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UNIVERSITÉ TOULOUSE III – PAUL SABATIER FACULTÉS DE MÉDECINE
ANNÉE 2018 2018 TOU3 1637
THÈSE
POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE
MÉDECINE SPÉCIALISÉE CLINIQUE
Présentée et soutenue publiquement
Par
FOURNIER Claire
Le 19/10/2018
Le rôle médiateur des troubles du sommeil dans la relation entre facteurs professionnels et mortalité. Revue de littérature et étude
de la base de données VISAT
Directeur de thèse : Dr Yolande ESQUIROL
JURY Monsieur le Professeur SOULAT Jean Marc Président
Madame la Professeur Baldi Isabelle Assesseur
Monsieur le Professeur Druet-Cabanac Michel Assesseur
Madame le Docteur ESQUIROL Yolande Assesseur
Madame le docteur Verdun-Esquer Catherine suppléant
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AuxMembresdujury
AmonPrésidentdeJury,
MrleProfesseurSOULAT
ProfesseurdesUniversités
PraticienHospitalier
MédecineduTravail
JeremercieavanttoutmonPrésidentdeJury,MonsieurleProfesseurJean-MarcSoulat,pour
l’estimeintellectuellequejeluiporte.
Vousm’avezaccompagnéependantlesquatreannéesd’internat.Jevousremerciepourvos
conseils,quiontguidémeschoix,notammentlorsdesentretiensindividuelsannuels.
Jevousremerciepourl’investissementdontvousfaitepreuve,entantquecoordonnateurde
DES; cet investissement qui permet aux internes de bénéficier de lameilleure formation
possibledelamédecinedutravail.
Vous nous avez transmis la motivation de faire évoluer l’attractivité de la discipline. Je
souhaiteraispouvoiralors,àmontour,attireretsurtoutfairedécouvrirauxétudiantscette
spécialité,encoretrèspeuconnue.
Jeremerciedel’honneurquevousmefaited’êtremonPrésidentdeJurydeThèse.Jesouhaite
quecetravailsoitàlahauteurdevosexigences
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MadameleProfesseurBALDIProfesseurdesUniversitésPraticienHospitalierMédecineduTravailNousvousremercionsd’avoiracceptédesiégerànotrejury.
Nous vous remercions également pour la qualité de l’enseignement dispensé à Bordeaux.
Noustenonsàvousexprimernotregratitudeetnotreprofondrespect.
MonsieurleProfesseurDRUET-CABANACProfesseurdesUniversitésPraticienHospitalierMédecineduTravailNousvousremercionsdel’intérêtquevousavezportéàcetravailennousfaisantl’honneur
desiégerànotrejury.
NousavonsbeaucoupappréciélesenseignementsdispensésdanslecadreduDESàLimoges.
Veuillezrecevoirletémoignagedenotresincèrereconnaissanceetdenotreconsidération.
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MadameleDocteurVERDUN-ESQUERPraticienHospitalierMédecineduTravailNousvousremercionsdenousfairel’honneurdejugercetravaildethèse.
Nous vous remercions également pour la qualité de l’enseignement dispensé à Bordeaux.
Nousvousprionsdecroireenl’assurancedetoutenotregratitude.
MadameleDocteurESQUIROLMaîtredeConférencesdesUniversitésPraticienHospitalierMédecineduTravail
Jetiensàteremercierd’avoiracceptéd’êtremadirectricedeThèse.Jeteremerciedem’avoir
soutenue, accompagnée et dirigée tout au long de ce travail Thèse. Merci pour l’aide
précieusequetum’asapportée,concernantl’élaborationdesanalysesstatistiques,ainsique
pourtadisponibilité,surtoutlorsdecesdernièressemaines.
JeteremercieégalementpourlarichessedetonenseignementàToulouse,denousavoir
proposédeparticiperàlaréalisationdeprésentationspowerpoint,surdifférentsthèmes,qui
nousaiderontdansnotrerôledemédecindutravail,entantquecoordinateurde l’équipe
pluridisciplinaire.
Soisassurerdemonprofondrespect,etdetoutemareconnaissance.
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Remerciements
AuxprofesseursdeMontpellier,quim’ontapportélesenseignementsdemédecinedurant
toutmonexternat.
Je remercie également les professeurs de médecine du travail de Toulouse, Bordeaux et
Limoges,quim’ontpermisdepouvoirexerceraujourd’huilamédecinedutravail.
Amesmaitresdestagesquim’ontencadréeetquim’ontpermisd’évoluerpendantmeshuit
stagesd’uneduréedesixmoischacun:
- DrAntoineYrondi,UF4depsychiatrie,hopitaldepsychiatrie,Toulouse
- DrAudeLEVANTHERIN,MTPH,hôpitalPurpan,Toulouse
- DrChristopheRASPAUD,servicedepneumologie,cliniquePasteur,Toulouse
- DrCorinneMARTINAUD,DIRECCTEOccitanie,Toulouse
- DrPhilippeMOLE,servicederhumatologie,cliniquePasteur,Toulouse
- Drs Fabrice HERIN et Yolande ESQUIROL, Pr SOULAT, service de pathologies
professionnellesetenvironnementales,hôpitalPurpan,Toulouse
- DrMarcelAQUAVIVA,T2STSète.(2derniersstages)
A mes parents, qui m’ont accompagnée durant ces longues années, sans qui je n’aurais
sûrement pas réussi à aller jusqu’au bout du parcours. Leur soutien permanent m’a été
précieux.Merci pour votre confiance, votre compréhension face auxmoments de stress,
notammentlorsdesexamensetconcours,ainsiquelorsdelapréparationdelaThèse.Merci
égalementdevosdiscoursrassurants,etd’avoirtoujourscruenmoifaceauxmomentsde
doutes.
Amesfrères,AntoineetPaul,avecquij’aicohabitéplusieursannéesdurantl’externat.Ces
momentsresterontdetrèsbonssouvenirs.Nousnoussommessoutenus,entreétudiantsen
médecineetenpodologie.
A Robin, pour m’accompagner et me soutenir tous les jours, (par téléphone ou par la
présence).Mercipourlebonheurquetum’apportesenpermanence.Mercipourlesweek-
endsetlesnuitsdetravailquenousavonspassésàtonécole,danstonchampdetournesols
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(«tonbureauextérieur»),ouau labo,qui resterontde trèsbonsmoments,desmoments
uniques.Jeteremercieavectoutmonamour.
Amongrand-pèreetàmatante,quim’ontorientéeverscetexcellentchoixdelamédecine
dutravail,quejevaismaintenantpouvoirpleinementexercer.
Aurestedemafamille,quim’atoujoursencouragée,etcruenmoi.Mercipourtouslesbons
momentspassésensemble,pourvotresoutien,notammentlorsque,pendantlesvacances,je
devaistravailler.
Unepenséeégalementpourmesgrands-pères,àquijepensetrèsforts,etqui,jesuissûre,
sontprésentsetmeregardentaujourd’hui.
Amesamisexternes,avecquij’aipassédenombreusesheuresàréviser,maissurtoutavec
quij’aipassé,jepassetoujours,etjepasseraiencored’excellentsmoments.
Amesamisinternes,nousnoussommessuivislorsdesdéplacementsàBordeaux,Limoges,
ainsiqu’auxRNP,oùnousavonspasséd’excellentsmoments.
Ames amis d’horizons autres que lamédecine. Je vous remercie dem’avoir soutenue et
encouragée.Mercipour tous cesmomentspassésavec chacund’entre vous.Mercid’être
présentsaujourd’hui.
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SERMENTMEDICALAumomentd’êtreadmis(e)àexercerlamédecine,jeprometsetjejured’êtrefidèleaux
loisdel’honneuretdelaprobité.Monpremiersouciseraderétablir,depréserveroudepromouvoirlasantédanstous
seséléments,physiquesetmentaux,individuelsetsociaux.Jerespecteraitouteslespersonnes,leurautonomieetleurvolonté,sansaucune
discriminationselonleurétatouleursconvictions.J’interviendraipourlesprotégersiellessontaffaiblies,vulnérablesoumenacéesdansleurintégritéouleurdignité.Mêmesouslacontrainte,jeneferaipasusagedemesconnaissancescontrelesloisdel’humanité.
J’informerailespatientsdesdécisionsenvisagées,deleursraisonsetdeleurs
conséquences.Jenetromperaijamaisleurconfianceetn’exploiteraipaslepouvoirhéritédescirconstancespourforcerleursconsciences.
Jedonneraimessoinsàl’indigentetàquiconquemeledemandera.Jenemelaisseraipasinfluencerparlasoifdugainoularecherchedelagloire.Admis(e)dansl’intimitédespersonnes,jetairailessecretsquimesontconfiés.Reçu(e)à
l’intérieurdesmaisons,jerespecterailessecretsdesfoyersetmaconduiteneservirapasàcorromprelesmœurs.
Jeferaitoutpoursoulagerlessouffrances.Jeneprolongeraipasabusivementles
agonies.Jeneprovoqueraijamaislamortdélibérément.Jepréserverail’indépendancenécessaireàl’accomplissementdemamission.Je
n’entreprendrairienquidépassemescompétences.Jelesentretiendraietlesperfectionneraipourassureraumieuxlesservicesquimeserontdemandés.
J’apporteraimonaideàmesconfrèresainsiqu’àleursfamillesdansl’adversité.Queleshommesetmesconfrèresm’accordentleurestimesijesuisfidèleàmes
promesses:quejesoisdéshonoré(e)etméprisé(e)sij’ymanque.
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Sommaire
1 Valorisation...........................................................................................................................................1
2 Listefiguresettableaux........................................................................................................................1
3 Siglesetabréviations.............................................................................................................................3
Introductiongénérale.....................................................................................................................................5
PARTIE1:Revuedelalittérature...................................................................................................................6
1 QUELQUESGENERALITESCONCERNANTLESOMMEIL............................................................................71.1 Phasesdusommeil.......................................................................................................................71.2 Horlogebiologique.......................................................................................................................81.3 Chronotype..................................................................................................................................9
1.3.1 LequestionnairedeHorneetOstberg(4).....................................................................................101.3.2 LequestionnairedeMunich(MunichChronoTypeQuestionnaire)..............................................11
2 EPIDEMIOLOGIEDUSOMMEIL.............................................................................................................122.1 EnFrance...................................................................................................................................122.2 EnSuède....................................................................................................................................142.3 AuxEtatsUnis............................................................................................................................152.4 Facteursfavorisants...................................................................................................................15
3 METHODESD’EVALUATIONDUSOMMEIL...........................................................................................173.1 Définition...................................................................................................................................173.2 Questionnaires...........................................................................................................................19
3.2.1 LeNHP(ANNEXE1)........................................................................................................................193.2.2 L'AmericanAcademyofSleepMedicine(ICSD).............................................................................203.2.3 LeréseauMorphée(15)................................................................................................................213.2.4 L'INVS(ANNEXE2).........................................................................................................................213.2.5 L'échelledesomnolenced'Epworth(ESS)(ANNEXE3).................................................................213.2.6 KarolinskaSleepinessScale(KSS)(ANNEXE4)...............................................................................213.2.7 LePSQIPittsburghSleepQualityIndex(ANNEXE5)......................................................................223.2.8 Lequestionnaired'évaluationdusommeildeLeeds(18).............................................................223.2.9 LequestionnaireSpiegel(ANNEXE6)............................................................................................223.2.10 L’échelledefatiguedePichot(ANNEXE7)...............................................................................233.2.11 LetestdeFord(ANNEXE8).......................................................................................................233.2.12 L’agendadusommeil(ANNEXE9)............................................................................................23
3.3 Actigraphie/actimétrie...............................................................................................................243.4 Polygraphie................................................................................................................................253.5 Polysomnographie.....................................................................................................................263.6 Testsdevigilance.......................................................................................................................273.7 Imageriecérébrale:laTEPetl’IRM............................................................................................283.8 Biologie......................................................................................................................................283.9 Conséquencesdelavariabilitédesformesdemesures...............................................................29
4 PATHOLOGIESDUSOMMEIL................................................................................................................304.1 ICSD-3........................................................................................................................................304.2 CIM10........................................................................................................................................324.3 LeDSM5....................................................................................................................................33
5 TROUBLESDUSOMMEIL:QUELSFACTEURSPROFESSIONNELS?.........................................................345.1 Facteursprofessionnels..............................................................................................................36
5.1.1 Lestresspsychologique.................................................................................................................365.1.2 Soutiensocial.................................................................................................................................385.1.3 Travailposté..................................................................................................................................395.1.4 Nombred’heuresdetravailhebdomadaire..................................................................................41
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5.1.5 Expositionaubruitsurlelieudetravail........................................................................................425.1.6 Autresfacteursprofessionnels......................................................................................................44
5.2 Discussion..................................................................................................................................455.3 Commentaméliorerlaqualitédusommeildestravailleursdenuit?..........................................485.4 Conséquenceséconomiques.......................................................................................................50
6 TROUBLESDUSOMMEILETMORTALITE..............................................................................................516.1 Duréedesommeiletmorbi/mortalité........................................................................................536.2 Troublesdusommeilqualitatifsetmorbi/mortalité...................................................................556.3 Biaisfréquemmentretrouvésdanslesétudes............................................................................57
7 FACTEURSPROFESSIONNELSETMORTALITE........................................................................................597.1 Facteursprofessionnelspsycho-sociaux.....................................................................................607.2 Letravailposté...........................................................................................................................657.3 Activitéphysiqueautravail........................................................................................................67
8 CONCLUSION.......................................................................................................................................69
Partie2:EtudedelabasededonnéesVISAT...............................................................................................71
1 INTRODUCTION...................................................................................................................................72
2 METHODES..........................................................................................................................................722.1 Schémad’étude.........................................................................................................................722.2 Suividemortalité.......................................................................................................................732.3 Participantsàl’étudeVISAT........................................................................................................73
2.3.1 Critèresd’inclusion........................................................................................................................742.3.2 Critèresd’exclusion.......................................................................................................................74
2.4 Recueildesdonnées...................................................................................................................742.5 Donnéedesuivi:mortalité(critèredejugementprincipal)........................................................752.6 Descriptiondesvariables............................................................................................................75
2.6.1 Variablesommeil...........................................................................................................................752.6.2 Variablesprofessionnelles.............................................................................................................762.6.3 Covariablesétudiées.....................................................................................................................77
2.7 Analysesstatistiques..................................................................................................................78
3 RESULTATS..........................................................................................................................................79
4 DISCUSSION........................................................................................................................................854.1 Résuméetdiscussiondesprincipauxrésultats...........................................................................854.2 Forcesetlimitesdel’étude.........................................................................................................86
5 CONCLUSIONDEL’ETUDE:..................................................................................................................87
Conclusiongénérale.....................................................................................................................................88
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1 Valorisation
• «Troubles du sommeil, quels facteurs professionnels?» Présentation à la Société
RégionaledeMédecineduTravailMidiPyrénées,26janvier2018
• Articleenanglaisàsoumettre:Sleepdisordersasamediatorbetweenoccupationnal
factorsandmortality,asystematicreview
2 Listefiguresettableaux
Figure 1 : Succession des cycles de sommeil au cours d’une nuit de sommeil
(https://www.schlafundatmung.ch/symptome_und_tests/Schlafphasen.php?lang=FR.....7
Figure2:Physiopathologiedusommeil...................................................................................8
Figure3:Variationscircadiennesdestauxdemélatonine,cortisol,ethormonedecroissance
(http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_11/i_11_p/i_11_p_hor/i_11_p_hor.html)..............9
Figure4:Tempsdesommeildéclaréetnécessairepourêtreenformeselonl’âgeetlesexe.
Baromètresanté2010,France........................................................................................13
Figure5:Prévalencedel'insomniechroniqueselonl'âgeetlesexe.Baromètresanté2010,
France..............................................................................................................................14
Figure6:Enregistrementactimétrique..................................................................................25
Figure 7 : Variation circadienne du taux sanguin de mélatonine. La mélatonine est un
chronobiotique,elleêtreàl’origined’unsyndromed’avancedephaseouderetardde
phase,enfonctiondel’heureàlaquelleelleestsécrétée..............................................29
Figure8:Flowchartfacteursprofessionnels/troublesdusommeil.......................................36
Figure9:Flowcharttroublesdusommeil/mortalité.............................................................52
Figure10:flowchartfacteursprofessionnels/mortatlité......................................................60
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2
Figure11:Analysedemédiation,schémaderecherchedurôlemédiateurdusommeildansla
relationfacteursprofessionnelsetmortalité..................................................................78
Tableau1:TroublesdusommeilselonleNHP,enfonctiondesfacteursprofessionnelschez
lesparticipantsdel’étudeVISATen1996 80
Tableau2:DécèsenfonctiondesscoresNHPchezlesparticipantsdel’étudeVISATen1996
82
Tableau 3 :Décès en fonctiondes facteurs professionnels chez les participants de l’étude
VISATen1996 82
Tableau4:Analysedurôlemédiateurdusommeildanslarelationfacteursprofessionnelset
mortalité 84
Tableau 5 : Relationship between occupational exposure and mortality for the included
studies 97
Tableau 6 : Relationship between occupational exposure and sleep disturbances for the
includedstudies. 102
Tableau7:Relationshipbetweensleepdisturbancesandmortalityfortheincludedstudies
104
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3
3 Siglesetabréviations
ADN:AcideDésoxyriboNucléique
ANSES:AgenceNationaledeSécuritésanitairedel’alimentation,del’environnementetdu
travail
APA:AllocationPersonnaliséed’Autonomie
AVC:AccidentVasculo-Cérébral
CIM:ClassificationInternationaledesMaladies
CNIL:CommissionNationaledel’InformatiqueetdesLibertés
CPAP:ContinuousPositiveAirwayPressure
DSM:DiagnosticandStatisticalManualofMentalDisorders
DT2:DiabètedeType2
ECG:Electrocardiogramme
EEG:Electroencéphalogramme
ESS:EpworthSleepinessScale
HR:HazardRatio
HTA:HypertensionArtérielle
IAH:IndexApnées/Hypopnées
ICSD:InternationalClassificationofSleepDisorders
INSEE:InstitutNationaldelaStatistiqueetdesEtudesEconomiques
INVS:InstitutNationaldeVeilleSanitaire
IMC:IndicedeMasseCorporelle
IRM:ImagerieàRésonanceMagnétique
JACC:Journal of the American College of Cardiology
KSS:KarolinskaSleepinessScale
KSQ:KarolinskaSleepinessQuestionnaire
LAN:LightAtNight
LWSW:limitedwakeshiftworkschedule
MSLT:MultipleSleepLatencyTest
NCSDR:NationalCenteronSleepDisordersResearch
NHP:NottinghamHealthProfile
OMS:OrganisationMondialedelaSanté
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4
OR:OddRatio
PSQI:PittsburghSleepQualityIndex
PVT:PsychomotorVigilanceTest
REM:RapidEyeMovement
SAOS:Syndromed’ApnéesObstructivesduSommeil
SOC:SenceOfCoherence
TEP:TomographieàEmissiondePositons
TILE:Testitératifdelatenced’endormissement
TME:TestdeMaintiend’Eveil
VISAT:VIeillissementSAntéTravail
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Introductiongénérale
Les troubles du sommeil sont, de nos jours, de plus en plus fréquents. Ils constituent un
problèmedesantépublique.Laduréedusommeilatendanceàdiminuerd’annéesenannées.
Lesnouvellestechnologiessonttrèsprobablementencause(écrans,internet,jeuxvidéo…).
Maiscertainesconditionsdetravailsontégalementsuspectéescommepouvantentrainerune
diminutiondeladuréedusommeil,ouuneperturbationdelaqualitédusommeil.Parmielles,
nouspouvonsciterletravaildenuit,ouenhorairesdécalés,lestressautravail, lebruit,la
chargephysique.Enmédecinedutravail,lestroublesdusommeilsontimportantsàdépister.
Eneffet,ilspeuventpermettreauxacteursderecherchercertainesconditionsdetravailen
cause,etàlesaméliorerdefaçonàdiminuerlestroublesdusommeil.Ilspeuventégalement
engendrerdesperturbationsdutravail,commeparexempledel’absentéisme,desretards,
destroublesde laconcentrationdiminuant lesperformances,desaccidentsdutravail,des
accidentsdetrajet.Danscertainesprofessions,lesommeilpeutmêmeentrerenjeudansla
délivrancedel’aptitude,oudel’attestationdesuivi.Eneffet,chezleschauffeurspoidslourds,
lestravailleursenhauteur,ceuxexposésauxmatièresdangereuses,laprésencedetroubles
dusommeilpeutoccasionnerdegravesconséquences.Ilestimportant,pourlesmédecinsdu
travail,deconnaîtrelesfacteursprofessionnelsleplussouventimpliquésdansl’apparitionde
troublesdusommeil.
Nousproposons,dansunepremièrepartie,unerevuede la littératuredirigéevers3axes.
Toutd’abord,nousréaliseronsunesynthèsedelalittératureconcernantlarelationentreles
facteursprofessionnelsetlestroublesdusommeil.Parlasuite,nousrechercheronslesarticles
évaluantlarelationentrelestroublesdusommeiletlamortalité.Enfin,nousconsacreronsla
dernière partie de cette revue de la littérature au lien potentiel entre les facteurs
professionnelsetlamortalité.Cecinousconduitànousposerlaquestiondurôlemédiateur
dusommeildanslarelationentrelesfacteursprofessionnelsetlamortalité.Pourrépondreà
cettequestion,nousutiliseronsdans ladeuxièmepartiede ce travail, labasededonnées
VISAT. Il s’agitd’uneétudeprospective,débutéeen1996, avecun suivi longitudinalde la
mortalitéde20ans.
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PARTIE1:Revuedelalittérature
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1 QUELQUESGENERALITESCONCERNANTLESOMMEIL
1.1 Phasesdusommeil
Lesommeilestdiviséenplusieursphases:
• Phase1:endormissement
• Phase2: sommeil lent léger (diminutionde l’activitécérébraleetmusculaire,de la
température).Cettephasereprésente45à50%deladuréetotaledusommeil.
• Phase3et4:sommeillentprofond(trèsfaibleactivitécérébraleetmusculaire,rôle
importantdansledéveloppementetlarestaurationphysique).Ellecorrespondà16à
20%dusommeiltotal.
• REM (Rapid EyeMovements): Sommeil paradoxal (mouvements oculaires rapides,
inactivité totale des muscles, mais très forte activité cérébrale, rôle dans la
récupérationmentale,lamémorisation).Laphasedesommeilparadoxalreprésente
20à25%dusommeiltotal.
Unenuitsedécomposegénéralementen4à6cyclesd’environ1h30(Figure1)(1).
Figure1 : Successiondes cyclesdesommeilau cours
d’une nuit de sommeil
(https://www.schlafundatmung.ch/symptome_und_te
sts/Schlafphasen.php?lang=FR
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1.2 Horlogebiologique
Le sommeil est régulé par deuxmécanismes: la régulation homéostatique (accumulation
d’unedettedesommeil),etl’horlogebiologique(figure2)(2).
L’horlogebiologiquecentralesesitueauniveaudesnoyauxsuprachiasmatiques,ellecontrôle
denombreusesfonctionsphysiologiquestellesquelesommeil,l’humeur,latempérature…
Récemment,en2002,ontétédécouverteslescellulesganglionnairesàmélanopsine.Ils’agit
dephotorécepteurs,situésdanslacoucheinternedelarétine,maisquin’ontpasdefonction
visuelle. Elles sont reliées aux noyaux supra chiasmatiques, et leur transmettent des
informations sur la luminosité environnementale. En journée, la lumière captée par ces
photorécepteursentraineuneinhibitiondelaproductionetdelasécrétiondemélatoninepar
• Lalumièredusoleilestdétectéeparl’œilquienvoiedessignauxaunoyausuprachiasmatique(l’horlogecircadienne)
• Lecerveaucommandelasécrétiondemélatonine,appelée«hormonesdusommeil»
• Letauxdemélatonineaugmenteaufuretàmesurequelalumièrediminue Lesfacteursexternes
pèsentsurlesdeuxsystèmesetpeuventdéséquilibrerlabalance
Figure2:Physiopathologiedusommeil
(https://undeuxtroissommeil.wordpress.com/le-dossier/le-sommeil-dans-la-vie-de-lindividu/)
Larégulationhoméostatique
Larégulationhoméostatique
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9
laglandepinéale,cequifavorisel’éveil.Alatombéedelanuit,cesfonctionss’inversent,la
mélatonineestproduiteetsécrétéeenmasse,defaçonàfavoriserlesommeil(figure3)(3).
Desexpériencesontétéréaliséesenessayantdesupprimerlesfacteursextrinsèques(homme
enferméplusieursjoursdansunegrotte,étudessurrongeurs),etontpermisdemettreen
évidenceunrythmeveille-sommeilendogènede24,11h+/-0,21h.L’horlogebiologiquedoit
doncsesynchroniseravecunrythmede24h.Pource,ellesesertdefacteursexternes,comme
lesrythmessociauxouencorel’alternancelumière/obscuritéperçueparlesphotorécepteurs
delarétine.
