UNIVERSITE D’ANTANANARIVO FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE DEPARTEMENT ECONOMIE MÉMOIRE DE FIN D’ETUDE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ETUDES APPROFONDIES (DEA) OPTION ECONOMIE PUBLIQUE ET SOCIALE Année Universitaire 2011 - 2012 LIENS ENTRE L’ELECTRICITE ET LES CONDITIONS DE VIE DANS LE MONDE RURAL Cas de la biomasse de la commune rurale d’Anjiajia Par RAZAFIMAHERY Aquine Président du jury : Monsieur Eric Thosun MANDRARA – Maitre de Conférence Encadreur : Monsieur RAKOTOARISON Rado Zoherilaza – Maitre de Conférence Examinateur : Monsieur Mamy Raoul RAVELOMANANA – Maitre de Conférence Présenté le 27 Aout 2013
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCI OLOGIE
DEPARTEMENT ECONOMIE
MÉMOIRE DE FIN D’ETUDE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME
D’ETUDES APPROFONDIES (DEA)
OPTION ECONOMIE PUBLIQUE ET SOCIALE
Année Universitaire 2011 - 2012
LIENS ENTRE L’ELECTRICITE ET LES CONDITIONS DE VIE DANS LE MONDE RURAL
Cas de la biomasse de la commune rurale d’Anjiajia
Par RAZAFIMAHERY Aquine
Président du jury : Monsieur Eric Thosun MANDRARA – Maitre de Conférence
Encadreur : Monsieur RAKOTOARISON Rado Zoherilaza – Maitre de Conférence
Examinateur : Monsieur Mamy Raoul RAVELOMANANA – Maitre de Conférence
Présenté le 27 Aout 2013
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCI OLOGIE
DEPARTEMENT ECONOMIE
MÉMOIRE DE FIN D’ETUDE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME
D’ETUDES APPROFONDIES (DEA)
OPTION ECONOMIE PUBLIQUE ET SOCIALE
Année Universitaire 2011 - 2012
LIENS ENTRE L’ELECTRICITE ET LES CONDITIONS DE VIE DANS LE MONDE RURAL
Cas de la biomasse de la commune rurale d’Anjiajia
Par RAZAFIMAHERY Aquine
Président du jury : Monsieur Eric Thosun MANDRARA – Maitre de Conférence
Encadreur : Monsieur RAKOTOARISON Rado Zoherilaza – Maitre de Conférence
Examinateur : Monsieur Mamy Raoul RAVELOMANANA – Maitre de Conférence
(Centre national de la recherche appliquée au développement rural)
ERD
CIRAD
: Electrification Rurale Décentralisée
: Centre de Coopération Internationale de recherche agronomique pour le
développement
Ha
JIRAMA
: Hectare
: JIro sy RAno Malagasy
Km
KWH
: Kilomètre
: Kilowattheure
MW : Mégawatt
MWh : Mégawatheure
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
OTIV : Ombon-Tahiry Ifampisamborana Vola
PPN : Produits de Première Nécessité
RN : Route National
w/m²
: Watt par mettre carré
GLOSSAIRE DES MOTS MALGACHES
Baiboho : Terre alluvionnaire, terre fertile de décrue
Dahalo : Bandits de grands chemins surtout spécialisés en vol de zébus.
Fokontany : Ancienne délimitation administrative correspondant au village
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : La situation d’électrification des communes rurales: .............................................. 9
Tableau 3 : Les commerçants d’Anjiajia .................................................................................. 45
Tableau 4 : Autres types d’activités commerciales .................................................................. 46
Tableau 5 : Taux de réussite en CEPE avant et après l’électrification du village .................... 48
LISTE DES SCHEMAS
Figure 1 : Capabilités, fonctionnements et bien-être................................................................ 24
Figure 2: Fonctionnements accomplis et potentialités ............................................................. 25
Figure 3 : Représentation du développement durable .............................................................. 27
Figure 4 : Les revenus moyens des ménages ruraux d’Anjiajia ............................................... 43
Figure 5 : Schéma de causalité entre accès à l’électricité, revenu et conditions de vie ........... 46
Figure 6 : Schéma de causalité entre accès à l’électricité et amélioration des services offerts 50
Figure 7 : Les avantages de la Biomasse ................................................................................. 55
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer mes sincères et vifs remerciements à tous ceux qui ont, de près ou de loin
contribué à l’élaboration de ce mémoire.
Plus particulièrement à:
� Monsieur RAKOTOARISON Rado Zoherilaza pour son encadrement et sa disponibilité
� Le département Economie de la faculté de Droit, de Gestion, d’Economie et de Sociologie
� Tous les villageois d’Anjiajia à Madagascar ;
� Ma famille.
1
INTRODUCTION
2
Madagascar est un pays riche en ressources susceptibles d’être exploité et d’amélioré les
conditions de vie de la population tels les faunes, les flores, le sol, la variété du climat.
L’agriculture étant l’activité la plus dominante, de nombreuses opportunités méritent d’être
considérées.
Mais des défis sont à relever. Le plus pernicieux de ces défis est la pauvreté, qui se caractérise
aussi par une pratique culturale uniquement basée sur la traction humaine et quelques rares
fois appuyée par la culture attelée, entraînant ainsi une faible productivité agricole malgré
l’abondance de la terre qui est le capital principal dans le domaine de l’agriculture. Il faut
donc offrir aux paysans, moteurs principaux de notre économie des moyens leur permettant
d’augmenter leurs productivités à long terme.
Tout comme la pauvreté en général, l’impact de la pauvreté énergétique sur le milieu rural à
Madagascar est très accentué. Les difficultés d’accès des populations rurales aux services
électriques semblent hypothéquer leurs efforts visant l’amélioration de leurs conditions de vie.
Ce qui constitue un handicap pour la lutte contre la pauvreté.
L’électrification rurale est à l’état embryonnaire. Or, les populations ont droit de jouir des
services sociaux aussi vitaux que celui de l’électricité qui participe largement à l’impulsion du
développement économique et social. Dans cette optique, l’électrification rurale peut
apparaître comme un outil de développement humain et un instrument de renforcement de la
croissance économique.
