SIGLES et ABREVIATIONS AFREE : Association de Formation et de Recherche sur l’Enfant et son Environnement AG : Anesthésie Générale ALR : Anesthésie Loco Régionale AM : Allaitement maternel ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé ARH : Agence Régionale d’Hospitalisation ASH : Agent de Service Hospitalier CAF : Caisse d’Allocations Familiales CAMSP : Centre d’Action Médico Sociale Précoce CH : Centre Hospitalier CHUB : Centre Hospitalier Universitaire de Besançon CIDF : Centre d’Information sur le Droit des Femmes CODES : Comité Départemental d’Education pour la Santé CoFAM : Coordination Française pour l'Allaitement Maternel CPP : Centre Périnatal de Proximité CRAM : Caisse Régionale d’Assurance Maladie CRN : Commission Régionale de la Naissance CVF : Capacité vitale forcée DEP : Débit expiratoire de Pointe DIULHAM : Diplôme Inter Universitaire sur la Lactation Humaine et l’Allaitement Maternel DMS : Durée Moyenne de Séjour DRDR : Dotation Régionale de Développement des Réseaux DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques EPP : Evaluation des Pratiques Professionnelles FIQCS : Fond d’Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins HAD : Hospitalisation A Domicile HAS : Haute Autorité de Santé, anciennement ANAES IBCLC : International Board Certified Lactation Consultant (Consultant en lactation certifié par le bureau international) IBLCE : International Board of Consultant Examiners IBFAN : International Baby-Food Action Network IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers IHAB : Initiative Hôpitaux Amis des Bébés ILCA : International Lactation Consultant Association ILCOR : International Liaison Comittee On Ressuscitation IMC : Indice de Masse Corporelle INSERM : Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale JRA : Journée Régionale pour l’Allaitement maternel
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SIGLES et ABREVIATIONS
AFREE : Association de Formation et de Recherche sur l’Enfant et son Environnement
AG : Anesthésie Générale
ALR : Anesthésie Loco Régionale
AM : Allaitement maternel
ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé
ARH : Agence Régionale d’Hospitalisation
ASH : Agent de Service Hospitalier
CAF : Caisse d’Allocations Familiales
CAMSP : Centre d’Action Médico Sociale Précoce
CH : Centre Hospitalier
CHUB : Centre Hospitalier Universitaire de Besançon
CIDF : Centre d’Information sur le Droit des Femmes
CODES : Comité Départemental d’Education pour la Santé
CoFAM : Coordination Française pour l'Allaitement Maternel
CPP : Centre Périnatal de Proximité
CRAM : Caisse Régionale d’Assurance Maladie
CRN : Commission Régionale de la Naissance
CVF : Capacité vitale forcée
DEP : Débit expiratoire de Pointe
DIULHAM : Diplôme Inter Universitaire sur la Lactation Humaine et l’Allaitement Maternel
DMS : Durée Moyenne de Séjour
DRDR : Dotation Régionale de Développement des Réseaux
DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques
EPP : Evaluation des Pratiques Professionnelles
FIQCS : Fond d’Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins
HAD : Hospitalisation A Domicile
HAS : Haute Autorité de Santé, anciennement ANAES
IBCLC : International Board Certified Lactation Consultant (Consultant en lactation certifié par le bureau
international)
IBLCE : International Board of Consultant Examiners
IBFAN : International Baby-Food Action Network
IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers
IHAB : Initiative Hôpitaux Amis des Bébés
ILCA : International Lactation Consultant Association
ILCOR : International Liaison Comittee On Ressuscitation
IMC : Indice de Masse Corporelle
INSERM : Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale
JRA : Journée Régionale pour l’Allaitement maternel
5
LLL : La Leche League
MAMA : Méthode de l’Allaitement Maternel de l’Aménorrhée
NR : Non Réponse
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PIB : Produit Intérieur Brut
PFC : Polyclinique de Franche-Comté (Besançon)
PMI : Protection Maternelle et Infantile
PNP : Préparation à la Naissance et à la Parentalité
PNS : Professionnel Non Soignant
PNNS : Plan National Nutrition Santé
PPJ : Polyclinique des Portes du Jura (Montbéliard)
PRALL : Programme Relais Allaitement de la Leche League
PRSP : Programme Régional de Santé Publique
PS : Professionnel Soignant
REPOP : Réseau de Prévention et prise en charge de l’Obésité Pédiatrique
REQUA : Réseau Qualité
RG : Renseignements Généraux
RPFC : Réseau Périnatalité de Franche-Comté
SA : Semaines d’Aménorrhée
SMAM : Semaine Mondiale de l’Allaitement maternel
SROS : Schéma Régional d ‘Organisation Sanitaire
T2A : Tarification A l’Activité
UNICEF : United Nations International Children’s Emergency Fund (Fonds des Nations Unies pour
l’Enfance)
URCAM : Union Régionale des Caisses d’Assurance Maladie
Xp : Multipare
WHA : World Health Assembly
6
INTRODUCTION
Si les bienfaits de l’allaitement maternel sont démontrés pour l’enfant, la mère et la société, il est
également prouvé que ces bénéfices dépendent de sa durée et de son exclusivité. Les organisations
s’occupant de la santé au niveau mondial, les recommandations professionnelles internationales et
nationales préconisent un allaitement exclusif pendant les six premiers mois de vie de l’enfant, puis un
allaitement associé à la diversification alimentaire jusqu’à ses deux ans et plus. Or, la France se
démarque, parmi les pays Européens, par ses plus faibles taux et ses plus courtes durées
d’allaitement maternel : la protection, la promotion et le soutien de l’allaitement maternel sont par
conséquent une priorité de santé publique.
