LE SERPENT, symbole et enjeu de pouvoir en mésoamérique à lʼépoque aztèque En 1519, Hernan Cortés arrive dans lʼactuel Mexique et conquiert rapidement (en 3ans à peine) lʼempire Aztèque avec lʼaide de ceux-ci qui croient au retour de Quetzalcoatl, dieu originel (dʼorigine toltèque). Dès lors, les indigènes sʼapproprient la religion catholique et il est aujourdʼhui difficile de discerner ce qui appartient à la culture mésoaméricaine et ce qui appartient à la culture coloniale. Le symbole du serpent est selon moi un exemple intéressant de la rencontre des deux différentes religions. En effet, il tient une place prépondérante dans la culture catholique, appartenant dès les premières pages de la Bible, à lʼhistoire biblique notamment à travers lʼhistoire de la Genèse et du péché originel. Ce travail mʼa ainsi permis dʼapprofondir mes connaissances des indigènes dʼamérique centrale. Je souhaite développer la relation quʼentretiennent les cultures mésoaméricaines (situées au Mexique) avec le symbole du serpent pour comprendre les différents enjeux qui lʼentourent. A travers une traversée des mythes fondateurs des civilisations Mayas, Toltèques et Aztèques nous allons remarquer que ce symbole est souvent présent dans le panthéon des dieux des différentes civilisations. Cela sera ensuite mis en parrallèle avec des éléments factuels au niveau de la faune dʼamérique centrale qui regorge de serpents pour ensuite nous pencher sur la question des enjeux de pouvoir que celui-ci peut induire ceci dans la culture mésoaméricaine mais également dans la culture judéo-chrétienne. Finalement nous ferons un rapide tour dʼhorizon de quelques pratiques liées au serpent en lien avec la problèmatique développée dans le texte. Fig. 1 Cathédrâle de Modène, Italie, XIème siècle (Wiligelmo)
quelques réflexions autour de la symbolique du serpent chez les aztèques qui mène plus largement une réflexion autour de la symbolique du serpent dans la société occidentale contemporaine.
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LE SERPENT, symbole et enjeu de pouvoir en mésoamérique à lʼépoque aztèque
En 1519, Hernan Cortés arrive dans lʼactuel Mexique et conquiert rapidement (en 3ans à peine)
lʼempire Aztèque avec lʼaide de ceux-ci qui croient au retour de Quetzalcoatl, dieu originel
(dʼorigine toltèque). Dès lors, les indigènes sʼapproprient la religion catholique et il est
aujourdʼhui difficile de discerner ce qui appartient à la culture mésoaméricaine et ce qui
appartient à la culture coloniale. Le symbole du serpent est selon moi un exemple intéressant
de la rencontre des deux différentes religions. En effet, il tient une place prépondérante dans la
culture catholique, appartenant dès les premières pages de la Bible, à lʼhistoire biblique
notamment à travers lʼhistoire de la Genèse et du péché originel. Ce travail mʼa ainsi permis
dʼapprofondir mes connaissances des indigènes dʼamérique centrale. Je souhaite développer la
relation quʼentretiennent les cultures mésoaméricaines (situées au Mexique) avec le symbole du
serpent pour comprendre les différents enjeux qui lʼentourent. A travers une traversée des
mythes fondateurs des civilisations Mayas, Toltèques et Aztèques nous allons remarquer que
ce symbole est souvent présent dans le panthéon des dieux des différentes civilisations. Cela
sera ensuite mis en parrallèle avec des éléments factuels au niveau de la faune dʼamérique centrale qui regorge de serpents pour
ensuite nous pencher sur la question des enjeux de pouvoir que celui-ci peut induire ceci dans la culture mésoaméricaine mais
également dans la culture judéo-chrétienne. Finalement nous ferons un rapide tour dʼhorizon de quelques pratiques liées au serpent
en lien avec la problèmatique développée dans le texte.
Fig. 1 Cathédrâle de Modène, Italie, XIème siècle (Wiligelmo)
Pour commencer nous allons parcourir rapidement
le mythe fondateur aztèque, pour ensuite revenir
petit à petit dans le temps et comprendre les liens entre les différentes cosmogonies.
