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THESE DE DOCTORAT D'ËTATès-Sciences Naturelles
présentée
à l'Université Pierre et Marie Curie - Paris 6
par
Monsieur Frank LHOMME
pour obtenir le grade de DOCTEUR ès SCIENCES
BIOLOGIE ET DYNAMIQUE DE PENAEUS (FARFANTE PENAEUS)
NOTlALlS(PEREZ FARFANTE 1967)
AU S~N~GAL
soutenue le
MM. BOUGIS Paul
FONTANA André
LE GUEN Jean-Claude
LE RESTE Louis.
NIVAL Paul
TURQUIER Yves
devant le Jury composé de :
-
1 •
BIO LOG 1E ET DYNAM 1QUEDE PEN AEUS (F A RFA N TEP ENA EUS) NOT
1ALI S
( PE REZ FAR FAN TEl 9,67 )
AU SENEGAL
. pM
. Frank LHOMME
-
Je. tie.nJ.:, à lLemeJl.ueJl. tout paJ/...Ûc.uU.èlLeme.n.:t
MOnJ.:,ie.uJt CHAMPAGNAT,plLéma:tuJtéme.n.:t déc.édé e.n 1979, qui
a guidé me6 plLe.m-leJL6 pas danJ.:, .ta.nechench». et: out, e.n
tant que. CÜJ1.e.c.te.uJt du Ce.n.:t!Le. de.
Re.c.heJl.c.he6Oc.éanoglLaphiqUe6 de. VakafL-ThiaJLoye., à
l'olLigine. du plLoglLamme. d'étude.de. .ta. c.JLe.ve.:t:te. au
Sénégal danJ.:, le.quel .6' inJ.:,c.JLi:t ce :tMvm.
Je. lLe.meJl.c.ie. égaleme.n.:t l' e.nJ.:, emble. du peJL6 0
nne.l du C.R.0 •V•T.e.:t l'équipage. du navilLe. oc.éanoglLaphique.
"LAURENT AMARO" pouJt le.uJtC.ol.ta.bolLation inc.e6.6an.:te..
Ma lLe.c.onnMManc.e. e6t ac.qui.6e. aux VOc.:te.uM GARCIA et LE
RESTEdon.:t l' e.xpéJUe.nc.e. dal1J.J le. domaine. des
cJLe.ve.:t:te6 pénüde6 me. outplLéue.u6e..
J'e.xp!Lime. ma glLatitude. à MOnJ.:,ie.uJt le. PlLOOe6.6e.uJt
BOUGIS quia ac.c.e.pté de. CÜJL.{.geJl. la lLédac.tion de.
c.e.:t:te. thè.6e. MnJ.:,i qu'à Me6.6ie.uM1e6 PlLOOe6.6e.uM NIVAL
e.:t TURQUIER et: Me6.6ie.uM 1e6 VOc.:te.uM FONTANAet: LE GUEN qui
on.:t bcen voulu juge.JL c.e. br.avm.
.. ... . ~ ,;
-
-:.:
Il
RESUME------
La Il.é~on de6 cJtevefte6 Penaeti.ô ti6tia..UA t PEREZ-
FARFANTE1967) en 60netion de6 conditioYlh dumLlZeu ~t examinée au
SénégaltA6Jtique de t' Oue6t). L' évotu..tion ces pêchvue6 en meJL
e:t en e6twWtee6t déetUte.
Po UIr. la. pha.-6 e j uvéYlÂ-le, te ll.ecJtutement des
poJ.diA.JWe6, la.cll.o-L6.6ance et la. mJ..gJta.:Üo n .6 0nt
analy.6é.6 .
POUlr. la. phtue adutte, ta. .6éteetivilé de.6 cha.tut.6, ta.
Il.epll.o-ducUon, te6 va.JU.a.UOYl.6 de6 Il.ende.merr.-tb, la.
.6t/l.uctUlr.e des caotunes , tell.ecJtUte.ment, la.
cJto,{,b.6ance, te6- I1ÙgJr.a.UOYl.6 et la. molttaLUé .6ont
étucüé.6.
Un .6chéma géné.Jta..t de6 cyde6 vilaux e6t ptr..opo.6é. Le6
conditioYl.6op:ti.male6 d'exploilaUon des deux .6toè.fv., maJUYl.6
.6ont UabUe6 e:t de6me6U1r.e6 d'aménagement sord: pll.opo.6ée6.
000
ABSTRACT
The fuWbuUon 06 the .6hJU.mp PeYlàeJ.i..6 nd~ (PEREZ-FARFANTE1%
7) accoll.cüng to envvwnme.nta.i conditioYl.6 t-Ik:t6 .6tualeâ .in
Senegat(We6t A6Il..ica). The evotu..tion 06 the .6ea. 6i5fie!Ûe6
and the e6tuMy6,ù,heiUe6 t-Ik:t6 de6c1l..i6ed.
,
Fo« the juveYlÂ-le phas«, the po.6UMva.l ll.ecJttvUment, the
gll.ow.thand the migJr.a.Uon well.e .inVe6ti..gated.
Foll. the adutt phMe, the tJz.awt.6 J.Jeteetivily, the
Il.epll.oduetion,the y.ietd vaJUaUOYl.6, the catch souuirune, the
ll.ecJttvUment, the gll.ow:th,:the m.igJr.a.UOYl.6 and the mo!LWliy
weJr.e ana.iyzed.
A geneJULf. pa.tieJr.n 06 the v.iW. cyde/.J «kW pll.apQ-6ed. The
opUma.lconditioYl.6 06 exptoUaUon noll. :the two ma.tLine .6tock.6
weJr.e u:ti.mated.
000
-
III
SOM MAI R E
l Introduction
II Les conditions du milieu
III Evolution des pêcheries en mer et en estuaire
IV Collecte et traitement des données, méthode de marquage
V Répartition et conditions du milieu
VI Etude de la sélectivité
VII Reproduction
VIII Phase juvénile
IX Phase adulte
X Cycles vitaux
XI Evaluation des stocks marins et conditions optimales
d'exploitation
XII Coriclusion
Annexe Biométrie
Bibliographie
-
1
1. l N T R 0 DUC T ION
Le pr~sent travail constitue la synth~se des travaux effectuês
par l'au-teur depuis 1972 sur la biologie et la dynamique de la
crevette Penaeus notia-lis au Sên~gal. Le but de cette êtude est de
fournir les ~l~ments nêcessairesà une gestion rationnelle des
ressources.
Dans le premi~re partie de cette introduction nous donnerons
quelques in-formations sur les peneides exploit~s en Afrique de
l'Ouest et particuli~rementsur P. notialis en indiquant les
principaux travaux publi~s sur cette esp~ce.Dans la seconde partie,
nous insisterons sur l'importance ~conomique de P. no-tialis au
S~négal et rappellerons l'état des connaissances sur l'espèce dans
cepays au commencement de notre ~tude.
I • 1 LES PEN E IDE S E N A F R l QUE D E L ' 0 U EST
Il existe le long de la côte ouest africaine quatre espèces de
crevettespéneides exploit~es: Penaeus kepathurus~ PaPapenaeopsis
atlantica~ ·Papapenaeuslongipostpis et Penaeus notialis.
Penaeus kepathurus, côtière, est présente sur toute la longueur
du litto-ral en densités trop faibles pour donner lieu à une
exploitation sp~cialisée.
Papapenaeopsis atlantica, très côtière également, inféodêe aux
eaux chau-des et dessal~es de surface est en g~n~ral considérée
comme peu abondante. Enraison de cette faible abondance et de sa
médiocre tenue à la conservation, ellerepr~sente une part
négligeable des débarquements et elle est souvent même
reje-t~e.
Papapenaeus longipostpis peut être rencontrée à partir de 45 m
dans certai-nes zones (Côte d'Ivoire, en saison froide) et jusqu'à
350-400 m. Elle est plusou moins régulièrement exploitêe par les
navires espagnols devant le Sén~gal,l'Angola et le Congo.
Penaeus notialis est actuellement la plus exploitée ; elle
représente lapresque totalit~ des d~barquements. Captur~e en
rivière, pendant sa phase juvé-nile, depuis 1959 au S~négal et
traditionnellement en Côte d'Ivoire, au Ghana,au Bénin et au
Nig~ria, son exploitation en mer par des crevettiers sp~cialisésa
début~ en 1965 au S~n~gal et au Nigéria pour se g~n~raliser à tout
le golfede Guin~e entre 1965 et 1970. Auparavant cette espèce ne
représentait qu'unecapture accessoire de la pêche chalutière
côtière sp~cialisée dans la capturedu poisson, dont les principales
concentrations traditionnellement exploit~esse situent à des
immersions en g~néral inférieures à celles où Penaeus notialisest
la plus abondante.
L'espèce a une distribution amphiatlantique et PEREZ FARFANTE
(1967) dis-tinguait deux sous-espèces. P. duoparum duoparum se
rencontre sur la côte am~ricaine, du Cap Hattéras (Caroline du
nord) à la presqu'île du Yucatan (Mexique);P. duoparum notialis est
r~pandue dans la mer des Caraibes et sa pr~sence a ~t~signal~e
jusqu'au Cap Frio (Br~sil). Cette dernière occupe seule toute la
côteouest-africaine du Cap Blanc (Mauritanie) au Cap Frio (Angola).
La sous-espècePenaeus duoparum notialis est depuis peu (HOLTHUIS
1980) consid~rée comme uneespèce à part entière :
-
· ,l,
2
Penaeus (Farfantepenaeus)notialis (PEREZ-FARFANTE 1967)Nous
emploierons donc cette dénomination mais nous continuerons à
nous
référer à P. duorarum pour certaines comparaisons.
Nous ne reprendrons pas ici les détails du cycle biologique
particulierdes crevettes pene ides qui est maintenant bien connu
grâce aux travaux du labo-ratoire de Galveston (IDYLL 1964, LINDNER
et COOK 1970, COSTELLO et ALLEN 1970,"TEMPLE 1973). Rappelons
simplement que ces crustacés sont amphihalins et que,si les
adultes, oeufs et premiers cycles larvaires se trouvent en mer, les
for-mes juvéniles se développent en milieu saumâtre ou sursalé.
Deux grandes migra-tions permettent le passage du milieu
continental au milieu marin et inverse-ment.
Les principaux stocks de P. notialis existant sur la côte
ouest-africaineont été localisés et évalués (COPACE 1977, COPACE
1978, GARCIA et LHOMME 1979).La méthode utilisée pour délimiter les
fonds de pêche est basée sur la naturedes fonds et en particulier
leur granulométrie. Tous les auteurs s'accordantpour affirmer que
les concentrations les plus intéressantes se trouvent sur lavase
sableuse. Le travail de BURUKOVSKII et BULANENKOV (1969) a
également étéutilisé. Nous rappellerons brièvement ici la
localisation et l'importance éco-nomique des stocks sous forme d'un
tableau (tableau l, ordre géographique dunord au sud) et d'une
carte (figure 1). La surface totale des fonds à
crevettesouest-africainesde 4 000 à 5 000 milles carrés. La
production potentielle op-timale moyenne est d'environ 10 500
tonnes en mer pour une prise en lagune del'ordre de 3 000
tonnes.
Une excellente revue des travaux effectués sur l'espèce dans le
monde aété faite par GARCIA (1977). Il souligne que la conférence
scientifique mondia-le sur la biologie et l'élevage des crevettes
réunie à Mexico en juin 1967, sousl'égide de la F.A.O. (MISTIDAKIS
1968) a montré que, si les données sur P. duo-rarum étaient assez
nombreuses, l'espèce P. notialis de la côte ouest africaineétait
très mal connue. Nous ne reprendrons pas ici une longue liste des
travauxauxquels le texte qui suit fera référence. Nous nous
contenterons de citer quel-ques synthèses importantes. Une étude
traitant à la fois des aspects pêche, bio-logie et dynamique a été
faite par CROSNIER et DE BONDY (1968) sur l'ensembledes crevettes
commercialisables de la côte ouest africaine. Les travaux
effecwéspar GARCIA (1970 à 1978) en Côte d'Ivoire ont été
rassemblés dans une synthèse(GARCIA 1977). Ces travaux ont été
commencés un peu avant les nôtres, ils ont étéaccomplis sur la même
espèce dans un contexte et dans un but identiques. Nousavons ainsi
pu bénéficier très largement de l'expérience de leur auteur et
effec-tuer de fructueuses comparaisons de nos résultats avec les
siens. Les deux grou-pes de travail sur l'exploitation de la
crevette Penaeu8 notialis organisés parle COPACE (COPACE 1977 et
COPACE 1978) : secteur Mauritanie-Libéria (Dakar, mai1977) et
secteur Côte d'Ivoire-Congo (Abidjan.février 1978) constituent
actuelle-ment le bilan le plus récent de nos connaissances sur les
pêcheries existantes.Enfin, une synthèse sur les ressources en
crevette rose Penaeus notialis de lacôte ouest africaine vient
d'être publiée (GARCIA et LHOMME 1979).