Ce besoin d’améliorer la situation de l’allaitement maternel a conduit le Réseau Périnatalité de
Franche-Comté (RPFC) à présenter un projet régional allaitement. Conscient du rôle essentiel des
services liés à la maternité, une formation de préparation à l’examen de consultant en lactation a été
proposée aux dix pôles ‘‘mère-enfant’’ de la région afin de former un groupe de référents réparti sur
l’ensemble du territoire.
Dans ce cadre, le groupe en formation a choisi de réaliser un mémoire commun, afin d’établir un
état des lieux et de définir les priorités d’actions régionales pour améliorer l’accompagnement de
l’allaitement maternel en Franche-Comté, en regard des dix conditions de l’OMS/UNICEF pour le
succès de l’allaitement maternel et du Code International de commercialisation des substituts de lait
maternel. (Annexe 1 et 2)
Le projet allaitement et son démarrage sont présentés à partir du mode d’organisation et de
fonctionnement du RPFC dans la première partie.
La méthodologie et la population de l’enquête allaitement sont développées dans la deuxième
partie.
Les résultats régionaux sont présentés dans la troisième partie.
Enfin, des mesures d’amélioration et un plan d’action régional sont proposés dans la
quatrième et dernière partie.
Pour faciliter la lisibilité et la compréhension de notre mémoire, nous avons élaboré un
deuxième document intitulé « Annexe Population et Résultats » qui détaille la population de l’enquête
et les résultats sous forme de tableaux.
Ce document annexe a surtout pour objectif un rendu détaillé des résultats détaillés par
service/pôle, afin que chaque équipe puisse faire l’analyse de ses résultats locaux et élaborer ses
propres pistes d’amélioration, en parallèle au plan d’action régional.
7
I. Le Projet allaitement du Réseau Périnatalité de Franche-Comté 1. Présentation du RPFC
1.1. Historique du RPFC
La formalisation du Réseau Périnatalité de Franche-Comté (RPFC), en novembre 2002, fait
suite à l’application du Plan périnatalité 1995-2000 [1] et des décrets 98-899 [2] et 98-900 [3]. L’objectif
initial de ce réseau de coopération inter hospitalière en périnatalité était de repérer les grossesses à
risque et de favoriser les transferts in utero (de préférence aux transferts des nouveau-nés) vers
l’établissement de niveau adapté.
En 2004, le réseau de périnatalité a déposé une demande de financement sur l’enveloppe de la
Dotation Régionale de Développement des Réseaux (DRDR) afin d’évoluer vers un fonctionnement
ville-PMI-hôpital. Le projet soumis aux tutelles s’appuyait sur les propositions faites dans le rapport
‘Mission périnatalité’ [4] et proposait de décliner les actions du réseau de périnatalité selon deux
niveaux d’organisations complémentaires : le niveau régional et le niveau de proximité.
� Le niveau régional
Les actions régionales correspondent en plus de l’organisation des transferts in utero et des
transferts néonataux, à l’organisation des formations interdisciplinaires, aux réunions de groupes de
travail, au développement des outils de communication et de partage de l’information…
Ce niveau régional permet, en offrant des lieux et des temps de rencontre autour de la
périnatalité, de favoriser les échanges entre les professionnels de périnatalité de la région qui
n’auraient pas nécessairement l’occasion de se rencontrer.
