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La publication scientifique a` acce`s libre: de lideal aux
modalites concre`tes. Application aux sciences de la terre
Michel Prevot
To cite this version:
Michel Prevot. La publication scientifique a` acce`s libre: de
lideal aux modalites concre`tes.Application aux sciences de la
terre. Bulletin de liaison de la Societe Francaise de Mineralogieet
Cristallographie, 2005, 17 (2).
HAL Id: sic 00001492
http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic 00001492v4
Submitted on 26 Jan 2006
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1La publication scientifique accs libre: de l'idal aux modalits
concrtes.Application aux sciences de la terre
Michel PrvotLaboratoire de Tectonophysique, UMR 5568
CNRS/UM234095 Montpellier Cedex 05 ([email protected])
RsumA l'poque de l'Internet, l'appropriation exclusive de la
diffusion de la connaissance
scientifique par les diteurs traditionnels constitue un frein de
plus en plus pesant aux changes entre
les chercheurs et, in fine, aux progrs de la science. Au cours
de la dernire dcennie, la
communaut scientifique a mis au point et dvelopp un nouveau
modle de diffusion de la
connaissance, la publication en accs libre, qui est fond sur
l'appropriation publique du savoir via
Internet. Cet article en prsente les grandes lignes et fait le
point sur les modalits concrtes de sa
mise en uvre par les chercheurs dans le domaine des sciences de
la terre.
1. La crise actuelle de l'dition savanteElle rsulte de trois
facteurs: l'augmentation de la production scientifique, l'envol des
cots de la
publication traditionnelle et l'explosion de divers modes de
publication lectronique.
En raison du dveloppement de lactivit de recherche depuis une
cinquantaine dannes et de la
course aux publications (selon l'adage "publish or perish"), le
nombre darticles publis chaque anne
crot rgulirement de faon importante. Pour la physique et les
mathmatiques par exemple, il a
quadrupl au cours des dix dernires annes (S. Harnald et al.,
2004). Toutes disciplines confondues,
ces auteurs estiment 24 000 le nombre de priodiques avec comit
de lecture et 2,5 millions le
nombre d'articles publis chaque anne. Au plan scientifique,
cette situation interdit au chercheur
d'accder l'ensemble de l'information scientifique pertinente, en
raison du grand nombre et de la
diversit des mdia de stockage des contributions scientifiques et
de l'absence d'outils universels
d'investigation. Cette difficult nest certes pas nouvelle, mais
elle atteint une acuit sans prcdent.
Au plan financier, volume de publication constant, le cot de
l'accs l'information scientifique
devient de plus en plus lev. Selon lARL (Association of Research
Libraries), le prix moyen (hors
inflation) des magazines scientifiques a doubl entre 1986 2000
(Kirsop, 2003). Depuis une dizaine
dannes, le nombre dabonnements aux magazines scientifiques
diminue partout dans le monde, y
compris aux Etats-Unis. La rvolution lectronique de ldition, qui
sest traduite par loffre par les
grands diteurs conventionnels de licences dabonnement, ne
diminue pas la charge financire des
bibliothques, bien au contraire. Les diteurs internationaux
proposent en effet des licences de
diffusion lectroniques couvrant de vastes et coteux "bouquets"
de revues de composition non
ngociable. A l'heure actuelle, une fraction importante de la
communaut scientifique mondiale, en
particulier beaucoup d'enseignants des universits n'a accs qu'
un nombre trs limit de revues,
-
2notamment (mais pas seulement) dans les pays peu dvelopps. La
situation risque d'empirer. L'ARL
anticipe un triplement des cots de 2005 2015 (Kirshop,
2003).
Ces deux difficults conjointes ont pour effet de limiter
fortement limpact scientifique des articles.
Dans certains secteurs disciplinaires seulement 1% des articles
ont plus d'un lecteur (en chimie par
exemple) et neuf articles sur dix n'ont aucun lecteur (Chanier,
2005). Il est clair que les scientifiques
ont tout gagner reprendre directement en mains la diffusion de
la connaissance.
Le dveloppement rapide de la publication lectronique, qui est
encore 80% sous le contrle
des diteurs traditionnels (Chanier, 2005), est l'origine de
graves inquitudes en ce qui concerne la
prennit de la conservation des uvres scientifiques numrises. La
conservation des documents
lectronique actuellement publis par les diteurs traditionnels
est -de jure et de facto- sous la seule
responsabilit morale et financire de l'diteur dtenteur des
droits de reproduction, dont il a rclam
aux auteurs la cession exclusive son profit. Ces droits courent
sur une dure importante (voisine
dun sicle). On peut sinterroger sur la capacit de chacun de ces
diteurs d'assurer dans de bonnes
conditions la conservation de ses propres documents, d'autant
plus que la valeur marchande de ces
derniers ira dclinant avec le temps.
2. Vers une bibliothque universelle des sciences?Les difficults
grandissantes du systme actuel satisfaire la communaut scientifique
et les
riches possibilits offertes par le dveloppement de
l'informatique ont conduit les scientifiques
mettre sur pied un nouveau modle de publication scientifique
accs libre et gratuit (dite simplement
" accs libre" dans ce qui suit) bas sur l'utilisation d'archives
ouvertes (OA en anglais). Trois tapes
de ldification de ce modle mritent d'tre rappeles.
Naissance et premiers pas: le site arXiv (Centre pour la
Communication Scientifique Directe du
CNRS: http://ccsd.cnrs.fr; P. Ginspar, 2001).