1 • 2 L ' E S P E C E P.NOTIALIS A U SEN E GAL
Les deux fonds de pêche exploités par le Sénégal représentent 25
% de lasurface totale et 36 % des prises potentielles optimales
totales de l'Afriquede l'Ouest. La crevette P. notialis constitue
une ressource très importantepour le pays depuis 1965, année où a
commencé son exploitation en mer. Les dé-barquements actuels
annuels sont d'environ 5 000 tonnes (3 400 tonnes capturéesen mer
et 1 400 tonnes capturées en estuaire). Ils représentent une valeur
à
-
3
TABLEAU 1.- Principaux stocks de P. notialis sur la côte
ouest-africaine.
Superficie Prise potentielle Niveau d'ex-PAYS Stock (milles) 2
optimale moyenne ploitation
(t) actuel
MAURITANIE Cap Timiris 45 faible 0
SENEGAL Saint-Louis 430 ( 1) 720 0,72+ 150 en lagune
SENEGALRoxo-Bissagos 800 .( 1) 2400 0,98GLITNEE BISSAU·
+ 2100 en lagune
SIERRA LEONE Sherbro-Cap Mount 200LIBERIA
LIBERIA Cap Mount-Monrovia 150 1800 0,65
" Cap des Palmes 50 ( 2)
Tabou - Sassanda 250COTE D'IVOIRE Grand Lahou 80 495 0,78
Bassam 60 + 680 en lagune
GHANAAxim-Takoradi 80
400 - 600 ?Ada-Keta
TOGO 90 (max) 300 (max, ) ?
BENIN 130
NIGERIA LagosRivières Bénin à 1300 (3)
Pennington ou 3340 1,09Rivières Bonny à 2500 (4)
Calabar
CAMEROUN 190
GUINEE EQUA- 1 négligeable ?TORIALE
GABON Cap Esterias 580 (5) 1000 (5) 1~ 4
CONGO Pas de concentrat ion exploitable
ANGOLA " " "
TOTAL 4500 ou 57001
10500 + 2930 (lagune)
(1) nouvelle estimation faite par l'auteur(2) ce fond est une
extension du fond de Sassandra Tabou(3) BURUKOVSKII et BULANENKOV
(1969)(4) RAITT et NIVEN (1969)(5) FONTANA (1980)
-
4
•
PAY Sa - Mauritanieb - Sénégalc - Gambied - Guinée Bissaoe -
Guinéef - Sierra Leone
g - Liberia
h - Côte d'Ivoirei - Ghana
j - Togok - Dahomey1 - Nigeriam - Camerounn - Guinée
équatoriale0- Gabonp- Congoq - Angola (Cabinda)r --Zaïres -
Angola
, 1 1i)k! l
AFRIQUE
/h 1
6
2
3
C.Blanc
Fonds de Pêche
cap Timirisst Louis du SénégaLRoxo -
BissagosSherbroMonroviaSassandra-- TabouGrand - LahouGrand -
BassamAxim - Trois PointesAdda - Keta
Lagos
delta du NigerCamerouncap Estérias
OCEAN ATLANTIQUE
1 -2 -3 -4-5-6-7-8-9-10-
11-
12-13-14-
oo ------~---~------__o~
Fig. 1.- Position desprinçipaux fonds de pêche à P.noti~
sur la côte ouest-africaine.
-
5
la p-r o d u c t io n de près de 5 milliards de francs CFA. La
quasi totalité de laproduction sénégalaise est exportée sur
l'Europe. L'impact socio-économique decette pêcherie pour le pays
est d'une ampleur évidente.
Après avoir connu une expansion spectaculaire jusqu'en 1970, la
productionde crevettes a commencé à se stabiliser malgré un effort
de pêche toujourscroissant. L'hypothèse d'une surexploitation des
stocks a été avancée et c'estdans ce contexte qu'une étude de la
biologie et de la dynamique de l'espèce aété entreprise par le
C.R.O.D.T. (Centre de Recherches océanographiques de DakarThiaroye)
dès 1967 dans le but de recueillir les éléments nécessaires à une
ges-tion rationnelle des ressources.DE BONDY (1968) a publié une
étude préliminaire de la biologie de l'espèce.DOMAIN (1972) a
effectué une première estimation des niveaux optimums
d'exploita-tion pour les deux stocks marins. Enfin, LE RESTE (1980)
a étudié les relationsentre la pluviométrie, la salinité et les
captures annuelles pour la pêcherie dejuvéniles en Casamance. Notre
travail qui a débuté en 1972 a plus particulière-ment porté sur la
biologie et la dynamique de la phase adulte qui est exploitéeen mer
cependant certains aspects de la biologie des juvéniles seront
envisagéset un schéma de la chronologie des. cycles vitaux sera
proposé.
-
II LES
DU
6
CON DIT ION S~1ILIEU
Les conditions du milieu ont une grande influence sur la plupart
des phé-nomènes biologiques, en particulier sur la croissance et la
reproduction. Cechapitre sera divisé en deux parties. Dans la
première partie, relative au mi-lieu marin, nous insisterons plus
particulièrement sur les conditions de milieusur les fonds de pêche
de Saint-Louis et Roxo-Bissagos bien que ceux-ci nesoient défini
tivement délimi tés qu'au chapitre V. Dans la seconde partie, nou
sdonnerons quelques informations sur les milieux continentaux qui
abritent laphase juvénile du cycle: fleuve Sénégal, Sine Saloum,
fleuves Gambie et Casa-mance.
II.1.1. BATHYMETRIE
II . 1 - MIL lEU MAR l N
Situé à 27 milles au large de St r l.ou i s l'isobathe 200 m se
rapprochedoucement de la côte. tout en suivant sensiblement son
contour lorsque l'on des-cend vers le sud (figures 2 et 3). A la
hauteur de la pointe des Almadies lalargeur du plateau continental
n'est plus que de 5 milles. Il s'élargit ensuiteassez rapidement
pour atteindre 54 milles à la latitude de 12°45'N et 68 millesau
large de la Guinée-Bissau.
D'une manière générale les fonds sont peu accidentés. Il existe
cependant aunord de Dakar. un canyon sous-marin appelé fosse de
Kayar, situé en face du vil-lage du même nom. qui traverse le
plateau sur toute sa largeur.
II.1.2. COu\ŒRTURE SEDIMENTAIRE
Deux types de paramètres permettent de définir la couverture
sédimentaire.ce sont la granulomètrie et la composition chimique.
Nous les envisagerons suc-cessivement.
II.1.2.1. La Granulomètrie
Le plateau continental sénégambien a été "étudié et cartographié
par DOMAIN(1976, 1977 a. b) : figures 2 et 3. Les fonds meubles ont
été classés en 4 caté-gories
sables : moins de 5 % de lutitessables vaseux: de 5 à 25 % de
lutitesvases sableuses : de 25 à 75 % de lutites
. vases : plus de 75 % de lutites.
a) 1~~_Y~~~~
L'examen des cartes montre l'existence de deux principales zones
vaseuses.l'une devant la côte nord du Sénégal. la seconde au niveau
de la frontière Séné-
-
7
~ L4 Plus de75%de lutiles
~ L3 De 75 50 %a---
mi L2 De 50 a 25 %....:......:.EZill Ll De 25 a 5 %c:=J LO Moins
de 5% de lutites- Bancs ro cheux
S
E
N15°30
E
G
A
L
Fig.2.- Carte sédimerïto Iog i que du plateau continental au
nord du Cap Vert(d'après DOMAIN 1977).
-
B
~ Brisants
1t>t>~t> 1 Risque de Cloches-
d"après
-30'
f. DOMAIN
30'
l1 De 25 a 5 %
l3 De 75 à 50%
l2 De 50 à 25 %
la Moins de 5 %
l4 Plus de 75% de lut Iles
30'
~~~
~~
E2JD
13 N
Fig.3.- Carte sédime~ologique du plateau continental(d'après
DOMAIN 1977).
au Sud de la Gambie
-
9
gal-Guinée Bissau.
La vasière de la côte nord (fig.2) s'étend de part et d'autre de
l'embou-chure-~~-~i;~;;-~i~i~;i:-~;-f~~30'Nà 15°15'N, entre les
isobathes 20 et 80 m.La proportion de lutites y est généralement
supérieure à 95 %. Cette vasièreserait actuellement alimentée par
les particules en suspension transportées parle fleuve jusqu'à la
mer. En octobre-novembre, lors du maximum de la crue, unepartie du
débit du Sénégal se dirige en mer vers le nord sous l'influence de
laforce du Coriolis et aussi sous l'action du courant qui peut
encore, en ce t t esaison, se diriger fréquemment vers le nord.
Plus tard, lors de la décrue dufleuve qui peut se prolonger
plusieurs mois après la fin de la saison des pluies,les particules
arrivant à la mer sont entraînées par le courant dont
l'actiondevient alors prépondérante et qui porte vers le sud-ouest.
Une partie de cesmatériaux peut être reprise et entraînée vers le
nord par le sous courant qui estalors bien établi. Cependant, les
transports solides actuels du Sénégal ne peuventsuffire à expliquer
une telle accumulation de lutites. L'extension de cette va-sière
jusqu'à la latitude de 16°30'N semble plutôt liée aux divagations
de l'em-bouchure du Sénégal depuis le Quaternaire récent, époque à
laquelle le fleuve dé-bouchait à la mer à cette latitude.
La vasière de Casamance (Fig.3) s'étend vers le sud à partir de
l'embouchurede la-~I;Iè;;-c;;;~;~~;-;t-se prolonge jusqu'au large
des îles Bissagos entre lesisobathes 25 et 50 m. Les proportions de
lutites sont généralement supérieures à95 %. Actuellement la
Casamance, dont le débit en eau douce est nul à l'embouchu-re, ne
joue sans doute qu'un rôle négligeable dans les apports de
particules fi-nes de cette zone. Il est vraisemblable que cette
vasière, d'origine ancienne,est alimentée essentiellement par les
nombreux cours d'eau, dont le rio Cacheu etle rio Geba qui
débouchent à la mer sur les cô~es de Guinée Bissau un peu plus
ausud.
b) b~~_y~~~~_~~~l~~~~~~_l~~_~~~l~~_y~~~~~_~!_l~~_~~~l~~
Les vases sableuses représentent peu en superficie et n'existent
la plupartdu temps, qu'en bordure des vases. Les sables vaseux
couvrent des étendues plusimportantes principalement sur la côte
nord. Au-delà de l'isobathe 90 m, ilssont constitués par un mélange
de lutites et d'un sable organigène grossier, ri-che en coquilles
brisées, en spicules d'oursins et en débris de madréporaires.Peu
représentés sur la côte nord, les sables à l'état pur (moins de 5 %
de luti-tes) sont abondants sur le plateau continental jusqu'à
-8Om, de Dakar à l'embou-chure de la Casamance.
II.1.2.2. La composition chimique des sédiments
a) Carbonates: DOMAIN (1977) signale que, pour la vaS1ere de la
côte nord,le sédiment contient de 10 à 30 % de carbonates. La
vasière de Casamance est peuriche en éléments carbonatés.
b) Matière organique: les teneurs moyennes observées sont de 2,5
à 5 %pourle nord et de 3 à 6 % pour le sud. Une étude faite par
DOMAIN (1978 b) montreque la matière organique est associée aux
particules fines mais que les coeffi-cients de corrélation tout en
étant significatifs ne sont pas très élevés. Lesteneurs observées
sont nettement plus importantes en saison froide.