Les troublesdusommeil sont la conséquenced’unemauvaise synchronisationdusystème
circadien,et/oud’unedettedesommeil.
1.3 Chronotype
Chaque individudisposed’unchronotypedifférent (sujet«dumatin»,«neutre»,ou«du
soir»).
Ainsi,lessujetsdumatinsontfatiguéslesoir,secouchentetselèventtôt,seréveillenten
formeetalertesetressententdesdifficultésàresteréveilléslanuit.
Figure3:Variationscircadiennesdestauxde
mélatonine, cortisol, et hormone de
croissance
(http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_11/i_1
1_p/i_11_p_hor/i_11_p_hor.html)
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10
Les sujets du soir ont leurs performances au maximum le soir, se couchent et se lèvent
relativementtard,seréveillentfatiguésettrouventqu’ilestdifficilederesteréveillélematin.
Lesmécanismesbiologiques impliquantqu’unsujetprésenteteloutelchronotypenesont
pas encore clairs. Ils seraient associés à plusieurs polymorphismes au niveau de gènes
impliquésdansl’horlogeriecircadienne.AinsilepolymorphismedugènePer1seraitprésent
chezlessujetsextrêmementdumatinetceluidugènePer3chezlessujetsextrêmementdu
soir).LepolymorphismedugènePer2seretrouveraitchezcertainssujetsenavancedephase.
Lechronotypeévolueavecl’âge.Lesenfantssontplutôtdumatin,puislerythmes’inverse
avec l’avancée en âge, pour atteindre un maximum de vespéralité à 20 ans. Puis ils
redeviennentprogressivementdumatin.
Lesindividusdumatinprésententdesheuresdecoucheretdeleverplusstablesquelessujets
dusoir.Ilsprésententdoncunerigiditédusommeiletdeshabitudesdevieplusstrictes.Les
sujetsdusoirsontplusflexiblesdansleurshoraires.
Les individus du soir auraient tendance à être en dette de sommeil en semaine (liée aux
horairesdetravailimposés)etàrattraperlesommeilleweek-end.Demême,ilsauraientune
plusgrandefacilitéàs’adapterautravaildenuit,ouautravailposté.
2 questionnaires évaluant le chronotype sont décrits par l’American Academy of Sleep
Medecine.
1.3.1 LequestionnairedeHorneetOstberg(4)
Il comprend 19 questions. Ce questionnaire a l’avantage d’avoir de bonnes propriétés
psychométriquesmaisn’estpasadaptéauxpersonnestravaillantenhorairesinhabituels.Les
scorespeuventvarierentre16et86.
- <31:sujetnettementdusoir
- Entre31et42:sujetdusoir
- Entre42et58:sujetneutre
- Entre58et69:sujetdumatin
- >69:sujetnettementdumatin
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11
1.3.2 LequestionnairedeMunich(MunichChronoTypeQuestionnaire)
Lessujetsdoiventindiquer:
- L’heureàlaquelleilssecouchent
- L’heureàlaquelleilss’endorment
- L’heureàlaquelleilsseréveillent
- L’heureàlaquelleilsselèvent
- Laperceptiondeleurchronotype(suruneéchellede0à6(0:extrêmementdumatin,
6:extrêmementdusoir)
Cequestionnairepermetdedéterminer le chronotype sur la basede la déterminationde
l’heure de milieu du sommeil. Le milieu du sommeil calculé pendant les jours de repos
permettraitdedéterminerlechronotype.Actuellement,uneformulepermetdecalculerle
milieudusommeilcorrigéenfonctiondel’éventuelledettedesommeiloccasionnéeparle
travail(MSFSc)etdedéterminerlechronotype.
Ainsi:
MSFSc=MSF—0,5×(SLDF—SLD)oùSLD=(5×SLDW+5×SLDF)/7.
MSF:milieudusommeilpendantlesjoursderepos
SLDW:duréedusommeilpendantlesjoursdetravail
SLDF:duréedusommeilpendantlesjoursderepos
SLD:duréemoyennedesommeil.
LessujetsdumatinontunMSFScinférieurouégalà2,17etlessujetsdusoirontunMSFSc
supérieurà7,25.
Cequestionnairen’estpasnonplusadaptéauxpersonnestravaillantenhorairesinhabituels.
Roenneberg et al.(5) montrent qu’on obtient le même résultat que celui obtenu aux 19
questionsduquestionnairedeHörneetOstbergeninterrogeantlessujetssurleurperception
suruneéchellede0(extrêmementdumatin)à10(extrêmementdusoir).
Lesjoursdetravailetlesjoursderepos
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12
2 EPIDEMIOLOGIEDUSOMMEIL
Les troubles du sommeil sont un problème de santé touchant une grande partie de la
population, pouvant entrainer des répercussions importantes sur la qualité de vie, et
correspondàunmotiffréquentdeconsultationsmédicales.C’estpourquoidenombreuses
étudesontétépubliéessurcesujet.
2.1 EnFrance
L’épidémiologiedu sommeil en Francea étébienétudiée. Lesdernièrespublications sont
paruesdans leBulletinépidémiologiquehebdomadairedu20novembre2012.Cebulletin
regroupeplusieursarticlestraitantdestroublesdusommeilenFrance(6)(7).
Ilaétédémontréqueletempsmoyendesommeilétaitde7h18chezlesfemmesetde7h07
chezleshommes.Cetteétudeaévaluélacomparaisonentreletempsdesommeilnécessaire
etletempsdesommeileffectif.Leshommesdormiraient7minutesdemoinsquecequ’ilne
faudrait,et lesfemmes,17minutesdemoins.Laplusgrandedifférenceentre letempsde
sommeilnécessaireetletempsdesommeildéclarés'observechezlesplusjeunes(de15à19
ans). Cette différence s'atténue avec l'âge et s'inversemême à partir de 55 ans chez les
hommes,etde75anschezlesfemmes(figure4)(6).
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13
Cette étude s’est également intéressée aux troubles du sommeil qualitatifs, c’est-à-dire à
l’insomnie (figure 5) (6). L’insomnie chronique globale a été identifiée chez 15,8% des
individusde15à85ans.Plusspécifiquement,chezlesfemmes,elleestde19,3%eteststable
avec l'âge.Chez leshommes,elleestde11,9%etaugmenteavec l'âge,pouratteindreun
plateauvers45ans,avantdediminuerànouveau(3%chezles15-85ans,18%chezles45-54
ans,et8%au-delàde65ans).
Figure4:Tempsdesommeildéclaréetnécessairepourêtreenformeselonl’âgeetle
sexe.Baromètresanté2010,France
Page 27
14
La 2ème étude (7), réalisée en 2008, rapportait l’existence de symptômes d’insomnie (> 3
nuits/semaine) chez 34,3% (33,4-35,2) de la population. Là aussi, la prévalence chez les
femmesestplusélevéequechezleshommes(38,9%vs29,2%).
Selon lescritèresde l'ICSD, laprévalencede l’insomnieassociéeàaumoinsunsymptôme
diurneétaitde19%,22,2%chezlesfemmeset15,4%chezleshommes.34,2%IC95%33,3-
35,1delapopulationdéclaraitêtrefatiguéeaprèsunenuithabituelledesommeil.38,5%chez
lesfemmes,29,5%chezleshommes.
2.2 EnSuède
Uneétudeparueen2011(8)aévaluélaprévalencedel’insomnieenSuèdechezdesindividus
âgés de 19 à 75 ans. L’évaluation de l’insomnie prenait en compte distinctivement les 3
symptômes:difficultéd’endormissement,difficultédemaintenir lesommeil, sommeilnon
réparateur.6,3%del’échantillonrelevaitunedifficultéd’endormissement,14,5%rapportait
unedifficultédemaintenirlesommeil,et18%unsommeilnonréparateur.Autotal,32,1%IC
Figure 5 : Prévalence de l'insomnie chronique selon l'âge et le sexe.
Baromètresanté2010,France
Page 28
15
95%(29,5-34,8) présentait au moins un symptôme d’insomnie. A l’instar de la France, la
prévalenceestplusélevéechezlesfemmes(38,3%)quechezleshommes(26,12%).
2.3 AuxEtatsUnis
Unarticlepubliéen2011parKessleretal.(9)arévéléque23%delapopulationdetravailleurs
américainssouffraientd’insomnie.Cetteétudeaétéréaliséesurunlargeéchantillonde7428
salariésaméricains.Cetteinsomnieseraitresponsabled’unediminutiondesperformancesau
travail,d’unabsentéismeimportant,etd’uncoûtestiméà63milliardsdedollars.
2.4 Facteursfavorisants
Nous pouvons donc nous rendre compte que les troubles du sommeil font partie des
problèmesdesantélesplusfréquents,touchanttouteslesclassesd'âge,àdifférentsdegrés.
Ces troubles peuvent être engendrés par différents facteurs, professionnels et
extraprofessionnels. En effet, certaines études ont étudié les facteurs susceptibles
d’influencerlaprésenceoul’absencedetroublesdusommeil.Parmieux,nouspouvonsciter
l’âge, le sexe, l’état de santé général, la présence de douleurs, le niveau d’étude, la
consommation de tabac ou de cannabis, les conditions environnementales du sommeil
(température,lumière…).Laconsommationd’alcooln’estpassystématiquementassociéeà
uneaugmentationsignificativedestroublesdusommeil,seloncertainesétudes(6)(7)(10).Les
troubles du sommeil peuvent aussi être à l'origine de problèmes de santémultiples plus
néfastes,altérantlaqualitédevie.
Unarticle(10)aeffectuéunerevuedelalittératuresurlestroublesdusommeil,entenant
comptededifférentscritèresd’évaluation.
Dans cet article, l’insomnie était confirmée quand l’individu présentait soit une difficulté
d’endormissement,soitunedifficultéàmaintenirlesommeil.Entenantcompteuniquement
deces2critères,letauxd’insomnieétaitretrouvéentre30et48%enfonctiondesdifférentes
études. Cependant, en utilisant des critères restrictifs de fréquence, de sévérité, ou de
répercussiondecestroublessurlajournée,nouspouvonsremarquerquelaprévalencede
l’insomnieseramoinsélevée.Denombreusesétudesontutilisélafréquencedestroublesdu
Page 29
16
sommeil pour calculer le taux d’insomnie. 16 à 21% ont répondu avoir «souvent» ou
«toujours» des difficultés d’endormissement ou des difficultés à maintenir le sommeil.
D’autresétudesonttenucomptedelasévéritédessymptômescitésci-dessus.Laprévalence
était alors évaluée entre 10 et 28% de la population. Enfin, en tenant compte des
conséquencesde ces symptômesnocturnes surdes symptômesdiurnes, laprévalenceest
moinsélevée(entre8,5et13%).
Cetarticleaégalementabordél’excèsdesommeil.Cependant,lesauteursindiquentqueles
étudestraitantcesujetsontdifficilementcomparablesdufaitdesdifférencesd'organisation
desétudes,etdedéfinitionde l'excèsdesommeil.Dans lamajoritédesétudes, l'excèsde
sommeil est défini comme la présence de somnolence dans la journée après une nuit
habituelle,etestévaluéenfonctiondesafréquence("jamais"à"trèssouvent"ou"toujours",
ouéchelledefréquencedessymptômesensemaine).Laprévalencedespersonnesrapportant
être"souvent"ou"trèssouvent"somnolentslajournéevarieentre5et26%(lesprévalences
lesplusélevéesontétéretrouvéesenPologneetauJapon).L'excèsdesommeilaumoins3
nuitsparsemaineaétérapportéchez4à20,6%delapopulationenEurope.
Unautrearticle (11)aétudié l’incidenceetnon laprévalencede l’insomniechronique,au
cours d’un suivi de 7,5 ans. L’incidence après ajustement a été évaluée à 9,3%. Certains
facteurs augmentaient le risque d’apparition d’une insomnie chronique: les femmes, les
jeunesadultes(20-35ans),lespersonnesdecouleurs,lespersonnesobèses.
Lesgrosbuveursdecafé(aumoins3tasses/jour),etlesnonbuveursdecaféavaitunrisque
plusélevédedévelopperuneinsomniechroniquequelesbuveursmodérés(1à2tassespar
jours).Onretrouvelemêmerésultatchezlesbuveursd’alcool:lespersonnesbuvant1verre
d’alcoolparjouravaientuneincidencemoinsélevéequelespersonnesbuvantaumoins2
verresparjouretlespersonnesnebuvantpasdutoutd’alcool.
Les problèmes de santé physiques oumentaux augmentaient aussi de façon significative
l’incidencedel’insomniechronique.Nouspouvonsciterl’alcoolismechronique,ladépression,
lesmigraines,lestroublesurinairesetrénaux,etàunemoindreincidencel’asthmeallergique,
etl’anémie.
Page 30
17
3 METHODESD’EVALUATIONDUSOMMEIL
3.1 Définition
Qu’estquel’hygiènedusommeil?C’estlaquestionquesesontposésDanielJetal.(12).Ils
onttentéd’yrépondredansunarticleintituléSleephealth:canwedefineit?Doesitmatter?
La santé elle-même est difficile à définir de façon précise. Plusieurs définitions ont été
proposéesetamélioréesaufuretàmesure.Lachartredel'OMSde1948aadoptéladéfinition
suivante : «la santé est un état de complet bien-être physique,mental, et social, et pas
seulementl'absencedemaladie».Lesauteursontproposéunedéfinitionpourl’hygiènede
sommeil: «La santé du sommeil est un modèle multidimensionnel de plénitude veille
sommeil,adaptéauxdemandesindividuelle,sociale,etenvironnementale,quipromeuventle
bien-êtrephysiqueetmental.Labonnesantédusommeilestcaractériséeparunesatisfaction
subjective,deshorairesappropriés,uneduréeadéquate,unebonneefficacitéetunevigilance
soutenuedurantlajournée.»
Lesauteursontainsiproposéuneéchelleafind’évaluerl’hygiènedesommeildesindividus.
CetteéchelleestnomméeSATED,maisn’estpasvalidée:
S=Satisfactionwithsleep
A=Alertnessduringwakinghours
T=Timingofsleep
E=sleepEfficiency
D=sleepDuration
Elleal’avantaged’évaluerlesommeildefaçonglobaleetrapide(1à2minutes).Elleaété
construiteentenantcomptedeladéfinitionqu’ilsontproposéepourlasantédusommeil.
Lesauteursnel’ontcependantpastestée,etaucuneautreétudeultérieurenes’enestservie
pourévaluerourechercherlestroublesdusommeil.Eneffet,aucuncodageniinterprétation
n’ontétéproposés.
Uneéchelleaétémiseenplaceà lafindesannées1970enGrandeBretagne,permettant
d’évaluer la santé et le ressenti des patients de façon pertinente. Cette échelle appelée
Page 31
18
NottinghamHealthProfile(NHP)s’adresseparticulièrementàlapopulationâgée.Elleprend
encompte6dimensions,regroupantplusieursquestions:
- Lamobilité(8questions)
- L’isolementsocial(5questions)
- Ladouleur(8questions)
- Lesréactionsémotionnelles(9questions)
- L’énergie(3questions)
- Lesommeil(5questions)
Chaquequestionestassociéeàuncoefficient,enfonctiondudegrédepertinencedutrouble
danslebienêtred’unindividu;lasommedescoefficientsdanschaquecatégorieétantégale
à100.Lepourcentageobtenucorrespondaudegrédedifficultésqueressentlapersonnedans
chaquedomaine.
CetteéchelleaétévalidéeparHuntetal.(13)danslesannées1980.Elleaétémiseenplace
danslebutd’aiderlesmédecinsàpercevoirlebien-êtrephysique,psychologiqueetsocialdes
patients,etlanécessitéounondelaréalisationdenouveauxexamensoulamiseenplacede
nouveauxsoins. Il fallaitunoutilcompréhensiblepar lamajoritédespersonnesauxquels il
s’adresse,qu’ilsoitconcis,simple,peucoûteuxàadministreretàcoter,maissurtoutvalide
etfiable.
Baroetal.(14)ontréévaluécetteéchelleplusieursannéesaprès,en2006.Lesrésultatsont
montréquelequestionnairepeutêtrerempliparlaquasi-totalitédespersonnesayantune
fonctioncognitivenormale(98%),oumodérémentaltérée(86,3%).Cependant,lespersonnes
atteintesdetroublescognitifssévèressontsouventdansl’incapacitéd’yrépondre(5,9%ont
purépondre).LesrésultatsmontrentégalementqueleNHPpeutêtrecomplétéparuntiers,
ceci permet de proposer le questionnaire aux personnes invalides. Un point important
concerne la fiabilité et la validité des résultats chez les personnes atteintes de troubles
cognitifs modérés. La fiabilité est correcte concernant la douleur et les réactions
émotionnelles,maisl’isolementsocial,lesommeil,l’énergie,lamobilitéétaientinférieursau
standardde0,7.Cependant,lescoefficientsalphadeCronbachpourlatotalitéduscoredu
NHP sont à 0,82 et 0,87 respectivement pour les patients ayant une fonction cognitive
normale, et ceux ayant une fonction cognitivemodérément altérée. Ces coefficients sont
prochesde0,9(coefficientleplusélevépermettantdescomparaisonsindividuelles).
Page 32
19
Quelssontlesoutilsdisponiblespourévaluerlesommeil?
Lestroublesdusommeilsontdifficilesàmesurer,aussibiensurleplanquantitatifquesurle
planqualitatif.
Plusieursméthodesexistent,plusoumoinsspécifiques,nouspouvonsciter:
- Questionnaires
- Actigraphie/Actimétrie
- Polygraphie
- Polysomnographie
- Lestestsdevigilance
- Imageriecérébrale:laTEPetl'IRM
- Biologie
3.2 Questionnaires
Des questionnaires ont été réalisés afin d'estimer de façon aussi précise que possible la
prévalence des troubles du sommeil. Cependant aucun questionnaire n'a été sélectionné
commeuneréférencepourévaluerladuréedesommeiloulestroublesdusommeil.Deplus,
ils'agitd'unemesuresubjective,avecbeaucoupdevariationsinterindividuelles.
3.2.1 LeNHP(ANNEXE1)
Nous y faisons référence plus haut, il contient une catégorie centrée sur le sommeil,
comprenant5questions(chacuneassociéeàuncoefficient):
- Jeprendsdesmédicamentspourdormir(26,33)
- Jeresteéveillé(e)unegrandepartiedelanuit(22,86)
- Jedorsmallanuit(20,36)
- Jemetsbeaucoupdetempsàm’endormir(16,50)
- Jemeréveilletrèstôtlematinetj’aidumalàmerendormir(13,95)
- Lasommedescoefficientsestégaleà100.
Page 33
20
3.2.2 L'AmericanAcademyofSleepMedicine(ICSD)
Elle a proposé un questionnaire comprenant les critères de recherche pour le diagnostic
d'insomniechronique.
L’insomnie est définie comme la présence d’une ou plusieurs des difficultés du sommeil
suivantes:
- Troublesd’endormissement(insomnied’endormissement)
- Troublesdemaintiendusommeil(réveilsnocturnesavecdifficultéàserendormir)
- Réveilprécoce(insomnieparréveilprécoce)
- Sommeilnonrécupérateuroudemauvaisequalité.
Ces difficultés surviennent aumoins 3 nuits par semaine, depuis aumoins unmois, et ce
malgrédeshabitudesetconditionsadéquatespourlesommeil.
Avecaumoinsl’unedesconséquencesdiurnessuivantesenrelationavecsesdifficultésde
sommeil:
- Fatigue/Malaise
- Troublesdel’attention,delaconcentration,delamémoire
- Troubles du fonctionnement social, professionnel ou mauvaises performances
scolaires
- Troublesdel’humeur/irritabilité
- Somnolencediurne
- Réductiondelamotivationdel’énergieoudel’initiative
- Tendanceauxerreurs/accidentsautravailouenconduisant
- Céphaléesdetensionoumalaisegénéralenrelationaveclapertedesommeil
- Préoccupationsouruminationsàproposdusommeil
Il s'agit d'une classification internationale (International classification of sleep disorders).
Cette classification reste globale et ne suffit pas à elle seule à déterminer un trouble du
sommeil.
Page 34
21
3.2.3 LeréseauMorphée(15)
Ilproposeunquestionnairerelativementcomplet,disponibleenligne.Cederniercomprend
plusieursrubriques,notammentlessymptômesdestroublesdusommeil,l'évaluationdela
somnolence, l'évaluationde l'intensitédes troubles, les signesd'orientationorganique, les
signesd'orientationpsychologique,leshabitudesdevie,lesfacteursfavorisantsdestroubles
du sommeil, les habitudes de sommeil, l'état de santé, et le traitement actuel. Ce
questionnaire est à destinée des patients souffrant de troubles du sommeil depuis un
minimumde3mois.Ils’agitd’uneaideàl’orientationdecespatients.Ilaétéétablipardes
médecinsetpsychologuesspécialisésdanslesommeil.
3.2.4 L'INVS(ANNEXE2)
L’INVSproposeunquestionnaireaidantlespatientsàsavoirs'ilyanécessitédeparleràleur
médecindeleursommeil.Cequestionnaireestcomposéde11questions.Silepatientrépond
ouiàunequestion,illuiestconseillédeconsultersonmédecinpoursestroublesdusommeil.
3.2.5 L'échelledesomnolenced'Epworth(ESS)(ANNEXE3)
Elle permet de mesurer le niveau de somnolence subjective au cours de la journée. Ce
questionnaireestcomposéde8questions,ilestrapideetfiable.Ilesttrèsutilisédansl'aide
audiagnosticdusyndromed'apnéeobstructivedusommeil.Unscoresupérieurouégalà16
estpathologique.Cequestionnairen'intéressecependantpaslesommeilentantquetel,ni
lescausespouvantêtreàl'originedecestroublesdusommeil.IlaétéconçuparleDrMurray
Johnsdel’hôpitalEpworthàMelbourneenAustralie,en1991.
3.2.6 KarolinskaSleepinessScale(KSS)(ANNEXE4)
Ils’agitd’uneéchellequimesuredefaçonsubjectiveledegrédesomnolenceàunmoment
donnédelajournée.Lessujetsindiquentquelniveaureflètelemieuxleurétatpsychologique
etphysiqueaucoursdes10dernièresminutes.Ellepermetunemesurede lasomnolence
situationnelle.Cetteéchelleaététestéedansuneétudeayantmisenévidencelavaliditéet
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22
lareproductibilitédelaKSSavecl’EEG,lecomportementetd’autresindicateurssubjectifsde
somnolence(16).
3.2.7 LePSQIPittsburghSleepQualityIndex(ANNEXE5)
Il s’agit d’un questionnaire évaluant la qualité sur le dernier mois. Il a été créé par des
épidémiologistesdel’universitédePittsburgh,etpeutêtrefacilementutiliséparlesmédecins,
mais également par les épidémiologistes. En effet, il ne nécessite que 5 à 10minutes de
remplissages.Plusieursétudesontutilisécetteéchelle (17).Lecentredusommeiletde la
vigilanceàl’HôtelDieudeParisutiliseégalementcequestionnaireafindemettreenévidence
unemauvaisequalitédusommeil.
3.2.8 Lequestionnaired'évaluationdusommeildeLeeds(18)
Ils'agitd'unauto-questionnairenormalisécomposéde10échellesvisuellesanalogiquesqui
intéressent4aspectsdel'efficacitédusommeil:
- Laqualitédel'endormissement
- Laqualitédusommeil
- Laqualitéduréveil
- Laqualitédel'étatsuivantleréveil,performances
Ce questionnaire est principalement utilisé pour évaluer l'efficacité des psychotropes
proposéspourtraiterlestroublesdusommeil,etnonpaspourdiagnostiquerlestroublesdu
sommeiletenrechercherlescauses.
3.2.9 LequestionnaireSpiegel(ANNEXE6)
Ilconstitueuneétudequantitative.Ilcomporte6questionsenrapportavec:
- Ledélaid’endormissement
- Laqualitédusommeil
- Laduréedusommeil
- Lesréveilsnocturnes
- Lesrêves
Page 36
23
- L’étatlematin
Ilestutiliséparlecentredusommeiletdelavigilanceàl’HôtelDieudeParis.
3.2.10 L’échelledefatiguedePichot(ANNEXE7)
Elleévaluelafatiguediurne,quelquesoitlacause.Dansnotrecas,elleestutileuniquement
lorsqu’untroubledusommeilaétémisenévidenceàl’aided’undesquestionnairesprésentés
ci-dessus,afindedéterminerlarépercussiondecetroubledusommeilsurlafatiguediurne.
Eneffet, lafatiguedevientpathologiquelorsqu’unsujetsesenthandicapéparrapportaux
conditions habituelles, dans la réalisation des activités de la vie quotidienne. L’échelle de
Pichotpermetdemesurerl’importancedecehandicap.Unscoresupérieurà22estconsidéré
commepathologique.
