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DEVELOPPEMENT ET PAIX - PREFED
LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE A UN TOURNANT
COORDINNATION : SERGE BLAIS ET SYLVESTRE KAMBAZA PROF. MPASI A
TEZO LUBAKI & MR. BENJAMIN MUKULUNGU : ANALYSES
MRS. CHARLES MUSHIZI ET GUY MUSASA COLLECTE DONNEES
JANVIER 2004.
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SOMMAIRE SOMMAIRE .. 1 INTRODUCTION ... 2 CHAPITRE 1 :
PERCEPTION DE LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE PAR DES PERSONNES SE
SITUANT
EN DEHORS DELLE ... 3 1.1. INTRODUCTION ... 3 1.2. QUESTIONNAIRE
POUR LETUDE DE LIMAGE DE LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE.. 3 1.3.
REPONSES AU QUESTIONNAIRES 4
1.3.1. La contribution de la Socit Civile . 4 1.3.2. Limage de
la Socit Civile .. 5 1.3.3. Ce que devrait faire la Socit Civile
congolaise pour mieux jouer son rle .. 6
1.4. EN GUISE DE CONCLUSION .. 6 CHAPITRE 2 : BREVE ANALYSE DE
LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE, DANS SON EVOLUTION,
ET QUELQUES QUESTIONS SOULEVEES ... 8 2.1. INTRODUCTION 8 2.2.
LA SOCIETE CIVILE DE 1990 A 1998 . 8 2.3. LA SOCIETE CIVILE DAOUT
1998 A SEPTEMBRE 2001 11 2.4. LA SOCIETE CIVILE NATIONALE DE
SEPTEMBRE 2001 A JANVIER 2003 13 2.5. LA SOCIETE CIVILE NATIONALE
DE FEVRIER 2003 A JANVIER 2004 .. 14 CHAPITRE 3 : ANALYSE DE
LEXPERIENCE DE LA CNPD . 16 3.1. CONTEXTE DE LA CREATION DE LA CNPD
16 3.2. LES REALISATIONS DE LA CNPD . 16
3.2.1. Les actions diriges vers la Communaut Internationale ..
16 3.2.2. Les actions en direction des Populations Congolaises ..
17
3.3. LES IMPACTS DES ACTIONS DE LA CNPD .. 17 3.4. LEVALUATION
DE LA CNPD . 18
3.4.1. Au point de vue positif 18 3.4.2. Au point de vue ngatif
.. 18
3.5. LECONS A TIRER DE LEXPERIENCE DE LA CNPD 19 CHAPITRE 4 :
QUELLE RE-ORGANISATION DE LA SOCIETE CIVILE POUR PLUS DIMPACT
PENDANT
LA TRANSITION POLITIQUE DIAGNOSTIC DES PROBLEMES STRUCTURELS ET
RECOMMANDATIONS 21
4.1. LA SOCIETE CIVILE DE LA RDC :CE QUELLE EST, SELON UNE ETUDE
REALISEE EN 2000 21
4.1.1.En ce qui concerne la vision de la Socit Civile 21 4.1.2.
En ce qui concerne les animateurs de la Socit Civile et la gestion
des Associations .. 21 4.1.3. En ce qui concerne les actions de la
Socit Civile 22
4.2. LA SOCIETE CIVILE DE LA RDC : CE QUELLE DEVRAIT ETRE, SELON
UNE ETUDE REALISEE EN 2000 23 4.3. LA PERSISTANCE DES PROBLEMES
STRUCTURELS DE LA SOCIETE CIVILE DE LA RDC 25
4.3.1. Le clivage entre les animateurs de la Socit Civile des
Provinces et de Kinshasa . 26 4.3.2. Le positionnement politique et
la lutte pour accder au pouvoir des leaders des composantes de la
Socit Civile 26 4.3.3. La mise en place des structures peu viables
et peu inclusives .. 26 4.3.4. Une Socit Civile tombe en lthargie
depuis la mise en place des Institutions de la Transition politique
27
4.4. QUELLE RE-ORGANISATION POUR LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE
POUR PLUS DIMPACT AU COURS DE LA TRANSITION POLITIQUE ? 27
4.4.1. Au niveau des Provinces .. 28 4.4.2. Au niveau national
... 29 4.4.3. Au niveau de lAssemble Nationale, du Snat et des
Institutions dappui la dmocratie 30
4.5. CONCLUSION . 31 5. CONCLUSION GENERALE ... 32
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INTRODUCTION
Cette tude a t ralise sur demande de lorganisme canadien
Dveloppement et Paix . Le principal but de celle-ci est de produire
des documents de rflexion qui peuvent contribuer lenrichissement
des dbats lors de diffrentes rencontres des animateurs de la Socit
Civile, tous les niveaux. Elle a t ralise partir des donnes et des
observations rcoltes auprs des acteurs de la Socit Civile, actifs
ou pas dans le fonctionnement et la gestion de celle-ci, et auprs
dautres personnes, de nationalit congolaise ou trangre, informes
sur celle-ci. Cette tude comprend quatre chapitres successifs et
complmentaires, les prcdents facilitant la comprhension des
suivants. Le premier chapitre prsente la perception de la Socit
Civile congolaise par des personnes (de nationalit congolaise ou
trangre) se situant en dehors de celle-ci, le second fait une brve
analyse de la Socit Civile congolaise dans son volution et les
diffrentes questions que celle-ci soulve. Le troisime chapitre est
une tude dun cas concret dune gestion collgiale dun projet par la
Socit Civile congolaise ; lexprience de la CNPD. Le quatrime et
dernier chapitre de cette tude est un questionnement et un dfi
lever sur la re-Organisation de la Socit Civile congolaise pour
plus dimpact pendant la Transition politique. En guise de
conclusion, ltude formule des orientations pour le renouveau de la
Socit Civile afin que celle-ci puisse jouer son vritable rle de
contre-pouvoir pendant cette Transition politique. Pour des raisons
pdagogiques, les points saillants soulevs ont t encadrs sous-forme
de constat suivi dune question de rflexion formule en fonction de
celui-ci, en vue de susciter les dbats au sein des groupes.
Lutilisation de cette tude devrait se limiter son but principal,
celui de susciter et denrichir les rflexions et les dbats dans les
diffrentes rencontres des animateurs de la Socit Civile. Elle ne
devrait pas tre comprise comme une prise de position de ses auteurs
ou de leurs Organisations, mais plutt comme une synthse enrichie et
documente des observations, avis, propositions et recommandations
des personnes, membres ou non de la Socit Civile, mais intresses
par celle-ci. Cette tude a t rendue possible grce au financement de
lOrganisme Catholique Canadien Dveloppement et Paix. Sa ralisation
a t coordonne par Serge BLAIS de lOrganisme prcit et Sylvestre
KAMBAZA ,du PREFED. Elle a bnfici des apports significatifs du
Prof. MPASI a TEZO LUBAKI et de Mr. Benjamin MUKULUNGU pour les
analyses et de Mrs. Charles MUSHIZI et Guy MUSASA pour la rcolte
des donnes sur terrain, auxquels nous prsentons nos sincres
remerciements.
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CHAPITRE 1 : PERCEPTION DE LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE PAR DES
PERSONNES SE SITUANT EN DEHORS DELLE
1.1. INTRODUCTION Ce chapitre porte sur limage que la Socit
Civile congolaise donne delle-mme, auprs dun certain nombre de
personnes Kinshasa.
Il est important, pour la Socit Civile congolaise, comme pour
tout tre humain qui veut progresser, de chercher, certains moments
de sa vie, savoir quelle image de soi-mme il donne ceux qui le
voient agir tel quil est organis ou savoir comment ces derniers le
voient, quelle image ils se font de lui, quelle perception ils ont
de lui. Si cette image est de nature mriter considration,
crdibilit, on cherche bien la soigner et lamliorer davantage pour
plus de crdibilit et defficacit dans ce quon a faire. Si, au
contraire, elle est de nature se faire dconsidrer, ne plus tre
crdible, on doit sefforcer de changer profondment ou damliorer ce
qui doit ltre pour sorganiser, agir et se comporter autrement en
vue de mieux remplir sa mission.
Nous reconnaissons que cerner limage de la Socit Civile
congolaise est un travail complexe et difficile, exigeant beaucoup
plus de temps et de moyens matriels que ce dont nous disposions.
Notre dmarche na pas de prtentions lexhaustivit ; nous proposons
ici, modestement, lesquisse de la perception de la Socit Civile par
un nombre limit de personnes. Nous souhaitons que le prsent
document soit reu comme un outil pouvant permettre aux animateurs
de la Socit Civile de se regarder comme dans un miroir et de voir
ce qui est changer, ce qui ne demande qu tre mieux arrang pour tre
mieux en forme et bien tenir son rang.
Au dpart, on a tent de connatre limage de la Socit Civile
congolaise auprs de 100 personnes, ainsi rparties : 10 du
Gouvernement dans sa configuration actuelle, 10 Hauts
fonctionnaires de lEtat, 10 Administrateurs de Territoire, 10 Chefs
et Notables Coutumiers, 10 Ambassades, 10 Organisations
Internationales, 10 Vendeuses de march, 10 Chauffeurs de taxi, 10
Etudiants de diffrents tablissements universitaires et suprieurs,
10 Partis politiques. Nous avons obtenu un total de 77 rponses
notre questionnaire : 4 Ministres, 10 Hauts fonctionnaires de
lEtat, 10 Administrateurs de Territoire, 10 Chefs et Notables
Coutumiers, 10 Vendeuses de march, 10 Etudiants, 10 Chauffeurs de
taxi, 8 Partis politiques et 5 ONG Internationales. Concernant les
catgories de population, la consigne donne nos deux enquteurs a t
de prendre des gens au hasard, sans a priori, lessentiel tant quils
soient vritablement habitants de Kinshasa et quils acceptent de
rpondre aux questions
1.2. QUESTIONNAIRE POUR LETUDE DE LIMAGE DE LA SOCIETE CIVILE
CONGOLAISE. Un questionnaire, questions ouvertes, a t utilis pour
cerner limage que la Socit Civile congolaise donne delle-mme. Ces
questions ont t regroupes selon les 3 thmes suivants : 1. Selon
vous, la Socit Civile a-t-elle initi des actions qui ont contribu
:
la paix du pays ? la dmocratisation du pays ? la lutte contre la
pauvret ?
2. Quelle image vous faites- vous de la Socit Civile congolaise
?
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3. Par rapport votre perception de la Socit Civile congolaise,
que pensez-vous quelle devrait faire pour mieux jouer son rle au
cours de cette Transition politique du pays ?
1.3. RPONSES AU QUESTIONNAIRE 1.3.1. La contribution de la Socit
Civile a) la paix dans le pays La grande majorit des personnes
reconnaissent la contribution de la Socit Civile la recherche de la
paix dans le pays, et elles citent :
Ses marches de protestation contre la guerre et ses sit-in
devant les Ambassades et la Reprsentation de lONU Kinshasa pour la
paix
Son refus de la partition de la RDC. Ses nombreuses dnonciations
des violations des Droits de lHomme et notamment
des massacres de la population pendant la guerre dagression et
des autres effets de cette guerre.
