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Compte à rebours jusqu’au 29ème Congrès mondial de l’ISP Des impôts justes pour le bien commun Un socle de protection sociale pour tous les pays Œuvrer dans l’intérêt de tous >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> www.world-psi.org 19-1 - Novembre 2012 - INTERNATIONALE DES SERVICES PUBLICS SUR LES SERVICES PUBLICS
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sur les services publics - PSI · Des impôts justes pour le bien commun Un socle de protection sociale pour tous les pays Œuvrer dans l’intérêt de tous >>>>> 1 9 - 1 - N o v

Aug 03, 2020

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Compte à rebours jusqu’au 29ème Congrès mondial de l’ISP

Des impôts justes pour le bien commun

Un socle de protection sociale pour tous les pays

www.world-psi.org

Œuvrer dans l’intérêt de tous >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>

www.world-psi.org

1 9 - 1 - N o v e m b r e 2 0 1 2 - I N T E R N A T I O N A L E D E S S E R V I C E S P U B L I C S

sur les services publics

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2 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Dans cette éditionéditorial: travailler dans l’intérêt de tous 3au-delà de rio+20 4oui à une justice fi scale – non aux paradis fi scaux 6le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple 8compte à rebours jusqu’au 29ème congrès mondial 9 nouvelles d’afrique du sud 12initiative du Bureau pour les migrants 15socle de protection sociale 20la révolution égyptienne est loin d’être terminée 22les autorités turques s’attaquent aux syndicats 23pourquoi les syndicats doivent tendre la main à la jeunesse 25la campagne de l’eau en italie est gagnée 26fukushima aujourd’hui 29droits syndicaux 32

www.QPSActionNow.orgAffiches : Favianna Rodriguez

internationale des services publics

BP 9, 01211 Ferney-Voltaire Cedex, FranceTél. : +33 4 50 40 64 64Fax : +33 4 50 40 73 20Courriel : [email protected]

président : Dave Prentissecrétaire général : Peter Waldorfféditrice : Teresa Marshallphotographes : Jesse Morgan, Erivan Dantascoordinatrice de la publication : Caroline Dodd-Talebmise en page : Jean-Pierre Daulycollaborateurs : PSI staff and Soren Bech, Violeta P. Corral, Rachel Marusek Hermann, Jeffrey Hoff, Yasushi Konno *Figurent dans ce numéro plusieurs articles rédigés par des journalistes indépendants travaillant dans le cadre d’une nouvelle collaboration éditoriale entre l’ISP et le célèbre magazine New Internationalist.

coordinateur de la rédaction ni : Dinyar Godrej auteurs ni : James Ceronsky, Cam McGrath, Tim Baster, Isabelle Merminod, Jonathan Migneault, Raphael Adeniran, Giuliana Sgrena

Les articles signés expriment les opinions de leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement les vues de l’ISP.

photo en couverture : Une Taxe Robin des Bois pour un Monde Durable. La jeunesse brésilienne manifeste son soutien à la campagne en faveur d’une taxe sur les transactions fi nancières, préconisée par l’ISP et ses alliés, Sommet des peuples, Rio, Brésil, 19 juin 2012photo : Erivan Dantas pour l’ISP

issn : 1252-6487 imprimerie : Imprimerie VILLIÈRE 74160 Beaumont, France

focus sur les services publics – 19e année, numéro 1, novembre 2012.publié par l’internationale des services publicsproduit par les syndicats

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 3

Je me réjouis grandement du 29ème Congrès mondial de l’Internationale des services publics, qui se tiendra à la fin novembre à Durban, en Afrique

du Sud. Les dirigeant-e-s des affiliés de l’ISP à travers le monde se réuniront sous la bannière du Congrès, intitulée Dans l’intérêt des peuples.

Nous passerons en revue les défis sans précédent auxquels nos syndicats ont été confrontés ces cinq dernières années, et mesurerons l’efficacité de nos réponses. Ensemble, nous planifierons les stratégies mondiales pour mettre en œuvre le Programme d’action de l’ISP pour les cinq prochaines années.

Il s’agit d’un moment décisif.C’est un fléau pour nos sociétés quand quelques nantis affichent une

richesse obscène pendant que d’autres font de sacs de couchages leur foyer et vivent dans la rue.

Il est de toute évidence injuste que le 1% des plus riches soit moins imposé que tous les autres.

Et il est encore plus injuste que ce 1% des personnes les plus fortunées dicte les règles économiques et financières, qu’il ait un accès illimité aux dépenses électorales et qu’il contrôle les organes médiatiques principaux qui sculptent l’opinion publique.

En parallèle avec notre combat pour que nos membres aient des salaires justes et les conditions de travail sûres, notre lutte s’inscrit dans le cadre du bien commun. Lors du Congrès 2012, nous allons réaffirmer notre engagement collectif pour assurer que l’éducation, les soins de santé et le droit à une eau propre et à l’assainissement soient appliqués en tant que droits fondamentaux.

Nous sommes fermement décidés à obtenir la parité pour les femmes, à éliminer la pauvreté et l’inégalité et à construire des sociétés justes, durables et démocratiques. Nous utiliserons notre Programme d’action pour renforcer nos efforts en faveur de la bonne gouvernance et contre la corruption.

Comme les récits de ce numéro de Focus en témoignent, voilà les raisons pour lesquelles l’ISP travaille avec le Conseil des Syndicats mondiaux pour élargir la campagne Services publics de qualité - Passons à l’action ! et appuie la taxe sur les transactions financières - aussi connue sous le nom de taxe Robin des bois.

C’est aussi pourquoi nous nous sommes ralliés à la lutte contre la privatisation et en faveur de visions plus durables lors du Forum Alternatif Mondial de l’Eau, à Marseille, ainsi que lors du Sommet de la Terre (Rio+20), au Brésil.

C’est pourquoi nous nous sommes exprimés cette année en solidarité avec des membres en grève de la faim en Algérie, des membres incarcérés en Turquie et des membres dont la vie a été menacée au Nigéria.

Et c’est pourquoi nous nous sommes joints au deuil des mineurs de Marikana Lonmin, qui ont été massacrés en Afrique du Sud, et pourquoi nous partageons les appels sincères pour le rétablissement, la justice et la paix dans ce pays.

Et c’est également la raison pour laquelle nous avons réuni une équipe internationale d’expert-e-s de la communication affiliés à l’ISP pour travailler avec nos membres du Wisconsin cette année, afin de partager leurs histoires avec le monde.

Parce que les travailleuses et les travailleurs ont des droits syndicaux, clairement énoncés dans les conventions de l’Organisation internationale du Travail.

Et parce que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour défendre ces droits.

Dans la lutte quotidienne pour défendre les services publics et les droits de nos membres, il est facile de perdre de vue le fait que nous avons une occasion sans précédent de créer un changement positif.

Les temps sont mûrs pour une action courageuse guidée par une vision forte.

Des services publics de qualité constituent la clé pour construire des sociétés dans lesquelles les gens travaillent ensemble pour le bénéfice de toute la communauté, et non seulement pour les fortunés.

Notre force est de travailler ensemble, pour le bien commun. ❚

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Peter WaldorffSecrétaire général

Travailler dans l’intérêt de tous

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4 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

L’échec généralisé du Sommet de la Terre Rio+20 présente des menaces

et des opportunités pour les syndicats du service public.

Une de ces menaces est le vide créé par des gouvernements incapables et peu disposés à agir à l’échelon national et mondial. Les grandes entreprises s’engouf-frent dans ce vide, en prenant pour cible les services publics dont le contrôle leur offrirait leur prochaine grande source de bénéfices.

Les opportunités naissent de l’in-dignation légitime des travailleurs et travailleuses et de nos communautés qui se sentent ignorés et maltraités. Cela pourrait stimuler la syndicalisation locale et une plus grande sensibilisation au rôle joué par les services publics pour défendre la justice sociale et le développement durable. Des campagnes mondiales pour-raient acquérir une plus grande notoriété afin de faire pression pour une taxe sur les transactions financières, la réglementation du secteur financier, la fin de la mainmise des entreprises sur les institutions pu-bliques et l’exécution du droit à l’eau.

Vingt ans après les espoirs nés du premier Sommet de la Terre, Rio+20 n’a pas pu produire de vision politique et de programme d’action pour faire face aux grands enjeux de la durabilité. Un texte de « compromis », obtenu au dernier mo-ment par le gouvernement brésilien, a été décrit par 1000 groupes à but non-lucratif et syndicats comme présentant « l’avenir dont nous ne voulons pas ». Ils ont cité

en exemple la poursuite des subventions accordées aux combustibles fossiles, les échecs enregistrés dans la protection des océans et la promotion des services pu-blics, et d’autres enjeux majeurs du déve-loppement durable.

Au mieux, Rio+20 ouvre la voie à de nouvelles négociations. Au pire, Rio+20 est le symbole de l’abandon par les gou-vernements d’un grand nombre des pré-ceptes du Sommet de la Terre de 1992, tournant le dos à la participation de la société civile, à une gouvernance mon-diale accrue pour résoudre les problèmes mondiaux, et à l’assistance mondiale assu-rée par les pays riches.

Le fossé entre les pays en développe-ment et les pays développés est demeuré béant tout au long des négociations. Il était évident que chaque pays n’était là que pour protéger ses intérêts. L’absence d’objectif commun et d’une même orienta-tion était flagrante.

En outre, le texte final démontre à quel point les grandes entreprises influen-cent les gouvernements nationaux et les Nations Unies. Il n’y a aucun tentative concrète de réglementer ou de contrôler les activités des entreprises. De fait, le texte promeut activement les partenariats public-privé comme étant le seul modèle « recommandable ».

Sur le plan sectoriel, à Rio, l’ISP s’est efforcée avant tout de préserver les clauses traitant du droit à l’eau dans le texte officiel et de renforcer nos cam-pagnes et nos liens avec la société civile,

par le biais du travail réalisé lors du Som-met des Peuples organisé en parallèle.

Le droit à l’eau a été inclus dans le texte – ce qui était important pour l’ISP et nos communautés –, et représente une vic-toire importante étant donnée l’opposition de certains pays puissants, tels le Canada et les États-Unis.

Une autre priorité était de promouvoir un message fort sur les services publics lors de l’Assemblée des syndicats de la CSI-CSA . Les représentant-e-s de l’ISP ont exprimé leur opposition à la privatisation, et leur soutien à la protection sociale mi-nimale, aux services publics de qualité et au besoin d’une fiscalité juste pour finan-cer les services publics. Les services pu-blics de qualité sont un élément essentiel pour faire face aux défis de la durabilité, en créant des sociétés justes et en géné-rant des emplois bien nécessaires.

Une autre priorité des délibérations de Rio+20 était de renforcer les partenariats de la société civile mondiale et de mettre sur le devant de la scène internationale la campagne pour une taxe sur les tran-sactions financières (taxe Robin des bois) ainsi que la campagne Services publics de qualité – Passons à l’action ! Cet objectif a pu être atteint grâce à une série d’évène-ments bien médiatisée que l’ISP a organisé avec d’autres acteurs pendant Rio+20. ❚

David Boys, Responsable des services publics de distribution de l’ISP et Teresa Marshall, Coordinatrice de la communication de l’ISP

Les photos et vidéos peuvent être vues sur : www.world-psi.org/rio20

PSI

Des dirigeants d’affiliés de l’ISP, du Pérou, de Colombie et d’Uruguay aux côtés d’employés de banque brésiliens et de délégués de Rio + 20 d’une trentaine de pays, lors d’un rassemblement très fortement médiatisé UneTaxe Robin des Bois pour un Monde Durable, qui a eu lieu le 19 juin, dans le quartier des affaires de Rio.

Au-delà de Rio+20 : les citoyens de la Terre doivent passer à l’action

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 5

Une taxe sur les transactions financières, également connue sous le nom de taxe Robin des Bois, remporte un soutien

de plus en plus fort dans la mesure où elle permet de générer de considérables recettes pour financer les services publics de qualité et le développement durable. En outre, elle représente une étape importante vers l’équité fiscale.

Le coût du quasi-effondrement financier et de la crise écono-mique persistante est colossal. C’est ce que rappelle un nouveau document de recherche, préparé par le mouvement Stamp Out Poverty et traduit par l’ISP, pour dénoncer certains mythes autour de la taxe sur les transactions financières.

Les institutions financières n’ont que trop tardé à payer leur juste part. Fin décembre 2009, les économies avancées du G20 avait dépensé l’équivalent de 6,2% du PIB mondial, soit 1 976 milliards de dollars, pour renflouer les banques. Mais, en Europe et aux États-Unis, ce sont les citoyens et les citoyennes ordinaires, qui ne sont en rien responsables de la crise, qui en paient le prix fort, avec des suppressions d’emplois et des réductions infligées aux services publics. Dans les pays en développement, qui n’ont rien fait non plus pour provoquer cet effondrement, le prix à payer est très élevé aussi en raison de la baisse ou de la suspen-sion des fonds destinés à la santé, au développement, aux infras-tructures et au changement climatique.

La France, avec son nouveau président François Hollande, a été l’un des derniers pays à mettre en place une taxe sur les tran-sactions financières, reconnaissant qu’il s’agit d’une des rares so-lutions disponibles capables de générer des ressources financières en quantité suffisante pour apporter une contribution significative aux coûts ininterrompus de la crise économique mondiale et pour soutenir le développement durable.

Si les pays développés imposaient une taxe minime – de l’ordre d’un dixième d’un pour cent des actions et des obligations, et même moins pour d’autres instruments financiers –, cela génè-rerait environ 300 milliards de dollars par an, ce qui permettrait de limiter la pauvreté et le changement climatique et de finan-cer des services publics de qualité. Il est important de souligner que la taxe sur les transactions financières aiderait également à réguler les marchés, à modérer le comportement spéculatif des marchés et la vision à court terme, et à encourager une croissance économique plus durable et équitable sur le long terme.

Les institutions financières – qui sont désormais massivement subventionnées par le contribuable ordinaire et bien déterminées à conserver leurs primes phénoménales et leurs opérations pra-tiquement exonérées d’impôts – ont propagé une multitude de mythes dans le but d’éviter de payer leur juste part. Le document de recherche montre clairement que ces mythes sont infondés.

Par exemple, le document révèle que les taxes sur les transac-tions financières ont été imposées avec succès par des nations individuelles et qu’elles n’ont pas besoin d’être mondiales pour fonctionner. En outre, il apparaît qu’une taxe sur les transactions financières bien conçue peut limiter l’évasion fiscale.

Cette étude met fin à une douzaine de mythes, tout en mon-trant comment la taxe sur les transactions financières peut favori-ser la stabilité du marché, améliorer la valeur des pensions, aug-menter la croissance économique et aider à créer des emplois. ❚

Soren Bech

www.world-psi.org/fr/halte-mythes

Halte aux mythes qui entourent la « taxe Robin des Bois »

Des infirmières manifestent à Chicago leur soutien en faveur de la Taxe Robin des Bois durant les réunions du

G8 en mai. National Nurses United a réussi à faire adopter la législation correspondante aux Etats-Unis. Des

délégués de la campagne Services publics de qualité − Passons à l’action ! ont également exprimé leur soutien en

faveur de l’initiative dite Taxe Robin des Bois lors du Forum mondial sur le VIH/sida qui s’est tenu en juillet.

NN

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6 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Les employé-e-s publics en Norvège, comme dans bien d’autres pays, lut-

tent contre les réformes néolibérales du secteur public. En Norvège, cela est plus connu sous le nom de la « nouvelle ges-tion publique » ou NPM dans la pratique, et inclut la privatisation et l’externalisa-tion des services municipaux.