Par l’évolution de la technologie, nombreuses sont les matériaux agricoles performantes
disponible sur le marché actuellement. Des matériaux qui permettraient d’augmenter la
productivité des agriculteurs. Mais pour permettre aux paysans d’accéder à ces matériaux, il
faut d’abord améliorer et même augmenter leur niveau de vie. Car seule une augmentation du
revenu peut permettre aux gens de faire des investissements. Une augmentation du revenu et
une ouverture à la nouvelle technologie.
Dans le cadre de ce mémoire, nous proposons en premier lieu l’électrification rurale pour
offrir une meilleure condition de vie, et en deuxième lieu, l’utilisation des énergies
renouvelables pour un développement durable.
En effet, il existe à Madagascar un ensemble d’énergies inépuisables à l’échelle humaine et
dont la plupart est issue de l’activité solaire, qui peuvent être exploitées pour l’amélioration
3
des conditions de vie et de travail tant en milieu rural qu’urbain. Ce sont les énergies
renouvelables1. Madagascar dispose d’importantes potentialités en matière d’énergies
renouvelables, mais l’accès aux services énergétiques de base que constituent la chaleur
nécessaire à la cuisson, l’éclairage, la force motrice, la communication et la réfrigération reste
très difficile surtout en zones rurales.
L’offre énergétique à Madagascar est dominée par le Bois Energie et les Produits Pétroliers.
La part des Energies renouvelables reste encore marginale car elle constitue moins de 1% de
cette de offre2.
Malgré ses nombreuses potentialités au plan énergétique, le taux d’électrification se situerait à
environ 39% en milieu urbain et moins de 5% en milieu rural3.
A Madagascar, plus de 75% des ménages vivent en milieu rural. Les villages sont isolés et les
habitations sont dispersées pour la plupart, ce qui rend complexe l’électrification rurale par
raccordement au réseau conventionnel national.
On observe une prédominance du bois-énergie (bois de feu et charbon de bois) dans le bilan
énergétique national. Le bois-énergie représente 92% dans les consommations totales finales
d’énergie, en 2012, tandis que les produits pétroliers représentent 7%4.
Malgré ses impacts économique, sanitaire, sécuritaire et sociétal, la lutte contre la pauvreté
énergétique ne figure pas parmi les huit objectifs du millénaire pour le développement
adoptés en 2000. Mais comment réduire la pauvreté, assurer l'éducation primaire pour tous,
lutter contre la mortalité infantile, permettre l'autonomisation des femmes lorsqu'il est
impossible de disposer de machines électriques, d'installer la lumière ou internet dans les
écoles, d'avoir un réfrigérateur pour stocker des médicaments, d'épargner aux femmes la
corvée de bois.
Plusieurs questions se posent alors en matière d’électrification rurale à Madagascar. On peut
se demander quelle est l’importance de l’électrification pour le développement rural ?
L’électrification ne constitue-t-elle pas un levier significatif du développement économique,
1 Voir Annexe 3
2 Ministère de l’énergie, 2012
3 Ministère de l’énergie, 2012
4 Ministère de l’énergie, 2012
4
social et de la réduction de la fracture spatiale du milieu rural ? En outre, on peut s’interroger
sur les facteurs qui freinent le développement de l’électrification rurale. Cette même
interrogation doit conduire à l’identification des leviers pouvant opérer le changement du
statu quo. Pour ce faire, un diagnostic sur l’électrification rurale s’impose. Enfin, pour le
développement de l’électrification rurale, il est indispensable de mettre en place des stratégies
adéquates et conformes aux enjeux et exigences du pays.
Plus largement, pour concilier bien être et développement durable, les efforts doivent donc
porter sur les grandes thématiques sociales, économiques et environnementales, dont
l'interdépendance est une marque identitaire du développement durable.
Ainsi notre choix s’est porté sur une source d’énergie, la biomasse, pour l’électrification des
communes rurales car la biomasse est à base de déchets agricoles qui se trouve être en
abondance pour les régions pratiquant l’agriculture.
L’énergie joue un rôle primordial pour accélérer le développement des pays les plus pauvres
du monde. Or ces pays consomment principalement des énergies d’origine fossile, dont les
prix ne cessent d’augmenter.
Les sources d'énergies renouvelables présentent l'avantage d'être disponibles en quantité
illimitée. Leur exploitation est un moyen de répondre aux besoins en énergie tout en
préservant l'environnement. Cependant, le fait de "capter" et de "transformer" cette énergie
renouvelable en énergie utile demande des ressources lors de sa fabrication, son installation,
sa maintenance, son recyclage sans oublier l'acheminement de l'énergie.
Face à ces réalités, la grande question est : l’électrification rurale par les énergies
renouvelables permet-elle de réduire la pauvreté en milieu rural ?
Les objectifs de ce mémoire sont de faire le lien entre la présence de l’électricité et la
pauvreté, de déterminer les rôles de l’électricité dans le développement et enfin d’évaluer les
opportunités dans l’utilisation des énergies renouvelables.
Et les hypothèses retenues sont les suivantes :
� L’absence de l’électricité aggrave la pauvreté
� L’électricité apporte des changements dans les conditions de vie des populations rurales
5
� L’utilisation des énergies renouvelables est un facteur de développement durable
Ce mémoire est subdivisé en deux grandes parties :
� Partie I : Contexte et Cadrage théorique
� Partie II : Analyse et interprétation des résultats
6
PREMIERE PARTIE :
CONTEXTE ET CADRAGE THEORIQUE
7
I. ELECTRIFICATION RURALE A MADAGASCAR
I.1. Contexte sur l’électrification rurale à Madagascar
La vision d’avenir de Madagascar présentée en 2004 par le gouvernement est claire: le monde
rural, représentant plus de 70% de la population, doit être le moteur du développement
national. Afin d’éviter à Madagascar les fléaux de l’exode rural, il est important de donner
aux paysans les moyens d’accéder à une vie meilleure en particulier en misant sur des
entreprises de transformation décentralisée valorisant les produits de la terre. L’électrification
rurale est l’un des piliers de cette politique.
