Top Banner
MANUEL DE TECHNOLOGIE CHAPITRE 9 - JTEC.09.00.SF MAINTIEN EN PUISSANCE 1/27 Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006 SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCE CONTEXTE 1. Les activités de maintien en puissance doivent toujours être intégrées aux autres fonctions opérationnelles. À l’intérieur des organisations du soutien logistique du combat (SLC), le commandement est tout aussi important qu’à l’intérieur des éléments de combat. Les opérations de détection doivent permettre de recueillir des renseignements adéquats pour que la bataille de maintien en puissance puisse être menée efficacement. Du point de vue du SLC, la fonction agir consiste à connaître l’endroit où se trouveront les unités soutenues et la façon dont elles manœuveront, puis à s’assurer que les éléments du SLC sont capables de soutenir la manœuvre. Les plans entourant la puissance de feu doivent comporter une évaluation du problème posé par le maintien des cadences de tir, de la manœuvre des unités de tir et de l’intégration de l’appui-feu nécessaire aux opérations de maintien en puissance. Il est tout aussi important de protéger les unités du SLC, qui constituent des objectifs de choix pour l’ennemi, que de protéger la force de manœuvre étant donné que la destruction des éléments du SLC par l’ennemi anéantira, presque à coup sûr toutes les chances de succès du commandant. Comme on peut le voir, chaque fonction opérationnelle peut être liée au maintien en puissance. 2. Le maintien en puissance représente un sujet très important aussi bien pour les professionnels militaires que civils. Comme il constitue une des fonctions opérationnelle, nous devons lui porter une attention particulière si nous voulons franchir la ligne de départ, voire même l’atteindre. L’histoire de combat contemporaine regorge de sujets ayant trait au maintien en puissance, ce qui a amené les commandants à prendre conscience qu’ils doivent compter sur des techniques modernes pour faire face à ce problème sur le champ de bataille d’aujourd’hui. À la fin de 1999, le Général Eric Shinseki, alors chef d’état-major de l’armée des États-Unis, a expliqué dans son énoncé de vision qu’il était devenu nécessaire de « révolutionner la manière dont les armées assurent le transport et le maintien en puissance de leur personnel et de leur matériel ». Les armées ne disposent ni des ressources ni du temps pour stocker en théâtre toutes les pièces d’équipement imaginables dont elles pourraient avoir besoin pour une campagne. Grâce à sa vision, le Général Shinseki a déclenché un mouvement qui a mené à « une transformation complète de l’armée des États-Unis ». Dans l’ensemble, les militaires se tournent désormais vers l’industrie de la logistique pour résoudre leurs problèmes de logistique. L’armée américaine a créé l’expression « logistique dirigée » pour décrire son orientation dans l’avenir, un nouveau paradigme proposant la vélocité plutôt que la masse et la qualité plutôt que la quantité et que la réduction des coûts. Il s’agit en fait de réunir la bonne force et le bon personnel, de fournir le bon équipement et les fournitures au bon endroit et au moment approprié, et cela en couvrant toute la gamme des opérations militaires. Cette approche suppose la nécessité de réduire la quantité de matériel à déplacer. Les unités lourdes doivent s’alléger et les unités légères doivent accroître leur pouvoir meurtrier. L’objectif que l’armée américaine s’est donné est de réduire le tonnage d’une division lourde et l’espace qu’elle occupe; ceux-ci passeraient en effet de 189 000 tonnes et de deux millions de pieds carrés à 117 000 tonnes et à 1 147 000 pieds carrés. De nombreuses raisons expliquent cette décision mais l’une des plus importantes est le fait qu’il est indéniablement plus facile d’assurer le maintien en puissance d’une force plus petite, plus légère et plus létale. Cliquer sur le lien suivant pour obtenir plus d’information sur le sujet : http://www.rand.org/publications/randreview/issues/rr.04.02/faster.html .
27

SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

Jul 12, 2020

Download

Documents

dariahiddleston
Welcome message from author
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
Page 1: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

MANUEL DE TECHNOLOGIE CHAPITRE 9 -

JTEC.09.00.SF

MAINTIEN EN PUISSANCE

1/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCE

CONTEXTE

1. Les activités de maintien en puissance doivent toujours être intégrées aux autres fonctions opérationnelles. À l’intérieur des organisations du soutien logistique du combat (SLC), le commandement est tout aussi important qu’à l’intérieur des éléments de combat. Les opérations de détection doivent permettre de recueillir des renseignements adéquats pour que la bataille de maintien en puissance puisse être menée efficacement. Du point de vue du SLC, la fonction agir consiste à connaître l’endroit où se trouveront les unités soutenues et la façon dont elles manœuveront, puis à s’assurer que les éléments du SLC sont capables de soutenir la manœuvre. Les plans entourant la puissance de feu doivent comporter une évaluation du problème posé par le maintien des cadences de tir, de la manœuvre des unités de tir et de l’intégration de l’appui-feu nécessaire aux opérations de maintien en puissance. Il est tout aussi important de protéger les unités du SLC, qui constituent des objectifs de choix pour l’ennemi, que de protéger la force de manœuvre étant donné que la destruction des éléments du SLC par l’ennemi anéantira, presque à coup sûr toutes les chances de succès du commandant. Comme on peut le voir, chaque fonction opérationnelle peut être liée au maintien en puissance.