En 1991 Paul Ginspar met disposition des physiciens du monde
entier le site internet de dpt
arXiv, hberg Los Alamos (maintenant Cornell University) et
destin accueillir linformation
scientifique spcialise concernant les travaux de recherche
rcents en physique. Ce circuit de
communication directe entre chercheurs fonctionne en parallle et
en amont du circuit de publication
traditionnel des revues. Au moment o ils le souhaitent, en
pratique souvent juste avant quils ne
soumettent le manuscrit une revue classique, les chercheurs le
tlchargent eux-mmes sur arXiv
et, au bout de quelques heures, le document devient disponible
dans le monde entier, gratuitement,
sous plusieurs formats. Des sites miroirs, actuellement au
nombre de 18, dont l'un en France
(http://fr.arXiv.org), couvrent toute la plante. Ils sont mis
jour toutes les 24 heures, ce qui amliore
la fois la rapidit, la disponibilit et la robustesse du systme.
Aprs seulement quelques annes de
fonctionnement, le serveur de dpt arXiv archivait dj la plus
grande partie des articles soumis
chaque anne en physique nuclaire. Avec quelques annes de
dcalage, la physique de la matire
condense et l'astrophysique suivirent une volution analogue.
La russite de ce projet a dmontr, si besoin tait, que la
communaut scientifique tait
parfaitement capable de mettre en uvre et de grer elle-mme,
selon des modalits dfinies par elle
-
3seule, la communication de l'information scientifique. Elle
dmontre aussi la faisabilit technologique
d'une bibliothque mondiale des sciences ouverte tous.
L'laboration d'une stratgie: l'initiative pour les archives
ouvertes (OAI en anglais).
L'initiative de Budapest pour l'accs libre (BOAI), lance en
dcembre 2001
(http://www.soros.org/openaccess/fr/read.shtml), proclame que:
"une tradition ancienne et une
technologie nouvelle ont converg pour rendre possible un
bienfait public sans prcdent. La tradition
ancienne est la volont des scientifiques et universitaires de
publier sans rtribution les fruits de leur
recherche dans des revues savantes, pour l'amour de la recherche
et de la connaissance. La nouvelle
technologie est l'Internet. Le bienfait public qu'elles rendent
possible est la diffusion lectronique
l'chelle mondiale de la littrature des revues comit de lecture
avec accs compltement gratuit et
sans restriction tous les scientifiques, savants, enseignants,
tudiants et autres esprits curieux." A la
diffrence du projet arXiv, cette initiative concerne tous les
champs disciplinaires, et non pas
seulement le domaine scientifique, et elle vise l'archivage des
documents dfinitifs, tels que finalement
publis (post-publication). Par ailleurs, qualifier de bien
public les rsultats de la recherche implique
d'en donner librement l'accs aux chercheurs des pays peu
dvelopps ainsi qu' chaque citoyen
(Velterop, 2004). Prenant acte du refus de la quasi-totalit des
diteurs traditionnels d'adopter l'accs
libre, linitiative de Budapest prconise deux pratiques
permettant de dvelopper cette nouvelle forme
de communication scientifique:
1. Soumission une revue accs libre
Les revues OA ne se diffrencient des revues traditionnelles que
par deux caractres:
1. A l'issue du processus d'valuation par le comit de lecture,
l'article accept est immdiatement
accessible gratuitement par tous sur internet, de faon
permanente et sous une forme aisment
tlchargeable. L'article est en outre archiv par une (ou
plusieurs) organisations internationales qui
soutiennent le principe du libre accs.
2. L'auteur (individu ou collectif) conserve l'intgralit de ses
droits d'auteur. Il n'abandonne pas son
droit de reproduction, mais le partage par contrat avec toute
personne personnellement intresse.
2. Auto-archivage sur un serveur de dpt "archives ouvertes"
Cette dmarche, effectue par l'auteur lui-mme, s'applique au cas
o le manuscrit est soumis
et publi dans une revue traditionnelle (non-OA). Il est
intressant pour l'auteur d'archiver les deux
tapes principales de son activit rdactionnelle: le document
initial, tel que soumis l'diteur (pr-
publication) et le document final, tel qu'accept
(post-publication).
Le premier dpt permet au chercheur de prendre date et d'ouvrir
sa contribution prliminaire
la discussion avec ses pairs. On retrouve l la dmarche choisie
par les physiciens (arXiv), tourne
avant tout vers la communaut disciplinaire elle-mme.
Le dpt de la post-publication, c'est--dire de la contribution
valide par les valuateurs du
comit de lecture de la revue, est un acte capital. Il permet de
faire figurer dans les bases de donnes
mondiales une version de la contribution qui satisfait l'thique
et aux paradigmes de la communaut
disciplinaire de l'auteur. Ainsi adoube, la contribution peut
tre, plus lgitimement que la version
initiale, utilise par les non-spcialistes.
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4
La reconnaissance institutionnelle
Les ralisations et les prises de position rapportes ci-dessus
n'manaient pas d'acteurs
institutionnels. Cependant, ceux-ci vont rapidement raliser
l'importance de l'enjeu, et faire leurs la
plupart des recommandations de la dclaration de Budapest. En
France, ds 2003, le CNRS mettait
disposition des scientifiques un site de dpt OA (HAL) ; la mme
anne, il signait avec BioMed
Central, un diteur commercial pionnier de l'accs libre en
biologie et mdecine, un accord de
partenariat assurant aux quipes de recherche du Dpartement des
Sciences de la Vie la possibilit
de publier gratuitement dans les revues de cet diteur. Par la
dclaration de Berlin du 22 octobre
2003, rdige par des reprsentants de nombreux organismes de
recherche europens et signe
entre autres par le CNRS, lINSERM, lEuropean Geosciences Union,
linstitut Pasteur, le CERN,
lINRA et lINRIA, les objectifs suivants sont dfinis :
- promouvoir un Internet qui soit au service dune base de
connaissance globale et de la pense
humaine ;
- mettre la connaissance la disposition de la socit selon la
procdure du libre accs.