Aussi, la volonté du Gouvernement d’accélérer l’électrification du pays, notamment les zones
rurales et certaines zones périurbaines, a conduit l’Etat à mettre en œuvre les dispositions des
lois, respectivement la Loi N° 98-032 du 20 Janvier 1999, portant Réforme du secteur de
l’électricité, fondée sur les initiatives privées et avec un mécanisme de financement durable
du secteur.
En 2003, 4% de la population rurale disposait d’électricité si en fin 2001, le taux d’accès à
l’électricité de la population rurale malgache était en dessous de 2%. Pour les autres, pas
d’autre éclairage que la bougie ou la lampe à pétrole, pas d’autres moyens de préparer les
mets que de brûler du bois, pas d’accès à la réfrigération et peu de possibilités de
transformation.
Le taux d’électrification rurale à Madagascar est très bas si on se réfère à celle de la France
qui a atteint les 96% rurale5 avant même la seconde guerre mondiale. Les résultats sont
éloquents : en 1932, 80% des communes françaises sont électrifiées. Cinq ans plus tard, 96%
des communes et près de 90% de la population ont l'électricité. Et ceci grâce à une subvention
globale de l'État supérieure à 50%, des emprunts locaux auprès des populations rurales ; des
prêts des établissements bancaires (comme le Crédit Foncier, la Caisse des dépôts et
consignations, les banques locales, etc.), les subventions et avances des départements, les
fonds propres des maîtres d'ouvrage, et les participations des concessionnaires prévues par les
cahiers des charges.
5 Gret, 2005
8
Pour améliorer la situation, le gouvernement malgache a décidé de mettre les moyens. Il s’est
donné comme objectif de connecter plus de 30’000 familles rurales chaque année pendant 5
ans.
Ce programme coûte cher. La faible densité des usagers empêche la mise en réseau et donc la
distribution et l’harmonisation. Il faut produire localement avec des petites centrales qui sont
souvent plus chères que les installations d’envergure régionale.
Pour canaliser les efforts liés à l’électrification rurale, le gouvernement à créé fin 2002
l’Agence pour le Développement de l’Electrification Rurale (ADER). Cet organisme placé
sous la tutelle du ministère de l’énergie et des mines, gère le Fonds National de l’Électricité
(FNE) qui lui permet d’attribuer des subventions à l’investissement pour des projets
d’électrification rurale, il sera chargé, entre autres, de piloter le développement de
l’électrification rurale et d’en assurer la gestion.
L’électrification rurale n’est pas une fin en soi. Elle doit faire partie de projets intégrés à
mettre en œuvre dans de vastes programmes nationaux de développement socio-économique
et culturel. Aujourd’hui le taux d’électrification rurale atteint 5% avec quelques 27 exploitants
déjà opérationnels, plus de 200000 habitants du milieu rural ont accès à l’électricité grâce à
140 projets produisant 4200 Kwh6. Car l’accès à l’électricité au plus grand nombre de
population rurale permet intègre la sécurité et le développement.
Le taux de couverture7 des communes rurales électrifiées de la région Boeny est de 33 %, 14
communes rurales sur 29 sont électrifiées. A l’échelle nationale, la région Boeny se situe à la
deuxième place derrière la région d’Analamanga qui a un taux de couverture de 56 % en
2007.
Sur les 1509 communes dans les zones rurales de Madagascar, seulement 291 ont accès à
l’électricité, soit un taux de 19%.
6 ADER, 2012
7 ADER, 2007
9
Tableau 1 : La situation d’électrification des communes rurales:
Régions Electrifiées Non électrifiées Taux de couverture
Alaotra Mangoro 21 50 30%
Amoron’i Mania 9 45 17%
Analamanga 78 61 56%
Analanjirofo 9 42 18%
Androy 7 38 16%
Anosy 6 52 10%
Atsimo antsinanana 5 85 6%
Atsinanana 11 79 12%
Betsiboka 7 28 20%
Boeny 14 29 33%
Bongolava 7 19 27%
Diana 11 54 17%
Haute Matsiatra 20 58 26%
Itasy 8 43 16%
Melaky 6 32 16%
Sava 7 72 9%
Sofia 8 100 7%
Vakinankaratra 19 67 22%
Vatovavy Fitovinany 8 131 6%
TOTAL 291 1218 19%
Source : ADER, 2007
L’électrification rurale constitue un des facteurs essentiels du développement rapide du pays
pour améliorer les conditions de vie du monde paysan.
L’intensification des efforts de développement pour les années à venir replace alors la
problématique de l’électrification rurale comme une priorité nationale sans laquelle ces efforts
resteraient vains.
10
I.1.1. Le programme d’électrification rurale et ses conséquences sur la vie en milieu rural
Un des objectifs majeurs de l’amélioration de l’accès à l’énergie en milieu rural est la
réduction de la pauvreté. Les hypothèses faites sur l’électrification rurale8, montrent que
l’accès à l’électricité en zones rurales offre des opportunités, permet de nouvelles activités
marchandes, et est source de développement social et économique. L’accès à l’électricité des
zones rurales améliore aussi le bien être de la population. Et enfin, l’accès à l’électricité des
zones rurales contribue au développement institutionnel.
De ce fait, les différentes dimensions de la pauvreté comme la santé, l’éducation, le revenu,
les relations sociales interviennent dans la qualité de vie d’un individu et sont des facteurs
essentiels et déterminants dans l’évaluation du développement.
I.1.2. Etat des lieux du secteur de l’énergie
En milieu rural, la pauvreté énergétique empêche la population d’améliorer leurs conditions
de vie. Les sources d’énergie utilisées par la population rurale dans leurs activités génératrice
de revenu sont traditionnellement l’énergie humaine et la traction animale. Quant au bien être
domestique, ce sont surtout les bois, la lampe à pétrole et la bougie qui dominent. Il est
indéniable que l’accès à d’autres formes d’énergies (fossiles, renouvelables, etc.) peut offrir
des potentialités pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie.
Mais la rareté et la cherté des ces sources d’énergies est un obstacle pour le développement et
également source d’inégalité. Or l’énergie est un élément qui aide à la lutte contre la pauvreté,
elle occupe une place importante dans la mesure de cette dernière.