2. Le maintien en puissance représente un sujet très important aussi bien pour les professionnels militaires que civils. Comme il constitue une des fonctions opérationnelle, nous devons lui porter une attention particulière si nous voulons franchir la ligne de départ, voire même l’atteindre. L’histoire de combat contemporaine regorge de sujets ayant trait au maintien en puissance, ce qui a amené les commandants à prendre conscience qu’ils doivent compter sur des techniques modernes pour faire face à ce problème sur le champ de bataille d’aujourd’hui. À la fin de 1999, le Général Eric Shinseki, alors chef d’état-major de l’armée des États-Unis, a expliqué dans son énoncé de vision qu’il était devenu nécessaire de « révolutionner la manière dont les armées assurent le transport et le maintien en puissance de leur personnel et de leur matériel ». Les armées ne disposent ni des ressources ni du temps pour stocker en théâtre toutes les pièces d’équipement imaginables dont elles pourraient avoir besoin pour une campagne. Grâce à sa vision, le Général Shinseki a déclenché un mouvement qui a mené à « une transformation complète de l’armée des États-Unis ». Dans l’ensemble, les militaires se tournent désormais vers l’industrie de la logistique pour résoudre leurs problèmes de logistique. L’armée américaine a créé l’expression « logistique dirigée » pour décrire son orientation dans l’avenir, un nouveau paradigme proposant la vélocité plutôt que la masse et la qualité plutôt que la quantité et que la réduction des coûts. Il s’agit en fait de réunir la bonne force et le bon personnel, de fournir le bon équipement et les fournitures au bon endroit et au moment approprié, et cela en couvrant toute la gamme des opérations militaires. Cette approche suppose la nécessité de réduire la quantité de matériel à déplacer. Les unités lourdes doivent s’alléger et les unités légères doivent accroître leur pouvoir meurtrier. L’objectif que l’armée américaine s’est donné est de réduire le tonnage d’une division lourde et l’espace qu’elle occupe; ceux-ci passeraient en effet de 189 000 tonnes et de deux millions de pieds carrés à 117 000 tonnes et à 1 147 000 pieds carrés. De nombreuses raisons expliquent cette décision mais l’une des plus importantes est le fait qu’il est indéniablement plus facile d’assurer le maintien en puissance d’une force plus petite, plus légère et plus létale. Cliquer sur le lien suivant pour obtenir plus d’information sur le sujet : http://www.rand.org/publications/randreview/issues/rr.04.02/faster.html.

Page 2: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

2/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

FUTURE HEAVY FORCEM HAL, SURVIVABLE,

DELETORE

PLOYABLE

19941999

20052015

DAY

FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

DÉPLOYABLE

TO18

29,000 TONS

,022,000 SQ. FT.2015

DEPLOYABLE WEIGHT CUT 62%OOTPRINT CUT 57%F

Figure 1 - Réduction visée par l’armée américaine dans le cas d’une division lourde

2015 POIDS DÉPLOYABLE RÉDUIT DE 62 POUR CENT

PLACE OCCUPÉE RÉDUITE DE 57 POUR CENT

AUJOURD’HUI 189 000 TONNES

2 022 000 PIEDS CARRÉS

3. Le Canada a fixé de nouveaux objectifs concernant le maintien en puissance dont le plus important, d’un point de vue technologique, est que les équipements devront respecter l’objectif : « Déployables dans le monde entier » établi dans la Stratégie 2020 CEMD-SM-Stratégie 2020 et dans le Guide de planification de la défense 2001. Pour atteindre cet objectif, il faudra prévoir de nouveaux équipements, qu’il s’agisse de navires stratégiques pour la Marine, d’appareils pour la Force aérienne et de technologies de la logistique plus souples pour les troupes déployées. Sous la direction du SMA (Mat) J4 Mat, les Forces canadiennes (FC) procèdent actuellement à l’élaboration des concepts de soutien opérationnels pour l’avenir. Le travail va bon train et donnera lieu à des améliorations au niveau du maintien en puissance.

PORTÉE

4. La fonction de maintien en puissance décrite dans la B-GL-300-004/FP-002, Maintien en puissance de la Force terrestre se compose des systèmes suivants :

a. le système de ravitaillement,

b. le système de gestion de l’équipement terrestre (SGET),

c. le système de soutien du personnel (SSP),

d. le système des services de santé (SSS).

