Sommaire
LAtoll est-il un co-parc commercial?
Dossier ralis par le groupe Transition dAttac 49
Finalis le 25 Fvrier 2014
Attac 49 fait partie du rseau Attac. Fonde en 1998, suite la
rdaction dun ditorial du Monde diplomatique : Dsarmer les marchs,
Attac (Association pour la Taxation des Transactions financires et
pour lAction Citoyenne) promeut et mne des actions de tous ordres
en vue de la reconqute, par les citoyens, du pouvoir que la sphre
financire exerce sur tous les aspects de la vie politique,
conomique, sociale et culturelle dans lensemble du monde.
Notre site web: http://local.attac.org/attac49/
Nous contacter: [email protected]
Notre lieu de rencontre: 1 rue Bardoul, 49100 ANGERS
Soutenir le mouvement:
http://france.attac.org/agir-avec-attac/
Sommaire:
1. Introduction
1.1 LAtoll tel quil se raconte p.3
1.2. Pourquoi ce projet? p.5
1.3. Notre Dmarche
p.5
2. Arguments des acteurs, Analyse et Alternatives
2.1. Amnagement du territoire
- Problmatique
p.6
- Arguments des acteurs p.6
- Alternatives et questions approfondir p.8
2.2. Discussion des aspects cologiques
- Arguments cologiques en faveur du centre commercial et
interrogations initiales
p. 9
- La certification environnementale partielle du btiment
p. 10
- LAtoll propose-t-il une offre dameublement cologique?
p. 13
2.3. Discussion des aspects conomiques
- Arguments conomiques en faveur du projet et
interpellations
p.15
- Phase de construction: Un surplus dactivit ponctuel
p.15
- Phase dexploitation: Un succs pour le promoteur, un rebond
pour les enseignes, mais quelles retombes pour les habitants?
p.16
- Pistes alternatives .
p.20
2.4. Discussion des aspects socio-culturels p. 21
Conclusion
p.24
1. Introduction
1.1. LAtoll tel quil se raconte
Quest-ce que lAtoll?
L'Atoll est un centre commercial principalement spcialis dans
l'quipement de la maison situ Beaucouz, au Nord-Ouest d'Angers
(Maine-et-Loire). Sur les 45 ha de l'Ecoparc du Buisson, l'Atoll en
occupe 23, avec une Surface Hors Oeuvre Nette (SHON) de 91 000 m
pour une surface commerciale de 71 000 m, ce qui en faisait lors de
son ouverture le plus grand centre commercial de l'Ouest de la
France.
Ouvert en avril 2012, le btiment accueille une soixantaine
d'enseignes autour des thmatiques de lquipement et de la dcoration
de la maison, de la mode, de la famille et des loisirs avec une
zone de chalandise largie touchant 550 000 personnes. Parmi ces
enseignes, Alina assume le rle de locomotive, avec 12 000 m.
Construit en forme d'anneau en rsille d'aluminium perfor de 1600
mtres de circonfrence avec un objectif esthtique affirm, le centre
qui se veut haut de gamme propose des services innovants comme des
jardins ouverts au public, un lounge VIP pour les clients fidles ou
encore des navettes lectriques pour se dplacer sur le site. Il a
accueilli plus de 6 millions de visiteurs lors de sa premire anne
d'ouverture.
Gense du projet
L'appel promoteur a t lanc dbut 2007 par la ville dAngers, la
communaut dagglomration, la ville de Beaucouz, la Chambre de
Commerce et la Socit dAmnagement de la Rgion dAngers (SARA), avec
l'objectif de rorganiser le ple commercial de Beaucouz en le
thmatisant autour de l'quipement de la maison, sans inclure de
grande ou moyenne surface alimentaire, dont l'offre tait juge
excdentaire. En mai 2008 c'est le projet des architectes Antonio
Virga et Vincent Parreira, port par la compagnie de Phalsbourg, qui
a t retenu. Les travaux d'amnagement de voiries pour les routes
autour de l'Ecoparc ont commenc en 2009, aux frais de la
collectivit (pour un total de 32 millions d'euros incluant les
travaux d'amnagement de la connexion entre les routes de Rennes,
Nantes et Angers, financs 50 % par le Conseil Gnral (17)). La
premire pierre a quant elle t pose en novembre 2010 pour une
inauguration le 3 avril 2012.
La Compagnie de Phalsbourg, qui est la fois propritaire
promoteur du site et contractuellement gestionnaire du centre
commercial pour une dure de 14 ans partir de sa mise en service, a
quant elle investi 145 millions d'euros, soit "30% plus cher que
l'ordinaire" selon Philippe Journo, son PDG (16). Auxquels se sont
ajouts 30 millions deuros environ, investis par les enseignes pour
lamnagement intrieur de leur surface de vente respective. L'Atoll a
t projet pilote pour le label HQE adapt au commerce de priphrie et
a obtenu le label Valorpark dvelopp par le Conseil National des
Centres Commerciaux (CNCC) le 30/03/2012 (10). Le centre a aussi
reu le Trophe de la cration dcern sous l'gide du CNCC, se voyant
ainsi reconnu comme "la nouvelle rfrence en termes de parc
d'activits commerciales en Europe".
Le centre commercial devait sa cration reprsenter un total de
1000 emplois, soit 400 crations nettes et 600 transferts depuis les
magasins dplacs.
Sources:
- (1) Le Monde Diplomatique, avril 2013, p.8-9
- (2)
http://www.sara-angers.fr/developpement-economique/le-buisson/le-buisson.php
- (3)
http://www.blog-habitat-durable.com/article-atoll-un-futur-centre-commercial-pour-mars-2012-61024463.html
- (4)
http://www.lemoniteur.fr/157-realisations/article/actualite/772446-a-mi-chantier-atoll-le-premier-eco-parc-commercial-francais-est-commercialise-a-72
- (5)
http://www.angersmag.info/L-Atoll-une-inauguration-grandiose_a4619.html
- (6)
http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-L-Atoll-vu-par-son-etonnant-concepteur-M.-Journo-_49007-avd-20120112-62033420_actuLocale.Htm
- (7)
http://www.lemoniteur.fr/195-batiment/article/actualite/17323134-l-atoll-premier-eco-parc-commercial-de-france-livre-dans-les-delais
- (8)
http://www.angers.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/dossier_presse_buisson_15_05_2008.pdf
- (9)
http://www.cyberarchi.com/actus&dossiers/bureaux_commerces/index.php?dossier=64&article=11714
- (10) http://www.valorpark.com/
- (11)
http://rp.urbanisme.equipement.gouv.fr/puca/edito/Qe_SEU_Angers.pdf
- (12)
http://www.angersloiremetropole.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/METROPOLE-35.pdf
- (13) Mtropole n40, Juillet Aot Septembre 2013, Angers Loire
Mtropole
- (14)
http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-L-Atoll-a-Angers-ils-veulent-ouvrir-le-dimanche_52728-2381011_actu.Htm
- (15)
http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-Angers.-Le-centre-commercial-L-Atoll-a-nouveau-prime_fil-2360896_actu.Htm
- (16)
http://next.liberation.fr/design/2012/04/22/lile-enchantee-de-la-consommation_813506
- (17)
http://www.cg49.fr/fileadmin/user_upload/internet/informations/magazine/Maine_et_Loire_5_BASDEF.pdf