Fagforbundet, le syndicat norvégien des employé-e-s municipaux et généraux, s’est trouvé en première ligne de la lutte contre la mise en œuvre de la NPM à l’échelon municipal. Mais, à l’ère de la mondialisation, cet effort doit aussi être étendu à la scène internationale. Les compagnies privées qui soumettent une offre pour des contrats municipaux sont fréquemment liées à de plus importantes entreprises multinationales qui dissimu-lent souvent leurs bénéfices et évitent de payer des impôts par le biais de paradis fiscaux.

Un nouveau rapport du Réseau pour la justice fiscale estime que les fonds extraterritoriaux non déclarés détenus dans les paradis fiscaux ont atteint au moins 21.000 milliards, allant peut-être même jusqu’à 32.000 milliards. Le groupe déclare que cette somme implique que le problème de l’inégalité de revenu et de richesse est bien plus grave que ce que l’on soupçonnait.

Cela signifie également que de nom-breux pays sont victimes d’un manque à gagner en termes de recouvrement de recettes fiscales qui pourraient largement contribuer à soulager leurs problèmes fiscaux nationaux.

Le rapport examine l’impact d’une série d’abus de mécanismes extraterrito-riaux, y compris les flux de capitaux non déclarés et les bénéfices d’entreprise sous-imposés. Il dénonce les banques multina-tionales et autres institutions financières qui sont au cœur du processus permettant le transfert de fonds vers des paradis fis-caux extraterritoriaux.

« L’industrie extraterritoriale tentacu-laire et secrète est véritablement devenue le côté obscur de la mondialisation » conclut le rapport , qui exhorte les pays développés à redoubler d’efforts pour faire face à ce problème.

C’est là la toile de fond de la coopéra-tion entre Fagforbundet et Attac Norvège.

Jan Davidsen, président de Fagforbun-det, explique que « Fagforbundet coopère

activement avec différentes communautés et ONG en Norvège, avec lesquelles nous avons des intérêts communs et partageons des objectifs, et Attac est l’une d’entre elles. Nous pouvons d’autant plus faci-lement atteindre nos objectifs communs que nous disposons d’alliances élargies et de vastes réseaux. »

Benedikte Pryneid Hansen, prési-dente d’Attac Norvège, remarque que, « grâce au soutien de Fagforbundet, nous avons pu imprimer un numéro de notre magazine axé sur la « nouvelle gestion publique », et en distribuant le magazine au travers du réseau de Fagforbundet, nous avons touché davantage de lecteurs, dont la plupart travaillent dans le secteur public.»

La coopération entre Fagforbundet et Attac s’est maintenant tournée vers une autre question : où finit par at-terrir une grande partie de l’argent du contribuable ?

« Nous savons que beaucoup de béné-fices partent dans les paradis fiscaux – et l’argent passe souvent par des compagnies commerciales actives dans le secteur so-cial qui travaillent pour les municipalités. Attac Norvège travaille aussi en étroite coopération avec nos collègues suédois et avec d’autres dans notre réseau interna-tional, pour essayer de suivre la trace de l’argent, » précise Pryneid Hansen.

Attac Norvège a publié un nouveau guide de campagne sur les paradis fis-caux, qui appelle les municipalités à dire officiellement « non » aux compagnies qui utilisent des paradis fiscaux.

Le Ministère des Finances a également annoncé que d’ici 2014, la Norvège intro-duira le « reporting pays par pays », un outil important qui encourage la trans-parence fiscale; les entreprises seront requises de divulguer les comptes pour chaque pays où elles opèrent. ❚

Sidsel Hjelme, journaliste de Fagbladet, détachée à l’ISP en 2012

www.attac.no

Oui à la justice fiscale — non aux paradis fiscaux

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 7

Les employé-e-s des services fiscaux britanniques appartenant au Public

and Commercial Services Union (syndicat des services publics et commerciaux – PCS) ont mené une série d’actions reven-dicatives pour protester contre l’ampleur des réductions infligées aux services gou-vernementaux des recettes et des douanes du Royaume-Uni (HMRC). Le gouverne-ment prévoit de supprimer 10 000 em-plois supplémentaires dans les services du HMRC d’ici à 2015, en plus des 30 000 postes déjà supprimés depuis 2005.

Les 55 000 membres du HMRC que compte le syndicat se sont mis en grève en juillet. En août, une grève du zèle a été associée à une campagne publique des-tinée à faire connaître les problèmes oc-casionnés par les suppressions d’emplois et la menace d’autres privatisations. De nouvelles grèves ont été planifiées pour début septembre.

D’après les estimations du syndicat, l’évasion fiscale et le non-prélèvement des impôts coûtent plus de 120 milliards de livres par an aux finances publiques

britanniques, faute de ressources dans les services fiscaux.

Le syndicat est également préoccupé par la privatisation larvée : par exemple, les services du HMRC ont dépensé 4 millions de livres en un an pour confier à deux entreprises privées le soin de procéder à des enquêtes sur les crédits d’impôts.

Le Secrétaire général du PCS, Mark Serwotka, déclare : « Alors que les mil-lionnaires du gouvernement se désespè-rent du manque de moralité de l’évasion fiscale, ils proposent des plans visant à supprimer des milliers d’emplois supplé-mentaires dans les services chargés de traiter le problème. »

« L’investissement dans nos services publics est une alternative à l’austérité, comme en témoigne de toute évidence le cas du HMRC. » ❚

PCS

www.pcs.org.uk

Les employé-e-s des services fiscaux britanniques protestent contre les suppressions de postes

PCS

Des travailleurs des services publics et commerciaux organisent sans relâche, aux quatre coins du Royaume-Uni, des actions sur leur lieu de travail et des manifestations contre la réduction des services publics et des centres des impôts. ROyaUme Uni –

des allégements fiscaux pour les riches, des miettes pour les autres

au royaume-uni, le syndicat Public and Commercial Services Union et

War on Want ont lancé une campagne commune pour demander que le gou-vernement abolisse les paradis fiscaux et mette fin à la fraude fiscale.

un récent rapport réalisé avec le réseau pour la Justice fiscale analyse les consé-quences des paradis fiscaux sur le recouvre-ment des impôts, la stabilité financière, la corruption et la pauvreté. il se penche aussi sur l’impact sur le système financier inter-national des lois sur le secret bancaire dans les paradis fiscaux.

la campagne appelle le gouvernement à mettre fin à l’évasion fiscale en appliquant un moratoire aux suppressions d’emploi dans les centres d’impôts et leur fermeture; en abolissant les paradis fiscaux britan-niques, encourageant la transparence au travers du reporting pays par pays par les entreprises ; et en poursuivant en justice ceux qui profitent du blanchiment d’argent et de l’évasion fiscale. ❚

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8 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple

Grâce à des actions publiques de grande envergure qui ont marqué le mouvement de 2012 Maple Spring/Printemps érable, les étudiants québécois ont contribué à l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement provincial et ont réussi à faire annuler l’augmentation des frais de scolarité et les restrictions des libertés civiles.

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Les questions liées à la gouvernance sont au cœur de nos plus grands pro-

blèmes économiques et sociaux. Du chan-gement climatique aux lois sur le travail, de la lutte contre les paradis fiscaux à la réglementation des marchés financiers, il est indispensable de veiller à ce que le gouvernement réponde efficacement et en toute transparence aux besoins de la population.

Cet aspect revêt une importance par-ticulière pour les employé-e-s du secteur public, à l’heure où l’échec du gouverne-ment et de la réglementation sert de pré-texte pour s’en prendre aux syndicats, aux salaires, aux conditions de travail et aux retraites du secteur public. Mauvaise poli-tique et corruption sont à l’origine de cette situation extrêmement difficile. Tant qu’il ne sera pas accordé plus d’attention à ces problèmes, les services publics et les em-ployé-e-s du secteur public demeureront des cibles faciles. L’attitude scandaleuse du groupe des employeurs à la Conférence internationale du Travail de l’OIT, en 2012 (lors de laquelle ils ont bloqué les audi-tions sur les violations des droits syndi-caux qui affectent les travailleurs/euses les plus vulnérables à travers le monde), est tout à fait regrettable.

Il est largement prouvé que la bonne gouvernance est l’un des principaux fac-teurs de développement économique. Des programmes tels que l’initiative pour le socle de protection sociale, qui encoura-gent une action gouvernementale forte et cohérente, promettent des retombées éco-nomiques significatives.

Cependant, une autre question se pose : nos gouvernements sont-ils actuellement capables de concevoir et de fournir les solutions que demande la population ? Par exemple, avons-nous une structure de gouvernance internationale capable de légiférer, d’administrer et de faire appliquer une taxe transnationale sur les transac-tions financières ? Après les échecs des gouvernements dans la réglementation des marchés financiers, ces questions doivent être posées, pour passer ensuite aux négo-ciations sur le climat.

Par conséquent, comme prévu dans le Programme d’action pour 2013–2017, l’ISP entend donner la priorité au travail

avec ses affiliés pour exiger des institutions gouvernementales internationales qu’elles rendent des comptes, en influençant pour cela les gouvernements nationaux.

C’est en matière de corruption que l’échec des gouvernements est le plus flagrant.

L’étude de l’ISP révèle que la corruption frappe aussi bien les pays développés que les pays en développement. Elle est parti-culièrement dévastatrice lorsque ce sont les considérables intérêts des entreprises qui en viennent à influencer la politique, les marchés publics et la réglementation d’un gouvernement.

Cette influence des entreprises, bien que complexe, est de plus en plus manifeste. Elle est parfois illégale. Souvent, elle cor-rompt la bonne gouvernance.

Pour l’ISP, la gouvernance et la corrup-tion s’inscrivent dans de fortes dimensions sectorielles.• Lafonctionpublique est indis-

sociable de la bonne gouvernance, au moyen de l’élaboration de poli-tiques publiques, de la vérification des comptes publics et des marchés publics. Elle fait régulièrement l’objet d’actions de lobbying et de tentatives des entreprises de dominer les gouver-nements.

• Lesservicesdedistribution sont reconnus depuis longtemps comme des terrains propices à la corruption, du fait des importants contrats de services privatisés, des contrats de construction et des partenariats pu-blic-privé.

• Lesservicessociauxetdesantérisquent de faire partie de la prochaine vague de privatisations et de parte-nariats entre entreprises publiques, la pression s’intensifiant sur les budgets

de santé. Il est inquiétant de consta-ter que l’industrie pharmaceutique investit lourdement pour influer sur la politique gouvernementale. Le nouveau Programme d’action de l’ISP s’intéressera tout particulièrement à la lutte contre l’externalisation et la privatisation dans les services sociaux et de santé, tels que les services dédiés aux personnes âgées ou handicapées.

• Lesactivitésdespouvoirsmu-nicipauxn’entrent pas souvent dans le cadre des contrôles des comptes et peuvent de ce fait susciter moins de vigilance publique. Néanmoins, d’im-portants contrats dans les domaines de la construction et de la maintenance peuvent se révéler très rémunérateurs.

Il ressort du Programme d’action de l’ISP que la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption feront l’objet d’une at-tention plus soutenue à l’ISP. Un forum sera organisé à Durban, juste avant le Congrès de 2012, pour les affiliés qui s’intéressent à la bonne gouvernance et au contrôle des comptes publics.

La lutte contre la corruption et la pro-motion de la bonne gouvernance requiè-rent la transparence, la responsabilité, ainsi que la participation et l’investissement du secteur public dans une main-d’œuvre qualifiée et bien rémunérée. Cela nécessite également des systèmes de vérification des comptes solides et indépendants ainsi que des instances judiciaires prêtes à imposer des sanctions suffisamment fortes aux en-treprises qui profitent de la corruption. ❚

Daniel Bertossa est le Responsable des politiques et stratégies à l’ISP et chargé de coordonner le travail de gouvernance de l’ISP.

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 9

tozama souligne que 2012 marque le 18ème anniversaire de la fin de l’apartheid, et ainsi le 100ème anni-versaire du congrès national africain (anc, African National Congress) « qui a émancipé la classe ouvrière sud-africaine »

les délégué-e-s de l’isp se re-trouveront fin novembre pour une série de séminaires et de réunions pré-congrès, suivis par les quatre jours d’activités officielles du 29ème

congrès mondial de l’isp. le pré-cédent avait été tenu à Vienne (autriche), en 2007. cette année, le congrès sera accueilli dans le centre international de conventions ultra-moderne de durban, où s’est dérou-lée la conférence cop-17 des nations unies. plus de 200 délégué-e-s parrai-nés figureront parmi les centaines de participant-e-s des syndicats affiliés à l’isp.

Compte à rebours jusqu’au 29ème Congrès mondial de l’iSP

Séminaires et réunions pré-CongrèsLes ateliers pré-Congrès aborderont les questions de la santé, des services de distribution, des jeunes travailleurs/euses et de la migration, de la bonne gouvernance face à la corruption, ainsi que du développement du réseau municipal de l’ISP. Un rassem-blement consacré aux femmes ainsi que des réunions exécutives régionales précéderont également le Congrès officiel.

Résolution principale – le Programme d’action sur cinq ansLors du Congrès, les délégué-e-s débattront du Programme d’action principal de l’ISP pour la période allant de 2013 à 2017, d’une série de résolutions proposées par les affiliés, des Statuts modifiés, et participeront à des tables rondes sur les stratégies de campagne gagnantes, l’amélioration des droits syndicaux dans le secteur public, la fiscalité appropriée pour financer des services publics de qualité, la parité et l’élimination de la discrimination.

Rassemblement pour la taxe Robin des boisLes délégué-e-s se joindront également aux affiliés de Durban pour un rassemblement en faveur de la taxe Robin des bois, dans le cadre de la campagne « Services publics de qualité - Passons à l’action ! ». La manifestation mettra en avant la conviction de l’ISP selon laquelle des impôts justes, tels que le prélèvement sur les transactions financières, sont nécessaires pour financer les services publics.

Suivre l’information syndicale sur les réseaux sociauxPour les mises à jour du programme et des rapports du Congrès, veuillez vous rendre sur http://congress.world-psi.org/, devenez un ami de l’ISP sur Facebook, consultez les nouvelles sur Twitter et les photos sur Flickr via la balise #PSICongress2012.

« Nous sommes prêts à accueillir toute la planète

en Afrique du Sud ! », déclare tozama mantashe, responsable du comité de

coordination du congrès de l’isp, en afrique du sud.

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10 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

affiliés de l’iSP, hôtes du Congrès mondial

Élections du CongrèsDeux personnes ont officiellement déclaré leur candidature pour le poste de Secrétaire général de l’ISP.

Rosa Pavanelli est la présidente de la fédération italienne des employé-e-s du secteur public (Federazione Lavoratori Funzione Pubblica FP-CGIL) et la Vice-présidente de l’isp pour la région européenne. Vous pouvez consulter son site de campagne à l’adresse suivante www.rosapavanelli.net.

Peter Waldorff est le candidat sortant, après son premier mandat. il a dirigé le syndicat des employé-e-s publics et gouvernementaux au danemark (HK/Stat) de 1998 à 2007. Vous pouvez consulter son site de campagne à l’adresse suivante : www.waldorff.org.

Les postes de président, vice-présidents et d’administrateur font également l’objet d’élections. Le président actuel, Dave Prentis, Secrétaire général d’UNISON, au Royaume-Uni, avait remplacé Ylva Thorn (Kommunal, Suède) lorsqu’elle avait quitté la fonction en 2010.

