Actes du XXIII ème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1 er juin 2007, Aix-les-Bains 1 Une synthèse sur l’attachement au lieu : conceptualisation, exploration et mesure dans le contexte de la consommation Alain Debenedetti ATER à l’Université de Paris-Dauphine, DRM-DMSP, (UMR CNRS 7088) Place du maréchal de Lattre de Tassigny 75775 Paris cedex 16 [email protected]53, avenue Parmentier 75011 Paris tel : 01 48 07 21 63 mob : 06 72 07 79 79 [email protected]
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Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
1
Une synthèse sur l’attachement au lieu : conceptual isation,
exploration et mesure dans le contexte de la consom mation
Alain Debenedetti
ATER à l’Université de Paris-Dauphine, DRM-DMSP, (UMR CNRS 7088)
Calcul de l’Alpha de Cronbach et du coefficient de cohérence
interne (Rhô de Joreskog)
Estimation de la validité de
l’échelle
Calcul de la validité convergente et vérification de la validité
discriminante (procédure de Fornell et Larcker, 1981)
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De manière synthétique, après que les experts sollicités aient permis de passer des 55 items
initiaux à 26 items supposés être représentatifs de l’attachement au lieu de consommation,
deux collectes de données ont été administrées via un questionnaire en ligne, afin de faire
apparaître et de confirmer la structure factorielle de l’échelle. Le recours à un questionnaire
administré via Internet a permis de collecter rapidement et efficacement des données auprès
d’une population variée en termes d’âge et de sexe, variables susceptibles d’intervenir en tant
que modératrices du lien entre l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents.
La première collecte de données (n=168) a permis de faire émerger de façon spontanée la
structure factorielle de l’échelle (à l’aide d’une rotation oblimin) et d’épurer l’instrument de
mesure (l’échelle passant alors de 26 à 15 items) ; la structure obtenue expliquant 69,7% de la
variance avec 3 dimensions. La deuxième collecte de données, qui constitue également notre
échantillon final (n=517), nous a permis de valider la structure factorielle issue de la première
collecte. La structure et les modalités de cet échantillon final sont précisés dans le tableau 8.
Tableau 8 – Structure et modalités de l’échantillon final (n=517)
Structure de l’échantillon
Variables nominales Modalités Fréquences
Sexe � Femme � Homme
� n= 290 (56.1%) � n= 227 (43.9%)
Catégorie de lieux choisis � Lieu de sortie (bar, restaurant, boite de nuit etc.) � Lieu de sport/détente (stade, parc, base loisir etc.) � Lieu de culture (cinéma, musée, spectacles etc.) � Magasin ou commerce alimentaire � Lieu de vente ou service « hédoniste » � Autres (sites naturels, villes, lieux de travail etc.)
Modalités de la construction de l’échantillon Type d’échantillon � Echantillon de convenance, créé par effet « boule de neige » Administration questionnaire � Via un questionnaire en ligne, disponible à l’adresse Internet suivante :
http://alain.debenedetti2.free.fr) Durée de la collecte � 7 jours (1021 connexions)
Après avoir soumis l’échantillon (n=517) à une Analyse en Composante Principale, qui a
permis de retrouver la structure initiale avec 74,5% de variance expliquée et les 3 mêmes
dimensions, nous avons réalisé une Analyse Factorielle Confirmatoire à l’aide du logiciel
AMOS. Il s’agit alors de voir, à l’aide d’un modèle d’équations structurelles, si les facteurs du
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construit sont convenablement représentés par les observations issues de la population étudiée
(Roussel et al., 2002). Les indices d’ajustement classiques n’étant pas tout à fait satisfaisants,
un processus itératif comparable à celui effectué dans une ACP a été effectué. Reposant sur
l’appréciation de critères statistiques mais également qualitatifs, il a permis d’obtenir une
qualité d’ajustement satisfaisante (cf. tableau 9) avec une solution comprenant 3 dimensions
et 11 items (cf. annexe 2).