- (18) https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Atoll
1.2. Pourquoi ce projet?
L'objectif principal suivant a t, selon Angers Loire Mtropole
(ALM), la raison de la cration de l'Atoll :
- Un rayonnement commercial au-del de la zone de chalandise
historique dAngers (375 000 habitants) pour atteindre un
rayonnement mtropolitain sur plus de 550 000 habitants, cest--dire
une zone de chalandise largie aux limites dpartementales.
Pour ALM, cet objectif principal sappuie sur :
A. Le renforcement de lattractivit commerciale de lhyper-centre,
1er ple commercial de lagglomration.
B. Une meilleure lisibilit de loffre commerciale de priphrie,
par une modernisation, une thmatisation des ples, et larrive de
nouveaux acteurs-locomotives , non prsents dans lagglomration.
C. Lamlioration de lquipement commercial lintrieur de
lagglomration, dans le cadre dune politique de polarits, en
favorisant la diversit de loffre (politique plus qualitative que
quantitative ).
D. Renforcer notre offre commerciale sur des thmes o nous sommes
en concurrence avec dautres territoires (Nantes, Rennes, Tours par
exemple), et matriser lexpansion de loffre commerciale excdentaire
sur lagglomration (alimentaire notamment).
(Source: Dossier de presse du 15 mai 2008
dossier_presse_buisson_15_05_2008.pdf).
1.3. Notre dmarche
Nous avons voulu comprendre les motivations des acteurs et le
lien, peu vident nos yeux, entre nouveau centre commercial et
dveloppement durable. Nous avons ainsi analys les diffrents impacts
de ce projet, aboutissant une tude que lon pourrait prsenter selon
la mthode ERC confirme par le Grenelle de lenvironnement
(http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/doctrineERC-vpost-COPIL6mars2012vdef-2.pdf):
1. E pour Eviter
Le projet est-il ncessaire? Autrement dit en quoi est-il utile
la communaut? Une question que nous avons traite selon langle de
lamnagement du territoire (partie 2.1.) et des retombes conomiques
(partie 2.3.)
2. R pour Rduire
Quelles mesures ont t prises pour limiter limpact de la
construction et de lexploitation du centre commercial sur
lenvironnement (partie 2.2.)
3. C pour Compenser
Les impacts sur lenvironnement et la biodiversit de la
construction du centre commercial ont-ils t mesurs? Quelles mesures
de compensation ont t prises? Et au-del, la restauration cologique
du site aprs exploitation et des magasins abandonns a-t-elle t
prvue? Du fait du manque dinformation ce sujet, ces questions sont
simplement abordes dans la partie 2.2.
Enfin, la partie 2.4. prsente les spcificits de ce nouveau type
de centre commercial orient vers le fun shopping et un bref aperu
de ses implications socitales.
2.1.Amnagement du territoire
Problmatique
Atoll s'inscrit dans la logique du dveloppement du territoire
par ple (ple de comptitivit, ple d'excellence, ple mtropolitain).
Ce projet a d'ailleurs t initi par l'agglomration d'Angers, cur du
pays d'Angers rcemment renomm en ple mtropolitain.
Le passage du pays au ple n'est pas neutre car le premier met
l'accent sur l'tendue (le pays peru comme paysage) tandis que le
second met l'accent sur la centralit attractive (tout est orient
vers le ple: il polarise).
Cela traduit galement deux chelles d'approche du
dveloppement:
dveloppement local, qui s'attache prendre en compte l'ensemble
du territoire pour rpondre prioritairement ses besoins
dveloppement global, qui concentre les atouts du territoire dans
des ples pour rayonner au-del dans le contexte de la comptition
mondiale (mondialisation nolibrale), ce qui a tendance marginaliser
les zones hors-ples, rurales notamment.
Arguments des acteurs
Attractivit
L'Atoll, c'est aussi le rayonnement du territoire, avec la
volont de crer un ple d'attractivit qui aille au-del des limites du
dpartement. (Source :
http://www.angers-developpement.com/angers/territoire/latoll-inaugure-une-nouvelle-generation-de-parc-commercial)
L'attractivit joue la fois pour les enseignes et pour les
clients:
LAtoll a permis larrive de nouveaux magasins tel que Alina un
des leaders de lameublement europen, venu concurrencer les Ikea de
Nantes, Rennes (et Tours?). Alina tait jusque l absent dans louest
de la France. (Source: Rapport de 2 tudiants.)
L'attraction d'Alinea et d'autres enseignes ne vient-il pas
concurrencer plutt des enseignes dj existantes dans le territoire
que celles des territoires adjacents? N'y a-t-il pas plutt la
juxtaposition de monopoles locaux (Ikea Nantes et Tours, Aliena
Angers)?
Nous avions prvu dendiguer lvasion commerciale vers Nantes.
Aujourdhui cest acquis, grce aux belles enseignes installes lAtoll,
nous attirons les consommateurs dAngers et bien au-del , dtaille le
PDG de la Compagnie de Phalsbourg. (Source :
http://www.angersmag.info/L-Atoll-Une-premiere-annee-reussie-selon-Philippe-Journo_a6791.html)
+ LAtoll a donc russi fixer une consommation autour dAngers. - Jean
Sylvain Camus, charg de communication du promoteur. (Source :
http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-La-phrase-du-jour.-L-Atoll-a-reussi-a-fixer-une-consommation-autour-d-Angers.-_fil-2317075_actu.Htm)
Oui, cela attire des clientles proches, mais ces clientles
pratiquaient-elles rellement l'vasion commerciale? De quels
chiffres disposons-nous?
Source : Du fer au faire, patrimone du futur Utopies
ligriennes
Note: n'apparat pas ici la Ressourcerie des Biscottes situes aux
Ponts-de-C, ouvertes depuis.