South African Democratic Nurses Union (SADNU)

NURSES CARE

S.A.D.N.U.

SO

UTH AFRICAN DEMOCRATIC NURSES UNION

Police and Prisons Civil Rights Union (POPCRU)

South African Municipal Workers Union (SAMWU)

Democratic Nursing Organisation

of South Africa (DENOSA)

Health and Other Service Personnel Trade Union of South Africa (HOSPERSA)

National Public Service Workers Union (NPSWU)

National Education, Health and Allied Workers’ Union

(NEHAWU)

National Union of Public Service and Allied

Workers (NUPSAW)

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 11

Promotion de la justice sociale basée sur des services publics de qualité et les droits syndicaux

environ 1.000 responsables syndicaux du monde entier se réuniront, du 27 au 30 novembre 2012, à Durban, Afrique du

Sud, lors du 29ème Congrès mondial de la fédération syndicale internationale, l’Internationale des services publics. Sous le slogan Dans l’intérêt de tous, les organisations affiliées à l’ISP définiront les politiques et le programme d’action de l’Internationale sur des questions essentielles, telles que les droits syndicaux et la promo-tion des services publics dans l’intérêt de tous.

Peter Waldorff, Secrétaire général de l’ISP, déclare : « Nous vivons un moment crucial, marqué par le mouvement des Indi-gnés et les révoltes populaires partout dans le monde, que ce soit contre des dictatures ou contre les politiques néolibérales. L’ISP, qui représente 20 millions de travailleuses et de travailleurs, est déterminée à faire progresser les services publics de qualité, sou-tenus par des politiques fiscales équitables, fondement de toute société juste et durable. »

« Du Printemps arabe au soulèvement des employé-e-s des services publics dans le Wisconsin, du mouvement des jeunes Indignés en Espagne aux protestations étudiantes au Chili et au Québec, des grèves générales répétées de nos affiliés à travers l’Europe contre les politiques d’austérité au mouvement Occupy qui s’est déclenché en Amérique du Nord et s’est répandu dans le monde entier – partout les travailleurs et travailleuses et nos communautés nous rejoignent dans nos demandes de justice sociale et d’égalité. Nous insistons également sur la nécessité d’in-vestir dans des services publics de qualité et les infrastructures afin de garantir une réponse efficace en cas de catastrophes telles que celles vécues au Japon, en Australie et à Haïti ces dernières années. »

Dave Prentis, Président de l’ISP et Secrétaire général d’UNISON, le syndicat le plus important au Royaume-Uni, ajoute : « En Afrique du Sud et partout dans le monde, les syndi-cats du secteur public font campagne pour les services publics de qualité. Nous soulignons qu’il est nécessaire d’avoir des services publics de la meilleure qualité possible pour assurer une distri-bution équitable de la croissance et du développement durable. Les services publics de qualité garantissent l’accès à tous, sont abordables, rendent des comptes démocratiquement, assurent la justice sociale, élèvent la qualité de vie et offrent des opportunités de prospérité. »

Tozama Mantashe, Présidente du Comité sud-africain de Coor-dination du Congrès de l’ISP et deuxième vice-présidente du Syn-dicat des travailleurs et travailleuses de l’éducation nationale, de la santé et des services connexes, ajoute : « Nous sommes fiers de la contribution majeure de l’ISP au travers d’un projet durable de renforcement de la communauté à Durban, dans le cadre de notre campagne Services publics de qualité – Passons à l’action !, une initiative entérinée par le Conseil des Syndicats mondiaux. Le projet rassemble des syndicats, des organisations de la société civile et des représentant-e-s de la municipalité de eThekwini dans un nouveau modèle de dialogue social, afin d’améliorer les services publics rendus aux résident-e-s locaux. »

Œuvrer dans l’intérêt de tous

Les valeurs, politiques et actions de l’Internationale des ser-vices publics sont ancrées dans une vision internationale de sociétés démocratiques où les services publics de qualité font progresser et protègent les droits humains et les libertés fonda-mentales, permettant l’épanouissement de l’égalité, la solidarité et la prospérité. Le programme d’action de l’ISP proposé pour les cinq années à venir est axé sur l’élimination de l’inégalité, de l’in-justice sociale et des déséquilibres exacerbés par le capitalisme, la corruption et l’avidité financière. ❚

PSI

Les syndicats sud-africains prennent la tête d’une vaste campagne visant à interdire la pratique du courtage en placement, source d’exploitation qui favorise le travail précaire ‘à bas salaires’, offrant peu ou pas de sécurité de l’emploi ou de protection sur le lieu de travail.

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12 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Les syndicats de l’afrique du Sud parviennent à des accords de service publicLes affiliés de l’isp en afrique du sud

(nehaWu, popcru, denosa et sadnu) ont signé un nouvel accord sur le salaire du service public, le 31 juillet. l’accord comprend une augmentation salariale de 7 % antidatée avec effet rétroactif au 1er mai 2012, une augmen-tation de 1 % de l’indice des prix à la consommation jusqu’en 2015 et une aug-mentation de 100 rands (€10) de l’alloca-tion au logement.

un accord salarial pour les employé-e-s du secteur gouvernemental local a été signé, le 27 juillet. les membres de samWu recevront une augmentation salariale de 6,5 % cette année, antidatée avec effet rétroactif au 1er juillet, ainsi qu’une augmentation supplémentaire de 0,5 % à partir du 1er janvier 2013. les augmentations supplémentaires seront liées à l’indice des prix à la consommation. ❚

Le 16 août, la police sud-africaine a ou-vert le feu sur 3 000 ouvriers perceurs

en grève, à la mine de platine de Lonmin, à Marikana. Le rapport de la police fait état de 34 personnes tuées, 78 blessées et 259 arrêtées. Dix autres personnes étaient décédées la semaine précédente, dans le cadre de violences sur le site.

« Nous sommes de tout cœur avec les familles qui ont perdu des êtres chers, ainsi qu’avec les blessé-e-s, et élevons notre voix en solidarité avec toutes les Sud-Africaines et tous les Sud-Africains ainsi que les camarades à travers le monde qui pleurent cette situation tra-gique », a déclaré le Secrétaire général de l’ISP, Peter Waldorff.

« Il semble incompréhensible que tant de mineurs pauvres et désespérés – ef-fectuant un travail des plus éprouvants – ainsi que leur communauté, ne partagent pas la richesse d‘une des industries les plus profitables au monde. Des salaires décents et des conditions de travail sûres doivent être offerts en tant que droit fondamental ».

Dans une lettre adressée au président Zuma, Peter Waldorff a fait remarquer

que lors du Congrès de l’ISP, qui se tiendra à Durban, en novembre, les diri-geant-e-s syndicaux de toute la planète se réuniront pour étudier la manière dont les services publics de qualité et la propriété publique des ressources peuvent contri-buer à l’intérêt commun des peuples à construire des sociétés justes, durables et démocratiques.

« Nous soutenons tous les efforts en faveur de la paix, de la justice et du réta-blissement dans la situation de Marikana afin qu’une telle tragédie ne se reproduise plus jamais », a-t-il déclaré. « Ces décès ne doivent pas être inutiles ».

Le président sud-africain, Jacob Zuma, a qualifié les événements de tragédie na-tionale et a mis en place une commission d’enquête judiciaire.

Les travailleurs demandaient une augmentation de leur salaire, qui s’élevait au seuil de pauvreté. Ils gagnent environ 4 000 rands (€400) par mois. L’Afrique du Sud dispose de 80 % des réserves mon-diales connues de platine. Lonmin, basée au Royaume-Uni, en est le troisième pro-ducteur mondial. ❚

remise en question nationale au lendemain du massacre de la mine de marikana

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 13

Le syndicat des employé-e-s municipaux sud-africain (samWu) a tenu son 10ème congrès national, du 7 au

10 août 2012. samWu représente plus de 160 000 membres. son président, sam molope, qui a été réélu, porte l’atten-tion sur la lutte continue des travailleurs/euses sud-africains pour l’égalité et la justice, depuis la fin de l’apartheid, en 1994. il souligne également de nombreuses préoccupations marquantes :• le chômage des jeunes, qui s’élève à 50 %, figure parmi

les plus hauts au monde ;• les taux de travail informel et d’externalisation sont en

augmentation constante ;• la sécurité au travail est compromise et de nombreux

travailleurs/euses meurent dans les mines ;

• selon les dernières prévisions, l’espérance de vie va passer en-dessous des 50 ans ;

• la corruption, le népotisme et la mauvaise administra-tion créent le désordre dans le secteur gouvernemen-tal local. le vérificateur général de l’afrique du sud a récemment fait un rapport déclarant que sur 283 mu-nicipalités, seules 5 ont eu un audit en règle. cinq pro-vinces ne présentaient même pas une seule municipa-lité en ordre, y compris gauteng, le centre économique de l’afrique du sud.

samWu est engagé dans une campagne virulente contre la corruption, exposant des cas de corruption locale souvent associée à la privatisation de services publics à travers le pays. ❚

Les employé-e-s municipaux sonnent l’alarme

Certains des dirigeants nationaux du SAMWU, lors de son 10ème Congrès national à Mangaung : le Président Sam Molope, le premier vice-président John Dlamini, le deuxième vice-président Lorraine Baitsiwe, le secrétaire général Walter Theledi, le trésorier national Gati Malete, et le secrétaire général adjoint Miya Mokoni. / Manifestation SAMWU.

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14 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

en juin, les dirigeant-e-s des syndicats de personnels infirmiers du Brésil et

des États-Unis, qui se sont réunis pendant le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, ont échangé des idées et des informations sur la lutte que mènent les personnels infirmiers pour améliorer les soins de santé et les conditions de travail dans les deux pays.

La Présidente du syndicat infirmier américain National Nurses United (NNU), Jean Ross, a déclaré : « les problèmes, fondamentalement, sont les mêmes d’un pays à l’autre, partout dans le monde. » Elle a toutefois souligné une importante différence entre les systèmes de santé des deux pays, en l’occurrence celui des États-Unis, qui est « motivé par les bénéfices. »

Au Brésil, étant donné que les soins de santé sont garantis pour tous dans les hôpitaux publics et les cliniques de soins locales, les Brésiliens/ennes ont eu du mal à comprendre qu’aux États-Unis, comme l’a expliqué Kenneth Zinn, le Directeur politique du NNU, environ 40 millions de personnes n’aient pas d’accès garanti aux soins.

Solange Aparecida Caetano, Présidente

de la Fédération nationale brésilienne des personnels infirmiers, a précisé que cinq nouveaux syndicats d’État s’étaient récem-ment associés à la Fédération et qu’elle se déplaçait régulièrement pour recruter de nouveaux affiliés dans d’autres États. En réponse aux questions des participant-e-s américains au sujet des ressources dédiées au recrutement, elle a indiqué que les syndicats d’État n’avaient généralement qu’une personne qui travaillait à plein temps sur les questions syndicales, ce qui constituait manifestement un obstacle considérable pour assurer le recrutement de nouveaux affiliés.

Les participant-e-s des deux pays se sont également intéressés à la question du nombre d’infirmiers/ières par patient-e et de la durée du travail. Les Brésiliens/ennes ont signalé qu’ils luttaient pour limiter les ratios infirmier/ière – patient-e et qu’ils souhaitaient en savoir plus sur la situation aux États-Unis. Nestor Villatoro, de la California Nurses Association/NNU, a expliqué que son organisation avait réussi à obtenir la meilleure protection assurée par un État en matière de ratios infirmier/ière – patient-e sur l’ensemble

des États-Unis, mais que les normes avaient été fortement menacées par le gouverneur républicain Arnold Schwar-zenegger, et que d’autres États américains devaient encore les approuver.

Monica Carris Armada, Présidente du syndicat du personnel infirmier de l’État de Rio de Janeiro, a affirmé que le plus important actuellement pour son syndicat était d’obtenir l’approbation de la législa-tion afin de mettre en place une semaine de 30 heures pour les infirmiers/ières. Le lendemain, les représentant-e-s du NNU se réjouissaient avec leurs homologues brésiliens de la législation passée par le conseil municipal de Rio de Janeiro pour approuver cette mesure. Malheureuse-ment, le vote pour la loi sur la semaine de 30 heures au plan national a été reportée, en dépit des promesses de soutien de la part du gouvernement fédéral brésilien. ❚

Jeffrey Hoff

L’ISP a apporté son concours à une campagne syndicale internationale destinée à mettre en lumière le rôle important que jouent les travailleurs migrants dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la construction, et des services à domicile. Des affiches et des panneaux d’affichage sur les trams étaient bien en vue dans la ville de Genève, durant toute la Conférence internationale du travail 2012.

Personnels infirmiers brésiliens et américains : échange d’informations et de stratégies

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 15

Les affiliés de l’Internationale des ser-vices publics ont lancé l’initiative d’un

Bureau pour les migrant-e-s dans le cadre du Programme de l’ISP sur la migration et les travailleurs/euses des services so-ciaux et de santé en Afrique du Sud, au Kenya et au Ghana. Le Bureau pour les migrant-e-s est le centre de coordination du programme syndical destiné aux per-sonnes isolées. Ce bureau apportera des renseignements, des conseils, des services de soutien et d’organisation, ainsi que des possibilités de travail en réseau afin d’aider les migrant-e-s, les candidat-e-s à la migration et les migrant-e-s de retour dans leur pays. Il s’agit d’un élément fondamental de la campagne de l’ISP, qui vise à défendre les services publics de santé de qualité en s’efforçant de ré-soudre le problème de la migration et des ressources humaines dans le secteur de la santé.

« Le Bureau pour les migrant-e-s est une initiative innovante des syndicats de notre pays. Il améliore la visibilité du travail du syndicat, qui fournit des infor-mations et des services à ses membres et aux travailleurs/euses migrants suscep-tibles de devenir membres du syndicat. Le recrutement de nouveaux membres est une composante essentielle du Bureau pour les migrant-e-s », précise Abu Kun-tulo, Secrétaire général du Ghana Health Services Workers’ Union (syndicat ghanéen des employé-e-s des services de santé – HSWU).

« Nous sommes très contents d’inau-gurer ce Bureau pour les migrant-e-s. Au même moment, nous accueillerons un colloque qui rassemblera des représen-tant-e-s gouvernementaux, des syndica-listes, des employeurs, des organisations non gouvernementales et diverses parties

Les affiliés de l’iSP mettent en place des Bureaux pour les migrant-e-s en afrique du sud, au Kenya et au ghana

prenantes dans le but d’attirer l’attention sur la migration de notre main-d’œuvre de santé et d’obtenir des engagements sur le moyen de promouvoir le travail décent et les services publics de qualité dans notre pays, afin que les personnes ne soient pas obligées de migrer », déclare Milka Isinta, du Kenya Union of Domestic, Health, Educational Institutions and Ho-tel and Allied Workers (syndicat kenyan des travailleurs/euses domestiques, des services de santé et de formation, du per-sonnel hôtelier et des travailleurs/euses associés), et Coordinateur national du Programme de l’ISP sur la migration au Kenya.

« Outre une meilleure visibilité du travail de nos syndicats dans le domaine de la migration, nous cherchons éga-lement à obtenir le concours d’un plus

grand nombre de parties prenantes en lançant l’Alliance nationale pour le recru-tement éthique. Les pratiques illégales de certaines agences de recrutement sont à l’origine de nombreuses violations des droits des travailleurs/euses migrants. Il est temps de se réunir et de mettre un terme à ces pratiques illégales », affirme Thembi Mngomezulu, Secrétaire sous-ré-gionale de l’ISP pour l’Afrique australe.