Tableau 9 – Indices d’ajustement du modèle d’équations structurelles avec 11 items
Indices d’ajustement du modèle Seuil acceptable Valeur observée Chi deux Le plus proche de 0 (p
associé) Chi deux (41) = 150,716 (p<0,000)
GFI >0,9 0,949 AGFI >0,9 0,918 RMSEA <0,08 0,072
Indices d’ajustement absolus
SRMR <0,05 0,046 NFI >0,9 0,962 TLI >0,9 0,963 Indices incrémentaux CFI >0,9 0,972 Chi deux normé
<5 (2 si possible) 3,67 Indices de parcimonie
CAIC <CAIC modèle saturé 331,917<478,371
Les qualités de l’échelle de mesure obtenue ont ensuite été démontrées :
� L’échelle d’attachement au lieu de consommation est fiable : la valeur de l’Alpha de
Cronbach est de 0,898 et celle du Rhô de Joreskog, qui est moins sensible au nombre
d’items de l’échelle et intègre les termes d’erreurs, est de 0,962 ce qui est très satisfaisant,
l’usage étant de considérer le construit comme fiable lorsque cet indice dépasse 0,7
(Fornell et Larcker, 1981) ;
� L’instrument de mesure proposé est valide : nous avons en effet accumulé les preuves
de l’efficacité de cet instrument de mesure. D’abord, la validité faciale a été assurée en ne
conservant que les items jugés représentatifs par les 8 experts sollicités. Ensuite, les
validités convergentes et discriminantes ont été établies en utilisant la procédure de
Fornell et Larcker (cf. annexe 3). Enfin, des corrélations bivariées ont permis de donner de
premiers indices de validité nomologique, étayés ensuite par la validation des tests
statistiques permettant d’établir un lien significatif entre l’attachement au lieu de
consommation et chacune de ses conséquences présumées.
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Nous disposons donc d’un outil de mesure efficace pour tester les liens supposés entre les
différentes variables ayant émergé de la phase qualitative exploratoire (et dans une moindre
mesure, issues de la littérature) et notre concept.
Analyser les déterminants et l’influence de l’attac hement au lieu de consommation
Une fois l’instrument de mesure développé, il s’est enfin agi de tester les liens entre les
différentes variables du cadre conceptuel, qui correspondent à trois thèmes principaux :
� Qu’est ce qui conduit un consommateur à s’attacher à un lieu de consommation ?
� Quelle est l’influence de l’attachement au lieu sur les intentions et les comportements du
consommateur, en dehors et dans le lieu de consommation ?
� Existe-t-il des éléments qui interagissent avec les antécédents de l’attachement au lieu de
consommation et conduisent à en modifier l’intensité ?
Quinze hypothèses sont testées en utilisant les analyses de régression multiple : les hypothèses
H1 à H5 (partie gauche du cadre conceptuel) correspondent au test des hypothèses concernant
les antécédents de l’attachement au lieu ; les hypothèses H6 à H10 (partie droite du cadre
conceptuel) correspondent au test des hypothèses concernant les conséquences supposées de
l’attachement au lieu de consommation ; enfin les hypothèses H11 à H15 correspondent aux
hypothèses relatives aux modérateurs des liens entre l’attachement au lieu de consommation
et ses antécédents. Notons qu’en l’absence d’éléments théoriques nous permettant d’éliminer
des relations entre les différentes variables du cadre conceptuel, les hypothèses ont été
systématiquement testées sur chacune des dimensions du construit. L’annexe 4 présente les
hypothèses testées de manière synthétique.
On peut résumer les résultats comme il suit (Les tableaux relatifs aux principales relations
validées d’un point de vue statistique sont disponibles en annexe 5) :
� Concernant les antécédents : l’authenticité et le confort psychologique perçus jouent un
rôle majeur dans la mesure où ils agissent significativement sur toutes les dimensions de
l’attachement au lieu de consommation. La capacité à faire revivre les événements du
passé n’influence pas significativement la dimension physique du construit, le sentiment
de protection qui émane du lieu ne joue pas sur la dimension sociale de l’attachement au
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lieu. Enfin, la familiarité perçue a un impact limité sur l’attachement au lieu : elle ne
concerne que sa dimension sociale ;
� Toutes les hypothèses concernant les conséquences de l’attachement au lieu de
consommation sont validées. C’est la dimension physique du construit qui contribue à
expliquer le plus fortement les réponses cognitives et comportementales du
consommateur ;
� Les hypothèses concernant les variables modératrices sont dans l’ensemble rejetées, ce à
quoi l’on pouvait s’attendre compte tenu de leur caractère exploratoire.