La pyramide de Teotihuacan est le lieu mythique
de la genèse de la civilisation aztèque, les dieux se
réunissent à cet endroit après le quatrième
effondrement du monde. Le cinquième monde est
initié par le dieu qui sʼimmole pour créer un soleil.
Suite à lʼimmolation du premier dieu, il manque de
lʼénergie au soleil pour poursuivre sa trajectoire, les
autres dieux se sacrifient eux aussi en se faisant
tuer par lʼun des dieu primordial Quetzalcoatl.
Lʼhumanité nʼexiste pas encore et cʼest grâce au
sacrifice de Quetzalcoatl lui-même quʼelle naitra. Il
descend dans le monde des morts et réanime les
morts des anciennes générations grâce à son sang
(qui est souvent nommé eau précieuse). Le fait que
le dieu originel doive se sacrifier pour la vie de la
Fig. 2 Quetzalcoatl et Mictlantecuhtli, codex Borgia
nouvelle humanité imprègne une indissociation de la vie et de la mort, deux entités inséparables. Quetzalcoatl dans le codex Borgia
est dʼailleurs représenté avec Mictlantecuhtli, le dieu de la mort. Ce rapport entre la vie et la mort indissociable amène une
dimension de la souffrance particulièrement importante dans la culture aztèque qui pratique de nombreux sacrifices et
autoflagellations. Ce nʼest pas sans rappeler la religion catholique qui tient la souffrance en haute estime dans ses différents rites.
Quetzalcoatl le fondateur de lʼhumanité aztèque est une figure importante pour notre quête du serpent. En effet, le nom littéral en
nahuatl veut dire Serpent à Plumes. Ce qui induit deux forces opposées, dʼune partie le serpent qui appartient à la terre, les forces
telluriques et lʼoiseau qui appartient à lʼair, les forces célestes. Quetzalcoatl est une divinité qui ne cesse de se réapproprier selon
les différentes périodes. Lʼon trouve les origines de son cultes vraisemblablement durant lʼépoque préclassique dans la civilisation
Olmèque. Suivant les différentes civilisations, il change de forme et de noms. Chez les Mayas, il prendra le nom de Kukulkan ou
encore Tohil. Selon Blas Castellon Huerta1, un archéologue mexicain : le culte de Quetzalcoatl serait vraisemblement lié la culture
du maïs, une part importante de la nourriture locale. Le dieu Quetzalcoatl aurait les plumes de quetzal (espèce dʼoiseau dʼamérique du sud) qui ressemble aux feuilles du maïs et les écailles de serpents qui ressemblent aux épis.
Chez les Toltèques, cʼest Tula la capitale et le lieu de fondation de leur civilisation, Quetzalcoatl est dʼune grande importance
puisquʼil est lʼun des dieu fondateur. Il semblerait que lʼun des rois prêtres Toltèques aurait eu le nom de Quetzalcoatl (Acatl
Topiltzin Quetzalcoatl), les rois se nommeront ensuite lʼun après lʼautre Quetzalcoatl, une manière de confondre le mythe avec la
réalité ainsi le dieu Toltèque prend une figure anthropomorphe et il devient un homme serpent à plumes. Cʼest à ce moment de
lʼhistoire que le dieu Quetzalcoatl incarnera également Vénus. Dans lʼhistoire toltèque Quetzalcoatl à un frère opposé qui se nomme
1 Blas Castellón Huerta, Cúmulo de símbolos, la serpiente emplumada, p. 28-35 in La serpiente emplumada en Mesoamérica, Arqueología Mexicana, no 53, janvier-février 2002.
Tezcatlipoca qui le chasse à lʼest dʼoù il reviendra bientôt. Dans lʼiconographie, Tezcatlipoca est parfois représenté avec un pied prolongé par un serpent en souvenir dʼun ancien combat.
Chez les Mayas, il est difficile de comprendre clairement quels ont été les mythes fondateurs. En effet, le Popol Vuh qui est un
manuscrit contant la cosmogonie maya date en réalité de lʼépoque coloniale, il y a donc certainement pu y avoir des frictions entre
la religion catholique naissante et les légendes ancestrales mésoaméricaines. Toujours est-il que lʼon peut discerner quelques dieux
qui ont une importance capitale. Le serpent des Visions est une divinité qui fait le lien entre le monde des vivants et celui des morts.