Accessibilit
Temps d'accs l'Atoll: (en voiture)
33% des clients: < 20 min
47%: 20 < < 30 min
20%: > 30 min (soit > 50 km)
Sources :
http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-La-phrase-du-jour.-L-Atoll-a-reussi-a-fixer-une-consommation-autour-d-Angers.-_fil-2317075_actu.Htm
http://www.angersmag.info/L-Atoll-Une-premiere-annee-reussie-selon-Philippe-Journo_a6791.html
Il faut prendre en compte dans ces chiffres le potentiel de la
zone de chalandise de l'Atoll: en effet, celui-ci est situ dans la
premire couronne de l'agglomration qui concentre la population. Le
potentiel de client est donc plus faible mesure que l'on
s'loigne.
Les temps d'accs sont calculs pour la venue en voiture, qui est
le mode quasi-exclusif d'accs. La venue des clients en vhicules
motoriss peut sembler indispensable a priori pour la transport de
l'ameublement, mme si des services de livraison domicile ou de prt
de vhicules sont envisageables. Pour autant, les transports en
commun restent pertinents pour les produits de dcoration, d'arts de
la table, voire de petits ameublements, et les autres produits
commercialiss (habillement,...). Or, le temps d'accs en bus (1
ligne) est beaucoup plus important.
Innovation
Le parc commercial Atoll et son promoteur, la compagnie de
Phalsbourg, ont reu le prix du "concept novateur" de la fdration
Procos, qui regroupe 260 reprsentants des grandes enseignes.
Sources :
http://www.angersloiremetropole.fr/actu/detail/index.html?tx_ttnews[tt_news]=2701&cHash=21b2f680f3a5234d05996d8a96a1bc49
http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-Commerces.-L-Atoll-recoit-un-prix-de-l-innovation_fil-2280279_actu.Htm
Mais si le concept est novateur, il vise contrecarrer la
tendance actuelle une distribution de proximit: dveloppement de
mini-supermarchs de centre-ville, livraison domicile ou des
points-relais du commerce en ligne. Il s'agit donc de revenir au
paradigme prcdent du grand hypermarch de priphrie en dclin. On a
donc une innovation pour endiguer le changement en cours plus
qu'elle ne concoure au changement, ce qui est sans doute ce qu'on
peut attendre de l'innovation.
Le ct novateur du concept est de transformer le centre
commercial en centre de loisirs pour y attirer des personnes qui
n'y viendraient pas forcment dans le seul but d'acheter. (Voir les
aspects socio-culturels).
Intgration paysagre
L'Atoll est la preuve que l'on peut trouver une solution au
dveloppement anarchique des entres de ville.
Source :
http://www.angers.maville.com/actu/actudet.php?idCla=fil&idDoc=2325870
La conception architecturale de l'Atoll est rellement originale:
elle permet de concentrer des btiments commerciaux, de masquer les
parkings et de proposer une enveloppe uniforme. Celle-ci constitue
un marqueur fort, si l'on cherche identifier cette entre ville, et
en tout cas propose une vue certainement plus agrable que
l'habituel continuum dsordonn de btiments et parkings que l'on peut
observer depuis les routes pntrantes.
Cette conception peut ainsi constituer une solution intressante,
la condition qu'elle s'applique la requalification de friches
industrielles et commerciales, et ne soit pas un prtexte poursuivre
l'talement urbain par de nouvelles extensions du bti (effet rebond)
(Voir les aspects cologiques).
Alternatives et questions approfondir
Le SCOT du Pays d'Angers s'appuie sur une stratgie de
dveloppement multipolaire, avec un ple central (Angers et une
partie de la premire couronne) et des ples secondaires (autour de
quelques communes), puis les bourgs des autres communes. Ces ples
doivent concentrer la population et les services, avec une
hirarchie dans la distribution.
Ne peut-on pas imaginer une telle distribution (qui ne signifie
pas une galit de la rpartition et de l'accs) pour les centres
commerciaux spcialiss? La politique actuelle conduit une
concentration des centres commerciaux spcialiss dans le ple
central, ne laissant que des centres commerciaux gnralistes aux
autres ples. De plus, le ple central ayant une certaine tendue, le
positionnement de ces centres commerciaux spcialiss ne les rend pas
accessibles de la mme faon pour tous (Atoll l'ouest Beaucouz,
Oxylane l'est aux Ponts-de-C, projet au nord d'Angers).
Ne peut-on pas imaginer des centres commerciaux de taille plus
modestes mieux rpartis sur le territoire au sein du ple central et
dans les ples secondaires? Cela permettrait une meilleure
rpartition des ressources (services commerciaux et emplois
associs), une optimisation des flux (dplacements des clients
limits), voire une concurrence plus quilibre entre des ples de mme
poids.
1.2. Discussion des aspects cologiques
Arguments cologiques en faveur du centre commercial et
interrogations initiales
Le centre commercial est une illustration de l'engagement de
l'agglomration en faveur du dveloppement durable.
(http://www.angers-developpement.com/territoire/latoll-inaugure-une-nouvelle-generation-de-parc-commercial).
Largument cologique principal des acteurs du centre commercial
est sa certification HQE. Un deuxime argument peut tre extrapol de
la volont de la part dAngers Loire Mtropole de Renforcer notre
offre commerciale sur des thmes o nous sommes en concurrence avec
dautres territoires (Nantes, Rennes, Tours par exemple). En
renforant loffre commerciale locale, des dplacements vers dautres
agglomrations seraient vites.
A contrario de ces arguments, plusieurs craintes viennent
l'esprit quand on s'interroge sur l'association centres commerciaux
et dveloppement durable :
Quelles sont les normes environnementales que le centre
commercial prtend respecter ? Quelles sont les forces et les
faiblesses du dossier ? Existe t-il d'autres normes plus
exigeantes?
Quelle est la consommation en matire premire d'une telle
structure et quelles en sont les rejets? Quel cycle de vie est prvu
pour ce btiment? Quid des friches industrielles? Restitution
l'identique des friches? Prise en compte du cot de la
dconstruction?
Quels commerces peuvent tre si importants qu'ils justifient
l'artificialisation de terres agricoles?
La certification environnementale partielle du btiment
Le centre commercial l'Atoll ne respecte quune seule norme
environnementale et ce pour sa phase de ralisation: la norme NF HQE
Btiments Tertiaires (Rfrentiel Commerce applicable du 16 dcembre
2008 au 08 juillet 2010 - NF380/09/296 Rev.00) . Les autres phases
de la vie du btiment ne semblent pas respecter de normes
environnementales plus svres que le minimum rglementaire.
