UN MIRACLE POUR MATT - ekladata.comekladata.com/...serie-des-freres-Reed-Tome-7-Un-miracle-pour-Matt.pdf · UN MIRACLE POUR MATT. TAMMY FALKNER. TABLE DES MATIÈRES Dédicace Mentions

UNMIRACLEPOURMATT

TAMMYFALKNER

TABLEDESMATIÈRES

DédicaceMentionslégales

Chapitre1Chapitre2Chapitre3Chapitre4Chapitre5Chapitre6Chapitre7Chapitre8Chapitre9Chapitre10Chapitre11Chapitre12Chapitre13Chapitre14Chapitre15Chapitre16Chapitre17Chapitre18Chapitre19Chapitre20Chapitre21Chapitre22Chapitre23Chapitre24Chapitre25Chapitre26Chapitre27Chapitre28Chapitre29Chapitre30Chapitre31Chapitre32Chapitre33Chapitre34Chapitre35Chapitre36Chapitre37Chapitre38Chapitre39

Dumêmeauteur

Pourtousceuxd’entrevousquiontététouchésparlecancer.

Copyright©2016byTammyFalkner

UnMiraclepourMatt

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Celivreestuntravaildefiction.Lesnoms,personnes,endroitsetévénementssontlerésultatdel’imaginationoufictifs.Touteressemblanceavecdesévénementsoudespersonnesréelles,existantesouayantexisté,n'estquepurecoïncidence.

RéaliséavecVellum

S

1

kylar

CESERAITUNEBELLEJOURNÉE,s’iln’yavaitpascecercueiletcestroisenfantsauxvisageshumidesetauxyeuxrougisassisàcôtédemoiaupremierrang.Leservicen'apasencorecommencé,etlesgenscontinuentàsedirigerversmademi-sœur,Kendra.Certainsd'entreeuxluimurmurentdesmotsdouxettendentlamainpourtouchersamainfroide.Moiaussi,jel’aitouchée.Pourlasecondeetdernièrefois.C’estlasœurquejen’avaisjamaisrencontréeavantlejourdesamort.

Jesursautequandlebanctremble.Seth,l’aînédesenfantsdeKendra,sautesursespiedsetcrie:«Grand-père!»

Grand-père?Quoi?Ilaungrand-père?Jelèvelesyeuxetvoismonproprepère.Ilestici?Hein?IlprendSethdanssesbrasetleserrefort.Puisillerepousselégèrementetleregardedanslesyeux.«Tutienslecoup?»demande-t-ilcalmement.

LesyeuxdeSethsedéplacentverslecercueil.«Ҫapeutaller»,dit-il.Ilessayedefairebonnefigure.Jepeuxl'entendred’oùjesuisassise.

PapaprendlevisagedeSethdanssesmainsetleregardedanslesyeux.«Toutvabiensepasser»,dit-il.«Elleestdansunmeilleurendroit.»Ilmeregardepar-dessusl'épauledeSeth.«EtvousavezSkylarmaintenant»,murmure-t-il.Sethhochelatête.

Unmeilleurendroit?Etmoi,quandpourrais-jeallerdansunmeilleurendroit?N’importeoùseraitmieuxquedanscetteégliseoùmonpèreestentrainderendrehommageàsafilleillégitime.

Papasedirigeversmoietm’embrassesurlajoue.«Commentvas-tu,Sky?»demande-t-il.Ilestloind’êtreaussiaimableavecmoiqu’avecsespetits-enfants,dontj’ignoraisd’ailleursl’existencejusqu’àilyaquelquesjours.

«Trèsbien»,aboyé-je.Papas’assiedetfaitunsignedudoigtauxfillesdeKendrapourleurdiredevenir.Lapetite,quia

troisans,grimpesursesgenoux,etlagrande,quiacinqans,s’appuiecontrelui.Ilpassesonbrasautourd'elleetlaserrecontredelui.Ilconnaîtcesenfants.Illesconnaîtbeaucoupmieuxqu’ilnemeconnaît.Cam’énervetellementquejemetortillesurmonsiège.

D’unfroncementdesourcil,papam’avertitsubtilement.J’arrêtedebouger.Ilfaudraquej’apprenneàfaireceregardmoiaussi,maintenantquejesuismaman.Oui.Jesuismaman.Monpèreestvenumevoirilyaenvironunesemaineetm'ademandémonaide.

Etbing!maternitéinstantanée.«Skylar»,ditPapatranquillement.«J’aibesoinquetumerendesunservice.»

Jelèvelesyeuxdemescannellonisetmeforceàsourire.J’auraisdûdevinerqu'ilvoulaitquelquechose.Ilnem'auraitjamaisinvitéeàdéjeunerautrement.«TuasencoreeuunPVpourexcèsdevitesse?»demandé-je.Jesuisavocatedepuislemoisdernier.

«Non»,dit-illentement.Ilnemeregardepasdanslesyeux.«C’estausujetdeKendra.»Jelaissetombermafourchette,etelleclaquebruyammentcontremonassiette.Jelarattrapenon

sansmal,puism’arc-boutesurmespaumesposéesàplatsurlatable.«Qu'est-cequ’ellea?»demandé-je.

JesaisquiestKendra.C’estlafillequemonpèreaeueavecsamaîtresse.J’aidécouvertçailyaquelquesannées,quandmamèreavidésonsaclorsd’unegrossecuite.Etaremplilemienparlamêmeoccasion.

Kendraestlafillequemonpèreaimait.Samèreétaitlafemmequ'ilaimait.Mêmesimonpèreétaitmariéavecmamère.Mêmes’ilavaittroisenfantsavecmamère.Mêmesinousétionslafamilleparfaiteavecunemaisonsurlacollineetunemaisond'étéauCap.Notrefamillen’aétéparfaitequejusqu'àcequenousdécouvrionsqu'ilenavaituneautre.Unequ’ilaimaitvraiment.

IlamenéunedoublevieaveclamèredeKendra,jusqu'àsamort.Ilspartagaientunappartement,etilsonteuunefille.Papaafaitdesallers-retoursentrenotremaisonetlaleurpendantdenombreusesannées,maisiln'étaitjamaisvraimentprésentquandilétaitdanslanôtre.Mamèreétaittropamère.Alorsils’estéloignédeplusenplus.Ilrestaitavecelles.

Puis,soudain,unjour,ilestrevenu.Sesyeuxétaientbordésderouge,etils’estretirédanssonbureauavecunebouteilledeGlenlivet.Iln’enestpassortipendantdesjours.Quandilafinalementémergé,mamères’estbaladéependantunesemaineenchantant,«Danslajungle,terriblejungle,lasalopeestmortecesoir.»Kendraétaitdéjàadulteàcetteépoque,etmariée.

Maisj’airécupérémonpèreaprèscejour-là.Jenecomprenaispasdutoutcommentçasefaisait.Al’époque,jenesavaispasqu'ilavaituneautrefille.Uneautrefemmequ'ilavaitaimée.Uneautrevie.Maisc’étaitlecas.Etmaintenant,ilveutparlerd’elle?

«Kendraestentraindemourir»,dit-il.Sesyeuxseremplissentdelarmes,maisilneleslaissepascouler.Ilclignefurieusementdesyeux,etsonvisages’empourpre.

«Oh»,dis-je.Querépondreàça?Lasalopeestmortecesoir...«Qu'est-cequis’estpassé?»«Elleauncancer.Ellel’asuquandelleétaitenceintedesafillecadette,Mellie.»Ils’essuieles

yeuxavecuneservietteentissuetfaitsigneauserveurdeluiapporterunverre.«Jel’aifaiteentrerdansunprotocoledechimiovraimentfantastique,maisellevoulaitattendrequeMelliesoitnée.»Ilpousseunsoupir.«Siellen’étaitpastombéeenceinte,elleauraitpus’ensortir.Elleauraitpuavorter,maisellearefusé.Elleatropattendu.Lecancervagagner,etellen'apersonnepours’occuperdesenfants.»

Jenerespireplus.Mapoitrineresteimmobile,etj’ail’impressionquejevaism’évanouir.Papapousseunverred'eauversmoi,etjeleporteàmeslèvres,toussottecontrelerebord,prendunegorgée,avaleetrespire.Jeprendsuneautregrandeinspiration.Etj'attends.Parcequ’ilyaautrechose.Ilyatoujoursautrechoseavecmonpère.

«Elleatroisenfants.Sethaseizeans.Joeyacinqans.EtMellieatroisans.»Ilcouvremamainaveclasienneetlaserre.«Ilsn’ontquemoi.Etjenepeuxpaslesprendre.»Ilserassoitetsefrottel’arêtedunez.«Tusaiscommentesttamère»,explique-t-il.

Oui,etjesaiscommentmamèreaététrahie.Oui,jesaiscommentmamèreadécouvertqu’ilavaitunemaîtresse.Oui,jesaiscombienmamèreleshait.Parfois,jepensequ'ellemedétesteaussi.C’estduràdire.Jenepensevraimentpasqu'elleaimequiquecesoitouquoiquecesoit.

Ilmeregardedanslesyeux.«J’aibesoinquetum’aides.Cesonttesniècesettonneveu,quoiquetamèreaitputedire.»

Jesuisabasourdie.Absolumentabasourdie.«Tulesaimes»,dis-jecalmement.

Ilhochelatête.«Oui.»«Tul'aimes.»Lesmotsrésonnentdanslapiècecommedescoupsdetonnerre.«Oui.»Jemepencheenarrièresurmachaise.«Puis-jetedemanderquelquechose?»Ilhochelatête.C’estunpetitmouvementrapide,maisjelevois.«Qu'est-cequ'ellest’ontdonnéqu’onn’apasputedonner?»demandé-je.Jenepleuremême

pas.Jeposejustelaquestion.J’aitoujoursvoulusavoir.«Tamèrenem’apasaidéàfairepartiedenotrefamille,aucontraire»,dit-il.«Aprèsqu’elleait

découvert…»Illèvelamainpourm’arrêterquandj’ouvrelabouchepourrâler.«Attends»,dit-il.«Écoutecequej’aiàdire.»

J'acquiesce.Jenepourraispasparlermêmesijelevoulais.«Jevousaimais,toi,tonfrèreettasœur.Maisj’aimaisaussilamèredeKendra,etj’auraisdû

divorcerd’avectamèreetrompredéfinitivement.»«Etnouslaisser»,dis-je.«Non,jevousauraisprisavecmoisij’avaispu.Maisjenepouvaispas.Votremèrem’aurait

ruinéfinancièrement,etj’auraispudépasserça,maiselleauraitobtenuvotregarde.Etjen’auraispaspuvouslaisseravectoutecettehaine,sansaumoinsessayerdefairetampon.»Jenemesouvienspasdeluicommed'untampon.Ilestpourmoil’hommequejen’aijamaisconnu.Ilfermesonpoingetleserrefort.«Voilàpourquoijenesuisjamaisvraimentparti.Tamèreestplusqu'unpeuvindicative,commetulesais.»Ilfrottesamaindanssescheveuxd’unblancparfait.«Parfois,jepensequ'elleauraitétéd'accordsilamèredeKendraavaitétéblanche.»

Quoi?LamèredeKendran’estpasblanche?Monpèreaeuuneliaisonavecunefemmed'uneautrerace?

«Situfaisçapourmoi,tamèreseratrèsencolèrecontretoi.»Sansdéc?Ellevamehaïr.Maisjepensequec’estdéjàlecas,detoutefaçon.«Jecomprendraisquetudisesnon»,dit-ilensoupirant.«Maisilsn’ontpersonned'autre.»«Oùestlepère?»demandé-je.Ilhausselesépaules.«LESpères!»,dit-il,enarticulantlemot.«Sethaunpèrequilevoitune

oudeuxfoisparan,etlepèredesfillesaunenouvellefamilleetpasassezdetempspourelles.»«Alors,qu'est-cequetuveuxquejefasse?»demandé-je.Jejettemaserviettedansmonassiette.

Mescannellonisbouillonnentdansmonestomac.«Jeveuxquetuaillesleschercher.»«TuasdemandéàTim?OuàLydia?»C’estmonfrèreetmasoeuretilssonttouslesdeuxplus

âgésquemoi.Ilsecouelatête.«Ilsontunefamille.»«Etmoinon.»Merde,jen’aipersonne.Personneàpartunpetitamiquejenevoispresque

jamais.Mamèreestunecinglée,etlecœurdemonpèreestréservéàuneautrefamille.«Tuescélibataire.Tuseraisformidableaveceux.»Ilbaisselavoixetregardeautourdelasalle.

«Tunelesregarderaspascommedesenfantsmétisindésirables.Tulesaimeras.Jesaisquetulesaimeras.»Ilmedévisage.«Veux-tuaumoinslesrencontrer?S'ilteplaît?Jesaisqueceseraundéfi.Tuaurasbeaucoupàapprendre,maisSethaseizeans.Ilsaitbiens’occuperdespetites.Merde,dansdeuxans,ilpourrademanderlui-mêmeleurtutelle.C’estcequ'ilveut.»

Papamesupplie.«Jenet'aijamaisriendemandé»,dit-il.C’estvrai.Iln'ajamaisdemandéquejeluifasseunbisoupourluisouhaiterbonnenuit.Ni

d’autreschosesquelespèresdemandent.Enfin…illesaprobablementdemandéesàKendra.«J’irai»,dis-je.Cenesontquedesenfants,aprèstout.Etlesenfantsontbesoind'êtreaimés.Je

nel’aipasété,maisjepeuxaméliorerlesortdesenfantsdeKendra,n’est-cepas?Ilyaunetoutepetitepartiedemoiquiveutrendremonpèrefier.Pourqu’ilm’aime.

Ilsedégonflecommeunballon,etsoncorpssedétend.«Oh,merciMonDieu»dit-il.Ilposeunemainsursapoitrine.Puisilselève,mesoulèveparlescoudes,etmetireverslui.Jenemesouvienspasd’avoireuunjouruncâlindelapartmonpère,etjenesaispasquoifaire.Ilmetientcommeça,respirantmescheveuxausommetdemoncrânependantunmoment.Puisilmerepousselégèrement.Sesyeuxbrillentdelarmesrefoulées.«Merci»,dit-il.«Mercibeaucoup.»

Jehochelatête.Jenepeuxrienfairedeplus.J’ail’impressionquequelqu'unaprismesentraillesetmelesafourréesdanslagorge.

JESUISBRUTALEMENTARRACHÉEàmessouvenirslorsquequelqu'uns’assiedàmagauche.JelèvelesyeuxetreconnaisinstantanémentMatthewReed.C’étaitunamideKendraducentreanti-cancer.J’ysuisalléejusteavantlamortdeKendrapourprendrelesenfants.Mattattendaitavecelle.IlestrestéavecSethpourqu’ilssoientlàtouslesdeuxquandellerendraitsonderniersoupir.J’aiemmenélespetitesàlamaison;jepensaisqu’ellen’avaientpasbesoindesesouvenirdeleurmèrecommeça.

Sesyeuxbleusplongentdanslesmiensetilmetendlamain.Ilneditrien.Jelèvelesyeuxverslui.Ilporteuncolroulébleusousunechemisenoire,avecuntrèsbeaupantalonetunveston.Iltiresurlehautducolroulé,etjepeuxapercevoirsestatouages.

«Tuestrèsenbeauté»,dis-je.Jeluisourisparcequejenesaispasquoifaired'autre.«Merci»,dit-ilcalmement.Sescheveuxblondssontretenusparunelanièredecuirsursanuque,

maisunemèchetombedevant,etillarepoussederrièresonoreille.Ilaunerangéedepiercingsenhautdupavillondesonoreille,etjelescomptedansmatête.J’aisoudainunirrepressibledésirdevoirsescheveuxpendrelibrementautourdesonvisage.

Iljetteuncoupd’oeilàmajupenoireetàmonchemisierblanc.«Toiaussi.»Jepensequejeportaisquelquechosedumêmegenreladernièrefoisquejel'aivu,maisjesouris

quandmême.Ilmeserrelamainetretiresesdoigtsdemonétreinte.Jen’auraisprobablementpasdûluitenirlamainaussilongtemps.Jesuisuneidiote.Ilsepenchepar-dessusmoiettendlamainàmonpère.«M.Morgan»,dit-ilenhochantlatête.«Jesuisterriblementdésolépourvotreperte.»

PapahochelatêteenguisederemerciementetserrevigoureusementlamaindeMatt,puispasseundoigtsoussonnez.Ilrecommenceàparlerauxpetites,etellesseblottissentplusprèsdeluitandisqu’illeurmurmuredesparolesapaisantes.

Mattsepenchepar-dessusmonpèreetentrechoquesonpoingavecceluideSeth.Sethluisourit,maisleprêtresedirigeversl'avantdel'église,etilsfermentlecercueil-Dieumerci-etleservicecommence.

Mattprenddenouveaumamaindanslasienne,etjesensdeslarmesmepiquerlesyeux.Jeclignedesyeuxverslui,etilmesouritgentiment.Ilpressedoucementmamainetécouteleprêtre.Maisilnemelâchepas.

M

2

att

«ELLEAL'AIRSEULE»,ditEmilyenmedonnantuncoupdecoudedanslescôtes.EmilyestlafemmedemonfrèreLogan,etelletientuneplaceàpartdansmoncoeur.Maisparfois,j’aienviedeluirendresescoupsdecoudequandellemepiqueavecsesmembresdécharnés.«Tudevraisvérifierquetoutvabien»,chuchote-t-elleavecvéhémence.Ellesoulèveànouveausoncoude,etjel'attrapeavantqu'ellenepuissemetaper.

«Trèsbien»,aboyé-je.Jemelève,écrasantlespiedsdemesquatrefrèresenmefaufilantdevanteux.Biensûr,jesuisaucentredel'alléeetjedoispasserdevantchacund'eux.Reagan,lacopinedePete,tendlebrasetmepresselamainquandjepassedevantelle.J’aimeReagan,etaussiEmily.MaisEmilyestunpeuplusgrandegueule.Reaganestcélèbrepoursadélicatesse,etEmilyesttoutlecontraire.

J’ajustemonvestonettiresurlecolrouléempruntéàLogan.Iladesvêtementsgratuitsgrâceauxparentsd'Emily,quipossèdentMadisonAvenue,lamarquedevêtementshautdegamme.Jemesenscommeunsingevêtud’unmanteauetd’unhautdeforme.Commeceuxquidansentdanslesfêtesforaines.Danse,singe,danse.

JemelaissetomberdanslesiègelibreàcôtédeSkylar,lademi-sœurdeKendra,etjetendsmonbraspourluiserrerlamain.Ellelatientunesecondedetrop,etçanemedérangepas.Elleal'airfatiguée.Sonpèreestassisàcôtéd'elle,maisilpourraitaussibienyavoirunocéanentreeux.Enl’occurrence,iln’yaquequelquescentimètresmaismêmemoijepeuxsentirleclivage.

JeluiserrelamainetentrechoquemonpoingavecSeth.Sethetmoiétionstouslesdeuxavecsamèrequandelleestmorte.Nousavonspartagélemomentleplusdifficiledesavie,etc’estquelquechosequejen’oublieraijamais.

J’airegardéKendrarendresonderniersoupir,ettoutcequejepouvaispenserc’étaitquej’avaisdelachancedenepasêtreàsaplacedanscelit.Ҫaauraitpusifacilementêtremoi.Kendraetmoiétionsdanslemêmeprotocoledechimio,maismasantés’estamélioréeetmoncancerestentréenrémission.Paslesien.

Elleestmorte.Jesuisenvie.JeregardeSkylar.ElleneressembleenrienàKendra.Kendraétaitmétis,elleavaitlapeaucouleur

cafésucré,etellegardaitsescheveuxnaturelsmaiscourts.Skylaralapeauclaire,elleestblondeauxyeuxbleus.Elleadeslunettesdesoleilincrustéesdestrassqu’elleapousséessurlesommetdesoncrânepourempêchersescheveuxdetombersursonvisage.Ilsondulentenvaguesjusqu’àlamoitiéde

sondos.Leprêtrecommenceàparleràl'avantdel'église,etSkylarfermelesyeux.Elleserresesmainssur

sesgenoux,etjenepeuxpassavoircequisepassedanssatête.Etpourtantj’aimerais.Jetendslebraspourprendresamaindanslamienne,sansmêmeypenser.Jeposenosdoigts

entrelacéssurlesiègeentrenous,etjepressegentimentsamain.Ellelèvelesyeuxversmoietclignelentementsesjolisyeuxbleusétonnés.Puissonregardseradoucitetcettefoiselleclignedesyeuxenmeregardantvraiment.Ellepressemamainàsontour,etjenelalâchepas.Jelatiensjusqu'àcequenosdeuxpaumescommencentàtranspirer.

Jesuistellementabsorbéparlasensationdesamaindanslamienneetledouxronronnementduprêtre,quejesursautequandunetouxmetiredematranse.Jelèvelesyeuxetvoisungrandmecquimeregardedehaut.Ilpoussemongenou.«Jepensequevousêtesàmaplace»,dit-il.

JeregardeSkylar,etelleestaussichoquéequemoi.Elleretiresamaindelamienneetl'essuiesursajupe.Jemepousse,etils’installeàcôtéd'elle.Ilpasseunbrasautourdesesépaules,etellesepenchepourpresserseslèvressurcellesdumec.C’estunbaiserrapide,etjemedemandes’illefaitsouventetsic’esttoujoursaussichaste.

Super,maintenantjemedemandecequeçafaitdel'embrasser.Merde.Commentçasefait?Finalement,ilssortentlecercueildel'église,etnousallonsjusqu’àlatombe.Jeportelecercueil,et

mesfrèresaussi.Mesfrèressontvraimentbonspourcegenredechoses.J’aiproposéleursservicesquandM.Morganm'aappelépourmedemandersijepouvaislefaire.

Jeprendsl'œilletaccrochéaureversdemaveste,leposesurlecercueil,etvaismepositionneravecmesfrèresderrièrelafoule.

Emilypassesonbrassouslemien.«C’estquicemec?»demande-t-elleenhochantlatêteversl'hommequiestàcôtédeSkylar.

Jehausselesépaules.«Aucuneidée.»«Elleaunpetitami?»demandeReagan.Mesfrèressontsilencieux.J’aimeraisqueLoganetPetedisentàleurscopinesdelafermerpendant

quelquesminutesetd’arrêterd'êtresicurieuses.JetapeEmilysurleboutdunez,etellefroncesonvisage.«Arrêted'êtresicurieuse»,luidis-je.

JepassemonbrasautourdeReaganetlatireversmoi.J’aimequandelleesttoutedoucecontremoi,parcequequandellenel’estpas,elleseraitcapabledemecouperlatêteenuneprisedekaraté.J’aiétédumauvaiscôtéd’uneReagansurpriseunefois,etjen’aipasenviedemeretrouverdanscettesituation.

«Tuvasbien?»demande-t-ellecalmement.Jepousseunsoupir.«Ҫapeutaller.»Jesecouelatête.«Jenepeuxtoujourspascroirequ'ellesoit

partie»,dis-je.Reaganm’embrassesurlajoue,puiseffacedupoucelestracesderougeàlèvresqu’elleadûlaisser

surmapeau.Ellesourit.«Jesuiscontentequetuaillesmieux»,dit-ellecalmement.Jelaserrecontremoi.«Moiaussi.»Maismerde.Jemesenscoupable.Kendraalaissétroisenfantsderrièreelle.JevoisSkylars’avancerversnous,etEmilyetReaganfontunpasenarrière.Lestalonsdedouze

centimètresdeSkylars’enfoncentdanslaterre,cequilafaitunpeuchanceler.Jetendslamainpourl'aideràreprendresonéquilibreensaisissantsoncoude.Elles’arrêteenfacedemoi.

«Mercid'avoirétélàavecelle»,ditSkylardoucement.«C’étaitmonamie»,expliqué-je.Jenesaispasquoidired'autre.Ellemeregardedanslesyeux.«Elleabeaucoupsouffert?»demandet-elle.Ellesecouelatête.

«J’aiessayédeparlerdeçaàSeth,maisengénéralilfaitcommesijen’existaispas.»Jefourremesmainsdansmespoches.«Qu’est-cequetuveuxdire?Iltedonnedufilàretordre?»Ellesecouedenouveaulatête.«Non.Ilestparfait.Ilemmènesessœursàlagarderielematinet

vientleschercheraprèsl'école.Illesnourrit,etilleslave.Ilnemelaisserienfaire.Jepensequejesuisjusteunparamètrefictif.»Ellepousseunprofondsoupir.

Jemegrattelatête.Jenesaispascommentluidirecequejevoudraisdire.«Quoi?»demande-t-elle,enfronçantsessourcilsdélicats.«Kendraluiademandéd’êtregentilavectoi»,avoué-je.«Quandelleétaitmourante,elleluia

expliquécertaineschosessurlafaçond'êtreunhommebien.Ouvrirlaportedelavoiture.Apporterunmouchoirlorsdesrencards,aucasoùellepleurerait.Nejamaislalaisserpayerledîner.»Jeprendsunegrandeinspiration.«Etelleluiaditd’êtregentilavectoi.»

Elleouvrelabouchecommesiellevoulaitdirequelquechose,maisriennesort.Elleestsansvoix.Ellelarefermehermétiquementetserreleslèvres.«Qu'est-cequ’elleluiaditd’autre?»

«Justedestrucsnormauxsurlamort»,dis-je.C’étaitpoignant.J’aiétéobligédequitterlachambrepournepaslesdérangeravecmessanglots.Ducoupj’aimanquédestrucs.

«Jenesaispasquoifaireaveclesenfants»,dit-elle.«Ilsn’ontvraimentpasbesoindegrand-chose»,dis-je.«Justequetulesaimes.»«J’essaye»,dit-elle.J’aienviedeposermamainsursoncrâneetdelalaisserglisserjusqu’enbasdesescheveux.Je

pariequ'ilssontdouxcommedelasoie.«Je,euh,j’auraisdûteprésenteràmonpetitami»,dit-elle.«Tuveuxlerencontrer?»Jesecouelatête.JelevoisparleravecM.Morgan.LepèredeSkylarn’apasdutoutl’air

impressionné.«Quandtu,euh,tuasprismamain...»dit-elle.«J’auraisdûteledire.»«Pourquoi?»Jelaregarde.Ellem’arriveàl’épaule,mêmeavecsestalons.«Je,euh,jenevoulaispasquetutefassesuneidéefausse.»Cettefois,c’estmoiquihausselessourcils.«Pourquoipenses-tuquej’aipristamain?»Ellerougit.«Jenesaispasvraiment»,dit-elle.Jeprendssonpoignetdansmamainetlepressegentiment.«J’aipristamainparcequetu

tremblais»,dis-je.«C’esttout.»Elletremblemaintenantaussi,maisjelalâche.«Oh!»souffle-t-elle.Elletientsontéléphoneserrédanssamainlibre,alorsjeleluiprendetm’ajouteàsoncarnet

d'adresses.«Tuveuxmerendreunservice?»dis-je.Ellelèvelesyeuxversmoi,puissonregardrevientversletéléphone.«Appelle-moisituasbesoindequelquechose.N’importequoi.Jel'aipromisàleurmaman.»«D'accord»,répond-elle.«Mercipourtout.»Sesyeuxbleuscroisentlesmiens,etjen’aijamaisvu

quelqu'unquial’airaussiperdu.Maisellefroncelessourcilsetsonregardsedirigeversunpointau-delàdemoi.«Merde»,lance-t-ellesoudain.

«Quoi?»demandé-jeenregardantpar-dessusmonépauleverslaberlinequivientdesegarer.«Mamèreestlà»,dit-elle.Elleredressesesépaules,etjevoistoutàcoupuneétincellequin’était

paslàilyauninstant.«Peux-tusurveillerlesenfantsuneminute?»demande-t-elle.«Pourquoi?»«Parceque»,dit-elle.Elleserrelesdentsetmeregarde.«Promets-lemoi.Nelalaisseapprocher

desenfantssousaucunprétexte.»Qu’est-cequisepasse?Jeregardeànouveaulaberline.Laportières’ouvre,etuneversionplus

vieilleetbeaucoupplusduredeSkylarsortdelavoiture.«D'accord...»dis-jelentement.Skylarhochelatête,seredresse,ets’avanceverssamère.LarigiditédesonattitudemerappellemapropremèrequandJohnnyRicklesm’avaitcolléunpapier

avec“Donnez-moiuncoupdepied”dansledosetavaitregardélesautresenfantssemarrer.Mamèreavaitpétélesplombsenvoyantça.C’estunregardquiditqu’ilfaudraluipassersurlecorpsavantde

toucherauxenfants,etjecroisquejeviensderencontrerlanouvellemamandeSeth,MellieetJoeypourlatoutepremièrefois.Elles’appelleSkylarMorgan,elleestminuscule,magnifiqueetgéniale.

S

3

kylar

JENESAISPASpourquoielleestici,maisjesaisqu'ellenepeutpasrester.Mamanrepousselavoilettenoiredesonchapeaudedevantsesyeuxetmesourit.«Bonjour,machérie»,dit-elle,ensepenchantjusteassezpournepasmetouchertandisqu’elledéposeunbaiserdansleventprèsdemajoue.Sonhaleinepuelewhisky,etelletitubelégèrement.

«Qu’est-cequetufaisici?»sifflé-je.Jefaisreculermamèreverslavoiturejusqu'àcequ'ellesoitdeboutdevantlaportièreouverte.Sonchauffeursemblemalàl'aise,etçamefaitdelapeinepourlui.

«Jesuisvenuefairemescondoléances,chérie»,dit-elle.Savoixestmielleuse,maisiln’yariendedouxchezmamère.

«Remontedanslavoiture,maman»,dis-je.Jefaisungesterapidedelamain.«Cen’estpasunefaçondetraitertamère»,dit-elle.Savoixestunpeumoinsdouce,maislemasque

n’estpastombé.Pasencore,entoutcas.«Maman»,avertis-jeengrognant.Ellepousseunsoupir.«Jevoulaisjustefairemescondoléances»,redit-elle.«Envoie-leurunecarte»,dis-je.Sonregardtraverselecimetièrejusqu’àlatombe,etelleplisselesyeux.«Cesontlesenfants?»

demande-t-elle.Ellegrimacecommesiellesentaituneodeurdésagréable.«Non»,dis-je.«Alorssoisgentilleetdis-moioùilssont,machérie»,dit-elle.«Jeveuxlesrencontrer.»«Non»,aboyé-je.«Rachel»,lancemonpèreensedirigeantversnousàgrandspas.«Oh,bonjour!»gazouillemaman.«Montedanslavoiture,Rachel»,dit-il.Ilprendmamèreparlecoudeetlapousseàl'intérieur.«Mais…»crache-t-elle.Ilrefermelaportièrearrièresurelleets’adresseàsonchauffeur,quise

tientaugarde-à-vousprèsdelavoiture.«Roulez!»dit-il.«Oui,monsieur»,répondl'homme,etilseglissesurlesiègeconducteur.«Jet’appelleraidemain»,ditpapa.«Jedoislafairedéguerpird'ici»,expliquet-il.J'acquiesce.«Maispourquoiest-ellevenueici?»demandé-jepluspourmoi-mêmequepourlui.«Parcequ'ellenecontrôlepascettepartiedemavie»,réplique-t-il.Jeregardepapa.«Tunetedemandesjamaiscequ’auraitététaviesitunet’étaispasmariéavecma

mère?»laissé-jeéchapper.Jenesaispaspourquoijedisça.Ilappuieseslèvressurmonfronttrèsrapidement.«Jamais.Parcequejenet’auraispaseue.»Monestomacseserreetj’ailatêtequitourne.«Quoi?»«Skylar,jet’aime»,dit-il.Puisilseglissedanslavoitureavecmamère,etilsquittentlecimetière.

Jeregardejusqu'àcequelesfeuxarrièredelavoituredisparaissentdanslelointain.«Toutvabien?»demandeunevoixquis’approchedemoi.JelèvelesyeuxetvoisMatthewReedet

quatrepersonnesquiluiressemblenténormément.«Trèsbien»,dis-je,enagitantmamainavecdésinvoltureparcequejenesaispasquoienfaire.

«C’étaittoutsimplementmamèrequiessayaitdesemêlerdequelquechosequinelaregardepas.»Mattplisselesyeuxmaisneditrien.Ilmontreleshommesquisetiennentàsescôtés,meles

présentantunparun.«Mesfrères:Paul,Logan,SametPete.»Chacund'euxmetendlamain.Ilyaégalementtroisfemmesaveceux.«EtvoicilafemmedeLogan,Emily,ettuconnaisdéjàReagan.»J’airencontréReaganparhasardlejourdelamortdeKendra.Nousavonsfaituntrajetenvoitureensemble.

Ladernière,unejoliefilleauxcheveuxnoirsavecdestatouagesjusquesurlecôtédesanuquefaitunpasenavantetmetendlamain.«Friday»,dit-elle.

«Onestsamedi»,dis-je.Ellerit.«Non,jem’appelleFriday»,explique-t-elle.Elles’appuiesurleplusgranddesfrères-je

croisqu’ils’appellePaul,maisilssontsinombreux-etilpasseunbrasautourdesesépaules.«Jetravailleaveccesgrandsdadaisausalondetatouage.»

«Salondetatouage?»dis-je.Jedoisressembleràunperroquet,cartoutcequejesuiscapabledefairec’estrépétercequetoutlemondedit.

«ChezReed»,ditMatt.«Nousytravaillonstous.»«Oh»,soufflé-je.Jesuisgénéralementbeaucoupplusloquacequeça.Dumoins,jel’espère.Jeregardeau-delàdesfrèresetj’aperçoisSethetsessœurs.Chacuned’elleluitientunemain.Tout

lemondeadéjàquittélecimetière.Onestrestéslàsilongtempsqueça?Mattdésignesesfrèresd’ungestedelamain.«Nousallionschercherunepizza»,dit-il.«Nous

avonspenséquetuvoudraispeut-êtreveniravecnous.»LapizzadeNewYorkestundemesalimentspréférés.«Jenesaispas»,dis-jeavechésitation.Seth

s’estapprochéavecsessœurs,doncjeleurjetteuncoupd’oeil.Ilal'airpleind'espoir.Jenel'aipasvus’intéresseràquoiquecesoit,misàpartlebien-êtredesessœurs,depuismaintenantunesemaine.Jesoulèveunsourcil,pourluidemandercequ’ilaenviedefaire.

Ilhochelatête.Puisilregardeauloin,presquecommes’ilavaitpeurdecettesensationd'espoir.Ilregardeverslecercueilqu’onestentraindedescendredanslesol.

«Nousserionsravisdenousjoindreàvous»,dis-je.JoeyregardeSethetdemande:«Est-cequemamanvavenir?»Toutelasemaine,Sethaessayédedireauxpetitesqueleurmamanestpartie,etellesnesemblentpas

avoirsaisileconceptdemort.Ellescontinuentàattendrequ’ellefranchisseleseuildelamaison.«Non,»ditSeth,etjevoisqu’ilessayedefairebonnefigure.«Mamannepeutpasvenir.»«Peut-êtreplustard»,dit-elledoucementtandisquesonvisageseferme.Illasoulève,etelleposela

têtesursonépaule.Mellieluiprendlamain,etnousmarchonsverslesvoituresduconvoifunéraire.«Ricoestjusteàquelquespâtésdemaisonsd’ici»,expliqueMatt,enregardantlavoiturecommesi

elleallaitlemordre.«Vousvouleznousrejoindrelà-bas?»«Nousallonsmarcheravecvous»,ditSeth,etilscommencenttousàsedirigerverslapizzeria.Je

regardetoutautour,pensantvoirPhillip,monpetitami,maisiladûpartir.Celanemesurprendpas.Paslemoinsdumonde.JesorsmontéléphoneetluienvoieuncourtSMS.

Moi:Oùes-tu?Jefourremontéléphonedansmapoche.

Nousmarchonstousàlaqueue-leu-leu,Mattetmoifermantlamarchecôteàcôte.«Commentçasepasse?»demande-t-il.«C’esthorrible»,avoué-je,etjesensleslarmestantredoutéespiquermesyeux.Mattsortun

mouchoiretmelepasse.Jeleprendsetmetamponnelesyeux.«C’estcarrémentdur.Lesenfantsnemeconnaissentpas,etSethn’apasvraimentenviedemelaisserfaireconnaissanceaveclespetites.Ilnemelaissemêmepasleurlireunehistoirelesoiraucoucher.Ilcuisine,ilnettoie,ilfaitlalessive,ilfaittout,etjenemesuisjamaissentieplusinutiledemavie.»JelèvelesyeuxetréalisequeMattécoute.Ilestvraiment,vraimentàl'écoute.

«ҪafaitlongtempsqueSeths’occupedesessoeurs»,ditMattdoucement.«Ilesthabituéàtoutfairelui-même.Illefaisaitquandsamèreétaitenchimio.Etill'afaitpendanttoussestraitements.C’estnormalpourlui.Ҫanelederangepasparcequ’ilneconnaîtqueça.»

«Lespetitescontinuentàdemanderquandc’estqu’ellevarevenir,commesielleétaitenvacancesouaubureau.»Magorgeestsigonfléequej’ail’impressionquejevaisétouffer.

Ilgrimace.«Çadoitêtredifficile»,dit-il.«J’aimeraisjustesavoirquoifairemaintenant»,avoué-je.Jenesaispascommentêtreunemaman.

Jenesaispasquoifaireencasdefièvre,etjesaisàpeinechangerunecouche.Dieumerci,lapluspetiteestpresquepropre.Bienquejesoisentraind’apprendreàchangerlescouchesparpurenécessité.Vousenmettezunedetraversetc’estfoutu.

«Tucompteslesgarder?»demande-t-il.«Jenesaispascequejevaisfaire»,avoué-je.«Jenesaistoutsimplementpas.Jenedoispas

retournerautravailtoutdesuite.Ilsmelaissenttravaillerdechezmoi.Enfin,paschezmoi,chezKendra.»

«Tuesencorechezelle?»demande-t-il.J'acquiesce.«Pourl'instant.Jepensaisqueçaseraitmieuxpoureuxd'avoirunendroitfamilier,

d’êtreentourésdeleursjouets,dedormirdansleurspropreslits,etd’êtreparmilesobjetsquiappartiennentàleurmaman.Dumoinspourlemoment.»

Mattprendmoncoudedanssamainets’arrête.«Skylar»,dit-il.«Quoi?»Jeregardedanssesyeuxbleusetjesuispresquesurpriseparl'intensitédesonregard.«Peux-tulesaimer?Lesaimervraiment?Parcequ'iln'yapasdehonteàadmettrequetunelesveux

pasouquetunepeuxpast’enoccuper.Ilsméritentmieux.»«Oui,ilsméritentmieuxquemoi,»murmuré-je.«Maisjesuistoutcequ'ilsont.»Jerenifle,juste

parcequejenepeuxpasm’enempêcher.«Franchement,Matt»,dis-je,«Jenepeuxmêmepasgarderuneplanted'intérieurenvie.Qu’est-cequejem’imagine?»

Ilrepousseunemèchedecheveuxdemonfront.«Tuveuxsavoircequejepense?»demande-t-il.«Quoi?»soufflé-je.Noussommesaumilieud'uneruebondée,maisjenemesuisjamaissentieaussi

isoléedurestedumonde.«Jepensequetupeuxlefaire.J'aifoientoi.»«Pourquoi?»demandé-je.«Tunemeconnaismêmepas.»«Parcequetut’ensoucies»,dit-il.«C’estdeçaquelesenfantsontbesoin.Quequelqu’unsesoucie

d’eux.»«Tuasdesenfants?»demandé-je.Ilsecouelatêteetunvoiletombesursesyeux.«Non.Jepourraiemprunterlestiensundeces

jours?»Jeris.«Unpeucommedesmorceauxdesucre?»Ilsecouelatête.«Jeneteramèneraispaslesmorceauxdesucre.Parcontre,lesenfants...»Illève

puisabaissesesmainscommes’ilpesaitsesmots.Jeris.

«Jenepeuxpasavoird’enfants»,dit-il.«Oudumoinsleschancessontminces.»Illèvesamainquandj’ouvrelabouchepourposerunequestion.Jesaisqu'ilaeulecancer,maisjenesaispasdequeltypeetquelestsonpronostic.«Nepaspouvoiravoirquelquechoseavraimenttendanceàvousdonnerencoreplusenviedel’avoir.»IlmontreledosdeSeth.«Tuvois,toituenaseutroisàlafois,etmoijenepeuxmêmepasenavoirun.»Ilritetmedonneuncoupd’épaule.Ilcontinuedemarcher,etjeresteàcôtédelui.«Ettonpetitami,qu’est-cequ’ilpensedesenfants?»demande-t-il.

Jehausselesépaules.«Nousn’enavonspasvraimentdiscuté.»«Tunepensespasqu’ilfaudaitlefaire?»Ilfroncelessourcilsenmeregardant.«C’estcompliqué.»Mattprenduneprofondeinspiration.«Jedoistefaireunaveu»,dit-il.«Tuveuxl’entendre?»«Biensûr.»«Dansl'église,quandj’aipristamain,cen’étaitpasqueparcequetutremblais.»Moncœurvacille,maisnousvenonsd’arriveraurestaurant.Ilmepoussegentimentàl’intérieuren

posantsamainaubasdemondos,etlaconversations’achève.Merde.

M

4

att

MESFRÈRESSONTDESPORCS.Jelesaisdepuislongtemps,maiscen’estjamaisaussiévidentquequandilssonttousdansunseulendroit.Etenpublic.SametPetefontunepartiedebrasdeferaumilieudelatabletandisquenousattendonsquelaserveuseapportelanote.MellieetJoeysesontendormies.EllessontallongéessurSethdansdespositionsquisemblentplutôtinconfortables,maisjepensequ'ilal’habitudequesessoeursprennenttoutsonespacevital.SamainglissedistraitementsurledosdeMellie,etillaregardetendrement,avecundouxsourire.Jevaism’asseoiràcôtédelui.

«Commentçava,Seth?»demandé-je.Ilhausselesépaulesetregardepartout,saufversmoi.«Trèsbien»,dit-il.Jehochelatêteetattendsunmoment.Jesuissûrquepersonnenefaitattentionànous,alorsjeluidis

cequej’aisurlecœur.«Jemesouviensquandmamèreestmorte.Lesgensmedemandaitsiçaallait,etjeleurdisaistoujoursoui,maiscen’étaitpasvrai.J’étaisloind’allerbien.»

Illèvebrusquementlesyeuxversmoi.«Tamèreestmorte?»J'acquiesce.Jedétesteparlerdemamanparcequeçam’obligeàparlerdepapa.«Mamèreestmorte.

J’étaisunpeuplusjeunequetoi.Puis,peudetempsaprès,notrepèreestparti,aussi.»Jebalaiemesfrèresdelamain.«Alors,onestrestéstouslescinq.»

Sethpousseunsoupir.«Ҫacraint»,grogne-t-il.Puisillaissetombersatêteenarrière,etjelevoisenfin.Jevoisunepartiedesonépuisement.

«Ҫacraintunmax»,réponds-je.«Maistoutcequetupeuxfairec’estdejoueraveclescartesqu’ont’adistribuées.»JemontredudoigtSkylar,quiestentraindeparleravecReagan,Emily,etFriday.Elleestsijoliequandellesouritquej’enailesoufflecoupé.Maiss’ilyajamaiseuunefemmehorsdemaportée,c’estbienSkylarMorgan.«Commentçasepasseavectatante?»demandé-je.

«Bien»,répond-il.Illaregarde,plusaveccuriositéqu’avectendresse.«Tucommencesàlaconnaître?»Ilhausselesépaules.«Tudevraislalaisserunpeut’aider»,suggéré-je.«Elleaditqu'ellesesentaitunpeuàl'écart.»Sonregardcroiseànouveaulemien.«Ahbon?»J'acquiesce.«Tuespèresqu’ellevajusteresterlàjusqu’àcequetun’aiesplusbesoind'elle?»«Jen’aidéjàplusbesoind’elle.»«Tunepeuxpastoutfairetoi-même,Seth.Personnenelepeut.»Ilmontresapoitrine.«Moi,jepeux.»

«Tuasseizeans.»Sonvisages’assombrit,etc’estlapremièrefoisquejevoisuneémotionsursonvisage.«Jesais

quelâgej’ai.Jesaisaussiquej’aipromisàmamèrequejeprendraisoind'elles».«Ҫateferaitmald’accepterunpeud’aide?»demandé-je.Jepoussesonépaule.«Quandc’estque

laluttecommence?»«Lasemaineprochaine,maisj’iraipas.»Ilfroncelessourcils.«J’aipasletemps.»«Iltefautcombiendetemps?»Ilsoupirelourdement.«C’estdeuxheuresparjouraprèsl'école.Lesmatchesleweek-endetunsoir

parsemaine.MellieetJoeysontdéjààlagarderietoutelajournée.Jenepeuxpasenpluslesfairegarderparunebaby-sitter.»

«Tun’aspasbesoind’unebaby-sitter.Laisse-lesavecleurtante.»JepointemondoigtversSkylar,ellemevoitetplisselesyeux.Jesecouelatêteàsonintention.Ellecomprend,maiselleestquandmêmecurieuse.«C’estelleleurtuteurlégal,Seth.Pastoi.»

Savoixestcalmequandilparle,sicalmequejepeuxàpeinel'entendre,maisjedevinelesmots.«Jecrainsquesijeluiendemandetrop,elles’enaille.Alorsoniraitdansdesfoyersd'accueiletonseraitséparés.Personned'autreneveutnousprendre.»Samâchoireclaquetandisqu’ilserrelesdents.«Tusaisqu’ilsontdemandéàmonpèredenousprendretouslestrois?»

Jenelesavaispas.«Et?»«Etiladitqu'ilmeprendrait,maispasMellieetJoey.»Illesregardeetsonregards’adoucit,mais

ilesttoujoursencolère.«Tuterendscompte?Illesdonneraitàquelqu'und'autre.N’importequid'autre.Mamèreenauraitfaitunejaunissesielleavaitsuça.»Ilsecouelatête.«Ҫacraint.»

«Ҫacraintunmax»,dis-jedenouveau.Sethsourit.«Ҫacraintunmax»,répète-t-il.Petemarchedevantmoi,etjetendslamainetpoussesahanche.Ilmeregarde.«Lesgars,vousêtes

entraindeparlerdemoncul?»demande-t-il.Ilsetournepourregardersonculcommesic’étaitlahuitièmemerveilledumonde.«Merde,jesaisqu'ilestbeau,maisquandmême!»

Jevisesesfessesetluidonneuncoupdepiedpourlepousserdecôté.IlsedépêchedesecacherderrièreReagan.«Regardecequ'ilafait,princesse,»dit-il.«Ilm'afrappé.»Ilpassesesbrasautourd'elleetluidit:«Valuibotterleculpourmoi,allez!»Illapousseversmoi.ToutlemondesaitqueReaganestexperteenartsmartiauxetellem'afaitpasserpar-dessussonépauleplusd'unefoispendantl’entraînement.

Jelèvelesmainsenl’airensignedereddition.«Non,pitié!»dis-je.«J’aieulecancer»,leurrappelé-je.«J’aiencoredroitàunjoker».

Reaganrit.«Tunepeuxplusteservirdelacartecancer»,dit-elle.«Deuxansavecuncarnetdesanténickel.»Ellelèvedeuxdoigts.«Tuterappellesqu’onafaitunefêtepourcélébrerça?»Elleselaissetomberàcôtédemoietjepassemonbrasautourd'elleetlatirepourl’embrassersurlefront.Ilfutuntempsoùellenepouvaitpasresterdansunesallebondéesansdeveniranxieuseetnerveuse,maiscen’estpluslecas.Plusdepuisquesonagresseuraétéattrapéetmisenprison.Ilyestmort,doncellen'apaseuàluifairefaceautribunal.Reaganestbeaucoupplussûred’elle,maintenantquetoutcemic-macestderrièreelle.Biensûr,elleestencoreaffectéeparcertaineschoses,maislaplupartdutemps,elleestjusteReagan.ElleestlacopinedePeteetellefaitpartiedelafamille.

Jeremarquequ'ilssonttousentraindeselever.«Lesgars,vousavezpayélanote?»demandé-je.Paulhochelatête.Skylaressaiedeluidonnerdel'argent,maisilrefuse.Ilfautquejemerappellede

luirembourserleurdînerplustard.Elleproteste,maisill'ignore,commedebienentendu.Elleesténervéemaisremetsl'argentdanssonsac.

«Mercidenousavoirinvités»,dit-elle.EllesedirigeversSethetcommenceàluiprendreMelliedesbras,maisjem’approcheetsoulèvelapetitefilleendormieàsaplace.Melliepassesesbrasautour

demoncouetsesjambesautourdemataille,etellesecramponneàmoicommeunpetitsingeenVelcro.Moncœursursautelégèrement.J’aimecettesensation.J’aimebeaucoup,etmoncœurseserreparcequec’estquelquechosequejen’auraijamais.

«Jepeuxlaporter»,ditSkylarentendantlesmains.«Jel’ai»,dis-je,etSethselèveaveclapetiteJoeydanslesbras.JeremontelégèrementMellie,et

ellerenifledoucementcontremoncou.Jen’aipasenviedelareposer.«Onsevoitàlamaison?»demandePaul,enmejetantunregardinterrogateur.J'acquiesce.IlpoussemesautresfrèresverslasortietandisqueReagan,Emily,etFridaydisentau

revoiràSkylar.Jelesentendsvaguementmurmurerqu’ellepeutlesappelersielleabesoind'aide,etelleleursouritetsepayeunetournéedecâlins.Noussortonssurletrottoir,etellemedit:«Jepeuxlaporter.L'appartementn’estpasloin.»Ellelèveànouveaulesmains,etjemetournedel’autrecôté,pourl’empêcherdelaprendre.

«Jevaislaporterjusqu’àcheztoi»,dis-je.Jemesentiraisvraimentminablesijelalaissaisfaire,etelleneseraitpascapabledeporterMelliejusqu’àlamaisonaveccestalons,detoutefaçon.Etsecrètement,jesuiscontentd'avoirl'occasiondepasserunpeudetempsaveclesenfants.

Ellemefaitentrerdansl'appartement,etSethsedirigeverslachambredesfilles,sij’encroislesdeuxlitsquis’ytrouvent.IltirelescouverturesetlaissetomberJoeysurlesdraps.Illuienlèvesonmanteauetjetteseschaussuresdecôté,puistirelescouverturessurelle.JefaislamêmechoseavecMellie,etjesuiscontentqu’ellesnedoiventpasprendreunbainousemettreenpyjama,parcequ'ellesnesontpasdemafamilleetjenesauraispascommentaborderça.

«Mercipourtonaide»,ditSethtranquillement.«Toutleplaisirestpourmoi»,réponds-je.Ilsetournepoursortirdelapièce,maisjel’attrapepar

l’épaule.«Seth»,dis-je.«Tun’espasseul,petit.»Ilmeregardedanslesyeux.«Jesais»,répond-ildoucement.«Bonnenuit.»Iléteintlalumièrede

MellieetJoeyettirelaportederrièrenous.«Bonnenuit»,dis-je.Jepousseunlongsoupiretmedirigeverslesalon.Sethdisparaîtdanssachambresansunmotpour

Skylar.JemontredupoucelachambredeSeth.«Ilesttoujoursaussisilencieuxavectoi?»demandé-je.Ҫa

medonneenviedeluibotterlecul,maiscen’estpasmonfils.Etjenepensepasqu'ilfasseçapourluimanquerderespect.Jepensequ'illefaitpourluiallégerlatachejusqu’àlarendreinexistante.Jenesaispassijedoisluiremonterlesbretellesouluidonnerunemédaille.

Ellehausselesépaules.«Ҫanemedérangepas.»Maiselleaunepetitevoix.«Lesfillessontcouchées?»demande-t-elle.

«Ouais»,dis-je.Jelasuisdanslacuisine.Jevoudraisdirequec’estjustepourpouvoirluiparler,maisc’estaussiparcequeçamedonnel’occasiond’admirersonarrière-train.Elleaenlevésestalonsetsepromèneenbas.Jemedemandes’ilsmontentàmi-cuisseets’ilssonttenuspardessortesdeporte-jarretelles.Jepasseunemainsurmonvisage,pouressayerdechassermespensées.Elleaunpetitami.

Skylarprendunebouteilledevindanslefrigoetremplitunverre.«Tuenveux?»demandet-elle.Jenesuispasvraimentamateurdevin.«Nonmerci.»Sesyeuxseplissent,etelleouvrelefrigopourprendreunebière.«Ah,çajeveuxbien!»,dis-jeenriant.«Kendradevaitaimerlabière»,dit-elle.«C’étaitdanslefrigo.»Ellelèvesonverre.«Est-ceque

lesmamansboiventduvin?»demande-elle.«Lamienneoui»,dis-je.Jelasuisdanslesalonetm’assiedsauboutducanapé.Elles’installeà

l’autrebout.«Tamèreétaitunebonnemère?»demande-t-elle.

«Lameilleure.»«Quellechance!»dit-elle,etunbruits’échappedufonddesagorge.«J’aiétéélevéepardes

nourrices,descuisiniersetdesfemmesdeménage.Ilschangeaienttoutletemps.»Elleappuiesatêtesurledossierducanapéetregardeleplafondunmoment.Puiselleversecequirestedevindanssonverreetleposesurlatablebasse.Ellebâille,couvrantdélicatementsabouchedesamain.«Désolée»,dit-elle.«Longuesemaine.»Ellesourit,etjeretiensmonsoufflejusqu'àcequejemesouviennequ’ilestcenséentreretsortir.

«Jedevraisyaller»,dis-je.«Tun’espasobligédepartir»,dit-elle.«C’estagréabled'avoirquelqu'unàquiparler.»Jemeréinstalle.Jen’aipasenviedepartir.J’aimecesilencetranquilleavecelle,etjenesaispas

pourquoi.«Tuveuxquejetedonnemonavis?»demandé-je.Ellegrogne.Etelleestsimignonnequejenepeuxpasm’empêcherdesourire.«Jesuispreneusede

toutconseil.»«DisàSethqu’ildevraitalleràlalutte.»Ellehausselessourcils.«Lalutte?»demandet-elle.J'acquiesce.«Iladorecesport.Ilaétéchampionrégionall'andernier».Elleseredresseunpeu.«Quandest-cequeçacommence?»demandet-elle.«Lasemaineprochaine.»«Pourquoiilnemel’apasdit?»«Euh...»Jenesaispascequejepeuxluidire.«Ilcraintdetedonnertropdetravail,quetules

laissesetquel'Etatmettesessœursenfamilled'accueil.»Ellegrogneetsepencheenavant.«Etilt’adittoutçaaudîner?»Jehochelatêteetportemabièreàmeslèvres.«Jelesconnaisdepuispluslongtemps»,dis-je.«CombiendetempstuessortiavecKendra?»demandet-elle.Jem’étouffedansmabière.Jetoussedansmonpoingfermépendantuneminute.«Quoi?»«ToietKendra»,dit-elle.«Combiendetempsvousêtessortisensemble?»«Oh,cen’estpasça»,m’empressé-jededire.«Onétaitjusteamis.»«Oh,»dit-elle.Puislesilences’installedanslapièce.Enfin,elledit:«Alors,lalutte,hein?C’est

pasunpeubarbare,ça?»Jesouris.«Non.C’estunequestiondestratégie,deforceetdeconditionphysique.C’estbonpour

lui.»«Ets’ilseblesse?»«C’estungarçon.Ilseblessera».«Tuastouteslesréponses,n’est-cepas?»dit-elle.Malheureusement,jen’aipasderéponses.Àrien.«S’ilvaàlalutte,ildevrayallerdirectement

aprèsl'écoletouslesjours.ҪatedonneraitunpeudetempspourapprendreàconnaîtreMellieetJoeyquandtuvasleschercher.»

Ellehochelatête.«Çam’al'aird’êtreunbonplan.»«Toutlemondeabesoind'unplan»,dis-jeensouriant.Ellesouritaussi,etjesenscepetitpincement

dansmoncœur.J’entendsuneportes’ouvrirderrièrenous,etSethsortdesachambre.Ilnousregarde,sesyeuxse

dirigeanttouràtourversSkylaretmoi.«Toutvabien?»demande-t-il.Skylarseredresseetposesescoudessursesgenoux.«Mattmeparlaitdelalutte»,dit-elle.Sethgémitetjettesatêteenarrière,melançantunregardquiveutdirequ’ilauraitpréféréqueje

fermemabouche.«Jepensequetudevraisallert’inscrire»,dit-elle.Savoixtrembleunpeu.«Etlesfilles?»demande-t-il.

«Quoi,lesfilles?»répond-elle.«J’irailescherchertouslesjours.»Sethsegrattelatête.«Ҫatedérangerapas?»Ellesecouelatêteetluisourit.«Pasdutout.»Sethsouritaussi.«Ok»,dit-il.«Tumedirasquandtuasdesmatchespourquejepuissevenirtevoir?»demande-t-elle.«Descombats»,Sethetmoinousécrionsenmêmetemps.Elleritetlèvelesmainsenl’airensignedereddition.«Combats»,répète-elle.«Désolée»,dit-elle

enriant.«Donc,est-cequejepourraisassisteràtescombats?»demandet-elle.Sethhochelatête.«Biensûr.»Ilregardeverslacuisinecommepourselibérer.«Jevaisjuste

prendreunpeud’eauetallermecoucher»,dit-il.«Bonnenuit,»crieSkylar.Ilregardepar-dessussonépauleetditcalmement,«BonneNuit,tanteSky.»Ils’enva,etjeregardeSkylarquisembleunpeusouslechoc.Commesiunerafaledeventpourrait

larenverser.«Tuvasbien?»demandé-je.Elleritetsecouelatête.«Tuasentendu?»demandet-elle.«Ilvas’inscrireàlalutte?»Jesuisunpeuperplexe.«Non»,dit-elletranquillement.«Ilm'aappeléTanteSky.»Jeréalisequesesyeuxsontunpeu

embués,doncjepressesongenou.Ellecouvremamainaveclasienneetmeregarde.Sonregardmetoucheenpleincoeur.«Mercipourtonaide.»Soudain,sontéléphoneémetunfaiblesondanssapocheetellelâchemamainpourleprendre.«Monpetitami»,dit-elle.Ellen'apasl'airtrèsheureusedel’entendre.

«Ilfautquej’yaille.»Elleaunpetitami,espècedecon!medis-jeenmoi-même.Jemelèveetjettemabouteilledebièredanslebacderecyclage.Ellemesuitjusqu’àlaporte.«Appelle-moisituasbesoindequelquechose»,suggéré-je.Etmêmesitun’asbesoinderien,ai-jeenvied’ajouter,maisjenelefaispas.

Elles’appuielourdementcontrel’embrasuredelaporte.«Jeleferai»,dit-elle.Etjelacrois.J’espèrejustequequelquechosevaallerterriblementmalpourqu’ellesoitobligéedem’appeler.Pasdeblessurephysiquenidedangermortel,niautrechosed’aussibrutal.Peut-êtreunévierquifuitoudestoilettesbouchées.«Bonnenuit»,dit-elle.

«Bonnenuit»,réponds-je.Ellefermelaporteetjerestelàunmomentparcequejenevoispasunseulendroitoùjepréfèreraisêtre.

Laportes’ouvred’uncoup,etlatêtedeSkyapparaît.Ellesecognecontremapoitrine,etjelastabiliseenlasaisissantparlescoudes.Jetentedesupprimerunsouriresurmonvisage,maisc’estpresqueimpossible.«Tuavaisbesoindequelquechose?»demandé-jeenriant.

«Tuesencorelà»,dit-ellecontremapoitrine.Lachaleurdesonsoufflechamboulemesentrailles.Etlereste.«Jevoulaistedemanderquelquechose»,dit-elled’unevoixessoufflée.

Elleappuieuneépaulecontrel’encadrementdelaporteetmeregarde,avecsesyeuxsibleusetsiclairsquejepourraistomberdedansetyrester.Ellemordsalèvreinférieure,puisditàtoutevitesse:«Tuasditquandonentraitdanslerestaurantquetun’avaispasprismamainjusteparcequ'elletremblait.Jemedemandais...euh...pourquelleautreraisontuavaisfaitça».

Jetendslamain,enlèvelalanièredecuirquiretenaitmescheveuxetleslaissetomberautourdemonvisage.Puisjefaistoutuncinemapourlesrattacher,maisenfaitjeveuxjustegagnerunpeudetempspourpeaufineruneréponse.Jesouris.«J’aiditquecen’étaitpaslaseuleraison,pasvrai?»demandé-jepourreculerencorelemomentderépondre.

Ellehochelatête,entrituranttoujourssalèvreinférieure.Sesjouessontrosesetsesyeuxsontbrillants.

Jenetrouvepasdebonnefaçonderépondre,alorsàlaplacejemepencheetl'embrassesurlajoue.

Jem’attarde,laissantsonsoufflepassersurmonépauletandisquejem’imprègnedesonodeur.Ҫasentlepropreetlafille,avecunsoupçond'agrumes,etc’estsifabuleuxquejenepeuxpasarrêterdelarenifler.Jeprendsunedernièreinspirationetmurmure,«Jel'aifaitparcequejet’aimebien.»Ellefrissonnelégèrementetjevoislespoilsdesesbrassehérisser.Jemeforceàpartir.Ҫameprendtoutemonénergiedenepasmeretournerpourlaregarderànouveau.Maisjenelefaispas.Jecontinueàmarcher.

J’ENTREdansnotreappartementetjem’arrêtenetquandjevoisquelqu'unassissurlecanapéentraindeparleràPaul.Monfrèreselève,l’airtrèsmalàl’aise.«Regardequiestpassénousvoir»,ditPaul,enmontrantnotreinvité.Moneuphoriestoppeimmédiatement.Touteslespenséespositivesquej’avaisquandj’aiquittéSkys’écrasentsoudaincontreunmurdetrahisonetdetromperie.

Ils’appelleKenneth,etc’étaitmonmeilleurami.Jusqu'aumomentoùilbaisémafiancée,April.«Ken»,aboyé-je.«Qu’est-cequetufousici?»

Paulsemetentrenous,commes’ilpouvaitm’empêcherdel’approchersijevoulaisvraimentluifairesafête.Danssesrêves.

«Ehbien,»ditKen.«Je...euh...J’espéraisqu’onpourraitparler.»IlregardePaulcommes’ilnevoulaitpasparlerdevantlui.

Pauls’approchedemoi.«Tuveuxquejeparte?»Jehausselesépaules.JepeuxbotterlesfessesdeKenqu’ilsoitlàoupas.«Faiscequetuveux»,

dis-je.Jetendslamainverslefrigoetprendsunebière,puisouvrelalanguetteenlaclaquantcontrelebordducomptoir.Ensuite,jelanceleboutdemétaldanslapoubelle.«Gagné»,murmuré-jeàlacantonnadetandisqu’ilatterritdedans.

Jemedirigeverslecanapéetmelaissetomberdessus,posantlespiedssurlatablebassetoutencommençantàzapper.

«Appelle-moisituasbesoindemoi»,ditPaul,puisildisparaîtdanssachambre.Commesij’allaisavoirbesoindel'appeler.Ilvaavoirl'oreillecolléeàlaportejusqu'àcequeKens’enaille.

Kens’assiedsurlecanapéàl’autreboutdelapièce,lesfessesperchéessurlebord.Ilposesescoudessursesgenouxetsepencheversmoi.

«Pourquoitueslà,Ken?»demandé-je.Autantqu’ilmeledisetoutdesuitepourqu’onenfinisseaveccettepénibleentrevue.

«Ehbien»,dit-il.Ils’arrêteetsegrattel’arrièreducrâne,passantsamaindehautenbasàplusieursreprises.Enfait,sagênemerassureunpeusurl’ensembledelasituation.Jelelaissemijoter.«Jevoulaisteparlerdumariage»,dit-illentement,endétachantchaquesyllabe.

Jefaissemblantd’êtrecool,mêmesic’estlecontrairedecequejeressens.«Quisemarie?»demandé-je.

Putain!Qu’ilnemedisepasquec’estApriletlui.«Ehbien,j’aidemandéàAprildem’épouser»,lance-t-il,etilal’airencoreplusmalquetoutà

l’heure.Ilgrimacecommes’ilavaitpeurquejelefrappe.Putain!Peut-êtrequejevaislefaire.«Félicitations»,dis-jed’untonimpassible.J’essayedenemettreaucunsentimentdansmavoix,

parcequesijelefaisais,jecrierais,jehurleraisetjegueuleraiscommeunoursblessé,parcequejemesenscommesiquelqu'unvenaitdemefourrreruntisonnierchaufféaurougedanslesentrailles.

«Jevoulaisêtrelepremieràteledire»,dit-il.«Comptetenudelasituation.»Ilsetordlesmains.«Comptetenudufaitquetuasbaisémapetiteamie»,dis-jeavantd’avalerladernièregorgéedema

bière.Celle-làpourraitmemonteràlatêteparcequejel’aibuetrèsvite.Maisjem’enfiche.«Elle…Elleétaitm…mal»,bégaie-t-il.«Aprèstondiagnosticettoutça,tusais?»Ilmeregarde

commes’ilattendaitmaconfirmation.Jeconfirmequec’estunconnard.Unconnarddemeilleurami

menteur,tricheur,bonàrien,etnul.«Pourainsidire,onesttombésl’unsurl’autre.»«Tuastrébuchéettuestombéenpleindanssachatte,c’estça?»Illèveunemainetcommenceà

bégayer,maisjecontinueàparler,commesijem’enfichais.«Jecomprendstoutàfait.Ҫam’estarrivéunefoisoudeux.Probablementlesmêmesnuitsoùçat’estarrivé.»Jerenifle.

