle me répond "non" d'une voix
claire et assez forte. Je lui demande les raisons de ce refus et elle s'exclame "J'ai pas terminé".
Cette affirmation prouve que
- Michèle a désormais la volonté de s'exprimer.
- Elle a donc évolué depuis le début des séances, lors desquelles elle n'aurait jamais osé aller à
l'encontre mon avis. Elle se laissait plutôt guider.
Dernière séance : Michèle montre désormais une certaine implication dans l'atelier puisqu'elle
désire aller au bout de son projet. J'ai respecté son choix et elle a continué à jouer du
synthétiseur. Elle a sans doute pris du plaisir.
Ces séances se sont avérées positives pour Michèle. Elles ont été l'occasion de confirmer sa
capacité décisionnelle que Michèle m'était en retrait du fait de son inhibition.
Evaluation quantitative de la capacité décisionnelle de Michèle :
Quantité Séance 1 Séance 4 Séance 10 Séance 16 Dernière
séance
Importante � �
Moyenne � �
Rare
Inexistante �
Importante : Prend entre 5 et 7 décisions dans une séance.
Moyenne : Prend entre 3 et 5 décisions dans une séance.
Rare : Prend entre 1 et 3 décisions dans une séance.
Inexistante : Ne prend aucune décision pendant la séance.
L'évaluation quantitative de la capacité décisionnelle de Michèle peut se signifier en
diagramme:
Importante : Prend entre 5 et 7 décisions dans une séance.
Moyenne : Prend entre 3 et 5 décisions dans une séance.
Rare : Prend entre 1 et 3 décisions dans une séance.
Inexistante : Ne prend aucune décision pendant la séance.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 4 S 10 S 16 D S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 4 : Quatrième séance d'art-thérapie. S 10 : Dizième séance d'art-thérapie. S 16 : Seizième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
L'évaluation qualitative de la capacité décisionnelle de Michèle est effectuée:
Qualité Séance 1 Séance 4 Séance 10 Séance 16 Dernière
séance
Décision
claire et
personnelle
� �
Décision
orientée
vers le désir
de l'autre
� �
Décision
soumise à
l'autre
Aucune
prise de
décision
�
Décision claire et personnelle : Décision prise sans aucune influence ni soumission.
Décision orientée vers le désir de l'autre : Décision prise en tenant compte de l'avis de l'autre.
Décision soumise à l'autre : Décision relatant une demande de l'autre.
Aucune prise de décision : Aucune capacité décisionnelle.
Un diagramme met en relief l'évaluation qualitative de la capacité décisionnelle de Michèle :
Décision claire et personnelle : Décision prise sans aucune influence ni soumission.
Décision orientée vers le désir de l'autre : Décision prise en tenant compte de l'avis de l'autre.
Décision soumise à l'autre : Décision relatant une demande de l'autre.
Aucune prise de décision : Aucune capacité décisionnelle.
Décision claire et personnelle
Décision orientée vers le désir de l'autre
Décision soumise à l'autre
Aucune prise de décision S 1 S 4 S 10 S 16 D S
Bilan de l'évolution de la capacité décisionnelle de Michèle :
Ces évaluations montrent une évolution au niveau de la capacité décisionnelle de Michèle.
Cette résidente qui ne semblait pas vouloir s'investir activement en séance, a progressivement
acquis une capacité décisionnelle suffisante pour la motiver à agir seule.
Au niveau quantitatif, les décisions de Michèle ont progressivement augmenté. Si au départ,
elle ne décidait de rien, se laissant guider, lors des dernières séances, Michèle a orienté
plusieurs choix et les a exprimé.
Sur le plan qualitatif, les choix de Michèle initialement orientés vers le désir de l'autre sont
devenus progressivement tout à fait personnels et réfléchis.
- Observations de départ :
- Michèle ne prend aucune décision, elle reste soumise aux autres.
- Michèle a besoins d'une stimulation pour prendre une décision.
- Il semble que Michèle possède les capacités nécessaires à la prise de décision.
- Objectifs relatifs à la capacité décisionnelle de Michèle :
- Encourager Michèle à prendre des décisions seule.
- Faciliter son choix par des stimulations.
- Evolutions de Michèle relative à la capacité décisionnelle :
- Parvient à prendre plusieurs décisions consécutives seule.
- Exprime ses choix clairement.
Faisceau d'item 2 : la prise de risque et volonté d'agir seule.
Séance 1 : Lors des premières séances, Michèle ne prend aucun risque, elle reste passive.
Lorsque je lui demande de chanter ou de choisir un instrument, elle préfère demeurer
silencieuse, ne fait aucun mouvement. Au départ, elle ne prend que peu d'initiative et semble
réservée.
Cette première approche montre que :
- Michèle est très inhibée ce qui l'empêche d'oser établir un contact ou de tenter de faire ce
qu'on lui demande.
- Elle reste immobile et ne fait une action que lorsqu'elle est accompagnée. Par exemple,
Michèle ne se déplace jamais seule.
Séance 3 : A partir de la troisième séance, je propose à Michèle de ranger son instrument, le
synthétiseur, seule. Un peu effrayée par cette responsabilité, elle ne me répond pas, se lève et
regarde la prise de courant derrière le synthétiseur. Je lui demande si elle veut bien la saisir
pour la débrancher. Elle me répond oui. Je lui montre le geste à accomplir et elle le reproduit
aussitôt.
Ceci montre que :
- Michèle peut agir seule même si, au départ, elle accomplit les actions en étant guidée.
- Michèle réussit a analyser mes gestes et à les reproduire.
Séance 8 à 11: Par la suite, Michèle apprend à ranger seule le synthétiseur, à l'enlever du pied,
à le plier etc. ... Il en sera de même pour l'installation de ce dernier. De façon autonome, elle
le met en place et le range.
- Michèle a donc pris confiance en elle.
Séance 15 à dernière séance : Michèle qui avait besoin d'une aide pour se déplacer, parvient à
se mouvoir seule en salle d'art-thérapie. Sur de très petits trajets, elle prend de l'assurance
pour aller poser le pied du synthétiseur contre le mur par exemple.
Les séances d'art-thérapie à dominante musique ont donc permis à Michèle d'acquérir de
l'autonomie en lui montrant qu'elle était capable d'accomplir des gestes, seule.
Evaluation quantitative de la prise de risques de Michèle et de sa volonté d'agir seule :
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 3 : Troisième séance d'art-thérapie. S 8 : Huitième séance d'art-thérapie. S 11 : Onzième séance d'art-thérapie. S 15 : Quinzième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
Evaluation qualitative de la prise de risques de Michèle et de sa volonté d'agir seule : Qualité Séance 1 Séance 3 Séance 8 Séance 11 Séance 15 Dernière
séance
Réfléchie et
posée
� �
Accompagnée
de l'art-
thérapeute
� � �
Inexistante �
Réfléchie et posée : La prise de risque et la volonté d'agir seule sont faites
consciencieusement, avec le temps nécessaire à la réflexion, les actions qui en découlent sont
sensées.
Accompagnée de l'art-thérapeute : Michèle n'agit pas seule, mais réagit aux demandes de l'art-
thérapeute seulement.
Inexistante : Aucune prise de risque ni d'acte volontaire dirigé.
Un diagramme montre l'évolution de la prise de risques de Michèle et de sa volonté d'agir
seule :
Réfléchie et posée : La prise de risque et la volonté d'agir seule sont faites
consciencieusement, avec le temps nécessaire à la réflexion, les actions qui en découlent sont
sensées.
Accompagnée de l'art-thérapeute : Michèle n'agit pas seule, mais réagit aux demandes de l'art-
thérapeute seulement.
Inexistante : Aucune prise de risque ni d'acte volontaire dirigé.
Réfléchie et posée
Accompagnée de l'art-thérapeute
Inexistante
S 1 S 3 S 8 S 11 S 15 D S
Bilan de l'évolution de la prise de décisions de Michèle et de sa volonté d'agir seule :
Ces évaluations mettent en exergue l'évolution significative de la prise de décisions de
Michèle et de sa volonté d'agir seule.