II.1.3. HYDROCLIMAT
L'hydrologie de la reg10n a été décrite à plusieurs reprises :
ROSSIGNOLet ABOUSSOUAN (1965), ROSSIGNOL (1973) BERRIT (1973),
REBERT et DOMAIN (1977),REBERT (1978).
-
;,10
II.1.3.1. Courants océaniques (figures 4 et 5) :
Les variations saisonnières de la circulation et des masses
d'eaux sonttrès importantes dans toute la zone comprise entre le
cap Blanc et le cap Roxo.Elles sont en relation directe avec les
forces qui engendrent les principauxcourants, c'est-à-dire les
migrations des systèmes de haute et basse pressionsde l'Atlantique
Centre-Est à savoir: l'anticyclone des Açores et celui de
Sain-te-Hélène ainsi que la dépression saharienne.
Le déplacement de ces centres fait remonter l'ensemble du
système des cou-rants vers le nord en été boréal et le fait
descendre vers le sud en hiver oupar saison sèche en même temps que
leur intensité respective se modifie.
La circulation est constituée sur le plateau continental par la
résultantede deux systèmes aux caractéristiques très différentes
:
- Un courant sud en saison froide, improprement appelé courant
des Canaries,car ce dernier bifurque à l'ouest au niveau du cap
Blanc pour former le courantnord-équatorial. Ils s'agit en fait
d'une dérive littorale dont les flucauationsde vitesse sont très
bien reliées aux variations de vent et dont la largeur n'ex-cède
guère celle du plateau continental au-délà duquel on trouve
fréquemment unensemble de vortex et de contre-courants. L'épaisseur
du courant superficiel estfaible (20 à 50 m). Sous ce courant
côtier se trouve un contre-courant dirigévers le nord au niveau du
talus continental entre le Cap-Vert et le cap Blanc.
- Un courant nord en saison chaude qui est une branche du
contre-courantéquatorial apportant des eaux chaudes et salées sur
le plateau continental. Lecontre-courant équatorial" atteint son
maximum d'intensité et d'extension vers lenord en été, s'écoule en
général vers le sud-est en atteignant la côte ouest-africaine pour
former le courant de Guinée. En été deux branches se forment,
laséparation ayant lieu vers le cap Roxo. La branche nord peut
atteindre la lati-tude du cap Blanc ; cependant ce courant est très
variable et subit de largesoscillations.
II.1.3.2. Régime hydrologique
Les masses d'eaux transportées par les deux courants ont des
caractéristi-ques bien distinctes :
- Les eaux du contre courant équatorial ont une température
élevée (27 à28°C) et des salinités fortes (36 %0). On les observe
de juin à aoGt sur les cô-tes sénégalaises : elles sont CHAUDES et
SALEES.
- Les eaux de la dérive côtière des alizés sont froides (moins
de 20°C) etont une salinité plus faible et variable (35,4 à 36 %0)'
Elles proviennent d'unmélange avec des eaux profondes provoqué par
un phénomène d'upwelling côtier dejanvier à avril : elles sont
FROIDES et SALEES.
A partir àu mois d'aoGt, et jusqu'en novembre apparaît en outre
une caté-gorie d'eaux de surface chaudes et peu salées (moins de 35
%0) qui résultentd'un mélange avec les eaux de pluie et surtout
avec les apports fluviatilescôtiers : elles sont CHAUDES et
DESSALEES.
Les eaux chaudes et froides des deux courants sont séparées par
une zonefrontale où la température varie très rapidement sur de
courtes distances. Cettezone frontale se situe au niveau du Cap
Blanc de juin à octobre et descend trèsrapidement jusqu'à sa
position la plus méridionale, au niveau des îles Bissagos,vers le
mois de novembre. Le mouvement inverse s'effectue en mai-juin. La
duréede transition entre les deux régimes n'excède pas un mois.
II.1.3.3. L'upwelling côtier:
L'upwelling désigne un phénomène de remontées d'eaux profondes
froides.Il se produit en général en des endroits où le vent souffle
à peu près parallèle-ment à la côte en la laissant sur sa gauche.
Pour des raisons dynamiques liées àla force de Coriolis, les eaux
de surface sont chassées vers le large et remplacées
-
11
CONTRE-COURANT ÉOUATOlIIAL
-
MAURITANIE
/1,
Il
\ SÉNÉGAL
\
--
/1/
/ / /~ -
/"
-:/
/C
~Q, t'l.'~ ...
(l9
ÎLES DU CAP VERT
COURANT NORO-ÉOUATORIAL
c
_ Zone d·u~welling.
Fig. 4.- Courants de surface, zones d'upwelling et fronts en
saison froide(février-avril) d'après REBERT (1978).
-
12
20°
~cQ. A.•~ 1
l'ÎLES DU CAP VERT
CONTRE-COURANT{OUATORIAl.
_ Zone d'upwelling.
10°
..
..
/
!
-
SÉNÉGAL
Fig. 5.- Courants de surface, zones d'upwelling et salinité de
surface ensaison chaude (août-septembre) d'après REBERT (1978).
-
13
30Saison froide Transition Saison chaude Transition
25
20
15
r----r--.....,.--~-'-_,__-__,-.l-,___-__y_-____,r_-'--....._-.....,.----JL-~-_,__---
Mol s) F M A M ) ) A s o N o J
36.0
Station côtière de S!. LouIs: m~yenne 1960- 62 e! 1.971-76
S %0
Fond de pêche: moyenne 1967-1972
35.5
35.0
)
1F M
1A M )
1) A s
1o
1N o
1)
Fig. 6.- Evolution"de la température et de la salinité sur le
fond
de pêche ~e Saint~Louis. Evolution de la température de
l'eau
à la station côtière de Saint-Louis.
-
:..' :.~.
14
30 Saison 'roi de ran. Saison chaude Transition
25
20
15
/-----/
Station côtière
de Mbour
\.
J F M A M ) J A s o N o J Mols
Station côtière de Mbour : moyenne 1952 -1976
S%o
Fond de pêche: moyenne 1967 - 68
35.5
35.0
34.5
34.0
) F1M A
1M )
1)
1A
1S o
1o
20m
) Mors
Fig.7.- Evolution de la temp~rature de l'eau et de la salinit~
sur le fond depiche dé Roxo-Bissagos. Evolution de la temp~rature
de l!eau i la sta-tion côtière de Mbour.
-
1S
par des eaux froides remontant le long du talus continental. Le
Sénégal setrouve dans cette situation pendant toute la saison des
alizés, lorsque lesvents soufflent des secteurs nord-ouest à
nord-est. Citons quelques conséquen-ces importantes de ce phénomène
:
- La longueur et l'intensité de la saison froide très variables
d'une an-née à l'autre en fonction de la force, de la durée et de
la direction des ali-zés.
- Le reg1me des températures est différent d'un point à un autre
de la cô-te. La saison froide débute plus tôt à Saint-Louis en
raison du passage de lazone frontale vers le sud. Plus au sud, les
vents ayant une direction moins fa-vorable, l'upwelling se produit
plus au large et les eaux froides décollent dela côte. Les
températures de surface à la côte augmentent rapidement vers lesud
en raison de la forte insolation et de la faible profondeur du
plateau con-tinental.
- La richesse générale des eaux côtières sénégalaises est
directement liéeau phénomène d'upwelling. En effet, les eaux
profondes, riches en sels nutritifs,lorsqu'elles atteignent dans
leur remontée la zone éclairée, sont favorables àune croissance
rapide du phytoplancton qui constitue le premier maillon de
lachaîne alimentaire.
II.1.3.4. Température de l'eau
n'une façon simplifiée, on peut distinguer du point de vue de la
tempéra-ture de l'eau deux saisons séparées par deux périodes de
transition où la tem-pérature de l'eau change très rapidement. Nous
avons représenté sur les figures6 et 7 l'évolution des températures
et salinités sur les fonds de pêche de Saint-Louis et Roxo (1)
ainsi que l'évolution de la température de surface aux
stationscôtières de Saint-Louis et Mbour (moyennes mensuelles sur
plusieurs années). Sinous fixons à 18 et 24°C les limites de la
période de transition sur le fond à 20mètres, nous pouvons
distinguer :
- Saison froide de décembre à avril (Saint-Louis), de janvier à
avril(Roxo ) •
- Saison chaude de juillet à septembre (Saint-Louis), de juillet
à octobre(Roxo).
- Transition: mai-juin et octobre-novembre (Saint-Louis),
mai-juin et no-vembre-décembre (Roxo).
La saison chaude est un peu plus longue sur le fond de pêche de
Roxo. L'évo-lution de la température de surface aux deux stations
côtières choisies donne uneassez bonne idée des variations de la
température sur les fonds de pêche corres-pondants.
L'analyse qui précède est extrêmement schématique. En effet, une
étude récen-te (REBERT, communication personnelle) a permis
d'isoler à partir des données hy-drologiques historiques trois
types d'ondes (annuelles, semi-annuelles et tiersannuelles). L'onde
annuelle étant plus marquée en surface et l'onde tiers annuelleen
profondeur (50 m environ). Une conséquence importante e~t que sur
les fonds de50 mètres où se trouvent les populations de crevettes,
on observe en réalité:
- Une grande sa1son froide (décembre à avril)- Une grande saison
chaude (juillet à octobre)- Une petite saison froide (juin)- Une
petite sa1son chaude (novembre)
(1) Il peut arriver que l'on emploie le mot Roxo au lieu de
Roxo-Bissagospour désigner le fond de pêche correspondant. Cela
n'implique aucune restrictionde zone ou de surface.
-
-:1: .... :!"
16
les deux dernières saisons étant embryonaires et assez variables
d'une année àl'autre. Nous reviendrons sur ce phénomène au chapitre
VII (Reproduction).
11.1.3.5. Salinité
Une différence importante relative à la salinité existe entre
les deux fondsde pêche (figures 6 et 7). En effet t celle-ci varie
peu sur le fond de St-Louisoù les apports du fleuve Sénéga1 t
limités à une courte période t forment une mincecouche
superficielle dessalée n'atteignant pas le fond alors qu'une
dessa1uretrèsimportante peut être observée en fin de saison chaude
à Roxo jusque sur les fondsde 50 mètres. Celle-ci est liée à
l'action sur un plateau continental étendu etpeu profond d'une
pluviométrie plus forte que dans -la région de Saint-Louis.
Lesprécipitations agissent sur la salinité soit directement (pluies
en mer) soit in-directement (eaux continentales des fleuves
Casamance t Cacheu t Geba t Corruba1).
II.1.4. COURANTS SUR LE PLATEAU CONTINENTAL SENEGALAIS
Nous donnerons ici quelques informations sur les courants
horizontaux quipeuvent jouer un rôle important dans les
déplacements des crevettes. Les schémasexposés ont été décrits par
ROSSIGNOL et ABOUSSOUAN (1965)t BERRIT et aZ. (1977)et REBERT
(corom.pers.). Ils correspondent respectivement aux secteurs Nord
Cap-Vert et Sud Cap-Vert.
~~~!~~!_~~!~_Ç~2:Y~!!Œond de pêche de Saint-Louis).- Les
caractéristiquesimportantes de ce secteur sont :
Un plateau continental étroit- Une côte dont l'orientation est
peu favorable à l'upwe11ing- L'existence de la fosse sous-marine de
Kayar limitant au sud le fond de
pêche.
En saison froide (décembre à mai)t les alizés soufflent. La
tranche d'eausuperficielle (0-20 m) est le siège d'un courant
dirigé vers le sud. Un contre-courant assez intense dirigé vers le
nord se rencontre en profondeur (20-100 m).
En début de saison chaude (juin à aoôt)t les alizés cessent. La
branche norddu contre-courant équatorial provoque une circulation
d'ensemble vers le nord.
En fin de saison chaude (septembre à novembre) le courant de
surface dirigévers le sud et le contre-courant profond dirigé vers
le nord se rétablissent.
~~E!~~!_§~~_Ç~E:Y~~! (fond de pêche de Roxo-Bissagos).- Les
caractéris-tiques importantes de ce secteur sont
- Un plateau continental 1arge t- Une côte dont l'orientation
est favorable à l'upwe11ing.
En saison froide, on observe un courant sud pouvant aller de la
surface aufond. A la côte et au large, ce courant sud est encadré
par deux courants nordpouvant aller de la surface au fond. Le
contre-courant équatorial est très faible.