I.1.3. Production des opérateurs en électrification rurale
L’estimation de la production d’électricité atteint 5 000 MWh pour l’année 2011 en
considérant que les groupes fonctionnent durant 5 h par jour en moyenne. Les régions Alaotra
Mangoro et Boeny disposent les plus importantes puissances installées. Par ailleurs, 79% des
puissances installées proviennent des installations thermiques à Madagascar. Les installations
à partir des énergies renouvelables ne fournissent donc qu’une faible partie à savoir : 9% de la
puissance provenant des centrales hydroélectriques, 6% provenant de l’éolienne couplée par
8 Victor B., 2009
11
un groupe thermique, 4% provenant de l’éolienne, 2% provenant des installations
fonctionnant à partir du gaz pauvre9.
I.2. La problématique de la pauvreté énergétique
La pauvreté énergétique est l’absence de choix suffisant permettant un accès à des services
énergétiques adéquats, abordables, fiables, efficaces et durables en vue de soutenir le
développement économique et humain. A Madagascar, une importante fraction de la
population est entièrement privée d’accès aux services électriques modernes. Les pauvres
ruraux qui en bénéficient doivent généralement payer relativement cher pour obtenir des
services énergétiques de moindre qualité, irréguliers ou peu fiables.
Les ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part importante de leurs revenus et
leur temps. Le coût de la non-électrification crée une situation d’inégalité inacceptable. Quand
un ménage est sans électricité, et qu’il achète son pétrole, il paie en effet son kWh 200 à 500
plus cher que le ménage alimenté en électricité. En outre, même en cas d’électrification en
zones rurales, le paradoxe n’est pas pour autant lever. En effet, le tracé des réseaux de
distribution électrique est fait rationnellement, en fonction de l’existence des voies de
communication et d’une demande solvable. Or, plus les ménages sont pauvres, plus ils
résident à l’écart des routes et centres d’agglomérations, occupant les terrains moins coûteux
et de ce fait éloignés des réseaux électriques. Ils doivent alors supporter, en plus des coûts de
raccordement usuels, les coûts d’installation des poteaux et des lignes de raccordement depuis
le réseau jusqu’à leur compteur. Considéré comme service public, l’accès à l’électricité doit,
de ce fait, respecter les principes cardinaux de services publics : universalité (accès de tous au
service), équité (pas de discrimination liée aux ressources, péréquation tarifaire) de continuité
(pas d’interruption de fourniture) qui dessinent un paysage dans lequel le transfert social est
redistribué en même temps que l’électricité elle-même.
I.2.1. L’électrification et son impact sur le développement spatial
Le développement spatial10 peut être perçu en termes de développement économique et social,
comme le corollaire de la décentralisation.
9 Ministère de l’énergie, 2012
10 Développement spatial est l’appellation allemande de l’Aménagement du territoire. Cette terminologie nous
paraît plus indiquée dans le cadre du présent travail car au sein d’un territoire il y a des différences entre espaces
12
Par ses bienfaits, l’électricité devrait être apportée partout et ce, au nom de la justice spatiale.
Les indicateurs du développement montrent un écart important entre les conditions de vie des
ruraux et celles des urbains. L’électrification rurale est un moyen de réduire les inégalités
d’opportunités entre ruraux et urbains. Elle permet d’atteindre un triple impact en termes de
réduction de la pauvreté. A savoir, une amélioration de la croissance en termes de pauvreté ;
un gain de croissance de long terme du à la diminution des inégalités ; et une réduction directe
de la pauvreté due à la redistribution11.
C’est à ce dernier impact que s’intéresse le développement du présent point. La question qui
se pose est de savoir comment peut se traduire cette redistribution en matière d’aménagement
du territoire par le canal de l’électricité ? Et quel peut être l’impact de l’électrification sur
cette approche ?
En milieu rural, l’absence de services énergétiques modernes décourage les travailleurs
qualifiés notamment les enseignants, infirmiers, médecins, etc… de s’installer dans ces zones.
En effet, certains fonctionnaires affectés dans les zones dépourvues d’électricité refusent de
s’y rendre. Pour ceux qui acceptent d’y aller, la plupart abandonnent leur poste ou y sont
réellement peu présents physiquement. Pour ceux dont le lieu d’affectation est proche des
villes et qui y résidaient après leurs études ou qui y travaillaient, ils y reviennent en week-end
et ne retournent pour la plupart du temps qu’en milieu de la semaine suivante. Pour ceux qui
sont affectés vers les localités non électrifiées, certains refusent purement et simplement de
s’y rendre en prétextant de la fragilité de leur état de santé. Or, les zones d’affectation sont
habitées par des hommes.
Électrifier le monde rural, c’est axer la politique d'aménagement du territoire sur
l'accessibilité des populations aux services de base. Cela pourrait permettre un rééquilibrage
du territoire et répondre aux besoins d'équité. L’électrification rurale demande des
investissements massifs dont la rentabilité dans la seule sphère de l’économie n’est pas
garantie ni réaliste dans une économie en développement comme celle de Madagascar mais
l’État doit s’investir dans un chantier pour lequel les critères d’intervention sont dictés par les
impératifs de développement du territoire.
proches, des fractures au sein d’unités territoriales. C’est ce dont traite justement ce sujet à savoir l’amélioration des conditions des pauvres quelque soit leur territoire. 11
L’électrification rurale opère une redistribution de la richesse nationale au profit des populations qui vivent souvent dans les localités rurales
13
Dans les pays européens, c’est l’intervention déterminante des pouvoirs publics qui a permis
de développer l’électrification rurale. La logique n’est pas sensiblement différente dans les
pays d’Afrique, et l’État doit s’investir dans un champ pour lequel les critères d’intervention
sont dictés par les critères de développement équilibré et harmonieux du territoire.
I.2.2 L’électrification dans le développement social
L’impact de l’électrification en milieu rural à long terme se traduit par la réduction de la
pauvreté, mais il est important d’exposer le même impact dans le court terme notamment
l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD).