Au niveau quantitatif, Michèle qui se soumettait plutôt au désir de l'autre a pris peu à peu, une
distance par rapport à cela en choisissant ses actions et en les accomplissant seule. De plus en
plus souvent, elle s'est montré claire dans ses choix et à montré une envie d'agir seule.
Sur le plan qualitatif, Michèle a su, au fil des séances, prendre le temps nécessaire à la
réflexion d'une décision. Ceci lui a permis de faire des choix précis et d'analyser les gestes à
accomplir pour ranger le synthétiseur par exemple.
-Observations de départ :
- Grande inhibition menant à un refus d'agir.
- Incapacité orienter un choix, seule.
- Besoin constant d'une tierce personne pour accomplir une action.
- Objectifs relatifs à la prise de décisions et à la volonté d'agir seule :
- Montrer à Michèle des geste simples qu'elle peut réaliser afin qu'elle les reproduise.
- Lui "imposer" une rigueur dans le rangement des instruments.
- Tenter de la motiver pour qu'elle se déplace seule sur de petits trajets.
Evolutions de Michèle relative à la prise de décisions et à la volonté d'agir seule :
- Accroît son autonomie en parvenant à accomplir des actions seule.
- Se déplace seule sur de petits trajets.
- Accepte des responsabilités (rangement des instruments).
Faisceau d'items 3 : Michèle intègre un jeu de plus en plus varié au synthétiseur.
Michèle va acquérir au fil des séances un jeu de plus en plus varié en pianotant sur le
synthétiseur :
Séance 1 : Lors des premières séances, Michèle n'ose pas pianoter, elle joue doucement, elle
appuie sur les touches avec un seul doigt.
Ceci me montre que :
- L'inhibition de Michèle l'oblige à utiliser de petits gestes, à ne pas oser s'affirmer.
- Michèle a des difficultés de doigtés notamment causés par les handicaps liés au Syndrome
de Rubinstein-Taybi : petites mains, doigts courts.
Séance 2 : Je montre alors à Michèle qu'elle peut accroître le son en positionnant sa main au-
dessus des touches, ce qu'elle ne fait pas d'emblée. Une main mal positionnée au synthétiseur
ne permet pas de jouer correctement. Avec une main bien placée au-dessus des touches,
Michèle prend conscience que son jeu devient plus sonore.
Michèle découvre alors progressivement le plaisir de choisir les notes qu'elle veut jouer : - les
premiers essais de Michèle sont restés très timides, hasardeux.
Séance 6 : A partir de la séance 6, un réel changement apparaît dans le jeu de Michèle. Elle
choisit les notes qu'elle joue ensuite. Michèle ne jouait que sur les touches blanches. Lors de
la sixième séance, elle semble s'autoriser à jouer en diversifiant touches blanches et touches
noires.
Ceci conforte mes hypothèses de départ, à savoir :
- Sa timidité dépassée, Michèle est capable d'accéder à un jeu varié.
- Michèle prend plaisir à rechercher différentes sonorités et est capable de discernement
relativement à ce qu'elle joue.
Séance 9 à séance 15 : Michèle progresse beaucoup en utilisant un jeu construit et réfléchit.
Elle produit de petits morceaux qu'elle peut répéter plusieurs fois consécutives.
Dernière séance : Le jeu musical de Michèle devient alors plus construit et cohérent. Michèle
semble également prendre conscience qu'elle peut aboutir, seule, à une production esthétique.
Les séances d'art-thérapie à dominante musicale ont permis à Michèle d'acquérir un
jeu harmonieux et construit relativement à ses désirs. Si au départ, elle osait à peine effleurer
le synthétiseur, Michèle à très vite su écouter ce qu'elle produisait, en tentant d'y apporter des
innovations.
Evaluation quantitative du jeu de Michèle au synthétiseur : Quantité Séance
1
Séance 2 Séance 6 Séance 9 Séance 15 Dernière
séance
Importante � �
Moyenne � �
Rare � �
Inexistante
Importante : Joue entre 10 et 15 minutes pendant une séance
Moyenne : Joue entre 5 et 10 minutes pendant une séance.
Rare : Joue moins de cinq minutes pendant une séance.
Inexistante : Refuse de jouer.
L'évaluation quantitative du jeu de Michèle au synthétiseur peut se traduire sous forme de
diagramme :
Importante : Joue entre 10 et 15 minutes pendant une séance.
Moyenne : Joue entre 5 et 10 minutes pendant une séance.
Rare : Joue moins de cinq minutes pendant une séance.
Inexistante : Refuse de jouer.
Importante
Moyenne
Rare
Inexistante
S 1 S 2 S 6 S 9 S 15 D S
S 1 : Première séance d'art-thérapie. S 2 : Deuxième séance d'art-thérapie. S 6 : Sixième séance d'art-thérapie. S 9 : Neuvième séance d'art-thérapie. S 15 : Quinzième séance d'art-thérapie. D S : Dernière séance d'art-thérapie
Evaluation qualitative du jeu de Michèle au synthétiseur : Qualité Séance
1
Séance 2 Séance 6 Séance 9 Séance 15 Dernière
séance
Jeu
harmonique
� �
Jeu réfléchi � � � �
Jeu hasardeux � �
Jeu harmonique : Jeu relevant mélodique, traduisant le désir de la personne.
Jeu réfléchi : Michèle pense, avant de la jouer, aux notes qu'elle souhaite exécuter.
Jeu hasardeux : Michèle joue au hasard des touches blanches ou noires, sans prêter attention à
leurs sonorités.
Evaluation qualitative du jeu de Michèle au synthétiseur en diagramme :
Jeu harmonique : Jeu mélodique, traduisant le désir de la personne.
Jeu réfléchi : Michèle pense, avant de la jouer, aux notes qu'elle souhaite exécuter.
Jeu hasardeux : Michèle joue au hasard des touches blanches ou noires, sans prêter attention à
leurs sonorités.
S 1 : Séance 1.
S 2 : Séance 2.
S 6 : Séance 6.
S 9 : Séance 9.
S 15 : Séance 15.
D S : Dernière séance.
Jeu harmonique
Jeu réfléchi
Jeu hasardeux
S 1 S 2 S 6 S 9 S 15 D S
Bilan de l'évolution du jeu de Michèle :
Ces évaluations montrent que Michèle a nettement amélioré son jeu au synthétiseur.
Au niveau quantitatif, si, au début, son jeu était timide et limité à quelques notes éparses, à
partir de la séance 6, un réel changement est survenu puisque Michèle a jouer pendant plus de
dix minutes seule.
Sur le plan qualitatif, Michèle a su faire progresser son jeu en écoutant les notes qu'elle
pianotait avec attention, en les attaquant avec des nuances, en mêlant notes et silences, etc. ...
- Observations de départ :
- Michèle n'ose pas jouer, elle reste très timide et n'appuie que sur quelques rares
touches.
- Les handicaps aux mains de Michèle (doigts courts, mains de petites tailles) peuvent
être une difficulté pour le jeu.
- Objectifs relatifs à l'amélioration du jeu de Michèle :
- Fournir à Michèle un minimum d'éléments techniques qui lui permettent de
progresser et de diversifier son jeu.
- Montrer à Michèle que ces handicaps aux mains ne sont pas une barrière pour jouer
d'un instrument.
- Evolutions de Michèle relative à l'amélioration de son jeu :
- Diversifie son jeu en pianotant sur les touches blanches et noires.
- Propose des moments de silence dans ses compositions.
- Recherche d'un résultat esthétique par de multiples essaies.
- Augmentation du temps de jeu lors d'une séance : passage d'un refus de jouer à
quelques notes puis à dix minutes de jeu.
Toutes ces évaluations montrent une évolution positive dans l'accroissement de
l'autonomie de Michèle ainsi qu'au niveau de la communication.
L'art-thérapie a donc été bénéfique à Michèle dans le sens où les ateliers lui ont permis de
retrouver une certaine confiance en elle en lui prouvant qu'elle était capable d'accomplir des
actes, seule, c'est-à-dire de façon autonome. De plus, les troubles du langage ont été
partiellement gommés par l'utilisation du chant.
c. Les progrès de Michèle sont constatés en dehors des ateliers d'art-thérapie par
l'équipe pluridisciplinaire :
Les progrès de Michèle tant au niveau de l'accroissement de l'autonomie qu'au niveau
de la communication sont remarqués à plusieurs reprises par l'équipe pluridisciplinaire.