La norme HQE
Historique
L'association HQE a t cre en 1996, avec la ralisation de
premiers btiments se rfrant la dmarche en 1998 (
http://assohqe.org/hqe/spip.php?rubrique2 ). Il s'agit d'une
association de professionnels du btiment cre l'initiative des
pouvoirs publics. Certains membres sont publics mais aucun membre
de la socit civile n'a de voix dans l'association.
tre ligible
Pour tre ligible la certification HQE (NF380/09/296 Rev.00), il
faut que le constructeur se soumette trois audits de la part
l'organisme Certivea. A chaque audit, l'organisme:
Vrifie que les exigences du rfrentiel du Systme de Management
d'Opration (SMO) sont mises en place de faon efficace
Vrifie lvaluation de la Qualit Environnementale du Btiment
(QEB).
La SMO semble tre un rfrentiel technique d'assurance qualit.
La QEB est value selon 14 cibles. Chaque cible est value selon
le niveau d'exigence environnementale vis : niveau de base
(rglementaire), niveau performant (bonne pratique), niveau trs
performant (au del des bonnes pratiques du march).
Le minimum requis pour la certification est de positionner
minima 3 cibles en niveau Trs Performant et au maximum 7 cibles au
niveau base. Le Cible 4 doit tre nanmoins traite en Performant ou
Trs Performant . (Etapes-cls-de-la-certification_54.pdf)
Cible 1 : Relation du btiment avec son environnement
immdiat.
Cible 2 : Choix intgr des produits, systmes et procds de
construction
Cible 3 : Chantier faible impact environnemental
Cible 4 : Gestion de lnergie (performante)
Cible 5 : Gestion de leau
Cible 6 : Gestion des dchets dactivits
Cible 7 : Maintenance Prennit des performances
environnementales
Cible 8 : Confort hygrothermique
Cible 9 : Confort acoustique
Cible 10 : Confort visuel
Cible 11 : Confort olfactif
Cible 12 : Qualit sanitaire des espaces
Cible 13 : Qualit sanitaire de lair
Cible 14 : Qualit sanitaire de leau
Bilan: lAtoll a une certification environnementale partielle
LAtoll affiche des scores Trs Performant sur 6 cibles (Relation
du btiment avec son environnement, Gestion de leau, Gestion des
dchets, Confort acoustique, Confort olfactif, Chantier faible
impact environnemental), soit 3 de plus que le minimum requis par
la norme.
LAtoll est Performant dans le domaine de la gestion de lnergie,
ce qui rpond au minimum de la norme HQE. On peut en dduire que 7
cibles sont au niveau base, ce qui est le nombre maximum acceptable
pour la norme.
On peut donc dire que l'Atoll n'est pas au niveau minimal de la
norme. Sa marge est de 3 cibles qui auraient pu tre au niveau
Performant au lieu du Trs performant ralis. Les autres critres sont
respects de manire minimale.
La certification concerne la phase de programmation, conception
et ralisation uniquement alors que le cycle de vie d'un btiment est
bien plus long (voir illustration ci-dessous). Pour la phase
d'exploitation et dconstruction, aucune norme environnementale ne
semble tre envisage.
Au-del du HQE
Le centre commercial ne semble pas avoir pris en compte les
critiques mises envers la norme HQE.
L'attention environnementale devrait couvrir tout le cycle de
vie du btiment
Le cycle de vie d'un btiment intgre sa programmation,
ralisation, conception mais aussi son exploitation et sa
dconstruction. Aucune contrainte environnementale ne semble peser
sur la dconstruction du btiment ou sur la dure de vie qui lui est
prvue. L'exploitation du centre commercial est attribue pour 14 ans
la compagnie de Phalsbourg, que deviendra le btiment aprs cette
priode? Qui grera sa dconstruction?
Le centre commercial ne devrait pas contribuer
lartificialisation des terres
L'implantation du centre commercial sur des terres agricoles
rduit la surface agricole du Maine et Loire alors qu' En cinquante
ans, la surface agricole utile (SAU) a [...] diminu de 20 %,
passant de 36 millions d'hectares en 1960 28 millions en 2010.Le
principal coupable : l'urbanisation qui, de zones industrielles en
centres commerciaux, d'habitations en parkings, domine toujours
plus les paysages. 40.000 hectares taient urbaniss par an dans les
annes 1960, 78.000 hectares le sont actuellement .
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20111221trib000672707/chaque-seconde-26m-de-terres-agricoles-disparaissent-en-france.html
Pour limiter lartificialisation des terres agricole, une
solution est de rutiliser au maximum les friches industrielles ou
commerciales existantes.
L'intgration du vivant ne devrait pas tre limite au vgtal
Alors que les quilibres cologiques ncessitent la prsence d'une
faune minimale. Les pollinisateurs, les insectivores mritent une
attention particulire. L'clairage nocturne ne doit pas les
perturber, etc..
(source:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Haute_qualit%C3%A9_environnementale):
L'Atoll propose t-il une offre d'ameublement cologique ?
Dans le paragraphe qui suit on value l'originalit cologique de
l'offre commerciale de L'Atoll vis--vis de l'offre commerciale
existante sur le plan rgional et sur le plan de l'agglomration. Les
magasins de l'Atoll favorisent-ils l'achat de produits faible
impact carbone?
valuation de l'originalit cologique de l'offre ameublement de
L'Atoll
Le centre commercial L'Atoll t spcialis dans les commerces de
vente d'quipement de maison. Malgr cela, sur les 60 commerces
(http://latoll-angers.fr/fr/enseignes_liste consult le 20/08/2013),
18 semblent effectivement ddis l'quipement de la maison. C'est ceux
l qu'on s'intresse par la suite.
Les 18 magasins se rpartissent en 3 catgories qui sont fonctions
de leur prsence auparavant dans la rgion ou l'agglomration.
Catgorie A : magasins qui taient une nouveaut pour la rgion
Deux magasins n'taient pas prsents dans la rgion au lancement du
centre commercial :
Alina (12 000m2 d'espace de vente)
Zdio (3500m2 d'espace de vente). Un autre magasin Alina est
aujourd'hui prsent dans la rgion, au Mans ce qui limite la vocation
rgionale actuelle de lAtoll.
Alina semble couvrir le mme besoin que dautres magasins qui
existent Angers ou Nantes depuis de nombreuses annes (Ikea Nantes,
Conforama, But, etc Angers) ; Zdio est une boutique pour objets dco
et accessoires cratifs pour toutes les pices de la maison
personnaliser souhait.
Conclusion de la catgorie A: mise part lintrt discutable du
regroupement d'activit (cf. 2.1.), ces 2 magasins n'apportent pas
de plus-values l'offre rgionale.