3.2.11 LetestdeFord(ANNEXE8)
Ilpermetd’évaluerl’insomnieliéeaustress.Ilestintéressantdanslediagnosticdel’insomnie
etdans la rechercheétiologiquedecette insomnie. Ilpeutêtreutilisé lorsqu’unsalarié se
plaintdetroublesdusommeil,afind’identifierunprobablelienavecunstressautravail.
3.2.12 L’agendadusommeil(ANNEXE9)
Ils’agitd’unoutilsimple,puissant,etpeucoûteux.Ilestintéressantcarilpermetd'avoirune
vue sur l'activité synthétique du rythme quotidien d'activité et de repos ainsi que des
événementsnocturnesetdiurnesenlienaveclesommeil.
Pourcela,lesujetdoitconsigner:
- L’heureducoucher
- L’heured’extinctiondeslumières
- Lespériodesdesommeilnocturne
- L’heurederéveilmatinal
- L’heuredelever
- Lespériodesdesommeildiurne(sieste)
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24
- Les remarques sur le retentissement diurne des éventuels troubles du sommeil
(troublesdelaconcentration,troublesdelavigilance,irritabilité…)
- Laprisedemédicaments
Ilestsouventutilisépourdéfinirlechronotyped’unpatient.C’estl’outilderéférencepourle
diagnostic:
- Dusyndromed’avancedephase(lesheuresducoucher(avant20heures)etdulever
(avantquatreheures)sonttrèsprécoces)
- Dusyndromederetarddephase(l’heured’endormissementesttardive(2-6heures)de
mêmequel’heuredulever(10—14heures))
- Du syndrome hypernycthéméral (les heures du coucher et du lever se décalent
progressivementd’unjouràl’autre)
- Durythmeveille-sommeilirrégulier
- Dutroubledusommeilliéautravailposté
Ilnécessitecependantunebonnecoopérationetrigueurdusujet,quantauremplissagede
l'agenda.Deplus,afindepouvoirêtreinterprétédefaçoncorrecte,ilestnécessairederemplir
l’agendaetdeleteniràjoursuruneduréed’aumoins3semaines,pendantlesjoursdetravail
etlesjoursderepos.
3.3 Actigraphie/actimétrie
L'actigraphie est un moyen facile et non invasif pour calculer le temps de sommeil d'un
individu.Ellepermetdemesurerleniveaud'activitéd'unepersonnesurunepériodedonnée.
La méthode consiste à porter un petit appareil de la taille d'une grosse montre
(accéléromètre),autourdupoignetdubrasnondominant,pendantplusieurs joursafinde
recueillirunemassededonnéesutiles.
Page 38
25
Le sommeil est caractérisé par une immobilité relative qui est très nette par rapport à la
quantitédemouvementsenregistrablependantl’éveil.Cetexamenestbasésurladétection
d’accélérations supérieures à un seuil donné. Celles-ci sont comptées sur un intervalle de
tempsvariablede10secondesà5minutes,etstockéesavecleurmomentdesurvenue.Cet
examenpermetdoncdemesurerlesmouvementspendantlesommeil,lafragmentationdu
sommeil,letempspassééveilléaucoursdelanuit,letempsd'immobilitépendantlesommeil
etl'heuredeséveils.
Danscetexemple:lesujetacommencéàporterlamontrele1erjourà7h30dumatin.Ilaétéactiflajournée.Ila
commencésanuitvers00h30ets’estlevéà8h.Onvoitquele4èmejour,ilaenlevél’actimètreà19h,pourleremettreà21h.Ledernierjour,ilafaitdusportde20hà21hpuisaenlevésonactimètrepourprendresadouche.
Certainsactimètressontdotésdecapteursdetempératuresetde lumières,cequipermet
d’obtenirdesinformationssupplémentairessurlesommeildel’individu.
Toutefois,cetexamenétantbasésurladétectiondesmouvements,ilpeutêtrefacilement
artéfacté,cequirendl’interprétationdanscertainscasdifficile.
3.4 Polygraphie
Lapolygraphierespiratoirecomporteauminimum5signauxenregistrés:
- Débitaériennaso-buccal
- Mouvementsrespiratoiresthoraco-abdominaux
- Oxymétrie
- Fréquencecardiaque
- Positioncorporelle
Figure6:Enregistrementactimétrique
https://www.sleepresearch.ch/SRfranc/comment_etu
dier.htm
Page 39
26
Cet examen peut également être réalisé à domicile. L’installation (pose des capteurs) est
réaliséelesoirdanslecabinetdumédecinoudanslelaboratoiredusommeil.L’individurentre
chezluietpasselanuit.L’enregistrementesteffectué,etlesujetrevientlelendemainmatin
pourledébranchementdel’appareil.Lesdonnéessontenregistréesetinterprétéesàl’aide
d’unlogiciel.
3.5 Polysomnographie
Lapolysomnographiepermetégalementdemesurerlesommeil,maisdefaçonplusprécise
etplusglobalequel'actigraphieetlapolygraphie.Eneffet,ellemesurelesommeilavecses
différentsstades,laduréetotaledespériodesd'éveiletlenombredemicroéveils.Elleinclut
égalementd'autresparamètrestelsque:
- Larespiration(ceinturethoracique+ceintureabdominale)
- Lamesuredudébitaérienoro-nasal(thermistance/canulesdeprisedepressions)
- LamesureduCO2expiré
- Lasaturationsanguineenoxygène(oxymétriedepouls)
- Leronflement(capteurderonflement,enregistrementdesvibrationsducou)
- Lafréquencecardiaque(ECG)
- La position etmouvement du dormeur (capteur de position placé au centre de la
sanglethoracique)
- Lesmouvementsoculaires(électroocculogramme)
- L’activitécérébrale(électroencéphalogramme)
- L’activité musculaire des jambes et du menton (électromyogramme jambier et
mentonnier).
Elleestdecefaitconsidéréecommelaméthodederéférenceenmatièrederecherchesurle
sommeil,maisnécessitetoutefoisquel'individupasselanuitdansuncentredusommeil(car
laposedumatérielestenvahissanteetcomplexe).Lesujetarriveaulaboratoireouàl’hôpital
en fin de journée. Le matériel est placé par un praticien ou un(e) infirmier(e) formé(e).
Page 40
27
L’individupasselanuitdansunechambreprévuepourlesenregistrementsdusommeil,dotée
d’unecamérainfrarouge.
Cetteméthode est très utilisée dans le diagnostic du syndromed’apnée du sommeil. Elle
permeteneffetdemesurerl’indexd’apnées-hypopnées(IAH):
- Apnée:absencetotalededébitnaso-buccalpendantminimum10secondes.
- Hypopnée:interruptionpartielledudébitaérien(réductiond’aumoins30%dudébit
respiratoire),cetteinterruptionpartielles’accompagned’unediminutiond’aumoins
4%delasaturationenoxygène.
L’IAHcorrespondaunombred’apnées/hypopnéesparheure.Ilpermetdeposerlediagnostic
de syndrome d’apnée du sommeil, et pose l’indication ou non de la mise en place d’un
traitement.
- IAHentre0et5:absencedemaladie.
- IAHentre5et15:SAOSléger,pasdenécessitédetraitement.
- IAHentre15et30:SAOSmodéré,miseenplaced’untraitementsilepatientprésente
dessymptômes.
- IAH>30:SAOSsévère:miseenplaced’untraitement,mêmesilepatientneprésente
pasdesymptôme.
3.6 Testsdevigilance
Ce sont des tests permettant d’évaluer si un sujet est atteint de somnolence diurne. Ils
peuvent constituer une aide au diagnostic. Ils sont réalisés dans un laboratoire, sous la
surveillanced’untechnicien.
Ilexiste2typesdetest:
• Testitératifdelatenced’endormissement(TILE)outestdelatencemultipleausommeil
(MSLT).
Lesujeteffectuera4à5siestesdansunemêmejournée,espacéesd’unintervallede2h.Il
s’installera dans une pièce sombre, à lumière tamisée, allongé dans un lit. Un EEG sera
branchéafinded’enregistrerl’activitécérébrale.Ilpermettrad’obtenirletempsnécessaire
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28
pour tomber dans une phase d’endormissement, ainsi que la structuration du sommeil
(stades). Un sujet normal s’endort en 15 à 20 minutes. Une latence moyenne
d’endormissementinférieureà8minutesestanormaleetindiquel’existenced’une
somnolencediurnepathologique.
• Testdemaintiend’éveil(TME):
Ce test permet d’évaluer la capacité à rester éveillé dans un endroit propice à
l’endormissement.Ilestutilepourévaluerl’efficacitéd’untraitementcontrelasomnolence
diurneexcessive.Lesujetseraplacédansunepièceéclairée,assisdansunfauteuil.Ildevra
luttercontrel’endormissement,pendant5séancesde20minutes.ToutcommeleTILE,un
EEGserabranchéaupatientafind’enregistrerlalatenced’endormissementetlesdifférents
stadesdusommeil.Une latenced’endormissement inférieureà12minutesestconsidérée
commepathologique.Ils’agitdutestderéférencepourlacommissionmédicaled’aptitudeà
laconduiteautomobile.
3.7 Imageriecérébrale:laTEPetl’IRM
Cestechniquesd'imageriepermettentd'étudierd'autresaspectsdel'activitécérébraleque
l'EEG.Ellesontunerésolutionspatiale.Nousvoyonsquellerégionducerveauaugmenteou
diminuesonactivitéenfonctiondesstadesdusommeil.Maiscelanécessitedefairedormir
lesujetdansuntomographeàémissiondepositonsoudansunappareild'IRM,cequipeutse
révélerperturbantetconstituerunbiaisdanslamesuredusommeil.
3.8 Biologie
Lamélatonineestunehormonenaturellementsécrétéeparlaglandepinéale(épiphyse).Sa
synthèseestinhibéeparlalumièreeteststimuléelorsquelalumièrefaiblit.Elleestdonc
sécrétéeàlatombéedelanuit,vers21h,etatteintunpicvers3hdumatin(figure7(19)).
Mais la sécrétiondemélatoninepeutêtredifférented’un individuà l’autre.Chez lesgros
dormeurs,lasécrétionestengénéralpluslongue.Chezlescouche-tard,elleestretardée,alors
quechezlescouche-tôt,elleestplutôtavancée.
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29
Leniveaudemélatoninepeutêtreévaluéendosantundesesprincipauxmétabolites(le6-
sulfatoxy-mélatonine)danslesurinesde24heures.Leniveauoptimalsesitueau-dessusde
40µg/jour,unedéficienceenmélatonineestdéfinieparunevaleurentre0et35µg/jour.
La mélatonine peut jouer un rôle dans le traitement de l’insomnie. Des compléments
alimentairesàbasedemélatoninepeuventaideràresynchroniserlecycleveille/sommeil.Elle
estsouventprescritepourlimiterl’impactdudécalagehoraire(20).Elleconstitueuneaide
pourlaresynchronisationdel’horlogebiologique.
3.9 Conséquencesdelavariabilitédesformesdemesures
Ces différentes formes de mesure sont responsables de biais de mesures dans certaines
études.Eneffet,Kurinaetal.(21)ontremarquéquelaplupartdesétudesévalueladuréede
Figure7:Variationcircadiennedutauxsanguindemélatonine.Lamélatonineestun
chronobiotique,elleêtreàl’origined’unsyndromed’avancedephaseouderetardde
phase,enfonctiondel’heureàlaquelleelleestsécrétée
http://www.academie-medecine.fr/desynchronisation-de-lhorloge-interne-lumiere-
et-melatonine/
Page 43
30
sommeildemanièresubjective,c’est-à-diredefaçonautodéclarée.Or,laduréedesommeil
autodéclaréeetcellemesuréeparpolysomnographiesontdifférentes.Dansl'étudedeSilva
(22),publiéeen2007,laduréedesommeilmoyennerelevéeparpolysomnographieétaitde
6h,etlamoyenneestiméedefaçonautodéclaréepourlamêmenuitétaitde61mindeplus.
Lesauteursdecetarticleontessayédedéfinirlesfacteurspouvantinfluersurlesdifférences
d'auto-évaluationdeladuréedesommeil:
- Lesexe:leshommesonttendanceàrapporteruneduréedesommeilsupérieure
àcequefontlesfemmes.
- L’âge:lesindividusplusâgésévaluentsouventuneduréedesommeilpluslongue
oupluscourtequecequefontlesjeunes.
- L’ethnicité:ComparativementauxHommesblancs,lesHispaniquesonttendance
àrapporteruneduréedesommeilplusélevée,etlesHommesNoirsonttendance
àrapporteruneduréedesommeilsoitpluscourtesoitpluslongue.
- Le statut socioéconomique: un faible statut socioéconomique ou les longues
heuresdetravailontégalementtendanceàsurévaluerousous-évaluerladuréede
sommeil.
- L'étatdesanté:ilinfluenceégalementl'estimationdeladuréedesommeil.
4 PATHOLOGIESDUSOMMEIL
Troisclassificationsrépertorientlestroublesdusommeil(23):
• L’ICSD3(InternationalClassificationofSleepDisorders,version3)
• LaCIM10(ClassificationInternationaledesMaladies)
• LeDSMV(ManuelDiagnostiqueetStatistiquedesmaladiesmentales,version5)
4.1 ICSD-3
L’ICSD est une classification réalisée par l’American Academy of Sleep Medicine, en
associationavecl’EuropeanSleepResearchSociety,laJapaneseSocietyofSleepResearch,et
la Latin American Sleep Society. L’ISCD utilise des critères diagnostiques basés sur des
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31
éléments physiopathologiques objectifs comme des résultats d’examens biologiques ou
électrophysiologiques (polysomnographie). Il s’agit d’une classification spécialisée, utilisée
essentiellementenmédecinedusommeil.
Lapremièreversion(ICSD-1)aétépubliéeen1990,etréviséeen1997.Ladeuxièmeversion
(ICSD-2)aétéréaliséeen2005,etlatroisième(ICSD-3)en2014.
L’ICSD-3comporte7catégories:
• Lesinsomnies;
L’insomnierésulted’aumoinsuntroubledusommeilparmi:
- Difficultésd’endormissement
- Difficultésdemaintiendusommeil
- Réveiltropprécoce
- Tempsdesommeil<6heure
Ceoucessymptômesdoiventêtreprésents:
- Aumoinstroisfoisparsemaine
- Depuisaumoinstroismois
- Dansuncontexteadéquatdesommeildenuit
- Avecrépercussionsurlefonctionnementdiurne:fatigue,irritabilité́...
• Lestroublesrespiratoiresdusommeil(syndromesd’apnéescentralesdusommeil):
- Syndromesd’apnéesobstructivesdusommeil
- Apnéescentralesdusommeil
- Syndromed’hypoventilation
- Troubleshypoxiquesliésausommeil
• Lestroublesmoteursdusommeil:
Cettecatégorieregroupe7troublesspécifiques
- Syndromedesjambessansrepos
- Maladiedesmouvementspériodiques
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32
- Crampesnocturnesdesmembresinférieurs
- Bruxisme
- Rythmienocturne
- Myocloniesbénignesdel’enfant
- Myocloniesd’endormissement
• Lestroublescentrauxd’hypersomnolence(hypersomniesidiopathiques,narcolepsie)
• Lestroublesdurythmecircadien:
Ondistingue5typesdetroublesdurythmecircadien:
- Lesyndromederetarddephase
- Lesyndromed’avancedephase
- Lerythmeveille-sommeilirrégulier
- Lesyndromehypernychtéméral
- Lestroublesliésautravailposté
- Lestroublesliésaudécalagehoraire
• Lesparasomnies(somnambulisme,cauchemars,terreursnocturnes)
• Lesautrestroublesdusommeil.
4.2 CIM10
LaClassificationInternationaledesmaladiesaétéréaliséeparl’OrganisationMondialedela
Santé(OMS).LaCIMestbaséesurdescritèressymptomatiques.Lesinvestigations,commela
polysomnographie,nesontpasprisesencomptelorsdelaposedudiagnostic.Ils’agitd’une
classificationglobaleincluantl’ensembledesmaladiesetsituationsd’utilisationdessoinsde
santé.Lescatégoriesdiagnostiquessontdecefaitsuccinctesetpeudétaillées.
La10èmeetdernièreversiondelaCIMaétéadoptéeauxUSAen2015.Elleestplusconforme
àl’ICSD-3quelesprécédentesversions.
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33
Cetteclassificationséparelestroublesdusommeilen:
• Troublesdusommeilnonorganiques(F51)
• Troublesdusommeil(G47)
F51.0 Insomnie non organique
F51.1 Hypersomnie non organique
F51.2 Trouble du rythme veille-sommeil non dû à une cause organique
F51.3 Somnambulisme
F51.4 Terreurs nocturnes
F51.5 Cauchemars
F51.8 Autres troubles du sommeil non organiques
F51.9 Trouble du sommeil non organique, sans précision
G47.0 Troubles de l'endormissement et du maintien du sommeil [insomnies]
G47.1 Troubles du sommeil par somnolence excessive [hypersomnies]
G47.2 Troubles du cycle veille-sommeil
G47.3 Apnée du sommeil
G47.4 Narcolepsie et cataplexie
G47.8 Autres troubles du sommeil
G47.9 Trouble du sommeil, sans précision
4.3 LeDSM5
LeDSM a été établipar l’AmericanPsychiatricAssociationdansleDiagnosticandStatistical
ManualofSleepDisorder(DSM)àpartirdelatroisièmeédition,en1980.Ladernièreversion,
leDSM5a l’avantagedeprendreencomptedescritèresobjectifs,baséssurdesexamens
complémentaires,pourposerlediagnostic.Cette5èmeéditionduDSMaétépubliéeen2014.
L’objectifdel’APAétaitdeconstruireuneclassificationpourlespsychiatresetlesmédecins
généralistes,quinesontpasexpertsenpathologiesdusommeil.
Ilregroupe10catégoriesdetroublesdusommeil:
• L’insomnie
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34
• Letroubled’hypersomnolence
• Lanarcolepsie
• Lestroublesdusommeilliésàlarespiration
• Lestroublesdurythmecircadiendesommeil-éveil
• Lestroublesd’éveilpendantlesommeilnonparadoxal
• Lecauchemar
• Letroubledecomportementdurantlesommeilparadoxal
• Lesyndromedesjambessansrepos
• Letroubledusommeilinduitparunesubstanceouunmédicament
Cesclassificationssontsemblablesmaiscomportentquelquesdifférences,notammentdans
lescritèresdiagnostiques,pouvantdéstabiliser lesmédecinset lesorganismesd’assurance
maladie.Lesversionsréviséess’uniformisentprogressivement.L’idéalseraitd’arriveràterme
àuneseuleclassificationcommune.
5 TROUBLESDUSOMMEIL:QUELSFACTEURSPROFESSIONNELS?
Les facteursprofessionnels influençant les troublesdu sommeilontété largementétudiés
danslalittérature.Denombreuxarticlestraitentdel’aspectqualitatifdestroublesdusommeil
(principalement l’insomnie), alors que seulement quelques-uns traitent de l’aspect
quantitatif,àsavoirladuréedesommeil.
Parmilesfacteursprofessionnels,lesplusfréquemmentétudiéssontlestresspsychologique
(association d’exigences psychologiques élevées avec une faible latitude décisionnelle), le
soutien social et le travail posté, dont le travail de nuit. Dans unemoindremesure, nous
Parasomnies
Page 48
35
pouvons citer le nombre d’heures de travail hebdomadaire, l’environnement physique, la
justiceautravail,labalanceeffort-récompense,leharcèlement.
Nousavonsrecherchédanslalittérature,lesarticlespubliés,traitantdecesujet.Pourcefaire,
nousavonsutilisé lemoteurde recherchePubmed.Nousavonsnoté les termessuivants:
«sleep»,«disorders»,«workenvironment»,«occupationalfactors»,«jobstrain»,«shift
work»«occupationalnoise».Nousavonssélectionné«ClassicalArticle»,«ClinicalStudy»,
«ClinicalTrial»et«Review».Nousavonsexclulesétudesréaliséessurunepopulationautre
que les humains (comme celles réalisées sur des rongeurs). Etaient également exclues les
études réalisées avant l’année 2000, ainsi que celles écrites dans une autre langue que
l’anglais.Nousavonsalorsretrouvé123articles.Aprèsavoirlulestitresetlesrésumés,102
articles ont été exclus (les objectifs ne correspondaient avec le nôtre), nous en avons
sélectionné 21.Nous n’avons pas trouvé d’article évaluant l’impact de lamanutention de
chargeslourdes«heavyloads»«carrying»,desvibrations«occupationalvibrations»,des
températures extrêmes «extreme temperatures» ou encore des rayonnements ionisants
«ionizingradiations»surlestroublesdusommeil.(Figure8)
En2015,Lintonetal.(24)ontréaliséunerevue,ensélectionnantlesétudesévaluantl’impact
detoutfacteurprofessionnelsurlaqualitédusommeil(stressprofessionnel,soutiensocial,
justice,déséquilibreeffort-reconnaissance,bruit,portdecharge,travailposté(dontletravail
denuit),«harcèlement»,expositionschimiquesetbiologiques).Lasélectiondesarticless’est
faite en suivant les lignes directrices énoncées par la méthode PRISMA. Les articles
sélectionnés étaient publiés avant 2012. Les auteurs ont également effectué une méta-
analyseincluantdesétudescomparablesprospectivesourandomisées.
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36
5.1 Facteursprofessionnels
5.1.1 Lestresspsychologique
Lestresspsychologiquecorrespondàl’associationentreexigencespsychologiquesélevéeset
faible latitude décisionnelle. Il s’agit de facteurs professionnels responsables de risques
psycho sociaux.Mais leur lien avec l’apparition de symptômes d’insomnie, même s’il est
suspecté,estplusdifficileàmettreenévidence.Danslalittérature,ces3paramètresontété
largementétudiéspourévaluerlaforcedecelienavecl’apparitiondetroublesdusommeil.
Figure8:Flowchartfacteursprofessionnels/troublesdusommeil
Page 50
37
Le lien de ces 3 entités avec les troubles du sommeil a été étudié dans une étude
observationnellelongitudinale(25),publiéeen2017.Lesauteursontinclus7354salariésde
différentes catégories professionnelles. Ils ont essayé de démontrer que l’apparition d’un
stress psychologique, d’exigences psychologiques élevées ou d’une faible latitude
décisionnelleàTx+1pouvaientêtreresponsablesdel’apparitiondesymptômesd’insomnieà
Tx+2,chezdespersonnesnes’enétantpasplaintesàTxetTx+1(OR=1,23[IC95%1,09to
1,39]; OR = 1,22 ([IC95% 1,07 to 1,40]; OR =1,32 [IC95% 1,16 to 1,51] respectivement).
Inversement,ilsontdémontréqueladisparitiond’unstresspsychologique,d’unechargede
travailélevée,oud’unefaiblelatitudedécisionnelleàTx+1pouvaitpermettrelarégression
dessymptômesd’insomnieàTx+2(OR=0,79[IC95%0,69to0,91];OR=0,80[IC95%0,68to
0,94];0,78[IC95%0,65to0,94]respectivement).Lesrésultatsétaientdonctoussignificatifs.
Cetteétudeal’avantaged’êtrelongitudinaleetinterventionnelle,etpermetdoncunerelation
de cause à effet. Cependant, les auteursmettent en avant une forte limitation. En effet,
l’intervalle de temps entre 2mesures de 4 ans est long. Plusieurs facteurs (deuil, rupture
sentimentale…)auraientpuinterveniretinfluencerégalementl’apparitionouladisparition
d’insomnie.Cesfacteursn’ontpasétérecherchéschezlesparticipants.
Nousavonségalementsélectionnéunerevue(24),publiéeen2015,ayanteffectuéuneméta-
analyseincluantdesétudescomparablesprospectivesourandomisées,montrantelleaussi
desrésultatssignificatifs.Concernantlachargedetravail,6étudesontétéinclusesdansla
méta-analyse, les résultats se sont révélés significatifs (OR = 1,38 [IC95% 1,28 to 1,49].
Concernantlalatitudedécisionnelle,6étudeségalementontétéincluses,(OR=0,90[IC95%
0,84to0,98]);quantaustresspsychologique,4étudesontétéincluses.(OR=1,32[IC95%
1,19to1,47]).
Cependant d’autres études retrouvent des résultats plus hétérogènes. Une étude
longitudinale incluant 4827 travailleurs suédois (26) amis en évidence une relation entre
chargede travail importanteetapparitionde troublesdusommeil.Néanmoins,une faible
latitudedécisionnellen’apasmontréderelationsignificativeavecl’apparitiondetroublesdu
sommeil.