Le ministre de la Santé sud-africain, le Dr. Aaron Motsoaledi, était l’orateur principal lors de l’inauguration officielle du projet du Bureau pour les migrant-e-s, le 23 août, à Braamfontein. ❚

Genevieve J. Gencianos est la Coordinatrice de l’ISP pour le Programme des migrations internationales et des travailleurs/euses sociaux et de santé

Des dirigeants et des employés d’affiliés de l’ISP se rassemblent pour lancer l’initiative Bureau pour les Migrants dont le but est de garantir un travail décent et des services publics de qualité et d’éviter que les travailleurs soient obligés de quitter leur pays à la recherche de meilleures perspectives.

PSI

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16 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Ghana : le syndicat des services de santé fait profiter d’autres pays de ses réussites

au Ghana, moins de 10% des tra-vailleurs/euses sont syndiqués.

Même si le salaire minimum a pratique-ment doublé depuis 2008, s’élevant à 4,48 cedis par jour (soit 2,54 dollars), il reste à un niveau relativement faible d’après les normes internationales. De nombreux travailleurs/euses, en particulier dans les régions rurales, gagnent moins que cette somme, étant donné que 90% de la main-d’œuvre du pays est informelle.

Mais si vous posez la question à Yaw Baah, le Secrétaire général adjoint de la Centrale syndicale du Ghana, cette nation de l’Afrique occidentale évolue dans un environnement syndical favorable.

« Depuis 1992, la situation a changé pour tout le monde, explique-t-il en fai-sant référence à l’année où le Ghana a adopté sa constitution actuelle. Nous avons la liberté d’aller à la rencontre des travailleurs/euses. Dans certains pays, des membres syndicaux se font tuer parce qu’ils essaient de négocier de bonnes conditions pour leurs membres. Cela n’ar-rive pas au Ghana. »

C’est dans cet environnement que le Health Services Workers’ Union (syndicat des travailleurs/euses des services de santé – HSWU), lauréat du Prix des syndi-cats des services publics de l’ISP en 2011, a obtenu des améliorations importantes pour ses membres dans les secteurs de la migration, des salaires et des prestations de retraite.

« Il s’agit d’un syndicat exemplaire, mené par une direction stable », précise David Dorkenoo, le Secrétaire régional de l’ISP pour l’Afrique. « D’autres syndicats s’en inspirent. »

Le HSWU représente 16 500 employé-e-s paramédicaux et soutient les person-nels qui travaillent dans les hôpitaux pu-blics, chrétiens et musulmans du Ghana.

Le HSWU a œuvré aux côtés d’autres syndicats du secteur public ghanéen,

notamment les syndicats des personnels infirmiers et de médecins, pour améliorer la structure salariale peu cohérente des employé-e-s du service public du Ghana. Dans cet objectif, le HSWU a reçu un soutien et des conseils techniques du Syn-dicat canadien de la fonction publique. L’ISP a aidé à la création du groupe de négociation des travailleurs/euses de la santé et à l’élaboration d’un projet destiné à renforcer les capacités de négociation collective.

La nouvelle structure salariale, ins-taurée en 2010, normalise les salaires en fonction des qualifications. Ainsi, par exemple, un employé-e paramédical d’une expérience de cinq ans qui travaille à Ta-male, dans le nord du pays, aura le même salaire que son collègue doté des mêmes qualifications, qui travaille à la capitale Accra.

En 2010, les travailleurs/euses du secteur public du Ghana ont négocié une augmentation de salaire générale de 18%, puis de 20% en 2011 et de 18% cette année.

Le travail effectué par le syndicat sur la migration des personnels de santé est également une réussite.

« Le taux de réduction des effectifs dans le secteur de la santé a considéra-blement baissé » indique Abu Kuntulo, le Secrétaire général du HSWU.

Une étude réalisée en 2011 par l’ISP, le HSWU et la Ghana Registered Nurses Association (association des infirmières diplômées du Ghana), avec le soutien du syndicat néerlandais FNV/Abvakabo, de l’OIT et du syndicat irlandais IMPACT, révèle que 52% des personnels infirmiers ghanéens avaient envisagé d’émigrer pour travailler. Les principales raisons invoquées étaient les faibles salaires, les conditions de travail et le manque de perspectives d’évolution de carrière au Ghana.

Le HSWU a lancé une campagne qui déclare que « les personnels de santé ne sont pas à vendre » (Healthcare Workers Are Not For Sale). Cette campagne in-forme sur les avantages de rester au Gha-na et sur certains risques que courent les travailleurs/euses qui partent travailler à l’étranger.

Réseau des syndicats du secteur de la santé d’Afrique occidentaleLe HSWU partage désormais son expé-rience et ses compétences en soutenant d’autres syndicats au-delà de ses fron-tières, en particulier au Sierra Leone et au Liberia, dans le cadre d’un réseau de quatre pays qui comprend également des syndicats du Nigeria. Il s’agit du West African Health Sector Unions Network (ré-seau des syndicats du secteur de la santé d’Afrique occidentale – WAHSUN).

Perspectives d’avenirLe HSWU, qui est représenté sur l’en-semble du territoire ghanéen, est confron-té à de nombreuses difficultés. D’après Abu Kuntulo, le plus grand défi à relever à l’heure actuelle consiste à approcher les travailleurs/euses indifférents ou mal informés sur le travail réalisé par le syn-dicat. Avec son équipe, il s’efforce d’amé-liorer la communication, en particulier au niveau des sections locales du syndicat.

« La clé du succès à venir repose sur la solidarité et le travail… et des nuits blanches », ajoute Abu Kuntulo. ❚

Jonathan Migneault et Raphael Adeniran

Des professionnels de la santé des services publics partagent leurs meilleures pratiques par-delà les frontières grâce au West African Health Sector Unions Network

PSI

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 17

niGeRia : Semaine des personnels médicaux et de santé

Le Medical and Health Workers’ Union of Nigeria (syndicat des personnels médicaux et de santé du Nigeria – MHWUN) a

organisé, fin mars 2012, à Abuja, sa première Semaine des per-sonnels médicaux et de santé, qui a attiré plus de 3 000 partici-pant-e-s. Cette semaine d’activités comportait un colloque, une réunion nationale des jeunes regroupant 190 jeunes travailleurs/euses, et une marche jusqu’au ministère de la Santé pour de-mander des politiques visant à améliorer les services publics de qualité.

Le Dr. Ayuba Wabba, Président du syndicat, souligne que le syndicat a décerné des récompenses aux secteurs et employé-e-s du gouvernement, qui avaient apporté une contribution excep-tionnelle à la qualité de la fourniture des soins de santé dans le

pays. Les trois meilleurs Conseils des affaires d’État et les trois meilleures Zones de santé se sont vus offrir chacun un minibus de 18 places, et des prix ont également été remis à la meilleure agence de santé ainsi qu’au meilleur directeur médical, entre autres. Trois gouverneurs d’État ont été reconnus pour leurs remarquables résultats. Le Dr. Wabba déclare : « Le gouverne-ment a été surpris de voir le syndicat remettre des récompenses aux employé-e-s du gouvernement pour la fourniture de services publics de qualité. Il a accepté de participer au programme l’an-née prochaine. » ❚

Caroline Dodd-Taleb, Collaboratrice au service de communication de l’ISP

Le Président du MHWUN, Dr. Ayuba Wabba, informe la presse des moyens de promouvoir des services publics de qualité.

Les femmes syndiquées autour du monde ont appelé les gouvernements à s’engager à prendre des mesures concrètes pour s’assurer que les femmes qui vivent et tra-

vaillent en milieu rural ont accès à des opportunités de développement social, écono-mique et humain.

L’Internationale des services publics et les membres affiliés ont encore une fois fait entendre haut et fort leur voix dans la délégation syndicale qui participait à la 56ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, qui s’est tenue en février, à New York. Les représentant-e-s des syndicats ont lancé un appel à intervenir sur le travail décent pour les femmes en milieu rural, les services publics de qualité, la protection sociale et le respect des droits humains.

« L’émancipation économique des travailleuses en milieu rural n’est possible que par l’existence des droits au travail, l’accès à tous les services publics, y compris la santé et l’éducation, et un investissement public adéquat, » a déclaré Lakshmi Vaid-hiyanathan, secrétaire régionale de l’ISP pour l’Asie Pacifique, aux gouvernements, aux expert-e-s de la table ronde et aux organisations de la société civile qui partici-paient à la réunion. ❚

CCF 2012 : les femmes en milieu rural doivent avoir des opportunités de développement

PSI

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18 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Le militantisme syndical d’ernest nakenya nadome re-monte à son tout premier jour de travail. l’électricien

récemment diplômé trouvait incroyable que son salaire d’employé qualifié puisse être inférieur à celui qu’il gagnait en tant que stagiaire.

« Quand j’ai rejoint mes collègues, il m’est apparu claire-ment que ce problème n’était pas propre à notre secteur. la direction du syndicat n’était pas sensible à cette question, alors il a fallu travailler 24 heures sur 24 pour affirmer notre position » précise m. nadome.

c’est à ce moment-là que m. nadome a compris tout le sens de l’adage « l’union fait la force » et qu’il s’est engagé dans le militantisme syndical. aujourd’hui, il est à la fois secrétaire général national du Kenya Electrical Trades and Allied Workers’ Union (syndicat kenyan des travailleurs de l’électricité et des travailleurs associés) et membre du conseil exécutif national de la centrale syndicale du Kenya.

depuis le démantèlement du secteur de l’énergie au Kenya, les travailleurs/euses doivent faire face à une insé-curité de l’emploi de plus en plus forte, en raison du taux élevé de sous-traitance dans pratiquement tous les services, y compris dans les compétences fondamentales telles que l’alimentation électrique et la maintenance. par ailleurs, la qualité du service a baissé, ce qui se traduit par de longs retards et de fréquentes pannes d’alimentation.

avec les travailleurs/euses et le public qui attendent des réponses, le syndicat subit des pressions de toutes parts.

« nous luttons contre le travail précaire et les membres demandent du changement. la pression vient également des clients et du public, qui exigent un bon rapport quali-té-prix. ils veulent des services de distribution efficaces », précise m. nadome.

Électricité de qualité : l’union fait la force

aujourd’hui, bien que m. nadome soit un professionnel expérimenté qui étudie les relations avec le gouvernement à l’université de nairobi, il continue de s’associer à ses ca-marades travailleurs/euses pour multiplier ses forces.

dans le cadre d’un programme d’échange mis en place par l’internationale des services publics, il s’est rendu en ouganda et en tanzanie pour observer la réaction de ses homologues face au même type de difficultés. d’après m. nadome, cette expérience est très utile car elle permet de montrer comment nouer plus efficacement le dialogue avec les employeurs. ❚

Rachel Marusek Herman

Suite au démantèlement du secteur de l’énergie, l’externalisation a coûté de nombreux emplois aux syndicalistes kenyans et la qualité générale du service a décliné. Confronté à une multitude de difficultés, Ernest Nakenya Nadome, Secrétaire général national du Kenya Electrical Trades and Allied Workers’ Union (syndicat kenyan des travailleurs de l’électricité et des travailleurs associés), trouve sa force dans les valeurs fondamentales de son syndicat.

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 19

Lorsque mintou garba a été nommée pour représenter sa sous-région à l’échelon international de l’isp en 2007,

deux grandes réussites étaient à porter à son crédit. non seulement elle était la première femme à assumer ce poste, mais elle avait aussi été élue à l’unanimité en tant que re-présentante syndicale.

depuis le début de son mandat de cinq ans, mintou a tra-vaillé sur plusieurs questions, mais s’est avant tout concen-trée sur la privatisation des services publics, s’efforçant de lutter contre les carences en termes de protection sociale et encourageant la promotion des femmes professionnelle-ment et au sein de leurs syndicats.

dans son pays d’origine, le niger, ainsi que dans toute la sous-région qu’elle représente, les services publics sont me-nacés par la privatisation. « notre première préoccupation est de sauver les services publics parce qu’ils sont en butte à des attaques. par exemple l’eau, l’énergie, les télécommu-nications et bien d’autres services. nous luttons contre cette privatisation et nous nous efforçons de promouvoir une meilleure qualité des services que nous avons, » explique-t-elle.

une autre priorité pour la dirigeante syndicale est d’es-sayer d’améliorer les protections syndicales, sociales et civiles limitées. « si vous prenez la santé, par exemple, les services sont si coûteux qu’ils ne sont pas accessibles au premier venu. si vous tombez malade, avoir accès à des soins est un cauchemar. ce n’est pas facile – et même impos-sible pour de nombreuses personnes » précise mintou.

parmi d’autres sujets de préoccupation dans le secteur de la santé, elle cite le coût élevé des médicaments, le manque de fournitures médicales au sein des cliniques et la piètre qualité des soins. les personnels du service public n’ont pas forcément accès à la santé du fait de leur faible salaire.

technicienne de recherche dans un laboratoire d’ali-mentation animale à l’institut national de recherche agro-

Pionnière du leadership

Mintou Garba est la première femme à représenter l’Afrique francophone en tant que membre titulaire du Conseil exécutif de l’ISP. Elle attribue son succès aux programmes de formation pour dirigeants syndicaux organisés par l’ISP.

nomique, mintou est reconnaissante de la formation pro-fessionnelle et au leadership qu’elle a reçue par le biais de l’isp. « avec les compétences que j’ai pu développer lors de divers programmes de formation, j’ai pu assumer des postes à responsabilité dans le syndicat, » déclare-t-elle.

garba ajoute que bien que les femmes dans sa région aient parcouru un long chemin dans la lutte contre les inégalités de genre, davantage de progrès reste à faire, no-tamment lorsqu’il s’agit d’accéder à des postes de direction. elle encourage ses collègues femmes à faire une priorité de l’apprentissage tout au long de la vie. ❚

Rachel Marusek Herman

PSI

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P rès d’un milliard de personnes souffrent actuellement de faim chronique. Quatre-vingt pour cent des habitant-e-s de

notre planète ne bénéficient pas de garanties sociales adéquates. L’inégalité croit de plus en plus rapidement.

Une série de crises économiques, financières et sociales a dé-montré que les modèles actuels de la mondialisation n’apportent pas de réponses durables.

En réaction face à la crise économique mondiale, le Conseil des chefs de Secrétariat des organismes des Nations-Unies s’est engagé en faveur d’une protection sociale minimale (SPF). Le SPF ne vise pas seulement à éradiquer la pauvreté ; la protec-tion sociale implique la création d’un environnement où toute personne peut développer tout son potentiel, à l’abri de la fa-mine, la misère et la maladie. Cela signifie une vie et un travail dignes.

Bien que le concept du SPF se prête en soi à une politique publique cohérente et à la prestation de services par des acteurs publics, cela ne se fait pas automatiquement et donc comporte des risques. Les pays pourraient mettre en œuvre des pro-grammes SPF fonctionnant en espèces ou avec des bons à échan-ger chez des prestataires privés.

Les recherches de l’ISP démontrent que la prestation publique des services sociaux a un fort effet de redistribution, encoura-geant directement une plus grande égalité et soutenant la crois-sance économique. Au contraire, la prestation privée de services publics crée un environnement propice à la corruption et à une

prise de contrôle du gouvernement. La prestation publique des services sociaux et de santé ainsi que la distribution d’eau, l’édu-cation et l’énergie doivent être le fondement d’un SPF qui fonc-tionnent bien.

Le projet de Programme d’action de l’ISP, qui sera discuté par les affiliés lors du Congrès de 2012, engage l’ISP à promouvoir activement la prestation publique des services sociaux, et à re-doubler d’efforts pour se protéger contre des modèles déficients du secteur privé, notamment dans les secteurs de la santé et des services sociaux.