Catgorie B : magasins qui taient une nouveaut pour
l'agglomration d'Angers Loire Mtropole
Cinq magasins n'taient pas prsents dans l'agglomration au
lancement du centre commercial:
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Conclusion de la catgorie B: un magasin semble offrir une
originalit cologique, le magasin Gautier qui propose du mobilier de
srie neuf et local. Les autres ne semblent pas offrir de nouveaut
par rapport l'offre existante de l'agglomration.
Catgorie C : magasins qui taient dj prsents dans l'agglomration
(nouvelle ouverture ou dmnagement)
Deux magasins taient dj prsents dans lagglomration et ont dmnag
ou ouvert un nouveau magasin (Maison du monde et CASA). Dix
magasins taient dj prsents dans lagglomration et ont simplement
dmnag.
Conclusion de la catgorie C: mis part lintrt discutable du
regroupement d'activit (cf. 2.1.), ces 12 magasins ne semblent pas
apporter pas de plus-values l'offre de lagglomration.
Bilan: lAtoll propose une offre ameublement classique
Il aurait pu tre intressant que lAtoll couvre un besoin
insuffisamment couvert dans la rgion ou - dans une moindre mesure -
dans lagglomration. Le paragraphe prcdent nous permis de constater
quun seul magasin du centre commercial semble prsenter une
originalit cologique pour l'agglomration, le magasin Gautier.
A une exception prs, ce centre commercial revendiqu cologique ne
propose donc qu'une offre ameublement classique. Ce centre
commercial ne semble donc pas avoir d'intrt dans la vente de
produits faible impact carbone.
Au del de l'offre ameublement classique de L'Atoll : une offre
faible impact cologique
On aurait pu attendre du centre commercial qu'il toffe l'offre
de produits d'ameublement faible impact cologique. L'impact carbone
global permet d'estimer l'impact cologique d'un produit. La figure
ci-dessous rsume le cycle de vie d'un meuble en bois.
2.3. Discussion des aspects conomiques
Arguments conomiques en faveur du projet et interpellations
En dehors des arguments dordre esthtique utiliss pour justifier
la construction de lAtoll, les principales raisons avances par les
acteurs locaux sont dordre conomique:
Stopper lvasion commerciale vers Nantes, Tours ou le Mans, voire
Cholet
Redynamiser lattractivit commerciale de lagglomration et donc
aussi celle du centre ville dAngers, avec des retombes pour
lconomie locale
Crer des emplois, en recrutant notamment des personnes
rencontrant des difficults pour trouver de lemploi
Une tude ralise en 2007 par la Chambre de Commerce et dIndustrie
affirmait que l'offre [pour les achats lis l'quipement de la
maison] tait juge "vieillissante", "peu propice crer des envies",
"gographiquement clate".
Source:
http://www.angers-developpement.com/territoire/latoll-inaugure-une-nouvelle-generation-de-parc-commercial
Les principales craintes suscites par le projet sont les
suivantes:
Concurrence Atoll/Centre ville (notamment concernant les
quipements de restauration et de loisirs) et avec les autres
centres commerciaux de lAgglo (avec Grand Maine en particulier)
Des emplois principalement prcaires et bas salaires
La Compagnie de Phalsbourg comme certains acteurs de la
construction et la plupart des enseignes ne sont pas bass Angers.
Quelle part de la valeur ajoute restera pour lagglomration angevine
(emplois, impts locaux)?
Phase de construction: Un surplus dactivit ponctuel
Le Promoteur, Concepteur et actuel Exploitant, La Compagnie de
Phalsbourg a son sige au 22, Place Vendme, Paris. Avec un
patrimoine au 31/12/2012 de 1 milliard deuros pour 470000 m
exploits et 340000 m en dveloppement, la socit se spcialise dans
les centres commerciaux et limmobilier de bureaux et de logements
haut de gamme sur lensemble du territoire mtropolitain. Son PDG et
principal actionnaire, Philippe JOURNO, dtenait en 2012 la 321e
fortune franaise selon le classement du magazine Challenges (source
Le Monde diplomatique).
Les architectes sont galement parisiens.
Les oprateurs de terrassement et du gros uvre et les paysagistes
sont originaires des Pays de Loire ou de Bretagne (Luc Durand TP,
CGM, Cardinal). Le ciment des fondations est issu de la
carrire-usine de Saint-Pierre-La-Cour, en Mayenne, par ailleurs
lune des plus grandes cimenteries dEurope. A noter qu lissue du
chantier est apparu un diffrend commercial de 4 millions deuros
(sur un total de 11 millions) que la Compagnie de Phalsbourg refuse
de payer la socit Luc Durand TP, lie un dpassement dhonoraires et
la survenue de problmes techniques rencontrs sur les espaces verts
(arbres morts, parkings boueux).
Source:
http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Angers-la-facture-de-4-millions-que-L-Atoll-ne-veut-pas-payer_40774-2177324------49007-aud_actu.Htm
Cest surtout pour la ralisation de la charpente mtallique et de
la coque en aluminium, sans doute pour des raisons de manque de
comptences locales, quil a t fait appel des entreprises loignes:
Tolartois (Pas de Calais), PL Matre (Vosges) et surtout Formtexx
(bas dans le Sud de lAngleterre) qui a ralis les pices de la rsille
au Royaume-Uni, pour ensuite les assembler sur site.
Ainsi, si la conception et la direction des travaux ont t
ralises par des entreprises extrieures la rgion, tout comme une
large partie de la coque en aluminium, lessentiel des travaux de
terrassement et de gros uvre a t effectu par des oprateurs rgionaux
(au sens large). Toutefois cela nimplique pas forcment le recours
une main duvre stable, le secteur des travaux publics utilisant
aussi des contrats de type intrimaire (cf. article Ouest-France
ci-dessus) et recourant parfois de la main duvre trangre meilleur
march. Les emplois qualifis (architectes, travail du mtal pour la
coque en rsille) concernent principalement des entreprises situes
en dehors de la rgion.
En conclusion, la phase de construction na apport quun surplus
dactivit conomique relatif lagglomration angevine, les travaux de
conception, les matriaux et une partie de la main duvre du chantier
provenant de lextrieur.
Phase dexploitation: Un succs pour le promoteur, un rebond pour
les enseignes, mais quelles retombes pour les habitants?
Le Promoteur: une vitrine et une russite commerciale
A lissue de la premire anne, le lancement du centre commercial
semble tre une russite pour le promoteur, avec une frquentation
double de celle prvue (6 millions de visiteurs), lessentiel des
surfaces commerciales loues (restaient 2000 m sur 70000), un temps
de visite suprieur celui des autres centres commerciaux et 92% des
visiteurs qui repartent avec un achat. Le pari de lattrait de la
clientle dpartementale serait galement acquis. Louverture dune
petite suprette alimentaire et dun cinma, souhaits par les
promoteurs, est en attente du fait de loffre dj excdentaire sur
lagglomration.