Page 3: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

3/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

5. La figure 2 ci-dessous illustre les activités de maintien en puissance.

MAINTIEN EN PUISSANCE

SOUTIEN CIVIL ADMINISTRATION MILITAIRE

ADMINISTRATION DU PERSONNEL

GÉNIE DE MAINTIEN

EN PUISSANCE

LOGISTIQUE

SYSTÈME DE GESTION DE

L’ÉQUIPEMENT TERRESTRE

SYSYSYSTÈME DE RAVITAILLEMENT SYSTÈME

DE SOUTIEN DES SERVICES

DE SANTÉ

SYSTÈME DE SOUTIEN DU PERSONNEL

Figure 2 - Maintien en puissance de la Force terrestre

6. Les systèmes seront décrits l’un après l’autre (à l’exception du SSP) ainsi que certaines des nouvelles technologies connexes.

7. Le système de maintien en puissance ne devrait pas être une notion nouvelle pour vous. Lorsque vous aurez terminé ce chapitre, vous connaîtrez bien le sujet et vous :

a. aurez revu la fonction de maintien en puissance;

b. comprendrez l’importance de la technologie pour le maintien en puissance;

c. pourrez décrire le rôle de la technologie au sein du maintien en puissance;

d. connaîtrez les technologies particulières à chacun des systèmes;

e. saurez de quelle façon les technologies de maintien en puissance peuvent influer sur les autres fonctions de combat.

SECTION 2 - LE SYSTÈME DE RAVITAILLEMENT

CONTEXTE

8. Le système de ravitaillement ainsi que les technologies utilisées sont des plus sophistiquées. L’expression « Ingénierie de la logistique », souvent employée pour décrire la science du

Page 4: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

4/27

ravitaillement, s’est développée au cours des dernières années, stimulée par l’économie mondiale. À quelques exceptions près, la forme militaire de l’ingénierie de la logistique, et plus particulièrement le ravitaillement, reflète en bonne partie ce qui se fait dans l’industrie civile. Cela s’explique par l’important travail de recherche et de développement que l’industrie réalise au chapitre de la science du mouvement du personnel, des fournitures et des services dans un contexte mondial. Le système comprend la gamme complète de matériel, allant de l’aéronef de transport lourd au véhicule utilitaire léger en passant par les nombreux logiciels d’information servant à la planification et au contrôle des différents systèmes. En fait, lorsque la situation s’y prête, les FC font appel à des entreprises commerciales spécialisées dans la logistique, par exemple FEDEX et DHL, pour assurer le maintien en puissance.

PORTÉE

9. Lorsque vous aurez terminé la présente section, vous serez en mesure de comprendre ce qui suit :

a. la notion d’un système de ravitaillement;

b. les composants du ravitaillement;

c. les technologies du ravitaillement;

d. les incidences des technologies du ravitaillement sur les fonctions de combat.

10. Aéronef de transport lourd. Pour le transport lourd, les FC ont largement recours à la location de ressources et à la petite flotte d’aéronefs vieillissants CC130 Hercules dont elles disposent. Le CC130 possède une valeur stratégique limitée en raison de sa portée et de sa capacité de transport restreintes. Il ne peut transporter qu’un seul VBL III et seulement après de très longs préparatifs. La figure ci-dessous montre le modèle J, une nouvelle version du Hercules qui pourrait remplacer, en entier ou en partie, la flotte actuelle des FC.

• Cabine à deux pilotes

• Architecture du bus de données 1553

• Quatre écrans multifonctions à cristaux liquides

• Turbopropulseur Rolls-Royce Allison • Hélice en composite Dowty

• Fuselage allongé

• Éclairage compatible avec l’équipement de vision nocturne

• Système intégré de diagnostic • Système amélioré de manutention de fret

• Double affichage frontal • Radar météo/cartographique

couleur

Modèle Rampe de transport

40,4 pi55,4 pi

Palettes463 1

Brancards

Lots SLC

Troupes de combat

Parachutistes

Augmentation

Figure 3 - C130J-30

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Page 5: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

5/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

11. Les FC recherchent activement des solutions pour améliorer leur capacité stratégique de transport lourd par avion et pourraient avoir recours, par exemple, au Boeing C17 :

Figure 4 - Boeing C17 Globemaster

ou à l’Airbus A400M :

Figure 5 - Airbus A400M

12. Ces nouveaux appareils sont plus efficients et plus efficaces grâce aux nouvelles technologies qui rendent les moteurs plus silencieux et plus économes en combustible. Ils sont en mesure d’accepter des charges plus lourdes et plus encombrantes et de transporter rapidement, partout dans le monde, des troupes, de l’équipement et des fournitures. À l’heure actuelle, les FC doivent louer des appareils d’autres pays ou de compagnies lorsqu’elles sont appelées à effectuer du transport stratégique lourd.