� Le niveau de proximité
Le niveau de proximité se conçoit d’un point de vue fonctionnel, ce qui correspond aux
échanges, aux modes de fonctionnement que les professionnels peuvent partager entre eux, autour
d’un patient, d’une pathologie ou d’une problématique. L’aire géographique d’un niveau de proximité
coincide en général au bassin de recrutement d’une maternité (ou de deux maternités dans les villes
où il existe une maternité publique et une maternité privée).
L’objectif est de permettre aux professionnels d’un niveau de proximité, amenés à prendre en
charge les mêmes patient(e)s, de se rencontrer, de reconnaître leurs compétences mutuelles, leurs
places et leurs rôles dans la prise en charge, d’améliorer la communication et la transmission
interprofessionnelle.
L’acceptation du projet et l’obtention du financement DRDR en décembre 2004 ont permis au
réseau, à partir de 2005 de se restructurer, de définir précisément des objectifs de travail en
s’appuyant notamment sur le Plan Périnatalité 2005-2007 [5] et sur la Circulaire relative à la promotion
de la collaboration médico-psychologique en périnatalité [6].
8
La mise en oeuvre de projets spécifiques, en lien avec les objectifs du RPFC et en conformité
avec la Circulaire relative au cahier des charges national des réseaux de santé en périnatalité [7] tient
compte des spécificités régionales et locales.
L’organisation, les objectifs et les missions du RPFC sont présentés dans le livret de
communication du RPFC. (Annexe 3)
1.2. Les formations et les groupes de travail
� Le RPFC s’appuie sur une double stratégie de formation multidisciplinaire :
- Il organise deux journées régionales annuelles de sensibilisation sur des problématiques
spécifiques. Ces journées sont ouvertes à l’ensemble des professionnels du réseau et retransmises
en visioconférence dans tous les pôles ‘mère-enfant’ de Franche-Comté. Elles sont ensuite mises en
ligne sur le site du réseau.
- Il prend en charge la formation de professionnels référents, qui assurent le relais du pilotage
des projets par niveau de proximité et participent aux groupes de travail régionaux.
� La vie du réseau est ponctuée par les journées de for mation et les rencontres des
groupes de travail :
- Une première journée régionale en mars 2006 présentait des points clés de sensibilisation
autour du travail en réseau : “l’entretien prénatal précoce, grossesse et addiction, la naissance
physiologique et l’allaitement”. La journée d’automne 2006 était réservée à l’accompagnement du
deuil périnatal. - Dès la sortie du Plan Périnatalité 2005-2007 [5], le RPFC a proposé des formations “Entretien
Prénatal Précoce et travail en réseau”, mesure phare de ce plan. Les premières sessions de
formation ont été organisées au niveau régional, réunissant des sages-femmes hospitalières, libérales
et territoriales de Franche-Comté. Aujourd’hui, les formations se déroulent au niveau local et sont
multidisciplinaires. - Depuis 2006, le RPFC inscrit chaque année des professionnels de périnatalité à la “Formation
de formateurs” organisée par l’Association de Formation et de Recherche sur l’Enfant et son
Environnement (AFREE) à Montpellier. Sept à huit professionnels des différents niveaux de proximité
(gynécologue obstétricien, pédiatre, médecin de PMI, puéricultrice, sage-femme, psychologue…)
participent chaque année. Cette formation, basée sur une méthode prospective longitudinale, consiste
en une présentation interdisciplinaire de vignettes cliniques qui sont analysées et discutées. Cette
méthode d’analyse de pratique est d’abord présentée en niveau de proximité lors de formations
multidisciplinaires, puis mise en place progressivement, co-animée par les référents locaux formés à
ces reprises.
- En parallèle à la formation AFREE, le RPFC a organisé ‘in situ’ une “Formation à l’échelle de
BRAZELTON” [8] à laquelle ont participé des pédiatres, pédopsychiatres, puéricultrices,
psychomotriciennes des établissements hospitaliers et des CAMSP de la région.
9
Cette formation a été organisée pour répondre à la demande de professionnels de périnatalité
qui regrettaient que les nouveau-nés soient observés sur un plan strictement somatique. En effet,
observer les nouveau-nés dans leur globalité, être à leur écoute, repérer leur malaise ou au contraire
leur satisfaction, valoriser leurs compétences aux yeux de leur mère, permet de favoriser l’interaction
mère-bébé.
- Depuis le 1er janvier 2008, “Naître et Grandir” propose un suivi spécifique jusqu’à 8 ans, des
enfants nés avant 33 semaines d’aménorrhée ou ayant eu une hypoxie périnatale.