En effet, lors de la onzième séance, je ne devais pas raccompagner Michèle sur son unité
comme d'habitude, mais la confier à un aide-soignant qui l'emmenait en activité lecture.
Michèle était prévenue de ce changement avant de venir en atelier d'art-thérapie et savait que
ce professionnel viendrait la chercher. Lorsque la séance d'art-thérapie fut terminée, je
demandais à Michèle de me suivre et de venir à l'encontre de S. Or, ce n'est pas lui qui est
venu la chercher mais une autre aide-soignante. Michèle l'a regardé dans les yeux et a dit à
cette personne : "Je croyais que c'était S. qui venait me chercher, où est-il ?". Michèle a
prononcé cette phrase d'une voix si claire et de façon assez forte que nous étions tous surpris
de sa réaction. L'aide-soignante m'assurait que c'était une des rares fois où Michèle parlait
ainsi et où elle s'affirmait autant. Une fois rassurée, Michèle suivait l'aide-soignante afin
d'assister à l'activité lecture.
La onzième séance d'art-thérapie fut très riche puisque Michèle à chanter davantage. Je pense
donc que dans la dynamique de la séance, elle a pris confiance en elle ce qui lui a permis de
d'interroger spontanément l'aide-soignante.
D'autre part, Michèle, à plusieurs reprises, interpellait le personnel de l'unité 4 pour
connaître le jour des séances d'art-thérapie à dominante musicale. Ses manifestations montrent
son implication dans l'activité et son désir de la poursuivre.
De même, elle s'est autorisée à parler plus souvent au quotidien. Ainsi, lorsqu'elle revenait
d'une séance d'art-thérapie, il n'était pas rare qu'elle partage son avis concernant la séance
vécue auparavant.
La participation de Michèle aux séances d'art-thérapie a été inscrite dans son bilan. J'ai
également fourni un bilan écrit de l'atelier d'art-thérapie avec Michèle à l'équipe
pluridisciplinaire. Ce bilan retrace les progrès qu'elle a accomplis.
J'affirme de surcroît mon désir de continuité de cette démarche thérapeutique.
Bilan de la prise en charge en art-thérapie à dominante musicale de Michèle8 :
La prise en charge à dominante musicale de Michèle a débuté en 2004, lors de mon
premier stage. A la fin de celui-ci de réels progrès ont été constaté, notamment au niveau de la
communication.
L'objectif des prises en charge du stage de l'année 2005 consistait à poursuivre le
travail entreprit avec Michèle l'année précédente en gardant pour objectifs thérapeutiques:
- l'accroissement de l'autonomie
- l'amélioration de la communication de Michèle.
Michèle a toujours montré du plaisir à venir en séances d'art-thérapie et à participer à
l'activité musicale. Elle a fait preuve de sérieux lors des séances, se montrant très attentive,
impliquée, et appréciant particulièrement la musique.
Une relation de confiance s'est établie entre Michèle et l'art-thérapeute qui l'a mené à
se dégager progressivement de ce mutisme envahissant. Au départ très inhibée, Michèle s'est
progressivement autorisée à parler avec l'art-thérapeute, allant même jusqu'à l'humour.
L'utilisation de la pratique du chant lui a permis de travailler sur des exercices phonatoires et
respiratoires qui se sont montrés bénéfiques relativement pour ses problèmes de langage. Si
au départ elle ne faisait que mimer les paroles d'une chanson par exemple, lors du dernier
atelier, elle a réussi à chanter une chanson dans sa globalité, avec une voix à l'intonation juste.
Enfin, Michèle a su faire preuve d'autonomie en séances d'art-thérapie, puisqu'elle a
appris à installer le synthétiseur, à l'allumer seule et à l'utiliser comme elle le désirait (boîte à
rythme, différents sons, ...).
A mon sens, la prise en charge en art-thérapie à dominante musicale a été bénéfique
pour Michèle, elle lui a permis de dépasser son inhibition par le biais de techniques musicales
variées et d'entrer de nouveau en communication avec l'art-thérapeute et le personnel
soignant.
Il serait nécessaire que cette démarche thérapeutique soit renouvelée et trouve une
continuité dans son projet individuel car il reste encore des points intéressants à travailler avec
Michèle comme la confiance en soi ou encore la prise de décisions.
8 Bilan remis par le stagiaire à l'équipe pluridisciplinaire ainsi qu'aux animateurs des différentes unités.
3. Un atelier d'art-thérapie à dominante musicale peut aider une résidente atteinte du
Syndrome de Rubinstein-Taybi à accroître son autonomie et à diminuer ses troubles de la
communication :
L'atelier d'art-thérapie permet à la résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi
de réaliser qu'elle est capable d'accomplir des actions seule, sans avoir peur du jugement que
l'on portera sur elle. La personne qui souffrait d'une image dévalorisée d'elle-même, acquiert,
peu à peu, une confiance en elle qui l'autorise à retrouver une image restaurée.
L'art-thérapeute utilise des stratégies qui poussent la personne à réaliser des actions, à acquérir
un désir de faire et à devenir peu à peu plus autonome.
Cette "boucle de renforcement positive"9 va engendrer une réalisation positive qui permettra à
la résidente d'accroître son autonomie et de diminuer ses troubles de la communication.
Désir de faire������������Mise en oeuvre
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� + �
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ProduitRéalisation
Boucle de renforcement positive.
L'art-thérapeute propose donc une aide qui s'avère positive pour la personne atteinte du
Syndrome de Rubinstein-Taybi. Il l'aide à accroître son autonomie et à diminuer ses troubles
de la communication.
9 CHEVROLIER, JP, "Le modèle cognitivo-comportementaliste et le modèle artistique", in "Bases de l'enseignement en art-thérapie", PUF, Tours, 1990, p. 91
Un schéma tente de synthétiser le rôle de l'art-thérapeute et les bienfaits de l'art-thérapie pour
une résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi.
Art-thérapeute � � � � � � Résidente atteinte
du
Syndrome de Rubinstein-Taybi
� � �
� � �
� � �
� � �
� � �
Equipe pluridisciplinaire � � � � � � Accroissement
de l'autonomie,
diminution des troubles
de la communication.
Accueil, prise en charge, observations, évaluations
Intention Action Production
Objectifs
Interactions Evaluations Bilans Objectifs communs
Objectifs
Soins
III. Etude comparative entre deux ateliers spécifiques au sein d'une Maison d'Accueil
Spécialisé : un atelier d'ergothérapie et un atelier d'art-thérapie.
1. L'ergothérapie et l'art-thérapie tiennent une place importante dans le processus de
soin prescrit aux résidents de la Maison d'Accueil Spécialisé.
L'ergothérapie et l'art-thérapie sont deux pratiques utilisées dans de nombreuses
Maisons d'Accueil Spécialisé. Ces thérapies apportent une aide aux résidents souffrant de
nombreux troubles fonctionnels ou psychiques. Ces thérapies ont des techniques propres, et
les thérapeutes, des outils spécifiques.
Le résident peut évoluer en accomplissant de réels progrès au niveau de l'autonomie grâce à
des techniques artistiques pour l'art-thérapie et avec des techniques artisanales pour
l'ergothérapie.
a. L'ergothérapie propose une aide éducative pour les personnes porteuses de troubles
psychiques et physiques.
Une définition de l'ergothérapie a été élaborée dans le cadre du projet "ergothérapie-
thérapie d'animation"10 :
" L'ergothérapie est une mesure médico-thérapeutique dont les bases sont médicales, psycho-
sociales et pédagogiques.
L'ergothérapeute évalue le patient et le traite au moyen d'activités spécifiquement choisies. Le
traitement est conçu et exécuté en collaboration avec les patients.
Ceux-ci peuvent souffrir d'un handicap passager, ou définitif dû à un accident, une maladie
physique ou psychique, à des troubles sociaux ou de développement.