Lorsquʼun nouveau roi est mis sur le trône, la cérémonie rituelle veut que le futur roi et sa femme sʼentaille des parties (lʼhomme le
pénis et la femme, la langue) pour ensuite brûler ce sang en invoquant le Serpent des Visions, lʼépaisse colonne de fumée qui sʼen
dégageait permettaient aux participants de déceler à lʼintérieur de la colonne de fumée, lʼapparition du Serpent des Visions qui
symbolisait alors un pont entre le monde des vivants et celui des morts ainsi que la voûte célèste. Le Serpent des Visions se
transformerait petit à petit (à lʼépoque postclassique, dès le VIIIème siècle) en Kukulkan qui deviendra Quetzalcoatl chez les
Toltèques et les Aztèques. Autre précision le dieu Tlaloc est Chac chez les Mayas. Lʼon comprend donc que les références se
réapproprient se transmettent et se transforment au fur et à mesure des siècles. Teotihuacan qui est une ancienne cité
mésoaméricaine probablement construite à partir du IVème siècle av. J.-C. par les Olmèques et qui a connu son apogée entre le IIème
et le Vème ap. J.-C. Cʼest à ce moment quʼest construit le Temple du Serpent à Plumes qui sera nommé plus tard Quetzalcoatl. Dès
le VIème siècle, la cité décline peu à peu pour être réinvestie bien plus tard comme lieu de pèlerinage par les Aztèques, qui se
revendiquent descendant direct des Mayas. La cité de Teotihuacan est emplie de différents motifs qui rappellent le Serpent à
Plumes notamment dans les fresques de la collection Harald Wagner quʼil avait spolié sur le site au début du XXème siècle. Il sʼagit
dʼun motif récurrent que lʼon retrouve également sur le temple du Serpent à Plumes par des demi-bosses présentes autour du
temple. Les reliefs qui se trouvent à lʼextérieur du temple ont certainement une fonction politique de propagande qui permet aux fidèles de rappeler la puissance du dieu Serpent.
Fig. 3 Serpent à Plumes, Fresque de Teotihuacan, de la collection Harald Wagner, Musée Young San Francisco, un serpent déverse une cascade de sa gueule ouverte qui arrose neuf arbustes en fleurs (deux sont ici visibles sous le serpent)
Cʼest dʼailleurs parfois sous la forme de coiffe pour les prêtres
ou chefs que le serpent devient également un attribut. Il est
associé aux aspects militaires tout comme le jaguar, lʼoiseau
et le papillon. Lʼon a découvert durant les fouilles de la fin du
XXème, un grand nombre de ce qui semblent être des
sacrifiés (jeunes hommes aux mains qui semblent avoir été
liées dans le dos) au dieu du Serpent à Plumes. Ces
hypothèses sont notamment confirmées par lʼiconographie
retrouvée sur place qui montre les figures de serpents en lien
avec les sacrifices (cœurs humains arrachés, cardiectomie).
Le serpent est donc connoté au sang sacrificiel comme, il est
associé à lʼeau et à la fertilité comme nous le verrons plus
tard. La fresque de Tehotihuacan nous rappelle que le
serpent, emblème du chef arrose de manière bienveillante les
neuf arbustes, cela présuppose donc que le roi suprême
encadre et sʼoccupe de ses sujets.
Fig. 4 Temple du Serpent à Plumes, Teotihuacan
différentes figures du serpents dans les divinités aztèques
Tlaloc est le dieu de lʼeau Aztèque, de la pluie de la foudre et de lʼagriculture. On
le représente parfois avec des serpents entourant ses yeux. Il est appelé Chac
chez les Mayas, il est souvent associé à des serpents. Chez les Mayas, il y a
également Ix Chel associée à lʼeau, elle est la déesse de lʼarc-en-ciel et de la
maternité. Elle a comme attribut des serpents dans les cheveux.2
Coatlicue est lʼune des divinités aztèques fondamentale. Elle est lʼincarnation de
la terre. Elle est celle qui donne naissance à la lune, aux étoiles et au dieu
Huitzilopochtli, le dieu du soleil et de la guerre. Sa robe est faite de serpents ainsi que sa tête qui est formée de deux serpents.