Page 6: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

6/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

13. Transport maritime stratégique. La capacité de transport maritime de la Marine canadienne se résume à deux pétroliers ravitailleurs, les NCSM Protector et Preserver. On voit ici le Protector qui ravitaille un navire de guerre américain :

Figure 6 - NCSM Protector

14. Le quartier général de la Défense nationale (QGDN) a lancé le projet ALSC (Capacité de soutien logistique en mer et de transport maritime) dans le but de se procurer jusqu’à quatre navires logistiques qui viendraient appuyer le déploiement de troupes, d’équipement ainsi que des groupes opérationnels partout dans le monde. Ces navires fourniront les capacités suivantes :

a. Soutien en cours de route aux forces navales en mer. Le soutien en cours de route désigne le transfert, en mer, des matières liquides et solides d’un navire à un autre. Ce type de soutien suppose aussi l’emploi d’hélicoptères, d’une capacité de maintenance de deuxième ligne pour les hélicoptères ainsi que la mise en service d’une installation de soins médicaux et dentaires pour le groupe opérationnel.

b. Transport maritime. Pour faire face à l’éventail de possibilités que présente l’environnement de sécurité incertain de l’avenir, trois navires de soutien interarmées seront en mesure de transporter, ensemble, 7 500 mètres linéaires de véhicules et de fournitures. Cette capacité suffit au transport d’un groupement tactique de l’Armée de terre. Elle inclura aussi une fonction souple de chargement et de déchargement automatiques.

c. Soutien logistique en mer pour les forces déployées à terre. Cette capacité fournira un quartier général de la force opérationnelle interarmées d’envergure limitée et déployé en mer pour le commandement et le contrôle des forces déployées à terre.

Page 7: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

7/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

15. Voici de quelle façon un artiste a imaginé un de ces navires :

Figure 7 - Gracieuseté BP ALSC

16. On peut voir ici des navires modernes de ce genre :

Figure 8 - Navire américain USNS BOB HOPE

Figure 9 - Navires britanniques HMS ALBION

17. Au Royaume-Uni (R.-U.) deux navires de ce type ont été mis à l’eau (les HMS ALBION et BULWARK) à l’appui de la Force d’intervention rapide interarmées (FIRI) de l’OTAN. Ces navires sont issus de la fine pointe de la technologie.

18. Ces navires présentent les avantages suivants :

a. ils possèdent une capacité de transroulage qui facilite considérablement le chargement et le déchargement;

b. ils sont constitués de modules qui facilitent la configuration et la disposition des charges;

c. ils possèdent une très grande souplesse puisqu’ils peuvent être transformés en transporteurs d’équipement lourd, notamment les chars de combat principal (CCP), et être dotés d’un quartier général.

Page 8: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

8/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

19. Soutien au ravitaillement des troupes au sol. Maintenant que les troupes et l’équipement sont arrivés en toute sécurité dans le théâtre outre-mer, nous devons veiller à leur fournir logement, alimentation, installations pour les ablutions, transport et une foule d’autres services. Les spécialistes de la logistique comptent pour une bonne part sur le soutien fourni par le pays hôte (HNS) pour soutenir nos troupes déployées. Ce dernier n’est pas toujours disponible et il arrive souvent que nous ayons à puiser dans nos propres ressources.

20. Ces dernières années, les conteneurs maritimes ont joué un rôle de premier plan, permettant une mobilité accrue lors des déploiements des FC. En fait, ils ont été utilisés à l’appui de toutes les missions de déploiement importantes, que ce soit en Bosnie, en Haïti, au Kosovo, au Timor ou en Érythrée. Ils ont servi au transport, à l’entreposage et à la protection du matériel et ont aussi abrité temporairement des installations de base lors de la construction de camps, des bunkers, des postes de commandement et des bureaux.

21. La cellule de la gestion de l’utilisation des conteneurs maritimes du J4 Logistique, installée au QGDN, a réalisé des travaux sur les systèmes de maintien en puissance, fondés sur les conteneurs maritimes de l’Organisation internationale de normalisation (ISO). Vous trouverez dans ce qui suit une description du fonctionnement du système des conteneurs maritimes.

22. Les FC obtiennent et utilisent des conteneurs de trois façons : en premier lieu, elles ont recours à leurs propres conteneurs; en second lieu, elles louent des conteneurs à des compagnies de fret pour un déplacement (le conteneur est retourné à la compagnie de fret lorsque le déplacement complété); enfin, elles louent à court terme des conteneurs pour des missions de courte durée.