Notre analyse axée sur le lien entre « énergie et OMD » va viser cinq des huit Objectifs du
Millénaire pour le Développement12 bien que tous les huit aient des liens avec l’énergie. Par
ailleurs, l’analyse sera à dessein suffisamment plus orientée vers les services électriques.
� OMD 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim.
L’accès aux services électriques est essentielle pour développer les entreprises pour les
activités industrielles, les activités génératrices de revenus et donc à la création des emplois.
� OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous
L’éclairage permet d’attirer et de motiver les enseignants vers les localités rurales, et plus
encore si leur logement en est équipé. On a besoin de l’électricité pour étudier après la tombée
du crépuscule et beaucoup d’enfants particulièrement les filles ne vont pas à l’école à cause de
la corvée de l’eau qui avec l’exhaure d’eau sera substantiellement diminuée.
� OMD 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
Les corvées quotidiennes notamment aller chercher de l’eau ou moudre les céréales sur les
meules traditionnels qui occupent les femmes leur prennent du temps les empêchant la
conduite d’autres activités productives.
12 1. Réduire l'extrême pauvreté et la faim ; 2. Assurer l'éducation primaire pour tous ; 3. Promouvoir l'égalité et
l'autonomisation des femmes ; 4. Réduire la mortalité infantile ; 5. Améliorer la santé maternelle ; 6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies ; 7. Assurer un environnement humain durable ; 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
14
� OMD 4 : Réduire la mortalité infantile
L’électrification permet la conservation des vaccins et médicaments des enfants dans les
localités rurales et évite aussi aux enfants les maladies respiratoires dues aux gaz à effet de
serres et pollution dus à l’éclairage par les bougies, lampes à pétrole et qui contribuent
énormément à la mortalité infantile. Les services et les agents de santé ont besoin d’électricité
pour l’éclairage, la stérilisation et la réfrigération afin de fournir les prestations efficaces.
� OMD 5 : Améliorer la santé maternelle
Les services électriques contribuent dans les centres de santé à mieux s’occuper des femmes
au cours des accouchements nocturnes pendant lesquels sans assistance médicale les femmes
succombent. En outre, ils facilitent l’accès à de meilleures installations médicales pour les
soins maternels, les équipements de conservation par le froid et les stérilisations
particulièrement dans les zones rurales.
Tel qu’exposé, il ressort sans ambages que les services électriques sont indispensables à
l’atteinte des OMD. Or, dans la situation actuelle de Madagascar, la mise en œuvre des
mesures visant l’atteinte les OMD doit être orientée vers les zones rurales qui se trouvent être
celles non électrifiées. Si des mesures urgentes ne sont pas prises en matière d’accès aux
services électriques des populations rurales, les dits objectifs ne sauraient être réalisés.
L’accès à l’énergie n’est pas une condition suffisante pour assurer un processus de
développement durable et atteindre les OMD mais il en reste une condition nécessaire.
I.3.Le lien entre électrification rurale et réduction de la pauvreté
Même si ce lien est évident, sa quantification pose d’énormes difficultés et n’est pas si
automatique.
L’électrification rurale peut être un vecteur important dans la lutte contre la pauvreté dans la
mesure où elle donne accès à des services énergétiques à des fins économiques et sociales.
L’utilisation finale qui en est faite traduit donc le facteur clé de son impact socio-économique.
Cette évidence se trouve être facile à décrire car on part du principe que l’électricité ne peut
ne pas avoir d’impact sur la pauvreté. Mais cette évidence, assez facile à décrire, se trouve
subitement assez difficile à quantifier. La difficulté est grande à vouloir quantifier le
15
qualitatif, le subjectif. Comment isoler, dans les impacts évalués, la part attribuable
exclusivement à l’électrification ?
En matière d’énergie, l’approche classique basée sur l’offre a prouvé que l’arrivée de
l’électricité dans une zone qui en a toujours été dépourvue, ne provoque pas automatiquement
le développement de ses usages productifs. Sans action d’accompagnement spécifique,
l’électricité en milieu rural reste longtemps confinée à la satisfaction des besoins domestiques
des familles qui peuvent financé leur raccordement. Amener l’électricité dans un village, puis
se désintéresser de la promotion de ses usages productifs se traduit par une stagnation de la
dynamique d’électrification et un impact restreint sur la pauvreté.
Sans usage productif, l’électricité ne provoque pas la création de richesse ni d’emplois, donc
pas de développement local. N’enclenchant pas un processus de développement local,
l’électricité ne sert alors à rien d’autre qu’à soulager la situation des populations les « moins
pauvres ». Mais elle est loin d’agir sur les composantes structurelles de la pauvreté
notamment le pouvoir d’achat et l’accès aux services sociaux de base. C’est justement dans ce
contexte que René MASSE13 affirmait que : « On gère la crise de la pauvreté en la rendant
plus supportable, mais on ne crée pas les conditions pour en sortir. On soulage mais on ne
guérit pas ». Même dans cette optique, le soulagement ne semble pas être équitable vis-à-vis
de tous les ménages des localités électrifiées dans la mesure où l’électricité bénéficie d’abord
à ceux qui peuvent se raccorder.
L’électricité est un bien indispensable à la vie sociale et dont le développement dépend de la
préservation d’équilibres économiques et sociaux que la pauvreté et l’exclusion sociale
menacent. Électrifier une campagne, c’est contribuer aux deux piliers du développement
durable que sont le développement économique et le progrès social.
I.3.1. L’électrification rurale peut-elle réduire substantiellement la pauvreté à long terme ?
Électrifier, c’est offrir une gamme de services améliorant les conditions de vie et les services
sociaux de base mais aussi lutter contre la pauvreté. L’analyse de la situation d’accès à
l’électricité à Madagascar montre de prime abord que les pauvres n’y ont pas accès.
13
René MASSE est Expert senior Énergie du GRET. Il a conduit des études d’impact de programmes d’électrification sur la pauvreté et aussi des études de programmes nationaux d’électrification rurale à la demande de la Banque Mondiale.
