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27VENDREDI 1 JUILLET 2011 • TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE
La Bretagne, terre de fleurs
Charte qualité fleurs : comment mettre en avant les fleurs
françaises
Artichaut, protéa, lisianthus, bouvardia...Quelle fleur produire
demain ?
Au Gaec des serres florales, à Kerlouan (29)Qualité et proximité
pour faire la différence
Fleurs coupées : jouer ensemble la carte locale
Elle cultive pour les marchés l'art des bouquets
Les indépendants également en perte de vitesse
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Dossier
Fleurs coupéesUne filière bretonne fragile
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Quand on dit Sica de Saint Pol,artichaut, chou f leur et
autrelégume breton viennent à l'es-prit. Pourtant, sur les 250
mil-lions de chiffre d'affaire de laSica de Saint Pol, 50
provien-nent des fleurs, plantes et autresproduits des pépinières.
Unedouzaine de producteurs, dansun rayon de 30 km autour
deSaint-Pol, produisent 20 millionsde tiges. Roses, gerberas,
germi-nis, lys, alstromérias en repré-sentent la majorité. Derrière
labeauté et la magie des fleurs, secache une production très
exi-geante. Même si les fleurs pous-sent sous serre, leur
productiondépend beaucoup de la météo."On essaie de faire des
planningspour coller aux 4 grandes fêtes, quesont Noël, la
Saint-Valentin, les fêtesdes mères et des grand-mères maisce n'est
pas évident, constate Sté-phane Le Diolen, directeur de laSAS de
Kérisnel, qui gère unmagasin et une bouqueterie
(voir encadré). Cette année, avec leprintemps précoce, on a eu
la pro-duction de la fête des mères en avril".Avec toutes les
conséquenceséconomiques que cela peutavoir. Le fonctionnement
coo-pératif oblige la Sica à prendretoute la production de ses
adhé-rents. Dans le même temps,dans un marché hyper concur-rentiel,
les prix de vente doiventêtre calculés au plus juste. "Nousfaisons
nos tarifs par rapport à laHollande, où il y a un cours quoti-dien
pour chaque fleur, expliqueStéphane Le Diolen. Les prixvarient
beaucoup en fonction de l'of-fre et des périodes". Le marché dela
fleur est très dur. Côté pro-ducteurs comme fleuristes. Lesfleurs
restent un produit de luxe.En période de crise, les consom-mateurs
s'en détournent. "Lesventes de fleurs dépendent beaucoupdu climat
social. Cette année, il y a euplus de dépôt de bilan", note
Sté-phane Le Diolen.
VALORISER LES FLEURSLOCALESLe marché de la f leur coupées'est
mis, en marche forcée, àl'heure de la mondialisation.Des pays,
comme le Kénya, laCôte d'Ivoire, l'Equateur, sesont lancés dans la
production,prof itant d'un faible coût demain d'œuvre, facteur
décisifdans des productions très gour-mandes en temps de travail.
LaHollande, en plus de sa produc-tion traditionnelle, est
devenueune véritable plaque tournantecommerciale. "Un épisode
commecelui du volcan islandais l'an derniernous a montré les
limites de cettemondialisation, note Stéphane LeDiolen. Sans avion,
tous les appro-visionnements étaient perturbés".C'est aussi un
marché totale-ment libéral, sans soutien com-munautaire.Pour
contrer les importationset mettre en avant le travail
desproducteurs bretons, les fleurs
de Kérisnel mettent en avantleur lien au territoire. "Commedans
l'alimentaire, on sent poindreune demande pour des produitslocaux,
constate Stéphane LeDiolen. Sans transport, nos fleursont, en plus
de ce côté éthique,l'avantage d'être plus fraiches et detenir plus
longtemps". Ainsi, lesroses locales sont identif iées,pour se
démarquer de leursconcurrentes venues de loin. Unsimple ruban
"fleurs de Bretagne"permet de faire la différence."Les conditions
de travail dans cer-tains pays, comme le Kénya, amè-nent les
clients à se détourner deleurs produits. A nous de jouer
ladifférence", encourage StéphaneLe Diolen, qui croit en
l'avenirdes fleurs bretonnes. "Le mar-ché des fleurs, par sa
diversité, sacréativité, a un énorme potentiel
dedéveloppement".