Il est indispensable que le SPF devienne un véhicule d’espoir, et non l’ambulance qui attend au fond du précipice.

Les syndicats du secteur public doivent être prêts à promou-voir la prestation publique des services sociaux et à lutter contre les mirages des modèles privés du SPF. Ce n’est qu’en agissant ainsi que nous pouvons intégrer durablement les leçons tirées des crises. ❚

Daniel Bertossa est le nouveau Responsable principal des politiques et stratégies, et coordinateur de l’équipe politiques et stratégies, basée à Ferney-Voltaire, France. Il rejoint l’ISP avec 20 années d’expérience dans l’organisation syndicale et la politique publique. Il a été fonctionnaire, cadre syndical et conseiller politique en Australie et au Royaume-Uni

Le socle de protection sociale (SPF) : une opportunité pour la justice sociale

Des habitants du Barrio 17 de Noviembre, Argentine.

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 21

Que signifie la protection sociale  minimale?La conférence internationale du

travail a recommandé cette année que les pays adoptent progressivement au moins les garanties élémentaires de sécurité sociale suivantes : • accès universel aux services de

soins de santé essentiels ;• sécurité de revenu pour les enfants

afin de faciliter l’accès à l’alimenta-tion, à l’éducation et aux soins ;

• sécurité minimum de revenu pour tous au travers de l’assistance so-ciale, des mécanismes de transfert sociaux ou des garanties de l’em-ploi ;

• seuil de retraites minimum pour les personnes âgées et personnes handicapées.

le travail réalisé récemment par de nombreuses agences des nations-unies, y compris la Banque mondiale et le fond monétaire international, a conclu que de telles protections so-ciales sont abordables à pratiquement toutes les étapes de développement d’un pays.

le modèle encourage le dévelop-pement de l’administration publique pour garantir l’existence de systèmes cohérents de sécurité sociale. ceci stimulerait :• une croissance tirée par la de-

mande : la redistribution de la richesse à ceux qui en ont le plus le besoin stimule la demande na-tionale, développe la croissance économique, et ce faisant aide à financer les services sociaux.

• un recouvrement efficace des re-cettes : les initiatives pour créer du travail ou un revenu supplémen-taire encouragent les travailleurs/euses à rejoindre le secteur formel, ce qui augmente la base fiscale.

toutefois, les syndicats du secteur public doivent demeurer vigilants et s’assurer que les initiatives pour la protection sociale minimale sont mises en œuvre au travers d’institutions pu-bliques, et sous contrôle public. ❚

Vers de meilleures conditions de travail au Togo

Le socle de protection sociale (SPF) : une opportunité pour la justice sociale

Lorsque le Togo a effectué sa transi-tion démocratique en 1992, les tra-

vailleurs/euses ne savaient pas que leur combat pour obtenir des droits ne faisait que commencer.

Immédiatement après avoir prêté serment, le gouvernement démocratique-ment élu a refusé de payer rétroactive-ment les salaires, les indemnités fami-liales ou les retraites. Cela a conduit les syndicats a entamer une grève générale qui a duré neuf mois.

En 2006, les syndicats togolais ont en-fin signé un accord avec le gouvernement et, entre 2006 et 2009, les syndicats, les employeurs et le gouvernement ont parti-cipé à un programme tripartite pour amé-liorer les conditions de travail. À la fin de cette période, ils ont défini un cadre de réformes de l’emploi et des conditions de travail dans le secteur public, qui devait être mis en œuvre en 2012.

Toutefois, lorsque la loi de finances 2012 a été adoptée au début de l’année, les travailleurs/euses ont appris que la plupart des éléments précédemment convenus n’avaient pas été inclus au budget.

Les syndicats ont compris que la protection des droits des travailleurs/euses ne pouvait pas attendre plus long-

temps. Ils ont décidé de coopérer et une assemblée générale de la confédération syndicale nationale a reçu une couverture médiatique considérable.

Le Ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale a alors rapidement de-mandé une réunion avec les dirigeant-e-s syndicaux, le 6 février. Les résultats des négociations qui s’en sont suivies incluent une augmentation de 10 pour cent de la valeur de l’indice appliqué à l’administra-tion publique, avec indemnisation rétroac-tive à compter du 1er janvier 2012 ; une réévaluation de l’allocation familiale pour le personnel permanent de l’administra-tion publique, avec paiement rétroactif immédiat des six derniers mois ; et l’exa-men sans délai des nouvelles conditions d’emploi et de travail dans l’administra-tion publique.

Les affiliés de l’Internationale des services publics au Togo demeurent vigi-lants, mais s’enorgueillissent des victoires remportées par leurs syndicats lors de ces négociations réussies avec le gouverne-ment. ❚

Charlotte Kalanbani, Chargée de la communication, Bureau régional pour l’Afrique et les pays arabes de l’ISP

Place du marché à Lomé, Togo. Après une lutte sans relâche de plusieurs années, les syndicats ont obtenu des augmentations de salaires et de prestations.

PSI

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22 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Égypte : pour ce syndicat pionnier, la révolution est loin d’être terminée

T rois ans avant le Printemps arabe, les percepteurs de l’impôt foncier

ont tenu tête au président égyptien Hosni Moubarak, alors au faîte de son pouvoir. Ils ont subi les assauts de la police an-tiémeute. Ils ont enduré harcèlements et intimidations. Ils se sont battus pendant 14 mois pour une revalorisation salariale. Et ils ont créé le premier syndicat indé-pendant qu’ait connu l’Égypte en plus d’un demi-siècle.

La détermination de ce syndicat pion-nier, le Real Estate Tax Authority Union (RETA), fondé en avril 2008, a fait des émules. Et ses membres ont joué un rôle moteur lors des grèves et des manifesta-tions qui ont conduit à la chute du régime Moubarak.

« Les difficultés auxquelles nous nous heurtions avant la révolution n’ont pas disparu » déclare le Président du RETA, Kamal Abu Eita, député nouvellement élu et ancien percepteur des impôts. « Nous avons gagné notre indépendance. Mainte-nant, nous devons la défendre. »

Avant la révolution, l’Égypte ne comp-tait que quatre syndicats indépendants, dont le RETA. Aujourd’hui, ils sont plus de 500, confrontés à d’incessantes difficultés

juridiques. Depuis mars 2011, les grèves et manifestations sont interdites. La po-lice brise les actions revendicatives et fait planer la menace de jugements militaires.

Un géant diminuéSous Moubarak, l’affiliation à l’Egyptian Trade Union Federation (ETUF), à la botte de l’État, était obligatoire pour la plupart des fonctionnaires. Loin de les défendre, celle-ci sabotait leurs revendications de meilleures conditions de rémunération et de travail.

Cette fédération « officielle » a été di-minuée par un jugement l’obligeant à dis-soudre son conseil exécutif, rongé par la corruption. Mais elle demeure puissante, maintenue en vie par des lois surannées. En vertu d’une réglementation vieille de plusieurs décennies, les cotisations à l’ETUF sont prélevées automatiquement sur les salaires. Sans jamais baisser les bras, les membres du RETA ont fini par obtenir une exemption, mais la plupart des membres de syndicats indépendants versent toujours deux cotisations.

Abu Eita affirme que l’ETUF a com-mandité des casseurs pour perturber les rassemblements de travailleurs/euses et

Des représentants de syndicats membres au bureau de l’Egyptian Federation of Independent Trade Unions, en janvier 2012, au Caire.

semer le trouble sur la place Tahrir pen-dant la révolution. Il accuse également d’anciens dirigeant-e-s de l’ETUF d’avoir vidé les caisses du syndicat.

« Les cotisations d’affiliation sont une question de vie ou de mort (pour des syn-dicats viables et indépendants) » explique Abu Eita. « Notre syndicat n’est financé que par les cotisations. Nous n’acceptons aucune aide d’autres organisations ou de partis politiques, car nous ne voulons pas compromettre notre indépendance. »

Flou juridiqueLes activistes craignent que de nouvelles lois redonnent un monopole à l’ETUF et autorisent les tribunaux à dissoudre les syndicats qui ne lui sont pas affiliés et à saisir leurs biens.

Abu Eita veille au grain. Il explique que, contrairement aux syndicats affi-liés à l’ETUF, dont les dirigeant-e-s sont issus d’élections truquées, le RETA a été construit entièrement par les percepteurs de l’impôt foncier.

« C’est la démocratie directe en ac-tion » clame-t-il fièrement. « Et contrai-rement aux partis politiques égyptiens, nous avons encouragé la participation active des femmes. Celle-ci était d’ailleurs indispensable à la matérialisation de notre liberté. »

« Les hommes nous ont toujours dit que notre place était à la maison, et ceci était gravé en nous » explique Noha Morshed, membre du Comité des femmes du RETA. « Mais quand le RETA a vu le jour en 2007 et que nous avons fait grève, nous avons compris la force qui était la nôtre en servant de boucliers aux hommes. Nous avons formé un cordon autour de nos collègues masculins pour les protéger des forces de l’ordre. »

Les femmes représentent près de 40 % des 400 000 membres du RETA et occu-pent 13 des 46 sièges du conseil exécutif du syndicat.

Si les clichés sexistes ont la vie dure, Morshed explique cependant que les syndicats indépendants continuent de repousser plus loin les limites, en auto-nomisant les femmes et en luttant contre les préjugés. Elle espère que ces avancées imprégneront tous les aspects de la vie publique égyptienne. ❚

Cam McGrath, depuis Le Caire.

PSI

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 23

Tôt le matin du 25 juin, des militant-e-s syndicaux ont été la cible d’une

opération de police qui s’est déroulée dans 18 villes turques. Tous ceux et celles qui ont été interrogés, arrêtés ou dont les maisons ont été perquisitionnées sont membres de syndicats affiliés à la Confé-dération des Syndicats du Secteur Public (KESK), l’une des principale confédéra-tion de syndicats. Parmi ceux et celles qui ont été arrêtés, on trouve des secrétaires généraux, des présidents de syndicats affiliés, ainsi que d’autres officiels syndi-calistes non-rémunérés.

Lami Özgen, le président de la KESK, a été l’une des personnes arrêtées. Après sa libération le 29 juin, il a déclaré que les syndicalistes arrêtés étaient détenus dans des prisons de « type F-haute-sécurité », prisons construites pour les gens reconnus coupables de terrorisme.

Dans les prisons de type F-, les déte-nu-e-s se retrouvent à trois par cellule. Ils ont juste une demi-heure de temps de visite de leur famille chaque semaine. Les visiteurs et les prisonniers/ières sont sé-parés par un écran de verre et parlent par l’intermédiaire d’un téléphone – une seule fois par mois ils ont le droit de se rencon-trer dans une même pièce.  Générale-ment, les membres officiels du syndicat n’ont pas le droit de rendre visite.

Sur les 58 personnes nommées dans les mandats d’arrêt, six ont échappés à l’arrestation car elles n’étaient pas chez elles au moment où la police est arrivée.

En date du 3 juillet, 28 personnes sont toujours en prison. De plus, 14 autres syndicalistes, qui n’étaient pas inscrits sur les mandats d’arrêt, ont également vu leurs maisons perquisitionnées. Dans les 12 heures suivant les arrestations, les membres de la KESK avaient organisé des manifestations à travers toute la Turquie. A Istanbul, quelques 4 000 personnes ont manifesté le soir dans le centre-ville, et des actions similaires ont eu lieu dans d’autres villes du pays.

« Tous ceux et celles qui étaient concernés par un mandat d’arrêt ont été accusés de la même chose » confirme Lami Özgen. « C’est d’avoir participé aux réunions de la KESK et autres activités, entre le 8 août 2011 et fin juin 2012 ». Les autorités turques affirment que ces réunions sont illégales parce que, disent-elles, elles ont eu lieu sur l’ordre du KCK, l’Union des Communautés du Kurdistan, laquelle est liée au PKK, le parti des tra-vailleurs kurdes interdit.

Les « activités illégales » citées dans les mandats d’arrêt comprennent une réunion syndicale le 8 octobre 2011, à Ankara, sur le thème «La vie humaine dans une Turquie libre et démocratique» (l’ironie est que la police avait autorisé cette réu-nion) ; un jour de grève le 21 décembre pour la défense du droit de grève et de la négociation collective; et des campagnes du syndicat des enseignant-e-s contre les changements dans leurs pratiques professionnelles.

Lami Özgen est convaincu que le fait que les médias aient rapporté ces activités a fourni l’opportunité au procureur de prétendre qu’elles étaient liées au KCK. Une agence de presse en particulier, le FIRAT, qui édite en turc, anglais et kurde, a publié les activités de la KESK.

La série d’arrestations du mois dernier est loin d’être la seule attaque contre les syndicalistes en Turquie. Le 13 février, 15 femmes membres de la KESK ont été arrêtées parce qu’elles avaient tenu des réunions pour discuter de la Journée Internationale de la femme, le 8 mars. Le procureur a prétendu que ces femmes avaient aussi des liens avec le KCK. Six d’entre elles ont été libérées sous caution, mais 9 sont toujours retenues dans une prison de « type F », dans l’attente du dé-but de leurs procès, le 4 octobre

Lami Özgen souligne que ses membres ne sont pas les seuls à faire face à ce type d’accusations. Beaucoup d’écrivains, de journalistes, de membres du parlement et d’étudiant-e-s sont aussi en prison. Le 29 juin, quatre jours après les arrestations des membres du syndicat de la KESK, les journalistes ont manifesté à Istanbul, en soutien à 95 collègues emprisonnés. Le 2 juillet a débuté un procès majeur dont le reproche aux 205 accusé-e-s – compre-nant des journalistes et un éditeur renom-mé – est d’avoir des liens avec le KCK. ❚

Tim Baster et Isabelle Merminod

Les autorités turques prennent pour cible les syndicats

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Une situation de plus en plus difficile pour les syndicalistes turcs du secteur public. Des membres ont été arrêtés, et plusieurs bureaux syndicaux ont été perquisitionnés. La FSESP, branche européenne de l’ISP, a assuré la coordination, en octobre, d’une mission de solidarité en Turquie.

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24 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

et certaines instances nationales établies pour promouvoir l’égalité des femmes ont même été complètement éliminées.

À long terme, les effets de ces me-sures d’austérité inconsidérées risquent d’être très graves pour les femmes et leur famille.

La perte de revenu des femmes se répercute sur leur ménage, leurs enfants et les personnes qui dépendent d’elles. L’étude indique que ce phénomène se tra-duit par une baisse de la quantité et de la qualité de la nourriture achetée, ainsi que des soins médicaux.

« La baisse de revenu des ménages a une incidence sur la mortalité infantile, surtout chez les filles, et entraîne une diminution de la fréquentation scolaire des filles. Cette baisse de revenu perturbe aussi les relations familiales et provoque une dégradation de la vie de famille, une hausse de la pauvreté et du taux de di-vorces » précise le rapport.

Les réductions effectuées dans des services tels que la protection infantile, les prestations familiales, les logements sociaux et les transports publics pèsent également sur les femmes et les enfants de manière disproportionnée et risquent de les précipiter un peu plus dans la pauvreté.

Les changements profonds qui inter-viennent dans les services publics affec-tent clairement les femmes non seulement en tant que travailleuses du secteur pu-blic, mais aussi en tant que bénéficiaires

et utilisatrices de ces services. Cependant, l’étude conclut que les gouvernements n’ont absolument pas conscience de la mesure dans laquelle leurs politiques ag-gravent la situation des femmes et de leur famille.