16
L’accès aux services électriques améliorent les conditions de vie à travers notamment :
� eau de qualité : réduction du temps à passer pour aller en chercher mais aussi la
prévalence des maladies liées à une eau insalubre ;
� santé : éclairage des dispensaires et salles d’accouchement permet de diminuer la
mortalité infantile et périnatale et la réfrigération de conserver les vaccins et les
médicaments ;
� éducation : éclairer les écoles et les foyers permet d’améliorer le niveau d’éducation
des enfants, les conditions d’études, la scolarisation des filles, les conditions de vie des
enseignants, l’alphabétisation des adultes ;
� agriculture : irrigation des cultures, multiplication des récoltes, mais aussi la
réfrigération des produits alimentaires issus de la transformation. Ce qui permet de
diminuer les pertes en augmentant les possibilités de commercialisation.
L’éclairage réduit l’insécurité en particulier le vol du bétail, phénomène qui prend de plus en
plus d’ampleur à Madagascar.
L’accomplissement des axes stratégiques de lutte contre la pauvreté requiert comme point de
départ indispensable la réponse énergétique. Les services électriques ont un impact direct sur
la pauvreté monétaire et d’autres dimensions de la pauvreté, telles que l’inégalité entre les
sexes, la mauvaise santé, le manque d’éducation ou l’accès insuffisant aux services
d’infrastructures et constitue pour cela une réponse aux impératifs de long terme.
I.3.2. Forces et Faiblesses de l’électrification rurale
Forces
Parler des forces de l’électrification rurale revient à énumérer les facteurs à même de lui
impulser une dynamique.
� La création de l’Agence de Développement de l’Electrification Rurale
� La coopération sous régionale et régionale en matière de l’énergie électrique
� Accompagnement international
17
Dans l’optique de l’atteinte des OMD, il y a une solidarité et forte mobilisation internationales
autour de la problématique de l’accès des populations rurales aux sources modernes d’énergie
perçues comme conditions nécessaires à leur réalisation.
Faiblesses
A Madagascar, l’électrification rurale est caractérisée par la faiblesse de la consommation : ce
constat découle de l’évaluation de la consommation dans les localités rurales électrifiées. En
effet, il ressort de cette évaluation que l’évolution d’une année à l’autre du nombre d’abonnés
est très négligeable et qu’il y a des localités où le taux d’électrification est stagné même avec
les années. Se pose alors la question de la capacité des clients ruraux à se raccorder et à payer
régulièrement leur consommation électrique. Cette question sera largement abordée dans les
stratégies à même d’assurer la viabilité de l’électrification en milieu rural dans la deuxième
partie de notre étude.
Il y a aussi la dispersion des habitats ruraux : il constitue un véritable problème car les
populations en milieu rural à Madagascar sont très dispersées. La question de la densité est
déterminante en matière d’infrastructures. Il est objectivement plus difficile de diffuser les
équipements dans un territoire dont certains endroits sont sous-peuplés. Ce phénomène est
encore plus important dans notre zone d’étude.
Nous constatons des difficultés majeures liées à la mise en œuvre du mécanisme de la
péréquation tarifaire entre la clientèle urbaine et rurale pour contrebalancer le surcoût de
l’électrification rurale car à l’inverse des pays développés, la grande majorité de la population
malgache habite en milieu rural.
Et en plus de l’absence d’une planification de l’électrification rurale à l’échelle nationale, il y
a des difficultés inhérentes au jeu des mécanismes du marché sans la régulation, de l’absence
d’une véritable politique de promotion de l’électrification rurale, l’existence de monopole, et
le caractère trop restrictif et coûteux des choix technologiques.
L’analyse de l’électrification dans les rares villages déjà électrifiés par réseau ou par
microcentrale permet de constater que l’évolution d’une année à l’autre du nombre d’abonnés
est très faible. Il y a des localités où le taux d’électrification n’évolue pas avec les années. Le
réseau basse tension est uniquement sur la route principale : les rues secondaires de la localité
ne sont pas électrifiées. L’éclairage public dans la majorité des localités électrifiées manque
18
de maintenance et d’entretien. Mais les villageois estiment que l’éclairage public est
primordial pour des raisons de sécurité et pour permettre l’intensification de l’activité
économique à la tombée de la nuit dans la place du marché. Le manque de volonté ou de
capacité des populations à contribuer au financement de l’électrification rurale.
De cette analyse un constat s’impose, le problème d’investissement est couplé de celui plus
pernicieux de gestion qui pose ainsi la question primordiale de la viabilité des projets
d’électrification rurale.
La situation générale du secteur s’explique par la faiblesse des investissements consentis et le
faible niveau de valorisation du potentiel national d’énergie renouvelable. Elle est plus
marquée en milieu rural où l’électricité est perçue comme « un luxe ».
Au vu de l’état des lieux dressé, des stratégies contextuelles doivent être recherchées pour
qu’elles répondent aux exigences de Madagascar.
I.4. Justification du choix de la zone d’étude
La zone d’étude choisis est la région Boeny car elle est la région la plus avancée en matière
d’électrification rurale à Madagascar après Analamanga qui enregistre un taux de 61% en
2010 (on observe une augmentation de 5% en trois ans), Boeny en est à 34%
d’électrification14. Néanmoins, elle est la première à recourir à l’énergie renouvelable qu’est
la biomasse.
Une grande première dans l’histoire de l’énergie à Madagascar. La commune rurale
d’Anjiajia15, district d’Ambatoboeny, dans la région Boeny, est dotée d’une centrale
électrique d’une puissance de 80 KVa utilisant la biomasse comme alternative aux
combustibles traditionnels. Jusqu’ici, les machines fonctionnent en utilisant la balle de riz.
« L’utilisation de ces machines présente deux avantages majeurs, dont la diminution des
dépenses d’exploitation et la baisse du prix d’abonnement », déclare Patrick Randrianjanaka,
directeur administratif et technique de la société CASIELEC16, gérante de la nouvelle centrale
14
Tribune.com Madagascar, 2010 15
Voir Annexe 1 16La Casielec est l’un des partenaires de la JIRAMA en matière d’électrification rurale à Madagascar. Elle travaille dans 6 Communes de la Région du Boeny
19
électrique à Anjiajia. Cette technique permet aussi de valoriser les matières locales longtemps
négligées par la population.