Ses prises de position contre la prise de pouvoir par les armes,
bref son combat contre la violence et donc contre la guerre, pour
une paix durable dans le pays.
Des forums, des rencontres, ainsi que de nombreux cultes
organiss par elle avec les responsables des confessions
religieuses, ainsi que la mise en garde des Evques en faveur de la
paix.
Son travail de sensibilisation et dducation de la population la
culture de la paix et ses colloques sur la paix.
Sa participation la CNS. Ses travaux de prparation des cahiers
de charge en vue du Dialogue Inter-Congolais
(DIC) et sa participation ce DIC ayant abouti lAccord Global et
Inclusif avec tout ce qui en dcoule comme la Constitution et les
Institutions de la Transition politique, donc avec la paix relative
qui rgne actuellement dans le pays.
b) la dmocratisation du pays. Ici encore une grande majorit de
rpondants reconnaissent la contribution de la Socit Civile la
dmocratisation du pays, ils voquent :
Son rle minent jou la Confrence Nationale Souveraine (CNS), dont
le Prsident tait sorti de ses rangs, et dans la journe du 16 fvrier
1991, communment appele journe de la marche des chrtiens, qui
obligea le rgime dictatorial en place de rouvrir les travaux de la
CNS bloqus par lui.
Son combat pour linstauration dans le pays dun Etat de droit,
travers des marches, des confrences, des villes mortes et des
manifestations de toutes sortes qui ont affaibli la dictature de
Mobutu.
Ses dnonciations des violations des Droits de lHomme. Ses prises
de position contre la suspension des activits des Partis politiques
par le
rgime AFDL, donc en faveur de leur libralisation. Les
dclarations des Chefs des Confessions religieuses et des mamans
congolaises en
faveur de la dmocratisation. Ses prises de position contre la
prise du pouvoir par les armes, et ses demandes pour
des lections libres, dmocratiques et transparentes.
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Ses nombreux sminaires de vulgarisation de la dmocratie et ses
activits dducation civique de la population la base.
Ses dnonciations contre la mgestion de lappareil de lEtat. Sa
participation au DIC jusquaux Institutions de la Transition
politique du pays.
c) la lutte contre la pauvret Les coopratives dpargne et crdit
et dautres Institutions de micro-finance
fonctionnent la base. Les activits gnratrices des revenus (AGR)
ont t renforces au niveau des familles
et des Associations. Les secteurs informels (artisanat, petit
commerce, ) bnficient de lencadrement
des ONG. Les ONGD ont bas leurs intentions daction sur la
philosophie de lauto-prise en
charge. Les ONGD ont renforc leurs appuis en intrants agricoles
et en espces animales et
vgtales gntiques plus productives. Des assistances caritatives
en nourritures ont t ngocies de lextrieur et distribues
au plus dmunis, surtout dans les villes.
1.3.2. Limage de la Socit Civile. En ce qui concerne limage de
la Socit Civile et de ses animateurs, la grande majorit des
rpondants a une perception ngative. On peroit les leaders de la
Socit Civile comme : Des personnes qui ont abandonn la noble
mission de la Socit Civile. Des gens tenant un discours hypocrite
et roublard pour leurs intrts personnels plutt que
pour ceux du peuple. Des gens qui travaillent par opportunisme
pour accder au pouvoir et senrichir. Des personnes qui dissimulent
leurs objectifs qui sont les mmes que ceux des
responsables des Partis politiques. Comme les politiciens, ils
veulent diriger au nom de la population mais en ralit ils
privilgient tous leurs intrts gostes. Des personnes qui se
servent de la population comme marche-pied. Une Socit Civile des
politiciens qui se fait passer pour une Socit Civile apolitique.
Ils perdent leurs nergies dans des querelles de leadership. Ils se
laissent manipuler et corrompre facilement comme les politiciens.
Une minorit de rpondants dit cependant de la Socit Civile quelle
compte aussi : Des personnes qui ont le souci du bien-tre de la
population et qui mnent des actions en
consquence Des gens sincres prenant cur le bien-tre de la
population. De personnes qui parlent moins et organisent des
travaux pour lauto-prise en charge
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1.3.3. Ce que devrait faire la Socit Civile congolaise pour
mieux jouer son rle. Les rpondants au questionnaire nont cependant
pas perdu foi en lavenir de la Socit Civile congolaise, sa
contribution au bien-tre et au dveloppement du peuple congolais.
Les personnes interroges souhaitent, dans leur grande majorit, que
cette dernire passe par une renaissance, reparte sur des bases
nouvelles ; bref, quelle passe par une refondation pour mieux
remplir sa mission. Les rpondants ont exprim cette ide de la faon
suivante : la Socit Civile congolaise doit :
Avoir lobjectif dinfluencer le pouvoir en faveur du bien-tre de
la population et non de lexercer.
Redevenir un lieu privilgi dun dbat dmocratique, de
conscientisation, de rflexion pour le bien-tre de tous.
Mettre en pratique ses discours. Revenir la base pour mettre au
point des stratgies permettant de mieux aider la
population et lduquer. Remplir son rle avec une autodiscipline
lui permettant de se dmarquer des pratiques
politiciennes. Ne pas chercher accder au pouvoir cause de la
boulimie. Ne pas se laisser corrompre.
Pour y arriver, les rpondants suggrent :
une profonde restructuration de la Socit Civile par le
renouvellement de sa classe dirigeante ;
se donner une thique et renforcer son code de bonne conduite ;
un changement radical des mentalits des animateurs : un veil du
patriotisme,
lhabitude de lier la parole lacte, de faire respecter et de
respecter soi-mme les textes lgaux, y compris ceux qui rgissent les
Associations et Organisations membres de la Socit Civile ;
garder le contact avec le peuple pour bien connatre ses
attentes, ses desiderata et lui rendre compte de ce quon ralise en
son nom ;
tre unie et soude ; mettre en place des mcanismes de
consultation de la population afin de bien
connatre ses attentes et ses besoins rels ; laborer des
stratgies de lutte efficaces pour amener les dcideurs
politiques
travailler efficacement pour le bien-tre de la population ;
encadrer la population par lducation civique ; dfendre les intrts
de la population en jouant le rle de contre-poids face au
pouvoir ; faire tout ce qui est en son pouvoir en usant de
toutes les stratgies efficaces pour
quil y ait des lections la priode prvue ; informer la population
sur les lections et la former pour bien sy prparer, afin que
les politiciens ne la trompent plus ; vivre en son sein la
dmocratie quelle souhaite voir se vivre au niveau de lEtat
comme de toute la population.
1.4. EN GUISE DE CONCLUSION. Globalement, deux constats
principaux se dgagent de lexercice de comprhension de la perception
de la Socit Civile congolaise par des personnes interroges Kinshasa
:
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1 Dun ct, on reconnat la contribution significative de la Socit
Civile aux grands
enjeux de la population Congolaise : la paix, la dmocratie, et
dans une moindre mesure la lutte la pauvret.
2 Dun autre ct, on affirme majoritairement que la Socit Civile
sest dtourne de
sa mission premire, que ses animateurs ont abandonn la lutte
pour le mieux-tre de la population au profit dintrts
personnels.
La relation de confiance vis--vis de la Socit Civile et des ses
animateurs a t
branle, les personnes interroges pensent quil est possible de la
reconstituer et ils suggrent plusieurs pistes cet effet. La balle
est maintenant dans le camp de la Socit Civile :
Constat n 1 : La population congolaise ne fait plus confiance
aux leaders de la Socit Civile pour dfendre ses intrts, elle a
plutt tendance les assimiler des politiciens la recherche
davantages personnels. Question : Que peut faire la Socit Civile
pour rtablir une relation de confiance avec la population ?
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CHAPITRE 2 : BREVE ANALYSE DE LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE, DANS
SON EVOLUTION, ET QUELQUES QUESTIONS SOULEVEES
2.1. INTRODUCTION Lon fait ici une brve analyse de la Socit
Civile congolaise vue dans son volution. Quatre priodes de son
volution sont considres, savoir : de 1990 aot 1998 ; daot 1998
septembre 2001 ; de septembre 2001 janvier 2003 ; de fvrier 2003
janvier 2004. 2.2. LA SOCIETE CIVILE DE 1990 A 1998 Au milieu des
annes 80, la dictature de Mobutu avait dj largement min lEtat du
Zare. Des Organisations apparurent alors pour offrir des services
auparavant sous la responsabilit de lEtat : dveloppement rural,
ducation, sant, pargne, etc. La chute du mur de Berlin provoqua la
fin du parti unique au Zare comme dans plusieurs pays africains.
Une presse libre, des syndicats indpendants virent alors le jour.
La Socit Civile congolaise apparaissait de plus en plus comme un
vivier do venaient les voix pour la dmocratie, le respect des
droits humains fondamentaux et la fin de larbitraire. Elle va
cependant tre amene affronter des situations de plus en plus
complexes et difficiles. Car, malgr son discours douverture, le
dictateur Mobutu tenta avec succs de bloquer le processus de
dmocratisation engag au dbut de lanne 90 en provoquant des dsordres
et des violences dune ampleur jusqualors inconnue dans le pays :
massacres des tudiants de Lubumbashi, non paiement de la solde des
militaires, pillages, etc.
Relevons que la Socit Civile, nouvel acteur sur la scne
politique, tait cette priode organise de manire ingale dans le
pays. Au Sud-Kivu, o elle tait dj suffisamment organise, elle
runissait les glises, les ONG, les oprateurs conomiques, les
tudiants, etc. Ce regroupement de diverses forces sociales put
jouer un rle dans la gestion de la cit. Cest ainsi que grce au
travail de mdiation de la Socit Civile, Bukavu a t la seule ville
du Zare ne pas connatre les pillages des militaires. Ailleurs dans
le pays, il existait a et l des embryons dOrganisation, dans
dautres Provinces, il ny avait aucune structuration de la Socit
Civile.
Lon comprendra ds lors le rle que la Socit Civile du Sud-Kivu va
jouer, un moment donn, dans la structuration de la Socit Civile au
niveau national. Mobutu a d accepter le principe de la tenue de la
Confrence Nationale en mettant en place sa Commission prparatoire.
Dans le cadre de cette Commission, les Associations et les ONG de
Kinshasa furent invites participer un atelier, du 20 au 22 avril
1991, convoqu par le CRONGD-Kinshasa, sur linitiative de la
Solidarit Paysanne, une ONG du Sud-Kivu. Objectif de latelier :
sunir et sorganiser pour participer efficacement aux travaux de la
CNS (Confrence Nationale Souveraine) et influencer de manire
significative ses dcisions. Ce fut la fin de cet atelier quest ne
la Socit Civile congolaise dans son acception et sa configuration
actuelles, en tant quun regroupement coordonn, constitu
dAssociations et dONG. Pour la premire fois, au niveau national, la
dlgation des forces sociales est nommment appele Socit Civile et
qui, la diffrence de deux autres composantes de la CNS, se donne
lobjectif prcis ci-haut rappel. Un Comit de Coordination de 8
secteurs dactivits identifis est alors mis en place. Il compte 34
membres.