Le but de l'ergothérapie est de contribuer à diminuer le handicap ou ses conséquences en
soutenant le patient afin qu'il maintienne ou développe ses possibilités d'actions dans les
domaines personnel, social ou professionnel."
10 Association Suisse des Ergothérapeutes, ergothérapies, textes du projet Ergothérapie-thérapie d'animation, 1978-1982, Zurich, 1982
La visée fondamentale de l'ergothérapie s'articule autour de l'autonomie du sujet au
travers de ses activités. Ceci passe par une rééducation sensitive et motrice, mais également
par l'accompagnement de la personne vers un retour dans le milieu de vie ordinaire ou adapté.
Ses axes d'interventions sont médicaux parce que rééducatifs mais aussi paramédicaux-
sociaux parce que réadaptatifs.
Une des particularités de l'ergothérapie tient dans les interactions entre trois notions
fondamentales que sont : l'activité, la dépendance et l'autonomie.
L'activité permet la relation à l'autre, au monde, et qui nous fonde biologiquement et
physiquement. Les ergothérapeutes interviennent par le biais de mises en situation d'activités
avec le résident, mais aussi sur les conditions de son activité dans la structure d'accueil. Le
moyen d'intervention des ergothérapeutes consiste à mettre en activité une personne
souffrante afin qu'elle puisse développer ses aptitudes, appréhender ses situations de
handicaps, se les approprier et passer d'un état de dépendance à celui d'une indépendance.
La dépendance est de l'ordre de la contrainte, du lien obligatoire entre la personne et un
élément extérieur à sa volonté. L'ergothérapeute doit mettre en place les conditions pour que
cette dépendance puisse être compensée par une aide technique par exemple, mais aussi, pour
que la personne puisse et veuille accepter ce changement.
L'autonomie est une notion fondamentale de l'ergothérapie. Il s'agit, dans le cadre
ergothérapeutique, d'accompagner la personne au travers d'activités significatives, sur le
chemin d'une prise de conscience éclairée par la clinique, des situations de handicaps relatives
aux choix de vie du résident.
b. L'art-thérapie s'oriente vers l'exploitation du potentiel artistique dans une visée
thérapeutique et humanitaire.
Par sa spécificité, l'art-thérapie est une méthode thérapeutique qui trouve son
fondement sur les pouvoirs de l'art : l'art possède en effet la faculté d'enclencher chez l'homme
acteur ou contemplateur, une gratification sensorielle. Celle-ci tend vers un idéal esthétique.
Les effets de l'art sont le résultat de cette gratification sensorielle. Ils se manifestent par
l'émergence de sentiments, d'émotions, d'expressions, etc. ...
L'art-thérapie consiste à exploiter les pouvoirs et les effets de l'art pour faire naître un plaisir
esthétique, chez des personnes qui souffrent de troubles de l'expression, de la communication
ou de la relation.
Deux objectifs sont liés à l'art-thérapie.
Le premier est l'objectif humanitaire : l'art peut favoriser l'expression de la personne. L'art-
thérapeute doit donc tenir compte des possibilités et du potentiel artistique du résident. L'art-
thérapie s'oriente en premier lieu vers la partie "saine" de la personne, bien qu'elle prenne en
considération le côté pathologie.
Le second objectif de l'art-thérapie est l'objectif thérapeutique. C'est l'objectif à atteindre pour
apporter un soin aux personnes touchées dans leur intégralité physique et psychique. L'art-
thérapeute s'intègre dans une équipe pluridisciplinaire et s'inscrit dans un processus
thérapeutique global.
En Maison d'Accueil Spécialisé, l'art-thérapeute peut intervenir sur prescription
médicale mais également après concertation avec l'équipe pluridisciplinaire qui juge
nécessaire son intervention particulière.
Certains résidents, particulièrement sensibles à l'art (musique, peinture, théâtre, etc. ...)
peuvent bénéficier de tels ateliers.
Si l'équipe qui encadre les résidents au quotidien considère que cette indication serait adaptée
au résident, elle interpelle l'art-thérapeute afin de tenter de pallier aux difficultés de la
personne par une pratique artistique. Il travaille donc en collaboration avec les autres
professionnels de la Maison d'Accueil Spécialisé pour améliorer la qualité de vie des
résidents.
Ces deux thérapies sont insérées dans le processus de soin en Maison d'Accueil
Spécialisé.
2. L'ergothérapie et l'art-thérapie divergent sur plusieurs points :
a. L'ergothérapie utilise l'activité artisanale qui amène au processus d'apprentissage ;
l'art-thérapie met en relief les techniques artistiques en privilégiant une guidance artistique.
L'ergothérapie utilise le travail artisanal et tend à redonner un maximum d'autonomie
au résident. Pour ce faire, le thérapeute se sert de techniques liées à l'artisanat.
Une explication du concept de l'ergothérapie est relatée p. 35 du livre de Dudochet11 :
" L'ergothérapie vise à améliorer les compétences, les capacités et les
fonctionnements qui forment la base du savoir-faire ; elle cherche à contrecarrer les tendances
11 DUBOCHET, Michèle, l'ergothérapie avec les enfants, Ed. EESP, Lausanne, 1992.
du handicap à s'aggraver, et, ainsi, à établir les conditions pour une autonomie de plus en plus
complète. En ergothérapie, l'activité est utilisée comme moyen thérapeutique. Elle est choisit
par la signification qu'elle revêt pour le patient malade ou handicapé ; elle sera analysée en
fonction de ses exigences en tant qu'activité et adaptée aux besoins spécifiques de la
personne."
Pour l'ergothérapeute, l'activité est donc un moyen privilégié. Ses préoccupations
consistent à faire agir le résident sur des objets afin qu'il acquiert des savoirs-faire ou un
savoir-agir et qu'il puisse interagir avec son environnement.
Des activités significatives peuvent servir à prévenir ou surmonter un dysfonctionnement,
ainsi qu'à promouvoir une adaptation maximale. Ces activités sont admises comme moyen
thérapeutique, comme but de traitement et comme analyseur du fonctionnement du résident.
Elles relèvent des ressources et difficultés de celui-ci.
L'activité réalisée pendant une séance d'ergothérapie est choisie par le résident et le thérapeute
sur la base de critères précis : Qu'est-ce qui dysfontionne ? A quels moments? Quel est
l'objectif de la prise en charge ? Quelle activité serait susceptible d'aider à l'amélioration de la
difficulté du résident ? etc. ...
L'exécution de cette activité est soumise à divers principes et techniques qui contribuent à
atteindre les buts et objectifs de la prise en charge.
L'action sur les objets qui est au centre de l'ergothérapie détermine la priorité explicitement
accordée aux capacités motrices, cognitives et sensorielles.
L'art-thérapie utilise des techniques artistiques en privilégiant une guidance
artistique.
En art-thérapie, une production n'a aucun but utilitaire, elle doit plutôt être orientée vers le
ressenti du résident, son envie d'expression dans l'ici et maintenant.
Ainsi, en art-thérapie à dominante musicale, un résident qui choisit de jouer du piano ne va
pas être confronté par l'art-thérapeute à un processus d'apprentissage ( gammes, exercices, etc.
... ). Il va être guidé et encouragé quant à la recherche de techniques nécessaires à la
réalisation de son "idéal" esthétique.
La finalité de l'art-thérapie ne réside pas tant dans l'oeuvre d'art achevée, mais dans le
cheminement qui va mener à sa réalisation. L'implication du résident, ses intentions et actions
au long de l'élaboration de son oeuvre constituent des étapes primordiales.
b. L'ergothérapeute et l'art-thérapeute utilisent des outils d'évaluation différents.
En ergothérapie, l'évaluation tient compte des "troubles dont souffre le sujet, de leur
pronostic éventuel, de l'environnement matériel et humain, des rôles sociaux qu'il assume, de
la représentation qu'il a de lui-même et de ses désirs."12
L'évaluation implique une vision globale du résident, de ses problèmes et de ses ressources
servant de bases à la planification du traitement ou permettant de décider que celui-ci ne
s'avère pas nécessaire.
Une évaluation formative se situe en début de prise en charge. Elle tente de cerner les
difficultés du résident et s'articule autour de plusieurs questions :
- Quelles sont les ressources du résident ?