(source:
http://www.loire-net.tv/news/un-an-apres-l-atoll-depasse-largement-ses-objectifs_1
)
Lentreprise est en croissance sur le plan national, 2012 ayant t
la 3e meilleure anne de lhistoire de lentreprise en termes de
surfaces commercialises. (source:
http://www.compagniedephalsbourg.com/commercialisation2012/ ).
LAtoll, de par les nombreuses rcompenses reues (cf. 1.) et ses
larges retombes mdiatiques, locales comme nationales (Libration,
France Inter, Le Monde, Le Figaro, Les Echos) sert de vitrine la
Compagnie de Phalsbourg et ses 600000 m commerciaux. Nous recevons
la visite de reprsentants dautres agglomrations, intresss par ce
parc nouvelle gnration, confirme Philippe Journo.
(source:
http://www.angersloiremetropole.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/METROPOLE-35.pdf
)
Les Enseignes: faire face au dclin des centres commerciaux
traditionnels
Pour les enseignes, ce nouveau type de centre commercial, les
retail parks, reprsente une nouvelle stratgie pour tenter de
contrer la concurrence des ventes par internet dans un contexte
national de march satur et de recul des ventes (-0,2% pour le
chiffre daffaire des centres commerciaux franais en 2012 source:
http://www.courrierdelouest.fr/actualite/angers-le-centre-commercial-latoll-16-01-2013-98803,
http://www.developpement-construction.com/wp-content/uploads/2012/10/Focus-Le-renouvellement-du-marche-de-l-immobilier-commercial-en-France.pdf
), en alliant offre marchande groupe, avec possibilit de comparer
entre les magasins, et offre de loisirs. En effet, en dehors
dAlina, au concept proche dIkea, loffre commerciale dAtoll napporte
pas dinnovation majeure dans lagglomration angevine. Par ailleurs,
la mise en place dun service de-commerce, avec achat en ligne et
rcupration des produits sur un seul site serait ltude.
Pour Alina, les rsultats lissue de la premire anne sont
suprieurs de 12% aux prvisions (source:
http://www.entreprises.ouest-france.fr/node/91672 ).
Pour Maisons du Monde et But, les chiffres aprs 1 an sont
annoncs comme nettement suprieurs ceux de leurs anciens magasins.
(source:
http://www.loire-net.tv/news/un-an-apres-l-atoll-depasse-largement-ses-objectifs_1
). Quant au restaurant McDonalds, il figurait au printemps 2013
dans le trio de tte des records de frquentation hebdomadaire
national. (source: Le Monde diplomatique, avril 2013).
Dans lensemble, les diffrentes enseignes semblent satisfaites de
cette premire anne, lexception de Castorama, pour qui les ventes ne
sont pas la hauteur des prvisions (25 millions deuros de chiffre
daffaires au lieu des 36 prvus), du fait de la perte dune partie de
la clientle professionnelle, et des petits achats pour les
particuliers. En cause la difficult de stationnement pour charger
les matriaux encombrants, et lloignement du centre ville pour les
petits achats de bricolage. Des amnagements, notamment en terme de
stationnement sont prvus. (source:
http://www.entreprises.ouest-france.fr/node/82892,
http://www.loire-net.tv/news/un-an-apres-l-atoll-depasse-largement-ses-objectifs_1
)
Dans lensemble, ce nouveau concept de centre commercial semble
avoir trouv son public sur Angers et justifier linvestissement
ralis par les enseignes. Leffet dagglomration du au regroupement
des enseignes en un seul site semble fonctionner pour augmenter
leurs ventes. La valeur ajoute quelles obtiennent, en dehors des
salaires gnralement faibles verss aux salaris des magasins ou
restaurants, quitte dans sa plus large partie le territoire de
lagglomration. En effet, lessentiel des flux montaires hors
salaires, quils partent vers les fournisseurs (souvent extrieurs la
rgion, et mme lEurope), les transporteurs ou les actionnaires,
scoule du bassin de consommation dAngers vers lextrieur.
Lagglomration, ses commerces et ses habitants
LAgglomration et ses lus: un projet de prestige
Pour Angers Loire Mtropole, la construction du centre commercial
sinscrit dans un cadre de concurrence entre ples urbains.
LAtoll, cest une enveloppe ddie au commerce et lquipement de la
maison bien sr, mais cest aussi une vitrine, un amnagement phare
qui va donner Angers et son territoire une image dfinitivement
moderne et innovante. LAtoll va contribuer rgionaliser la mtropole
dAngers, souligne le prsident dAngers Loire Mtropole, Jean-Claude
Antonini. (source:
http://www.angersloiremetropole.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/METROPOLE-35.pdf
) Il sagit de prendre des parts de march aux mtropoles voisines et
concurrentes, de valoriser limage de la ville, dattirer les
investisseurs, et pour les lus de raliser des grands projets
montrant leur activisme, particulirement dans un contexte de crise
conomique.
Les retombes fiscales sous forme dimpts locaux et les avantages
ventuellement concds au promoteur ou aux enseignes nont pas fait
lobjet de communication publique.
Les Commerces: toujours plus grand face la concurrence
Si nous ne disposons pas dinformations concernant les autres
centre commerciaux, il semble que Grand Maine, le plus proche, ait
t assez fortement impact, au moins dans les premiers mois aprs
louverture: Frdric Batse : oui, limplantation dAtoll a impact les
commerants du quartier du Lac de Maine, cest un point qui nous est
connu (certaines enseignes dplorent une perte clientle journalire
de 30 35%, NDLR). (Source:
http://www.entreprise-angers.com/dimanche-noel-angers-frederic-beatse-n96568.html
-Publi le 17/10/2012). Daprs les dcideurs politiques, lAtoll, en
attirant des publics lointains, devait aussi se rvler bnfique pour
le centre ville, les clients tant senss profiter de leur venue sur
Angers pour aller visiter le chteau, le centre historique, et au
passage consommer. (source:
http://www.angersloiremetropole.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/METROPOLE-35.pdf
) On peut noter que le fait que lAtoll reste difficilement
accessible en transports en commun (une demi-heure depuis le centre
ville, avec en moyenne un bus toutes les 30 minutes), quil soit
excentr et que louverture rcente de la ligne de tramway ait permis
de redynamiser le centre ville sont autant de facteurs qui limitent
la concurrence envers les commerces centraux.