Pendant les travaux proprement dits de la CNS, le Comit de
Coordination est remplac par le Collge Inter-rgional de la Socit
Civile, incluant ses Reprsentants venus de chaque
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Province. Grce cette Organisation, laction de la Socit Civile
fut trs remarquable au sein de la CNS. La Socit Civile a alors
sembl incarner les attentes de limmense majorit de la population
congolaise. Mais la CNS va se terminer dans un contexte o la
dictature de Mobutu, quoique considrablement affaiblie, continue de
sexercer. Grce sa politique de diviser pour rgner, en se faisant
une clientle politique dvoue sa cause coups dargent et de
nomination des postes politiques sources de richesses et de
prestige social, le Collge Inter-rgional de la Socit Civile va
disparatre, laissant la Socit Civile saffirmer dans la dispersion
des forces sous des dnominations diverses. Cest peut-tre le lieu de
relever ici quun des traits caractristiques de la Socit Civile
congolaise, dans son volution, est-ce quon peut appeler sa faible
capacit de se donner une Organisation souple, conforme sa nature
dun regroupement compos dAssociations et dONG diverses gardant leur
personnalit juridique et une Organisation fonde sur une vision
claire de ce quon veut tre ainsi que de la mission accomplir, tout
en sachant ladapter lvolution du contexte.
Le blocage du processus de dmocratisation acclra la dliquescence
de lEtat zarois ; les ONG alors devinrent des acteurs de plus en
plus remarqus de la vie politique et conomique du pays. La
dictature agonisante de Mobutu multipliant les violations des
droits humains, de nombreuses Organisations de dfense des droits de
la personne naquirent un peu partout (que plusieurs tentrent de se
fdrer au niveau national). Avec le retrait des cooprations
bilatrales et multilatrales et la dcomposition de lappareil dEtat,
seuls furent maintenus les appuis aux ONG locales. Il sen suivit
que ces Organisations occuprent un espace plus grand encore. Le
Conseil National des ONG de Dveloppement (CNONGD), avec ses
composantes provinciales, les CRONGD, est alors devenu un ple de
rassemblement et de structuration de la Socit Civile sur lensemble
du territoire national. Le CNONGD a organis des rencontres de
grande envergure sur les enjeux importants, dont la relance du
processus de dmocratisation bloqu aprs la CNS. Quelques semaines
peine aprs la prise du pouvoir par le Prsident L.D. Kabila, le
CNONGD organisait un nouveau colloque national Kinshasa sur le thme
de la reconstruction et de la dmocratisation en RDC. Des rencontres
provinciales suivirent. Une structure nationale de concertation de
la Socit Civile tait mise sur pied : le Comit de suivi de la Socit
Civile dot dun Secrtariat Technique.
Le nouveau rgime tenta de minimiser le rle de la Socit Civile,
il dclencha la rpression : des leaders furent emprisonns pour des
priodes variables, des Organisations infiltres et on tenta
dinstaurer des mesures tatillonnes de contrle. Mais aprs quelques
mois de replis stratgiques, la Socit Civile congolaise reprit son
combat pour la dmocratisation, pour lavnement dun Etat de droit et
la participation des citoyens leur propre dveloppement.
La priode 1990-1998 marque lentre en scne de la Socit Civile
comme acteur significatif de la vie de la nation en RDC. Il
convient ici de souligner que certaines comprhensions du concept de
Socit Civile en RDC et certaines pratiques sont lies au contexte
propre cette priode.
Thoriquement, la Socit Civile est constitue des forces sociales
qui ne sidentifient ni lEtat, ni aux Partis politiques. Et qui dit
forces sociales veut ncessairement dire Organisations, Structures,
Associations qui ont une base sociale (membres, fidles, adhrents,
etc.) qui peut tre mobilise pour un objectif. La Socit Civile peut
avoir une influence dans la vie dune nation dans la mesure o lon
peroit la capacit de mobilisation de leurs membres par les
Organisations qui composent cette Socit Civile. Par exemple, la
Socit
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Civile peut demander des dirigeants de rendre des comptes de
leur gestion, damender leurs politiques, de faire des rformes, etc.
; on peut croire que les dirigeants prendront en compte ces
demandes dans la mesure o ils croiront quelles reprsentent le point
de vue de larges couches de la population et que celles-ci sont
suffisamment bien organises pour se mobiliser pour faire valoir
leur point de vue. La Socit Civile peut-tre compose de groupes
dintrts (syndicats de travailleurs, tudiants, Corporations ou
Associations professionnelles, Associations de petits producteurs,
de commerants, de patrons, etc.), des Eglises, de groupes sociaux
(les jeunes, les femmes, les handicaps, etc.), dAssociations
caractre conomique (Associations locales de mamans, de paysans,
union dAssociations, coopratives, fdrations de coopratives, etc.)
et dAssociations caractre culturel ou ethnique. Au Congo, une autre
catgorie dOrganisation a trs tt occup une place prpondrante au sein
de la Socit Civile. Il sagit des ONG, ONG de Dveloppement et ONG
des Droits Humains. On peut galement associer la presse indpendante
cette catgorie ; on pourrait alors parler des intellectuels,
animateurs de ces ONG, qui ne sidentifient ni lEtat, ni aux Partis
politiques et qui sassocient aux forces sociales de la Socit
Civile. Cette catgorie dOrganisation est gnralement cre par un ou
quelques individus, elle peut comporter des membres. Mais dans la
pratique le membership des ONG est plutt rduit et relativement
symbolique. Nous avons vu quhistoriquement au Congo, plusieurs ONG
ont t cres pour suppler aux carences de lEtat, (dfense des droits
humains, appui au dveloppement : agriculture, sant, micro-finance,
dveloppement organisationnel, etc.). La mission de ces ONG laques
cres dans les annes 90, comme en fait celle des Ong
confessionnelles plus anciennes (BDD, bureau des uvres mdicales)
est de fournir des services la population et dtre rtribues pour ces
services (par les populations rarement, par des appuis extrieurs le
plus souvent). La nature des ONG est donc diffrente de celle des
Organisations de la Socit Civile qui regroupent un membership plus
large, les ONG sont des bureaux dtudes, des bureaux dexperts qui
peuvent rendre de grands services aux populations. Cependant,
proprement parler, les ONG nont pas de bases sociales, elles ont
plutt des clients ou des publics cibles, qui elles offrent leurs
services. Il apparat alors opportun de rflchir sur lassociation des
animateurs en provenance des ONG avec les groupes sociaux du pays
au sein de cet ensemble quon appelle la Socit Civile. Quelle est la
place des uns et des autres ? Qui peut parler au nom de la base ?
Qui a des comptes rendre qui ? Qui peut mobiliser les populations ?
etc. La nature, la composition, la mission, la structure et
forcment les mcanismes de prise de dcision au sein des ONG sont
diffrents de ceux que lon retrouve normalement au sein des
Organisations de la Socit Civile qui ont une base sociale.
Constat n 2 : De nombreux portes parole de la Socit Civile
viennent dOrganisations qui nont pas de liens organiques avec des
groupes sociaux ; ils parlent cependant au nom de la base et de ses
besoins. Question : Quelle est la place qui revient aux
Organisations qui ont un membership (mouvement associatif) et aux
ONG au sein de la Socit Civile congolaise ?
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2.3. LA SOCIETE CIVILE DAOUT 1998 A SEPTEMBRE 2001
Et puis arriva la nouvelle guerre lance par le Rwanda , lOuganda
et le Burundi, sous la couverture dune rbellion congolaise, guerre
appuye du moins tacitement par la plupart des pays occidentaux. Le
plan prvu de prise de contrle rapide de la capitale Kinshasa par
les troupes rwandaises, ougandaises et les rebelles congolais
fabriqus pour loccasion ayant chou, le pays se retrouva coup en
deux, en proie une guerre doccupation. Deux mois aprs le dbut de
cette nouvelle guerre, en septembre-octobre 1998, dans un concert
dappels lenrlement et de slogans belliqueux, la Socit Civile du
Congo se runit et labora lAgenda pour la paix. Ce document
prconisait la voie des ngociations pour rgler les problmes de fond
du Congo, la voie politique plutt que la voie des armes. Peu aprs
la Socit Civile lanait la Campagne Nationale pour une Paix Durable
(CNPD).
La CNPD avait pour but, non seulement de contribuer la fin du
conflit mais aussi de relancer le processus de dmocratisation
interrompu par la guerre daot 1998. La CNPD a mis en place un
Conseil dOrientation de 18 personnes reprsentant un large ventail
des composantes de la Socit Civile : ONG de dveloppement, Ong des
droits de la personne, Eglise catholique, Eglises protestantes,
syndicats des enseignants, syndicats des fonctionnaires,
Organisation de femmes, Organisations de jeunes, presse
indpendante, Associations professionnelles, etc. La CNPD tait place
sous la tutelle du Secrtariat Technique de la Socit Civile et tait
gre par le CNONGD. Le travail de lobby et de plaidoyer de ce
regroupement des forces vives congolaises pour la paix trouva un
cho dans les termes de lAccord de Lusaka qui fut sign par les
belligrants et leurs parrains en aot 1999. Cet Accord pour un
cessez-le-feu prvoyait la tenue dun dialogue entre Congolais le
Dialogue Inter Congolais (DIC), comme mcanisme pour la recherche
dune solution politique au conflit. LAccord de Lusaka tablissait
que le DIC devait aboutir la mise en place dun gouvernement de
Transition qui serait lui-mme charg dorganiser des lections pour
doter le pays dun gouvernement lgitime. LAccord de Lusaka reprenait
en fait lessentiel des propositions de lAgenda pour la paix de la
Socit Civile. Plus encore, lAccord de Lusaka tablissait que la
Socit Civile devait participer au DIC avec les mmes droits que le
gouvernement, les belligrants et les Partis politiques, ce qui
marquait une reconnaissance du rle de la Socit Civile congolaise
pour la sortie de la crise.
Par la suite, la CNPD fut le fer de lance de la mobilisation
pour lapplication de lAccord de Lusaka par les belligrants. Un
atelier national runissant la Socit Civile et les Eglises fut
organis pour faire pression sur les signataires, une enqute sur les
consquences de la guerre fut mene.
Cependant, suite principalement ses divisions internes, la Socit
Civile va connatre, fin 1999 et au cours dune bonne partie de lanne
2000, une priode sans activits significatives. Ce sera seulement en
novembre et dcembre 2000 que son Secrtariat Technique amorcera le
travail de sa restructuration. Il organise alors, avec
laccompagnement du PREFED deux ateliers : lun du 21 au 22 novembre
au Centre de Rducation pour Handicaps Physiques et lautre du 05 au
06 dcembre au Centre dAccueil Kimbanguiste, Kinshasa. Le premier
atelier a eu mission de dfinir avec clart la vision de la Socit
Civile et de sa mission, de dterminer ses principes fondamentaux,
ainsi que ses principaux axes dintervention, et dlaborer une
structure souple de son fonctionnement au niveau national comme au
niveau des Provinces. Le second atelier, compos de reprsentants de
Province, se devait dexaminer et dadopter ce qui avait t ainsi
prpar.