Cécile Julien
Dossier
La Bretagne n'est pas qu'une terre de légumes, elleproduit aussi
des fleurs. Chaque année, les producteursde la Sica de Saint Pol
mettent 20 millions de tiges sur unmarché confronté de plein fouet
à la mondialisation.
La Bretagne,terre de fleurs
28 TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE • VENDREDI 1 JUILLET 2011
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29VENDREDI 1 JUILLET 2011 • TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE
Comment mettre en avantles fleurs françaises
Soucieux de promouvoir un produit local, "fran-çais" de très
bonne qualité, des horticulteursindépendants et membres de
coopératives, ontélaboré une Charte Qualité Fleurs. Celle-ci
ins-crit étape par étape les engagements des pro-ducteurs pour
qu’au final les fleuristes dispo-sent dans leur magasin de fleurs
de catégorieExtra et les consommateurs de bouquets quidurent plus
longtemps. Cette charte comprend pas moins de 6 enga-gements.
L’engagement que les fleurs sont pro-duites localement en France.
Que seules sontcommercialisées des fleurs de qualité "extra",une
qualité supérieure qui répond à des normeseuropéennes de qualité de
la tige, des pétales,des boutons ou de tenue avale. Si à la
récolte, lafleur subit un contrôle visuel et un contrôle desa
longueur, la marchandise est inspectée parune personne agréée qui
vérifie les lots. Fraî-cheur, problème morphologique, maladies…Ce
contrôle, effectué au minimum tous les 3 mois, est externe à
l'entreprise de produc-tion. Une marchandise non conforme est
soitdéclassée, soit détruite. Pour chaque espèce,une série de tests
est réalisée tous les trimes-tres dans des salles agréées. Afin de
garantir larigueur de ces tests, les structures
adhérentessélectionnent de façon aléatoire les échantillonsà tester
parmi les produits mis sur le marchédans les 24 h. Les techniciens
responsablesdes tests de tenue en vase doivent communi-quer les
résultats au producteur concerné et àla structure adhérente, par
des fiches de suivide test et des annotations sur les
observationsfaites. Le bilan des tests réalisés met ainsi
enévidence le nombre de producteurs adhérentspar campagne, le
nombre de tiges reconnuespar la charte et les différents résultats
obser-vés.La charte est délivrée pour une année à l’issued’un audit
externe réalisé par un organismetiers.
EL
Un magasin pour les professionnelsPour mettre en valeur les
fleurs de ses pro-ducteurs, la section "fleurs coupées" de la
Sica de saint Pol s'est dotée de deux outils :une bouqueterie,
basée à Saint Pol, et un maga-
sin pour professionnel, installé à Rennes, gérés parla SAS de
Kérisnel. Un magasin, du même concept, existeà Nantes, géré de
façon indépendante. Le magasin deRennes écoule un peu plus de 33%
des fleurs de la Sica, àpeu près autant que ce que représentent les
ventes auxgrossistes.Ce magasin est destiné aux professionnels. 348
fleuristesindépendants viennent s'y approvisionner. Ouvert 6
jourssur 7, voire plus en périodes de pointe, il est organisédans
un but d'efficacité des achats, sur le modèle "cashand carry". Dans
des chambres réfrigérées, toutes lesfleurs sont exposées. Equipé de
chariots, chaque fleu-riste prend les fleurs, les couleurs dont il
a besoin. Il n'aplus qu'à payer avant d'emporter ses
acquisitions.Afin de présenter une vaste gamme aux fleuristes, la
pro-duction des fleurs de Kérisnel est complétée avec
desimportations. "Les fleurs arrivent de tous les pays. Aufroid,
c'est un produit qui voyage plutôt bien", constateStéphane Le
Diolen. Sur toute l'année, ce sont 250 à 300variétés qui vont se
succéder.Pour que les fleuristes puissent trouver tout ce dont
ilsont besoin au même endroit, le "cash and carry" des fleursde
Kérisnel est jouxté par deux autres magasins spécia-lisés, l'un en
fleurs en port, l'autre en matériel profes-sionnel.Pour encourager
la créativité des fleuristes, le magasin deRennes leur propose
régulièrement des démonstrationsavec l'un des meilleurs ouvriers de
France. "Les fleurs,c'est comme la mode, les tendances changent
chaqueannée", espère Stéphane Le Diolen, qui gère ce magasin.Cette
année, la tendance est au mauve. Accompagnerainsi les fleuristes
est une façon pour la filière bretonne deles aider à résister face
à l'émergence des chaines demagasins vendant des fleurs à prix
bradés. "Les fleuristesauront toujours leur place, espère Stéphane
Le Diolen.Ce n'est ni la même clientèle, ni la même qualité de
pro-duits".