- Le projet “Périnatalité et addictions” a débuté en 2008 avec une journée régionale co-
organisée avec le réseau régional d’addictologie. Le médecin coordonnateur et une sage-femme de
proximité du RPFC ont obtenu le Diplôme Universitaire Périnatalité et Addictions. Des sessions
locales de formation vont débuter pour sensibiliser les professionnels de périnatalité aux addictions
chez les femmes enceintes et aux risques chez les nouveau-nés. Elles permettront de développer une
collaboration entre les professionnels des différents champs concernés pour améliorer la prise en
charge des grossesses des patientes addictes et de leurs nouveau-nés.
- Le projet allaitement sera développé plus précisément dans le chapitre suivant.
Mener à bien ces projets pilotés par la cellule de coordination implique l’investissement des
professionnels formés ou volontaires qui représentent leur niveau de proximité au sein de groupes
régionaux.
1.3. L’esprit de réseau
La loi n° 2002-303 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé [9] impose
une prise en charge globale et continue du patient, incluant l’éducation à la santé, la prévention, le
diagnostic et les soins. Ce rôle, dévolu aux réseaux de santé (article L.6321-1 du code de la Santé
Publique), doit favoriser les collaborations interprofessionnelles en coordonnant les interventions de
tous les acteurs dans le respect du choix des usagers.
Développer l’esprit de réseau, c'est apprendre à penser et à travailler ensemble pour :
- favoriser un décloisonnement entre les disciplines médicales, psychologiques et sociales. Les
professionnels se connaissent et partagent la satisfaction de se rencontrer, d’échanger sur les
pratiques, de se former et de sortir de ‘l’isolement professionnel’ ;
- améliorer la prise en charge des usagers par les liens et transmissions qui existent entre les
professionnels choisis par la femme enceinte ou les parents. Chacun garde sa place en respectant
celle des autres, sans oublier personne ;
- offrir aux familles une ‘enveloppe humaine’ souple, caractérisée par la lisibilité des rôles, pour
leur apporter un sentiment de cohérence, de continuité et de confiance dans la prise en charge
proposée.
10
La motivation et l’engagement des professionnels se conjuguent alors dans une réelle
dynamique de travail en réseau avec la concrétisation des projets, tel que celui autour de l’allaitement
maternel.
2. Présentation du projet allaitement
2.1. Justification du projet
Les premières phrases du référentiel HAS, Favoriser l’allaitement maternel de Juin 2006 [10],
pourraient à elles seules justifier la mise en œuvre d’un projet allaitement au sein des réseaux de
périnatalité et en tracer les principaux axes :
« L’allaitement maternel favorise la croissance physiqu e et affective de l’enfant , privilégie
le lien ‘mère-enfant’, renforce l’immunité de l’enfant et réduit les coûts en lait artificiel et en soins.
L’OMS et l’UNICEF font la promotion de l’allaitement maternel avec la diffusion des 10 conditions
pour le succès de l’allaitement maternel, dans le cadre de l’IHAB ; le rôle crucial de l’allaitement est au
coeur de la stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. De nombreux
pays développent des stratégies globales de promotion de l’allaitement maternel ; les interventions les
plus efficaces associent campagnes d’information, formation des professionnels, recours aux
consultants en lactation, groupes de soutien de mères allaitantes, aménagement du monde du travail.
Le soutien de l’allaitement maternel fait partie du Programme National Nutrition Santé ; il est intégré
au plan de lutte contre l’augmentation de la prévalence de l’obésité infantile ».
L’argumentation du projet allaitement du RPFC repose s ur d’autres recommandations,
rapports, références législatives, initiatives ou étud es en faveur de l’allaitement maternel :
� La circulaire relative au cahier des charges national des réseaux de santé en
périnatalité
« Le réseau a connaissance de l’actualité de ces recommandations et de ces référentiels
élaborés au plan national par les sociétés savantes impliquées dans la périnatalité et par la Haute
Autorité de Santé (HAS). Il les diffuse et les applique en son sein, après discussions et décisions
consensuelles sur des adaptations locales notamment. Les protocoles élaborés au sein du réseau
sont également diffusés et appliqués. A titre d’exemple, seront concernés : […] l’allaitement maternel
[…]. L’organisation mise en place pour la promotion de l’a llaitement : La promotion de
l'allaitement doit être encouragée. Le réseau incite toutes les maternités à établir une politique
d’établissement vis à vis de l’allaitement maternel et à en évaluer le fonctionnement. L’existence d’un
numéro d’appel propre au réseau pour des conseils sur l’allaitement, et d’éventuelles consultations de
conseillères en allaitement sont précisés (lieu de ces consultations, modalités d’accès…) ainsi que les
actions mises en place en lien avec les pédiatres libéraux exerçant dans les maternités et avec les
associations actives dans ce domaine, le cas échéant. Formation : Un corpus commun de formations
comprenant notamment celles entrant dans le cadre des priorités d’action retenues au plan national
est proposé par le réseau. Par exemple : [...] formation à la promotion de l’allaitement […] » [7]
11
� L’historique des stratégies de l’OMS et de l’UNICEF po ur l’allaitement maternel
- Adoption en 1981du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel Il
vise à protéger, encourager l'allaitement maternel et assurer une utilisation correcte des substituts du
lait maternel quand ceux-ci sont nécessaires [11].