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38
Enfin, une revue de 2013 (27) a sélectionné neuf études longitudinales, six d’entre elles
mettaientenévidenceuneassociationnégativesignificativeentreexigencespsychologiques
élevéesetqualitédusommeil.Lesauteursn’ontpueffectuerdeméta-analyse,ledesigndes
étudesétantdifférentpourchacuned’entreelles.Ilsontdonccalculéunindicedecorrélation,
SIC(StandardizedIndexofConvergence)basésurcesneufétudes.L’indicedecorrélationa
étéestiméà-0,78,indiquantunefortecorrélationentreexigencesprofessionnellesélevéeet
faiblequalitédusommeil.Concernantlalatitudedécisionnelle,seulementtroisétudessurdix
ont mis en évidence une relation significative avec la qualité du sommeil. L’indice de
corrélation a été calculé à 0,30, indiquant une corrélation modérée entre forte latitude
décisionnelleetlaqualitédusommeil.
Au total, la littérature renferme un grand nombre d’étudesmettant en évidence un lien
significatifentrelachargedetravailélevéeetlestroublesdusommeil.Concernantlestress
psychologiqueetlalatitudedécisionnelle,lesrésultatssontmoinsprobants.Quelquesétudes
depuissancecorrectemontrenttoutdemêmeuneassociationsignificative.D’autresétudes
sontnécessairesafindeconfirmercesrésultats.
5.1.2 Soutiensocial
Lesoutiensocialconstitueunfacteurprofessionnel,participantaubien-êtreautravail.Nous
distinguons2parties: lesoutiendescollègueset lesoutiendusupérieurhiérarchique.Un
faible soutien social est suspecté favoriser des troubles du sommeil. Plusieurs articles ont
étudiél’éventualitéd’uneassociationexisteentrelesoutiensocialetlaqualitédusommeil.
Larevue(24)ayanteffectuéuneméta-analyse,autilisélesdonnéesdequatreétudespour
évaluerlelienentrefortsoutienetfréquencedetroublesdusommeil.L’ORétaità0,77[IC95%
0,71 to 0,85]. Le fort soutien social est donc associé de façon significative à une faible
fréquencedetroublesdusommeil.Cependant, troisétudesontété inclusesdans laméta-
analysepourrechercherunlienentrefaiblesoutiensocialettroublesdusommeil.L’ORajusté
aétécalculéà1,15[IC95%0,92to1,45].L’associationesticinonsignificative.
Page 52
39
Van Laehem et al. (27), ayant également réalisé une revue, ont inclus sept études
longitudinales;uneseuleamisenévidenceuneassociationsignificativeentrefortsoutien
socialetqualitédusommeil.LeSICaétécalculéà0,43,indiquantunecorrélationmodérée.
L’étude d’Akerstedt (26) réunissant 4827 salariés suédois, n’a pas retrouvé de relation
significativeentrefaiblesoutiensocialettroublesdusommeil.
Quantà l’articled’Halonenetal. (25) (décritdans lapartieprécédente,5.1.1) lesrésultats
mettent en évidence un lien entre diminution du soutien social à T2 et l’apparition des
troublesdusommeilàT3(OR:1.32[IC95%1.16to1.51]).Inversement,uneaugmentationdu
soutiensocialàT2entraineraitunediminutiondel’insomnieàT3(OR:0.78[IC95%0.65to
0.94]).
5.1.3 Travailposté
Letravailposté,égalementappelétravailenéquipessuccessivesalternantes,estunmode
d’organisationenhorairesatypiques(touslesaménagementsdutempsdetravailquinesont
passtandards).Aucunedéfinitionlégaleneledéfinit.Ladirectiveeuropéennedu4novembre
2003, précise que le travail posté correspond à « toutmode d’organisation du travail en
équipeselon lequeldestravailleurssontoccupéssuccessivementsur lesmêmespostesde
travail,selonuncertainrythme,ycomprisrotatif,detypecontinuoudiscontinu,entraînant
pour les travailleurs la nécessité d’accomplir un travail à des heures différentes sur une
périodedonnéedejoursoudesemaines».
Ce mode d’organisation permet à l’entreprise de produire en continu, sans avoir besoin
d’arrêter les équipements.On retrouvedans ce sens-là des enjeux techniques (l’arrêt des
équipementsobligeàdesopérationslourdesetdélicates),et/ouéconomiques(levolumede
productionrecherchéestmaximalpourdégagerunprixderevientdefabricationminimal).
Plusieursprogrammesdetravailpostéexistent,parexempleles3x8,les2x12(travailposté
semi-continu),les2x8(travailpostédiscontinu).Letravaildenuitenfaitpartie,ilcorrespond
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40
auxpériodesdetravailcomprisesentre21heureset7heuresdumatin.EnFrance,travail
postéconcerneraitprèsde2salariéssur3.Selonunrapportpubliéparl’ANSES(28)en2016,
surlesrisquespourlasantéliésautravaildenuit,lapopulationconcernéeparletravailde
nuit,habituelouoccasionnel,en2012,représentait3,5millionsdepersonnes,soit15,4%des
salariés.
Letravailpostéestresponsabledeplusieurseffetsnéfastessurlasanté,avérésouprobables.
Lerapportdel’ANSESpubliérécemmentamisenévidence:
• Deseffetsavéréssurlasomnolence,laqualitédesommeiletlaréductiondeladurée
desommeiltotal,etlesyndromemétabolique.
• Deseffetsprobablessurlasantépsychique,lesperformancescognitives,l’obésitéet
laprisedepoids,lediabètedetype2,etlesmaladiescoronariennes.
• Deseffetspossiblessurlesdyslipidémies,l’HTA,etlesAVC.
Une étude transversale, observationnelle, descriptive (29), publiée en 2016, incluant 635
infirmièrestravaillantenhorairesdécalésdansleshôpitauxespagnols,aétudiélasomnolence
diurne(vial’échelledesomnolenced’Epworth)ainsiquelaqualitédusommeil(vialePSQI).
Concernant l’échelle d’Epworth, 51.8%des infirmières rapportaient avoir une somnolence
diurneexcessive,tandisque27.7%rapportaientavoirunesomnolencediurnenulleoufaible.
Aucunedifférencen’étaitretrouvéeentrelesdifférentstypesd’horaires(matin,après-midi,
nuit).Concernant lePSQI, les infirmièresdenuit rapportaientunscoreglobalmoinsélevé
(6,38), que les infirmières de jour (7,93). Des différences significatives entre les types
d’horairesdécalésétaientobservéespour4itemsduPSQI(laqualitédusommeilsubjective,
laduréedesommeil,lestroublesdusommeil,leretentissementdiurne)p<0,05.Les3autres
items(lalatenced’endormissement,l’efficacitéhabituelledusommeil,laconsommationde
somnifères)nemontraientpasdedifférencessignificativesentrelestypesd’horairesdécalés.
En2015,Shortetal(30).ontessayédedéterminerquelprogrammeLWSW(limitedwakeshift
work schedule)était leplusadaptépourpermettreuneduréedesommeil suffisante,une
bonne vigilance, et une bonne performance. Ils ont pour cela organisé une revue de la
littératureetontanalyséles3programmeslesplusétudiés:«4hours-on/8hoursoff»,«8
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41
hours-on/8 hours-off», «6 hours-on/6hours-off». Treize études ont étudié la durée du
sommeil (par agendadu sommeil, polysomnographie ou actigraphie). Le 1er programmea
montrédemeilleursrésultatsquelesautresprogrammes,avecunemoyennede6.9heures
desommeil,le2èmearévéléunemoyennede5,6heuresdesommeiletle3èmeunemoyenne
de5.9heuresdesommeil (p<0,01).Concernant lasomnolence, lesauteurssesontrendus
comptequedefortsniveauxdesomnolenceétaientretrouvésdanslesprogrammesalliant
une longue durée de travail et des opportunités de sommeil courtes. Cette observation
tendraitàadmettrequeleprogramme«4hours-on/8hoursoff»sembleraitplusadaptépour
limiterlasomnolence.Quantàlaperformance,lesrésultatsétaientplushétérogènes.Dans
l’unedesétudes,lesrésultatsduPVT(PsychomotorVigilanceTest)étaientmeilleurschezles
chauffeurstravaillantlematin(8h-16h),quechezceuxtravaillanttard(16h-00h).
Laméta-analysedeLintonetal.(24)ainclustroisarticles.L’ORcalculén’étaitpassignificatif
(1,16[IC95%=0,97to1,38]).Cependant,lesauteursontdéfiniuneévidencescientifiquepour
uneassociationentretravailpostéettroublesdusommeil,baséesurces3études,regroupant
4666participants.Eneffet,cesdernièresétaientcomparables,remplissaientlatotalitédes
critèresd’inclusionetétaientdequalitéforteoumodérée.
En2015,Akerstedtn’apasnonplusmisenévidenced’associationsignificativeentretravail
posté à T1 et troubles du sommeil à T2. Une des explications possibles serait que les
travailleurspostéspourraientnepasconsidérerleursommeilcommeétantperturbé,dufait
qu’ilexisteraitunecauseexterneclairementidentifiée(décalagedusommeil).Dansuneétude
plusancienne, lesauteursavaientmisenévidenceque lechangementdeposteen travail
posté (starting or ending shift work), était associé à une augmentation de la difficulté
d’endormissement,maispasforcémentdesautrestroublesdusommeil.
5.1.4 Nombred’heuresdetravailhebdomadaire
Laréductiondunombred’heuresdetravailhebdomadaireadéjàétémiseenplaceenFrance
en l’an 2000. L’INSEE a publié une revue Economie et statistique, en 2005, prouvant les
bénéficesdupassageaux35heures.Cetteréductiondutempsdetravailauraitpermisun
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42
enrichissement de la croissance en emplois, ainsi qu’un gain de productivité. Ce dernier
bénéficepeutêtreliéenpartieàuneaméliorationdelaqualitédusommeil.
C’estcequ’atentédedémontreruneétudelongitudinaleinterventionnelle(31),incluant580
salariés(354individusdanslegroupeinterventionet226individusdanslegroupecontrôle),
suivispendant18mois.Lesauteursontrecherchéleseffetsd’uneréductionde25%dutemps
detravailhebdomadairesurlesommeil.Durantlesjoursdetravail,legroupeinterventionnel
amontréuneaméliorationdelaqualitédesommeilsubjective,unallongementdeladurée
desommeilde23minutes,unediminutiondelasomnolence,dustressperçu,ainsiquedela
peur et du stress aumoment du coucher, après réductiondunombred’heures de travail
hebdomadaire.Durantlesjoursderepos,lesmêmeseffetssontobservés,saufpourladurée
de sommeil, qui est restée sensiblement lamême, avant et après réduction du temps de
travail.
QuantàlarevuedeLintonetal.(24),ellemettaitenévidencequelefaitdetravaillerplusde
55h par semaine engendrait une augmentation de plusieurs troubles du sommeil. En
revanche, travailler entre 41h et 55h par semaine n’avait pas d’impact sur la qualité du
sommeil.Quantàlaréductiondunombred’heuresdetravailhebdomadaire(passagede39à
30h/semaine),elleentraîneraituneaméliorationde laqualitésubjectivedusommeil,mais
pasdel’insomnie.
5.1.5 Expositionaubruitsurlelieudetravail
Lebruitestprésentsurlelieudetravail,àdesintensitésdifférentesenfonctiondel’activité
ainsiquedulieudetravail(usinedeproduction,bureauindividuel,openspace…).L’exposition
prolongée(>8h)àunbruitd’intensitésupérieureà80dBpeutprovoquerunefatigueauditive
ainsiqu’unesurdité.Nouspouvonsnousposer laquestionde l’impactquepeutavoirune
expositionprolongéeaubruitsurlelieudetravail,surlaqualitédusommeil.
Peud’étudesontétéréaliséesconcernantcesujet.Eneffet,ladifficultéd’isolerl’exposition
aubruit,danslebutderecherchersonimpactsurlaqualitédusommeil,constitueunfrein
danslaréalisationd’études.
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43
Nouspouvonstoutdemêmeciterdeuxétudes.
L’uneaétéréaliséeen2003(32),etréunissait10hommestravaillantentantqu’assistants
commerciauxdansdesmagasins.Lesommeilétaitévaluéàl’aidedepolysomnographieetde
dosageducortisolsériqueà7hetà20h30.Celaimposaitauxsujetsdepasser4nuitsdansun
laboratoire de sommeil, après avoir passé des journées de travail avec ou sans bruit
environnant(>75dBet<45dBrespectivement).La1èrenuitétaitunenuitd’entrainement,
sansenregistrement,puissuivaient«baselinenight»,«noisenight»,puis«quietnight».Les
résultatsmontraient:
• Une diminution de la durée du sommeil paradoxal lors de la «noise night», par
rapportà la«baselinenight»(58+/-9,7minet105,4+/-14,8minrespectivement,
p<0,0001)
• Unediminutiondusommeillentprofondlorsdela«noisenight»(71,1+/-7,3vs.87,1
+/-13,7,p<0,05)
• Uneaugmentationdelalatencedusommeilparadoxallorsdela«noisenight»,par
rapportàla«quietnight»etàla«baselinenight»(122,8+/-24,0vs.88,0+/-13,9et
77,2+/-12,4minrespectivement).
• Unedifférencedeniveauducortisolsériqueentrela«noisenight»etla«baseline
night»,différencenonretrouvéeentrela«quietnight»etla«baselinenight».
• Pasdedifférencedequalitédusommeilsubjective(mesuréeparunquestionnaire:
«SleepEvaluationQuestionnaire»entrelesdifférentesnuits.
• Cetteétudeatoutefoisunelimitationimportante,correspondantàlapetitetaillede
l’échantillon, conférant à l’essai clinique un manque de puissance. La
polysomnographie constitueunequalité,du faitde l’objectivitéde lamesurede la
qualitédusommeil.
En2011,Testetal(33)ontréaliséunétudetransversale,réunissant298travailleursisraéliens.
Ces individusontbénéficiéd’unaudiogramme,afinde lesclassersoitdans legroupeavec
déficitauditif (>25dBentre1000et4000Hz),soitdans legroupesansdéficitauditif.La
qualité du sommeil étaitmesurée par un questionnaire, «theMini SleepQuestionnaire»
(MSQ).Lesrésultatsmontraientunpourcentaged’acouphènesplusélevédanslegroupeavec
déficit auditif que dans le groupe contrôle (51% vs 14%, p < 0,001). Concernant le
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44
questionnaire,lescoreétaitsignificativementplusélevédanslegroupeavecdéficitauditif,
que dans le groupe contrôle (p = 0.005). Des scores significativement différents étaient
retrouvéspour4des10itemsduquestionnaire:difficultéd’endormissement,réveilprécoce,
réveilsnocturnes, somnolencediurneexcessive. Lagrande taillede l’échantillonconfèreà
l’étude une forte puissance. Cependant, la qualité du sommeil a été mesurée par
questionnaire,entrainantunbiaisdemesure.
Enfin,uneétudetransversaleréaliséeen2017(34),aréuni809hommestravaillantdansune
usinedefabricationdepneus.Concernant l’oreillegauche,aucuneassociationsignificative
n’aétémiseenévidenceentrelesseuilsauditifsetl’insomnie,quelquesoitlesfréquences.
Cependant,concernantl’oreilledroite,pourlesfréquencesde1000et2000Hz,leseuilauditif
était significativementplusélevédans legroupeprésentantune insomnie.Cetteétudene
répondpascomplètementànotreobjectif,dufaitqueles2groupesétaientinsomnie/non
insomnie, et pas avec/sans déficit auditif. La relation cause à effet était plus difficilement
démontrable.
5.1.6 Autresfacteursprofessionnels
Lesautresfacteursprofessionnelsontétémoinsétudiés,laméta-analysedeLintonetal.(24)
anotammentfaitlepointsurlesquelquesarticlesprésentsdanslalittérature.
Concernantlajusticeautravail,troisétudesontétéretrouvées.Deuxd’entreellesontmisen
évidenceuneréductionsignificativedestroublesdusommeil(dontuneuniquementpourla
difficulté de maintien du sommeil et pour le sommeil non réparateur, mais pas pour la
difficulté d’endormissement). Laméta-analyse utilisant les données de ces trois études a
calculéunORà0,73[IC95%0,66to0,79],doncsignificatif.
Quatreétudesontétéretrouvéesafind’analyserleseffetsdelabalanceeffort-récompense.
Undéséquilibredelabalanceaétéassociéàuneaugmentationdestroublesdusommeildans
deuxdesquatreétudesuniquementchez leshommes.Laméta-analyse retrouvait toutde
mêmeunOddRatioajustésignificatifà1,51[IC95%1,18to1,94].
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45
Trois études ont évalué le lien entre le «harcèlement» et les troubles du sommeil. Les
résultats sont hétérogènes et manquent de significativité. La méta-analyse n’était pas
réalisabledufaitdumanquedecomparabilitédesdifférentesétudes.Lallukaetal.(35)ont
toutdemêmeréussiàmettreenévidenceunliensignificatifentrele«harcèlement»etles
troublesdusommeil(OR1,69[95%CI1,30–2,20]chezlesfemmes,etOR3,17[95%CI1,85–
5,43] chez les hommes). Cette association a tendance à diminuer après ajustement avec
l’environnement social, les conditionsde travail,et la santéphysiqueetpsychologique. La
significativitédisparaitaprèsajustementavectouslesfacteursdeconfusionsensembles(âge,
enfance, environnement social, condition de travail, santé, préexistence de troubles du
sommeil).
Concernantl’environnementphysique,2étudesseulementontétéretrouvéespouranalyser
leseffetsdes solvantsetpesticides. L’uned’entreellesamisenévidenceuneassociation
significative entre pesticides, herbicides, et insecticides, avec les troubles du sommeil
paradoxal (OR = 2,23 [IC95% 1,24-4,01]; 2,54 [IC95% 1,05-6,16]; 3,67 [IC95% 1,42-9,30]
respectivement).Lesgrandsintervallesdeconfianceindiquenttoutefoisunefaiblepuissance
del’étude.Aucuneétuden’aétéretrouvéeconcernantlebruit,latempérature…
5.2 Discussion
Les facteurs professionnels les plus étudiés et ayant montré une forte significativité des
résultatscorrespondentaustresspsychologique(doncexigencesprofessionnellesetlatitude
décisionnelle)ainsiqu’ausoutiensocial.Malgréuneminoritéd’étudesnonsignificatives,les
résultatssontdanslamajoritéenfacteurd’unliensignificatifaveclestroublesdusommeil.
L’étudedeHalonenetal.(25)publiéeen2017,quenousavonsdétailléeplushaut,apour
avantaged’êtreinterventionnelle,cequipermetd’établirunerelationdecauseàeffet.De
plus,lelargeéchantillonconfèreàl’étudeunepuissancesuffisantepourobtenirdesrésultats
significatifs.Danscetteétudelesliensentreexigencesprofessionnelles,latitudedécisionnelle
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46
etsoutiensociald’uncôté,et lestroublesdusommeildel’autre,ontétésignificativement
établis.Laméta-analysedeLinton(24)publiéeantérieurementetincluantplusieursétudes,
mettaitdéjàenévidencedesrésultatssimilaires.
Letravailpostéimposedeshorairesdetravaildifférentsdeshorairesclassiquesetpeutalors
provoquer une perturbation et une désynchronisation de l’horloge interne, et donc, par
conséquent,destroublesdusommeil.Cependant,contrairementànosattentes,lesrésultats
desétudes sur le travail postémanquent souventde significativité,que ce soit lesétudes
inclusesdanslarevuedeLinton(24),oul’étudepubliéeplusrécemment(29).Cettedernière
atoutefoismisenévidenceunedifférencesignificativedesscoresdecertainsitemsduPSQI:
la qualité subjective du sommeil, la durée de sommeil, les troubles du sommeil, et le
retentissementdiurne,entrelesinfirmièrestravaillantdejouretcellestravaillantdenuit.
Plusieurshypothèsespeuventexpliquerlemanquedesignificativitédesrésultats.Letravail
postédésigneletravailenhorairedécalé,maiscetermeestvaste.Ilexistedoncunegrande
hétérogénéitédesétudesen termesdedéfinition.Eneffet, le travailpostépeutvarieren
fonctiondusensde rotation,du typedeprogramme (3x8, travailen12h, travaildenuit
exclusivement...), de l’alternance des jours de travail et de repos. Ces paramètres vont
perturberlerythmecircadienàdifférentsdegrésenfonctiondutypedetravailposté.Nous
pouvonségalementnoterqueletravailpostéestdifficileàisoleretlesfacteursdeconfusion
peuventêtrenombreux.Celapeutmodifierledegréd’impactdutravailpostésurl’apparition
detroublesdusommeil.Nouspouvonsrévélerunbiaisdesélection,liéàl’effet«travailleur
sain».Eneffet,lespersonnestolérantmalletravaildenuitchangentdeposterapidement,
etlespersonnesinclusesdanslesétudessontcellessupportantmieuxletravailenhoraires
décalés. De plus, la plupart des études sont transversales et ne permettent donc pas
d’identifier lesensdecausalité.Desétudesdegrandeenvergure,utilisantunseul typede
travailposté,avecdescritèresd’inclusionbiendéfinisetutilisantdesméthodesobjectivesde
mesuredestroublesdusommeil,seraientintéressantesafindemettreenévidenceunlien
significatifavecl’apparitiondetroublesdusommeil.
Lesarticlesétudiantlenombred’heuresdetravailhebdomadairesontpeunombreux,Linton
etal.(24)enainclustrois,etunquatrièmeaétépubliéen2017parSchilleretal.(31).Les
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47
résultatsdel’étudedeplushautequalité incluseparLintonavaitdesrésultatssignificatifs,
pouruneduréedetravailsupérieureà55hparsemaine.L’étudepubliéeen2017retrouvedes
résultatssignificatifs.Eneffet,laréduction25%dunombred’heuresdetravailhebdomadaire
amélioreraitqualitédusommeildefaçonsignificative.Lesauteursdécriventplusieursqualités
del’étude:lelargeéchantillon,unsuivide18mois,laréductiondunombred’heuresavec
maintiendesalaire,l’embauchedepersonnelpourcontrerladiminutiondesheuresdetravail.
Unedeslimitationscorrespond,commepourlesautresarticles,aumanqued’objectivitédes
mesuresdestroublesdusommeil.Lesdernièresétudesréaliséesjusqu’àmaintenant,surce
sujet, sontplutôtconcluantes,maisd’autresétudessontnécessairesafinconfirmer le lien
entreréductiondunombred’heuresdetravailhebdomadaireetl’améliorationdelaqualité
desommeil.
L’expositionaubruit aétédémontréecommeayantun impact sur laqualitédu sommeil.
Cependant,lenombrepeuélevéd’étudesréaliséesàcesujetnenouspermetdeconfirmer
celien,cependantonpeutlesuspecterfortement.
Les autres facteurs professionnelsmettent en évidence des résultats plus hétérogènes et
demandentdoncd’êtreétudiésde façonplus approfondiedansd’autresétudes, centrées
spécifiquementsurcesfacteurs,afind’obtenirunemeilleuresignificativitédesrésultats.
Lesméthodesdemesureoude recueildes troublesdu sommeildiffèrenten fonctiondes
études. La plupart utilisent des questionnaires. Parmi ceux-ci, nous retrouvons le
questionnaire basé sur l’International Classification of Sleep Disorders (ICSD-3)(36), ou le
JenkinsSleepProblemScale(25).Cedernierressembleàl’ICSD-3etrecherchedessymptômes
d’insomnie(difficultéd’endormissement,difficultédemaintenirlesommeillanuit,lesréveils
précocesetlasensationdesommeilnonréparateur,durantles4dernièressemaines).LeKSQ
estégalementutilisé(enentierouenpartie),afind’évaluerlasomnolencediurne,notamment
parAkerstedtetal.(26),ainsiqueSchilleretal.(31).Uneétude(29)autiliséunecombinaison
dequestionnairesafindemesurerdifférentsaspectsdestroublesdusommeil:Horneand
Ostberg Mornigness-Eveningness Scale (chronotype), l’Epworth Scale (somnolence), et le
PittburghSleepIndex(qualitédusommeil).CesquestionnairessontdétaillésdanslapartieI
Page 61
48
«RappelssommeiletIIIMéthodesd’évaluationdestroublesdusommeil.Danslaplupartdes
études, le coefficient de Cronbach alpha est calculé afin de vérifier la fiabilité du
questionnaire.
Lesmesuresutilisantdesméthodesobjectivesd’évaluationsontplusdifficilesàmettreen
place et doncmoins utiliséess dans la littérature. Cependant, certains auteurs ont quand
même choisi cette méthode de recueil, afin d’obtenir des résultats plus précis. Nous
retrouvonsl’étuderéaliséeparJensenetal.(37),quiamesurélesparamètresdusommeilà
l’aided’unactimètre,pendant10nuitsconsécutives,associésàuneévaluationduressenti
subjectifparl’agendadusommeil.Lapolysomnographie,est,elleaussi,rarementutilisée,car
encoreplusdifficile àmettreenplacedansun largeéchantillon,nous retrouvons toutde
mêmeuneétudel’ayantutilisée,réaliséeparKosmadopoulousetal. (38).Cettedernièrea
égalementévaluélavigilanceencasdetravailpostéenutilisantlePsychomotorVigilanceTest
(PVT),untestévaluantlarapiditéd’unsujetàréagiràunstimulusvisuel.Lavariétédeces
méthodesderecueilrendlesétudesdifficilementcomparables,etlesrésultatsplusdifficiles
àinterpréter.Deplus,lesméta-analysesnesontpasréalisablessilesméthodesdemesure
varientdefaçonnotableentrelesdifférentesétudes.