« Après plusieurs décennies de par-ticipation croissante des femmes sur le marché du travail, la prochaine décennie pourrait bien assister à un déclin du rôle des femmes dans la main-d’œuvre, ce qui risque d’aller de pair avec une perte des droits et d’entraîner une baisse de l’in-fluence des femmes au niveau des prises de décision, et ce dans de nombreux do-maines » indique le rapport.

« Étant donné que les gouvernements hésitent à recourir aux évaluations de l’impact en fonction du genre pour esti-mer la portée des mesures d’austérité, il faudra qu’il y ait une volonté politique plus forte pour collecter et analyser les données. Les syndicats et les autres orga-nisations de la société civile ont un rôle important à jouer pour organiser des cam-pagnes de recherche et d’analyse ou en-treprendre eux-mêmes la recherche. » ❚

Une nouvelle étude, commandée par l’Internationale des services publics,

révèle que la crise économique mondiale et les mesures d’austérité strictes impo-sées par de nombreux gouvernements ré-duisent à néant ce que les femmes avaient réussi à obtenir en matière d’égalité au cours des 30 dernières années et détério-rent la qualité de vie de toute la famille.

Cette étude a été préparée par Jane Lethbridge, qui travaille à l’unité indépen-dante de recherche internationale sur les services publics (PSIRU), à l’Université de Greenwich. L’étude remonte aux origines de la crise, dont elle présente les réper-cussions persistantes pour l’économie mondiale et l’impact sur les femmes dans plusieurs dizaines de pays.

Le quasi-effondrement du système financier mondial en 2008, provoqué par la déréglementation et l’extraordinaire cupidité des institutions financières, a fait peser une menace considérable sur l’économie mondiale. Les gouvernements ont puisé dans leurs réserves et emprunté beaucoup d’argent pour financer le colos-sal renflouement des banques, ce qui a eu pour effet d’accroître la dette nationale.

En 2010, les gouvernements ont réagi aux graves déficits et aux problèmes de dette souveraine en imposant des mesures d’austérité, dans le but de préserver la confiance à l’égard des marchés finan-ciers, qui étaient à l’origine du problème. C’est désormais un cercle vicieux. Les coupes opérées par les gouvernements aggravent la crise économique et le chô-mage et limitent la croissance du PIB, ce qui diminue, bien entendu, les recettes fiscales nécessaires pour maintenir les services publics et réduire les déficits.

Les conséquences sur les femmes sont profondes et inquiétantes.

Dans de nombreux pays, la plupart des employé-e-s des services publics sont des femmes. Plus de femmes que d’hommes ont perdu leur emploi. Les droits du tra-vail ordinaires ont été bafoués. À Trini-dad et Tobago, par exemple, les femmes enceintes ont été les premières à être licenciées.

Étant donné que, bien souvent, les femmes gagnent moins d’argent que leurs homologues masculins, les baisses de sa-laire généralisées leur ont davantage por-té préjudice. Dans huit pays européens au moins, et dans de nombreux autres pays à travers le monde, les disparités salariales entre hommes et femmes s’accentuent, ce qui annule les progrès péniblement acquis au fil des décennies. Les financements ont eux aussi été considérablement réduits

Josh

Ber

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Vous pouvez consulter ce rapport dans son intégralité – «Impact de la crise économique mondiale et des

mesures d’austérité sur les femmes » – sur le site Internet de l’ISP : www.

world-psi.org/austerity-women

Par suite de la crise économique et des mesures d’austérité qui en résultent, l’écart de rémunération entre hommes et femmes se creuse dans plusieurs pays européens et ailleurs dans le monde, réduisant à néant des décennies de minces acquis.

Crise économique et mesures d’austérité : les femmes sont les plus sévèrement touchées

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Pourquoi les syndicats doivent tendre la main à la jeunesse

FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 25

« Ce n‘est pas tant le chômage que le manque d‘espoir qui menace notre

futur », a affirmé Aung San Suu Kyi dans un discours mémorable donné lors de la Conférence internationale du Travail, te-nue à Genève, le 14 juin.

« Les jeunes sans emploi perdent confiance en la société, qui a n’a pas su leur donner une chance de réaliser leur potentiel », a déclaré le prix Nobel de la paix, leader de l’opposition en Birmanie.

La jeunesse d’aujourd’hui fait face à des défis immenses - et nos syndicats doivent faire partie des solutions. Le chô-mage des jeunes a atteint 75 millions de personnes à travers le monde, soit 4 mil-lions de plus depuis la crise des marchés financiers en 2008. Quelques 6,4 millions supplémentaires ont renoncé à chercher un emploi. Parmi ceux qui travaillent, beaucoup le font dans des conditions précaires et mal rémunérées. Plus de 150 millions de jeunes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. Face à ces défis, le risque toujours accru de perdre une géné-ration existe.

« Les principes de base du syndica-lisme sont la solidarité, la justice sociale et la démocratie », a déclaré Tan Sze Wei, coordinatrice du réseau des Jeunes de l’ISP pour la région Asie-Pacifique et assistante du Secrétaire général du Amal-gamated Union of Public Employees (syn-dicat fusionné des employé-e-s du secteur public), à Singapour.

youth out loud!

un projet photo de l’isp pour la Journée internationale de la Jeunesse, 12 août 2012

1 - Sunghee Oh, Korean Government Employees Union (PSI APRO/IB)

2 - Yang, PSA Youth/Nouvelle-Zélande

3 - Uthpala, PSA Youth/Nouvelle-Zélande

4 - Colin, PSA Youth/Nouvelle-Zélande(Susannah Bailey)

Plus de photos : http://bit.ly/QrsroY

« Le travailleur/euse individuel est vulnérable. Nous disposons de force et de pouvoir si les travailleurs/euses s’unissent en masses », a-t-elle affirmé. « Il est important pour nous de participer au dé-veloppement et au progrès économiques de nos pays, et nous devons avoir notre mot à dire sur comment la croissance et le développement affectent nos vies ».

Tan, devenue syndicaliste à la sur-prise de sa famille et de ses amis, dit que cette expérience a été l’une des plus intéressantes et significatives de sa vie. « Travailler en tant qu’activiste syndicale m’a certainement ouvert les yeux. J’ai pu comprendre ce qui ce passe dans le mou-vement travailliste et le rôle important que le syndicat joue dans l’amélioration de la vie des travailleurs/euses. »

Élue en tant que représentante des jeunes travailleurs au Conseil exécutif de l’ISP en 2007, elle déclare que ses contacts avec « des syndicalistes très inspirants et engagés » lui ont donné de nouvelles perspectives sur la situation à laquelle les jeunes sont confrontés ainsi que sur les approches que les syndicats prennent pour résoudre les problèmes. Le réseau des Jeunes d’Asie-Pacifique, ajoute-t-elle, a grandi en force depuis sa création il y a cinq ans.

« Le réseau nous a bien servi, notam-ment en renforçant la voix des jeunes travailleurs/euses, en les réunissant et en étudiant la manière de les impliquer activement dans les syndicats du secteur public ».

« Nous sommes confrontés à de nombreux défis en tant que jeunes tra-vailleurs/euses, mais nous avons un dicton : ‘Le métal le plus pur est issu des feux les plus intenses’. Nous persévére-rons », affirme-t-elle.

Tan ne se fait pas d’illusions quant aux difficultés et aux obstacles à l’horizon alors que les syndicats tendent la main à la jeunesse.

« D‘innombrables syndicalistes ont payé le prix fort. Nous sommes redevables à tous les héros qui ont fait des sacri-fices. En tant que jeune travailleuse et syndicaliste, je crois sincèrement que les principes et valeurs profondément ancrés des syndicats nous accompagnerons long-temps. Continuer à les défendre est notre responsabilité envers les générations futures ». ❚

Soren Bech

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26 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Nouvelle victoire pour la campagne de l’eau en italie

Dans les années 90, l’Italie, comme beaucoup de pays, a vu se poser

la question de la privatisation de son eau. C’est alors qu’est né le Mouvement italien pour l’eau - réseau national de syndicats, de groupes de la société civile, d’opérateurs publics et d’élu-e-s. Ce Mou-vement est horizontal, sans structures hiérarchiques ou administratives. Tous les membres y apportent leurs propres forces, mises en commun au niveau local, régio-nal ou national. La Fédération italienne de la fonction publique (FP-CGIL) est l’un des maillons forts de cette coalition.

Ce Mouvement s’est inspiré de nom-breuses années de campagnes interna-tionales, menées par l’Internationale des services publics et ses affiliés, et renfor-cées par la participation dynamique de la société civile. Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre, notamment des référen-dums, des amendements constitutionnels, des élections, des grèves, des manifes-tations, des actions en justice, etc. Le mouvement anti-privatisation entend, en outre, renforcer la gestion publique pour accroître la démocratie, la transpa-rence et la qualité des services d’intérêt collectif.

En 2009, le gouvernement Berlusconi a adopté une loi imposant la privatisation des opérateurs publics municipaux. Le Mouvement a alors décidé de réclamer un référendum national, pour lequel des milliers de signatures devaient être ras-semblées. Il a fallu de longues et intenses mobilisations locales, coordonnées au niveau national.

Initialement, le gouvernement Berlus-coni a fait fi de la mobilisation, puisqu’en Italie, aucune initiative n’avait encore obtenu les 50% d’électeurs/trices requis. Alors que la campagne prenait de l’am-pleur, il a ordonné à ses médias de ne pas parler du référendum (Berlusconi pos-sède la majorité des chaînes de télévision et d’actualité). Malgré tout, le référen-dum a bien eu lieu en 2011. Un véritable réquisitoire, avec 96% de votes contre la privatisation.

Pour Tommaso Fattori, du Forum

italien des mouvements pour l’eau, le véritable résultat de ce référendum, c’est que « les Italiens ont redécouvert qu’ils croient en l’action collective. Si nous avons la volonté, si nous sommes ca-pables de rassembler, nous pouvons chan-ger le cours des choses, malgré ce que les élites veulent nous faire croire. »

La mise en œuvre des revendications du référendum ne sera pas tâche facile, d’autant que les mesures d’austérité compriment les dépenses publiques. La construction de services publics réelle-ment participatifs, transparents et res-ponsables est une démarche de longue haleine.

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Les syndicats des services publics et leurs alliés mènent campagne

pour recueillir un million de signatures et ainsi forcer les gouvernements de l’Union européenne à mettre en œuvre le nouveau Droit humain à l’eau et à l’assainissement.

Cette Initiative citoyenne euro-péenne – lancée par la FSESP, l’antenne européenne de l’ISP, et soutenue par de grands affiliés, dont UNISON et ver.di – poursuit trois objectifs principaux : garantir l’ac-cès universel à l’eau ; convaincre la Commission européenne d’adopter une approche fondée sur les droits pour les services publics d’eau ; et, faire de l’accès univer-sel à l’eau et à l’assainisse-ment un axe de la politique de développement de l’Union européenne et lui consacrer des investissements accrus.

Le 21 juin, des activistes ont or-ganisé des manifestations devant des fontaines publiques de Stockholm à Rome, en passant par Dublin et Varso-vie. L’Initiative n’a pas été soutenue que dans l’Union européenne, mais aussi à Moscou, à Kiev et à Ankara. Parmi les autres manifestations organisées, citons les « jeux sportifs » des personnels de l’énergie en Lituanie, des festivités pour le premier anniversaire du référen-dum décisif contre la privatisation de l’eau en Italie le 15 juin, et la « marée bleue » à Madrid.

Un rapport du Bureau de recherches internationales sur les services pu-

blics, publié en avril 2012, dénonce les mythes de la privatisation et souligne que l’eau doit rester un service public, fourni dans l’intérêt collectif plutôt que pour le profit individuel.

Ce rapport explique que les socié-tés privées ont été peu efficaces, ont trop peu investi et ont surfacturé. En France, les tarifs privés sont d’au moins 16% supérieurs à ceux du public. Au Royaume-Uni, le prix de l’eau a aug-

menté de 40%, plus que l’inflation au cours des 17 an-nées qui ont suivi la privatisation massive décrétée par Margaret That-cher, alors que les frais d’exploitation n’ont pas changé. Ces augmentations vont directement dans les poches des actionnaires.

« L’eau n’est pas une marchandise comme les autres » explique Conny Reuter, Présidente de la Plateforme so-ciale, qui représente

un vaste éventail de groupes actifs dans le domaine social.

« L’eau est indispensable, c’est un droit humain fondamental. La Plate-forme sociale demande donc aux déci-sionnaires européens de la protéger de l’avidité spéculative, et de promouvoir une approche fondée sur les droits. »

Une approche fondée sur les droits, conjuguée à des services d’eau et d’assainissement publics, constitue la meilleure manière de préserver les ressources en eau pour les générations futures. ❚

FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 27

Nouvelle victoire pour la campagne de l’eau en italie

www.right2water.euwww.aquapublic.eu

Initiative citoyenne européenneCampagne pour le droit humain à l’eau et à l’assainissement

« La CGIL s’est engagée dans le mou-vement pour l’eau publique il y a 10 ans, et nous nous attendons encore à de nombreuses années de lutte » ex-plique Rosa Pavanelli, Présidente de la FP-CGIL. « Alors que les Italiens ont voté à une majorité écrasante contre la priva-tisation de l’eau lors du référendum, et malgré le changement de gouvernement, l’obsession de la privatisation de l’eau a la vie dure. »

Le gouvernement de Mario Monti a tenté d’inclure l’eau parmi les services pu-blics à privatiser dans une optique d’aus-térité. Le Mouvement a réagi aussitôt, en mobilisant la population et en exerçant des pressions sur le Parlement. Certaines régions ont également saisi la cour consti-tutionnelle italienne, qui en juillet 2012 s’est prononcée contre la tentative du gouvernement de contourner les résultats du référendum.

« Cependant, il est maintenant clair que Monti n’abandonnera pas aussi facile-ment » déplore Rosa Pavanelli. « Il s’est tourné vers la Commission européenne, affirmant vouloir adopter une nouvelle réglementation de libre-échange des ser-vices d’eau sur le marché intérieur. »

La bataille se poursuivra en Italie ; il y a tant à faire dans le secteur de l’eau. Le Mouvement se concentrera maintenant sur la renationalisation des services de distribution partiellement ou totalement privatisés. Les activistes encouragent également les opérateurs publics à re-joindre Aqua Publica Europea, association européenne d’opérateurs publics d’eau progressistes. ❚

David Boys, Responsable des services publics de distribution de l’ISP, avec le concours de Giuliana Sgrena

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28 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

Deux forums internationaux sur l’eau ont pris place à Marseille, lors de la

semaine du 12 mars, et, tels des bassins réfléchissants, ils reflétaient les diffé-rentes valeurs des participant-e-s.

Des gardes intimidants se tenaient devant le portail d’acier de l’entrée du Forum Mondial de l’Eau commercialisé ; les délégué-e-s, ayant payé jusqu’à €700 pour y participer, passaient des contrôles de sécurité rigoureux pendant que des limousines transportant des chefs d’États et des VIP d’entreprises s’y glissaient tranquillement.

A l’intérieur, un vaste spectacle com-mercial faisait la promotion des techno-logies dernier cri en matière d‘approvi-sionnement de l‘eau. Cette manifestation, tenue tous les trois ans, est gérée par le Conseil Mondial de l‘Eau, un concilia-bule d’entreprises dont les fondateurs comprennent la Banque mondiale et des géants des services publics, tels que Suez et Veolia. La privatisation de l’eau a été encouragée lors de nombreuses discus-sions ; les tables rondes sur les politiques de haut niveau étaient réservées aux per-sonnes bénéficiant d’une invitation.

