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Sacy. 3. Ed., pub. par l'Institut de Carthage et rev. par L.
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GRAMMAIRE ARAREDESFLVESTRi: DE SACY
TROISIME EDITIONPublie par l' INSTITUT DE CARTHAGE
ET RKVCE PAR
I... ly/I-A-OHXTEIL,DIRECTEUR GliNEUAL DE L'ENSEIGNKMF.NT PUBLIC
EN TUNISIE
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TUNISSOCIHTK ANONYME DE L'IMPRIMERIE RAPIDErae d'Aleer. en face
de la Rsidence Gnrale
190A
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AVANT-PROPOSSilvestre de Sacy,qui fut le l'novateur des tudes
orientales
au commencement du xix" sicle et qui est rest, depuis, lematre
incontest de tous les orientalistes modernes, a compos, l'usage des
lves de l'Ecole des Langues orientales vivantes,et par consquent de
tous ceux qui se livrent l'tude de lalangue arabe, une srie
d'ouvrages didactiques: chrestomathie,anthologie et grammaire, que
les savants, aussi bien que leslves, continuent rechercher cause du
trs grand profitqu'ils peuvent y trouver pour leurs tudes.La
chrestomathie et l'anthologie ont, il est vrai, perdu unpeu de leur
intrt, parce que beaucoup d'auteurs arabes, alorsindits ou peine
connus en Europe, ont t publis et traduitsdepuis cette poque et que
leurs uvres sont devenues fami-lires aux arabisants.Mais la
grammaire arabe de Silvestre de Sacy n'a pas vieilli ;
les ouvrages du mme genre qui ont paru depuis cette poquene sont
gure que des rductions du sien, et les orientalistesqui veulent
puiser l'tude d'une question grammaticale sonttoujours obligs de
recourir au matre. Aussi, les deux ditionsparues du vivant de
l'auteur sont-elles loin d'avoir puis lesuccs de cet ouvrage
magistral.
L'Institut de Carthage, qui ds son origine s'est
proccupd'encourager par tous les moyens en son pouvoir les
tudesorientales, a pens qu'il y avait un service rendre aux
arabi-sants en mettant leur porte la grammaire arabe de Silvestrede
Sacy, dont les exemplaires sont devenus de plus en plusrares. Grce
aux concours dvous qu'il a trouvs parmi lesmembres de son Comit
directeur, il a pu en entreprendre larimpression dans des
conditions particulirement avanta-geuses.Dans cette rimpression, on
a suivi page par page, et, autantque possible, ligne par ligne, la
2' dition faite du vivant de
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l'auteur et qui est la plus complte, en sorte que les renvois
cette dition que l'on peut trouver dans les ouvrages moder-nes
traitant de la langue arabe s'appliqueront galement lanouvelle
dition.
11 est inutile de dire que le texte de l'auteur est
respectscrupuleusement; les seules corrections portent sur les
erreursmatrielles qui se glissent toujours dans un ouvrage de
cettetendue, et dont quelques-unes taient d'ailleurs releves
dansl'erratum dress par l'auteur. Ce travail minutieux de
revision,qui exige une connaissance complte de la langue arabe, a
tassur par le savant Directeur de l'Enseignement public de
laRgence, M. Machuel, dont le nom est bien connu de tous
lesorientalistes et que tous les arabisants de l'Afrique du Nord
onteu comme matre. 11 a bien voulu se charger de la correctionde
toutes les preuves, et sa prcieuse collaboration est lameilleure
garantie que l'Institut de Carthage puisse offrir
auxarabisants.
lia paru que les tableaux comportant des modles de l'cri-ture
employe dans les diffrents pays de langue arabe, que l'au-teur
avait joints sa grammaire, n'avaient plus d'intrt: cettepartie des
connaissances que l'on a de la langue arabe s'estbeaucoup tendue
depuis Silvestre de Sacy,et il existe aujour-d'hui entre les mains
des tudiants nombre d'ouvrages sp-ciaux contenant des modles
d'criture bien plus intressantset plus complets. Ils ont donc
disparu de cette rimpression.Par contre, M. Machuel a bien voulu
faire profiter l'Institut deCarthage des travaux originaux faits
par lui sur la matire etqui pouvaient trouver place ct de l'uvre de
Silvestre deSacy; c'est ainsi que, dans la table des mots arabes
techniques,dresse par l'auteur la fin de chaque volume, M. Machuel
ainsr la traduction franaise de chaque terme arabe, ce qui faitde
cette liste des mots un vritable lexique constituant un tra-vail
tout fait neuf et de la plus grande utilit autant pour lessavants
et pour les matres que pour les tudiants. Ce lexiquesera plac la
fin du second volume. 11 sera prcd d'une tudesur les grammairiens
arabes. Enfin, les corrections et les modi-fications qui auront t
apportes au texte de M. de Sacy serontindiques dans un
appendice.
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Le tirage de cette rimpression est limit, comme il convientpour
des ouvrages s'adressant un public spcial, et, d'autrepart, il est
vraisemblable qu'aucune rimpression ne sera entre-prise de
longtemps. En tout cas, aucune ne pourra jamais trefaite avec
autant de garanties et des prix aussi modiques, tantdonn surtout le
soin tout particulier apport l'excution ty-pographique par
VImprimerie Rapide, qui a tenu montrer cette occasion qu'elle est
la hauteur des tches les plus ardueset qu'elle peut rivaliser avec
les tablissements les mieux ou-tills de France et d'Europe.
Pour le Comit Directeur dk l'Institut de Carthage:Le
Prsident,
V. SERRES.Dcembre 1903.
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GRAMMAIRE ARAREA t/usage hks lvesDE L'COLE SPdLUE DES LANGUES
OBIE^TALES VIVANTES
AVEC FIGURESPar m. le Baron SILVESTRE DE SACY
SECONDE EDITIONCORnTGKF. r.T ArcaiF.NTKI, A LAQUELLE ON' A
JOIXT
UN TRAIT DE LA PROSODIE ET DE LA MTRIQUE DES ARABES
TOME PREMIER
PARISIMPRIM PAR AUTORISATION DU ROI
DU IG Septembre 182!)A L' IMPRIMERIE ROYALE
II DCCC XXXI
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Hxc qui puer neglexerit, vel adolescentior, vir factus, in
scriptoribusArabicis legendis versatissimus, ubique locorum
ha>ret, srepe pedem of-fcndit ad mitiimos scrupulos, et in
parvis graviter labitur. Si desideramusn ucleu m, cortex frangen
dus est, et eum aliqu amaritudine perrumpendus.Studium iinguarum,
in universum, in ipsis primordiis triste est et ingra-tum ; sed,
primis difficultatibus labore improbo et ardore nobili
perruplis,poste, ubi sanctissima antiquitatis monumenta versare
licet, cuniulatis-sim beamur.
I-.C.Walckenaerii : Observ. acad. ad orig. grcrc, d. ait., p.
27.
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AVERTISSEMENTPOUR CETTE SECONDE DITION
En publiant, aprs un intervalle de plus devingt annes, cette
seconde dition de maGrammaire arabe imprime pour la premire foisen
i8io,j'ai cru convenable de conserver laprface que j'avais mise en
tte de la premiredition. On la retrouvera donc la suite de
cetAvertissement.Pendant les vingt annes qui sparent les deux
ditions, l'tude de la langue arabe a pris enFrance, en
Allemagne, et dans tout le nord del'Europe, un dveloppement plus
grand qu'onn'aurait os l'esprer. Une multitude d'ouvragesont t
publis, par le secours desquels la lit-trature ancienne et moderne
des Arabes a trendue accessible beaucoup de jeunes gensque la raret
des manuscrits et la difficult dese les procurer auraient dtourns
de cette car-rire. L'Inde anglaise a pris une part active
cemouvement, et nous ne lui devrions que l'im-pression du clbre
dictionnaire de Firouzabadi,qu'elle aurait droit toute notre
reconnaissance.
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ij AVERTISSEMENTEnfin, l'introduction de l'imprimerie en
Egyptedoit faire concevoir les plus heureuses esp-rances ceux qui
consacrent leur temps et leurstravaux l'tude de la langue et de la
littraturedes Arabes.La faveur dont jouit aujourd'hui en Europe
cette branche des tudes orientales m'imposaitl'obligation de ne
rien ngliger pour perfection-ner un ouvrage qui a pu contribuer
rpandrece got parmi nous et chez les nations voisines.Aussi puis-je
me rendre ce tmoignage que, dansle cours tant de mes tudes
personnelles quede mon enseignement, je n'ai laiss chapperaucune
occasion, soit de perfectionner, soit derectifier mon premier
travail. C'est surtout ence qui concerne l'emploi des formes
temporellesdes verbes et les divers usages des particulesqu'on peut
regarder cette seconde dition com-me un ouvrage tout nouveau. La
syntaxe aussi at enrichie d'un grand nombre
d'observationsimportantes et a reu des dveloppements
quin'chapperont pas aux lecteurs attentifs.
Je ne saurais me dispenser d'observer ici qu'ilest possible
qu'il me soit chapp quelques er-reurs dans la traduction des vers
que j'ai citspour exemples et emprunts des grammairiens
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AVERTISSEMENT IJJarabes. De telles erreurs sontpresque
invitableslorsqu'on n'a pas sous les yeux ce qui devaitprcder et
suivre ces vers ainsi isols.En ajoutant cette seconde dition un
Trait
lmentaire de la prosodie et de la mtrique desArabes, j'ai cd au
dsir qui m'a t manifestpar un trs grand nombre de personnes. Je
meserais peut-tre pargn ce travail si l'ouvrageque M. Freytag a
publi sur ce sujet important, Bonn, en 1830, n'tait pas crit en
allemand.Mais, d'un autre ct, la publication de ce tra-vail, qui
runit tout ce que pouvait dsirer lelecteur le plus exigeant, m'a
permis et mmem'a fait un devoir d'tre trs court et de me ren-fermer
dans les bornes les plus troites. Je mesuis surtout attach prsenter
sous les formesles plus simples le systme mtrique des Arabeset
faire disparatre les difficults, plus appa-rentes que relles, qui,
jusqu'ici, avaient loignplusieurs savants trs estimables d'une
tudeque je regarde comme indispensable et qui d-dommage
abondamment, par ses rsultats, despeines qu'elle cote.La premire
dition n'offrait qu'une table al-
phabtique des termes techniques de la Gram-maire arabe expliqus
dans chacun des deux
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Sacy. 3. Ed., pub. par l'Institut de Carthage et rev. par L.
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iv VERtISSEMENTvolumes. J'ai ajout dans celle-ci une doubletable
des matires dont l'usage facilitera lesrecherches et pargnera
beaucoup de peine etde temps aux tudiants.Prs d'atteindre la fin de
mon quinzime
lustre, je ne me flatte assurment point que,dans un travail
minemment systmatique, ola mmoire la plus fidle doit
constammentvenir au secours du jugement et de l'esprit d'a-nalyse,
il ne me soit chapp aucune erreur,aucune omission. J'avais vivement
dsir quela Providence me conservt assez longtempspour suppler
moi-mme ce qui manquait mon premier travail et en faire disparatre
lesdfauts, que je connaissais mieux que per-sonne. Mes vux ont t
exaucs, et je dois entmoigner publiquement ma reconnaissance
l'Auteur de tout bien. Mais c'est sans doute ladernire fois qu'un
semblable travail sortira demes mains, et je lgue le soin de
perfectionnercelui-ci aux hommes qui parcourront aprs moiune
carrire dans laquelle mon unique dsir at de me rendre utile et de
contribuer au pro-grs des lettres et l'honneur de ma patrie.