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Aprs lassassinat du Prsident L.D. Kabila au dbut de 2001, son
fils, le Prsident Joseph Kabila, soutenu par la Communaut
Internationale, remit le dialogue inter congolais sur les rails. A
partir de ce moment, les relations entre le gouvernement de
Kinshasa et la Socit Civile samliorrent grandement, quelque-uns de
ses leaders furent mme invits faire partie du nouveau
gouvernement.
Il convient de souligner quen ces temps troubls de guerre et de
partition de fait du pays, la Socit Civile avec lappui de
partenaires extrieurs a pu maintenir une activit caractre national.
Plusieurs rencontres furent, en effet, organises avec la
participation de toutes les Provinces, y compris les Provinces
occupes et ce malgr les dtours et les tracasseries auxquels furent
soumis les animateurs de la Socit Civile. Son Comit de suivi est
rest en contact avec toutes les coordinations provinciales. La CNPD
a men des actions sur lensemble du territoire national, des rseaux
des droits de lhomme purent organiser des rencontres nationales, le
CNONGD a tenu son Assemble gnrale avec la participation de tous les
CRONGD ; WOPPA, un rseau de femmes congolaises pour la paix, a runi
des dlgations de femmes venues de toutes les Provinces.
Malgr cette vitalit en des temps difficiles, il faut aussi
souligner que depuis le dbut des annes 90, la Socit Civile
congolaise a t lobjet de diverses manipulations. Des Organisations
ou des personnes ayant des affinits avec des Partis politiques, ou
des individus la remorque des pouvoirs en place ont revendiqu leur
appartenance la Socit Civile et leur droit diriger tel ou tel
structure ou plate-forme. Il sen est suivi des dchirements, des
divisions, des prises de position incohrentes et plus globalement
une perte de crdibilit et dinfluence tant auprs de la population
que des dcideurs (ce qui pouvait tre leffet recherch par ces
individus venus des Partis politiques ou du pouvoir en place.)
Une autre dimension fondamentale pour lanalyse de la Socit
Civile congolaise est la prise en compte de lenvironnement
socio-conomique dans lequel elle sest dveloppe. Le rgime de Mobutu
a mis en place un systme de corruption dans toutes les sphres de la
socit, il a ruin lconomie et rduit la presque totalit de la
population la survie. Survie qui repose sur la dbrouillardise et
souvent sur des transactions la limite de la lgalit. Par exemple,
les employs de lEtat non pays ont appris monnayer leurs services
pour survivre. Cet environnement a faonn les rapports sociaux et
les mentalits et a forcment aussi atteint les Organisations de la
Socit Civile et ce mme si les anti-valeurs sont loppos du combat
pour ltablissement dun Etat de droit. A cet gard, il est
significatif que les rgles de fonctionnement qui prvalent au sein
des Organisations de la Socit Civile diffrent considrablement de
lidal dmocratique prn au niveau de lEtat par ces mmes Organisations
de la Socit Civile, par exemple : Prsidents-fondateurs omnipotents,
raret dAssembles Gnrales, manque de stratgie de communication avec
la base, absence de mcanismes de contrle et dimputabilit des
responsables, faible niveau de responsabilisation des femmes,
absence de consultation pour sollicitation des mandats et
llaboration des prises de position, etc.
Constat n 3 : Les Organisations de la Socit Civile, sauf
exceptions, ne pratiquent pas les principes de transparence,
dalternance, de responsabilisation des femmes et de dmocratie
quelles appellent dans les Institutions de lEtat et au
gouvernement. Question : Comment faire pour que les composantes de
la Socit Civile congolaise adoptent et mettent en application des
pratiques dmocratiques dans leurs Associations, dans leurs
Organisations et dans leurs rseaux?
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2.4. LA SOCIETE CIVILE NATIONALE, DE SEPTEMBRE 2001 A JANVIER
2003 Cette priode correspond aux dmarches prparatoires, la tenue et
la conclusion du Dialogue Inter Congolais (DIC). Le DIC avait
dabord t mis de lavant par la Socit Civile comme moyen de trouver
une solution la guerre et aux conflits en RDC. Linvitation faite la
Socit Civile de participer au DIC, au mme niveau que les
belligrants et les Partis politiques, avait constitu une victoire
pour elle. Plusieurs pensaient que le DIC allait permettre la Socit
Civile daccrotre son influence et de pousser plus loin ses
objectifs de dmocratisation du pays. Le DIC sest avr dans les faits
un pige qui a dtourn les leaders de la Socit Civile congolaise de
la lutte entreprise au dbut des annes 90.
Une fois la participation de la Socit Civile au DIC acquise, ses
leaders ont commenc se bousculer pour tre choisis comme dlgus. Les
plates-formes sectorielles (ONGD, droits de la personne, femmes,
glises, etc.) se sont disputes entre elles pour des quotas. Dans
chacun des secteurs, les Organisations ont prtendu tre plus
reprsentatives les unes que les autres, les Provinces ont dcri
limprialisme des Organisations de Kinshasa pendant que celles-ci
revendiquaient leur droit plus de siges cause de leur caractre
national. La prsence dOrganisations alimentaires et dOrganisations
paravents au sein de la Socit Civile a aggrav la situation.
Certaines structures nationales ont tent de mettre de lordre
dans cette cacophonie. Mais mal leur en prit : elles furent
attaques jusqu la liquidation. Cest ce qui arriva la CNPD. Les
composantes de la CNPD, qui avaient mis sur pied ce rassemblement
pour faire face plus efficacement la situation cre par la guerre,
furent les mmes qui la sabotrent. Les plates-formes sectorielles et
les Organisations individuelles prirent ombrage du succs, de la
mdiatisation et de la capacit de mobilisation des fonds de la CNPD.
Au moment de la dsignation des dlgus au DIC, la prsence dune
structure fdrative, crdible risquait dentraver les ambitions des
uns et des autres. Il valait donc mieux liminer cette structure
gnante. Ce qui fut fait vers la fin de 2001, dbut 2002. La CNPD a
galement connu des problmes de gestion, lis aux structures et aux
personnes. A cette priode, le Secrtariat Technique de la Socit
Civile, tuteur de la CNPD, avait dj t dcapit par le passage de
certains de ses leaders au gouvernement. Le CNONGD, de son ct,
sortait amoindri dune Assemble Gnrale qui avait lu une nouvelle
quipe dirigeante, qui navait pas encore eu le temps de matriser le
dossier. Seuls les rseaux des femmes ( WOPPA , CONAFED,..)
sortirent de cette priode peu prs indemnes. Il faut dire que la
dsignation de seulement 4 femmes sur les 60 reprsentants de la
Socit Civile avait soud les rangs des femmes et les avaient amenes
prsenter un front commun pour demander un nombre supplmentaire de
dlgus femmes.
A ces facteurs internes, il faut ajouter le fait que lquipe du
facilitateur Masire, responsable des procdures de dsignation des
dlgus au DIC a bcl son travail, du moins en ce qui concerne la
Socit Civile. Des assembles de dsignations, runissant ple-mle des
animateurs de la Socit Civile, des fonctionnaires, des inconnus et
mme des agents des services de renseignement de tous bords, furent
organises dans la prcipitation. Profitant des divisions internes,
plusieurs personnes, sans appartenance des composantes reconnues,
se faufilrent et furent nommes dlgus de la Socit Civile au DIC.
Cest donc un groupe htroclite et htrogne qui se prsenta au DIC
au nom de la Socit Civile ; cet ensemble sajoutrent des dizaines
dexperts venus prcipitamment en Afrique
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du Sud pour conseiller la dlgation de la Socit Civile, pour
faire du lobby dans les couloirs et aussi, pour promouvoir leur
candidature tel ou tel poste. Lafflux des experts en Afrique du
Sud, la quasi disparition des structures nationales de la Socit
Civile, labsence de cadre de concertation et de stratgie de
communication avec la population accrurent le foss entre les
leaders de la Socit Civile au DIC et la population en gnral.
Dans un premier temps, aprs les cafouillages du dpart, la Socit
Civile russit malgr tout marquer les travaux de son empreinte. La
plupart des 37 rsolutions sur les questions de fond, adoptes par
consensus Sun City (Institutions, cadre rglementaire, politiques de
dveloppement, etc.), ont pu bnficier du travail prparatoire de la
Socit Civile (les textes servant de base aux discussions taient
souvent le produit des dizaines dateliers raliss depuis des annes
par des groupes sectoriels de la Socit Civile avec le concours des
partenaires trangers). Cependant, linfluence de la Socit Civile
comme composante distincte disparut lorsquon commena discuter du
partage du pouvoir. La bousculade, laquelle on avait assist pour la
dsignation des dlgus au DIC, reprit de plus belle, pour les postes
au sein des Institutions de la Transition, cette fois. Les dlgus de
la Socit Civile, comme les dlgus des Partis politiques donnrent
alors libre cours leurs ambitions personnelles. Ce ntait plus des
reprsentants de groupes sociaux qui dfendaient des idaux ou des
principes, mais des individus sans direction, sans mandat et sans
imputabilit qui cherchaient des avantages personnels. Finalement
les dlgus de la Socit Civile au DIC se dsignrent eux-mmes comme
reprsentants de la Socit Civile dans les Institutions de la
Transition.
Constat n 4 : Les dlgus de la Socit Civile au Dialogue Inter
Congolais se sont eux-mmes investis du rle de dfendre ce qui est
bon pour la population, sans obtenir de mandats. Ils se sont dsigns
eux-mmes comme reprsentants de la Socit Civile dans les
Institutions de la Transition. Question : Est-ce parce quils ne
font pas confiance la base et/ou quils ne font pas confiance aux
Organisations qui sont senses reprsenter la base ? Est-ce parce
quil ny a pas dOrganisations crdibles la base ? Est-ce parce quil
ny a pas de structure (s) nationale (s) lgitime (s), dpositaire (s)
des principes dmocratiques capables dimposer des rgles de
reprsentativit, de fonctionnement, etc.
2.5. LA SOCIETE CIVILE NATIONALE, DE FEVRIER 2003 A JANVIER 2004
Fin 2002, dbut de 2003, des ateliers ont t tenus au Katanga et dans
la Province Orientale pour rflchir sur le rle de la Socit Civile
dans la gestion de la Transition. Un atelier national sest ensuite
tenu Kinshasa sur ce sujet la fin de janvier 03. Cette dmarche
avait aussi pour but dinitier un processus visant la
requalification et la restructuration de la Socit Civile. Les
organisateurs de latelier national, du Secrtariat Technique de la
Socit Civile, ont caus une certaine surprise en transformant
latelier national en 1er Congrs de la Socit Civile/Forces Vives de
la RDC sans la prparation ncessaire la tenue dun Congrs national .
Quoiquil en soit, plus de 250 personnes venues de toutes les
Provinces y ont adopt des textes dgageant la vision de la Socit
Civile de la RDC, sa mission et ses axes prioritaires daction. On a
mis sur pied une structure nationale de coordination et dfini son
fonctionnement et on a lu une Coordination nationale et un
Secrtariat Excutif National.
