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Particularités sensorielles
SENS, SENSATIONS ET PERCEPTIONS
Complexité de l’approche sensorielle, propre à chacun et à son
histoire. Prendre
en considération le parcours médical, préparer et réadapter
les
accompagnements tout au long de la trajectoire de la
personne.
Evaluations et réévaluations nécessaires, travail d’équipe,
collaboration avec les
parents, adhésion de tous les acteurs.
On entend souvent « déficits sensoriels » MAIS différences
perceptives
Ces particularités perceptives apparaissaient comme comorbités
dans les
anciennes classifications mais sont désormais abordées dans le
DSM V par
« réactivité sensorielle ».
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Implication dans les apprentissages.
Des chercheurs portent considération à cet axe depuis 1964.
Il y a une importance essentielle à accorder au SPATS :
SPATS: * Sens
* Perception
* Abilities (capacités)
* Thinking System (système de pensée/cognition)
La perception comprend plusieurs stades :
- la sensation, qui possède la qualité, l’intensité et la
durabilité
du stimulus. Elles peuvent être affectives (plaisir,
déplaisir/douleur) ou
représentatives (goût, odorat, toucher, vue).
- le sens, la signification, les concepts associés.
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La perception se crée au travers des expériences et implique la
mémoire, les
processus cognitifs et l’apprentissage.
Nous recevons des informations : extérieures à notre corps ;
intérieures à notre organisme ;
relatives à notre position dans l’espace,
Nous disposons de 8 sens :
1°) le vibratoire qui détecte les présences énergétiques ;
2°) le somatique, qui s’axe sur l’enveloppe corporelle et son
unité ;
3°) le vestibulaire, qui met en jeu mouvement et équilibre ;
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4°) l’odorat, comme repère d’appartenance, affectif et
d’orientation ;
5°) le gustatif, lié à l’odorat (pas de goût en bouche lorsque
nous
sommes enrhumés) il reçoit les différentes saveurs ;
6°) l’audition, perception qui rend compte de l’activité
sonore
extérieure et intérieure (vibro-acoustique);
7°) la vue, elle informe sur les contrastes, les couleurs, les
formes, la
dimension plane, les 3 dimensions, la vue en mouvement, la
distance, le
premier plan et l’arrière-plan…
8°) le toucher, sachant que la peau est l’organe le plus étendu
du
corps et qu’elle reçoit de ce fait une multitude d’informations
: pression,
vibration, mouvement, position, douleurs et température ;
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LES PARTICULARITES PERCEPTIVES ET COGNITIVES
IMPLIQUEES
Importance du : - « niveau de développement »,
- traitement de l’information,
- de l’élaboration des représentations
- stockage en mémoire.
Les personnes présentant un trouble envahissant du
développement
peuvent rencontrer des modes perceptifs particuliers qui
engendrent une
difficulté à différencier les stimuli pertinents des autres
(perception gestaltiste).
Les penseurs visuels peuvent avoir des difficultés avec les
informations
verbales et auront besoin de consignes écrites et visuelles.
Ce qui peut engendrer : une perception fragmentée ;
des hypersensibilités / hyposensibilités ;
un traitement différé de l’information ;
une difficulté à interpréter une sensation,
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Quelques exemples
Pour illustrer ces modes de pensée, nous retrouverons ainsi
la
situation d’une personnes qui habite au Terril Vert pour
laquelle,
adolescente, le papa a du reproduire la chambre de sa maison
secondaire à l’identique de celle de la maison principale ; pour
que sa
fille puisse trouver le sommeil.
adaptation aux grands changements (séjours, transferts,
déménagements) alors qu’il est souvent beaucoup plus difficile
de faire
intervenir le changement dans la vie quotidienne.
Un adulte présent dans l’établissement se sent oppressé par
les
informations verbales alors que la même information écrite noir
sur
blanc lui est accessible et le rassure.
Concernant l’agnosie sensorielle, elle s’illustre par les
personnes
autistes pour lesquelles on suppose un trouble auditif ou visuel
en
raison de leur apparente non-réactivité à certains stimuli.
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LES HYPO/HYPER SENSIBILITES ET ADAPTATIONS
AUTRE PERCEPTION : LA NOCICEPTION
EVALUATIONS ET PROFILS SENSORIELS
Sens Hypersensibilité Hyposensibilité
Vue
Personnes qui voient ce qui
passent inaperçu pour les autres
Ex : un résidant qui court
vers moi depuis l’autre
moitié du couloir pour
arracher un fil qui dépassait
du bouton de mon
manteau…
Personnes qui peuvent être attirées
par les sources très lumineuses
(fixent le soleil, les halogènes…), ou
qui doivent toucher les objets pour
les identifier.