- Comment son entourage le soutient-il ?
- Peut-il s'adapter seul ?
- La nature de ses difficultés est-elle une menace qui entrave son développement ?
A cela s'ajoute un bilan des déficiences établit après des tests qui visent :
- Le bilan des déficiences : la déficience correspond à l'aspect lésionnel du handicap. Selon le
cas, l'ergothérapeute peut être amené à réaliser des bilans trophiques et cutanés,
ostéoarticulaires, musculaires, des sensibilités, des fonctions supérieures, etc. ...
- Le bilan des incapacités et désavantages de divise en plusieurs parties :
- L'incapacité correspond à l'aspect fonctionnel du handicap, le désavantage à l'aspect
situationnel du handicap.
- Le bilan fonctionnel du membre supérieur s'intéresse au bilan gestuel et au bilan des
préhensions, incluant habileté, précision; capacité de manipulation et déplacement du membre
supérieur dans l'espace, reconnaissance des objets, force musculaire, etc. ...
- Le bilan de l'indépendance concerne tout acte de la vie quotidienne : déplacement,
transfert, communication, habillage, hygiène, alimentation, loisir, intégration sociale et
familiale, comportement.
12 MEYER, S., Le processus de l'ergothérapie, Ed. EESP, Lausanne, 1990, p. 3
- L'environnement humain permet de connaître le niveau de l'aide humaine auquel la
personne a recours quotidiennement.
- Le bilan de l'environnement matériel et architectural analyse les éléments empêchant
l'autonomie : accès, circulation dans le logement, sanitaire, mobilier, etc. ...
Ces bilans sont utilisés par l'ergothérapeute afin de mieux connaître le résident et de
l'aider à accéder à un maximum d'autonomie. Ils s'avèrent nécessaires pour la mise en place
de mobilier adapté tel les barres de maintien dans les douches qui autorisent certains résidents
à se laver seul par exemple.
Le but de l'évaluation formative est de déterminer les problèmes et ressources du
résident dans ses compétences à interagir avec son environnement et de proposer une
explication à ses difficultés.
Un schéma permet de synthétiser ces propos et de montrer le but de l'évaluation formative13 :
13 DUBOCHET, Michèle, l'ergothérapie avec les enfants, Ed. EESP, Lausanne, 1992.
L'EVALUATION FORMATIVE
L'individu Son environnement
Sa culture
L'ergothérapeute ses valeurs, sa conception de la profession. Les modèles pratiques
Sa vie quotidienne La prescription Les dossiers Les entretiens L'observation
- ses possibilités et difficultés - ses comportements - la communication - ses ressources - ses intérêts - ses désirs
Les déficits ou causes des difficultés : - la motricité -les aspects sensoriels - les aspects cognitifs - les aspects sociaux
Organisation et interprétation des données : Les problèmes, la synthèse des problèmes, la synthèse des ressources.
L E R E C U E I L D E S D O N N E E S
L'évaluation sommative quant à elle, tend à mesurer les résultats de l'intervention de
l'ergothérapeute. Elle peut se dérouler à n'importe quel moment du traitement. Elle permet de
réorienter celui-ci ou de décider de l'arrêter.
L'ergothérapeute propose au résident des activités ou des épreuves en vue de répondre aux
questions qu'il se pose sur les difficultés que ce dernier rencontre dans sa vie quotidienne ou
sur les causes de ses gènes d'action. L'ergothérapeute fixe donc un but à son observation.
L'observation de situation de la vie quotidienne donne de multiples informations sur le
résident. S'habiller, nettoyer une table, etc. ... posent au résident des problèmes complexes ; la
manière dont il les résout et les difficultés qu'il rencontre sont sources d'indications.
L'ergothérapeute complète cela par des épreuves qui se focalisent sur des aspects particuliers
du développement du résident, tels :
- Le résident dans sa vie quotidienne :
a. Ses possibilités, ses difficultés.
b. Comment interagit-il avec son entourage ?
c. Ses ressources, ses intérêts, ses désirs.
- Les causes des difficultés ; les prérequis ou les déficits :
a. La motricité globale
b. La préhension fine
c. Les aspects sensoriels : toucher, proprioception, vision, etc. ...
d. Les aspects cognitifs
e. Les aspects affectifs et sociaux
Tous ces outils d'observation et d'évaluation sont nécessaires à l'ergothérapeute afin
de mener à bien son intervention et de tenter d'atteindre ses objectifs.
En art-thérapie, l'évaluation est basée sur l'évolution des mesures de l'item tout au long
des prises en charge du résident. L'item est la plus petite identité observable : il se rapporte à
ce que l'art-thérapeute peut observer de façon objective tels des sourires, des grimaces, des
mimiques particulières, mais également de façon ressentie c'est-à-dire un sentiment de gène
du résident ou une sensation qui lui semble agréable.
Tous ces items sont alors regroupés dans des grilles d'observations qui servent à montrer
l'évolution ou l'involution du résident par rapport à l'objectif thérapeutique de l'art-thérapeute.
Elles se présentent souvent sous forme de graphiques avec en abscisse le nombre de séances
et en ordonnée l'item quantifié. Toutefois, il existe de nombreuses façons de disposer les
données : grilles, tableaux, graphiques.
Pour classer toutes ces informations nécessaires au travail de l'art-thérapeute, un autre outil
existe : la fiche d'observation. Elle permet d'apprécier le suivi thérapeutique du résident mais
elle devient également une "mémoire" pour l'art-thérapeute. Cette fiche est personnalisée pour
chaque résident et ne vaut que pour les séances individuelles. Elle classe l'ensemble des faits
observés par l'art-thérapeute lors de la séance ( une fiche par séance ).
La fiche d'observation possède cinq fonctions différentes :
- "La mise en évidence et l'état de base des éléments de l'évaluation ;
- Une mémoire de ce qui s'est passé pendant l'atelier ;
- Une gestion en organisant les informations ;
- Un recentrage de l'activité tant sur ses objectifs que sur la nature de l'intervention ;
- Une stimulation et un appel à la vigilance de l'art-thérapeute qui, d'une séance à
l'autre, peut prévoir l'activité, mais aussi doit être capable de se laisser surprendre par des faits
nouveaux, ( ... )"14 et de s'adapter à toute éventualité.
Les outils d'évaluation de l'art-thérapeute lui sont nécessaires quant au suivi de la prise
en charge du résident. De plus, ils lui permettent de les exploiter en équipe pluridisciplinaire
qui peut ainsi analyser rapidement l'évolution du résident.
c. L'ergothérapeute utilise la technique rééducative en fonction de la pathologie; l'art-
thérapeute prend en compte la personne dans son authenticité.
Le processus de soin de l'ergothérapie se base sur le ou les handicaps du résident
qu'il va prendre en charge. Après plusieurs bilans évaluant les déficiences et les capacités de
la personne, il choisit une technique rééducative qui va permettre de dépasser ses difficultés
ou d'apprendre à vivre mieux avec.
L'ergothérapeute adapte la technique par rapport aux difficultés du résident. Ainsi, une
personne inhibée, se repliant sur elle-même trouvera avec une activité de groupe telle la
cuisine thérapeutique, une solution palliative à ses difficultés de communication : il s'agit
d'emmener un petit groupe de résidents "faire les courses", avec un encadrement adapté et de
14 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 72
réaliser, par la suite, des plats cuisinés. Les résidents qui refusent, pour la plupart, le contact
avec autrui sont, par le biais de cette activité culinaire, en interaction avec d'autres personnes.
L'ergothérapeute peut également adapter le milieu environnant du résident à son handicap. En
Maison d'Accueil Spécialisé, il propose des solutions pour pallier aux différentes difficultés
des résidents. Une personne infirme moteur cérébrale par exemple, peut avoir des difficultés
pour écrire même si elle en a les capacités et le désir. L'ergothérapeute peut alors trouver un
moyen qui l'aide à mieux tenir son crayon. En parallèle, des séances de rééducation motrice
sont proposées.
L'ergothérapeute accompagne les résidents dans les gestes de la vie quotidienne en fabriquant,
avec eux, par exemple, des cuillères ergonomiques qui leurs permettent de manger seuls.