En saison chaudet le contre-courant équatorial provoque par sa
branche nordune circulation générale vers le nord.
Au niveau de la Gui nêe-B'i s sau , on observe un courant nord
-oue s t d'originethermique (gradient positif vers le sud) et
haline (accumulation à la côted'eaux douces d'origine fluviatile).
Ces deux effets se conjuguent pour créer unecirculation
thermoha1ine dirigée en quasi permanence vers le nord da n s 1 a
zonecôtière (BERRIT et aZ. 1977).
II.1.5. TURBIDITE
La turbidité de l'eau peut être due à la présence d'oganismes
planctoniques,aux particules mises en suspension par la houle dans
les eaux très côtières, auxparticules d'origine fluviatile. Ce
paramètre permet donc d'obtenir un profilmoyen annuel combinant les
décharges continentales et la biomasse planctonique.
-
17
L'influence de la houle est considérée comme faible sur les
fonds à crevettes.
Les courbes des variations mensuelles de la turbidité de l'eau
sur les fondsde 22 m au Cap-Vert et au cap Roxo ont été établies
par GARCIA (1977) d'après lesdonnées de de BONDY (1968), CHAMPAGNAT
et al. (1969) et CREMOUX (1970). Ces cour-bes ont été portées sur
la figure 8. Les observations suivantes peuvent être fai-tes :
- Au Cap-Vert la turbidité est élevée de janvier à avril, elle
décroît jus-qu'en août-septembre. Cette forte turbidité en période
d'upwelling est d'originebiologique car les apports continentaux
sont nuls à ce moment de l'année.
- Au cap Roxo, la turbidité est forte pendant une période plus
longue quis'étend d'octobre à juin. Les crues d'août et septembre
ne se traduisent pas parune augmentation importante de la turbidité
et il est probable qu'elles agissentsur elle non pas directement
par apports terrigènes mais indirectement par apportsde sels
minéreaux stimulant la production planctonique d'où certain
décalage dansle temps.
II.1.6. PRODUCTIONS PRIMAIRES ET SECONDAIRES
II.1.6.1. Productivité primaire
Pour la productivité primaire, des études ont été faites par
ROSSIGNOL etABOUSSOUAN (1965) dans la zone du Cap-Vert, SCHEMAINDA
et al. (1975) pour l'ensem-ble de la zone de l'upwelling
ouest-africain, REYSSAC (1976) entre Il et 18°N,PETIT (~on publié)
à la station côtière de Yoff. L'étude de la teneur en chloro-phylle
à la station côtière de Yoff permet d'observer deux maximas bien
nets enfévrier et en avril (figure 9), ce dernier étant le plus
important.
Une étude détaillée des variations sur un cycle annuel de la
production pri-maire et secondaire a été faite par ARNDT et
BRENNING (1977) à partir de six cam-pagnes effectuées de 1970 à
1974 par l'ALEXANDER VON HUMBOLDT. Parmi les sept ra-"dia les
étudiées, deux encadrent le fond de pêche de St-Louis : radiales
Nouachott(18°N) et Cap-Vert (15°N) et une recouvre le fond de pêche
de Roxo-Bis~agos:radiale Cap Roxo (12°N).
Dans le secteur du Cap-Vert (15°N), l'upwelling se produit de
novembre à mi-mai. Les plus fortes productions primaires sont
observées en mars et décembre etles plus faibles en automne. La
production moyenne annuelle est plus faible quesur les radiales Cap
Blanc et Nouakchott.
Dans le secteur du Cap-Roxo (12°N), l'upwelling n'apparaît que
pendant unecourte période de mi-décembre à mi-mars mais en raison
des apports continentaux,la quantité de sels nutritifs, phosphates
en particulier est relativement forteen dehors de la période
d'upwelling. Une production primaire importante a étémesurée en
avril, juillet et décembre. Les productions les plus fortes sont
ob-servées sur le plateau continental. BERRIT et al. (1977)
remarquent que dans cesecteur les apports de sels nutritifs dans la
couche euphotique sont limités parla présence d'une thermocline
permanente et d'une couche d'eau dessalée en surfa-ce. Il souligne
cependant que la production primaire est favorisée par :
- La présence de l'upwelling côtier,- Le courant côtier
apportant en saison sèche la biomasse végétale produite
sur la "Petite Côte sénégalaise",- Les apports d'eaux
continentales riches en phosphates en saison des pluies.
Ces eaux pourraient cependant introduire un facteur limitant dû
au déséquilibreentre nitrates et phosphates.
II.1.6.2. Productivité secondaire
Pour le zooplancton, on peut se référer aux travaux de ROSSIGNOL
et ABOUS-SOUAN (1965), SEGUIN (1966) et TOURE (1972).
Malheureusement ces études se li-mitent à la région du Cap-Vert et
à la baie de Gorée. Les travaux d'ARNDT etBRENNING (1977) portent
sur un secteur beaucoup plus étendu. Ils observent que
-
18
ProfondeurSecchi (rn )
4
5
6
7
8
9
10
11
1 Cap Vert 1
1 Cap Roxo 1-4
5
6
7
8
9
10
11
-1----,----..----.--r--..........:....--,-----.----,r--r--..-
..--,--- Moi sJ F
Profondeur Secchi(rn )
+---""T----,r--r--.----,-----.----,r--r--..- ..----r----,r-- Moi
sJ. F
Fig.8.- Evolution de la turbidité sur les fonds de 22 ID au C~p
Vert et au CapRoxo (d'après GARCIA 1977).
-
12
Chlorophylle
(mg/ m3 )Cl •
19
o-_······oQ Température desurtace(OC)
6
o
'" """0'.0.-0""'0-0"-'; -,.o: 't>- -0..,.0' "Q
o' \~ \l ,. ,: \
/ '0...-0.l' "~
6 •1 \. ,
b.,\
r 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1· 1 1 1M A M J JAS 0 N
0 J F.
28
26
2.4
22
20
18
16
14
Fig. 9.- Evolution de la concentration en chlorophylle et de la
températurede surface à la station côtière de Yoff (1979-1980)
d'après PETIT (nonpublié).
-
20
, Rad iale Cap Vert 1
5
4
3
2
• • Toutes stations
*-- '* Stations côtières seules0-- -
-
21
les variations de la biomasse de zooplancton sont, COmme la
production primairesous la dépendance du phénomène d'upwelling.
Dans le secteur du Cap Vert (Fig.IO) les abondances sont très
basses deaoût à novembre et sont fortes de janvier à juillet en
passant par un maximum enmai (4,37 ml/m3). Cette radiale étant très
proche du fond de pêche de St-Louisqui s'étend entre 15°10' et
16°10' de lati~ude nord, nous considérerons que lesobservations
rapportées ci-dessus s'y appliquent.
Dans le secteur du Cap-Roxo le zooplancton (fig.IO) est abondant
aux mêmespériodes : il augmente fortement de janvier à mai où il
atteint la valeur maxi-male de 5,18 ml/m3. Cette valeur s'élève à
14,9 ml/m 3 si l'on considère les sta-tions côtières seules
II.1.6.3. Conclusion
En résumé les abondances des zoo et phytoplancton varient de
façon simi-laire. Sur le fond de pêche de St-Louis, leur biomasse
est sous la dépendanceétroite des apports nutritifs dûs au
phénomène d'upwelling. Un pic net est obser-vé en mars pour le
phytoplancton et en mai pour le zooplancton. Les valeurs mini-males
sont observées en milieu et en fin de saison chaude.
Sur le fond de pêche de Roxo-Bissagos, l'abondance des phyto et
zooplanctonest moins étroitement liée au phénomène d'upwelling en
raison des apports conti-nentaux. La biomasse planctonique moyenne
est plus élevée que sur le fond de St-Louis et des pics de
production peuvent être observés en mai, en juillet et endécembre
donc à plusieurs reprises au cours d'un cycle annuel.
II.1.7. BENTHOS
Une étude faite par DOMAIN (1978 a) montre que les plus fortes
biomasse debenthos sont observées sur les sables grossiers (2 000 à
500 microns) ; elles va-rient de 4,0 (saison froide) à 17,6 g/m2
(saison chaude). Les sédiments de typevase viennent immédiatement
après avec des biomasses de 3,3 (saison froide) à4,2 g/m 2 (saison
chaude). Les biomasses de benthos sont toujours plus fortes
ensaison chaude qu'en saison froide. La différence relative est
cependant assezfaible sur les vases.
II . 2 - MIL 1 E U
111.2.1. SENEGAL
CON TIN E N T A L
Le fleuve Sénégal est le plus important de la partie nord-ouest
de l'Afrique.Son cours supérieur es~ torrentiel. Dans la plaine
sénégalaise, sa vallée s'élar-git. Après Dagana, il s'étale en de
nombreux bras, formant un pseudo-delta, quise rejoignent à
l'embouchure au sud de Saint-Louis. Une carte est donnée sur
lafigure Il.
La marée s'amortit progressivement en se propageant vers
l'amont. Elle estencore légèrement sensible à 400 km de
l'embouchure. Le régime des débits est detype tropical pur
caractérisé par une seule période annuelle de haut es
eaux(juillet-août à octobre-novembre) après le maximum
pluviométrique en aoûtseptembre et une période de basses eaux.
Comme la Gambie, il est alimenté par leseaux qui tombent sur le
massif du Fauta Djalon (1500-2000 mm/an).
Pendant la crue annuelle, le niveau du fleuve monte rapidement
en juillet-août. Le maximum est atteint en septembre à Bakel où la
crue médiane est de 4500m3/s. Puis la propàgation de la crue se
ralentit considérablement en raison d'unepart de la pente qui
devient très faible, d'autre part de l'inondation du lit
-
17°
30'
16°
\...: ..
16°
Keur. Meur
DE GUIERS
Fig. 11.~ Cours du fleuve Sénégal (d'après ROCHETTE 1964).
roro
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-
23
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30
20
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Moi 5
Fig.12a.- Evolution de la salinité moyenne mensuelle à
Saint-Louis dans lefleuve Sénégal (d'après ROCHETTE 1964).
• • Fleuve0-----
-
24
majeur qui peut être très large (25 km). La crue arrive à
Saint-Louis début no-vembre. Une très grande variabilité
inter-annuelle existe. En année moyenne, leseaux sont douces à
Saint-Louis dès le mois d'août où l'eau douce de crue refoulele
flot. Fin octobre, le débit à l'embouchure est de l'ordre de 2 à
3000 m3/s.
La décrue s'amorce dès que les pluies diminuent sur le haut
bassin. La ma-jeure partie des eaux d'inondation puis une partie de
celles de la nappe phréa-tique sont alors restituées au fleuve. A
partir de décembre-janvier, les eauxmarines remontent peu à peu
dans le lit du Sénégal. La progression du biseau salédépend surtout
du débit du Sénégal pendant les basses eaux. Il atteint en fin
desaison sèche un point variable avec l'importance de la crue
précédente qui os-cille entre Richard-Toll et Dagana. Ce phénomène
appelé "langue salée" a été étu-dié en détail (ROCHETTE 1964).
L'intrusion de la salure ne dépend que du débittant que celui-ci
reste supérieur à 50 m3/s. A chaque valeur du débit correspondune
limite en amont bien précise de la zone salée. Dès que le débit
devient infé-rieur à 50 m3/s, la remontée de la salure dépend
exclusivement du temps qui s'é-coulera avant la date d'arrivée de
la prochaine onde de crue.
L'évolution de la salinité moyenne mensuelle à Saint-Louis est
représentéesur la figure 12a. Une courbe de l'évolution de la
température de l'eau dans lefleuve Sénégal et dans la mer (plage)
de janvier 1977 à juin 1978 est donnée surla figure 12 b.
II.2.2. SINE SALOUM
Le Sine Saloum est aujourd'hui une ria dont le chenal est
exclusivement par-couru par les eaux marines. La marée remonte en
effet biquotidiennement jusqu'enamont de Kaolack situé à 112 km de
l'embouchure et aucun cours d'eau ne vient àla rencontre de l'eau
salée (MARIUS 1972). Les positions des stations étudiéessont
précisées dans le tableau 37 et représentées sur la carte de la
figure 13.