15 aot 183 1.
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Sacy. 3. Ed., pub. par l'Institut de Carthage et rev. par L.
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PREFACEDE LA PREMIRE DITION
La loi du lo germinal an m, par laquelle a t crel'cole spciale
des Langues orientales vivantes prs laBibliothque impriale de
Paris, enjoint aux professeurschargs des diverses parties de
l'instruction dans cet ta-blissement de composer en langue franaise
des livreslmentaires propres faciliter l'tude des langues
qu'ilsenseignent. C'est pour satisfaire cette obligation quej'ai
entrepris la Grammaire arabe que je publie aujour-d'hui et qui est
spcialement destine aux lves de cettecole.Depuis la Grammaire arabe
donne, en 1505, en langue
castillane, par Pierre d'Alcala, et celle que Guillaume Pos-tel
ft imprimer Paris vers 1538, et qui ne pouvait treregarde que comme
un essai fort imparfait, il a paru untrs grand nombre de livres
lmentaires pour l'tude dela langue arabe ; on peut les diviser en
deux classes. A lapremire appartiennent toutes les grammaires dont
lesauteurs ont suivi plus ou moins exactement le systmeet la mthode
des grammairiens arabes : tels sont les ou-vrages de Gabriel
Sionita, Martellotto, Pierre Metoscita,Guadagnoli, Agapit Valle
Flemmarum, etc. On peut yjoindre les traits composs par des
grammairiens arabeset imprims dans leurlangue originale avec des
traductions
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vj PREFACEOU des commentaires en latin, comme le Liber
Tasriphi,publi par J.-B.Raymond; la Djaroumia (ou Agrumia),avec la
traduction et les commentaires de Thomas Obicin ;la mme, avec la
traduction d'Erpnius; le trait, intitulCentum rgentes, donn parce
savant, etc. La Grammairearabe du mme Erpnius, publie pour la
premire fois en1613, et ses Rudiments, dont la premire dition a
paruen 1620, ouvrent la seconde classe : ces deux livres,
danslesquels l'auteur a abandonn la marche des
grammairiensorientaux et adopt un systme moins compliqu et
plusanalogue aux mthodes que l'on suit ordinairement dansl'tude des
langues savantes, ont servi de modle unegrande partie des
grammaires arabes qui ont t publiesdans le xvir et le xviir sicle ;
et, quoique plusieurs sa-vants aient ajout leurs observations
celles de cet il-lustre orientaliste, il en est peu qui aient
rellementtendu ou perfectionn son travail. On doit
cependantdistinguer, parmi les livres lmentaires de la languearabe
publis dans la dernire partie du sicle qui vientde finir, la
grammaire crite en langue allemande etdonne Vienne, en 1796, par M.
J. Jahn, alors professeuren l'Universit de cette ville et
aujourd'hui chanoine del'glise mtropolitaine de la mme capitale.
(0
C'est en profitant des crits de tous ceux qui m'ont
(i) Ce savant et laborieux crivain est mort en 1817. On lui a
consacrun article dans le tome XX de la Biographie universelle
ancienne et mo-derne.
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PREFACE vyprcd dans cette carrire et en y joignant la lecturedes
grammairiens et des scoliastes arabes les plusclbres, que j'ai pu
esprer d'offrir aux tudiants, etmme aux savants, un ouvrage plus
complet et plusmthodique. J'ai ramen, autant qu'il m'a t
possible,le systme de la langue arabe aux rgles gnralesde la
mtaphysique du langage, bien convaincu quetoutes les langues
n'ayant qu'un mme but, les diversprocds par lesquels elles
parviennent atteindre cebut, quelque loigns qu'ils paraissent les
uns des autres,peuvent nanmoins tre rapprochs bien plus qu'on nele
pense communment. L'tude des langues n'appar-tient pas uniquement
la mmoire; le jugement peutet doit y intervenir pour beaucoup; et,
plus on parvient appliquer le raisonnement et l'intelligence
cettetude, plus on l'abrge et on la rend facile et acces-sible aux
bons esprits. La langue arabe surtout semblese prter plus aisment
que beaucoup d'autres cetteopration dont les instruments sont
l'analyse et la syn-thse; et j'ai quelquefois t surpris en voyant
combienles formes de cette langue sont dans un juste rapportavec ce
qu'exigent la clart et la prcision du discours.J'ai donc commenc
chacune des divisions principales,soit de la partie tymologique de
la grammaire, soit dela partie mthodique, c'est--dire de la
syntaxe, par rap-peler les principes gnraux et les dfinitions
communes toutes les langues et fondes sur la nature mme deschoses
et sur celle des oprations de notre esprit; mais.
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viij PREFACEpour ne point tre trop long dans cette exposition et
nepas grossir inutilement cet ouvrage, j'ai presque toujoursrenvoy
les lecteurs celui que j'ai publi sous le titrede Principes de
grammaire gnrale mis la porte desenfants et propres servir
d'introduction l'tude detoutes les langues, et dont la seconde
dition a paru Paris en l'an XII (1803). J'aurais pu, sans doute,
indiqueraux tudiants des traits plus profonds et plus savants;mais
la simplicit mme qui, s'il m'est permis d'avoir unavis cet gard,
caractrise particulirement ce petitouvrage, m'a paru convenir au
plus grand nombre deslecteurs; et je dsire que ceux qui se
serviront de magrammaire pour l'tude de la langue arabe se
pntrentbien des principes que j'ai exposs, avec tous les
dve-loppements ncessaires, dans l'ouvrage lmentaire queje viens
d'indiquer. Je puis assurer que l'exprience deplusieurs annes ne me
laisse aucun doute sur l'utilit decette mthode, que j'ai applique
avec un gal succs l'enseignement du franais, du latin, du grec, de
l'arabeet du persan.La syntaxe est certainement la partie la plus
dfec-
tueuse de la Grammaire arabe d'Erpnius et de toutescelles
auxquelles celle-ci a servi de modle. Elle est beau-coup plus
exacte et plus dtaille dans les grammairesqui ont t calques sur
celles des crivains arabes; maisl'tude en est extrmement difficile
dans ces ouvrages,soit cause des dfauts d'une mthode complique
etfonde plutt sur les formes extrieures du langage que
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Sacy. 3. Ed., pub. par l'Institut de Carthage et rev. par L.
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PREFACE IXsur les rapports logiques et invariables des
diffrentesparties du discours, soit par l'effet de la multiplicit
destermes techniques emprunts de la langue arabe et aux-quels les
traducteurs et les commentateurs se sont con-tents de donner des
formes et une terminaison latines,ou bien qu'ils ont rendus par des
termes barbares quin'offrent l'esprit aucune ide claire et prcisa.
La con-naissance de ces termes techniques est cependant
d'unencessit indispensable quiconque veut entendre lesgrammairiens,
les lexicographes et les scoliastes arabes;et je ne connais aucun
livre qui puisse fournir l'intel-ligence de ces expressions, si ce
n'est les grammairesmmes dont il s'agit. Pour runir les divers
avantagesque peuvent produire les deux mthodes suivies, l'unepar
les grammairiens dont je viens de parler, l'autre parErpnius et
ceux qui l'ont imit, j'ai cru devoir indiquer,autant qu'il m'a t
possible, dans tout le cours de magrammaire, les dnominations
donnes par les crivainsarabes aux lments de la parole et de
l'criture, auxparties du discours, toutes les formes et les
variationsdont chacune d'elles est susceptible, et aux
diffrentessortes de rapports qui s'tablissent, soit entre
plusieurspropositions, soit entre les diverses parties d'une
mmeproposition. Non content de cela, aprs avoir prsenttoutes les
parties de la syntaxe selon la mthode qui m'aparu la plus conforme
l'analyse logique du langage,j'ai cru ncessaire de traiter de
nouveau le mme sujetsuivant la marche adopte par les grammairiens
arabes.
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X PREFACEJ'ai pris pour guide, dans cette quatrime partie de
magrammaire, l'ouvrage de Martellotto, sans ngliger ce-pendant de
le comparer avec les meilleurs crits en cegenre, et principalement
avec les commentaires deThomas Obicin sur la Djaroumia.On verra,
par les notes que j'ai ajoutes en divers
endroits, quels sont les crivains arabes que j'ai le
plusconsults et qui m'ont fourni une partie des observa-tions et
des exemples dont j'ai enrichi mon travail. Jecrois inutile
d'entrer ici dans aucun dtail ce sujet.
J'ai divis cette grammaire en quatre livres. Le pre-mier
contient tout ce qui est relatif aux lments de laparole et de
l'criture; le second est consacr la partietymologique, c'est--dire
la connaissance des diversesparties du discours et de toutes les
formes, variations etinflexions que chacune d'elles peut admettre
pour indi-quer les genres, les nombres, les temps, les modes,
lesvoix, les cas, etc. Ces deux livres forment la premirepartie. La
seconde, qui renferme le troisime et le qua-trime livre, a pour
unique objet la syntaxe, considred'abord suivant la mthode que j'ai
adopte et ensuiteconformment au systme des grammairiens
arabes.Chaque partie est termine par un petit nombre d'ad-ditions
et de corrections (0 et par une table alphab-tique de tous les
termes techniques de la grammaire
(i) Ces additions ont t replaces, dans cette seconde dition,
auxendroits auxquels elles appartenaient.
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PREFACE Xjarabe cits ou expliqus dans le cours du volume.
J'aijoint la premire partie plusieurs planches gravesavec soin, qui
prsentent des modles de diverses cri-tures arabes et de plusieurs
sortes de chiffres. J'auraispu multiplier beaucoup le nombre de ces
planches, maisj'ai craint de rendre cette premire partie trop
consid-rable et de porter trop haut le prix de cet ouvrage.
Ontrouvera, la suite de cette prface, l'explication desplanches et
les dveloppements ncessaires pour enrendre l'usage plus
commode.
J'ai divis chacune des deux parties en numros, pourfaciliter les
renvois et les recherches. Une f place aucommencement d'un grand
nombre de numros de lapremire partie avertit les commenants qu'ils
doiventles passer; il sera temps d'y revenir lorsque les
premierslments de la grammaire seront bien gravs dans leurmmoire et
qu'ils n'prouveront plus de difficult enfaire l'application.