L'art-thérapeute prend en compte la personne dans sa globalité sans se focaliser sur le
trouble. Pour illustrer ce propos, je m'attarde sur l'exemple d'une résidente que j'ai accueilli en
atelier d'art-thérapie à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil au cours de mon stage.
Françoise est polyhandicapée, souffrant d'une maladie génétique qui la contraint à rester alitée
la plupart de la journée. Elle semble comprendre mes propos même si elle n'a pas l'acquisition
du langage pour répondre. Toutefois, un mode de communication par clignement des yeux
pour affirmer ou infirmer un "oui" semble avoir été établi. Françoise ne peut mouvoir aucun
de ses membres exceptés des mouvements de tête. Face à cette situation, je propose dans un
premier temps d'orienter mon travail d'art-thérapeute sur des écoutes musicales. Françoise
semble avoir une sensibilité musicale qu'elle relate par des manifestations corporelles telles
des pleurs, sourires, salivations ...
Après onze séances d'art-thérapie à dominante musicale, je propose à Françoise de jouer d'un
instrument de musique que l'on choisira ultérieurement. Elle semble très enthousiaste à cette
proposition et peut le montrer en bougeant sa tête davantage.
Or, si je considère le polyhandicap de Françoise, il paraît impossible qu'elle ait accès au jeu
d'un instrument. Au contraire, si je considère la partie "saine" de Françoise, je m'aperçois
qu'elle a une grande capacité respiratoire et qu'elle pourrait donc éventuellement souffler dans
une flûte par exemple. Je lui propose donc de tester cet instrument. Françoise ne peut tenir la
flûte, je l'aide à saisir l'embouchure et à maintenir l'instrument dans sa bouche. Les essais
s'avèrent positifs puisqu'elle réussit à émettre des sons. Ceci semble lui procurer énormément
de plaisir.
Cet exemple montre que l'art-thérapeute a une vision globale de la personne et l'aide
à surmonter ses dysfonctionnements tant physiques que psychiques.
3. Ces deux thérapies ont des aspects similaires intéressants : elles visent
l'amélioration de la qualité de vie du résident :
L'ergothérapie et l'art-thérapie trouvent tout de même des points de convergence.
Comme leurs noms l'indiquent ce sont deux thérapies qui ont pour but de redonner au résident
une certaine autonomie qui lui permettra d'améliorer sa qualité de vie.
L'ergothérapie et l'art-thérapie sont des disciplines dont la finalité reste thérapeutique.
L'utilisation de techniques différentes, artisanales pour l'ergothérapie et artistiques pour l'art-
thérapie, montre que plusieurs orientations peuvent mener un résident à améliorer sa qualité
de vie.
L'ergothérapeute établit son action sur l'idée selon laquelle l'être humain s'accomplit
dans ce qu'il fait. Chacun possède un besoin fondamental d'explorer, d'agir sur son
environnement, de démontrer ses compétences, donc un besoin de se réaliser dans l'action.
En l'engageant dans des activités, l'ergothérapeute encourage le résident à découvrir ce qui
l'entoure et à se découvrir lui-même. Il lui apprend à interagir avec son environnement, à
développer ses habiletés, à exprimer ses émotions.
Les activités dont se sert l'ergothérapeute telles la vannerie ou la poterie, influent tant sur la
santé physique du résident que sur sa santé psychique.
"L'ergothérapie représente une manière originale de comprendre les activités des êtres
humains, les rapports entre ce qu'ils font et ce qu'ils sont ; elle repose sur l'idée que grâce à
ces activités, l'être humain se remodèle constamment."15
C'est donc en tentant d'atteindre un équilibre dynamique entre l'"agir", l'"être" et le "devenir"
que l'ergothérapeute favorise l'amélioration de la qualité de vie du résident.
De plus, les activités que choisit l'ergothérapeute doivent avoir un sens pour le
résident. Elles doivent répondre à ses intérêts, à ses désirs. L'activité est retenue en
ergothérapie comme la modalité thérapeutique privilégiée pour assurer le "rendement"
optimal dans les activités.
15 FERLAND, Francine, Le modèle ludique, le jeu, l'enfant ayant une déficience physique et l'ergothérapie, Les presses de l'Université de Montréal, Montréal, 2003, p. 56
En ergothérapie, les activités sont divisées en trois domaines : les loisirs, la productivité et les
soins personnels.
Par l'utilisation de ces activités diverses, l'ergothérapie contribue à l'amélioration de
la qualité de vie du résident accueilli en Maison d'Accueil Spécialisé.
Pour parvenir à améliorer la qualité de vie du résident qu'il prend en charge, l'art-
thérapeute utilise les " deux natures principales de l'action de l'art sur le malade".16
Dans un premier temps, le résident est contemplateur et subit donc passivement les effets
bénéfiques de la beauté. Ce principe est retrouvé lors de l'écoute musicale qui peut être
proposée en séance d'art-thérapie, si le résident apprécie ce qu'il entend, il ressentira les effets
de la beauté même s'il n'est pas actif.
D'autre part, l'art-thérapeute se sert de "l'effet bénéfique que procure l'activité artistique"17
chez un résident. Cette fois, ce dernier est actif. L'art-thérapeute va, par exemple, proposer à
un résident qui souffre de troubles de la mémoire d'entonner des chansons. Cette démarche lui
permet de stimuler sa mémoire par le plaisir ressenti lors du chant et donc, d'améliorer, à long
terme, sa qualité de vie.
La réalisation d'une production artistique peut permettre l'apparition d'effets
communicatifs, relationnels, en favorisant des échanges avec d'autres personnes. Cette
confrontation avec les autres autorise l'évaluation de leur technicité, de leur savoir-faire et
permet de leur montrer son goût et son style. Ceci engendre la naissance d'une intention qui
va mener à une action volontaire dirigée.
16 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 17 17 Opus cit. ci-dessus
L'opération artistique18
L'oeuvre d'art est en elle-même et pour elle-même dans le monde sensible (tout ce
qui est perceptible par les sens). C'est un accident spatio-temporel qui arrive à un moment
donné, se déplace et s'inscrit dans le temps et dans l'espace.
L'oeuvre d'art rayonne dans le monde sensible et des capteurs reçoivent ce rayonnement. Ce
sont les organes sensoriels qui captent et traitent de manière archaïque les informations
reçues.
Ce traitement sophistiqué de l'information met en oeuvre la connaissance, l'émotion, les
mécanismes mentaux. Il est fondé sur la raison.
Le chiffre 5 (cf. Schéma ci-dessus), correspond à l'intention qui est une stimulation de la
volonté et de l'activité physique déterminant et lançant l'activité d'expression.
L'action, au chiffre 6, est fondée sur l'acte volontaire dirigé. On passe de l'intérieur vers
l'extérieur. Une certaine technicité amène à une production.
La production, chiffre 7 sur le schéma, correspond à la production artistique. L'oeuvre d'art se
détache de l'idéal esthétique de départ.
18 FORESTIER, Richard, l'atelier d'art-thérapie - congrès de Tours 1999 - AFRATAPEM, p. 122
1
2
3 4 5
6
7 8
1'
Phénomène artistique
Au chiffre 8 apparaît le traitement mondain : la production peut entrer dans le patrimoine
commun de l'art.
De nouveau ( 1' ), le résultat de l'implication se transforme en rayonnement.
L'art-thérapeute observe et exploite les deux parties distinctes du phénomène artistique qui se
modélisent par un schéma :
Approche méthodologique de l'activité artistique19
ART I : implique le corps : dans cette phase, l'expression se présente de manière globale et
anarchique. Par exemple, dans la pratique musicale, cette phase correspond au domaine des
bruits.
La seconde phase nommée ART II implique toujours le corps mais l'expression devient
ordonnée et spécifique. Elle fait appel aux techniques artistiques. Dans la pratique musicale,
cette phase correspond au domaine des sons.
L'art-thérapeute doit être capable d'enclencher et d'observer le phénomène artistique
chez un résident. Son originalité consiste en l'utilisation des effets de l'art dans un processus
de soin.
L'exploitation du phénomène artistique conduit le résident à améliorer sa qualité de vie.