Chaque état est responsable de son application. Nous développerons ultérieurement la politique
française le concernant.
- Déclaration conjointe OMS/UNICEF pour la protection, l’encouragement et le soutien de
l’allaitement maternel [12] en 1989 qui énonce les dix conditions pour le succès de l’allaitement
maternel et le rôle spécial des services liés à la maternité.
- Article 24 de la Convention internationale des droits de l’enfant [13] qui souligne l’importance de
l’information à tous les parents sur les avantages de l’allaitement maternel.
- Déclaration d ’Innocenti [14] en 1990 qui fixe quatre objectifs opérationnels à atteindre d’ici
1995 pour chaque pays :
� « nommer un coordinateur national pour l’allaitement et établir un comité national
multisectoriel de l’allaitement ;
� s’assurer que chaque structure offrant des services de maternité appropriés applique les Dix
conditions pour le succès de l’allaitement maternel dans leur intégralité ;
� mettre en œuvre les principes et objectifs du Code international de commercialisation des
substituts du lait maternel dans leur intégralité ;
� promulguer une législation protégeant le droit des mères qui travaillent à allaiter et mettre
en œuvre les moyens de son application ».
- Démarche qualité Initiative Hôpital Ami des Bébés (IHAB) lancée en 1991 par l’OMS,
l’UNICEF et l’Association Internationale de Pédiatrie lors d’une réunion internationale sur l’allaitement
au sein à Ankara, pour donner suite à la déclaration d’Innocenti. Les hôpitaux qui ont travaillé pour
l’obtention de ce label, et qui appliquent ces conditions pour tous, ont constaté une répercussion
positive sur toutes les mères et tous les bébés : plusieurs des dix conditions sont applicables quel que
soit le mode d’alimentation. [15] C’est pourquoi ces hôpitaux sont ‘amis des bébés’ et non pas
seulement ‘amis de l’allaitement’ (20 000 hôpitaux dans le monde dont 650 en Europe et 7 en France
en 2008), ce que prouvent les données scientifiques relatives aux dix conditions pour le succès de
l’Allaitement. [16]
- Résolution WHA 54.2 de l'OMS en mai 2001 qui recommande un allaitement exclusif de six
mois, à la place de ‘4 à 6 mois’ qui était l’ancienne recommandation.
12
- Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant [17] adoptée par
l’Assemblée mondiale de la santé en 2002, qui affirme que l’allaitement est le mode d’alimentation le
plus approprié. Afin d’avoir une croissance, une santé et un développement optimaux, le nourrisson
doit être exclusivement nourri au sein pendant les six premiers mois de sa vie. Par la suite, en raison
de l’évolution de ses besoins nutritionnels, le nourrisson doit recevoir des aliments complémentaires
sûrs et adéquats du point de vue nutritionnel, tout en continuant d’être allaité jusqu’à l’âge de deux
ans ou plus.
- Plan d’action européen de protection, promotion et soutien de l’allaitement maternel [18]
présenté à Dublin en juin 2004.
� Les recommandations ANAES et HAS
- Allaitement maternel, Mise en œuvre dans les 6 premiers mois de vie de l’enfant [19],
- Allaitement maternel suivi par le pédiatre [20],
- Préparation à la naissance et à la parentalité (PNP) [21],
� Le deuxième Programme National Nutrition Santé (PNNS) 20 06 - 2010 [22]
et la brochure PNNS [23] « Allaitement maternel, les bénéfices pour la santé de l’enfant et de sa mère »
� Les guides de pratique clinique
- Guide pratique pour les professionnels de santé « Allaitement maternel : comment favoriser
sa réussite » [24]
- Guide clinique pour l’établissement d’un allaitement exclusif ILCA [25].
� Les nombreuses études sur l’allaitement maternel
Elles nous ont permis de réaffirmer les principaux bénéfices de l’allaitement maternel.