«Matt»,dit-il.«Jesaisquejet’aidéjàditquej’étaisdésolé,maistudoissavoirqu’onn’arienprémédité.Onn'ajamaisvouluteblesser.»

J’aiétéblessépendantuncertaintemps,maismaintenantj’aidépasséça.Furaxmeconvientmieuxqueblessé.«Combiendefoistuveuxquejetefélicite?»demandé-je.

Ilsoupire.«C’estjustequejevoulaispasquetul’apprennesparquelqu'und'autre»,dit-il.«J’aimalgérélasituation,maisj’aiencoreleplusgrandrespectpourtoientantqu’ami.»

«Merci»,aboyé-je.«Aufait,j’aientendudirequetuesenrémission»,dit-il.Ilsouritcommes’ilétaitheureuxpourmoi.

«Jesuistellementheureuxqueçaaillebien.»«Merci»grogné-je.Jesuisdevenuunhommedescavernes.Unhommedescavernesquin’enarienà

cirer.Ilselève.«Bon,jedevraisprobablementyaller.»Iltendlamainversmoi.Ellerestelàenl'air

entrenousdeuxjusqu'àcequ'ilcomprenneenfinquejeneletoucheraispas,mêmeavecdespincettes.«Quandalieulemariage?»demandé-jeenmelevant.J’adorelespunitions,ondirait.«Leweek-endprochain»,dit-il.Jehausselessourcilsetrenifle.«Sitôt?Vousavezdûplanifierçadepuisunmoment.»Ilrecommenceàsegratterl’arrièreducrâne.«Euh...pasvraiment.Enfin,onl’avaitprévumaisona

décidéd’avancerladate.Euh...»Ilmeregardedanslesyeuxcommepouradoucirlecoup.«Aprilestenceinte.»

Lesoufflememanque.Jefermelesyeuxetrespireparlenezparcequej’ail’impressionquejevaisvomir.Jemeforceàouvrirlesyeuxetmarchejusqu'àlaporte.C’esttoutcequejepeuxfairepournepaslefoutredehorsàcoupsdepiedaucul.

«Est-ceque...euh...C’estvraimentimportantpourAprilquenousayonstabénédiction.»«Tun’aspaseubesoindemabénédictionpourlabaiser»,dis-je.«Pourquoituenasbesoin

maintenantquetul’asmiseencloque?»«Ellesesentterriblementmalàcausedelafaçondontleschosessesontpassées»,dit-il.«Bien»,répliqué-je.«Ellearaison.»Elledevraitavoirhonte.Elledevraitsehaïrparcequ'elle

s’estjetéedanslesbrasdequelqu'unalorsquej’étaisenpleinechimioetàl’articledelamort.«Cen’estpasunemauvaisepersonne»,dit-il.«Elleajustefaituneerreur.Nousl’avonsfaitetous

lesdeux.»«Uneerreurseproduitunefois»,expliqué-jeenlevantundoigt.«Pasdesdizainesdefois.»Etça,

cesontseulementlesfoisquejeconnais.«Aprèslapremièrefois,c’estunchoix,plusuneerreur.»«Ellenesavaitpascommentfairefaceàlasituation.»«Tuveuxdirecommeresteràmescôtés?»Jelèvelesmainscommesijevoulaisqu’ilréponde.

Maisjeneleveuxpasvraiment.Etmêmepasdutout.«J’aimeraisqu’onsoitànouveauamis»,dit-il.Ilestpresqueentraindemesupplier.Etçameferait

riresiçanemedonnaitpasenviedepleurer.«C’esthorsdequestion»,dis-je.J’ouvrelaporteetluifaitsignedesortir.Dansdeuxsecondes,je

vaiscommenceràcompterjusqu'àdix.Ils’illuminependantuneseconde.«Aufait,Paulmedisaitquetuvoisquelqu'un.»Paulafaitquoi?«Et?»«Ben,jepensequec’estsuper.Jesuisheureuxpourtoi.»Ilclaquesamainsurmonépauleetserre

jusqu'àcequejelafixeenmedemandantcommentjevaisbriserchacundesesdoigts.Ilretirevitesa

main.«Jepensequetudevraisl'emmeneraumariage.Ceseracommeautrefois.Qu'est-cequetuendis?»

Jelefusilleduregard.«Ehbien»,dit-ilensouriantcommes’ilavaitrésoluleproblèmedelafaimdanslemondeenune

soirée.«JediraiàAprildet’envoyeruneinvitation.Ҫanousferaplaisirquetuviennes.»Lepetitdémonenmoiseréveille.«Aufait,commentAprila-t-elleprislefaitquetuaiesbaisésa

meilleureamie?»demandé-je.Lesrumeurssontamusantes,quandellesnesontpassurvous.Unmuscledesamâchoiretressaille.«C'étaituneerreur.»«Tuenfaisbeaucoup,non?»demandé-je.«Jesuishumain»,dit-il.Ilremontesaceinture.C’estunhumainsansmoraleniconscience.D’uncôté,onnepeutpasdirequ’Apriln’apaseuce

qu'elleméritaitaveclui.«Situviensaumariage,jeteseraisreconnaissantdenepasluiparlerdel’histoiredelameilleure

amie.»Ilregardepartoutsaufversmoi.Jemontrelecouloir,etilpartdanscettedirection.Jenedisriend’autre.Ilmefaitsigneensortantparlaporte,etjelaclaquederrièrelui.Ҫaclaquesi

fortquelesmursvibrent.Paulsortdesachambre.Jeprendsuneautrebièredanslefrigoetrecommencemonprocessusd’ouverture,enmurmurantd’un

tontriomphal«Gagné!»quandlalanguetteatterritdanslapoubelle.«Tuvasbien?»demandePaul.«Trèsbien»,aboyé-je.«Tuenessûr?»«Ouais.»«Tun’aspasl’airbien.»«Vastefaireenculer.»Paulpousseunsoupir.«Qu’est-cequetuasentendu?»demandé-je.Ilgrimace.«Tout?»Jevaism’asseoirsurlecanapéetnedisriendetoutcequej’aidanslatête.Àvraidire,jeferaisle

fousiPauln’étaitpaslà.«Jepeuxpascroirequ'ilsveulentquetuviennesaumariage.»Ilrenifle.«Pourquoituluiasditquejevoisquelqu'un?»Paulsourit.«Ҫam’aparuapproprié.Cesalopardétaittoutcontent,etmeracontaitcombiensavie

étaitmerveilleuse.»«Alorstum’asinventéuneviefantastique.»Paulhausselesépaules.«Ҫafaisaitdemalàpersonne.»Si.Ҫafaitdumal.Vachementdemal.Mavieestpeutêtresolitaire,maisc’estlamienne.C’esttout

cequej’aietquandvousavezétéprèsdeperdrevotreviecommemoi,vousenappréciezchaquepetitdétail.

«Tuvasalleraumariage?»demandePaul.Jehausselesépaules.«J’ensaisrien.»Jejoueaveclesfrangesducoussin,lesenroulant

indéfinimentautourdemondoigt.«Peut-êtrequeçaseraitunebonneconclusion»,dit-il.«C’estdéjàconclu.»«Faux.»Jemepencheverslui.«Tuveuxparlerdeconclusion,Paul?AlorsparlonsdeKellyettoi.Parlons

dufaitquetubaisestoujourslamamandetafille,mêmesivousbaiseztouslesdeuxd’autrespersonnes.Parlonsdelaconclusiondecettehistoire,tuveuxpas?»

Paulserreleslèvres.Puisilselèveetvadanssachambre,fermantlaportedoucementderrièrelui.Ilnemetapepas,mêmesijelemérite.Ilsecontentedepartir.Jepensequejel’aitouchéaubonendroit.

Moncœurseserredeluiavoirfaitça.Maisc’étaitleseulmoyenpourqu’illaissetomberlesujet.Conclusion.J’emmerdelaconclusion.Cetteblessureestencoreouverte,etpurulente,etdouloureuse,

etàvif…etsisacrémentirritantequejenesaispasquoienfaire.Est-cequ’elleguériraunjour?Jenevoispascomment.

S

5

kylar

JEVIENSàpeinedefermerlesyeuxquandmontéléphonevibredansmapoche.Jen’aipluseudenouvellesdePhillipdepuislesfunérailles.Ilestjusteparti.Maisc’esttoutàfaitlui.Ilestlàuneminuteetiln’estpluslàlaminuted’après.Pluslàpouruntrèslongmoment.Jeprendsmontéléphoneetjevoissurl’écransonvisagesouriant.Dois-jerépondre?Jemepréparementalementetdécroche.

«Allo?»«SalutSkylar»,dit-il.Jepeuxpresquevisualiserdansmatêtesonlargesourire,etçamefaitgrincer

desdents.Ҫanedevraitpasêtrelecas,n’est-cepas?«C’estgentildefinirparmerépondre»,lancé-je.Jepeuxentendreleclaquementdeseschaussuresdevillecontreletrottoir.«Désolé.Jedevais

reprendreletravail.Jesuisentraindequitterl’immeubleàl’instant.»J'entendsleclaquementd'uneporteetl’imagineentraind’entrerdanssaMercedes.

«Tuastravaillétard?»demandé-je.«Ouais»,dit-iltrèsdoucement.Ilsetaitunmomentetlesilenceretombesurlesondes.«Alors,quoideneuf?»demandé-je.«Unegrosseaffaireautravail»,dit-il.«Oh,vas-y,raconte!»«Tusaisquejenepeuxpas.»«Ontravaillepourlamêmefirme,Phillip,pourl'amourdeDieu!»«Apropos»,dit-il.Jemeredresse.Phillipestdirecteurassociédansmonentreprise.Iltientmonavenirentresesmains.«Nousavonseuuneréunionduconseild'administrationaujourd'huipourdiscuterdetasituation.»«Oh,vraiment?»Jetentedenepasajouterunpfffàlafindemoncommentaire,etyréussispresque,

maisj’ail’impressionqu’onvientdemecouperlesifflet.«Nousavonsdécidéquetudoisprendreuncongéfamilialpourt’occuperdetesaffaires

personnelles.»Jemeredresseetm’assiedsentailleur.«Jenepensepasquecesoitàvousdeprendreladécision.»«Jepensequec’estdanstonintérêt,Sky»,dit-ildoucement.«Ilfautquetut’installesavecles

enfants,quetuengagesunenounou,quetudécidesoùvousallezvivre...»«Ehbien,finalement,nousallonsvivredansmonappartement.Onesticitemporairement,letemps

quelesenfantss’adaptent.»

Lesilences’installesurlaligne.«Pourquoitunedispascequetuasenviededire,Phillip?»«Jen'aijamaissignépourêtrepapa,Sky»,dit-il.«Moinonplus,jen’aipassignépourêtremaman»,luirappellé-je.«Pourtant,tuaslaissétonpèret’entraînerdanscetteidéefarfelue.»«Cen’estpasuneidée.Lesenfantsn’ontpersonned'autre.»J’éloigneletéléphonedemonoreilleet

leregardequelquesinstants.«Tuesentrainderompreavecmoi?Acausedesenfants?»«Jetelaissedutempspourtrouverunesolution»,dit-il.«Jen’aipasbesoindetempspourtrouverunesolution.»Ilfaitunepause.«Jevoulaisteledireaujourd’huimaistuétaisoccupéeavectamère.»«Tuvoulaismeledireàl'enterrement?»crié-je.«C’estpourçaquetuesvenu?»J’auraisdû

savoirquecen’étaitpasparcequ’ilsesouciaitdemoioudemafamille.«Qu'est-cequetuvasfaire,Sky?»finit-ilparlancer.«Tucomptesélevercesenfants?Cesenfants

quinenousressemblentpasunbrin?Tuvaslesexhiberenpublic?TuvaslesemmenerauCapetenvacances,ettuvasêtreleurmaman?Pourquoitun’embauchespasunenounou,nomdeDieu!Tonpèreaassezd'argent.»

Jemelèveetcommenceàfairelescentpasdanslesalon.«Jelecroispas,putain!»dis-je.«J’auraisjamaiscruquetuétaisquelqu’unquisesouciaitdeshistoiresderace.Quandes-tudevenuunmeccommeça?»

«Jesuislemêmequej’aitoujoursété!»crie-t-il.«C’esttoiquiachangé.Jeveuxquelqu'unquipuissetravailleràmescôtés,joueràmescôtésetsimplementêtreàmescôtés.Jeneveuxpasd’enfantsentrenous,enparticuliersicenesontpaslesnôtres.»

Lesilenceretombe.Jem’arrêtedevantlacommodepourregarderdanslemiroir.Ilyauneétrangeexpressiondepaixsurmonvisage.

«C’estpascommesionfaisaitencorel’amour,detoutefaçon.Onn’ajamaisletemps.»Ilparlecommeunpetitdequatreans.

Çafaitunmoment,eneffet.«Onestsimplementpasaumêmeendroit»,dit-il.«Onneparlepasdeproximité»,rétorqué-jesèchement.«Est-cequetuvoudraisaumoinsessayerunenounou?»demande-t-il.Jen’aimêmepasbesoind’yréfléchir.J’aiétéélevéeparuneribambelledenounous,etje

n’imposeraipasçaàcesenfants.Jen’aipasuneseulepersonnedansmaviequipuisses'asseoiravecmoietmeraconterdeshistoiressurmonenfance,cariln'yavaitpersonne.«Non»,aboyé-je.

«Pourquoi?Cen’estmêmepasàtoideprendrecetteresponsabilité!»crie-t-il.«Jenesuispeut-êtrepasleurmaman,maisjesuisleurtante.JesuisleurtanteSky,etjesuistoutce

qu'ilsont.Ilsn’ontpersonned'autre,etjesaiscequeçafait.Jenevaispasleslaisser.Jeserailàpoureux,chaquefoisqu'ilsaurontbesoindemoi,pourlerestedemavie.»

Envérité,j’aibeaucoupruminésurmasituationparcequejen’arrivaispasàtrouvermaplace,maismaintenantc’estfait.Jegère.

«J’apprendraiàconduireàSeth,j’emmèneraiMelliefairedescoursdedanse,etJoeyferadelagymnastique.»D’accord,j’ail’aird’unefolle,maintenant.«Ilspourrontfaireouêtrecequ'ilsveulent.Parcequ'ilsneserontplusseuls.»Jepointemondoigtdanslenéantenluifaisantdonnerdescoupsimaginairesdanslesairs.«Ilsneserontjamais,jamais,seulsaussilongtempsquejeseraivivante.Tuascompris?Jamais!»

Mavoixestentraindecraquer,etjenepeuxpasreprendremonsouffle.Maisjedoisluifairecomprendrecequejeressenssurtoutça.Detempsentempsj’ouvrelaportedelachambredesfillesetlesregarderespirerdansleursommeil.C’estvraimentlaseulefoisoùj’aipum’approcherd'elles.«Je

n’aipascomptéleursdoigtsetleursorteilsquandilssontnés,maisjepeuxlescomptertouslesjoursquandilsrentrentdel'école.JepeuxêtreleurtanteSky,etunjour,quandj’auraigagnéleurconfianceetsij’ailachancequ’ilsm’aiment,peut-être,peut-êtrequ’alorsilsvoudrontêtremafamille.»

Jeveuxunefamille.Jeveuxcesenfants.«Sky,réfléchisàcequetufais»,dit-il.«Tuesémotive.Ilfautt’asseoiretréfléchiràtoutça.Nefais

pasquelquechosequeturegretteras.Faisunelisteaveclesavantagesetlesinconvénients,s’illefaut.»«Avantage:Ilssontincroyables.»Jecommenceàcompterlesavantagessurmesdoigts,mêmes’il

nepeutpasmevoir.«Avantage:s’ilsmelaissentlesaimer,jeseraislafemmelaplusheureusedelaterre.Enoutre,jenesuispasémotive.Jesuisparfaitementrationnelle.»

«Tun´aspasl´airrationelle,»dit-ilsuruntonmoqueur.Jelèveunautredoigt.«Avantage:tum’aslarguée,alorsmaintenantjepeuxtedirequetues

vraimentnulaulit,Phillip.Horrible.Tueségoïste.Sijenedoisplusjamaisvoirtonpénis,jeseraisunefemmetrèstrèsheureuse.Jeseraisenchantée,enfait.»

«Jenesuispasmauvaisaulit...»«Tueségoïste.Etjenejouispresquejamais,Phillip.Tulesais.»«Jenelesavaispas»,marmonne-t-il.«Jamais.»Jemesourisdanslemiroir.«Mesavantagessonttrèssupérieursàmesinconvénients.Je

voisdesorgasmesdansmonfutursanstoi,Phillip.Beaucoupd'orgasmes.»Ilmerépondd’untonméchant.«Inconvénient:lesgensvontteregarderbizarrementpourlerestede

taviequandtuexhiberascesenfantsenpublic.Ilsnelesverrontjamaiscommetesenfants.Ilslesverrontcommedepauvresorphelinsquetuasadoptés.Ou,pireencore,ilspenserontquetuesleurmaman.»

«Cen’estpasuninconvénient.Çanemedérangepasqu'ilssoientmétis.J’adorelacouleurdeleurpeau,leursyeux,etleurscheveux.»N’empêchequejedoisapprendreàfairecespetitspomponsaveclescheveuxdesfilles.Latexturedeleurscheveuxesttrèsdifférentedelamienne.«Ҫameplaîtparcequejelesaime.»

«Tulesasconnuslasemainedernière!»hurle-t-il.«Maisc’estcommesimoncœurlesavaittoujoursconnus.»LesonduriredeMelliemerendtoute

molle.Ledévouementetl’amourquejevoissurlevisagedeSethquandils’occupedesfillesmefaitfondre.EtJoey,quandelles’enmetpartoutenmangeant,jetrouveçaadorable.«J’'aimecesenfants.Etjevaismebattrejusqu’àmonderniersoufflepourprendresoind'eux.Alorsnemedispasqu’ilsnesontpasassezbienpourmavie.Enfait,jepensequec’estlecontraire.C’estmoiquinesuispasassezbienpoureux.»Finalement,unelarmecoulesurmonvisage.J’aibeaucoupàapprendre,maisjepeuxlefaire.«Maisjeleseraiunjour.»

«Sitadécisionestprise»,lance-t-il.«C’estsanséquivoque»,rétorqué-je.Lacommunicationsecoupe.Etc’estseulementàcemoment-làquejem’écroule.Jeposemespaumes

surlacommodeetappuietoutmonpoidssurelles,memordantlalèvreinférieuretandisqu’unsanglotmerenverse.

«TanteSky».Unevoixm’interpelledelaporte.Jelèvelesyeuxetpassemesdoigtssousmesyeux.«Seth»,dis-je.MonDieu,j’espèrequ’iln'arien

entendu.«Ҫavabien?»demande-t-ilcalmement.Ilentredanslapièce.Jedétourneleregardparcequej’ai

toujoursenviedepleurer.Sethtendlamainetpassesesbrasautourdemoi,metirantcontrelui.Ilmefaitunesortedecléde

têtebizarre,maisc’estbon.Ilmetientcontrelui.Ilfaitdéjàplusieurscentimètresdeplusquemoi.Jemeforceànepassangloter,saufuncourtmoment.«Qu’est-cequetuasentendu?»demandé-jeenmereculant.

«Jen’airienentendusurlesorgasmes»,dit-ilensouriant.Ilpassesamainsursabouche.Unpetitrirem’échappe.«Bon,c'esttrèsbien.»«Etjen’airienentendusurlezizidePhillip.»dit-ild’unairpincé.«Encoremieux.»Jeleregarde.«Jesuisdésoléquetuaiesentendutoutça.»«Moinon»,dit-il,etilasoudainl'aird’unjeuneadulte.«Jesuiscontentd’avoirentendu.»«Ehbien,pasmoi.J’essaieraid’êtreplusdiscrètelaprochainefois.»Ils’assiedsurleborddemonlit.«J’aiétévraimentinquiet»,admet-il.Jem’assiedsàcôtédelui.«Moiaussi.»«Maisjepenseque,puisqu’onn’apasdemèreetquetoitun’aspasdefamille,çapeutmarcher.»Il

nemeregardepas,etjesensunpetittremblementdanssavoix.«Moiaussi,jepensequeçapeutmarcher.»Ilpassesonbrasautourdemesépaules.«Jevoudraisteposerunequestion.»Jesupposequ'ilveutmonCV,quiesttoutàfaitinsuffisant,surtoutquePhillippensequ'ilvientdeme

mettreencongéparental.Quandlespoulesaurontdesdents...«Quoi?»demandé-je.«C’étaitvraiquandtuasditquetuvoulaism’apprendreàconduire?»Ilmesourit.Jeris.C’estbonderireavecSeth.«Ouais,c’étaitvrai.»Jecognesonépauleaveclamienne.«Moi,

c’estnotregardienquim'aappris.»«C’esttriste»,dit-ilenplissantlesyeux.«Ouais.»Jehochelatête.«Plutôt.»

M

6

att

JEMERÉVEILLElelendemainmatinensachantquejedoisdesexcusesàPaul.J’aidépassélesborneslanuitdernière,etjenepeuxlaisserpasserça.Jerestedanslesparagespourattendrequ'ilseréveille.Ilvagénéralementausalondetatouageavantmoi,maislaportedesachambreesttoujoursfermée.Cettesemaine,iln'apasHayley,safilledecinqans.ElleestavecKelly,samaman.Ilfaitparfoislagrassematinéequandilnedoitpasseleverpourelle.Elleselèveaveclesoleil,etmêmesic’esttropchouettedelavoircrapahuterenpyjama,unhommeaparfoisbesoindedormirunpeu.Noustravaillonsvraimenttardàlaboutique,alorsonn’apastoujourshuitheuresdesommeil.

OndiraitquePaulestentrainderattraperletempsperdu.LoganvitavecEmily,PetevitavecReagan,etSamestretournéàl'universitéenbushiersoirtard,

alorsiln’yaquePauletmoidansl'appartement.C’estcalme.Tropcalmeparfois.J’ail’habituded’entendrelatélébeuglerparcequeLogannesaitpasquelesonesttropfort-ilestsourd-etSametPete,lesjumeaux,s’amuseràsepoussercontrelesmeubles.Là,iln’yaquemoietPaul,deuxvieuxgarçons,etc’estlecalmeplat.Jen’aimepastropça.

J’entendslaportedePauls’ouvriretunploufquandilvaauxtoilettes.Onestdesmecs.Onn’apasbesoindefermerlaportequandiln'yapasdefillesici.Ilentredanslacuisine,etsescheveuxblondspartentdansunecentainededirectionsdifférentes.Ilsegratteleventre,lebasdesonpyjamaenflanellelaissantvoirletatouageaunomdeKelly.Jeleconnaisbien,parcequec’estmoiquileluiaifait.Etc’estunsupertatouage,simoi-mêmejeledis.Moi,jen’aiaucunnomdefemmeoùquecesoitsurmoi,etjesuissûrquejen’enauraisjamais.

«Bonjour»,marmonnePaulenseversantunetassedecafé.«Bonjour»,réponds-je.J’ouvrelejournaletlefixe,maisjenevoispaslesmotssurlapage.Jepeux

sentirquePaulaenviedemevidersonboldecéréalesaumielsurlatête.Merde,jelemérite.«Désolépourhiersoir»marmonné-je.Ilnelèvepaslesyeuxdesescéréales.«T’inquiètepaspourça.»«Jesuisunâne.»«J'auraisdûmelafermer.»«J’auraisdûtedonnerraison.Parcequetuavaisraison.C’estpasencorefini.»Ilparleenavalantunebouchéedenourriture.«Siçaavaitétéfini,tun’auraispasagicommesicette

têtedenoeudt’avaitdonnéuncoupdepoingdansl'estomac.»«Ouais.»

«Qu'est-cequ’elleluitrouve?»demande-t-il.«Iln’étaitpasmourant?»suggéré-je.Ilfinitparleverlesyeuxversmoi.«Pasd'excuses.»Non,iln'yaaucuneexcusepourtricher.«EttuavaisraisonpourmoietKelly.»Ilcontinuedemanger,sansmeregarder.«Jeneveuxpasavoirraisonlà-dessus.»«Dommage.Jenesavaispasquevous,lesmecs,voussaviezqu’onlefaisaitencore.»Jesecouelatête.«Iln’yaquemoiquilesait.»«J’espèrequeçanesautepastropauxyeux»,grimace-t-il.«Non,jevousaivusensemblequandLoganétaitàl'hôpital.Lafaçondontelleteregarde...»Je

regardesonvisage.«Etlafaçondonttularegardes.»Ilfinitparleverlesyeux.«Oncontinueàseretrouveraulit.C’esttout.»Ilhausselesépaules.Ila

vraimentl’airmalàl'aise,etcen’estpascommeçaquejevoisPaulengénéral.«C'estfacile.Etconfortable.»

Jenevoispasàquoiçapeutressembler.Jerisenmoi-même.«Quoi?»demande-t-il.«TuparlesdesrelationssexuellesavecKellycommesic’étaitlamêmechosequeglissertonpied

dansunevieillechaussure.»Ilrenifle.«Maiscommelesvieilleschaussures,lesexpeuventêtreconfortablesmaisnetesoutiennentpas

commeilfaudrait.»«Ding,ding,ding,»crie-t-il,commes’ilfaisaitsonneruneclochedanslesairs.«Hein?»Jenesaispasdequoiilparle.«Jet’aijamaisditpourquoions’estséparés?»Non,ilnel’apasfait,maisj’aimapetiteidée.Maisquandmême,jesecouelatête.«Ellenevoulaitpasdevous.»«Quoi?»Ҫa,c’étaitladernièrechoseàlaquellej’auraispensé.«Elleétaitenceinted’Hayley,etj’avaispresquevingtetunans.Mamanetpapaétaientmorts,etelle

nevoulaitpasdevous.Jevoulaisl'épouser.Maisellenevoulaitpasdemafamille.»«Ellet’ademandédechoisir?»Ilselèveetclaquesonboldansl'évierunpeutropfort.«Iln'yavaitpasdechoixpossible,putain!

Vousétiezmavie,etj’étaistoutcequevousaviez.Paslechoix.»Paulestentrédanslapaternitédelafaçondontcertainsentrentàlafacoudansuneécole,oudansla

vieactiveaprèsl'école.Ilatoutdonné.Nousn’avonsqu’unandedifférence,maisjen’auraisjamaispufairecequ'ilafait.Ilarenoncéàtout,mêmeàsonpropreavenirsentimental,etill’afaitpournous.MonDieu.Maintenant,jemesensvraimentmal.Nousavonsruinésavie.

«Jen’auraisjamaispuleséleversanstoi»,dit-il.«Quandj’étaisfaible,tuétaisfort.Etquandj’étaisfort,tuétaisfaible.»Ilaraison.Nousnoussommescomplétés.

«TuasrenoncéàunevieàpleintempsavecHayleypournous.»Maintenant,jesuisénervé.«JesuislepèredeHayley,etjeleseraitoujours.Jel’ailamoitiédutemps,etçamarchebienpour

nousdeux.»C’estvrai.C’esttoutàfaitvrai.«Etmaintenantqu'ilssonttouspartisdelamaison?»«Etalors?»«Maintenantquetoutlemondeestcasé,pourquoitunet’occupespasdetoi?Vavivreunevraievie.

ToietKellyvouscontinuezàvousvoir.Pourquoinepasenfaireuntrucpermanent?»Ilsecouelatête.«Jenel'aimepas.»

«Mais…»«Jel'aimebien.Onestamis.Maisc’esttout.»Ilhausselesépaules.«Etellevoitquelqu'un.Ça

devientassezsérieux.»«C’étaitquandladernièrefoisquevousavez...?»Ilsourit.«Hier.»Jeroulelesyeux.«Donc,çadoitpasêtretrèssérieuxaveccetautremec.»«Rienquelefaitqu'ilyaitunautremecsignifiequec’estpassérieuxavecmoi.»Ilpousseun

soupir.«Etjenel'aimepas.Ҫa,j’ensuissûr.Parcequelapenséedelafemmequej’aimeentraindecoucheravecunautrehommedevraitmedétruire,maisçanelefaitpas.C’estpasnormal.»

«Ok.»Jenesaispasquoidired'autre.«Donc,àproposd’April»,dit-il.«Jeneveuxpasparlerd’April.»Ilmefixe.«Dommage.»Ҫac’estPaul.C’estlegenredetrucsqu’ilfait.«Qu’est-cequetuconseilles?»«Ellevasemarier,mec.Ilesttempsdepasseràautrechose.»Jelèvelesmains.«J'essaye.»«Tudevraisalleraumariage.Sors-toitoutçadelatête.Vas-yavecunebellenanasexy.»«Oùjevaislatrouver?»Ilmeregardecommesij’étaiscomplètementcinglé.«Mec,tupeuxtrouverduculpartout.»Peut-êtrequej’aicherchéauxmauvaisendroits.

S

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kylar

J’AIPASSÉTOUTElajournéedelundisurmesproblèmesd'emploi.Jemesuisentretenueavecmonchefdeservice,quis’estempressédemegarantirquemontravailn’étaitpasendanger,quemasituationavaitétédiscutéelorsdelaréunion,maisseulementparcequ’ilsvoulaientsavoirs’ilspouvaientfairequelquechosepourmesoutenirdanscettepériodedetransition.QuelsalopardcePhillip!Etlepirec’estquej’aifaillilecroire.

Riennemefaitplusplaisirquecettesituationquim'aforcéeàcouperlesliensaveclui,surtoutquandjetournelecoinducouloiretquejeletrouveàlamachineàcafé,bientropprèsd’unedesavocates-stagiaires.Elleal'airunpeusurlesnerfsquandellemevoit,etelleparttrèsvitedansl'autredirection.

Phillipcommenceàsedirigerversmoimaisjeluifaissignedepartir.«N’ypensemêmepas»,avertis-je.Jecontinueàmarcher.

Ilmesuitjusqu’àmavoituresansdireunmot.Ilneparlepasjusqu’aprèsqu'ilm’aitregardébatailleravecuncartondepapiersetlecoffredemavoiture.Ilnemeproposepasdem’aider.Pasunefois.Est-cequeMattresteraitàmeregarderentraindemedémeneravecuncarton?Quelquechosemeditquenon.MaisjenedevraiscomparerpersonneàMatt,parcequejeneleconnaispasvraiment.

«Tuvascontinuerça,n’est-cepas?»demandePhillipencroisantlesbrassursapoitrine.«Continuerquoi?»demandé-je,ensoufflantsurlescheveuxquitombentsurmonvisage.«Cesenfants»,crache-t-il.«Tuvaslesgarder.»Jeris.«Ilsvontmegarder,enfait»,dis-je.«Jenetepensaispasidiote.»Jerenifle.Sonvisagedevientrouge.«Laseulechosestupidequej’aiejamaisfaite,çaaétédete

choisir.Connard»,dis-jedansmabarbeenmontantdansmavoiture.Jedémarreetm’envais,tandisqu’ilrestelààmeregarder.C’esttoutcequejepeuxfairepournepasbaisserlavitreetluifaireundoigtd’honneur.Maisjesuisunemaman,maintenant.Lesmamansnesedonnentpasenspectacle,n’est-cepas?Jepensequenon.Jedécidedeleluifaireuniquementdansmatête.D’ailleurs,çasuffirapourlemoment,parcequ'ilal'aird’avoirlesboules.

Jemontelesondelaradioàfondtandisquejetraverselaville.Jedevraismesentirmalàcausedenotrerupture,maisjenesuispasabattue.Pasdutout.Pascommejedevraisl'être.Enfait,jemesenslibre.Etjedoisavouerquejemesensunpeuoptimiste.Jepensequ’ilyaduMatthewReedlà-dessous.

Zut,jeviensderompreavecquelqu'unquejecroyaisaimer.JenedevraispasavoirdesentimentspourMatt.C’esttroptôt.Enplus,j’aitropdechosesdansmaviepourrajouterunnouveaupetitami.

Quelhommesensévoudraitdemoietdemestroisenfants?reniflé-jepourmoi-mêmetandisquej’entredanslagarderiepourprendrelesfilles.Unedesautresmamansplisselenezenmeregardantetpoussesonenfantrapidementdevantmoi,enpassantaularge.Jesupposequelesmamansnesontpascenséesreniflerbruyammentnonplus.

SethaditàJoeyetMelliequej’iraileschercheràl'écoleaujourd'hui,maisjenesuispascomplètementsûrequellessachentcequisepassequandjepasselaporte.Joeysecachederrièrelajupedel’institutrice,etMelliecollesonpoucedanssabouche.Jemebaisseàleurniveauetdit«Salut,lesfilles»,d’uneunevoixdouce.Unevoixdouceneleurferapaspeur,n’est-cepas?Flûte!Jesuisnullepourcestrucsdemamans.

«MadameMorgan?»demandel’institutrice.Jel'aiappeléelasemainedernièreetluiaiparlédenotresituationautéléphone.Elleaététrèsgentilleettrèscompréhensive.

Jeluitendslamain.«Mademoiselle»,rectifié-je.Jenesuiscertainementpasmariée,etjenecroispasquejeleseraiunjour.

EllemeserrelamainetfaitunpasdecôtépourqueJoeysortedederrièresondos.Lesdeuxfillessontencoreàlagarderieetilsmélangentlesclassesàlafindelajournéedanslacourderécréation.Lesfillessecollentl’uneàl’autrecommedelaglue.Est-cenormal?Mince,normalc’estjusteunréglagesurlesèche-linge,non?Jenereconnaîtraispascequiestnormalmêmesic’étaitclaircommedel’eauderoche.

«MlleMorgan,sijepeuxfaireunesuggestion...»L’institutricegrimace.Jelèvelesyeuxverselle.JoeyetMellienes’approchenttoujourspasdemoi.Jevisdanslamême

maisonqu’elles.Joeytirelajupedesoninstitutriceetditdoucement«Est-cequemamamanvavenirmechercher?»

Ladouleurmetransperce.Jenesaispascommentexpliquerlamortauxpetites.Sethnesaitpasnonplus,apparemment.

L’institutrices’accroupitetdit:«Bon,nousenavonsdéjàparlé,n’est-cepas,Joséphine?»Zut,jenesavaismêmepasquelevrainomdeJoeyétaitJoséphine.Quelgenredemèresuis-je?Joeyclignesimplementdesyeuxenlaregardant.«Mamanestpartie,etellenereviendrapas»,ditl’institutrice.LesyeuxdeJoeyseremplissentdelarmes,etjecontournel’institutricepourlaprendredansmes

bras.Elleselaissealler,lourdeetmollecommeuntorchonhumidequandjelasoulève.Elleposesatêtesurmonépauleetseblottitcontremoi.«J’apprécieraisquevousneparliezpasdeleurmèreavecelles»,dis-jesèchement.Jesuissûrequel'institutriceadebonnesintentions.Mais,monDieu,elleétaitunpeufroide,àmonavis.

«Ellesdoiventcomprendrequ'elleestpartie»,ditl’institutrice.Jelèveundoigt.«Chut»,sifflé-jeenguised’avertissementbiensenti.Ellepinceleslèvres.«Mamanneseraitpaspartie»,ditMellie.Elles’avanceetmeprendlamain,etsesdoigtssont

encoremouillésd’avoirétédanssabouche,maisjem’enfiche.Ellemetouchedesonpropregré.C’estmoietlesfillescontrelemondeentier.

«C’estvrai»,luidis-je.«Mamannevousauraitjamaislaissésexprès.»«Neleslaissezpasespérerqu'ellevarevenir»,avertitl’institutrice.«Chut!»coupé-jeànouveau.Elles’arrêtedeparler.«Mamannepeutpasrevenir,»expliqué-je.«Mamannevoulaitpaspartir,maisellen'avaitpasle

choix.»«Mamanreviendra»,dittranquillementMellie.«Mamanvousaimaittellementtouteslesdeux»leurdis-je.«Lesfillesontbesoindenouveauxvêtements»,intervientl’institutrice.

Jemeretournepourluifaireface.«Quoi?»«C’estSethquis’occupaitd’ellesdepuisquelquetemps,doncjen’airiendit,maisleursvêtements

deviennenttroppetits.LeschaussuresdeMelliesonttropserrées,etlepantalondeJoeyesttropcourtde10centimètres.Lesenfantsgrandissent,MlleMorgan.Beaucoup.»

Jememordslalangueparcequejenetrouveriendegentilàdire,etjesuisavocatedepuisassezlongtempspoursavoirquenepasrépondreestprobablementmieuxquededirelefonddemapensée.Parcequelefonddemapenséec’estquejevoudraisqu’elleaillesenoyer.

Quandsuis-jedevenueunetellebarbare?«Mercidemel'avoirdit.Jevaism’occuperd’elles»,dis-jeàlaplace.«Jevousremercie.»Elles

doiventreveniricidemain,aprèstout.Jeregardelesfilles.«Quiveutfairedushopping?»demandé-je.Mellielèvelesyeuxetsourit.«Moi»,dit-elle.Puisj’entendsuntoutpetit“moi”dansmonoreille.

M

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att

ILESTPRÈSdeseptheuresdusoir,quandmontéléphonesonne.Jesuisentraind’esquisseruntatouagesurunclientdusalonReed,doncjenepeuxpasrépondre.Fridayarriveetmontremapoche.«Tuveuxquejeleprenne?»demandet-elle.

Jelèvemonpistoletàtatoueretmemetdeboutpourqu’ellepuisseatteindremapoche.«S'ilteplaît»,dis-je.

«MieuxvautêtreprudentsinonPaulvaêtrejaloux»,taquine-t-elleenfouillantdansmapoche.Paulémetunson.Ilaessayédeselamettredanslapochedepuisaussilongtempsquejeme

souvienne.«Jepensequ'ilestdéjàvertdejalousie»,dis-jed’unevoixforte.«Sivertestlenouveaurouge»,réplique-t-elle.Ellesortmontéléphoneetlemetàsonoreille.Nous

n’avonspaseudetéléphonespendantlongtempsparcequenousnepouvionstoutsimplementpasnouslepermettre.MaisàNoëldernier,lepèred'Emilynousatousachetédestéléphones,carilestplusrichequeCrésusetn’ariendemieuxàfairedesonargent.Iladitqu’onétaittropdifficilesàsuivresanstéléphones.Maisjepensequec’étaitplusuneidéed’Emilyquedelui.

«IciletéléphonedeMatt»,gazouille-elle.«Salut,Seth»,dit-elleengrimaçant.«Oui,ilestici,attends.»Elleappuiesurlebouton«haut-parleur»dutéléphone.

«Quoideneuf,Seth?»demandé-je.«Matt?»demandeSeth.Ilsembleunpeuessoufflé.«Quelestleproblème,Seth?»demandé-je.Jeposemonpistoletàtatoueretcommenceàretirermes

gants.«TuasparléàTanteSkyaujourd’hui?»demande-t-il.«Non,»réponds-je,lescheveuxsurmanuquesehérissantaussitôt.«Pourquoi?»«Aujourd'huic’estlepremierjouroùelledevaitallerchercherlesfilles,etjeviensderentreretil

n’yapersonne.Ilsefaittard,c’esttout.»«Jeneluiaipasparlé,»dis-je.«Tuveuxquejevienne?»Jesuisdéjàentraindemedirigervers

laported'entréeetPeteaprismaplaceauprèsduclient.«Appelle-noussituasbesoindenous»,ditPaultandisquej’aidéjàtournéledos.Commes’ilavait

besoindemelerappeler.Jejetteuncoupd'oeilpar-dessusmonépaule,etluifaissigne.Ilhochelatête.«Tul’asappeléesursontéléphone?»demandé-je.«Ouais,maisjetombedirectementsursamessagerie.EtlesSMSquej’aienvoyésontétéreçusmais

paslus.»

«Sabatterieestprobablementdéchargée,Seth»,dis-je.Jenesuispasinquietdutout.Enfin,peut-êtreunpeu.

«Elleauraitdûappelerpourmedireoùelleest»,murmure-t-il,etjepeuxl’imaginerentraind’ébouriffersescheveuxd’exaspération.

«Elleaprobablementpenséquetuneseraispasencoreàlamaison»,dis-je.«Jesuisentraindevenirpourtetenircompagnie.Tutesensdemangerunepizza?»Lesadolescentssesententtoujoursdemangerunepizza.

JEM’ARRÊTEpourcommanderrapidementdeuxpizzaschezRicoetlesemporteavecmoi.Quandj’arriveàl'appartement,jevoisSkyentraindesortirlesfillesdelavoiture.Elleatrouvéuneplaceetlespoussedevantelle.Elleadestasdesacsremplisdetrucsdanslesmains.

«Besoind'aide?»demandé-je.Ellelèvelesyeuxetsouffleverslehautpourdégagerlescheveuxquitombentsursonvisage.

«Matt»,dit-elle,maisuncharmantsourireretrousselescoinsdeseslèvres,etçasuffitàmecouperlesouffle.Elleaunpetitami,ducon.Netefaispasd'idées.«Qu’est-cequetufaisici?»

Jesouris,parcequec’estcequejeressensintérieurement.«Sethm'aappelé.Ilétaitpaniquéparcequetun’étaispasàlamaison»,avoué-je.

Sonvisages’assombrit.«Oh!»dit-elle.Ellefroncelessourcils.«Pourquoiilafaitça?»Jehausselesépaules.«Ilétaitinquiet.»Elleclaquelaportedelavoiture,mêmes’ilyaencoredessacsdedans.Jeregardeparlafenêtredesaportière.«Laisse-moit’aiderpourceux-là.»Ellesecouelatête.«Jeviendraileschercherplustard»,dit-elle.«AprèsavoircalméSeth,

apparemment.»Ellemeregardetristement.Ellesoulèvelessacs.«Noussommesalléesfairedushopping.»

«J’avaiscompris»,dis-je.JefaissigneàMellieetm’accroupis.Ellemontesurmondosetmetientfermement.Jemelèveetlafaittournercommejeleferaisavecmanièce,etellepoussedescrismêlésderires.J’aiencorelespizzasdansunemain,alorsjelesposesurletoitdelavoiture.

«Amoi!»crieJoeyens’accrochantàmajambe.JesoulèveJoeyàsontouretlesfaistouteslesdeuxtournoyerencercle.Skysemarre.«Jepensequ'ellest’aimentbien»,dit-elletranquillement.Ilyadel’enviedansson

regard.Jelessecouetouteslesdeux.«Ouais,ellesm’aimentbien.»Elleshurlentquandjelesfaisànouveau

tournoyer.«Jeveuxdire,franchement»,taquiné-je.«Qu'est-cequin’estpasaimableenmoi?»Jehausselessourcilsàsonintention,plaisantantavecellecommejeleferaisavecunefemmequim’intéresserait.Maisiln'yenapaseudepuislongtemps.

Sonvisages’empourpre,etelleestsacrémentjolie.Maiselleneditrien.Néanmoins,sonregardsedéplaceduhautdemoncrâneauboutdemespieds,s’attardantpluslonguementsurcertainsendroits.Est-cedel'intérêtquejevoisdanssesyeux?Ellepassesalanguesurseslèvres,puisdétourneleregard.

«Attention»,l’avertis-jedoucement.Ellesecouelatête,commesiellevoulaitquejemetaise.Alors,jelefais.Pourl'instant.Jelasuisdansl’immeuble,aveclesfillestoujoursaccrochéesàmoipuisquejelestiensellesetles

pizzas,etellessonttoujoursentraindecrierquandnouspassonslaportedel'appartement.«Regardecequej’aitrouvé»,dis-jetoutforttandisquenousentronsdanslacuisine.Sethse

retourne,levisagedur,etilcommenceàouvrirlabouche.Jepeuximaginercequiestsurlepointd’ensortir,alorsjeluicoupelaparole.«TatanteSkyaeulagentillessed’emmenerlesfillesfairedu

shoppingcetaprès-midi»,dis-je.Jeleregardedanslesyeuxpourl’avertirdefermersabouche.IlmefusilleduregardetsepenchepourdireàSky«Tuauraispuappelerpouréviterqueje

m’inquiète.»«Jenepensaispasquetuseraisrentré.»Elleregardesamontre.«Jenevoulaispast’inquiéter,

Seth»,dit-elle.Elleestsincère.Etellesaitqu'ellel’ainquiétéinutilement.«Jesuisdésolée»,dit-elletranquillement.

Jejetteuncoupd’oeilàSeth,etilpousseunsoupir.Ilsedirigeverselleetl’attrapedansuneétreintebizarre,commejel’aivufaireavecsamèredescentainesdefois.Illasoulèvelégèrement.«J’étaisinquietpourtoi,aussi»,expliquet-il.

Ellesourit,etc’estmagnifique.«Merci»,dit-elle.«Montéléphoneestdéchargé.Dorénavant,jegarderaiunchargeurdansmavoiture.Jen’aipasl’habitudededevoirverifiermesmessages.»Ellecommenceàposerlessacsparterre.«J’aiemmenélesfillesacheterdesnouveauxvêtements»,dit-elle.ElleregardeSeth.«J’espèrequeçaira.»

Ilsembleunpeuchagriné.«Cetteinstitutricequ’ellesontn’apasarrêtédemesaoûleravecleursvêtementsdepuisunesemaine.»

«Lesfilles!»appelle-t-elle.«VenezmontreràSethcequevousavezpendantquejedéchargelereste.»

Sethmejetteuncoupd’oeil,puisilregardelesnombreuxsacsdispersésunpeupartoutdanslapièce.«Ilyenaencore?»demande-t-il.

Jesourisetpasseunemainsurmonvisage.J'aivulatonnedetrucsentassésàl'arrièredesavoiture.«Beaucoup»,dis-je.Skysedirigeverslaporte,etjetournemonpoucedanssadirection.«Jevaisaidertatante»,dis-je.

Ilmesourit.«Aider?Onappelleçacommeçamaintenant?»Skyestdéjààlaporte,etj’aivraimentenvied’alleravecelle.«Elleaunpetitami»,dis-je.Ilsecouelatête.«Plusmaintenant.Ill'alarguéehier.C’étaitpasbeauàvoir.»Alors,ellen'apasdepetitami?Moncœurbondit.C’estgénial.«Elleabeaucouppleuré?»Ilsecouelatête.«Maisilyaeuunediscussionbizarresurlesorgasmes,sonattirail,etlefaitqu’il

soitégoïsteaulit».Ilfrissonne.«Enfin,beaucoupplusquecequejevoulaisentendre.»«Beaucoupplusquecequetudevraisrépéter,aussi»,avertis-je.Ilagrippemonépaule.«Tuasbesoindetoutel'aidequetupeuxobtenir,mec»,dit-ilavecune

pressiondelamain.Ilsourit.Jeluifaisundoigtd’honneurenm’assurantqueJoeyetMellienepuissentpasmevoir,etjesuisSky

danslecouloir.Elleesttoujoursentraind’attendrel'ascenseur,doncjetrottejusqu’àelleetm’arrête,unpeuessoufflé.Jenesaispassijemanqued'airparcequejesuissoulagéqu’ellesoitlibreouparcequejemesuisdépêchédelarattraper,maisjepariequec’estlapremièresuppositionquiestlabonne.Etçameconvient.

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BONTÉDIVINE,qu’ilestbeau!Mattporteuntee-shirtgrisetunjean,etsescheveuxsontretenussursanuqueparunélastique.Ilestsigrandquejedoispencherlatêteenarrièrepourleregarder.Ilmesourit.Ilrespireunpeufort,etjedoisadmettrequemoiaussi.

«Tuaspasséunebonnejournée?»demande-t-il.L’ascenseurcarillonneàcôtédenous,etnousentronsàl'intérieur.Ilappuiesahanchecontrelarampeetcroiselesbrassursapoitrine.

Jesuissortiedel'appartementencourantparcequej’étaisunpeutropsubmergéed’émotion.C’estlamentablequ'unenfantpuissemefaireperdrelesensdesréalitéssimplementenétantgentilavecmoi.MaisquandSethm'aprisedanssesbrasetm'aditqu'ilétaitinquietparcequej’étaisenretard,jemesuisrenduecomptequejefaisaispartied'unefamille,etmoncoeuradoublédevolume.Ensuite,ils’estfissuréetmesyeuxsesontremplisdelarmesetj’aidûsortirdelàavantdecraquercomplètement.

JepassemesdoigtssousmesyeuxetadresseunsourirelarmoyantàMatt.J’auraisvouluqu’ilmelaisseseulequelquesminutes,maismaintenantc’esttroptard.J’aitoutsimplementl’aird’uneidiotedevantunhommeséduisant.

Dequijememoque?Ilesthypersexy.Etjesuissurlepointdememettreàsangloter.Pourquoij’aitoujoursenviedepleurerquandcethommeestdanslesenvirons?

«Sky?»demande-t-ilcalmement.«Qu'est-cequinevapas?»«Rien»,dis-jed’unevoixrauque.Jemerâclelagorgeparcequ'ilyaunebouleaussigrossequ’une

montgolfièrededans.Ilmarcheversmoiettouchegentimentmonmentonavecsesdoigts,faisantbasculermonvisagevers

lesien.«Alors,pourquoitupleures?»«Parcequejesuisunefille»,couiné-je,commesic’étaituneexcuse.«Menteuse»,dit-il.Ilprendmonvisagedanssapaume,sesdoigtstripotantlapeaudevantmon

oreille,lacaressantd’avantenarrière.«Tuvaspenserquec’estbête»,dis-je.«Teste-moi»,réplique-t-il.«Non»,reniflé-je.Jeredressemesépaules.«Jevaisbien,vraiment.Cen'estrien.»Lesportess’ouvrentaurez-de-chaussée,etnoussortons,maisaulieudemarcherverslaporte

d’entrée,ilprendmamainetmetired’uncoupsecverslacaged'escalier.Ilfermelaporteets’assiedsurlamarchelaplusbasse.Iltapotelaplaceàcôtédelui.«Faisunpetitbreak.»

Jem’assiedsavecprécautionàcôtédelui.Ilserapprochejusqu'àcequesahanchetouchelamienne.

Jem’éloignelégèrement,maisilserapprocheunpeuplus.Jelèvelesyeux,etjenepeuxpasm’empêcherdeluisourire.«Tuenvahismonespace»,avertis-je.

«J’aimeenvahirtonespace.J’aienvied’êtrepartoutdanstonespace»,dit-ild’untontaquin.Puisiltapotesonépaule.«Dieunem'apasdonnédelargesépaulesjustepoursoutenirmestee-shirts».Ilutilisesamainpourpoussermatêtesursonépaule.Ilsetaitunmoment,puisildit:«Laisse-moiprendremapartdetonfardeau,Sky.Dismoicequinevapas.»

Ilesttranquillementassisetsecontentederespirer.Ilneditplusrien.Jesuisassiselàetjem’imprègnedesonparfum.C’estboisé,viriletpropre.C’estMatt,etj’aimeça.Jen’aiplusenviedepleurer.J’aienviedem’asseoirsurluietdel'embrasser.«OhmonDieu!»dis-jeengémissant.

«Non.JenesuisqueMatt»,dit-ilavecunpetitrire.Jeluidonneuncoupdepoingdansl’épaulepourrire.Ilfaitsemblantdetombersurlecôté,maisilse

redresseaussitôt,envahissantunpeuplusmonespace.«C’estàcausedetonpetitami?»demande-t-ilcalmement.Jesecouelatête.J'avaispresqueoubliéPhillip.«Non»,commencé-je.Maisjen’arrivepasà

alignerdeuxmots.«Laissetomber.»Ilresteassisensilence,puisilsemetàsiffler.Ilnemelaisserapastranquillesijenem’explique

pas.«C’estjustequej’aijamaiseudefamille.»Voilà.Jel'aidit.Maintenant,ilpeutavoirpitiédemoi.

«Alors,quandj’aivuqueSethétaitinquiet,passeulementpoursessœurs,maisaussipourmoi,çam’arenduetoutechose.»Jehausselesépaules.Ҫaal’airencoreplusstupidemaintenantquec’estsortidemabouche.«C'esttout.Jesaisquec’eststupide.»

Ilneditrien.Ilsecontentedehocherlatête.«J’aijustedumalàtrouvermesmarquesdanscettesituation.Maisjepensequejevaisyarriver,et

çafaitdubien».Ilhausselessourcils.«Donc,c’étaitdesbonspleurs?»demande-t-il.«C’étaitdetrèsbonspleurs.»Unsouriremevientauxlèvres,mêmesijesuisencoretrèsémue.«Ok»,dit-ilenhochantlatête.Iltapotesonépaule.«Tuveuxpleurerencoreunpeusurmoi?Pour

ainsidire,j’aimebienquandtumetouches.»Ilsouritetouvregrandssesbrasensigned'invitation.«Jesuisvraimentbonpourfairedescâlins.»

Jememordslalèvreinférieureenessayantdenepassourire.«Jevaisfairesemblantquec’estunecorvéesiçapeuttefairetesentirmieux.Jevaismêmegémir

bruyamment.»Cettefois,jeris.Jenepeuxpasm’enempêcher.Ilesttropchou.«Ҫaveutdirenon?»demande-t-il,impassible.«D’habitudejenesuispasaussiémotive»,dis-je.Ilhausselesépaules.«Touteslesfemmesdisentça.Engénéral,çaprécèdeunépisodedefolie

furieuse.»«Tumetraitesdefolle?»Ilsecouelatêteavecvéhémence.«Certainementpas.»Ilsourit.«Ilyabeaucoupdemotsque

j’emploieraispourparlerdetoi.Follen’estpasl’und'entreeux».Maintenant,jesuisintriguée.«Vas-y,dis.»«Tuesabsolumentmagnifique,putain!»dit-il.Sonregardglissedehautenbasdemoncorps.Mesjouess’empourprent.«Ettuesintelligente.Etloyale.Ettuaseulesyeuxplusgrosqueleventreenprenantcestrois

enfantsquinesontpasmêmeàtoi.»Ҫamefaitplaisirqu'ilpensequejesuisintelligente.Etloyale.«Ettun’espasàmoi.»Ilselèveettendlebraspourprendremamain.«Alorsonferaitmieuxde

sortirdelacaged'escalieravantquejefassequelquechosedestupidecommet’embrasser.»Ilmetire,etjem’époussettelesfesses,enréfléchissantàcequedoisfaire.«Tuveux

m’embrasser?»demandé-je.«Plusquetout»,dit-ilrapidement.Jesourisetdétourneleregard.«Bien.»J’ouvrelaportedelacaged'escalieretavance.«Qu'est-cequeçaveutdire?»demande-t-ilalorsquej’aidéjàtournéledos.«Rien»,lancé-jepar-dessusmonépaule.Moncœurestbienpluslégerqu'ilnel'étaitilyaquelques

minutes,sansdouteparcequ'ilyaenvironunmilliondepapillonsquivolètentautourdemonestomac.Monventreseretournequandjecroisesonregard.«Jesuiscontentequetuveuillesm’embrasser,c’esttout.»Jehausseànouveaulesépaules.

«Donc,jepeux?»demande-t-ildoucement.Ilmesuitdanslarueetjusqu’àmavoiture.Jedéverouillelesserruresaveclebippourpouvoirouvrirlaporte.Jecommenceàsortirlessacsetàlesluimettredanslesbras.

«Tupeuxquoi?»demandé-je.Ilsourit.«Tulesais.»Jebaissemavoixjusqu’àcequecenesoitplusqu’unchuchotement.«Ilvafalloirquetumel’épèle,

Matt.»«J-EV-E-U-XT’E-M-B-R-A-S-S-E-R»,épèle-t-ilenriant.Jerisaussi.«Bien»,répété-je.Jesorslesdernierssacs.C’estluiquienportelaplupart,doncma

chargeestassezlégère.Jemehissesurlapointedespiedsetdéposeunrapidebaisersursajoue.«Mercidem’avoiraidéepourlessacs.Etpourlapizza.Etpourt’êtreprécipitéquandSetht’aappelé.Jesuisdésolés’ilagâchétasoirée.»

«Tupeuxréparerlesdommages,»dit-il.Ilfaitunemoueséduisante.Jenepeuxpasm’empêcherdesourire.«Tuviens?»demandé-je.Illèvelessacsenl’aircommepourmontrerqu’iln'apaslechoix.«Enfuyez-vouspendantquevouslepouvezencore,M.Reed,»dis-jeenessayantdeluiprendreun

sac.«Iln’enestpasquestion»,dit-il.Monventrefaitencoreunesortedepetitecabriole,etjenepeuxpasm’empêcherdemedemanderoù

toutçavanousmener.

M

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att

SESJOUESSONTd’unjolirose,etelleévitedemeregarderdansl’ascenseur.Jelalaissemarcherdevantmoidanslecouloirparcequ’ellealeculleplusbeauetleplusparfaitquej’aiejamaisvuetquej’aibesoind’uneexcusepourpouvoirleregarder.Elleporteencoresatenuedetravail:unejupedroite,destalons,etunjolihaut.

Elleregardepar-dessussonépauleettiresalèvreinférieureentresesdents,sonvisagerosissantencoreplus.Jebandeimmédiatement.Siellen’arrêtepas,jevaisdevoirresterunpeudanslecouloiravantdepouvoirentrer.Jerespireprofondémentetarrêtederegardersoncul.Aulieudeça,jeregardelestasdesacsqu’elleaentasséssurmoi.Ilsdébordentdemesbras,etj’aidesboîtesàchaussuresempiléesdanslesmains.

«Tuasachetétoutlemagasin?»demandé-jetandisqu’elleouvrelaporte.Ellelèvequatredoigts.«J’aiachetéquatremagasinsentiers.Lespetitesfillescoûtentchers.»Elle

hausselesépaulesetdit:«J’aiquelquesbricolespourSeth,aussi.J’espèrequeçaluiira.J’aidûdevinersataille.»

Ilvaadorerça.Cepetitn'aeupersonnepours’occuperdeluidepuislongtemps.J’ailesentimentquemêmesielleluiavaitachetéunmanteaudefourrurerose,ill’auraitprisavecfiertéjusteparcequ'elleleluidonnait.«Peuimportecequetuaspris,jesuissûrqueçairatrèsbien.»

Elleouvrelaporte,etjecommenceàmedébarrasserdessacs.Lelourdsacremplidejeansalaissédesrainuressurmonpoignet,etjelebrandispourleluifairevoir.«Tuasvulesconséquencesdetaviréeshopping?»plaisanté-je.

Elleprendmamaindanslasienneetretournemonbraspourévaluerleprejudicedeplusprès.Sesmainssontdoucesetsesonglesmanucurésàlaperfection.Ellepassesonindexsurmonpoignet.«Jesuistellementdésolée,Matt!Regarde-toi:tuesblessé!»Elleritbruyammentetc’estunsijolisonquisortdeseslèvres!Alafoisdébridéetfougueux.J’aimetrop!Surtoutquandellepenchesatêteenarrièreetqu’elleritsifortqu'ellerenifle.Maisçalafaitrireencoreplusfort.«Qu’est-cequejepeuxfairepourréparerça?»demandet-elle.

Jelèvemonpoignetetavancemalèvreinférieure.«Unpetitbisouetçairamieux?»suggéré-je.Ellesoulèvemonpoignetetpresseseslèvressurmapeau.J’ail’impressionquejevaismedissoudre

enunegrosse,vieille,dégoulinantebouledesueurlàsursontapis,maisdèsqueseslèvresmetouchent,ellesoufflesurmapeauetçafaitungrosbruitdepet.Ҫamefaitrire,etjetendslesbraspourlatirerversmoi.

Maisjusteàcemoment-là,unenfanttoutnusortdelasalledebainsengalopant.C’estMellie,etjecachemesyeuxtandisqu’ellepasseencourantdevantnous.Sethlapourchasse,uneservietteàlamain.Ilgrogneaprèsellepourrire,etelleseprécipitederrièrelecanapé.Ellepasseàcôtédemoiencourantetjetendstrèsrapidementlamainpourl'attraper,tenantàboutdebrassonpetitcorpsnuetgigotant.Merde,elleesttouteglissante.Elleritetagitesespieds,donnedegrandscoupsdepied,etjefaiscequejepeuxfairepourlatenir.

«Viensici,toi»,grogneSeth,etilenrouleMelliedanslaserviette.Jel’entendsgloussertoutlelongducouloir,puisj’entendslaportesefermer.

Skyposesamainsurmapoitrine,etlafaitglisserpourm’essuyer.«Tuestoutmouillé»,dit-elleensecouantlatête.

«C’estbon»,dis-jeenbalayantsesinquiétudes.«C’estjusteunpeud'eau.»Jefrottemesmainsl’unecontrel’autre.Ellessonttoujoursglissantes.«Etdesavon.»ajouté-jeenriant.

«Laisse-moiallertechercheruneserviette»,dit-elleensedirigeantverslacuisine.«J’ensuisencoreàapprendreoùsontleschoses.»Elleouvretiroiraprèstiroir.Elletrouveenfinunepetiteservietteetmelatend.«Désoléequ’ellet’aitmouilllé.Etqu’elleaitcourutoutenuedevanttoi.»

«Tuplaisantes?»demandé-je.J’adorecegenredetrucs.Toutecetteagitationm’amanquéchezmoidepuisquelesplusjeunessontpartis.«C'estgénial.»

«Jevoudraisbientepasseruntee-shirtpourtechangermaisj’enaipasàtataille»,dit-elle.Ellegrimace.«Désolée.»

Jefaissemblantdepassermontee-shirtpar-dessusmatête,etsesyeuxsedéplacentversmesabdos,s’agrandissantquandellevoitletatouageàgauchedemonnombril.«Ouah!»souffle-t-elle.Ellecouvresaboucheduboutdesesdoigts.

Montatouageestunegrenouilleverte.Maiscen’estpasn’importequellegrenouilleverte.MonfrèreLoganestunartistefabuleux,etc’estluiquil’adessinée.C’estunegrenouilllesurunnénupharavecdesfleursflottanttoutautour.Surlatêtedelagrenouille,ilyaunecouronned'épines.Jel'aimevraiment,maisjemesensunpeuàvifetexposémaintenantqu'ellel’avu.«Tuveuxembrassermagrenouille?»demandé-je,parcequejemesensunpeudéprimé.

Ellelècheseslèvres.«Nefaispasça»,avertis-je.Mavoixestrauque,mêmemoijel’entends.«Fairequoi?»murmure-t-elle.Jefaisunpasverselle,enjetantunregardrapidedanslecouloirpourvoiroùsontlesenfants.«Ne

lèchepasteslèvresenmeregardant,Sky»,dis-je.Ellelerefait.«Oups!»souffle-t-elle,maisellesourit.J’aienviedel'embrasser,maisjedoissavoircontrequoijemebats.«Commentvatonpetitami?»demandé-je.JesaisqueSethaditqu’ilss’étaientséparés,maisje

veuxl'entendredesabouche.Jenetoucheraipasquelqu'unquisortavecquelqu'und'autre.J’aiassezsouffertdecegenredetruc.J’enaipourlavie.

«Quelpetitami?»demande-elle.«Nemedonnepasd’espoirs’iln’yenapas»chantonné-je.Maisjesuissérieux.Absolument

sérieux.«Ons’estséparés.»«Ettuesabattue?»Jeveuxsavoircommentellesesent.Aproposdetoutça.«Folledejoie»,corrige-t-elle.MercimonDieu.Unfrissonparcourtmacolonnevertébrale,parcequecettefemmem’intéresse

vraiment.«Tuessûrequetuenasfiniaveclui?»«Absolument».Ellehochelatête.Sesyeuxnequittentpaslesmiens.«Jevaistefairetomberamoureusedemoi»,l’avertis-je.

«Tupeuxtoujoursessayer»,dit-ellecalmement.Jemepencheetl'embrassetrèsrapidementsurlajouejusteavantqueMellien’arriveencourantdans

lapièce.Elles’arrêteàmespiedsendérapant,glissantdanslapiècedanssacombinaison-pyjama.ElleagrippemesjambesavecunbrasetglissesamaindanscelledeSkyavecl'autre.SkyrepousseunemèchedecheveuxduvisagedeMellie,avecunregarddouxauqueljenem’attendaispas.

«Quelqu'unveutjoueraubowlingsurlaWii?»demandeSethenentrantdanslacuisine.Sonregardfaitdesallers-retoursentreSkyetmoi.«Qu'est-cequej’airaté?»demande-t-il.

«Jet’aiachetépasmaldetrucsaumagasinaujourd’hui.Pourquoitunevaspasvoir?»demandet-elle.

Ilhausselessourcils.«Tuasdestrucspourmoi?»Ilsourit,pousseuncridejoieetvafouillerdanslessacs.

C’estungarçon,unado,etj’aidel’expérienceaveccesanimaux-là.J’enaimoinsaveclesfilles.Jeprofited’unmomentoùSkyneregardepaspourluitapersurl'épauleetl’avertir:«Mêmes’ilsneteplaisentpas,faissemblant.Nelablessepas.»