23. Au début des années 90, les FC étaient relativement peu versées dans l’utilisation des conteneurs et encore aujourd’hui, il nous reste beaucoup à apprendre. En 1995, le J4 Logistique a pris en charge la coordination de toute l’utilisation des conteneurs maritimes dans les FC. Il devait tout d’abord mettre sur pied un protocole opérationnel d’utilisation des conteneurs maritimes qui respecterait les règlements internationaux. Nous avons rapidement élaboré et continuons de mettre au point une doctrine d’utilisation des conteneurs qui appuient les opérations de déploiement. Nous avons acheté un parc de conteneurs maritimes qui nous permet d’appuyer toutes les missions de déploiement. Nous avons au total quelque 3 500 conteneurs, dont des conteneurs de transport maritime, des conteneurs réfrigérés autonomes munis d’un groupe électrogène amovible, des conteneurs à chargement latéral, des conteneurs pour le transport de matières dangereuses, des conteneurs pouvant faire office de bureau, de comptoir postal ou de poste de commandement, des conteneurs renfermant un camp temporaire démontable complet (avec cuisine, dortoir et installations pour les ablutions), des hôpitaux/unités d’intervention d’urgence déployables et d’autres conteneurs maritimes spécialisés propres aux diverses unités. Pour les déploiements aériens, nous avons des conteneurs maritimes spéciaux de huit pieds montés sur leurs propres remorques qui permettent de les transporter à bord d’aéronefs Hercules CC130. En bref, il existe un conteneur pour satisfaire à l’un ou l’autre de tous les besoins des FC en déploiement. Dans le théâtre, nous avons des camions de 16 tonnes, des engins de manutention des conteneurs et des chargeuses pour terrain accidenté qui nous permettent de déplacer nos conteneurs sur tous les types de terrain. Nous avons aussi déployé à l’avance, en Italie, 350 conteneurs contenant le matériel nécessaire pour aménager des camps temporaires afin de faciliter un soutien rapide aux opérations. Ces conteneurs ont été utilisés lors de nos récents déploiements au Kosovo et en Érythrée.

24. Les FC ont conclu un contrat avec l’industrie privée tant pour les conteneurs standard que pour les conteneurs spécialisés. Cela permet aux FC d’acheter les conteneurs au meilleur prix possible, de satisfaire aux normes de l’industrie et d’enregistrer les conteneurs auprès du Bureau international des conteneurs (un organisme international d’enregistrement des conteneurs maritimes).

Page 9: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

9/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Les conteneurs sont aussi suivis et contrôlés par les gestionnaires de cycle de vie du matériel/de l’approvisionnement des FC pour fins comptables et pour leur maintenance lorsqu’ils ne sont plus couverts par le contrat d’achat. Nous avons aussi conclu un contrat de location de conteneurs avec l’industrie privée qui nous permettra de réaliser des économies lors de missions de courte durée.

25. En tant que propriétaire de conteneurs maritimes, les FC sont tenues de se plier aux règlements nationaux et internationaux. Le ministère des Transports du Canada (Bureau d’inspection des navires à vapeur) nous a homologué à l’échelle nationale. À l’échelle internationale, nous avons reçu l’homologation du Bureau international des conteneurs. Le Bureau a attribué aux FC la désignation (code de propriétaire) « CFCU » pour nos conteneurs.

26. Pour nous assurer de respecter la Convention sur la sécurité des conteneurs de 1972, nous avons adopté la « norme de niveau cinq » de l’International Institute Container Lessors. À la lumière de cette norme et pour se doter des ressources nécessaires en matière de conteneurs maritimes pour le combat dans les théâtres d’opérations, les FC se sont données la capacité d’inspecter et de réparer leurs propres conteneurs. Le Secrétariat de la Défense des États-Unis nous a aidé à former nos premiers inspecteurs.

27. Comme c’est le cas pour la plupart des forces qui utilisent des conteneurs maritimes, l’éducation de nos utilisateurs dans les domaines de la sécurité, de la maintenance et des politiques est très importante. Nous avons produit sur l’Intranet une page Web où nos clients trouveront renseignements et soutien. Nous pouvons aussi dépêcher dans les théâtres d’opérations des équipes d’aide capables de procéder à des inspections et à des réparations, et de conseiller les unités déployées ou qui préparent un redéploiement. Enfin, pour nous tenir à la fine pointe des derniers développements en matière d’utilisation militaire des conteneurs, nous avons entrepris des discussions et rencontres avec nos homologues de la France, du R.-U. et des États-Unis pour recueillir les meilleures pratiques d’affaires en la matière.