Fort de ces premiers résultats concernant les mécanismes de l’attachement au lieu de
consommation, il s’agit de faire un premier bilan sur les apports de ce concept au marketing et
souligner les apports de cette recherche et les pistes pour de futurs travaux.
DISCUSSION : APPORTS, LIMITES ET VOIES DE RECHERCHE LIES A L ’IMPORTATION DE L’ATTACHEMENT AU LIEU DANS LE CHAMP DU MARKETING
Cette recherche a pour objectif de réaliser une synthèse sur le concept d’attachement au lieu,
en soulignant la pertinence de sa mobilisation dans le champ du marketing, et sa contribution
à l’explication des liens affectifs entre les consommateurs et les lieux de consommation qu’ils
fréquentent. A l’issue de cette recherche, quel bilan dresser d’un point de vue théorique et
managérial ? Quelles voies de réflexion pour de futurs travaux, compte tenu des limites de
cette première recherche ?
Un concept qui contribue à mieux connaître les lien s affectifs entre un consommateur et un lieu de consommation
L’importation du concept d’attachement au lieu dans le champ du marketing est pertinent : en
effet, la littérature en fait un antécédent de variables relationnelles importantes dans la gestion
de la relation client, ce que confirment les études qualitatives et quantitatives effectuées. Ainsi
l’attachement au lieu fait du consommateur un ambassadeur du lieu parlant positivement du
lieu autour de lui et allant jusqu’à se faire bénévolement guide du lieu auquel il s’attache. Il
est fidèle au lieu, même lorsque cela est contraignant (en raison de la distance qui l’en sépare,
par exemple) et a minima le défend par la parole. De plus, il est engagé vis-à-vis de ce lieu :
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non seulement a-t-il l’intention de continuer à le fréquenter, mais il est prêt à faire des
sacrifices pour cela. Comprendre les déterminants de l’attachement au lieu de consommation
est donc intéressant pour le chercheur comme pour le manager qui cherche à créer des liens
différents avec les personnes qui fréquentent le lieu qu’il gère.
Les études qualitatives puis quantitatives effectuées montrent (1) que tous les antécédents de
l’attachement au lieu n’ont pas la même importance dans l’explication des différentes
dimensions du construit, et (2) que l’impact de la dimension physique de l’attachement au lieu
est le plus important en termes de comportements et d’intentions du consommateur. Mais ces
études vont plus loin, en montrant que :
� Premièrement, chaque dimension du construit est prioritairement expliquée par un
antécédent différent. Ainsi, la dimension sociale de l’attachement au lieu de
consommation est d’abord expliquée par la « capacité du lieu à faire revivre les
événements du passé », la dimension physique par « l’authenticité perçue du lieu » et la
dimension personnelle par le « confort psychologique perçu ». Il est donc important
d’appréhender l’attachement au lieu dans son caractère dimensionnel ;
� Deuxièmement, l’intensité de l’attachement au lieu de consommation varie en fonction de
la catégorie de lieu considérée4. Par exemple, les lieux qui génèrent les plus faibles
attachements sont les lieux de courses alimentaires comme les hypermarchés ; à l’opposé
ceux qui génèrent les plus forts attachements sont les lieux de sortie, comme les bars ou
les restaurants. La question de l’utilisation de cette variable se pose donc en fonction de la
nature du lieu géré. N’est-il pas plus approprié lorsque le lieu revêt un caractère très
fonctionnel d’essayer de fidéliser ses clients par l’intermédiaire de leviers utilitaires et non
affectifs ?
� Troisièmement, les liens entre les variables du modèle diffèrent en fonction de la catégorie
de lieu considérée : si l’antécédent principal pour les lieux de courses alimentaires est le
4 L’analyse des réponses des consommateurs lors des phases qualitatives et quantitatives de la recherche a
permis d’identifier cinq grands groupes de lieux de consommation : les lieux de sortie (bars, restaurants…), les
lieux de sport, détente et loisirs de plein air (infrastructures sportives, lieux de promenade, bases de loisirs…), les
lieux de culture (cinémas, salles de spectacles, musées…), les lieux de courses alimentaires (grandes surfaces,
marchés, commerce de proximité…), les lieux de vente et de service hédonistes (produits culturels, textile,
mode…)
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lorsqu’il s’agit des lieux de sortie. Ce résultat montre que la manière de susciter
l’attachement au lieu dépend de la catégorie de lieu considérée : prendre simplement en
compte la dimension de l’attachement au lieu ne suffit pas si l’on cherche à manipuler
cette variable ;
� Enfin, les relations testées sur les dimensions restent globalement valides lorsque l’on
considère le construit de manière générale, ce qui revêt un sens d’un point de vue
théorique comme statistique. On peut donc envisager de construire un outil de mesure
synthétique de l’attachement au lieu de consommation, qui pourrait être utilisé dans des
travaux de recherche où ce concept revêt un caractère périphérique.