Ce bras de mer est parsemé d'une multitude d'îles séparées par
un lacis dechenaux de marée. Ces îles sont formées de vases plus ou
moins sableuses, fos-siles dans le cas des tannes (1), subactuelles
dans le cas des mangroves coloni-sées par des palétuviers. Les
formations actuelles sont représentées par les va-ses nues de la
basse slikke.
De février à août, la salinité de l'eau est supérieure à celle
de la mer.Elle augmente quand on s'éloigne de l'embouchure. Le
maximum est atteint enjuin (50 %0 à Foundiougne, 72 %0 à Kaolack et
93 %0 à Fatick). De septembre àà décembre, l'eau de la ria est plus
ou moins dessalée par les pluies qui repré-sentent le seul apport
d'eau douce. L'évolution mensuelle de la salinité et dela
pluviométrie à Foundiougne (60 km de l'embouchure) est représentée
sur la figu-re 14. Nous avons choisi 1967, année normale sur le
plan pluviométrique et 1972,année très fortement déficitaire, pour
montrer que les schémas rencontrés peuventêtre très différents
d'une année à l'autre.
L'évolution de la température moyenne mensuelle de surface aux
stations 1 à5 est représentée sur la figure 15.
II. 2.3. GAMBIE
Comme le fleuve Sénégal, la Gambie a sa source dans les monts d~
Fouta Djalonen Guinée. Une carte de son cours est donnée sur la
figure 16.Le régime des eaux est de pur type tropical avec une
période de hautes eauxde juillet à novembre (maximum en septembre)
et une période de basses eaux de
(1) On appelle "tanne" une étendue sursalée sans végétation.
-
20'
10'
14·00'
50'
40'
40' 30'
. .
LE SI NE- SA LOU M
STATIONS
10'
Fig.13
roUI
-
S %0 Pluviométrie (mm)
50 500
40 400
30 300/
20 200
10 100
0 0
MJJ ASONDJ FMAM
Année normale (mai 67 à mai 68) dapr ès
de BONDY 1968 (S%o J ASECNA (pluviométrie)
S %0 Pluviometrie (mm)
50
40
30
20
10
o
500
400
300
200
100
oMJJASONDJ FMAM
Année sèche (ma i 12 _à mai. 73 J d ' aprèsLHOMME 1974 (5 %o)
ASECNA (pluviométrie)
Fig.14.- Evolution mensuelle de la salinité et de la
pluviométrie à Foundiou-gne.
-
27
janvier à juin quand le débit est négligeable (minimum en
mars-avril).
La crue annuelle de la Gambie est moins importante que celle du
SénégalpU1sque son bassin versant est beaucoup plus petit. Ses
débits sont encore mal-connus. A Tambacounda un débit de 2 000 m3/s
est fréquent au maximum de la crue.Le débit maximum à l'embouchure,
est de l'ordre de 1000à 1500 m3/s.
En période de basses eaux le débit est très faible, permettant
aux ondesde marée de se propager. Etant donné la topographie de
l'estuaire, l'eau saléeremonte très loin en période de basses eaux.
En juin 1974, la salinité était de22 %0 à Balingho (135 km de
Banjul) et de 13 %0 à Kanikunda (180 km); la limitede 1 %0
atteignait 260 km.
Au moment de la crue, l'eau saumâtre est repoussée vers la mer.
La limitede 1 %0 se rapproche à 80km de Banjul où la salinité peut
descendre à 25 %oenseptembre-octobre et même moins les années à
forte pluviométrie (SCHEFFERS 1976).
II.2.4. CASAMANCE
La Casamance n'est qu'un petit fleuve sans alimentation
lointaine. Sa crues'écoule lentement par suite de la faiblesse de
la pente.
Dans sa partie maritime qui s'étend jusqu'à Diana Malari (217 km
de l'embou-chure), le fleuve est en fait uneria ennoyée par la
transgression flandrienne (1)~Une carte du fleuve est donnée sur la
figure 16.
Entre Diogue et Pointe-Saint-Georges, il n'y a pas seulement
comblement paralluvions fluviales mais aussi par apports de sable
amenés par le courant quivient du nord. Cette zone est parcourue
par de multiples marigots bordés de palé-tuviers, anastomosés en un
réseau isolant des îles de toutes tailles et entrete-nus par les
courants de marée.
En amont de Ziguinchor, l'eau libre de la ria n'occupe plus
toute la largeurde la vallée. Cette vallée a été remblayée par des
vases sur plus de la moitié desa largeur entre Ziguinchor et
Baganga. Ces vases plus ou moins couvertes à maréehaute sont
colonisées par une mangrove depalétuviers dont l-a densité
diminue-vers l'amont et dont on trouve des îlots jusqu'à Sefa et
Diaroume.
A Ziguinchor, il semble que le minimum de salinité ait toujours
lieu en oc-tobre. D'après BRUNET-MORET (1970) la valeur de ce
minimum semble bien sous ladépendance de la pluviométrie totale de
la saison des pluies précédente, mais laremontée de la salinité
dépend surtout de ia cote du niveau moyen journalierà Ziguinchor.
En effet le volume d'eau transité en une marée est considérable
àtel point que le débit d'eau douce du fleuve en est relativement
négligeable, ily a dans la marée semi-diurne plus d'eau à passer
vers l'amont que d'eau à redes-cendre vers l'aval. L'amplitude de
la marée annuelle intervient donc.
En fin de saison sèche, l'évaporation est intense dans toute la
mangrove.Elle est compensée en partie vers l'amont par des apports
d'eau douce en provenan-ce de la. nappe phréatique. Vers l'aval,
l'eau de mer apportée par le flot joue unrôle tampon. Entre ces
deux zones apparaît dans la région de Ziguinchor un noyau'central
sursalé dont la durée d'ex istence est très variable d'une année à
l'autre.
Nous verrons (chapitre VIII) que cette sursalure a une grande
influencesur la pêcherie artisanale de crevettes. Les variations
saisonnières moyennes dela pluviométrie et de la salinité à
Ziguinchor sont représentées sur la figure 17(d'après BRUNET MORET
1970).
(1) On appelle partie mar1t1me d'un fleuve celle qui s'étend de
l'embouchu-re jusqu'au point où les plus fortes marées, pendant les
périodes d'étiage dudébit fluvial, cessent de se faire sentir.
-
28
+ + + + + + + + + + + + -+- + ++ + + + + + ++
20
++ + + + + + + + ++ + + + + + + + + + + + + + + + + + +
50.
30'
+ ++ + ... ... + ... -.,.. .,. ......20 '"
CilCacheu
10 (\~~V
17° 16°50' 40_"50 40 30 20' 10 "
Fig.16.- Cours de la Gambie et de la Casamance.
-
29
• • Station 1
*-----.-. Station 5
oNosAJJMAMF
25
20
-l,...---r--.------.--___r----..--,....--~-__r-___,,.__,.-""T'"_-___r----I-
MDi s
J
30
Fig.15.- Evolution de la température moyenne mensuelle en
surface aux stations1 et 5 (Sine Saloum - moyennes 1967-1973).
P/uviomètrie 0-- --0(mm)
CI • Salinité (%0)
500
400 40
300 30
/ 20200 //
100 ~ 10/
0J F M A M J J A S 0 N 0
Fig.17.- Variations saisonn1eres moyennes de la pluviométrie
(1966-77) et dela salinité (IJ66-70 d'après BRUNET - MORET 1970) à
Ziguinchor.
-
111.- EVOL UTIONEN MER ET
30
·D ES PEe HERIE SEN ESTUAIRE
111.1. E VOL U T ION D E L A P E CHE RIE E N MER
Nous donnerons dans ce chapitre un certain nombre de résultats
statistiquesprovenant du traitement de nos données bien que la
méthode de collecte et detraitement des données ne soit exposée
qu'au chapitre suivant. En effet, il nousa paru plus clair de
commencer par décrire la pêcherie avant sa méthode d'étude.D'autre
part, nous n'avons pas voulu restreindre cette description à la
seulepêche crevettière car il est apparu qu'un chalutier peut très
bien, suivant lapériode de l'année ou les conditions économiques
passer de la pêche à la crevetteà celle plus diversifiée du
poisson. Nous étudierons donc l'évolution de l'ensem-ble de la
pêche chalutière démersale.
Toutes les données citées sont relatives à la seule flottille
des chalutiersbasés à Dakar et y débarquant leurs prises. Ces
chiffres, dans le cas de la cre-vette P. notialis et des espèces
démersales du plateau continental sénégalais re-présentent la quasi
totalité des prises jusqu'en 1976, date où ont commencé
lesdébarquements à Bissau (Guinée Bissau).
L'historique de la pêche chalutière dakaroise a déjà été abordé
par plusieursauteurs: DOMAIN (1972), LHOMME, DOMAIN, BOUR (1973),
GARCIA et LHOMME (1977),GARCIA et al. (1978).
111.1.1. ESPECES EXPLOITEES
L'exploitation chalutière a commencé vers les années 1950 à
l'époque oùelle s'est très rapidement étendue à toute la côte ouest
africaine. Jusqu'en 1965,les fonds traditionnellement exploités
sont situés au sud du Cap Vert et jusqu'àla Casamance (fig.18). Il
est possible que vers la fin de cette période les ba-teaux pêchent
souvent jusqu'en Guinée Bissau. Les captures sont presque
excl~sivement destinées au marché sénégalais où elles sont
fortement concurrencées par laproduction artisanale. Les espèces
recherchées étaient surtout la dorade rosePagrus ehrenberg~, le
pageot Pagellus coupei, la dorade grise Diagramma medi-terraneum et
le "thiof" Epinephelus aeneus. Le rouget était fréquent (Pseudu-pen
.eue prayensis)et les soles (Cynoglossus sp.) plutôt rares.
L'évolution desdébarquements totaux depuis 1960 a été portée sur la
figure 19.
La découverte et la mise en exploitation des stocks de crevettes
dès 1965offre à la pêcherie industrielle une seconde chance en
permettant la produc-tion d'éspèces à haute valeur commerciale
destinées au marché d'exportation.L'exploitation des fonds à
crevettes Penaeus notialis entraîne dès 1965 laflottille vers le
nord du Cap-Vert, entre la fosse de Cayar et le port de St-Louis du
Sénégal. L'année suivante, en 1966, le banc de Roxo-Bissagos est
misen exploitation. De 1965 à 1970, la plupart des chalutiers se
reconvertissentà la crevette en s'équipant dès 1968 du gréement
double floridien.
Cette conversion entraîne deux conséquences. A court terme, la
crevetteétant très spécialement recherchée, les débarquements de
poissons diminuent
-
3
...
---- .....
GU 1 NEE
.....
"'-\,-,
"-,
-
Nombre d'unités actives
, 1 i , il' 1.111 1'----'-1 l' , 1 -19601965 1970 1975
Débarquements
( 10 3 tonnes)
WlU
Tous bateaux
1975
r"\ Crevettiers\ 1\,A y
Rougett iers
"~"DPoissonniers
19701965
. ~ f···~ .. Annéesi i i i 9'= i i . i i i i , i f i i
1960
o
50
100
-
Crevettes
poissons et céphalopodes
Total
0---0
~•••••••-6r.
o
10
30
20
Fig. 19.- Débarquements de la flotte chalutiire1 •
de 1960 à 1977.
Fig. 21.- Effectifs de la flotte chalutiire
de 1960 à 1977.
-
Poids dans les
débarquements ( %)
100
50
o1960
1 DIVERS 1
1965 1970 1975 Année
es pèces nouvelles
dan s les
débarquements
(,J(,J
Fig.20.- Evolution de la composition spécifique des
débarquements de la flotte chalutière de 1960 à 1977.
(pour les équivalences noms locaux-noms scientifiques,voir
tableau 14)
-
. '."
34
Effectif
601966
40
20
o..,................-+---,..----
1970
60
40
20
o
60
40
20
o
60
40
20
o
Effectif
1967
Effectif
1968
Effectif .
1969
1 2 3 4
= (100- 299 C.h)
2 = (300-449 C.n)
1971
1972
1973 -
1 2 3 4
3=(450-899Ch)
4 ;"(900: 1_500 Ch)
1975
1976
1977
~t----Puissance1 2 3 4
C revett i ers
Fig.22.- Composition de la flotte chalutière de 1966 à 1977.