28. L’introduction du système de gestion des conteneurs maritimes (SGCM) des FC, un outil de type Web disponible sur l’Intranet, est une réalisation importante. Dans nos discussions avec d’autres utilisateurs militaires de conteneurs maritimes, nous avons pu constater que les principaux problèmes se situaient aux niveaux du repérage des conteneurs, de leur maintenance et de leur comptabilité.. Pour résoudre ces problèmes, les FC ont visité les entités britanniques et françaises responsables de l’utilisation militaire des conteneurs maritimes. Les meilleures fonctions des deux systèmes ont été retenues et utilisées dans l’élaboration du SGCM des FC. Le système permet d’assurer le suivi de conteneurs et de produire des rapports, y compris les rapports comptables, par code de propriétaire et par compte de distribution. Il offre aussi des fonctions d’entretien, dont des écrans pour l’inspection et la certification automatisée. Dans un avenir rapproché, le Système permettra de savoir ce que renferme chaque conteneur et où il se trouve! Le Système de gestion des conteneurs maritimes est conçu pour être facile à utiliser et offre des dispositifs de sécurité pour chaque niveau d’utilisateur, du quartier général jusqu’aux missions en déploiement.

29. Les photographies suivantes (gracieuseté du CONOSCOM J5 Log 2) vous donneront une idée des innombrables modèles et configurations qu’offre ce système polyvalent. Essayez d’imaginer d’autres utilisations que le système pourrait avoir sur le champ de bataille. Par exemple, les conteneurs maritimes contenant des matières dangereuses pourraient être configurés pour transporter des munitions palettisées qui pourraient être livrées directement dans la zone de combat. Nous vous laissons découvrir les avantages que pourrait présenter un tel système.

Page 10: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

10/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Figure 10 - Conteneur réfrigéré

Unité amovible NNO : 6115-01-449-2543

Unité réfrigérée NNO : 8145-21-912-9604

Figure 11 - Bureau de poste déployable

Abri MECC Nouveau NNO : 5411-21-914-7535

Page 11: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

11/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Figure 12 - Conteneur d’entreposage

Conteneur d’entreposage NNO : 8145-21-912-1958

Figure 13 - Engin de manutention des conteneurs largables pour terrain accidenté

Page 12: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

12/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Figure 14 - Système de chargement par palettes - Conteneur maritime

Figure 15 – Conteneur de cuisine temporaire de camp relogeable

Page 13: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

13/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Figure 16 - Conteneur à chargement latéral pour les pièces de rechange

Figure 17 - Conteneur à chargement latéral

30. Incidences des technologies du ravitaillement sur les fonctions opérationnelles. Voici quelques commentaires sur les incidences qu’auront sans doute ces technologies sur les différentes fonctions de combat.

a. Commandement. Les technologies du ravitaillement influeront sur la fonction de commandement puisqu’elles permettront aux commandants d’adapter le soutien en ravitaillement à une mission donnée. Le commandant disposera en fait de plus d’options qu’avec « l’entreposage » ou « le stockage » sur le scénario de la tête de pont. Les décisions de commandement se prendront plus rapidement puisque ces technologies reposent sur la vitesse et le transport et non plus sur le stockage.

b. Détection. Les technologies du ravitaillement auront une grande influence sur cette fonction de combat. La notion « juste à temps » associée au ravitaillement rapide sera étroitement liée aux systèmes qui seront mis en place pour les opérations de détection. On aura besoin d’une « large bande de fréquence » pour assurer le bon fonctionnement des systèmes de repérage et de comptabilisation, les assises du nouveau système de ravitaillement.

c. Action. Les forces déployées sur le champ de bataille jouiront d’une plus grande liberté de mouvement grâce au système de charge de conteneur maritime adaptée à

Page 14: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

14/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

leurs besoins, qui permettra de livrer, au bon endroit, au bon moment et dans les bonnes quantités, des vivres, les pièces de rechange nécessaires aux réparations ou des produits pétroliers. Les commandants ne subiront plus les contraintes inhérentes à l’établissement de stocks ou aux dépôts temporaires. Les nouvelles technologies du ravitaillement auront un impact majeur sur la façon de fournir la puissance de feu sur le champ de bataille. Les commandants ne seront plus limités au système de ravitaillement massif en munitions d’autrefois, qui demandait un grand nombre de ressources. À partir des prévisions du commandant, il sera possible de préparer et de charger des stocks de munitions correspondant à ses besoins, dans des conteneurs maritimes spéciaux. Ces stocks pourront être livrés directement du fabricant à la zone de combat ou encore préparés dans le théâtre des opérations et livrés à l’avant. Grâce aux systèmes de manutention mécanisés, comme le système de chargement palettisé, les munitions pourront être transférées directement aux systèmes d’armes, que ce soit à l’arme personnelle du soldat ou à un char de combat principal (CCP).

d. Protection. Grâce à la souplesse dont elles sont dotées, les nouvelles technologies du ravitaillement contribueront à améliorer cette fonction de combat. Qu’il s’agisse de fournitures médicales ou de prophylaxie chimique, biologique, radiologique ou nucléaire (CBRN) destinées à assurer la protection individuelle des soldats, ou encore de matériels visant à entraver la capacité de manœuvre de l’ennemi, le ravitaillement permettra d’accroître la protection. Pour obtenir plus d’information à ce sujet, consultez le site Web suivant : http://lognet.dwan.dnd.ca/j4log/plans/seacon_f.asp.