Char
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leur
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30 TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE • VENDREDI 1 JUILLET 2011
Après le chou d’ornement, lastation expérimentale du Caté,à
Saint Pol de Léon (29) s’estattelée à l’artichaut. Pas leCamus ou
le Castel, trop volu-mineux, mais des variétés auxcapitules plus
petits, de formeset de couleurs variés. Avec unimpératif : de
longues tiges,pour être bien valorisés en bou-quets. "Nous avons
cherché cesvariétés dans les collections de l’Inra,indique Michel
Le Roux, direc-teur du Caté. Et nous les testonsau champ". Pour le
moment, trois d’entreelles ont été retenues, dont l’uneest déjà
cultivée chez un pro-ducteur. "Nous ne dédrageonnonspas, afin
d’obtenir un maximum detiges par touffe. Et recherchons àétaler le
calendrier de production".Car, même si les volumes res-tent
confidentiels, l’artichautséduit les fleuristes !
SE DÉMARQUER "Au Caté, nous avons commencépar étudier les fleurs
les plus culti-
vées ici : rose, alstroméria, gerbera...,se souvient Laurent
Mary, res-ponsable horticole à la stationexpérimentale. Puis les
produc-teurs ont souhaité se démarquer dela concurrence et nous
avons plan-ché sur un élargissement de lagamme, en introduisant des
nou-veautés". C’est ainsi que le chou-fleur d’ornement, le
tournesol,la célosie ou la girof lée ontd’abord fait leur
apparitiondans les serres de Saint Pol deLéon, avant de prendre
racinechez les producteurs. "Parfois, aussi, nos essais ne
débou-chent pas : les plantes sont trop gour-mandes en chauffage,
ne sont pasperformantes dans nos condi-tions...". Ainsi, les
premiersessais sur les protéa n’ont pasété concluants. "Les fleurs
sontmagnifiques et tiennent 3 semainesen vase. Mais le rendement
n’est passuffisant pour espérer une rentabi-lité". Les essais vont
néanmoinsse poursuivre, cette fois pourles pépiniéristes, qui
pourraientêtre intéressés par la commer-
Dossier
Quelle FL Eproduire d
Artichaut, protéa, lisianthus, bouvardia...
- 12 ha en plein champ, - 1 ha sous abri,- 18 salariés, dont 6
ingénieurs,- 1 poste et demi pour la fleur coupée,- 1,5 million d’€
de budget.
Le Caté en quelques chiffres
Laurent Mary,responsable des essaishorticoles à la station
du Caté.
Les essais pour la fleur coupée n’ayant pas été concluants, les
protéas vont être proposés aux pépiniéristes, pour produire des
potées fleuries.
En fleurs coupées, aussi, l’énergie est un enjeu majeur ! Ici
unlisianthus conduit à 12° au lieu des 18° auxquels il est
habitué.
C’est la question à laquelle tente de répondre le caté, qui
conduit tousles ans de nombreux essais en pleinchamp et sous abri.
Visite.
Les giroflée.
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cialisation de petites potéesfleuries. Désormais, les
essaisportent sur le bouvardia, lecalla, le strelitzia,
l’anigozan-thos..., prochainement sur lechrysanthème, qui est la 3
ou4e fleur coupée la plus venduedans le monde.
TESTER LA TENUE EN VASELe Caté profite également de sasalle
post-récolte, capable dereproduire les conditions quefleurs et
légumes vont connaîtreune fois quittée l’exploitationagricole, pour
tester la tenue envase. Ainsi, si le dalhia produitde magnifiques
fleurs, avec unegrande diversité de formes etde couleurs, il est
jusqu’à pré-sent surtout réservé à un mar-ché local. "Il faut
améliorer satenue en vase, pour pouvoir l’expé-dier".