«Tuplaisantes?»demande-t-il.Ilbrandituntee-shirt.«Ilssontsuper.»Ilessayeseschaussures,etellesluivont.ElleaachetédesVans,doncellenepouvaitpassetromper.Illesadore.«Tun’auraispasdû,tanteSky»,dit-il.Ilselèveetsedirigeverselle.Ellesouritdetoutessesdents.Illasoulèveetlafaittourner.«Merci,»dit-il.

Ellecrie.«Jedoism’habitueràcegenredecâlinsquetufais»,dit-elle.«Pourquoi?»demande-t-il.Ilal'airconfus.J’ail’impressionqueSkyn'apaseubeaucoup

d'affectionquandelleétaitpetite.Maiscesenfantsenontétébaignés.«C’estjuste...quec’estquelquechoseàlaquellejenesuispashabituée»,dit-elle.LevisagedeSeths’assombrit.«Tuveuxquejem’arrête?»demande-t-il.«Jecâlinaismamèretout

letemps.»«Situarrêtes,jevaisdevoirteconsigneràlamaisonout’obligeràporterunchapeauridiculeà

l'écoleouquelquechosedumêmegenre.Merde,jenesaispascommenttetorturer,maisjetrouveraibienquelquechose.»Elleritmaisjevoisqu'elleestmalàl'aise.

IlpasseànouveausonbrasautourdesépaulesdeSkyetlaserre.Ellecouineunpeu,etilrit.«Tuescommeunepetitesouris»,dit-il.«Tuchuchotesquandtuesencolère,aussi?»

Elleluifrappel’épaule.«Tuleverrassitucontinuescommeça.»Skysedébarrassedeseschaussuresd’uncoupdepiedetdéambulepiedsnusdanssesbas.Elle

prendunepartdepizzaetvas'asseoirsurlecanapé.LesenfantscommencentunepartiedebowlingsurlaWii,etilslapersuadentdejouer.«J’aijamaisfaitçaavant»,prévient-elle.

«C’estfacile»,ditSeth.Illuifaitsigned’avancer.«Allez.Jevaistemontrer.»Elleselèveensouriant,etjetendslamainverslatélépourmonterleson.Skytiresonbrasen

arrière,justeaumomentoùjemeretournepourrevenirsurlecanapé,etsoudainlatélécommandeluiéchappedesmainsetatterritdirectementsurmonnez.

«Aïe!»grogné-je.Skymetsamainsursabouchepourréprimeruncri.Puisellecourtversmoiquandellevoitlesang

coulersurmonvisage.Jemedirigeverslacuisineparcequejeneveuxpasmettredusangsurlamoquette.

«Ohbudain!»m’écrié-jequandjevoisquelesenfantsnenousontpassuivis.Ellemefaitasseoirsurunechaiseetmetuneserviettesousmonnez.«Ҫafaitunbudaindebal!»Jeparlecommesij’avaisungrosrhume,maislesangcouleencore,alorsjedoismepincerlenez.

«Jesuisvraimentdésolée!»dit-elleensebaissantdevantmoi.Elleposesesavant-brassurmescuisses.Sonhaleinefleurebonlapizzaqu’ellevientdemangeretj’aivraiment,vraiment,enviedel'embrasser,maisj’aidusangpleinlevisageetlesmains.«Jesuisvraimentdésolée»,répète-t-elle.«Je

nesavaispasqu’elleallaits’envolerdemamaincommeça.»«Tuauraisdûl’attacheràtonboignet»,dis-je.«L’attacheràmonpoignet?»répètet-elle.«Bourl'embêcherdes’envoler.»«Merde!»dit-elleencore.«Jesuisvraimentdésolée.»Ellel’adéjàdit.Elleselèveetvachercheruneserviettehumide.Ellemenettoielesmainsetessuie

doucementledessousdemonnez.Monnezmefaitunmaldechien.Jereculematête,maisellesuitlemouvement,examinantetpressantmonnez.

«Jepensequeçanesaigneplus»,dit-elle.Maisjelalaissecontinueràs’affairerautourdemoi,parcequej’aimeça.«Tuveuxunpeudeglace?»demande-t-elle.

Ouais,maispourmabite,paspourmonnez.«Oui,s’ildeblaît»,dis-je.Sonvisagen’estqu’àquelquescentimètresdumien.Maisellesedirigeverslefrigo.Ellerevientavecunpetitsacdeglace.Elleseraitprobablementoffenséesijelefourraisdansmonpantalon,doncjeleplacecontremonnez.Jetiensmonmentond'unemainetlaglacedel'autre.

«Jenevoulaisvraimentpastefrapper»,dit-elle.Elleal'airsiinquiètequejedoislatranquilliser.Merde,j’aivécuavecquatrefrères.J’aieuplusdesaignementsdenezquejenepourraisjamaiscompter.

«Jesurvivrai»,dis-je.Ellesepencheprèsdemoietm’embrasselajoue.J’aienviedetournerlatêteetdepressermes

lèvressurlessiennes,maisjenelefaispas.«Tuesaboureusedeboi,baintenant?»demandé-je.Elleritetdétournelatêteenfermantlesyeux.Sonrireesttropmignon.Ellegrimace.«Jesubbosequeçaveutdiredon»,dis-je.Jesoulèvemachemiseetessuieleboutdemonnez,carelleaprismaserviettehumide.Ace

moment-là,sesyeuxsedirigentversmonprincegrenouille,etellesepencheenavantetappuieseslèvressurlui.Ellemeregarde,sesyeuxbleusgrandsouverts,tandisqu’ellelaisseseslèvress’attarderlàpendantuneseconde.Puisellefaitungrandbruitdebisouetseredressebrusquementensouriant.«Voilà.Toutvapourlemieux?»

Putain,non!Ҫanefaitquecommencer.Sethpassesatêtedanslapièce.Ilricaneenmeregardantetsecouelatête.«Mec»,dit-ilenriant.

«C’estlachoselaplustristequej’aiejamaisvue.»Jemedébarrassedelaglace.«Ҫasuffit.Jevaistebotterlesfessesaubowling,Seth.Tuesfini.»Je

lesuisdansl'autrepièce,prendsunetélécommandeetessayedefairecommesiellenevenaitpasdechamboulermonmonde.

S

11

kylar

JESUISTELLEMENTPRISEparlejeuquejenemerendsmêmepascomptedel’heurejusqu’àcequeMelliegrimpesurmesgenouxets’endorme.Jesaisqu'elleestendormieparcequejesensdelabavecoulerlelongdemajambe.Jemeredresse,enfaisantattentiondenepaslabousculer,etlatiredansmesbras.Ellefaitunpetitmurmureensommeilléprèsdemonoreilleetseblottitunpeuplusdansmoncou.Jeprendsunegrandeinspirationetprofitedumoment,parcequec’estextrêmementrare.

«Okay,çasuffit»,ditMatt,etilsepenchepouréteindrelaWii.«Jepensequ'ilyaeuassezdecoupsdepiedauculpourcesoir.»Ilpoussel'épauledeSeth.Sethlepousseaussietilsroulenttouslesdeuxausol.MattimmobiliseSethetsourit.«Comments’estpassélalutteaujourd'hui?»demande-t-il.

Sethseredresse,etarrangesescheveux.«Pasmal.Onfaitdescombatsd'entraînement,mercredisoir.»IlregardeMatt.«Tuveuxvenirvoir?»

Matts’allongeànouveausurlesol,faisantsemblantd’êtreépuiséaprèslalutte,maisjepensequ'ilestchoquéqueSethluiaitdemandéça.Ilramasseuneballeetcommenceàlajeterenl'airetàlarattraper.«Aquelleheure?»demande-t-il.

Sethhausselesépaulescommesicen’étaitpasimportant.«A7heures,jecrois»,dit-il.«Donc,tuveuxvenir?»

Matts’assiedethochelatête.«Sitatanteestd’accord»,dit-il.Mattmefaitunclind'oeil,commesiSethnepouvaitpaslevoir.MaisSethlevoitetilsecouelatête.

«Arrêtecettearnaqueavecmatante,mec»,prévient-il.«C’estpasdel’arnaque.C’est...»Ils’arrêteetmeregarde.«Merde,jesaispascommentça

s’appelle.»Ilal'airunpeumalàl'aise.IljettelaballesurlapoitrinedeSeth,etSethretombesurlesolensetenantleventre.

Joeyselèveetvas’asseoirsurleventredeSeth,ellerebonditetritquandilgémit.«Pourquoituestoujoursdebout?»demande-t-ilenregardantl'horloge.«L’heureducoucherestpassée.»

Ilattrapesesmainsetselève,lajetantsursonépaule.Ellecouine.Ilvientversmoietlalaissependredevantmonvisage.«FaisunbisouàtanteSky»,dit-il.

Ellesepencheenavant,prendmonvisagedanssesmains,etm’embrassesurlajoue.«Bonnenuit,tanteSky»,dit-ellecalmement.

Sethmontremesgenoux.«Jereviensdansunesecondepourcelle-là»,dit-il.«Non,jevaislaprendre»,dis-je.JemelèveetprendsMelliedoucementdansmesbras.Ellese

blottitplusprèsdemoi,etjemerendscomptequ'elleatranspirécontremoiquandjesensunebouffée

d’airfraissurl’endroitoùelleétaitcouchée.Maisjenechangeraisçapourrienaumonde.Sethhausselesépaules.«Tuenessûre?»demande-t-il,enpenchantsatêtedecôté.Jehochelatêteetluisouris.«Siçanetedérangepas.J’aimeraislesmettreaulit».Sethhochelatêteendirectiondelachambredesfilles.«Biensûr»,dit-ild’untondésinvolte,etilse

dirigedanscettedirection.IldéfaitlescouverturesetfaittournoyerJoeycommeunavion,enfaisantunbruitmi-bourdonnement

mi-souffleavecsabouchejusqu'àcequ'elleatterrisseentrelesdraps.Elleglousse,etilsepenchepourl'embrassersurlajoue.«Bonnenuit»,dit-il.Puisilvientm’aideràborderMellie.Elleestcomplètementendormie,etellefaitàpeineunmouvementquandillacouvre.Jemetourneendirectiondelaporte,maisJoeycrieetjedoisrevenir.

«TanteSky?»dit-elle.Jemeretourne.Elleestbiencaléeauchauddanssescouvertures,etjenevoispasdequoielle

pourraitavoirbesoin.«Tuveuxquelquechose?»«Ellevatefaireresteraussilongtempsqu'ellelepeut,endemandantdesbisous,del’eauetpleinde

trucsdontellen'apasvraimentbesoin»,prévientSeth.Illapointedudoigtetdit:«Dors!»Jemedirigeverslelit,m’assiedssurlebord,ettirelescouverturesencoreplusétroitementautour

d'elle.Ellesortsonbrasetposesamainsurmonavant-bras.«Situvoismamaman»,chuchote-t-elle,«tuluidirasbonnenuit?»

Moncœurseserredansmapoitrine,etjedoisfermerlesyeuxetprendreuneprofondeinspiration.Maisjemepencheverselleetluimurmureàl’oreille:«Tupeuxparleràtamamanquandtuveux,ellet’entendra.Alorstupeuxluidirebonnenuittoi-même.»Jeluipincegentimentlenez.

«Ellem’entend?»murmure-t-elle.Jehochelatête.«Ellet’entend,mêmesiellen’estpluslà.»Jeclignefurieusementdesyeuxparce

quec’esttoutcequejepeuxfairepourm’empêcherdesangloter.Quandest-cequejesuisdevenueunetellepleurnicheuse?Enmêmetempsquejesuisdevenuemaman,apparemment.«Ellenetequitterajamais.Jetelepromets.»

«Jeluidiraimoi-même»,dit-elle.Ellesouritetroulesursonoreillertandisquesesyeuxseferment.«Bonnenuit»,dis-je,etjel’embrassesurlefront,m’attardantunmomentpourm’imprégnerdeson

odeurdepetitefille.Quandjesors,Sethestentraindem’attendredanslecouloir.«Ouah!»souffle-t-il.«Quoi?»demandé-je.J’évitesonregardparcequ'ilàl’airdequelqu’unàquionvientdecouper

l’herbesouslespieds.Ilsecouelatête.«Parfois,çaparaîtfaciledecontinuersanselle,etd'autresfois,lessouvenirsettous

lespetitstrucsquiramènentàelle,viennentvoussubmerger,tuvois?»Non,jenevoispas.Jen'aijamaiseupersonnequim'aaiméecommeleurmèrelesaimait.Jenesais

pascequeçafaitdeperdrevotreancre.Desoudaindériver.«Tupeuxluiparler,toiaussi,tusais»,dis-je.Ilmesuitàlacuisine.«Elleesttoujourslàpourtoi.»

Ilsecoueànouveaulatête.«J’aimecetteidée,maisjenesuispassûrd’ycroire.»Ilpousseunsoupir.«Jemesensunpeuseul.»

Moncœurseserre.Jepensaisqu’onétaitentraind’avancer,maispeut-êtrequejenesuispascapabledeluidonnercedontilabesoin.«Jevaisfairedesefforts»,dis-je.

Ilmetiredanssesbrasetmeserre,sonavant-brasencoreunefoisenrouléautourdematêtedanscetteétreintesibizarre.Maisj'aimeça.

«Toutvabien?»demandeMattdepuislaporte.Ilhausseunsourcilàmonintention.Jereculeetrepousselescheveuxdemonvisage.«Trèsbien,»dis-jeenluisouriant.Jenesaispas

pourquoi,maisçasemblenaturelqueMattsoitlà.Nousavonscetteétrangesorted’alchimiequifaitpalpitermonventremaismeréconforteenmêmetemps.Ilapporteunesensationdepaix.Jenepeuxpas

ladéfinir,maisjesaisquej’enveuxencoreplus.IlsedirigeversSethetenroulesonbrasautourdelatêtedugarçon,puislacoincegentimentpour

frottersoncrâneavecsonpoing.Sethlerepousse,maisilsourit.«Jevaismecoucher»,ditil.«Déjà?»melamenté-je.Jeregardemamontre.«Ilestencoretôt.»Iljetteuncoupd’oeilrapideàMattetMattbaisselatêteetsourit.«Jesuisfatigué»,ditSeth.Il

simuleunbâillementets’étire.Ilsourit,etMattpassesamainsursonvisagepourcachersonpropresourire.Sethm’embrassesurlefront,cognesonpoingcontreceluideMatt,etpartdanssachambre.

Jenesaispasquoifairedemoi-mêmetouteseuleavecMatt,alorsjecommenceàchargerlelave-vaisselleaveclavaissellequ’onautiliséeaujourd'hui.Mattramasselesassiettesetlestassessurlatableetm’aide.

«Attention,oujevaism'habitueràt’avoirici»,avertis-jemalicieusement.Ilmeregardedanslesyeux.«Super.C’estcequejevoulais.»J’enailesoufflecoupéetjedoismeretournerpournepasluifaireface.Jeposemesmainsàplatsur

lecomptoiretprendsuneinspiration.MaisalorsjesenslaprésencedeMattderrièremoi.Ilaposésespaumesàplatsurlecomptoiràcôtédesmiennes,sesbrasencadrantmoncorps.Ilestsiprèsquejepeuxlesentirduhautdemoncrâneàmestalons.

«Tuesamoureusedemoimaintenant?»chuchote-t-ildoucement.Unsourirepassesurmonvisage,etjesuistropheureusequ'ilnepuissepaslevoir.«Nan»,dis-je

par-dessuslabouledansmagorge.Ilpousselescheveuxdemanuqueetyappuieseslèvres.Jesuissoudainheureusequ'ilsoitderrière

moi,parcequej’ail’impressionquemesgenouxvontmelâcher.Seslèvressontdoucesetchaudes,maisinsistantes.Ilembrasselecôtédemoncou,etj’inclinelatête,parcequec’esttellementbon!

«Unjourtuvoudrastemarieravecmoi»,murmure-t-il.«Tuesterriblementsûrdetoi.»Mavoixnetremblequ’untoutpetitpeu.J’ensuistrèsfière.«Mmmmmm,»murmure-t-il,etseslèvresglissentdoucementlelongdemoncou.Soudain,ilyaunbruitderrièrenous,etMattfaitunbondenarrière.Ilestdel’autrecôtédelapièce

enmoinsd’uneseconde.JemeretourneetvoisSethdeboutdansl'encadrementdelaporte.Sonregardfaitdesva-et-viententrenousdeux.Enfin,ilrenifleetdit:«Mec,tudevraisdéjàêtreentraindel’embrasser.MonDieu.»Ilsedirigeverslefrigoetprendunebouteilled'eau,puisilquittelapièce.

Mattgrimace.«Jedevraisprobablementyaller.»«Non»,dis-jerapidement.Jefermefortlesyeux.Quandjelesrouvre,ilestentraindemeregarder

intensément.«Jeveuxdire,situdoisyaller,tupeux.Maissituveuxresterunpeu...»«Jeveuxrester»,dit-ilrapidement.«Tuveuxunebière?»demandé-je.Jepensequ'ilyenaencorequelquesunesdansleréfrigérateur.«Non»,dit-il.«Maismerciquandmême.»Jemeverseunverredevinpouravoirquelquechoseàfaireavecmesmains.Ilseprendunebouteilled'eauetmesuitsurlecanapé.Jem’assiedsàunbout,etluiàl’autre.Ilest

beaucouptroploin,àmonavis,maisenmêmetemps,ilesttropprès.Qu’est-cequejesuisentraindefaire?

Jemetsmespiedssurlecanapé,mesgenouxpointantversletéléviseur,etMattregardemesjambes.Jetireunpeusurmajupe.Ilgémitetpenchelatêteenarrière,maisilsourit.«Tunesaispascommec’estdurd’êtreassisdececôtéquandtoituesàl’autrebout»,dit-il.

«Si,jelesais»,avoué-je.Sonregardsetournebrutalementverslemien.«Turessensça,toiaussi?»demande-t-il.Sesyeux

sontsibleusetsiprofondsquej’aienviedetomberdedansetd'yrester.Nedétournejamaistonregarddemoi,Matt.

Jehochelatêteetmemordslalèvreinférieurepouréviterdesourire.«Pourquoitun’aspasdepetite

amie,Matt?»demandé-je.Etjeveuxvraimentsavoir,parcequec’estincompréhensiblepourmoiqu'ilsoitcélibataire.Ilestbeau,etilestsigentil.

Ilagitesondoigtversmoi.«Ilyaunehistoirelà-dessous»,dit-il.Jem’enfonceunpeuplusdanslecanapéetmetournedesortequemespiedssontpointésverslui,et

mesjambesétendues.Mesorteilstouchentpresquesacuisse.Alorsilsoulèvemespiedsetseglissedessous,serapprochantunpeuplusdemoi.«J’aiétéamoureuxd’unefille.Pendantlongtemps.»

«Qu'est-cequiluiestarrivé?»demandé-je.Ilcommenceàchatouillermesorteils,puissesdoigtsglissentverslehautdemonpied.C’esttoutdouxetc’esttellementbonquejeneveuxpasqu’ilarrête.Sesdoigtspianotentdistraitementtandisqu’ilcommenceàparler.

«Quandj’aiétédiagnostiqué»,dit-il,«ellen’apaspufaireface.»«Lecancer?»demandé-je.Ilhochelatête.Sesdoigtsmontentetdescendentlelongdemontibia,etilleurfaitfaireunquartde

tourpourcaresserl’arrièredemongenou.Jenel'arrêtepasquandsesmainsglissentsousmajupe,mêmesijemeraidis.Ilsouritquandiltrouvelehautdemesbas,etildéclipselapetiteattachequilesaccrocheàmajarretière.Ilfaitlamêmechosedel'autrecôté,sesmainstaquinantlapeausensibledel’intérieurdemacuissetandisqu’illibèrelebasetlefaitroulerjusqu’enbas.Illefaitpasserpar-dessusmonpied,etfaitdemêmeavecl'autrecôté.Soudain,jesuisvraimentheureusedem’êtrerasélesjambescematin.Jeremuemesorteilsàsonintentionetilrecommenceàmecaresser.Jeveuxqu’iln’arrêteplusjamais.

«C’estok?»demande-t-il.Maisilnemeregardepasdanslesyeux.Ilregardemesjambes.«Ouais»,soufflé-je.«Continuedeparler.Tuasétédiagnostiqué...»«J’aiétédiagnostiqué,etlepronosticn’étaitpasbon.J’aifaitdelachimioetçaaétéunpeumieux.

Maisaprèsj’aieubesoind’undeuxièmetraitement.Leschosess’annonçaientmal,etonétaitfauchés.Jenepouvaisplustravaillerausalondetatouageparcequemonsystèmeimmunitaireétaittropfaible,alorsjen’avaisplusderentréesd'argent.J’étaispauvreetmalade,etellenem'aimaitpasassezpourfairelarouteavecmoi.»Ilhausselesépaules,maisjesensqu'ilestsérieux.«Ellem’atrompéavecmonmeilleurami.»Ilhausseànouveaulesépaules.«Etc’estlafindecettetristehistoire.»

«Tul’aimesencore?»demandé-je.Jeretiensmonsouffleenattendantsaréponse.Ilsecouelatêteetlèvelesyeux.«Jel’aiaiméependantlongtemps.Etjen’aipascherchéuneautre

relation.Jenesuissortiavecpersonnedepuis.Maisjenesuisplusamoureuxd’elle.Maintenantjelesais.»

«Pourquoimaintenant?»demandé-je.Ilmeregardedanslesyeuxetdit:«Parcequejet’airencontrée,etquej’espèrevraimentquetu

voudrasfairequelquechosedeconcretavecmoi.Jesaisqu’onvientjustedeserencontrerettoutça,maisj’étaissérieuxquandj’aiparlédetefairetomberamoureusedemoi.»Ilrit.«Puistum’ascognélenez,cesoir,etj’aisuquec’étaitledestin.»

«Quoi?»Jenesaispasdequoiilparle.«QuandmonfrèreLoganarencontréEmily,ellel'afrappéauvisage.EtquandPeteetReaganont

commencéàsortirensemble,elleluiacognélenez.»Illèvelamainettouchedoucementsonnez.«Alors,quandtum’asfrappé,cesoir,j’aisuquec’étaitledestin.»Ilsourit.«J’espèrequeturessenslamêmechose,parcequej’aivraimentenviedesavoiroùtoutçavanousmener.»

«Alors,lesfemmesdonttesfrèressonttombésamoureux,leurontcauséunprejudicecorporeletc’estcommeçaquevousavezsuquec’étaitbon?»

«Nousavonsunesortederègle.Siunefemmetefrappeauvisage,tudoisl'épouser.»Ilrit.«Jenet’aipasfrappé.»«Ҫarevientaumême»,dit-il.«C’estmonhistoireetjem’ytiens.»Jeposemonverredevinsurlatablebassequandjemerendscomptequ'ilestvide.«Maisjeveuxteparlerdequelquechose»,dit-il.Ilestcalmeetsérieux,etilarrêtedefrotterma

jambe.Ilenroulesamainautourdemacheville.«Ok»,dis-jed’unevoixhésitante.«Avectoutecettechimio,leschancesquej’aieunjourdesenfantssontminces.»Sesyeuxsont

remplisdedouleur.«Iln'yamêmeprobablementaucunechance.»Iltournesonpouceverslecouloir.«Tutecontenteraisdetroisenfantsetpasundeplus?»

Jepenchelatêteenarrièreetris.«Tucroisquej’enaibesoindeplusdetrois?»«Jeveuxjusteêtrecomplètementhonnêteavectoi.Jenepeuxpastemettreenceinte.Donc,situveux

avoirunbébé,jenesuispaslemecqu’iltefaut,etjenevoudraispasmefairedefauxespoirs.»Jedésignesonentrejambedelamain.«Tout…fonctionne?N’est-cepas?»Monvisage

s’empourpre.Ilsoulèvemonpiedetl’appuieplusprèsdesabraguette.«Toutfonctionnebien»,dit-ilcalmement.Ilesttoutdurcontrelecôtédemonpiedetlagênerend

monvisagebrûlant,maisilnesemblepass’ensoucier.«Jedoisteposerunequestionmaintenant,»dis-je.Jenesaismêmepascommentl'exprimer,maisje

doisleluidemander.«Mesenfants»,dis-je.«Ilsnesontpasblondsauxyeuxbleus.Est-cequeçaseraitunproblèmepourtoi?»

Onestvraimententraindemettrelacharrueavantlesboeufs,etjemesensstupided’oserposercesquestionsàunhommequejeviensderencontrer,maisjel'aimebien.Jel'aimebeaucoup.

«Tesenfantssontparfaits»,dit-il.«Ҫaseraitunhonneurdepasserdutempsaveceux.»«Mais,parexemple...»Jeprendsmonvisagedansmesmains.JenepeuxpasoubliercequePhillip

m'adit.«Mais...tuseraisd’accordpourêtreaveceuxenpublicetquelesgenspensentquecesontlestiens?Etlesmiens?»Jefaisdesva-et-vientdelamainentrenousdeux.«C’estpasquejesuisentraindetedonnermesenfantsouquoiquecesoit,maisonestenquelquesorteuneoffregroupée.»

«L’offremeconvient»,dit-il.«Etjeseraishonoréquen’importequidanslemondepensequecesenfantssontlesmiens,sijamaisnousenarrivonsàcepointdansnotrerelation.»

«C’estunerelation?»demandé-je.Maisjesouriscommeunefolle.«Pasencore»,dit-il.«Pourlemoment,jesuisjusteundinguequetuviensderencontrer,quit’a

enlevétesbasetveuttouchertespieds.»Ilbaisselesyeuxversmesorteilsetleschatouille.Ilmeregardedanslesyeux.«Donc,maintenanttuveuxtomberamoureusedemoi?»demande-t-il.«Tum’asvraimentfrappéauvisage,doncjesuisobligédememarieravectoiunjour.»

Jelèvelesmainsenl’air.«Ouonpourraitjusteresteràglanderensemble»,dis-jeenriant.Ilhochelatête.«Ҫaparaîtbien.»Ilmesourit.«Donc,commentçasefaitqu’unechanceusenet’apasencoreharponné?»demandé-jeànouveau.«J’aidesproblèmes.»Ilrit,puisredevientsérieux.«J’aivraimentdesproblèmesdeconfiance.Et,

bienquejesoisenrémission,jevischaquejourensachantquejepourraisànouveauêtremalade.Jen’aimepasperdredutemps,parcequec’estunedesseuleschosesdanslaviedontonnepeutpasavoirplus.Donc,jesaisquejevaistrèsviteetquejetefaissansdoutehorriblementpeur,maisc’estcommeçaquejefonctionne.J’aimepassionnémentquandj’aime,etj’espèrequeçanetegênepas.»

Jememoque.«Nemedispasquetuesamoureuxdemoialorsquetuviensjustedemerencontrer.Jetetraiteraisdementeur.»

«Non,jenesuispasamoureuxdetoi...pasencore.Maispourlapremièrefoisdepuislongtemps,j’aienviedepoursuivrecesentimentetdevoircequeçadonne.»

«Donc,jesuispoursuivie,c’estça?»demandé-je.Moncœurtressailleàcetteidée.«Oh,jeprévoisdetepoursuivre.Dumomentquetuappréciesmesavances.»Samainglisseversle

hautetchatouillel’arrièredemongenou,etj’apprécieraitouteslesavancesqu'ilvoudrabienmefaire.«Justeunedernièrechose»,dit-il.

«Quoi?»demandé-je.«Quandjeseraitombéamoureuxdetoi,nemetrompejamais.Situenasmarredemoi,dis-lemoi.

Maisnememenspasounemetrompepas.Sinon,jetedétesterai.Ettoutcequejeveuxc’estt’aimer.Unjour.Quandonseraprêtstouslesdeux.»

Jesuisprête.Maisenmêmetempsjenelesuispas.«Ok»,dis-je.Ilreposesatêtecontrelecanapéetlapenchepourmeregarder.«Alors,jepeuxcontinueràjouer

avectespieds?»Sesyeuxsontpleinsdetoutessortesdechosesquejenecomprendspas,maisçameplait.Beaucoup.

Jemeredresseetenlèvemespiedsdedessussonentrejambe.Ilfaitlamouejusqu'àcequejemettemesfessesàlaplace.Jeprendssonvisagedansmesmainsetleregardedanssesyeux.«Jet’aimebeaucoup»,murmuré-je.

«Pasencoreamoureusedemoi,si?»répond-ilenmurmurant,tandisquesesmainspassentautourdemeshanchesetserejoignentsurlecôté,memaintenantcontrelui.

«Pasencore»,dis-je.Ilfrottesonnezcontrelemiendansdedouxmouvementsdehautenbas,enfermantlesyeux.Mes

lèvressontsiprochesdessiennesquejepeuxpresquelegoûter.Maissoudain,ilmesoulèveetmelaissetombersurlecanapé.Ilselève,ajustesonjean,etm’embrassesurlefront.«Jedoisyaller»,dit-ilrapidement.

«Quoi?»bafouillé-je.J’étaissurlepointdel'embrasser.«Mercidem’avoirlaissépasserdutempsaveclesenfantscesoir.Jemesuisbeaucoupamuséà

joueraubowlingavectafamille.»Jemesenssoudainvide,etjen’aimepasça.«Mercid’avoirtoutlaissétomberquandSetht’a

appelé.Etpourlapizza.»Etmercid’avoirchamboulémonmonde.Jemelèveetlesuisjusqu’àl’entrée.Surlepasdelaporte,ilmeregardeetpassemescheveux

derrièremonoreille.«J’aienviedet'embrasser.»«Tudevraisabsolumentlefaire»,répliqué-je.Ilsecouelatête.«Pasencore»,dit-il.«Tutravaillescheztoidemain?»«Non,jedoisalleraubureau.»Jetravaillesurunegrosseaffaireetonauneréunionavectoute

l’équipe.«Quandpuis-jeterevoir?»demande-t-il.Jenepeuxpasretenirmonsourire.«Quandveux-tumerevoir?»«Touslesjours,toutelajournée.»Ilrit.MonDieu,quandcethommesourit,c’estàtomberàmes

genoux.«Jepeuxt’appeler?»J’acquiesce.«Bien»,dit-il.Ilseretourneets’éloigne.Jesorsdanslecouloiretcriedanssondos:«C’esttout?»«Pourl'instant»,crie-t-ilàsontour,maisilrit.Ilmefaitsignetandisquelesportesdel'ascenseurse

ferment,etjem’affaissecontrelemur.Cen’étaitpastrèsgentil.Maisjesourisenretournantàl'appartement.

M

12

att

DIEU,quec’étaitdur!Jen'aijamaiseuautantenvied’embrasserquelqu’undetoutemavie.Maisellen’estpasprêtepourmoi.Jelesais.Ellen’estpasprêtepourlegenrededésirquej’aienmoi.Merde,jenesuispassûrd’êtreprêtnonplus.Maisjeveuxl’être,etc’estunbondébut.

JemesenspluslégerenretournantausalonReed.Jemesensmald’êtreparticommejel’aifait,enpleinmilieud'untatouage.MaisSethavaitbesoindemoiet,pourêtrehonnête,j’avaisenviedevoirSky.

C’estdifficiled'admettrequejen’aipasappréciétoutcequej’aireçudanslavie.J’aieudesdeuxièmeettroisièmechancesquelaplupartdesgensn’aurontjamais.Maismêmeaprèstoutça,jemesuislaisséporterparlesévènements.Ellemedonneenviedefaireplusquemelaisserporter.Ellemedonneenviedepédalerdur.

J’entredanslaboutique,etjesuiscontentdevoirqu’iln’yaqueLoganetPete.Loganadeuxansdemoinsquemoi,maisilesttrèstrèsfûté.Peteestleplusjeune,ilaàpeinevingtetunans,maisilestdansunerelationsérieuseavecunefille,toutcommeLogan,etj’aibesoindeleurslumières.

«Toutvabien?»demandeLogan.Loganestsourd,maisilparleparfaitementbien,doncilpeutparleravecnous.Quandnousluirépondons,noussignonsenparlantpourqu’ilneraterien.Logann'apasparlépendantdesannées,jusqu'àcequ'ilrencontreEmilyetqu’elleluifasseouvrirsabouche.Maintenant,illafermerarement.

«Trèsbien»,réponds-je.«JesuisjustealléchezSkylar.»Petemefixe.«Putain,maisqu’est-cequiestarrivéàtonnez?»demande-t-il.Jemeregardedanslemiroirau-dessusdulavabo.Lapeausousmesyeuxestunpeumauve,etje

pensequ'ilyadeforteschancesquej’aiedeuxyeuxaubeurrenoird'icidemainmatin.«Skylarm'afrappé,»dis-je.Petegrogne.«Sansdéconner!»dit-ilquandjeleregarde.«Ellet’avraimentfrappé?»«C’étaitunaccident,»dis-je.«OnétaitentraindejoueraubowlingsurlaWii,etlatélécommande

s’estenvoléedesamain.»Jetouchemonnez.Ilmefaithorriblementmal.«Tuvasdevoirl'épouser»,ditLogan.«C’estlarègle.»Maisilrit.Pasmoi.«Ouais,c’estunpeuversçaquejemedirige»,dis-je.Jenelesregardenil’unnil’autreparceque

jesensqu’ilsvontlireenmoi.Ilsl’onttoujoursfait.«Quoi?»Loganfaittournersachaiseversmoipourpouvoirmeregarderdirectement.«Tuasvucequej’aidit»,dis-je.Ilhausselessourcils.«Jeveuxjusteêtresûrd’avoirbienvu.»

Jepoussesachaisedupied,etilglisseàtraverslapièce.«Tuasbienvu.»«Déjà?»ditPete.Ilestassisenfacedemoi.«Tuviensàpeinedelarencontrer.»«Combienilt’afalludetempspoursavoirquetuvoulaisReagan?»demandé-je.Jenepeuxpas

pousserPetejusqu’àl’autreboutdelapièceparcequ'iln’estpassurroulettes.«Quelquessecondes»,dit-il.Iln'apascillé.JeregardeLogan.«Ettoi?»demandé-je.«Jen’aijamaisvouluReagan»,ditLogan.Peteluicognelebras,etillèvelesmainsensignede

reddition.«Quelquesminutes.»Ilmeregarde.Loganacettefaçonderegarderàl’intérieurdevotreâme.Ildoitdéchiffrerlesgensenfonctiondeleurlangagecorporel,etjecrainsqu'ildéchiffrecomplètementlemien.«Ouah!»souffle-t-il.«Tul’aimesàcepoint!»

«Ouais»acquiescé-je.Maisjeneleprendspasausérieux.«Jenesuispasamoureuxd’ellenirien»–autantêtrehonnête-«maisjenepeuxpasm’arrêterdepenseràelle.»

«Tutel’esfaite?»demandePete.«Faite?»répété-je.Ilfaitungestegrossieravecsesmains.«Faite»,répète-t-il.«MonDieu,non»soufflé-je.«Jenel'aimêmepasencoreembrassée.»«Ouah!»ditencoreLogan.«Tupeuxarrêterdedireça?»grogné-je.«Tuveuxl'embrasser»,ditPete.«Jeveuxfairetoutessortesdechosesavecelle»,avoué-je.«Maiselleestspéciale.»«Ouah!»ditencoreunefoisLogan.«Laferme!»Jepoussesonépaule.«Jemesouviensquandj’airamenéEmilyàlamaison.Elleadormilongtempsdansmonlitavant

qu’onfassel'amour.C’étaitpasçaleprincipal.C’étaittouscesmomentstranquillesetintimes.C’esteuxquicomptaient.Ilsontnourrimonâme.»JepeuxtoujourscomptersurLoganpourenfoncerleclou.

«Ouais»,dis-je.«C’estcommeça.»«Jevoulaislabaiser,aussi,maispasavantd’êtresûrquec’étaitpermanent.»Soncommentaireest

grossier,etd’autrespourraientletrouverscabreuxetinsensible,maismoijeletrouvehonnête.«Pareil»,lancePete.«C’estcommeçaquetusaisquec’estlabonne.Quandtupréfèresentendresa

voixplutôtqueteviderlescouilles.»J'acquiesce.Jenesaispasquoidire.Petepoussemonépaule.«Jesuiscontentpourtoi?»«Tumeposeslaquestion?»Ilhausselesépaules.«Sionveut.Jenesaispasquoitedire.Sic’estlabonne,tulesauras.»«EtApril?»demandeLogan.«QuoiApril?»Pourquoia-t-ilbesoinderamenerAprilsurletapismaintenant?«Tupensaisencoreàelleiln’yapassilongtemps.C’estpluslecas?»demandeLogan.«Non.Plusdutout.»Jeretirel’élastiquedemescheveuxetleslaissetomberautourdemonvisage.

Jelesdémêleavecemesdoigtspourgagnerdutemps.«Jenesaispascommentl'expliquer.»«C’estlabeautédel'amour»,chantePete.«Jenesuispasamoureuxd’elle»,répliqué-je.«Pasencore.Maisc’estunepossibilité.»«Ouais.»Unebonnepossibilité.Jegrimace.«Ellen’apasunpetitami?»demandeLogan.Jesecouelatête.«Plusmaintenant.Ilsontcassé.»Loganplisselesyeuxmaisilneditrien.«Ellem'afaitcomprendrequ'iln'aimaitpasl'idéed'éleverdesenfantsmétis.»Jegrimaceparceque

rienquelefaitdeledireàhautevoixmedéplaît.

«Ettoi,qu’est-cequetuenpenses?»demandeLogan.«Lesenfantssontdesenfants»,dis-je.Nousavonsrencontrétoutessortesdegens,etavecle

handicapdeLogan,nousavonsviteappriscequiestimportantdanslavie.EtmaintenantquePetetravailleavecdesenfantshandicapésetdesenfantsducentrededétentionpourmineurs,illesamènesouventàlamaisonetnousrencontronsencoreplusdegensdifférents.Cen’estpasl’extérieurdesgensquicompte,c’estl’intérieur.«Jelesveuxpresqueautantquejelaveuxelle»,avoué-je.«Jeseraishonoréd'avoiruneplacedansleurvie.Toutelaplacequ’ilsvoudrontbienmelaisser.»

Loganatoujoursl'airdéconcerté.«Arrêtedemeregardercommesij’étaisdevenufou.»Logansecouelatête.«Jesuisjustesurpris»,admet-il.«Moiaussi.»Petefaitclaquersamainsurmonépaule.«Quandest-cequ’onlareverra?»demande-t-il.«Quejel’amènevousvoir?»Jepousseunsoupir.«Vousdevezêtrefous.Vousluiferiezpeur.»Mais,entoutehonnêteté,jenevoudraispasdequelqu'unquin’accepteraitpasmesfrèresexactement

commeilssont.Ilssontbruyantsetgrossiersetilspètentbeaucoup,maisilsonttousdescœursd'or.Etcesontlesmiens.«Jevaisleluidemander.»Jebalayelaboutiqueduregard.«Onafinipouraujourd’hui?»demandé-je.

«On?»protestePete.«J’aipasvutagueulefairedestatouagescesoir.»Ilenfilesonmanteau.«Jerentreàlamaison»,dit-il.Maisavantdepartir,ilmeregardeets’arrête.

«Quoi?»demandé-je.Ilsourit.«Jesuistellementheureuxpourtoi»,dit-il,puisilsemetàrire.«C’estvrai,tusais!»«Laferme!»grogné-je.IlpartetilnerestequemoietLogan.Ils’arrêtedeparleretcommenceàsigner.C’estlabonne,

hein?demande-t-il.Peut-être,signé-jeàmontour.J’ensaisrien.Ilhochelatête.Bien.Bienquoi?Siquelqu'unmériteunebellehistoire,Matt,c’estbientoi.Laferme!grogné-jeànouveau.Jenesaispasquoirépondreàça.Ilrit.Jerentreàlamaison.Tudevraisenfaireautant.Jehochelatêteetl'aideàfermerlaboutique.Avantdemequitter,ilmedonneuncoupdepoingà

l’épauleetsignerapidementjet’aime.Jeluirendslapolitesseetils’enva.JeprendsmontéléphonedansmapocheetcherchelenumérodeSky.Ilesttard,maisj’aienvie

d’entendresavoix.C’eststupide,jelesais.Maisc’estcommeça.«Bonjour»,dit-elled’unevoixhésitante.Jem’appuiecontrelemurdubâtimentparcequemesgenouxvacillentquandjeluiparle.Ҫame

donnelevertige.«Salut,»dis-jecalmement.«Salut,»souffle-t-elle.«Tudormais?»«Non,jeréfléchissais.»«Aquoi?»«Atoi»,avoue-t-elle.Moncoeurcommenceàbattreplusfort.«Desbonnesréflexions?»demandé-je.Jepeuxpresqueentendresonsourireàtraversletéléphone.«Trèsbonnes.»«Jevoulaisjustetedirebonnenuit.»Ditàhautevoix,çaparaîtstupide.«Jesuiscontentequetuaiesappelé»,répond-elle.«Trèscontente.»«Jepeuxt’appelerdemain?»

Ellerigole.«Tuasintérêt!»«Bonnenuit,Sky»,dis-je.«BonneNuit,Matt.»Jeraccrocheetremetsletéléphonedansmapoche.Personnen’estlevéquandjerentreàlamaison.

JenesuismêmepassûrquePaulsoitlà.Jevaisdansmachambreetmeprépareàmecoucher.Justequandjemeglisseentrelesdraps,montéléphonesonne.Jevoisquec’estsonnuméro.

«Sky?»«Ouais»,admet-elle.«Tuvasbien?»«Jevoulaisjustetedirebonnenuit»,dit-elletranquillement.«Jepensequetul’asdéjàfait.»Maisàl'intérieur,moncœurbatcommeunpistoletdetatouage.«Oh!»dit-elletranquillement.Ellerigole.«Pardon!»«Tuesfatiguée?»demandé-je.«Pasdutout.»Ducoup,nousparlonsjusquetarddanslanuit.Nousparlonsjusqu'àcequejenepuisseplustenirles

yeuxouverts,etjen’aitoujourspasenviederaccrocherletéléphone.

S

13

kylar

ILMEFAUDRAITdesallumettespourtenirmespaupièresouvertesaujourd'hui.Mattetmoiavonsparléjusqu'àtrèstardlanuitdernière,maischaquefoisquej’allaispourraccrocher,ilmeposaituneautrequestion.C’étaittoujoursquelquechosedeprofondetquisuscitaitlaréflexion.Etilaaussiréponduàmesquestions.

Maintenant,jesaisqu'ilaimetouslestypesdeglacesdumomentqu’ilyadesmorceauxdechocolatdedans.Ilaimelesnoisettes.Etilacettefollepassionpourlavie,àunpointquejen’auraisjamaisimaginé.Safamilleestimportantepourlui,etlamiennel'estaussi.Ilm'ademandédesortiravecluivendredisoir,maisj’airefuséparcequejenesaispasencoreoùSethseravendredi.

Maisj’aivraimentenviedesortiraveclui.Jeveuxpasserdutempsseuleavecluisansenfantsdanslapièced’àcôté.Jeveuxl'embrasseretvoirsicettepassionn’estquedansmatête.

Ilestpresquemidi,etj’airéussiàéviterPhilliptoutelamatinée.Ils’estapprochédemoiunefois,maisjeluiaitournéledos,etilestpartidansl’autredirection.J’aivraimenttravaillédursuruneaffaireaujourd'hui,pourbienficelermondossier.Jem’arrêteetpresselespaumesdemesmainssurmesyeux.Jen’auraispasdûveillersitardlanuitdernière.

Montéléphonevibre.«Oui»,dis-je.«Sky»,dittranquillementlaréceptionniste.Jeprendslecombiné.«Oui»,répété-je.«Qu’est-cequisepasse?»«Ilyaunsuperbeaumecenfacedemoi,etiltedemande»,chuchote-t-elledansletéléphone.Quelsuperbeaumecmedemanderait?«Àquoiilressemble?»«Ilfaitàpeuprès1m90»,commence-t-elle.«1m92»,rectifiequelqu’un.«Oh,1m92»,dit-elle.«C’estungrandmonsieur.»Ellepouffe.Moncœursursaute.«Etsescheveux?Ilssontdequellecouleur?»«Blonds.Etlongs.»C’estMatt.Ohmerde.C’estMatt.«J’arrive»,dis-je.Maismoncœurbatlachamade.Quefait-ilici?Jefarfouillesousmonbureau

pourcherchermeschaussuresetjelesenfile.Puis,jerajustemajupeetpasseunemaindansmescheveuxpourleslisser.Ilyauneminute,ilsétaientremontéssurmatêteettenusparuncrayon.

C’estjusteMatt,medis-jeenmoi-même.C’estMatt.«Tuveuxquejelerenvoie?»demandelaréceptionniste.Elleritencore.«Oujepeuxlegarderpour

moi?»Absolumentpas.Ilestàmoi.«J’arrive»,répété-je.Jeregardematenuedetravail.J’espèrequeje

nesuispastropmal.Detoutefaçon,c’esttroptardpourm’eninquiéter.J’arriveàl’accueilettrouveMattappuyécontrelaportevitrée.Ilsetourneversmoietsourit.

«Salut»,dit-ilcalmement.Jemarcheverslui,lesjambestremblantes.«Qu’est-cequetufaisici?»demandé-je,maisjesouris

aussi.Jem’arrêtedevantlui,etjesuisàdeuxdoigtsdeleprendredansmesbras.Maislaréceptionnistenousregardedetrèsprès.

«Jesuisvenuvoirsituvoulaisdéjeuneravecmoi.»Ilhausselesépaules.Ilporteunjeannoiretdesbottesàlacets.Untee-shirtnoiresttendusursonlargetorse,etilestsoigneusementrentrédanssonjean.Jepeuxvoirsestatouages.Unemèchedecheveuxs’estéchappéedesaqueuedecheval,etjeveuxl’attraperetlaglisserderrièresonoreille.

«Commentas-tutrouvéoùjetravaillais?»demandé-je.Jeluifaitsignedemesuivre.Merci,articulé-jesilencieusementàl’intentiondelaréceptionniste,etellemefaitunclind’œilenlevantsonpouce.Jesecouelatête,etMattm’emboîtetranquillementlepas.

«J’aidemandéàSethparSMS»,dit-il.«Traître»,lancé-je,maisenmonforintérieur,jesuistropcontente.«J’arriveaumauvaismoment?»demande-t-il.Ilregardesonpoignet,mêmesiiln'apasdemontre.

«Jepeuxrevenirplustard.»«Non,non.»Jeneveuxpasqu'ilparte.Jamais.Jem’appuiecontreleborddemonbureau.«Jesuis

contentequetusoislà.»Savoixestdouceetprofondequandilrépond.«J’aipenséàtoitoutelamatinée.»Ilhausseles

épaules,l'airunpeupenaud.«Alorsj’aipenséquejepourraispasser.Maisjecomprendraistrèsbienquetusoistropoccupée.»Ilmeregardedanslesyeux.«Jevaispeut-êtrepleurersitumerenvoies,maisjepartirai.»

Jenevaispaslerenvoyer.Impossible.«Jeneveuxpasquetupartes»,dis-je.Ilsourit.«Bon.»Sonregardbalayemonbureau.«Tuasletempsdedéjeuner?»«Oh!»crié-je.«Jepensaisquetuallaisjusteresterlàetmelaisserteregarder.Tuveuxvraiment

allerquelquepart?»Ilrit.«Oui.Jetel'aidit.Jevaistefairetomberamoureusedemoi.Ledéjeunerestlapremière

étape.»«Etladeuxièmeétape,qu’est-cequec’est?»demandé-jeimpulsivement.«Sijeteledisais,çanemarcheraitpas.»J'acquiesce.Jeveuxqueçamarche.«Nemeledispas.»«Lesmecsontledroitd’avoirdessecrets.»Ilsourit.«Tupeuxveniravecmoiunpetitmoment?»Jetiensmonpouceetmonindexàenvirontroiscentimètresd’écart.«Justeunpetitmoment.»Je

désignemonbureaudelamain.«Jetravaillesurunegrosseaffaire.»«Tupourrasm’enparlerpendantledéjeuner.»Ouijepourrai.Parcequejeparsaveclui.Jeprendsmonsacetlemetssurmonépaule.Jelesuivraisn’importeoùencetinstant.Jemedirige

versluietmehissesurlapointedespieds.Ilsepencheunpeuetmetendsajoue.Jegrognemaisjel'embrasserapidement.Ilrecouvrel’empreintehumideavecsamain.«Jevaislagarderlàtoutelajournée,»dit-il.

«C’esttatechniquededraguehabituelle?»demandé-je.Ilsecouelatête.«Jetedisjustecequejeressens»,dit-il.Ilmeregardedanslesyeux,etjen’yvois

quedelasincérité.Ilm’ouvrelaported'entrée,etmepousselégèrementenposantsesmainssurlebasdemondos.

Bontédivine,jesuissurlepointdefondre.Dèsquenousavonspassélaporte,ilattrapemamainetpassesesdoigtsdanslesmiens.Jelèvelesyeuxverslui.

«C’estok?»demande-t-il.Jehochelatête,etnouscontinuonsainsijusqu’aubistrotducoin.«Tuesbiensilencieuse»,dit-iltandisqueleserveurnousaccueille.C’estunendroittrèsfréquenté,

maislanourritureestincroyable,etdestasdesgensdubureauviennentici.Jemeglissesurlabanquette,etilseglisseàcôtédemoi.

Jesursautelégèrement.«Oh!»soufflé-je.«C’estok?»demande-t-il.Ilglisseunemèchedecheveuxderrièremonoreille.«Ouais»,dis-je.«C’estbien.»Ilregardelemenu.«Qu’est-cequ’ilyadebon?»demande-t-il.Est-cequejedoisbienmeteniretfairesemblantdecompterlescalories?Ouest-cequejepeux

prendrecequejeveux?Jeregardesonvisage.Jen’arrivepasàlecerner.«Quoi?»demande-t-il,maisilsourit.«Seras-tudégoûtésijeprenaislesandwichReubenquifaitgrossir,etdeschips?»Ilfroncelessourcils.«Pourquoiserais-jedégoûté?»Jeposeunemainsurmonventre.«Jecrèvedefaim.»Leserveurrevient,etMattcommandedeuxReubensavecdeschipsetdessodas.«Jetetrouve

absolumentadorable,tusais?»Ilsetourneunpeupourmefairefacetandisqueleserveurposenosboissonssurlatable.

«Mêmechosepourtoi»,dis-jeenportantmapailleàmabouche.J’avaleunegorgée,etilmeregardefixement.«J’aiquelquechosesurlafigure?»

«Justeunsourire»,dit-il.«Ҫameplaît.»Jesourisencoreplus.«Moiaussi.»«Donc,Sethaunmatchdedemain»,merappelle-t-il.«Ҫanetedérangepassijeviens?»«Setht’ainvité,non?»Ilhochelatête.«Maisjeneveuxpasêtrelàoùjenesuispasdésiré.»Jeleregardedanslesyeux.«Tuesdésiré»,dis-je.Moncœursemetàcogner.«Idem»,dit-il.«J’adorelalutte.Tousmesfrèresenontfait.Etmoiaussi.»«Tun’avaispasditqueSethétaitplutôtbon?»Ilhochelatête.«Championrégionaldanssacatégoriel'annéedernière,»dit-il.«Ilestvraimentbon.

Assezbonpourpouvoirpeut-êtredécrocherunebourse.»«Ouaouh!»soufflé-je.«C’estassezincroyable.»«Leurmèrealaissédel’argentpourleursétudes,non?»demande-t-il.J'acquiesce.Leserveurapportenosplats,etMattn’avisiblementpasdeproblèmespourparleren

mangeant.«Ilyavaitunepoliced'assurancetrèsimportante»,luidis-je.«Assezpourassurerleurentretien.»

«Elleétaitassezbonnepourplanifierleschoses»,dit-il.«Tonpèrel'abeaucoupaidéeàgérerl’argent,aussi.»

«Qu'est-cequ'ellefaisaitcommetravail?»demandé-je.Jenesaisvraimentpasgrand-chosedemademi-sœur.Pasgrand-chosedutout.

«Elleétaitavocate.Jepensequ'ellefaisaitdudroitpénal.»«Ellemettaitlesméchantshorsd’étatdenuire.»Ilhochelatête.«Quandellelepouvait.»«Jen’aipasautantd’abnégation.»«Tuesdansquellebranchedudroit?»Ilmedonnetoutel'attentionqu'ilnedonnepasàson

sandwich.

«DroitdelaPI»,luidis-je.«ҪaveutdirePropriétéIntellectuelle.»Ilhochelatête.«Ilfaudraquetum’enparlesundecesjours.»«J'aimeraisbien.»Ilsourit.Ilregardepar-dessusmonépauleversl'autrecôtédelasalle.«Tonpetitamiestici»,dit-il

sansmeregarder.Jeregardepar-dessusmonépauleetjevoisPhillipavecquelquesunsdemescollègues.Illèveson

verredansmadirection.Sij’étaisplusprès,jeluijetteraismonsodadanslafigure.«Ҫaamalfiniaveclui,non?»Jesecouelatête,feignantd'êtretotalementabsorbéeparmonsandwich.Maisjen’aivraimentpas

enviedeparlerdePhillip.«Tuestriste?»demande-t-il.«Jesuistristequetuparlesdeça,cesttout»,répliqué-je.Ilsourit.«Jelenote.»Savoixsetransformeengrognementsensuel.«Quandjefiniraiparêtredans

tonlit,jeprometsdenepasêtreégoïste»,dit-il.Moncoeurs’arrête.«TuasparléàSeth»,dis-je.«Jevaisdevoiravoirunediscussionavecluisur

lerespectdelavieprivée.»Mattsefige.«Pardon.Jevoulaisjustetetaquiner.Jeneleferaiplus.Sethamentionnétaruptureen

passant.Ilnemouchardaitpassurtoiouquoi.»«C'estbonàsavoir.»«Tuesfâchéecontremoi.»«Jesuisgênéequetusachesdeschosesintimessurmaviesexuelle.»Jeterminemoncornichonet

m’époussettelesmains.«Ilfautvraimentquejeretourneautravail»,dis-je.«Putain,j’aitoutfaitfoirer»,dit-ilenjetantsaserviettedanssonassiette.Ilmetlamaindanssa

pochearrièreetsortsonporte-monnaie.Ilentireassezd'argentpourpayerlanoteetlaisserungénéreuxpourboireetleposesurlatable.

«Laisse-moipayerlamoitié»,protesté-je.«J'aiinvité.Jepaie.»Samainatterritdenouveausurlebasdemondos.«Donc,sijet’invite,jepaie?»«Non»,dit-il.«Jesuislemec,doncc’estmoiquipaie.»Phillipnousregardefixementtandisquenouspassonsàcôtédeluipourallerverslaporte.Nousmarchonstranquillementversl’immeubleoùjetravaille.Mattneprendpasmamain,etilnedit

rien.Jemetourneversluiquandnousarrivonsdevantmonbureau.«Mercipourledéjeuner»dis-je.«Jesuisdésolédel’avoirgâché.»«Tunel’aspasgâché.C’estjustequejesuistropmalàl’aisepourenparler.Dumoinspourle

moment.»«J’aifranchilaligneblanche.Excuse-moi.S'ilteplait?»Ilnemetouchepas,etjesensunfossé

entrenous.«Rienàexcuser.»Jemehissesurlapointedespieds,etilsepencheversmoi.Jel'embrassesurla

joue,etilseredresseenmesouriant.«Merci»,dit-il.«Merciàtoi.Vraiment.»Ilrestedeboutsurlesmarches.J’ailecoeurserrécommes’ilétaitprisdansunétau.

JEMELAISSETOMBERLOURDEMENTsurlachaisedemonbureau.Montéléphonevibre,etj’appuiesurla

touche«haut-parleur».«Oui?»«Euh...»,ditlaréceptionniste.«Qu'est-cequ’ilya?»aboyé-je.Maislaportedemonbureaus’ouvre,etMattentre.«Ilestentraindevenirvousvoir»,ditlaréceptionniste.«Mercidemeprévenir»,murmuré-je.Mattfermelaportedemonbureauderrièreluiets’approche.Jemelèveetilsoulèvemonmenton

verssonvisage.«J’aioubliéquelquechose»,dit-il.Ilestessoufléetsesyeuxcherchentlesmiens.«J’aioubliédetedirequejeveuxtoncœurplusquecequejeveuxtoncorps»,dit-il.Sonregardpapillonnesurmonvisage.«J’aitoutfoiré,maisj’aipasencorefini.Etjesaisdirequejesuisdésolé».

«Matt…»commencé-je.Maisilmecoupe.«Jeteveuxplusquej’aijamaisvouluquoiquecesoit,etc’estdurrienquede

marcherquandjesuisprèsdetoi,parcequemabiteesttellementdurequejepourraisplanterdesclousavec.»

Monvisages’empourpre,maisilnes’arrêtepas.«Jen’auraispasdûallerlà-basavectoi,maisjen’aipaspum’enempêcher.Jecrèved’envied’être

àl'intérieurdetoi.Jecrèved’enviedetetenircontremoilejouroùonseratouslesdeuxtoutnus.»Ilsourit.«Maissurtout,jeveuxquetum’aimes.Jeveuxquetum’aimesbeaucoup,etj’aiprislamauvaiseoption.S'ilteplait,pardonne-moi.»Ils’arrêteenfinetsoupireprofondément.«S'ilteplaît.»

«Matt...»dis-je.«Quandj’aivutonpetitami,toutcequej’aipenséc’étaitquejepourraisbeaucoupmieuxte

satisfaire,surtoutparcequej’étaisjalouxcommeunpouqu’ilaitétésiprochedetoi.Peut-êtrequej’essayaisdetelesortirdelatêteetdememettremoiàsaplace.Oupeut-êtrequejesuisjusteunidiot.C’estmêmeprobablementça.Jel'admets.Jesuisunidiotquandils’agitdetoi.Maisjem’enfiche.J’espèrequetoiaussi.»

«Matt»,dis-jeànouveau.«Pardonne-moi»,supplie-t-il.«Jeneleferaiplusjamais.»Jeprendssonvisagedansmesmains.«Tupourraislafermeruneminute?»dis-je.Ilpousseunsoupir.«D'accord.»«Jenesuispasencolère.Bon,unpeuagacéequeSetht’aitrépétéquelquechosequ'ilaentendudans

uneconversationprivée.ҪaconcerneSethetmoi,pastoi.Jevaisluienparler.Etnon,jenesuispasencolèrecontretoi.Iln'yarienàpardonner».

Ilneditrien.Ilmeregardejustedanslesyeux.«C’estvrai,Matt»,dis-jepourlerassurer.«Tum’asviréetjeleméritais.Maistumemanquesdéjà.»«Jenesuispaspartie.»rié-je.Quelqu’unfrappeàlaportedemonbureau.Jelèvelesyeuxetvoitmapatronnequiapassésatête

dansl’entrebaillementettientuneliassedepapiers.ElleregardeMattetmesourit.«Vousêtesprêtepourlaréunion?»demande-t-elle.

«J’arrive»,dis-je.«Donnez-moiunepetiteminute.»Ellerepart.«Merde!»ditMatt.«Ilfautquetuteremettesautravail.»J'acquiesce.«Oui.»Ilmeregardeuninstant,commes’ilavaitenviededirequelquechose.Mapatronnerepasselatêtedansmonbureau.«Vousserezprêtedanscombiendetemps?»demande-

elle.«Margie»,dis-je.JefaisungesteversMatt.«C’estMatt.»JeregardeMattdanslesyeux.«Mon

ami.»

MargiesouritetsedirigeversMattentendantlamain.«Raviedevousrencontrer»,dit-elle.Illuiserrelamain,etellerepart.

«Ami,hein?»dit-ilavecunsourirenarquois.«Ouais»,dis-je.«J’aimeça»,dit-il.«Moiaussi.»Jenepeuxpasm’empêcherdesourire.«Jepeuxt’appelerplustard?»demande-t-il.Jehochelatête,etilm’embrassetrèsrapidementsurlajoue.Ilpart,etilmemanqueimmédiatement.

MaisjevaisquandmêmebotterleculdeSeth.Aprèsmaréunion,jeretourneàmonbureauetjevoisquedesfleursontétélivrées.Ellessontposées

surmonbureau.J’ouvrelacarteetilyamarqué:«Es-tuamoureusedemoimaintenant?»Pasencore.Maispasloin.Pasloindutout,malgrélefaitquecessentimentsmefoutentunetrouille

effroyable.Moncœurprendledessussurmoncerveau.

M

14

att

MERDE.Merde.Merde.Merde.J’aitoutfoiré.Jem’arrêteàl'extérieurdesonbureauetregardeverslaporte.J’aienvied’yretourneretdecontinueràm’excuser,maismaintenantelleestenréunion.J’aidéjàfaitirruptionlà-basalorsquejen’auraispasdû.Merde.

Ilyaunfleuristeaucoindelarue,alorsj’entreetcommmandedesfleurspourelle.Lesfillesaimentlesfleurs,non?Jen’enfaispastrop,parcequejenepeuxtoutsimplementpasmelepermettre,maisjeluiprendsquelquesrosesrougesetleurdemandedelesluiporteravecunpetitmot.Est-elleamoureusedemoimaintenant?Jerenifle.Elleenestsûrementloin,surtoutaprèscequejeluiaidit.

Jenesaispascequej’avaisentête.Jenesuispascegenredemec.D’habitudejeneparlepasouvertementdesexeetjenesuispasdéchaîné.Maisbon,quandils’agitd’elle,jelesuispeut-êtreunpeu.Lanuitdernière,quandj’aitendulamainetdécrochésesbas,j’aifaillijouirdansmonpantalon.Etquandellem'ademandésitoutfonctionnaitbienetquej’aiappuyélecôtédesonpiedcontremabite,ohmonDieu,c’étaitàlalimitedusupportable.

Maisjeveuxtellementplusd’elle.Quelqu'unsecognedansmonépaule,etjelèvelesyeux.Sonex-petitamimesouritd’unairnarquois.Jefaisquelquescentimètresdeplusqueluietj’aimeça.«Pardon»dis-je.Jemetournepourpartiralorsquecequejeveuxvraimentfaire,c’estl’écrabouiller.

«Pardondequoi?»demande-t-il.«Debaisermacopine?»Jefaiscraquermesdoigtstrèsrapidementparcequecequejevaisfairevafairemal.Ilnel’amême

pasvuvenir.Jeluienvoieundirectenpleinefigure,etils’affaissecommeundecesclownsgonflablesquitombentaumomentoùvouslesfrappez.Ilresteallongélà,frottantsamâchoire.«Neparleplusjamaisd'ellecommeça»,dis-je.

Jesecouemamainpourévacuerladouleur.Çafaitmal,maisc’estunmalagréable.Jeseraisprêtàavoirbeaucoupplusmals’ilserelevaitetdisaitquelquechosed'autre.J’ajustemonjeansurmescuissesetm’accroupisàcôtédelui.Lesgenss’arrêtentdanslaruepournousregarder,maisjem’enfiche.Ilestallongélàdanssonbeaucostumeetilal’aird’unabruti.Probablementparcequ'ilenestun.C’estunidiotdoubléd’unsalopards’ilpensequ'ilpeutparlerdeSkycommeça.Jetendsmamain.

«Besoind’uncoupdemainpourterelever?»demandé-je.Ilprendprudemmentlamainquejeluitends.Ilmelaisseletirersursespieds,etjel’époussette

hypocritement.«Çasuffit»,dit-il.«Ouais»,avertis-je.«Ҫasuffitlargement.Queçanesereproduiseplus».Ilsaitdequoijeparle.

«Situlavoulais,tuauraispulagarder.Tunel’aspasfait,alorsretire-toicommeunhomme».Ilhochelatêteenfrottantsamâchoire.«Désolédet’avoirfrappé,mec»,dis-je.Enfait,jenelesuispas.Jeleferaisànouveau.Maispeut-

êtrequemaintenant,ilvafermersaputaindebouche.«C’estfiniavecelle,non?»demandé-je.Avecmonhistoire,jedoissavoir.

«Ouais,c’estfini»,dit-il.«Ҫameplaîtpas.Maisc’estcommeça.»J’aitropenviededemanderpourquoiças’estterminémaisc’estd’ellequejedoisobtenircette

information.«Elleestvraimentgéniale.Maiselleadesproblèmes.»Jelèveunemainpourl'arrêter.«Nemedisrien.»«Ellen'ajamaiseuquelqu'unquil'aimait.»«Ellel’amaintenant.»Putain.D’oùçasort,ça?«Ouais,jem’endoute.»Ilsefrotteànouveaulevisage.«Jevoulaisjustet’engueulerettedissuader

detemettreavecelle.»Ilrit.«Ilfautrespecterunhommequiaunboncrochetdudroitetdebonnesmanières.»Ilmetendlamain.«Bonnechanceàtoi.»

Jeprendssamainetlaserrefermement.Pasassezpourluifairemal,maisassezpourl'avertir.Jelebuterais’ilfaitquoiquecesoitpourluifairedumal.

«Desproblèmesdepapa»,dit-il.«Quoi?»«Peut-êtrequejenel’aimepasassez,maisjel’aimebien.Etilyaunechosequejesais:elleades

problèmesdepapa.Situarrivesàlesdébrouiller,tupourrasavoirunechanceavecelle.»Jenesaispaspourquoiilmedittoutça.Ilcontinue.«Elleseretient.Elleestprêteàsecontenterdemoinsquecequ'ellemériteparceque

c’estcequ'elleconnaît.Oudumoins,c’estcequ’elleafaitavecmoi.Etd’uncoup,elleétaitprêteàtoutplaquerpourdesenfantsqu'ellevenaitderencontrer.Alors,ellen’estpasfaitepourmoi.Maisçaneveutpasdirequetoitunevaspasyarriver.»