Cette grammaire arabe, telle que je la publie, est lefruit de
plusieurs annes d'tudes et de mditations. Sij'avais eu soin de
mettre par crit toutes les observationsque j'ai faites depuis que
je me suis livr la littratureorientale, j'aurais sans doute donn
cet ouvrage unplus grand degr de perfection, mais, en tudiant
leslangues de L'Orient, je ne m'tais point cru appel adevoir jamais
les enseigner de vive voix ou par crit. Enconsquence, j'ai nglig,
pendant plus de vingt ans, dejeter sur le papier les observations
grammaticales que me
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xi.j PREFACEsuggraient mes lectures. Si je me repens aujourd'hui
decette ngligence, c'est qu'il m'et t agrable de rendremon travail
plus digne des suffrages ou du moins del'indulgence des savants
orientalistes au jugement des-quels je le soumets. Il me reste
l'espoir que quelques-unsdes jeunes lves qui auront puis dans mes
leons lespremiers principes de cette belle langue et le got de
sariche littrature emploieront un jour leurs talents per-fectionner
et complter le travail que leur consacreaujourd'hui leur matre et
leur ami ; car, comme le dit uncrivain arabe, ^jeter la semence
dans une terre bien
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TABLE DES CHAPITRESCONTENUS DANS LA PREMIRE PARTIE
LIVRE PREMIERDes lments de la parole et de l'criture
PagesChapitre premier. Des sons et des articulations 1
Alphabet arabe 1Alphabet arabe du caractre neskhi 7Observations
sur l'alphabet 8
Chap. II, De la division des lettres en diffrentes classes .
20Chap. III. Des voyelles 33Chap. IV. Des syllabes et des signes
orthographiques 43
Du djezma 47Du teschdid 52Du hamza 60Du wesla 04Du medda 72De la
pause 74CiiAP. V. Modle de lecture 77Chap. VI. De l'accent et de la
valeur prosodique 86Chap. VII. De la ponctuation et des abrviations
86Chap. VIII. Des chiffres, ou signes de numration 89Chap. IX.
Rgies de permutation des lettres \ , j et ^. ... 92
1er. Rgles gnrales 92 2. Rgles particulires 1' ! 95 3. Rgles
particulires au j 102 4. Rgles particulires au ^_^ 110. 5. Rgles
communes au ^ et au ^ 112 0. Observations gnrales sur les rgles de
permu-
tation des lettres ',_5 et j_^ 117
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tiv TABLELIVRE SECOND
Des diffrentes parties du discours, et des formesdont elles sont
susceptibles
PagesChapitre premier. Ds parties du discours 119Chap. II. Du
verbe 119
le"". Du verbe en gnral 119 2. Du verbe dans la langue arabe 123
3. Des voix 143 4. Des modes 146 5. Des temps 147 6. Des nombres
149 7. Des genres 149 8. Des personnes 149 9. Conjugaison de la
voix subjective d'un verbe pri-
mitif trilitre rgulier 149Observations sur la manire de former
les mo-des, les temps, etc., d'un verbe primitif trilitre
rgulier 150Observation sur l'usage des diffrents temps etsur
celui des modes de l'aoriste 157
10. Conjugaison de la voix objective d'un verbetrilitre primitif
rgulier 215
11. Verbes drivs du verbe trilitre primitif, etverbe quadrilitre
primitif, avec ses drivs. . 216Paradigmes des diffrentes formes de
verbesdrivs du verbe trilitre qui appartiennent la premire classe,
et de la forme primitivedu verbe quadrilitre 217
Observations sur la voix subjective 217Observations sur la voix
objective 217Paradigmes des diffrentes formes de verbesdrivs du
verbe trilitre qui appartiennent la seconde classe, et des formes
drives duverbe quadrilitre, tant la voix subjectivequ' la voix
objective 219
Observations communes aux deux voix 219Observations particulires
la voix subjective 224
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DES CHAPITRES xvPagea
Observation particulire la voix objective 225 12. Des verbes
anomaux ou irrguliers, en gnral 22G 13. Des verbes sourds
227Observations sur le paradigme d'un verbe sourd 228 14. Des
verbes qui ont pour une de leurs lettres
radicales un ) , nomms verbes hamzs 232 15. Des verbes
imparfaits, nomms verbes infirmes,en gnral 236 16. Des verbes
imparfaits dont la premire radicale
est un _j ou un ^, nomms verbes assimils. 237 17. Des verbes qui
sont en mme temps assimils
et hamzs 240 18. Des verbes imparfaits dont la seconde
radicale
est un j ou un ^, nomms verbes concaves. 241Observations
242Verbes drivs des racines concaves 244Observations 246
19. Des verbes imparfaits qui sont en mme tempsconcaves et hamzs
247 20. Des verbes imparfaits dont la dernire radicale
est un j ou un ^, nomms verbes dfectueux 249Observations
(relatives aux verbes dfectueuxdont la seconde radicale a pour
voyelle auprtrit un fatha ou un dliamma) 250
Observations (relatives ceux dont la dernireradicale a pour
voyelle au prtrit un kesra) 253
Voix objective 255Des formes drives 255 21. Des verbes qui sont
en mme temps dfectueux
et hamzs 256 22. Des verbes doublement imparfaits 25823. Des
verbes doublement imparfaits qui sont enmme temps hamzs 260 24. Des
verbes triplement imparfaits 261 25. Du verbe ngatif 262 26. Des
verbes de louange et de blme 263 27. Des verbes d'admiration
264
Chap. III. Du nom et de l'adjectif. 266 ler. Des noms en gnral
266
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xvj TABLE Pages 2. Des noms dans la langue arabe 267 3. De la
forme des noms 271
Noms d'action 278Noms d'action drivs du verbe primitif trilitre
283Noms d'action forms du verbe primitif quadri-litre rgulier et
des verbes drivs du verbequadrilitre 290Noms d'action forms des
verbes sourds 291Noms d'action forms des verbes hamzs 291Noms
d'action des verbes assimils 292
Noms d'action drivs des verbes concaves 293Noms d'action drivs
des verbes dfectueux ... 294Noms d'action drivs des verbes
doublementimparfaits 296Nom d'unit 300Nom spcificatif 301Nom de
lieu et de temps de l'action 302Noms d'abondance dans un mme lieu
303
Noms d'instruments ou de vases, et autres 306Nom diminutif
309Nom de fraction 316Noms primitifs 317 4. Espces de noms 317 5.
Des adjectifs 318
Adjectifs drivs des verbes, ou noms d'agent etde patient 319
Adjectifs verbaux forms des verbes drivs duverbe trililre
primitif 326Adjectifs verbaux forms des verbes quadrili-
tres tant primitifs que drivs 326Adjectifs verbaux drivs des
verbes sourds 327Adjectifs verbaux drivs des verbes hamzs. .
327Adjectifs verbaux drivs des verbes assimils. 328Adjectifs
verbaux drivs des verbes concaves. 328Adjectifs verbaux forms des
verbes dfectueux 330Adjectifs verbaux drivs des verbes
doublement
imparfaits 330De l'adjectif relatif 331 6. Des genres 343
Caractres distinctifs des genres 343
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DES CHAPITRES xvijPagesTableau alphabtique des noms du genre
fminin
qui ont une forme masculine 347Tableau alphabtique des noms du
genre com-mun 349Manire de former le fminin du masculin 350
7. Des nombres 352Tableaux des formes des noms et des
adjectifs
singuliers, avec les formes des pluriels irrgu-liers qui
correspondent le plus ordinairement chacune d'elles 384
8. Des cas 394Exemples des dclinaisons des noms et des
ad-jectifs, tant singuliers que pluriels irrguliers 399
Exempiles de la dclinaison des duels et despluriels rguliers
401
9. Des changements que les noms et les adjectifssubissent dans
leurs cas, lorsque, d'indfinis,ils deviennent dfinis 413
10. Des mots qui servent la numration 417Numratifs cardinaux
418Numralifs ordinaux 424Numratifs fractionnaires 426Numratifs
distributifs 426Numratifs priodiques 427Adjectifs relatifs forms
des numratifs 427Des numralifs multiples 429Diminutifs forms des
numratifs 429
11. Des noms indclinables 430Ghap. IV. Des articles 434Ghap. V.
Des mots conjonctifs et interrogatifs, soit noms,
soit adjectifs .... : 443Ghap. VI. Des pronoms 454
Pronoms isols reprsentant le nominatif 456Pronoms alTixes
reprsentant le gnitif et l'ac-cusatif 456Pronoms isols composs,
reprsentant l'accu-satif 461
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xvuj TABLE DES CHAPITRESChap. VII. Des particules indclinables
466
l-er. Des particules indclinables en gnral 466 2. Des
prpositions 468 3. Des adverbes 501Adverbes et noms adverbiaux les
plus usits. . 506
Observations sur les adverbes d'affirmation 513Observations sur
les adverbes ngatifs 515Observations sur les adverbes de temps
521Observations sur les adverbes de lieu 527Observations sur divers
autres adverbes 527
4. Des conjonctions 548Conjonctions les plus usites
558Observations sur quelques-unes de ces conjonc-tions 561
5. Des interjections 5746. De l'usage des pronoms affixes avec
les particules 577
Table des mots techniques de la grammaire arabe expli-qus dans
ce premier volume 582Table des matires contenues dans ce premier
volume 596Table des particules et autres mois arabes gui ont
donn
lieu quelques observations dans ce premier volume. . 603
FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES DE LA PREMIERE PARTIE
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GRAMMAIRE ARARELIVRE PREMIERLes lments de l parole et de
rcriture
CHAPITRE PREMIERDes sons et des articulations Alphabet arabe
1. Les lments de la parole sont de deux sortes : les sons,nomms
aussi voix par quelques grammairiens, et les articu-lations.Les
sons consistent en une simple mission de l'air, modifie
diversement. Ces diverses modifications dpendent principa-lement
de la forme du passage que le canal vocal et la boucheprtent
l'mission de l'air, mais elles n'exigent aucun jeu desorganes
extrieurs; les sons peuvent avoir une dure plus oumoins
prolonge.Les articulations sont formes par la disposition et le
mou-
vement subit et instantan des difrentes parties mobiles
del'organe de la parole, telles que les lvres, la langue, lesdents,
etc. Ces parties, diversement disposes, opposent un
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2 DES ELEMENTS DE LA PAROLEobstacle la sortie de l'air; et,
lorsque l'air vient vaincre cetobstacle, il donne lieu une
explosion plus ou moins forte etdiversement modiOe, suivant le
genre de rsistance que, parleur disposition, les parties mobiles
opposaient sa sortie.La consquence de ceci est qu'une articulation
n'a par elle-
mme aucune dure et ne peut tre entendue que conjointe-ment avec
mi son : ainsi, quand nous prononons ba, onentend en mme temps
l'articulation produite par le jeu deslvres qui opposaient une
rsistance la sortie de l'air, et leson a.
L'aspiration plus ou moins forte est comprise avec raisonparmi
les articulations, ds qu'elle dpasse celle qui est indis-pensable
pour la simple mission de l'air, et qui, diversementmodifie,
produit les divers sons.La runion d'une articulation et d'un son
forme un son
articul.2. Les lments de l'criture, destins reprsenter ceux
de
la parole, sont, comme ceux-ci, diviss en deux classes : lesuns
peignent les sons, les autres les articulations.
3. On donne aux sons, et aux signes dont on se sert pourles
reprsenter, le nom de voyelles. Les articulations et lessignes par
lesquels on les reprsente sont nomms consonnes.