2.2. Les bienfaits de l’allaitement maternel
La composition du lait des mammifères est spécifique de l’espèce. Le lait maternel est donc
parfaitement adapté aux besoins physiologiques du nourrisson [26].
Les études concernant l’évaluation des ‘bénéfices santé’ de l’allaitement maternel posent
cependant un problème méthodologique (nature et durée de l’allaitement, population ciblée, facteurs
environnementaux) [27]. Il est intéressant de constater, en outre, que si l’allaitement maternel
représente la référence ou la norme à laquelle tous les autres modes d’alimentation doivent être
comparés, la plupart des études sont présentées en terme de « moins de risque si allaité » plutôt que
« plus de risque si non allaité » … Il existe un effet-dose permettant de dire qu’un allaitement
maternel, même bref, reste positif pour l’enfant [28].
Malgré les biais parfois importants des études, les bénéfices de l’allaitement sont incontestables
pour l’enfant, sa mère et son père comme pour l’ensemble d’une société.
13
� Pour l’enfant
Le lait est un ensemble de substances et de cellules qui, par leurs actions directes et indirectes,
contribuent de manière efficace à la prévention des infections chez le jeune enfant. Certaines études
ont montré une diminution des méningites bactériennes, des bactériémies, des diarrhées (diminution
de leur incidence et de leur gravité qu’elles soient d’origine bactérienne ou virale particulièrement à
rotavirus) [29], des infections respiratoires [30] et urinaires [31], des otites moyennes.
Chez le prématuré, l’allaitement maternel diminue l’incidence des entérocolites [32] et des
septicémies tardives.
Les résultats des études cliniques réalisées à ce jour confirment que l’allaitement maternel
permet de prévenir les infections du jeune enfant quel que soit le pays. Pour que cet effet préventif ait
lieu, l’allaitement maternel exclusif devrait durer plus de trois mois. Cet effet tendrait à s’estomper à
l’arrêt de l’allaitement et il serait moindre après six mois. A l’heure actuelle, cet argument est le plus
convainquant dans la promotion de l’allaitement maternel pour une durée minimale de six mois [33].
La plupart des études montre une diminution des affections respiratoires dans la petite enfance
chez les enfants nourris au sein. D’après l’étude de Rosenberg [34], l’allaitement exclusif pendant au
moins quatre mois pour les enfants non prématurés de poids de naissance normal, et habituellement
en bonne santé, réduit d’au moins un tiers le nombre d’hospitalisations pour affections respiratoires
(cause principale d’hospitalisation dans la petite enfance) par rapport aux témoins nourris au lait
artificiel. Selon cette même étude, il existe un effet protecteur de l’allaitement maternel contre l’asthme
dans la population générale et surtout dans la population atopique.
Si la protection contre le wheezing et l’asthme de la petite enfance semble faire l’unanimité, le rôle
protecteur contre l’asthme dans la grande enfance est moins évident : certaines études récentes
suggèrent que l’allaitement maternel augmente le risque d’asthme, wheezing ou atopie à des âges
tardifs (6-11 ans). [35]
D’autres études affirment qu’une durée d’allaitement maternel inférieure à 12 semaines influe
négativement sur l’asthme et l’obésité. Ceci ne serait pas retrouvé dans les AM prolongés [33, 36].
L’allaitement maternel diminuerait le risque de diabète insulinodépendant chez les enfants
prédisposés [37], ainsi que le surpoids et l’obésité [38]. L’amélioration des IMC (Indice de Masse
Corporelle), la prévention du surpoids à six ans et la limitation de l’avance du rebond d’obésité sont
mises en évidence lors d’un allaitement maternel exclusif d’au moins un mois [39].
Certaines études se sont également penchées sur les effets protecteurs de l’allaitement contre
l’apparition de pathologies chroniques comme la maladie coeliaque, la maladie de Crohn et certains
cancers[40]. La poursuite des recherches scientifiques est nécessaire pour confirmer les premiers
résultats.
La qualité des sensations et des mouvements de la bouche au cours des tétées au sein, assure
une croissance optimale du massif facial pouvant contribuer à la régularité de l’implantation dentaire
et à la qualité de la respiration nasale [41]. Etre nourri au sein pendant plusieurs mois accroît le volume
pulmonaire à 10 ans. On peut condenser de cette façon les résultats d'une étude de la fonction
respiratoire menée sur un échantillon représentatif de la cohorte de naissance de l'île de Wight :
14
accroissement de la CVF (Capacité Vitale Forcée) et du DEP (Débit Expiratoire de Pointe). Cet
accroissement n'est significatif que si l'allaitement a duré 4 mois ou plus. Pour expliquer
l'accroissement du volume pulmonaire, les auteurs invoquent le rôle de facteurs contenus dans le lait
maternel ou tout simplement celui de la succion au sein. Téter au sein demande en effet un effort de
succion plus intense et plus soutenu qu'au biberon: l'équivalent d'un training respiratoire [42].