Oh,merde.Maintenant,j’ensaisplusquecequejevoulaissavoir.Jemeprometsdenepastenircomptedetoutcequ'ilvientdedire,carc’estprobablementquedesconneries.Et,aprèstout,cemecestunetêtedenœud.

Maissic’étaitpasdesconneries?Merde.Maintenant,jevaisypenser.«Merci.»Jenesaispasquoidired’autre.Ilmefaitsigneetentredansl’immeuble.Jemarchejusqu’àlastationdemétropourallerauboulot.Moinsd’unedemi-heureplustard,mon

téléphonevibre.Sky:Tul’asfrappé?Moi:Ouais.Sky:Sérieusement?Moi:Ouais.Ilyaunelonguepausequim’inquiète.Puislepetitsignalretentitànouveau.Sky:Merci.Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.Moi:Toutleplaisirestpourmoi.Sky:Pourquoitul’asfrappé?Iln’apasvoulumeledire.Moi:Parcequec’estunabruti.Sky:Qu'est-cequ'ilt’adit?Moi:Quelquechosequ'iln’auraitpasdûdire.

Sky:C’étaitsurmoi?Moi:Ouais.Sky:Dismoicequec’était.S'ilteplaît.Jepousseunsoupiretjettematêteenarrière.Moi:Ilm'aaccusédebaisersacopine.Doncjel'aifrappé.Sky:Mais...tunelefaispas.Moi:Jeprévoisdelefaire.Longuepause.Moi:Quandjet’auraifaitetomberamoureusedemoi.Sky:C’esttroprapide,Matt.Moi:J’aifaillimourir.Deuxfois.Jeneveuxpasperdredetemps.Sky:Oh.Moi:Tumeplais.Etjepensequejepourraist’aimer.Sky:C’esttroprapide.Moi:Moiaussi,çamefoutunetrouilleabominable,siçapeutterassurer.Sky:Toutàfait.Sky:Tuviens,cesoir?Jeviens?J’aicommel’impressionquejedoisprendreunpeuderecul.Moi:J’aidesrendez-vouspourdestatouagesà17h,18het22h.Donc,cesoirjepeuxpas.Sky::-(Moi:JeteverraidemainaumatchdeSeth.Sky:Ҫaseraitbizarresijetedisaisquetumemanquesdéjà?Unsouriretraversemonvisage.Moi:Non,sic’estlavérité.Sky:Mercipourlesfleurs.Ellessonttropbelles.Moi:Tuesamoureusedemoi,maintenant?Sky:Puis-jejustet’aimerbienpendantquelquestemps?Moi:Oui,vas-y.Sky:Aplustard.Moi:Ouais.

ILESTPRÈSdedixheurestrentedusoirquandjeréalisequemondernierrendez-vousnevapasvenir.J’aicomptélesheures,enmedemandantsijepourraissortird'icietallervoirSkyavantqu’ellenesecouche.Jen'aimetoujourspaslafaçondontons’estquittés.

«Oh,maisvalavoir»,ditLoganenmontrantlaporte.«Fouslecampd'ici.Tuasregardél'horlogetoutelasoirée.Vas-y.»Ilmimeunmouvementdepousséeavecsesmains.«Allez,ouste!Tumefaisdelapeineàtelanguircommeça».

«Turentresbientôtàlamaison?»demandé-je.«Ouais»,dit-ilenmontrantuntatouagequiestpresqueterminé.«Dansquelquesminutes.»Il

désignedelamainl'avantdumagasin,oùFridayestassiseentraind’étudier,unlivreouvertdevantelle.«Fridayestencorelà.Alors,fichelecampd'ici.»

Nousavonsunerègle,c’estdenejamaislaisserquelqu’unseuldanslaboutique.«Tuessûr?»demandé-je.Moncœurcommenceàbattreplusvite.

«Va-t’en!»dit-il.Ilrecommenceàtravaillersurletatouage.J’attrapemonmanteauquiestpenduaumur,l’enfile,etpasselaporteplusvitequejenel'aijamais

fait.JepeuxêtrechezSkyavantonzeheuressijemedépêche.Jeneresteraipaslongtemps.Maisjeveuxlavoir.

Jemeprécipiteverssonimmeubleetprendsl'ascenseur.Jemarchejusqu'àsaporteetjefrappedoucementpournepasréveillerlesenfants.J’entendsdespaslégers,etmoncœurtressaille.Elleouvrelaporte,etellesijolie,danssonpyjamableucieletsespantouflesenpeluche,quejefaislaseulechosequimevientàl’esprit:jelatireversmoi.Ellepousseuncridesurpriseettombecontremapoitrine.Jenepeuxpasm’approcherd'elleassezvite,alorsj’agrippefermementsesfessesdansmesmains,lasoulèveplushautcontremoi,etnousfaistournertouslesdeuxpourpouvoirlaplaquercontrelemur.Jefixeuninstantsesyeuxbleusétonnés,puisjepressemeslèvressursaboucheouverte.Ellesefigedansmesbras,etjepresseavecencoreplusd'insistance,l'embrassantdoucementmaiscomplètement.Jetiresalèvreinférieureentrelesmiennesetlatètedoucement.

Ellenemerendpasmonbaiser,pascomplètement,etjenecomprendspascequejefaisdemal.Ellemurmurecontremeslèvres,maisjeneveuxpassoulevermatêteassezlongtempspourm’enpréoccuper.Maistoutdesuiteaprès,j’entendsunetouxderrièrenous.Jeregardepar-dessusmonépauleetjevoisunhommeassissurlecanapé.Iltrépignedugenou,etsonvisageestunpeurouge.

Oh,putain.Sonpèreestlà.Jeviensjustedeluifaireunputaindebaiser.Notrepremierbaiser.Devantsonpère.«Matt»,dit-elletranquillement,entapotantmesépaulesavecsespaumesouvertes.«Peux-tume

lâcher?»Jereculeetlareposesursespieds.«Putain!»soufflé-je.

S

15

kylar

OH,Matt.Pourquoias-tufaitça?Levisagedemonpèreestrougevif,etondiraitqu'ilaenviedetordrelecoudeMatt.Jen’aijamais

vupapaagircommeça.Jamais.«M.Morgan»,ditMattenfaisantunsignedelatêteàmonpère.«Jenesavaispasquevousétiez

ici».Puisillèvelesmainsenl’air,commes’ilnesavaitpasquoidired’autre.«Jem’endoute»,grommellemonpère.Mattmeregardecommes’ilattendaitquejeluidisequoifaire.Jerecouvremabouchedemamain

pourcachermonsourire.Maisjenepeuxpasarrêterdepenseràcebaiser.Aussihorriblequ’ilaitété,ilétaitparfait,ettoutcequejeveuxfairec’estmedébarrasserdemonpèreafinquenouspuissionslefaireànouveauetlefairemieux.«Papaestvenuvoircommentvontlesenfants»,dis-je.

«Ettoi»,ditpapa.Ilgrommelletoujours.Etilestrougecommeunetomate.Iln'estjamaisvenuvoircommentj’allais.Pasunefoisdansmavie.

«Lesenfantsetmoi»,rectifié-je.«Ilesttard»,ditMatt.«Jedevraisprobablementyaller.»Ilsedirigeverslaporte.Maisla

dernièrechosequejeveuxc’estqu’ilparte.Jepassemesdoigtsentrelessiensettiresamain.Ilmeregardedanslesyeux,etjejurequejepeux

voirdanslestréfondsdesonâme.Jevoissondésiretjevoissaconfusionetjevoissonbesoin.«Neparspas»,dis-jedoucementenserrantsesdoigts.«Reste.»

Ilhochelatête.Jeleconduisjusqu’aucanapé,etils’assied.Ilesthypermalàl'aise,etc’estvraimenttouchantàregarder.

«J’étaisentraindeparleràpapaducombatdecatchdedemain.»Jem’assiedsàcôtédeMatt,etilsoulèvesonbraspourleposersurledosducanapéderrièremoi,surtoutparcequejem’appuiecontreluietneluilaissepaschoix.Jemeblottiscontreluietposemespiedssurlecanapé.Jemeretiensdesourireparcequejeneveuxpasmontrercombienjesuisexcitéerienqued’êtresiprèsdelui.Exprès.

«Vousallezlevoirlutter,Matt?»demandepapa.IlfixeMattavecinsistance,maisMattsecontented’acquiescer.

«Oui,jecompteyaller,monsieur»,dit-il.«J’aimeregarderlescombats.»Ilmeregarde,etjeluisouris.Mattmesurprendquandilsepencheetembrasseleboutdemonnez.Je

froncemonvisagemalicieusementenleregardant,etjesensungrondementderiremonterenlui.«Jesuisalléenvoirquelques-unsl'andernier»,ditpapa.

Attends.«Tuasfaitça?»Ilhochelatête.«J’yvaischaquefoisquejepeux.Sethestvraimentbon.»Ҫamescie.Iln’estjamaisvenuàmesspectaclesdedanse.Oumescompétitionsdegymnastique.Ou

quoiquecesoitquejefaisais.Maisilfaitl’effortaveccesenfants,etmaintenantquecesenfantsfontpartiedemavie,seseffortsmefontplaisir,poureux.Ilsméritentd'avoirdesgensdansleurviequisesoucientd’euxetlesaiment.«JesaisqueSethseracontentquetuviennes.»

«Lesenfantssontaulit?»demandeMatt.«Vousauriezprobablementdûdemanderçaavantdevousattaqueràmafille»,aboiepapa.«Là,

c’estunpeutard.»Matthochelatête.«Jesais.»«Qu'est-ilarrivéàvotrenez?»demandepapa.Mattsourit.«Ellem'afrappé.»Ilmemontredupouce.«Elleestintelligente»,ditpapa,etilmesourit.Ilnem'ajamaisregardéeavecunetelletendresse,et

moncœurvacillequandjepenseàl'atrocitédelachose.PapadésigneMattetmoitouràtour.«Depuiscombiendetempsvousvousvoyez?»demande-t-il.

Matthausseunsourcilàmonintention.«Depuispeu»,couiné-je.Papahochelatête.«Jesupposequejedevraisyaller»,dit-il.Ilselèveetpassesaveste.Jemelève

aussietl’accompagneàlaporte.Mattvientaussi,etiltendlamainàpapa.«Nemanquezpasderespectàmafille»,ditpapa.«Oui,monsieur»,répondMatt.Ilbaisselatêteetfourresesmainsdanssespoches,unpeucomme

Sethl’afaitaujourd'huiquandjel’aigrondéàproposdecequ’ilavaitditàMatt.Papasepencheetm’étreintrapidement.C’estnouveau,çaaussi.Jenemesouvienspasqu’ill’ait

déjàfait.Oudumoinspasdepuislongtemps.«Bonnenuit,papa»,dis-je.«Mercid’êtrepassé.»«Jevaisessayerdelefaireplussouvent»,dit-ild’unevoixforteetendirectiondeMatt.Mattacquiesceetbaisseunpeupluslatête.Jepouffederire.«Tamèreveuttevoir»,ditpapa.Monrirestoppenet.«Pourquoi?»Ilprenduneprofondeinspiration.«Commeça.»«Jevaisyréfléchir»,luidis-je.Papas’enva,etjefermelaportederrièrelui.Matts’affalesurlecanapéets’allonge,laissanttombersesbrascommes’ilétaitsurlepointde

s’évanouir.«OhmonDieu!»souffle-t-il.Maisilglousseenmêmetemps.Sonventreestsecouéderire.«Pourquoitunem’aspasditqu'ilétaitici?»

Ilaunejambesurlecanapéetl'autresurlesol,alorsjememetsàgenouxentresesjambesécartéesetmepenchesurlui,mesoutenantdemesmainsposéesàplatsursapoitrine.MaisMattnemelaissefairequ’uneseconde.Ilmetirecontresapoitrineetmetienttoutcontrelui.Soncorpssesoulèveetredescendau-dessousdemoi,stableetsolide.

«Jetel'auraisditsitum’enavaislaisséletemps.»Jeriscontrelui.«Net’avisepasderire»,dit-il.«C'estsérieux.Tonpèrevamehaïràpartirdemaintenant».«Jemefichedecequ'ilpense»,dis-je.Jemeredresseunpeupourrapprochermeslèvresdes

siennes.«Ҫaaété,pratiquement,lepirebaiserdetouslestemps»,murmuré-jed’untondramatique.«Jesais»,répond-ilenmurmurant.Sesmainssaisissentmataille,etilmesoulève,approchantma

boucheencoreplusdelasienne.Ilsoulèveleborddemonhautdepyjama,etsesmainschaudestouchentmapeaunue.«Jenet’embrasseraiplusjamais.Parcequecelui-làétaittrophorrible».

«Affreux»,dis-jecalmement,enregardantseslèvres.«Maisjepensequenousdevrionsréessayer.»

Mattpasseunbrasderrièremoietnousrenverse.Ilmeregarde.«Tutrouvesçadrôle?»demande-t-

il.Maisilsourit,alorsjenesuispasinquiète.«Hilarant»,soufflé-je.«Pastoi?»Sonvisagesebaissejusqu'àcequeseslèvressoientau-dessusdesmiennes.«Putain!Tues

tellementincroyablequemoncœurmefaitmal,parfois,»dit-il.Moncœurs’emballeetbatlachamadedansmapoitrine.

«Embrasse-moi,Matt»,murmuré-je.Enfin,seslèvrestouchentlesmiennes.Lebaiseràlaporteétaitpleindepassionetdedésir.Mais

celui-ciestdouxetchaudetsiparfaitquejemetortillesouslui,essayantdemerapprocher.Seslèvresglissentsurlesmiennes,douces,humidesetsoyeuses.Salanguelèchelalignedemeslèvres,etquandj’ouvrelabouchepourlaisserpasseruncri,ilfourresalanguedansmabouche.Seshanchessefrottentcontrelesmiennes,etjepeuxsentirsavirilitépresséecontremonventre.Ilesttoutdurcontremoi,etimmense,maisilesttoujoursaussidoux.Jemêlemalangueàlasienne,etquandilessaiedesereculer,jepinceseslèvresjusqu'àcequ'ilgémissecontremaboucheetrevienneàl'intérieur.

Untap,tap,tapsurmonbrasmedétournedeslèvresdeMatt.J’ouvrelesyeuxetjevoislesyeuxnoirsdeMellieentraindenousregarder.Mattsereculequandjemurmurequelquechosecontreseslèvres.Puis,ilréalisequeMellieestlà.Ilseredresseetcrapahutepoursedégagerdedessusmoi.Jemedépêchedem’asseoir,moiaussi.

«Qu’est-cequ’ilya,Mellie?»demandé-je.Maisjeréalisevitecequ’ilya.L'odeurmefouette,etjedoiscouvrirmabouche.«Tuesmalade?»demandé-je.

«J’aivomipartoutsurmonlit»,dit-ellesidoucementquejepeuxàpeinel'entendre.Oh,merde,qu’est-cequejesuiscenséefairemaintenant?«TuasreveilléSeth?»demandé-je.Ellesecouelatête,lesyeuxremplisdelarmes.«Saporteétaitverrouillée.»«Toutvabien»,dis-je.Jeprendssapetitemaincollante,etMattselèveavecnous.«Désolé»,lui

dis-je.«Pasdeproblème.»«Jeteverraidemain?»demandé-je.Jegrimaceparcequejemesensmal.«Jevaist’aider»,dit-il.«Pourquoituneluiferaispasprendreunbainpendantquejechangeles

draps?»Ilsedirigeversl'armoireàlingeetfouilledanslespilesdedraps,jusqu'àcequ'ilentrouveunepairequiluiplaît.

«Tuveuxm’aider?»demandé-je.Ilmeregardecommesij’avaisperdul’esprit.«Biensûr.»Sijen’étaispasamoureusedeluiavant,j’ensuisbeaucoupplusprochemaintenant.Iln’estmêmepas

entraindem’embrasser,etj’aidéjàmillepapillonsquis’envolentdansmonventre.J’emmèneMellieàlasalledebains,lanettoieetluimetsunpyjamapropre.Quandjesorsdesa

chambreaprèsl’avoirremiseaulit,jetrouveMattàlamachineàlaver,entraindechargerlesdrapssales.LaportedeSeths’ouvre,etilpassesatêtedansl’entrebaillement.

«Qu’est-cequisepasse?»demandeSeth.«Mellieaétémalade»,murmuré-je.«Ellevabien?»Ilvadanssachambreetenressortuneminuteplustard,aprèsavoirvérifiéqu’elle

allaitbien.«Désolédenepasvousavoiraidéssurcecoup-là»,dit-ild'unairpenaud.«Pasgrave.Ons’enestoccupé.Retournetecoucher»,suggéré-je.«Ҫadoitêtrequelquechosequ'elleamangé.Ellen'apasdefièvre.»Iln'apasl'airinquiet.C’estsansdoutelescinqcookiesquejeluiailaissémangeraprèsledîner.Sethm'avaitditque

c’étaitunemauvaiseidéeetjenel'aipasécouté.«Sûrement.Retournetecoucher.»LeregarddeSethfaitdesallers-retoursentremoietMattethausselessourcils.«Ok»,dit-ilen

souriant.«Laferme»,grognemalicieusementMatt.Sethhochelatêtepuisilpartdanssachambreetfermela

portederrièrelui.«Ilneverrouillejamaissaporte»,dis-je,enessayantdecomprendrepourquoiilvientjustedele

faire.Mattsourit.«Parfois,lesadolescentsontbesoindeverrouillerleursportes»,dit-il.«Crois-moi,il

n’yariend’anormal.»Ilmetsesmainssurmesépaulesetmeramèneverslecanapé.«Oh,tupensesqu'ilfaisaitça?»demandé-je.Jechuchotetoujours.«C’estunebonnehypothèse»,dit-ilenriantsilencieusement.«Tuvois»,dis-je,enlevantlesmainsenl’air,«Jeneconnaisrienauxenfants.»«C’estunado»,dit-il.«Doncc’esttoujourslapremièrehypothèseàconsidérer.»«Commenttufaispoursavoirtoutça?»«Quatrefrères»,expliquet-il.«Tuterappelles?Sansoublierquejesuisunmec.Nousfaisonsça.»

Ilsourit.«Tuveuxdirequandtuétaisplusjeune.»Jescrutesonvisage.Ilsouritencorepluslargement.«Etplusâgé.»Jerougis.Ilsecontentedesourireettapoteleboutdemonnezavecsondoigt.Jeregardemachemise.«Ondiraitquejesensunpeulevomi»,dis-je.«Ouais»,dit-il.«Ondiraitquemoiaussi».Jel'aivuselaverlesmainsaprèsavoirchangéles

draps,etjel'aifaitaussi,maisquandmême.Cen’estpastrèssexy.«Mercidem'avoiraidée.»«Derien.Jesuisheureuxd’avoirétélà.»Mattattrapelepandesontee-shirtetletirepar-dessussatête.Ilporteunautretee-shirtsansmanches

blancsoussontee-shirt,donciln’estpasnu,maisaveccelui-cionvoitbeaucoupplusdepeau.Beaucoupplusdetatouages.Beaucoupplusdemuscles.Mattestcostaud,maisgrandetmince.Jelaisseéchapperunpetitsoupirrêveur.

«Jepeuxresterunpeu?»demande-t-il.«Ouais,maisjedoismechanger.»Jemelèveetvaismemettreunlongtee-shirtetunpyjashort.Je

ressors,etMattsiffledoucementenregardantmesjambes.«Rappelle-moidelafairevomirsurtoichaquefoisqu’onsebécotesurlecanapé»,dit-il.Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.Jem’assiedsàcôtédelui,etilmetireplusprès.Puisil

s’allongedesortequejemeretrouveétenduesurlui.Mahancheestcoincéeentreluietledossierducanapé.

«Jeneveuxpasencorepartir»,dit-ilcalmement.Iltirematêtecontresapoitrine,etj’yappuiemonvisage.Samainseposesurl’arrièredemoncrâne,etilcommenceàcaressermescheveux.

«Alorsneparspas»,dis-jecalmement.Ilnepartpas.Ilpassesimplementsesdoigtsdansmescheveuxetlesglisselelongdemondos,

encoreetencore,jusqu'àcequemespaupièresdeviennentlourdesetquejem’endormesursapoitrine.Jemeréveillelelendemainmatincouchéedansmonlit,lescouverturestiréesjusqu'aumenton.Je

m’assiedsetregardeautourdemoi.Ilyaunpetitmotàcôtédel'oreiller.Jel'ouvreetlis.Tuesamoureusedemoi,maintenant?

M

16

att

JEREGARDEENCOREunefoisl'horlogesurlemuretPaulmefusilleduregard.«Tucompteslesminutes?»demande-t-il.

Ouais,unpeu.«Non»,plaisanté-je.Paulroulelesyeux.«Aquelleheureestlematch?»demande-t-il.«Aseptheures»,murmuré-jeennettoyantmastation.«Tuveuxvenir?»Petearrivedufonddumagasin,oùilfaisaitunpiercing.«Moi,jeveuxvenir»,dit-il.Ilenvoiele

garsàquiilvientdefairelepiercingversFriday,quiprendsonargentetl’expédieverslaporte.«Jeveuxveniraussi»,ditFriday.Ellecommenceàemballersesaffaires.Paullèvelesmainsenl’airetdit:«Est-cequequelqu'unvatravaillercesoir?»«Non!»nousécrions-nousenmêmetemps.LogansouritettireEmilyverslui.Elletombecontreluietsourit.«Tuveuxyaller?»demande-t-

elle.«RaterMattentraindesefairemenerparleboutdelaqueue?Pasquestion.»Loganritquandje

faisminedeluibalanceruncoupdepoing,etilesquive.Petecontinuedesemoquer.«Elledevraitpasserunechaîneàcepiercingdanssabiteetellepourrait

facilementlepromenerpartout.»Ilajustemalicieusementsonattirail.«Attentionàtescouilles,monpote»,dit-il.

«Arrêtedeparlerdemonattirail»,avertis-jeenmontrantlesfillesdelatête.Fridaymesourit.«Onsaittousquetuasdesbijouxlà-dessous»,dit-elleenmontrantmonpantalon.

«Eblouissants»«C’estpaséblouissant»,murmuré-je.Maisjem’enfiche.Ilslesaventdéjàtous.J’aieulemien

aprèsquePaulaiteulesien.Iln’yaquePeteetLoganquin’enontpas.MêmeSamestpercé.Loganaunebarreàlabasedesaqueue.Putaindemerde.«Ettoi,arrêtedeparlerdemonattirail.»JecoincelatêtedeFridayavecmonbrasetlatirecontremoi.Ellecouineettapesurmamain.

«Nemedécoiffepas»,prévient-elle,enmebloquant.«C’estpasfaciled’avoirl’airaussibelle.»Franchement,Fridayestépoustouflantedanslegenrepin-updesannéescinquante.Elleportedes

vêtementsvintageetdurougeàlèvresrouge.Parfois,jepensequ'elleadespourboiresjusteensouriantauxgens.Leshommesetlesfemmesl'aiment.Maisparfois...parfoisuneexpressiondetristessedouloureusetraversesonvisage.Jenesuismêmepassûrquequelqu'und'autrel’aitremarqué.

Petetapetrèsrapidementsursontéléphone.Ilfinitparleverlesyeux.«Reaganditqu'ellenous

rejoindralà-bas.»Formidable.J’aitoutelafamilleavecmoipourpasserunmomentavecSky.Youpi.Onauraitpu

croirequ’aumoinsund'entreeuxauraitunrendez-vouspouruntatouage.Bandedefainéants!Nousprenonslemétrojusqu’àl'écoleetarrivonsjustepourl’échauffementdesgarçons.Ilscourent

encercleautourdutapisetjevaism’asseoirprèsdeSky,quiestdanslesgradinsavecMellieetJoeyàsespieds.Ellesonttouteslesdeuxdescrayonsdecouleuretetsontconcentréessurunlivredecoloriage.Elleslèventlesyeuxetsourientquandellesmevoient.Jemepenchepar-dessuslebancetcommenteleursdessins,cequilesfaitredoublerd’énergie.Çavalesoccuperenvironcinqminutes.J’espèrequeSkyaplusd'untourdanssongrandsac.

Jem’assiedsàcôtéd’ellesurlebanc,puisjemepoussetrèsdoucementcontreelle,jusqu'àcequejesoiscolléàelledel’épauleaugenou.Ellesouritetsecouelatête,etsesjouesvirentaurouge.

«Salut»,dis-jecalmement.Jelaregardedanslesyeux.«Salut,»répond-elle.Elleestsimagnifiquementbelle.Elledoitvenirdelamaisonparcequ'elle

porteunepairedejeansetuntee-shirt.Ilyaunsweat-shirtrouléenboulesurlesiègeàcôtéd'elle.«Comments’estpasséetajournée?»demandet-elle.

«Mieux,maintenantquejetevois»,avoué-je.Ellesouritetsepoussecontremoi.Jemepencheverssonvisageetmurmure«Tum’embrasses?»

Ellepoussemonépaule.«Pasici»,murmure-t-elle.Elleregardetoutautour.«S'ilteplaît»,dis-je,enjoignantmespaumescommepouruneprière.Ellesepencheenavanttrèsrapidementettouchemeslèvresaveclessiennes.Lebaiserdelanuit

dernièreavecnoslanguesquisetouchaientetsoncorpscollécontrelemienétaitfichtrementincroyable,maiscepetitbaiserlerenvoieauxoubliettes.«Merci»,dis-je.Jenepeuxpascachermonsourire,doncjen’essayemêmepas.

Ellemepousse,enroulantdesyeux.«Tum’asmanquéaujourd'hui»,luidis-je.Ellelèvelesyeux.«Mercipourlepetitmotsurmonoreiller»,dit-elletranquillement.Jepasseunemèchedecheveuxderrièresonoreille.Ilssontremontésdansuneadorablequeuede

cheval,àpartunemèchequis’estéchappée.«J’avaisvraimentenviedemecoucherdanslelitavectoi.»

Sesyeuxcroisentlesmiens.«Tuauraisdû.»Jesecouelatête.«JenevoulaispasqueSethpensequej’avaispassélanuitavectoi.»Cestrucs

sontimportantspourlesenfants.Ellehochelentementlatête.«C’étaitdéjàsacrémentbondetesentirau-dessusdemoisurlecanapé.»Jecommenceàbander,

doncjeferaismieuxd’arrêterlà.«Tufaisunbonoreiller»,murmure-t-elle.«Justeunoreiller?»Jefaissemblantdetireruncouteauinvisibledemapoitrine.Ellemepiqueavecsonindex.«Unbonoreiller,biendur»,dit-elle.«Durestassezjuste,»dis-je.Jeregardeletapisoùlesgarçonss’échauffent,pourregarderautre

chosequ’elle.J’aitellementenvied’ellequec’estàpeinesupportable.Lesgarçonsétirentleursdosetleurscous,etfontquelquesrouladesplutôtspectaculaires.Sethfait

équipeavecunautregarçonprochedesacatégoriedepoids,etilsfontquelquesexercicesensemble.Sethfaitroulerl'autregarçonsursondos,etj’aienviedem’approcherpourluimontrercommentilauraitdûfaire.Maiscen’estpasmonfils,etjenesuispassonentraîneur.

ReaganetPetevonts’asseoirdel'autrecôtédeSky,etReagancommenceàluiparler.Jesuiscontentquequelqu'unintervienneparcequej’aienviedelatirerdansunecaged'escalieretdel'embrassercommeunmalade.

Petemimeàmonintentionlegested’enfileruneaiguilletrèsprèsdesabiteetdetirerdessuscommes’ilpromenaitquelquechose.Jelefusilleduregard,etilrit.Pauls’assiedderrièrenousavecFridayetilritaussi.

«Laferme»,grogné-je.Jemeretournepourregarderl’échauffement.Sethestvraimenttrèsbondanscequ'ilfait.Maisj’aime

regardertouslesenfantsdanstouteslescatégoriesdepoids.LoganetEmilys’approchentdenous.Logannousfaitsigneetils’asseyentdevantnous.MaintenantSkyadesReeddechaquecôtéd’elle.MellieetJoeycommencentàs’agiter,etJoeycrapahutejusqu’enbasdesgradinssansqueSkynes’enaperçoive.Ellen’estpasencorehabituéeàtouscestrucsdemamans.ElleneréalisequelorsqueJoeyatteintladernièremarche,alorselleselèvepourallerlarécupérer.

«Jevaislachercher»,dis-je.Jemelèveetdescendslesmarchesentrombe.Joeymejetteunregardtimide.Ellesaitqu'ellenedoitpass’échappercommeça.

JelasoulèvedansmesbrasetlaramèneàSky.Elles’étire,etjesoufflebruyammentsurletee-shirtquirecouvresonventre.Elleglousseetmetendsonventrecommesiellevoulaitquejelerefasse,alorsjelerefais.Ellerit,etc’estunsonsijoyeuxquej’enailesoufflecoupé.

Jem’assiedsetl’installesurmesgenoux,puisjesorsmontéléphoneetluimetslejeuAngryBirds.Jeluimontrerapidementcommentonjoue,etellecommenceàlancerlesoiseaux.Elleselèvedemesgenouxpours’asseoiràcôtédemoi,etMellievients’appuyercontreellepourregarder.Celadevraitlesoccuperunmoment.

«Pourquoiçatesemblesinaturel?»demandeSkycalmement.«Quoi?»demandé-je.Jesursautequandl'undesgarçonssurletapisfaitunmouvement

complètementraté.«Pascommeça»,luidis-je,mêmesijesaisqu'ilnepeutpasm’entendre.«Tout»,dit-elle.«Tufaistoutsibien.»Jelaregarde.«Fairequoi?»«TuasamuséMellieetJoey,etturegardeslecombat,etjepariequetuvasdireàSethtoutcequ'ila

malfaitquandnousallonsrentreràlamaison.»Alamaison?Jesouris.«Jeviensàlamaisonavectoicesoir?»murmuré-jedanssonoreille.«Tuasintérêt»,dit-elle.Moncoeurs’affole.«Ok»,soufflé-je.Aprèsquelquesminutes,Logansetournepourmeparler.Ilparleetsigneenmêmetemps,etmoiaussi

«Sonpère»,dit-il,enmontrantlaporte.Jemedécalepournousséparerdequelquescentimètres.«Mercidem’avoirprévenu»,dis-je,etjeclaquemamainsursonépauleetlapresse.Derien,signe-t-il.Ilsouritetsecouelatête.Petetiresursachaîneimaginaire.J’aienviedelui

mettreunedroite.Mesfrèress’intéressenttousauxcombatsdespoidslégers,etilsfontdesparissurlespoidslourds

entreeux.Sethdoitfaireenviron72kgs.Ilestgrandetmince,unpeucommemoi,bienquejepèseplusde90kgsaujourd'hui.PauletLogansontgrandsetmastocs,doncilsontluttédanslescategorieslespluslourdes.Moi,jefaisaislemêmepoidsqueSethfaitmaintenant.

LepèredeSkys’installeàcôtédenous,etjemepenchepourluiserrerlamain.Ilmeregarded’unoeilmauvais.Maisàcemoment-là,MellieetJoeyluimontrentmontéléphone,etilpréfères’occuperd’elles.Skys’appuiesurmonépaulepourregarderlescombats.Ellecachesonvisagequandl’undesgarçonssefaitenvoyerautapis.

«ҪanevapasarriveràSeth,n’est-cepas?»murmure-t-elled’untonvéhément.Jehausselesépaules.«Peut-être.»Jeluisourisetluipincelenez.«Net’inquiètepas.Ila

l’habitude.»«Ilnevapassefaireblesser,n’est-cepas?»demandet-elle.Jeprendssamaindanslamienneetlapresse.«Arrêtedet’inquiéter.Ilnevarienluiarriver.»

Quandc’estautourdeSeth,elleretiresamaindelamienneetseredresse.Elleleregardefixement,enjetantuncoupd’œilàMellieetJoeydetempsentemps,pours’assurerqu'ellesvontbien.Peut-êtrequ'ellevas’adapteràcerôledemamanmieuxqu'ellenel’avaitpensé.

Sethserrelamaindesonadversaire,etlebuzzerretentit.Jegrimaceparcequel'autrejeuneestvisiblementplusâgéetplusexpérimentéqueSeth.Sonadversaireauntatouagedanslecou,cequisignifiequ'ilaaumoinsdeuxansdeplusqueSeth.Sethestbon,maisl'enthousiasmesurclasserarementl'expérience.

Sethsefaitrenverser,etSkycouineetcachesonvisagederrièremonépaule.Elleregardedenouveau,maisseretourneversmoitouteslesdixsecondes,quandquelquechosesepasse.Sethmèneauxpoints,maiscegaminpourraithonnêtementl’immobiliseràtoutmoment,àmoinsqueSethaitdelachance.Franchement,jepensequelejeunes’amuseaveclui.

«AllezSeth!»crieM.Morgan.Sethlèvelesyeuxetsourit.Ilsluttentuneseconde,etputain,Sethvabienavoirunpeudechance.Ilreprendquelquespointsetle

chronocontinuedetourner.Sethlemaintientàdistanceetgagneauxpoints.Skysautesursespiedsetapplauditquandils

soulèventlebrasdeSeth.Ilsouritetvaserrerlamaindel'entraîneuradverse.Puisils’arrêteauborddutapis,lèveunemainversleciel,etditquelquechosedoucementpourlui-même.Oupoursamaman.Jenesaispassic’estl’unoul’autre.Ensuite,ils’assiedsurlebancdesonéquipeets’essuieavecuneserviette.Jesuisvraimentfierdelui.Biensûr,jen’ysuispourrien,maiscegaminauraitpufacilementgagnersiSethn'avaitpasautantdecompétencestechniques.Ilafaituntrèsbontravail.

Skysourit.«Jecroisquej’aimelalutte»,dit-elle.«Disçaauxmarquesd'onglessurmonbras»,taquiné-je.Savoixdevientunronronnement.«Jel’embrasseraietjelecajoleraiplustard.»Fridaydoitavoirentendu,parcequejel’entendsreniflerderrièrenous.Skyritetmefaitunclin

d'œil.Ellesefondtoutàfaitdanslemouledemafamille.Etmoidansceluidelasienne.Nousattendonsjusqu'àlafindelacompétitionpourallerchercherSeth.Sonpèrearriveet

l’embrassesurlefront.Ellesursautelégèrement,etjemedemandecequ’ilyalà-dessous.«Ilavraimentétébon»,dit-il.Skyacquiesce.«Oui,vraiment.»«Ilfautquej’aillevoirtamère»,dit-il.Skyplisselesyeux.«Pourquoi?Quelquechosenevapas?»Ilévitesonregard.«Rien.Enfin,riendepirequed’habitude»,dit-il.«Oh,»souffleSky.Ellen'apasl'airchoquée,etjen'aiaucuneidéedecedontilsparlent.Ilfaitun

signedelamainetvaembrasserSeth,puisilpartaussivitequ'ilestarrivé.Skyrestelà,tenantJoeyd'unemainetMelliedel'autre.Lesfillescommencentàêtrefatiguéesetàpleurnicher.

«Vousvoulezallerdîner,lesmecs?»demandePaul.Skysecouelatête.«Lesenfantsontdéjàmangé,etilsdoiventsecoucher.Maismercipourla

proposition.Uneautrefois?»«Certainement»,ditPaul.IlpassesonbrasautourdesépaulesdeFriday,etilspartentencouples:

PauletFriday,LoganetEmily,PeteetReagan.«Ilssortentensemble?»demandeSkyenmontrantPaul.Jesecouelatête.«Ilvoudraitbien,maisilpensequ'elleaimelesfilles.»ricané-je.«Paulestleseul

ànepassavoir.»«C’estpastrèsgentil.»«Jepensequec’estenpartielaraisonpourlaquelleilssontsiproches.Iladumalàêtreamiavec

lesfemmes.»Jehausselesépaules.«Poureuxçamarche.»Setharrivevêtud’unshortetd’unsweatàcapuche.Ilaprisunedouche,ducoupilnesentpas

mauvaiscommecertainsautresgarçons.Jetendslamainetlatapedanslasienneàlamanièredeshommes.Ilsourit.

«Tuasfaitdubontravail»,dis-je.«J’aifaillimefaireni…»Iljetteuncoupd'œilàSky.«J’aifaillifairetoutfoirer.»Jeris.«Ouais,tuasfailli.»NousmontonsdanslavoituredeSkyetretournonsàl'appartement,avecSethrâlantd’êtresurla

banquettearrièreaveclesfilles,maisillefaitquandmême.Quandnousarrivons,jetireSethsurletrottoir.

«Ҫat’embêteraitsijemontaisavecvousetquejepasseunmomentavecSky?»demandé-je.Ilmescrute.«Ҫaferaitquelquechosesiçam’embêtait?»demande-t-il.«Ouais»,avoué-je.«Ҫaferaitbeaucoup.»«Danscecas,çamedérangepas»,dit-il.Ilmecognelebrasetseprécipitedansl’immeubledevant

moi,pourchassantMellieetJoeyjusqu’àl'ascenseur.Ilnoustientlaporte,etnousmontonstousensemble.

«Aubain!»crieSkydèsquenouspassonslaporte.Lesfillesseprécipitentverslasalledebains.«Tudeviensassezbonneauniveauaboiementsdecommandes»,luidis-jeenlatirantversmoi.Je

passemonindexdanslepassantdesaceintureetlatireplusprès.«Embrasse-moi!»aboie-t-elleenriant.Sethmimeunvomissement.Jeluifaitundoigtd’honneurderrièreledosdeSky.«Jevaisaiderlesfilles»,dit-il,enlevantlesyeuxauciel.Jeréussisenfinàl'embrasser.Ellepassesesbrasautourdemoncouettirematêteverslasienne.Je

suispresqueàboutdesoufflequandunenfanttoutnutraverselacuisineencourant.Jerisetnousnousécartonsrapidement.

«Jevaisl’attraper»,dis-je,etjeprendslaserviettequeSethmejetteetmelanceàlapoursuitedeJoey.Jel'attrapeetlaportejusqu’àlasalledebains,enveloppéedansuneservietteblancheetduveteuse.JelapasseàSethetregardeautourdemoi.Jemerendscomptequejesuissoudainlàoùj’aitoujoursvouluêtre.Maintenant,ilfautjustequejetrouveletrucpourqueçasoitpermanent.

S

17

kylar

LADERNIÈREFOISquemonpèrem'ainvitéeàdéjeuner,ilm'adonnétroisenfantsetunenouvellevie.Ducoup,jesuisunpeuinquiètedecequ'ilveutaujourd'hui.Lacompétitiondecatchaeulieuilyaunesemaineetdepuis,papaaappeléquatrefoisjustepourparler.J’aiunpeudemalàm’habitueràlaprésenced'unparentdansmavie,enparticuliermaintenantquejesuisadulte.

Jetravailleàlamaisonaujourd'hui,alorspapavientàl'appartement.J’aipréparéundéjeunertrèssimplepournousdeux.Ilfrappeàlaporte,etjevaisluiouvrir.

«Salut,papa»,dis-jeenouvrantlaporte.Ilsepenchepourm’embrasserlajoueetôtesavestedecostume.

Jen’aifaitaucunchangementdansl'appartement,maispaparegardetoutautourethochelatête.«C’estjoliici»,dit-il.

«Merci?»dis-jed’unevoixhésitante.«J’aiparléàSethhier»,dit-ilens’asseyant.Ildéplielaserviettedetableetlaposesursesgenoux.«Ahoui?Dequoi?»Ilhausselesépaules.«Riend'important.Parfois,j’aimebienappelersansraison.»«TuappelleslesenfantsdeLydiaetdeTim,aussi?»C’estmonfrèreetmasoeur,maisilssont

beaucoupplusâgésquemoi,etnousn’avonsjamaisétéproches.Jenemesouviensmêmeplusdesprénomsdeleursenfants.Ҫamemetmalàl’aiseuneseconde,maisjemeressaisisrapidement.Ilsneconnaissentpasnonpluslesnomsdemesenfants.

Ilhochelatête.«Oui.»«Donc,iln’yaqu’avecmoiquetun’asjamaiseuderelation?»Lesmotssontsortisetrestent

suspendusdanslesairsavantmêmequej’aieréalisélesavoirdits.Jevoudraislesravaler,maisc’esttroptard.

Ilétalesaserviette.«Quandj’airencontrétamère,j’étaiscomplètementfauché.Jesuisalléàl'universitéenVirginie

grâceàunebourse,etunjourj’aivutamèremarchantpiedsnussurl'herbe.»Ilsourit.«C’étaitlaplusbellechosequej’aiejamaisvue.Elleportaitunerobed’étéverteàfleurs,etsesonglesétaientpeintsenrose.Sescheveuxpendaientsursesépaules,etc’étaituneexplosiondeboucles.»

Jen’aijamaisvumonpèreêtrenostalgique.Jenesuispassûrequeçameplaise.«J’étaisdugenrecoincéetelle,elleétaitlapersonnelaplusouverted'espritquej’aiejamais

rencontrée.Jesuistombéamoureuxd’elleenquelquessecondes».

«Qu'est-cequis’estpassé?»demandé-je.J’arrêtedemangerparcequejenel'aijamaisentenduparlercommeça,etj’aipeurqu’ilarrête.Jeneveuxpasqu’ilarrête,bienquecettesensationmesoittoutàfaitétrangère.J’aivraimentenvied’entendremonpèreparlerdeleurpassé.

«J’étaisàfondsurlesordinateurs.C’esttoutcequim’intéressaisjusqu'àcequejelarencontre.Etlà,lavieestdevenugaieetamusante.Onconstruisaitdesfortsdansnosdortoirsetonpassaitlajournéeàl'intérieur.»Ilrougitunpeuettoussedanssonpoing.«C’étaitmagique.»

«Ҫaneressemblepasdutoutàmaman.»Ilreniflebruyamment.«Jesaisbien»dit-il.«Maiselleétaitincroyable.Ons’estmariés,etpuista

mèreesttombéeenceintedeTimetensuitedeLydia,etonn'avaitpasunkopekmaisonétaitheureux.Tellementheureux!Parfois,çafaitmalrienquedepenseràcetteépoque.Parcequ'après,leschosesontchangé.»

«Tul’astrompée.»Illèvebrusquementlesyeuxversmoi.«Non.Ҫa,c’étaitaprès.»«Aprèsquoi?»«Tamèreesttombéeenceintepourlatroisièmefoisetelleafaitunefaussecouchetardive.Très

tardive.Elleesttombéeendépressionetelleavraimenteudumalàs’ensortir.Alamêmepériode,j’aivenduunlogicielquej’avaiscrééàunegrossesociété,ettoutàcoup,nousavonseudel’argent.Nousavonsachetéunemaison,ettamèreacommencéàallermieux.Maisjetravaillaisbeaucoupetelleacommencéàs’éloignerdemoideplusenplus.Elleacommencéàs’habillerchicetàsortirdéjeuneravecdesamis,quiétaienttousvraimentriches,etonétaitdeplusenplusriches,nousaussi.»

«Jen’étaispasaucourantpourlebébé.»«Donc,jetravaillaistoutletemps,enpartieparcequ’elleavaittoujoursbesoindeplusdechoses,de

plusgrossesvoitures,etdebijoux.»Ilsecouelatête.«Lafillequej’avaisrencontréedansl'herbecejour-làavaitsoudaindisparu,etj’aivraimenttravaillédurpourlaramener.J’avaispeudetempsetencoremoinsd'énergie,maisj’aiessayé.Tamèremerepoussaittoutletemps,etfinalement,jemesuisrenducomptequ’onnefaisaitquevivredanslamêmemaison.Nousn’étionsplusamoureux.Nousn’étionsplusrien».

«C’estlàquetuasrencontrélamèredeKendra.»Ilhochelatête.«Elletravaillaitàmonbureau.C’étaitterriblementinapproprié,etjeculpabilise

encored’avoirfaitça.Maislepirec’estquandj’airompuavecelleetquejesuisallétoutavoueràtamère.Tamères’enfichaitcomplètement.Ellevoulaitgardersonstyledevie,riendeplus.Alors,j’aicontinuémarelationaveclamèredeKendra.Ettamèreestdevenuelafemmequ'elleestaujourd'hui.»

«Froideetsanscœur.»«Ellen’estpasfroideetsanscœur»,proteste-t-il.«Elleestjuste...blessée,jepense.Jenesais

pas.Ellenes’estjamaisvraimentremisedecebébé.Etellenes’estjamaisremisedenotrehistoire.Etmoinonplus»

«Papa»commencé-je.«Commentçasefaitquevousm’ayezeue?»J’aiquinzeansdemoinsquemonfrèreetmasoeur.Commeunetoutenouvellefamille.

Ilsourit.«C’étaitfou.Unjour,jesuisarrivéàlamaisonettamèreétaitdanslejardin.Elleavaitdelaterrepartout,delatêteauxpieds.Franchement,elleavaitl’airunpeucingléecejour-là,quandj’yrepense,maiselleétaitcommeavant.Jenesaispascequis’estpassé,maisc’étaitcommesiquelqu'unavaitactivéuninterrupteurenelle.J’airegardédanssesyeuxetj’aivulafemmedontj’étaistombéamoureux.»

Ilsourit.«Ellem’aregardédepuisletasdeterreetm'ademandésijevoulaisl’aider.Elleapousséunetruelleversmoi,etj’aienlevémonmanteauetretroussémesmanches.Nousavonscontinuédenoussalirensemble,etpuislesystèmed’arrosageautomatiques’estdéclenchéetnousavonsététrempés.Tamère,avecsescheveuxparfaitsettoussestrucsparfaits,devenaitenragéesionlamouillaitoula

salissait,maislà,elles’estlaissétombersurl'herbeengloussant.Etlà,j’airéaliséquetamèreétaitsobre.Elleétaitcomplètementetabsolumentsobre,etçafaisaitlongtempsqu’ellenel’avaitpasété.»

«ElleestalléeauxAlcooliquesAnonymesetelleafaitunepsychothérapie,etjenem’enétaismêmepasrenducompte.Elleneprenaitplusdesantalgiquesdontellen’avaitpasbesoin.Elleavaitl’espritclair,etelleétaitdenouveaucettefillerieuse,drôle,etintelligentequej’avaisrencontréeàlafac.Maisenplusvieilleetenmieux.Etj’airéaliséquejel'aimaisencore.J’aifaittoutcequej’aipupourluifairelacouretlarefairetomberamoureusedemoi.Etçaamarché.Ellem’alaissérevenir.»

«TuasarrêtédevoirlamèredeKendra?»Ilhochelatête.«Jenepouvaispasarrêterdelavoircomplètement,caronavaitunefilleensemble,

maisj’aiarrêtélarelation.Elleaététrèstriste,maiselles’enestremise.Jepensequ'ellearespectélefaitquejevoulaispréservermonmariage,dansuncertainsens.»Ilhausselesépaules.«Après,elleesttombéeamoureusedequelqu’und’autreetelles’estmariée,etc’étaitunerelationquin’avaitpasbesoind’êtrecachée.Àl'époque,quandlesgensvoyaientdescouplesinterraciauxdanslarue,ilslesregardaientdetravers,etd’autantplusquandc’étaientdeshommesblancsetriches…etdéjàmariés.Maisellearencontréunhommeetilssesontmariés.Elleétaitheureuse.Etj’étaisheureuxavectamère.»Ilsourit.«Ettuesnée.Tamèreétaitextatique.»

Jerenifle.«Tuesunbonmenteur,papa.»Illèvelesmains,commepourserendre.«Jenemenspas.C’étaitcommesionavaitprisunnouveau

départ».J'attends,parcequ'ilvamelâcherunebombe.Jelesensvenir.«Puis,quandtuaseuenvironcinqans,j’airemarquéqu'elleretournaitdéjeuneravecsesanciens

amiset,soudain,ellemerejetait.Elleavaitrecommencéàboire,etiln’étaitplusquestionqued’argent.Peuimportecequejedisais,ellenevoulaitpassefaireaider.Maisjesuisresté.Jenel’aijamaisquittée.LamèredeKendraestmorte,ettamèreaorganiséunefête,mêmesicetterelationétaitterminéedepuisdesannées.Jeneleluiaijamaispardonné.»

«Lasalopeestmortecesoir»murmuré-je.Ilsursaute.«Tuesaucourantdeça?»Jehochelatête,etmesyeuxseremplissentdelarmes.Jeclignedesyeuxpourlesempêcherde

couler.«Elleétaitsaoûlequandças’estpassé.Jeveuxdire,quandellemel’adit.»«J’aiembauchédesnounouspours’occuperdetoiparcequ’elleétaitincapabledelefaire.J’ai

travaillépourqu’ellepuisseconserverlestyledevieauquelelleétaithabituée.Enyrepensant,j’auraisdûl’obligeràsefairesoigner.Elleauraitpuêtreunemèremerveilleusepourtoisijel’avaisfait.»

«Del’eauacoulésouslesponts,papa»,dis-je.«Riendetoutçanepeutplusêtrechangémaintenant.»Jecommenceàdébarrasserlatable.

«Tamèrefaitunenouvellecurededésintoxication»,laisse-t-iléchapper.Jeretombesurmachaise,etlesassiettesclaquentsurlatable.«Encemoment?»Ilhochelatête.«Oui,encemoment.Elleyestallé.Jel'aivuehier.Elleal'airbien.Commeavant.

Elleveuttevoir.»J’ail’impressionqu’onm’apristoutmonoxygène.«Jesupposequetum’asdemandédeprendreces

enfantsparcequetusavaisquejemefichaisd’avoirdesrelationsavecmamère.»C’estcommesijel’avaisgiflé.«Jet’aidemandédelesprendreparcequetuasplusd'amourà

donnerquequiconquequejeconnaisse.Ilsavaientbesoindetoi.»«Non,papa»,rectifié-je.«C’estmoiquiavaisbesoind’eux.Ilsnem’aimentpasencore,maisils

ontlepotentieldelefaire.Etj’espèrequ’ilsleferontunjour,parcequejesaisdéjàquejelesaime.Tous.»

«Jesentaisqueçasepasseraitcommeça.»«Pourquoicesoudainintérêtpourmavie,papa?»demandé-je.«Lescoupsdefil,lesdéjeuners,ta

présenceauxcombats...Jenesaispasquoifairedetoutça.Jenesaispaspourquoitulefais.»Jetapedupoingsurlatable,etlavaisselletremble.«Tun’aspasbesoindefairesemblantdem’aimerpourquejelesaime.»

«Jenefaispassemblant,Sky.Jet'aimevraiment.Jesaisquej’airoyalementfoiré.Maisjesuisquandmêmetonpère,etsituveuxdemoi,jeserailàpourtoi.»

«Prendre,prendre,prendre…»Jelèvelesmainsenl’air.«C’esttoutcequetusaisfaire,papa.Tuprends.TuasprisàlamèredeKendra.TuasprisàKendra.Tuprendsauxenfants,parcequegrâceàeuxtutesensaimé.Riennevautl'amourinconditionneldesenfants.»Jeserremonpoingsurmoncœur.«Tuasprisàmaman.»

«Tamèreasespropresdémons.»«Ettoiaussi,papa.Ҫas’appelleêtreunmenteurinfidèle.»Ilouvrelabouchepourprotester,maisjelèvelamain.«Est-cequetusaisquejenepeuxpasavoir

unerelationsaineavecunhommeparcequejem’attendsconstammentàcequ’ilparte?J’attendstoutletempsqu’ilprennesonenvoletqu’ilparte,commetoi.J’attendstoutletempsqu’ilmelaissertomber.Ets’illefait,jem’enfiche,parcequejenelaissejamaisquiconquem’approcherassezpourmefairedumal.»

MonDieu!Maisd’oùjesorsça?Jemelèveetfinisparposerlesassiettesdansl'évier.«Jepensequetudevraisyaller,papa,»dis-je.

J’appuiemesmainssurlebordducomptoircarj’ail’impressionquemesgenouxvontlâcher.J’entendspapaalleretvenirentraînantlespieds.Puisils’approcheetdéposeunrapidebaisersur

matempe.«Jet'aime,Sky»,dit-il.Puisils’enva.Etj’attendsqu’ilaitquittélapiècepourcraquer.Jemelaissetombersurlecanapé,

metsmatêtedansmesmainsetsanglote.Jepleureparcequejen’airiendemandédetoutça.Jeneluiaipasdemandédes’épanchersurlatabledemacuisine.Maintenant,j’ensaisassezpourleplaindre,etjepréfèreraislehaïr.Jepréfèreraisnerienressentirdutout.Ilyaunbruitàlaporte,etelles’ouvre.Jesuissurlepointdecriersurpapa,maisjevoisSethentrer.Ils’arrêtebrusquementenmevoyant.

«Qu’est-cequisepasse?»demande-t-il.Jemeforceàsourireetessuieledessousdemesyeuxduboutdesdoigts.«Allergies»,dis-je.

«Commentçasefaitqueturentressitôt?»«Onestsortisàmidiaujourd'hui»,dit-il.«Demi-journée.»«Oh.»Ildoitavoiroubliédemedirequ'iln’avaitqu’unedemi-journéeaujourd’hui.Ҫan’auraitrien

changé,detoutefaçon,puisqueJoeyetMellienesontpaslàdetoutelajournée.Lacrèchen’apaslemêmecalendrier.Jemelèveetessaiedeluisourire.«Jevaisallerprendreunedouche.»

Jevaisdansmachambreetm’appuiedetoutmonpoidscontrelaporte.Pourquoitoutafoirécommeça?

M

18

att

PAULESTASSISenfacedemoiàlatabledelacuisineentraindemastiquersescéréales.Ilmejetteunedesenveloppesdelapiledecourrier.Jeregardel’élégantpapier.Merde.C’estl'invitation.

Jel'ouvreetfaissemblantdelireàhautevoix.«Vousêtescordialementinvitéaumariagedelasalopedementeuseetdel’enfoirédetraitredemeilleurami.»Jelaposesurlatableetmontrel’enveloppedudoigt.«Regarde,elleamistoutelafamille.Lesmecs,vouspouveztousveniravecmoi.»

«Tuvasyaller?»demandePauldevantsonboldecéréales.Jehausselesépaules.«Jenevoispaspourquoijedevraisyaller.C’estpascommesic’était

important.»Ilsourit.«Ellenet’intéresseplus.»«Ҫac’estsûr.Ellenem’intéresseplus,»dis-je.Etc’estvrai.Jem’enfichecomplètement.«Jesuis

pratiquementsûrquejesuisamoureuxdeSky.»Jel’aivuetouslessoirsdelasemaine.Lesjoursoùjenepeuxpaspasseràl'appartementdansla

soirée,jelaprendsàsontravailpourl’emmenerdéjeuner.Jeneveuxpaspasserunejournéesanslavoir.Nousn’avonstoujourspasdépassélestadedubaiserunpeuhot,maisçameconvient.

Paulmefixe.«Ҫaaétérapide.»«PeteetLogandisentqueças’estpassécommeçapoureux.»Jefaisclaquermesdoigts.«Vite.»Paulsecouelatête.«Jenepeuxpasdirequej’aieconnuça.»Espéronsqueçaluiarriveraunjour.Montéléphonevibredansmapoche,etjelesors.PourquoiSethm’appelle-t-ilsitôtdansl'après-

midi?«Qu’est-cequisepasse,Seth?»demandé-je.Jesourisenrépondantmaisçanedurepaslongtemps.

Ilestcalme.Tropcalme.«Seth?»demandé-je.«Jesuisrentréplustôtdel'écoleaujourd'hui»,dit-ildansunmurmure.«D'accord…»«EttanteSkyétaitentraindepleurersurlecanapé.»«Tusaispourquoi?»J’attrapemesclésetmedirigeverslaporte.«Non.Maisc’étaitpasunpetitreniflement.Ellesanglotaitcarrément.Commequandonestsecouéde

sanglotsetqu’onnepeutplusreprendresonsouffle.Tucroisqu'elleasesrèglesouquelquechose

commeça?»Sesrègles.Jerisintérieurement.Ilaintérêtqu’ellenel’entendepas.«Elleestoù,là?»Jesuisdéjà

danslarueentraindemedirigerversuntaxi.JesautededansetparleàSethpendanttoutletrajet.«Elleaditqu'elleallaitprendreunedouche.»«D'accord,fais-moientrerquandj’arriverai.»«Jenesaispasquoifaireavecunefemmequipleure»,murmure-t-ilavecvéhémence.Moinonplus,maisonvasedébrouiller.Ilm’ouvrequandjetapeàlaporte,puisillèvelesmainsenl’airetmontrelachambreSky.Je

m’avanceetfrappedoucementàlaporte.Ellen'ouvrepas,doncj’essayelapoignée.Elletourne,etj’entredanslachambre.J’entendsl’eaucoulerdansladouche,doncj’avancedanscettedirection.

Ellepleureencore.Jepeuxvoirsesépaulessesouleveràtraverslavitredeladouche.Toutcequejepeuxpenser,c’estqu'elleabesoinqu’onlatienne.Jemedéshabilleetouvrelaportedeladouche.Ellesursaute,puiselleserendcomptequec’estmoietellesautedansmesbras.Elleestcomplètementnue,toutemouillée,maisellesanglote,doncjenepeuxmêmepasenprofiter.

Jefermelaportedeladouchederrièrenous,etnousnousretrouvonstouslesdeuxsouslejet.J’écartesescheveuxmouillésdesonvisage.«Qu’est-cequisepasse?»demandé-je.Jemetournepourquecesoitmondosquiamortisselejetdel'eau.

Elleneparlepas.Ellesecouelatêtecontremonépauleetsecramponneàmoi.Ellesanglotedansmoncou,etjelatiensserrée.Jenesaispasquoifaired'autre.JesuisaussiperduqueSethenfaced’unefemmequipleure.Commetousleshommes.Maiselleestsimalheureuse…etjesaisqu’elleabesoindemonsoutien.

Finalement,sessanglotssecalment,etjemerendscomptequ'elleadesrivièresdemascaraquicoulentsursonvisage.Jelapoussetrèsdoucementsouslejetetlesnettoieenpassantmesdoigtssursonvisage.Jeprendsunebouteilledeshampooingetfaismousserleshampooingdanssescheveux.Elles’immobilisedansmesbras,maisellenemerepoussepas.Ellemelaissem’occuperd'elle.Jerincesescheveuxetlalaveavecungantdetoiletteetdusavon.J’essaiedenepasregardersesseins,maisc’estputaindedur!Cesontdesseinsetmoijesuisunmec,sanscompterqu’ilssontabsolumentparfaits.Jemeforceàlessurvoleretàprêterattentionaurestedesoncorps.Elleadesfossettesau-dessusdesfesses,etj’aienviedeleslécher,maisjenelefaispas.Aulieudeça,j’arrêtel'eau,jesors,etjereviensavecdesserviettes.

Ellemelaissel’envelopperetluisécherunpeulescheveux.J’enrouleuneservietteautourdematailleetlatireparleboutdesesdoigtsjusqu’àsonlit.Elledéfaitlescouverturescommesielleétaitépuiséeetseglisseentrelesdraps.Jem’avancepourlarecouvrirjusqu’aumentonaveclescouvertures,maiselleprotesteengeignantdoucementquandjeveuxpartir,alorsjemeglissedanslelitderrièreelle.

Ellemelaisseenveloppermoncorpsautourdusien.Maisellemesurprendenôtantsaservietteetenlajetantparterre.Jefaispareilaveclamienne.Noussommesnusdanssesdraps,et-OhmonDieu-jenesaispasquoifaired’elle.Jepensaisquelorsquecemomentarriverait,jeseraisprêtàluifairel'amour.Maiscen’estvisiblementpasdeçadontelleabesoinencemoment,sanscompterqueSethestdanslapièced’àcôté.

Jepassemamainsursescheveuxmouillésetellesetournepourmefaireface.«Monpèreestvenumevoiraujourd'hui.»

Jenedisrienparcequejepensequ’ellen’apasenviequejeparle.Sesmamelonssontcommedespetitespointesd'épinglesdresséescontremapoitrine,maisjemeforceàpasserdoucementmesdoigtslelongdesonbrasaulieudelestoucher.

«Ils’estconfiéàmoi.Ilm'aparlédetoutesleschoseshorriblesqueluietmamèreontpusefaireetpourquoi.»

Savoixestdouce,maispasfaible.Pasdutout.Elleestunpeunasillardeparcequ’elleabeaucoup

pleuré,etelleestunpeuenrouée.«Ilm'aracontécommentj’ensuisvenueàexister.»J'espèrequ’iln’apasdonnéunetonnededétails,parcequeçaseraitcarrémentdégueu.«Jenesuispasuneerreur.Maiscequejeluiaiditauraitpuenêtreune.»«Qu'est-cequetuluiasdit?»demandé-jedoucement.«Jeluiaiditquec’étaitdesafautesijenepouvaispastomberamoureuse.»Jemefige.Etmoi?«Pourquoi?»«Jemesuishabituéeàêtreseule.Sijenecomptesurpersonne,onnemelaisserajamaistomber.»Jevois.«Etpuistuesarrivé.»Jeprendssajambeetlatiresurmahanche.Mabiteestdure,etSkyestjustelà,maisjenepeuxpas

faireça.«Et?»demandé-je.Jefaisglissermesdoigtsdesesgenouxàseshanchesetfrôlesonderrièrenu.

«Etjepensequejesuistombéeamoureusedetoi.Jen’ensuispassûreàcentpourcent,maisjesaisquejet’aimebeaucoupetj’aienviequetusoisprèsdemoi.Etmaintenantquejecommenceàm’habitueràtoi,tuvasmebriserlecœurparceque,dansunsens,j’aibesoindetoi,Matt.Dansunsens,j’aibesoinquetum’aimestoiaussi.»

Jelafaisroulersurledosetm’installeentresescuisses.Jem’appuiesurmescoudesprèsdesatêtepourpouvoirjoueraveclescheveuxmouillésquitombentsursonfront,lespoussantdélicatementsurlecôté.«C’estfait»,dis-je.

Sesyeuxcherchentlesmiens.«C’estfait?»répète-t-elle.Jehochelatêteetembrasseleboutdesonnez.«Jeveuxmanger,dormir,etrespirerpartoi,ma

belle,»dis-je.Jefrottemonnezdehautenbascontrelesien.Ellefrissonnedansmesbras.Jel'embrasserapidement,etellemejetteunregardnoir.«Avoirbesoindemoietmevouloir,ce

n’estpaslamêmechosequem’aimer»,dit-elleenmordillantsalèvreinférieure.Ellefroncelessourcilsetj’embrasselaridequis’estforméeentreeux,puislalisseavecmonpouce.

«Tuesamoureusedemoi,maintenant?»demandé-je.«Tuesamoureuxdemoi,maintenant?»réplique-t-elle.«Ouais,»dis-jedoucement.«Jelesuis.»«Moiaussi»,dit-ellegaiement.Puiselleglousse,etjepeuxsentirsonventregrondersouslemien.Il

fautvraimentquejem’enlèved’au-dessusd’elle,sinonjenevaispastarderàêtreàl'intérieurd'elle.«Mamèreestencurededésintoxication»,dit-elle.Jem’approcheetlatiredenouveausurma

poitrine.«Ahbon?»Ellecroiselesmainssurmapoitrineetappuiesonmentondessus.«Oui»,dit-elle.«Qu’est-cequetuenpenses?»demandé-je.Jefaisglissermesdoigtslelongdesondosnu.«Lecomble»,dit-elle,«c’estquejemesenspleined'espoir.»Ellepousseunsoupir.«Ҫacraint,

non?Malgrécequ'ilspeuventmefaire,jelesveuxencoredansmavie.»«Tuveuxcequetuauraisledroitd’avoir»,dis-je.«C’esttoutàfaitnormal.»«J’aienvied’êtrelegenredemamanqu'ellen'apasété.»Elleclignesesjolisyeuxbleusenme

regardant.«Jepensequetuesdéjàentrainderéussir.»Jemetaisuneminute.«Jemesuistoujoursditlamême

chose.Jevoulaisêtrelepapaquemonpèren’étaitpas.Ils’estjustebarré.Etj’aijuréquejeseraimeilleuretquejeferaimieux.»Jehausselesépaulesmentalement.«Maintenant,jenepeuxpasavoird’enfants,doncfinalementc’estpurementthéorique.»

«Jeneveuxpasbrûlerlesétapes»,dit-elle.Ellegrimace.«Maissinousenarrivonsunjouraupointoùnousvoulonsquenotrerelationsoitpermanente...»

«J’ysuisdéjà»,laissé-jeéchapper.Ellesemarre.«Tucroisquetuvoudraisêtreunpèrepourmesenfants?Unpèreà100%?Ilsontdes

pères,tulesais,maisquineparticipentpasàleurvie.»Moncœurgonfledansmapoitrine,etjedoisclignertrèsfortdesyeux.«Ouais»,dis-je,uneboule

danslagorge.«Jelesadopterais,s’ilsétaientd’accord,etjeseraisunpèreà100%.»Jelaretourneetm’installedenouveauentresescuisses.Maisjeveuxjusteregardersonvisage.«Ettoi,tupourrasêtreunemamanà100%etonseradélicieusementheureuxaveclestroisqu’onalachanced’avoir.Jelesadoredéjà».