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Pour plusieurs observateurs, cette restructuration ralise en
vitesse, dans un environnement de lutte de leadership, au moment o
plusieurs se bousculaient dabord pour occuper des postes dans les
Institutions de la Transition, fut une opration bcle, une
restructuration escamote, dtourne. Le rle (ou labsence de rle) jou
par cette nouvelle structure pendant le reste de lanne 2003 vint
confirmer ces apprhensions. La course aux postes dans les
Institutions de la Transition ne sest pas acheve par la mise en
place du gouvernement, du parlement, du snat et des prsidences des
Institutions citoyennes. Il y a encore beaucoup de postes pourvoir
aux niveaux provinciaux, territoriaux, dans les entreprises dEtat,
dans les ambassades, et dans les Institutions nationales de la
Transition elles-mmes. Il y a encore de nombreux leaders de la
Socit Civile qui continuent travailler avant tout pour obtenir ces
postes. Pendant ce temps, au niveau national on ne voit pas quelles
Organisations, quels leaders se lancent dans la mobilisation des
populations pour que la Transition puisse aboutir la mise en place
dun vritable Etat de droit au Congo.
Au niveau national, en RDC, en janvier 2004, on peut dire quil y
a un dficit de prsence et dinfluence de la Socit Civile en ce qui
concerne les enjeux fondamentaux du pays. Pendant ce temps, la
population congolaise survit dans des conditions inhumaines, les
conditions de vie de limmense majorit se sont dgrades de manire
continue depuis des annes, les infrastructures sont en ruine, lEtat
est rduit un rle de prdateur. La population congolaise est fatigue
de se battre pour sa survie dans un environnement darbitraire, de
guerres et dabsence de rgles. Tous savent que ni le dveloppement,
ni la production ne pourra reprendre, que des investissements ne
pourront tre faits, que des emplois ne pourront tre crs, tant quun
Etat de droit ne sera pas mis en place en RDC et que des rgles ne
seront tablies et respectes.
Constat n 5 : Tous les leaders du Congo ont sign des accords
pour quune Transition mne la mise en place dun Etat de droit. Cest
une chance historique pour que la population congolaise puisse
sortir de la crise. La Transition politique dune dure de 2 3 ans a
commenc depuis plus de 6 mois. Pendant tout ce temps, la Socit
Civile est reste silencieuse, comme si elle avait dj atteint son
but ultime. Questions : Est-ce que la Socit Civile peut et veut
sengager la mobilisation des Congolais et des Congolaises pour quen
tant que citoyens et citoyennes de ce pays, ils fassent pression
sur les dirigeants afin que ceux-ci respectent les accords quils
ont signs ?
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CHAPITRE 3 : ANALYSE DE LEXPERIENCE DE LA CNPD
3.1. CONTEXTE DE LA CREATION DE LA CNPD En 1998, peu aprs le
dclenchement de la guerre au mois daot, les Organisations de la
Socit Civile ont senti le besoin dunir leurs efforts pour faire
entendre leurs voix, pour pouvoir proposer leurs pistes de solution
la crise. Les Organisations de la Socit Civile ont dabord labor
LAGENDA POUR LA PAIX, puis elles ont mis sur pied la CAMPAGNE
NATIONALE POUR UNE PAIX DURABLE (CNPD), une structure charge de
mettre en uvre les actions communes adoptes par consensus. La CNPD
avait t cre pour, dune part, convaincre la population congolaise de
sengager rsolument dans le processus de cessation des hostilits et
dinstauration dune paix durable et, dautre part, pour dnoncer
lagression et pousser la Communaut Internationale agir. En bref, la
CNPD tait la rsultante dun consensus entre les Organisations de la
Socit Civile regroupes autour de lAgenda pour la Paix labor par
celles-ci (du 5 au 7 novembre 1998) dans le cadre de leur
contribution la recherche de la paix. Son fonctionnement devait se
faire dune faon concerte entre les diffrentes composantes de la
Socit Civile, car la CNPD tait, au dpart, comprise comme un projet
ponctuel et commun , avec une mission bien prcise. La Campagne
Nationale pour la Paix Durable en RDC a pris naissance Kinshasa,
capitale de la Rpublique Dmocratique du Congo comme un projet
denvergure nationale. Linitiative de cration de la CNPD revient au
Conseil National des Organisations Non Gouvernementales de
Dveloppement (CNONGD) qui agissait titre de fiduciaire du projet.
Selon les textes, la CNPD tait un projet du Comit de Suivi de la
Socit Civile, dote dun Conseil dOrientation propre (o taient
reprsents les glises, les syndicats, les ONGD, les ONGDH, les
Associations de femmes, les Associations de jeunes, les socits
savantes, les ONG ducatives, culturelles, les ordres et
corporations professionnels, les Associations des mdias, les ONG
caractre conomique, etc.). 3.2. LES REALISATIONS DE LA CNPD 3.2.1.
Les actions diriges vers la Communaut Internationale
En direction de la Communaut Internationale, la Socit Civile,
travers la CNPD, a men des actions de lobbying en vue de faire
comprendre les vrais enjeux de la guerre en R.D.C. Il tait aussi
question de rechercher un appui financier et technique ncessaire
pour faire aboutir le programme arrt pour la paix durable. Ainsi,
titre illustratif, il sied de mentionner les actions suivantes : 1)
La transmission de lAgenda pour la paix aux instances
internationales intresses telles
que lONU, lOUA, lUnion Europenne, la SADEC (Communaut de
Dveloppement des Etats dAfrique Australe).
2) La ralisation des missions de lobbying dans de nombreux pays
dAfrique (Afrique du
Sud, Zimbabwe, Namibie, Angola, Sngal, Cte dIvoire, Kenya, ),
dEurope (Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas) et dAmrique du Nord
(Etats-Unis et Canada). Avant ces missions, les proccupations, les
aspirations et les autres attentes de la RDC et des populations
congolaises taient communiques tant bien que mal par des
trangers
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sympathisants. Avec ces missions, la Communaut Internationale a
entendu les Congolais eux-mmes sexprimer de vive voix sur le sort
de leur pays.
3.2.2. Les actions en direction des Populations Congolaises Face
aux populations congolaises, les actions de la CNPD visaient
allumer et maintenir la flamme de lunit nationale malgr la
balkanisation recherche du pays sous lemprise des forces
politico-militaires antagonistes. Il sagissait, entre autres, de
runir les dlgus de la Socit Civile issus de diffrentes parties du
pays, de mener des enqutes et de diffuser des informations travers
lensemble du Territoire national. Ainsi, on peut srier ces actions
comme suit : a) LOrganisation des ateliers et sminaires tels que
:
les ateliers de restitution des missions de lobbying et de
planification des actions ultrieures ( Kinshasa au Centre Bondeko /
Limete, le 26 et le 27 fvrier 1999 et en Provinces) ;
latelier conjoint de la Socit Civile et des glises pour la mise
en application de laccord de Lusaka (Centre Nganda de
Kinshasa/Kintambo, octobre 1999) ;
le sminaire dvaluation des actions de la CNPD (Centre Thresianum
de Kinshasa/Kintambo, dcembre 2000).
b) LOrganisation des actions de mobilisation comme :
la marche du 02 aot 1999, pour rappeler lanniversaire douloureux
du dclenchement de la guerre, marche agrmente par des banderoles,
des pancartes, des fanfares populaires, des danses folkloriques
;
lenqute nationale sur les consquences de la guerre et les voies
de sorties ; la semaine pour la paix durable ; les cultes
religieux, etc.
c) Les actions mdiatiques : la publication et la diffusion de
lenqute sur les consquences
de la guerre ; les prises de positions publies dans la presse
radiodiffuse et tlvise ; une large diffusion des rsultats des
travaux raliss ; envoi rgulier aux coordinations provinciales de la
Socit Civile des journaux publis Kinshasa, etc.
3.3. LES IMPACTS DES ACTIONS DE LA CNPD
A des degrs divers, les actions de la Socit Civile, travers la
CNPD, ont eu des impacts sur le cours des vnements, nous pouvons
mentionner les faits suivants :
a) Le changement de perception sur la guerre en RDC : les
actions prcites ont contribu, ne fut-ce que partiellement, mener la
Communaut Internationale reconnatre lagression dont la RDC tait
victime et uvrer pour la normalisation de lautorit de lEtat sur
lensemble du Territoire National ;
b) La prise de conscience sur lidentit nationale : la CNPD a
favoris lunit daction
des animateurs de la Socit Civile de la R.D.C, avec comme
retombes la connaissance mutuelle et la cohsion des divers acteurs
;
c) La visibilit de la Socit Civile et de ses leaders a t
renforce ;
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18
d) Le Gouvernement a chang dattitude dans ses rapports avec les
groupes sociaux organiss (la Consultation Nationale) et avec la
Socit Civile, il y a reconnu des comptences et un savoir-faire, et
certains de ses animateurs ont t rcuprs par des nominations des
postes ministriels.
e) Le Gouvernement a volu dans son intransigeance de gagner la
guerre par les armes
et a accept de ngocier avec les autres belligrants. 3.4. L
EVALUATION DE LA CNPD Un diagnostique de la CNPD avait t ralis en
2000 ; dont nous reprenons ci-dessous quelques lments : 3.4.1. Au
point de vue positif :
Les actions menes sous la houlette et la bannire de la CNPD ont
permis tant soit peu la prservation de lUnit Nationale et le
sentiment dappartenance un mme peuple ;
La CNPD a connu une ascension fulgurante telle enseigne quelle
avait commenc jouer le rle de lieu fdrateur et de foyer de
rayonnement de la Socit Civile dans sa diversit et pluralit ;
Par son objet, la recherche de linstauration de la paix durable,
la CNPD a attir rapidement plusieurs bailleurs des fonds et a
incarn aisment une des aspirations profondes des populations
congolaises ;
Les acteurs de la Socit Civile, ont organis des marches pour la
paix dans plusieurs villes de la R.D.C. ;
La CNPD a pu contribu influencer la Communaut Internationale
pour quelle reconnaisse lagression de la RDC, pour quelle sengage
plus activement faire respecter le droit international et quelle
intervienne pour la recherche de solutions la crise.
3.4.2. Au point de vue ngatif :
La CNPD na pas su mobiliser suffisamment la masse populaire la
cause de la paix.
La CNPD sest contente dactions runissant des leaders entre eux,
notamment en vue de tirer profit des ressources financires
disponibles et de se positionner pour le pouvoir politique.
La cration de la CNPD comme projet de la Socit Civile na pas
bnfici dune prparation srieuse, la pratique a prcd les textes
organisateurs. Lorsque ceux-ci ont t labors et vots, la structure
tait dj en plein rgime. Les garde-fous introduits tardivement par
le rglement intrieur, les organes hirarchiques (Conseil
dOrientation, Comit de Suivi, Conseil dAdministration du CNONGD, )
nont eu quun impact mineur sur cette mtorite qui stait dj donne sa
ligne de conduite.
La CNPD a utilis des approches de gestion et de ralisation des
activits qui naccordaient pas suffisamment de responsabilit aux
Organisations de la Socit Civile; celles-ci se sont senties
instrumentalises par la coordination de la CNPD.
La centralisation Kinshasa des dcisions au dtriment dune
participation des Provinces la conception des stratgies et des
activits. Les Provinces taient vues comme des lieu dexcution du
plan dcid dans la capitale.