5.3 Commentaméliorerlaqualitédusommeildestravailleursdenuit?
La découverte récente des cellules ganglionnaires à mélanopsine, entrant en jeu dans la
régulationdel’horlogebiologique,eninhibantlasécrétiondemélatoninegrâceàlalumière,
apermisauxchercheursderéfléchiràdesmoyenspouvantaméliorerlaqualitédusommeil,
en interagissantaveccesystème.Lasécrétiondemélatonineest inhibéepar la lumièreet
s’activedonclorsdupassageàl’obscurité.Enfait,ils’agitdeslumièresàlongueursd’onde
courtesquiinhibentlasécrétiondemélatonine,parexemplelebleu.Aucontraire,lerouge,
ayant une longueur d’onde plus grande, n’a aucun effet sur les cellules ganglionnaires à
mélanopsine.Leschercheursontdoncessayéd’évaluerleseffetsdelalumièrelanuitsurle
sommeil.
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49
Uneétudeinterventionnelleprospective(37)aévaluél’efficacitéd’unelumièredynamique,
simulant l’évolution de la lumière du soleil au cours d’une journée. 55 infirmières étaient
inclusesdans legroupe interventionnel (exposéà la lumièredynamique),et58 infirmières
dans le groupe contrôle. Le sommeil était évalué par différentes techniques: actigraphie,
agendadusommeil,dosagedelamélatoninesalivaire,questionnaire.
Concernant l’actigraphie, les infirmières du groupe contrôle se plaignaient de 16%de
réveilsnocturnessupplémentairesparrapportaugroupeinterventionnel.
Surlesagendasdusommeil,legroupeinterventionnelavaitévaluésonsommeilcomme
étant de meilleure qualité que le groupe contrôle (OR = 2,22; p = 0,03), se sentait
égalementplusreposé(OR=2,03;p=0,003),etaévaluésesconditionsd’éveilmeilleures
quecellesdugroupecontrôle(OR=2,35;p=0,001).
Letauxdemélatoninesalivaireneretrouvaitpasdedifférencesignificativeentre les2
groupes.
Danslequestionnaire,lesinfirmièresdevaientchoisir3motscaractérisantlemieuxleur
ambiancelumineusedetravailparmi10propositions.Les3motsleplusfréquemment
ressortis dans le groupe interventionnel sont: «agréable» (84% vs. contrôle 14 %),
«relaxante»(65%vs.5%),et«naturelle»(42%vs.7%).Chezlesinfirmièresdugroupe
contrôle,les3motslesplusfréquentssont«institutionnelle»(84%vs.intervention20
%),artificielle(74%vs.35%),etsombre(40%vs.2%).
Demanièregénérale,lalumièredynamiqueafaitpreuvedesonefficacitédansl’amélioration
delaqualitédusommeilchezlesinfirmièrestravaillantdenuit.
Lanuit,lalumièreestégalementunfacteurimportantpourlasantéphysiquedestravailleurs.
En effet, dans les années 1980, des études expérimentales ont suggéré un lien entre la
mélatonineetlaprotectiondescancers.Unehypothèsephysiopathologiquepourraitêtrela
suivante:lamélatoninepourraitprévenirl’altérationdel’ADN,etdoncprévenirlaformation
d’uncancer.Desétudesréaliséesinvitro,indiqueraientquelamélatoninephysiologiqueou
pharmacologique pourrait freiner la croissance de cellulesmalignes du cancer du sein, et
d’autrestumeurs(39).Desétudesobservationnelles(40)(41)suggèrentqueletravailpostéseraitassociéàuneaugmentationdurisquedecancerdusein,decancercolorectal,etde
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50
cancerlymphatiqueenlienpotentielaveclasuppressiondelamélatonineparexpositionàla
“LAN”(LightAtNight).
L’exposition à la lumière bleue, la nuit, pourrait permettre de diminuer la sécrétion de
mélatonine,diminuant lasomnolencedestravailleursdenuit.Cependant,cetteexposition
pourraitaugmenterlerisquedeformationdecancer.Lacombinaisondelumièrerougeavec
unefaiblelumièreambianteblanchepourraitêtreunebonnealternativepourmaintenirun
niveaudemélatoninebasallanuit,toutenfournissantunstimulusd'alerteàceuxquiessaient
deresteréveilléspendantquelecorpsleurtransmetlesignaldedormir.
UneautreméthodedevientdeplusenplusutiliséeenEurope,maisn’estpasencoreune
pratique commune en France. Il s’agit de la sieste sur le lieu de travail qui serait surtout
bénéfiquechezlestravailleursdenuit,notammentencequiconcerneleniveaudevigilance.
UnerevueréaliséeparRuggieroen2014(42), réunissanttreizeétudes,aretrouvéque les
siestesde20à40minutes,réaliséesentre2het3hdumatin,avaientuneffetbénéfiquesur
la vigilance, le temps de réaction, les défaillances, la somnolence subjective, ainsi que la
latence de sommeil. Cependant, les études sélectionnées manquent pour la plupart de
puissance,dufaitd’unéchantillontropfaible.Deplus,lesdifférencesderéalisationrendent
laméta-analyseimpossibleàréaliser.D’autresétudessontdoncnécessaires,afind’évaluer
defaçonplusprécise,leréelbénéficedelasiestesurlesommeiletlavigilancedestravailleurs
denuit.
5.4 Conséquenceséconomiques
Lescoûtsquegénèrentlestroublesdusommeilnesontpasnégligeables. Ils se
distinguenten2groupes:
• Coûtdirect:
- Lesvisitesmédicalesdespatients
- Lesinvestigations
- Lesenregistrementsdusommeil
- Lestraitementsdestroublesdusommeil
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51
• Coûtindirect:
- L’absentéisme(43) 240 insomniaques étaient comparés à 391 bons dormeurs, les
résultats démontraient qu’il y avait 2 fois plus d’absents au travail chez les
insomniaquesquechezlesbonsdormeurs.
- Lesaccidentsdutravail:Akerstedtetal.(44)ontétudié166accidentsfatals,etsont
arrivés à la conclusion qu’«avoir un trouble du sommeil dans les 2 semaines
précédentes» était associé de façon significative à une augmentation du risque
d’accidentdutravail:RR=1,89[IC95%1,22-2,94]
- Baissedelaproductivité:uneétude(45)aétudié691personnesavecuneinsomnie
nontraitée:lesinsomniaquesseplaignaientsévèrementd’unfonctionnementdiurne
altéré.83%ontrapportéêtre«facilementbouleversés,irrités,ouagacés»,78%être
«fatiguéspourfaireleschoses»,59%avoir«plusdetroublesdelamémoire»,et43%
être«confusdansleurspensées».
TheNationalCommissionofSleepDisordersResearch(NCSDR),auxEtatsUnis,avaitdonné
uneestimationducoutdirectdel’insomnieen1990de15,4milliardsdedollars.Cependant,
dans le jugementde la commission«l’absencededonnéesépidémiologiques fiables rend
impossible le calcul du coût précis des troubles du sommeil, mais les quelques données
existantesmontrentquelescoûtsnesontpasnégligeables».En1988,Légeraexaminépour
leNCSDRlecoûtdesaccidentsenlienaveclestroublesdusommeilauxEtatsUnis,etaestimé
cecoûtentre43,15et56,02milliardsdedollars.
6 TROUBLESDUSOMMEILETMORTALITE
Lestroublesdusommeilsonttrèsétudiésdanslalittérature.Eneffet,ilsontdenombreuses
conséquences,quecesoitsurleplansocial,psychologiqueoumédical.Nouspouvonsalors
nousposerlaquestiondurisquedemortalitéliéauxtroublesdusommeil.Nousnoussommes
intéressés,danscettepartie,aulienentrelestroublesdusommeiletlamortalité.Pourcela,
nousavonsutilisélemoteurderecherchePubmed.Nousavonschoisilesthermes«sleep»
AND «disorders» AND «mortality». Concernant le type d’étude, nous avons sélectionné
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52
«classicalstudy»,«clinicaltrial»and«review»,2072articlesontétéexclus.Puisnousavons
également sélectionné: «humans», «10 years», et «english» 552ont été exclus. Enfin,
nousavonssélectionné«title/abstract»,cequiaexclu564articles.Parmi les139articles
retrouvés,nousavonslulestitresetrésumés.Nousavonsgardé12articles.(Figure9).
Figure9:Flowcharttroublesdusommeil/mortalité
Page 66
53
6.1 Duréedesommeiletmorbi/mortalité
Lestroublesdeladuréedusommeilontétéreconnuscommeayantdesconséquencessurla
mortalité, toutes causes confondues, par cancers ou par maladies cardiovasculaires. Les
associations entre durée de sommeil et mortalité sont, dans la plupart des articles,
significatives.
Denombreuxarticlesontréalisédesméta-analyses(46)(47)(48)(49)(50)(51),publiéesentre
2009et2016,incluantlesrésultatsdedifférentesétudesprospectives,observationnelles.Les
méta-analyses permettent d’obtenir une puissance suffisance pour avoir des résultats
significatifs,avecunintervalledeconfiancedefaibleamplitude.
Les vertus du sommeil sont souvent mises en avant: il restaure les forces physiques,
physiologiques,psychologiquesetintellectuelles.Eneffet,ilparticiperaitàl’augmentationdes
capacitésd’apprentissageetdemémorisation,aurenforcementdusystèmeimmunitaire,àla
croissance(chezl’enfant),àlaluttecontrel’obésité,lediabète,ouencorelesrisquescardio-
vasculaires.
Cependant,plusieursétudesmettentenévidencequ’uneduréedesommeiltroplongue(>
9h/j),augmenteraitlerisquedemortalité.
Kripke et al. (52) ont réalisé une étude longitudinale incluant 636095 hommes et 480841
femmes,âgésentre30et102ans,suivispendant6ans(1982-1988).Ilsontrecherchéune
associationentreduréedesommeiletmortalité.Laduréedesommeilderéférenceétait7h.
LesrésultatsontmontrédesHazardRatiosplusélevéspourlesduréesdesommeilsupérieures
à7h,quepourcellesinférieuresà7h.Chezlesfemmes,pourdesduréesdesommeilde8het
6h on retrouve des Hazard Ratios à 1,23 [IC95% 1,17-1,28] et 1.07 [IC95% 1,03-1,11]
respectivement. Chez les hommes, les résultats sont comparables, ce qui renforce leur
validité.Cetteétudeaétépubliéeen2002,mais lesdonnéesdatentdesannées80(1982-
1988).Elleestancienne,mais retrouvaitdéjàun lienentreduréedesommeiletmortalité
prédominantpourlesduréesdesommeillongues.
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54
Allantdanslemêmesens,uneméta-analysepubliéeen2016(51),aévaluéleretentissement
de laduréede sommeil (duréede sommeilnocturneetduréede sommeil sur24h) sur la
mortalitéenséparantchaqueduréeensous-groupes(duréesdesommeilcourtes:4h,5h,6h,
duréesdesommeillongues:8h,9h,10het11h).Laduréederéférenceétait7h.Cetteméta-
analyseregroupait35articles,cequiapermisd’obtenirlesdonnéesdeplusd’1,5millionde
personnes.Toutes lescatégoriesdeduréesdesommeilmontrentuneaugmentationde la
mortalitétoutecause,comparativementàuneduréedesommeilde7h(l’ORaugmentantplus
ons’éloignedelaréférencede7h).Pour4hdesommeilparnuit,l’ORétaità1,07[IC95%1,03–
1,13], etpour11hde sommeilparnuit, l’ORétait à1,55 [IC95%1,47–1,63].Commedans
l’articleprécédemmentcité,lesORétaientplusélevéspourlesduréesdesommeillongues
quepourlesduréesdesommeilcourtes.
De plus, cet article suggère que le risque de mortalité toute cause confondue est plus
importantpouruneduréedesommeiltotalesur24hdeplusde11h(OR=1,84[IC95%1,59-
2,13]),quepouruneduréedesommeilnocturnedeplusde11h(OR=1,55[IC95%1,47-1,63]).
Cetexcèsderisquepourraitêtreenpartieliéàlasieste,quireprésenteraitalorsunfacteur
derisquedemortalitétoutecause.
Lesauteurspeinentàexpliquer scientifiquementpourquoi lesduréesde sommeil longues
sontplusàrisquedemortalitéquelesduréesdesommeilcourtes.Shenetal.(51)ontd’abord
proposé des hypothèses pouvant expliquer l’association durée de sommeil courte et
augmentationdelamortalité:
• Lesommeilcourtpourraitêtreunecausedirectedemortalité.
• Le sommeil court pourrait être une conséquence de changements sociaux,
environnementauxetphysiologiques,pouvantpotentiellementaugmenter lerisque
demortalité.
• Le sommeil court pourrait lui-même entrainer des conséquences sociales et
physiologiques,pouvantalorsaugmenterlerisquedemortalité.
• Lesommeilcourtpeutêtreassociéàd’autrescaractéristiquesquipeuventêtreenlien
aveclamortalité,commel’âge.
Page 68
55
Cesmêmesauteursontensuiteproposédesmécanismes tentantd’expliquer l’association
sommeillongetaugmentationdelamortalité:
• Unedurée longuedesommeilpourraitêtredueàune fragmentationaccruedece
sommeilqui,parconséquent,neseraitpassuffisammentrécupérateur.
• Laduréelonguedesommeilpourraitêtreassociéeàunesensationdefatigueetde
léthargiequipourraitdiminuerlarésistanceaustressetàlamaladie.
• Le changementdu tauxde cytokines (marqueursde l’inflammation), associé à une
duréelonguedesommeil,augmenteraitlerisquedemortalité.
• Les longs dormeurs ont une période d’exposition à la lumière plus courte, ce qui
pourraitaugmenterlerisquedemortalitéchezlesmammifères.
• Lapréexistencedepathologiessous-jacentesàl’étatlatent.
Certainsarticlesontdifférenciélamortalitétoutecauseconfondueetlamortalitésecondaire
àunepathologiecardiovasculaireouuncancer(47)(48)(49)(53).Cesrevuesonteffectuédes
méta-analyses.Yangetal.en2015(49)ontmisenévidenceuneaugmentationdelamortalité
parmaladiecardiovasculairechezlessujetsdormantplusde9hparnuit(RR=1,26[IC95%
1,11-1,42)°,oumoinsde6hparnuit(RRà1.25[IC95%1,06-1,47]),ontmontréquedesdurées
desommeilsupérieuresà9h,etinférieuresà6h,étaientassociéesàuneaugmentationdela
mortalitéparmaladiecardiovasculaire.Lesautresrevuesprésententdesrésultatssimilaires,
leplussouventsignificatifs.
6.2 Troublesdusommeilqualitatifsetmorbi/mortalité
Lestroublesdusommeilqualitatifscorrespondentprincipalementàl’insomnie.Maisonpeut
égalementretrouverlestroublesventilatoires(SAOS),ledérèglementdel’horlogebiologique
(syndromed’avanceouderetarddephase),ainsiquelesparasomnies.
Une revuede la littérature (52) publiée en2016 a étudié la relationentre, d’unepart les
troubles du sommeil tels que les troubles ventilatoires, l’insomnie, le dérèglement de
l’horlogebiologique,laduréedesommeilcourte,etd’autrepartlamortalitéetcomorbidité
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56
cardio-vasculaire,lediabète,lestroublesducomportement,laqualitédevie,l’efficacitéau
travailetlesaccidentsdutravail.
Parmitouslesfacteursétudiés,plusieursassociationsontétémisesenévidence:
Deuxméta-analysesinclusesdanslarevue(46)(47)mettentenévidenceuneaugmentation
du risque de mortalité chez les «petits dormeurs» (environ 10% du temps de sommeil
physiologique) ainsi que chez les «gros dormeurs» (environ 20 à 30%). La narcolepsie
augmenteraitlerisquedemortalitéde1,5fois.
Une association significative entre insomnie et risque cardiovasculaire serait mise en
évidence,surtoutchezlesfemmes(ICHR=1,4[IC95%=1,2-1,6]vs.HR=1,3[IC95%=1,1-1,6]
chez les hommes).Demême, les apnéesdu sommeilmodérées et sévères (par différents
mécanismes comme l'hypoxie intermittente, l’activation permanente du système
sympathique et l'inflammation systémique) seraient responsables d’une altération du
systèmecardiovasculaire.Letraitementparpressionpositiveconstante(CPAP)peutréduire
defaçonsignificativelerisquedesurvenued'événementscardiovasculaires.
Concernantlediabète,ladistributionduglucosedansl'organismeestréguléeparl'horloge
hépatique,etleprocessusmétaboliqueestdéclenchéetréguléparlaprised'aliments.Une
désorganisationentrelerythmecircadiendesadipocytesetlecycleveille/sommeilconstitue
ungrosfacteurderisquedediminutiondelatoléranceauglucoseetaugmentelerisquede
DT2.Cestroublessontrencontréschezlessalariésentravailposté,peuexposésàlalumière
naturelle,mangeanttardlesoir...
Unantécédentd'insomniechroniqueestassociéàuneaugmentationdurisquededévelopper
unnouvelépisodedépressif.
Lespatientsprésentantunsyndromed'apnéedusommeilontunrisqueplusélevéd'avoirune
altération cognitive et un déficit attentionnel. Environ lamoitié des patients atteints d'un
SAOSprésenteunralentissementduprocessusd'intégrationdes informationscomparéau
groupe contrôle, avec une corrélation entre la vitesse de ralentissement et la sévérité du
SAOS. En effet, l'hypoxémie et l'hypercapnie altèrent la capacité d'exécution des tâches
réguléesparcortexfrontal
Il est évident que le manque de productivité au travail, l'absentéisme, la fréquence des
accidents,laprogressiontroplentedanslacarrièreprofessionnellesontplusimportantschez
lessalariésmanquantdesommeil.Lemanquedeproductivitéliéàl'insomnieaugmentede
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57
plusenplus.Tous les typesde troublesdu sommeil sontassociésàuneaugmentationdu
risque d'accidents du travail. Environ 13% des accidents du travail sont imputables à des
troublesdusommeil(53).Uelhietal.sesontintéressésplusparticulièrementàcepoint-là
(50).Ilsonteffectuéuneméta-analyseetontretrouvéunliensignificatifentrelaprésencede
troublesdusommeil(durée,fréquenceetsévérité)etlasurvenued’accidentsdutravailRR=
1,53[IC95%=1,39-1,69].
Le manque de sommeil et la fatigue sont également associés à une augmentation des
accidents de la voie publique mortels. Ils constitueraient la principale cause humaine
d'accidentsdelaroute.
Deuxétudes(54)(55),réaliséesen2010et2013,ontinclusplusde15000individus.Cesétudes
ontévaluél’insomnie,pourl’uneaveclesitemsduICSD-3,etpourl’autreaveclesitemsdu
NHP.Lapremièren’ainclusdanssonéchantillonquedeshommes,américains,ladeuxième
étudiaitdeshommesetdes femmesdenationalité française.D’aprèsLietal.(54), seuls la
difficulté d’endormissement et le sommeil non récupérateur avaient un risque
statistiquementsignificatifsurlamortalitétoutecauseconfondue(ORajustés:1,25[IC95%
1,04-1,50] et 1,24 [IC95% 1,05-1,46] respectivement) et la mortalité cardiovasculaire (OR
ajustés:1,55[IC95%1,19-2,04],et1,32[IC95%1,02-1,72]respectivement.Cesrésultatsont
étéconfirmésparuneméta-analyseréaliséedanslecadredecemêmearticle,regroupant
cetteétudeainsiqued’autresétudes.Dansla2èmeétude,uneassociationsignificativeavecla
mortalité toute cause a été mise en évidence chez les hommes rapportant prendre des
médicamentspourdormir,chezceuxrestantéveilléslamajeurepartiedelanuit,ainsique
chezceuxayantunsommeildemauvaisequalité.Concernantlamortalitéparmaladiecardio
vasculaire,unliensignificatifaétémisenévidenceuniquementchezleshommesprenantdes
médicamentspourdormir.
6.3 Biaisfréquemmentretrouvésdanslesétudes
Les méta-analyses ont l’avantage de conférer aux études une forte puissance mais ils
contiennent, dans la majorité des cas, plusieurs biais. Ces derniers sont secondaires à la
diversitéd’organisationdesétudesentrantdanslaméta-analyse.
Page 71
58
En effet, dans la discussion, les auteurs relatent principalement une hétérogénéité des
différentesétudessurplusieursniveaux:
- Absence de valeur de référence de durée de sommeil longue ou courte. Certaines
étudesdéfinissentdesduréesdesommeillonguescommeuneduréesupérieureà8h,
d’autressupérieuresà9h,10h,d’autresencoresupérieuresà12h.Quantauxdurées
desommeilcourtes,certainesétudesconsidèrentuneduréeinférieureà6h,d’autres
à7hou8h.
- Lesfacteursdeconfusionprisencomptepourl’ajustementdiffèrentselonlesétudes.
Les articles considérés pour la méta-analyse n’ont pas pris en compte les mêmes
facteursd’inclusionetd’exclusion.
- Lesméthodesd’évaluationetdecalculdeladuréedesommeilvarientenfonctiondes
études.Certainesutilisentdesquestionnaires,d’autreslapolysomnographie,d’autres
encorelesdeux.
- Lesétudesnetiennentpascomptedelaqualitédusommeil,quipeutinterféreravec
laduréedesommeil.
Eneffet,trèspeud’articlesdanslalittératuretraitentdestroublesdusommeilsurle
planqualitatif.Cesderniersinfluenttrèsprobablementautantqueladuréedesommeilsurla
mortalité.Eneffet,laqualitédusommeildépenddenombreuxparamètres,etlestroublesdu
sommeil peuvent être de nature variable. Ces troubles du sommeil sont principalement
nommésparasomniesetpeuventcorrespondreausomnambulisme,àlaterreurnocturne,aux
cauchemars, aux troubles du comportement pendant le sommeil paradoxal, et à la
catathrénie.
D’autresbiaisontétérelevésdanslesparties«discussions»desarticles:
- Larécupérationdesdonnéesconcernantladuréedesommeilparquestionnaireest
responsabled’un importantbiais d’évaluation. Il est difficiled’évaluer soi-même le
tempspassé,parnuit,àdormir.Cetteméthodenepermetpasdedifférencierladurée
de sommeil et le temps passé au lit. Pour éviter ce biais, la polysomnographie ou
l’actigraphiepeuventêtreutiliséesafind’évaluerde façonplusprécise laduréedu
sommeil. Mais cette méthode est plus coûteuse et plus contraignante que le
questionnairecarellenécessitel’acceptationdessujetsdevenirpasserunenuitdans
Page 72
59
un laboratoire du sommeil. Cela peut être un frein à la constitution d’un grand
échantillon,cequirenddifficiled’obtenirunepuissancesuffisante.Lauderdaleetal.
(56)ontretrouvéqueladuréedesommeilmesuréeparactigraphieétaitpluscourte
queladuréedesommeilauto-évaluée(6,06hvs.6,65hlesjoursdesemaine).Mais,
commenousl’avonsditplushaut,cetteméthodepeutêtreresponsabled’unautre
biais:laduréedesommeilestévaluéesuruneseulenuit,etn’estpasforcémentle
refletd’unenuitnormale.
- Touslesparamètresdesanténesontpastoujoursprisenconsidérationcardifficilesà
répertoriercheztouslesindividus(dépression,SAOS,prisedesomnifères…)(54)
7 FACTEURSPROFESSIONNELSETMORTALITE
Les facteurs professionnels ont un impact sur la santé des travailleurs. Nous savons
maintenantqu’ilssont,pourcertains,responsablesdetroublesdusommeil.Maisilsjouent
égalementunrôledansl’apparitiondecancers,detroublescardiovasculaires,depathologies
psychologiquesetdépressives,detroublesmusculo-squelettiques.
Decefait,lamortalitéest-elleimpactéeparcertainsfacteursprofessionnels?Sitelestlecas,
quelleestl’importancedecetimpact?
Afindefairelepointsurl’étatactueldelalittératureconcernantcesujet,nousavonsutilisé
lemoteurderecherchePubmed,aveclesmotssuivants:«occupationalfactors»(Title)OR
«job»(Title)OR«work»(Title)AND«mortality»(Title). 228articlesétaientdisponibles.
Nousavonsexclulesarticlespubliésavantle01/01/2000(100articles),puisceuxréaliséschez
lesanimaux(14articles),etenfinceuxécritsdansunelangueautrequel’anglais(4articles).