La concrtisation de ces dclarations par les organismes de
recherche franais est en cours
dlaboration (rapport Pau, 2004, pour le CNRS). Dj, aux
Etats-Unis, les NHIs (National Health
Institutes) demandent depuis fvrier 2005 que la post-publication
de tout article issu de recherches
finances en tout ou partie par ces organismes soit auto-archive
par lauteur (au plus tard 12 mois
aprs publication) sur le site de dpt PubMedCentral.
3. Le fonctionnement du modle des archives ouvertesIl est
ncessaire, pour viter les faux dbats, de connatre les grandes
lignes de
fonctionnement de ce nouveau modle ditorial. Il s'applique aussi
bien aux documents auto-archivs
par les auteurs qu'aux articles des priodiques accs libre. Par
contre il ne s'applique pas, bien
videmment, aux journaux lectroniques non-OA comme, par exemple,
Geochemistry, Geophysics,
Geosystems.
Ce modle articule quatre lments (Chanier, 2005):
- un espace rticulaire reli Internet o les documents sont dposs,
dcrits, conservs et
accessibles. Dans cet espace, on distingue les serveurs de bases
de dpts et ceux orients vers
la collecte et la diffusion de l'information archive dans ces
bases;
- un ensemble de liens contractuels liant, pour
l'enregistrement, auteurs et dposants et, pour la
diffusion, lecteurs et gestionnaires d'archives, ces liens ayant
pour objectifs de garantir un accs
libre et gratuit aux documents, leur non-utilisation commerciale
et le respect des droits d'auteur;
- un protocole de communication (OAIS, Open Access Initiative
System) associ des descriptifs
normaliss du document (mtadonnes) qui donnent accs ce dernier et
sont interrogeables
distance, ce qui rend transparent au lecteur la dispersion des
dpts sur plusieurs serveurs;
- un ensemble de logiciels libres assurant le fonctionnement de
l'ensemble.
Les principales tapes de mise en uvre de ces lments sont rsumes
ci-dessous.
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5Dpt
En cas de soumission un journal OA, lditeur archive immdiatement
la pr-publication.
Sagissant dune contribution soumise (ou accepte par) une revue
non-OA, seul lauteur peut
effectuer lauto-archivage sur une base OA. Le choix du serveur
de dpt est dcisif. La profusion de
sites o les scientifiques peuvent proposer leurs articles la
lecture et au tlchargement est grande:
sites personnels, sites de laboratoires (tous types d'units de
recherche existantes), sites de socits
savantes, sites de dpartements universitaires, sites
d'universits, sites de consortia de bibliothques
de recherche, sites d'organismes de recherche, et bien d'autres
encore. Mais trs peu de ces sites
sont des sites OA. Or l'interoprabilit n'est garantie, pour le
prsent comme pour l'avenir, que pour
les sites satisfaisant aux critres de OAIS, le modle de rfrence
du systme darchivage OA
(http://www.rlg.org). Il est par ailleurs impratif que le dpt
soit effectu dans une structure prenne,
assure des moyens humains et financiers rcurrents ncessaires la
gestion et la maintenance
technologique de la base de dpt sur le long terme. Enfin, il est
souhaitable que la gestion du site
soit assure en totale indpendance par rapport aux laboratoires
de recherche afin que les modalits
d'enregistrement, notamment la date de dpt, ne puisse faire
l'objet de contestations ultrieures.
Toutes ces considrations conduisent carter les sites de dpt
locaux et prfrer, en particulier
en France, les sites d'organismes de recherche publics
nationaux. Le serveur HAL, sur lequel nous
reviendrons, est celui qui satisfait au mieux l'ensemble de ces
conditions.
Le gestionnaire du priodique accs libre ou du site d'archivage
(en cas d'auto-archivage)
transforme le document, souvent fourni par l'auteur dans un
format propritaire (Word par exemple),
en format non-propritaire comme XML et gnre au passage la fiche
de mtadonnes associe. Ces
mtadonnes incluent entre autres la date prcise d'enregistrement,
le titre, le nom du ou des auteurs
et du dposant, le sujet, les mots-cls et le nom de lditeur (pour
une description plus complte voir
Day, 2001). Ces deux lments (contribution et mtadonnes)
constituent la version de rfrence de
l'article laquelle est attribue un identifiant OAI, quivalent de
l'identifiant ISBN des ouvrages
imprims. D'autres formats sont galement gnrs, notamment un
format PDF adapt l'impression
sur support papier. La mme procdure est applique chacune des
versions successives d'une
mme contribution ainsi qu' toute correction ultrieure.
L'authenticit de chaque version est ainsi
dment garantie et aucune falsification n'est possible. Il peut
tre utile de savoir qu'en gnral les
demandes de retrait ne sont pas acceptes par les gestionnaires
de ces sites.
Les documents OA ayant toujours une version imprimable, certains
diteurs OA publient
galement une revue papier. Remarquons ce sujet que plusieurs
avantages de la forme
lectronique de publication sont alors perdus: hypertextualit,
figures couleur sans surcot,
reprsentations 3 D pouvant tre animes, ainsi que certaines
formes de rsultats comme des
tableaux dynamiques ou des programmes.