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La confusion au sujet des limites oprationnelles et de
comptences de la CNPD par rapport aux plates-formes et aux
Organisations de la Socit Civile a engendr des conflits qui ont
fragilis et lamin progressivement les actions des uns et des
autres. Pour les uns, la CNPD tait sense chercher les moyens mettre
la disposition des Organisations charges de mener les actions sur
terrain ; pour les autres la CNPD devrait rassembler le plus
dOrganisations de la Socit Civile pour raliser ses actions en
synergie.
Les insuffisances dans la gestion : non respect des dcisions
prises par les organes comptents, le manque de transparence dans la
gestion des ressources humaines, matrielles et financires, la
dsignation et laffectation sentimentales des mandataires, la
gestion non transparente des relations entre le CNONGD et la CNPD,
etc.
Le sabotage des actions de la CNPD par dautres animateurs de la
Socit Civile qui estimaient que celle-ci leur faisait ombrage pour
une meilleure visibilit et pour laccs aux financements
extrieurs.
Finalement les lments ngatifs lemportrent sur les positifs , et
la CNPD disparut en 2001. 3.5. LES LEONS A TIRER DE LEXPERIENCE DE
LA CNPD La mise en commun des efforts des Organisations de la Socit
Civile sur la question de
la paix a permis daccrotre lespace occup par la Socit Civile,
son audience, son influence et son impact.
Le manque de clart entre les responsabilits des structures de
tutelle, soit le CNONGD
et le Secrtariat Technique ont cr des zones dombre qui ont t
nfastes sur les plans administratifs et mme politiques.
La CNPD a aussi t emporte par des problmes intrinsques la Socit
Civile,
notamment : - le frquent manque de consensus au sein de la Socit
Civile sur les objectifs et,
surtout, sur les moyens pour les atteindre, - la recherche de la
visibilit individuelle pour des buts inavous : des animateurs,
en apparence engags pour la cause de la population, mais qui
dfendent leurs intrts personnels, ou mme les intrts de ceux qui
exploitent celle-ci,
- labsence dune gestion saine, transparente et collgiale des
programmes communs.
La CNPD a pris naissance au moment o la structure nationale de
la Socit Civile, le Comit de Suivi de la Socit Civile navait pas
parachev son processus de structuration et de renforcement des
capacits. Cette structure nationale faisait aussi lobjet dattaques
de la part de personnes qui revendiquaient une reprsentativit comme
porte-parole de la Socit Civile. Le fait que la CNPD ait rapidement
mobilis plus de moyens financiers que le Comit de Suivi de la Socit
Civile, il sensuivit que des individus se sont dsintresss de la
structure nationale en faveur de la CNPD. En fin de compte, la CNPD
sest affiche comme tant la Socit Civile elle-mme, ce qui na pas
manqu de frustrer bien des gens au sein du mouvement associatif. En
tenant compte de tous ces constats et en guise de conclusion cette
tude, une question lendroit de tous les acteurs de la Socit Civile
simpose : tirant des leons de lexprience vcue de la CNPD , comment
la Socit Civile congolaise peut-elle
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sorganiser pour mieux dfinir ses priorits pendant la Transition
politique et quels mcanismes va-t-elle mettre en place pour les
raliser avec efficacit tout en vitant les erreurs du pass ? Les
diffrentes rponses cette question vont aider dans la poursuite de
la rflexion sur la dynamisation de la Socit Civile afin quelle
puisse jouer efficacement son vritable rle au cours de cette
Transition politique.
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CHAPITRE 4 : QUELLE RE-ORGANISATION DE LA SOCIETE CIVILE POUR
PLUS DIMPACT PENDANT LA TRANSITION POLITIQUE ? DIAGNOSTIC DES
PROBLEMES STRUCTURELS ET RECOMMANDATIONS.
Nous avons abord divers aspects de la Socit Civile du Congo dans
le but de trouver les voies et moyens qui permettraient cette Socit
Civile de jouer un rle significatif face aux enjeux fondamentaux
pour lavenir de la population congolaise pendant la priode actuelle
de Transition vers la dmocratie et une paix vritable. Lobjectif de
ce chapitre est maintenant de rflchir sur les problmes structurels
de la Socit Civile. Pour y arriver, nous sommes partis des
rflexions antrieures ralises au niveau de la Socit Civile et avons
interrog certains de ses animateurs, ce qui nous a permis de
synthtiser leurs diffrentes attentes. Ltude commence donc par des
rappels des tudes et rflexions antrieures sur la Socit Civile, nous
poursuivons ensuite par lanalyse des problmes et avanons finalement
des propositions pour une coordination des actions de la Socit
Civile au cours de la Transition politique.
4.1. LA SOCIETE CIVILE DE LA RDC : CE QUELLE EST, SELON UNE
ETUDE REALISEE EN 2000 En aot 2000, le PREFED avec lappui de
lorganisme canadien Dveloppement et Paix, avait initi une tude sur
la perception de la Socit Civile congolaise par ses principaux
acteurs Kinshasa. Celle-ci avait pour but principal de dgager des
lments ncessaires llaboration de la charte provisoire de la Socit
Civile de la RDC. Cette tude avait abouti aux constats suivants (1)
: 4.1.1. En ce qui concerne la vision de la Socit Civile La Socit
Civile de la RDC souffre dun manque de vision commune, clairement
dfinie, de ce quelle se donne comme mission de raliser, une vision
qui soit mobilisatrice la fois pour ses membres et la grande
majorit des couches sociales congolaises. Au-del des facteurs
socio-politiques, socio-conomiques et socio-culturels du contexte
gnral du pays, on estime que ce manque de vision est le principal
facteur qui explique que la Socit Civile se trouve toujours en
position de raction des enjeux dfinis par les autres plutt quen
position dimposer son agenda aux autres intervenants. 4.1.2. En ce
qui concerne les animateurs de la Socit Civile et la gestion
des
Associations Crer une association citoyenne ou y entrer
constitue pour beaucoup de personnes un
boulot quelconque. Cest mme un boulot plus intressant que celui
quon peut trouver ailleurs dans le pays, puisquil peut offrir un
salaire en devises trangres fortes, la possibilit de voyager
ltranger avec des avantages que cela rapporte ainsi que de disposer
dune voiture, dun appareil cellulaire, dun matriel de bureau
dernier cri.
Les animateurs reprsentent un groupe relativement important, qui
se laissent guider par
lidologie de largent quil faut avoir par tous les moyens, y
compris par la courtisanerie,
1 PREFED : Quel futur pour la Socit Civile congolaise telle
quelle se prsente aujourdhui ? Indit, aot 2000.
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22
par la corruption. Ils deviennent une simple catgorie
socio-professionnelle. Certains partenaires extrieurs favorisent
cet tat desprit on ne sait pour quel intrt ! Cest principalement
cause de cette catgorie dacteurs que la Socit Civile congolaise est
traite dune bande de gens au service de lextrieur qui les
finance.
Sont moins visibles, par contre, les animateurs de la Socit
Civile qui agissent par un
idal de service, qui sincrement se proccupent de la situation
dramatique des plus dmunis, qui consacrent leurs nergies et
utilisent tous les moyens, mobiliss localement et auprs des
partenaires extrieurs, en vue dattnuer tant soit peu les effets
dltres de cette situation, de prfrence travers les activits de
leurs propres Organisations plutt que daller se frotter avec les
autres dans le cadre gnral de la Socit Civile, quand bien mme ils
savent que lunion fait la force !
Ne pouvant pas dpasser leurs proccupations particulires et se
mettre au service de
lintrt gnral, il y a des animateurs de la Socit Civile qui, en
son sein, cherchent ouvertement ou sournoisement dtruire les
autres, surtout ceux qui, grce leurs comptences et leur exprience,
saffirment efficaces pour permettre lensemble de progresser vers
des objectifs correspondant aux besoins rels de la population la
base.
La Socit Civile congolaise est peu soucieuse de vivre la
dmocratie. Beaucoup
dAssociations, constituant ses composantes ne se soucient
nullement des exigences de la dmocratie. Elles sont gres par des
responsables non lus, qui sont souvent des pres fondateurs, qui
agissent seuls sans assembles gnrales (souvent celles-ci nexistent
que sur papier) ou tout autre organe de contrle de nature garantir
une gestion saine et rigoureuse. Pour tre la mode, on tempte, on
fulmine longueur des journes contre les hommes au pouvoir, qui sont
contre linstauration dune dmocratie relle et vivante dans le pays.
Mais, de son ct, on oublie que cette dernire ne se ralise pas en la
clamant ou coup de slogans. Elle se vit parce quelle est un esprit,
une attitude recherchant constamment la participation active,
lucide et responsable de tous la gestion de la chose publique :
elle est une vie. Cest ainsi que, quand de pareils membres de la
Socit Civile vont au Gouvernement, ils ne font pas la diffrence
avec les autres. Ils font parfois pire que les autres faute didal
de service et desprit vritablement dmocratique !
4.1.3. En ce qui concerne les actions de la Socit Civile Dans
lanalyse des situations, on sattache beaucoup plus aux effets quaux
causes
profondes des maux dont souffrent les populations encadres. On
lit trs peu les tudes srieuses faites sur la situation du pays.
Raison avance : lon nen a pas le temps cause du travail abondant
quon a abattre. Par contre, lon passe beaucoup de temps dans des
runions, des sminaires, des ateliers grande visibilit, mais qui,
souvent, aboutissent presque toujours aux mmes conclusions parce
quon na pas la force de creuser des ralits fond. De l, on vhicule
trs peu dides novatrices, susceptibles de permettre la Socit Civile
de contribuer efficacement faire sortir le pays de la situation o
il se trouve.
Dans cette voie de facilit, les uns travaillent sans programmes
dactivits dignes de ce
nom, plus forte raison, sans plan daction. Ils agissent sans
stratgie arrte moyen et long termes. Consquences : ils ragissent
selon les vnements, ils ne les anticipent donc pas, ils se laissent
mener par eux. Les autres se donnent des programmes dactivits, mais
qui ne sont pas fonds, comme cela est dit plus haut, sur une
analyse fouille et objective
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23
des besoins rels, des vraies attentes des populations
congolaises. Il sensuit que ces programmes sont sans emprises sur
les populations et que celles-ci restent indiffrentes aux
initiatives de la Socit Civile.