-
Tableau 2: Débarquements des chalutiers antérieurs à 1969
(tonnes)
ESPECES 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968
Rouget 234(8) 442(9) 195(5) 426(9) ? 615(19) 61 (3) ? 8(0)
Sole 0(0) 0(0) 195(5) 131(3) ? 135(4) 224(10) 386(12)
746(24)
Dorade rose 1153(37) 1363(27) 1079(27) 1289(28) ? 675(21)
590(26) ? 13(1 )
Thiof 566(18) 657 (13) 719(18) 871(19) ? 905(28) 190(8) ?
27(1)
Dorade grise + 1142(37) 2551(51) 1795(45) 1853(40) ? 833(26)
1021 (46) ? 327 (II)Pageot + Divers
Crevette 0(0) 0(0) 0(0) . 0(0) 0(0) 55 (2) 149(7) 576(18)
192(63)
TOTAL 3 095 5 013 3 983 4 570 2 623 3 218 2 235 3 120 3 048
Sources: D.O.P.M. et C.R.O.D.T.Les chiffres entre parenthèses
indiquent le % de la prise totale.
CI)UI
-
Tableau 3 : Débarquements chalutiers de 1969 à 1973 (tonnes)
Rang. 1969 1970 1971 1972 1973
1 Crevette Crevette CrevetteCrevette Crevette
2190 (58,3) 2491 (71,6) 2492 (36,0) 3426 (46,9) 2626 (24,3)
2 Sole Sole Sole Sole Sole1199 (32,0) 569 (16,3) 1037 (29,5)
1803 (24,7) 2293 (21 ,2)
3 Crabe Crabe Pageot Capitaine Capitaine111 ( 2,9) 150 ( 4,3)
473 ( 6,B) 507 ( 6,9) 1973 (18,3)
4 Capitaine Capitaine Rouget Pageot ' Thiekem87 ( 2,3) 78 ( 2,2)
438 ( 6,3) 201 ( 2,8) 718 ( 6,7)
5 Thiof Thiof Capitaine Crev. profonde Sompat52 ( 1,3) 65 ( 1,9)
3~8 ( 4,6) 175 ( 2,4) 524 ( 4,9)
6 Langouste Seiche Thiekem Rouget Pageot28 ( 0,7) 18 ( 0,5) 30B
( 4,4) 160 ( 2,2) 437 ( 4,0)
7 Thiekem Langouste Thiof Crabe Dor. rose21 ( 0,6) 13 ( 0,4) 242
( 3,5) 15B ( 2,2) 3B8 ( 3,6)
8 Sompat Rouget Dor. gr. Ravil Thiof19 ( 0,5) 11 ( 0,3) 209 (
3,0) 113 ( 1,5) 271 ( 2,5)
9 Seiche Thiekem Dor. rose Thiekem Rouget18 ( 0,5) 10 ( 0,3) 121
( 1, 7) 111 ( 1,5) 236 ( 2,2)
10 Rouget Pageot Badeche Thiof Dor. gr.12 ( 0,3) .8 ( 0,2) 65 (
0,9) 106 ( 1,5) 221 ( 2,0)
TOT. 3737 (99,6) 3413 (98,0) ,6703 (96,9) 6760 (92,6) 9686
(89,7)1 à' la
TOT. 3752 3481 6915 7291 10795GEN•.
Les chiffres entre parenthèses indiquent le pourcentage de la
prise totale
w,:m
-
Tableau 3 (suite) Débarquements chalutiers de 1974 à 1978
(tonnes)
Rang 1974 1975 1976 1977 1978
1 Crevette Crevette Crevette Pageot Capitaine2934 (21,2) 3603
(22,2) 2982 (14,9) 6346 (18,8) 7424 (18,9)
2 Sole Sole Sole langue Capitaine Pageot2447 (17,7) 2067 (12,7)
2956 (14,8) 4469 (13,3) 4646 (11,8)
3 Capitaine Capitaine Capitaine Sole langue Sole langue1784
(12,9) 1664 (10,2) 2885 (14,4) 3095 ( 9,2) 4612 (11,7)
4 Brotule Dor. rose Seiche Crevette bl. Crevette bl.899 ( 6,5)
1383 ( 8,5) 1722 ( 8,6) 2862 ( 8,5) 3363 ( 8,6)
5 Seiche Seiche Dorade rose Brotule Machoiron798 ( 5,8) 1024 (
6,3) 1456 ( 7,3) 2861 ( 8,5) 2896 ( 7,4)
6 Thiekem Rouget Thiekem Dorade rose Divers606 ( 4,4) 768 ( 4,7)
914 ( 4,6) 1907 ( 5,7) 2257 (5,8)
7 Dorade rose Brotule Rouget Thiekem Thiekem563 ( 4, 1) 618 (
3,8) 742 ( 3,7) 1332 ( 4,0) 1794 ( 4,6)
8 Sompatt Pageot Brotule Seiche Rouget494 ( 3,6) 534 ( 3,3) 707
( 3,5) 1331 ( 4,0) 1698 ( 4,3)
9 Pageot Thiekem Sompatt Sompatt Seiche484 ( 3,4) 454 ( 2,8) 555
( 2,8) 980 ( 2,9) 1473 ( 3,8)
la Rouget Thiof Pageot Machoiron Dorade rose469 ( 3,4) 419 (
2,6) 451 ( 2,2) 916 ( 2,7) 1364 ( 3,5)
TOT. 11478 (83,0) 1253 (77,1) 15370 (76,8) 26099 (77,6) 31527
(80,3)1à1O
TOT. 13833 16264 20013 33673 39247GEN.
Les chiffres entre parenthèses indiquent le poucentage de la
prise totale
r.J
"
-
Tableau 5 : Evolution de l'effectif TOUS BATEAUX réparti par
classes de puissances,par modes de conservation, par trains de
pêche et par types de pêche de 1965 à 1978.
Effectif par classe par mode· de par train de pêche par type
1de puissance (ch) conservation de pêcheAnnée Puissance Nombre
Puissance 100 300 450 900 Congo Glac. 1 2
totale (ch) d'unités moyenne (ch ) 299 449 899 .1500 chal. chal
• B.:oeuf C P R
1965 7245 28 259 7 17 4 0 0 28 28 0 0 3 25 0
1966 11286 32 353 7 18 7 0 0 32 32 0 0 6 26 0
1967 11715 34 345 8 20 6 0 0 34 34 0 0 16 18 0
1968 7415 24 309 7 14 3 0 0 24 19 5 0 24 0 0
1969 18525 54 343 24 21 9 0 0 .54 22 32 0 54 0 0
1970 16650 50 333 23 20 7 o. 2 48 10 40 0 50 0 0
1971 22930 69 332 26 32. 10 1 5 64 11 58 0 58 1 10
1972 27875 93 300 27 57 9 0 30 63 12 81 0 76 7 10 1
1973 31955 93 344 24 62 5 2 30 63 11 82 0 79 5 9
1974 30620 80 383 21 49 8 2 10 70 15 63 2 63 8 9
1975 35560 86 413 22 . 50 8 6 32 54 16 68 2 67 10 9
1976 32180 80 402 26 ! 33 16 5 18 62 11 63 6 63 9 8
1977 37992 95 400 27 .47 16 5 28 67 20 69 6 70 11 14
1978 43882 103 426 26 51 19 7 35 68 25 72 6 30 66 7
Seuls sont comptés les bateaux ayant travaillé plus de 4 mois
dans l'année.C = Crevettiers; P = Poissonniers; R = Rougettiers.Les
changements importants observés dans la ventilation des bateaux par
type de pêche en 1978 sont attribuables aufait que les critères de
différenciation sont maintenant beaucoup plus stricts (par exemple
est considéré comme cre-vettier à partir de 1978 tout bateau
débarquant au moins 50 % de sa prise en crevette).
li)m
'';:'
-
Tableau 6 : Evolution de l'effectif CREVETTIERS SEULS ré2arti
par classes de puissances,par modes de conservation et par trains
de peche de 1965 à 1978.
Erfectif par classes Par mode de par trainde puissance '(~h)
conservation de pêche
,
Année Puissance Nombre Puissance 100 300 450 900 congo glac. 1
ch. 2 ch.totale (ch) d'unités moyenne (ch) 299 449 899 1500
1965 1050 3 350 0 3 0 0 0 3 3 0,
1966 2150 6 358 1 5 0 0 0 6 6 01
1967 4290 16 268 5 10 1 0 0 16 16 0
1968 7415 24 309 7 14 3 0 0 24 19 5
1969 18525 54 343 24 21 9 0 0 54 22 32
1970 16650 50 333 23 20 7 0 2 48 10 40
1971 20250 58 349 17 30 10 1 5 53 1 57
1972 27525 76 362 14 53 9 0 29 47 1 75
1973 29785 79 355 14 59 5 1 29 - 50 2 82
1974- 24210 63 383 11 46 6 0 31 32 2 61
1975 25045 67 374 12 48 6 1 29 38 2 65
1976 22840 63 363 17 32 14 0 15 48 2 61
1977 25495 70 364 17 42 11 0 25 45 2 68
1978 11940 30 398 1 27 2 0 26 4 0 30
wU)
-
40
fortement de 1965 à 1970. A long terme, la pêche à la crevette
provoque le dé-veloppement exponentiel d'une flottille jusque là
embryonaire en regard des'possibilités de la région. Elle se
traduit également par un changement de com-position spécifique du
poisson débarqué où les espèces "grises" dominent
ra-pidement:Cynoglossus, Pseudotolithus, Galeoides (fig. 20).
A partir de 1970 on peut considérer que la pêcherie crevettière
est sa-turée. La production plafonne et la pêcherie se diversifie à
nouveau. Les usi-nes de traitement par congélation, les circuits
commerciaux d'exportation surl'Europe mis en place pour la
crevette, sont alors utilisés pour d'autres es-pèces d'exportation
à forte valeur marchande: les soles "langues" Cynoglossussp.
d'abord, nouvelle ressource importante découverte avec la crevette
et lerouget Pseudupeneus p~ayensis, déjà exploité avant 1965 mais
négligé de 1965à 1970. La pêche au rouget fournit également une
grande quantité de "pageots"et de "dorades". Le développement
récent des infrastructures à terre et l'ou-verture de nouveaux
marchés d'exportation (Italie, Japon, Afrique de l'Ouest)accentuent
encore cette tendance. De nouvelles espèces cibles sont
recherchéesla dorade PagrUs e~enbe~gi, les céphalopodes et la
brotule.
La composition des débarquements en poids et en pourcentage de
la prisetotale a été indiquée dans les tableaux 2 et 3. Il faut
noter que pour la pé-riode 1960-1968, les statistiques disponibles
sont peu détaillées et regrou-pent certaines espèces. Pour la
période 1969-1977, nous donnons seulement les10 espèces
pondéralement les plus importantes. Plusieurs remarques peuventêtre
faites :
- La part de la crevette qui apparaît en 1965 dans les
débarquements aatteint son maximum en 1970 (71,6 %). Elle ne cesse
de diminuer depuis (8,6 %en 1978). Il s'agit d'une diminution
relative due à un plafonnement des prisesde crevette. La même
remarque peut être faite à propos de la sole langue oudu groupe
sole + crevette (il s'agit de 2 espèces à biotopes voisins).
- La fraction relative de la prise totale représentée par les 10
espècesprincipales a nettement diminué entre 1969 (99,6 %) et 1978
(80,3 %). Ce phé-nomène traduit la diversification spécifique
croissante des débarquements.
- Des espèces nouvelles sont apparues dans les débarquements.
Cette ap-parition est liée à l'ouverture d'un marché d'exportation.
On peut distinguerdeux sortes d'espèces nouvelles:
• espèces pour lesquelles une pêcherie spéciale s'est créée:
seiche, bro-tule,
• espèces qUl étaient déjà pêchées mais rejetées : pageot,
machoiron.
111.1.2. EVOLUTION DE LA FLOTTILLE
Avant 1965 elle était composée de petites unités de 100 à 300 ch
de puis-sance motrice que leurs débarquements permettent de nommer
"poissonniers". En-tre 1965 et 1972 elle est complétée par de
nombreuses unités de 300 à 450 chqui deviennent rapidement
l'élément dominant: " crevettiers" (LHOMME, DOMAIN,BOUR, 1973).