Dans les conditions normales d’alimentation, le lait n’est pas considéré comme un aliment
cariogène [43], mais une exposition prolongée, particulièrement la nuit, où le nettoyage physiologique
est ralenti, peut compromettre la santé dentaire. Cependant, la prévalence des caries liées à un
allaitement prolongé est plus faible que la prévalence des caries provoquées par les biberons [44].
Le lait, de par son contenu en calcium et phosphore contribue à reminéraliser l’émail. De plus,
certaines protéines fournissent une couche protectrice à la surface de l’émail. D’autres protéines
inhibent l’adhérence des bactéries. A cela s’ajoute le fait que le pH de la plaque dentaire en présence
du lactose (sucre majoritaire du lait maternel) est rarement inférieur à 5.5 ne provoquant ainsi qu’un
développement modéré des bactéries [44].
Dès la période fœtale, l’odorat et le goût ont une place prépondérante grâce au liquide
amniotique (dont la composition change selon l’alimentation de la mère) ; on retrouve ces molécules
aromatiques dans le lait maternel. Une véritable ‘passerelle’ se crée et le bébé reçoit ainsi des
informations déjà perçues in utero. A plus long terme, cette intégration précoce du bouquet lacté peut
orienter les préférences alimentaires de l’enfant [45].
Enfin, on associe aussi le lait humain à des résultats de tests cognitifs légèrement améliorés [46]. En dehors de certaines études [47], la plupart des travaux publiés ont montré que le
développement cognitif des enfants est légèrement supérieur lorsqu’ils sont nourris au sein. L’analyse
des données montre une amélioration globale des performances visuelles et motrices. Les résultats
favorables seraient plus liés au lait humain lui-même qu’à l’allaitement au sein [33].
� Pour la mère
Durant la grossesse, l’organisme maternel s’est préparé pour une période de lactation de
plusieurs mois, voire plusieurs années [26]. L’adaptation métabolique de la mère et la mise en route de
la lactation diminuent les complications du post-partum (endométrite, anémie par hémorragie…) [48].
Les pertes de poids et de masse graisseuse sont aussi plus rapides dans les six premiers mois
(OMS, 2001).
L’allaitement maternel évite les carences en fer par aménorrhée et permet ainsi la régulation
des naissances dans des conditions bien précises (méthode MAMA) [49].
A plus long terme, l’allaitement semblerait avoir une incidence positive sur les cancers du sein
et de l’ovaire en pré ménopause. Le risque de fracture du col du fémur en post-ménopause serait
divisé par deux [50].
15
� Pour le père
Le père a un rôle fondamental dans le soutien qu’il apporte à sa compagne. Quand il est
présent à la naissance, il est le témoin émerveillé de la première tétée et des extraordinaires
compétences de son bébé. Il découvre les enjeux féminins de l’accouchement, de la maternité et de
l’allaitement. Cela lui offre une occasion unique de trouver sa propre définition de la paternité. Pour
que les pères trouvent leur place et se sentent véritablement à l’aise avec l’allaitement, il est important
qu’ils participent au choix de ce mode d’alimentation : à ce titre ils doivent recevoir aussi bien que leur
compagne une information sur les bénéfices, la conduite pratique de l’allaitement et les rythmes du
nouveau-né et pouvoir exprimer leurs ressentis et émotions [51].
� Les bénéfices psycho- affectifs
Winnicott [52] a montré que l’allaitement était plus qu’une production de lait mais une « relation
d’amour entre deux êtres humains ». En 2005, le Comité de nutrition de la Société Française de
Pédiatrie va dans le même sens en affirmant que « l’allaitement renforçait le bien être psychologique
de la mère par celui de l’enfant et réciproquement » [23].
L’allaitement a aussi un rôle préventif contre la maltraitance. Il permet une transition progressive
entre la période de symbiose avec l’enfant, qui caractérise la grossesse, et le moment où la mère et
l’enfant devront se séparer. L’allaitement maternel diminue également le taux de dépression du post-
partum. Une étude de suivi à long terme bien contrôlée a montré de faibles à modestes
augmentations de la perception des adolescents ayant été allaités pendant des plus longues périodes.