Ex : un résidant qui va boire
avec le doigt dans son verre
pour identifier le niveau de
l’eau.
Accompagnement : jeu de discrimination (le lynx…), peintures sur
contraste,
lunettes de soleil…
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Audition
Sons perçus de manière
amplifiée, qui peuvent être
détectés avant les autres.
Ex : les personnes qui
nécessitent des casques
pour les apaiser lorsque le
bruit leur devient
insupportable ; ou qui
savent que leurs parents
viennent de se garer devant
la porte alors qu’ils sont à
l’autre bout de l’entrée.
Les personnes qui sont attirées par
les bruits de sirène, de foule, qui
claquent les portes…
Ex : une personne qui construit
un pont direct de la bouche à
l’oreille à l’aide de ses deux
mains, en vocalisant très
fréquemment.
Accompagnement : casques, retour au calme, loto sonore,
spectacles ou activités
musicales
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Goût
Odorat
Ce qui peut expliquer certains
problèmes alimentaires (texture
insupportable de l’aliment, odeur
très amplifiée).
Ex : un résidant qui régurgite
au moment du fromage,
même si l’odeur n’est pas
flagrante pour nous, elle est
insupportable pour lui.
Se retrouveront ici les personnes
autistes qui mettent tout en
bouche, et mâchent ce qui se
présente à eux.
Ex : nous avons accueilli un
résidant qui refusait de
manger ses plats si on ne les
salait pas.
Accompagnement : ateliers « goûtage » (4 goûts de base +
textures), loto odeurs,
diffuseur d’aromes…
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Toucher
Difficulté à supporter les
vêtements, la matière des tissus.
Ex : cela peut concerner les
personnes qui se déshabillent
sitôt qu’on les aide à enfiler
une tenue, qui se grattent
sans problème
dermatologique identifié.
Attirance pour les matières qui
nous semblent peu agréables au
toucher.
Ex : une personne qui peut
prendre plaisir à enrouler des
ficelles qu’il serre fortement
autour du doigt, ou une
personne qui n’apprécie que
les effleurages « durs »
(préfère les rolling mass en
bois aux pinceaux de soie).
Accompagnement : création de manchons, cahier de textures,
panneaux
tactiles…
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Vestibulaire
A pour conséquence une
faible tolérance aux
changements de position du
corps.
Tournoiements, balancements
sans en avoir les effets
indésirables.
Accompagnement : balançoire, trampoline, parcs d’attractions,
hamac, rocking
chair…
Somatique
Pour certaines personnes, il y aura une nécessité d’unifier
le
corps dans ses limites corporelles. Nous pouvons observer
certaines personnes coller leur visage contre les angles de
murs,
se coller aux gens ou parfois s’enrouler dans des
couvertures.
Accompagnement : couvertures lestées, vêtements gainants,
relaxation
contenante, argile…
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De toutes ces expériences particulières peuvent découler
certains
« sensorismes » (autostimulations) ou comportements stéréotypés
propres
à chaque personne autiste ; dont le but peut être la protection
face aux stimuli
trop envahissants.
Il est donc important de ne pas les empêcher de façon intrusive
sans en
comprendre la fonction. La juste mesure serait d’en saisir le
sens pour
orienter ces stéréotypies/autostimulations vers d’autres
ressources.
Les difficultés sensorielles que rencontrent les personnes avec
autisme peuvent
également être à l’origine de comportements-défis que notre
fonctionnement
ordinaire met du temps à saisir.
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Comportements répétitifs aux fonctions multiples :
défensives, contre la douleur causée par l’hypersensibilité
;
automutilatoires, qui permettent d’augmenter l’entrée
sensorielle dans
le cas de l’hyposensibilité ;
compensatoires : pallier à la non fiabilité de certains canaux
sensoriels
expériences agréables, évitement de l’environnement
perturbant.
Faire face à un monde sensoriel envahissant :
traitement d’une situation par un seul canal sensoriel
(monotropisme) ;
perception périphérique (exemple de la vision) ;
la fermeture sensorielle.