MOINS GOURMANDESRenchérissement du coût del’énergie oblige, le
Caté testeaussi des itinéraires techniques
moins gourmands en chauf-fage. Ainsi, si le lisianthus
estd’habitude cultivé à 17-18°, unessai porte sur une conduite
à12°, dans une serre confinée,pour conserver la chaleur, etavec un
déshumidificateur, afind’éviter les problèmes sanitaires.Mais le
raisonnement a seslimites. "Il paraît difficile de se pas-ser
totalement de chauffage : pourconserver sa place sur le marché,
ilfaut être présent toute l’année".Pour maîtriser les coûts de
pro-duction, la tentation estgrande, aussi, de favoriser laculture
en pleine terre. "Maison se heurte alors à des problèmesde main
d’œuvre et de pénibilité dutravail, indique Laurent Mary.L’avantage
du hors-sol, c’est qu’onpeut surélever la culture, pour faci-liter
la récolte". C’est aussi l’undes rôles de la station : définirles
itinéraires techniques, afinde coller au mieux avec lescontraintes
et les attentes desproducteurs.
Chantal Pape
L EUR demain ?
Dénichées dans les collections de l’Inra, cesvariétés
d’artichauts sont magnifiques en bouquets !
La station du Caté est équipée pour tester la tenue en vase des
fleurs.
as .
Plante méditerranéenne,le strelitzia, encore appelé
oiseau du paradis, est testé au Caté sous abri froid.
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"Ici, on produit des fleurs depuis 1972".Adhérent à la section f
leurs cou-pées de la Sica de Saint Pol deLéon, le Gaec des serres
florales, àKerlouan (29), compte deux asso-ciés, 15 permanents et
23 000 m²de serres, destinées principale-ment à la rose. Une
productionexigeante. "On cueille tous lesjours, dimanches et jours
fériés com-pris, détaille André Sparfel, quia rejoint
l’exploitation en1992. Et on conditionne 6 jourssur 7". Grâce à
l’éclairage et auchauffage, la production deroses s’étale d’un bout
àl’autre de l’année. Avec despics de commercialisationau moment de
Noël, laSaint Valentin et la fête desMères. Et une productionqui
oscille, au Gaec desserres f lorales, entre 7 et15 000
tiges/jour.
ECONOMISER L’ÉNERGIEConfrontée, comme toutes les produc-tions
sous serres, à une hausse vertigi-neuse du coût de l’énergie, la
culture dela rose s’est adaptée, en diminuant la tem-pérature, en
gardant la serre plus fermée..."Nous avons installé très tôt des
écrans ther-miques, se souvient André Sparfel. Ils nouspermettent
d’économiser sur la facture dechauffage. Mais aussi d’ombrer la
culture enplein été, quand le soleil risque de brûler lespétales".
Ne disposant pas de gaz naturel,il chauffe les serres au fioul
lourd et a ins-tallé il y a peu une pompe à chaleur, "unetechnique
qui demande à être encore un peuaffinée".
A L’AFFÛT DES NOUVEAUTÉSSur ses 2 ha de serres, l’exploitation
necompte pas moins de 20 variétés de roses."Pour répondre à la
demande, il faut impérati-vement de la rose rouge, indique André
Spar-fel. Et un assortiment de couleurs : blanc, rose,jaune...".
Mais comment savoir ce qui vamarcher auprès des f leuristes et
des
Au Gaec des serres
QUALITÉ epour faire
Dossier
Installé en 1992, André Sparfel est producteur de roses à
Kerlouan,
sous 23 000 m² de serres chauffées et éclairées.
Sur 700 m², le Gaec desserres floralescultive aussi unelarge
gammed’anthurium :rouge, rose,chocolat, blanc,vert, panaché...
32 TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE • VENDREDI 1 JUILLET 2011
Installé àKerlouan, André
Sparfel veut croireen l’avenir de la
rose bretonne. Etmise sur la qualité
et la proximitépour faire
la différence.