L'évolution des effectifs de la flottille a pour une plus grande
clartéété étudiée à la fois globalement et par type de bateau. Nous
reviendrons plusloin sur les problèmes posés par la détermination
des espèces cibles. Dans unpremier temps, nous avons choisi de
ventiler les différentes unités de la flot-tille en 3 catégories
correspondant au type du bateau et à son activité prin-cipale. Ce
sont :
- Les "poissonniers" qui sont les premier s chalutiers à avoir
travailléau Sénégal (période 1950-1965). Après avoir pratiquement
disparu à l'époquede pêche crevettière intensive, ils
réapparaissent en 1971 avec des unités deforte puissance (1000 -
1500 ch) dont certaines pêchent par paire (chalutageen boeuf).
-
41
T Les "crevettiers" qU1 sont apparus en 1965.
- Les "rougettiers" qui sont apparus en 1971. Il s'agit de
petites unités(120-250 ch) spécialisés dans la pêche du rouget se
distinguant nettement despoissonniers pour lesquels le rouget n'est
pas la cible principale.
L'évolution année par année de l'effectif de la flotte globale
ainsi quede la flottille des crevettiers est donnée dans les
tableaux 4, 5, 6 et repré-sentée sur la figure 21.
Tab l eau 4 :. évolution de l'effectifTOUS BATEAUX de 1959 à
1964.
Année Nombre \ Nombre en 'total activité
1959 8 ?1960 11 101961 20 181962 26 221963 23 161964 33 25
Nous avons également indiqué- La puissance totale,- La puissance
moyenne,
L'effectif par classes de puissances motrices,- L'effectif par
modes de conservation (glacier ou congélateur)- L'effectif par
trains de pêche.
La composition de la flotte par classesde puissancesa été
représentéesur la figure 22.
111.2. E VOL U T ION D E L A P E CHE RIE
E NES 'T U AIR E
111.2.1. SENEGAL
Les crevettes sont pêchées la nuit soit à l'aide de filets
fixes,dansce cas la méthode employée est analogue à celle que l'on
rencontre sur le fleu-ve Casamance (voir paragraphe 111.2.4.), soit
à l'aide de petits filets fil-trants tractés par deux hommes et
nommés killi décrits par SECK (1979).
Les seules statistiques disponibles sont celles de la D.O.P.M.
(Directionde l'Océanographie et des Pêches maritimes). Les
débarquements totaux annuelspour les années 1960 à 1977 se trouvent
dans le tableau 7. Les chiffres men-suels pour les années 1975 et
1977 se trouvent dans le tableau 8. Leur évolu-tion moyenne
mensuelle a été représentée sur la figure 104 b.
-
· •...t '
42
III.2~2. SINE-SALOUM
La pêche en surface n'est pas pratiquée dans le Saloum. L'engin
utilisé(Killi) est un filet en forme de poche d'une ouverture de 4
x 1 m traîné pardeux hommes sur les bancs de sable ou vase et les
rives. Il a été décrit parSECK (1979). Le travail s'effectue de
nuit à marée basse et durant les deuxou trois premières heures de
flot.
La pêcherie de crevette dans le Sine-Saloum est pratiquement
arrêtée de-puis l'année 1976. Les statistiques diponibles sont
données dans les tableaux 9et 10. L'évolution des prises moyennes
mensuelles a été représentée sur la fi-gure 103 b.
111.2.3. GA}ffiIE
La méthode de pêche est identique à celle décrite pour le fleuve
Casamance.Il n'existe pas de bonnes statistiques relatives à la
pêche artisanale en Gambie.L'usine Gambia Fisheries Ltd avance le~
productions suivantes
Tableau Il : débarquements de crevettesà Banjul de 1972à
1977
Année Débarquements(tonnes)
1972 1001973 3101974 1351975 1401976 1801977 Pêche très
faible
Ces chiffres incluent une petite quantité de Parapenaeopsis
atlantica(observations C.R.O.D.T). Le service des Pêches de Gambie
estime que la pri-se annuelle déclarée par pirogue était 0,6 t en
1972 et 1 t en 1975. Seloncertaines informations la capture réelle
pourrait atteindre 400 tonnes paran. L'effort de pêche était estimé
à 300 pirogues en 1976 et 330 en 1977. Maisen 1977 le nombre de
sorties fut beaucoup plus faible en raison d'un
mauvaisfonctionnement de l'usine.
111.2.4. CAS~~NCE
La méthode de pêche a été décrite par MONOD (1966) puis par
CROSNIER etde BONDY (1967). Comme dans le fleuve Sénégal et la
Gambie les crevettes sontpêchées de nuit à marée descendante à
l'aide d'un filet fixe dont les carac-téristiques sont données par
SECK (1979).
L'exploitation industrielle de la crevette en Casamance a débuté
en 1959,(Société Amerger). Les efforts mensuels exprimés en nombres
de pirogues sontdisponibles pour les années 1963 à 1966, 1970 et
1971 (LHOMME, 1979). Pourles années 1967 et 1968, ~es débarquements
mensuels n'ont pu être retrouvés.Les totaux annuels sont
respectivement 562 et 713 tonnes. Pour toutes les au-tres années,
les mises à terre mensuelles et leur total annuel sont donnésdans
les tableaux 12 et 13. L'évolution des prises moyennes mensuelles
(1969-1977) a été représentée sur la figure 23.
-
43
Prise (t)
160
120
80
40 Prise
DNosAl}MAMF}o
+----,..--r----.---r---,--.--...---r-~r_-~-_r-___,~-- Mois
Fig.23.- Variations saisonnières de la prise mensuelle moyenne
et de l'écarttype (1969 i 1977) pour la picherie de Casamance.
-
Tableau 7 : Evolution de la prise totale annuelle (tonnes)dans
le fleuve Sénégal de 1960 à 1978 (données D.O.P.M.)
Année 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970
1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978
Prisetotale 7 21 35 21 21 7 10 28 .8 13 10 55 260 127 267 122 99
141 113
(tonnes)
Tableau 8 : Evolution de la prise totale mensuelle (kg)dans le
fleuve Sénégal de 1975 à 1977 (données D.O.P.M.)
J F M A M J J A S 0 N D
1975 25500 18900 14100 24000 1800 600 300 600 3450 7200 ~3500
~2000
1976 ~OOOO 18500 15800 18900 2500 1600 3500 2700 4000 6000 3000
3000
1977 18300 1800 2000 7300 2800 7500 1400 2200 1200 4200 2700
1600
Pourcèntage de laprise annuelle 22,4 13,8 II ,2 17,7 6,0 3,4 1,8
1,9 3,0 6,1 6,8 5,9
(moyenne)
l\ll\l
-
Tableau 9 ; Evolution de la prise totale annuelle (tonnes)dans
le Sine Saloum de 1959 à 1978 (données D.O.P.M.).
1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971
1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978,
Prisetotale 213 0 50 100 61 61 22 177 196 192 93 67 124 104 36
83 307 0 0 63
(tonnes)
Tableau 10 : Evolution de la prise mensuelle (kg) dansle Sine
Saloum en 1959 et de 1967 à 1971 (données D.O.P.M.).
(Les totaux annuels de ce tableau sont légèrement inférieurs à
ceux du tableau 9raison de débarquements dans des secteurs autres
que Fatick, Foundiougne et Kaolack
J F M A M J J A S 0 N D
1959 1000 1000 4000 18000 18000 36000 ~5000 ~5000 31000 18000
4500 2000
1967 3550 2900 9970 6200 2500 8490 21830 32019 49262 24940 6000
8624
1968 11600 14060 17157 10240 11550 9900 16974 16055 31517 20240
20750 16050
1969 4950 1700 0 0 0 0 0 6470 17120 37695 15450 6360
1970 9780 5180 3460 580 0 40 1050 2570 7805 36795 16410 6015
1971 100 0 0 50 300 50 1800 2720 29525 56610 38355 21985
Pourc. de laprise annuelle 6, 1 4,1 4,6 2,3 1,6 2,5 5,5 9,1 17,9
26,9 12,4 6,7
(moy. 1967-1970)
~U1
-
Tableau 12 : Prises mensuelles de'crevettes traitées par les
usinesde Ziguinchor de 1960 à 1966 (en kg)
Sources: 1960 à 1962 : MONOD (1966)1963 à 1966 : statistiques
relevées aux usines par le
C.R.O.D.T.
J F M A M J J A S 0 N D TOTAL
1960 2600 1190 1857 8395 21918 24356 17096 8726 11677 11288
10640 4398 124 391
1961 4900 2240 3500 15820 41300 45610 33740 16440 22000 21200
20050 8200 235 000
1962 2956 3167 4763 7115 39562 44720 65955 31839 29016 25670
15487 6956 277 755
1963 5356 6182 8165 16801 30700'101166 43094 .56705 40546 27642
19430 16760 372 547
1964 18613 18400 25373 37166 51643 44869 45685 77916 67663 55031
29405 32298 504 122
11965 13421 28037 45510 55430 ? ? 174851 65694 68549 32883 ? ?
748 880
~? ? 22345 35456 68089 78406 66838 73994 92705 73121 ? ?
611~241
.;......
.,'
~ .,
m
F'.~J:;
-
Tableau 13 : Prises mensuelles de crevettes traitées par les
usinesde Ziguinchor de 1969 à Ig77 (en kg).
Statistiques relevées aux usines par le C.R.O.D.T.
J F M A M J J A S 0 N D TOTAL
374541969 incom- 98295 130818 187116 124546 110326 105725 130638
117022 52854 12546 14023 1 128 563
plet
1970 26726 33287 49669 74931 94687 136600 112583 129104 78334
39554 35479 29888 840 842
1971 34771 42553 5631)1 109154 101028 84611 90062 5722"7 61101
72965 52032 49994 811 859
1972 44552 64676 108345 131655 107251 76286 65438 53155 176644
217275 128655 76010 1 249 942
1973 97856 152872 173806 126572 136982 102912 96627 106685
178736 109123 111904 58658 1 458 733
1974 65470 137444 136622 158474 213387 155180 110866 118128
138447 122233 100035 79892 1 536 178.,
1975 81675 70515 110741 133384 167282 97204 107565 103637 125801
127633 50472 40302 1216211
1976 34382 64994 104771 140650 181549 174292 73904 51420 44090
52631 64576 35179 1 022 438
1977 48770 62517 87899 126211 116403 147127 110526 67883 111077
192953 113168 49702 1 234 236
Moy. 54275 80795 107359 132016 138124 120504. 97033 90875 114584
109691 74985 47993 1 166 556
Moy. en 1. 4,7 6,9 9,2 11,'3 Il ,8 10,3 8,3 7,8 9,8 9,4 6,4 4, 1
8,3
Ecart- 25172 40895 39589 30938 40734 34027 17261 33239 47202
62989 41084 22758 247 513type
~
"
-
: -".
IV 1 - COL LEe T E
DES
. ,~~
48
ET TRAITEMENTDONNEES
Dans ce chapitre nous d~crirons tout d'abord la collecte des
statistiqueset des donn~es biologiques relatives à la pêche
chalutière . Les deux méthodesqui ont été employées pour le
traitement des données statistiques seront ensuiteexposées. Enfin
la technique de marquage des adultes en mer, les campagnes
effec-tuées et les recaptures r~alis~es seront présentées.
IV.I. COL L E C T E
IV. 1. 1. STATISTIQUES DE P~CHE
DES DON NEE S
Pour la pêche artisanale, les statistiques collectées par la
D.O.P.M.ont été utilisées.
Pour la pêche industrielle, le système actuel de statistiques
compiléespar le C.R.O.D.T. a été mis en place à partir de 1969. Il
comprend trois sour-ces de données qui sont recoupées au moment du
codage.
- Les cahiers de mouvement : Les techniciens effectuent un
pointage quo-tidien des chalutiers pr~sents à quai. Ces chroniques
permettent de d~finirles mouvements des bateaux et de calculer la
dur~e de leur absence au port
(effort brut).- Les enquêtes à bord des bateaux : Au moment du
débarquement, un enquê-
teur note sur un bordereau les dates et heures précises d'entrée
et de sortiedu port, la zone exploit~e, le nombre approximatif de
coups de chaluts, lepoids de la capture estim~ par le patron ainsi
que la composition approxima-tive par espèces. Il est précis~ si un
échantillon des captures est prélevéou non et la destination des
captures (nom du mareyeur) est not~e : 75 % en-viron des patrons
sont interrogés chaque mois.