SECTION 3 – LE SYSTÈME DE SOUTIEN DES SERVICES DE SANTÉ

CONTEXTE

31. Comme pour tout autre système qui repose sur la technologie, le commandant d’une formation militaire moderne doit posséder une bonne connaissance du SSS. Les technologies médicales, découlant de la recherche médicale, qui sont maintenant de plus en plus disponibles sur le champ de bataille, nous offrent des possibilités insoupçonnées pour traiter nos pertes au combat. Ces systèmes nous permettront non seulement de sauver des vies et de maintenir nos soldats en état de combattre mais aussi d’améliorer le moral de ces derniers. La tolérance zéro étant de plus en plus la norme quand il est question des pertes au combat, ces systèmes nous aideront à prodiguer aux blessés les meilleurs soins possibles, dans les plus courts délais.

32. Voici un exemple de ce que nous avons accompli et de ce qui nous attend. La physiologie humaine ne change pas. C’est elle qui prescrit les délais établis, presque universellement reconnus, pour les soins de traumatologie. Ces délais que l’on retrouve dans la doctrine et la planification médicales militaires, notamment la règle d’une heure fixée pour la réanimation et celle de six heures pour les premiers soins chirurgicaux (en tenant respectivement compte des risques d’hémorragie mortelle et de la possibilité de devenir irrémédiablement infectés/septique,). La technologie permet maintenant de couvrir de plus grandes distances dans ce même laps de temps et fait en sorte que plus de gens peuvent profiter d’installations médicales plus performantes ( tel que l’hélicoptère d’évacuation d’urgence de la guerre de Corée et du Vietnam). Tout n’est cependant pas toujours parfait. C’est ainsi qu’au cours du conflit aux Malouines, une campagne menée par l’infanterie légère pour laquelle il n’y avait pas de supériorité aérienne et où le soutien héliporté était limité, il fallait plus de 12 heures pour transporter un blessé à l’hôpital. Comme la technologie de pointe est souvent déployée avec l’échelon F et qu’elle ne se retrouve dans l’échelon A2 que des années plus tard, si jamais cela se produit, il est donc difficile de maintenir le rythme du champ de bataille. Imaginez

Page 15: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

15/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

une ambulance M113 qui tente de rejoindre une troupe de chars Abrams et vous comprendrez la situation. L’armée américaine applique encore à fond le concept « Objective Force », sans aucune image précise du SSS, si ce n’est qu’elle doit occuper très peu de place et posséder une capacité de contact avec les forces arrières.

33. Prenez aussi en compte le fait que « les nouvelles missions et les nouveaux concepts touchant l’emploi de la force militaire exercent et continueront d’exercer une influence importante sur la pratique médicale militaire. Combattre les forces armées ennemies ne constitue qu’une façon d’atteindre les objectifs stratégiques nationaux. La médecine militaire aura un rôle de plus en plus important à jouer pour réaliser les objectifs stratégiques nationaux sans avoir recours à la force armée. Plus que jamais, les fournisseurs de soins de santé doivent apprendre les langues étrangères (ou savoir au moins utiliser un « traducteur universel »), comprendre les cultures étrangères et savoir de quelle façon la médecine peut le mieux contribuer à la réalisation d’une stratégie nationale ».1

PORTÉE

34. Nous allons maintenant parler du SSS et décrire rapidement où nous mènera la technologie médicale sur le champ de bataille, sans aborder les systèmes actuellement utilisés, qui tombent rapidement en désuétude. Une fois la section terminée, vous posséderez des connaissances sur les sujets suivants :

a. l’avancement technologique de la science médicale;

b. son application possible sur le champ de bataille moderne;

c. ses incidences possibles sur les autres fonctions de combat.

TECHNOLOGIES MÉDICALES

35. La description suivante des technologies médicales est tirée des comptes rendus de la 15e Conférence sur les Military Medicine Uniformed Services University of the Health Services. Il ne s’agit pas d’une étude exhaustive mais d’un moyen de vous faire connaître les différents types de systèmes médicaux que vous rencontrerez et que vous aurez sans doute à gérer au cours de votre carrière. Vous remarquerez que bon nombre de ces technologies ne s’appliquent pas de façon particulière au domaine médical. La technologie de l’information, par exemple, est l’élément qui lie ensemble le système et démontre la nécessité de disposer d’une plus large bande de fréquence.