Recherche et lecture
A la diffrence des articles des revues non-OA, les articles
stocks sur les bases de dpt
OA, qu'ils proviennent des priodiques accs libre ou de
l'auto-archivage effectu par les auteurs,
sont accessibles sur Internet, comme s'il s'agissait d'une base
de donns unique, en utilisant des
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6outils de recherche standards comme Google (Goodman, 2004). Il
est cependant plus efficace
d'utiliser des logiciels non-propritaires mieux adapts aux
besoins de la recherche documentaire en
science. La recherche des articles est alors base sur
l'exploitation des mtadonnes. Celles-ci sont
glanes par un "moissonneur OA" comme OAIster (que l'on peut
trouver sur le site de collecte
http://oaister.umdl.umich.edu/o/oaister). Les critres de
recherche utilisables sont la date
d'enregistrement, les noms des auteurs et le domaine de
recherche (sujet). Ce dernier peut tre
spcifi par les champs de classement du document dans la base de
dpt, les mots du titre et les
mots-cls. Des logiciels permettant d'effectuer des recherches
dans le corps mme du document sont
en cours de dveloppement.
Conservation long terme
On considre en gnral que le numrique est le mode de conservation
des documents le plus
fiable, parce qu'il permet de multiplier ces derniers en grand
nombre l'identique, de les rpartir
aisment dans de multiples lieux, et de tenir jour presque
instantanment l'ensemble des sites
d'archivage. Une socit comme la ntre, o la technologie numrique
est appele jouer un rle de
plus en plus important dans la plupart des secteurs d'activit
humaine, devrait parvenir rsoudre les
problmes que ne manqueront pas de poser les rvolutions venir de
la technologie informatique. Au
point de vue institutionnel, le rle de conservateur des
connaissances scientifiques devrait tre dvolu
aux bibliothques nationales (Goodman, 2004).
4. Diffusion en accs payant ou diffusion en accs libre: lments
d'valuationOn s'intressera ici quelques points essentiels
concernant essentiellement la publication
valide (post-publication).
Cot des articles et modles de revenus
Le cot de l'laboration d'une publication scientifique dans une
revue conventionnelle peut
tre rpartie en quatre parts (Chanier, 2005):
1. La part recherche, finance par les divers organismes de
recherche (salaires et crdits), qui atteint
un peu moins de 60% du total;
2. L'dition intellectuelle (valuation des manuscrits), d'un cot
de 10% environ (salaires et logistique),
qui est, de facto, prise en charge par les mmes organismes;
3. L'dition formelle et la distribution, effectues par l'diteur
(publisher), dont le cot est galement
voisin de 10%;
4. La part bibliothque (hors l'abonnement aux revues, qui
correspond la rubrique prcdente). Elle
correspond aux charges de fonctionnement requis par le service
des revues aux lecteurs, qui atteint
un peu plus de 20% du total.
Evidence parfois oublie: c'est bien le travail des scientifiques
(parts 1 et 2) qui confre l'objet
l'essentiel de sa valeur marchande, et non pas le travail de
l'diteur.
-
7Une tude extensive du cot des publications scientifiques a t
publie par Welcome Trust en
2004. Si on analyse le cot moyen d'un article publi dans une
revue commerciale, deux conclusions
apparaissent:
- le cot dpend de la slectivit de la revue: il double quand le
pourcentage de manuscrits rejets
passe de 50% 85%;
- le cot des revues en accs libre est infrieur d'un tiers celui
des revues en accs payant.
La mise disposition des articles tant gratuite dans le systme
OA, c'est l'dition du
manuscrit qui est payante. On passe donc d'une logique
lecteur-payeur une logique auteur-payeur.
A titre d'exemple, la publication d'une page est tarife 20 euros
par le journal "Atmospheric
Chemistry and Physics" de l'European Geosciences Union (Poschl,
2004b). Editeur commercial,
BioMed Central demande entre 400 et 1200 euros par article,
selon la revue. Si lauteur dun article
accept nest pas en mesure den payer ldition, BioMed Central et
PloS (Public Library of Sciences)
acceptent, au cas par cas, den exempter lauteur.
Mise en pratique strictement, la logique auteur-payeur ncessite
que les organismes de
recherche franais incluent dsormais les frais de publications
dans les crdits attribus aux
chercheurs. Une solution alternative consiste en un rglement
forfaitaire par l'organisme de recherche
d'une souscription annuelle l'diteur qui, en retour, autorise
tous les membres des laboratoires
financs par cet organisme publier gratuitement dans ses
priodiques. C'est la solution choisie par
le CNRS, l'INSERM, l'INRA et l'Institut Pasteur vis--vis de
BioMed Central,. Elle a l'avantage de
n'exiger aucune modification des pratiques budgtaires de
l'organisme de recherche, du chercheur ou
de l'diteur.