Les mécanismes de ces associations ne sont pas établis : l’attachement a sûrement un rôle mais
peut-être aussi que des meilleures relations ‘mère-enfant’ peuvent, au moins en partie, refléter des
améliorations du fonctionnement cognitif liées à l’allaitement maternel [53] .
� Les intérêts économiques et sociaux
Le lait maternel est une nourriture parfaitement adaptée aux nourrissons et « bon marché » pour
les familles.
Véritable ‘instrument’ de médecine préventive peu coûteux, l’allaitement maternel entraîne une
diminution des frais médicaux liés aux pathologies infantiles courantes (consultations et traitement
médicaux) comme des frais liés à l’hospitalisation des enfants.
Si des études ont permis de mesurer ces paramètres, comment chiffrer le bien-être d’une
entreprise, d’une société, lié au meilleur état de santé de leurs enfants et de leurs mères ?
Comment évaluer les meilleures performances des parents au travail et la diminution de l’absentéisme
dans les entreprises, le gain de temps et d’énergie dépensés pour des consultations médicales ?
Certains pays ont déjà compris l’intérêt économique de l’allaitement maternel et ont une
politique de promotion depuis longtemps. Le lait maternel devient alors une ressource naturelle et
renouvelable, voire même une exemplarité en matière de développement durable : il s’inscrit d’ailleurs
dans le PIB en Norvège [54].
Comment se situent la France et notre région en matière d’allaitement ?
16
2.3. Etat des lieux de l’allaitement maternel
� Taux et durée d’allaitement en Europe
En 2003, un bilan de la situation européenne a été établi par un groupe de travail financé par la
commission européenne, reprenant les taux d’allaitement nationaux de 0 à 12 mois [55].
En 2001, une étude rétrospective américaine effectuée sur un échantillon national de 727
enfants a déterminé les taux d’allaitement de la naissance à 12 mois [57]. Si on l’associe à une étude
britannique [58], à une étude québécoise menée en 1998 [59], et au sondage français de l’Institut des
Mamans [56], on peut dresser un tableau comparatif de l’évolution des taux d’allaitement dans ces pays
en fonction de l’âge. Les taux d’allaitement relevés en Norvège en 1999 sont présentés à titre de
comparaison.
Taux d’allaitement dans 5 pays industrialisés en fonction de l’âge des nourrissons [56]
0
1020
3040
50
6070
8090
100
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55
Age (en semaines)
France, 2002
USA, 2001
GB, 2000
Québec, 1998
Norvège, 1999
Initiation de l'allaitement à la naissance ou à la sortie de la maternité
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100F
ranc
e
Bel
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Nor
vège
Taux d’allaitement à la naissance dans 17 pays européens [56]
La France présente les taux et les durées d’allaitement les plus bas.
17
� Taux et durée d’allaitement en France
En France, la seule source permanente de données est obtenue d’après les certificats de
santé du 8ème jour. Entre 1996 et 2002, on constate une augmentation de ce taux. Plus d’une femme
sur deux allaitent en 2002, puisqu’elles sont 56,3% à donner le sein à la maternité.
Les données PMI-DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des
Statistiques) pour la France Métropolitaine sont provisoires mais montrent une augmentation avec
des taux de 58 % en 2003 et 59,8 % en 2004 [60].
Selon l’enquête nationale périnatale 2003, le taux d’allaitement précoce tel qu’il est déclaré par
les mères à la maternité a sensiblement augmenté en 2003. La proportion des mères allaitant leur
nouveau-né s’élève à 62,5% en 2003 (France métropolitaine, naissances vivantes, non transférées).
Dans cette même enquête l’allaitement exclusif est évalué à 56% en 2003 [61].
Lors de la visite médicale du 9ème mois, le médecin remplit le certificat de santé. Depuis 1998,
une case allaitement doit être renseignée. Cependant, l’exploitation des données de ces certificats
reste difficile du fait de nombreuses non réponses. Aucune étude nationale n’évalue l’évolution des
taux de l’allaitement exclusif des bébés.
Cette lacune a été corrigée dans les certificats de santé du 9e et du 24e mois des nouveaux carnets de
santé qui renseignent la durée de l’allaitement et celle de l’allaitement exclusif. Ces données seront
donc plus précises dans l’avenir.
Les résultats d’une enquête menée par la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel
(CoFAM) en 2000 auprès des services de PMI ont permis une comparaison de ces chiffres pour huit
départements. Les courbes sont similaires et montrent un déclin rapide des taux d’allaitement
puisqu’à dix semaines un bébé sur deux est sevré [62].