Iln’estrestéque110articles.Nousavonslulestitresetrésumésetavonsexclu102articles,
dontlesobjectifsnecorrespondaientpasàl’objectifdecettepartie.Nousavonsprocédéde
la même façon en inscrivant «shift work» OR «shiftwork» OR «rotating shift» AND
«mortality» OR «death». 7 articles ont été retenus, dont une revue, publiée en 2018:
(Figure10).
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60
7.1 Facteursprofessionnelspsychosociaux
La plupart des articles traitent de la relation entre les facteurs professionnels d’ordre
psychologique (exigences de travail, latitude décisionnelle, déséquilibre effort-
reconnaissance,soutiensocial).LemodèledeKarasekesttrèsutiliséafindemesurerlestress
autravail(57)(58)(59).Ilpermetdeclasserlessalariésdans4catégoriesdifférentes:
- «Tendus»(highjobstrain):fortstressautravail=fortesexigences+faiblelatitude
décisionnelle
- «Actifs»=fortesexigences+fortelatitudedécisionnelle
- «Passifs»=faiblesexigences+faiblelatitudedécisionnelle
Figure10:flowchartfacteursprofessionnels/mortatlité
Page 74
61
- «Détendus»(lowjobstrain):faiblestressautravail=faiblesexigences+fortelatitude
décisionnelle.
Uneétudelongitudinaleréaliséeen2012(58)aétudiélarelationentrelestressprofessionnel
etlamortalitéchezlescolsbleus(ouvriers)d’unepart,etcolsblancs(employés)d’autrepart.
Cetteétuderéunissait5731salariésfinlandais,quiontétésuivispendant28ans.Concernant
leshommescolsblancs,unfortstressprofessionnelétaitsignificativementassociéàunrisque
demortalitéplusélevé,comparativementauxhommesavecunfaiblestressprofessionnel(HR
=1,52[IC95%1,09to2,13]).Quantauxhommescolsbleus,cesontles«passifs»quiétaient
statistiquementplusàrisquedemourirqueceuxprésentantunfaiblestressautravail(HR=
1,28[IC95%1,05to1,56]).Chezlesfemmes,lesrésultatsétaientdifférents.Lesfemmescols
blancs«actives»avaientstatistiquementmoinsderisquedemourirquelesfemmesayant
unfaiblestressprofessionnel(HR=0,77[IC95%0,59to1,00]).Chezlesfemmescolsbleus,
aucuneassociationn’aétéretrouvée.
Cesrésultatsdiffèrentdeceuxd’uneautreétudelongitudinale(57)publiéeen2016parNilsen
et al., réunissant 1393 salariés suédois. La différence par rapport à l’étude précédente
concernelesfemmes,chezqui,dansl’étudedeNilsenetal., lesmétiers«passifs»étaient
significativementassociésàunediminutiondelamortalité(HR=0,60[IC95%0,37to0,97]).
Toujourschez lesfemmes,defortesexigencesétaientassociéesàuneaugmentationde la
mortalité(HR=1,55[IC95%1,00to2,38]).Cetteétudeapouravantaged’avoirprisencompte
unparamètreappeléSOC(SenseOfCoherence).UnSOCélevéindiquequelapersonneales
stratégies nécessaires permettant de faire face aux événements de vie difficiles. Chez les
hommes,lacombinaison«métierspassifs+SOCfaible»étaitassociéeàuneaugmentation
delamortalité(HR=2,76[IC95%1,16to6,59]).Cetteassociationn’estpasprésenteavecun
SOCélevé.UnSOCélevésembledonctamponnerleseffetsnégatifsdustresssurlamortalité.
Au total, nous notons une différence entre les hommes et les femmes. En effet, chez les
femmes,lesmétiers«passifs»sontassociésàunediminutiondelamortalité,alorsquechez
les hommes, les métiers «passifs», combinés avec un SOC faible, sont associés à une
augmentationdelamortalité.Uneexplicationpossibleproposéeparlesauteursseraitque
l'identitédeshommesestplussusceptibled'êtreassociéeàleurtravail,lesemplois«passifs»
ayantuneffetnégatifsurlebien-êtrepsychologique,cequipeutalorsaffecterlamortalité.
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62
Deplus,lesfemmesonttendanceàêtreplusnégativementaffectéesparlesexigencesélevées
du travail que les hommes - et encore plus lorsqu'une forte pression professionnelle est
associéeàunefaiblechargedetravail.
D’autresétudesontutilisé,enplusdumodèledeKarasek,lemodèledeSiegristpermettant
d’évaluerl’équilibreeffort-récompense(59)(60)(61).Cemodèlereposesurleconstatqu’une
situation de travail peut prendre appui sur une combinaison d’efforts élevés et de faible
reconnaissance de cet effort. Cette situation peut être responsable de réactions
pathologiquessurleplanpsychologique.
ParmicesétudesutilisantlemodèledeSiegrist,nouspouvonsciteruneétudelongitudinale
réaliséeen2013(59).Les727participantsinclusontétésuivipendantuneduréede7ans.
Cetarticleaprisencomptelachargedetravailphysique.Aucunedifférencesignificativen’a
été retrouvée concernant le taux de mortalité en relation avec les modèles
exigences/autonomieetdéséquilibreeffort/récompense.Leseulrésultatsignificatifétaitune
augmentationdurisquedemortalitédanslecasd’unedisproportionentrelachargedetravail
physiqueetl’autonomiechezleshommesavecunefaiblechargephysiqueetunfaibledegré
d’autonomie comparativement à ceux ayant une faible charge physique et un fort degré
d’autonomie(considérécommelegroupederéférence)HR=4,46;[IC95%1,63to12,2].
Une étude longitudinale publiée en 2002 (61), a utilisé la cohorte Valmet dans le but de
rechercher une association entre le stress professionnel (en utilisant le modèle
exigences/autonomie,ainsiquelemodèlededéséquilibreeffort/récompense),aveclerisque
demortalitécardio-vasculaire.LacohorteValmetréunissait812salariésfinlandaistravaillant
dansuneusinedemétallurgie.Lesuivimoyendel’étudeétaitde25,6ans.Aprèsajustement
surlesexeetl’âge,ilaétémisenévidenceunexcèsderisquedemortalitécardio-vasculaire
pour:
– UnfortstressprofessionnelHR=2,20[IC95%1,16to4,17]
– UnfaiblelatitudedécisionnelleHR=1,90[IC95%1,08to3,37]
– Unfortdéséquilibreeffort-reconnaissance:HR=2,36[IC95%1,26to4,42]
– Unefaiblereconnaissance:HR=2,04[IC95%1,21to3,43]
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63
Lesrésultatsn’étaientpassignificatifspour:
– Defortesexigences:HR=1,35[IC95%0,77to2,36]
– Degrosefforts:HR=1,63[IC95%0,90to2,96]
Cependant,aprèsajustementsurlacatégorieprofessionnelle,lafaiblelatitudedécisionnelle
n’étaitplusassociéedefaçonsignificativeàunexcèsderisquedemortalitécardiovasculaire.
Ilenestdemêmepourlafaiblereconnaissanceaprèsajustementsurlesfacteursderisques
comportementaux.
Unautrearticle(60)publié2ansplustard(en2004)adécrituneétudelongitudinale
ayant suivi pendant 27 ans lamême cohorte finlandaiseque l’étudeprécédente: Valmet.
L’objectifétait légèrementdifférent: il s’agissaitd’examiner l’effetdecertains facteursde
confusion (mesures des circonstances socio-économiques tout au long de la vie) sur
l’association entre le stress professionnel et la mortalité cardiovasculaire. Concernant les
résultats,lestresspsychologiqueetledéséquilibreeffort-récompenseétaientassociésàune
mortalitécardio-vasculairedeuxfoisplusélevée,aprèsajustementsurl’âgeetlesexe:HR=
2,20;[IC95%1,2to4,2]etHR=2,36;[IC95%1,3to4,4]respectivement.Cesrésultatsrestent
significatifsaprèsajustementsurlaprofessiondupère,surlataille,ainsiquesurlesalaire.
Toutefois,l’ajustementsurl’éducationetlacatégorieprofessionnellediminuentleseffetsdu
stressprofessionnelsurlamortalitécardiovasculaire.Aprèsajustementsimultanésurlataille
etles4facteurssocio-économiques,leHazardRatiopourlestressprofessionnelétaitdede
2.04;95%CI:1.0to4.3etpourledéséquilibreeffortrécompense2.54;95%CI:1.1to5.9.
Cetteétuderendcomptequelestressprofessionneletledéséquilibrejouentunrôleessentiel
surlerisquedemortalitécardiovasculaire.Cependant,lesfacteurssocio-économiquessontà
prendreencompte,carilsjouentégalementunrôleimportant.
Lamortalitéparcauseaétéétudiéeparuneétudelongitudinalepubliéeen2012(61).Cette
dernièrearegroupéunlargeéchantillonde13510salariéstravaillantdansunemultinationale
finlandaise de l'industrie forestière, suivis enmoyenne pendant 15,5 ans. Les auteurs ont
étudié la relation entre le pouvoir décisionnel, ainsi que le pouvoir d'appréciation dans
l’exercicedescompétences,etlamortalitétoutecause,cardiovasculaire,liéeàl’alcool,etde
causeexterne.
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64
Concernant la mortalité toute cause, un fort pouvoir décisionnel était associé à une
augmentationde lamortalité, dans lemodèlenonajusté :HR=1,9 [IC95%1,11 to1,51].
L’associationpersisteaprèsajustementsurlesfacteursdémographiquesetlasantéphysique,
surlesautrescaractéristiquespsychosocialesdutravail,ainsiquesurlesadmissionsenhôpital
psychiatrique. Quant au pouvoir d’appréciation dans l’exercice des compétences, la seule
associationretrouvéecorrespondàuneffetprotecteurd’unniveauintermédiairedepouvoir
d’appréciation dans l’exercice des compétences sur la mortalité toute cause confondue,
uniquementaprèsajustementsurlesautrescaractéristiquespsychosocialesdutravailousur
lesadmissionsenhôpitalpsychiatriqueHR=0,81[IC95%0,69to0,96]et0,83[IC95%0,70to
0,98]respectivement.
Concernant lamortalitécardio-vasculaire,unfortpouvoirdécisionnelestresponsabled’un
robusteeffetsurl’augmentationdelamortalité,avantetaprèsajustementsurlesfacteursde
confusion cité ci-dessus. A l’inverse, il n’a pas été retrouvé de lien entre le pouvoir
d’appréciationdansl’exercicedescompétencesetlamortalitétoutecause.
-Concernantlamortalitéliéeàl’alcool,comparativementàunefaibleautoritédécisionnelle,
desniveauxintermédiaireetfortd’autoritédécisionnellesontassociésàuneaugmentation
delamortalité.Larelationrestesignificativeaprèsajustementsurlesfacteursdeconfusion,
mis à part après ajustement sur les facteurs psychiatriques. Par ailleurs, des niveaux
intermédiaires et fort de pouvoir d’appréciation dans l’exercice des compétences sont
associés à une augmentation de la mortalité liée à l’alcool, mais uniquement avant
ajustement.L’ajustementsurlesfacteursdeconfusionatténueleliendecetteassociation,et
faitperdrelasignificativitédesrésultats.
Concernant lamortalité par cancers ou par cause externe, ni le pouvoir décisionnel, ni le
pouvoir d’appréciation dans l’exercice des compétences ne sont en lien avec une
augmentationouunediminutiondelamortalité.
Page 78
65
7.2 Letravailposté
LarevueréaliséeparTorquati(63)en2018avaitpourbutderechercherunlienentretravail
posté et événements cardiovasculaires. Parmi les études sélectionnées, 6 concernaient la
mortalité cardiovasculaire. La méta-analyse effectuée sur ces 6 études retrouvaient une
augmentationdelamortalitéparévénementscardiovasculaires,maisnonsignificative(ES:
1,13[IC95%0,99to1,29],I2=55.6%).Cependant,l’analyseensous-groupes,selonletypede
mortalité, montrait une augmentation du risque de mortalité par coronaropathie, et par
maladiescardiovasculaires(ES:1,18[IC95%1,06to1,32],I2=0%andES:1,22,[IC95%1,09to
1,37],I2=0%;respectivement).
Les3étudessélectionnées,noninclusesdanslarevuedeTorquatiregroupaiententre11370
et22224individusdedifférentesnationalités(danois,finlandais,japonais)suivisentre17et
30 ans. Ces études ont évalué le lien entre le travail posté et lamortalité toute cause, la
mortalité cardiovasculaire, par cancers, par pathologies des voies biliaires, par troubles
neurologiquesoupsychiatriques.
Une étude longitudinale (64) publiée récemment, en 2017, a inclus 18 015 infirmières
danoisesd’unâgesupérieurà44ans,suiviesdurantunemoyennede17,6ans.L’objectifétait
derechercheruneassociationentreletravailpostéetlamortalitétoutecause,ainsiquela
mortalitépartroublescardiovasculaires,cancers,diabète,etmaladiesneurodégénérativeset
psychiatriques.
Concernantlamortalitétoutecause:encomparaisonaveclesinfirmièrestravaillantdejour,
uneaugmentation significativede lamortalitéaétémiseenévidencechez les infirmières
travaillantdesoir(HR=1,53[IC95%1,33to1,77]),etdenuit(HR=1,74[IC95%1,48to2,07]),
mais pas chez celles travaillant en alternance jour nuit. Après ajustement sur l’âge, le
tabagisme, l’activité physique, l’IMC, la consommation d’alcool, le régime alimentaire, les
maladies pré-existantes, l’état de santé subjectif, le stress au travail, le statut marital,
l’utilisationd’unecontraceptionoralechezlafemme,lesassociationsétaientdiminuéesmais
restaient statistiquement significatives chez les infirmières travaillant de soir (HR = 1,29
[IC95%1,11to1,49])etdenuit(HR=1,26[IC95%1,05to1,51]).
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66
Concernantlamortalitécardio-vasculaire,uneaugmentationsignificativedelamortalitéaété
miseenévidencechezlesinfirmièrestravaillantdenuit(HR=1,71[IC95%1,09to2,69]),après
ajustement.L’augmentationdelamortalitéchezlesinfirmièrestravaillantlesoir,oualternant
jour/nuitn’étaitpasstatistiquementsignificative.
Concernant la mortalité par cancers, aucune association n’a été retrouvée entre
l’augmentationdelamortalitéetlespostesdusoir,denuit,etalternantjour/nuit.
Concernantlamortalitépardiabète,uneforteassociationstatistiquementsignificativeaété
retrouvéeentreaugmentationde lamortalitéet travaildenuit (HR=12,0, [IC95%3,17to
45,2]).Lesassociationsavecletravaildesoiretalternantjour/nuitn’étaientpassignificative.
ConcernantlamortalitéparAlzheimeroudémence,uneaugmentationdelamortalitéaété
miseenévidencechezlesinfirmièrestravaillantlesoir=(HR=4,28[IC95%1,62to11,3]),et
chezcellesalternantjour/nuit(HR=5,39[IC95%2,35to12,3]),aprèsajustement.Iln’ypas
d’augmentationsignificativedelamortalitéchez les infirmièrestravaillantdenuit(maisce
résultatn’estbaséquesuruncas).
Enfin, concernant la mortalité par troubles psychiatriques, aucune association n’a été
retrouvée.
En conclusion, le travail posté entrainerait un sur-risque de mortalité toute cause, et de
mortalité par troubles cardiovasculaires. Le diabète et les maladies neurodégénératives
montrentégalementdesrésultatssignificatifs,mais l’intervalledeconfianceest large.Cela
estpotentiellementdûaunombrededécès,trèsfaibledanscescatégories-là.Cesrésultats
sontdoncàconfirmerdansdesétudesavecdeséchantillonspluslarges.
Parmi les études sélectionnées, certaines évaluaient également la mortalité par cancer
prostatique,ouparpathologiesdesvoiesbiliaires.
Dickermanetal.(65)ontinclus11370jumeauxfinlandais,âgésenmoyennede40ans,dans
uneétudelongitudinalepubliéeen2016,avecunsuivide30ans.Lesinformationsconcernant
la durée de sommeil, le chronotype et le type de travail posté (jours fixes, nuits fixes,
alternance jour/nuit, pas de travail de posté), étaient recueillies par un questionnaire.
Pendant lesuivi,110décèsparcancerdelaprostateontétérecensés.Aucuneassociation
significativen’aétémiseenévidenceentreladuréedesommeil,lechronotypeouletravail
postéetlamortalitéparcancerprostatique.
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67
En2015,Lin etal. (66)ontutilisé l’échantillon japonaisde la JACC study. 22224 japonais
travaillantenjoursfixes,ennuitsfixes,ouenalternancejour/nuitontétésuivispendantune
moyennede17ans.Pendantlesuivi,94décèsparcancerdesvoiesbiliairesontétérecensés.
Lesrésultatsontmontréuneaugmentationdelamortalitéchezlestravailleursenrotation
jour/nuit, comparativement aux travailleurs de jour, mais cette augmentation n’était pas
significative(aprèsajustementsurlesfacteursdeconfusion:HR=1,50[IC95%0,81to2,77].
Cesétudes,évaluantdescausesdemortalitétrèsspécifiques,seretrouventsouventfaceàun
manquedepuissance,liéàunfaiblenombrededécèspendantlesuivi.Desétudesavecun
suivipluslong,ouunéchantillonpluslargeseraientintéressantespourpréciserlesrésultats
déjàpubliés.
7.3 Activitéphysiqueautravail
Lerisquedemortalitéliéàunechargephysiqueimportanteautravailaétéétudiédansun
articlepubliéen2010(67).Lesauteurssesontposéslaquestionsuivante:lessalariésavec
une faible capacité cardiorespiratoire ont-ils un risque augmenté de mortalité
cardiorespiratoirelorsqu’ilssontexposésàunechargephysiqueprofessionnelleimportante?
Uneétudelongitudinaleaétéréalisédanslebutderépondreàcettequestion.4943hommes
copenhagoisontétéinclus,etontétésuivisentre1970et2001.
– Mortalitécardiaque:
Toutd’abord, leshommesayantune conditionphysiqueélevéeavaient45%de risqueen
moins demourir demaladies cardiaques [HR ajusté sur l’âge: 0,55 [IC95% 0,42 to 0,73],
comparativementauxhommesavecunefaibleconditionphysique.
Demême,leshommesétantexposésàunechargephysiqueélevéeautravail,ontunrisque
demortalité cardiaqueaugmentéde69% (HRajusté sur l’âge1,69; [IC95%1,31 to2,17],
comparativementauxhommesexposésàunechargephysiqueprofessionnellefaible.
Concernant les hommes avec une condition physique faible ou intermédiaire, ceux étant
exposésàunefortechargephysiqueprofessionnelleavaientenviron2foisplusderisquede
mourir (HR ajusté sur l’âge 1,98 [IC95% 1,20 to 3,26] et 1,89; [IC95% 1,39 to 2,62]
Page 81
68
respectivement).L’ajustementaveccertainsfacteursdeconfusion(âge,IMC,TA,traitement
contrelediabèteoul’HTA,consommationd’alcool,etletabac)nechangeaitpaslesrésultats.
A l’opposé, chez les hommes avec une bonne condition physique, aucune association
significativen’aétéretrouvéeentreunechargephysiqueprofessionnelleélevéeetlerisque
demortalitécardiaque.
– Mortalitétoutecause:
Les hommes ayant une condition physique élevée avaient 38% de risque en moins de
mortalitétoutcause(HRajustésurl’âge:0,62[IC95%0,55to0,71]),comparativementaux
hommesavecuneconditionphysiqueplusfaible.
Deplus,leshommesétantexposésàunechargephysiqueélevéeautravail,ontunrisquede
mortalité toute cause augmenté de 51% (HR ajusté sur l’âge 1,51, [IC95% 1,34 to 1,70])
comparativementàceuxexposésàunechargephysiqueprofessionnellefaible.
Concernantleshommesavecunefaibleconditionphysique,ceuxétantexposésàunecharge
physiqueprofessionnelleélevéeontun risquedemortalité toutecauseaugmentéde43%
comparativementàceuxétantexposésàunechargephysiqueprofessionnellefaible(HR=
1,43 [IC95% 1,11 to 1,85]). L’ajustement avec les facteurs de confusion sus-cités atténue
l’associationetlarendnonsignificative.
Concernant les hommes ayant une condition physique intermédiaire, ceux exposés à une
chargephysiqueprofessionnelleélevéeavaientunrisquedemortalitétoutecauseaugmenté
de60%comparéàceuxétantexposésàunefaiblechargephysiqueprofessionnelle(HR=1,60
[IC95%1,43to1,93]).Laforcedel’associationétaitatténuéeparl’ajustementsurlesfacteurs
deconfusionmaiscelle-cirestaitsignificative.
Quant auxhommesavecunebonne conditionphysique, ceuxexposés àune forte charge
physiqueprofessionnelleavaientunrisquedemortalitétoutecauseaugmentéde33%mais
l’associationétaitnonsignificative,avantetaprèsajustementsurlesfacteursdeconfusion.
Cetteétuderépondàlaproblématiquequelesauteurss’étaientposés.Ledegrédecondition
physiquemodifierait l’association entre une charge physique professionnelle élevée et le
risquedemortalitécardiovasculaire.Eneffet, ilaétéobservéuneaugmentationdurisque
cardiaque associée à une augmentation de l’activité physique professionnelle chez les
Page 82
69
hommesavecunniveaudeconditionphysiquefaibleetintermédiaire.Cetteaugmentation
demortalitécardiaqueétaitabsentechezleshommesavecunebonneconditionphysique.
Lesrésultatsconcernantlamortalitétoutecauseétaientsimilaires.
D’autresétudes sont toutefoisnécessairesafinde confirmer cettehypothèse,notamment
chezlesfemmes,quipeuvent,commeleshommes,exerceruneprofessionlesexposantàune
chargephysiqueélevée.
8 CONCLUSION
Parmi les facteurs professionnels, ceux le plus souvent abordés sont les facteurs
psychosociaux, le travail posté, la charge physique et, dans une moindre mesure,
l’exposition au bruit ainsi que le nombre d’heures de travail hebdomadaire. Il serait
intéressantd’aborderd’autresfacteurs,commeparexempleletravailmanueletl’âgedu
premieremploi inférieurà18ans.C’estpourquoi,dans labasededonnéesVISAT,nous
avonsdécidédenousintéresserà7typesdecontraintesprofessionnelles:letravailmanuel,
l’âgedupremieremploiinférieurà18ans,l’expositionaubruitintense,lenombred’heures
detravailhebdomadairesupérieurà48h,letravailposté,lachargephysiqueautravailetle
jobstrain.
Concernantlestroublesdusommeil,deuxaspectssontintéressants:l’aspectqualitatifet
l’aspectquantitatif.Nousnoussommesrenduscomptequedansl’étudedelarelationentre
lestroublesdusommeiletlamortalité,c’étaitprincipalementladuréedesommeilquiétait
priseencompte.Dansl’étudeVISAT,nousavonsdécidéd’aborderl’aspectqualitatif,c’est-
à-direlaqualitédusommeil,enutilisantlescritèresduNHP.
Lesrésultatsobtenuslaissentsuspecterderéelsliensentrelestroisparamètresétudiés:
- Facteursprofessionnelsettroublesdusommeil
- Troublesdusommeiletmortalité
- Facteursprofessionnelsetmortalité
Compte-tenudecesrésultats,nouspouvonsnousposerlaquestiondurôlemédiateurdu
sommeildans larelationentre lesfacteursprofessionnelset lamortalité.C’estpourquoi
nous avons décidé d’utiliser la base de données VISAT. Cette dernière utilise un
Page 83
70
questionnaire complet dont les résultats vont nous permettre, par le biais d’analyses
statistiques,d’évaluercetéventuelrôledemédiateurdusommeil.
Page 84
71
Partie2:Etudedelabasede
donnéesVISAT
Page 85
72
1 INTRODUCTION
Lestroublesdusommeilconstituentunproblèmedesantérécurrent,ettrèsrépandudansla
population générale, en France (7), commedans les autrespays (8). Ils sont responsables
d’unealtérationdelaqualitédevie,tantsurleplansocial,quephysiqueetpsychologique.Ce
problèmedesantépeutêtreenlienavecplusieursfacteurs
- Psychologiques:stress,anxiété,dépression
- Physiologiques: repas tropriche,utilisationdes tablettes/PC/téléphonesmobiles le
soir, activité physique intense le soir, prise d’alcool, de caféine, de certains
médicaments
- Environnementaux:bruit,lumière,chaleur...
L’analyse de la littérature pose donc la question du rôle potentiellement médiateur des
troubles du sommeil dans la relation entre les contraintes professionnelles et mortalité.
L’objectifestd’évaluerl’effetmédiateurdestroublesdusommeildéfinisqualitativementdans
la relation entre les contraintes professionnelles de types physique et psycho
organisationnelle,etlamortalitétotaleàpartirdel’enquêteVISATetunsuividemortalitéde
20ans.