Droits d'auteur
Les droits d'auteur les plus importants sont d'ordre
intellectuel ou moral. Ils visent notamment
protger la paternit des oeuvres et leur intgrit
(http://www.legifrance.gouv.fr ). Lauthenticit du
dpt dans larchive est attest par des codes didentification qui
interdisent toute modification
ultrieure, sauf dclarer quil sagit dune nouvelle version
(Goodman, 2004). Dans le monde de
l'dition scientifique, OA ou non, le respect de la paternit des
ides et des observations doit tre
assur par l'diteur intellectuel (le comit de lecture du
journal). Il lui revient la tche de vrifier que,
dans les articles soumis, les auteurs antrieurs et leurs uvres
font l'objet de citations correctes et
appropries. Ce contrle peut tre plus objectif et plus efficace
dans le cas des journaux OA lorsque
ces derniers publient le manuscrit en ligne ds sa soumission,
ainsi que les commentaires qu'il suscite
(non seulement de la part des valuateurs choisis, mais aussi de
la part de tout membre de la
communaut scientifique). Ce modle achev d'Open Access est celui
du journal "Atmospheric
Chemistry and Physics" (Poschl, 2004a) que publie l'European
Geosciences Union. Un tel processus
interactif public a toutes les chances d'tre plus rigoureux et
plus objectif que celui men dans le
cadre de l'dition traditionnelle o seuls quelques collgues
mettent une opinion. L'enregistrement
automatique de la date prcise du dpt est un autre avantage du
modle OA. Ces nouvelles
pratiques ditoriales ne peuvent que rduire la possibilit
d'erreur ou d'injustice dont l'histoire de
l'dition n'est malheureusement pas exempte (Poschl, 2004a). Les
gologues ont encore l'esprit les
-
8msaventures de L. Morley, vritable inventeur de la clbre thorie
dite "de Vine et Matthew", qui a
vu sa contribution refuse par Nature puis par le Journal of
Geophysical Research alors que six mois
plus tard Nature acceptait le manuscrit de Vine et Matthew
(Allgre, 1983). Le fonctionnement de
l'dition traditionnelle n'a malheureusement pas permis que sa
contribution scientifique nous soit
transmise.
Il est maintenant devenu de rgle que lditeur traditionnel
(entreprise buts lucratifs ou
socit savante) exige de lauteur d'une contribution scientifique
soumise un priodique
d'abandonner son profit exclusif ses droits de reproduction,
sous menace de refus de publication.
Cet abandon est concrtis par la signature d'un contrat d'dition
(copyright). Une fois ce contrat
sign, lditeur se retrouve seul habilit publier les articles
parus sous son gide, ceci pour toute la
dure de ce droit (50 ans aprs le dcs de l'auteur en droit
franais ou canadien, 70 ans en droitamricain), privilge quil
nutilise dailleurs quune fois. Ceci cre une pnurie artificielle de
documents
scientifiques dont souffre au premier chef la fraction la plus
mal dote de la communaut scientifique
mondiale.
La lgitimit de ce contrat d'dition peut tre conteste. Deux faits
en tmoignent. Un fait
historique: jusqu'au dbut des annes 70, la demande de signature
d'un tel contrat pour une
contribution scientifique publie dans un priodique tait, en
Europe, trs exceptionnelle. En
tmoigne aussi le "copyright agreement" que proposent encore
certaines socits savantes
amricaines comme l'"American Geophysical Union" ou la
"Mineralogical Society of America", toutes
deux par ailleurs aussi peu favorables que possible la
publication en accs libre. Ce contrat
mentionne que les travaux effectus par les employs de l'Etat
amricain dans le cadre de leur emploi
sont du domaine public et ne peuvent tre soumis "copyright"
(celui-ci dbouchant en effet sur une
appropriation prive du produit de la recherche). Ne serait-il
pas lgitime que les scientifiques des
organismes publics de recherche dautres pays bnficient d une
clause analogue?
Ce transfert exclusif lditeur est incompatible avec la libre
circulation de la connaissance
scientifique dans l'ensemble de la communaut que souhaitent les
scientifiques et que permet
maintenant l'Internet. A la diffrence de l'dition restreinte,
l'dition en libre accs ne dpouille pas
l'auteur de son droit de reproduction, mais requiert son partage
avec toute personne personnellement
intresse. Parmi les licences pouvant tre utilises pour prciser
les modalits de ce partage et
interdire tout abus, on peut citer "Creative Commons", propose
par exemple par lEuropean
Geosciences Union pour ses revues.
Situation actuelle et possibilits dvolution
En 2003, sur les 2,5 millions d'articles publis, Chanier (2005)
estime 20% la proportion
d'articles disponibles en accs ouvert. Ils sont enregistrs, en
ordre dcroissant, sur les sites d'auto-
archivage OA (10%), les sites personnels OA (6%) ou les sites
des revues OA (4%). De nouvelles
tudes ont par ailleurs confirm que l'impact des articles en accs
libre est presque deux fois plus
lv que celui des articles non-OA (Harnald et al., 2004).
Cependant, les scientifiques conservent,
pour la plupart, les mmes habitudes de publication que par le
pass. La raison en est vidente: les
diteurs des priodiques traditionnels ne montrent aucun
empressement adopter l'accs libre.
-
9Malgr quelques amnagements de forme de leurs prestations
(fourniture l'auteur d'une copie du
fichier informatique de l'article publi, mise en ligne gratuite
pour un temps limit de certaines revues
ou de certains articles sur le site de l'diteur) c'est en fait,
fondamentalement, la diffusion restreinte et
payante qui est maintenue, sous une forme modernise. Le passage
en ligne a t utilis par chacun
des grands diteurs internationaux pour retenir le chercheur dans
un espace de communication
scientifique dont il contrle les entres et sorties, comme
Science Direct pour Elsevier. Le logiciel
"CrossRef", dvelopp et entirement contrl par les grandes maisons
d'dition (Chanier, 2005),
coupl avec un systme d'identifiant propre des articles dit DOI
(Digital Object Identifier), complte ce
dispositif qui mime l'accs libre, mais qui, en fait, maintient
un systme de diffusion de la
connaissance scientifique qui est la fois fragment et page.
Cette situation risque de perdurer
puisque les articles dont les auteurs abandonnent en 2005 leurs
droits d'dition ces diteurs ne
tomberont dans le domaine public que vers la fin du 21me sicle.
La communaut scientifique a-t-
elle les moyens de faire voluer la situation? Cela ne me parat
pas faire de doute.
La cration de nouveaux priodiques AO est rendue la fois
indispensable, et difficile, par le
maintien des priodiques traditionnels dans un format non-OA.