Elledégagelescheveuxquipendentsurmonvisage.«C’estvrai,n’est-cepas?»«Jepensequejesuistombéamoureuxd’euxenmêmetempsquedetoi.Lepremierjour.»Jeris

parcequejesuisentraindemettremonâmeànuetc’estcarrémentgênant.Skyfaitbasculerseshanchessousmoi,etjeglissedanssamoiteur.«Fais-moil'amour,Matt,»

murmure-t-elle.Maissoudainilyaungrandfracas,etlebruitdevoixquicrientdanslecouloir.«Oh,merde!»dit-

elleens’asseyantprécipitamment.«Sethdoitêtrealléchercherlesfillesplustôt.»Ellem’enlèveledrap,melaissantallongétoutnudanslelit.Elles’arrêteettournesonregardversmabite.«Euh...»dit-elle.Ellemontredudoigtmonmembreviriletonjureraitqu’ilbatenrythmecommepourluioffrirunspectacleprivé.«Qu'est-cequec'est?»

«C’estmabite,etsitun’arrêtespasdelaregarder,jevaisverrouillerlaporteetl'utiliserpourfairedeschosesformidables.»

Ellerit.«J’aidéjàvuunebite»,dit-elle.«Jeparlaisdupiercing.»«C’estpourquetupuissesmetirerparlàpourmepromener»,dis-je.Jepouffe.Elleritenrecouvrantsabouchedesamain.«Est-ceque,commentdire,çasemetaumilieu?»Jesecouelatêteetattrapemoncaleçon.«Tul'adoreras.Jetelepromets.Iladespouvoirs

magiques.»Ellehausselessourcils.«Toutçaavecunpiercing?»«Jeparlaisdemonzizi.C’estluiquiadespouvoirsmagiques.»Ellesautedanssaculotte,etje

pousseunsoupir.Siprèsdelaterrepromise!«Jetelemontreraiunjouroùiln’yaurapaslesenfants.»«Tuveuxdirejamais?»dit-elleenriant.Jerisaussi,etpassemamainsurmonvisage.«Nejamaisdirejamais»,murmuré-je.J’enfilemon

caleçonetmonjean,etlaportes’ouvre.MellieetJoeyentrententrombetandisquejepassematêtedansmontee-shirt.Ellesbondissentsurlelit,etmonmomentprivilégiéavecSkyestterminé.Aufait,avait-ilvraimentcommencé?Merde,j’ensaisrien.

S

19

kylar

JEGAREmavoituresurleparkingducentrededésintoxicationetm’abandonneuninstant,lefrontappuyésurlevolant.Jenesaispaspourquoijesuisici.Apartparcequemonpèrem'ademandédevenir.J’auraispudirenon.J’auraisdûdirenon.

Maisjenel'aipasfait.Jem’approchedubureauetdemandelachambredemamère,maisilsm’emmènentaujardin.

L'infirmièremefaitpasserdesdoublesportesetlesrefermederrièremoi.Devantmois’étendungrandpatiodebriquesavecdeschaiseslongues.Ilestparsemédegrosmeublesrembourrésquiparaissentvraimentconfortables.Jejetteuncoupd’oeilautourdemoi.Jenevoispasmaman.Maisunefemmeselèved'untransat,etjeregardedeplusprès.C'estmamère.Ellen’estpasdutoutmaquilléeetsescheveuxsontlâchéssursesépaules.Unebarrettelesempêchedetombersursonvisageetjenemesouvienspasdel’avoirdéjàvuautantaunaturel.Saufquepourelle,cen’estpasnatureldutout.C’estcomplètementanti-naturel.

«Maman?»dis-je.Ellemefaitsignedem’installerdanslerocking-chairvoisin.Elles’assiedetrepliesesjambes,enveloppantsesgenouxdesesbras,commesiellevoulaitse

retirerenelle-même.Ellenesepenchepasenavantpourmefaireundecesbaisersoùl’onnesetouchepasetquineveulentriendire.Ducoup,jenesaispascequejesuiscenséefaire.Jem’assiedsetagrippefermementmesgenoux.

Elleappuiesatêtecontreledossierdusiègeetl’inclineversmoi.«Jesuiscontentequetusoisvenue»,dit-ellecalmement.«Surprise,maiscontente.»Ellesourit.

Jeprendsunsacréchocparcequ'iln'yaaucunemaliceniartifice.Etaulieuderegardermesvêtements,monmaquillage,oumescheveux,elleregardemonvisage.J’aifaitexprèsdenepasbienm’habilleraujourd'huiparcequejevoulaisluidonnerdequoimecritiquer,dansl'espoirdedétournersonfieldemesenfants.

«Surprise?Pourquoi?»demandé-je.Ellehausselesépaules.«Sij’étaistoi,jeneseraispasvenue.»Ellemeregardedanslesyeuxet

moncœurbonditdansmapoitrine,puisilremontedansmagorge.Jedoisdéglutirpourlefairepasser.Lespiedsdemamèresontnus,etjevoisdespantouflesduveteusesposéesen-dessousd’ellesurle

carrelage.IlyaBugsBunnydessus,etjesuissidérée.«Bellespantoufles»,dis-je.Mamansourit.«C’esttonpèrequimelesaapportées.»Ellegrogne.Jen'aijamaisentenduuntelson

sortirdunezdemamèresiparfaite.«Ellesconviennentpasmalàlasituation.»

«Tuvasbien?»demandé-je.Elleposelespiedsparterre,etlesglissedanscespantouflesdedinguedanslesquellesellene

voudraitnormalementêtrevuepourrienaumonde,etpassesesmainslelongdesesbras.«Jevaismieuxaujourd'hui.Lapremièresemaineaétéplutôtdifficile.J’aipassépasmaldetempsàdégueulertripesetboyaux,etencoreplusdetempsàessayerdelefaire.»

Mamèrevientdeprononcerlemotdégueuler.Ellemefixe.«Aquoitupenses,Sky?»Jesecouelatête.«Arien.»Sijepouvaisleverbaliser,jeneleferaispas.Elleaétéfragiletoutema

vie,etcen’estpasparcequ'ellenesemblepasfragileencetinstantprécisqu’ellenel’estpas.«Tonpèrevienttouslesjours»,dit-ellecalmement.«Ilmel’adit.»«Jesuiscontentequevousvousparliez,»dit-elledoucement.Ellemeregarde.Ellemeregarde

vraiment,etçamerendunpeufébrile.«Pourquoituvoulaismevoir?»demandé-je.Jepousseunsoupir.J’ail’impressionqu’onm’a

pompétoutmonoxygène.«Jesuiscenséefaireamendehonorableauprèsdetouslesgensàquij’aifaitdutort»,dit-elleen

haussantlesépaules.Ellesepencheetattrapeunpaquetdecigarettes.Ellelesecouepourenfairesortiruneetl'allume.J’enrestebouchebée.Jenepeuxpasm’enempêcher.

«Depuisquandtufumes?»demandé-je.Ellesouritetpenchedenouveaunonchalammentlatêteenarrière.«Onnepeutpasmeretireràla

foistoutemonamertume,matrahison,mahaine,etmonalcooletmesmédicamentspourmelaissersansrien»,dit-elleavecunpetitrire.Maisiln'yapasdejoiedanssonrire.«Jevaisarrêter.J’aijustebesoindepassercettepériode.»

Jehochelatêteparcequec’estunpeucommesiellem’avaitgiflée.«Tonpèrem'aditqu'ilaparléavectoi»,dit-elle.Ellerejetteunelongueboufféedefuméequi

sembledureréternellement.«Ilt’aparlédenotrehistoire.»J'acquiesce.«Ilm'aparlédubébéetdelamèredeKendra.»Elleneditrien.Ellecontinuedefumer,laissantlacigarettependredeseslèvresuninstant,l’œil

fermé.«Iladitquetul’avaisenvoyépromener,engros»,dit-elle.Ellesourit.D’unsourireinsolentet

magnifique.Moiaussijesouris.«Jen’aipasprononcéautantdemots.»«Tuluiasditqueseschoixontaffectétafaçondevoirlavie.Etsurtoutleshommes.Amoinsqu’il

aitmalcompris?»«Non,ilabiencompris.»Jehochelatête.«Tonpèren'estpasleseulcoupable.Jesuistoutautantàblâmer,sinonplus.»Ellehausseles

épaules,etunsouriretristepassesurseslèvres.«J’aiétéunemèrehorrible,tropembourbéedansmesdépendancesetmesproblèmespourm’occuperdetoi.»

«Jenedemandepasd'excuses.»«Dommage»,dit-ellevivement.«Parcequetuvasenavoir.»Ellesepencheetsecouesacigarette.

Puiselletouchemongenou.«Jeregrettedenepasavoirfaitmieux.J’aitoujoursditquejeleferaisquandjepourrais,maisjen'aijamaisatteintcettephase.Jesuisdésolée.»Sesyeuxpapillonnent,puisilsseposentsurmoi.«Jemedisaistoutletempsquejechangeraidemain.Maisdemainn’estjamaisvenu.»Elleclignedesyeuxpourretenirseslarmes.Jen’aijamaisvud’émotionsurlevisagedemamèreauparavant.D’habitudec’estunecoquillevide.

«Queveuxtuquejetedise?»Ellesecouelatête.«Iln'yapasdebonnesoumauvaiseschosesàdire.Tupeuxmedirecequetu

ressens.Tupeuxmedired’allermefairefoutre.Faiscequiestbonpourtoi,parcequemoi,jenel’aijamaisfait.»Ellepointesondoigtversmoi.«Tuesresponsabledetonbonheuretdetoncoeur.C’esttoilaseuleresponsable.D'autrespersonnescontribuentsûrementàtonbonheur,maistunepeuxpasattendredequelqu’unqu’ilterendeheureuse,Sky.Personnenevafaireçapourtoi.»

Ellesepencheànouveauenarrièreetremontesespiedsverselle.«Maintenant,dis-moicommenttutesens»,dit-elle.«Neteretienspas.»Jeprendsunegrandeinspiration,etj’ouvrelabouchepourluidirequejeneseraisjamaisaussi

cruelle.Maiscequisortdemaboucheesttoutàfaitdifférent.«Jemesenscommesijen’avaispasdeparents»,dis-je.«Toietpapan’étiezjamaislà,etmême

quandvousétiezlà,vousn’yétiezpas.Mesnounousm'ontaccompagnéeauxspectaclesdedanse,etc’estlesemployésdemaisonquim’ontapprisàconduire.Etchaquefoisquej’étaisassezprochedel'und'euxpourpenserqu'ilpourraitm’aimer,tulerenvoyais.C’étaitunepeinerudeetcruelle.»Jeposeunemainsurmapoitrine,carelleestsoudaindouloureuse.«Jenevousaijamaisrienfaitniàl’unniàl’autre,àpartd’exister.Jerestaistranquillequandtuavaismalàlatête,quandtuavaisunetellegueuledeboisquetunepouvaispassortirdulit.J’étaisuneétudianteparfaite.J’étaisuneadolescentesanshistoires.Jefaisaistoutpourquetum’aimes.Maiscen’estjamaisarrivé.»

Jemelèveetcommenceàfairelescentpas.Jem’attendsàcequ’ellememontrelachaiseetmediseàquelpointmacolèremanquedeclasse,maisellenelefaitpas.Ellemeregarde.Etellemeregardevraiment,commeellenel’ajamaisfaitauparavant.Elleouvresesoreillesetsesyeux.Oserais-jeespérerqu’elleouvreaussisoncœur?Jenedevraispas.Maisunepetitepartiedemois’accrochetoujoursàcetespoir.

«Jesuisalléeàlafacetj’aiétudiéledroit,commepapa.Etjesuisalléeàdessoiréesmondainesetj’aiparticipéàdescomités,commetoi.J’aiassistéàdescollectesdefondsetjemesuisdonnéeenspectacle,rienquepourtefaireplaisir.Ettoutcequejedemandaisenretourc’étaitquequelqu'unm’aime.Maisvousenétiezincapables.»

Elleallumeuneautrecigarette,etjevoisunelarmecoulersursajoue.Ellenetendpaslamainpourl’essuyeretellenelacachepas.

«Maman,jenesaismêmepasquoitedire.J’aiététellementgentilleavectoitoutemaviequejen’arrivemêmepasàêtreméchantemaintenant,pasentouteconscience.»Jemerassiedsetcroiselesjambes.«Pourquoituesvenueàl'enterrement?»Monpiedcommenceàsecontracteretàsebalancer,etjem’attendsunpeuàcequ’ellemedisedemetaire.Maisjenepourraispasmêmesijelevoulais.

«Jevoulaisvoircecontrequoijemebatttais»,dit-elletranquillement.«J’aitoujoursvouluvoir.»Ellepousseunsoupir.«QuandKendraétaitpetite,j’allaism’asseoirenfacedeleurappartementetjeleregardaisavecelles.Iln'ajamaissuquejefaisaisça,maisils’enseraitfoutu,detoutefaçon.Jel’airenvoyéverselleparcequej’étaistellementmalheureusequejenepouvaispaslaisserl'amourm’atteindre,mêmequandilétaitàmaportée.»

Leventsouffledanssescheveuxdénoués,etellereplaceunemèchederrièresonoreille.«Ilssontinnocents,commetul’étais.Ilsméritentd’êtreaimés,etc’estpourçaquejesuiscontentequ’ilst’aient.Personnen’estautantcapabled’aimerquetoi,Sky.N’endoutejamais.Tuaimesettupardonnescommepersonne.»

«Jenet’aipaspardonné»,rétorqué-je.Ellerit.Ҫamefaitsursauter,etj’agrippesifortlesbrasdufauteuilquemesdoigtsdeviennenttout

blancs.«Situmepardonnaisaprèsunesimpleconversation,jepenseraisquetuesfaibleetfatiguée.Ettun’esnil’unnil’autre,Sky.Tuesforteetcourageuse,ettuaimessansretenue.J’aimeraisêtreunpeupluscommetoi.»Elleglousse.«Jeprévoisd'êtrepluscommetoi.J’aideschosesàtravailler,maisjesuisentraind’yarriver.»

«Qu'estcequeçafaitd'êtresobre?»lancé-je.Ouais,jeveuxluifairemal,maisellelemérite.

«C’estdur»,dit-elle.Elletiresursacigarette,puisl’écrase.«Vraimentdur.Toutestdouloureux.Chaquesouvenir.Chaquepenséedansmatêtemefaitmalparcequetoutestpleinderegrets.J’aidesregrets,Sky.Jeregrettetout.J’aimeraistoutsupprimer,maisjenepeuxpas.Jesaisquetunemefaispasconfiance,etfranchement,jenemefaispasconfiancemoi-même.Donc,situveuxpartird’icisansteretourner,jecomprendrais.»

Elleresteassisetranquillement,leregardfixésurlecoinleplusreculédujardin.«J’aimeraisrencontrertesenfants»,dit-ellesoudain.Jecommenceàprotester.Ellelèveunemainenl’air.«Pasmaintenant.Quandj’auraisledroitdelefaire.J’aimeraisles

rencontreretapprendreàlesconnaître.C’esttristecequiestarrivéàleurmère.C’étaitunefemmebien.»

«Commenttulesais?»lancé-je.«Jel'airencontréedeuxoutroisfois.Onallaitdéjeunerensemble.Unefois,jemesuissaoûléeavec

un–oudix-martinispendantnotredéjeuner,etKendram'aramenéeàlamaisonenvoiture.Jenemeservaispasdemonchauffeurparcequejenevoulaispasdireàtonpèreoùj’allais».

«Qu'est-cequis’estpassé?»murmuré-je.«Elleétaitbonneetgénéreuse.Ellem'aramenéeàlamaisonetm’atenulatêtedanslestoilettes.

Puisellem'anettoyée.Ellem'amiseaulit,etelles’estexcuséepoursamèrequiavaitruinémonmariage.»Ellerit.«Maiscequ'ellenesavaitpas,c’estquesamèren'avaitrienruinédutout.C’estmoi.C’estmoiquiaitoutruiné.Jerefusaisdelaisserl'amourvenir.Etjerefusaisdelelaisserparcequejen’enétaispasdigne».

Jenepeuxmêmepasparler.«Quandj’aidécouvertqu'elleétaitmourante,jesuisalléelavoir.Ellem'aparlédesenfantsetdeses

peurs.Elleapleuré.J'aipleuré.Jesuisrentréeàlamaisonetj’aiditàtonpèrecequis’étaitpassé,etjeluiaiconseillédetedemanderdel’aide.Quetuavaisplusd’amourentoiquequiconque,etqueceseraitunechancepourcesenfantsdet’avoir.Puisjesuispartieetjemesuissaoûléeàmortetjemesuispresquetuéeavecdesmédicamentsanti-douleur.Parcequetedonnercesenfantssignifiaitquejedevaisabandonnermahaineàleurégard.Jenepouvaispassupporterça.Tonpèrem'aaidéeàpasserlanuit.Puisjel'airefaitaprèsl’enterrement.Tonpèreadûappelerlespompiers.»

«Pourquoipersonnenem'ariendit?»Monpiedrecommenceàsecontracter.«Ҫat’auraitfaitquelquechose?»Ellemeregardedanslesyeux.«Tuauraispeut-êtreressentiune

petitecontrariété,maistuteseraisvitereprise.Jenevalaispasplusqu'unepenséepassagèreauxyeuxdesgens,etc’estmoiquienavaisdécidéainsi.»Ellehausselesépaules.

Jeravalemonindignationenreniflant.«Oui,çam’auraitfaitquelquechose.»Ellerenifleànouveau.«J’auraisététamèredécédée.Lafemmequit’adonnénaissanceetn’arien

faitd'autrepourtoidetoutetavie».Merde,çafaitmaldepenseràça.Maisellearaison.«Tonpèreditquetuasunpetitami»,dit-elleensouriant.J'acquiesce.«Matthew»,réponds-je.Elleneméritepasd’avoirplusdedétails.«Letatoué»,dit-elle.«Ilesttrèsbeau.»«Ilestgentiletgénéreux»,rectifié-je.Puisjesouris,parcequepenseràluimefaitsourire.«Et

beau.»«Tul’aimes?»demandet-elle.Jehochelatête.«D’aprèsmesconnaissancesenamour»,dis-je.«Sijedevaischoisirentreouiou

non,jediraisoui.Maisjenesuispascomplètementsûredecequeçaveutdire.»«Jesuisdésoléequ’ont’aitfaitdouterdetoiàcepoint.Tuvauxtellementplus.»Ellepassesamain

soussonnez.«Nousavonsétédesexempleshorribles.»

«Jen’osepasluiconfiermoncoeur»,avoué-je.«J’aitroppeurdel'aimer.»«Peurqu’ils’enprenneàtoi?»demandet-elle.«Ouqu'iltequitte?»«Ouqu'ilm’aimejusqu'àlafindestemps»,dis-je.Ҫafaitaussipeurparcequejenesauraispas

quoifairedeça.«TudevraisterenseignersurlesréunionsAl-Anon»,dit-elle.«C’estpourlesfamilles

d’alcooliques.»«Ok»,dis-je.Elletapotemajambe.«Pourtoi»,dit-elle.«Paspourmoi.»Elleallumeunenouvellecigarette.Jehausseunsourcilenlaregardant.Ellerit.«Jenemesuisjamaissentieautantmiseànue.C’estunesensationnouvelleeteffrayante.

Alors,pardonne-moimesvices.J’arrêteraiquandjemeseraissortiedetoutça.»«Ok».Jecomprends.Enfin,jepense.«N’aiespaspeurdelelaissert’aimer,Sky»,dit-elletranquillement.«J’avaispeurdelaisserton

pèrem’aimer.Jepensaisquejeneleméritaispas,aprèscequej’avaisfaitquandjebuvais.Alorsjel’aiécarté.LaisseMatthewvenir.Laisse-let’aimer.Prendstoutetlaissel’amourt’envahir.Nelelaissepaspasser.S’iltebriselecœur,aumoinstusaurasquetuenasencoreun.Nemeurspasàl'intérieur,commemoi.Laisseentrerl'amour.Laisse-let’entourerettemainteniràflotquandtun’arrivesplusàavancer.Laisse.Entrer.L’amour.»

Lesportesdupatios’ouvrent,etuneinfirmièrearrive.«C’estl’heuredelaréunion»,dit-elleenfaisantunsigneversmamère.

Mamèreselèveetsetourneversmoi.Ellemeserrefort,m’étreignantcontresapoitrine.Jenemesouvienspasqu’elleaitjamaisfaitça,etjemeraidisdanssesbras.«Laisse.Entrer.L’amour»,chuchote-t-elleàmonoreille.

Ellepartetjemelaisseretombersurmonfauteuil.Mesjambesnemeportentplus,etjenepeuxpaspartir.Jetrembletrop.C’estcommesitoutcequejen’avaisjamaisvoulumetombaitsoudaindessus,etjenesaispasquoienfaire.

Quandfinalementj’arriveàmelever,jeparsetmerendsauseulendroitoùjesaisquejepeuxtrouverlapaix.JevaisvoirMatt.

M

20

att

PAULESTd’unehumeurmassacrante.Jenesaispascequ’ilamaisilaétéparticulièrementpénibleaujourd'hui.Fridayn’estpastrèsbiennonplus,maisjenesaispasquelestsonproblème,niceluidePaul.Paulfaitclaquersonpistoletdetatouagecontreunetable,assezfortpourquemêmeLoganlèvelesyeux.

Qu’est-cequ’ilya?signeLogan.Jehausselesépaules.Logantravaillesurdesmodèlesassezcomplexespourlescataloguesquenous

avonsaffichésauxmurs.Quandiln’estpasàl'école,chezMadisonAvenue,ouoccupéàfairedestatouages,ilpasseletempsenfaisantdesdessinspourlesproposerauxgens.Certainespersonnesviennentsanssavoircequ’ellesveulent,etellesfeuillettentlescataloguesjusqu'àcequ’ellestrouventquelquechose.D'autrespersonnesviennentavecuneidéededessinentête,etnousdevonsleréaliserenvrai.JesuiscontentqueFridaysachedessineraussi.ElleestpresqueaussibonnequeLogan.J’aivuquelquesunesdesesoeuvres,etc’estépoustouflant.

«Tuessayesdelecasseroudeleréparer»demandePete.IlhausselessourcilsenregardantPaul.Nousavonstousnotreproprematériel,doncjemeficheunpeuquePaulcasselesienquandilfaitsacrise.Maisjepréfèreraiséviterça,s’ilyamoyendelefaireendiscutant.

«Ceputaindetrucmarchemal»,marmonnePaul.Logansedirigeversluiettendlamain.Paullaregarded’unairmauvais,puisillèvelesyeuxauciel

etluipasselepistoletàtatouer.LoganfaituntrucrapidesurlepistoletetlerendàPaul.Ilnesouritpasetnejubilepas.Ilsecontentederetourneràlatablelumineuse,unetablespécialequ'ilutilisepourletraçage,etilcontinuesondessin.

«Putain,jetehais»marmonnePauldanssondos.Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.«Quoi?»demandeLogan.Sonregardfaitdesva-et-viententrePauletmoi.«Iladitmerci»,dis-je.«J’ensuissûr.»IlfusillePaulduregard.«Onpeutsavoirpourquoitulesasàl’envers?»demande-

t-il.Nousnoustaisonstous.PersonnenecherchePaulquandilestdemauvaispoil.Onpasseàcôtédelui

etoncontinuenotretrain-trainjusqu’àcequ'ilsecalme.«Ilalesboulesparcequ'ilafaituneconnerielanuitdernière»,lanceFriday.Elleneleregardepas.

Ellesecontentedeparlerdelui.Elleaplusdecouillesquenoustousréunis,ça,onpeutledire.«Après

ilaregretté,maisc’étaittroptard.Alorsmaintenant,ilsesentcoupable.»Ellepousseunsoupiretcommenceàpréparersonsacàdos.Ellejetteseslivresdanssonsac,unparun,enutilisantbeaucoupplusdeforcequenécessaire.

«Oùtuvas?»aboiePaul.L’oragecouvedanssonregard.«J’ensaisrien»,aboie-t-elleàsontour.«Peut-êtrequej’aiunrendez-vous.Peut-êtrequejeveux

mefairesauter.Peut-êtrequejeveuxjusteavoirunorgasmedefoliesansavoiràmesentircoupabledixminutesplustard».

«Ohputain»,ditPetedanssabarbe.Jeluilanceunregard,etilmetsamainsursabouche.«Attendsuneminute,jeteraccompagne»,ditPaulenrangeantsesaffaires.«Non,merci»,couineFriday.Ellelèvelebrasetnousfaitsignedederrièresatête,agitantses

doigtsencriant«Bonaprès-midiàtous.»«Tuseraslàdemain,hein?»luicriePaul.Ilal'airunpeuperturbé,mêmeplusqu’ilyauneminute.Elleneditrien.Elleclaquelaportetellementfortquejesenslavibrationdansmespieds.Merde.

C’estgênant.Paulselaissetomberpesammentdansunfauteuiletprendsatêtedanssesmains,sescoudesposés

sursesgenoux.Ilal'airtropfatigué.J’aienvied’allerversluietdeleréconforter,maisjecrainsdenepaspouvoir.

«Tudevraisessayerdelarattraper»,ditLogan.Paullèvelesyeux.«C’estladernièrechosedontelleabesoin»,dit-ilcalmement.Ilsecouelatête.

«Peuimporte.»Ilselève.«Continuezàtravailler»,nousdit-il.Peteouvrelabouchepourl’engueuler,maisjetoussedansmonpoing,etilmeregardeetlèveles

mainsenl’air.PetesuitFridaydesyeux,commes’ilvoulaits’assurerqu'ellevabien.Jelevoissortirsontéléphonedesapoche,etiltapeunmessageàtoutevitesse.IldemandesûrementàReagandes’assurerquetoutvabien.Ilmeregardeethochelatête.EllevavérifierquetoutestokpourFriday.

IlyacettetensiondingueentreFridayetPaulquepersonnenecomprend,pasmêmeeux.PaulestunvraiqueutardsurtoutmaintenantqueKellysortavecquelqu'un.Ilcoucheavecàpeuprèstoutcequibouge,maisdepuiscesdeuxdernièressemaines,iln'apasautantdraguélesfillesdanslaboutique,etiln'amêmepaseutellementderendez-vous.

Laclochedelaportetinte,etjelèvelesyeux.Moncœursursautequandlafemmedemesrêvespasselaporte.Deboutdevantlafenêtre,Skyapparaîtdansunhalodesoleil,etjen'aijamaisrienvud’aussibeau.Ellesebalanced’unpiedsurl’autreetcroiselesbrassoussesseins.

«Salut,»dit-elledoucement.Elleporteunjeanetunsweat-shirt,etelleestsijoliequejenepeuxpasm’empêcherdel’attraper.Je

traverselapièceetlatirecontremoi.Jesoulèvesesbrasetlespasseautourdemoncou.«Jesuistellementheureuxquetusoislà»,dis-je,etjelepensevraiment.Franchement,ellemechambouleàl’intérieur.Jepenchelatêteetl'embrasserapidement,maisseslèvressuiventlesmiennesquandjeveuxmeretirer.Saboucheestdouce,chaudeethumide,etcebaisermedécocheuneflèchedansleplexus.

Mesfrèrescommencentàsiffler,etjedoismerésoudreàleverlatête.Jeleurfaisundoigtd’honneur,etelleserecule,sesjouestoutesrosesetjolies.Ellefaitsigneàmesfrèresd’unmouvementsaccadéetrapide.Puiselleenfouitsonvisagedansmontee-shirt.Elleestsibellequej’enailesoufflecoupé,etelleestadorablequandellerougit.

Skyattrapemontee-shirtdanssespoingsetm’obligeàlaregarderdanslesyeux.«Tuasdéjeuné?»demandet-elle.

Jeviensdemanger,maisjenelaisseraispasserpourrienaumondeunechancedem'asseoiràcôtéd'ellependantuneheure.Jesecouelatête.«Tuveuxsortir?»

Elletiresalèvreinférieureentresesdents.«Tuveuxvenirchezmoi?»Elleévitemonregard,etmoncœurbonditànouveaudansmapoitrine.«Pourledéjeuner?»

Ellehochelatête,maissesjouesdeviennentencoreplusroses,etjenesaispasàquoiellepense.J’espèrequ'ellepenseàlamêmechosequemoi,quiestengrosdelafairedéshabillerpourpouvoirentrerenelle.

«Qu’est-cequ’ilyaaumenu?»demandé-jeenenfilantmonmanteau.Jemedemandequelestsonplanetsinousdevonsnousarrêterpouracheterdessandwichsouautres.

Ellesourit.«Moi»,dit-elledoucement.Puissonsourires’accentueetellesedirigeverslaported'entrée.Jem’élancecommeunpetitchiensursestalonsparcequejenepeuxrienfaired'autre.

S

21

kylar

MATTTRÉBUCHEens’emmêlantlespiedstandisquenoussortonsdanslarue,etjedoismecouvrirlabouchepournepasriretouthaut.Ilestsiadorablequetoutefemmequinetomberaitpasamoureusedeluiestuneidiote.Etmoi,jenesuispasuneidiote.Dumoinspasaujourd'hui.Aujourd'hui,jesuislapetiteamiedeMatt.Jenesuispaslafilled'unemèreaccroàl’alcooletauxmédicamentsetd’unpèretrompeur.J’enaifiniavecça,aujourd'hui.JesuislacopinedeMatt.EtMattvientdetrébuchersursonproprepiedpourserapprocherdemoi.

«Oh,tutrouvesçadrôle,n’est-cepas?»demande-t-il.Ilmetiredanssesbrasetfrottesonnezdansmoncou.Puisilsereculeetmeregarde.«Pourquoitun’espasautravail?»demande-t-ilenpassantsesdoigtsentrelesmiens.Lachaleurdesapaumes’infiltredansmapeauetmeréchauffed’unefaçonquejen’aijamaisconnue.Ilmeregardedanslesyeux.«Toutvabien?»

Jefaistournermoncoudegaucheàdroite.Jen’avaispasréalisécombienmesépaulesétaientdouloureusesjusqu'àcequej’aievuMatt.J’aimeraisêtrecommecesgensquiarriventàfairecraquerleurcou;çaal’airdefairebeaucoupdebien.Mattlèvelesmainspourmalaxerledevantdemesépaules.

«Tuessitendue»,dit-ilenfronçantlessourcils.«Qu’est-cequ’ilya?»Ilnemeconnaîtquedepuisquelquessemaines,etilpeutdéjàdevinermonhumeur.Jenesuispassûreàcentpourcentqueçameplaise.

«Jesuisalléevoirmamèreaujourd'hui»,avoué-je.Sesyeuxseplissenttandisqu’ilfaitletourdemavoitureetm’ouvrelaportière.Jemeglisseà

l'intérieuretilcontournel'avantdemavoitureencourantpours’installerdanslesiègepassager.«Commentças’estpassé?»demande-t-ilaprèsavoirbouclésaceinture.Ilbaisselaradioparcequej’ailaissélevolumeunpeufortquandjemesuisgarée.

Jesoupire.«Mieuxquejenel’auraiscru.Maismaintenant,jenesaispasquoifairedetoutça,tuvois?»

Ilhochelatête.Maiscequisortdesabouchec’est:«Non,pasvraiment.»Ilattenduneminute,puisdit:«Jeveuxdire,mafamilleaaussisessoucis.Maisiln'yapersonnequim'aabandonnéetquej’aidûallervoirencurededésintoxication,non».

«Ellenem'apasabandonnée»,commencé-je.«Ilsl’ontfaittouslesdeux,Sky»,dit-ildoucement.«Aussivraiquenotrepèrel’afait,tesparents

l’ontfait.Cen’estpasparcequ'ilsontpleindefricpourpayerdesgensàfairecequ'ilsauraientdûfaire

euxqueçalesrendmeilleurs.»«Onpeutparlerd'autrechose?»demandé-je.Jecommenceàavoirmalàlatête,etj'étireànouveau

moncou.Matttendlamainetcommenceàmassermonépaule.«Jem’occuperaideçaquandonarriveraà

l'appartement»,dit-ilcalmement.«Dequoi?»demandé-jeentournantlatêtepourleregarder.«Decemalàlatête»,dit-il.Commentsait-ilquej’aimalàlatête?«C’estrien»,dis-je.Nousarrivonsàmonappartementetnousgaronsdanslarue.Mattprendmamainquandnousentrons

dansl’immeuble.Quandlesportesdel'ascenseurseferment,ilmetirecontrelui,etjepeuxsentirsavirilitépresséecontremesfesses.MonDieu!Ilestdéjàprêtpourcequenousallonsfaire.

Nouspassonslaporte,etjejettemescléssurlatabledelacuisine.«Pourquoitum’asemmenéici?»demande-t-il.Sesmotsrésonnentdanslapiècecommeunéclair,

mefrappantplusfortqu'ilnel’auraitsansdoutesouhaité.«Je...»Jenepeuxpasverbaliser.Jenepeuxpasleluidire.«Tuquoi?»demande-t-il.Ilmarchelentementversmoietprendlecôtédemoncoudanssamain.Il

estdouxettendre,etpourtantjepeuxsentircombienilaenviedemoi.Jepeuxpresquesentiràquelpointilm’aime,mêmesijenesaispasencorevraimentcequec’est.Est-cequec'estréel?Jeneconnaispasassezlesujetpourenêtresûre.«Pourquoitum’asemmenéici?»

Jebaisselatêteetappuiemonfrontcontresapoitrine.Jereniflesonodeuretm’enimprègneauplusprofonddemoi.Jeneveuxpasrespireretlalaissers’échapper.Elleestboisée,virileetpropre,etça,c’esttoutMatt.«J’ail’impressiond’avoirétéagresséeémotionnellement,Matt»,dis-jecalmement.«Etquandtoutaétéfini,j’aieubesoindequelqu'unquipourraitmefairemesentirensécurité.»Jelèveleregardverslui,etsesyeuxbleusneclignentpas.«J’avaisbesoinquequelqu’uns’occupedemoi.»

Mattmesoulèvedanssesbras,avecunbrassousmesgenouxetl'autrederrièremondos.Jepousseuncridesurprise.Ilritetmetransportejusqu’àmachambre.D’uncoupdepied,ilrefermelaportederrièrenous.«Combienilnousrestedetempsavantquetuailleschercherlesfilles?»demande-t-il.Ils’assiedsurlecôtédemonlitetenlèvesesbottes.Ilbougerapidementetsourit.

J’ôterapidementmesbasketsetpassemontee-shirtpar-dessusmatête.«Desheures»,dis-je.Jedéboutonnemonjeanetlefaitglisserlelongdemesjambes.Jel’enlève,etlejettedecôtéd’uncoupdepied.Mattselèchelesbabines.Ilmetireparlebrasquandjetendslamaindansmondospourdégrafermonsoutien-gorge.«Ralentisunpeu»,dit-il.«Jenevaispasprécipiterlapremièrefoisoùjevaisenfint’aimer.»

Moncœurs’affole.«Ok»,dis-jecalmement.Jem’assiedssurlecôtédulitetcroiselesbrassurmapoitrine.Jesuisunpeumalàl’aise,d’autantquejeneportepasdesous-vêtementssexy.J’aiuneculotteordinaireetmonvieuxsoutien-gorgeconfortableetdéfraîchi.

Mattsoulèvemonmentonduboutdesondoigt,etjeleregarde.«Arrêtedepenser»,dit-il.Ilselèveetdéfaitsaceinture,puisillaretiredujean.Ilfaitglisserlepantalonsurseshanches,etjenepeuxpasdétournermonregardquandjevoisquesoncaleçonesttenduparson...MonDieu,ilesténorme!«Arrêtedepenseràça,aussi,»dit-ildansunéclatderire.

«Allonge-toisurleventre»,dit-il.Ilvadanslasalledebainetenrevientavecunebouteilledelotion.Jerampesurlelitetposematêtesurl’oreiller,toutencroisantlesbrasdessous.Jeleregardes’approcherlentementdemoi.«MonDieu,tuessibelle!»dit-ildoucement.Ils’assiedàcôtédemoietversedelalotiondanssesmains,puislesfrotterapidementl’unecontrel’autrepourlachauffer.

«Qu’est-cequetufais?»demandé-je.«Jem’occupedetoi»,dit-il.Sahanchetouchelamienne,puissesmainschaudesetglissantes

atterrissentsurmesépaulesnues.Ilappliqueunelégèrepressionduboutdesesdoigtshumides,etc’est

sibonqu'ungémissements’échappedemagorge.«C’estok?»demande-t-il.Jegémisencoreethochelatête,etj’enfoncemonvisagedansl’oreiller.«S'ilteplait,n’arrêtepas»,

dis-je.Ilglousse.«Net’inquiètepas!»Illèvenéanmoinslesmainspendantuneminute,pourpouvoir

monteràchevalsurmesfesses.Iln’appuiepassonpoidssurmoi,maisjepeuxlesentir,lourdetdursurlebasdemondos.«Jepeuxdéfaireça?»demande-t-ilcalmement,savoixsoudainrauqueetéraillée,tandisqu’iltiredoucementsurlafermeturedemonsoutien-gorge.

«Oui»,couiné-jedansmonoreiller.«Quoi?»demande-t-ilenriant.Jetournelatêteetditcalmement,«Oui,s'ilteplaît.»Puis,j’enfouisdenouveaumonvisagedans

l'oreillerpourqu’ilnevoitpasàquelpointjesuisrouge.Ildétachemonsoutien-gorgeetl’écarte,puissespoucescommencentàfairedeschosesmiraculeuses

lelongdemacolonnevertébrale.Jem’enfoncedanslematelasauboutdequelquesminutes,tournantpresquedel’oeilquandilattaquemesmusclesunparun,passantdemoncouàmonépaule,etdemondosàmesfesses.Ilarrêtequandilatteintl'élastiquedemaculotte.

«N’arrêtepas»,dis-jeengémissant.«Dis-moicequiestarrivéàtamère»,dit-ilunefoisquejesuisbienrevigoréeetheureuse.«Jeneveuxpas»,murmuré-je.Ilretiresesmainsdemoncorps.«Alorsj’arrête»,dit-il.Puisilattend.Jesoupire.«S'ilteplaîtn’arrêtepas»,supplié-je.Jamaisquelqu'unnes’estoccupéaussibiende

moi.Jen’aijamaiseupersonnequim’aitfaitunaussibonmassagesansêtrepayé.Jen’aijamaisressentiautant...d'affection?Jenesaismêmepascequec’est,maisjesaisquec’estunsentimentinconnu.

«Parle-moi,Sky,»dit-il.Ilsesoulève,etjemetourneimmédiatementpourvoiroùilva,maisilnefaitquesedéplacerplusbassurmesjambes.Jesoupiredesatisfactionquandilcommenceàfrotterl’arrièredemescuisses.

Jeparle.Jeluidistoutcequis’estpasséavecmamère,tandisqu'ilfaitdesmiraclessurmoncorps.Ilgrognequandl’histoirelenécessite,etsesmainssontplusbrutalesquandils’énerve,maiselleseradoucissentvite.Ilécoute.Etilprendsoindemoi,jusqu’auboutdemesorteils.

«Jesavaisqu’elless’étaientrencontrées,maisjenesavaispasquec’étaitunsecret»,ditMattquandjeluiparledudéjeunerdeKendraavecmamère.«Elleaimaitbientamère,etelleregrettaitvraimentqu’elleseretrouvedanscettesituation.»

LesdoigtsdeMatts’accrochentauxcôtésdemaculotte,etiltirelégèrement.Ilarrête.«C’estok?»demande-t-ilenfaisantglissermaculottesousmesfesses.Ilrespirerapidementetmoncoeurs’emballe.

«Ouais»murmuré-jeensouriantdansmonoreiller.Jesoulèvemeshanches,etillafaitglisserjusqu’enbasdemesjambes.Jesaisqu'ilpeutvoirmoncul,etsoudain,sesmainssontlà.«MonDieu.»

Ilmelâche.«C’esttrop?»demande-t-il.«Pasassez»,réponds-je.Ilprendsarespiration,etsesmainsseposentànouveausurmesfesses.Ilserreetsoulève,etfrotte,

etillaisseéchapperungémissementquiressemblebeaucoupàceluiquiestcoincédansmagorge.Mesmusclessontcommeducaoutchouc,etj’ail’impressionquejenepourraispasmelevermêmesi

jelevoulais.«Tourne-toi»,dit-ilcalmement.Iltapotemesfesses.«Attends»,dit-ilquandilvoitquej’hésite.Il

glissesesdoigtslelongdemescuissesetécartemachair.«Dieumerci!»dit-il.«Quoi?»demandé-je.Jeleregardepar-dessusmonépaule.«Tumouilles.J'espéraisqu’iln’yavaitpasquemoi»,dit-il.«Tum’astellementexcitéquejene

saisplusquoifaire.»Ilécartemeslèvresdubasduboutdesdoigtsetglisseundoigtàl'intérieurdemoi.Jepoussecontrelui.

«Tupeuxcontinueràfaireça»,suggéré-je.J’halètetandisqu’ilcontinuedepousser,ajoutantunautredoigt.Jemesoulèvepouralleràsarencontre.

Ilglousse.«Jenepeuxpasfairequoiquecesoitd'ici»,dit-il.Ilsortdemoiettapemesfessesdesamainhumide.«Tourne-toi.»

Jetireledrappourcouvrirmonventreetmeretourne.Mattcommenceàm’embrasser.MonDieu!C’estexactementtoutcequej’aitoujoursvoulu.Iltiremalicieusementsurmondrap.

«Ҫa,çadoitpartir»,dit-ilenriant.Jem’accrochefermementaudrap.«Jeseraisnue»,murmuré-je.«C’estcequejecherche»,murmure-t-ilmalicieusement.Iltireànouveausurledrap,etjelelaisse

glisser.J’attrapel'oreilleretmelemetssurlevisage.Jesuisgênée,maisjeneveuxpasqu’ilarrête.Jeletueraiss’ilarrêtaitmaintenant.Monclitocognesifortquejeçarésonnedanstoutmoncorps.

Ilsifflecommeundockerquandjemeretrouvetoutenue.Sesmainsglissentdehautenbasdemoncorps,doucesetlégères,maisavecuneintensitéquejen’aijamaisconnue.C’estpresquecommes'ilmémorisaitlescontoursdemoncorps.Ilretiresesmainsetdit:«Jesuisvraimentdésolé.Jecroisquejeviensdetebaverdessus.»

Jerisetsoulèvel'oreillerpourleregarder.Maissonregardestdirigésurmesseins.Illesprenddanssesgrandesmainstatouéesetlessoupèse.

«MonDieu!Ilssontsiparfaits!»dit-il.Puisilprendmonmamelondanssabouche.Ilnelelèchepasdélicatement.Illetireetçamedécocheuneflèchedansleventre.Illapemonmamelon,lefaisantroulercontresonpalaistandisqu’iltripotemonautreseinduboutdesdoigts.Jeremetsl'oreillersurmonvisageparcequesijecontinueàleregarderpendantqu’ilmeregardedanslesyeuxetmetouchecommeça,jevaisexploser.

«Matt,s'ilteplait»,supplié-je.Ilsoulèvel'oreillerdemonvisageetlejetteparterre.Sesyeuxsontd'unbleuprofond,etsespupilles

dilatéesetintenses,tandisqu’ilmecouvredebaisersjusqu’auventre.«Jet’aiditquejeprendraissoindetoi»,dit-il.«Patience.»Sonsoufflechatouillemonnombriljusteavantqu’ilneplongesalangueàl'intérieur.

Mattécartemesjambesets’installeentremescuisses,etsonsouffletaquinelapetitebandedepoilsenhautdemescuisses.

«J’aimeça»,dit-ilenleseffleurantavecsonpouce.Jecambremeshanchesverssesdoigtsinsistants.

«Matt»,supplié-je.Jevaismetransformerenépavefrémissanteetsuppliantes'ilnepoursuitpascequ’ilestentraindefaire.«S'ilteplaît.»Ohmerde.C’estdéjàfait.

Sespoucesécartentmeslèvres,etilglissedeuxdoigtsàl'intérieurdemoi.Jesoulèvelatêtepourleregardertandisqu’illèchemonclitoris.Maisçanesuffitpas.Jemetortille,etilmeremercieenenfonçantsesdoigtsencoreplusprofond.Illesrecourbeetpresseverslebas,sapaumeposéesurmonpubis,etseslèvresaccrochéesàmonclitopalpitant.

«Oh,monDieu!»,soufflé-je.Ilsoulèvelatêtejusteletempsdedire:«Non.Appelle-moiMatt.»Jepassemesdoigtsdanssescheveuxetpoussesatêtejusqu’àl'endroitprécisoùjeveuxqu’ellesoit.

Ilcomprendetlèchemonclitorisenrythme,enmêmetempsqu’ilenfoncesesdoigtsauplusprofonddemoi.J’agrippelesdrapsetlesserrefort,parcequeMattestsurlepointdemebriser.Jesenslamontéeenpuissance.Jegémis,jecrie,etj’arc-boutemeshanchespourlerejoindre.Puisilcommenceàronronnercontremachairtendre.

Jevoleenéclats.Jemebrise.Jemedésagrège.

Jejouis.EtMattm’accompagnetoutlelongduchemin.Ilm’emmèneausommetdelafalaise,etmefait

basculerenbas.Maisilestlàpourmerattraperquandjetombe.Ilretiresesdoigtsdemoitandisquesadoucesucciondemonclitosetransformeencoupsdelanguefermesetsûrs.Ilabsorbetousmestremblements,tousmesspasmes,toutesmessecousses,etquandjen’enpeuxplus,jepoussesatêteenarrière.Iltendlamainetôtel'élastiquedesaqueuedecheval.Jel’aitoutdécoiffé,maisilnesemblepass’ensoucier.Ilessuiesonvisagesurledrap,puisremontepourm’embrasser.Jepeuxsentirmonodeurdanssonhaleine,maisc’estbeau.Sescheveuxpendentcommeunvoileautourdenous,maisjenepeuxmêmepasleverlesbraspourlesécarter.

«Tuvasbien?»demande-t-il.Jegémisparcequelesmotsn’arriventpasàquittermagorge.Ilssontcoincésquelquepartentremon

cerveaurepuetmoncorpsramolli.«Jeconsidèrequec’estunoui,»dit-il,etilselaisseretomberàcôtédemoncorpsnu.Jenepeux

mêmepastournerlatêtepourleregarder.Ilembrassemajoueetmefaitroulerdefaçonquemesfessess’encastrentdanssonentrejambe.«Dors,»dit-il.L’undesesbrasestsousmatête,etl’autreestenrouléautourdemataille.

Jevoudraism’occuperdelui,moiaussi,maisjenepeuxpasbouger.«Jenepeuxpasdormir,»murmuré-je.«Jedoisallerchercherlesfilles.»

Ildéposeunbaisersurmescheveux.«Jeteréveillerai,»dit-ildoucement.«Dors.»«Tuessûr?»murmuré-je.Detoutefaçon,jenepourraispasbougermêmesijelevoulais.«Laisse-moitetenir,»dit-il.Ilpoussemescheveuxverslebasentrenousdeuxettirelacouverture

surnous.«Mmm,»murmuré-je.Maisl'obscuritéobscurcitdéjàmavision.«Jet'aime,»dit-ilcalmement,aumomentoùjelaisselesommeilm’envahir.JelaisseMattme

submerger.Jelaisselapaixmesubmergerpourlapremièrefoisdemavie.

M

22

att

JEMERÉVEILLEaveclasensationd'uncorpsfémininetchaudposésurlemien.Jebaisselesyeuxetvoisunetêteblondequisepenchepourembrassermapoitrine.Jetendsmonbrasverslebas,etprendsescheveuxdansmesmainsendisant«Sky?»tandisquejeclignedesyeuxpouressayerdechasserlesommeil.

Elles’arrêteetlèvelesyeuxversmoienfronçantlessourcils.«Quid'autreçapourraitêtre?»demandet-elle.Ellemechevauche,etfaitminededescendredemeshanches,maisjepassemesmainssoussesbrasetlasoulèveunpeupluspourpouvoirl'embrasser.Ellerésiste.«Quid'autreçapourraitêtre?»demande-t-elleànouveau.

Elleestsérieuse.Merde.J’aifoiré.«Personne»,dis-je.Jefrotteunemainsurmonvisage.«Jedormais,tuembrassesmapoitrineettu

esassisesurmabiteenmêmetemps.Jemesuisréveilléetçam’afaitdrôle.C'esttout.»«Tusavaisquij’étais,non?»Jen’aimêmepasbesoinderéfléchir.«Biensûr».C’estvrai.C’estlapurevérité.«Jenefaisaisque

confirmerquej’étaisunputaindechanceuxent’obligeantàmeregarderpendantquetuembrassaismapoitrineetquetuétaisassisesurmabite.»

Ellerenifleetenfouitsonvisagedansmapoitrine,pesantsurmoidetoutsonpoids.«Jenesuispasvraimentassisesurtabite»,dit-elledoucement.Jebasculecontresonintimité,quiestglissanteethumidecontremoi.

«Jesais.Peux-tuarrangerça,s'ilteplaît?»dis-je.Jefaisminededéplacerseshanches,maisjesaisquejedoisd’abordprendreunpréservatif.Jeviensdemeréveiller,maisjenesuispasstupide.

Ellesesoulèveunpeuetpointesondoigtversmabite.«Jesuisunpeuintimidéeparça»,murmure-t-ellemalicieusement.

Jeglousse.«Pourquoi?Jeteprometsqu’elleneteferapasdemal.Jem’assureraiqu’ellesetiennebien.»Jelaserrecontremoi.Moncœurestsurlepointd’exploseretjenesaispasquoifaired’autre.Bonj’aimeraisbienlabaiser,aussi,maisj’aidespriorités,mêmeencetinstant-même.

«Jeneparlaispasdetes...pièces.»Sonvisagedevienttoutrose.Unrirejaillitdemagorge.«Mespièces?Tuparlesdemoicommesij’étaisunemachineàlaver».«Lesmachinesàlavern’ontpasdepiercing,Matt,»dit-elle.«Oh,»soufflé-je.«Tuparlesdeça.»Jepeignesescheveuxavecmesdoigts.«Ilnetemordrapas.

Jetelepromets.»

«J’aiunpeuregardépendantquetudormais»,admet-elle.«Tuasregardémonvisage,j’ensuissûr,»taquiné-je.«J’aibavé?»«Non.»Ellesecouelatête.«J’airegardéen-bas.Maisc’estellequim’aregardéenpremier»,dit-

elle.«Jeluiaidéjàparlédecettemerde»bougonné-je.«Lesbitesn’écoutentjamais.Demandeà

n’importequelhomme.Iltediralamêmechose.»Ellegloussecontremapoitrine.«Tuteréveillestoujoursaussienforme?»Jesoulèvelatêteetlaregarde.«Engénéral,oui»,avoué-je.«C’estuntrucdemecs.»«Etmoiquipensaisquec’étaitjustepourmoi!»«Ehbien,personned'autrenel’aura»,dis-je.«Donc,c’estbienlecas.»Jeserresesfessesnues

dansmesmains,etelleglapit.«Apparemment,j’aibeaucoupdechosesàapprendresurleshommes»,dit-elle.«Dieumerci,jesuisd’accordpourtelesapprendre»,grogné-jeenpassantunbrasautourdesa

taille.Jelaretournepourm’installerau-dessusd'elle.Jeregardesonvisage,etmoncœurs’affole.J’aitellementenvied’êtreenellequejesenssongoûtdansmabouche,maisjecrainsdetropprécipiterleschoses.

Jesaiscequec’estqued'avoirdesrelationssexuellesvidesdesens,etjecroisbienqu’elleaussi.Là,cen’estpasvidedesens.Dumoinspaspourmoi.C’esttellementplus,etjeveuxensavourerchaqueseconde.Maisaussi,jeveuxêtresûrquecequ'elleressentpourmoiestaussifortquecequejeressenspourelle.S'ilyaquelqu'unquipourraitbrisermonputaindecœur,c’estbienelle.Elleesttoutcequej’aitoujoursvoulu.

«Tuessûrequetuesamoureusedemoi,n’est-cepas?»demandé-jeenpenchantlatêtepourl'embrasser.

Ellemurmurecontremeslèvres.«Aussisûrequ’onpeutl’être.»Jelèvelatête.«Qu'est-cequeçaveutdire?»Jeplacemescoudesdechaquecôtédesatêteet

utilisemespoucespourbalayersescheveuxdesonfront,encaressantlalignedélicatedesessourcils.«J’ensuisencoreàapprendrelepourquoiducomment»,dit-elle.«Jenecomprendspastout,etje

n’airiencherché.Jenesaispascommentl'analyser.»«Jenesaispascommentprendreça»,avoué-je.«Je...Jesaisquejen’aijamaisressentiçapourquelqu’und’autre,surtoutsivite.Etj’aipeur,Matt.

Jesuisterrifiée.Maisçameplaît.J’aimecessentiments,maisenmêmetempsjenelesaimepas.»Elletiresalèvreinférieureentresesdents.«Est-cequejepeuxtedirequelquechose?»

«Tupeuxtoutmedire.»Jemepousseverslebaspourpouvoirposermeslèvressursoncou.Ilestsijolietsidouxcontremeslèvres.Ellesentlesagrumesetlesavon,etj’aimechaquecentimètrecarrédesoncorps.Jesuisamoureuxdesespartieshumidesetjefaisbasculermeshanchespourpouvoirglissercontresachaleur.Ellehalèteetcambreseshanchespourveniràmarencontre.

«Tuesleseulavecquij’avaisenvied’êtreaujourd'huiaprèsavoirquittémamère.Tuesceluiquimefaitmesentirensécurité.Jepensequejepeuxtouttedireetquetunemejugeraspas.TuaslaissétouttomberchezReedjustepourveniravecmoi,tum’asécoutéeetpuistuasprissoindemoijusqu'àcequejem’endormesurtoi.»Ellegrimace.«Désoléepourça,d’ailleurs.»

Jepouffecontresapeau.«Tuplaisantes?J'aiaiméçaautantquetoi.»«Maistun’asmêmepas...»Ellerougit,etelleestsijoliequemonestomacfaitundoublesalto.«Jepeuxjouirn’importequand.Entefaisantjouir»,luidis-je,«c’étaitunrêvedevenuréalité.»Je

prendsonseindansmamainetlesoupèsedoucement.Ilremplitàpeinemamain,maisilestàmoietjesuisdéjàamoureuxdelui.Enfait,jeprévoisdepasserbeaucoupplusdetempsaveclui.Etaveclesautrespartiesglissantesdesoncorps.Jeprendssontétondansmaboucheetlefrotteavecleplatdemalangue.Ellesetortillesousmoi,etsiellebougeencored’uncentimètre,jevaismeretrouverenelle.

«Matt»,dit-elled'unevoixtremblante.Sesjambesviennents’enroulerautourdemeshanches,etjepoussemabitecontresafente.Jesaisquec’estrisqué,maisjeveuxcognerleboutdemabitecontresonclitorispourvoirsiçavalafaireencoreplusmouiller.

Sesyeuxseferment,etsatêtesetournedecôté.Unfrissonparcourtsacolonnevertébrale,etjefaisbasculermeshanches.«Jepensequetuaimescepiercingquitefaisaitsipeurilyauneminute»,dis-jedoucementàsonoreille.Sesyeuxs’ouvrentd’uncoup.

«Ahc’estça?»murmure-t-elle.«Ehbien,toutleméritemerevientsitul’aimesvraiment»,murmuré-je,etjemefrotteànouveau

contresachaleur.Elletrembledansmesbras.«Matt,s'ilteplait»,dit-elle.«Préservatif?»demandé-je.Elledésignedudoigtsatabledechevet,etjetendslamainverselle.Je

n’aivraimentpasenviedelaquitterparcequejesuistropbiensurelle;jesuisàlalimitedecequejepeuxsupporter.

«Onabesoind’enmettreun?»demandet-elle.Jememetsàgenouxpourl’enfiler,etelleestallongéelàdanslalumièredujour,touteexposéeetroseetsisacrémentparfaite.

«Ilfaudraitunmiraclepourquejetemetteenceinte»,dis-je.Maisjedoislefaireparceques'iln'yapasdebarrièreentreelleetmoi,jevaisjouiràl’instant-mêmeoùjevaisentrerenelle.Doncjeledéroulesurmabiteenespérantquejevaistenirassezlongtempspourelle.

Elleglousse.«Parcequejeveuxtouslesenfantsdumonde.Jelesveuxtous.Lestroismiensnesuffirontpas.»

Moncoeurs’emballe.Jemelaissetomberàcôtéd'elleaulieudesurelle.Ellerouleversmoi.«Qu’est-cequ’ilya?»demandet-elle.«Neplaisantepasavecça»,dis-je.«Situveuxplusd’enfants,tuferaismieuxdemeledire

maintenantparcequejenepeuxpast’endonner.»Moncœurbatcommesijevenaisdefaireunsprint,etjecrainsqu’ilnesebriseenmillemorceauxcommelevaseenverrequej’aicasséquandj’avaissixans.Ilyavaitdesmorceauxpartout.Jem’inquiètepoursasantésiçaseproduit.Elleseraittranspercéeparlesmorceauxdemoncœurbrisé.Etmerde.Jecouvremesyeuxavecmonbras.

Skygrimpesurmoi,commeellel’avaitfaitunpeuplustôt,sescuissescoinçantmeshanches,sesmainssurmapoitrine.Ellem’embrasseàtraverslenuagedepoilsdemapoitrine.«Jesuisdésoléed'avoirtoutgâché»,dit-elledoucement.Elleposesonvisagesurmapoitrineetappuietoutlepoidsdesonpetitcorpslégersurmoi.Elleestchaudeetdouceet...mouillée?Jebaisselesyeuxetlavoisessuyerunelarme.

Merde.J’aitoutfaitfoirer.«Jenevoulaispastefairepleurer»,dis-jecalmement.«Jenepleurepaspourmoi,andouille»,dit-elle.Ellerepoussemesmainslorsquej’essaied'essuyer

seslarmes.«Maisputain!Tupleurespourquoi,alors?»demandé-je.«Jepleuraispourtoi»,murmure-t-elle.Merde.Ellepeutmechamboulersifacilement.«Parcequejenepeuxpasavoird’enfants?»Ellerenifle.«Parcequetuveuxdesenfants.»Ellesourit.«Etmoij’enaitrois,Matt.Jepeuxles

partageravectoi,situesd’accord.»Ehbien,c’estcequej’avaisprévu,detoutefaçon.Ellesetrémoussesurmoi,etelleestsichaudeet

humidequejenepeuxpasm’empêcherdemecollercontreelle.«Tunevasjamaismemontrercequecepiercingpeutfaire?Tuasditqu'ilétaitmagique,non?»Jeprendsseshanchesdansmesmainsetlaplaceàl’endroitoùjeveuxqu’ellesoit.«Relève-toiun

peupourquej’arriveautruc»,dis-je.«Tuappellesmespartiesintimestruc?»demande-t-elle.Maisellenepleureplus.Ellerit.Jepassemamainentrenousdeuxetsoulèvemabite,lapointantverssonintimité.Elleesthumide

contremesdoigtsquandjetouchepourvoirsielleestprêtepourmoi.Ellel’est.Jepousseenelle,etelles’immobilise,lesoufflecoupé.

«C’estok?»demandé-je.Sesyeuxseferment,etelleappuiesonpoidssursespaumes,qu'elleaposéesàplatsurmapoitrine.

Elleécarteunpeupluslesjambesetglisselelongdemabitetrèstrèslentement.«Unpeuplus»,l’encouragé-je.Marespirationestsaccadée,etj’aidumalàparler.«Ilyenaplus?»dit-elleentresesdents.Jeregardeentrenousdeux.«Ouais.»Jeris.Ellerebonditplutôtbrutalement,etjesoulèvemeshanchesaumêmemoment.Jedisparaisenelle,et

toutcequejepeuxvoirc’estl’endroitoùsapeaunuerencontrelamienne.«MonDieu,j’espèrequec’esttoutcequ’ilya»,dit-elle.Maisellesourit.Elleesttoutesoyeuseet

douce,etelleestàmoi,putain!«Nebougepas.»«Pourquoi?»demandet-elle.Puiselleinclineseshanchesetsesoulève,etjepeuxvoirl’endroitoù

nousnousrejoignons.Jesuistoutmouilléetbrillantdesessécrétions,etelleretombe,meramenantenelle.

Skys’appuiesursesmainspourpouvoiraccéléreretralentirlacadencetandisqu’ellemechevauche.Sesseinsparfaitsrebondissenttandisqu’elletrouvelerythme,alorsjemeredresseunpeupourlesgoûter.

Ellemelaissefaireunesecondepuismerepousseàplatsurlelit.«Laisse-moit’aimer,Matt,»dit-elle.

Jelèvelesmainsetlescroisederrièremanuque.Ҫafaitlongtempsquejen’aipasfaitça,maisjepeuxvoirqu'elleestprochedejouir.Sescuissestremblentetsonrythmedevientchaotique.«Jeveuxquetujouisses»,dis-je.

Skyretireunemaindemapoitrineetécarteseslèvresdubasavec,dessinantuncercleautourdesonclitoris.Jepoussesamaindecôtéetlaremplaceparlamienne,attrapantsonclitorisentremonpouceetmonindex.Jeserredoucementtandisqu’ellemechevauche,etsonsoufflecommenceàdevenirrauque.

Mescouillesessaientderemonterdansmagorge,maisellevabientôtjouir.Jesensquejenevaispasavoiràattendrelongtempsparcequesondossecambre,satêteretombe,etsoncorpsestsecouédetremblements.Elleserremabiteenelle,m’enserrantdanssesparois.Maisjen’arrêtepas.Jelapoussedanssesderniersretranchements,jusqu'àcequ’elles’effondresurmapoitrine,fourbue.

Jelafaitrouleretremontesajambejusqu'àsapoitrine,toutenfaisantbasculerunpeuplussesfesses.Sesyeuxsefermenttandisquelessensationsparcourentsoncorps,etjepousseunefois,deuxfois,troisfois.Puisjejouisenelle.Jelâchesajambepourpouvoirpassermesbrassoussesépaulesetlatenircontremoi.Elletournelatêteetappuieseslèvressurmoncou,etletremblementmesecouemoiaussi.Jegémistandisquejejouisenelle,etellerépondàmespousséesjusqu'àcequ’êtreenelledeviennedouloureux.Jedoisarrêter.Jesorsd'elleavecunsifflement,etquandjeroulepourmeretirerd'elle,ellem’arrêteenmettantsamaindanslamienne.«Neparspas»,dit-elle.

«Jeneparspas.»Jevaisdanslasalledebainsetmedébarrassedupréservatif,puism’essuie.Jeretourneaulitetlatiresurmoi.Satêtesecaledanscetendroitquisemblefaitpourelle,làoùmoncourejointmonépaule.

«Tuavaisraison»,dit-elleavecunpetitrire.Ellegloussedansmesbras.Depuisquandlesexeest-ildevenudrôle?Jelèvelatêtepourlaregarder.

«J’avaisraisonsurquoi?»«Tonpiercingestmagique.»Elleéclatederire,maiselleestdouce,chaudeetrepuedansmesbras.

Etrienn’ajamaisétéaussiagréable.«C’étaitmabite»,dis-jeenluiclaquantlesfesses.

Ellefaitlamoue,avançantsalèvreinférieure.«Oh.»Elleseredresseetm’embrasseenmeregardantdanslesyeux.«Rienquepourça,jetedemanderaidemeleprouverplustard.»

«Jevaisteleprouvertoutdesuite»,grogné-jeensortantunnouveaupréservatifetenlafaisantbasculer.

Ellecouine,rit,etécartesescuissespourmoi.MonDieu,jesuiscomplètementfoudecettefille!

S

23

kylar

«TUVEUXARRÊTERDEGIGOTER?»murmureSethenroulantlesyeuxtandisqu’ilfrappeàlaportedel'appartementdeMatt.

Jelissemachemise.«Est-cequej’ail’airbien?»demandé-je.Illèvelesyeuxaucieletmelanceunsourireexaspéré.«LaseulechosequeMattpourraitte

reprocherc’estd’avoirtropdevêtements.»grogne-t-il.«Seth!»grondé-je.Ilnedevraitvraimentpasparlerdechosescommeça.«Quoi?»demande-t-il.Illèvelesmainsenl’air.«Ilal'habitudequetuviennesl’accueilliren

pyjamaàlaporte,c’esttoutcequejevoulaisdire.Ilpourraitnepassavoirquoifairedetoiquandtueshabillée.»

Sonvisagedevienttoutrougequandilréalisecequ'ilvientdedire.«Laissetomber»,grogne-t-il.Ilfrappeànouveau.Laportes’ouvreetl'undesjeunesfrèresdeMatt

nousfaitentrer.Lapièceestpleinedegens,maisjepensequelaplupartd'entreeuxsontdesfrèresdeMatt.

«Tueslequel?»,demandeSeth.C’estunpeugrossier,maismoiaussijesuiscurieuse.«JesuisSam,»dit-il.«Lecharmant.»IlserrelamaindeSethàlamanièredeshommes.Puisilm’ouvresesbras.Jenesaispasquoifaire.«Netouchepasmacopine!»Unevoixs’élèveprèsdupostedeTV.Jelèvelesyeuxetsourisquand

jevoisMattassissurlesoldevantlecanapé.Ilaunetélécommandedejeuàlamain,etill’agitefrénétiquement.