De l’autre côté de la ville, au Forum Alternatif Mondial de l’Eau gratuit, rendu possible grâce à de petites subventions faites par des organismes locaux, des jeunes, des chefs indigènes et des tra-

vailleurs/euses du secteur public ont partagé leurs opinions avec des universi-taires, des défenseurs de la justice sociale et des citoyen-ne-s retraités, dans une série de forums ouverts tenus dans un complexe d’hangars tentaculaire. Ici, les discussions se focalisaient sur la mise en œuvre réelle du nouveau droit fondamen-tal des Nations Unies à l’eau et à l’assai-nissement en tant que bien commun, et non pour le profit des entreprises.

Des membres de l’Internationale des services publics de plus de 30 pays se sont ralliés à la société civile dans un appel lancé aux Nations Unies afin d’établir un conseil de l’eau légitime ainsi qu’un forum où la politique sur l’eau publique peut être développée dans une atmosphère comprenant tous les acteurs, mais sans l’influence des entreprises.

Le bras européen de l’ISP, la Fédéra-tion syndicale européenne des services publics, a annoncé que ses membres utili-seront l’initiative citoyenne européenne, un nouvel instrument pour la démocratie participative, afin de mettre en œuvre le droit fondamental à l’eau et à l’assai-nissement dans l’UE. Le premier objectif est de récolter un million de signatures vérifiables d’au moins 11 pays membres en une année.

De telles initiatives citoyennes sont de plus en plus importantes. En Italie,

Le Forum Alternatif Mondial de l’Eau : reprendre l’eau publique !

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Des membres affiliés de l’Internationale des services publics, appartenant à plus de 30 pays différents, se sont associés à des partenaires de la société civile à Marseille, France, pour débattre des stratégies visant à mettre en oeuvre le droit à l’eau potable et à l’assainissement, via la prestation de services publics, décrété récemment droit de l’homme par les Nations unies.

les syndicats et des groupes de société civiles ont organisé, l’année dernière, un référendum dans lequel 96 % des votants ont fait opposition et, de fait, ont bloqué la privatisation de l’eau. Un référendum non officiel récent, tenu à Madrid, a montré que 98 % des résident-e-s étaient opposés à la privatisation de l’eau. À Thessalonique, des travailleurs/euses et des groupes citoyens ont organisé des coopératives de voisinage pour acheter des parts du service public que le gouver-nement propose de vendre (pour une frac-tion de sa valeur réelle) sous la pression des mesures d’austérité.

Les dernières recherches de l’ISP confirment deux points clés : la privati-sation ne facilite pas l’accès à l’eau, et elle n’apporte pas d’investissement neuf. L’ISP fait appel auprès de tous les gouverne-ments et des agences internationales utili-sant des fonds publics pour faire cesser les fausses promesses de la privatisation et s’engager à fournir des systèmes d’appro-visionnement publics de l’eau salubres et abordables bénéficiant de financements et de gestion publics.

L’ISP fait également appel aux do-nateurs et aux organismes de dévelop-pement pour focaliser leurs efforts sur les pays les plus pauvres qui ont véri-tablement besoin du soutien solidaire international. Aussi, l’ISP demande aux gouvernements de soutenir le concept des partenariats entre secteurs privé et public qui permettent des échanges sur les meilleures pratiques entre services publics.

Le Secrétaire général de l’ISP, Peter Waldorff, affirme : « Il y a encore deux millions de personnes qui n’ont pas accès à une eau potable propre et à l’assainis-sement dans leur foyer. L’ISP s’engage à continuer la lutte pour la justice en ce domaine jusqu’à ce que nous parvenions à l’accès universel à l’eau et à l’assainisse-ment. Il ne s’agit pas seulement de la vie, mais aussi de la dignité et de l’égalité ».

L’ISP dénonce le choix de la Corée en tant qu’hôte pour le forum commercialisé de l’eau en 2015 - il s’agit d’un pays qui ne reconnaît pas le droit des travailleurs de l’eau de se syndiquer, qui les réprime illégalement et violemment et qui ne per-met pas un engagement dynamique de la société civile tout en menant une ap-proche mercantiliste des négociations des Nations Unies sur l’économie verte. ❚

Teresa Marshall est Coordinatrice des Communications de l’ISP

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 29

Le jour que nous redoutions tant a fini par arriver. Le 11 mars 2011, à 14h46, un séisme de magnitude neuf a dévasté l’est

du Japon. Notre compréhension fut secouée par l’onde de choc. Nos craintes, amplifiées par les dégâts. Malgré les secousses incessantes, le temps semblait s’être figé. L’électricité et les com-munications étaient coupées, mais nous entendions les alertes au tsunami et les reportages à la radio. Des vies et des quoti-diens ont été engloutis dans les eaux sombres du tsunami. Et nous étions loin de nous douter que, quelques heures plus tard, le nucléaire serait ébranlé, nous laissant seuls dans un paysage de désolation.

Le lendemain, l’ampleur de la catastrophe s’est révélée dans toute son horreur. Des ami-e-s et des proches avaient disparu à jamais. Et juste alors que les miraculé-e-s prenaient la mesure de leur chance d’être en vie et ensemble, l’accident nucléaire s’est produit. Des personnels municipaux, eux-mêmes victimes du tsunami, ont trouvé en eux le courage de réagir et la force d’assumer leurs fonctions et responsabilités. Ils ont participé aux efforts d’évacuation jusqu’à l’épuisement. Alors que les Forces d’autodéfense avaient battu en retraite et qu’aucune information n’était communiquée par le gouvernement central ou la préfec-ture, ces travailleurs/euses ont continué, sans connaître le ni-veau de radiation et sans protection. Quelle vision d’enfer que ce combat humain contre la puissance nucléaire.

Depuis, les régions irradiées se sont étendues. La population ne fait plus confiance aux autorités, et les liens communautaires et familiaux s’effritent. Malgré tout, les personnels municipaux continuent de se dévouer corps et âme pour reconstruire les villes. Ils sont devenus la dernière ligne de défense de leur collectivité.

Des bénévoles de JICHIRO accourent de tout le pays pour participer aux efforts de reconstruction et de rétablissement des fonctions gouvernementales et ainsi alléger le fardeau des per-sonnels municipaux, vidés. Ils sont une lueur d’amitié et d’espoir dans cette obscurité, et incarnent véritablement les principes de « fraternité syndicale » et de « solidarité », et le mouvement de JICHIRO pour des services publics de qualité. Ce lien est un don éternel, né de l’abnégation et du sacrifice des membres syndi-caux dans les régions touchées.

La branche de Fukushima du syndicat JICHIRO refuse que l’on oublie les enseignements du séisme et de l’accident nu-cléaire. Nous voulons entretenir la « fraternité syndicale », la « solidarité » et les « liens », et transmettre ces valeurs au monde et aux générations futures. ❚

Yasushi Konno est le Secrétaire général du siège préfectoral du syndicat JICHIRO, à Fukushima. Il dirige les campagnes d’aide, de soutien et de reconstruction de Fukushima, touchée par le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire.

Fukushima aujourd’hui : l’unité et la solidarité plus fortes que jamais

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À l’arrivée du printemps, les 99% fleurissentUne coalition de militant-e-s syndi-

caux et sociaux, qui connaît une croissance rapide, passe à l’action pour s’assurer que le besoin de justice sociale et économique reste d’actualité aux États-Unis.

Unis sous la bannière Le printemps des 99%, plus de 70 groupes ont organisé presque 1.000 évènements à travers le pays avec l’objectif de former 100 000 personnes à l’action directe non-violente.

« C’est le combat de notre généra-tion », déclare Mike Fishman, vice-président exécutif du Service Employees International Union, un des parrains du Printemps des 99%.

« C’est un combat pour la classe moyenne, un combat pour les valeurs fondamentales qui ont bâti ce pays C’est un combat que l’on ne peut pas se per-mettre de perdre, et c’est un combat que nous devons tous mener pour gagner, » affirme-t-il.

La mobilisation du Printemps des 99% a été conçue l’été dernier par un petit nombre de groupes. Au printemps, ils ont rejoint un plus grand nombre d’alliés progressistes pour former les popula-tions à contester le pouvoir des 1 pour cent sur leur lieu de travail et dans leurs communautés.

Les groupes engagés dans ce mouve-ment - dont un grand nombre se consi-déraient auparavant comme des concur-rents – se sont rendus compte qu’ils ont beaucoup plus d’influence en travaillant ensemble pour atteindre leurs objectifs communs.

Theresa Faulkner, auxiliaire de soins à domicile employée par le Département des troubles du développement de l’état de Washington, a mené une session de formation à Seattle avec plus de 50 parti-cipant-e-s. Bien que Faulkner soit membre de la branche locale 775 du SEIU, les per-sonnels de soins de santé à domicile sont privés du droit à la négociation collective selon le code du travail américain. Cela ne l’a pas empêchée d’organiser active-ment les auxiliaires de santé privés de leurs droits.

« Le printemps des 99% est un outil puissant pour montrer que le pays vous soutient, et pas seulement votre commu-nauté », explique-t-elle.

Les ateliers comme ceux de Faulkner ont déjà mené à des actions. Dans l’Iowa, les participant-e-s ont dénoncé les pra-tiques de saisies de la banque Wells Fargo. Dans le Michigan, 200 participant-e-s à la session de formation ont défilé devant l’usine de conditionnement Mastronardi

Fruit pour protester contre le vol des salaires et les abus par les employeurs. Un atelier or-ganisé dans la région de San Francisco, avec plus de 60 re-présentant-e-s de 20 syndicats et groupes de la communauté, a entraîné des actions contre Walmart et Hyatt, suivies par une « prise de contrôle par les 99% » de l’assemblée des actionnaires de Wells Fargo, à San Francisco. Des mouve-ments de protestations simi-laires ont pris place lors des assemblées des actionnaires de Walmart, Bank of America et Chevron.

Les coupes, qui continuent à affecter les services publics, ont propulsé les travailleurs/euses de ce secteur tête bais-sée dans le Printemps des 99%. Après le licenciement de 87 infirmières scolaires à Phi-ladelphie l’an dernier – lais-sant 1 500 élèves à la charge des infirmières restantes –, un groupe de militants syndicaux a lancé la campagne Occupy 440. Chaque mercredi, entre 18 et 110 personnes partici-

pent au piquet devant le Département de l’éducation de la ville de Philadelphie, au 440 Broad Street. Dans le Wisconsin, les travailleurs/euses du secteur public conti-nuent à s’appuyer sur les protestations organisées l’an dernier contre le Gouver-neur Scott Walker ; ce dernier les avaient dépouillé de leurs droits à la négociation collective.

Que l’objectif soit de lutter contre un gouverneur, obtenir un contrat juste, étendre les droits civils ou protéger la planète, Le Printemps des 99%, et l’esprit de Wisconsin poursuivent le même but : organiser les populations et les former à l’action, et communiquer un message positif pour que le grand public prenne conscience du besoin d’un changement progressiste.

« Les tentacules du 1 pour cent pénè-trent chaque aspect de notre vie, » dé-clare Eileen DiFranco, membre du groupe Occupy 440.

Le Printemps du 99% – rassemblant des femmes et des hommes de toutes gé-nérations et d’origines très diverses – fait naître inspiration et espoir, et apporte des outils pratiques pour le reste d’entre nous. ❚

James Cersonsky

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 31

Un accord commercial super secret menace les services publics

L ’Accord de partenariat transpacifique (ou TPPA) est un accord commercial

et d’investissement international en cours de négociation entre les pays suivants : Australie, Brunei Darussalam, Chili, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Pérou, Sin-gapour, Vietnam et États-Unis; avec la possibilité d’inclure à une date ultérieure le Canada, le Mexique et le Japon.

Il ne s’agit pas d’un accord commercial ordinaire ; au contraire, les négociateurs/trices des gouvernements et des repré-sentant-e-s d’entreprises œuvrent secrète-ment à une entente de grande envergure qui place les intérêts du secteur privé au-dessus des citoyen-ne-s et des gouver-nements de la région du Pacifique.

Le TPPA aborde les domaines tradi-tionnels clés de la plupart des accords de libre-échange, y compris les tarifs doua-niers, la propriété intellectuelle et les bar-rières techniques au commerce. Toutefois, il est prévu que le TPPA inclue également des thèmes, tels que la standardisation des systèmes réglementaires nationaux, afin de créer des marchés « intégrés » TPPA qui accélèrent la mondialisation économique et développent les oppor-tunités de marché pour les entreprises internationales.

Le TPPA coïncide en partie avec les négociations du cycle de Doha de l’Orga-nisation mondiale du commerce, ainsi que les délibérations de l’Organisation de Coo-pération économique de l’Asie-Pacifique.

La Confédération syndicale internatio-nale suit de près les négociations du TPPA au travers d’un groupe de travail inter-syndical et de publications ponctuelles. En mars 2012, plusieurs grands affiliés de la CSI, y compris l’AFL-CIO, ont proposé d’inclure dans l’accord commercial un chapitre traitant des droits syndicaux et de la résolution des conflits. Le 14ème cycle de négociations était programmé pour début septembre 2012, en Virginie, aux États-Unis.

La CSI a identifié huit sujets de grande inquiétude pour le mouvement syndi-cal international: les droits syndicaux, l’investissement, les droits de propriété intellectuelle, les services, les services financiers, les marchés publics, la trans-

Pour plus d’informations, veuillez consulter les sites internet de la CSI, de Public Citizen et de l’AFL-CIO

parence et le traitement réservé aux pays en développement.

Le TPPA menace directement la pres-tation de services publics de qualité par les gouvernements nationaux et locaux y participant. De fait, la combinaison de la détérioration des droits syndicaux, la libéralisation internationale du secteur des services et des marchés publics, associée aux mesures de rigoureuses et exécutoires pour la protection des inves-tisseurs, créent un régime commercial et d’investissement qui risque d’encourager des attaques ciblées contre le mouvement syndical dans le secteur public à travers toute la région du Pacifique et au sein des États participants.

La CSI insiste également sur cette me-nace dans un récent bulletin, déclarant dans la section des services que,

« Le TPPA ne devrait pas empêcher, décourager ou freiner la réalisation de l’accès universel géographique et financier aux services publics de qualité. Les parties à la négociation devraient adopter une

démarche de « liste positive » en choi-sissant quels services ouvrir. En outre, les dispositions du TPPA ne devraient pas exiger ou promouvoir la privatisation des services publics. »

L’ISP soutient et encourage les membres affiliés autour du monde à participer directement au processus de négociation du TPPA afin de défendre le principe des services publics de qualité, proposer des mécanismes alternatifs pour protéger et défendre les services publics de qualité et défendre les intérêts de affi-liés concernés. Pour plus d’informations, veuillez consulter les sites internet de la CSI, de Public Citizen et de l’AFL-CIO. ❚

Mark S. Langevin, Coordinateur sous-régional de l’ISP Amérique du Nord

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algérieles menaces et représailles se poursui-vent contre les syndicats indépendants engagés dans des activités légitimes, y compris le syndicat national auto-nome du personnel de l’administration publique (snapap), affilié à l’isp. le 11 juillet, un homme a été tué et des centaines de personnes blessées lors de l’intervention brutale de la police contre des manifestant-e-s. au moins 44 militant-e-s ont été arrêtés et bat-tus. neuf membres de syndicats ont entamé une grève de la faim en mai et en juin pour protester contre les at-taques du gouvernement à l’encontre des droits humains et syndicaux.