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consommateurs ? "Avec le service commercialde la Sica, nous nous
rendons en Hollande aumoins une fois par an afin de voir les
nouveau-tés". 200 nouvelles variétés, parmi lesquellesil ne faudra
en sélectionner que 5 ou 6 !"C’est aussi une affaire de nez",
reconnaît leproducteur. Encore faut-il que la variétéproduise
suffisamment pour être rentable."Un plant va rester en place entre
6 mois et 6ans. 6 mois, c’est quand on s’est trompé dans noschoix".
Une erreur à ne pas reproduire tropsouvent ! "Entre le plant et le
droit à produire,il faut compter 25 €/m²".
QUALITÉ ET FRAÎCHEURConfrontée à une concurrence exacerbéedes
pays à faible coût de main d’œuvre,Kenya, Ethiopie, Amérique du
Sud... , larose bretonne mise sur la qualité. "La cueil-lette doit
avoir lieu à un stade optimal, qui varieselon les variétés :
certaines doivent être cueilliesfermées, d’autres un peu ouvertes.
Sinon, ellesn’auront pas la force de s’ouvrir".La fraîcheur est
aussi un atout à faire valoir."Une fois cueillie, la rose passe une
nuit en frigo,afin qu’elle se conserve mieux. Et sera chez le
fleu-
riste sous 24 heures". Autre détail qui ason importance : elle
voyage les tigesdans l’eau, toujours afin de mieux seconserver.
JOUER LOCAL"La rose bretonne a un avenir à conditionque les
fleuristes et la grande distributionjouent le jeu de la production
française,estime André Sparfel. A nous de com-muniquer plus, de
valoriser notre travail".La production s’est engagée dansle
développement durable."Aujourd’hui, il n’y a que le plastiqueque
nous ne recyclons pas sur place :une fois arrachés, les rosiers
sont répan-dus sur des terres agricoles. Et la solu-tion nutritive
est recyclée". Et l’em-preinte carbone joue en faveurde la
production locale. "Dansles pays du Sud, la main d’œuvre
estexploitée. Et les terres devraient êtreconsacrées à des
productionsvivrières".
Chantal Pape
rres florales, à Kerlouan (29)
É et PROXIMITÉre la différence
33VENDREDI 1 JUILLET 2011 • TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE
La rose se cueille tous les jours,dimanche et jours fériés
compris !
En ce moment, la mode est aux roses panachées.
La serre compte aussi deux variétés de roses ramifiées, encore
appelées spray.
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34 TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE • VENDREDI 1 JUILLET 2011
"On a connu les effets de la mondialisation avant tout lemonde",
affirme Marc Calvez, le président de lasection fleurs coupées de la
Sica de Saint Pol deLéon. Créée à la fin des années 60 par des
pro-ducteurs de légumes en quête de diversification,la section a
compté jusqu'à 25 adhérents, pourseulement 13 aujourd'hui. Et est
le seul groupe-ment de producteurs de fleurs coupées de Bre-tagne,
depuis l'arrêt de l'activité fleurs de Savéol. Cette baisse de la
production bretonne est due àdes arrivages de fleurs toujours plus
nombreux,toujours moins chers, même s'il leur faut traver-ser une
bonne partie de la planète en avion ."Aujourd'hui, on compte 450 ha
de serres de fleursaux Pays-Bas, et 2 000 ha au Kenya", détaille
AndréSparfel, producteur de roses à Kerlouan, la fleurqui a payé le
plus lourd tribut à l'ouverture desfrontières. "La main d'œuvre y
est payée 1 €/heure, quand ce n'est pas moins, tempête MarcCalvez.
Et tout ça pour le profit de quelques-uns ! Onexploite une région à
fond. Et, quand les hommes et laterre ont tout donné, on part
ailleurs. C'est une formed'esclavage !".
ACHETER LOCALMais les producteurs bretons ont bien du mal à
faire valoir leurs arguments. "Souvent, il s'agit dedécisions
politiques européennes. En Colombie, parexemple, on a voulu
substituer la culture de la fleur àcelle de la drogue. En
déséquilibrant le marché et enoubliant les producteurs présents
ici". Face à de telles distorsions de concurrence, com-ment faire
face ? "On a beau réduire nos coûts deproduction, ça reste
dérisoire". Même les hollandaisbénéficient de main d'œuvre à
moindre coût, enprovenance des pays de l'Est. "L'énergie, l'un de
nosprincipaux postes de charge, leur coûte aussi moins cher :le
pays dispose d'un réservoir de gaz naturel".Pour se démarquer, les
producteurs bretons defleurs aff ichent leur identité régionale.