Au-delà des apports théoriques liés à la connaissance de l’attachement au lieu dans le contexte
de la consommation, nous apportons une contribution managériale. Premièrement en montrant
que susciter un attachement n’est pas utile pour tous les lieux de consommation : seuls les
lieux de consommation pour lesquels la relation compte autant que la transaction, pour
lesquels la clientèle est récurrente et non de passage, et enfin pour lesquels le manager
possède une vraie marge de manœuvre pour personnaliser le lieu et susciter émotion et
identification de la part du consommateur, ont intérêt à faire appel à ce construit.
Deuxièmement, en proposant des actions concrètes permettant d’influencer l’attachement à un
lieu de consommation, en tenant compte de la nature du lieu et de la dimension de
l’attachement sur laquelle le manager souhaite s’appuyer. Prenons un exemple. Il est opportun
pour un manager souhaitant donner des marques d’authenticité physique à un lieu de
consommation d’intégrer dans le lieu des éléments physiques « non marchands ». C’est le cas
de la librairie « Imagigraphe », qui a créé un « bar à livres » où le client est invité à s’attabler
pour consulter des ouvrages ; ou du cinéma « Le Studio 28 » qui accueille les visiteurs avec
un grand tapis rouge et des moulages de mains d’acteurs célèbres et en cohérence avec la
programmation proposée ; enfin de la Brasserie Chartier où un « rond de serviette » est
attribué à chaque client. Enfin, nous soulignons que l’attachement au lieu pose la question de
la standardisation. En effet, attacher le consommateur, c’est donner plus de pouvoir au
manager au niveau local, ce qui passe, d’une part, par une inversion de l’idée de
personnalisation (c’est le manager qui crée une proposition personnelle et non qui
personnalise la réponse à une demande client), d’autre part, par la compréhension d’une
demande d’expérience authentique, unique, et non marchande de la part du consommateur.
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Limites et pistes pour de futures recherches
Ce travail comporte un certain nombre de limites. D’un point de vue théorique, on peut
regretter une trop grande restriction au niveau des variables issues de la phase qualitative
exploratoire, comme l’absence de variables de personnalité, susceptibles d’intervenir de
différentes manières dans le cadre conceptuel : le cadre conceptuel pourrait donc faire l’objet
d’un approfondissement. Nous n’avons par ailleurs ni pris en compte le caractère collectif de
l’attachement au lieu, ni mis l’accent sur l’offre de biens ou de services des lieux de
consommation. Or, on ne peut écarter l’hypothèse d’une interaction entre le lieu de
consommation et l’offre qu’il propose. Un lieu de consommation auquel un individu s’attache
parce qu’il est authentique peut-il par exemple commercialiser des produits qui ne le sont
pas ? Ne peut-on pas envisager qu’il existe un effet de halo du lieu sur l’offre : si le lieu est
authentique, l’offre ne l’est-elle pas nécessairement pour certains consommateurs ? Ou à
l’inverse : étant donné l’authenticité de l’offre, le lieu n’est-il pas nécessairement authentique
aux yeux de certains ? D’un point de vue méthodologique. L’outil de mesure du construit
aurait pu être amélioré, notamment en proposant un outil synthétique permettant de mesurer
l’attachement au lieu dans son caractère général. Par ailleurs, le manque de diversité en
termes de catégories de lieux de consommation tend à restreindre la portée générale de nos
conclusions.
En dehors de recherches complémentaires destinées à pallier les limites précédemment
évoquées, on pourrait envisager de nombreuses autres pistes pour de futurs travaux.