Cette nouvelle infrastructure est le fruit du partenariat entre un trio composé du ministère de
l’Energie, l’Agence de développement de l’électrification rurale (ADER17) et la commune
rurale d’Anjiajia.
Selon les responsables, la centrale, dont le coût total de l’investissement s’élève
à 462 millions d’ariary, est opérationnelle depuis juin 2009. Depuis la mise en marche des
machines, quelque 130 ménages sont abonnés sur un total de 250 prévus au départ18.
Actuellement, le réseau est à la saturation et en attente d’élargissement pour pouvoir intégré
de nouveaux abonnés.
La production rizicole et la présence de décortiqueries, donc la disponibilité des combustibles,
qui est la balle de riz dans la commune rurale d’Anjiajia et ses environs, constitue l’une des
raisons ayant poussé l’installation de la centrale biomasse.
I.4.1. La place de la biomasse à Madagascar
Madagascar dispose d’importantes ressources en biomasse ; il existe en effet plusieurs types
de biomasse potentiellement valorisables pour la production énergétique.
Théoriquement, les surfaces disponibles sont largement suffisantes pour contribuer à la
production de la biomasse et à la fourniture de services énergétiques notamment
l’électrification rurale, la cuisson des aliments, la satisfaction des besoins industriels19.
Sachant que l’agriculture malgache repose essentiellement sur des exploitations familiales de
très petites tailles (moins d’1 ha de moyenne), elle pourrait aussi offrir un potentiel de
production de bioénergie. Dans le contexte actuel du pays pour la production d’énergie, on
peut considérer les matières premières suivantes :
� les produits oléagineux (graine de coton, arachide, soja, jatropha, etc. …). Ces
produits pourront être valorisés pour la production de l’énergie. Cependant, mis à part
le jatropha, l’accroissement de la demande en huiles essentielles et le détournement de
17
Voir Annexe 3 18
Expresse Madagascar, 2010 19
Rapport : les filières biomasses énergie à Madagascar, P. Burnod, L. Gazull, P. Girard
20
ces produits de l’alimentation pourraient être critiqué en considérant les enjeux actuels
de sécurité alimentaire.
� Les plantes sucrées et amylacées comme la canne à sucre, le manioc qui sont
abondantes peuvent être considérées pour la production de bioéthanol.
� Les essences forestières comme l’eucalyptus, le pin. Elles sont largement plantées
dans le pays.
� Les résidus agricoles. Ces ressources en biomasse sont importantes à Madagascar. Les
résidus issus de processus de transformation (balles de riz et coques diverses) peuvent
être valorisés pour la production énergétique. Leur production est concentrée et ils
sont généralement peu utilisés pour l’alimentation animale ou la fertilisation du sol.
I.4.2. Analyse de la Biomasse pour la commune rurale d’Anjiajia
Le besoin annuel pour la centrale électrique d’Anjiajia qui est à 100% déchets agricoles est de
360 tonnes de balles de riz pour un an. Ces déchets agricoles sont dus au décorticage du riz
principalement.
L’abondance, la disponibilité, et la gratuité de cette ressource font partie des avantages qu’elle
procure. Le prix est bas, et il y a peu de compétition par d’autres usages. Elle est moins dense
que le bois donc il ya plus de volume à stocker et à transporter. Et l’activité de dépaillage sur
chef lieu facilite le transport et la collecte.
Mais les inconvénients rencontrés sont suite à l’encombrement car la saisonnalité exige des
stockages pour la saison de pluie. Et la part de paddy décortiqué sur le chef lieu est faible,
l’implantation de machines et fournitures électriques devrait permettre un taux de
transformation plus élevé. La possibilité de rivalité avec les autres utilisateurs des déchets
agricoles comme les éleveurs, les fabricants de briques, sont aussi envisageable à long terme
par le développement de ces secteurs d’activité.
21
II. CADRAGE THEORIQUE
Pour le cadre d’analyse, notre choix s’est porté sur l’approche par les capabilités d’Amartya
Sen pour les réflexions à prendre en compte et les réponses à la problématique émise.
L’objectif de ce travail consiste à proposer une démarche méthodologique permettant
d’analyser le lien entre « l’électricité et les conditions de vie » des populations rurales. Or
selon A. Sen, l’amélioration de conditions de vie repose sur la capacité des gens à mener une
vie qu’ils considèrent comme valable ou, autrement dit, qui a de la valeur pour eux. Pour cela
il analyse la pauvreté de manière multidimensionnelle à travers ses travaux sur l’économie de
développement. Pour lui la pauvreté est à la fois un état et une action « un fonctionnement »
ce qui caractérise un individu c’est à la fois ce qu’il « est » et ce qu’il « fait ». Et en terme
dynamique, ce que l’individu est capable de faire ou capable d’être. Evaluer les possibilités
qu’ont les gens de vivre la vie qu’ils souhaitent vivre est le fondement de cette approche. Car
l’homme, en tant qu’individu responsable, élabore des stratégies destinées à se prémunir
contre le risque et améliorer ses conditions de vie. L’acteur est donc un individu conscient des
risques qu’il encourt et de ses possibilités d’agir sur son capital dans le cadre de stratégies
préventives et offensives. Dans ce contexte, l’approche des capabilités de Sen apparaît comme
la référence de base. Elle met l’accent sur la manière la plus efficiente de réduire la pauvreté
en améliorant les capabilités des individus à long terme. Par ailleurs ce cadre théorique sera
complété par l’analyse compréhensive des stratégies adoptées par les ménages ruraux de la
Commune rurale d’Anjiajia Madagascar.
Dans le contexte particulier de notre zone d’étude, nous nous trouvons face à des populations
rurales pauvres, et nous allons examiner si l’accès à l’électricité peut contribuer à une
amélioration de leurs conditions de vie. Dans ce cadre, l’électricité n’est pas qu’un besoin
primaire, mais avant tout un vecteur qui va permettre aux gens d’améliorer leur
fonctionnement régulier (état) mais aussi d’accéder à de nouvelles opportunités ouvrant les
variétés de choix possibles (capabilités). L’accès à l’électricité est donc un moyen qui peut
augmenter les dotations en capital de l’individu et lui permettre d’avoir une meilleure vie.