- Les fiches de mar~e d'usines: Chaque débarquement d'un bateau
chezun mareyeur fait l'objet d'un bordereau d'achat donnant les
tonnages débarqu~spar espèces et leur valeur globale. Ces
renseignements disponibles pour 100 %des bafreaux sont recopiés au
laboratoire après saisie sur microfilm.
D'autre part, des cahiers de pêche ont été introduits sur
quelques cre-vettiers dont les patrons ont accepté de coopérer. ces
cahiers où la pêcheétait enregistrée, coup de chalut par coup de
chalut, devaient apporter desinformations précieuses.
Malheureusement, ils sont généralement mal rempliset
inuti1isables.L'exp~riencen'est donc pas concluante. Enfin un
fichier deschalutiers en activit~ et de leurs caractéristiques est
constamment tenu àjour.
IV. 1.2. DONNEES BIOLOGIQUES
Pour la pêche industrielle, dans la mesure où les apports le
permettaient,
-
49
un échantillon d'environ 250 individus était analysé chaque
semaine pour cha-~un des deux stocks marins (Saint-Louis et
Roxo-Bissagos). Les crevettes étaientséparées par sexe et mesurées.
Les mensurations ont été faites à l'aide d'unichtyomètre en
longueur totale (L.T.), au demi-centimètre près par défaut,de la
pointe du rostre à l'extrémité des uropodes jusqu'en avril 1973. A
par-tir de cette date, elles ont été effectuées au pied à coulisse
en longueurcéphalothoracique (L.C.) au millimètre près_par défaut
du creux orbitaire àl'extrémité dorsale du céphalothorax. Les
femelles mûres (stades IV et V) ontété notées séparément.
Pour la pêche artisanale les échantiliionnagesn'ont pas été
effectuéesrégulièrement et seront décrits au chapitre VIII.
IV.2. T RAI T E MEN T DES DON NEE S
Nous exposerons ici deux méthodes de traitement des données. La
premièreque nous qualifierons de "classique" a été utilisée de 1969
à 1977 avec quel-ques variantes et améliorations. La seconde
appelée "traitement avec tri parespèces cibles et standardisation
de l'effort" vient juste d'être mise au pointet sa description n'a
pas encore été publiée. Son intérêt est l'obtention decaptures par
unité d'effort (c:.p.u.e.)moinsbiaisées. Les c vp vuve . ainsi
obte-nues seront utilisées pour l'évaluation des stocks marins et
de leurs condi-tions optimales d'exploitation au chapitre XI.
IV.Z.I. STATISTIQUES DE PECHE, TRAITEMENT CLASSIQUE
Cette méthode de traitement a été exposée par LHOMME, DOMAIN et
BOUR (1973).Les données statistiques recueillies sont codées par
marée sur un bordereau·synthétisant les cahiers de mouvements, les
enquêtes et les fiches de maréed'usine. Les informations suivantes
y figurent: année, quinzaine du débarque-ment, numéro de la marée,
numéro du bateau, temps d'absence au port (heures),zone de pêche
(voir figure 1I),prix de vente total de la marée (milliers
C.F.A.),poids pêché pour chaque espèces (dizaines kg).
Ces bordereaux sont ensuite saisis sur cartes perforées puis
bandes ma-gnétiques. Le nombre de marées actuellement codées chaque
année approche 2 000.Un programme de traitement sur ordinateur
réalise ensuite les opérations sui-vantes au niveau du mois et de
l'année:
Calcul des prises totales par zones et par espèces.- Calcul des
efforts totaux par zone et par espèces. L'effort de pêche
est calculé à partir de la durée d'absence au port dont on
retranche le tempsde trajet en fonction de la zone exploitée. Le
rapport temps de trait/tempsde pêche a été estimé à 18/24 soit
0,75. L'effort brut en heures a donc étémultiplié par 0,75 pour
obtenir le temps de trait.
- Les données codées représentent 80 à 90 % des marées
réellement effec-tuées. Nous avons donc calculé chaque mois un
coefficient d'extrapolation égalau rapport du nombre de marées
effectuées au nombre de marées codées. Les pri-ses et les efforts
ont ensuite été multipliés chaque mois par le
coefficientcorrespondant pour reconstituer la prise et l'effort
réels de la flotille.
- Calcul des prises par unité d'effort (c.p_u_e.). Notons que
les c.p.u.e.ne sont pas affectées par les coefficients
d'extrapolation.
Quatre traitements séparés ont été effectués de 1969 à 1977 :
tousbateaux ,crevettiers seuls, rougettiers seuls,. poissonniers
seuls. Les bateauxsont classés dans une des trois catégories à la
fin de chaque année au vu dela composition spécifique de l'ensemble
de leurs marées. Le but de cette mé-thode est d'obtenir des
c.p.u.e. plus précises pour chaque catégorie de cha-
-
.. '
-
S1
verrons plus loin que cette solution a,été retenue pour la
détermination dela cible.
Standardisation de l'effort: La diversification de la flottille
ces der-nièresall"née8; avec-l ra;riVée de-petites unités de
100/250 ch et de grossesunités de 1000/1500 ch pêchant parfois en
"boeuf" entraîne la nécessité destandardiser l'effort de pêche.
IV.2.2.2. Les méthodes utilisées
Définition des cibles: Il a été observé, au cours de l'évolution
histo-----....,,-------rique de la pecherie, une diversification
spécifique croissante des débarque-ments. Cependant, bien qu'une
trentaine d'espèces soit distinguée dans lesstatistiques
disponibles, quelques espèces ou groupes d'espèces seulement ontà
l'heure actuelle une importance suffisante pour pouvoir être
considéréscomme "cibles".
On dispose d'une bonne connaissance des différents biotopes
exploités,de leur peuplement et des différents types de pêche
excercés au Sénégal. Ilest donc possible de définir les espèces
cibles à partir de ces données debase. Huit cibles principales ont
pu être identifiées: la crevette, la sole,le rouget, la brotule, la
seiche, la dorade (Dentex + Pagrus), les poissons"gris" et le
pageot. Elles correspondent à l'exploitation des principaux
bio-topes schématisés ci-après (tabl. 14) :
B r 0 T 0 P E ESPECES PRINCIPALES AUTRES ESPECESr----------
--------------------------------------------------
------------------
Crevette Penaeus no- Arius sp.
VASO-SABLEUX-NORMAL tialisSole Cynoglossus
sp.---------------------------------------------------~------------------
Capitaine Pseudoto- ..lithus sp ,
VASO-SABLEUX D'ESTUAIREThiekem Galeoides
~"Poissons gris"decadactylus
Sompatt Pomadasysjubelini
•COTIER -------------------------
--------------------------------------------
Rouget Pseudupeneus Diagramme medi-prayensis terraneum
Seiche Sepia sp. Epinephelus
FONDS DURSaeneus
Dorade { Dentex sp , Palinurus regiusPagrus sp.
Pageot Pagelluscoupei
Merluccius sp.Dentex anglolen-
PROFOND PENTE DU TALUSBrotule Brotula bar- sis et 1i1àcroph-
bata thalmus, --Parapenaeus lon-girostris
Tableau 14 Détermination des espèces cibles et biotopes
fréquentés.
-
· -;:-, .
52
Ce découpage des peuplements en huit cibles pourrait paraître
exces-sif, en particulier pour les fonds durs, mais il correspond
pourtant bien audéveloppement historique de la pêcherie par phases
successives depuis 1965.
Q.étermi~tiqE_d~la_çj.blE;.. : La méthode employée est la
suivante :
a.- L'ensemble des marées disponibles a été traité de façon à
obtenir,pour chaque marée, le pourcentage en poids de chaque espèce
dans les captures.
b.- Les marées dépouillées ont été regroupées manuellement par
espè-ce cible en considérant la composition spécifique et
l'importance relativedes espèces de haut intérêt commercial. Les
profils spécifiques des capturesde certains bateaux spécialisés,
dont la cible était donc connue sans aucuneéquivoque, ont servi de
guide pour ce tri préliminaire. Les marées mixtes é-videntes
(mélange d'espèces écologiquement incompatibles) ont été
éliminées.
c.- Pour chaque ensemble de marées correspondant à une espèce
cibledominante, la distribution des fréquence relatives des
différents pourcenta-ges en poids de l'espèce cible a été
représentée sur un graphique (fig. 26 Apour la crevette).
d.- Pour chaque espèce cible, nous avons arbitrairement décidé
quele pourcentage le plus fréquent serait choisi comme seuil de
tri. C'est-à-dire que seules les marées où la capture de l'espèce
cible représenterait unpourcentage en poids supérieur à ce seuil
seront retenues pour le calcul dela c.p.u.e. de l'espèce cible. Les
valeurs choisies pour les seuils de trisont données sur la figure
24 (algorithme de détermination des espèces cibles).Ce seuil a été
fixé à 47,5 % pour la crevette.
L'efficacité de la méthode sera augmentée et le risque de
confusionde cible diminué par une procédure séquentielle. Toutes
les marées seront pas-sées par un"crible" à plusieurs étages, les
cibles les plus fréquentes et lesplus évidentes étant identifiées
en premier. Seules les marées non retenues,à un stade donné du tri,
seront examinées au stade suivant. L'efficacité estégalement
renforcée par l'introduction de tests supplémentaires pour
identifierles espèces incompatibles, les plus évidentes,
identifiant ainsi sans erreurpossible certaines marées mixtes:
ensemble (crevette + brotule), (sole + bro-tule). Ces tests n'ont
pas été introduits arbitrairement mais correspondent àun type de
marée mixte très fréquent et connu. Un test supplémentaire sur
lapuissance motrice permet de séparer avec une bonne précision les
rougettierspurs des autres unités exploitant les fonds durs.
D!..s~ripti'?E~e_l':"a!$~TLthm~: Les marées sont examinées une à
une etles captures sont dans une premiers temps exprimées en % de
la capture totalede la marée. La procédure de tri proprement dite
est clairement schématiséepar la figure 24.
Standardisation de l'effort: Les marées ont été regroupées par
ciblescaractérIstiques-etp~;-chaquë ~ible la relation entre la
capture par unitéd'effort (1) en kg par heure de trait et la
puissance motrice (seule carac-téristique disponible pour tous les
bateaux) a été examinée dans le but d'endéduire les puissances de
pêche relatives de tous les types de bateau par rap-port à un
standard donné. Les marées correspondant à la périodes 1974 à
1977(incluse) ont été traitées puis regroupées devant l'homogénéite
des résultats(pentes des droites identiques sur les différentes
années). Deux rendements
(1) Ce terme a été utilisé ici car il est généralement employé
mais il fautnoter, compte tenu de l'importance des rejets au
Sénégal, qu'il s'agit plusexactement de débarquements par unité
d'effort, la capture réelle étant, pourl'instant, inconnue.
-
Calcul du % des Lecture des
especes dans la f- données de Jl'prise totale la marée
J,.
SOLE ROUGET BROTULE SE 1CHE DAURADE CAPITAINE PAGEOT
+ CREVETTE NON '"NON," NON~ NON~ NON," + THIEKEM NON" NON "~
32,5 % ri
~ 45 % r ~ 25 % 7 ~ 45 % , , ~ 35 % ,+ CAPITAINE + SOM PAT
~ 60 % ~ 47,5 %
°i OUI "'1"- OUI OUI OUI OUI OUI.. ~NP.M.~
CREVETTEOUI ..... .....CREVETTE OU SOLE .. ~ .. 1.0- ... ...
~ 47, 5 % -,BROTULE < 275 ch > 15 %~ 10 %
.....OUI ) \. ) \. .. ... ,. \. ;- ;- r " r ~ \.
'", .\, r \. r "- " " r \, r
-,
OUI NONNON
"'1"-OUI ......
SOLE ,
NON. ;- ",.. , ,.. , ,. ....... ... ,. ... ,.
~ 37,5 % \, r " 7, 7 "-
OUI
... ,. ...... ...,. ... ...... ........ ....... .......)7
......
,,«'~r;, "
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% des prises totales de crevettesclassé en cible crevette
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