4. Chez le plus grand nombre des peuples, les signes
quireprsentent les sons et ceux qui peignent les articulationssont
de la mme espce : ils sont compris les uns et les autressous la
dnomination commune de lettres.
Il est nanmoins des peuples, tels que les Hbreux, lesPhniciens,
les Syriens, etc., qui n'crivent ordinairement queles consonnes;
et, lorsqu'ils veulent peindre les voyelles, ilsemploient pour cela
des figures qui se placent, non dans las^rie des consonnes, mais
au-dessus ou au-dessous de ces
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ET DE L'ECRITURE 3lettres.!') Lorsqu'il est question de ce
systme d'criture, onne donne le nom de lettres qu'aux signes
reprsentatifs desarticulations. Les signes reprsentatifs des sons
se nommentpoints-voyelles, ou motions. Le premier de ces noms est
d,parmi nous, aux grammairiens hbreux, qui, vraisemblable-ment, le
tenaient des premiers grammairiens arabes, et il
vientoriginairement de ce que les sons, ou du moins une
grandepartie des sons, ne sont reprsents que par des points
dansl'criture hbraque. Le second est commun aux grammai-riens
orientaux en gnral, et ils ont ainsi nomm les signesdes voyelles
parce que, sans l'mission d'air qui forme le sonet qui meut ou met
en jeu les parties mobiles de l'organe,l'explosion de la voix ne
pourrait avoir lieu, lors mme queces parties de l'organe ont reu la
disposition ncessaire pourproduire telle ou telle articulation.Les
Arabes sont du nombre des peuples qui ont admis cedernier systme
d'criture : toutes leurs lettres sont des con-sonnes; elles sont au
nombre de vingt-huit. Outre cela, ilsont, pour les voyelles, trois
signes qu'ils appellent, d'un nomgnrique, motions.
5. f II est assez vraisemblable que, parmi les lettres
desArabes, ainsi que parmi celles des Hbreux, il y en a eu
au-trefois plusieurs qui ont fait, au moins dans certains cas,
lesfonctions de voyelles : cela parait mme certain de Vlif, duwaw
et du ya, qui, dans le systme actuel de l'criture arabe,semblent
faire encore souvent cette fonction. Le loarc et le ijasont mme
souvent prononcs, dans le langage vulgaire,
(1) D'autres peuples attachent le signe de la voyelle celui de
la consonne,au moyen d'une lgre variation dans la figure de
celui-ci. Tel est le systmed'criture des Ethiopiens et des Syriens
ou Chaldens connus sous le nom deSabens, Mandates, ou Chrtiens de
Saint-Jean. On peut appeler ce systmed'criture criture
syltabique.
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4 DES LMENTS DE LA PAROLElorsqu'ils se trouvent au commencement
d'un mot, comme nosvoyelles on et /.(') Je crois qu'on pourrait en
dire autant du het du ha : la premire de ces deux lettres, dans la
prononcia-tion vulgaire, rpond souvent au son de notre a ou /
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ET DE L'ECRITURE 5se servent aujourd'hui le plus communment les
Arabes, etqu ils appellent neskki ,^f^ , n'avait t invent que vers
lecommencement du iv sicle de l'hgire; et effectivement ilparat que
les Arabes, avant cette poque, se servaient d'unautre caractre que
nous nommons cufiue ou plutt coufigue,du nom de la ville de Coufa,
o, sans doute, on avait commenc en faire usage. (" Ce caractre a
une si grande ressemblanceavec l'ancien caractre des Syriens, nomm
esiranffhlo, qu'iln'est pas douteux que les Arabes ne l'aient
emprunt despeuples de la Syrie. Toutefois, le nom mme de coufigue,
donn ce caractre, prouve que ce n'est pas celui dont les Arabesdu
Hedjaz faisaient usage du temps de Mahomet, la ville delaquelle il
prend son nom n'ayant t fonde qu'en l'an 17 del'hgire. Quelques
papyrus nouvellement dcouverts en Egyptenous ont appris que le
caractre dont les Arabes du Hedjaz seservaient dans le ler sicle de
l'hgire diffrait peu de celuiqu'on appelle neskhiS") Au surplus, au
temps de Mahomet,l'criture tait, parmi ces Arabes, si nous en
croyons leurstraditions historiques, d'une invention assez nouvelle
et d'unusage fort born. Mais il en tait autrement, suivant
toutesles vraisemblances, parmi les Arabes, soit nomades soit
do-micilis du Ymen, de la Msopotamie et peut-tre de
l'Arabiecentrale; car, bien que nous ne connaissions pas
l'crituredont les Arabes se servaient dans les temps plus anciens
et
(1) Voyez, sur l'origiue et l'histoire de l'criture arabe, la
dissertation du sa-vant M. Adler, intitule Deseriptio eodicum
qiiorumdam cuficorum, etc. Altona,1780; et un Mmoire que j"ai insr
dans le tome L des Mmoires de l'Acadmiedes belles-lettres.
(2) Voyez, sur ces papyrus, les Mmoires de l'Institut, Acadmie
royale desinscriptions et belles-lettres, t. IX, et la dissertation
intitule Nouveaux aperussur l'histoire de l'criture chez les Arabes
du Hedjaz, insre dans le JournalAsiatique, t. X, p. 209 et
suiv.
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6 DES ELEMENTS DE LA PAROLEque le petit nombre de traditions que
les crivains musulmansnous ont conserves ce sujet ne puissent jeter
que bien peude lumire sur ce point d'antiquit, il n'est gure
possibled'imaginer que tous les peuples de l'Arabie soient
demeurssans criture jusqu'au vi sicle de l're vulgaire. La
religionjudaque et la religion chrtienne s'taient beaucoup
tenduesdans l'Arabie; les Ethiopiens, qui faisaient profession de
cettedernire religion, avaient mme conquis le Ymen et enavaient
conserv la possession assez longtemps; une autrepartie de l'Arabie
avait des relations frquentes avec la Perseet s'tait mme trouve,
plusieurs poques, dans une dpen-dance plus ou moins immdiate des
rois persans de la racedes Sassanides. Peut- on raisonnablement
supposer que lesArabes, dans toutes ces circonstances, aient ignor
l'usage del'criture? N'est-il pas plus vraisemblable que ce que
l'his-toire nous apprend de leur ignorance cet gard n'est vraique
de quelques tribus, de celles, par exemple, qui taientfixes La
Mecque ou aux environs de cette ville; que lecaractre que celles-ci
reurent de la Msopotamie, peu detemps avant Mahomet, ayant t employ
crire l'Alcoran,se rpandit bientt dans toute l'Arabie avec la
doctrine deMahomet et fit tomber en dsutude d'autres genres
d'critureplus anciens? Il ne nous reste, la vrit, aucun vestige de
cescritures; mais s'il est permis de hasarder une conjecture,
ilpouvait y en avoir une qui ne s'loignt pas beaucoup de cetancien
alphabet, commun la plupart des peuples de l'Orient,et dont les
monuments phniciens et palmyrniens, ainsi queles ruines de
Nakschi-Roustam et de Kirmanschah, et les m-dailles des Sassanides,
ont perptu la connaissance jusqu'nos jours. I'' Peut-tre une autre
espce, propre l'Arabie
(1) Mmoires sur diverses antiquits de la Perse, p. 1, 166 et
71.
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I
ET DE L'ECRITURE 7mridionale, n'tait- elle qu'une varit de
l'criture thio-pienne.
8. Les Arabes d'Afrique ont un caractre un peu diffrentde celui
dont se servent les Arabes de l'Asie. Je ne comprendspas, parmi les
Africains, les habitants de l'Egypte; ceux-ci seservent du mme
caractre que les Asiatiques. Celui qui esten usage parmi les
Africains a plus de rapport avec l'anciencoufique que le neskhi;
et, comme il peut prsenter quelquesdifficults quiconque ne connat
que le caractre dont on sesert en Asie, j'en joins ici l'alphabet
grav, ainsi que l'alphabetcoufique, et chacun de ces alphabets je
joins un exemple dela mme criture. (*' Je fais aussi connatre la
manire dontles Juifs et les Syriens emploient leurs caractres
particulierslorsqu'ils crivent en langue arabe.
Je ne parle point ici du caractre nomm talik i^^> ounestalik
^^IxJJ , parce qu'il est particulier aux Persans. J'endis autant
des divers genres d'criture propres aux Turcs ouaux peuples de
l'Inde, parmi lesquels les musulmans de laPerse ont introduit leurs
caractres avec leur langue et leurreligion.
(1) J'ai fait connatre la manire dont les Arabes d'Espagne et
d'Afriqueemployaient le caractre arabe pour crire l'espagnol. Il
parait qu'il existe aussides livres arabes crits en caractres
espagnols; mais je n'en ai vu aucun, sice n'est le dictionnaire
arabe de Pierre d'Alcala, publi Grenade en ISOS, etintitul
Vocabulista aravigo en letra casliUana, et la Grammaire du mme,
quia pour titre Arte para Ugeramenie saber la lengua araviga, et
dans laquelle ilse trouve divers morceaux crits en langue arabe et
en caractres espagnols.Voyez les Notices et extraits des manuscrits
de la Bibl. du Boi, t. IV, p. 626 etsuivantes; Chr. Fr. Schnurrer,
Bi6/io
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DES ELEMENTS DE LA PAROLEOBSERVATIONS SUR L'ALPHABET
9. Les lettres de l'alphabet arabe, dont le tableau ci-jointfait
connatre les formes, n'ont pas toujours t disposes dansl'ordre o
elles le sont aujourd'hui : les Arabes eux-mmesnous ont conserv le
souvenir d'un ordre plus ancien, et lavaleur qu'ils donnent leurs
lettres, lorsqu'elles sont em-ployes comme chiffres, confirme
l'existence de cet ordre,qu'ils nomment aboudjed, peu prs comme
nous nommonsl'alphabet abc. Pour faire retenir plus facilement les
lettresde l'alphabet et leur ordre, ils les ont divises en huit
motsfictifs et insignifiants, ainsi qu'il suit ;
' l ' t ' ' ' ' ' ':'' ' '\/ ' \ ' '' ' '\
Les vingt-deux premires lettres de l'alphabet arabe,
ainsidispos, sont les mmes et suivent le mme ordre que cellesdes
Hbreux et des Syriens. 11 est trs vraisemblable que lesArabes,
ainsi que ces autres peuples, n'avaient originairementque ces
vingt-deux lettres et que les six qui composent lesdeux derniers
mots n'ont t ajoutes qu'aprs coup, sansqu'il soit possible de
dterminer prcisment l'poque la-quelle remonte cette addition. Ce
qui rend celte suppositiontrs vraisemblable, c'est ce que
rapportent quelques crivainsarabes cits par Pococke,(*)que les
anciens Arabes nommaientle samedi, qui tait pour eux le premier
jour de la semaine,jLacd' , le second jourj_j9 , le troisime Jb:s.