«Troptard»,taquineSam.«Tueslàbas,etelleestici.Touteseule.»Ilm’enlaceetmeserre.Del’extérieur,ilparaîtsansdoutemeserrerbeaucoupplusquecequ’illefaitenréalité.Jepensequ'illefaitjustepourfairemaronnerMatt.

«Viensprendrelerelais,Seth,»crieMatt.Iln’arrêtepaslatélécommandeSethhausseunsourcildansmadirection.«Vas-y»,dis-je.IlsouritetvaremplacerMattparterre.

Mattluipasselatélécommande,s’arrêtantuninstantpourleregarder.«Ilvatuertousmeshommes»,ditMattensautantsursespieds.Ilsedirigeversmoi,etmoncœurcommenceàbattrelachamade.Onestvendredi,etjenel'aipasvu

depuisqu'ilaquittémonappartementhier,quandj’aidûallerchercherlesfillesàl'école.Iladûtravaillertardlanuitdernière,maiscesoiriln’estpasdeservice.Jenepouvaispasluidirenonquandilaappelépournousinviter.

Joeytiresurmamain,etjelaregarde.«Qu’est-cequ’ilya?»demandé-je.«Jedoisalleraupetitcoin»,dit-elle.Mattmontrelestoilettesdudoigt,etjemedirigeverslà-basavecelle.Désolée,dis-je

silenceusementpar-dessusmonépauleàl’intentiondeMatt.Ilsouritethausselesépaules.«Quandfautyaller,fautyaller»,dit-il.«Jesaislefaire»,ditJoeyquandj’essayed’entrerdanslestoilettesavecelle.Ellemefermela

porteaunez.«D'accord...»medis-je.Jemeretourneetcours,pourmecognerenpleindanslapoitrinedeMatt.Ilattrapemescoudespour

mestabiliser,etjemeretrouvelenezcontresontee-shirt.Etçameplaît,parcequeçasentMatt.Etmoij’aimeMatt.Beaucoup.«Tusensbon»,dis-jedoucement,mabouchecontresapoitrine.

Ilpenchelatêteetenfouitsonnezdansmoncou.«Toiaussi»,murmure-t-il.J'inclinelatêtepourluilaisserplusdeplace.

Soudain,quelqu’untoussebruyammentjustederrièrenous.Mattgrogneetlèvelatête.«Voulez-vousbienarrêter?»ditPaul.Ilritetmontred’unsignedetêteMellie,quitienttoujoursmamain.«Ilyadesenfantsdanslapièce,

abrutis»,dit-il.Ilsebaisseetjevoisunepetitefilleblondequisetientàcôtédelui.«Quiest-ce?»demandé-jeenmontrantlapetitefille.Matts’accroupitetluifaitsignedevenir.Elleseperchesursongenou.«JesuisHayley»,dit-elle.

Ellealesyeuxbleusetlescheveuxblonds,commetouslesReed,etelleestadorable.«C’estmafille»,ditPaul.Ilmontredelatêteuneporteauboutducouloir.«Tuveuxemmenerles

fillesjouerdanstachambre?»Hayleyhochelatêteetsourit.EllesattendentqueJoeysortedestoilettes,puisHayleydonneunemain

àJoeyetuneàMellieetlesentraînedanssachambre.Elleclaquebruyammentlaportederrièreelles.Paulsegrattelatête.«Jesupposequejedevraisyêtrehabitué.Maisjenesuispassûrdele

pouvoir»,dit-il.Ilsecouelatête.«Ellesnerisquentrienlà-dedans?»demandé-jeàMatt.J’aiunpeuenvied’allervoiroùelles

jouent.«Oniralesvoirdansuneseconde»,ditMatt.Iljettedescoupsd’œilfurtifstoutautourdelapièce,

puisilouvreuneportederrièremoietmepoussedansunechambre.Ilfermelaportederrièrenousetmepoussegentimentcontrelemur.«Tum’asmanqué»,murmure-t-il.

Sesmainsencadrentmonvisage,etsongenous’insinueentremesjambes,cequiesttrèsbienparcequemesgenouxdeviennenttoutmousquandilmetient.«Matt»,avertis-je.«Lesenfants.»

«Sonttousoccupés»,dit-il.Seslèvrestouchentlesmiennes,etilgémitcontremeslèvrestandisquesalanguebalaiel'intérieurdemabouche.Monsoufflesecoupechaquefoisquenoslanguessetouchent.Salanguesemêleàlamienne,etillalècheunpeucommeilm'aléchépartouthierdanslelit,etmoncoeurcommenceàs’affoler.

J’entortillemesmainsdanssontee-shirtetessaiedegardermonéquillibre.Ilreculeetmeregardedanslesyeux.«Jesuisheureuxquetusoisvenue»,dit-ilcalmement.Ilbalayemescheveuxdemonfront,puisrecule.

«C’estlachambredequi?»demandé-je.Maisj’aidéjàdeviné.D’aprèsleslivresempiléssurlatabledenuitetlapropretédel'ensemble,jesaisquec’estcelledeMatt.

Ilsourit.«C'estlamienne.Danslachambredequid’autret’aurais-jeemmenée?»grogne-t-il.«TunevoudraispasvoirlachambredePaul.Ilyadestrucsdecullà-basdedans».

«C’estvrai?»demandé-je.Ilsourit.«Non.Jedéconne.Maistonregardvalaitsonpesantdecacahuètes.»Ilrit,etc’estunson

quej’adore.

«LafilledePaulestadorable»,dis-je.Jepassemondoigtsurlesphotosaccrochéesaumiroirdesacommode.Onyvoitluietsesfrères,ainsiquelesfillesdeleursvies:Reagan,Emily,etFriday.«Lespetites-amiesviennentcesoir?»demandé-je.«Ouiln’yaquemoi?»

«Ellesnevontpastarderàarriver.Tuplaisantes?Ellesn’auraientpasmanquéuneoccasiondetemettresurlegrill.»Ilsourit.«Alors,prépare-toi.»

Ellesvontmemettresurlegrill?Jelaissetomberlabouteilled'eaudeColognequej’avaissaisiemaisMattl'attrapeavantqu'ellen’atteignelesol.

«Arrêtedet’inquiéter»,dit-il.«Ellessontinoffensives.»Ilbalancesatêted'avantenarrièrecommes’ilréfléchissait.«Bon,jenediraispasqueReaganestinoffensive.Ellepourraitbotterlesfessesdumeilleurd’entrenous.Maisavectoi,pasdedanger!»

Jenesaispasquoirépondreàça.«Net’inquiètepas,»répète-t-il.«Ellest’aimentbien.Etellessaventquejet'aime,doncellesvont

setenirlemieuxpossible.Jetelepromets.»Moncœursegonfle.JenesuispasencorehabituéeauxdéclarationsdeMatt.«Tum’aimestoujours,n’est-cepas?»demandeMatt.Jeroulelesyeux,essayantdeparaîtredécontractée.«Rienn'achangédepuishier.»Jeleregarde

par-dessousmescilsbaissés.«Quelquechoseàchangépourtoi?»«Ouais»,dit-il.«J’aienviedetoiencoreplusqu’hier»,dit-il,d’unevoixdouceetrudeàlafois.Onfrappeàlaporte,etelles’ouvrelégèrement.«Vousêteshabillés?»demandeunevoixféminine.«Ouvrelaportesituveuxsavoir»répondMattàhautevoix.Laportes’ouvrelentement,etEmilypassesatête.«Oh,mercimonDieu»,souffle-t-elle.Mattlaregardefixement.«Quoi?»«Vousêtestouslesdeuxhabillés.Jepensaisqueçaallaitêtregênantsijevoustrouvaistouslesdeux

tousnusouquoi.»«Alorstuauraisdûresterdehors»,ditMatt,maisillatirecontreluietluifrottelatêteavecson

poing.Ellegrimaceetlerepousse.«Qu'est-cequetuvoulais?»demandeMatt.«JefaisdesmargaritaspourReagan»,dit-elle.«Vousenvoulezune?»Sonregardfaitdesallers-

retoursentreMattetmoi.JenesaismêmepassiMattboit.Jenel'aivuboirequedelabière.«Skyenveutune»,dit-il.Ilmedésigned’unsignedetête.«J’ailesenfants»,protesté-je.«Etilssontoccupés»,dit-il.Ilhochelatêteendirectiond’Emily.«Fais-enunepourelle.»Emilyquittelapièce,laissantlaporteentrouverte.«Jenepeuxpasmesaoûler»,murmuré-je.«Je

doisrentreràlamaisonàlafindelasoirée.»Ilmetirecontreluienenfilantsesdoigtsdanslespassantsdemonjean.«J’espéraisquetupassesla

nuitici»,dit-il.«Lesfillespourraientsquatterdanslachambred’Hayley.Sethpeutdormirsurlecanapé.JedormiraiavecSam.Iladeslitsjumeauxdanssachambre.»

IlvadormiravecSam?«Pourquoidiabledevrais-jerestersitudorsavecSam?»couiné-je.Jelepousse.«Sijereste,tudorsavecmoi.»

«JeneveuxpasdonnerlemauvaisexempleàSeth»,dit-iltranquillement.«C’estpourçaquetun’espasvenuaprèsletravaillanuitdernière?»demandé-je.Ondiraitqueje

boudeetc’estcequejefais,enquelquesorte.Etjedétesteça,maisc’estunfait.«Mmmmmm»,fredonne-t-iljusteàcôtédemonoreille.Lesonmevadirectementauxentrailles.«OnpourraitmettreSethavecSam,ettupourraiscommencertanuitsurlecanapé»,suggéré-je.

J'enfouismonvisagedanssapoitrinepourcachermagêne.«Oh,çac’estuneidée!»dit-il.Ilfaitsemblantd'yréfléchir.«Jevaisypenser.»«Oubienonpourraitsimplementrentreràlamaisonàlafindelasoirée.C’estplusfacile.»«Alamaison?»demande-t-il.

J'acquiesce.«Alamaison»,répété-je.«Mamaison.Notremaison.»Jelèvelesyeuxverslui,etilmesourit.Sesyeuxsontclairsetconcentrés,etj’aitoutesonattention.

«Alamaison»,dit-ilcalmement.Ilhochelatête.Autantmettrecartessurtable,non?«Toutceàquoijepeuxpenserdepuishier,c’estcequeje

ressensquandtuesàl'intérieurdemoi.C’esttellement...bien.»Jegémis.«J’ail’airbête.»Ilprendmamainetlatireverslebasjusqu'àcequ'ellesoitappuyéesursonmembreviriletdur.«Tu

asl'airvachementsexy»,dit-il.Seslèvresglissentdemamâchoireàlaracinedemescheveux.«Tumouilles?»sussure-t-ildansmonoreille.

«Ouais,»murmuré-je.Mattdéboutonnemonjeanetdéfaitlafermetureéclairlentement.Lesdentsfontclic,clic,clicjusqu'àcequ'ellesoittoutenbas.

«Jepeuxtoucher?»demande-t-il.Jehochelatêtecontresoncou.«Ouais,»murmuré-jeànouveau.Jeprendslelobedesonoreille

entremesdentsetlemordilledoucement.Enmêmetemps,sesdoigtsglissentàtraversmachaleuretsedirigentdirectementversmonclitoris.Jemelaisseretombercontrelemur.«Matt»,murmuré-je,ensaisissantsonpoignet.«Onnedevraitpasfaireça.»

«Jesais»,dit-il.«Jevaisfairevite.Jeveuxjustetesentirjouir.»Jenepeuxplusrespirer.«Ettoi?»demandé-je.Ilglousse.«C’estpourmoi.»Sesdoigtsglissentàtraversmonhumidité,appuyantfortetavec

insistance,puisilrecourbedeuxdoigtsàl'intérieurdemoietfrottemonclitorisavecsonpouce.Iln'apasbeaucoupdeplacepours’activeràl'intérieurdemonjean,alorssesmouvementssontrapidesetsaccadés.Jecambremeshanchespourl'aideràtrouverlerythme.

J'ouvrelesyeuxetregardedanssesyeuxbleus,quisontentraindemefixer.«Matt»,protesté-je.Maisc’estplusunesuppliquequ’uneprotestation.

«Jevaistefairejouir,Sky»,dit-ilcalmement.«Jetelepromets.»J’acquiesceetpenchematêteenarrière,àpeinecapabledereprendremonsouffle.«Ok»,murmuré-

je.Puislestremblementscommencent.Mattsepencheversmoi,pressantsoncorpscontrelemienpourmeretenir.Jetournelatêteversluietaumomentoùjejouis,jemordslapeautendredesoncou.Ilsursaute,maisilgrogneettournelatêtepourcouvrirmeslèvresdessiennes,étouffantmescrisdejouissanceavecsalangueetseslèvres.

«Chut»,dit-ilcontremeslèvres.Jegémissansm’enrendrecompte.Moncorpstrembletandisquejejouis,jouis,etjouisencore,etje

suispresqueanéantiequandilarrêteenfin.Ilretiresamaindemaculotte,remontemafermetureéclairetmereboutonne.Puisilritetmefaitunrapidebaiser.

«J’aibesoind'uneminutetoutseul»,dit-il.Savoixestgrave,rauque,ettropsexy.«Tuveuxquejeparte?»demandé-je.«Sérieusement?»Ilm’embrasse,etlaissetraînersabouche.«Pourquoinevas-tupasjeteruncoupd’œilaux

enfants?»demande-t-il.«Jeterejoinsdansuneminute.»Ilmefaittourner,ouvrelaporte,etmepoussedanslecouloir.Jel'entendsselaissertombercontrelaportedel'autrecôté,etpuisiltambourinedessusdoucementavecsonpoing.Ilritetprononcemonnomengrognant.

Ohmerde.Jemesensencoretoutemolleetléthargique,etilvientdemepousserdanslecouloir.Pauldébouleets’arrêtebrusquement.Ilmetsamaindevantsesyeux.«Jeneregardepas»,dit-il.Ils’avancedanslecouloiretnemejetteplusunregard.Ilouvreuneporte,etj'entendspleindecrisdepetitesfilles.Voilàoùsontlesfilles,apparemment.Ellesétaientfacilesàtrouver.Jelesuissurmesgenouxflageolants,parceque,franchement,qu’est-cequejepourraisfaired’autre?

JepassematêtedanslapièceoùPaulestassissurlesolavectroispetitesfillesquiluimontentdessuscommes’ilétaituncheval.Ҫaneparaîtpasledéranger.

Jevaism’asseoirsurleborddecequidoitêtrelelitdeprincessed’Hayley.JeregardePaul

bousculerlesfillettes.Illesfaitroulerenpoussantdesgrognements.Soudain,illèvelesyeuxversmoi.«Hé,Sky,»dit-ilcalmement.Ilpousselesfillesdecôtéetmeregarde.Jeveuxdire,ilmeregardevraiment.

«Ouais?»demandé-je.Jesuisencoreunpeusonnée.«Soisprudenteaveclui,d'accord?»dit-il.Savoixestdoucemaisferme,etjevoisqu’ilestsérieux.«Quoi?»demandé-je.Jemeforceàsortirdemonbrouillardetàmeconcentrersurlui.«Jenevois

pascequetuveuxdire.»Ilcommenceàrangerlesjouets,lesjetantdansuncoffreàjouetstoutproche.«Ilavécudesmoments

difficiles»,ditPaul.«Jenesuispassûrqu'ilpourraitsurvivreàunautrechagrind’amour.Pasenrestantlemeccoolqu’ilestaujourd’hui.Nelebrisepas,ok?»demande-t-il.Ilpousseunsoupir.

«Biensûr»,dis-je.Personneneveutjamaisfaireça,n’est-cepas?«Ilestspécial»,ditPaul.«Mêmeavantdetombermalade,ilétaitdifférentdenoustous.Ilestgentil

etgénéreux,etilcroitencoreenlabontéducœur.Ilfautqu’ilrestecommeça.Alorsneluifaispasdemal.»Ilprononcecesderniersmotsdoucement,pourquelesenfantsnepuissentpasl'entendre.

«Jeneluiferaipasdemal»,murmuré-je.J’aienviedeledéfieretdeluidemandercommentilosemedireça.Maisjepeuxvoirlavulnérabilitédanssesyeux.Jepeuxvoirqueçaaétédifficilepourluid'avoircetteconversationavecmoi.

Ilhochelatêteetselève,puisquittelapièce.Jem’assiedsetregardelesfillesjouerpendantquejerassemblemespensées.J’auraisbesoind'unpanierpourlesfourrertoutesdedansparcequematêten’esttoutsimplementpasassezgrande.

M

24

att

QUANDJESORSdemachambre,SkyestavecPauletlesfillesdanslachambred’Hayley.J’aibesoind'uneminutepourreprendremesespritsetmelaverlesmains.Jejetteunpeud'eaufroidesurmonvisage.Ilmefautuneminutepourmecalmer,etsijenesavaispasquejevaispeut-êtrerentreràlamaisonavecSkycesoir,j'auraisprisleschosesenmains.Maisenl’occurrence,leseulendroitoùj’aienvied’être,c’estàl'intérieurd'elle.Passeul.Plusjamais.

Jequittelasalledebainetvaism’asseoirsurlecanapépourvoiroùenestSethavecmonjeu.IljouecontreLogan,etLogann’entendpaslessonsdujeu,doncc’estplusdifficilepourlui.Maisc’estquandmêmeunsacréadversaire.Ilabordelejeucommeilabordelavie,enseservantdetouslesélémentsquil’entourentdanslejeu.EtilestentraindebattreSeth,doncc’estqueçafonctionnepourlui.

Jem’assiedsàcôtéd'Emily.Elles’approchedemoietposesatêtesurmonépaule.Jemeblottiscontreellependantuneseconde,puismepoussedecôté.Ellemelanceunregardbizarre.

«Qu’est-cequ’ilya?»demandet-elleenfronçantlessourcils.Jetiresatêteversmoietl’embrassesurlefront.J'aimefairedescâlinsàEmily.J'aitoujoursaimé

ça.Elleestcommelasœurquejen’aijamaiseuenivoulue.Nousnoussommesliésaprèsmachimioquandellem'aaidé,etm’asauvélavieensacrifiantsapropreliberté.Quandjenevoulaispasquemesfrèressachentquej’étaismalade.Elleoccupeuneplaceparticulièredansmoncœur.

Elleserapprochedemoi,commesielleétaitdéterminéeàmecâliner.JevoisSkyarriverducouloir,etellemevoitsurlecanapé,maisReagandétournesonattentionenluipassantunemargarita.SkylaprendetcommenceàparleravecReagan.

«Matt?»demandeEmily.«Qu'est-cequisepasse?»Jepousseunlourdsoupir.«Tusaisquejet’aime,n’est-cepas?»dis-jedoucement.«Oui...»répond-elle.Maiselleal'airagacée.Etpréoccupée.Etinquiète.Jedétestelefaitd’êtreà

l’originedesacontrariété.Maisleschosesontchangé.«Ettusaiscombienj’aimetecâliner,n’est-cepas?»dis-je.Ellesouritetsepencheversmoi.Maisjelapousseparlesépaules.«Matt?»demandet-elle,

choquée.«Bon,voilà.»Jepasseunemainsurmonvisage.«Jet'aime,Em»,dis-je,etjenemenspas.Pasdu

tout.Ilyadeuxans,ellem'asauvélavieensacrifianttoutcequicomptaitpourelle,etellel'afaitsansmêmeréfléchir.Elleseratoujoursdansmoncœur.

«D'accord...»dit-elle.«Mais?»Elletendsesmainscommesielleserendaitauxflics.

JeregardeSky,etellelèvesonverreversmoi.EllecontinuedeparleravecReagan,etjesuiscontentparcequejedoisavoircetteconversationavecEmily.«Jet'aime,Em,maisjesuisamoureuxd’elle.»JehochelatêteendirectiondeSky.«Legenred’amouroùjeveuxemménageravecelledemainetqu’onmeureensemblequandonseravieux.»

Ellesereculelégèrement.«Oh!»souffle-t-elle.Ondiraitquequelqu’unvientdelagifler.Emilyetmoin’avonspascegenredesentimentsl’unpourl’autre.Maisnousnoussommestoujoursfaitdescâlins,etjepensequejesuisentraindelablesser,etputain,jedétesteça,parcequ’ellenecomprendpas.

«Jesuisamoureuxd’elle,etj’aipeurqu’ellesoitmalàl’aisesijetefaisdescâlins.»Ellefronceencorepluslessourcils.«Donctun’asqu’àluiexpliquernotrerelation»,dit-elleen

riant.«Ellecomprendra.»Ellesepenchecommesiellevoulaits’appuyersurmoi.Jelarepousseunpeu.«Matt»,proteste-elle.«Arrêtedefaireça.»

«Em»,dis-je.«Situtecollescontremoi,ellenepourrapassemettrelà,etmoij’aivraiment,vraiment,vraimentenviequ’ellesemettelà.»

Sonvisageseradoucit.«Tucomprendsmaintenant?»EllefaitunsignedelatêteversLogan.«Logann’ajamaisétéderangéparnoscâlins.Pourquoile

serait-elle?»Honnêtement,jenebaiseraispasEmilymêmesielleétaitladernièrefemmesurlaplanète.SiLogan

mourraitdemain,etquetouteslesautresfemmesdelaplanètemourraientaussi,jenebaiseraisquandmêmepasEmily.C’estdirecombienjel'aimecommeunesœur,maisjeneveuxpasqu'ilyaitdeconfusion.JeneveuxpasqueSkysoitmalàl’aise.Jesecouelatêteparcequejenesaispascequoiluidired’autre.

«Matt»,dit-elledoucement.Jelèvelesyeuxpourlaregarderetmoncœurestàdeuxdoigtsdesebriserquandjevoissesyeuxremplisdelarmes.«Tuesvraimentamoureuxd'elle,n’est-cepas?»

Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.«Ouais»,dis-je.«Jesuisamoureux.»Jepoussesonépauleaveclamienne.«Tuesd’accordavecça?»demandé-je.

Ellesepenchecommesielleallaitmeserrerdanssesbras,puisellerecule.«Jepeuxencoreteserrer,non?»demandet-elle.Jelaprendsdansmesbrasetlaserrefortcontremoi,etpuisjelafaisrouleretlalaissetombersansménagementsurlesgenouxdeLogan.Illèvelesyeuxverselleetsourit,surprisdelatrouverlà.

«Noussommesd'accord,n’est-cepas?»medemande-t-elleenfaisantdesallers-retoursentreelleetmoiavecsondoigt.

J’ébouriffesescheveux.«Noussommescommenousavonstoujoursété»,dis-je.Jegardemamainappuyéesurledessusdesoncrâne.

Skyarriveets’assiedàcôtédemoi.Jemetsmonbrassurledossierducanapé,etelleseblottitcontremoi.Rienn’ajamaisétéaussiévidentquecemoment.

Loganéteintlejeuetlatélé.Maintenantqu’Emilyestsursesgenoux,ils’intéresseseulementàelle.Logansigneàmonintention.Vachercherlaguitared’Em.

Jemelèveetmedirigeversl’armoireoùEmilygardesaguitarepréférée.Reaganfaitpasserlesboissonspendantqu’Emilyseprépareuninstant,accordantgaiementsaguitareengrattantlescordes.

Emilysepenche,prendmamainsurmongenou,etydéposeunrapidebaiser.Moncœurseréchauffe.Skymesouritetmeregardeaveccuriosité.Maisellen’estpasencolère.Jelevoisbien.PuisSkyposesatêtesurmonépaule,soncorpssemoulantdanslemien.Elleestparfaitementadaptéeàmoncorps.Elleestparfaitementadaptéeàmavie.

MêmePeteetSamarrêtentdesebattrequandEmilysemetàchanter.Elleaunevoixdetoutebeauté,etl’émotionmonteenmoi.Lesilencesefaitdanslapièceetonn’entendplusquelesondesavoix.

Skyravaleuncridesurpriseetjemeglissederrièreelle,lacalantentremescuissespourqu'elle

puisses’appuyersurmoi.Ellepenchesatêteenarrièresurmonépauleetselaisseallercontremoi.J'entendslaportes’ouvrir,etFridayentredansl'appartement.Elleregardepartoutetsesyeuxse

posentsurPaul.Ilregardepartoutsaufverselle.Sesyeuxseferment,etelleprenduneprofondeinspiration.Puisellevients’asseoirparterreàcôtédeSam,etPaulluiapporteunemargarita.Ilsepencheprèsd'elleetluiditquelquechoseàl'oreille.Ellehochelatêteettiresalèvreinférieureentresesdents.Ilsourit,etilparaîtcalmependantuneseconde.Puisc’estparti.

Emilychanteunpeuplusfort,etlapiècerésonnedusondesamusique.Lapaixs’installeenmoi,etjemerendscomptequec’estça,lavraievie.Moncombatcontrelecancer.Moncombataveclavie.Moncombatavecl’amour.Toutmescombatsm’ontmenéici.Etjeneveuxpasêtreailleurs.J’aimafamilleautourdemoi,lafemmequej’aimeestdansmesbras,etnosenfantssontunpeupartoutdansl'appartement.Ҫanepourrajamaisallermieuxquemaintenant.

S

25

kylar

JENEPEUXPASCOMPRENDREpourquoiEmilynejouepassurscènedansunesalleimmense,àguichetsfermés,aulieudegrattercommeunefolledanslesalondesReed.Elleauntalentincroyable,etjepourraispasserlajournéeàl'écouter.Savoixestgénéreuseetriche,etsiremplied’émotionquej’enaipresqueleslarmesauxyeux.

Detempsentemps,elleseretourneversLoganetluisourit.Ilsuitsabouchedesyeux,etjevoisqu’ilposeparfoissesdoigtssurlacaissedesaguitare.

LesbrasdeMattseresserrentautourdemataille,etsesdoigtsglissentsousmachemisepourseposeràplatsurmonventre.C’estsiintimequeçamerendmalàl'aise.Jecouvresamaindelamienneetilgardesesdoigtsimmobilesuninstant.Saboucheestjusteàcôtédemonoreillequandiltournelatête,etilmurmure:«Jepariequetuesencoremouillée.»

Monvisages’empourpreetmonventrefaitcettepetitedansequiestentièrementcauséeparMatt.«Arrête»,soufflé-je.

Soudain,uneballevoledanslesairsetfrappeMattenpleinfront.Iltendlamainetl’attrape.C’estunepetiteballeenmousseetpasquelquechosequipourraitluifairemal.Illaserredanssonpoing.«Trèsamusant»,dit-ilàlacantonnade.

«Vousallezcorromprelesenfants»,ditl'undesjumeaux.Jepensequec’estSam,maisilsseressemblenttellementquejen’ensuispassûre.Puisjevoisquel'autreestblotticontreReagan,alorscelui-cidoitbienêtreSam.

«Lesenfantssontdansl'autrepièce,espècedecon»,ditMatt.IllancelaballesurSam.Ellerebonditsursonépaule,etPaultendlamainpourl’attraperauvol.IllarenvoieàSam,etsonoreilledévielatrajectoire.

Sethlèvelamaintimidement.«Jesuisunenfant,etjesuistoujourslà»,nousrappelle-t-ilmalicieusement.D’habitudeilpréfèreraitmourirqued’êtremisdanslacatégorieenfant.

Samlèvelamainaussi.«Moiaussi.Vousallezmecorrompre.»Ilfaitsemblantdefrissonner.«Touscesmamoursquevousvousfaitesmedonnentenviedevomirmescupcakes.»Ilrotebruyamment,puisilcouvresaboucheavecsonpoingfermé.«Etj’aitravaillédursurcescupcakes»,rappelle-t-il.

Mattmepousse.«Tuaseuuncupcake?»demande-t-il.Jesecouelatête.«Pasencore.»Ilselèveetrevientavecdeuxcupcakes.«Tuvasaimer»,dit-il.«Samfaitlesmeilleurscupcakes.»

Ils’assiedàcôtédemoi,sajambecolléecontrelamienne.

«Oh,uncupcake»,souffleReagan,etelles’avanceàquatrepattespourprendrelecupcakedeMatt.Ilritetlarepousseuninstant,maisellesaisitsonpoignetetapprochelecupcakedesabouche.Saboucherestegrandeouvertetantellerit,etelletiresursonbrastandisqu’ilsebatpourgarderlecupcake.

«Tupeuxlebattre,princesse!»criePetedelàoùilestassissurlesol.«Tuvasl’avoir!»rit-il,enroulantsurledostandisqu’ilselaissetomberenarrière.SamtapesapaumecontrecelledePeteetritaussi.

«Rea-gan!Rea-gan!Rea-gan!»commencentàcrierlesfrères.ReaganesttoujoursauxprisesaveclepoignetdeMatt,etilfaitsemblantdesedéfendre,maisilrit.Finalement,ilabandonneetluilaisseprendreunebouchée,maisquandellerecule,illuiécraselenezdansleglaçage.Ellelèvelesyeux,choquée.

«Non,tun’aspasfaitça!»dit-elle.Puiselleenlèveunmorceaudeglaçagedesonnezetlebrandit,sapaumetournéeversMatt.«Tusaiscequeçaveutdire»,prévient-elle,maiselleestdéjàentrainderampersursesgenouxetjusqu’àsonvisage.Ilmepassesoncupcake,oucequ'ilenreste,larepoussedesesjambes,etsautepar-dessusledossierducanapé.Jesursaute,carMattestsoudaintoutenépauleslargesetmembresvolants.Ellelepoursuittoutautourdel’îlotdelacuisine,enrianttandisqu’ildérapedansseschaussettesetsecognedanslecomptoir.Ilsetientlahancheetdemandeuntempsmort,maisellenel’entendpasdecetteoreille.«Ouhlegrosbébé!»chante-t-elle.

Matttendlamainderrièreluipourprendreunautrecupcakeetlanargueavec.«Tuveuxtemettrecelui-là?»Ilagitesessourcilsenlaregardant.«Allez,viens!»ladéfie-t-il.

Jecouvremabouchepourétoufferunrire.J’aivuMattdansdestasdesituations,maiscegenredefacétiesetlafaçondontilscourentl’unaprèsl’autremedonnentenviedemecouvrirlatêteetdemecacheretd’éclaterderireenmêmetemps.

Reaganplongepourl’attrapertandisqu’ilcrapahuteverslecanapéoùnousnoustrouvons.Ellesautesursondosettendlamainverssonvisage.Ilattrapesonpoignetetl’éloignedelui,maisilabandonneviteetportelesdoigtsdeReaganàseslèvres,etlèchelerestedeglaçagequ’ilyadessus.Ilfredonneunepetitchansontandisqu'ellesedébat.Enfin,elleseramollitsursondosetposesatêtesursonomoplate.Ilritetsesépaulessontsecouéesdetremblementssilencieux.

Emilymefaitunpetitsignerapideetjeluipassemoncupcakequejen’aipasencoreentamé.Elleselève,etl’écrasedanslevisagedeMatttandisqueReagandescenddesondos.LesyeuxdeetlabouchedeMatts’ouvrentengrandtandisqu’elleécrabouillelecupcakesursonvisage,enriantcommeunefolle.Reaganramasselesmiettesdeglaçagetombéessursontee-shirtetellelesfrottesursajoue.

«Oh,tul’aurasvoulu!»grogne-t-il.Ilfaitvolte-faceetseplieendeuxpourpouvoirjeterEmilysursonépaule.

Emilyprotesteenluidonnantdesclaquessurledos,maiselledevientsoudainsérieuse,sij’encroissonexpression.«Pose-moi,Matt,»criet-elle.

Logansautesursespieds,etilhurleàMattdelaposerparterre.MaisMattrittoujours,etilnesedoutepasqu’ilssontvraimentsérieux.

«Matt!»criePaul.Lesilencesefait,etMattseretourne,toujoursavecEmilysursonépaule,pourfairefaceàPaul.«Pose-laparterreavantdeluifairemal»,dit-ilcalmement,maisfermement.

LoganattrapeEmilyetlaremetsuràsespieds.«Désolée»,ditEmilyd’unairpenaud.«Ilyaunproblème?»demandeMatt.Ilestsoudainsérieux,malgrélesmorceauxdeglaçage

éparpilléssursonvisage.Reaganenaaussi,etilsonttouslesdeuxl'airridicule.«Jet’aifaitmal?»demande-t-ilàEmily.

EmilypencheunpetitpeulatêteetregardeLogancommepourluidemanderlapermission.Ellesigneetluiparleenmêmetemps.«Onpeutleurdire?»demandet-elle.Maisellesourit.Logansouritaussi,etilhochelatête.

Emilyprenduneprofondeinspiration.

«Tun’espasmalade,n’est-cepas?»demandeMatt,etjepeuxvoirdanssesyeuxl'amourqu'ilapourlescopinesdesesfrères.Et,honnêtement,çamerendencoreplusamoureusedelui.

Emilysecouelatête.ElledésigneLogandupouce.«Tonfrèrem’afoutueencloque»,dit-elle.Lapièceestsilencieuse.Totalementsilencieuse.Onpourraitentendreunemouchevoler.«Quoi?»demandeMatt,tandisqu’ilregardetouràtourLoganetEmily.Iladuglaçagepartout,mais

ilesttoutàcouphypersérieux.Ilmontredudoigtleventred’Emily.«Tuesenceinte?»murmure-t-il.Emilyritethochelatête.«Onestenceinte!»criet-elle.«Alors,onnelajettepluspar-dessuslesépaules»,avertitLoganenregardantsesfrères.Ilsse

lèventtous,unparun.Soudain,MatttireEmilyversluietenroulesesbrasautourd'elle.«Jesuistellementheureuxpourvous!»dit-ildoucementenlafaisanttourner.Elleglousseetleserre

contreelle,toutenluitapotantledos.Mattlafaitreculerpourmieuxregardersonventre.«Tuvasêtrelameilleuremamandumonde,

Em,»dit-il.«Jel'espère»,dit-elledoucement,enposantunemainsursonventre.Lesautresfrèress’avancent

pourlesféliciter,etilsfrottentlatêtedeLoganetluidonnentdespetitscoupsdanslescôtes,tandisqu’Emilysefaitcâlinerdetouscôtés.«Peut-êtrequ'ellevanaîtreparfaitecommesonpère,»dit-elle.Ellemordillesalèvreinférieure.

«Ouarchidouéecommetoi»,ditMattavecvéhémence.Emilyrenifleetluifaitunsourirelarmoyant.«Ilyajusteunechosequejeveuxsavoir»,ditMatt.Ilpassesonbrasautourdesépaulesd'Emilyetbaisselesyeuxverselle.Jesursautequandjevoisce

qu'ilestsurlepointdefaire,maisellelemériteunpeu.Samainavancedoucementverslecomptoiretilattrapeuncupcake.«Lebébévaaimerlechocolatoulavanille?»Illebranditetl’écrasedanslevisagesurprisd'Emily.

Elleravaleunhoquet.«Youpi!»crieMattetils’éloigned’Emilyencourant.Loganpassesondoigtsurlevisaged'Emily,

ramassantdesmorceauxdeglaçageetlesportantàsabouche.Ilrit.«Trèsbons,tescupcakes,Sam»,ditLogan.Samglousse.«Jevaisallermenettoyer»,ditMatt,enfaisantungesteverslasalledebain.Ilyentreetfermela

porte.«Tucroisqu’ilvabien?»demandeEmilyàPaul.Elleal'airinquiète.Elleprenduntorchonet

commenceàs’essuyerlevisage,sansquitterdesyeuxladirectiondanslaquelleMattestparti.«Oui,ilvabien»,ditPaul.Maissonregards’attardesurlaportedelasalledebain.Jenepeuxpasm’empêcherd'êtresurpriseparleurfamille.Ilss’aimentetsesoucientlesunsdes

autres.JeregardeSeth,quiaobservétoutçaavecamusement.Ilsmerappellentlafaçond’êtredeSethaveclesfilles.Ilssontgaisetaimants,etilssesoutiennentmutuellement.J’aisoudainenviedefairepartiedecettefamilleplusquetout.JeveuxfairepartiedelafamilledeMatt.Etjeveuxqu'ilfassepartiedelamienne.

M

26

att

PUTAIN!Emilyestenceinte.Loganvaêtrepapa.Emilyvaêtremaman.Etmoijevaisêtretonton.Encoreunefois.Jeregardedanslemiroiretdéglutispéniblementpourrepoussermessentimentsversmesentrailles,làoùilspeuventresterbiencachés.Jen'aipasvraimentenviequ’ilssevoientsurmonvisage.

Jelaisselaportedelasalledebainsouverte,puisquejenefaisquemelaver.Maisleglaçageestcollésurmabarbedetroisjours,etc’estunpeudifficileàenlever.Emilyfrappeàlaporte.Elleal'airridiculeavecsonvisagebarbouillédeglaçage.Encoreplusridiculequemoi.Ellelèchesesdoigtsenentrantdanslasalledebainetprenduneserviette.Elleneditrien,etsepenchesurl'évierpourlamouiller,puisellecommenceàsenettoyerlevisage,elleaussi.

Sesyeuxcroisentenfinlesmiensdanslemiroir.Sonregardestfuyant.«Tuvasbien,Em?»demandé-je.Ellehochelatêteetcontinueàfrottersonvisage.«Cetrucbleuestdifficileàenlever.Faudradireà

Samd'utiliserunecouleurdifférentelaprochainefois».«Oulaprochainefois,onpourraessayerdenepass’enmettre.»grogné-je.Maisça,cen’estpas

possible.Ellearrêtelerobinetetserapprochedumiroirtandisqu’ellecontinueàfrotter.«Parle-moi,Em»dis-je.Ellesecouelatête.«Commentc’estarrivé?»demandé-je.Unsourirepassesurseslèvrestandisquesonvisagerosit.«Sérieusement,Matt?»demandet-elle.Jeroulelesyeux.«C’estpascequejevoulaisdire»,dis-je.«Jesaiscequetuvoulaisdire»,dit-elleenréouvrantlerobinet.Maissonvisageestpropre,doncje

pensequ'ellecherchejusteàfairequelquechosepours’occuperlesmains.«Tuterappellesquandjemesuisfaitarracherlesdentsdesagesse,ilyaquelquesmois?»

Biensûrquejem’ensouviens.Ellearessembléàunécureuilpendantunesemaine.«Ouais,lesantibiotiques»,dit-elle.Ellehausselesépaules.«Tuesheureuse,non?»demandé-je.«Jenepourraispasêtreplusheureuse.»Sesyeuxcroisentlesmiens,etjesaisqu'ellenementpas.Jebrosselesbouclesdesafrangeetrâcleunemèchedesescheveuxduboutdesdoigts,enlevantun

peudeglaçage.«Qu'est-cequit’embête,alors?»demandé-je.Elleinspireprofondémentetfermelesyeux.«Etsiilouelledevientcommemoi?»murmure-t-elle.

Emilyestdyslexiqueetelleestpratiquementillétrée.Elledoittravaillertrèsdurpourfairetoutesleschosesquelaplupartdesgenstiennentpouracquises,commelirelesnomsdesruesoulesmenusdesrestaurants.

«Etalors?»demandé-jedoucement.J’aienviedecrier,deluidirequ’elleestvraimentfabuleuse.Jeveuxluidirecombiensonbébéauradelachanced'avoirunemèrecommeEmilyetunpèrecommeLoganettoutuntasdetantesetd’onclesquivontlegâter-pourrir.

«Jesuissimplementterrifiée»,dit-elle.Ellesecouelatêtecommesiellevoulaitchassercettepensée.«Jenesouhaiteraispasàmonpireennemid’avoirmontroubled’apprentissage.»

«Siellel’a,tuluitrouverastoutel'aidequ’illuifautpourréussir.»C’estunechosequ’Emilyn'ajamaiseue.Ellen'apaseudesoutien.Elleavaitunpèrequipensaitqu'ellenefaisaitpasassezd’effortsetpersonnenes’estbattupourelle,jusqu'àcequ'ellerencontreLogan.

Ellelèvelesyeuxversmoi.«D’unefaçonoud’uneautre,çaira,non?»Loganaperdul'ouïesuiteàunefortefièvre,ducoupilsn’ontpasàs’inquiéterqueleurbébéhérite

desadéficienceauditive.«Ҫairatrèsbien»,dis-je.Etjepensecequejedis.Vraiment.«Tuvasêtreunesupermaman,Em.»

Ellehochelatêteetm’envoielaservietteauvisage.Jel'attrapeetlajettedanslepanieràlingeaveclamienne.Elleposeunemainsursonventre.«C’estdurdecroirequ’ilyaunepetitepersonnequigranditenmoi»,dit-elledoucement.

Jemetsmesmainssursesépaulesetsorsdelasalledebainsderrièreelle.Maisj’entendsdespleursdanslachambred’Hayleyetjemedirigedanscettedirection.JoeyetMelliesontdeboutàcôtéd’Hayley,etMellieafaitpipidanssonpantalon.

«Ohoh»,dis-je.Jemetsundoigtsurmeslèvres.«Chut,»dis-je.«Neleditesàpersonne.Jerevienstoutdesuite.»

JemedirigeverslesacqueSkyaapportéetensortdesvêtementsproprespourMellie,puisjeretourneetluiprendslamainpourlaconduireàlasalledebain.Jenesaispastropcequ'ilfautfairequandellenelâchepasmamainetmetraînedanslasalledebainavecelle.Jelalaissesenettoyer,etellemetdesvêtementsproprestandisquejeresteassissurleborddelabaignoire.Toutcelaestnouveaupourmoi.Bon,jel'aifaitavecHayley,maisellevitavecnousetc’estmanièce.Commeelleestdemafamille,c’estplusfaciledesavoircequ'ilfautfaire.

JedisàMelliedeselaverlesmainsetmeprometsdeluidired'allerauxtoilettesdansunedemi-heureenviron.Jejettesesvêtementsdanslepanieràlinge.JeleslaveraietlesrapporteraiàSkydemain.Noussortonsdelasalledebains,etMelliemesouritetattrapemajambe,justeendessousdugenou.Elles’assiedsurmonpied,etjefaisquelquespasenlaportantcommeunebotte,tandisqu’elleestaccrochéeàmoicommeduVelcro.Elletrouveçahilarant,etlesautresfillesveulentlefaire,ellesaussi.

Aprèsquetoutlemondeaitfaitsonpetittouretquejemesoisassuréqu’ellesavaienttoutesquelquechoseàmanger,jesorsdanslecouloir.Emilyestlà,etellemeregardedehautenbasenhochantlatête.

«Quoi?»demandé-je.«Rien»,chantonne-t-elle,avecunsourireidiot.«Dis-le!»insisté-je.Ellehausselesépaules.Maisensuite,ellelèvelesyeuxversmoi.«Tuvasêtrelemeilleurpapadu

monde,Matt»,dit-elle.Moncœursegonfle.«Ehbien,aumoins,jen’auraispasàm’inquiéterqu’ilsdeviennentcomme

moi.»Jemegratteleventre.«Êtreaussibeauestunpeulourdàporter.»Elleritetmedonneuncoupdepoingdansleventre.Jemeplieendeux,tenantmonestomacàdeuxmains,etc'estalorsSkyfaitsonapparition.Elleregardeverslachambred’Hayley.«Jevoulaisjustevoirsilesfillesallaientbien»,dit-elle.«Jeviensdelefaire»,dis-je.Ellefroncelessourcils,etelleestsijoliequej’aienviede

l'embrasser.«Neledisàpersonne,maislepantalondeMellieafaitpipisurelle»,murmuré-jesuruntondramatique.

Ellesetourneverssonsac.«Oh,jeferaismieuxdeprendrequelquesvêtements»,dit-elle.«Jel’aidéjàfait»,dis-je,etjepassemesbrasautourd’elle.Ellemeserreàsontour.«Tut’enesoccupé?»Elleappuiesonvisagecontremapoitrineetseblottit

contremoi.Jepourraisrestericicommeçatoutelajournée.«Biensûr»,dis-je.Ellemarmonnecontremapoitrinequelquechosedugenre:«Tuesvraimentsexyquandtut’occupes

desenfants.»«Hé»,crié-je.«Tudevraismevoirquandjepassel’aspirateur.Etquandjefaislavaisselle.Ҫa

seramêmetropsexypourtoi.»Elleritetm’embrassesurlapoitrine,justesurmoncœur.Nousretournonsdanslesalon,etjem’assiedsàsespieds,tandisqu’elleseposesurlecanapé.Emily

reprendsaguitareaprèsqueReagansesoitnettoyée.OuaprèsquePeteaitnettoyéReagan,carçaaprisbeaucouppluslongtempsqueprévu.Emilycommenceàjouer,etjesenslesdoigtsdeSkychatouillermanuque.Jetendslamainpourretirerl’élastiquedemescheveuxetmerapproched'elle.Ellecomprendlemessageetcommenceàpassersesdoigtsdansmescheveux.

J’aivraimentbesoind’unecoupedecheveux,maisaprèsavoirétéchauvependantsilongtemps,jen’aipasenviedelescouper.JemesenscommeSamson,quitiraitsaforcedesescheveux.Jesaisquec’eststupide,maisc’estcequejeressens.Tantquemescheveuxsontlongs,c’estquejesuisenbonnesanté.Jenesuisplusenchimio.Jeneprendsplusdestasdemédicaments.Jesuisjustemoi.

Skyn’arrêtepasdemecaresser,mêmequandlachansonchange.J’aimafamilleautourdemoi,etjenemesuisjamaissentiaussibien.

«Alors,quivaaumariagedemain?»demandesoudainPete.Lesdoigtsd’Emilys’emmêlentdanslescordes,etelleposesamainàplatdessuspourstopperle

bruit.«Pete»,siffle-elle.«Quoi?»dit-ilenlevantlesmainsenl’air.«Quelmariage?»demandeSky.Jelèvelesyeuxverselleetmêlemesdoigtsauxsienspar-dessusmonépaule.«Undemesvieux

amissemarie»,dis-je.Petefaitunbruitavecsaboucheunpeucommelebruitqu’unechèvreavaitfaitunefoisàlaferme

pédagogique.Paulluilanceunregardmauvais,etilravalecequ'ilallaitdire.«Pourquoiiliraitàcetruc?»demandeReaganàPete,etelleleregardecommes’ilvenaitdelui

pousserdeuxcornes.«Pourprouverqu'il…»grognePetemaisilsetaitquandReaganluimetuncoupdecoudedans

l'estomac.Moijeluiauraistapédirectementdanslesnoisettes,franchement.«L'invitationétaitpournoustous»,grognePete.«Ondevraitaumoinsallermangertouteleurbouffeetboiretoutesleursboissons.Jedisça,jedisrien.»

«Tuvoulaisyaller?»medemandeSky.Jesecouelatête.«Pasvraiment.»«Tuasditquec’étaitunvieilami,non?»demandet-elle.Jehochelatête.«C’estàpeuprèsça.»«Jepensequetudevraisyaller.»«TudevraisemmenerSkyavectoi»,ditPete.«Metsunpointfinal…».Ilgrogneànouveaulorsque

Reaganletapeàl'arrièreducrâne.«Visesescouilleslaprochainefois»,dis-jeàReagan.«Bonneidée»,dit-elleenluilançantunregardmeutrier.«Jet’écrabouillelesnoisetteslaprochaine

foisquetuouvrestonclapet»,prévient-elle,enpointantundoigtverssonentrejambe.«Tumelescassesdepuislejouroùjet’airencontré,princesse»,dit-il.Samfaitsemblantd’avoirlanauséeetmimeunvomissement.«Alors,tuvoulaisyaller?»,demandeSky.J’aimeraisqu’ellechangedesujet.Maispourça,il

faudraitquejeluidiselavérité,etfranchement,jesuistellementbienencemomentquejen’aipasenviedepenseràApriletKen.Jen’aipasenviedeleslaissermevoleruneminutedemonbonheur.

EmilypousseLoganducoude.«Onpourraitalleraveceux»,dit-elle.«Pourlesoutienmoral.»Loganhausselesépaules.Ils’enfichecomplètement,apparemment.«Ehbien,ondiraitquenousyallons,»dis-jeensoupirantprofondément.«Youpi»ajouté-je.«Tu

peuxêtreprêteàdeuxheures?»dis-jeenregardantSky.«Oh,tuveuxquejevienneavectoi?»demande-t-elle,enouvrantdegrandsyeuxétonnés.Jetiresamainjusqu'àcequ'ellen'aitplusd'autrechoixquedesepencherversmonvisagepourque

jepuissel'embrasser.«Jen’iraipassanstoi»,dis-je.«Viensavecmoi.»«Etlesenfants?»demandet-elle.Fridaylèvelamain.«Jepeuxlesgarder.Jen’airiend’autreàfaire.»MaisSethintervient.«Jelessurveillerai.J’ail’habitude.»«Tun’asrienprévu?»demandeSky.Ilsecouelatête.«Non.»Ilévitesonregard.«Riendutout.»Ilyaquelquechoselà-dessous,mais

jenesaispasquoi.Jetrouveraiplustard.«Alors,c’estréglé»,ditPete.Ilsepencheenarrière,uneexpressionsatisfaitesurlevisage.C’estloind'êtreréglé.C’esttrèstrèsloind’êtreréglé.Maisaumoins,j’auraiSkyavecmoi,etça

pourraitrendreletrucsupportable.

S

27

kylar

MATTNOUSAIDE,Sethetmoi,àdéchargerlavoitureetàfairemonterlesfilles.C’estsûr,êtreparent,c’estbeaucoupplusquecequej’imaginais.Ilyalesjouets,lessacsetlesvêtements,etpuislesenfantseux-mêmes.MattporteJoeysursonépaule,etSethporteMellie.

Lesfillessesontendormiesdansl'appartementdeMatt,etnousavonsdécidédelesporteretdelesramenerchezellesaulieudeleslaisserseréveillerdansunendroitinconnu.Enplus,ilauraitfallutrouveruncouchagepourSeth,Matt,etmoi,alorsc’étaittoutsimplementtropcompliqué.J’aienviedemeréveillerdansmonlitavecMattdemainmatin,enfin,s’ilveutpasserlanuitici.Jeneleluiaipasencoredemandé.Maisc’estcequejevoudrais.

Jesaisqu'ilcraintdedonnerunmauvaisexempleàSeth,maisSethestpresqueunadulte.Jepensequeçaneledérangerapas.

Nousentrons,etMattetSethmettentlesfillesaulitetlesbordent.Jeleurfaisunbaiseràchacune,carçafaitpartiedenotreritueldusoir.Parfois,jemefaufileencoredansleurchambrepourlesregarderdormir,maisilfautaussiquejeprennepartaurituelducoucher.J'aimelesmettreaulit,etlesentendreparleràleurmèrequandellespensentquej’aiquittélapièce.C’estàlafoisdéchirantetinspirant.

Mattetmoiallonsdanslacuisine,etilsortunebouteilled'eaudufrigo.«J'aivraimentpasséunetrèsbonnesoirée»,luidis-jeenrangeantdanslelave-vaisselleles

quelquesplatsquitraînent.«Moiaussi,»dit-il.«Mafamillet’aime.»«TuétaisaucourantpourEmilyetLogan?Tuaseul’airsurpris.»Ilrenifle.«Jenel'auraispasjetéesurmonépaulesijel'avaissu.»Ilsecrispeunpeu.«Jene

voulaispasfaireça.»«Tuescontentpoureux,non?»demandé-je.Jelescrute,parcequeMattportegénéralementses

sentimentssursonvisage.«Ohoui»,souffle-t-il.«ParcontreEmilyestassezinquiète.»«Dequoi?»«Elleestdyslexique»,dit-il.«Elleadumalàlire.»«Jesaiscequ’estladyslexie.»«Elleapeurquelebébélesoitaussi,sielleasesgènes.»Ilhausselesépaules.«Elleestjuste

inquiète,commetoutelesfuturesmamans.»«Commentpenses-tuqueLogansedébrouilleraavecunbébé?»demandé-je.Jemesuistoujours

demandécommentlesgenssourdsélevaientleursenfantsentendants.«IlaidePaulàs’occuperd’Hayleydepuistoujours»,dit-il.«Ilpeutfairebeaucoupplusqueceque

lesgenslepensentcapabledefaire.»«Oh,cen'estpascequejevoulaisdire»,commencé-je.Maisilmecoupeavecunsourire.«Jesais.J'avaiscompris.»«Ilvafalloirqu’ellearrêtel'école?»demandé-je.Jesaisqu’EmilyestenfacàJuilliard.Ilhausselesépaules.«Jen’ensaisrien,maisilss’arrangeront.Parfois,jepensequ'elleestalléeen

facjustepourprouverqu'ellepouvaitréussir.Etellel’afait.Elleestsatisfaite.Toutcequ'elleveutc’estfairedelamusique.»

«Elledevraitjouerdansdessallesimmensesavecunevoixcommelasienne»,dis-je.C’étaitvraimentimpressionnant.

Ilsecouelatête.«Ellenecherchepaslagloire.C’estjustequ’elleaimevraimentlamusique.Etelleaimemonfrère.Donc,jel'aime.»

Jem’approcheetpassemesbrasautourdesataille,puisposematêtesursapoitrine.Majoueestappuyéesursoncœur.«Mapetitefamillecadreplutôtbienavectagrandefamille»,dis-jecalmement.

«Ouais.»Ilmefaitreculerenmepoussantparlesépaules.«Ҫat’inquiétait?»Jehausselesépaules.«Peut-êtreunpeu.»«Parle-moi»,dit-il.«Vousêtestellementunis»,avoué-je.«Jesuisenvieusequandjevoislesrelationsquevousavez.»«Tufaispartiedenous,maintenant.Tulesais,non?»dit-il.Mespoilssehérissent.«Toutcomme

EmilyetReagan.Tufaispartiedelafamille».Jehochelatêtecontresapoitrine.Sethentredanslacuisineetappuiesahanchecontrelecomptoir.

«Ҫat’ennuiesijefaisvenirunamidemainsoirpendantquejegardelesenfants?»demande-t-il.IlnemeregardepasdanslesyeuxetéviteaussileregarddeMatt.Hum!

«Quic’est,cetami?»demandé-je.Ilhausselesépaules.«Jenesaispasencore.Jepensaisqueceseraitamusantd'avoirquelqu'unavec

quidiscuter.»«Discuter?»demandeMatt.«C’estcequetuasl'intentiondefaire?»LevisagedeSeths’empourpre.«Ehbien,nouspourrionsjoueràlaXboxouàautrechose.»Queferaitsamère?«Pourquoinepasvenirmevoirdemainmatinaveclenomdelapersonnequetu

veuxfairevenirpourqu’onendiscute?»dis-je.«D’accord?»Ilprendunairrenfrogné,maisilhochelatête.Ils’assiedàlatabledelacuisineetcommenceà

feuilleterunmagazine.Mattfourresesmainsdanssespochesetsebalanced'avantenarrièresursestalons.Ilsoulèveunsourcildansmadirection.Puisils’assiedenfacedeSethetouvrelejournaljusqu'àcequ'iltrouvelesmotscroisés.Sethetluicommencentàlesfaireensemble.SethritquandMattsetrompedemot.EtMatttaquineSethsursonécriture.Ilsontl'airheureuxetàl’aiseensemble,alorsjeparsdanslachambrepourprendreunedoucheetmettreunpyjama.

M

28

att

J’ADMIREleculdeSkytandisqu’ellesedirigeverssachambresansunmot.Jepousseunsoupir.J’aienviedelasuivreetdesaisirsesfesses,desouleversachemiseetdemordresachairdélicatejusteau-dessusdesahanche.J’aienviedeladéshabillerlentement.Jebougesurmachaiseetajustemonjean.Sethrenifle.

«Quoi?»demandé-jeenessayantd'avoirl'airinnocent.«Monpote,tuestellementtransparent»,expliqueSeth.Maisilsourit.Ilnem’enveutpas.«Qu’est-cequiesttransparent?»demandé-je.Quejel’aime?J'espèrebienquec’esttransparent.

Quejelarespecte?J’espèrebienquec’estévident.Quejeladésire?Ҫa,çanousregarde.Ilfermelemagazine.«Désolédet’avoircassélabaraque»,dit-il.Là,çam’atteintenpleincoeur.«Neparlepasdetatantecommeça»,réponds-jesèchement.Sethfroncelessourcils.«J’airienditdemal.»«Neparlepasd'ellecommesij’étaislààessayerdemelafaire.C’estpascommeçaqueçase

passe.»Ilhochelatêtelentement.«Situledis.»«Seth»,avertis-je.«Quoi?»aboie-t-il.Jenesaispascequejedevraisluidire,alorsjedécidedeluidirelavérité.«Jel'aime,Seth.Je

l'aimebeaucoup.Etouais,jeveuxmelafaire.Maisjeveuxaussil'épouser,etjeveuxl'aimerpourtoujours.Jeveuxvivreavecelleetpartagersesbonsetsesmauvaismoments.»Jetambourinesurlatableavecmespouces,enessayantdetrouverquoiluidired'autrepourluifairecomprendre.C’estunpaquetd’hormonessurpattes,cequiestnormalàsonâge.Ilnepensepasàlongterme.Maismoioui.«Donc,quandtuparlesdemecasserlabaraque,çamefaitcraindrequetupuissespenserquec’esttoutcequim’intéresse.Parcequeçanel’estpas.Jelarespecte.Etjeveuxêtresûrquetulesaches.»

Sethhochedenouveaulatêtelentement,commes’ilréfléchissaitàtoutça.«Ҫat’embêteraitsijeluidemandaisdem’épouser?»laissé-jeéchapper.Aucuneidéed'oùçasort,

maisc’estsorti.Sethhausselessourcils.«TuveuxvraimentépousertanteSky?»J'acquiesce.Jeleveux.Jeleveuxvraiment.Ilregardeautourdelui,etunpetitmusclesecontractedanssamâchoiretandisqu’ilgrincedesdents.

«Qu'est-cequivanousarriversivousvousmariez?»demande-t-il.

Hein?«Qu’est-cequetuveuxdire?»«JeveuxdiresiTanteSkyettoivousvousmariez,ellevaêtretafemme.Onvientjustedes’habituer

àcequ’ellesoitnotremère».Oh,jecomprends.Merde.«Ellenepeutpasêtrelesdeux?»Ilhausselesépaules.«Ellepeut?»«Laseuledifférencequejevoisestquevousaurezdeuxparentsàlamaisonaulieud'un.»Sethplisselesyeux.«Deuxparents.»J'acquiesce.«Seth,jesaisquejenesuispastonpère,etjeneleseraijamais.Maisjeveuxfaire

partiedetavie.Delafaçonquetuvoudras.»Ҫaseraprobablementparfoisd’unefaçonqu’iln’apprécierapas,maisc’estcequefontlespapas.Cen’estpastouslesjourslaFêtedesPèresnilelotoduclubdesport.«JeneveuxpasvousprendreSky.Jelejure.»C’estimportantpourluidesavoirça.Ilabesoindesesentirensécuritéavecelleetdesavoirqu'elleseratoujourslà,quoiqu'ilarrive.Putain,dansdeuxans,ilpartiraàlafac.Jenevaispaspassertellementdetempsaveclui,pascommeavecJoeyetMellie.

«Tafamilleesttrèssympa»,ditSethtranquillement.«Pastoutletemps»,dis-jeenriant.Mais,engénéral,ilslesont.«Donc,turestescettenuit?»demandeSeth.Jesecouelatête.«Non.»«Pourquoi?»Ilal'airdésorienté.«ParcequejerespecteSky.»Parcequejeneveuxpasquetupensesdumald'elle.«Commetuvoudras,monpote»,dit-ilenselevant.«Jevaismecoucher.»«Bonnenuit»,dis-je.Ilpartdanssachambreetfermelaporte.Jepousseunprofondsoupir.Ehben!Ilyapasmalde

chosesàprendreencomptequandonaunadodanslamaison.Ilestinfluençable,etilvaapprendreàtraiterlesfemmesd’aprèslafaçondontsamèreaététraitée,etlafaçondontSkyseratraitéedevantlui.Jesuisdéterminéàêtreunebonneinfluence.

Skysortdesachambre,sescheveuxhumidespendantsursesépaules.«Sethestallésecoucher?»demande-t-elle.Elles’agitedanslacuisine,commesiellehésitaitsurlaconduiteàtenir.

«Ouais.»Jemelèveetm’appuiecontrelecomptoir.Elleseretournepourinstallerlacafetièrepourdemainmatin,etjevoissonculremuerdanssonbasdepyjamaetj’aijusteenviedel’attraper,delepalperetd’enfoncermesdentsdedans.Maisjedoisrentreràlamaison.Jegémispourmoi-même.

«Qu’est-cequinevapas?»demandet-elleensetournantversmoi.«Jolipyjama»,dis-je.Ellebaisselesyeuxsursonpyjama,souritetprenduneposethéâtrale.«Ilteplaît?»Jepasseunemainsurmonvisage.«Jel’aimeraispluss’ilétaitsurleplancher.»Ellesefige.Lapeauquej’aperçoisparlecolenVdesonhautdepyjamasecoloreetdevienttoute

rose.«Oh!»souffle-t-elle.Maisellesouritetmefaitsignedevenirdesondoigtrecourbé.«Jepensequ'ilaimeraitvraimentêtresurleplancher.»

Jegémisencoreunefoisetjettelatêteenarrière.«Jenepeuxpas.»Ellesefigeànouveau.«Tunerestespas?»Jesecouelatête.Jesuisstupide.Jelereconnais.«Pourquoi?»demande-t-elletranquillement.JemontredudoigtlachambredeSeth.«Parcequenousavonsunadodanslapièceàcôté,etjedois

luidonnerunbonexemple.»Jedétesteça.Maisc’estcommeça.Ellerestebouchebée.«Tut’inquiètespourSeth?»Jehochelatête,portemesphalangesàmabouche,etlesmordspouressayerdesoulagerunpeula

douleurdansmesroubignoles.

«JepensequeSethestassezgrandpourcomprendre.»Jesecouelatête.«Jesais.Maisilajusteditquelquechosequim’atouché.Jeneveuxpasqu'il

pensequejesuisavectoijustepourbaiser.»Jeveuxbaiser,maisc’estuneautrehistoire.Ellenousdésignetouràtour.«Disonsquej’espéraisunpeubaiser»,murmure-t-ellesurunton

décidé.EllejetteunregardverslaporteferméedeSeth.«Ilestaulit.Ilnelesaurajamais.»Jedésignemapoitrine.«Maismoijelesaurai.»Ellesouffled’unairdégoûté,etsesépaulestombent.«J’avaismisduparfumettout»,marmonne-t-

elle.Jem’approched’elleetl'enveloppedemesbrastoutenreniflantsoncou.Jepeuxsentirsonparfumsi

doux,maisjenepeuxpasdireàquelendroitellel’amis.«Où?»demandé-je,enhésitantquandj'entendsmaproprevoixtrembloter.

«Tun’aimeraispaslesavoir?»demande-t-elleavecunpetitrire.Ellesehissesurlapointedespiedsetpassesesbrasautourdemoncou.

Jelafaismarcheràreculonsjusqu’àsachambretoutenl’embrassant.Seslèvrescontrelesmiennessontaffamées,etellememordillegoulûmentlabouche.J’aienviederester.J’aienvied’êtreàl'intérieurd'elle.Maisjenepeuxpas.

J’attrapelebasdesontee-shirtetlapoussedoucementparlaportedesachambreenmêmetemps.Jepasseletee-shirtpar-dessussatête.

«Tuaschangéd’avis?»demande-t-elle,essouflée,encouvrantsesseinsdesesmains.Ilsdébordentdesesdoigts,etj’aienviedelesluifairelâcheràcoupsdebaiserssurlesdoigts.

Jesoulèvesontee-shirtjusqu’àmonnezetlerenifle.«J’emportecetrucparcequ’ilsenttonodeur.»«Matt»,proteste-t-elle,maisc’estplutôtungrognementmalicieux.«Rends-moimontee-shirt.»«Situleveux,ilfautmedonnertaculotte»,dis-je.Jeregardeverslebas.«Jeneportepasdeculotte»,dit-ellepourmenarguer.Jemepencheetl’embrassesurlefront,m’attardantunmoment,ensavourantlasensationdeSky

entortillantmontee-shirtdanssespoings.«MonDieu,tumetues»,dis-je.Jelaissemesmainscourirlelongdesondosnu,etelleronronnecommeunchaton,pressantsesseinscontremapoitrine.

«Reste»,dit-elledoucement.Jesecouelatête,prendssesmainsdanslesmiennes,etdétachesesdoigtsdemontee-shirt,puis

l’écartedemoi.«S’iln’yavaitquenousdeux,tunepourraispastedébarrasserdemoi.»«Maiscen'estpaslecas.»Jesecouelatête.«Bonnenuit»,dis-jeenm’éloignant.«Bonnenuit»,crie-t-elledansmondos.Jepasselaportedel’appartementetgémisbruyamment.J’aienviederevenirverselle.Maisjeveux

lefairedelabonnefaçon.

S

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kylar

MATTVIENTàpeinedepasserlaported'entréequandjel'appelle.Enfait,jepeuxentendreledingdel'ascenseurpardelàlamauvaisecommunicationdecetespaceclosquandilmerépondavecunsimplegémissement.