Nous nous sommes focalisés sur les antécédents du construit. Il serait intéressant de regarder
si l’attachement au lieu et l’idéalisation qui l’accompagne ne suscitent pas des réactions
cognitives et comportementales dysfonctionnelles dans le choix et le vécu d’un lieu de
consommation. L’attachement au lieu biaise-t-il l’évaluation du lieu par le consommateur ?
Implique-t-il des choix inattendus ou irrationnels en termes de fréquentation ? Provoque-t-il
des réactions exacerbées, positives, ou négatives si le lieu d’attachement est à l’origine de
déceptions répétées ? Il serait également intéressant de mettre en perspective l’attachement à
la marque (par l’intermédiaire de l’enseigne) et l’attachement au lieu, dans la mesure où de
nombreux lieux de consommation sont fédérés par une enseigne : on pourrait s’interroger sur
la manière dont les deux concepts s’articulent et en étudier les effets d’interaction ou de halo ;
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on pourrait aussi comparer les effets de ces deux concepts distincts sur certaines variables
relationnelles ou commerciales. Enfin, on pourrait envisager d’étudier l’attachement au lieu
différemment : en interrogeant le consommateur sur son identité et laisser les lieux émerger
de son discours ; en s’intéressant à d’autres populations, comme par exemple les adolescents,
et voir si les mécanismes de l’attachement au lieu restent les mêmes ; enfin, il serait
intéressant d’exporter la notion d’attachement au lieu à d’autres champs de la gestion, comme
les ressources humaines, dans la mesure où l’attachement des personnes qui travaillent dans
un lieu de consommation pourrait indirectement se répercuter sur les consommateurs qui
fréquentent ce lieu. Ou bien, de façon plus générale encore, l’attachement au lieu de travail
pourrait avoir des répercutions par exemple sur la fidélité des employés.
En conclusion, nous constatons donc qu’outre permettre de mieux expliquer les relations entre
un consommateur et son environnement commercial, le concept d’attachement au lieu peut
être mobilisé dans d’autres champs de la gestion, au-delà de la sphère du marketing : il
constitue donc un thème de recherche prometteur.
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Annexes
Annexe 1. – Profil des personnes interviewées lors de l’étude qualitative
Profil des managers interrogés
Répondant Statut du répondant Activité du lieu de
consommation
Surface
(m²)
Localisation Nombre
pts vente
1 Créateur / manager Café restaurant 120 Paris 1 2 Créateur / manager Librairie 300 Paris 1 3 Créateur / manager Textile mode 20 Paris 1 4 Créateur / manager Bar - club 70 Paris 1 5 Co-créateur / adjoint Caviste 50 / 30 Paris 2 6 Créateur / manager Café concert 130 Cambrai 1 7 Créateur / manager Bijouterie 100 Vitry le François 1 8 Manager Hi-fi et vidéo 900 Paris 1 9 Créateur / manager Objets religieux kitsch 50 Paris 1
Profil des consommateurs interrogés
Rép. sexe âge Lieu d’habitation
actuel
niveau scolaire activité
1 H 30 Paris Bac +5 Ingénieur 2 H 35 Hauts de Seine BEPC Photographe 3 F 31 Loire Atlantique Bac Employée 4 F 26 Paris Bac +5 Sociologue 5 H 27 Paris Bac +4 Cadre commercial 6 F 37 Paris Bac +4 Cadre 7 F 74 Paris Bac Retraitée 8 F 22 Paris Bac Etudiante 9 H 36 Paris Bac +5 Cadre administratif 10 H 21 Aube Bac +2 Etudiant 11 F 25 Paris Bac +4 Cadre administratif 12 F 58 Essonne Bac +4 Enseignant 13 H 44 Paris Bac +5 Cadre supérieur 14 H 62 Pyrénées atlantiques BEPC Retraité 15 H 62 Ille et Vilaine Bac +5 Cadre supérieur 16 H 57 Yvelines Bac +5 Chercheur 17 F 30 Paris Bac+4 Cadre
Annexe 2. – Solution factorielle avec 3 dimensions et 11 items : estimation des poids
standardisés des items de l’échelle d’attachement au lieu de consommation.