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RÉADAPTATION SENSORIELLE ET ÉVÉNEMENTS DE VIE
La nociception désigne l'ensemble des processus mis en place par
l'organisme
humain pour ressentir, diagnostiquer et réagir à des stimuli
intérieurs
ou extérieurs négatifs.
Les éléments sensoriels peuvent générer une douleur, ou
sensation
négative.
Un acte de soins dentaires peut être moins douloureux en bouche
que dans le
bruit des fraises et divers instruments chez une personne
hypersensible au
bruit (les sons de la mallette SOHDEV peuvent être utiles dans
ce sens).
Imaginons la gêne occasionnée par les lampes directement jetées
au
visage sur le siège du dentiste, pour une personne
hypervisuelle…
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cette année 2 adultes ont subi des interventions dentaires
conséquentes
mais nécessaires. L’un, bon mangeur, est désormais édenté et n’a
pas
supporté sa prothèse qu’il a jetée dans les égoûts… Il serait
intéressant de
lui proposer des ateliers goûtages, tout comme aux personnes
qui
présentent des risques de fausse route qui pourraient poursuivre
leur éveil
gustatif à l’aide du nibbler.
Une autre personne d’ores et déjà préoccupée par ses limites
corporelles a subi un acte chirurgical nécessitant la pose d’une
sonde.
Nous lui avons proposé des enveloppements à l’argile et des
châles
contenants qui avaient pour but de l’apaiser. D’elle-même elle
s’enroule
dans des couvertures au salon, en période d’agitation, ce qui
facilite son
retour au calme.
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QUESTIONNAIRES
Des évaluations sensorielles sont disponibles depuis les années
1970 mais ne
prennent pas en compte les variations hyper ou hypo des
personnes.
2 évaluations concernant le profil sensoriel existent, sont
applicables aux adultes
mais sont référencés pour enfants :
Le profil sensoriel : mesurer l'impact des troubles sensoriels
de l'enfant
sur sa vie quotidienne DE W. DUNN (2001) disponible aux
ECPA.
Il s’agit d'un questionnaire de 125 questions sur les
expériences sensorielles
de la vie quotidienne qui prend en compte la fréquence des ces
divers
comportements.
Une version abrégée du questionnaire conçue pour cibler la
modulation
sensorielle, est particulièrement adaptée aux situations de
dépistage : elle
comprend 38 questions issues de la forme longue.
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SPCR (PSP-R), le profil sensoriel et perceptif révisé de
Olga
BOGDASHINA
230 questions sur la vie quotidienne. Olga Bogdashina propose un
arc-en-ciel
pour illustrer le profil sensoriel de la personne autiste. C’est
un outil visuel et
pratique, qui permet d’adapter les accompagnements en fonction
des
sensibilités ou des besoins en matière de sensorialité.
Elle permet de visualiser les sens prioritaires, et ceux plus en
retrait.
La particularité de cette évaluation est qu’il prend en
considération les
attitudes présentes, absentes mais également passées de la
personne.
7 sens sont évalués : V, A, T, O, G, P et Vs, et cotés selon 4
possibilités avec un
code couleur spécifique.
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SPCR (PSP-R), Olga BOGDASHINA (version française 2013)(En
remerciant Autisme Diffusion pour l’accord de diffusion du
graphique)
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Le 24 Avril 2014 – Un nouveau questionnaire pour adultes
avec/sans
autisme
QUOTIENT DE PERCEPTION SENSORIELLE (SPQ)
en cours de développement et de validation.
TAVASSOLI, HOEKSTRA et BARON-COHEN
Prend en considération la réactivité sensorielle présente dans
le DSM V pour le
TSA. Recherche menée auprès de 359 adultes, avec et sans autisme
pour
mesurer la corrélation autisme/sensibilité sensorielle.
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L’évaluation de ces profils sensoriels permet de :
- redéfinir des objectifs d’accompagnement ;
- de redéfinir les actions psycho-éducatives ;
- des fournir des aides sensorielles aux personnes
concernées
par un profil sensoriel particulier (verres teintés, bouchons
d’oreilles…) ;
- de créer des parapluies sensoriels (modifications de
l’environnement).
Tout en gardant à l’idée l’extrême complexité d’aider les uns à
soulager leur
hypersensibilité là où les autres sont hyposensibles ; de
préserver la dignité
et la non-stigmatisation du handicap et de veiller à une
intégration
sensorielle progressive (différentes méthodes…).
MERCI DE VOTRE ATTENTION