2 METHODES
2.1 Schémad’étude
Pouressayerderépondreàcetteproblématique,nousavonsutilisél’enquêteVISAT.Ils’agit
d’une étude épidémiologique, observationnelle, prospective. Elle permet d’évaluer le lien
entrevieillissement,santéettravail.L’objectifétaitdemieuxcomprendreleschangements
quisurviennentaucoursdelavieadulteetaucoursduvieillissement,etdeprécisercomment
lesconditionsdetravailactuellesetpasséesinfluencentceschangementsdefaçonfavorable
oudéfavorable,etcommentellespeuventaffecterlasantédesindividus.L’intérêtétaitalors
d’accroître les possibilités de prévention des facteurs de risque dans les milieux
professionnels.Cetteétude,incluant3237participants,aeffectué3recueilsdedonnées,le
Page 86
73
premierayantdébutéen1996,chacunespacéde5ans.Danscetravail,nousnoussommes
servisdesdonnéesdupremierrecueils,c’est-à-direceluiréaliséen1996.
2.2 Suividemortalité
Nous avons recensé les décès des participants à l’enquête VISAT jusqu’au 31/12/2016,
permettantunsuivide20ans.L’événementprisencompteestledécèstoutecause.Lestatut
vital et les causes de décès ont été obtenus à partir des données du CépiDC (Centre
d’EpidémiologiesurlescausesmédicalesdeDécès)etleRépertoireNationald’Identification
desPersonnesPhysiques(RNIPP).
En2016,danslacohorteVISAT,257décèsontétérecensés,dont242parmilesparticipants
analysésdansnotreétude.
2.3 Participantsàl’étudeVISAT
L’enquêteaétéréaliséepar94médecinsdutravailvolontaires,dans3régionsdusuddela
France (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, et Aquitaine). L’échantillon initial était
constituéde3237salariésetancienssalariés,nésen1934,1944,1954,1964,tirésausort
danslalistedesvisitesmédicales.Lacollectedesdonnéesadébutéen1996,lessujetsétaient
doncâgésde32ans,42ans,52ans,et62ans.Lamajorité(83%)dessujetsde62ansétaità
laretraite.Touslesparticipantsontsignéunconsentementéclairéavantd’êtreinclus.Letaux
departicipationenT0étaitde76%.L’étudeaétéfaitedanslerespectdelaréglementation,
avecl’accorddelaCommissionnationaledel’informatiqueetdeslibertés(CNIL).
Lesdonnéesétaientrecueilliespar2auto-questionnaires,unexamencliniquecomplet,etdes
testspsychométriques,réalisésparlemédecindutravaillorsdesvisitessystématiques,àT0
(1996).
Page 87
74
2.3.1 Critèresd’inclusion
Notretravailautilisélesdonnéesdesparticipantsayantréponduaupremierrecueils,1996.
Lamortalitéaétéévaluéeà20ans.
2.3.2 Critèresd’exclusion
Nous avons exclu de notre analyse les sujets avec donnéesmanquantes sur les variables
d’intérêt(5).Ilnousrestedonc3135participantshommesetfemmes.
2.4 Recueildesdonnées
Lors de la visite systématique, il a été demandé aux participants de remplir un auto-
questionnaire,constituéde2parties:
• Lapremièrepartiecorrespondaitauxcaractéristiquesgénéralesetprofessionnelles,
actuelles.Ellecomportaitplusieursrubriques
- Caractéristiquesgénéralesactuellesetpassées
- Difficultéséventuellesdansletravailetleurévolutionavecl’âge
- Travailetsommeil
- Problèmesrencontrésdanslaviequotidienneetappréciationssurl’étatdesanté
• Ladeuxièmepartie correspondait aux conditionsdeviehors travail, avecplusieurs
rubriques:
- Trajets,sommeiletfatigue
- Événementsaffectantlapersonne
- Sensationsetpenséesdurantlemoisquivientdes’écouler
Cequestionnaireétaitremplienprésenced’unmédecindutravail.
Lemédecineffectuaitensuite:
• Unexamenclinique:
- Enrépertoriantlesantécédentsduparticipant(diabète,hypertension,AVC,infarctus
dumyocarde,dépression…)
Page 88
75
- Enl’interrogeantsursaconsommationdetabacetd’alcool,
- Eneffectuantdesmesuresbiométriquesetanthropométriques
2.5 Donnéedesuivi:mortalité(critèredejugementprincipal)
Lecritèredejugementprincipalétaitlamortalité.
2.6 Descriptiondesvariables
2.6.1 Variablesommeil
Lesommeilaété,dansunbutexploratoire,analyséparsonaspectqualitatif,ensebasantsur
laméthodeduNottighamHealthProfile(NHP),décriteparHuntetal.(68)en1985.
LequestionnaireduNHPcomprend
-L’utilisationdemédicamentspourdormir
-Ladifficultéàretrouverlesommeilaprèsavoirétéréveillé
-Laqualitédusommeil(réveilsnocturnes)
-Ladifficultéàs’endormir
-Jemeréveilletrèstôtlematinetj’aidumalàmerendormir
Lesparticipantsdevaientrépondre«jamais»,«rarement»,«parfois»,ou«souvent»pour
chacunedes5questions.Pourchaquequestion,letroubledusommeilétaitconsidérécomme
absentlorsquelesalariérépondait«jamais»ou«rarement»,etcommeprésentlorsquele
salariérépondait«parfois»,ou«souvent».
Deplus,ilexisteuneversionfrançaisepermettantd’obtenirunscoreNHPpondéréintégrant
uncoefficientdepondérationpourlesitemsci-dessus,selonlaformulesuivante:
-Jeprendsdesmédicamentspourdormir(26,33)
-Jeresteéveilléunegrandepartiedelanuit(22,86)
-Jedorsmallanuit(20,36)
-Jemetsbeaucoupdetempsàm’endormir(16,5)
-Jemeréveilletrèstôtlematinetj’aidumalàmerendormir(13,94)
Page 89
76
La somme des coefficients est égale à 100. Lorsqu’un sujet répondait «parfois» ou
«souvent»àunequestion,ilobtenaitlescoreducoefficientattribuéàlaquestion.Chaque
sujetobtenaitdoncunscoreentre0et100.
Afinderendrenotretravailexhaustif,nousavonscalculélescoreNHPétablien1996etselon
plusieursméthodes:
1èreméthode:
Codageen2classes:
-0correspondantauxpersonnesayantrépondu«jamais»ou«rarement»aux5itemsdes
troublesdusommeil
-1correspondantauxpersonnesquiprésentent«parfois»ou«souvent»aumoins1des5
troublesdusommeil
2èmeméthode:
Codagesimilaireàlapublicationderéférence(55),en4classes.
LescinqitemssurlesommeilontétérecodésdelafaçonsuivantepourétablirlescoreNHP:
non(=0silaréponseest«jamais»),etoui(=1silaréponseest«rarement»,«parfois»,ou
«souvent»).
-ScoreNHP=0(c’est-à-dire:présenced’aucunsymptômedetroublesdusommeil)
-ScoreNHP=1(c’est-à-dire:présenced’1symptômedetroublesdusommeil)
-ScoreNHP=2(c’est-à-dire:présencede2symptômesdetroublesdusommeil)
-ScoreNHP≥3(c’est-à-dire:présenced’aumoins3symptômesdetroublesdusommeil)
3èmeméthode:
ScoreduNHPpondéré,commedécritci-dessus
2.6.2 Variablesprofessionnelles
Dansl’étudeVISAT,plusieursfacteursprofessionnelsetconditionsdetravailontétéévalués.
Nousavonschoisidesélectionnerlesfacteursprofessionnelslespluspertinents,enfonction
Page 90
77
delalittératureactuelle.Nousnoussommesdoncconcentréssurlesfacteursprofessionnels
suivants,chacuncodéendeuxclasses«exposé»,«nonexposé»
- Portdechargeslourdes
- Nuisancessonoresintenses
- Nombred’heuresdetravailhebdomadaire≥48heures
- Travailposté/travaildejour
- Jobstrain
- Agedupremieremploi<18ans
- Travailmanuel
2.6.3 Covariablesétudiées
Afin de caractériser la population sélectionnée dans chaque recueil (T0 et T1), plusieurs
covariablesontétésélectionnées,àpartirdelabasededonnéesVISAT.Nousavonschoisiles
facteurslesplussouventidentifiésdanslalittérature,commepouvantêtreenlienavecles
troublesdusommeiletlamortalité.
-Lesfacteurssociodémographiques:l’âgeàl’inclusionen4classes(32,42,52et62ans),le
sexe(Homme/Femme)etlefaitdevivreseul(Oui/Non).
- Le niveau d’étude en 2 classes: < baccalauréat et ≥ baccalauréat et les catégories
socioprofessionnelles en 4 classes: professions intellectuelles supérieures, professions
intermédiaires,employés,ouvriersetagriculteurs.
- Les problèmes de santé actuels en dichotomique (Oui/Non) : le diabète, l’hypertension
artérielle,ladépressionetl’AccidentVasculo-Cérébral(AVC).
-Lemodedevie:letabagisme(fumeuractuel,ancienfumeuretjamais)etlaconsommation
d’alcool(Oui/Non)
-L’activitéphysiqueen4classes:pasdutout,trèspeu,unpeuetbeaucoup.
-L’indicedemassecorporelle(IMC,indicateurdusurpoids/obésité)aétécalculéparlepoids
corporelenkilogrammesdiviséparlatailleenmètresaucarré(kg/m2)etaétéclasséendeux
catégories, l’uneest inférieureà25kg/m2(normal)et l’autreestégaleousupérieureà25
kg/m2(surpoidsouobésité).
Page 91
78
2.7 Analysesstatistiques
Lesanalysesdescriptivesontpermisdedécrirelesrelationsentrefacteursprofessionnelset
troubles du sommeil, entre troubles du sommeil et mortalité totale et entre facteurs
professionnels etmortalité totale (ces dernières données faisant l’objet d’une soumission
d’article).Lesfréquences,effectifs,moyennesetécartstypesontétéfournisenfonctiondu
type de variables. Les tests du Chi 2 et de Student ont été utilisés en concordance. Des
régressionslogistiquesontétéutiliséesafindedéfinirdesOddRatiosetleursintervallesde
confiance.
Enfin, des analyses de médiation ont été effectuées pour estimer l’effet médiateur des
troublesdusommeilentrelesfacteursprofessionnelsetlamortalité,enmesurant:
- Leseffetstotaux(c)
- Leseffetsdirects
- (c’)
- Leseffetsindirects(ab)
(Figure11)
Figure 11: Analyse de médiation, schéma de recherche du rôle médiateur du sommeil dans la relation facteurs
professionnelsetmortalité
Facteursprofessionnels
Troublesdusommeil
Mortalité
a b
c’
Facteursprofessionnels Mortalitéc
Effetindirect:abEffetdirecte:c’
Effettotal:effetindirect+effetdirect:c=ab+c’
Page 92
79
3 RESULTATS
Durantlesuivide20ans,parmiles3135participantsétudiés,242sontdécédés.Letableau1
décritlesassociationsentrelesfacteursprofessionnelsetlesdifférentsscoresretenuspour
évaluerlestroublesdusommeildemanièrequalitative.
Selon la 1ère méthode, 80,6% des participants portant des charges lourdes au travail
présententaumoinsunsymptômedetroubledusommeil(p=0,01)en1996.Nousretrouvons
égalementdesrésultatssignificatifspourd’autrescatégoriesdecontraintesprofessionnelles
(81,6%pourlebruitintense(p=0,01),81,3%pourletravailposté(p=0,0003),et80,7%pour
l’âgedupremieremploiinférieurà18ans(p=0,03).
En1996,comparativementauxlespersonnesquinesontpasrespectivementexposéesaux
contraintes professionnelles, les personnes exposées au port de charges lourdes, au bruit
intense,àuneduréedetravailhebdomadairesupérieureà48heures,autravailposté, les
personnesayantdébutéleurcarrièreprofessionnelleavant18ans,etlespersonnesayantun
travailnon-manuel,ontdesmoyennesduscoredeNHPpondéréplusélevées(3èmeméthode),
ainsiquedespourcentagesplusélevésdeprésenteraumoinstroistroublesdusommeil(2ème
méthode).
Enutilisantlesanalysesparrégressionlogistiquesurlapremièreméthode,nousobtenonsdes
résultatssimilaires.Ainsi, lespersonnesportantdescharges lourdesautravailauraientun
risqueaugmentéde24%deprésenteraumoinsunsymptômedetroublesdusommeilpar
rapportauxpersonnesneportantpasdechargelourde(OR=1,24[IC95%1,04to1,48]).Ilen
estdemêmepourl’expositionauxnuisancessonores(OR=1,27[IC95%1.04to1.55]),pour
lenombred’heuresdetravailhebdomadairesupérieurà48heures(OR=1.16[IC95%0,97to
1,40]), le travail posté (OR= 1,31 [IC95%1,09 to 1,56]), ainsi que l’âgedupremier emploi
inférieur à 18 ans(OR=1,23 [IC95%1,02 to1,47]).Quant à l’exposition au job strain, les
résultatsnepermettentpasdemontrerdelienaveclaprésencedesymptômesdetroubles
dusommeil.(Tableau1bis).
Page 93
80
Tableau 1 : Troubles du sommeil selon leNHP, en fonction des facteurs professionnels chez les
participantsdel’étudeVISATen1996
1996N=3135
NHP
>1item,%
1èreméthode
ScoredeNHP,
Nombred’items,%
2èreméthode
ScoreNHPpondéré,
3èmeméthode
% Pvalue 0 1 2 >=3 PvalueMoyenne
(écarttype)p-value
Ensembledelapopulation
78.5 21.5 22.1 17.9 38.5 38.3(29.6)
Facteursprofessionnels
Portdecharges,ouin=1308
80.6 0.01 19.3 19.8 18.6 42.3 <0.0001 41.2(30.1) <0.0001
Nuisancessonores,ouin=819
81.6 0.01 18.6 20.3 16.8 44.3 0.001 41.5(29.9) 0.001
>48h/sem,ouin=1250
80.1 0.09 19.9 21.5 17.8 40.8 0.14 39.8(29.7) 0.02
Travailposté,ouin=1243
81.3 0.0003 18.7 20.4 17.8 43.1 <0.0001 41.2(30.1) <0.0001
Jobstrain,ouin=2123
79.4 0.08 20.6 22.5 17.5 39.4 0.15 39.1(29.9) 0.03
Age1eremploi<18ans,ouin=1101
80.7 0.03 19.3 21.5 18.6 40.6 0.09 40.2(29.7) 0.07
Travailleursmanuels,ouin=755
76.3 0.08 23.3 21.3 20.1 34.8 0.03 35.8(29.1) 0.008
Page 94
81
Tableau 1 bis : Troubles du sommeil selon la 1ère méthode du NHP, en fonction des facteurs
professionnelschezlesparticipantsdel’étudeVISATen1996.Régressionlogistique
Concernantlelienentrelestroublesdusommeiletlamortalité,letableau2montrequeles
personnesprésentantaumoinsunsymptômedetroublesdusommeilsontsignificativement
plusà risquedemourirque lespersonnesne rapportantaucun symptôme (8,5%vs6,5%,
p=0,04).Lesméthodes2et3nemettentpasenévidenced’associationsignificative.
1996N=3135
NHP≥1item
OR(IC95%)
NHPpondéré
ßIC95%
Facteursprofessionnels
Portdechargeslourdes,oui
1,24[1,04-1,48] 4,7(2,6;6,8]
Nuisancessonores,oui
1,27[1.04-1.55] 4,6(2,2;6,9]
>48h/sem,oui
1.16[0,97-1,40] 2,35(0,23;4,48]
Travailposté,oui
1,31[1,09-1,56] 4,7(2,6;6,9]
Jobstrain,oui
1,17[0,98-1,40] 2,1(-0,06;4,4)
Age1eremploi<18ans,oui
1,23[1,02-1,47] 2,9(0,7;5,1)
Travailleursmanuels,oui
0,84[0,69-1,02] -3,3(-5,7-;-0,8)
Page 95
82
Tableau2:DécèsenfonctiondesscoresNHPchezlesparticipantsdel’étudeVISATen1996
N=3135 Décès P-valueNHP,%<1item,%≥1item
6.18.5
0,04
NHP,%012≥3
5,69,48,27,7
0,07
NHPpondéré,moyenne(écarttype)
39,5(28,9) 0,41
Concernantlamortalité,lesdécèssontsignificativementplusimportantschezlespersonnes
exposéesauxfacteursprofessionnelsétudiés(saufpourlejobstrain)quechezlespersonnes
nonexposées[9,2%vs.6,7%respectivementpourl’expositionportdechargeslourdes(p=
0,01),11,1%vs.6,5%pour l’expositionaubruit intense (p<0,001),10,8%vs5,7%pour le
nombred’heuresdetravailhebdomadairesupérieurà48heures(p<0,001),9,8%vs6,7%
pourletravailposté(p<0,002),11,2%vs.5,8%pourl’âgedupremieremploiinférieurà18
ans(p<0,001),10,6%vs.6.8%pourletravailmanuel(p=0,001)].
Page 96
83
Tableau3:Décèsenfonctiondesfacteursprofessionnelschezlesparticipantsdel’étudeVISATen
1996
Nousavonsenfinréaliséuneanalysedemédiation,permettantd’obtenirdeseffetstotaux,
directs, et indirects. Les résultats ne permettent pas de retenir la présence d’un effet
médiateurdes troublesdusommeildans la relationentre les facteursprofessionnelset la
mortalité,etceciquelquesoitlefacteurprofessionnelanalysé.(Tableau4).
Facteursprofessionnelsen1996
TotalN=3135;décès:N=242
%(exposés/
nonexposés)%décès p-value Tauxdemortalité
Portdechargeslourdes
Non
Oui
58.3
41.7
6.7
9.2
0.01
3.3(2.8-3.9)
4.6(3.9-5.6)
Bruitintense
Non
Oui
73.9
26.1
6.5
11.1
0.000
3.3(2.8-3.8)
5.7(4.6-6.9)
≥48h/semaine
Non
Oui
60.1
39.9
5.7
10.8
0.000
2.8(2.3-3.4)
5.5(4.6-6.5)
Travailposté
Jour
Travailposté(+/-nuits)
60.5
39,5
6,7
9,8
0.002
3.3(2.7-3.9)
4.1(3.2-5.4)
Jobstrain
Faibleetpassif
Actifetfort
32.2
67.7
8.1
7.5
0.57
4.1(3.3-5.1)
3.8(3.2-4.4)
Agedu1eremploi<18ans
Non
Oui
64.9
35.1
5.8
11.2
0.000
2.9(2.4-3.5)
5.7(4.8-6.8)
Travailleursmanuels
Non
Oui
75.9
24.9
6.8
10.60.001
3.4(2.9-3.9)
5.4(4.3-6.7)
Page 97
84
Tableau 4 : Analyse du rôle médiateur du sommeil dans la relation facteurs professionnels et
mortalité
Décès
Effetdirect Effetindirect Effettotal
OR IC95% P-
value
OR IC95% P-
value
OR IC95% p-
value
Portdecharge 1,48 1,14 1,91 0,003 1,01 0,99 1,03 0,110 1,50 1,16 1,94 0,002
Bruit 1,66 1,27 2,17 0,000 1,01 0,99 1,03 0,133 1,68 1,29 2,20 0,000
>48h/semaine 1,92 1,49 2,49 0,000 1,01 0,99 1,02 0,22 1,94 1,51 2,51 0,000
Travailposté 1,48 1,15 1,91 0,003 1,1 0,99 1,03 0,11 1,51 1,16 1,94 0,002
Jobstrain 0,86 0,66 1,14 0,31 1,01 0,99 1,02 0,16 0,88 0,67 1,15 0,35
Age 1er emploi
<18ans
2,11 1,63 2,72 0,000 1,01 0,99 1,03 0,14 2,13 1,65 2,76 0,000
Travailmanuel 1,57 1,19 2,07 0,001 0,99 0,97 1,04 0,19 1,57 1,19 2,07 0,001
Page 98
85
4 DISCUSSION
4.1 Résuméetdiscussiondesprincipauxrésultats
Concernant les facteursprofessionnelset lamortalité,nousavonsmisenévidenceun lien
entrel’expositionàcertainsfacteursprofessionnelsetlamortalité.Eneffet,lesscorescalculés
selonlesméthodes1,2et3sontsignificativementplusélevéschezlespersonnesexposées
auportdechargeslourdes,aubruitintense,àuneduréedetravailhebdomadairesupérieure
à48h,autravailposté,autravailnonmanuel,ainsiquechezlespersonnesayantcommencé
àtravailleravantl’âgede18ans.Cesrésultatssignifientquelesparticipantsexposésàces
contraintesprofessionnellesontunrisqueplusélevédeprésenteraumoinstroissymptômes
de troubles du sommeil, et un score du NHP pondéré plus élevé que les personnes non
exposées.
Le seul facteur professionnel étudié pour lequel nous n’avons pas obtenu de résultat
significatifcorrespondaujobstrain.Cemanquedesignificativitéestdifficilementexplicable.
Eneffet,danslalittérature,lesrésultatsmontrent,pourlaplupartdefaçonsignificative,que
lejobstrainestassociéàl’apparitiondetroublesdusommeil.Dansnotreétude,ilauraitété
intéressantdeprendreencompte lapersistancede l’expositionau jobstrain,etd’évaluer
l’évolutiondestroublesdusommeil.
Concernantlelienentrefacteursprofessionnelsetmortalité,noussommesdanslemêmecas.
En effet, tous les facteurs professionnels sont en lien de façon significative avec une
augmentationdelamortalité,saufpourlejobstrainquimontremêmeunerelationinverse
(maisnonsignificative).Danslalittérature,lesétudesdissocientsouventlejobstrainendeux
entités(lesexigencesprofessionnelles,etlalatitudedécisionnelle).Ilauraitétéintéressantde
rechercherunlienentrechacundecesdeuxparamètresaveclestroublesdusommeild’une
part,etaveclamortalitéd’autrepart.
Lelienentrelestroublesdusommeiletlamortalitésontsignificatifsuniquementenutilisant
lapremièreméthodeduNHP.Cerésultatsignifiequelaprésenced’aumoinsunsymptôme
detroublesdusommeilestassociéedefaçonsignificativeàunrisqueplusélevédemortalité,
comparéaupersonnesneprésentantaucuntroubledusommeil.
Page 99
86
Enfin,quantàl’analysedemédiation,leseffetstotauxetdirectssontsignificatifsentretous
lesfacteursprofessionnels(sauflejobstrain),maisl’effetindirecteestnonsignificatif.
4.2 Forcesetlimitesdel’étude
Notreétudecomprendcertainspointspositifs:
Premièrement, le largeéchantillon constituédeplusde3000participants confèreànotre
étudeunefortepuissance,cequirenforcelasignificativitédesrésultats.
Deuxièmement, cet échantillon est constitué de travailleurs issus de plusieurs milieux
professionnels, ce qui permet de rendre les résultats généralisables à l’ensemble de la
populationprofessionnelleenFrance.
Troisièmement, le suivi de20 anspermetd’obtenir unnombrededécès suffisant afinde
rendrelesanalysesinterprétables.
Enfin, labasededonnéesVISATaprisencompteunecontrainteprofessionnelle trèspeu
étudiéedanslalittérature.Ils’agitdel’âgedupremieremploiinférieurà18ans.Notreétude
montre que des liens avec les troubles du sommeil ainsi qu’avec la mortalité sont forts
probables. Il serait intéressant que d’autres études tiennent compte de ce facteur
professionnelafindeconfirmerlarelation.
Nousavonsidentifiécertaineslimitations.
L’évaluation des troubles du sommeil a été recueillie par auto-questionnaire, ce qui peut
engendreruncertaindegrédesubjectivité.Cependant,l’utilisationd’uneméthodedemesure
plusobjective,commelapolysomnographie,auraitétécompliquéeàmettreenplaceétant
donnélatailleimportantedel’échantillon.Deplus,lesitemsutiliséssontceuxduNHP,une
méthodedemesurevalidéeàplusieursreprisesdanslalittérature.
L’évaluationdesfacteursprofessionnelsetdestroublesdusommeilaétéréaliséedemanière
ponctuelle,enunefois,alorsquelamortalitéaétésuiviesur20ans.Ilauraitétéintéressant
d’avoirdesinformationssurladuréed’expositionprofessionnelleainsiquesurladuréedes
troublesdusommeil.Deplus,nousn’avonspasd’informationsur lepassédes individus. Il
peutdoncs’agirdanscertainscasdepersonnesquiontprésentédessymptômesponctuels
pourdesraisonsquirestentàdéterminer.Cetypedelimitationestsouventrapportéparles
auteursdanslesétudespubliées(25).
Page 100
87
5 CONCLUSIONDEL’ETUDE:
Malgrélasignificativitédelaplupartdesassociationsmisesenévidence,lerôlemédiateur
destroublesqualitatifsdusommeildanslarelationentrelesfacteursprofessionnelsetla
mortalitén’apasétéétablidansnotreétude.