Indicateur Variable latente 1 Attachement social
au lieu
Variable latente 2 Attachement physique au lieu
Variable latente 3 Attachement
personnel au lieu
affsoc2 - Si les personnes qui fréquentent ce lieu ou y travaillent disparaissaient ou n’étaient plus les mêmes, cela m’attristerait
0,869 0 0
idsoc5 - J’ai le sentiment de former une sorte de famille avec les gens qui fréquentent ce lieu ou y travaillent 0,894 0 0
affsoc1 - Les personnes qui fréquentent ce lieu ou qui y travaillent sont un peu comme des amis pour moi 0,941 0 0
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affsoc4 - Même si je ne les connais pas personnellement, je suis sensible à ce que deviennent les personnes qui fréquentent ce lieu ou qui y travaillent
0,773 0 0
idsoc2 - Si les personnes qui fréquentent ce lieu ou y travaillent disparaissaient, ce serait comme si je perdais une partie de moi-même
0,785 0 0
idphy1 - La manière dont le lieu est aménagé ou décoré me correspond bien 0 0,909 0
affphy2 - Je serais triste que ce lieu change d’emplacement, qu’on modifie sa décoration ou que son atmosphère ne soit plus la même
0 0,755 0
affphy1 - J’aime beaucoup l’aménagement ou la décoration de ce lieu
0 0,837 0
idvec1 - Ce que je vis dans ce lieu décrit en partie qui je suis
0 0 0,738
affvec5 - Les activités que je pratique dans ce lieu me plaisent beaucoup 0 0 0,732
idvec4 - Les moments que je passe dans ce lieu me font vraiment me sentir moi-même 0 0 0,921
Annexe 3 – Utilisation de la procédure de Fornell et Larcker pour établir la validité
convergente et discriminante de l’ échelle mesurant l’attachement au lieu de consommation
La validité convergente permet de vérifier si « différents indicateurs qui sont supposés
mesurer le même phénomène sont corrélés » (Evrard, Pras et Roux, 2000, p. 294). On peut
s’assurer de la validité convergente en montrant que le construit considéré partage au moins
50% de sa variance avec ses mesures (Fornell et Larcker, 1981). Cette procédure est basée sur
le calcul du rhô de validité convergente décrite par ces deux auteurs : elle permet d’étudier la
validité de l’échelle par rapport à ses propres erreurs. Les valeurs du rhô de validité
convergente de l’échelle d’attachement au lieu de consommation sont données par le tableau
suivant :
Validité convergente (rhô de validité convergente) de l’échelle d’attachement au lieu de
consommation
Facteurs Valeur du rhô
Attachement social au lieu 0,731 Attachement physique au lieu 0,699 Attachement personnel au lieu 0,643
Les valeurs du rhô étant supérieures à 0,5 pour chacune des dimensions, la convergence de
l’échelle d’attachement au lieu est établie.
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La validité discriminante envisage la validité de trait d’un point de vue différent de la validité
convergente. Si des indicateurs sont censés mesurer des phénomènes différents, « ils doivent
être faiblement corrélés car ils doivent permettre de discriminer les phénomènes entre eux »
(Evrard, Pras et Roux, 2000, p. 294). Fornell et Larcker (1981) proposent d’établir cette
validité discriminante si le construit étudié partage plus de variance avec ses mesures qu’avec
n’importe quel autre construit. Ainsi, il s’agit de voir si chaque dimension du construit se
distingue bien des autres. Une comparaison entre le carré de la corrélation entre les facteurs
latents et le rhô de validité convergente a été effectuée. Si le rhô est supérieur au carré des
corrélations, la validité discriminante est établie. C’est le cas ici pour tous les cas et tous les
facteurs, comme le montre le tableau suivant :
Appréciation de la validité discriminante de l’échelle d’attachement au lieu de consommation
par la comparaison du Rhô vc et des SMC des facteurs latents
H2 : Plus le lieu de consommation est confortable psychologiquement pour le consommateur
(bien-être, liberté et sentiment d’être chez-soi), plus ce dernier s’y attache (a) socialement, (b)
physiquement, (c) personnellement
H3 : Plus le lieu de consommation est capable de faire revivre au consommateur des évènements du passé, plus il suscite un attachement (a) social, (b) physique et (c) personnel au lieu chez ce dernier
H4 : Plus le consommateur se sent protégé dans le lieu de consommation, plus il s’y attache
H5 : Plus le consommateur perçoit le lieu de consommation comme familier, plus son
attachement (a) social, (b) physique et (c) personnel envers ce lieu est élevé
H6 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement
au lieu de consommation, plus il s’engage vis-à-vis de ce lieu
H7 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement
au lieu de consommation, plus il adopte un comportement d’ambassadeur vis-à-vis de celui-ci
H8 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement au lieu de consommation, plus il y est fidèle et le défend
H9 : Le consommateur attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement à un
lieu de consommation y passe plus de temps que dans un lieu comparable
H10 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c)
personnellement au lieu de consommation, plus il l’idéalise