Le dveloppement de lAtoll et du futur parc sur le thme du sport
et des loisirs dans la Z.A. de Marcill, en faisant concurrence aux
centre commerciaux existants, incite ceux-ci investir et stendre
pour maintenir leur clientle, comme le promoteur Hammerson Grand
Maine (source:
http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-La-Ville-veut-maitriser-l-extension-de-Grand-Maine_loc-1744703_actu.Htm
), dans un contexte de forte extension des surfaces commerciales
dans lhexagone (+500000 m pour 2013, source:
http://www.courrierdelouest.fr/actualite/angers-le-centre-commercial-latoll-16-01-2013-98803
). On court ainsi le risque dune surenchre au btonnage, chaque
entreprise demandant le droit de dfendre ses parts de march en
tendant sa surface de vente, alors que dans son ensemble le march
stagne.
Des emplois prcaires et bas salaires
500 emplois nouveaux auraient t crs (source:
http://www.maisonemploi-angers.fr/index.php?id=492,
http://www.ville-emploi.asso.fr/actionave/cellule-emploi-formation-sur-la-creation-dun-parc-commercial-latoll/
), dont 120 pour le seul Alina, du moins pour les premiers jours
douverture, dont 3 postes de cadres (source:
http://www.maisonemploi-angers.fr/uploads/media/Tableau_offres_2012_12_17.pdf,
Mtropole n35 ), sur un total de 800 emplois, la moiti tant due au
dplacement denseignes, telles Boulanger ou Castorama. (source:
http://www.angersmag.info/Atoll-recrutement-a-l-automne-prochain_a2975.htm
). Dans le but de faciliter le recrutement de personnel par les
enseignes, une convention a t signe entre Angers Loire Mtropole, la
Maison pour lEmploi et la Compagnie de Phalsbourg, mettant
notamment en place une cellule formation, systme bnficiant de
financements de ltat et de Ple Emploi.
Dans ce cadre une cinquantaine de personnes en difficult daccs
lemploi (Mtropole n35) ont t embauches par les entreprises de
restauration, soit la moiti des recrutements de ce secteur. Daprs
un autre dcompte portant sur 250 de ces 500 nouveaux emplois
(http://www.ville-emploi.asso.fr/actionave/cellule-emploi-formation-sur-la-creation-dun-parc-commercial-latoll/
), 41% concerneraient des demandeurs demploi de longue dure, 9% des
habitants des quartiers de la politique de la ville dAngers et
Trlaz, 7% de seniors et 4,7% de personnes bnficiant de lobligation
demploi (handicap). On peut cependant sinterroger sur la prennit de
ces emplois.
Ce type de retail park entrane par ailleurs la cration demplois
autres que ceux de la vente ou de la restauration, notamment dans
les domaines de la scurit et du nettoyage, pour lesquels il est
fait appel des sous-traitants (ONET, Securitas, Scurit
Protection).
Dans lensemble, il sagit demplois prcaires, bas salaires et pour
beaucoup temps partiel. (source:
http://www.bastamag.net/Toujours-plus-pourquoi-les-centres#nb11 )
Le centre est ouvert le dimanche pour les restaurants, et les jours
fris en dehors du 1ier Mai, du 25 Dcembre et du 1ier Janvier. Les
commerants se plaignent dailleurs du manque de frquentation pendant
la semaine. Du fait de la difficult daccs en transports en commun,
les salaris doivent presque imprativement pouvoir disposer dun
vhicule pour rejoindre leur lieu de travail.
Enfin, concernant le reste de la population de lagglomration, ce
centre vise, tout autant qu leur vendre des articles de mobilier ou
de dcoration, se positionner comme un nouvel espace de loisirs
privatis (cf. 2.4.).
Notre Analyse
Si des emplois ont bien t crs, et si la construction a cr un
surcrot temporaire dactivit, un tel projet rpond plus des impratifs
financiers quconomique: il sagit avant tout de trouver des relais
de croissance pour un modle bout de souffle, celui des centres
commerciaux de priphrie, et de permettre aux financiers de placer
leurs capitaux dans de grands ensembles immobiliers.
Enseignes nationales et internationales, promoteur parisien,
fournisseurs trangers: le centre commercial est compltement
dconnect de lconomie de son territoire. Il attire des consommateurs
loigns, mais la valeur capte et les profits gnrs sont destins
quitter le territoire, avec peu de retombes locales.
Un autre dveloppement local est-il possible? Un dveloppement
crateur demploi, qui augmente lactivit locale en facilitant
linsertion de populations dfavorises?
Pistes alternatives
Rpondant au mme objectif de satisfaire la demande en produits de
dcoration et dameublements sur lagglomration angevine, de
nombreuses alternatives existent, cratrices dactivit, valorisant
les ressources locales et crant du lien social, tout en tant bien
plus respectueuses de lenvironnement quun centre de distribution
situ en priphrie de ville.
Nous pouvons dun ct citer toutes les activits visant prolonger
la dure de vie des meubles et articles lectromnagers, sopposant
ainsi au courant dominant du jetable impos par la Grande
Distribution, tout simplement par la rcupration des meubles hrits
de nos grand-parents, la dure de vie suprieure celle de leurs
usagers, par le troc (par exemple via le rseau La Trocante), par la
rcupration. Une alternative sexprime: Les dchets des uns font la
matire premire des autres. Les principes de remploi et de recyclage
se developpent enormement a ce jour. Pronant des enjeux sociaux
(participation de chantiers dinsertion), economiques (reduction des
couts denfouissement) et environnementaux (reutilisation des
dechets), ils sinstallent comme lalternative a adopter. En Val de
Loire, plusieurs structures exploitent deja la filiere : Emmaus le
generaliste [qui a ouvert rcemment une antenne en centre ville,
boulevard Carnot], Envie Anjou le specialiste de lelectromenager,
Apivet le specialiste textile, La creation dune filiere specialisee
mobilier est un enjeu veritable. (Source:
http://www.utopies-ligeriennes.org/du-fer-au-faire-patrimone-du-futur/
).
2.4. Discussion des aspects socio-culturels
"L' Atoll un nouveau monde de shopping ":
Cette phrase accrocheuse est en premire ligne sur le site
Internet de lAtoll, le nouveau "parc commercial" de l'agglomration
d'Angers.
Pour accder au rang despaces vocation rgionale, l'Atoll, tout
comme certaines zones dactivits commerciales a tent la
diversification comme moyen de se dmarquer despaces commerciaux
plus classiques, en enrichissant loffre de loisirs et les ambiances
ludiques.