II.1. L’approche de capabilité de Sen ou la liberté d’agir et d’entreprendre
L’approche des capabilités telle qu’elle est présentée par Sen a pour objet l’évaluation du
bien-être, en donnant une place centrale à la liberté de choisir et d’entreprendre des individus.
Contrairement à la théorie classique de l’utilité et à la théorie des biens premiers (développée
22
par John Rawls20), le bien-être est analysé en fonction des libertés substantielles de choisir un
mode de vie souhaité. Pour définir la possibilité réelle qu’a un individu de poursuivre ses
objectifs, il faut alors prendre en compte non seulement les biens premiers détenus par
l’agent, mais aussi ses caractéristiques propres et son environnement social, politique et
économique puisqu’ils commandent la conversion des biens premiers en facultés personnelles
de favoriser ses fins.
L’approche des capabilités permet d’évaluer le bien-être d’un agent à partir de ses
fonctionnements réalisés ou fonctionnements accomplis mais aussi en prenant en compte ses
opportunités réelles, c’est-à-dire tous les vecteurs de fonctionnements qu’il a la possibilité de
mettre en œuvre et qui constituent son espace de capabilités.
II.1.1. Fonctionnement et Capabilités
L’espace des fonctionnements est défini par Sen par tout ce qu’il est possible de faire dans la
vie, toutes les façons d’être et d’agir des individus. Les fonctionnements peuvent être
élémentaires (être bien nourri, être cultivé, être bien chauffé) ou plus complexes (rester digne
à ses propres yeux, être en mesure de prendre part à la vie communautaire). L’espace des
fonctionnements regroupe toutes les possibilités d’être et d’agir des individus en tous lieux et
en tout temps, il est universel. Tous les individus ont donc le même espace des
fonctionnements.
Au sein de cet espace, on distingue certains fonctionnements dits incompressibles regroupant
les besoins essentiels. Ils forment un ensemble de fonctionnements que les personnes
chercheront toujours à atteindre. Cet ensemble de vecteurs de fonctionnements est également
appelé fonctions vitales21. Il est primordial que tous les individus, quelles que soient leurs
dotations puissent avoir les capabilités nécessaires pour atteindre ces fonctions vitales.
Les capabilités forment un sous-ensemble de l’espace des fonctionnements : les
fonctionnements réalisables par un individu particulier. Il s’agit donc d’une forme de liberté,
c’est-à-dire de la liberté substantielle de mettre en œuvre diverses combinaisons de
fonctionnements.
20
Auteur de la « La théorie de la justice » 21
Guérin, 2003
23
Pour analyser les capabilités, il faut donc introduire la notion de liberté. L’organisation
sociale offre un certain nombre de libertés (Sen les qualifie d’instrumentales) qui contribuent,
de manière directe et indirecte, à offrir aux individus la latitude de vivre conformément à leurs
aspirations. De même, certaines prédispositions propres aux caractéristiques personnelles
d’un individu lui permettront un plus large éventail de choix. Ces libertés offrent une grande
variété de droits, de possibilités et d’acquis, et donc de choix.
La capacité des individus à pouvoir choisir des fonctionnements particuliers dépend non
seulement des dotations de l’individu, mais aussi de sa capacité à convertir ses dotations en
fonctionnements réalisables (capabilités).
II.1.2. Processus de conversion
Pour analyser le processus de conversion des dotations de l’individu en capabilités, il faut non
seulement prendre en compte les potentialités mais aussi les capacités permettant de tirer
profit de ces potentialités et de les mettre en œuvre.
Les potentialités de l’individu regroupent ses dotations en capital mais aussi les aptitudes
particulières de l’individu qui ne peuvent être valorisées économiquement et ne constituent
donc pas du capital à proprement parler.
On parle de capital physique avec l’ensemble des actifs productifs, actifs ménagers et stocks
détenus par l’individu ; de capital financier ou monétaire sur les ressources provenant de
l’épargne ou de l’emprunt et destinées à acquérir des actifs réels ; de capital humain quand il
s’agit de stock des ressources personnelles économiquement productives ; et de capital social
dans le cas des ressources issues des interactions culturelles et structurelles générant des
externalités durables affectant la situation économique des individus.
Chaque individu dispose de potentialités particulières qu’il pourra mobiliser de façon à
atteindre certains fonctionnements potentiellement réalisables, ses capabilités propres. Les
caractéristiques personnelles et les opportunités sociales d’un individu définissent sa capacité
de conversion des potentialités en capabilités. Ainsi, deux personnes, bien que pourvues de
24
dotations initiales identiques, ne pourront les valoriser de la même façon22. Ce processus est
illustré dans le schéma suivant.
Figure 1 : Capabilités, fonctionnements et bien-être
Source : l’Auteur
II.1.3. L’action des agents dans l’espace des capabilités
L’action des agents, si elle n’apparaît pas explicitement dans le cadre de Sen, intervient au
niveau de la réalisation de certains fonctionnements appartenant à l’espace des capabilités.
Elle se traduit par une action sur les potentialités dont dispose l’agent. Ainsi, comme cela est
mis en évidence dans la figure 2, il existe des effets de rétroaction entre les fonctionnements
accomplis par l’agent et son niveau de potentialité. Ils sont le fait de l’accumulation ou la
décapitalisation des différents stocks de capital dont dispose l’agent, mais également de la
valorisation ou la dévalorisation de ses autres potentialités (effets d’apprentissage dans la
théorie du capital humain par exemple).
22
Guérin, 2003
CAPABILITES FONCTIONNEMENTS
BIEN- ETRE
Capacités : capacités individuelles et opportunités sociales
Potentialités : dotations en capital
« Doing »
« Being »
25
Figure 2: Fonctionnements accomplis et potentialités
• En fonction du mode de production de l’agrocarburant tout au long de la chaîne : changement dans l’utilisation des terres (déforestation directe/ induite), l’utilisation des terres (déforestation directe / induite et autres), utilisation d’engrais chimiques : motorisation de la production