, le quatrime .w.!^',le cinquime (j^sft*-., le sixime v^^; quant au
septime jour,ils le nommaient '^jjc. On voit que les lettres de
l'alphabetne leur fournissaient que les noms des six premiers jours
dela semaine; ce qui prouve qu'ils ne connaissaient point alors,ou
du moins qu'ils ne distinguaient par aucun signe graphique
(1) Spcimen hiitori Arabum, p. 318.
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ET DE L'ECRITURE 9particulier les six dernires lettres dont on a
form depuisdeux nouveaux mots fictifs qui, s'ils eussent exist,
auraientoffert, pour le septime jour de la semaine, un nom analogue
ceux des six autres jours. Pococke remarque que ces nomsn'avaient t
vraisemblablement donns aux jours de la se-maine que par quelque
matre d'cole qui voulait graver plusfacilement dans l'esprit des
enfants l'ordre des lettres de l'al-phabet. L'histoire rapporte,
d'un prince arabe, qu'il employaun artifice peu prs pareil pour
gravei- dans la mmoire dequelques Africains grossiers le premier
chapitre de l'Alco-ran.W
10. Les Arabes d'Afrique disposent les lettres de l'alphabetdans
un ordre un peu difrent de celui qu'observent les Asia-tiques;
voici cet ordre :
Les Arabes d'Afrique disposent aussi les lettres de l'alpha-bet
suivant un autre ordre peu prs conforme Vaboudjeddes Asiatiques, et
qui nanmoins en diffre en quelque chose,ainsi qu'il suit :
IL Le lam-lif ^ n'est point une lettre particulire, maisn'est
que la runion du lam J et de lif I .
12. J'ai divis l'alphabet en huit colonnes : la premire
con-tient les nombres qui indiquent l'ordre des lettres; la
seconde,les noms des lettres; la troisime, la quatrime, la
cinquimeet la sixime prsentent les diffrentes formes dont
chaquelettre est susceptible lorsqu'elle est 1 entirement
isole,
(I) Voyez l'extrait que j'ai donn du 'pelt, Kartas ou Histoire
des rois de Fezet de Maroc, dans le journal intitul Magasin
encyclopdique, 4* anne, t. 11,p. 344.
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10 DES ELEMENTS DE LA PAROLE2 jointe seulement celle qui la
prcde, 3 jointe celle quila prcde et celle qui la suit, 4 enfin,
jointe seulement celle qui la suit. Il y a plusieurs lettres qui ne
se joignentjamais celles qui les suivent; c'est ce qui fait que la
place deces lettres se trouve vacante dans la cinquime et la
siximecolonne. Il est bon cependant d'observer que, quand le :>,
le i>,lej, lej et le^ se trouvent suivis d'un s la fin d'un mot,
onpeut les joindre ensemble. Quoique plusieurs des lettres
pa-raissent admettre, dans certains cas, et surtout
lorsqu'ellessont entirement isoles, une forme assez diffrente de
cellequ'elles ont dans d'autres cas, cependant rien n'est plus
aisde reconnatre les traits qui constituent la figure primitive
etradicale de chaque lettre et de distinguer ce qui a t ajoutpour
lier plusieurs lettres ensemble, ou pour terminer cer-taines
lettres, lorsqu'elles sont la fin d'un mot, d'une manireplus
agrable.
13. Plusieurs lettres ne diffrent entre elles que par l'ab-sence
ou l'addition d'un ou de plusieurs points. Ces points sontnomms par
les Arabes '.hL.} ; nous les nommons points dia-critiques : ce
dernier mot, driv du grec, signifie distinctifs.
14. f Comme il arrive souvent que les copistes omettent
lespoints diacritiques, ou qu'ils les placent mal propos, il
enrsulte une grande difficult pour la lecture, ce qui a lieu
sur-tout dans les noms propres. Pour remdier cet
inconvnient,lorsque les crivains arabes veulent fixer l'orthographe
et laprononciation d'un nom propre, ils dtaillent toutes les
lettresdont il est compos, ne se contentant pas de les indiquer
parleurs figures, mais crivant tout au long le nom de
chacuned'elles : ainsi, s'il s'agit de fixer l'orthographe du mot
^_j'i , ilsdiront que ce nom doit tre crit par un kaf suivi d'un
lif etd'un fa.
15. f Mais cette prcaution est encore insufsante lorsquedeux
lettres, qui ont la mme figure, ont aussi le mme nom.
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ET DE L'CRITURE 11c'est--dire lorsque leurs noms ainsi que leurs
figures ne dif-frent que par l'absence ou la prsence des points
diacritiques ;tels sont lej ra et le ; za, le . w sin et le /i
schin, le qo sad etle ;= dhad, etc. Il pourrait arriver alors que
le copiste commitaussi facilement une faute dans le nom de la
lettre que danssa simple figure : dans ce cas, on ne se contente
pas d'crire lenom de la lettre; mais si, des deux lettres
auxquelles la mmefigure est commune, l'une a un ou plusieurs points
diacritiqueset l'autre n'en a pas, celle qui n'a pas de points est
distinguepar l'pithte iU^ dpourvue de points, et celle qui a un
ouplusieurs points est nomme 'i.j> avec addition d'un seul point
;Le o est nomm ^j v Uj;^ avec deux points en dessus;
' ' ' , tLe o est nomm i 1ii_^ avec addition de trois points ,Le
^ est nomm ^^is:^ ^.^ sLLi avec deux points en dessous.Ces mots
dsignent, comme on voit, le nombre de pointsqui caractrise chacune
de ces lettres et la place que ces points
occupent au-dessus ou au-dessous de la figure de la
lettre.Quelquefois on nomme le ^ , pour le distinguer des trois
autres lettres avec lesquelles on pourrait le confondre, I-a.
I^^^-. ! , c'est--dire la dernire des lettres de l'alphabet. W
{{) C'est par suite du mauvais systme d'criture des Arabes
qu'ils sontobligs d'noncer tout au long (14, 13 et 16)
l'ortliographe des noms propres.Par la mme raison, pour viter qu'on
ne confonde le mot ^^^ sept avec >"^>neuf, il arrive souvent
que, quand ils emploient les mots >>-' , *> , (^;;*|-
,
ils ajoutent tout de suite f^^^> v.Xft^, c'est--dire le /^
tant plac aucommencement du mot.
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12 DES LMENTS DE LA PAROLE17. -p Quelque ncessaire que paraisse
l'emploi des points
diacritiques pour fixer la lecture et le sens des mots, il
arrivecependant trs souvent qu'ils sont omis dans les manuscrits;et
il n'y a que la connaissance de la langue et une grande ha-bitude
de lire les manuscrits qui puissent mettre porte devaincre cette
difficult. Il parait mme que les Arabes ont tlongtemps sans faire
usage de ces signes pour distinguer leslettres qui ont la mme
figure ; et, quoique l'on trouve em-ploys, dans quelques manuscrits
coufiques,*') des points dia-critiques ou des signes analogues,
c'est une chose assez rarepour que l'on soit en droit de supposer
qu'ils ont t inconnuspendant trs longtemps. Il y a toute apparence
que l'usage despoints diacritiques est postrieur celui des points
voyelles.Peut-tre l'emploi des points diacritiques n'est-il devenu
gn-ral qu' l'poque o le caractre neskhi a pris, dans l'usagecommun,
la place de l'criture coufigue.
18. Les Arabes emploient encore quelques autres signespour viter
la confusion qui peut rsulter de la ressemblancede plusieurs
lettres. Ainsi, ils ont un signe nomm 'i-U^^ quise place sur le i ,
le , et le j-. , en cette manire : ^wj i , pourles distinguer du 3
, duj et du (^. Quelquefois aussi on dis-tingue le sin en plaant
au-dessous de la lettre trois pointsen cette forme : ^ . Pour
distinguer pareillement le - , lej"
,
le i et le des autres lettres avec lesquelles on pourrait
lesconfondre, on place quelquefois, au-dessous de la figure de
lalettre, une autre figure de la mme lettre, isole et plus
petiteque le corps de l'criture, comme dans les exemples
suivants:
A_^ . et v_,/.**wC ' t
(i) Voyez Adler : Deicriptio codicum quorumdam cuficorum.
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ET DE L'ECRITURE 13'J'ai aussi remarqu que, dans quelques
manuscrits o la
figure du : est peu distingue de celle du j, on ajoute au-dessus
du J un autre :> plus petit, pour viter la confusion.
19. On place souvent deux points au-dessus du s, en cettemanire
: s, ce qui a pour objet d'indiquer qu'il doit se pro-noncer comme
le Oi ainsi qu'on le verra plus bas. Lorsqu'ilne doit pas avoir de
points, on met quelquefois au-dessus de laligne un autre s d'une
forme plus petite, et isol.20. Le ^, le (J, le j et le ^, la fin
des mots, perdentsouvent leurs points diacritiques : la raison en
est que, dans ce
cas, ces lettres ne peuvent se confondre avec aucune autre.
Lachose est vidente par rapport au ^j et au ^. Quant aux deuxautres
lettres, il faut observer que le ^ a doit tre pos peuprs sur le
niveau de la ligne, en cette manire : ^.Xv, et lejji, au contraire,
se terminer par une rondeur qui descendebeaucoup au-dessous de ce
niveau, comme j^J'-**- On n'a pastoujours observ cette rgle dans
les livres imprims.
21. Le ^_5', la fin des mots, est souvent figur de manireque sa
queue, au lieu d'tre projete de droite gauche, l'estde gauche
droite, en cette forme : ^, Z. i.. Le plus ordi-nairement, et
surtout dans les manuscrits africains, cela n'alieu que quand on
doit prononcer i, la voyelle qui prcdele ^ tant un kesra, ce qui
sera expliqu plus loin.
22. Parmi les lettres arabes, les unes, comme Vlif ! ,
doivents'lever au-dessus du corps de l'criture; les autres, commele
an o, doivent descendre au-dessous du niveau de la ligne;d'autres
dpassent le corps en-dessus et en-dessous, comme lelam J. Pour
indiquer ces diverses positions relatives, j'ai em-ploy dans
l'alphabet une suite de points qui dsignent leniveau de l'criture.
Mais il arrive frquemment que plusieurslettres sont groupes
ensemble, et que leur liaison exigequ'elles soient places comme en
chelons les unes au-dessus
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14 DES LMENTS DE LA PAROLEdes autres: alors, c'est la dernire
des lettres ainsi groupesqui doit conserver le niveau, et les
autres doivent tre placesau-dessus d'elle. Exemple : Ox^^ U.23. Le
caractre africain ne diffre pas essentiellement decelui de l'Asie,
comme on peut s'en convaincre en comparantles alphabets de ces deux
caractres; mais il est essentiel deremarquer que, dans le caractre
africain, le fa initial ou m-dial est indiqu par un point plac
au-dessous de la lettre : et i? , et le Aa/par un seul point plac
au-dessus : i et i.
24. f Les Arabes de l'Afrique occidentale emploient quel-quefois
les trois lettres -j^ , (Ji et v^ avec trois points placsau-dessus
ou mme au-dessous : ces lettres doivent alors seprononcer comme
notre g dans les mots gteau, gain, guerre.Cela a lieu
principalement dans certains mots emprunts dela langue des Berbres,
ou de quelqu'une des langues de l'Eu-rope, comme JatK dommages, vS
guerre.
