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1 GIOVANNI FONTANA ANTONELLI Un Laboratoire d’Idées pour la sauvegarde du paysage de Battir, District de Bethléem, Palestine
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Feb 08, 2017

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GIOVANNI FONTANA ANTONELLI

Un Laboratoire d’Idées pour la sauvegarde du paysage de Battir, District de Bethléem, Palestine

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Photographie aérienne actuelle du territoire de Battir (Photo plan du paysage de Battir)

L’envers et l’endroit Battir est un village palestinien situé sur la frontière qui, depuis 1948, sépare la Cisjordanie d’Israël. L’intégrité de son paysage historique et archéologique est caractérisé par des cultures en terrasses et un système d’irrigation antique, encore en service, menacé. Un Plan du paysage devient l’instrument stratégique pour protéger à la fois les lieux et les droits humains. Par Giovanni Fontana Antonelli Le paysage historique de Battir est constitué de jardins et de potagers irrigués adjacents au noyau urbain et, au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre habité, de petits champs cultivés principalement dédiés aux oliviers, aux vignes et aux amandiers. Chaque parcelle est protégée par des murs en pierres sèches échelonnés en terrasses qui suivent la topographie du terrain. Le paysage historique de Battir est aussi et surtout un lieu symbolique et social. La cuvette en terrasses qui s’étend à partir de la source naturelle dite « Ain Al-Balad » (source principale du pays) est connue sous le nom de « Al-Jinan » qui signifie en arabe « les Jardins du Paradis ». Le plan du paysage de Battir, premier en son genre au Moyen Orient, naît justement

de la nécessité de protéger ce bien précieux, chef-d‘œuvre des techniques de construction et d’ingénierie hydraulique et de transmettre son contenu aux générations futures dans une région de la Méditerranée où la violence des conflits et les logiques perverses qui en découlent prévalent sur la vie des habitants jusqu’à bouleverser les aspects basiques de l’existence.

Le plan du Paysage de Battir comme instrument de défense du territoire et des droits humains L’opération de sauvegarde du paysage de Battir prend appui sur le recensement des biens culturels palestiniens commencé en 2004 par le Ministère du Tourisme et des Antiquités, en collaboration avec l’UNESCO.

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Suite à l’identification de cette zone comme exemple significatif pour l’étude du paysage et pour sa prise en compte dans la liste des biens culturels d’une importance majeure pour une future inscription au Patrimoine Mondial il a été indispensable de produire un instrument de connaissance, de conception et de gestion au regard du manque de législation adéquate, de l’absence d’outils urbanistiques et de formes de gestion du territoire autres que les pratiques coutumières. « Tout commence par la lecture des lieux. Notre approche conceptuelle est expérimentale, en ce sens qu’elle ne prétend pas fournir des solutions univoques mais essaie de confronter le lieu du projet à des enchainements d’hypothèses qui puissent révéler sa substance et ouvrir le processus de sa transformation »1. La référence à De Carlo est importante pour deux des aspects fondamentaux du travail de Battir. Le premier concerne la lecture en profondeur des signes imprimés tout au long de l’histoire sur le territoire, la compréhension des permanences et des transformations du paysage2. Le second concerne « l’approche conceptuelle expérimentale » qui, en l’espèce pour l’expérience de Battir a pris la caractéristique d’un « Laboratoire permanent des idées ».

Terrasses cultivées dans la vallée de Wadi Makhrour (Photo de Federico Busonero). En bas: Intérieur de la source « Ain Al-Balad » (Photo Lino Barone/Claudio Zagaglia)

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En haut de cette page: Zones en terrasses concernée par le franchissement de la barrière de séparation israélienne (photo de Lino Barone/Claudio Zagaglia). Photos historiques de la zone Al-Jinan (Jardins du Paradis) de Battir, la première est une vue des terrasses irriguées en 1892 (Photos du Palestine Exploration Fund), la seconde est une vue zénithale de 1926. En bas: séquences des élaborations des relevés sur le terrain et digitalisation des données produites par le groupe de travail du Plan du Paysage de Battir

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À partir de 2005 en fait, se sont succédées des actions visant d’une part à la lecture du paysage historique, archéologique et contemporain, et d’autre part à la réalisation de bonnes pratiques dans la préservation du paysage. À l’étude des dynamiques de retour à l’état naturel des terrasses abandonnées s’est ajoutée la recherche sur les pratiques traditionnelles de construction et de manutention des murs de pierres sèches et de l’utilisation des ressources hydriques. Les relevés du paysage et sa restitution cartographique ont mobilisé une équipe pluridisciplinaire de jeunes techniciens locaux. La production cartographique a facilité la reconstruction de l’identité des lieux à travers la récupération de la toponymie perdue ou effacée. La définition de l’unité de paysage, basée principalement sur les différentes typologies de terrasses, a enrichi la rédaction d’un cadre normatif de lignes directrices pour la gestion appropriée du territoire en fonction de chaque unité. Ces expériences ont nécessité la participation active des institutions, des habitants du pays