H11 : L’âge du consommateur est une variable qui modère positivement l’ensemble des
relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de consommation et
ses antécédents
H12a : Le sexe du consommateur est une variable qui modère positivement l’ensemble des
relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de consommation et
ses antécédents
H13a : L’historique de fréquentation du consommateur est une variable qui modère
positivement l’ensemble des relations l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au
lieu de consommation et ses antécédents
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H14a : Le rythme des visites du consommateur est une variable qui modère positivement
l’ensemble des relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de
consommation et ses antécédents
H15a : La satisfaction procurée par le lieu est une variable qui modère positivement
l’ensemble des relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de
consommation et ses antécédents
Annexe 5 – Test des hypothèses / analyses de régression multiple
a. Lien entre la dimension sociale de l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents présumés
Bêta standardisé
Valeur du T de Student
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante -5,370 0,000 Authenticité perçue du lieu 0,221 4,809 0,000 0,615 1,625 Confort psychologique perçu dans le lieu
0,179 3,145 0,002 0,600 1,662
Capacité du lieu à faire revivre les événements du passé
0,258 5,847 0,000 0,665 1,504
Sentiment de protection donné par le lieu
0,027 0,603 0,547 - NS 0,664 1,507
Familiarité perçue vis-à-vis du lieu 0,069 1,677 0,094 0,757 1,322
b. Lien entre la dimension physique de l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents présumés
Bêta standardisé
Valeur du T de Student
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante -0,003 0,998 Authenticité perçue du lieu 0,450 10,935 0,000 0,615 1,625 Confort psychologique perçu dans le lieu
0,200 3,920 0,000 0,600 1,662
Capacité du lieu à faire revivre les événements du passé
0,000 0,006 0,996 - NS 0,665 1,504
Sentiment de protection donné par le lieu
0,148 3,734 0,000 0,664 1,507
Familiarité perçue vis-à-vis du lieu 0,039 1,053 0,290 - NS 0,757 1,322
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c. Lien entre la dimension personnelle de l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents présumés
Bêta standardisé
(1)
Valeur du T de Student
(1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 3,031 0,003 Authenticité perçue du lieu -0,200 -5,016 0,000 0,615 1,625 Confort psychologique perçu dans le lieu
-0,425 -8,576 0,000 0,600 1,662
Capacité du lieu à faire revivre les événements du passé
-0,127 -3,298 0,001 0,665 1,504
Sentiment de protection donné par le lieu
-0,095 -2,476 0,014 0,664 1,507
Familiarité perçue vis-à-vis du lieu -0,015 -0,426 0,670 - NS 0,757 1,322 (1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives car la dimension « attachement personnel au lieu » sature sur la partie opposée de l’axe aux autres dimensions après rotation.
d. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et engagement vis-à-vis
du lieu
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 0,000 1,000 Attachement social au lieu de consommation
0,197 5,513 0,000 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,318 9,204 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,392 -10,300 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
e. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et comportement
d’ambassadeur vis-à-vis du lieu
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 0,000 1,000 Attachement social au lieu de consommation
0,059 1,763 0,079 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,529 16,372 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,325 -9,107 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
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f. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et comportement de « fidélité militante »
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 0,000 1,000 Attachement social au lieu de consommation
0,107 3,297 0,001 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,455 14,501 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,395 -11,417 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
g. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et prolongement perçu
de la durée de visite
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 79,887 0,000 Attachement personnel au lieu de consommation
-0,249 -6,006 0,000 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,392 10,436 0,000 0,798 1,254
Attachement social au lieu de consommation
0,192 4,929 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
h. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et idéalisation du lieu
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 61,504 0,000 Attachement social au lieu de consommation
0,156 4,364 0,000 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,587 17,033 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,123 -3,238 0,001 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.