25. f Ils font aussi usage du [L avec addition de trois pointsen
dessous, en cette manire : ^,, pour rendre l'articulationque nous
exprimons par les trois lettres tch.
26. Les Arabes, ainsi que les Hbreux, les Phniciens et
plu-sieurs autres peuples de l'Asie, crivent de droite gauche.
27. Ils n'emploient jamais de lettres capitales pour distin-guer
les noms propres de personnes ou de lieux. Les titresdes chapitres
sont seulement crits quelquefois dans un carac-tre plus gros que
celui du corps du manuscrit : le plus sou-vent ils sont crits de la
mme grosseur, mais en encre rouge,et il n'est pas rare de trouver,
dans une mme page, jusqu'trois ou quatre encres de diffrentes
couleurs.
28. Les Arabes ont grand soin de justifier exactement toutesles
lignes d'une mme page, c'est--dire de les faire toutesd'une
longueur parfaitement gale. Erpnius, et les autresgrammairiens aprs
lui, ont remarqu qu'ils ne sparent
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ET DE L'CRITURE 15point un mot en deux lignes, en crivant le
commencementdu mot la fin d'une ligne et rejetant la fin du mme mot
la ligne suivante. Lorsque le mot qui doit terminer une lignese
trouve trop long, ils crivent les dernires lettres dans
l'in-terligne suprieur, ou bien ils les rejettent la marge,
unedistance assez considrable, en sorte qu'on les prendrait pourune
note marginale. Ils ont recours quelquefois un autre ex-pdient, et,
au lieu de commencer un mot qui ne pourrait pastenir en entier dans
la ligne la fin de laquelle il se trouve-rait, ils le renvoient la
ligne suivante et remplissent cellequi prcde en allongeant la queue
des lettres finales qui setrouvent dans cette ligne, ou les traits
qui servent de liaisonentre les lettres mdiales. Cette observation,
que j'emprunted'Erpnius, est cependant beaucoup trop gnrale : elle
n'estpoint applicable aux manuscrits coufiques, dans lesquels
j'airemarqu le contraire. J'ai aussi observ dans plusieurs
ma-nuscrits africains, et mme dans les exemplaires les plus soi-gns
de l'Alcoran, que les Arabes d'Afrique ne font aucunedifficult de
partager un mot entre deux lignes; cela arrivemme la dernire ligne
d'une page, et le reste du mot estrejet la page suivante.
Quelquefois aussi ils finissent le moten retournant le papier et
formant, en remontant, un angleavec l'alignement du reste du corps
de l'criture, en cetteforme :
'_;wl' Js^aJI [jyjA .vjxw \^l.)!. Joxj v,^j!29. La septime
colonne de l'alphabet contient la valeur
des lettres arabes, rendue autant qu'il a t possible dans
noscaractres. Sur quoi il faut observer qu'on ne peut avoir cetgard
que des approximations, et que, s'il est utile de repr-senter
quelques-unes des articulations propres la languearabe par des
signes de convention, comme ts pour le eu, dzpour le i , DH pour le
^, etc., il serait dangereux et inutile de
3
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16 DES LMENTS DE LA PAROLEpousser trop loin le scrupule dans
l'emploi de pareils signes :dangereux, parce que l'on dfigurerait
tellement l'criture auxyeux des personnes qui ne savent pas
l'arabe, qu'elles nepourraient plus prononcer les mots arabes crits
en lettresfranaises; inutile, parce qu'on ne parviendra jamais
trouver,dans la combinaison des lettres de notre alphabet, des
signespropres donner une ide de l'articulation de certaines
lettresarabes, telles que le hamza ou !, et le an o.
Il est indispensable d'entrer ici dans quelques dtails sur
lavaleur des lettres et leur prononciation.
30. Vlif I tant marqu du hamza , signe dont nous par-lerons dans
la suite, ou le hamza seul, n'est point une voyelle :c'est un signe
qui reprsente le mouvement vif et subit de lapoitrine par lequel
est produite l'mission de l'air, qui, mo-difi lors de son passage
par le canal vocal et par la bouche,forme les divers sons ou
voyelles : c'est donc une sorte deconsonne ou d'articulation qui
accompagne toujours lesvoyelles que ne prcde aucune autre consonne.
On pourraitcomparer le hamza Vh non aspir des mots franais
habit,hbt, histoire, homme, Hubert, si ce n'est que, chez nous,
l'An'est l que par une raison tymologique, attendu que nousn'avons
aucun signe pour reprsenter cette sorte d'articula-tion thoracique,
qui est inhrente toute voyelle isole, aulieu que, chez les Arabes
comme chez les Hbreux, ce mouve-ment de la poitrine a constamment
son signe graphique.
Toutefois, le mouvement d'aspiration indiqu par le hamzaa plus
d'intensit que celui qui est rigoureusement ncessairepour la simple
mission de l'air. De l vient qu'on est contraintde l'adoucir, comme
on le verra plus loin, quand il se ren-contre plusieurs hamza de
suite.De l vient encore que, comme toute autre consonne, il
peut
terminer une syllabe compose ou artificielle {n^ 83 et 85),
et
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ET DE L'ECRITURE 17qu'on dit da'-bon > ,13 (je reprsente le
hamza par l'apostrophe)comme on dit bar-don Ojj .Quand Vlif, marqu
du hamza, termine ainsi une syllabeartificielle (n" 85), on fait
sentir le hamza par une sorte decsure, comme si l'on reprenait sa
respiration entre la syllabetermine par le hamza et la syllabe
suivante. C'est en petit lamn)e articulation que celle du & (no
45).
L'/z/, dpourvu de Aawia, n'a pas de prononciation propre;il ne
sert qu' allonger la voyelle a qui le prcde (n" 68) ; quel-quefois
cette voyelle, et Ylif qvii la suit, prennent, comme onle verra
plus loin (no 81), un son fort approchant de \'i.
31. Le V . rpond notre b, et le o^ notre t. En Afrique,on donne
souvent au -^ la prononciation de la lettre o-idontnous allons
parler.32. Le ~.' indique une articulation qui ne peut tre
rendue
en franais par une seule lettre : il rpond au th des
Anglais,comme dans le mot thing; et l'on ne peut mieux le rendre
enfranais que par les deux lettres ts, qu'il faut prononcer
enappuyant lgrement sur Ys. La plupart des Arabes nan-moins ne font
aucune distinction entre la prononciation decette lettre et celle
du c:^; quelques-uns mme regardentcomme vicieuse la prononciation
particulire que je viensd'indiquer. Les Persans et les Turcs
prononcent le ^- commenotre p : je le rends ordinairement par th.
Dans les manus-crits, celte lettre est souvent confondue avec la
prcdente.
33. Le ^ reprsente une articulation pareille celle du gitalien
lorsqu'il est suivi d'un i, comme dans giardino, et peuts'exprimer
par les lettres dj. Cette prononciation est la plususite, et c'est
celle des habitants de l'Arabie et de la Syrie.Mais en Egypte,
Mascate, et peut-tre dans quelques autres
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18 DES LMENTS DE LA PAROLEprovinces, on prononce le ~. comme
notre g suivi d'un a oud'un o, par exemple dans les mots garder,
agonie.Dans les mots persans qui se terminent par un 5 et qui ontt
admis dans la langue arabe, le s est remplac, tantt parun (J, comme
dans ^^y_ agneau, qui vient de zy , et tantt parun ~., comme dans
-er^i.xLi chnevis, qui vient de AJjLsli,; cequi donne lieu de
penser qu'autrefois, dans une grande partiede l'Asie, le ~. se
prononait peu prs comme le g danszigzag, ou le e dans
trictrac.Cette supposition est encore appuye sur une autre
obser-
vation du mme genre; c'est que, dans les mots persans quiont
pass dans la langue arabe, et dont quelques syllabescommencent par
le -.jS ou par le i^T", lettre qui se prononcecomme le g franais
dans les mots gain, guide, gupe, lesArabes remplacent ces lettres
persanes par le -.. Ainsi, dej^js melon, ^j=> Gourgan, nom d'une
province, j.yS=
. "^? . ^"- ,perle, jj^i=i banquier, tijS pain rond, J.xx:=
vote, les Arabesont fait^^, ^J^j=^ , jja. , i^^^a-, i^^j^ ou
(3-^-?., enfin isj^j^a.et isAw^a. . ()34. Le -. indique une
aspiration plus forte que celle de
notre h dans les mots heurter, hros, et assez semblable lamanire
dont les Florentins prononcent le c devant a et o. Ala fin des
mots, cette aspiration est beaucoup plus difficile imiter. Par
exemple, le mot ~Ji se prononce peu prs louh.
35. Le -^ rpond au ch des Allemands lorsqu'il est prcdd'un a ou
d'un o, comme dans les mots nacht, noch. Les Espa-gnols expriment
la mme articulation par le jota. Cette arti-culation ressemble
beaucoup l'efort qu'on fait pour cracher
(1) Voyez, ce sujet, mon Anthologie grammaticale arabe, p. 379
et 406.
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ET DE L'ECRITURE 19et elle est produite par un raclemeiit de la
base de la languecontre le palais suprieur : je la rends en franais
par les deuxlettres kh.36. Le J rpond exactement notre d.37. Le 5
reprsente une articulation qui est celle du i
peu prs comme le o est au Cj : je l'exprime en franais parles
deux lettres dz ou dh. La plupart des peuples qui parlentarabe ne
font aucune diffrence entre cette lettre et la prc-dente; ils les
prononcent l'une et l'autre comme notre d. Quel-ques autres, comme
les Arabes de Mascate, prononcent le 3comme notre z, et tel est
l'usage des Persans et des Turcs.38. Le . rpond exactement notre h,
et lej notre z.39. Le jw rpond l'articulation de notre s, lorsqu'il
est
au commencement des mots. Quand cette lettre se trouve,dans des
mots arabes, entre deux voyelles, on peut la rendrepar un , afin
qu'on n'en confonde pas la prononciation aveccelle du z, que prend
\'s, en pareil cas, dans les mots franais.40. L'articulation du ,
C- est parfaitement rendue par notre
CH. Beaucoup d'crivains franais la rendent par les troislettres
sch, pour que les trangers n'en confondent pas laprononciation avec
celle du ^ : c'est l'usage que je suis ordi-nairement.
D'aprs la manire dont les Arabes d'Espagne
transcrivaientl'espagnol en caractres arabes, il y a lieu de croire
qu'ils pro-nonaient le / i comme l's fortement articule, et le , ^
commele ou le z.
41. Le (jo rpond notre s, mais doit tre articul un peuplus
fortement que le , . , ou avec une sorte d'emphase. Ceque j'appelle
emphase ou articulation emphatique est une es-pce de dilatation de
la vote suprieure de la bouche quilaisse en quelque sorte entendre
un o sourd aprs la consonne :amsi le mot JUo se prononce presque
comme soad, sans cepen-dant que cet o se fasse entendre
distinctement. Ces nuancesne sont pas toujours 1res sensibles dans
le langage ordinaire.