L'augmentation du nombre de revues
accs libre sera lente, moins que les bailleurs de fonds des
diteurs, cest--dire les organismes
publics de recherche, n'interviennent concrtement. Ceci, ils le
peuvent de deux faons:
- tout d'abord en subventionnant la cration de priodiques OA
vocation internationale,
administrs de prfrence par des socits savantes. Il y a plusieurs
raisons pour prfrer ces
dernires: toutes disciplines confondues, le prix de vente des
articles est moindre que celui des
entreprises commerciales (Frank et al., 2004); la plus-value
ralise (estime en moyenne
15%,Morris, 2004) est rinvestie au profit de la communaut
scientifique; enfin, ces socits
partagent avec le mouvement pour l'accs libre le mme objectif
central, celui de diffuser aussi
largement que possible les connaissances scientifiques dans la
communaut et dans l'ensemble
de la socit.
- ensuite en prenant en charge les frais de publication OA rgler
par les auteurs. Ceci implique
que le montant de ces frais de publication soit ajout la
dotation financire des projets de
recherche. Pour l'organisme de recherche, il ne s'agit que d'un
jeu d'criture transformant
progressivement en crdits de recherche une fraction des crdits
consacrs actuellement, sous la
rubrique documentation , l'abonnement aux revues accs
payant.
De leur ct, les scientifiques peuvent faire voluer rapidement la
situation par la pratique
systmatique de l'auto-archivage de la post-publication. Cette
pratique combine deux avantages. Le
premier est de s'accommoder du systme actuel d'valuation des
scientifiques et de leurs projets,
tous deux bass de facto sur le facteur d'impact des revues et le
nombre de publications. Le second,
le plus important terme, tant pour l'individu que la communaut,
est d'insrer ds maintenant chaque
contribution scientifique dans un systme qui garantit sa
diffusion universelle et prenne dans l'avenir.
Selon une enqute rcente (Chanier, 2005) prs de 75% des auteurs
scientifiques sont favorables
l'auto-archivage en accs ouvert. En rponse cette forte demande
de la communaut, 90% des
priodiques scientifiques acceptent maintenant, de faon
officielle, l'auto-archivage de la post-
publication (Harnald et al., 2004).
-
10
L'auto-archivage des pr-publications, acte souverain de l'auteur
en vertu de son droit moral
de divulgation, est un acte de porte scientifique importante: il
vise crer dans chaque discipline, ou
de faon thmatique, des espaces mondiaux d'affichage des
pr-publications. Cet affichage permet
tous les scientifiques de la discipline dtre directement informs
au jour le jour des nouveaux travaux,
et ventuellement de faire part de leurs rflexions aux auteurs.
Ces changes permettent de renforcer
et dapprofondir les changes scientifiques entre les membres
d'une communaut scientifique. A
l'heure actuelle, en l'absence de serveurs ddis la discipline ou
la thmatique en question, la
dmarche s'effectue en deux temps:
- dpt sur un site institutionnel AO quelconque d'un exemplaire
lectronique de la pr-publication
soumise un diteur non-OA;
- interrogation de l'ensemble des sites de dpt OA l'aide d'un
"moissonneur OA" afin de prendre
connaissance de l'ensemble des contributions rcentes de la
discipline.
5. Possibilits pratiques d'auto-archivage en sciences de la
terre
Publier dans une revue accs libre
Le Directory of Open Access Journal (http://www.doaj.org/) tient
jour la liste des journaux
scientifiques en accs libre dans toutes les disciplines. En
sciences de la terre, lheure actuelle, trois
grands diteurs offrent la possibilit de publier en accs ouvert :
lEuropean Union of Geosciences,
Springer et Blackwell.
Tous les journaux de lEGU (Annales Geophysicae, Atmospheric
Chemistry and Physics,
Biogeosciences, Climate of thze Past, Hydrology and Earth System
Sciences, Natural Hazards and
Earth System Sciences, Non Linear Processes in Geophysics et
Ocean Science) sont des
publications accs libre. Plusieurs dentre elles pratiquent laccs
ouvert ds la soumission (Open
Peer Revue) : les valuations des examinateurs sont mises en
ligne ainsi que les commentaires
ventuels des lecteurs. Lanc en 2001, ACP a atteint ds 2003 le
facteur dimpact remarquable de 2,3
(Poschl, 2004b). Le cot de publication est seulement de lordre
dune trentaine d euros par page. Le
lancement dautres journaux OA consacrs lintrieur de la terre est
en cours de discussion au sein
de lEGU.
Depuis juillet 2004, Springer (une dizaine de journaux en
sciences de la terre dont : Bulletin of
Volcanology - Climate Dynamics - Contributions to Mineralogy and
Petrology - Geologische
Rundschau - International Journal of Earth Sciences) propose aux
auteurs qui le dsirent de publier
en accs ouvert. Le cot de publication dun article est denviron 2
500 euros. Ce prix est en moyenne
3 fois plus lev que ceux demands par les diteurs commerciaux de
revues OA.
Blackwell est un diteur traditionnel (une quinzaine de journaux
en sciences de la terre dont :
Australian Journal of Earth Sciences - European Journal of Soil
- Geophysical Journal International -
Journal of Metamorphic Geology - Restoration Ecology
Sedimentology - Terra Nova) qui vient
dannoncer sa dcision (pour une priode dessai de deux ans) de
publier en accs ouvert les articles
des auteurs qui le dsirent. Le cot de publication dun article en
OA est denviron 1800 euros.
-
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Parmi les rares revues en sciences de la terre qui permettent de
publier gratuitement en accs
ouvert, les Carnets de Gologie/Notebooks on Geology crs en 2002
couvrent la sdimentologie, la
stratigraphie et la palontologie.