«Matt»,dis-jecalmement.«Quoi?»aboie-t-il.Maisjepeuxpresqueentendreunsouriredécontractédanssavoix.«Reviens.»Ilpousseunsoupir.Puisilditdoucement:«Situdislemotviensencoreunefois...»Monsouffledevientrauqueetmoncoeurs’emballe.«Matt.»Jesouriscommeuneidioteetjem’en

fiche.Laporteestfermée,etpersonnenepeutmevoir.«Tuestoujoursseinsnus?»demandeMatt.Savoixsonnecommesielleavaitététrainéesurune

routecaillouteuse.Jebaisselesyeuxetcroiselesbrassurmesseinsnus.Jepensebien,oui.«Ouais»,dis-je.Ilgémitànouveau.«Envoie-moiunephoto.»«Jesuisavocate.Nousnefaisonspasdeconneriesdecegenre.»Sanscompterquejesuisune

maman.Etlesmamansnefontpasça.Jeregardemapoitrineetécartelesbras.«Mestétonssontdurs.»«Sky!»souffle-t-il,maisilrit.«Arrête!»«Qu'est-cequinevapas,Matt?»taquiné-je.Jel'entendsdonnersonadresseàunchauffeurdetaxi.

«Pourquoituprendsuntaxi?»Engénéral,ilprendlemétro.«Parcequejeveuxarriverviteàlamaison»,dit-il.«Pourquoi?»Jemetsungenousurmonlitetrampeverslemilieu.Jedevraisprobablementmettre

untee-shirt,maisj’aimebienlasensationcoquined’êtreseinsnuspendantquejeparleàMatt.«Parcequejeveuxtefairejouirenparlant»,dit-il.«Quoi?»demandé-je.Moncœurbatlachamade.«Tuastrèsbienentendu.»Ilglousse.«Amoinsqueçatedérange.»Ilattendmaréponse.«Non,çanemedérangepas»,murmuré-je.Ilpousseunlongsoupir.«Parle-moid'autrechosependantquelquesminutes»,dit-ilavecunpetit

rire.Jel'entendsgémir,puisc’estlesilence,àpartlesbruitsdelarueetunlégersonquandilcommenceàfredonneràmonoreille.Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.

Aprèsuncourttrajet,jel'entendsremercierlechauffeurdetaxietclaquerlaportedelavoiture.Puisilmontelesquatrevoléesd'escaliersensilencejusqu'àsonappartement.Ilrespireàpeineunpeuplus

fortquandilarriveenhaut.«Pasmaintenant»,l’entends-jemurmureràquelqu'un.«Quic’était?»demandé-je.«Paul.»«Ilfautquetuaillesluiparler?»«Toutcequ’ilfautmaintenant,c’estquejetefassejouir.Lui,ilpeutattendre.»J’entendslecliquetis

desesclésqu’iladûlaissertomberquelquepart.Oupeut-êtrequec’estdelamonnaiedanssapoche.«Vaverrouillertaporte»,dit-il.

Jetraverselelitenrampantetfaiscequ’ilmedit.Mamainsefigesurlapoignéeunesecondetandisquejepenseàcequejevaisfaire.Unfrissonparcoursmondos,maisjepousseleverrou.Leclicvibredanstoutemamain.Jelaissetrainermamainsurlapoignéeencoreuninstant.

«Trèsbien»,dit-il.Savoixestdoucecommedelasoie,etelleenveloppemoncorps,faisantflageolermesgenoux.«Retournet’allongersurlelit.»

«Tuesunpeuautoritaire.»«Jesais.Ҫateplaît.»C’estvrai.«Qu’est-cequetuensais?»«Parcequetuestoutehumideetglissante,ettoncœurbatlachamadeautantquelemien.»Ilsetait

uninstant.«N’est-cepas?»C’estMatt.Doncilsesouciedecequejeressens.«Oui»,murmuré-je.Ilgrogne.«Enlèvelebas.»Jecoinceletéléphoneentremonépauleetmonoreilleetpassemespoucesdansl’élastiquedemon

basdepyjama,puisjelefaisglisserjusqu’àmespieds.«Ok»,dis-je.«Tuestoutenue?»«Commelejouroùjesuisnée»,dis-jeavecunpetitrirenerveux.«MonDieu,quetuesbelle!»«Commentpeux-tulesavoir?»«Parcequechaquefoisquejefermelesyeux,jenevoisquetoi.Tuesdansmaputaindetête,Sky,

chaqueminutedechaquejour».J’étaisexcitéeilyauneminute,maintenantjesuiscarrémentàboutdesouffle.«Tum’asditquetestétonsétaientdurs?»J’entendssonlitgrincer.«Tuesdanslelit?»demandé-je.«Ouais.»grogne-t-il.«Ouplutôtsurlelit.»«Moiaussi.»«Bien.Maintenant,revenonsàtestétons.»«Qu’est-cequ’ilsont?»Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.«Jelesaime.Ilssonttoutrosesetparfaits,etquandj’ôtetouttonrougeàlèvresent’embrassant,ils

sontdelamêmecouleurqueteslèvres.»Ilfaitunepause.«Touche-les.»«Quejelestouchecomment?»«Pasdoucement.Parcequ'ilssontsansdoutedouloureux,ilssontsidurs!»Ilattend.«J’ai

raison?»«Commenttulesais?»Ilrit,maisc’estunsondouloureux.«Parcequemoiaussij’aimal,Sky.»«Oh!»«Pince-leslégèrement,lesdeuxenmêmetemps.»Ilrespireunpeuplusbruyamment.«Matt»,murmuré-je.«Jenesuispassûredepouvoirlefaire.»«Fermelesyeux.»Jelefais.

«Maintenanttouchetestétons.»J’halètetandisquejepassemonpoucesurlapointeturgescente.«OhmonDieu,Sky»,murmure-t-il.Mattavaitraison.Lacaressedemonpoucenesuffitpas.Jeprendsmesseinsdansmesmainsetpince

mestétonsentrelepouceetl'index.Jemanquefairetomberletéléphonequiesttoujourscoincédansmoncou.

«Sij’étaislà,jelespinceraisetjeleslècheraispourtesoulager.»«Matt.»«Quoi?»Ilpouffe.«Qu'est-cequetufais?»Ilritencore.«D’aprèstoi?»«Lamêmechosequemoi?»«Ehbien,jen'aipasdejolisseinsàtitiller,maisoui.»«Quandc’estquejepourraisdescendreunpeuplusbas?»demandé-je.Jefermefortlesyeux,

m’attendantàcequ'ilsemoquedemoi.Maisilneritpas.«Maintenant.»«MercimonDieu»,soufflé-je.«Remontetesgenoux,etécarte-les.S'ilteplaît.»Jefaiscequ’ildit,etjemesenscomplètementexposée,mêmesijesuistouteseuledanslachambre.«Unesijoliechatte»,dit-il.«Ouvre-laavectesdoigtspourquejepuisselavoir.»Mesdoigtsécartentlesplishumidesetglissants,quisontmaintenantgonflésetdouloureux.«Trèsbien»,dit-il.«Commenttusaisquejel'aifait?»«Jepeuxl'entendredanstavoix,Sky.»Jepeuxàpeinerespirer.«J’entendschaquesouffleetchaquehalètement.J’aimêmeentenducequetuneveuxpasque

j’entende.»«Commequoi?»«J’entendstespeurs.J'entendstesdouleurs.J'entendstesdésirsettesbesoins.J’entendstout.»Jefermetrèsfortmesyeux.«Personnenem'ajamaisentendueavanttoi.»Unelarmebrûlantecoule

lentementsurlecôtédemonvisagejusqu’àlaracinedemescheveux.«J’entendstout.»Ilattenduninstant.«Touchetachatte,Sky.»Jeglissemesdoigtsdansmonhumidité.«Toucheàl'intérieuretmouilletesdoigts.»«Combiendedoigts?»Ilgrogne.«Combientupeuxenmettre?»Jeglissemonmajeuràl'intérieuretl’enfonce,puisleretire.Ensuitej’ajoutemonindex.Etjuste

quandjepensequejesuisàsaturation,jem’écarteunpeuplusenajoutantmonannulaire.Jesuistroprempliepourpouvoirrecourbermesdoigts,maisjem’enfiche.«Trois»,luidis-je.

«DouxJésus!»souffle-t-il.«Qu’est-cequetuveuxquejefassemaintenant,Matt?»«Frottetonclitoris.»Ilgrogne,etj’entendsunglissementàl’autreboutdutéléphone.«Tuasmisdulubrifiant?»«Non,j’aicraché.»grogne-t-il.«J'étaispressé.»Jefrottemonclitorisenfaisantdepetitscercles.«Jenevaispastenirlongtemps»,avertis-je.«Tantmieux»,grogne-t-il.Monclitoestduretgonfléettrès,très,sensible.Mespetitscerclesm’excitentauplushautpoint.

«Plusvite»,exhorte-t-il.«Jeveuxt’entendrejouir.»«Tum’attends?»Monsouffleetmoncoeurs’emballent.«Toujours»,soupire-t-il.«Matt»,crié-je.«C’estbien»,m’encourage-t-il.«Dismonnom.»«Matt,Matt,Matt»,chantonné-je.«C’estmoiquitefaisjouir,Sky.Seulementmoi.»Savoixestbasseetdouceetmevadroitaux

entrailles.«Seulementtoi.»«Moi.Ettoi.»Mesjambestremblent,etjesaisquec’estlemoment.«Sky»,supplie-t-il.«Jouis,s'ilteplaît.»Ungémissementsortdemagorgetandisquemoncorpssetorddeplaisir.«Net’arrêtepas»,dit-il.Ilgrogne,etjesaisqu’ilestentraindejouir,luiaussi.«S'ilteplait,ne

t’arrêtepas»,supplie-t-il.Jecriedoucement,lecorpsdévorédetremblements.«Net’arrêtepas»,dit-il,etsavoixestdeplusenplusdouce.«Oooh»,grogné-je.Ilfautquej’arrête.Monclitoesttropsensible,moncorpsestfourbu.Jeralentis

lerythmedemesdoigtsetjelaissedepetitstremblementsprendrepossessiondemoncorps.Hypersensibleetexténuée,j’arrêtedefrottermachatteetl'écouterespirer.

Nousrestonsallongéscommeçapendantunmoment,puisjel'entendsbouger.«Resteavecmoi,Matt»,dis-je.«Jenetelaissepas»,dit-ilavecunpetitrire.«Ilfautjustequejemenettoie.Jesuisunpeu

dégueu.»«Oh!»soufflé-jedansunéclatderire.J’avaisoublié.«Ouais»,dit-il.Ilsedéplacequelquesinstants,puisj'entendssonlitgrincerànouveau.Jel'imagine

entraindesecalersurlesoreillers,unsouriresatisfaitsurlevisage.«Tuvasbien?»demande-t-ildoucement.

«Mmmmmm»,fredonné-je.Ilrit.«Etellerestesansvoixaprèscetorgasme.»Jeglousse.Jenepeuxpasm’enempêcher.Jesuisallongéenuesurmescouvertures,etilvientdeme

faireavoirunorgasmepartéléphone.«Oùas-tuapprisàfaireça?»«Appris?»dit-ilengrognant.«Merde,j’aijamaisfaitçademavie.C’esttoiquil’asfait.»Ilrit.

«Jenepeuxpascroirequetusoisarrivéeàmecorrompreàcepoint.»Jenepeuxpasretenirmonsourire.«Tuvasresteravecmoijusqu'àcequejem’endorme?»Ilbâille.«Tunepourraspasm’enempêcher.»

JEMERÉVEILLEetregardel'horloge.Ilestdeuxheuresdumatin,etjesuisnueetgeléesurmescouvertures.Jemelèveetenfilemonpyjama,puisjevaisàlasalledebainpourmelaverlesmains.Jemeregardedanslemiroir.Jesecouelatête.Ilyaquelquessemaines,j’étaisunecélibataireavecuneviedecélibataireetunpetit-amiquisefichaitpasmaldemoi.Maintenant,j'aitroisenfantsquej’apprendsàaimerau-delàdetoutcequej’imaginais,etj’aiMatt.Jenesavaispasquejepouvaisressentirpourquelqu'uncequejeressenspourMatt.J’aiunpeudepeinepourPhillip.Ilnem'ajamaisemmenéesurceshauteurs,etjeneluiaijamaisdonnécequejesuisprêteàdonneràMatt.

J’aicebesoinirrépressibled'allerjeteruncoupd’oeilsurlesfilles.J’empruntelecouloiretme

dirigeversleurchambre.Laveilleusedontellesnepeuventpassepasserbaignelapiècedansunelumièredouce.Mellieestsursescouvertures,alorsjelestiredoucementd’en-dessousd’elleetlacouvre.Ellerenifledanssonoreilleretseretourne.Joeybougerarementdanssonsommeil,maisjeluiremontequandmêmesacouverturejusqu’aumenton.Ellenebougepas.

J’aienviedejeteruncoupd’œilàSethaussi,maisc’estunado,etj’aiunpeupeurd'ouvrirsaporte.Jedécidedenepasm’yrisquer.

J’entredanslasalledeséjouretsursautequandjevoisquelalampeestalluméesurlatablebasse.Sethmeregardepar-dessussonépaule,fermelelivrequ’ilavaitouvertsursesgenoux,etlefourredanslescoussinsducanapé.

«Toutvabien?»demandé-je.Jem’assiedsàl'autreboutducanapéettiremespiedssousmoi.«Ouais.»Jemerendscomptequesesyeuxsonthumides,etilpasseunemainsoussonnez.«Qu’est-cequeturegardais?»demandé-je.Moncœurseserrepourlui.Iln'ajamaispleuréaprèsla

mortdesamère,dumoinspasenmaprésence.«Jepeuxvoir?»Jetendslamainversl'album,etilhausselesépaules.Jelesorsettournela

premièrepage.Sethétaitunbébéadorable.Jesourisetleregarde.«Tuastoujourseucesfossettes,hein?»

Ilsouritetserapprochedemoisurlecanapé.Jeregardedeplusprès,etvoismonpèredansl'album.Moncœurmanquedes’arrêter.Ilalebras

autourdeKendrasurplusieursphotos,etilal'airabsolumentàl'aiseavecelle.«Grand-pèreétaitsouventici»,dit-il.

Jehochelatête.Jenesaispaspourquoij’ailagorgenouée,maisc’estlecas.Jetournelapage.«Tamèreétaittrèsbelle.»«Jesais.»Sonépauletouchelamienne,etilsepenchecontremoi,enmontrantunephoto.«C’est

monpère.»Avraidire,cen'estpasceàquoijem’attendais.SonpèreestunLatino.«Ilnousparlaittoutletempsenespagnol.»Jelèvelesyeuxverslui.«Tusaisparlerespagnol?»Ilhochelatêteettournelapage.«Voilàl'hommequemagrand-mèreafiniparépouser.Ilétait

gentil.»C’estl'hommequiaprislaplacedemonpère.«Qu’est-cequetusaisdetoutça?»demandé-je.Jenesaispascequejepeuxdireounondevantlui.«J’ensaispasmal»,dit-il.«Tamèreétaitintelligenteetbelle,hein?»dis-je,endécouvrantunephotod'elleoùonluiremetun

prixpourquelquechose.Ilhochelatête.«Maisellenefaisaitpasconfianceauxhommes.»«Leshommespartent»,dis-je.Maisàpeineai-jeprononcécesmotsquejevoudraislesravaler.Ilsecouelatête.«Pastous.»Jefeuillettetranquillementl’album.«Mattnepartiraitpas»,dit-ilcalmement.«Tudevraisluifaireconfiance.»Jepousseunsoupir.«C’estcequejefais.Autantquejelepeux.»Ilhochelatête.«Parfois,j’aipeurd’oubliersonvisage»,dit-ildoucement.«Seth...»Jenesaispassijedoisleserrercontremoiounon,alorsjem’appuieunpeupluscontre

lui.«Çava.Ҫafaitquequelquessemaines,tusais,etjelasensdéjàdisparaître.»Jenedisrien,parcequejenesuispassûrqu'ilveuillequejeparle.«Jepensaisquec’étaitdurquandelleétaitentraindemourir,maisdevoirluidireadieuaprès...

c’estlepire.»

«Tun’espasobligédedireadieu»,dis-je.«Chaquejour,jedoismerappelerqu'ellen’estpluslà.Jemelèveetjepenselatrouverdansla

cuisineentraindefairedesmotscroisés.Oudecuisiner.OudedanseravecJoeyetMellie.Ouavecmoi.»Ilsourit.«Elleadoraitmettredelamusiqueetdanser.»

Ilattendtandisquejefeuillettel’album.Jevoismonpèresurpasmaldephotos.Etcelameprovoqueunedouleurdanslapoitrinedontjen’arrivepasàmedébarrasser.

«Jen’arriveplusàmerappelerdesavoix»,murmure-t-il.«Jeveuxentendresavoix,TanteSky.»Savoixsebrise,etilappuiesonfrontsurmonépaule.Unfrissontraversesoncorps.

Etmerde!Jemeretourneetleprenddansmesbras.Jenesaispascommentfaireparcequepersonnenemel’ajamaisfait.Ilmetirecontreluietsanglotesurmonépaule.

Quandilfinitparsecalmer,jeluitapedansledosetmeredresse.Jereprendsl'album,carilal'airmalàl'aise.«Lavieestcommeunlivre,Seth»,luidis-je.«Commel'albumphoto.Lespagessetournent,maisonpeutyreveniràtoutmoment,mêmelorsqueladernièrepageaétélue.Toutcequetuasàfaire,c’estd'ouvrirlelivreetdechoisirunepageàrelire.»Jenesaispassic’estvrai,maisçasonnebien.

«Situpouvaisrelireunepagedanstonlivre,tanteSky,laquelleçaserait?»,medemande-t-ildoucement.

«Celle-ci»,dis-je.Jerevivraiscelle-cijusqu’àplussoif.Jeprendssamaindanslamienneetlaserrefort.Ilnelaretirepas.

M

30

att

JETIRESURMACRAVATE,essayantdedesserrercettesaloperie.Jedétesteporterlacravate.Loganpassesatêtedanslapièce.«Tuesbientôtprêt?»demande-t-il.

LoganportedesvêtementsMadisonAvenue,quelamèred'Emilyaenvoyépourchacundenous.Samèreaimebiennoushabiller.Etcommelasociétéappartientàsonpère,nousenprofitonsaumaximum.OndiraitqueLogans’estéchappédelapaged’unmagazine.«DisàEmilydevenirattachercettechose,tuveuxbien?»demandé-je.Ilhochelatêteetvalachercher.

Elleentredanslapièce,etelleesttoutsimplementsplendide.C’estunemerveille.Engénéral,elleestenbottesdecombatetenjean.Jemesouviensquandjel'airencontréeetqu’elleportaitunetenued'écolièrecatholiquetouslesjoursetavaitunemèchebleuedanslescheveux.Là,ellemarcheentitubantjusqu’àmoisursestalonsdedixcentimètres.«Tuessûrdevouloiralleràcemariage?»demande-t-elledoucementencommençantànouermacravate.

«Jenevoispaspourquoijen’iraispas»,dis-je.Jeregardesespieds.«Tuessûrequetudoisportercestalons-aiguilles?Etsitutecasseslafigure?»

Ellerenifle.«Jesuisenceinte,Matt,pasmourante.Arrêtedetefairedusouci.Jetejure,tuespirequeLogan.»

«Tuneveuxpasmettredeschaussuresmoinshautes?Jemesentiraismieux.»Elleserremacravateautourdemoncou.«Depuisquanddois-jemesoucierdetefairesentir

mieux?»demande-t-elle,maisellemesouritgentiment.«Depuistoujours.Tuascommencéàm’aimerlejouroùtum’asrencontré.»«Tuveuxdirequandtuvomissaistripesetboyaux?»melance-t-elle.Elleestlaseulequisavaità

quelpointj’étaismaladeàl'époque.Oudumoinsc’estcequejepensais.Enfait,tousmesfrèressavaient,maisilsnevoulaientpasmelemontrer.

«Tum’avaisapportéunseau»,luirappelé-je,etjesourisenyrepensant.«Etdugingerale.»«Ettut’esblottiecontremoisurlecanapé.»Ellemeregardedanslesyeux.«Etjeleferaisencoresitumelaissaisfaire.»«Em,»dis-jeengémissant.Ellelèvelamainpourm’arrêter.«J'aicompris.Vraiment.»Jelafixe.«Tuenessûre?»Ellehochelatête.«Oui.Etjesuistropheureusepourtoi!»,dit-elledoucement.«Quandest-ceque

tuyretournespourtesanalysesdesang?»demandet-elle.Elleestlaseulequim’aitposélaquestion.«Lemoisprochain»,dis-je.«Commenttulesavais?»Jelaregardetoutendéplaçantdesobjetssur

macommode.Jeveuxjusteavoirlesmainsoccupées.Jedétesteparlerdecancer.Jedétestequ'ilprenneautantdeplacedansmavie.

Ellehausselesépaules.«Jeteconnais,Matt»,dit-elle.«Tuveuxquejevienneavectoi?»Jesecouelatête.«C’estjusteuneprisedesang,Em»,dis-je.Uneprisedesangeffrayante,uneprise

desangvitale,maisfinalement,justeuneaiguilledanslagrandebottedefoindelavie.Ellehochelatête.«D'accord»,dit-elle.«Maissituchangesd’avis,dis-lemoi.»«D’accord.»«Alors,tuasparléàSkyd’April?Ellen’yvapassanssavoir?»J'acquiesce.«Jel’aimiseaucourant.»«Etelleestd'accordpouralleraumariagedetonex?»«Discussionclose»,dis-je.Jeglissemonportefeuilledanslapocheintérieuredemaveste.«Discussionclose»,répète-t-elle.«Tuesprêt?»demande-t-elle.Ellemeregardedehautenbas.

«TuespresqueaussibeauqueLogan,tusais?»Ellemesourit,etjemetsmonbrasautourd'elleetsorsdelachambre.

«Lâchelamèredemonbébé»,ditLogan.Jerisparcequec’estlachoselaplusridiculequej'aiejamaisentendusortirdesabouche.«Essaye

demelafairelâcher»,nargué-je.Ilrit,etnousnousdirigeonsensembleverslaporte.Ilssontmaindanslamain,etmoijelessuis.

Nousavonsl’airtoutàfaitridicules,habilléscommeça,danslequartieroùnoushabitons,etjecrainsquenousnousfassionsagressersinoustraînonsunpeutrop.Maislepèred'Emilynousaprêtésonchauffeurcesoir.Etsalimousine.C’étaittrèsgentildesapart,etçamepermetdegâterunpeuSky.

Nousarrivonsàsonappartement.Ellem'aditdeluienvoyerunSMSquandnousseronspresquearrivés,pourqu’elledescendenousattendredanslarue,maisjenelefaispas.Jemonteàsonappartementetjefrappe.Sethouvrelaporte.«Ben,merdealors!»dit-il.«Tuessapé!»Ilsourit.«Tantmieux,parcequ’elleaussi.»

Ilserecule,etc’estcommes’ilouvraitlerideausurlecadeau-mystèredansleBigdil.Skysortdesachambreetsedirigeversmoi.Elleadestalonsencoreplushautsqueceuxd'Emily,etàcetinstantpréciscen’estplusunemère.C’estuneavocatechichabituéeàl'argent,etjenepourraisjamais,jamais,espérermehisseràsonniveau.

Ellemesiffle.«Tuesbeau»,dit-elle.Ellesedirigeversmoi,uncollierentortillésursesdoigts.Ellelemetdansmesmainsetmetourneledos.«Tuveuxbienmemettreça?»demandet-elle.Ellesoulèvesescheveux,quinesontplusretenusdanssonhabituellequeuedecheval,etquiformentdesvaguessophistiquéesdanssondos.Elleporteunerobemoulante.Jesaisquej’aidéjàvutoutcequisecachesouscetterobe,maisc’estmabitequiestcontentequandellemetournedos!

J’attachesoncollierautourdesoncouetmepenchepourembrassersapeaudouce.Elleronronneetsetourneversmoi.«Merci.»

«Jesuistropcontentquetusoislà»,ditSeth.«J’aidûregarder452robes.Etunefoisqu'elleachoisiunerobe,ilafalluqu’ellefasseladansedelachaussure.»

Jehausselessourcilsenleregardant.«Ladansedelachaussure?»Ilposeunpiedsurlesoletsetientcommeunflamantrose.Ilimiteunevoixdefille.«Cette

chaussure,oucettechaussure?»demande-t-ilenpassantd’unpiedsurl’autre.Skyritetpoussesonépaule.«J’étaispassimauvaisequeça!»Sethroulelesyeuxetvasejetersurlecanapé.MellieetJoeysontparterreentraindejoueraux

Barbies.«Tuessûrqueçavaaller,Seth?»demande-t-elle,maisilsouritettapequelquechosesurson

téléphone.«Seth!»crie-t-elle.Illèvelesyeux.«Quoi?»Ellerouledesyeux.«Tuessûrqueçaira?»Ilpasseunbrassurledossierducanapé.Cegarçonestunmaigrichontoutenbrasetenjambes.«Ҫa

iratrèsbien»,dit-il.Ilretourneàsontéléphone.«Appellesituasbesoindequelquechose,d'accord?N’importequoi.»«D'accord»,dit-ild'unairabsent.Quelquechoseestentraindesetramer,maisjenesaispasquoi.«Tufaisvenirquelqu’uncesoir,Seth?»demandé-je.Illèvelesyeux,etsesjouesrosissent.«Non,ellenepeutpasvenircesoir.»Ilneréalisepastoutde

suitesonerreur.Puisilsedépêchederajouter.«Jeveuxdireil.Paselle».Jeviensdecomprendre.Ilvoulaitfairevenirunefille.«Pasdefilles»,ditSky.«Jenesuispasencoreprêteàêtregrand-mère.»Sethnelèvepaslesyeuxdesontéléphone.«Seth!»crieSky.Illèvebrusquementlatête.«Quoi?»«Pasdefillesquinesoientpastessoeursdanslamaison.Tum’entends?»Illasalue.«Jet'entends.»EllevaembrasserJoeyetMelliesurlefront,etjemedirigeversSeth.«Tuasentenducequ'ellea

dit,hein?»demandé-je.Ilal'airunpeucontrit.«Oui.»«Bon.»Jepointemondoigtverslui.«Alorssoissage!»«Toiaussi»,dit-ilensouriant.«Vousrentrezàquelleheure?»Skyouvrelabouche,maisjelacoupe.«Dansdeuxoutroisheures.»«C’esttout?»demandeSky.J'acquiesce.Maiscen'estpastout.Jelapousseparlebasdudospourlafairesortiraprèsqu'elleait

embrasséSethsurlefront.Ilfroncelenez,puisretourneàsontéléphone.«Vraiment,seulementdeuxoutroisheures?»demande-t-ellequandlaporteseferme.«Non»,dis-je.«J’aiditçapourqu’ilnesachepasàquelleheureonrentre.Ilseramoinstentéde

fairevenircettefille.»Ellesourit.«Oh!Trèsbonneidée!»«Troisfrèresplusjeunes»,luirappelé-je.Jelaregardedehautenbas.«Tuessibelle!»dis-je.Sesjouesdeviennenttoutesroses.«Merci»,dit-elle.Ellebaisselatête.«Tuauraispusimplement

m’envoyerunSMSquandtuesarrivé.Jet’auraisrejointenbas.»«Mamèreseretourneraitdanssatombesijenevenaispastechercheràtaporte.»C’estlavérité.

Elleauraitdétesté.J'ajustemonveston.«Elleaélevécinqgentlemen.»Jelèvelenezenl'air,commeunidiot.

Skymeregarde.«Oui,jepensequec’estcequ'elleafait»,dit-elledoucement.Jepasseunbrasautourdesatailleetlatirecontremoitandisquelesportesdel'ascenseurse

ferment.Jeposemeslèvressurlessiennes.«Jevaisenlevertonrougeàlèvres»,avertis-je.«J’enaiuntube»,souffle-t-elledoucement.Puisellepassesesbrasautourdemoncouet

m’embrasse.Jepalpesonculetlasoulèvecontremoi.Ҫanesemblepasluidéplaire.Ellefaitunpetitbruitcontremeslèvresquimevadroitaucœur.

Lesportess’ouvrentetjemerecule.Elleessuiemeslèvresavecsonpouce.Jeprendsmonmouchoiretlepassesurmonvisage.«Ҫava?»demandé-je.

J'essuielecoindesaboucheàl’endroitoùj’aibarbouillésonrougeàlèvres.«Etmoi?»demandet-elle.

«Magnifique»,dis-je.

Jeprendssamainetlafaitsortirdel'immeuble.Elleesttellementbellequejeveuxquelemondeentierlavoie.Etcequirendletrucencoremeilleur,c’estqu’elleestàmoi.

Ellesefigequandellevoitlalimousine.«C’estpournous?»demandet-elle.Jehochelatêteetlafaitentrerdanslavoiturequandlechauffeurouvrelaporte.Elleseglisseàcôté

d’Emily,etEmluipasseunecoupedechampagne.Ellelaprenddansunemain,etposel’autresurmajambequandjem’assiedsàcôtéd'elle.Sesdoigtsdessinentlentementdescerclessurmacuisse.Jeposemamainsurlasiennepourqu'ellearrête.Ellemeregarded’unairconfus,maisilsuffitqu’ellemetouchepourmefairebander.

Assisàl’autreboutdelavoiture,Logansemarre.«Laferme!»dis-jeensignantenmêmetemps.Ilritunpeuplusfort.

S

31

kylar

APPAREMMENT,Mattconnaîttoutlemondeàcemariage.Ҫasepassedansunhôtelhuppé,etc’estvraimentbeau.Lamariéeestbelle,etj’aimêmeeuleslarmesauxyeuxquandelles’estavancéedansl'allée.Mattn’apasarrêtédesetortillerpendanttoutelacérémonie,maisçadoitêtreparcequ'iln'apasl'habitudedeporteruncostume.Maintenant,c’estlaréception,quiestundînerassis,ceàquoijenem’attendaispas.Etpuis,ilyalebal.Mattmeprésenteàdesgensàmesurequ’ilsavancent.Ilyenatellementquejen’espèremêmepasmesouvenirdeleursnoms.

Letémoinporteuntoastquifaitsetordrel’assistancederire,etmêmeMattglousseetlèvesonverreendirectiondesmariés.Ilsepencheversmoietmurmureàmonoreille.«Lanuitdernière,tuasfaitcebruitautéléphonequejenepeuxpasmesortirdelatête»,dit-il.

Monventrepalpite.«Quelbruit?»demandé-je.Jemepencheetl’embrassesurlajoue.Jenepeuxpasm’enempêcher.

«Jenepeuxpasledécrire»,dit-ild'unairabsent.«Maisc’étaitquandtuasjoui.»Jem’étouffeavecmapropresalive,etçalefaitrire.Samainseposesurmacuisse.«J’aienviedel'entendreencoreunefois»,dit-ilensoufflantsesmotsbrûlantsàmonoreille.Jeposemamainàl’intérieurdesacuisseetlafaitglisserunpeuplushaut.C’estungesteosé,mais

çavabienaveccequ’ilvientjustedemedire.«Arrêtedem’allumer»,avertis-je.«Quiest-cequiallume?»demande-t-il.Ilmeregardedanslesyeux.«Tuvasrestercesoir?»demandé-jeenhaussantlessourcilsd’unairinterrogateur.Ilsecouelatête.«Seth»,dit-il.«Etmaintenant,quic’estquiallume?»demandé-je.Jemepencheverslui,etmapoitrinetoucheson

bras.Iltendundoigtpourendessinerlecontour.Jeserremesjambespoursoulagerlespalpitationsdouloureusesquiviennentdesurgir.

Ilselèveetprendmamain,puismetiresurmespieds.«Allez»,dit-il.«Oùallons-nous?»demandé-jetandisqu’ilmetraînederrièrelui.Jecourssurlapointedespieds

dansmeschaussurestrophautes.Ilneralentitpas.Nousempruntonsuncouloir,etilessayed’ouvrirtouteslesportesjusqu'àcequ'ilentrouveunequisoitdéverrouillée.Quandelles’ouvre,ilmetireàl'intérieuretmepousseimmédiatementcontrelemur.C’estuneréserve.Etjem’enfiche.

«J’aienvied’entendreencorecebruit»,dit-ilcontremeslèvres.Unmillierdepapillonsprennentleurenvoldansmonventre.«Maintenant.»Ils’arrêteetscrutemonvisage,sesdeuxmainsencadrantmesjoues.«Tuesd'accord?»demande-t-il.«Dis-moisitunel’espas.»

Jehochelatête.Jenepeuxmêmepasparler.Mattsoulèvemajupe,laretroussantjusqu'àcequ'ilarriveàmaculotte.Ilpassesesdoigtsdedanset

lafaitglisserlelongdemesjambes.Ellependsurunedemeschevilles,etillalaisselà.Ҫam’estégal.Ildébouclesaceintureetbaisserapidementsafermetureéclair,puisilmetlamaindanslapocheintérieuredesonmanteauetensortsonportefeuille.Ill’ouvreetprendunpréservatifqu’ilouvreavecsesdents.Illefaitroulersursaqueueavecunegrimace,puisilmesoulève,etj’enroulemesjambesautourdesataille.

Ilmeregardedanslesyeuxtandisqu’ilm’abaissesurlui.Mondosestappuyécontrelemur,etunedesesmainsagrippemesfessesnues,m’ouvrantàsapénétration,tandisquel’autreestappuyéeàcôtédematête.Ilentreenmoilentement,sesyeuxbleuscherchantlesmienstandisqu’ilm’empale.MonDieu!Jemesenscombléedanstouslessensduterme.Ilnes’arrêtequelorsquenoscorpssetouchentàlabasedesonpénis.

Puisilcommenceàbouger.Seslèvrestouchentlesmiennes.«Putain,qu’est-cequejet’aime!»dit-ilcontremeslèvres.

Jenepeuxpasparler.Jenepeuxpaspenser.Mattmepilonne,etj'ajusteunpeumeshanchespourenprendreunpeuplusàchaquepoussée.

«Ouais,c’estcebruit!»dit-il,tandisquelesoufflememanque.Ilretirelamainquej’aiappuyéesursonépauleetlatireverslebas,làoùnousnousrejoignons.«Frotte-toilachatte,Sky»,dit-il.

«Jen’aipasbesoindejouircommeça»,dis-je.«Moij’aibesoinquetujouissescommeça»,dit-il.«S'ilteplaît.»Sonfrontestappuyécontrele

mienetjepeuxsentirtoutessesinspirationsetsesexpirations.Nouspartageonslemêmeair.Jetendslamainentrenousdeuxetserrelabasedesaqueuetandisqu’ilseretire.Ilnebougeplus.

«J’ysuispresque»,prévient-il.Ilmerépèteengrognant:«Frotte-toilachatte,Sky.»Jetendslamainverslebasetfrottemonclitoris.Jesuisdéjààlalimitedejouir.J’ensuistrès

proche.Ilmecaressedel'intérieurtandisquesongrandcorpspuissantmemaintientfermementcontrelemur.Monclitoestduretsensible,etjelefrotterapidement.LesgrognementssauvagesdeMattàmonoreillerésonnentaurythmedemescaresses.Ilssontrapidesetrauques,etjelesenstoutàcoupgicleràl’intérieurdemoi.Mattgrogneetpousseàfondtandisquejemeresserreautourdelui,absorbantsonorgasme.Ils’arrêteetcontinueàpalpiteràl'intérieurdemoi,seslèvresdoucesposéessurmatempe.

«Sky»,souffle-t-il.«Quoi?»murmuré-je.«Jet’aifaitmal?»demande-t-il.Ilreculeenfronçantlessourcils.Jesuiscontentequ’ilmepose

cettequestion.«Non,tunem’aspasfaitmal.Tum’asfaitjouircommeunedingue,parcontre.»gloussé-je.Jene

peuxpasm’enempêcher.Rienn'ajamaisétéaussibon.Jamais.«Moiaussi.J’avaisl’impressionquemesorteilsallaientmesortirparlagorge.»Ilglousse.

J’enlèvemesjambesdesondos,etilm'aideàmeredresser.Meschaussuressonttombées,doncjesuispiedsnussurlesolenlinoléum,etçam’estégal.Maculottependtoujoursautourdemacheville.

Jefrottemescuissesl’unecontrel’autre.Quelquechosen’estpasnormal.«Matt»,dis-je.«Mmm»,dit-ilenôtantlepréservatif.Ilmeregarded'unairpenaud.«Onrisqued’avoirun

problème.»«Pourquoijesuistoutemouillée?»demandé-je.Plusmouilléequejenedevraisl’êtresiçavenait

seulementdemoi.Iltiresurlepréservatifetlebrandit.«Lacapotes’estdéchirée»,dit-il.Moncœurs’affole.«Quoi?»«Ben,ouais»,dit-il.Cequim’étonneleplusc’estquelefaitqu’ilviennedejouiràl'intérieurdemoinemepaniquepas.

Paslemoinsdumonde.«Toutvabien,Matt»,commencé-je.«Jesais.»Ilsoupireetjettelepréservatifdansunepoubelle,lerecouvrantaveclesordures

présentesàl’intérieur.«Jetel'aidit.Ilfaudraitunmiraclepourquejetemetteenceinte.Etonm’afaittouslestestspossiblesetimaginablesquandj'étaismalade.Tunerisquesrien.»

«Jenem’inquiétaispas»,dis-jecalmement.Jeveuxpasserlerestedemavieaveccethomme.Ilrattachesaceintureetremontesafermetureéclair.Puisilsepenchepourdécrochermaculottede

macheville.Ilesttoutàcouptrèscalme.Pluscalmequejenelevoudrais.Jenesaispasquoiluidireparcequejenesaispasàquoiilpense.«Tuveuxallertenettoyer?»demande-t-il.

J'acquiesce.«J’enaibienbesoin.»Ilmetendmaculotte,etjelafourredansmapochette,quej’avaislaissétomberquandilm'avaitpousséecontrelemur.Ilmeglissemachaussureetjel’enfile.Ilrépèteleprocessusdel'autrecôté.Ilmeregarded’enbasetpasseunemainsurmajambe.

«Matt»,dis-je.Maisilmeprendlamainetmeconduitauxtoilettesdames.Ilembrassematempeets’yattarde,soufflantlégèrementàcôtédemescheveux.

«Jevaist’attendredanslasalledereception»,dit-il.«Ok?»Ilestsicalme,soudain.Jehochelatêteetentredanslestoilettes.J’entredansl’undesWCetm’effondre.Mesgenoux

tremblentencore,etpasseulementparcejeviensd’avoirdesrapportssexuelscontrelemurd’uneréserve.J’aipeurcarjenesaispascequisepassedanslatêtedeMatt.Jenesaispascequesignifiecesoudainsilence.

Jemenettoie,etjusteaumomentoùjeremontemaculotte,laporteducouloirs’ouvre.Desriresdefemmesemplissentlapièce.«C’estincroyablequ’ill’aitemmenée,non?»demandeunevoix.

«JenepeuxpascroirequeMattaiteulecrandevenir,etencoremoinsavecunefemme.Peut-êtrequ'iln’estplusamoureuxd’April.»

«MattnepourrajamaisoublierApril.Pasaprèscequ'elleafait.»«Alors,c’estquisacopine,d’aprèstoi?»«Justeunefille»,ditlavoix.«Quelqu'unquinecompterajamaisautantqu’Aprilpourlui.»Elle

renifle.«Ilyatellementdechosesentreeux.»AprilestlafillequiabrisélecœurdeMatt.Monestomacseserre,etjedoisclignerdesyeuxpourchassermeslarmes.Mattm'aamenéeicipourregarderApril,lafemmequ'ilaimaitplusquetout,semarier.Etilnemel’a

mêmepasdit.JesorsduWCquandj’entendslesvoixs’éloigneretlaporteserefermer.J’arrangemonmaquillage

etessuiemonfront.J’ail’impressionquejeviensderecevoiruncoupdepoingdansl'estomac.Maisjenepeuxrienyfairepourlemoment.

Jereviensdanslasallederéception,etjevoisEmilyassiseàlatable.MattetLoganparlentavecunpetitgrouped'hommesqu'ilsconnaissent.Jem’assiedsàcôtéd'elle,etellemeregardedehautenbas.«Oùétiez-vouspassés,touslesdeux?»demande-t-elleensouriant.

«Dansuneréservedanslecouloir,oùilm'abaiséecontrelemur»,dis-je.Emilysefige.«Jenesaispaspourquoi,maisjepensequecen’étaitpasaussibienqueçaenal’air.

Quelestleproblème?»EllesetourneversMattcommepourattirersonattention.Jefrappesurlatable,etelleregardemamain.«Apriln'apasl'airderegretterdutoutcequ'elleafait

àMatt»,lancé-je.Jeguettesaréaction.«Oh!»souffle-t-elle.Elleposeunemainsursapoitrine.«Jen’étaispassûrequ’ilt’enaitparlé.»Jesouris.«Ilm'enaparlé.»Ilm'aparlédelafillequiluiabrisélecœur.Ilajusteoubliédemedire

quec’étaitApril.«Pourquoipenses-tuqu’ilaitvouluvenircesoir?»demandé-je.J’avaleunegorgéedel'eau.

Ilm’adit“Ladiscussionestclose”.Elleregardeversl'endroitoùAprildanseavecsonnouveaumari.

«Ill'aimaitvraiment,hein?»demandé-je.Jeprendsuntondécontracté.«Illuiamêmeécritunelettrequandilétaitmourant.Ilm'afaitpromettredelaluidonner.Je

préféreraisbrûlerenenfer.Maisilmel’afaitpromettre,parcequesesfrèresavaientrefusé.»Jesourismêmesijehurleàl’intérieur.Matts’approchedelatableetprendmamaindanslasienne.«Viensdanseravecmoi»,dit-il.Jehochelatêteetlelaissemetirersurmespieds.Ilyaunslow,etilmeconduitsurlapistededanse

puismeprenddanssesbras.«Quelquechosenevapas?»demande-t-il.Jesecouelatêteetluisourit.Ilfroncelessourcils.«Tuasdéjàfélicitélamariée?»demandé-je.Ilsecouelatête.«Pasencore.»Sonregardsedirigeversl'endroitoùelledanseavecsonnouveau

mari.Jenousguidedanscettedirection,puisjemelibèredesesbras.Jemeretourneetposemamainsurlebrasdumarid’April.

«Puis-jevousinterrompre?»dis-jeavecungrandsourire.Ilbaisselesyeuxverssafemme,etellehausselesépaules.PuisilvoitMattàcôtédemoietsonsouriredisparaît,pourréapparaîtreaussitôt.

«Matt»,dit-il.Mattluifaitunrapidesignedetête.Commes’ilcomprenait,lemariépasselamariéeàMatt,etcommenceàmefairedanser.Jeregarde

ducoindel'œiltandisqueMattditquelquechoseàApril,puisillaprendàcontre-coeurdanssesbras.Ilmelanceunregardmauvaismaisjeconsacretoutemonattentionaumarié.

«Ilsontvécutantdechoses…»ditlemarié.«C’estcequ’onm’adit»,réponds-je.«C’esthypercourageuxdevotrepartdelaluimettredanslesbras.»«Ouais,jesais»,dis-je.«C’estfinientreeux,voussavez?»,dit-il.Jejetteuncoupd’oeiletlesvoisparlerendansant.«Non,pasvraiment.»Ilpousseunsoupir.«Jesais»,dit-il.«Çanevousdérangepas?»Jesecouelatête.Putain,çametue.Lachansons’arrête,etjetournelestalons.Jedoissortird'iciavantdem’effondrer.Jecourspresque

danslecouloirquimèneàlasortie.Jesautedansuntaxiquiattendaitdevantl’immeuble,etdonneauchauffeurl'adressedel'appartement.Maisjeneveuxpasrentreràlamaison.Quandest-cequel'appartementaveclesenfantsestdevenuelamaison?Jenesaispas,maisill’est.MaisjesaisqueMattvayalleretm’yattendre.

Jeprendsmontéléphoneetcomposeunnuméro.«Hé,papa,»dis-jequandildécroche.«Sky?»demande-t-il.«Est-cequetuvasbien?»«Oui,oui»,mens-je.«Jevaisbien.Jesuisunpeugênée,maisj’aiunpeutropbu.Est-cequetu

pourraisvenirgarderlesenfantscesoir?Jevoudraisalleràmonappartetm’effondrerlà-bas.»Paparestesilencieuxuncourtinstant.«Tuveuxquejeresteaveclesenfants.»«Ҫanetedérangepas?»J’appuiematêtecontreledossierdusiège.«Sic’esttropcompliqué,

laissetomber.»«Cen’estpastropcompliqué»,s’empresse-t-ildedire.«J'yvais.J’yvaistoutdesuite.»«Mercipapa.Envoie-moiunSMSquandtuarriveraslà-bas,s’ilteplaît,pourquejesachequetout

vabien,ok?»«Sky»,dit-ild’unevoixhésitante.«Est-cequetoutvabien?»«Jevaistrèsbien,papa.Vraiment.Envoie-moiunSMSquandtuyseras.Jedoisyaller.»Je

raccroche.Etàcemoment,àcemomentseulement,jemelaissealleràpleurer.

M

32

att

BORDEL,maispourquoia-t-ellefaitça?Uninstant,jetiensSkybienauchauddansmesbras,etl’instantd’aprèsjetiensApril.PourApril,peuimporte.MaislefaitqueKennytiennemaSkydanssesbrasmedéchiredel'intérieur.

«Jesuiscontentequetusoisvenu»,ditAprildoucement.Jelaregarde,etelleclignesesjolisyeuxbrunsenmeregardant.Ilfutuntempsoùjepouvaisme

perdredanssonregard.Putain,jemesuisperduenelle.«Jesuiscontentquetum’aiesinvité,»dis-je.Jesuiscontent.Jenepensaispasquejeleserais,maisjelesuis.Parcequecequiaexistéentrenous

estmaintenantdel’histoireancienne.«Penses-tuqu’onpourraêtreamisunjour?»demandet-elle.Jenepeuxpasrépondreàcettequestion.Jenevoispastropcomment,maissijeleluidisais,je

risqueraisdeluifairedelapeine.«J’aimeraisaumoinsqu’onnesoitpasennemis»,dit-elle.J'arrêterdedanser.«Jenepensepasquetucomprennes.Ilfaudraitquejemesouciedetaviepour

queçaaituneimportance,etjenepeuxpasvraimentdirequec’estlecas.»«Ҫal’aété»,dit-elle.Lesgensnousregardent.«Ҫal’aété,etpuistuaspiétinémonputaindecœur.Ilm'afalludutempspourreprendreledessus.

Beaucoupdetemps.Etpuisj’airéaliséquelquechose:j’étaisamoureuxdel’idéed’êtreamoureux,plusquejen’étaisamoureuxdetoi.»

Elleravaleunpetitcridesurprise.«Jeneveuxpasteblesser.Sinon,jel'auraisfaitbienavantça,jelejure.Maiscequejeressentais

pourtoin’étaitpasassezfortpourdurertouteunevie.Jelesais,maintenant.»Jesaisissesavant-bras.«Mercidem’avoirquitté.Ҫamefaitplusplaisirquecequetupeuximaginer.Parcequecequ’ilyavaitentrenousn’étaitrienencomparaisondecequejeressenspourquelqu'und'autre.Donc,situm’asinvitéicipourêtresûrquetuavaisencoreunquelconquepouvoirsurmoncoeur,laisse-moiteconfirmerquecen’estpaslecas.»Jelarepousse,alorsqu’elleesttoujoursentraindeprotester.«JedoisallerretrouverSky.»

«Matt»,ditApril,ens’accrochantàmonbras.«Attends.»Jemeretourneverselle.«Jen’aipasfaitexprèsdetomberamoureusedelui»,dit-elle.

Jem’approched'elle.Jenedevraispasfaireça,etjeneleferaispassijenepensaispasqu'elleavraiment,vraiment,besoindesavoir.Maisilyadéjàdesbruitsquicourentdanslafoule.Elleestla

seuleànepaslesavoir.Jemepencheverssonoreille.«Jesuisdésoléquetusoistombéeamoureusedelui.Iln’estpasfaitpourtoi.»

«Ettoi,tul’étais?»ricane-t-elle.Jejettematêteenarrièreetéclatederire.«Non.Maisunechoseestsûre.Jenet’auraisjamais,

jamaistrompée.»Jefermelesyeuxetmeconcentreenprenantuneprofondeinspiration.«Ilabaisétademoiselled'honneurlanuitdernière»,lancé-je.

«C’estbas,Matt.»«Ilcoucheavecelledepuissixmois.Toutlemondelesaitsauftoi.»Etjelalaisseplantéeaumilieu

delapistededanse.Jepeuxpresquelasentirderrièremoi,dévastéeetbrisée.Sadouleurirradiedanslesairs,maisjene

m’arrêtepas.J’ailecœurlourdenrevenantàmatable.Luifairedumaln’étaitpasaussilibérateurqu'onauraitpu

lepenser.Jeprendsmavestesurledossierdemachaiseetl’enfile.«VousavezvuSky?»demandé-jeàEmilyetLogan.Ilsmeregardenttouslesdeux,labouchegrandeouverte.

Emilyréagitlapremièreetjetteuncoupd’oeildanslasalle.«Elledansaitaveclemariéilyauneminute.»

Mais,putain,c’étaitquoi,ça?signeLoganavecvéhémence.Ilneparlepas.C’étaitlaconclusion,signé-jeenretour.Vousêtesprêtsàpartir?Rejoignez-moidehors.Jevais

chercherSky.Jemarchedanslasalledebal,cherchantduregardlarobebleueassortieàsesyeux.Jechercheson

parfum.Jetendsl’oreillepourentendrelesondesavoix.Maiselleadisparu.Ellen'estpluslà.Jefinisparmeretrouveràl'extérieur,etunvoituriers’approchedemoi.«Taxi,monsieur?»

demande-t-il.Jesecouelatête.«Jechercheunefemme»,dis-je.Jelèvemamainpourindiquersataille.«Une

petiteblondeavecunerobebleue.»«Oh,oui,monsieur,»dit-ilenhochantlatête.«Jel'aimisedansuntaxiilyaquelquesminutes.»«Untaxi?»répété-je.«Ouimonsieur.Elleallaitdanslenorddelaville».«PourquoiSkyirait-elledanslenorddelaville?»medemandé-je.«Sonappartementestausud.»

Maisiladûm’entendre.«Elleétaitunpeucontrariée,monsieur,»dit-il.«Pourquoiétait-ellecontrariée?»Jeserresonépaule.Ilhausselesépaules.«Ҫa,jen’ensaisrien,monsieur»,dit-il.Loganmefaitsignedevenir.IlmontedanslalimousineavecEmily,etjemepencheàl'intérieur.«Je

nepeuxpasencorepartir.JenesaispasoùestSky»,dis-je.«Montedanslavoiture»,ditEmily.«Nousdevonspartird'ici.»Jemonteetlavoituredémarre.«Levoiturieraditqu'elleallaitdanslenorddelaville.»«Qu'est-cequetuluiasfait?»demandeLogan.Emilymedonneuncoupdepoingdansl'épaule.«Sérieusement,tunepouvaispasattendrederentrer

pourfairel’amouravecelle?Ilfallaitquetulefassesaumariaged’April?»«Tuasfaitl’amouraumariaged’April?»demandeLogan.Ils’étouffeunpeu,alorsjeluidonneun

coupdepiedautibia.«Laferme!»grogné-je.«TuneluiaspasditquiétaitApril,n’est-cepas?»demandeEmilyd’unevoixdouce.«JeluiaitoutditsurApril»,protesté-je.«Dèsqu’ons’estrencontrés,jeluiaitoutditsurlafille

quim’abrisélecœur.»«Maisest-cequetuluiasditquec’étaitsonmariage?»ditsèchementEmily.«Est-cequetuas

prononcésonnom?»Jenepeuxpasrépondreparcequejenesaispas.Ellemefrappeànouveau.«Arrêtedemefrapper»,

marmonné-je.Jefrottemonbrasparcequ’ellem’afaitmal.«Jenesaispassij’aiprononcésonnom.»Jelèvelesmainsenl’air.Maisqu’est-cequejevaisfaire?

«Elleadûcomprendre»,ditEmily.«Etellem’aquestionnéependantquetun’étaispaslà.»Ellefermelesyeuxetgrimace.«Jepensaisquetuluiavaistoutdit.»

«Jel'aifait,maisj’aisautélapartielaplusimportante,apparemment.»«C’estungrosmalentendu»,ditLogan.«Tuvasallerlavoiretluiexpliquer.»«Jeluiaiaccidentellementparlédelalettre»,ditEmilytranquillement.«Quellelettre?»demandé-je.JeprendsmontéléphoneetenvoieunSMSàSky.Moi:Oùes-tu?Jefixeletéléphonecommes’ilcontenaitlessecretsdel'univers.«LalettrequetuasécriteàAprilquandtuétaisentraindemourir.Cellequetum’asfaitpromettre

deluidonnerquandtuauraispassél’armeàgauche.»Jehausseunsourcil.«Passél’armeàgauche?»«Partilespiedsdevant?RencontréleSaint-Esprit?Mangélespissenlitsparlaracine?»Elle

cogneànouveaumonbras.«Enquoiest-ceimportant?»«Pourquoituluiasparlédelalettre?»demandé-je.Jenesuispasencolère.Jesuisjuste

déboussolé.«Elleparlaitd’April.Etjevoulaisqu'ellesachecombienjeladétestais,doncjeluiaiparlédela

lettre.»Ellegémit.«Ҫaparaissaitlogique!»criet-elle.«Quepensais-tuqu’ilyavaitdanscettelettre?»demandé-je.«Unedéclarationd’amouréternelécritesurtonlitdemort...»dit-elle.Jerenifle.«Ok»,dis-je.«Disàtonchauffeurdememeneràl'appartement.Jedoisprendrequelque

chose.»«Etaprès?»demande-t-elle.«AprèsjevaischercherSky.»Ellesouritetmetapotelebras.«Bien.»J'espèrejustequ'ellevoudramevoir.Montéléphoneémetunbip.Sky:Jesuisrentréechezmoi.Laisse-moitranquille.Moi:Tunevaspasfuirettecacher.Pasmaintenant.Sky:Si.Moi:Jevienstevoir.Sky:Jenetelaisseraipasentrer.Moi:Jesuistrèspersévérant.Sky:Jesuistrèsblessée.Moi:Laisse-moiarrangerça.Sky:Tunepeuxpas.Moi:Si,etjeleferai.Jeleferai,mêmesic’estladernièrechosequejefaisdemavie.

S

33

kylar

MONAPPARTEMENTSENTlerenferméetl’absence.J'ouvreunefenêtreetregardepartout.C’esttroppropreettropvide.Iln'yapasdepoupéesquitraînent.Iln'yapasdejeuxdesociétéabandonnéssurlatabledelacuisine.Iln'yapasd'enfantspartout.Jedevraisêtreàlamaisonavecmesenfants.Maissij'yvais,jevaisdevoiraffronterMatt.

Jeprendsunedoucheetmetmonvieuxetmochepyjamaenflanelledevieillefille.Jenemetspasdemaquillageparcequemesyeuxsontgonfléset,detoutefaçon,j’aiunetêtehorrible.C’estpascommesijedevaisvoirquelqu'un.Mattnesaitpasoùestmonappartement.

Dansmoncongélateur,ilyaunlitredeglaceChunkyMonkeyetelleesttoujoursbonne.Jelaprendssansmêmesortirunbol.J’attrapeunegrossecuillèreàsoupeetm’installesurlecanapé.Jezappeleschaînesdetéléjusqu'àcequejetrouvequelquechosedestupide,quelquechosequinenécessiterapasdutoutderéflexion.

J'aimangéenvironlamoitiédupotquandontapeàmaporte.Jesursaute.Jenemelèvepas.Aucunedemesconnaissancesneviendraitici.

Montéléphoneémetunbip.Matt:Ouvrelaporte.Moi:Non.Va-t’en.Moncœurcommenceàs’emballer.Ilestlà.Merde.J’enlèvemespiedsdesousmoietperchemes

fessessurlebordducanapé.Ils’enirasij'attendsassezlongtemps.Ilfrappeànouveau,etjesursaute,laissanttombermacuillèresurlesol.Jemelèveetlajettedans

l'évierenpassant.Ellecliquètebruyamment.Jemedirigeverslaporte,appuiemonoreillecontreelle,etécoute.Jen’entendsrien.

Matt:Jeneparspas.Moi:Commenttum’astrouvée?Matt:Tonpèreaeupitiédemoi.Moi:Traître.J'entendsrireàtraverslaporte.Matt:Ilt’aime.Moi:Qu'est-cequetuluiasdit?Matt:Jeluiaiditquej’étaisunidiot.J'attends.

Matt:Ilétaitd'accord.Unsouriretirelecoindemeslèvres.Matt:Turis,hein?Jenerépondspas.Matt:S'ilteplaîtdis-moiquetunepleurespas.Moi:Nonplus.Rentrecheztoi,Matt.Matt:Toid'abord.J'entendsMattparlerdoucementàtraverslafentedelaporte.«Tudevraisrentreràlamaison,Sky.»Jemelaisseglisserparterre,etappuiel’arrièredemoncrânecontrelaporte.«Jenepeuxpas

rentreràlamaison»,dis-je.«Pourquoi?»demande-t-ild’unevoixdouce,etjepensequ'ilestassis,luiaussi,justedel'autre

côtédelaporte.«Parcequetuvasyaller.»Ilrit.«Jesuisici.»Jepousseunprofondsoupir.«Rentreàlamaison,Matt.Jesuisblessée,etjen’aipasenviedetevoir

pourlemoment.»«Cen’étaitpascequetucrois.Jepensaisquetusavaisquielleétait,etapparemmenttunelesavais

pas.Jen'aijamaiseul'intentiondeteblesser.»«Tul’aimestoujours,Matt»,dis-je.«Non»,proteste-t-il.«C’estfaux.Etjeleluiaidittrèsclairementquandtum'asforcéàdanseravec

ellecesoir.»«Tuluiasécrituneputaindelettrequandtuétaisentraindemourir»,dis-je.«Merde!»crie-t-il.«Cettelettremehanterajusqu'àlafindemesjours.»«Seulementparcequ'elleparledetesvraissentiments.»Ilrit.«Elleparledessentimentsquej’avaisquandjel’aiécrite.»Jecognel’arrièredemoncrânecontrelaporte.Jeveuxqu’onarrêted'enparler.«Jeveuxquetulalises»,dit-il.«Jen’aipasenviedelalire.»«Si,tuenasenvie.»J'entendsunbruissement,etuneenveloppeglissesousmaporte.IlyalemotAprilécritdessus.Jela

repousseverslui.Ilritetlapousseànouveauversmoi.«Jedoistedirequelquechose»,dit-il.«Quoi?»demandé-je.Jenetouchepaslalettre.Jelalaisselà,surlamoquette.«Seth,MellieetJoeycomptentsurtoi.Ilsneméritentpasquetuleslaisses.»C’estcommes’ilm’avaitdonnéuncoupdepieddanslapoitrine.«Jeneleslaissepas.»«Tuesicipourm’éviter,eteux,ilssontlà-bas.»Jenedisrienparcequ'ilaraison.Jelesailaissés.«Jem’envaistoutdesuitesiturentresàlamaison»,dit-il.«Ҫanemefaitpasplaisir,maisje

t’aime,etjelesaimeassezpourlaissertomberpourcesoirpourquetupuissesretournerauprèsd’eux.Ilsontbesoindetoi.Ettuasbesoind’eux.»

Leslarmesmebrûlentlesyeux,etjeclignedespaupièrespourleschasser.«Matt»,dis-je.«Tuliraslalettre?»demande-t-il.«Peut-être»,ronchonné-je.Ilrit,etj’entendsunreniflementdesoncôtédelaporte.«Tum’appellerasquandtuserasprête?»«Peut-être»,répété-je.«Varejoindrelesenfants,Sky.Jeteprometsdetelaissertranquille.Maislislalettre.Ҫapourrait

aider.»

Avectoutcequisepasse,ilpensequandmêmeàmesenfants.Monventrepalpite.Ilestjustedel'autrecôtédelaporte.Jepourraisl'ouvriretsauterdanssesbras,sijelevoulais.Maisjeneveuxpas.Jeresteassiselà.Jeresteassiselàjusqu'àcequej’aiemalauxfesses.Jeresteassiselàjusqu'àcequej’aidesfourmisdanslespieds.Jeresteassiselàjusqu'àcequelalettremenargueassezpourquejelaramasse.JeresteassiselàlongtempsaprèsqueMattsoitparti.

Jeprendslalettredansmamainetlabrandispourpouvoirvoirlenom.Cen'estpaspourmoi.C’estpourApril.C’estpourl'amourdesavie.

Jedéchirel’enveloppeetdéplielalettre.Elleestcourte,mêmepasunedemi-page.Jecommenceàlire.

TRÈSCHÈREAPRIL,Lorsquejet’airencontrée,j’aiimmédiatementeul’impressionquelesoleilselevaitets’installait

danstesyeux.Jesuisallémecoucherenpensantàtoitoutelanuit,etjemesuisréveillélematinenpensantàtoi.Nousavonseudetrèsbonsmoments,non?Jesavouraisleslonguespromenadesquenousfaisions.Ilmetardaitdeterevoirlesoiretdedormiravectoidansmesbras.

Puisj’aieulediagnostic.J’aisuquej’étaismalade,etquandj’aieubesoinquetusoislàpourmoi,tuascouchéavecmonmeilleurami.Tun'étaispaslàpourmetenirlamainpendantlachimio.Tun’étaispaslàpourm’aideràalleretàrevenirdechezledocteur.Tun’étaispaslàquandj’étaistellementmaladequejenepouvaisplustenirmatêtedroite.Tuétaisaveclui.Tuétaissousluietsurluietaveclui,aulieud’êtreavecmoi.

J’aidemandéàmesfrèresdetedonnercettelettreencasdedécès,doncsituesentraindelalire,c’estquejesuismort.J’aifinimavie,etmêmesituascontinuélatienne,j’aibesoindetedirecequejeressens.

Unhommebienpourraitvouloirsoulagertaconscience.Unhommebienpourraitvouloirtelaisserenpaix.Maislebienn'apasétéimportantpourtoi.Jetehais.Jedétestelefaitqueturespires.Jedétestelefaitquetusoisenvie.Jedétestelefait

quetupuissesrireetquetupuissesprocréeretmettreaumonded’autrestristesabrutisdetonespèce.J’espèrequetoncœurs’estserréquandtuaseucettelettre.Mesderniersmotsd’amour.

Hahahahahaha!Jesuismort,doncjepeuxdirecequejeveux.Etcequejeveuxdire,c’est:Jetehaisdetoutesmesforces.J'espèrequetuobtiendrasexactementcequetuméritesdanslavie.Avecmesplusprofondssentimentsdehaineetdemépris,MatthewReed

PS–JETEHAISTOUJOURS.

JEMETSmamainsurmabouchepourétoufferlebruitquiveutensortir.Jenesuispassûredecequec’est.Peut-êtreunrire.Peut-êtreuncridesurprise.Quoiqu’ilensoit,j’enailesoufflecoupé.Jemelèveetattrapemonmanteau.Jenem’habillemêmepas.J’enfilemonmanteauetdescendslesescaliersenpantoufles.Ilcommenceàpleuvoirfort,alorsj’appelleuntaxi,meglissededansetrentreàlamaison.Jeretourneauprèsdemesenfantsparcequec’estmaplace.Etiln'yaaucundoutedansmonespritquejeveuxretournerauprèsdeMatt.

Maisjepeuxattendrejusqu'àdemain.Ilétaitprêtàabandonneretàrentrerchezluipourquejepuissefairecequiétaitlemieuxpourmesenfants.Ilseraprêtàattendrejusqu'àdemainmatin.Jedoisparleràmonpère,detoutefaçon.EtjedoisallerregarderJoeyetMelliedormir.Etpeut-êtremêmeSeth.

M

34

att

J’ENTREDANSL'APPARTEMENT.J’auraisdusavoirqu'ilsseraienttousencoredebout.Iln'yavaitpasunechancesurmillequejerevienneàlamaisonsansêtrebombardédequestions.Un:ilyeulemariage.Deux:ilyaeuApril.Trois:ApriletSkyétaientdanslamêmepièce.Quatre:JemesuistapéSkydanslaréserve,contrelemur.

Merde.Paulvamecrucifier.Mesfrèressontéparpillésaumilieudesmeublescommedesbriquesd’unjeudeconstruction.Les

piedsdePetesontsurledossierducanapé,etlatêtedeSamestjusteendessousd'eux.Paulestdanslefauteuil,etLoganestétendutoutseulsurl'autresofa.Ilseredresseenpremieretéteintlatélé.Jeregardeverslecouloir.OùsontReaganetEmily?

«Nouslesavonsenvoyéesfairedubabyshopping.»ditPaul,enpassantunemainsursonvisage.Dubabyshopping?Ah,ouais!J’aiencoreoubliéqu’Emilyestenceinte.Loganestunsacréveinard.

Jesaisqueçaal’airmesquindel'appelercommeça,alorsqu’ildoitfairefaceàlasurditétouslesjours,maisquandmême.J’aisurvécuàunputaindecancer.Jedevraisbénéficierd’unavantage.Commelapaternité.