19 FORESTIER, Richard, Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre SA, 2001, p. 56
ART I
Expression phase de l'intentionnalité
ART II
Art universel
globale et anarchique
Corps
ordonné et spécifique
Techniques artistiques
Corps
Sens de la vie
4. Ces deux thérapies peuvent être complémentaires :
En Maison d'Accueil Spécialisé, l'ergothérapie et l'art-thérapie s'avèrent parfois
complémentaires. Comme elles utilisent des outils particuliers, ces deux thérapies engendrent
des prises en charge spécifiques qui visent un même objectif : l'amélioration de la qualité de
vie du résident.
Pour cette raison, l'ergothérapeute et l'art-thérapeute sont souvent amenés à travailler en
collaboration pour s'apporter mutuellement des informations supplémentaires sur l'attitude
d'un résident, pour se donner des pistes de travail spécifiques, etc. ...
L'ergothérapeute et l'art-thérapeute partagent presque toujours leurs finalités et buts avec
l'équipe pluridisciplinaire, ainsi qu'avec les proches des résidents, qui passent souvent plus de
temps avec eux. Il leur est donc indispensable de connaître les limites de leurs interventions et
de focaliser leurs actions. Ce sont les conditions d'une "négociation saine" entre les différents
intervenants. Les progrès d'un résident sont dus à l'action conjuguée de différents
professionnels.
L'ergothérapeute et l'art-thérapeute répondent à un certain nombre d'exigences qui s'avèrent
bénéfiques pour les résidents qu'ils prennent en charge.
Ces deux professionnels possèdent une formation initiale et continue solide et, de fait, des
compétences qui leur sont propres. L'interdisciplinarité nécessite d'appréhender les objets
définis par d'autres professionnels.
De plus, "la pluralité permet le repérage des besoins dans l'ensemble des domaines où le
[résident] peut être en état de souffrance"20 .
Enfin, les différents programmes doivent traduire un projet commun. La pluralité implique la
possibilité d'une discussion argumentée sur les finalités, les buts et éventuellement les
objectifs de la prise en charge. Elle oblige à l'échange et à la confrontation des données.
L'art-thérapeute peut, par exemple, faire appel aux compétences de l'ergothérapeute lorsqu'il
est confronté à une difficulté qui entrave la progression d'un résident. Une personne
polyhandicapée, qui ne peut mouvoir que sa tête, peut accéder au jeu d'un instrument de
musique comme la flûte à bec qu'à la condition qu'un support pour maintenir l'instrument dans
20 BAUER, M. , Collaboration interprofessionnelle, les modèles, leurs effets, in Collaboration dans les professions sociales, travux réunis par M. Gottraux, Cahiers de l'EESP, Lausanne, 1990
sa bouche lui soit fournit. Or, le champ de compétence de l'art-thérapeute ne lui permet pas
d'entrer dans la fabrication d'objets ergonomiques. Il est donc nécessaire qu'il demande l'aide
de l'ergothérapeute afin d'amener progressivement le résident vers une autonomie qui lui
permettra d'améliorer sa qualité de vie, objectif commun des deux prises en charge.
Les champs de compétences de chaque professionnel sont limités et le thérapeute
doit savoir demander l'aide d'un autre thérapeute lorsqu'il s'aperçoit des limites de sa
discipline.
5. Un tableau récapitulatif permet de discerner davantage les points de différences et de
ressemblance de l'ergothérapie et de l'art-thérapie.
ERGOTHERAPIE ART-THERAPIE
Eléments de
ressemblance
Eléments de
différences
�Deux thérapies �Objectif commun : amélioration de la qualité de vie des résidents �Travail en équipe pluridisciplinaire : complémentarité �Formation initiale et continue �Adaptation aux résidents �Proposent un suivi et un accompagnement aux résidents
�Propose une aide éducative �Utilise l'activité artisanale qui mène au processus d'apprentissage : poterie, vannerie, etc. ... �Outils d'évaluations spécifiques - évaluation formative - évaluation sommative �Utilise la technique rééducative en fonction de la pathologie �Etablit son action sur l'idée selon laquelle l'être humain s'accomplit dans ses activités
�S'oriente vers l'exploitation du potentiel artistique �Met en relief les techniques artistiques et privilégie la guidance artistique : musique, peinture, théâtre, etc. ... �Outils d'évaluations spécifiques - fiche d'observation - grille d'évaluation �Prend en compte la personne dans son authenticité �Utilise les pouvoirs de l'art
Conclusion :
L'adulte possède normalement des compétences propres acquises grâce à un
développement psycho-moteur correct lui permettant d'acquérir une autonomie et une qualité
de vie satisfaisantes.
Le Syndrome de Rubinstein-Taybi se définit comme une anomalie du développement de
l'embryon qui engendre des troubles physiques et psychiques. Ce syndrome entraîne de
nombreux handicaps qui altèrent progressivement l'évolution et l'épanouissement de la
personne atteinte. La grande dépendance de son entourage pour ses besoins vitaux nuit à sa
qualité de vie.
L'inhibition et le refus de communication caractérisent les symptômes dont souffre la
personne atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi et de surcroît entravent sa capacité à
satisfaire ses choix et ses envies.
L'art-thérapie à dominante musicale, en exploitant les pouvoirs et effets de l'art, peut
permettre à un adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi d'accroître son autonomie et
de diminuer ses troubles de la communication.
L'expression artistique orientée vers la recherche d'un plaisir esthétique éveille la sensorialité
de la personne. L'adulte atteint du Syndrome de Rubinstein-Taybi, grâce aux différentes
étapes de l'activité artistique, développe ses capacités émotionnelles et exprime sa
personnalité.
Afin de concrétiser ces propos, j'ai présenté le travail que j'ai effectué avec Michèle
lors de mon stage à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil ( 86 ).
Michèle, résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi, est accueillie à la Maison
d'Accueil Spécialisé d'Iteuil depuis 1994. Cette personne semblait très inhibée, en retrait par
rapport aux autres résidents et n'agissait quasiment que sur sollicitation. Michèle s'avérait être
dépendante de son entourage dans les gestes les plus simples de la vie quotidienne.
La prise en charge de Michèle en atelier d'art-thérapie à dominante musicale a permis
un accroissement de l'autonomie ainsi qu'une diminution progressive des troubles de la
communication. Michèle a, peu à peu, pris confiance en elle et a réaliser qu'elle était capable
d'accomplir des actions seule. La pratique du chant a notamment aidé Michèle à développer
ses capacités phonatoires qu'elle n'exploitait presque plus.
Le travail d'art-thérapeute nécessite donc une perpétuelle remise en questions ainsi
qu'un recul relatif aux prises en charge. Le travail en équipe pluridisciplinaire favorise cela et
permet de noter l'impact général des prises en charge par différents professionnels sur les
résidents. Cette collaboration s'avère bénéfique et riche, elle engendre des discussions et
réflexions qu'il est impossible d'avoir seul.
Une étude comparative a tenter ensuite de montrer que deux ateliers spécifiques présents en
Maison d'Accueil Spécialisé (l’atelier d'ergothérapie et l'atelier d'art thérapie) tenaient une
place importante dans le processus de soin, que ces deux thérapies divergeaient sur plusieurs
points mais possédaient également des aspects similaires intéressants. Le plus important étant
le but de la prise en charge : l'amélioration de la qualité de vie des résidents.
La réflexion menée pour réaliser ce mémoire m'a amené à m'interroger quant à l'arrêt
d'une prise en charge en art-thérapie.
J'ai travaillé avec Michèle pendant un an. Des résultats positifs de la prise en charge en art-
thérapie sont apparus après six mois de travail avec elle, c'est-à-dire, à la fin de mon premier
stage d'intervenante spécialisé en art-thérapie. Je savais alors que j'aurais la possibilité de
reprendre là où je m'étais arrêtée grâce au second stage de DU d'art-thérapie. Ceci s'est avéré
positif puisque Michèle a accompli de réels progrès tant au niveau de l'accroissement de
l'autonomie qu'au niveau de la communication.
Toutefois, je pense que cette prise en charge aurait méritée de trouver une continuité afin
d'ancrer les acquisitions et d'affiner le travail entamé, malheureusement ce n'a pas été le cas.