4.2. LA SOCIETE CIVILE DE LA RDC : CE QUELLE DEVRAIT ETRE, SELON
UNE ETUDE
REALISEE EN 2000 Au cours de ltude prcite, les principaux
acteurs de la Socit Civile ont dcrit et caractris une Socit Civile
de rve vers laquelle il sengage cheminer. Ils ont voulu militer
pour lavnement dune Socit Civile : a) Qui travaille sur la base
dune vision commune plurielle (la Socit Civile tant dessence
plurielle et pluraliste) clairement dfinie de la mission quelle
entend accomplir, dans le contexte o le pays se trouve, pour le
bien-tre du peuple congolais. Une vision qui est accepte par ses
composantes avec conviction et dtermination, et qui se traduit par
des objectifs globaux galement clairement dfinis, exerant un
attrait mobilisateur aussi bien sur ses membres que sur la grande
majorit des Congolaises et des Congolais, et sur la base desquels
elle se donne un plan daction commun excuter dans le respect de
lautonomie des uns et des autres.
b) Qui agit sur la base dune connaissance aussi parfaite que
possible des ralits du pays
avec leurs causes profondes, et plus particulirement des besoins
rels et des aspirations profondes de la grande majorit des couches
sociales de la population congolaise, qui fait connatre et dfend
efficacement ces besoins et aspirations, qui propose des voies et
moyens appropris pour leur satisfaction et lutte avec dtermination
pour la promotion et la mise en uvre de ces voies et moyens. Donc
une Socit Civile avant tout de proposition, qui analyse avec tout
le srieux voulu les problmes du pays, qui en propose des solutions
adquates solidement labores, qui combat pour que ces solutions
soient mises en uvre, qui influence ainsi les dcisions du pouvoir
en place dans le sens du bien-tre de tous.
c) Qui est visionnaire, qui anticipe les vnements plutt que de
les subir. Pour ce faire, elle
se dote dun laboratoire aussi bien au niveau national quau
niveau provincial faisant des analyses de conjoncture et de
prospective, et laborant des alternatives diverses la lumire du
contexte saisi dans son volution.
d) Qui refuse de se laisser infoder aux Partis politiques ou de
porter la couleur de quel que
Parti politique que ce soit. Ce qui nempche pas :
Quelle collabore de faon ponctuelle et contractuelle avec des
Partis politiques menant telle ou telle action manifestement en
faveur de la population ou du dveloppement du pays en gnral ;
Quelle sengage politiquement non dans le sens de conqurir,
exercer et conserver le pouvoir - ce qui est la mission des Partis
politiques mais de participer la gestion de la chose publique, en
proposant, comme cela a t dit plus haut, des solutions adquates des
situations problmatiques, en cherchant influencer des dcisions dans
le sens du bien commun bien dfini, en constituant un contrepoids au
pouvoir pour viter des abus, en combattant pour le respect des
droits de lhomme, pour linstauration et le maintien dans le payas
dun Etat de droit
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Cependant, dans ce cas et dans le contexte actuel, il faut
rellement sinterdire de toute ambition politique afin que la Socit
Civile reconquire et renforce la crdibilit quelle a eue la C.N.S.
et quelle a tout justement perdue en se laissant infoder aux partis
ou aux hommes politiques ayant perdu toute crdibilit auprs des
couches populaires.
e) Qui se veut dmocratique en vivant la dmocratie travers le
respect strict des
mcanismes, des textes et des pratiques dmocratiques quon
simpose, qui sefforce daider toutes les couches de la population du
pays connatre leurs droits et devoirs, savoir dfendre leurs droits,
rsister contre tout rgime qui utilise lappareil de lEtat pour
rprimer leurs revendications, devenir farouchement attaches la
libert afin que la dmocratie sinstaure dfinitivement dans le pays,
tout en ladaptant ses ralits sociologiques et historiques porteuses
de progrs, et que plus jamais il ny ait plus de dictature do quelle
vienne !
f) Qui gre avec soin les ressources humaines, matrielles et
financires mobilises
localement ainsi que les ressources matrielles et financires
reues des partenaires extrieurs dans le cadre de la solidarit
humaine.
g) Qui ngocie avec ces derniers dans lesprit dun authentique
partenariat fond sur la
dignit humaine et le sens de la rciprocit. h) Dont la plupart
des membres se laissent guider par un idal de service pour une
cause
commune tel que le bien-tre de tous, et non pas par lidologie de
largent (nous avons tous besoin dargent mais comme moyen pour notre
bien-tre et non comme une fin en soi) ni par un positionnement
politique.
i) Qui se dote dune structure organisationnelle approprie et qui
exige que chacun de ses
membres soit une Organisation militante, engage, assumant ses
responsabilits, au niveau o elle milite, par rapport la stratgie
globale daction adopte par tous en vue des objectifs communs quon
sest assigns, et la dfendant avec conviction et tnacit, tout en se
montrant capable de ladapter aux ralits locales.
Les acteurs de la Socit Civile ont dploy des efforts pour que le
souhaitable devienne faisable, pour structurer le mouvement et se
doter de quelques textes rglementaires. Parmi ces tentatives de
structuration et dlaboration des textes, nous pouvons retenir :
le code de conduite des ONGD le code de bonne conduite et
dthique de la Socit Civile la charte provisoire de la Socit Civile
le 1er Congrs National de la Socit Civile, etc.,
Donc, une volont manifeste dorganiser la Socit Civile existe
auprs de certaines Associations membres, mais pour y parvenir, il
faut du temps et des stratgies appropries.
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25
LA MISSION DE LA SOCIETE CIVILE CONGOLAISE selon la charte
provisoire de la Socit Civile de la RDC, 2000, p 5 et 6
La Mission de la Socit Civile congolaise est :
1) Dtre un lieu de lexpression de la conscience nationale, qui
sexprime travers des valeurs communes qui doivent tre dfendues
comme la paix, lintgrit territoriale, la dmocratie, avec toutes ses
valeurs spcifiques telles que la libert, la tolrance, le respect du
principe de lalternance, le respect de la constitution et des lois
du pays, la solidarit agissante qui se traduit par le fait que tous
se sentent lis les uns aux autres, concerns par ce qui arrive aux
autres, par exemple, en cas dpidmie, de catastrophe naturelle, la
complmentarit, etc.
2) De rechercher lpanouissement intgral de la population
congolaise ou son bien-tre ; celui-ci se traduit par la
satisfaction des besoins fondamentaux de lhomme par rapport la
sant, au logement, la scurit alimentaire, lemploi, lducation, aux
loisirs.
3) De se proccuper du vcu quotidien et des aspirations profondes
de la population du pays et influencer les dcideurs, politiques
notamment, en tenir srieusement compte et tre au service de lintrt
commun.
4) Daider la population sorganiser pour vivre rellement en
auto-promotion ou pour une prise en charge relle de son destin, et
dautre part, aider la population participer activement et
efficacement la vie politique du pays, cest--dire la gestion de la
chose publique en exigeant que les gouvernants fassent de la bonne
gouvernance, assurent effectivement la scurit des personnes et des
biens, crent des conditions des plus favorables qui permettent
chaque citoyen de se procurer par ses propres efforts, tout ce dont
il a besoin pour vivre dignement.
5) Dtre une force de progrs qui travaille, en consquence, pour
ldification dune Socit ou lon se dbarrasse de tout ce qui ne va pas
entre autres : les lois dpasses ou iniques, les mentalits
rtrogrades, les structures du pouvoir empchant la grande majorit
des Congolais et des Congolaises de participer rellement au
processus de prise de dcision affectant lavenir du pays.
6) Dtre, enfin, une Socit Civile de propositions : celle qui
fait une critique srieuse des insuffisances du systme de
dveloppement actuel, en vue de faire de propositions alternatives
et oprationnelles, susceptibles dapporter des rponses adquates aux
problmes du pays ; dans cette perspective, elle entend tre une
Socit Civile visionnaire, celle qui anticipe les vnements plutt que
de les subir.
4.3. LA PERSISTANCE DES PROBLEMES STRUCTURELS DE LA SOCIETE
CIVILE DE LA RDC Les extraits tirs de ltude ralise en 2000,
montrent quil y avait un cart vident entre la ralit sur terrain et
lidal de la Socit Civile de la R.D.C. Depuis lors, pouvons-nous
dire quil y a eu beaucoup de changements au niveau de
lOrganisation, de la structuration et du fonctionnement de la Socit
Civile ? Certes, il y a eu des changements, lis des effets
contextuels et ponctuels, mais en gnral, la Socit Civile connat
toujours les mmes problmes structurels, tant au niveau des
Associations quau niveau des diffrents rseaux. Nous croyons mme que
les problmes structurels de la Socit Civile de la RDC se sont
accrus et compliqus avec lvolution rapide du contexte
socio-politique du pays, en rapport avec la participation de la
Socit Civile aux ngociations politiques inter-congolaises et
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26
lentre de certains de ses animateurs dans les Institutions
politiques de la Transition (Gouvernement, Parlement, Snat,
Institutions dappui la dmocratie). Les problmes antrieurs
structurels et fonctionnels demeurent, car ils nont jamais t traits
en profondeur ; ils ont t occults par des rflexions qui nont pas
attaqu la racine du mal. De nouveaux problmes ont surgi : 4.3.1. Le
clivage entre les animateurs de la Socit Civile des Provinces et de
Kinshasa.
Pour plusieurs raisons, les animateurs de la Socit Civile des
Provinces ne tolrent plus lhgmonie de leurs collgues de Kinshasa ;
et ne sont pas disposs se soumettre toute structure mise en place
par des Kinois qui prtendent reprsenter tout le pays par leur seul
fait dhabiter Kinshasa, la capitale, quelle que soit lenvergure,
souvent trs rduite, des Associations quils reprsentent. Nos
collgues de Provinces, qui semblent tre mieux organiss chez eux, ce
qui nest pas une vidence pour toutes les Provinces, forment un
cartel de plus en plus fort en opposition aux diffrents animateurs
de la Socit Civile de Kinshasa. Ceci sest vrifi au cours des
ngociations politiques inter-congolaises, lors du partage des
postes politiques lissu de ce Dialogue et, mme, au cours de
diffrents ateliers et colloques o cette division de la Socit Civile
est de plus en plus marque par des antagonismes entre les Kinois et
les autres dans les prises de position. 4.3.2. Le positionnement
politique et la lutte pour accder au pouvoir des leaders des
composantes de la Socit Civile
Beaucoup danimateurs de la Socit Civile ont des ambitions
politiques, parfois dmesures, quils comptent assouvir ou atteindre
travers celle-ci.
Ainsi, ces animateurs recherchent une grande visibilit et une
reprsentativit pour se faire remarquer et rcuprer par les dcideurs
politiques. Donc, si on nest pas le responsable le plus visible
dune structure, on ne peut y adhrer et on prfre crer sa propre
structure mme avec des Associations membres fictives, pourvu quon
soit le Prsident, avec possibilit de faire beaucoup de dclarations
la radio, la tlvision et dans la presse crite, au nom de la Socit
Civile. Et rapidement, cette structure, peu importe son envergure,
car certaines ne dpassent pas les limites dune Commune, saffuble du
qualificatif de national. Cest comme a que naissent les diffrentes
sensibilits de la Socit Civile Kinshasa, et non dans les Provinces.
Ce qui rvolte davantage les animateurs de la Socit Civile dans les
Provinces, car cet effritement de la Socit Civile, avec le but avou
de faire valoir son point de vue des faits, est porteur dun seul
but, videmment inavou : celui dtre pris en compte dans le partage
du pouvoir politique. 4.3.3 La mise en place des structures peu
viables et peu inclusives La Socit Civile a tent plusieurs fois de
se structurer, mais toutes ces occasions on a trouv des personnes
qui se sentaient non incluses et qui, pour des raisons cites plus
haut, craient dautres structures. Cest dans ce cadre que les
grandes structures de la Socit Civile mises en place (Comit de
suivi, COCSOC, Congrs, ) nont pas pu jouer le rle attendu
delles.