Auto-archiver : choix du site de dpt et procdure pratique
denregistrement
Il existe en France une quinzaine de sites de dpt OA reconnus
par lexplorateur de lOpen
Access Initiative
(http://www.openarchives.org/Register/BrowseSites). Parmi eux,
HAL
(http://hal.ccsd.cnrs.fr/) est le seul site national qui
accueille des dpts pour lensemble des
disciplines scientifiques. En sciences de la terre, les
rubriques disciplinaires de dpt suivantes sont
proposes : climatologie, gochimie, gologie applique,
gomorphologie, gophysique, glaciologie,
hydrologie, mtorologie, minralogie, ocanographie, palontologie,
ptrographie, plantologie,
stratigraphie, tectonique, volcanologie. Des modifications cette
structure peuvent tre demandes
en sadressant au gestionnaire de la base. Ce site convivial est
accessible en franais et en anglais. Il
peut donc tre utilis comme une base de dpt internationale. Une
institution (laboratoire, institut)
peut demander louverture dune archive propre, dont il lui
appartient alors de grer le fonctionnement
scientifique interne, notamment la modration des dpts. Une
formule plus souple, celle des tampons
institutionnels, permet de dcharger linstitution de cette tche
tout en permettant la cration dun mini-
site rassemblant les publications par elle estampilles (Chanier,
2005).
Pour dposer, il est ncessaire, au pralable, de faire enregistrer
le domaine de messagerie du
laboratoire, avant l'ouverture par chaque chercheur d'un compte
son nom. Les contributions peuvent
tre dposes dans des formats divers (PDF, PS, RTF, DOC, HTML,
TeX, LaTeX et Texte). Un mme
travail peut tre inscrit dans des domaines scientifiques
distincts La soumission est rapide (une demi-
heure environ). Moins de 24 heures sont ncessaires pour que
l'enregistrement sur l'archive HAL soit
notifi l'auteur. Un bref manuel dutilisation de HAL, le ManuHAL,
est maintenant disponible sur le
site du CCSD (http://ccsd.cnrs.fr ).
Articles
La procdure gnrale est dcrite dans le ManuHal. Un cas
particulier est celui des pr-
publications en gophysique. Elles peuvent en effet tre
enregistres la fois en physique (site arXiv
et HAL) et en sciences de la terre (HAL). Il est prfrable de les
inscrire dabord sous la rubrique
physique/physique/gophysique car cette procdure les affiche sur
arXiv (site de dpt mondial) et
sur HAL . Cependant, il est noter que le site arXiv nautorise
que les formats TeX, LaTeX, PDF
(fichier unique de moins de 650Ko) ou HTML (mais ce dernier est
moins fiable). Une fois enregistr
dans arXiv et dans HAL/physique/physique/gophysique, la
contribution peut tre galement place
dans tous autres domaines de HAL appropris comme sciences de la
terre/ gophysique.
Thses (tous domaines)
Le dpt seffectue par une procdure similaire celle des articles,
mais le site de dpt,
galement gr par le CCSD (Centre de Documentation Scientifique
Directe), a pour adresse :
http://tel.ccsd.cnrs.fr.
-
12
Cours (niveau doctorat)
Les enseignants en sciences de la terre seront heureux
dapprendre que leurs cours peuvent
galement tre enregistrs en accs libre sur le site
http://cel.ccsd.cnrs.fr, pour le plus grand bnfice
des tudiants.
Auto-archivage de la pr-publication ( pre-refered version )
Cette dmarche est lgalement fonde sur le droit de divulgation de
lauteur, qui, comme le
prcise la loi dtermine le procd de divulgation et fixe les
conditions de celle-ci. Une interdiction
ventuelle de lditeur de la post-publication na donc pas force de
loi.
Quelques diteurs tentent de contourner les dispositions lgales
en arguant que la divulgation
sur le web est une publication. Affirmant alors quune
contribution publie ne doit pas ltre une
seconde fois, ils dclarent finalement refuser toute valuation
d'une pr-publication affiche sur un site
darchivage permettant la citation (voir par exemple la dual
publication policy de lAmerican
Geophysical Union, AGU) ce qui est bien sr le cas de tout les
serveurs de dpt OA. Ce syllogisme
semble avoir pour objectif de masquer la situation relle qui
correspond tout simplement un
chantage la publication exerc au mpris des droits dauteur. Cette
attitude est notamment celle de
cinq socits savantes (American Association for the Advancement
of Science, American Geophysical
Union, Geological Society of America, American Meteorological
Society et Mineralogical Society of
America) Dautres diteurs comme John Wiley & Sons dclarent
accepter lauto-archivage, mais
seulement sur le site personnel de lauteur. Or un tel site nest
ni prenne ni, dans notre communaut,
en accs ouvert. Les articles ainsi momentanment archivs ne
peuvent donc pas tre dcouverts par
les moteurs de recherche OA.