Huitzilopochtli est un dieu aztèque associé au soleil (lʼun des aspect du dieu
soleil Tonatiuh) et à la guerre. Dans sa main gauche il tient le Xiuhcoatl qui est un
serpent de feu (serpent de turquoise). Il est fils de Coatlicue qui après avoir donné
naissance à des centaines dʼenfants (les étoiles) et la lune (Coyolxauhqui),
retombe enceinte de Huitzilopochtli, sa sœur, la lune était jalouse de son frère et
complota avec ses frères et sœurs les étoiles pour tuer Coatlicue, leur mère, avant la naissance de Huitzilopochtli mais celui-ci
sortit du ventre de sa mère armé de son Xiuhcoatl et tua ainsi sa sœur. Lʼun des attributs de Huitzilopochtli est lʼAnecuyotl (serpent
de feu), emblème de ses frères et sœurs morts. Il est parfois identifié comme un Tezcatlipoca bleu.
2 Il est intéressant de noter que ce genre dʼattribut se retrouve dans dʼautres mythologies (Medusa, lʼune des trois Gorgones dans la mythologie grecque)
Fig. 5 Tlaloc, codex Rios ou Vaticanus
Mixcoatl (Serpent de nuages) est le dieu maya de la chasse et des étoiles du Nord des Aztèques.
Chicomecoatl (nom nahuatl signifiant sept serpents) et la déesse de lʼagriculture et de la fertilité.
Cihuacoatl (femme serpent) est la déesse dans la mythologie aztèque de la maternité et de la fertilité elle est également la mère de
Mixcoatl.
Finalement Malinalxochitl est la déesse maléfique des serpents, des scorpions, elle est la sœur du dieu Huitzilopochtli.
Ce panorama des différentes divinités liées au serpent montre lʼimportance de cet emblème dans la religion aztèque. En effet, ce
symbole est polysémique. Il semble pourtant quʼil se rattache principalement aux forces telluriques, comme nous lʼavons vu plus
haut, lʼoiseau représente les forces aériennes et associées aux forces du serpent, il devient un dieu complet, embrassant sa dualité.
La fréquence à laquelle le serpent est représenté dans ces divinités peut dénoter dʼune autre réalité, le serpent étant un animal très
loin (physiquement, visuellement) de lʼhomme (sang froid, pas de membres), il est difficile de lʼassocier à lʼhomme. Ainsi était très
loin des caractéristiques physiques et physiologiques de lʼhomme, il serait un être lointain, de la même manière que les dieux sont
des êtres différents et lointains des hommes.
En 2011, lʼon dénombre plus de 1800 espèces de serpents dans le monde. Si lʼon sʼintéresse à sa répartition, il se trouve que cʼest en Amérique centrale quʼil y a le plus dʼespèces concentrées dans un même endroit (60 espèces dans la région du Yucatàn)3
3 Chiffres donnés par lʼuniversité de Tel Aviv, Israel : http://campusteva.tau.ac.il/eng/content/global-assessment-reptile-distributions-0 et http://www.yucatanwildlife.com/species/reptiles.htm#snakes
Il a la particularité dʼappartenir à toutes les différentes écologies du lieu, lʼon trouve des serpents en montagne autant quʼon en
trouve dans le jungle (serpents arboricoles) et au bord de la mer. Cela crée donc un motif très présent dans le paysage
mésoaméricain. Le nombre dʼespèces de serpents différents pourrait avoir un lien avec sa présence récurrente dans les attributs de
diverses divinités et en particulier de la divinité fondamentale quʼest Quetzalcoatl. Le fait que le serpent ait une présence aussi forte
dans ces différentes cultures peut induire différents types dʼinterprétation. Peut-être est-ce simplement une manière de sensibiliser
toute la population à la dangerosité réelle du serpent, le dieu Quetzalcoatl qui est protecteur peut également être dangereux ainsi le
serpent dans la nature symbolisant le danger par son venin est une incarnation directe du dieu Quetzalcoatl. Cela peut aussi, par
sa grande dangerosité induire un rapport de pouvoir, Quetzalcoatl lui, maîtrise le serpent vu quʼil est en devenu lʼun de ses attributs
il y aurait donc une appropriation du symbole pour induire une hiérarchie entre les humains et les dieux. Le dieu est justifié par son appropriation du serpent qui est si dangereux pour les hommes.