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20 DES LMENTS DE LA PAROLEIl parait mme que l'articulation de es
deux lettres a souventt confondue; car on voit dans les notes
marginales de quel-ques Alcorans que le mot ]o\ye tait crit dans
plusieurs an-ciens exemplaires par un ^ au lieu d'un (jo , (') et
dans leslivres des Druzes le mot ^J-xs et tous les drivs de la
mmeracine sont constamment crits par un /^. . Dans des
picesnouvellement crites en Egypte, on trouve souvent un (_^w=
aulieu du ,^. dans le mot .^^, au lieu de.j^ muraille.
42. Le s rpond au d articul plus fortement que le dfranais, ou
avec une sorte d'emphase. Les Persans et les Turcsle prononcent
comme notre z; quelques peuples, comme ds.En rendant les noms
arabes en franais, on peut employer,pour exprimer le .jo, les deux
lettres dh.43. Le i rpond au t articul fortement et d'une
manire
emphatique. Si l'on veut, en crivant en franais, le distinguerdu
o , on peut le rendre par th.44. Le i ne diffre aucunement , dans
la prononciation
,
du je, et l'on ne peut le rendre en franais que de la mmemanire.
Ces deux lettres sont trs souvent confondues dansles manuscrits. Il
faut cependant observer qu'en Egypte onprononce souvent le J comme
un z, avec une articulationemphatique.
45. L'articulation particulire au c, ne peut tre exprimepar
aucune des lettres usites chez les peuples de l'Europe,cette
articulation leur tant absolument inconnue. Elle se pro-duit en
retirant l'air extrieur vers le gosier, et ce mouvementme parait
avoir quelque rapport avec celui qu'on fait pour ladglutition quand
on avale avec peine, soit cause de quelquegonflement dans les
amygdales, soit par la raison que ce qu'ils'agit d'avaler est d'un
volume un peu considrable, ou d'une
(1) Voyez, sur les cas oii il est permis de substituer le
(^>= au /" , maChrestomathie arabe, 2" dition, t. II, p.
231.
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ET DE L'CRITURE 21substance sche qui ne se prte pas la
dglutition. Il y abeaucoup de rapport entre la prononciation du o
et celle du .,si ce n'est que le c. s'articule plus fortement. La
figure mmedu hamza, qui n'est autre chose qu'un petit o, indique
cetteanalogie. L'articulation du o est plus dificile faire
biensentir quand cette lettre se trouve au commencement d'unmot ou
d'une syllabe, que quand elle termine une syllabe.La manire dont
les Pimontais prononcent le n me parat
approcher beaucoup de l'articulation du o . Exemples : cawchien,
bon bon, bona bonne. O46. Le . reprsente une articulation qui
participe de cellede l'r et du ff : c'est ainsi que les Provenaux
prononcent IV engrasseyant. Quelques crivains ont rendu cette
lettre par unr suivi d'un h, d'autres par un r suivi d'un g, ou mme
desdeux lettres gh; mais, comme l'articulation de IV ne doit
sefaire sentir que trs faiblement, j'aime mieux employer,
pourrendre le !> , le g seul ou les deux lettres gh.47. Le ^
rpond exactement notre f.48. Le (J indique une articulation peu prs
semblable
celle de notre k, mais qui doit tre forme du gosier et qu'ilest
trs difficile de bien imiter. Beaucoup d'Arabes, ceux deMascate,
par exemple, confondent la prononciation de cettelettre avec celle
du i- : cette mme prononciation est ordinairedans les Etats du
Maroc. Dans une grande partie de l'Egypte,le ^ n'est qu'une
aspiration forte et brusque; et il parat quecette articulation, trs
difficile imiter, tait le caractre dis-tinctif des Arabes descendus
de Modhar. (2)49. Le o5 rpond aussi notre k; mais il ne se
prononce
pas du gosier comme la lettre prcdente. Les Turcs et beau-(1)
Voyez Grammatica piemontese, di M. Pipino, p. H.(2) Voyez cet gard
ce que dit Ebn Khaldoun, dans un morceau que j'ai
insr dans mon Anthologie grammaticale arabe, p. 413 et suiv.
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22 DES ELEMENTS DE LA PAROLEcoup d'Arabes lui donnent souvent
une prononciation amollieanalogue celle du q dans les mots franais
queue, qui, et quel'on peut rendre en mettant un i aprs le k. A
Mascate, on pro-nonce O-Tcomme notre g devant a et o; en sorte que
l'on nedislingue pas cette lettre du p^ et du ,^ . Quelques Arabes
pro-noncent le ^^J^et le i^ comme le c italien devant un i, dans
lemot cio, () articulation qu'on peut rendre en franais par
leslettres ich. Si Ton veut, en crivant des noms propres arabesen
caractres franais, distinguer cette lettre de la prcdente,on peut
employer notre k pour rendre le (Jj , et notre q pourle ,^; mais,
en ce cas, on devrait, ce me semble, conservertoujours un u entre
le q et la voyelle avec laquelle il forme unson articul, pour ne
pas s'loigner de l'orthographe univer-sellement admise par les
nations de l'Europe.
50. Le J est parfaitement rendu par notre l, et le ^ parnotre
m.
51. Le jj est susceptible, suivant les grammairiens arabes,de
plusieurs prononciations. Lorsqu'il est suivi d'une voyelle,il se
prononce toujours comme notre n dans le mot navire;mais, quand il
est suivi immdiatement d'une autre consonne,sa prononciation varie.
Devant les lettres t,_,^,o,c.et!s,le ^ conserve son articulation
naturelle ; c'est ce que les gram-mairiens appellent l'-^-o',
c'est--dire manifestation ou pro-nonciation claire. Devant les
lettres c^, o, j^^, i, i,j, / .*,{J-' W' ij=' ^' ^' ^> O ^^ '^'
^^ iJ ^^ prononce d'unemanire nasale, peu prs comme Vn dans le mot
franais en-trer ,(2) cette prononciation est nomme par les Arabes
=Li^!
(1) Voyez M. Niebulir, Description de l'Arabie, dit. franaise de
1773, p. 73. Jedoute cependant que cela soit exactement vrai du (^
Dans les deux exemplesrapports par M. Niebuhr,Bfc/cra et ifwft, il
doit y avoir un O^et non un (^;car je suppose que ce sont les mots
j^^ et -^^^
(2) Erpiiius remarque que cette prononciation nasale se fait
sentir plus for-tement devant le ^J et le \LJ, et il la rend par un
n suivi d'un g.
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t
ET DE L'ECRITURE 23c'est--dire occultation ou.prononciation
sourde. Si le ^ est suivid'un .^ , il se prononce comme un ^ :
c'est ce que les Arabes
/ '' 'nomment w^I, c'est--dire conversion. W Quand le \ est
suivid'un autre ^ ou de l'une des lettres (, j et c, on ne fait
pasentendre l'articulation du ^j, mais seulement un son nasal,
etl'on redouble la lettre suivante. P) Cette prononciation est
nom-me par les grammairiens j*- fLc.5), c'est--dire insertion
en
* : \ 'nasillant. Cependant, si le ^^ se trouve dans le milieu
d'unmot, devant un_. ou un ;;, comme dans ^ji^ii et U>i, il
conserveson articulation parfaite. Le j tant suivi du . ou du J, on
nel'articule en aucune manire, mais on double la lettre qui lesuit.
(3) Cela s'appelle JCxc iL ^Lc.)!, c'est--dire insertion
sansnasiller. Les six lettres qui donnent lieu insertwn
(L&ii,c'est--dire qui produisent la suppression de
l'articulation na-turelle du ij et sa conversion en celle de la
lettre qui le suit,soit en nasillant, soit sans nasiller, sont
comprises dans le mottechnique \J^j>. Si l'on fait abstraction
du ^, les cinq quirestent sont renfermes dans cet autre mot
tecbnique^j/^
.
Dans les Alcorans crits pour l'usage des lecteurs des mos-ques,
les diffrentes prononciations du ^ sont indiques par
(1) C'est aiasi qu'on substitue le [^ au v dans les mots
grecs
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24 DES ELEMENTS DE LA PAROLEles caractres suivants, qui se
peignent en encre rouge au-dessus du jj. La manifestation est
indique par un petit .,;{'occultation, \>ar un ^, sigle du mot
Lia.l;(i) la conversion, parun >; Vinsertion en nasillant, par
un ^, sigle du mot A__i, etpar un teschdid sur la lettre suivante.
(Le teschdid est un signequi indique qu'il faut doubler la lettre,
comme nous le dironsplus bas.) L'insertion sans nasiller est marque
par les deuxlettres ^J, qui reprsentent les mots -i "^, et par un
teschdidsur la lettre suivante, l^)On peut croire que les Arabes
ont observ autrefois, dans
leur langage, ces diffrentes manires de prononcer le ^j. Jepense
mme qu'aujourd'hui les lecteurs de l'Alcoran, attachsau service des
mosques, les observent avec plus ou moinsd'exactitude; mais, dans
le langage ordinaire, on fait presquetoujours entendre
l'articulation naturelle du ^. C'est ainsiqu'en franais l'm que
nous avons substitu r,par exemple,dans les mots embaumer, embarquer
, se prononce absolumentcomme l'n dans les mots entrer, rendre,
c'est--dire de manirequ'il ne forme avec l'e qu'une voyelle nasale;
mais il n'est pasvraisemblable qu'on et substitu Vm Vn si autrefois
onn'avait pas prononc ces deux lettres d'une manire dif-rente,en
faisant entendre clairement l'articulation de chacuned'elles.52. Le
j se prononce comme ou en franais, dans les mots
oui, ouate. On peut aussi rendre cette prononciation par un w(d)
Erpnius dit que, quand cette prononciation nasale a lieu devant un
(^ou un '^Lj, on l'indique en outre par trois points rouges placs
sur le ^, et
que, devant toute autre consonne, on ne met sur le ^ qu'un seul
point rouge.Je n'ai trouv aucun exemple de cela.
(2) J'ai tir ces dtails, ainsi que plusieurs autres sur le
teschdid,\& medda, etc.,d'un exemplaire manuscrit de l'Alcoran
qui appartient la Bibliothque du Roiet qui est indiqu, dans le
catalogue imprim, parmi les manuscrits arabes, sousle n" 189.
Voyez, sur ce manuscrit, les Notices et extraits des manuscrits, t.
IX,1" partie, p. 76 et suiv.
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ET DE L'ECRITURE 25prononc la manire des Anglais. Les Turcs et
les Persansprononcent cette lettre comme notre v.53. Le B ne
reprsente qu'une aspiration trs lgre et sou-
vent insensible, comme celle de \'h dans ces mots : la.
Hollande,\a. Hongrie, o elle n'indique qu'un simple hiatus. Lorsque
cettelettre est surmonte de deux points, ce qui n'arrive jamais
qu'la fin des mots, on la prononce comme le vO ; mais, dans cecas,
on en supprime presque toujours la prononciation dansle langage
vulgaire.54. Le c doit se prononcer comme notre y faisant
fonction
de consonne, dans le mot yacht, par exemple, que nous
avonsemprunt des Anglais, et dans ces mots : il y a, il y est, il
yavait, il y eut, etc. Dans ces derniers exemples, l',y fait
fonctionen mme temps de voyelle et de consonne, car on entend leson
de Vi avant l'articulation de 1'.^. C'est cette dernire
arti-culation qui rpond celle du c Les Allemands la rendentpar un
j, comme dans les mots bejahen, jagd. C'est ainsi
vrai-semblablement que les Latins prononaient le/.