Auto-archivage de la post publication accepte par un diteur
non-OA
En raison de la cession de ses droits de reproduction lditeur,
lauteur doit cette fois-ci prendre
en compte la position de ce dernier en ce qui concerne
laffichage internet du document accept. Les
positions des diteurs par rapport lauto-archivage voluent
progressivement avec le temps de faon
favorable au libre accs. Le site ROMEO (Rights metadata for open
archiving :
(http://www.lboro.ac.uk/departments/ls/disresearch/romeo) permet
de connatre la position de chaque
diteur. A lheure actuelle, laffichage de la post-publication sur
un site institutionnel darchivage tel
que HAL est accept par les diteurs suivants (entre parenthses
sont mentionnes les revues
facteur dimpact suprieur 1):
- Nature publishing group (Nature). Condition : attendre six
mois aprs la publication;
- American Geophysical Union (une douzaine de titres dont :
Geophysical Research Letters -
Global Biogeochemical Cycles Journal of Geophysical Research -
Nonlinear Processes in
Geophysics - Paleoceanography - Radio Science - Reviews of
Geophysics - Tectonics - Water
Resources Research);
- Blackwell publishing (liste donne supra);
- Cambridge University Press (Geological Magazine,
Meteorological applications); larticle peut tre
affich dans sa version diteur (PDF) ;
-
13
- Elsevier Science (environ 80 titres en sciences de la terre
dont: Applied Clay Science Applied
Geochemistry - Chemical Geology - Comptes Rendus Deep Sea
Research - Dynamics of
Atmospheres and Oceans - Earth-Science Reviews - Earth and
Planetary Science Letters -
Geochimica et Cosmochimica Acta - Geomorphology Global and
Planetary Change Icarus
Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics - Journal
of Geodynamics - Journal of
Hydrology - Journal of Marine Systems - Journal of Sea Research
- Journal of Structural Geology
- Journal of Volcanology and Geothermal Research Lirthos -
Marine Geology Marine
Micropaleontology Organic Geochemistry - Palaeogeography,
Palaeoclimatology,
Palaeoecology - Physics of the Earth and Planetary Interiors -
Planetary and Space Science -
Precambrian Research Progress in Oceanography - Quaternary
Research - Quaternary Science
Reviews - Sedimentary Geology Tectonophysics).
- The Geological Society (5 titres en sciences de la terre dont
le Journal of the Geological Society) ;
le PDF de lditeur peut tre utilis ;
- National Research Council, Canada (Canadian Journal of Earth
Sciences) ; les versions "auteur"
et diteur de la post-publication peuvent tre affiches, mais
cette dernire seulement partir de
six mois aprs la publication ;
- Royal Meteorological Society (The Quaterly Journal of the RAS)
; lauteur doit afficher la version
diteur du PDF.
- Springer (liste supra).
Sauf indication contraire, ces autorisations valent pour la
version auteur de la post-publication. Il
est noter que les diteurs qui nautorisent pas, en gnral,
larchivage de leur propre PDF peuvent y
consentir, au cas par cas, si lauteur en fait la demande. Le cas
de Blackwell est particulier. Les
socits dtentrices de chaque revue scientifique peuvent choisir
entre deux types de contrats
soumettre pour signature lauteur: le copyright assignment form
ou l exclusive licence form.
Alors que le premier nautorise que laffichage de la version
auteur, le second reconnat explicitement
lauteur le droit dafficher la version PDF fournie par Blackwell.
Ce dernier cas sapplique en
particulier au Geophysical Journal International.
6. ConclusionsLa diffusion libre et gratuite de linformation
scientifique, condition premire la constitution
progressive dune bibliothque universelle des sciences ouverte
tous, peut tre mise en uvre ds
maintenant par chaque chercheur, quel que soit le journal choisi
pour la publication, par le biais de
lauto-archivage. Les outils internet ncessaires sont tous
disponibles. Il est probable que dans les
annes venir les organismes finanant la recherche exigeront de
leurs allocataires lenregistrement
de leur articles sur un site internet garantissant larchivage OA
prenne des uvres scientifiques.
Par contre, le dveloppement de revues scientifiques OA (assurant
elles-mmes larchivage
OA) se rvle beaucoup plus lent quon eut pu lesprer, en
particulier en sciences de la terre. Les
diteurs traditionnels, quils soient but lucratifs ou non,
entendent conserver lexclusivit des droits
de diffusion des articles des magazines quils contrlent. Pour
cela, ils doivent refuser le passage
-
14
laccs ouvert. Les rares diteurs traditionnels qui loffrent en
option le font pour un cot dissuasif,
conomiquement injustifiable, plusieurs fois suprieur celui des
diteurs OA.
La communaut scientifique en sciences de la terre, quant elle,
dnonce presque
unanimement le cot jug excessif de la publication scientifique
traditionnelle. Elle se dclare
galement favorable la diffusion libre et gratuite de la
connaissance scientifique. Moyennant quoi
elle continue concrtement, dans sa grande majorit, apporter son
concours ldition traditionnelle
plutt que de sinvestir dans la cration ou le dveloppement de
revues OA.
Ce comportement paradoxal des chercheurs et des enseignants
sexplique par les contraintes
induites par les modalits dvaluation de la recherche. A ces
contraintes nul ne peut se soustraire (et
surtout pas les plus jeunes chercheurs), car elles conditionnent
le recrutement, les promotions et le
financement des projets de recherche. Au cours des dernires
dcennies, lvaluation de la qualit
intrinsque des travaux scientifiques par les rapporteurs a laiss
la place lutilisation de critres plus
quantitatifs, mais qui donnent trop souvent un poids dcisif la
notorit de la revue dans laquelle ces
travaux ont t publis. Un tel systme dvaluation a videmment pour
effet de dtourner les
scientifiques des revues accs libre, toutes de cration rcente et
donc de notorit gnralement
modeste. La pertinence scientifique des modalits actuelles
dvaluation de la recherche est loin
dtre admise par tous. Il semble impratif de recentrer lvaluation
sur larticle lui-mme. La
publication lectronique rend maintenant aise la dtermination du
nombre de citations et du nombre
de tlchargements de chaque article (Harnad et al., 2004).
Associs la gnralisation de laccs
libre, ces nouveaux outils permettront dapprcier rapidement et
objectivement limpact dun article
dans la communaut scientifique.
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