et des agriculteurs : les comités locaux de participation populaire ont été revitalisés. Tous dans l’effort de rendre compte de leur perception du paysage. La création du premier Écomusée3 du Moyen Orient dédié au paysage a contribué à l’organisation de parcours touristiques et à la restauration des structures et des infrastructures du territoire ; à la requalification des zones abandonnées et à la restauration de sites contaminés de décharges ; au maintien de la production alimentaire de qualité - à des interventions de reforestation à petite échelle sur les terrains incultes, comme actions préventives contre la confiscation des terres. Les campagnes de sensibilisation à l’environnement pour les jeunes, la promotion d’activités culturelles et artistiques liées au territoire, l’organisation de cours en résidence d’universités locales et européennes sur des thématiques lié à l’espace commun, aux droits et aux transformations des paysages, la coordination de visites guidées pour les journalistes, les délégations diplomatiques et parlementaires européennes sont elles aussi parties intégrantes du projet.

En haut : un paysan dans son jardin de la zone dʼAl-Jinan (Photo de Lino Barone/Claudio Zagaglia)

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Fiche du Projet

Fiche de projet

Projet Plan de protection, gestion et valorisation du paysage de Battir

Nicola Perugini, politique du plan et rapport avec la communauté locale

Lieu Battir (parties du territoire des communes de Beit Jala et Husan), District de Bethléem, Palestine

Donneur d’ordre ————————————— Chronologie ————————————— Extension du projet

Commune de Battir et bureau Unesco de Ramallah (Fonds du Gouvernement Norvégien) —————————— 2008-2012 ——————————- 12 Km2

Spécialistes du paysage Giovanni Fontana Antonelli / Coordination du plan, formation professionnelles et participations

Coût de l’opération 150 000 USD

Autres spécialistes et consultants

Lino Barone / planification du paysage, Claudia Cancellotti et Patrizia Cirino / anthropologie du paysage, Francesco Cini / Géologie et hydrologie

Prix et reconnaissances ————————————— Gestion et manutention

2011 : Prix international Melina Mercouri pour la sauvegarde et la gestion des paysages culturels ———————————— Eco musée du Paysage de Battir

Collaborateurs Samir Harb et Mohammed Hammash / analyses territoriales /GiS Hassan Muamer / analyses territoriales et ingénierie du territoire

Possibilités de visite du projet

Oui (avec possibilité d’accompagnateurs locaux)

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Enfin Il faut souligner l’importance particulière qu’a revêtu le soutien à l’action légale entreprise pour contrer la barrière de séparation, l’advocacy planning si cher à De Carlo. Ce processus « d’approche conceptuelle expérimentale » est en cours de réalisation, tout comme les chantiers des projets pilotes pour la récupération du paysage. Ce n’est pas un processus linéaire, plutôt un parcours empirique et irrégulier, mais virtuose. Les objectifs deviennent toujours plus clairs

chaque fois qu’ils se concluent par une action, que celle-ci soit liée strictement à la discipline concernée par le projet du paysage, ou qu’elle en soit complémentaire. Pour la première fois, en Palestine, les instances de conservation du paysage ont produit des résultats tangibles sur le front judiciaire et politique ; le paysage est devenu cardinal pour l’action en faveur de la défense des habitants de Battir et des zones limitrophes ; il s’est fait porteur de la défense des droits humains.

Notes: 1 Giancarlo De Carlo, Franco Buncuga, « Conversations avec Giancarlo De Carlo, Architecture et liberté », Eleuthera, Milan 2000, Page 118 2 A ce propos, lire Pasquale Barone, Claudio Zagalia, « Landscapeʼs permanences and transformations in the Bethlehem area »in Goffredo Serrini, Giovanni Fontana Antonelli et Claudio Zagalia (2012) « Bethlehem area conservation and Management Plan. The Plan as an Alphabet, UNESCO Publishing, Paris 2012, Pages 107-125 3 Lʼécomusée du paysage de Battir a étéfinancépar la Coopération italienne dans le cadre de son programme de soutien aux municipalités palestiniennes (PSMP)

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Les petits murets, constitués de millions de pierres savamment empilées sans jointure, générations après générations, réussiront-

ils à avoir raison du grand mur de ciment prêt à détruire l’harmonie qui règne dans le Jardin/Paradis ?

Page 7 en haut: La carte de lʼutilisation du sol du Plan du paysage de Battir. Ici: Oliviers, vigne et champs labourés dans le fond de la vallée du Wadi Makhrour (Photo de Federico Busonero)