En Amérique du Nord, le serpent a encore et toujours eu une connotation
souvent très importante, les Snake Handlers sont une communauté chrétienne
actuelle qui ont un rituel où le pasteur prêche avec un serpent venimeux dans
les mains. Dans lʼancien Testament, il est rapporté que Dieu protège Moïse de
son bâton qui sʼest transformé en serpent. Il peut ainsi reprendre le serpent
sans crainte car celui-ce se retransforme immédiatement en serpent. Les
Snake Handlers suivant la Bible à la lettre se sentent ainsi protégé contre les serpents ici incarnant une force maléfique car dangereuse.
Fig. 6 Andrew Hamblin, Pastor of Tabernacle Church of God la Follette, Tennessee. Photo: Shelley Mays
Chez les peuples natifs comme les Hopis, le serpent est utilisé dans un rite de fertilité de la terre. Aby Warburg rapporte cette
histoire dans sa conférence sur le Rituel du Serpent à Kreuzlingen en 1923 qui est ici citée et expliquée dans un ouvrage de Karl
Sierek. « Warburg pourrait donc apporter un point de vue original dans la discussion métathéorique sur la
production et la reproduction des images en mouvement. Son argumentation anthropologique met en évidence une fonction
complexe de reproduction du réel, dont il fournit lʼillustration dans sa « Conférence de Kreuzlingen ». Un rite de fertilité dans une
maison pueblo, par terre des figures (de serpents ndlr) tracées dans le sable : « Les serpents sont jetés sur ce tableau avec une
très grande violence, de sorte que le dessin est détruit et que le serpent se mêle au sable. » Cette scène est aussi impressionnante
dans sa force poétique que riche en conséquence pour une théorie de lʼimage. Dʼun point de vue pragmatique et pratique, elle sert
tout dʼabord à décrire les fonctions de lʼimage comme moyen dʼassurer la subsistance du groupe : « Il me semble indéniable, écrit
Warburg, que cʼest justement cet acte magique de lancer le serpent qui oblige celui-ci à agir en suscitant les éclairs ou en faisant
tomber la pluie. » A cette intervention destinée à modifier la réalité en écartant les effets néfastes de la nature sʼajoute une
deuxième fonction, non moins importante : la fonction de référentialité. La projection des serpents efface le dessin au sol, et les
reptiles gardent sur leur peau des traces de sable : des signes inscrits dans lʼenvironnement des participants – les dessins tracés
sur le sol – disparaissent, pour réapparaître sur le corps dʼautres participants – les serpents. Ces signes sont effacés dans un
mouvement rythmique, pour que dʼautres puissent être inscrits. La peau du serpent devient une impression directe, une trace. »
Le rituel se poursuit par une deuxième partie où les serpents sont attrapés par les hommes de la tribu et placé
dans la bouche, ils commencent alors à danser ensemble chacun ayant un serpent dans la bouche. Ce rituel a pour fonction de
faire venir la pluie : en maîtrisant le serpent, les participants maîtrisent la foudre (fonction référentielle vue au dessus) et ainsi la
pluie viendra arroser de manière bienveillante les différentes cultures, de la même manière que le serpent de la fresque de Tehotihuacan arrose ses neuf arbustes.
Bibliographie
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Teotihuacan to the Aztecs, University Press of Colorado, c2000, 117-128.
DIAZ DEL CASTILLO, Bernal, Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne; trad. de D. Jourdanet, Paris, La
Découverte, 1987 (18761)
CASTELLON HUERTA, Blas, Cúmulo de símbolos, la serpiente emplumada, p. 28-35 in « La serpiente emplumada en
Mesoamérica », Arqueología Mexicana, no 53, janvier-février 2002.
SIEREK, Karl, Images Oiseaux, Aby Warburg et la théorie des médias, Paris, Editions Klincksieck, 2009, 218 p. (coll. dʼEsthétique)
WARBURG, Aby et al., Le Rituel du Serpent. Récit dʼun voyage en pays Pueblo, Paris : Editions Macula, 20113 (20031), 188 p., (coll. La Littérature Artistique).
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