«Merci»,respiré-je.Jesuissiheureuxqu'ellesnesoientpaslà.Ellessontaussicurieusesquemesfrères,maispasaussisubtiles.

«Tuaspasséunebonnesoirée,ilparaît»,ditPaul.«Nousavonseuunpetitmalentendu.C’esttout.»Jevaischercherunebière,puism’assiedsàcôté

deLogan.«OùestSkymaintenant?»«J’espèrequ’elleestàl'appartementaveclesenfants.»«Logannousaditcequis’estpassé»,ditPaul.«Pasdechance.»JejettelacapsuledemabièresurLogan.«Tunepouvaispastelafermer,hein?».Jeplaisante.

Enfin,unpeu.Jelèvelesmainsenl’air.«C’estpascommesivous,vousn’aviezjamaisfaitl’amourdansdesendroitsbizarres.»

Paulfroncelessourcils.«L’amour?Quelamour?»Loganritauxéclats.C’estplusunaboiement.Maisjel'entends.«Ferme-la»,grogné-je,etjelui

donneuncoupdepieddansletibia.Ilritencore.«Jeneleuraipasparlédeça.»Ilmetsesmainsencornetautourdesaboucheetdit:

«Ilsel’estfaitedanslevestiaire.»

J’avaleunegorgéedebière.Unsouriretirelecoindemeslèvres.Bon,ilssontdéjàaucourant.«Danslaréserve,enfait.»

«Commentc’était?»demandePete.Jeluijetteunregardmauvais.«Occupe-toidetesfesses.»SambombeletorseetcommenceàimiterPaul.«Avez-vousutiliséunpréservatif?»Ilrit.Moinon.

Jenevaispasleurparlerdecettepartie,quoiqu’ilensoit.«Jetireàblanc,monpote.Onlesaittous.Jenepourraispaslamettreencloquemêmesijele

voulais.»«Tun’ensaisrien»,ditPaul.«Jelesais.Jesaisauplusprofonddemoiquejenepourraijamaisavoirmonpropreenfant.»Je

brandisundoigtenl’air.«MaisSkyenadéjàtrois,etilsonttousbesoind'unpapa,doncjesuisungarstrèsheureux.»

«Tul’esvraiment?»demandePaul.Ilfroncelessourcils.Ilattrapemongenouetleserre.«Tuvastecontenterdeça?»

J’avaleuneautregorgéedebière.«Ilvabienfalloir,non?»«Situveuxunenfant,monpote,ondonneratousduspermepourtoi.Onpourraittouslesmélanger,

commeçaonnesauraitpasquiestlepère.»ritSam.«Iln'yaaucunechancequejelaissel’undevousmettreSkyenceinte.Non.»Aucunechance.«Situasbesoindemonsperme,dis-lemoi»,ditSam.«Detoutefaçon,jen’aipasdecopine.Je

seraisheureuxdeparticiper.Donne-moiunmagazineetunepetitetasseenplastique.»Ilfaitungestegrossieravecsamain.

Cequiestmauvaisc’estqu'ilestàmoitiésérieux.N’importelequeld'entreeuxferaitçapourmoi,j’ensuissûr.«Jemecontenteraidesenfantsquenousavons.J'adoredéjàSeth,JoeyetMellie.»

«Est-cequetut’esquestionnésurlafaçondontlesgenslesperçoivent,etdontilsteperçoiventquandtuesaveceux?»demandePaul.Iljouel'avocatdudiable,j’ensuissûr,parcequenousn’avonspasétéélevéspourfairedesdifférencesd’aprèslacouleurdesgens.Nousvoyonslesgenscommeilfautlesvoir.

«Ҫanem’inquiètepas.Pasdutout.»C’estlapurevérité.«Jemesenstoutpetitàl'idéemêmed'êtreleurpère.»Jedoisdéglutirpourfairepasserlabouledansmagorge,maintenant.Paulserremonépaule.Ҫanem’aidepas.

«Donc,qu’est-cequis’estpasséaumariage?»demandeSam.Ilsefrottelesmainscommes’ilétaitexcité.

«Skyaeupeur.Elleafichulecampquandelleacruquej’avaisencoredessentimentspourApril.J’aidûallerchezelleetluiprouverquenon.»

«Est-cequ’Emilyt’asfoutulamerdeenparlantdelalettre?»demandeLogan.Ilgrimace.«Cettelettrem'asauvé»,dis-jeenriant.«Quellelettre?»SametPeteseregardent.«J’avaisécritunelettreàAprilquandj’étaismourant»,expliqué-je.Ilsnelesavaientpas.«J’enai

écritunepourchacund’entrevous.»Samlèvelamain.«Jeveuxlamienne.»«Non.»Jesecouelatête.«Jenesuispasmort,donctun’aspasdelettre.Faudrafaireavec.»«Emétaitaucourantpourleslettres,etpasnous?»demandeLogan.Ilfaitsemblantderetirerun

couteaudesapoitrine.«Elleapromisdelesdistribuerpourmoi.»Ilhochelatête.«Tuluiasfaitconfiance.Jesuiscontent.»«Elleestdignedeconfiance.»Jehausselesépaules.Ilsecontentedesourire.Samselèveets’étire.«Ehbien,sionneparleplusdegiclerdansunetasse,jevaismecoucher.»

«Moiaussi»,ditPete.Ilselèveetsortsesclésdesapoche.«EmilyvaraccompagnerReaganàlamaison.»

Loganposesespiedssurlesol.«Jeferaismieuxd’yallermoiaussi,alors»,dit-il.Iltiresurmaqueuedechevalenpassantderrièremoi.Puisilrevientetsecampeenfacedemoi.Jesuisheureuxpourtoi,signe-t-il.

Jeluisouris.Merci.Jedoisluiparlerdequelquechose.Demain,tucroisquetupourraismedessinerunnouveautatouage?

Tuasuneidéedecequetuveux?Jesaisexactementcequejeveux.Onenparlerademain.Ilhochelatêteetébouriffemescheveuxparcequ'ilsaitcombiencetteconneriemedérange.Ensuite,ilneresteplusquemoietPaul.«Jesuisvraimentfierdetoi»,dit-il.Jelèvelatête.«Qu’est-cequimevautça?»Ilhausselesépaules.«C’estmesexploitsdanslaréserve,c’estça?»Jetapotemapoitrine.«Tusais,j’aiuntalentfouen

lamatière.»Ilrit.«Tuasuntalentfoudanslavie,Matt.»Ilfermeunœiletmeregarde.«Tun’asjamaispenséà

alleràl'université?»Jesecouelatête.«J’aimecequejefais.»J’yréfléchisuneseconde.«Jepourraisavoiràprendre

mesrendez-vousunpeuplustôtdanslajournée,pourpouvoirêtreàlamaisonlesoir.»PaulfaitdéjàçaquandilaHayley.Iltravailletardunesemaineetrentretôtlasemained’après.

«Onsedébrouillera.»Ilhochelatête.«Quoiquetuaiesàfaire,ons’arrangerapourqueçamarche,commetoujours.»

«Merci.»«Tusaisqu’ellegagneplusquetoi,hein?»Jeris.«Ouais,jesais.»«Ҫatedérange?»«Qu'elleaitréussietqu’ellesoitinstruite?Non.Ҫanemedérangepasdutout.Tiens,peut-êtreque

resteraiàlamaisonetquejeseraisM.Maman.»«Tuseraistrèsbon.»Ilpenchesatêteenarrièreetfermelesyeux.«Ettoi?Tun’asjamaispenséàretourneràl'université?»demandé-je.Iln'amêmejamaiseula

chanced'yaller;ilétaittropoccupéavecnous.Ilhausselesépaules,l'airsoudainmalàl’aise.Iljoueavecunfilsursonjean.«Jamaistropeule

tempsd’ypenser.»Oh,ilyapensé,sij’encroissatactiqued’évitement.«Tudevraisyaller.Quandjepartiraipour

vivreavecSky,iln’yauraplusquetoietHayleyici.Tunesaurapasquoifairedetoutecettetranquillité.»

Ilrenifle.«Commesijepouvaisunjourmedébarrasserdevous,lesmecs.Vousêtestousiciplussouventquechezvous.»

«Jepeuxtedemanderquelquechose?»dis-jedoucement.Jeneveuxpasmemêlerdesesaffairespersonnelles,maisjenepeuxpasm’enempêcher.

«Tupeuxtoujoursdemander.Jeneprometspasquejevaisrépondre.»«Qu'est-cequisepasseentretoietFriday?»Ilgémit.«Rien.Pourquoi?Qu'estcequ'ellet’adit?»Jelajouedécontracté.«Ellenem'ariendit.C’estjustequ’ilyacettesortedetensionquandvous

ensembledansunepièce.Qu'est-cequetuluiasfait?»«Jel'aiembrassée»,laisse-t-iléchapper.

Jem’étrangle.«TuasembrasséFriday?»Jecognemonpoingcontremapoitrine,essayantdefairerepartirmoncœur.

«Enfin,nousnoussommesembrassés.»Jesouris.«Commentc’était?»«Merveilleux»,souffle-t-il.Maisilréalisevitecequ’ilvientdedireetilsecalme.«Jeveuxdire,

c’étaitpasmal.»C’estunmauvaismenteur.«Tudevraisluidemanderdesortiravectoi»,dis-je.Ilsecouelatête.«Jel’aidéjàfait.Ellem'aditnon.Ҫafaitdesannéesqu’ellemeditnon.»«Tusaisqu’ellen’estpaslesbienne,non?»demandé-je.Ilhausseunsourcil.«Pasgrâceàtoi,maisoui.»Jerigole.«Désolé.»«Non,tunel’espas.»Maisilsourit.«Elleadesproblèmes»,dit-ilfinalement.«Jevoudraisbien

savoirquoi.»«Quelgenredeproblèmes?»demandé-je.«J’ensaisrien.Legenrej’ai-pas-de-famille.Cettefilleestcomplètementseule.Tusaisqu'ellene

rentremêmepaschezellel’été?»«Bon,ellen'estpasnéedansunchouniunerose».Jemetaisuneminute,carondiraitqu'ilréfléchit.

«Qu'est-cequis’estpasséquandtul’asembrassée?»«Desétincelles»,dit-il.«Desputainsd’étincelles.»Ilpousseunsoupir.«EtKelly?»Illèvelesyeuxversmoibrusquement.«Quoi,Kelly?»«JepensequeFridaynevoulaitpast’embrasserparcequetucouchestoujoursavecKelly.C’étaitça,

leproblème?»ObtenirdesinformationsdelapartdePaul,c’estcommearracherdesdents.«Jen'aipascouchéavecKellydepuisquetoietmoienavonsparlécematin-là.J’aicouchéavec

personnedepuisquej’aiembrasséFriday.Jenepeuxpaslachasserdemonputaindecerveau.»«Alorsvas-y.»Ilsecouelatête.«Elleaditpasquestion.Tuveuxsavoirsesmotsexacts?Putain!Pasquestion,

Paul,espècedefilsdepute.Puisellem'aditd'allermefairefoutre.»Ҫac’estduFriday.Ilfautl'aimer.Soudain,onfrappeàlaporte.Jesautepourallerouvrir,espérantdufondducœurqueSkyestvenue

mevoir,pourêtresûrequetoutvabien.Pourmedirequ'ellem’aimeetqu’ellenepeutpasattendreuneminutedepluspourmevoir.J'ouvrelaporteetmoncœurs’arrête,maispourunetouteautreraison.

Cen’estpasSkyquisetientsurlepasdemaporte.C’estApril.Ellealesbrascroisés,etelleesttoutemouillée.Sonmaquillageacoulésursonvisage,etelleressembleàunratonlaveuràmoitiénoyé.Elleporteencoresarobedemariage,etuneflaqued'eauseformeparterreendessousd’elle.

«Puis-jeentrer?»demandet-elle.Jemereculeetlalaissepasserdevantmoi,rentrerdanslamaison,etrentrerdansmavie.

S

35

kylar

PAPAESTENCOREentraindefairelavaisselleetdenettoyerlacuisinequandjerentreàlamaison.Jejettemescléssurlatable,etilsetourneversmoi,s’essuyantlesmainsavecuntorchon.«Jenepensaispasquetuseraisàlamaisonavantdemainmatin»,dit-il.

Jehausselesépaules.«Mesenfantsmemanquaient»,dis-je.Jesouris,parcequec’estvrai.Ilsm’ontvraimentmanqué.

«Jen’auraisjamaispensét’entendredireça.»Ilposeletorchonsurlecomptoiretcroiselesbras.«Est-cequeMattt’atrouvée?»

J'acquiesce.Jen’aipasbesoindeluiendireplus.«Qu’est-cequis’estpassé?»demande-t-il.«Destrucs»,dis-je.«Çan'apasd'importance.»«Si,çaena,Sky,»proteste-t-il.Jen’aimepasqu'ilsecomportecommeça.Jen’aimepasçadutout.Iln’enapasledroit.«Qu’est-ce

quitedonneledroitdemeposerdesquestions,papa?»dis-je.Lesmotsrestentsuspendusdanslesairsentrenous,visiblesetpalpables,presquevivants.«J’aifaitcequetuvoulais.J’aipristesresponsabilités.Celanetedonnepasdroitàunbilletd’entréegratuitdansmavie.»

«Jeneveuxpasunbilletgratuit»,dit-il.Ilsedétourne.«Peuimporte»,marmonne-t-il.Jelaisseéchapperlesoupirquejeretenais.«Qu’est-cequetuveux,àlafin,papa?»demandé-je.«Jeneveuxpasunbilletgratuit,Sky»,dit-il.«Maisjeveuxgagnerunbillet.J'essaie.Etjesaisque

j’aibrillamentfuittoutemavie,maislàjeneveuxpasfuir.»Illèvelesmainsenl’aircommes’ilserendait.«Alors,qu’est-cequis’estpasséavecMatt?»

«Ilestvenumevoir»,avoué-je.«Ilestvenuàmonappartement.Pourquoituluiasdonnémonadresse?»

Ilrit.«Cepauvregarçonétaitdévasté.Jenepouvaispaslelaissersouffrir.»«Pourquoitesoucierais-tudelasouffrancedeMatt?»Jecroiselesbrasetlefixe.«J’aifuitlasouffrancedetamèrependantlongtemps.Etlatienne.Etmaintenantquejesuisentrain

dem’intéresserauxautres,tun’aspasbesoindemelereprocher.»«Si,j’enaibesoin.»JeressembleàMelliequandellen’obtientpascequ’elleveut.Ilrit.«Tupeuxlefaire.Maisçanenousmèneranullepart.»Ilattenduninstant.«Tusaisqu’ilest

venumevoir,non?»demande-t-il.Jelèvelesyeuxauciel.«Jenesuispassourde,papa.Tuviensdemeledire.»

«Pasaujourd'hui,Sky.Hier.Ilestvenumevoir.»Jevaisauréfrigérateuretprendsunebouteilled'eau.LaChunkyMonkeymedonnesoif,

apparemment.«PourquoiMattseraitvenutevoir?»«Ilvoulaitmapermissionpourt’épouser.»Jelaissetombermabouteille,etelleroulesurlesol.«Ilvoulaitquoi?»«Tun’espassourde,Sky»,dit-il.«C’estpasdrôle,papa.»Maisunsouriretraversemonvisage.«Ilt’avraimentdemandéça?»Ilsouritaussi.«Oui,ill'afait.Jeluiaiditquevouspouviezjustevivreensemblecommefontles

jeunes,maisilm'aditqu'ilnepouvaitpasparcequ’ilyavaitdesenfantsinfluençablesdanslamaison.IladitqueSethallaitapprendreàtraiterlesfemmesd’aprèslafaçondontiltetraite,etqueJoeyetMellieapprendrontàtraiterleshommesd’aprèslafaçondonttuletraites.Etviceversa.Donc,ilveutt’épouserettoutfairelégitimement.»

Moncœurseréchauffeàcetteidée.«Ilnemel’apasencoredemandé.»Maisjesaiscequeseramaréponse.Jetouchemonannulaireavecleplatdemonpouce.Jeveuxporterl’alliancedeMatt.Jeveuxqu'ilsoitmonmari.

Papavoitmonsourire.«C’estlebon,hein?»demande-t-il.«Ouais»,dis-je.«C'estlebon.»«Jesentaisqu'illeserait.Jel'airencontréquandKendraétaitmalade.Ilal’aird’êtreunepersonne

merveilleuse.Gentiletgénéreux.Etpersévérant.»Ilmescrute.Jeris.«Ilestcertainementpersévérant.Maistusaiscequejepréfèrechezlui,papa?»demandé-je.Ilhausselessourcilsaulieuderépondre.«C’estlefaitqu'ilétaitprêtàabandonnercesoir,etàpartir,pourlebiendesenfants.»«Jenecomprendspas.»Ilal'airconfus.«Jesuisretournéàmonappartementparcequejenevoulaispasl’affronter.Ilestvenuetm'aditqu'il

abandonneraitsijeretournaisauprèsdesenfants,parcequ'ilsneméritaientpasquejeleslaisse.Ilaabandonnélabataille.Ilestparti.Etçamel’afaitaimerencoreplusqu’avant.»

Papaavanceversmoietm’étreintmaladroitement.Iln’estpasaussibonqueSethàceniveau-là,maisilessaie.Ilmériteunbonpointpouravoiressayé.

Jeregardemonpère.«Tuluiasditoui,papa?»demandé-jetranquillement.Ilbalayemescheveuxdemonvisage.«Oui,Sky.Jeluiaiditoui.»Jesouris.«Jesuiscontente.»«Moiaussi.Contentquetul’aiesrencontré.Contentqu’ilsoitcapabledet’aimercommetule

mérites.»Ilm’embrassesurlefront.«Ehbien»,souffle-t-il,«puisquejesuisici,tuveuxallerlevoir?Jecomptaispasserlanuit.»

AllervoirMatt?Jemordillemalèvreinférieureetréfléchis.«Ҫanetedérangeraitpas?»demandé-jetranquillement.

Ilmetirecontreluietm’embrasseànouveausurlefront.«Ҫamedérangeraitquetun’yaillespas.Vacherchertonbonheur,petite.Tulemérites.»

Avantdepartir,jejetteuncoupd’oeilàMellieetJoey,etcommelaportedeSethestentrouverte,jejetteuncoupd’oeilsurlui,aussi.Ilremuequandjeretirelesécouteursdesesoreilles.

«TanteSky?»dit-il,ensesoulevantsursescoudes.«Qu'est-cequinevapas?»«Rien»,murmuré-je.«Jevenaisvoirsitoutallaitbien.»«Mamèrefaisaitçaaussi»,murmure-t-ilenroulantdel’autrecôté.«Jet’aime,tanteSky»,dit-il

calmement.Puisj'entendsunronflements’échapperdesagorge.Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.Papasetientprèsdelaporteenattendantquejesorte.«Prendstonimperméable.Ilpleut.»Jeleluiprendsdesmainsetl’enfile.«Mercid'êtrelà,papa,»dis-je.

Ilhochelatêteetsebalancesursestalons.JesorspourallerchezMatt.Jesouhaitejustequ'ilaitenviedemevoirautantquej’aienviedele

voir.

M

36

att

VIEDEMERDE.JerefermelaportederrièreApril.Jenesaispasquoiluidire.Ondiraitqu'elleaétérenverséeparun

camiondemaquillage.Etqu’elleestpartie.Lelongdelaroute.Souslapluie.«Jesuisdésoléedetedéranger»,dit-elle.JevoisPaulseleveretpartirverslecouloirendirectiondesachambre.«Necomptepasalleroù

quecesoit»,luidis-je.Ilsefige.Ducoup,ilvaseprendreunebière.«April»,dit-ilavecunhochementdetête.«Tuasvraimentunesaletronche.»«Merci»,marmonne-t-elle.Ellerenifle.Ilnes'attardepas.Ilretournes’asseoirsurlefauteuil.L’enfoiré.«Pourquoitueslà?»demandé-je.Elledégoulinepartoutsurleputaindeplancher.Elleenroulesesbrasautourd'elleetfrissonne.Jeregardeattentivementsonvisage.Seslèvressontun

peubleues,etelleclaquedesdents.«Putain!Vadoncluichercheruneserviette,têtedecon!»criePaul.Maisilneselèvepaspour

m’aider.Jemetourneversl'armoireàlinge,maistoutàcouponfrappeàlaporte.Merde.Sic’estKenny,jelapoussedanslecouloiretdirectementdanssesbras.Jemeraidisetouvre

laporte.MoncœurseserrelorsqueSkylèvesapetitemainversmoi,l’agite,etdit:«Salut,Matt.»Jen’aijamaisétéaussiheureuxdevoirquelqu'undetoutemavie.«Jesuistellementheureuxquetu

soislà»,dis-je.Jepassemamainderrièresoncouetlatireversmoi,parcequ’ilfautquejel’embrasse.Jenepeuxpasattendreunesecondedeplus.

Ellemarmonnecontremeslèvres.«Jenepouvaispasattendrejusqu'àdemain»,dit-elle.Jelèvelatêteetlaregarde.«Jesuistellementheureuxquetun’aiespaspuattendre»,luidis-je.Paulgloussedanssonfauteuiletsefrappelegenou.Ils’amusevraimenttropbien,cetenfoiré.Sky

regardepar-dessusmonépauleetsefige.«Qu'est-cequ'ellefaitlà?»demandet-elle.Sesyeuxcherchentlesmienscommesielleallaittrouverlaréponsedansmonregard.Maisellenevarientrouverparcequ’apparemmentj’aidelamerdeàlaplaceducerveau.

«J’enaipaslamoindreidée»,murmuré-jeavecvéhémence.EllefixeApriluneminute,puissonexpressionseradoucit.«Tudoisl'aider»,dit-elle.«L’aideràquoi?»demandé-jed’untonmauvais.«Valuichercheruneputaindeserviette»,criedenouveauPaul.«Sansdéconner!»

Jegrincedesdents.Jeneveuxpasallerluichercheruneserviette.Jeveuxqu'elleparte.Etqu’elleemmènetoutsonsystèmehydrauliqueavecelle.

SkymelâcheetsedirigeversApril.Ellelaprendparlecoudeetlaguideverslasalledebains.«Allez,»dit-elledoucement.«Ilfauttenettoyer.»

AprilselaissepousserdanslasalledebainparSky,sarobetrempéetraînesurlesolcommeunphoquehumideetglissesurnotremoquette.

Skylapoussedanslapièceetseretournepourmeregarderd’unoeilmauvais.Puisellesecouelatête,soupireprofondément,etentredanslasalledebain.

«C’estfoutu»,ditPaulavecunriresardonique.«C’esttoiquiesfoutu»,dis-je.«Tuauraispuaider.»«Qu'est-cequej’auraispufaire?C’esttapetiteamie.»«Ex-petiteamie»,rectifié-je.«Ehbien,tonex-petiteamieestdanslasalledebainavectapetiteamieactuelle.»Ilritdenouveau.

«Vamechercheruneautrebièrequandtuaurasnettoyétoutecetteeau.»Paf!Ilbalancesespiedssurlatablebasse.«Etprendstescouillesdanslapoched’Aprilquandtuiraslà-bas.»

«Mescouillesnesontpasdanslapoched’April.»EllessontdanslapochedeSky.Heureusement.«Mmmmmm»,fredonne-t-il.Jeluipasseuneautrebièreetcommenceànettoyerl'eau.Skyouvrelégèrementlaportedelasalledebainetpasselatêtedehors.«Puis-jeavoirdes

serviettes?Etdesvêtementspourelle?»«Qu’est-cequetufaislà-dedans?»sifflé-je.Elleregardeàl’intérieur.«Elleesttoutepourrie»,chuchoteSky.Ellesortetfermelaportederrière

elle.«Elleétaitgelée,alorsjeluiaifaitcoulerunbain.»«Emilyalaissédushampooingdefilleici.Souslelavabo.»«Tupeuxtrouverdesvêtements?Unshort,oun’importequoi.»Skydisparaîtdenouveaudanslasalledebain.Jeprendsunepairedeshortsdesportetuntee-shirt

quejen’aimepas.D’ailleurs,jepensequec’estAprilquil’aacheté.Jefrappedoucementàlaporte.Skyressort.«Commentçasepasselà-dedans?»demandé-je.

«Çasepasse»,murmure-t-elleenroulantdesyeux.«Elleaeuunedurejournée.»Bien.Tantmieux.Commeelleafaitsonlit,ellesecouche.«Désoléd'entendreça»,mehâté-jede

mentir.Ellelèvelesyeuxaucieletdisparaîtdenouveaudanslasalledebainaveclesserviettesetles

vêtements.Jefaislescentpaspendantunevingtainedeminutes,jusqu'àcequePaulmegueule:«Tuvasfaireun

troudanslamoquette.»«Quiçaemmerde?»Maisjem’assiedssurlecanapéàcôtédesonfauteuil.«Dequoipenses-tuqu’ellesparlent?»demandePaulavecunsourireidiot.«Aucuneidée.»«Jepariequ'ellesdiscutentdelatailledetabite»,raille-t-il.«Ferme-la.»«Oudecommenttun’asjamaisapprisàutilisertalangue.»«Vastefairefoutre.»J’aibeaucoupdetalentavecmalangue.«Oudelafaçondonttuteraseslescouilles.»«Espèced’enfoiré!»Maisunsouriretirelecoindemeslèvres.Iléclatederireetmepoussel’épaule.«Arrêtedet’inquiéter.»Jeregardel’ongledemonpouce,quej’airongéjusqu'àl’os.Laportedelasalledebains’ouvre,etjesautesurmespieds.Skysortenpremier,avecApril

derrièreelle.Aprilal’airbeaucoupmieux.Ellen’aplusdemaquillage,etsescheveuxsonthumidesetbienpeignés.Elleporteunevieillepaireshortsàmoietletee-shirtquejedéteste.Ellecroiselesbrasdevantsapoitrine.Qu'est-ilarrivéàsamonstruositéderobe?

Qu'est-ilarrivéàsonmariage?Qu'est-ilarrivéàsonbébé?Jeregardesonventreetréalisequ’onvoitunepetitebosse.Cequela

robedemariéecachaitestmaintenantcomplètementvisible.Maiscen’estpaslemien,doncjem’enfichecomplètement.Jeforcemesyeuxàremonterjusqu’àsonvisage.

«Mercidem’avoirlaisséentrer»,ditApriltranquillement.«Pourquoies-tuvenue?»demandé-jeenfin.J’aibesoindesavoir.«Jen’étaispasaucourantpourKennyetmademoiselled'honneur.Mercidemel’avoirdit.

Apparemment,j’étaislaseuleànepaslesavoir.»Savoixestcalmeetunpeurauque,commesielleavaitpleurélongtemps.

«OùestKenny?»demandé-je.Ellehausselesépaules.«Probablementàl'hôpital.»Al’hôpital?«Quoi?»«Jel’aifrappéàlatêteavecunvase,enquelquesorte.»Elletendlesmainspourmontrerlatailledu

vase.«Ungrand.»Ellefaitunerotationdel'épaule.«Ilétaitunpeulourd.J’aiencoremalaubras.»Paulrit.Jeleregardedetravers,etillaferme.«Salut,Paul»,dit-elle.«April»,marmonne-t-il.Ilmontelesondelatélé.«Jedevraisyaller»,ditApril.EllesetourneversSkyetluitendlesbraspouruneaccolade.

«Merci»,luidit-elle.«C’étaittrèsgentil.»Jelesregardetouteslesdeux.Skylatireetlaserrecontreelle,luifrottantdoucementledospendant

uninstant.Maisqu’est-cequis’estpassédanscetteputaindesalledebain?Aprilreculeets’essuielesyeux.«Jesuiscontentquetul'aiesfrappé»dis-jeàApril.Ellefaitunsourirelarmoyant.«Moiaussi.»Ellereprendsarespiration.«Matt,jesuisdésoléepour

tout»,murmure-t-elle.«Jesais.»Quepuis-jedired’autre?JetireSkyprèsdemoietpassemonbrasautourdesesépaules.«Toutestbienquifinitbien»,dis-

je.«Pourmoi,entoutcas.»Aprilpousseunsoupir.«J’aieucequejeméritais.»J’acquiesce.Qu’est-cequejepourraisrajouter?Skymedonneuncoupdecoudedanslescôtes.«Quoi?»demandé-je.Jemefrottelescôtes.«Jesaisquej’aieucequejeméritais.»Aprilposeunemainsursonventre,etmoncœurseserre

pourelle.«J’aipréférélapassionàl'amour,etregardezoùçam’amenée.J’auraispuavoiruneviestableetheureuse.»

Oui,maiselleneseraitpasenceinteencemoment.Ҫa,jeneleluidispas,parcequeçanelaregardepas.

Apriltendlesbras.«Puis-jet’embrasser,Matt?»demande-t-elletimidement.Skyetmoidisons«non»enmêmetemps.Aprillaisseretombersesbras,etellesourit.«Jenevousenveuxpas»,ditApril.«Detoutefaçon,jen’auraispasenviedem’embrassernon

plus.»«Jenesuispasencolèrecontretoi,April.Plusmaintenant».Ҫa,jepeuxleluidire.Etçaneme

dérangepasqu’ellelesache.«Maintenant,tuasdelapeinepourmoi?»demandet-elle.

«Jemesenspleind'espoirpourtoi»,dis-je.JeserreSkycontremoi.«Prendssoindecebébé,d'accord?»

«Biensûr»,dit-elleenhochantlatête.Ellesedirigeverslaporte,etSkyl’ouvrepourelle.«Merciencore,Sky.»

Skyacquiesce,etAprilsortdemavie,pourlatoutedernièrefois,j’espère.J’attrapeSkyetlaserredansmesbras,etjeluimurmure:«Jesuistellementheureuxquetusois

venuequandillefallait.»

S

37

kylar

C’ESTbond’êtredanslesbrasdeMatt.Jelelaissemeteniruneseconde,puisjefaisunpasenarrière,lepoussedoucementetagitemondoigtsoussonnez.«Qu'est-cequetuauraisfaitavecellesijen’étaispasarrivée?»

Ilsegrattelementon.«Aucuneidée.»Ilrit.Paulrit.«Merde,»dit-il.«Enparlantd’avoirunesaletête...»Jeluijetteunregardmauvaisetilsetasse,essayantdesefairetoutpetit.Maisilestpasvraiment

contrit.Ҫa,jelesais.«Jesuisunpeutristepourelle»,avoué-je.«Tunel’aspasvuedanslasalledebain.»«Dieumerci»,marmonnePaul.«Elleaeuunsacréculotdevenirici.»«Ellen'avaitpasd'autreendroitoùaller»,luidis-je.«EllevitavecKennymaintenant,depuisla

semainedernière.Etellevientdelefrapperàlatêteavecunobjetdepoids.»Jeris.Cettepartiedel’histoiremefaitrire.

«Maisellenepouvaitpasdécemmentcroirequ'elleseraitlabienvenueici»,ditPaul.«Elles’estfaitbeaucoupd'ennemis.Iln’yapasbeaucoupd’endroitsoùellesoitlabienvenue.»Je

montrelasalledebain.«Sarobeestencoredanslabaignoire.Elleaditdelabrûler.»«Puis-jesimplementlajeterparlafenêtre?»demandePaul.Jehausselesépaules.«Ellesefichedecequetuvasfaireavec.»«Tuvasbien?»demandeMatt,sonregardaussidouxquesesdoigtsquitraînentsurmonfront,

balayantlescheveuxdemonvisage.Jedésignelaportedupouce.«Apriletmoiavonseuunelongueconversation.Enfin,j’aiparléetelle

aécouté.Jepensequ'elleacompris.»Sesyeuxseplissent.«Qu'est-cequetuluiasdit?»Jeregardeverslaportedesachambre.«Onpeutparlerenprivé?»Ilmeprendparlecoude,unpeucommejel’aifaitavecApril,etilmeconduitverssachambre.Paul

tousse.Ondiraitqu'ilestsurlepointdecrachersespoumons.Iltournesonpouceverslacuisine,etMattlèvelesyeuxauciel,vaàlacuisineetrevientavecunepoignéedepréservatifs.Ilsontuntiroirpleindepréservatifs?Danslacuisine?Quoi?

Mattritenfermantlaportedelachambrederrièrenous.Iljettelespréservatifssurlacommode.Ilyenaunevingtaine.«Tuesdugenreambitieux,hein?»demandé-je.

«L’espoirfaitvivre»,dit-ilavecunpetitrire.«Alorsqu'est-cequetuasditàApril?»demande-t-il

ens’asseyantsurleborddesonlit.«Jeluiaiditquejecomprenaisqu’elleavaitbesoind’aidecettefois,maisquejeluiserais

reconnaissantedeneplustesolliciter.»Ilhochelatêteetfaitunbruitaveclebasdesagorge.«Bien»,dit-il.«Ҫameplaît.»«Jepensequ'elleacompriscequejevoulaisdire.»«Qu’est-cequetuluiasditd’autre?»Illanceseschaussuresettendlamainenarrièrepourtirerson

tee-shirtsursatêtecommefontlesmecs.Jeregardelagrenouillesursonventre.«Jeluiaiditquetonprincegrenouilleavaitrencontrésaprincessegrenouille.»Ilrit.«Tun'aspasfaitça.»«Quelquechosedecegenre.»«JeviensjustementdedemanderàLogandemedessineruneprincessegrenouillepourmettreàcôté

decelui-ci.Jeveuxaussiavoirtonnomtatouésurmapeau.Quelquechosedepermanent.»«C’estsexy»,dis-je.«Toiaussi»,dit-ilcalmement.Ildescendsonpantalonsurseshanches.«Tuasunebonneraisond’enlevertesvêtements?»demandé-je.Etmoncœurbatlachamade.«J’aimetonpyjama»,dit-ilenmetoisantdespiedsàlatête.Sonregardglisselentementsurmoiet

çafaitbattremonsangdansmesveines.«Tul’avaisquandtuasprisletaxi?»«Jenepensaispasqueçatedérangerait.»«Ҫanemedérangepas.Maisjel’aimeraisencoreplussitul’enlevais.»Iln'aplusquesoncaleçon

surluimaintenant,etillefaitglisserverslebasetlejetteàl’autreboutdelapièced’uncoupdepied.Sabites’agitecommepourattirermonattention.Jesouris.Jenepeuxpasm’enempêcher.

«Pourquoies-tuici,Sky?»demande-t-il.Jetiremonhautpar-dessusmatête.Jeneportepasdesoutien-gorge.«Jesupposequetum’as

manqué.»«Quellepartiedemoit’amanqué?»demande-t-il.Ilsecouchesursonlit,savirilitésecambrant

verssonventre.«Letout»,dis-je.Ilprendsabitedanssamainetserre.«Moioumonpaquet?»Ilrit.Jelèvelesyeuxauciel.«Tuessibête,parfois!»«Vienst’asseoirsurmonvisage,etjelafermerai.»Jeris.Maismaculotteestsoudainhumide.«Nemetentepas.»«J’aiessayédetetenterdepuislejouroùjet’airencontré.Jemesuisassisàcôtédetoidanscette

église,ettutremblais.J’aivouluteconnaître.Immédiatement.Ҫam’afrappécommeunTGVenpleinepoire.»

Jefaitglissermonpantalonetmaculottelelongdemesjambesetlesenlève.Jesuiscomplètementnue,maisjem’enfiche.

«Tuaspristoutescesresponsabilitéssanssourciller,justeparcequelesenfantsavaientbesoindetoi.Etc’estunpeupourçaquejesuistombéamoureuxdetoi.Parcequesitupouvaisaimertroisenfantsquetuneconnaissaispas,tupourraispeut-êtrem’aimerunpeu,moiaussi.»Ilmefaitsignedem’approcher.«Tuasdelaplacedanstoncoeurpourmoi,Sky?»demande-t-il.«Jet’avaisprévenuquejevoulaistefairetomberamoureusedemoi.»

Jerampesurlelitjusqu'àcequemapoitrinetouchelasienne.J'enfourcheseshanchesetregardesonbeauvisage.«Tuasgagné.Jenepeuxpasvivresanstoi.»Jel'embrasse.Seslèvressontchaudesetdouces,etc’estsibondelessentirsouslesmiennes.«J'espèretuesprêtàavoirunegrandefamille.»

«Jesuisprêtàtoutcequevoudrasmedonner.»Ilcambreseshanchessousmoi,basculantdansmachaleurnue.

Mattnousfaitrouler,etils’installeentremescuisses.Ilpenchelatêteettitillemonmamelon,le

roulantdoucemententreseslèvres,letirantlégèrement,puislefrottantavecsalangue.«Tuesprêteàm’épouser?»demande-t-ilenlevantlatête.Ilmeregardedanslesyeux,etjejurequejepeuxvoirjusqu’auplusprofonddesonâme.Ilestbon,gentil,etilm’aimeavecuneforcequejen’auraisjamaisimaginée.

«Ouais»,murmuré-je.«Jet'épouserai.»«Jeteleredemanderaiquandjepourrailefairecorrectement.»«Ҫaneserapasaussimerveilleuxquecettefois-ci.»Ҫaneleserapas.Pasmoyen.Mattprendunpréservatifetlefaitroulersursonmembreviril.Ilpousseàl'intérieurdemoijusqu'à

cequ'ilnepuissepaspousserplusloin.Puisils’arrêteetbalayemescheveuxdemonvisage.«Jen’auraisjamaispenséavoirautantdechance»,murmure-t-il.

Sesbrasglissentsousmesépaules,etilmeserrecontreluitandisqu’ilcommenceàremuerseshanches.Ils’enfoncepuisrecule,encoreetencore,ponctuantchaquemouvementdepetitsgrognementsdansmonoreille.

Soudain,ils’arrêteettapotemacuisse.«Tourne-toi»,dit-il.Jesourisetluiobéis.Nousnel'avonsjamaisfaitcommeça,maisjesuisd’accord.Jesuisabsolument

d’accord.Mattglisseunemainsousmoietlaplongedansmesboucles,taquinantmonclitoris,etpar-derrièremoi,ilécartemesfessesets’enfonceenmoi.C’estrapideetdur,etabsolumentparfait.Jepoussemesfessesverslui,etilajustesatrajectoirejusqu'àmefairetrembler.«Jel'aitrouvé»,jubile-t-il.

Jecrieparcequejemesenssipleineetsiserrée,etMattestentraindebougeràl'intérieurdemoi.«Chut»,murmure-t-ilàcôtédemonoreille.

Merde.J’avaisoublié.«Matt»,murmuré-je.«J’aimelafaçondonttudismonnomjusteavantdejouir.Justeavantquetuaiescepetithoquetet

quetupoussescepetitcri.»Sesdoigtsbougentcontremonclitoris,lefrottantrapidementtandisqu’ils’enfoncepuissammentenmoi.

«Matt,Matt,Matt»,répété-je.Puisjeprendsunegrandeinspirationtandisqu’ilmepousseàl’extrêmelimite.

«Ҫaarrive»,murmure-t-il,puisilgrogneetjouitàl'intérieurdemoitandisquemesparoisseserrentautourdelui.Lajouissanceparcourtmoncorps,etiltravaillemonclitorisjusqu'àcequejesoisfourbue.Puisiltombesurmondos,lourdetchaudcommeunecouverture,tandisquesesdoigtssemêlentaumiens,etmemaintiennentsurlelit.Ilsecalmeetjesenssonsoufflechauddansmoncou,oùilenfouitsonvisage.Ilsoupireenseretirantdemoi,etjenepeuxmêmeplusbouger.Jeresteallongéenueetexposéeet,sisatisfaitequejem’enfiche.

Matts’agitederrièremoi,ilsedébarrassedupréservatif.Puisiltraverselelitenrampantetembrassemonépaule.«Jesuistellementheureuxquetusoislà»,dit-il.

Mattestl'hommeleplussincèrequej’aiejamaisrencontré.Ilmeditcequ’ilressent.Quantàcequ'ilnemeditpas,jepeuxlequestionnerdessusetilmerépondra.Ilnecacherien.

«Jet'aime»,luidis-je,etjegrimpepourm’allongersursapoitrine.Jetournelatêteetmonoreilleestjusteau-dessusdesoncœur.Ileststableetsolideet...ilestàmoi.«Tum’aimespourtoujours?»demandé-je.Jesoulèvelatêtepourregardersonvisage.

«Etencoreplusqueça»,affirme-t-il.«Matt»,commencé-je.Jenesaispascommentdirecequejeveuxdire.«Tuavaisditqu'ilfaudrait

unmiraclepourquetumemettesenceinte.»«Ouais»,dit-ilcalmement.«Etsijedisaisquejecroisauxmiracles?»«Jediraisquetuasenviedechosesquetunepeuxpasavoir.»Iln’arrêtepasdemetoucher,donc

c’estqu’iln’estniencolèrenitriste.Ilestjusterésigné.

«Mais…»commencé-je.Ilmetundoigtsurmeslèvres.«Maisrien,Sky»,dit-il.«C’esttoimonputaindemiracle.Pasle

bébé.Jen’aipasbesoind’unbébépourmesentircomplet.J’aijustebesoindetoi.»Ilrit.«Etj’aitesenfantsenprime.Quepourrais-jedemanderdeplus?»

«Matt,tupourraisvenirhabiteravecmoi?»demandé-je.Jeretiensmonsouffleenattendantsaréponse.

«EtSeth?»demande-t-il.«OnpourraitavoirunediscussionavecSeth.»«Jeluiparleraiquandnousrentreronsàlamaisondanslamatinée.»Ilbâille.«Tupeuxdormirici

cettenuit.»«Tuveuxvenirchezmoimaintenant?»demandé-je.Ilregardeletasdepréservatifssurlacommodeetsecouelatête.«Nousavonsencoreenvirondix-

neufpréservatifsàutiliser.»Ilmesoulèveetrepousselescouvertures,puislesremetsurnous.Jem’installedanssesbras.

«Jepensequenousdevrionsarrêterlespréservatifsetvoircequisepasse»,suggéré-je.Ilsecouelatête.«Paslapeine.»Jetrouvecetendroit–quiesttoutàmoi-entresonmentonetsonépauleetm’enfouisdedans.«Nous

enreparleronsplustard.»Jebâilleetfermelesyeux.Jenemesuisjamaissentieaussibien.

M

38

att

JEMERÉVEILLEavecSkydansmesbras.Jeveuxmeréveillercommeçatouslesjoursdurestedemavie.Sesfessessontcolléesàmonentrejambe,etnoussommesallongéscommedeuxcuillèresdansuntiroir.Jetendslamainderrièremoietprendsunnouveaupréservatif.Nousenavonsutiliséquatreautresdurantlanuit.Jepourraissuivresasuggestionetm’endispensercomplètement.Voircequisepasse.Maispasencore.Pasavantdel’épouser.Jeveuxqu'elleaitmonnom.Jeveuxquecesoitpermanent.

Elleremueetmemurmureunencouragementlorsquejepousseenelleparderrière.«Matt»,murmure-t-elle.Jepassemonbrasautourd'elle,essayantdelafaireréagir,maisellerepoussemamain.«Jenepeuxplusjouir»,proteste-t-elle.«Tum’asépuisée.»

Jelacaressedel'intérieur,avecdesmouvementslentsetnonchalants.Elleseresserreautourdemoi,etmêmesiellenepeutpasjouirquandjeluitoucheleclito,ellepeutcertainementprendrelachaudedouchedeplaisirquejeveuxluidonner.Ellemeserrefort,sifortquej’aidéjàenviedejouir.Ellehalèteetfaitcepetitbruit,etmaproprejouissancemefrappeplusvitequejenel’auraisimaginé.Jejouisenlatenantparl’épaule,avecdelentespoussées,etellem’accompagne.

Jecessedebougeretlatienscontremoi.Jen’aipasenviequ’elleseretiredéjà.Elleestsiparfaite,elleesttoutcequej’aitoujoursvoulu.

«Bonjour»,murmure-t-elle.Jeglousse.«J’aipresquehontedemoi»,dis-je.«Jen’aipasjouiaussivitedepuisquej’étaisado.»

Jelafaitroulersurledospourpouvoirlaregarderdanslesyeux.«Tuvoiscequetumefais?»«Jeleprendscommeuncompliment»,dit-elleavecunpetitrire.«Tuesprêteàrentreràlamaison?»luidemandé-je.Ellesouritethochelatête.«Onpeutyaller?»Jeclaquesesfessesnuesetris.«Biensûrqu’onpeutyaller.Lève-toi.Allonsprendreunedouche».Nousnousdouchonsrapidement,etelleseplaintd’avoirmalpartout.Jelalavedoucementet

l'enveloppedansuneserviette,puislafaitpasserfurtivementdanslecouloirpourqu’elleretournes’habillerdansmachambre.Lesoleilvientàpeinedeselever,etnousavonsl’airdedeuxados.Sescheveuxsontmouillés,etelleestencoreenpyjama.Jepréparequelquesvêtements,cettefois,parcequejenereviendraipasici.Jevaisdormirchezelle,àconditionqueSethn’yvoiepasd’inconvénient.

Nousnousarrêtonspourprendreunpetit-déjeuneretachetonsdesbeignetspourlesenfants.Quandnousentronschezelle,jemerendscomptequejerentreàlamaison.Sonpèrebricoledansla

cuisine,etMelliel’aideàfairesauterunecrêpe.Illèvelatêteetfroncelessourcils.«Salut,vous

deux»,dit-il.Ilmefusilleduregard.Jeris.Merde,c’estsonpère.Ilestcenséregarderdetraverstouthommequiadesintentionslubriques.Jesaisaussiquej’aisabénédiction,etc’esttoutcequim’importe.

«Bonjour»,gazouilleSky.Mellieseprécipiteetsejettedirectementdanssesbras.«J’avaispeurquetunereviennesplus»,ditMellie.«Commemamère.»Oh,merde!Jen’avaispaspenséàça.L’émotionm’étouffeetjedoisdéglutirpourlafairepasser.«Jenepartirainullepartpourlongtemps»,expliqueSky.«Mattnonplus.Onvaêtreicitousles

deux,unpeucommeunemamanetpapapourvous.”Melliemeregarded’unaircurieux.«Unemamanetunpapa?»Skyclignedesesyeuxbleus.«Oui.Unemamanetunpapa.Est-cequeçateconvient?»MellieprendlevisagedeSkydanssespetitesmainsetlaregardedanslesyeux.«Etvousnepartirez

pas?»demandet-elle.«Jamais»,ditSky.«Matt,nonplus?»demandeMellie.Sonregardestsceptique.«Matt,nonplus»,affirmeSky.JemedirigeverslachambredeSeth.Ilauncombataujourd'hui,j’ensuissûr,alorsildevraitêtre

levé.Jefrappeàsaporte.«Entrez»,crie-t-il.Jepassematêteàl’intérieur.Ilestentraindes’habiller.«Tuesbientôtprêt?»«Ouais»,dit-il.«Tuviens?»«Biensûr»,dis-je.Jem’approchedeluietm’assiedsauborddulit.«Onpeut-onparler?D'homme

àhomme?»«Ecoute,j’aiutiliséunpréservatif»,lance-t-il.«Quoi?»Jemelève.Sesyeuxs’agrandissent.«Oh,jepensaisquetuavaisdeviné»,dit-il.Ilgrimace.«Merde»,dit-il.

«J’aitoutfoiré.»«Tuasdesrelationssexuelles?»demandé-je.«Juste...enfin...unefois.»Ilregardepartoutsaufversmoi.Bonsang,ilaseizeans!«Tuesprudent,n’est-cepas?»demandé-je.«Est-cequ’ilfautqu’onailleacheterd’autres

préservatifs?»J’espèrequ’iln’enapasjustedemandéunàl'infirmièredel'écoleouquelquechosecommeça.

«Mmm,non...»dit-il.«J’enai.»«Bon,quandilt’enfaudrad’autres,tumelediras.»Ilhochelatêteetpousseunsoupir.«TunevaspasledireàtanteSky,n’est-cepas?»demande-t-il.Jememordsleslèvres.«Désolé,maisjenepeuxrienluicacher.»Ilhochelatête.«Commentça

s’estpassé?»Jeneveuxpasdedétails.Jeveuxjusteêtresûrqu'ilvabien.Ilcontinuedepreparersonsacavecsatenueetsonéquipement.«Bien,jesuppose.»Sonvisage

devientrouge.Lapremièrefoisestgénéralementfantastiquepourunjeunehomme,maispasvraimentpourunejeune

femme.«Quic’est?»demandé-je.«Ilfautquetul’amènespourqu’onlarencontre.»«C’estpastropcegenredefille»,dit-ilengrimaçant.«Siellevautlapeined’êtrebaisée,ellevautlapeined’êtreprésentéeàtafamille,crétin»,aboyé-

je.Cetrucmefaitchier.MaisjemesouviensavoireucettemêmeconversationavecSametPete.EtLoganaussi.Loganétaitencoreplusgrandbaiseurquelesjumeaux.«Maiscen’estpasdeçaquejevoulaisteparler.»

Illèvelesyeux.«Qu'est-cequetuvoulais?»Cettefois-ci,c’estàmontourdegigoter.Jenesaispaspourquoijemesensbêtededemanderson

avisàSethsurcesujet.«JeveuxépouserSky»,dis-je.

«D'accord...»dit-il.«Ҫateconvient?»Ilhochelatêtelentement,puisplusvite.«Çameva.»«Donc,jepensais,qu’enattendantlemariage,jepourraisemménagerici.»J'attendsetregardeson

visage.«Qu’est-cequetuenpenses?»«Tuluiasdéjàdemandédet’épouser,non?»«Ouais.»«Tunevaspaschangerd'avis?»«Siellemejetaitparlaporte,jereviendraisparlafenêtre.»Ilrit.«C’esttrèsbienquetuemménagesici,OncleMatt»,dit-il.Moncoeurpalpite.Ilvientde

m’appelerOncleMatt.Jefaisunpeupluspartiedesafamille.«Ҫameplait»,dis-jedoucement.«Moiaussi»,réplique-t-il.«Onferaitmieuxd'yaller.»Skys’estdéjàchangée,etelleestentraindemettreleursmanteauxauxfilles.Ҫavadurertoutela

journée,doncelleaaussiemportédelanourritureetdesjouets.Noussortonstousensemble.C’estnotrepremièresortieenfamille.Maissonpèrenevientpasavec

nousaujourd'hui,carilvavoirlamèredeSky.Sethgagneplusieurscombatsconsécutifs,etilarriveenfinale.ChaquefoisqueSethgagne,ils’arrêteaprèslematchetlèvesamainversleciel,commes’ilessayait

d’atteindreleparadis.J’enaileslarmesauxyeux.Sonderniermatchn’estpascommelesautres.Ilvaluttercontreungarçonquiestvraimentbon.Seth

vientdanslatribunepourmeparler.«OncleMatt»,dit-il,«jenesaispasquoifaire.»JevaisrécupérerJoeyenbasdesgradinsparcequ'elles’approcheunpeutropdutapisdelutte.Une

mouvementd’undecesgrandsgarçonsdanssadirectionpourraitlablesser.Jevaislachercheretlaramèneenhaut.Jesoufflesursonventre,puislajettesurmonépaule.Elleritetrestesuspenduelà,àsemarrer.«Aquelpropos?»demandé-je.

Ilmontrelebasdesgradinsd’unsignedetête.«Tuvoiscemecenfauteuilroulant?»demande-t-il.Oui,jelevois.Jel'aivudèsquenoussommesarrivés.«C’estlepèredemonprochainadversaire.»«Oh»soufflé-je.«Ilestmalade?»Ilporteunbonnetdelainesursatêtechauve,doncjepeux

devinerquelestsonproblème.«Phasefinaledecancer»,ditSethtranquillement.«Ettutedemandessitudoislaissersonfilsgagner?»Jepèselepouretlecontre.Jepeux

comprendrepourquoiSethestembêté.Etpourêtrehonnête,jelesuisaussi.«Ouais.»«Penses-tuqueçarendraitsonpèreheureuxqu’onluifassecadeaudumatch?»Sethsecouelatêteetmordillesalèvreinférieure.«Probablementpas.»«Seth,sij’étaissonpère,jevoudraisqu'ilfassedesonmieux,etquelemeilleurgagne.»Sethhochelatête.«Tienstoiprêt.»Jeserresonépaule.«Ilestpeut-êtremotivépourgagner.»Ilfaitquelqueskilosde

plusqueSeth,aussi.«D'accord»,dit-il.Etildescendàlatabledemarquepoursignerquandc’estsontour.«Quelestleproblème?»demandeSkyquandjem’assiedsàcôtéd'elle.ElleprendJoeysurmon

épauleetlaposeàcôtédeMellie,puisluimetuncrayondanslamainetluidonneunefeuilledepapier.Jeluifaitunsignedumentonetluiditcequisepasse.Elleal'aircompatissante.«Ҫadoitêtredur

pourluiaprèscequiestarrivéàsamère.»J'acquiesce.Ҫamefaitmal,putain,etcen’estmêmepasmoiquicombats.

«Tupensesqu'ilvaleluidonner?»demande-t-elle.Jesecouelatête.«J'endoute.»Ilnelefaitpas.Ilsejettedanslabataillecommeilsejettesurtoutlereste.Ildéchire.Legarçonestcostaud,etila

manquécollerSethautapisunefois,maisilrestedixsecondesauchrono.L'arbitreglissesamainsousl'épaulesoulevéedeSethpourmontreràl'autregarçonqueSethn’estpasencorecolléausol.Ilenestproche,etjeretiensmonsouffle.Skyestentraindecrieràcôtédemoi,ettoutelasallecommenceàcompteràreboursaveclechrono.Quandlechronos’arrête,Sethseretourne,etilspassentaudeuxièmeround.

Sethsebatpiedàpied,etilobtientdespointsenfaisanttomberlegarçon.C’estpresqueletroisièmeround,etilmèned’unpoint.Justeunpoint.Sethsetourneverslepèredesonadversaire,etl'hommelèvesonpouceenleregardant.Sethluisouritetretourneaucombat.

Sethfaitunmouvementdedingue,untrucquejen’aijamaisvu,etquipourraitbienêtredûàlasimplechance,etilfaittomberlegarçonsurledos.Sonadversairenepeutpasbougerlibrement,quoiqu’ilfasse.ToutcequeSethaàfaire,c’estdetenirlaprise.

Soudain,l'arbitreconstateuntombé.Sethsebaisseetaidelegarçonàserelever,etilss’étreignentensetapantdansledos.L'arbitrelèvelepoingdeSeth,etSkyhurleàpleinspoumonsàcôtédemoi.Seths’arrêteauborddutapisetlèvesamainversleciel.Ilfermelesyeuxetmurmuredanssabarbequelquechosequejen’arrivepasàdéchiffrer.Maisensuite,ilseretourneetvaverslepèredesonadversaire.

Ils’accroupitdevantluietluiditquelquechose.LesyeuxdeSethseremplissentdelarmes,etc’esttellementémouvant,soudain,quejedoisclignerdesyeuxpourempêcherlesmiennesdecouler.Skyn’essayemêmepas.Elleessuiesimplementsonvisage.

Sethsedirigeverslevestiairepoursenettoyer,etcen’estquesurlecheminduretourqueSkysetourneversluietdit:«Qu'est-cequetuasditaupèredecegarçon,Seth?»

Sethpousseunsoupir.«Jeluiaiditdecontinueràsebattre.C'esttout.»Jedoisencoreravalermeslarmes.Sethvaêtreunsacrémec.Skytendlebrasenarrière,prendla

maindeSethdanslasienneetlaserre.Ilsepencheetl'embrassesurlajoue.«Jet'aime,tanteSky»,dit-ildoucement.«Jet'aimeaussi,Seth»,souffle-t-elle.«Moiaussi?»gazouilleMellie.«Etmoi?»ajouteJoey.Skyritettendlebraspourleurchatouillerlespieds.«Vousdeuxaussi.»Puiselleprendmamaindanslasienneetdit:«Toiaussi.»Jeserresamaincarc’esttoutcequejesuiscapabledefairepourl’instant.

S

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kylarDeuxmoisplustard

MAMÈREESTenfacedemoietfaitgonflermonvoile.Ҫaaétélongàvenir,maisonfaitdesprogrès.Elleestsortiedecurededésintoxicationilyaquelquessemaines,etnousavonspasséquelquestempsensemble.Onafaitdupop-cornetparléde...rien.C'estbien.C’estquelquechosequ'ellen'avaitjamaisétécapabledefaire.Moinonplus.J’aidûmettredecôtémesdoutesetmaméfiance.Parfois,sivouschoisissezdemarchersurlamêmeroute,ilfautcomblerlestrouspourpouvoirtrouvervosmarques.Maisd'autresfois,ilvautmieuxcarrémentprendreunenouvelleroute,etmamèreetmoisommessurunetoutenouvelleroute.Nousnousdécouvronscommesinousnenousétionsjamaisrencontrées.

Quandj’aieulanouvellehier,c’estlaseuleàquijel’aidit.JelediraiàMattaprèslemariage.Nousavonseudebonnesnouvellespourluilemoisdernierquandsaprisedesangarévéléqu'ilétaittoujoursenrémission.Aujourd’hui,jevaisluidonneruneautrebonnenouvelle.

«Tuessibelle»,ditmamère.Elleaarrangémescheveux,etelleamêmetenumarobequandj’aidûfairepipiunedernièrefois.Elleavraimentétélàpourmoi,aujourd'hui.

«Merci»,soufflé-je.J’ailesnerfsàvif,pasàcausedumariage,maisàcausedecequej’aiprévupourlasuite.«TuaslecadeaudeMatt,hein?»demandé-je.

Elletapotesapochette.«Jel'ai.Ilestensécurité.»NousavonsdécouvertlasemainedernièrequelepèredeJoeyetMellieestprêtàrenonceràses

droitsparentauxetnouslaisselesadopter.Ilss’appelerontReed.Mattn'ajamaisétéplusheureux,maisj’ailesentimentquelesnouvellesd'aujourd'huilerendrontencoreplusheureux.NousaimerionsadopterSethaussi,maisilditqu'iln’enapasbesoin.Ilditqu'ilveutgarderlenomdesamère.Ҫanemedérangepas,tantqu'ilsaitqu'ilestaussinotreenfant.Etjesuissûrequ’illesait.

Mamèremeserreunedernièrefoisetvaprendresaplace.J'entendslamarchenuptialecommencer,etpapavientmechercher.«Iln’estpastroptardpour

renoncer,situlesouhaites»,dit-il.Jesecouelatête.«Jamais.»Ilrit.«Jelesavais.»Ilmetendsoncoude.Jeglissemonbrasàl'intérieur.Jen’aiquetrois

demoisellesd'honneur,etellessontdéjàtoutesdeboutàl’avantdel’église.Friday,Reagan,etEmilysontdelafamille,maisellesontétéd'accordpoursemettresurleurtrenteetunetm’accompagner.Biensûr,MattavouluavoirtoussesfrèresetSethaveclui.Ilnepouvaitpasenlaisser,donclescôtéssontunpeudéséquilibrés.Maisçanemedérangepas.

Jemarchejusqu'àl’alléecentraleetlèvelesyeux.Lesinvitésselèvent.Maisjenelesregardepas.JeregardeMatt.Jepeuxdevinerlemomentoùilmevoit,parcequesesyeuxdeviennentvitreuxetsabouches’ouvreengrand.Jeregardesonvisagetandisquejem’avancedansl'allée.Paullefrappesurlebras,etilnemequittetoujourspasdesyeux.Monpèrem’embrassesurlajoue,etlerestedelacérémoniepassecommeunrêve.JeregardeMattdanslesyeuxetprononcemesvœux,etluilessiens.Quandc’estlemomentdesalliances,jeluilaisseglisserlamiennesurmondoigt,etrienn’ajamaisétéaussibon.Jusqu'àcequejeglisselasiennesursondoigt.Etlà,c’estparfait.

«Vouspouvezembrasserlamariée»,ditleprêtre.Mattprendmonvisagedanssesmains,sesdoigtsécartéstouchentmonoreille,etildéposesurmes

lèvresunbaiserquimecoupelesouffle.Paulsemetàtousserbruyammentpournousarrêter.LorsqueMattlèveenfinlatête,ilmeregardedanslesyeux.Jetienssespoignetsetnepeuxpasmedétacherdelui.

Leprêtredit:«J’aimeraisvousprésenterM.etMmeMatthewReed!»Lafoulesedéchaîne,etnoussortonssousunepluiedegrainespouroiseaux.Nousfermonstousles

deuxlesyeuxetnouslaissonsinonderdegraines,enprofitantdechaqueseconde.FridaytientMellieparlamainetReagantientJoey,alorsnouslesprenonsdansnosbras,unechacun,

etnouscouronsverslasallederéception.Nousrecevonsunetonnedefélicitations,etpuisc’estlemomentdeporteruntoast.

Paulselèveetbranditsonverre.«S’ilyabienquelqu'unquiméritel'amour,c’estmonfrère.»Ilarrêtepourseraclerlagorge.«Jesuiscontentqu’ill'aittrouvé.Sky,tuasrendumonfrèreencoremeilleurqu’ilnel'étaitdéjà,etjesaisqu'ilvafairelamêmechosepourtoi.Tusaistoutdelui,ettul’aimesquandmême.»Lafoulerit,etMattfaitsemblantdeserenfrogner.«Avous,àvotreamouretàvotrevieetvotrefamille.Puissiez-vouscontinueràêtrebénis.»

Ilinclinesonverreetboit.Mattaussi.Puistoutelasallefaitdemême.Saufmoi.«Qu’est-cequ’ilya?»demandeMatt.

«Rien»,dis-je.Jefaissigneàmamèredevenir,etellemetuneboîtedansmesmains.Elleestpetite,maiselleestlourde.«J'aiuncadeaupourtoi.»

«Jecroyaisquelevoyagedenocesétaitnotrecadeaucommun»,merappelle-t-ilenfronçantlessourcils.NouspartonscesoiraveclesenfantssurlacôteenCaroline.Ilmetardetrop.

Jeluifaissignedeprendremonpaquet.«Lesvacancesc’estnotrecadeau.Ҫa,c’estunbonus.»Jeclignedesyeuxpourchasserleslarmesquiseformentdéjàdansmesyeux.

Ilfaitunegrimaceetouvrelaboîte.Ilregardeàl'intérieur,etsembledéconcerté.Ilretirelepetitarticledelaboîte.C’estunebarboteuseavecdestatouagespartout,etsurledos,ilyalenomdeReed.«Qu'est-cequec’est?»demande-t-il,unpeuperdu.

Puissesyeuxs’agrandissent.Fridaypousseunpetitcriquandelleréalisecequisepasse,etlerestedelafoulegrondeets’agite.«Est-ce...?»demande-t-il.Ils’arrête,parcequ'ils’étrangled’émotion.

«Oui»,dis-je.Leslarmescoulentsurmonvisage,etjem’enfiche.Jemepencheverslui.«Tum’asfoutueencloque.»

Ilmeprenddanssesbrasetmeserrefort,etunsanglotletraverse.«Tuessérieuse?»«Absolumentsérieuse,Matt»,dis-je.«Maisattends.»Jebaisselesyeuxetsecouelabarboteuse.

Unedeuxièmeentombe,etMattl’attrapeauvol.«Deux?»demande-t-il.J’acquiesce,siémueparsaréactionquejenepeuxpasparler.«Deuxminusculespetitsbattementsde

coeur,»dis-jedèsquejelepeux.«Putaindemerde»,souffle-t-ildansmonoreille.Ilmeserresifortquejecouine.«Putain,jet'aime

trop»,dit-il.Ilprendunesecondepourmerenifleretsecalmer,puisiltombeàgenouxetposesonfrontcontre

monventre.Ilditquelquechosedoucementàsesenfantsànaître,etjenesaispascequec’est,maisjesaisquec’étaitentreluieteux.OuluietDieu.L’unoul’autre.

Puisilselèveetregardelafoule.Lamoitiéd'entreeuxontleslarmesauxyeuxcommenous.«Voussavezcequeçaveutdire?»demande-t-ilànotrefamilleetnosamis.

Ilyaungrondement,maisilnepeutpasentendreunevoixplusquelesautres.IlmontreLogan.«Ҫaveutdirequemesspermatossontmeilleursnageursquelestiens,petitfrère!»,

dit-il.Ilsigneenparlant,etLoganluifaitundoigtd’honneur.Maisilrit.Ilpassesesbrasautourd’Emilyetposesesmainssurlapetitebossedesonventre.

Jeluitapesurl’épaule.«Etsic’étaitmesovulesquiétaientfabuleuses,etpastonsperme?»«Etsic’étaitnous?»demande-t-ilcalmement,etilm’embrasse.«Nousdeuxensemble.»«Jet’aiditquejecroyaisauxmiracles,Matt,»dis-jequandjepeuxenfinleverlatête.«C’esttoimonmiracle»,dit-il.«Toi.Rienquetoi.»Joeytiresurlajambedesonpantalonpourqu’illaprenneauxbras.Ill'embrassebruyammentsurla

joue.Ellechuchoteàsonoreille.Ilseretourneetdit:«Oh,quelqu'undoitalleraupetitcoin.»Illèveundoigt.«Jerevienstoutdesuite.»Etilarrêtelafête,justepourl'emmenerauxtoilettes.

Lesmiracles.Oui,j’ycrois.

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