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27
Il a t constat que la mise en place de ces structures se fait
dans la prcipitation, souvent pour faire face un vnement ou un
problme ponctuel. Ce qui ne donne pas le temps pour impliquer
suffisamment danimateurs et pour rflchir en profondeur sur le
genre, la mission et le rle de la structure mettre en place. Les
initiateurs de telles rencontres, au lieu dassocier les composantes
et les grandes Associations reprsentatives pour la base, invitent
des individus travers la rpublique qui, souvent nont aucun mandat
de la Socit Civile de leur milieu. Il est donc normal que des
structures mises en place dans de telles conditions ne peuvent pas
fonctionner, sans opposition, au nom de toute la Socit Civile
4.3.4. Une Socit Civile tombe en lthargie depuis la mise en place
des Institutions de la Transition politique Des voies de plus en
plus nombreuses et fusant de toutes parts, y compris des membres de
la composante Socit Civile, ne se gnent plus dire ou conclure que
toute leffervescence des animateurs de la Socit Civile au cours de
ces dernires annes ntait lie quaux seuls enjeux des ngociations
politiques, notamment en ce qui concerne le partage du pouvoir
politique. En effet, depuis que les animateurs de la Socit Civile
qui ont su se positionner politiquement, sont dans les Institutions
politiques, un silence vident se manifeste au sein de cette
composante ; comme si celle-ci a atteint son objectif ultime. Tout
en reconnaissant quelques actions ponctuelles et localises de
certaines Associations, pouvons-nous justifier ce silence en
prtextant que les meilleurs animateurs de la Socit Civile sont
partis ou que les aspirations de la population sont efficacement
prises en compte par le systme socio-politique actuel ? Il est
vident que la rponse est ngative, car la Socit Civile congolaise a
toujours agit sur des vnements ponctuels et na pas russi mettre en
place une ou des structures faisant lunanimit et agissant dune faon
continue. 4.4. QUELLE RE-ORGANISATION POUR LA SOCIETE CIVILE
CONGOLAISE POUR PLUS
DIMPACT AU COURS DE LA TRANSITION POLITIQUE ? Les diffrentes
plate-formes de la Socit Civile congolaise (Secrtariat Technique,
Comit de suivi, COC SOC, Forces vives, 1er Congrs de la Socit
Civile) et mme, la Charte provisoire de la Socit Civile, ont dploy
dj beaucoup dnergie, de moyens et de temps pour rflchir sur la
configuration dune structure fdratrice de la Socit Civile. Si la
structuration de la Socit Civile est effective dans certaines
Provinces, qui ont su faire lunanimit entre les acteurs sur le
choix des animateurs et la mission de la Socit Civile, il nen est
pas de mme au niveau national, o la contestation est le matre mot.
Pour dvelopper une pense cohrente sur la re-Organisation de la
Socit Civile au cours de cette Transition politique, il faudra que
les animateurs de celle-ci se posent certaines questions, et cest
la rponse celles-ci qui les aidera dterminer le genre de structure
capable de produire un impact positif vident sur la population
pendant cette Transition politique. On peut donc sinterroger sur
les lments suivants :
Quest-ce que la Socit Civile attend en priorit de la Transition
politique ? En fonction de cette attente ou ces attentes, quelle
mission la Socit Civile se
donne au cours de la Transition politique ?
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28
En tenant compte de cette mission, quel rle que la Socit Civile
demande aux diffrentes Associations et plate-formes de jouer au
cours de cette Transition politique ?
Comment tout ceci va se faire ? Quel est le point focal autour
duquel les diffrentes Associations et plate-formes de la Socit
Civile vont se rencontrer au-del de leurs objectifs et activits
spcifiques ? Comment va se faire le relais ou la coordination avec
ce point focal ?
Formuler des rponses claires ces questions, et dautres du mme
genre, sans passion et sans but inavou, peut aider les animateurs
de la Socit Civile tre plus utiles la population au cours de cette
Transition politique. Cette tude na pas la prtention de proposer
une panace pour les problmes structurels de la Socit Civile,
spcialement au cours de cette Transition politique. En attendant
que ses principaux acteurs se mettent ensemble, cest--dire, les
animateurs de diffrentes composantes et plate-formes et reprsentant
toutes les Provinces, videmment dlgus par leurs bases respectives,
nous vous proposons quelques pistes de rflexions, dont notamment :
4.4.1. Au niveau des Provinces Certaines Provinces ont mis en place
leurs Bureaux Provinciaux de coordination de la Socit Civile,
travers un consensus des membres reprsentant les diffrents
Territoires de la Province. Le mouvement de structuration est parti
de la base vers le haut. Ces bureaux ainsi composs sont lgitimes et
accepts par tous. Dautres Provinces sont sur cette voie de
dynamisation de la Socit Civile partir des Territoires ou des
districts. Par contre, il y a dautres Provinces dont les Bureaux de
la Socit Civile sont dirigs par des personnes sans mandat,
auto-proclames ou ayant dpass la dure de leur mandat. Dautres
Provinces commencent tre attaques par la maladie de la
bipolarisation caractristique de Kinshasa. Pour celles-ci, il
faudra agir trs vite pour arrter lhmorragie et la contamination
dautres Provinces. En bref, il est recommand aux Socits Civiles
Provinciales de :
poursuivre la structuration des Socits Civiles au niveau des
territoires/districts, celles-ci se dotant de vritables noyaux
citoyens et agissants ;
mettre en place, pour ceux qui ne lont pas encore fait, des
Bureaux provinciaux issus des lections auxquelles tous les
territoires/districts ont particip et, si possible, dans lesquels
tous les espaces gographiques, les minorits et les grandes
composantes sont prsents ;
faire lanalyse du contexte et de la prospective en vue de dgager
le rle de la Socit Civile, aux niveaux provincial et national, au
cours de la Transition politique ; partager avec les autres
Provinces au cours dune rencontre nationale de la Socit Civile
prvoir cette fin.
se rappeler tout moment que le Prsident ou le Coordinateur du
Bureau de la Socit tire son mandat de lAssemble des Dlgus de ses
membres et que celui-ci ne peut se permettre dengager la Socit
Civile sur des questions dimportance rgionale ou nationale sans
lavis des mandants ;
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29
sil nest pas possible de convoquer lAssemble, le Prsident
devrait sabstenir dagir seul. En tout moment, il doit se rfrer
lAssemble ou la majorit des membres du Bureau ;
la Socit Civile de la Province devra simpliquer dans le
programme national de la Socit Civile, tout en ladaptant au
contexte local ;
sauto-valuer priodiquement et changer avec les autres Provinces.
4.4.2 Au niveau national Toutes les tentatives de mettre en place
une structure nationale oprationnelle et fdratrice nont pas abouti
aux rsultats escompts. Au cours de cette Transition politique,
suffisamment courte, mais cruciale pour lavenir du pays et de la
population, nous navons pas le droit de refaire les erreurs
antrieures. Pour contribuer la recherche des voies et moyens de
rendre plus oprationnelle la Socit Civile, nous proposons des
lments de rponse ces questions, enrichir au cours des changes entre
les animateurs de la Socit Civile, tous les niveaux. A titre de
rappel, nous vous prsentons les principaux objectifs de la
Transition politique :
La runification, la pacification, la reconstruction du pays, la
restauration de lintgrit territoriale et le rtablissement de
lautorit de lEtat sur lensemble du territoire national ;
La rconciliation nationale ; La formation dune arme nationale,
restructure et intgre ; Lorganisation dlections libres et
transparentes tous les niveaux permettant la mise
en place dun rgime constitutionnel dmocratique ; La mise en
place des structures devant aboutir un nouvel ordre politique.
La Socit Civile doit simpliquer dans la ralisation de ces
objectifs cits plus haut. Celle-ci a ses spcialits et cest sur les
objectifs qui rpondent sa mission quelle doit se focaliser. Nous
pensons que la mission de la Socit Civile devrait se dfinir autour
de lavnement dun Etat dmocratique travers lorganisation des
lections libres et transparentes et qui prend en compte la paix, la
rconciliation et la mise en place dune infrastructure minimale
socio-conomique. En consquence, les diffrentes Associations de la
Socit Civile, tout en respectant leurs spcificits, devraient dfinir
leurs pdagogies dintervention en tenant compte de cette mission
globale de la Socit Civile. Nous ne proposons pas ces Associations
de changer leurs orientations stratgiques, mais de tenir compte des
opportunits de ces objectifs, en inventant une autre pdagogie de
travail qui inclut ceux-ci comme lments de renforcement de leurs
interventions au cours de cette Transition. Concrtement, une
association qui accompagne les leveurs de poules, en plus de son
travail technique de base, devrait voir comment vivre la mission de
la Socit Civile au cours de cette Transition politique. La Socit
Civile, au niveau national, devrait se doter dun programme de la
Transition politique, portant sur la paix, la dmocratie et la
reconstruction du pays. Ce programme ne risque-t-il pas de subir le
sort qua connu la CNPD ? Comment va-t-il fonctionner ? Qui va le
grer ? Qui doit en assurer la coordination ou le relais entre les
diffrentes Associations ?
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30
En principe, chaque plate-forme, chaque rseau ou chaque
composante ou sensibilit de la Socit Civile devrait le relayer
auprs de ses membres en tant qu Associations ; celles-ci
constituant le cadre de ralisation des activits. Et au niveau
national ? Nous invitons les diffrentes branches de la Socit Civile
mettre en place un cadre de concertation et de dialogue et
sentendre pour trouver la formule approprie de coordination
nationale : crer une commission de coordination (ou de relais) au
niveau national, ou encore charger une Association ou un rseau den
assurer la coordination (ou le relais). Tout ceci nest-il pas une
simple spculation intellectuelle et thorique ? a dpend de la volont
des acteurs de la Socit Civile qui doivent comprendre que nous
avons le devoir de considrer les intrts de la population avant les
ntres en tant quindividus engags pour militer au niveau de la Socit
Civile pour contribuer au changement positif de notre Socit
globale. 4.4.3. Au niveau de lAssemble Nationale, du Snat et des
Institutions dappui la dmocratie LAssemble Nationale et le Snat Au
niveau du Parlement, il existe un groupe parlementaire de la Socit
Civile. Il reste dfinir les relations entre ce groupe et les autres
animateurs de la Socit. A notre avis, il ne faudrait pas couper le
pont entre ces deux groupes. Au contraire, ils peuvent, et doivent
mme, se rencontrer rgulirement pour changer des informations sur
ltat de la nation, sur linitiative des lois, linterpellation des
services tatiques, Nous pensons aussi que la fonction de
Parlementaire devrait tre incompatible avec celle de reprsentant de
lAssociation au niveau de la Socit Civile. Concrtement, si un
Parlementaire continue animer son association en mme temps quil
sige au Parlement, il devrait sabstenir de reprsenter celle-ci au
niveau de la Socit Civile. Nous devrions aussi noter que les
responsables du groupe parlementaire de la Socit Civile ne le sont
qu ce niveau et, en aucun cas, ils ne devraient pas parler au nom
de la Socit Civile, sans laval de celle-ci. Les Institutions dappui
la dmocratie La composition de leurs bureaux constitue un vritable
pige pour la Socit Civile, car seul le Prsident mane de celle-ci,
les autres membres pr