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26 DES LMENTS DE LA PAROLECHAPITRE II
De la division des lettres en diffrentes classes57. f On divise
les lettres de l'alphabet arabe en diffrentes
classes, raison de la partie de l'organe qui concourt le
plusefficacement leur articulation. Les unes sont nommes
AJiLa.,
, _ cou A-j ,i^ gutturales ; ce sont les lettres ! , -. , ^^ ,
c, , ?> et b . Onappelle 'i'->,j^^ celles qui sont formes prs
de la luette, et cesont le ^ et le^ . Ces deux mmes lettres, ainsi
que le -; , le, i, et le ^ , sont nommes 'L> ^s-" , c'est--dire
formes dansla cavit suprieure de la bouche, entre la langue et le
palais. (*)Les lettres j , /^ et (je sont nommes aJI>.,' ,
c'est--dire for-mes avec l'extrmit suprieure de la langue ; ces
mmeslettres sont aussi nommes ^-J \ ^^^a. lettres sifflantes.
Onappelle ^li les lettres O', ^ et is, parce qu'elles sont formesen
appuyant fortement l'extrmit de la langue vers la partieantrieure
du palais; i^-iy^ , les lettres c>, -i et Jj, parce que
' ' f =. '' 'l'extrmit de la langue s'appuie contre les
gencives; ^4^3 , les(1) Pirouzabadi attribue cette dnomination aux
trois lettres ^ , / iX. et^Le sens du mot a-j^s-" est peu certain.
Le verbe ^.^^ dit de la bouche, signifie
l'ouvrir, elj:^, comme nom, veut dire la partie de la bouche gui
est entre lesdeux mchoires y~^~srL" vj L> , ou l'endroit o se
rencontrent les deux os
maxillaires y^j.^\ ^XL' , ou la partie de la vote convexe de la
bouche,qui est susceptible de s'ouvrir ^' ^ijJ.ij" y^ ^^i.}) L>
. Suivant le Traitde laprononciation des lettres arabes, que j'ai
dj indiqu, le -:^ , le ^^ li- et le y_Cs'articulent du milieu de la
langue, entre cette partie de la langue et le milieudu palais
suprieur, et le , jo s'articule de la partie de la langue qui suit
im-mdiatement, en avanant vers les dents, le lieu o se produit
l'articulationdu^.
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ET DE L'ECRITURE 87lettres > ., ^_i et ,., parce qu'elles
sont articules par un mou-vement rapide et facile de l'extrmit des
lvrei; on donneaussi la mme dnomination aux lettres ,, J et ^j, qui
seforment par le moyen de l'extrmit de la lanffue.W On
appelledil^ii, labiales celles qui sont formes par le mouvement
deslvres : ce sont les lettres ~., ^ et ^; 'L.iLJ linguales,
leslettres ., ;, ,r, /'^, (_/= et ^, auxquelles quelques
grara-mairiens en joignent plusieurs autres. Enfln, on nomme
-;vJ,c'est--dire doucea, les lettres I, . et ^_5'; cette
dnominationpeut leur avoir t donne cause de la douceur de
leurarticulation, ou parce qu'elles prouvent souvent une
sorted'affaiblissement et ne reprsentent plus que des sons
sansaucune articulation.58. 7 On appelle encore les lettres . et J
: ^^ j'_^''iJ ' ^j^^ ^*^"
trs de dclinaison; les lettres , >, -., ^, L et ^i : Xlalill
^_^jyAou bien luL'! ^_}jjs^, c'est--dire lettres tremblantes, ou
pluttui produisent un claquement. P) Le . porte aussi le nom
dej:j-kjj] j^a. lettre de rptitioti; le ,. , celui de JJtX})
^j^
(1) Firouzabadi appelle ces six lettres ^3 ^}J'^>
c'est--direarticules
avec l'extrmit soit de la langue, soit des lvres; et il les
subdivise en deuxclasses: il nomme *^_;'^ la premire, qui comprend
les lettres i , J et ,.>, et*--%^ la seconde, qui renferme les
trois autres lettres _' , v j et /
.
(2) Le mot arabe J^J.* ou ,3^ rpond au latin crepitare. La
cicogne estnomme en arabe ^^^ > parce que sa voix forme une
sorte de claquement oude ptillement : c'est la raison pour laquelle
Ptrone l'appelle crotalistria.Quelques grammairiens retranchent le
> des lettres de cette catgorie et ysubstituent le >0, ce qui
me semble plus convenable. J'ai peine concevoirque le ^^ soit
compris parmi ces lettres, et je crois que, s'il y a t compris,
c'a t par les grammairiens qui le prononaient comme notre 9 dans
zigzag.Dans mon Anthologie grammaticale arabe, p. 4 du texte arabe
et p. 3 de latraduction, j'ai crit v ; mais je crois que c'est une
faute.
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28 DES LMENTS DE LA PAROLElettre de dilatation, e\. le , *,
celui de xJUjX-jI ^ j^-a> lettresd'extension, cause des
diffrences observes par les gram-mairiens dans le mouvement ou la
disposition des diversesparties de l'organe de la parole, lorsqu'on
articule ces lettres.Les lettres ! , _, et^ se nomment y^] ^x^^
lettres douces,
jLjl ^_3_5 va. lettres de prolongation, jjLJ_J! ^__^_j^_iv
lettresd'augmentation ou augments, et enfln a_J,jJI ?. ^-=>.
lettresinfirmes. Nous donnerons plus loin la raison de ces
dnomi-nations.!*) ^
Enfln les deux lettres ' et ^ se nomment aussi ^^^3! ^jLlettres
brves; on en verra ailleurs la raison.59. f Ces divisions et ces
dnominations des lettres ne sont
pas les seules imagines par les grammairiens arabes, quisouvent
mme ne sont pas parfaitement d'accord entre eux;il en est encore
d'autres que je vais rapporter, non que je lesregarde comme fort
utiles, mais parce qu'il peut tre nces-saire de connatre ces
dnominations pour entendre les gram-mairiens et les
scholiastes.
(1) Suivant le grammairien Ebn Farht, les lettres ', j et j^
sont kttret deprolongation -X-*.! i 9 j=> ) quand elles sont
prcdes de la voyelle quileur est analogue, comme dans ^_s'-^^. ,
Oy^~i et fT^^ et leitrn doucest-j-iji ^_^jj.,s>. , quand elles
sont djezmes aprs un fatha, comme dans'^y ^' /"^ ' cette dernire
dnomination ne saurait convenir l'lif sous cepoint de vue. Je
croirais plutt qu'on doit les nommer lettres de prolongationquand
elles sont purement servtes et quiescentes, comme dans (*!-> ,
^y^et X^ , et lettres douces toutes les fois qu'elles sont ou
qu'elles reprsententdes lettres radicales, soit qu'elles soient
djezmes ou quiescentes, comme dans'I - 'I ' " - 'x'-'i ' ' f.'^'-,
.'-, (^-9, J^, ._j2v et ^^^rt- Bdhawi (Anthologie
grammaticalearabe, p. 3) n'appelle lettres douces que le j et le
^.Ebn Farht ajoute que toute lettre de prolongation est en mme
temps lettre
douce, mais que toute lettre douce n'est point, pour cela,IeKre
de prolongation.(Man. ar. de la bibl. du Roi, n" 1295 A.)
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ET DE L'CRITURE 29Toute lettre est dcidment forte ^jf^ -^i-^
> ou dcidment
faible 1^^'' jd^. , ou bien tient le milieu entre les lettres
forteset les lettres faibles ^^^^-''j J^j^J! ^^-o . Les lettres
fortes sontau nombre de huit, savoir : le hamza ou I , et les
lettres ^ . , o^
,
_, J, i, ^j, et k,^; les lettres faibles sont Vlif sans hamza
etles suivantes : o, ^, ^, ->,j,(^, (J^, (jo, J=, ^, ^, v_5,,jet
^; les lettres qui tiennent le milieu sont celles-ci : . , - ,
J,j.etj.On divise encore les lettres :
1 En lettres caches i^y^f, c'est--dire dont l'articulationest
rapide et peu sensible, et lettres profres ouvertementf, ,
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30 DES ELEME^^^S DE LA PAROLE. ., , ^,j, J, - et jj; toutes les
autres sont comprises sous laseconde.La dnomination XJUj^ ou -^J
revient ce que nous ap-
pelons lettres liquides; 1 oppos est '\JU^a^,qm signifie
pro-prement des choses qui sont solides et dans lesquelles il n'y
apoint de creux.Toutes les qualits indiques par ces diverses
dnominations
contribuent rendre l'articulation forte ou faible. Celles
quicontribuent la rendre forte sont les suivantes : ^^^^'^^
,
lfi^jjpC j^kLfJT, ^s,j>/T, iwjji JUL^^!^Ct^W,et f^^-' Celles
qui contribuent rendre l'articulation faiblesont les suivantes :
JliXw^!, ^.^,^)\ , Sjl^M et -liiJ^M. Plusune lettre runit des
premires qualits, plus elle est forte;plus elle runit des qualits
de la seconde classe, plus elle estfaible. (DCes divisions de
lettres sont susceptibles de variations,
plusieurs parties de l'organe concourant ncessairement
laformation de la plupart des articulations. Je n'en ai fait
men-tion ici, en suivant divers grammairiens, que parce
qu'ellespeuvent jeter quelque lumire sur l'ancienne et vritable
arti-culation de certaines lettres, et parce qu'elles ne sont
peut-tre pas sans quelque utilit pour les recherches
tymolo-giques.60. On divise encore les lettres en radicales et
servtes. Les
lettres radicales sont nommes J^^^o', ce qui signifie
fonde-ments, racines; ou '.J^ fondamentales, ou radicales; si
l'onveut, essentielles. Les lettres serviles portent le nom de
.xjI.i ,c'est--dire augments ou accessoires. Elles sont ainsi
nommesparce qu'elles servent former les diffrentes inflexions
gram-maticales des verbes et des noms, ainsi que les mots drivs
(1) Grammat. arab. Maronilarum, p. 7 12.
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ET DE L'ECRITURE 31des racines ou mots radicaux, et quelques
particules inspa-rables : ce sont les lettres comprises dans les
deux mois tech-niques ^Clij 1^
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32 DES ELEMENTS DE LA PAROLELe ~ et les lettres ^> ;Le (je,
et les lettres ^ , 1 et J ;Le ^ et les lettres 1 et i ;Le i et les
lettres i et v.ir;Le i et les lettres > et ^J ;Le f- et les
lettres ^ et o/";Le ^J et le oi';Enfin le J et le j, si ce n'est
dans les deux mots J et _Jc.Cette incompatibilit est moins une
incompatibilit natu-
relle que le rsultat des observations faites par les
grammai-riens sur les racines de la langue arabe