Ilseraitintéressantqued’autresétudesreprennentlemêmeobjectif,enessayantdefaire
faceaux limitations,décritesdans lapartieprécédenteetd’explorer le sommeil comme
variablequantitative.
Page 101
88
CONCLUSIONGENERALE
Ce travail a eu commeobjectif d’explorer les troubles du sommeil (qualitatifs) commeun
médiateurpotentieldesrelationsentrecontraintesdutravailetmortalitéglobale,parune
revue de la littérature et l’exploration de données d’une étude prospective de plus 3000
personnes.
Nosrésultatsn’ontpaspermisdeconfirmercerôle,suggérantd’autresmécanismesimpliqués
danscesrelations.
Dans lesperspectivesfuturesderecherche, ilserait intéressant deconsidérer laduréedu
sommeilcommeunpotentielmédiateur,maiscecin’estpassanscomplexitécomptetenude
l’effet délétère en «U» du sommeil, décrit dans la littérature. D’autre part, d’autres
médiateurs potentiels, associés, pourraient être considérés (altération de l’hygiène
alimentaire...).
Directeurdethèse Présidentdethèse
MonsieurleDoyen
Page 102
89
REFERENCES :
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Annexes
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http://www.reseau-asteria.fr/Documents/fichenottingham.pdf
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Annexe2:INVS
http://www.institut-sommeil-vigilance.org/mon-sommeil-en-pratique#Prat-02
Annexe3:
https://sommeil-mg.net/spip/questionnaires/Echelle%20D'Epworth.pdf
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Annexe4KSS
https://ki.se/sites/default/files/2017/12/14/afp_ta_karolinska_sleepiness_scale_kss_instr_ref.docx
Annexe5:PSQI
http://uacc.arizona.edu/sites/default/files/psqi_sleep_questionnaire_1_pg.pdf
Annexe6:QuestionnairedeSpiegel
http://maxime.elbaz.free.fr/examens/spiegel.pdf
Annexe7:EchelledePichot
http://www.sommeil-mg.net/spip/questionnaires/pichot.pdf
Annexe8:TestdeFord
http://maxime.elbaz.free.fr/examens/ford.pdf
Annexe9:agendadusommeil
http://reseau-morphee.fr/le-sommeil-et-ses-troubles-informations/insomnies-
apnees/insomniaque/comment-explorer-linsomnie/agenda-sommeil
Page 110
97
TABLEAUXINCLUSDANSLAREVUEDELALITTERATURE:Sleepdisordersasamediatorbetweenoccupationalfactorsand
mortality
Tableau5:Relationshipbetweenoccupationalexposureandmortalityfortheincludedstudies
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
Nilsen(57)
2016
Sweden
Longitudinal
study
N=698/695
Between16and
23y
Agedbetween42
and68
Age:42to68y
Unskilledand
skilledblue-collars
Lowerandupper
white-collars
DeathRegister Jobstrain
Jobexposurematrix+
Auto-questionnaire
Afteradjustmentforsocioeconomicposition,
Usingjobstrainmatrix:occupation-basedhighjobstrain:
All:HR:3.15[1.62–6.13]
:HR:[4.48;1.64–12.26]
:HR,2.90[1.12–7.49]
Usingauto-questionnaire
:passivejobs:HRadjusted=0.60;[0.37-0.97]
:passivejobs+weakSOC:HRadjusted=2,76[1.16-6.59]
Page 111
98
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
Von
Bonsdorff
(58)
2012
Finland
Longitudinal
study
n=5731
(2571/3160)
28-yearfollow-up
white-andblue-
collarpublicsector
employees
National
Population
Register
Jobstrain:
Questionnaire
Adjustedforageandoccupationalgroup
- :Passivejob:1.26[1.06to1.50]
- Activejob1.23[1.03to1.46]
- Highjobstrain1.21[1.02to1.43]
Adjustedforage,occupationalgroup,lifestyleandhealthfactors
- :Highjobdemand:HR:0.82[0.71to0.95],activejob:0.77
[0.63to0.95]
Adjustedforage:
white-collar :highjobstrain:HR1.52[1.09to2.13]
blue-collar :passivejob:HR1.28[1.05to1.47]
Adjustmentforlifestyleandhealthfactorsattenuatedtherisks
white-collar :activejobHR0.77[0.59to1.00]
Brunner
(60)
2004
Finland
(Valmet)
Longitudinal
study
n=812(545/267)
27-yearfollow-up
(since1973)
metalworking
company
National
mortality
register
Questionnaire:
workdemands
jobcontrol
effortatwork
materialand
psychosocialrewards
Adjustmentforheightandsocioeconomicmeasures(a):Highjobstrain:HR=2.04[1.0to4.3]
Effort-rewardimbalanceHR=2.54[1.1to5.9]
Page 112
99
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
Kivimäki
(61)
2002
Finland
(Valmet)
Longitudinal
study
n=812(545/267)
25.6yearfollow
up
metalworking
company
National
mortality
register
Self-assessmentscales
Jobstrainmodel
Effort-rewardimbalance
model
Afteradjustmentforageandsex:
-highjobstrainHR:2.20[1.16to4.17]
-lowjobcontrolHR:1.90[1.08to3.37]
-higheffort-rewardimbalanceHR:2.36[1.26to4.42]
-lowrewardHR:2.04[1.21to3.43]
Afteradjustmentforage,sex,occupationalgroup,smoking,
physicalactivity,bloodpressure,cholesterol,BMI:
Highjobstrain:HR=2.22[1.04to4.73]
Higheffortrewardimbalance:HR=2.42[1.02to5.73]
Joensuu
(62)
2012
Finland
(Valmet)
Longitudinal
study
n=13,510
(10,354/3,156)
15.5yearfollow-
up
metalworking
company
NationalDeath
Register
Questionnaire:
-Skilldiscretion:5
items
-Decisionauthority:5
items
All-causemortalitymodel3(b)-IntermediatelevelofskilldiscretionHR=0.83[0.70,0.98]
-Highdecisionauthority:1.24[1.03,1.50]
Cardiovascularmortality:model3(b)-Skilldiscretion:NS
-Intermediateandhighdecisionauthority:HR=1.35[1.03to1.78]
and1.45[1.09,1.99]respectively
Alcoholrelatedmortality:model2(c)-Skilldiscretion:NS
-IntermediateandhighdecisionauthorityHR=2.12[1.14,3.94]
and2.03[1.03,4.00]respectively
Cancerdeathsormortalityduetoexternalcauses:NS
Page 113
100
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
Tobiazs(59)
2013
Poland
Longitudinal
study
n=727(317/410)
7-year-follow-up
65-year-old
community-
dwellingcitizens
ofKraków
Monitoring
CityVital
Records
Questionnaire:
-Psychological
effort/demands
-Physical
effort/demands
-Control
-Rewards
-Socialsupport
lowphysicaldemandsandlowcontrol,comparedtothose
withlowphysicaldemandsandhighcontrolHR4.46[1.63–12.2]
Afteradjustmentforpsychologicaldemands,levelofeducation,
psychologicalwellbeing,anddepression
JobDemands/Control:NS
Effort/RewardImbalance:NS
Holtermann
(67)
2010
Copenhagen
Longitudinal
study
n=4943
30yearfollowup
Maleemployees,
fromrailway,
publicroad
construction,
military,postal,
telephone,
customs,national
bank,andmedical
industrysectors
Official
national
register
Physicalfitness:Heart
rateduringsubmaximal
bicyclework+VO2max
Physicalfitnesslevel:
questionnaire
IHDmortality::highphysicalworkdemands
- lowandmediumphysicalfitnesslevelsHR2.04[1.20–3.49]
and1.75[1.24–2.46]respectively)
Allcausemortality:Highworkphysicaldemands:
- Lowlevelofphysicalfitness:HR1.43[1.11–1.85],after
adjustment:HRNS
- mediumlevelofphysicalfitnessHR1,60[1.43–1.93],after
adjustment:HR=1.45[1.24–1.70]
- HighlevelofphysicalfitnessHR=1.33[0.98–1.75],after
adjustment:HR=1.25[0.92–1.69]
Jorgensen
(64)
2017
Danish
Longitudinal
study
n=18015
17.6yearfollow
up
Nurses>44years
old
Danish
Registerof
Causesof
Death
Selfreported
a)day
b)evening
c)night
d)rotatingshifts
Fullyadjustedmodel(d)Reference:dayshiftAllcausemortality:Nightshift:HR1.26[1.05–1.51];Evening
shift:HR1.29[1.11–1.49]
CVDmortality:NightshiftsHR1.71[1.09–2.69]
cancermortality:NS
diabetesmortality:Nightshift:HR12.0[3.17–45.2]
mortalityfromAlzheimer’sordementia:Eveningshift:HR4.28
[1.62–11.3];Rotatingshift:HR5.39[2.35–12.3]
Page 114
101
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
Dickerman
(65)
2016
Finland
Longitudinal
studyn=11,370
30-yearfollow-up
11,370maletwin
individuals
Meanage40years
(±12.1)
deathregister
Prostatic
cancerdeath
shiftwork:
questionnaire
Reference:dayshift
-Rotatingshift:HR0.8[0.4-1.5]
-Notrecentlyworking:HR2.5[1.1-6.0]
Lin(66)
2015
Japan
Longitudinal
studyn=22,224
17yearfollowup
fromJACC
Study
40–65yearsofage
workingfull-time
orself-employed
Resident
registrydata
and
death
certificates
Question:“Whichform
ofworkschedulehave
youengagedinforyour
longestoccupation?”
Reference:dayworkers
RotatingshiftHR1.50[0.81-2.77]
a:adjustmentforfather’soccupationalgroup,education,occupationalgroup,income
b:adjustmentforage,sex,supervisorsupport,coworkersupport,andhospitalizationformentaldisorders
c:adjustmentfordemographicsandpsychosocialfactors
d:Modeladjustedforage,smoking,pack-years,physicalactivity,bodymassindex(kg/m2),alcoholconsumption,diet(vegetables,fruitandfattymeatconsumption),pre-existingdiseases
(hypertension,diabetesandmyocardialinfarction),self-reportedhealth,stressfulworkenvironment,maritalstatus,femalereproductivefactors(birth,useofhormonetherapy,andoral
contraceptives).
Page 115
102
Tableau6:Relationshipbetweenoccupationalexposureandsleepdisturbancesfortheincludedstudies.
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
sleepdisorders
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
Akerstedt(26)
2015
Sweden
Longitudinalstudy
4826(2171/2655)
T1=2008
T2=2010
Nationally
representative
samplesofthe
workingpopulation
Qualityofsleep
KarolinskaSleep
Questionnaire:4
questions
Questionnaire:demands,
control,support,physical
demand,physicalwork
environment,work
scheduling(n=676)
WorkdemandsatT1andSleepdisturbancesàT2:SC*=0.05(p<0.05)
StressàT1andSleepdisturbancesatT2:SC=-0.05(p<0.05)
SleepdisturbancesatT1and
-stressatT2:SC=0.07(p<0.05)
-workdemandsatT2SC=0.05(p<0.05)
-jobcontrolatT2SC=-0.03(p<0.05)
-socialsupportatT2SC=-0.05(p<0.05)
Halonen(25)
2017
Finland
Longitudinalnon-
randomizedstudy
Onsetofjobstrain:
7354(1601/5753)
Disappearanceof
jobstrain:2332
(302/2030)
3waves20042008
2012
Widerangeof
occupationsand
variedfromsemi-
skilledcleanersto
administrative
personneland
physicians
Qualityofsleep
JenkinsSleep
ProblemScale
Jobcontrolandjob
demands
JobContentQuestionnaire
(JCQ)
OR:1.23[1.09–1.39]aftertheonsetofhighjobdemands
OR:1.22[1.07–1.40]aftertheonsetoflowjobcontrol
OR:1.32[1.16–1.51]aftertheonsetofjobstrain
OR:0.79[0.69–0.91]afterdisappearanceofhighjobdemands.
OR:0.80[0.68–0.94]afterdisappearanceoflowjobcontrol
OR:0.78[0.65–0.94]afterjobstraindisappeared
Schiller(31)
2017
Sweden
longitudinal
controlled
intervention
randomizedstudy
Intervention:354
(79/275)
Control:226
(60/166)
18months
Workingsectors:
socialservices,
technicalservices,
careandwelfare,call
center
Sleepduration
SubjectiveSleep
Quality(SSQ)
Sleepiness(KSS)
Questionnaire+
wakediary
25%reductionofweekly
workhoursinthe
interventiongroup
Jobcontrolandjob
demand
Onworkdays,theinterventiongroup:
-improvedSSQ:Estimate:0;086[0.036-0.135]
-23minutesextendedsleepduration(overthewholeperiodof18
months)0.196[0.130-0.263]
-sleepiness-0.206[-0295--0.117]
-perceivedstress(-0.243[-0.356--0.130]
-lessfeelingsofworriesandstressatbedtime(0.089[0.026-0.151)
Similarly,theinterventionshowedpositiveeffectsondaysoff,exceptfor
sleepduration.
Page 116
103
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
sleepdisorders
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
Test(33)
2011
Israel
Cross-sectional
study
n=298 workers
"nohearing
impairmentgroup"
/199
"hearing
impairment
group":99
harmful
occupationalnoise
duringworkday
TheMiniSleep
Questionnaire
(MSQ)
“Hearingimpairment
group”:decrease>25
decibelinthe1000-4000Hz
ScoreMSQstudyvs.controlgroup(24vs.16,P=0.005)
Difficultyinfallingasleep(P=0.015),wakinguptooearly(P=0.028),
snoring(P=0.014),mid-sleepawakening(P=0.001),excessivedaytime
sleepiness(P=0.018),excessivemovementsduringsleep(P=0.017)
Hearingimpairment-insomnia:OR:3.051[1.198-7.863]
Tinnitus-insomnia:OR:11.909[1.555-91.215]
Hyeong-Min
(34)
2017
Korea
Cross-sectional
study809
workers(insomnia
(93)/noinsomnia
(716))
Agebetween25and
60y
Tire-manufacturing
factory
Insomnia:ISI
test
Audiometric
tests
meannoiselevelofeach
departmenttowhichthe
workersbelongedwas
regardedasthenoiselevel
oftheworker.
ORofinsomniaforhearingimpairments:
-OR=2.033[95%CI:1.190–3.476]a
-OR=1.834[95%CI:1.043–3.225]b
-OR=1.842[95%CI:1.046–3.242]c
-OR=1.806[95%CI:1.022–3.188]d
Gomez-
Garcia(29)
2016
Spanish
Multicenter,
observational,
descriptive,cross
sectionalstudy
(differentshifts)
635nurses
Nursesworkingin
medical,surgicalor
criticalcareunits
Questionnaires:
-Epworthscale
-PSQI
Dayshift
Nightshift
Rotatingshift
ESS:51.8%(311):excessivedaytimesleepiness,27.7%:lowlevelorno
sleeppiness
Nosignificantdifferencesbetweenshifts
PSQI:
-sleepquality(p=0.017)(7,93fornightshiftvs6,38fordayshift)
-Significantdifferenceswerefoundbetweenthetypesofshiftfor:
-subjectivesleepqualityscore((F=3.61;p=0.028)
-sleepduration;p=0.001)
-sleepdisturbances(p=0.034)
-daytimedysfunction(p=0.041)
Page 117
104
Authors,
year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
sleepdisorders
Assessmentof
occupationalexposure
Andjobconditions
Results
SC=StandardizedCoefficient
a=Adjustedforage
b=Adjustedforage,workingperiod,noiselevel,useofprotectiondevices,andsnoring
c=Adjustedforage,workingperiod,noiselevel,useofprotectiondevices,andsnoring,diabetesmellitusandhypertension
d=Adjustedforage,workingperiod,noiselevel,snoring,useofprotectiondevices,diabetesmellitus,hypertension,smoking,alcoholconsumption,regularexercise,waistcircumference,
andtotallevelsofcholesterol,triglyceride,HDLcholesterol
Tableau7:Relationshipbetweensleepdisturbancesandmortalityfortheincludedstudies
Authors,year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentofsleep
disorders
Results
Li(54)
2013
US
Prospective
longitudinalstudy
23447
6yearfollowup
USmenhealth
professionals,aged
from40to75years
NationalDeath
Index
Insomnia:questionnaire
ICSD
Totalmortality(adjustedfora)-DifficultyinitiatingsleepHR=1.25[1.04–1.50]
-Non-restorativesleepHR=1.24[1.05–1.46]
-ExcessivedaytimesleepinessHR=1,24[1.09–1.42]
-Anyofthe3nocturnalinsomniasymptomsaccompaniedby
nonrestorativesleepHR=1.13[1.03–1.25]
-Anyofthe3nocturnalsymptomsaccompaniedbyexcessivedaytime
sleepinessHR=1.13[1.03–1.24]
CVDMortality(adjustedfora):-DifficultyinitiatingsleepandHR,1.55[1.19–2.04]
-NonrestorativesleepHR,1.32[1.02–1.72]
Page 118
105
Authors,year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentofsleep
disorders
Results
Vgontzas(69)
2010
Central
Pensylvania
Longitudinalstudy
1741(741/1000)
Between10and14
yearfollowup
age≥20
Mitofsky–Waksberg
2-stagerandomdigit
dialingprocedure
U.S.Social
SecurityDeath
Index
Pennsylvania
StateBureauof
Healthy
Informationand
PolicyVital
RecordsSection
Sleepduration(<6h)and
insomnia
LABORATORY:
questionnaire
(demographic,sleep
related,generalhealth
questions),polygraphy
:Shortsleepduration(<6h)+insomnia:OR=4.00[1.14-13.99]after
adjustingforb:noassociation
Rod(55)
2010
France
Prospective
longitudinalstudy
12524/4465
19yearfollowup
GAZELcohortstudy
Employees,aged36-
52years,of
Electricitéde
France-Gazde
France
FrenchNational
DeathIndex
cancers,CVD,
externalcauses,
suicide
NHP Allcausemortality:Adjustingforc:takingsleepingpillsHR=1.30[1.07,1.57],lyingawakemostofthe
nightHR=1.36,[1.09,1.70],orsleepingbadlyatnightHR=1.69[1.25,
2.31]
NHP:1itemHR=1.17[1.01,1.37],2itemsHR=1.26[1.01,1.58],>3
itemsHR=1.38[0.98,1.94]
:Noassociation
CVDmortality: takingsleepingpills:HR=1.56[1.03,2.36]
Cancer:noassociation
Phillips(70)
2005
US
Prospective
longitudinalstudy
13564(6081/7482) Follow up : 6.3 years
Menandwomen
agedfrom44to66
years
Deathcertificate PartoftheMaastricht
questionnaire
AdjustingfordInsomnia:OR=0.9[0.8-1.1]NS
Hypnoticuse:OR=1.4[0.9-2.1]NS
Page 119
106
Authors,year,
reference
Designofstudy
N°ofparticipants
/
Periodofsurvey
Population Assessmentof
mortality
Assessmentofsleep
disorders
Results
Kripke(52)
2002
Prospective
longitudinalstudy
636095/480841
Followup:6years
Mainlyfriendsand
relativesof
americancancer
societyvolunteers,
Adultsrangingfrom
30to102
Mortality Self-reported
-Sleepduration
-Insomniafrequency
-Pastmonthuseof
prescriptionsleepingpills
-Sleepduration:(reference:7h)
5h:3.5%HR=1.07[1.01-1.13]
6h:15,9%HR=1.07[1.03-1.11]
8h:38.8%HR=1.13[1.09-1.16]
9h:6%HR=1,23[1.17-1.28]
5h:2.9%HR=1.11[1.05-1.18]
6h:15.5%HR=1.08[1.04-1.11]
8h:38%HR=1.12[1.09-1.15]
9h:5.7%HR=1.17[1.13-1.21]
a:age,ethnicity,smokingstatus,alcoholdrinking,bodymassindex,physicalactivity,alternatehealthyeatingindex,marriagestatuslivingstatus,regularuseofaspirin,anxiety,lowerurinary
tractsymptoms,depression,useofantidepressantdrugs,totalcholesterol,highbloodpressure,elevatedtriglyceride,diabetesmellitus,myocardialinfarctionandstroke,sleepduration,and
snoringfrequency
b:Adjustedforage,race,education,BMI,smokingstatus,alcoholuse,depression,SDB,samplingweight,hypertension,anddiabetes.
c:Adjustedforage,socioeconomicstatus,maritalstatus,currentsmoking,alcoholconsumption,baselinebodymassindex,nightwork,andbaselinemorbidity(hypertension,diabetes,
anginapectoris,myocardialinfarction,asthma,orchronicbronchitis)
d:Modelsareadjustedforage,sex,menopausalstatus,educationlevel,bodymassindex,depressivesymptoms,presenceofcardiacdisease,lungfunctionstatus,presenceofhypertension,
smokingstatus,alcoholintake,diabetes,andhypnoticuse.
Takingpills:
1-29/month:
HR1.10[1.03-1.17]
>30/month:
HR1.24[1.12-1.38]
1-29/month:HR
1.15[1.08-1.22]
>30/month:HR
1.25[1.14-1.38]
Page 120
107
FOURNIER Claire 2018 TOU3 1637
Le rôle médiateur des troubles du sommeil dans la relation entre facteurs professionnels et mortalité. Revue de littérature et étude de la base de données VISAT
INTRODUCTION: Les troubles du sommeil constituent un problème de santé très répandu, pouvant êtresecondaire,entreautres,àdesfacteursprofessionnels.OBJECTIF:L’objectifprincipalétaitd’étudierlerôledusommeildanslarelationentrefacteursprofessionnelsetmortalité.METHODE:Aprèsavoir réaliséunerevuede la littérature,nousavonsutilisé labasededonnéesVISAT,uneétudelongitudinaleprospective.Lesparticipantsontréponduàunautoquestionnaire,comportantnotammentdesquestionsconcernantl’environnementdetravailetlesommeil.DesscoresdeNottinghamHealthProfileontétécalculésselontroisméthodes.Lamortalitéaétésuiviesuruneduréede20ans.RESULTATS:3135personnesontréponduauquestionnaire.Lespersonnesexposéesauportdechargeslourdes,auxnuisancessonores,autravailposté,aunombreded’heuresdetravailhebdomadairesupérieureà48h,cellesayantcommencéàtravailleravant18ans,ontunrisqueplusimportantdeprésenteraumoinsunsymptômedetroublesdusommeil,ainsiqu’unrisquedemortalitéplusélevéquelespersonnesnonexposées.Cependant,lerôlemédiateurdu sommeiln’apaspuêtredémontrédans la relationentre les facteursprofessionnelset lamortalité.CONCLUSION:Desrelationsentrecertains facteursprofessionnelset lerisquedemortalitéontétémisesenévidence.Cependant,lestroublesdusommeilnesemblentpasjouerlerôledemédiateurdanscesrelations.Aucunautrearticledanslalittératuren’avaitpourobjectifderechercherlerôlemédiateurdusommeil.Ilseraitintéressantdepouvoircomparercesrésultatsavecuneétudefuture. The mediating role of sleep disorders in the relationship between occupational factors and mortality. A systematic review and study of the VISAT database. INTRODUCTION:Sleepdisordersareawidespreadhealthproblemthatmaybesecondaryto,amongotherthings,occupationalfactors.OBJECTIVE:Themainobjectivewastostudytheroleofsleepintherelationshipbetweenoccupationalfactorsandmortality.METHOD:Afterconductingasystematicreview,weusedtheVISATdatabase,aprospectivelongitudinalstudy.Participants responded a self-administered questionnaire, including questions about work environment andsleep.NottinghamHealthProfilescoreswerecalculatedusingthreemethods.Themortalitywasfollowedupoveraperiodof20years.RESULTS:3135peopleansweredthequestionnaire.Peopleexposedtoheavyloads,noise,shiftwork,numberofweeklyworkhoursupperthan48hours,thosewhostartedworkingbeforetheageof18haveagreaterriskofhavingatleastonesymptomofsleepdisorders,andahigherriskofdeaththanthosewhoarenotexposed.However, themediating role of sleep could not be demonstrated in the relationship between occupationalfactorsandmortality.CONCLUSION: Relationships between certain occupational factors and the risk of mortality have beenhighlighted.However,sleepdisordersdonotseemtoplaytheroleofmediatorintheserelationships.Nootherarticleintheliteraturehadtheaimtoevaluatethemediatingroleofsleep.Itwouldbeinterestingtocomparetheseresultswithafuturestudy. DISCIPLINEADMINISTRATIVE:MédecinespécialiséecliniqueMOTS-CLÉS:Sommeil,Facteursprofessionnels,Mortalité,Médiateur,VISATINTITULÉETADRESSEDEL’UFROUDULABORATOIRE:UniversitéToulouseIII-PaulSabatierFacultédemédecineToulouse-Purpan,37AlléesJulesGuesde31000ToulouseDirecteurdethèse:DrEsquirolYolande