L'arrêt des prise en charge en art-thérapie a été imposé par des contraintes administratives et
bien évidemment non souhaité et réfléchi par l'art-thérapeute et le résident.
Il reste à se demander alors si les progrès de Michèle qui ont été constaté en atelier d'art-
thérapie et par l'équipe pluridisciplinaire vont perdurer au-delà des prises en charge et si elle
va accroître son autonomie dans le sens où les séances d'art-thérapie lui auraient servi de
béquilles transitoires ou, du moins, auront impulser chez cette patiente un désir
d'indépendance ...
Bibliographie :
ALLASON, J. E, Rubinstein-Taybi syndrome : the changing face, 1990
ANTHONIOZ, P. , L'atelier d'art-thérapie, indication, évaluation, méthode et technique
artistique, Congrès d'art-thérapie, Faculté de Médecine de Tours, 1999, éd. Université
François-Rabelais, Tours, 2001
BAUER, M. , Collaboration interprofessionnelle, les modèles, leurs effets, in Collaboration
dans les professions sociales, travaux réunis par M. Gottraux, Cahiers de l'EESP, Lausanne,
1990
CHEVROLLIER, JP. , "Le modèle cognitivo-comportementaliste et le modèle artistique", in
Bases de l'enseignement en art-thérapie, PUF, Tours, 1990
CONGRES TOURS, 1999, Atelier d'art-thérapie, Publication de l'université François-
Rabelais, Tours, 2001
DUBOCHET, M. , L'ergothérapie avec les enfants, éd. EESP, Lausanne, 1992
FERLAND, F. , Le modèle ludique, le jeu, l'enfant ayant une déficience physique et
l'ergothérapie, Les Presses de l'Université de Montréal, Montréal, 2003
FORESTIER, R. , L'atelier d'art-thérapie, Congrès de tours, AFRATAPEM, 1999
FORESTIER, R. , Tout savoir sur l'art-thérapie, éd. Favre, Lausanne, 2000
FORESTIER, R. , Tout savoir sur l'art occidental, éd. Favre, Lausanne, 2004
GOOD, D. , Qualité de vie pour les personnes présentant un handicap, éd. du CTNGRHI,
Paris, 1997
GROUPE ROMAND DES ERGOTHERAPEUTES, Outils d'évaluation en ergothérapie,
Cahiers de l'EESP, coll. "Travail social", Lausanne, 2001
HUISMAN, D. , Psychologie générale, éd. Nathan, Bourges, 1991
LACOMBE, D. , Le Syndrome de Rubinstein-Taybi, arch. Pédiatrie, 1994
MEYER, S. , Le processus de l'ergothérapie, éd. EESP, Lausanne, 1990
RUSS, J. , Dictionnaire de philosophie, éd. Bordas, Paris, 1996
VLAD, R. , Dictionnaire de la musique, éd. CELIV, Paris, 1993
ANNEXES
Exemples de grille d'observation et de fiche d'évaluation.
Grille d'observation : Prénom : Date :
Heure de la séance: Durée de la séance:
Dynamique de la séance : Exercices pratiqués pendant la séance : Techniques utilisées : � Synthétiseur � Percussions � Chant � Flûte � Ecoute musicale � Autres Méthode : � Situation � Jeu � Exercice � Didactique � Révélateur � Occupationnel � Directif � dirigé � semi-dirigé � libre Aspects abordés : � Expression � Communication � relation Comportement du patient pendant la séance : Engagement, intérêt durant la séance : � Oui � Non � Fait volontiers � Subit � Equilibré Relation à l'exercice : � Actif � Passif � Réceptif Parole : � Peu � Moyen � Beaucoup � Par rapport à sa vie � Par rapport à sa famille � Pour l'activité � Par rapport à soi-même Confiance en soi, prises d'initiatives diverses : � Oui � Non La production : � Art I � Art II � Invention � Reproduction Bilan :
Limites atteintes et modifications à apporter : Items particuliers relevés à l'occasion de la séance : Notes :
Fiche d'observation : Prénom : Michèle Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Bouge les lèvres Chante Sourit Parle avec moi Tape le rythme du pied
Choisit ce qu'elle veut faire
Sourit Se rapproche de moi pour chanter
Choisit les chansons qu'elle veut entendre
Tape la pulsation dans ses mains
Joue avec une main Joue avec deux mains
Emets une sonorité / : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Fiche d'observation : Prénom : Olivier Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Piannote sur le synthé
Fait glisser ses doigts sur le synthé
Sourit Crie Tremble Ecoute l'autre S'assoie à ma demande
Est précis dans ses gestes
Canalise son énergie
Se laisse envahir par son plaisir musical
Tourne la tête Me regarde Jette les percussions
Prends mes mains pour que je l'applaudisse
Fredonne Joue avec les deux mains
S'assoie seul (sans demande)
Prends ma main pour me faire jouer
N'est pas content d'arrêter la séance
Mets fin à la séance / : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Phénomène artistique : Impression : Voit bien Entend bien Comprends ce qu'on lui demande
/ : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Fiche d'observation : Prénom : Marielle Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Chante Chante sans qu'on comprenne les paroles
Sourit Demande de l'applaudir
Pianote sur le clavier sans ménagement
Pianote avec les deux mains
Pianote avec une main
Essaie de jouer une mélodie
Touche aux boutons du synthé
Mets en marche la boîte à rythme
Joue en fonction du rythme qu'elle a mit
Crie Allume/Eteint seule le synthé
/ : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Fiche d'observation : Prénom : Françoise Heure de la séance : Durée de la séance : Technique artistique : Musique Comportements ou faits observables pendant la séance d'art-thérapie : Dates Cligne des paupières pour me répondre
Sourit à l'écoute d'une musique
Pleure en écoutant une musique
Salive Sourit quand je lui parle
Ferme les yeux et ne les ouvre qu'à ma demande
Fronce les sourcils pour me montrer que cela ne lui plaît pas
Vocalise Essaie de souffler dans une flûte
Bouge les bras : étirements
Grince des dents / : Rien ; 1 : très peu ; 2 : Peu ; 3 : Moyen ; 4 : Bien ; 5 : Très bien
Une expérience d'art-thérapie auprès d'une résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi en Maison d'Accueil Spécialisé . Atelier d'art-thérapie à dominante musicale à la Maison d'Accueil Spécialisé d'Iteuil.
Mémoire présenté par Ludivine Mansière, sous la direction de Mme Geoffriault Cécile, art-
thérapeute diplômée de la Faculté de Médecine de Tours, Psychologue Clinicienne.
Le Syndrome de Rubinstein-Taybi se définit comme une anomalie du
développement de l'embryon qui engendre des troubles physiologiques ainsi qu'une
arriération mentale. Ce syndrome touche un nouveau-né vivant sur 125 000. Il a été
décrit par le pédiatre Jack Rubinstein et le radiologue Hooshang Taybi en 1963 aux
Etats-unis.
La personne atteinte de ce syndrome particulier est prise en charge dans des structures
spécialisées telles les Maisons d'Accueil Spécialisé. Néanmoins, la mobilité réduite et la
perte progressive de la vue et de l'audition accroissent des troubles de la communication.
La personne atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi voit donc sa qualité de vie
altérée, elle devient alors dépendante et en souffre.
L'art-thérapie qui vise l'exploitation du potentiel artistique dans une visée
thérapeutique et humanitaire serait un moyen spécifique pour réduire cette souffrance.
La mise en place d'un atelier d'art-thérapie à dominante musique à la Maison d'Accueil
Spécialisé d'Iteuil dans le département de la Vienne, a permis d'aider, entre autres, une
résidente atteinte du Syndrome de Rubinstein-Taybi à diminuer ses troubles de la
communication et à accroître son autonomie.
L'art-thérapeute possède une double compétence - celle d'artiste et celle de
thérapeute - qu'il met au service des personnes en souffrance. Il utilise des outils
d'observation et d'évaluation spécifiques. Ces derniers lui permettent de noter
l'évolution ou l'involution de la personne dans le cadre de ses ateliers, faire part et
partager ses résultats à l'équipe pluridisciplinaire ; et, de surcroît accréditer les effets