BotsWanamalgré plusieurs réunions entre l’isp et des représentant-e-s du gouverne-ment, ainsi que l’intervention de l’or-ganisation internationale du travail, le gouvernement du Botswana tente plus que jamais d’intimider les syndicalistes et de supprimer des activités syndi-cales légitimes. les actions du gouver-nement incluent des licenciements en masse des travailleurs/euses du secteur public qui ont participé à des grèves, la désignation de presque tous les services publics comme essentiels, le retrait unilatéral de prestations, et le refus du droit à se syndiquer et à négo-cier collectivement. lorsque la haute cour du Botswana a ordonné la réinté-gration des travailleurs/euses licenciés, le gouvernement a refusé et interjeté appel immédiatement. il a également « désinscrit » la fédération des syndi-cats du secteur public du Botswana de ses registres.

DROiTS SynDiCaUx

Les attaques à l’encontre des travailleurs/euses du secteur public et de leurs syndicats se sont intensifiées dans de nombreuses parties du

monde. les mesures d’austérité extrêmes, impo-sées par certains gouvernements, ont provoqué un ralentissement de l’économie mondiale. dans d’autres pays, les gouvernements autocratiques ont recours à la violence et à l’intimidation pour réduire au silence des syndicats qui défendent ardemment la démocratie, une société civile, et un traitement équitable des travailleurs/euses et de leurs familles.

dans cet environnement troublant, l’internatio-nale des services publics et ses affiliés ont réagi

face aux violations continues qui incluent meurtres, emprisonnements de militant-e-s syndicaux, li-cenciements en masse, suppression des droits à la négociation collective, et refus des autorités de reconnaître les syndicats légitimes. nous devons nous faire entendre haut et fort. nous devons mon-trer notre solidarité avec les courageux camarades qui continuent à lutter pour la justice économique et sociale tout en faisant face à de grands risques personnels. nous devons nous assurer qu’aucun gouvernement n’échappe à une condamnation in-ternationale prompte et totale et dénonce chaque attaque à l’égard des droits des travailleurs/euses.

colomBieau moins 35 syndicalistes ont été as-sassinés en 2012. l’on compte au moins 10 tentatives de meurtre. alors que les assassinats, intimidations ou dispari-tions de syndicalistes se poursuivent, le gouvernement n’a toujours pas traduit les coupables en justice, re-poussant sans cesse la mise en œuvre des conventions de l’oit, et refuse de reconnaître le droit des travailleurs/euses du secteur public à négocier col-lectivement.

éQuateurune mission conjointe de l’isp et de la fédération internationale des ouvriers du transport a rencontré, en mars, des hauts-responsables pour demander la fin des attaques dont sont victimes les travailleurs/euses et les syndicats. l’an-née dernière, suite à des licenciements massifs d’employé-e-s publics, l’isp a demandé l’intervention urgente de l’oit. depuis lors, une proposition de loi de « réforme du travail » a éloigné le pays encore davantage des principes fondamentaux internationaux de la législation du travail.

32 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

PSI

Des représentants de l’ISP ont mené, début 2012, une délégation de solidarité au Botswana.

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DROiTS SynDiCaUx

égYpteKamal abbas, du centre indépendant des services aux syndicats et aux tra-vailleurs/euses, a été condamné par contumace à six mois d’emprisonne-ment pour « outrage à fonctionnaire ». abbas avait osé manifester haut et fort son désaccord lorsqu’un représentant de la fédération syndicale égyptienne, proche de l’ancien régime moubarak, avait prétendu lors d’une conférence de l’oit que la fédération, contrôlée par le gouvernement, s’exprime de fait au nom des travailleurs/euses et les représente.

guatemalaluiz ovidio ortiz cajas, un dirigeant du syndicat national des personnels de santé (sntsg), a été abattu par plusieurs balles, le 24 mars, par un agresseur inconnu, près de son domi-cile dans la ville de guatemala. trois hommes qui se trouvaient près de lui ont été également tués et deux autres blessés. le mouvement syndical inter-national continue à exiger justice face au nombre inquiétant d’assassinats impunis de dirigeant-e-s syndicaux et de membres de la communauté au guatemala.

Jordaniemenaces, intimidations et une législa-tion du travail extrêmement répressive qui exige l’approbation du gouver-nement avant de pouvoir créer un syndicat ou de faire grève font partie du quotidien des syndicats en Jorda-nie. malgré cela, le syndical général des travailleurs/euses de l’électricité a lancé une grève en avril, et les tra-vailleurs/euses dans tout le pays ont uni leurs forces pour créer une alter-native à la fédération générale des syndicats jordaniens (gfJtu), la seule fédération légalement approuvée.

tunisieau même moment que les membres de l’union générale des travailleurs/euses tunisiens (ugtt) entamaient une grève de quatre jours, les bureaux du syndi-cat à travers le pays ont été victimes de violentes attaques, contaminés par des déchets, et incendiés – des actes d’intimidation évocateurs des pires moments de la dictature. un incendie criminel a éclaté, le 12 juin, contre le bureau régional de l’ugtt à Jendouba.

turQuieles antécédents de la turquie en matière de traitement des femmes et des syndicalistes ont été criti-qués à maintes reprises, y compris par l’oit, la cour européenne des droits de l’homme, et la commission européenne. les arrestations et les intimidations se poursuivent. Quinze femmes, membres de la confédéra-tion des syndicats du secteur public (Kesk), ont été arrêtées, le 13 février, et jetées dans des prisons prévues pour les terroristes condamnés – apparem-ment parce qu’elles préparaient des évènements pour marquer la Journée internationale de la femme. le 25 juin, la police a interpellé 71 permanents syndicaux, y compris des secrétaires généraux, présidents et autres hauts-responsables de syndicats affiliés à KesK.

sWazilandle 12 juillet, la police a tiré sur des membres du syndicat du secteur pu-blic, qui manifestaient pacifiquement contre la suppression prévue de 7 000 emplois. au moins 12 manifestant-e-s ont été blessés. le roi mswati, der-nier monarque absolu du continent africain, jouit d’une immense fortune personnelle alors que 70% des ci-toyen-ne-s du pays vivent avec moins d’un dollar par jour. en avril, la police a violemment réprimé les syndicats qui préparaient des manifestations de défense de la démocratie. au moins 27 dirigeant-e-s ont été interpellés, y compris trois dirigeant-e-s qui partici-paient à un atelier sur le Vih/sida (le taux de Vih au swaziland est le plus élevé au monde, avec 25% des adultes infectés par le Vih), et deux syndica-listes sud-africains en déplacement. les autorités du swaziland ont harcelé, intimidé et refusé de reconnaître la centrale syndicale du swaziland (Trade Union Congress – tucosWa), seule à représenter de manière légitime les travailleurs/euses.

FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 33

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34 FOCUS sur les services publics | www.world-psi.org

en Inde, le réseau électrique est tombé en panne deux fois, fin juillet et

début août, ce qui a provoqué des dé-faillances dans 20 États du pays et per-turbé plus de 600 millions de personnes, soit la moitié de la population indienne. Les services publics tels que l’approvision-nement en eau, les hôpitaux, le système ferroviaire et routier se sont retrouvés paralysés suite à cette panne, qualifiée de plus grande panne du monde.

En Inde, la distribution et le transport de l’électricité sont essentiellement assu-rés par l’État, bien que quelques sociétés privées gèrent ces services à Delhi, Mum-bai et Calcutta. Sur l’ensemble du pays, le secteur privé représente moins d’un quart de la production d’électricité.

Les responsables de l’électricité ont été prompts à dénoncer une surconsomma-tion d’électricité de la part des États du Nord, notamment l’Uttar Pradesh, le Pen-jab, l’Haryana et le Rajasthan. D’autres ont accusé le gouvernement d’être inca-pable d’imposer une discipline à la gestion du réseau électrique, ni de faire appliquer les règles existantes, ni de punir les « États qui trichent » ou les « États po-litiquement puissants » qui consomment trop d’électricité « en toute impunité ». Les dirigeant-e-s d’entreprise ont mis en cause les pénuries de charbon et d’autres problèmes rencontrés sur le réseau élec-trique et ont appelé à davantage de ré-formes dans le secteur de l’électricité.

Les experts en électricité ont demandé le renforcement des lignes de transmis-sion vétustes en utilisant les fonds réser-vés aux « échanges non programmés » ou en appliquant des pénalités pour « conservation du transport d’électri-cité ». De nombreuses personnes pensent

également que la panne électrique est due à une crise de responsabilité et de gouvernance, c’est-à-dire à un manque d’autonomie, d’autorité et de transparence qui incite à prendre des décisions fondées sur des considérations économiques et po-litiques à court terme, au lieu de normes qui s’appuient sur la stabilité et l’équité du système.

La question qui se pose est la sui-vante : qui va demander une étude ap-profondie de tous les scandales du secteur de l’électricité, et un examen complet de la loi sur l’électricité de 2003 ?

Shailendra Dubey, le Secrétaire géné-ral de All India Power Engineers Federation (fédération indienne des ingénieurs de l’électricité), demande au gouvernement de revoir le quota d’électricité allouée aux États du Nord. Cette répartition est-elle légale ? Est-elle équitable ? Pourquoi les entreprises de distribution privées installées à Delhi (Discoms) re-çoivent-elles davantage d’électricité que ce qu’elles devraient ? Les États du Nord sont contraints de surconsommer l’élec-tricité du réseau en raison des pénuries et doivent payer de lourdes pénalités pour échange non programmé, alors que les Discoms privées de Delhi empochent des bénéfices grâce à l’excédent d’électricité ; les pénalités pour échange non program-mé sont devenues un mécanisme normal pour gagner davantage d’argent.

Vinay Pandey, le Secrétaire général de la Western India Power Engineers Federa-tion (fédération des ingénieurs de l’élec-tricité de l’Ouest de l’Inde), pense que les problèmes des lignes de transmission au-raient pu être évités si la coordination du secteur de l’électricité avait été meilleure. Cependant, la loi sur l’électricité de 2003

a dissocié les régies publiques d’électricité et affaibli le système, ce qui a provoqué une défaillance de la planification et de la coordination du service. Vinay Pandey af-firme : « Au nom des réformes commer-ciales, on a ignoré les lois de la physique. Mais l’électricité n’obéit qu’aux principes de la physique, sans se préoccuper des concepts commerciaux ni d’une législation compliquée. »

L’Indian National Electricity Workers Federation (fédération nationale indienne des travailleurs/euses de l’électricité), ainsi que le Delhi State Electricity Workers Union (syndicat des travailleurs/euses de l’électricité de l’État de Delhi) ont en-trepris des actions pour mettre fin à la politique de dégroupement des services de distribution intégrés. Le dégroupement s’est traduit par une hausse des tarifs, une mauvaise qualité du service, des réductions ou licenciements d’employé-e-s ou des départs en retraite « volon-taires », de graves violations des lois du travail, un service contractuel ou des externalisations.

Pendant ce temps, le ministre de l’Énergie a multiplié ses efforts pour faire appliquer les dispositions « d’ac-cès ouvert », prévues dans la loi sur l’électricité de 2003. Cela signifie que les gros consommateurs d’électricité, de 1 mégawatt ou plus (les industries, par exemple) peuvent choisir leurs fournis-seurs d’électricité, tandis que les consom-mateurs/trices domestiques ou agricoles, qui n’ont pas le choix, risquent de devoir payer plus cher leur électricité. ❚

Violeta P. Corral, Consultante ISP-APRO

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Quand les lumières s’éteignentPanne du réseau électrique en inde

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FOCUS sur les services publics | 19ème année - 1 | Novembre 2012 35

Vidéos « Le bon sens des aiguilles » pour les personnels de santéproduites par l’isp, ces nouvelles vidéos ont été filmées par nos affiliés sud-africains des services de santé.

le dVd est disponible en allemand/anglais/espagnol/français/portugais.

pour vous le procurer, contactez la responsable santé de l’isp, odile frank , [email protected].

les vidéos sont aussi disponibles sur Vimeo ou Youtube : http://vimeo.com/user6551614/videoswww.youtube.com/user/PSIglobalunion

Des responsables de la communication de syndicats canadiens, européens

et d’affiliés nationaux aux États-Unis ont répondu à un appel urgent à rejoindre le Réseau d’action des communicant-e-s de l’Internationale des services publics (PSI CAN), dans le cadre d’une équipe d’inter-vention d’expert-e-s en communication au Wisconsin, États-Unis, début mars. Des journalistes syndicaux de l’ISP, SCFP, CSQ, AFPC, SEIU National (DC), AFL-CIO National, RadioLabour, ainsi que des affiliés du Wisconsin et des groupes de la communauté ont étroitement coopéré dans un intense travail d’équipe.

L’initiative de PSI CAN a pris la forme d’une mission d’enquête et de solidarité d’une semaine et visait à documenter les activités des affiliés du Wisconsin à l’occasion du premier anniversaire de l’adoption de la législation dépouillant les travailleurs/euses du service public de leurs droits.  Les activités de la branche AFL-CIO au Wisconsin et de We Are Wis-consin incluaient une visite en bus, des réunions publiques à la mairie, et des ma-nifestations silencieuses à travers l’état. Le dernier rassemblement au Capitole de Madison, le 10 mars, a attiré quelques 65.000 personnes.

Une délégation de solidarité internatio-nale, composée de dirigeant-e-s d’affiliés du SNEGSP et de l’AFPC (Canada) et du NSWNA (Australie), était aussi représen-tée sous la bannière de la campagne de l’ISP Services publics de qualité – Passons à l’action !, dont l’objectif est de défendre et promouvoir les services publics et les droits syndicaux autour du monde.

En 2011, des dizaines de milliers de citoyen-ne-s s’étaient joints à une impres-sionnante vague de protestations contre

la législation antisyndicale du Gouver-neur Walker. Cette législation abrogeait les droits des employé-e-s de l’État à la négociation collective sur les retraites et la santé, limitait les augmentations sa-lariales des employé-e-s publics au taux d’inflation, mettait fin au prélèvement automatique des cotisations syndicales par l’état, et conditionne l’adhésion syn-dicale à un vote annuel obligatoire. Lors d’une grande mobilisation pour un rappel électoral, plus d’un million de signatures avaient été rassemblées pour demander la révocation du Gouverneur Walker, obligeant la tenue de nouvelles élections en juin. Bien que les différentes élections de rappel n’aient pas toutes entraîné l’élection de législateurs/trices proches des travailleurs/euses, le combat pour la justice est loin de s’arrêter là.

Ironie du sort : le Wisconsin était le premier état des États-Unis à accorder le droit à la négociation collective aux employé-e-s publics, en 1959. Les affiliés du Wisconsin ont exprimé leur vive recon-naissance au soutien massif apporté par les affiliés de l’ISP du monde entier.

L’ISP finance actuellement le sous-ti-trage en français et en espagnol d’un nou-veau documentaire indépendant intitulé We Are Wisconsin, et travaille de concert avec des affiliés pour organiser une tour-née de projection du film. ❚

Teresa Marshall est Coordinatrice des Communications de l’ISP

Services publics de qualité – Passons à l’action ! au Wisconsin

Vous trouverez une sélection de vidéos, photos et travail sur médias

sociaux de l’ISP CAN sur: www.world-psi.org/wisconsincan

Une équipe qualifi ée du Réseau d’action des communicants de l’ISP, au Wisconsin, a réalisé des articles, des vidéos et des photoreportages, et a aidé les syndicats à améliorer la communication avec les grands médias et avec les médias sociaux.

PSI

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