Les familles profitent des espaces de dambulation et de
restauration rapide, considrant le lieu comme un espace de vie,
ngligeant par ailleurs les centres-villes plus traditionnels o
elles se retrouvent de moins en moins.
Import des tats-Unis, le concept de"fun shopping"est arriv en
Europe rcemment. La grande distribution franaise a adapt cette
approche alliant commerce et loisirs notre culture.
Terme anglo-saxon n de la contraction de retail (commerce) et
entertainment (divertissement), le retail-tainment reprsente un
concept de distribution o l'on tente d'allier les deux activits.
Cela donne des centres commerciaux pouvant tre dots de salles de
spectacles, de zoo et/ou de parcs d'attraction et o des animations
sont menes en permanence. Le but avou est de gnrer du trafic en
incitant les clients venir pour d'autres raisons que le simple fait
de faire leurs courses.
Acheter est devenu un loisir, souligne Pierre-Jean Richard, le
directeur des amnagements et des concepts de la Fnac. On va dans un
magasin d'abord pour se distraire, dcouvrir des nouveauts et
ensuite pour acheter. Il faut donc la fois des magasins
performants, o le client trouve vite les produits qu'il cherche,
mais aussi conviviaux et - c'est la grande nouveaut- tonnants
(source:
http://www.lsa-conso.fr/la-revolution-du-fun-shopping,42663 ).
LAtoll propose une carte de fidlit aux meilleurs clients donnant
accs certains services, notamment au salon VIP (pour ceux qui ont
dpens au moins 1500 euros dans lun des magasins du centre, source:
Le Monde Diplomatique, Avril 2013, pp.8-9). Se cre ainsi au sein de
ce nouveau type despace public une sgrgation fonde sur la
consommation.
Ces centres commerciaux regroupent deux activits constituant des
domaines conomiques trs diffrents. Le promoteur dun quipement
commercial raisonne en m, alors que le gestionnaire dun quipement
ludique est proccup par la dure de la visite. Comme TF1 vend du
temps de cerveau disponible aux annonceurs publicitaires, le
gestionnaire de lAtoll vend du temps de dambulation des
consommateurs dans son centre commercial. Cest ensuite aux
enseignes dinciter ceux-ci dpenser dans leur magasin. Des logiques
diffrentes qui rendent complexes la juxtaposition de ces activits
sur un mme espace.
50Se pose aussi la question de la qualit de ces nouveaux espaces
ouverts au public mais sous gestion et contrle du secteur priv. Le
maintien de lordre public est privatis, dlgu des socits de
gardiennage. Par ailleurs, la diffrence dun centre-ville, le centre
nest accessible quaux horaires douvertures des magasins et
restaurants (de 9h minuit).
Est-ce le dbut d'une dsaffection du centre-ville haute valeur
patrimoniale, considr par une majorit des habitants comme le
creuset de la cit, dfaut dtre le principal espace marchand?
Texte largement inspir des travaux de Ren-Paul Desse
Professeur durbanisme lUniversit de Bretagne Occidentale
(Brest).
http://www.cairn.info/revue-flux-2002-4-page-6.htm
En guise de conclusion
Alors, l'Atoll est-il un co-parc commercial? S'il faut
reconnatre l'attention porte la conception technique du centre
commercial, cela ne nous semble pas peser lourd face aux mfaits du
projet global. Renforcement des ingalits territoriales; vasion de
la richesse du territoire; maintien d'un systme intgr de
production, de distribution et de consommation non durable,...
Ce projet a t initi par des lus locaux qui se vivent comme des
chefs d'entreprise du territoire, cherchant gagner des parts de
march dans la comptition mondiale des territoires (et de leurs
habitants) les uns contre les autres.
Ils trouvent dans leur qute du toujours plus des allis de
circonstances dans de grandes entreprises en qute d'investissements
pharaoniques pour leurs immenses liquidits financires.
Un tel projet ne peut cependant exister et avoir un certain
succs, du moins en termes de frquentation, qu'en raison d'une
culture consumriste ancre dans la socit.
Le dveloppement d'une culture de citoyennet active, allant du
local au global, et de l'individu au collectif, est plus que jamais
un chantier d'actualit pour russir la transition sociale et
cologique de nos socits.
Attac, association d'ducation populaire tourne vers l'action, y
contribuera. Rejoignez-nous!
Notre site web: http://local.attac.org/attac49/
Nous contacter: [email protected]
Notre lieu de rencontre: 1 rue Bardoul, 49100 ANGERS
Soutenir le mouvement:
http://france.attac.org/agir-avec-attac/
Depuis 2009, sous limpulsion dinvestisseurs, de promoteurs et de
gestionnaires, une nouvelle gnration de parcs dactivits
commerciales connat un essor important les Retails Parks. Ils
revendiquent une architecture soigne et intgre de faon harmonieuse
dans leur environnement, ainsi quun meilleur confort pour le
consommateur.
Ils constituent un produit hybride entre les anciens PAC et les
centres commerciaux. Outre leur monte en gamme par rapport aux
parcs dactivits ancienne gnration, leur conception et leur
fonctionnement sen dmarquent trs nettement puisque lunit de gestion
y est de mise.
Un oprateur unique dfinit les contours du lieu grce des
infrastructures communes, dtermine le montant des loyers et des
charges, slectionne les enseignes qui sy installent, labore la
politique de communication et danimations commerciales, dicte les
rgles de fonctionnement.
Ces Retails Parks offrent de meilleures prestations, optimisant
laccueil de la clientle : desserte amliore, parking unique et
vaste, prsence dagents de scurit et de propret, de terrasses et de
jardins. Outres les espaces verts, ils intgrent souvent des
quipements de loisirs : mini parcs dattractions, parcours de sant,
animations multiples. (source: HYPERLINK
"http://www.developpement-construction.com/wp-content/uploads/2012/10/Focus-Le-renouvellement-du-marche-de-l-immobilier-commercial-en-France.pdf"http://www.developpement-construction.com/wp-content/uploads/2012/10/Focus-Le-renouvellement-du-marche-de-l-immobilier-commercial-en-France.pdf
)
Illustration SEQ "Illustration" \*Arabic 2: (source ADEME:GUIDE
DE LECTURE DU REFERENTIEL MEUBLES EN BOIS BP X30-323-4
Cette uvre est mise disposition selon les termes de la HYPERLINK
"http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/"Licence Creative
Commons Attribution - Pas dUtilisation Commerciale - Partage dans
les Mmes Conditions 4.0 International.
Illustration SEQ "Illustration" \*Arabic 1: Source : Guide
biodivesit et Bti, ralis par la LPO
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