"Nousessayons de faire comprendre à nos clients
l'importanced'acheter local. C'est un travail de longue haleine,
quicommence à porter ses fruits auprès de certains
profes-sionnels". Ils essaient de se démarquer de laconcurrence, en
travaillant la qualité, la fraî-cheur, le service... "Un de nos
plus est de pouvoirrépondre très vite à la demande". Et,
convaincusd'être encore là demain, lancent un appel auxjeunes
intéressés par le végétal. "Nous sommesprêts à étudier tous les
projets, en fleurs coupées, feuil-lage...".
Chantal Pape
Jouer ensemble la carte locale
Fleurs coupées
Producteur de lys, de muflier, de tulipe à Plouescat, Marc
Calvez est le président de la section
fleurs coupées de la Sica de Saint Pol de Léon.
Dossier
La mondialisationsoumet les producteursbretons de fleurscoupées
à rudeépreuve ? Organisés en section au sein de la Sica de Saint
Pol de Léon, ils ont décidé d'agirplutôt que de se lamenter. Et
attirent l'attention de toute la filière,consommateur compris, sur
l'intérêtde jouer local.
A Séné, depuis 19 ans,
Nathalie Caudalcultive l'art desfleurs coupées
sur 2 ha et 5000 m2
de tunnel. Ellecompose et vend
ses bouquetschampêtres et
de saison sur les marché de
la région, envente directe.
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Arrêt devant la pancarte d'exploitation"Les fleurs du temps" à
14h02, Cressignanen Séné. Du bâtiment de bois attenant àla maison
d'habitation s'échappent desfragrances de lys. Ce doit être par là.
Cou-pées depuis le matin, au sol, des brassées enseaux de
lavatères, roses, alstromeria, giro-flées, gypsophiles et autres
graminées....attendent leur mise en bouquet. Demain,c'est jour de
marché à Vannes. Dans sonchamp, Nathalie Caudal saute de son
trac-teur et accepte de se poser "deux secondes,pas plus", dans un
fauteuil vintage guignépar un chat angora.L'installation à 21ans,
en fleurs, pourne pas faire deconcurrence à sonfrère qui a créé
sonexploitation marai-chère.... Les journéesde 12 h et plus.
Laconduite de l'exploi-tation où elle seréserve le travail dela
terre et des semis..
"19 ans à ce rythme là, à la fin de la sai-son je suis lessivée
mais je suis avant tout passion-née par mon boulot", avoue Nathalie
Cau-dal. C'est aussi une maman de deuxenfants. Elle mène seule son
exploitationavec 2,5 salariés en saison. "Nous utilisonsbeaucoup de
bâches bio-dégradables pour éviter letravail de sarclage et de
désherbage". Les postesles plus gourmands en main d'œuvredemeurent
récolte et confection des bou-quets. La vente directe sur les
marchés deVannes, la Trinité sur Mer et St Gildas deRhuys permet à
l'horticultrice d'écouler
sa productiondont une petitepartie est achetéepar un groupe-ment
de parentsd'élèves."C'estpeut être une pistede
diversification",envisage-elle.
Elle cultive pour les marchésl'art des bouquets
Des bouquets champêtres et de saisons que Nathalie Caudal vend
sa production "des fleurs du temps"
sur les marchés de la région de Vannes.
35VENDREDI 1 JUILLET 2011 • TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE
"Je ne cherche surtout pas à imiter
le savoir faire du fleuriste. Ici, on se satisfait de tout
pour la composition de nos bouquets
plutôt champêtres".
""
, ,lssa 2
edst r e n.
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TRÈS FORTES ASTREINTES HORAIRESAlors l'activité est t-elle
rentable ? "On n'envit pas super bien", admet la jeune femmepour
qui l'astreinte en terme de temps detravail est la plus lourde. "Il
faudrait vendreplus et ce serait encore plus de temps de travailou
alors des fleurs beaucoup plus chères. Or jemise sur des petits
bouquets à 5 euros enmoyenne", explique-t-elle pour définir unachat
"qui reste avant tout de plaisir et qui vientaprès l'obligatoire,
l'alimentaire. Ça fait l'objetd'un arbitrage". Alors si 2010
"semble enfinune meilleure année", la jeune femme sait lapérennité
du résultat à consolider. "Pourme libérer du temps, être plus
disponible auprès demes enfants, j'aimerais ne plus travailler
ledimanche". Autre piste envisagée, abandon-ner un marché
saisonnier. "On y travaille bienmais entre le déplacement, le coût
du salarié quifait le marché... Il faut se poser les bonnes
ques-
tions économiques", relativise Nathalie Cau-dal. Alors quand la
fatigue est là, pourrepartir, la jeune femme se remémore "safolle
passion pour les graines". Car elle sèmetout, "sans aucune
retenue". Elle puise danssa passion pour ce métier, une source
iné-puisable d'intérêt, "y compris pour la partiemécanique, il y a
une telle diversité". Cerise surle gâteau ? "Le sourire des gens
qui viennentm'acheter un bouquet pour se faire plaisir".
Claire Le Clève
Elle cultive pour les marchésl'art des bouquets (suite)
36 TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE • VENDREDI 1 JUILLET 2011
L'achat moyen des clients se situe autour de 5 euros pour des
bouquets
qui varient entre 3,5 euros et 15 euros.
Dossier
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Ce producteur de Noyal-Châtillon-sur-Seiche (35) a démarré
l'activité fleurs cou-pées en 1973 dans un contexte où selon
lui"les clients gros et demi-gros se trouvaient facile-ment". Car
la pression sur les prix est deve-nue trop forte sur ces marchés,
les clientsgros et demi-gros de Charles de Bel Air sesont eff
ilochés pour n'être presque plusprésents maintenant. La conséquence
estune baisse régulière du chiffre d'affaires,de l'ordre de -30% en
cinq ans, "dans unepériode où tout a augmenté", souligne le
pro-ducteur. La main d'œuvre constitue unecharge particulièrement
importante pourcette entreprise de quatre salariés. La structure
d'un hectare, datant de 1995,est aussi, estime-t-il,
"surdimensionnée parrapport aux ventes". Pour faire face à la
baissed'activité, Charles de Bel Air a commencépar élargir les
allées entre les plantations,puis a allongé les vides entre deux
cultures,et arrêté la production dans sa serre lamoins
performante.
LE DÉTAIL EST LE PRINCIPAL MARCHÉSeule la vente au détail se
développe unpeu, représentant désormais les trois quartsdu chiffre
d'affaires réalisé par l'entreprise.
Elle en constituait à peine un quart il y adix ans. Charles de
Bel Air se fait connaître en allantsur deux marchés hebdomadaires
du bas-sin rennais et vend également ses f leursdans un magasin sur
l'exploitation. Il com-mercialise surtout des bouquets-tout-faitsà
base de roses, œillets, gerberas, ou als-tromères, et d'une
trentaine d'autresespèces suivant la saison (anémones,renoncules,
freesia…). La tenue des fleurscoupées est une qualité primordiale
queCharles de Bel Air détient naturellementcompte-tenu de ses
fleurs fraîches "qui nesubissent ni transport ni stress".
PERSPECTIVESLe producteur considère disposeraujourd'hui "d'une
clientèle détail importanteet fidèle". Mais à 60 ans, il est temps
pourlui de trouver un repreneur, avec toutes lesdif f icultés que
cela suppose dans uncontexte de déclin de la f ilière française.La
clientèle détail offre cependant des pers-pectives selon lui, à
condition que quelquesinvestissements soient réalisés notammentpour
l'accueil des particuliers sur le site,afin de conforter ce marché
détail.
Audrey Dibet
37VENDREDI 1 JUILLET 2011 • TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE
Les indépendants également en perte de vitesse
Si le déclin de laproduction n'a pastout de suite
touchél'entreprise deCharles de Bel Air, labaisse des volumessur
les marchés groset demi-gros estaujourd'hui bien réellepour ce
producteurindépendant du bassinrennais.
TERRA279_027-035_Gabarit bleu 3 col 28/06/11 17:30 Page12
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