36. Modélisation et analyse des phénomènes complexes. Les applications avancées en mathématiques et l’informatique ont exercé jusqu’à maintenant une plus grande influence sur les sciences physiques que sur les sciences biologiques. Cependant, les travaux réalisés dans le cadre du projet sur le génome humain font maintenant appel à ces applications pour expliquer de quelle façon un si petit nombre de gènes peut engendrer la prodigieuse complexité de l’organisme humain. On peut maintenant représenter certains systèmes biologiques au moyen de théories mathématiques complexes. Cette technologie peut entraîner les changements suivants au niveau de la pratique :

a. Plus grande utilisation de bases de données pour produire des modèles physiologiques améliorés, concevoir de nouveaux traitements, modifier les organisations et procédures et créer des écrans améliorés.

1 Comptes rendus de la 15e Conférence sur les Military Medicine Uniformed Services University of the Health Sciences, page 2 (4), avril 2002

Page 16: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

16/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

b. Mise en service d’outils utiles sur le plan clinique destinés à diagnostiquer un dysfonctionnement génétique ainsi que d’outils dotés d’une intelligence artificielle de plus en plus perfectionnée.

c. Plus grande place à la réalité virtuelle dans la pratique et la formation cliniques et, ultérieurement, intégration de systèmes qui projettent des images directement sur la rétine ou qui vont même jusqu’à créer des images dans l’aire visuelle du cerveau.

d. Plus grande disponibilité de modèles physiologiques avancés (p. ex., modèles de « cadavre moléculaire ») qui contribueront à améliorer la formation.

e. Plus grande utilisation d’outils d’aide à la décision susceptibles d’aider les fournisseurs de soins de santé à faire face à des situations complexes, tel que le triage.

37. Biodétecteurs. Les biodétecteurs comprennent des dispositifs visant à surveiller la physiologie des patients et le milieu dans lequel ils se trouvent. Ces détecteurs peuvent être portés, ingérés, implantés ou placés dans l’environnement du patient, les « toilettes intelligentes » par exemple, qui permettent de surveiller différents aspects de la santé d’un patient. Ces détecteurs produiraient d’énormes quantités de données, ce qui exigerait de nouveaux dispositifs pour évaluer et gérer cette information. Cette technologie peut entraîner les changements suivants au niveau de la pratique :

a. accès en temps réel à une plus grande batterie de données biologiques qui dépasse ce qui a été possible jusqu’à ce jour;

b. plus grande utilisation de biodétecteurs sur les marchés des soins de santé commerciaux et professionnels afin de surveiller la santé des patients;

c. utilisation des données provenant des biodétecteurs pour prendre des décisions touchant les soins de santé destinés à des personnes et à des populations entières (p. ex., administration d’un vaccin ou d’autres traitements prophylactiques);

d. diminution du besoin de disposer de vastes laboratoires pour appuyer la pratique médicale;

e. plus grande capacité d’identifier rapidement les dangers environnementaux;

f. plus grande capacité de suivre les patients et leurs comportements.

38. Génomique. On étudie ici la façon dont cette technologie influe sur les besoins fondamentaux de l’homme - un peu comme la hiérarchie des besoins de Maslow - et la façon dont elle peut s’appliquer à chacun. Cette technologie peut entraîner les changements suivants au niveau de la pratique :

a. les modifications génétiques apportées aux aliments amélioreront la santé et auront pour effet de les rendre plus nutritifs, plus résistants aux maladies et d’augmenter leur durée de conservation;

b. une plus grande utilisation de la génétique dans les sciences de la reproduction pourrait permettre même à des personnes âgées d’avoir des enfants, ou encore donner ou enlever la capacité de reproduction;

Page 17: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

17/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

c. utilisation de l’information génétique pour prévoir les maladies et la prédisposition à des conditions comme l’alcoolisme, ainsi que pour produire des médicaments adaptés aux besoins;

d. utilisation de la génétique pour produire des vaccins sur mesure;

e. indépendamment des questions d’éthique, les modifications apportées au génome humain peuvent éventuellement produire de nombreux résultats, notamment :

(1) plus grande capacité pour le corps humain de résister à des conditions climatiques extrêmes;

(2) plus grande résistance aux maladies;

(3) personnalités sur mesure.

39. Nanotechnologie et biotechnologie. La nanotechnologie a produit de très petits appareils pouvant être injectés ou implantés dans le corps humain. Ces appareils peuvent permettre de surveiller l’état d’un patient, alors que certains peuvent aller jusqu’à produire des agents thérapeutiques une fois dans le corps. Ces technologies entraîneront les changements suivants au niveau de la pratique :

a. capacité accrue de surveiller l’état de santé des patients à distance, de stabiliser leur état ou de prodiguer un traitement;

b. détection et prévention plus précoces des maladies et des blessures;

c. diagnostic posé plus rapidement et avec plus de précision;

d. réduction du nombre de procédures et du degré d’intrusion;

e. médicaments fournis de façon régulière;

f. temps de contact avec le patient utilisé plus efficacement;

g. réduction du nombre de fournisseurs de soins de santé pour le diagnostic et le traitement;

h. coûts des soins de santé mieux contrôlés.

Page 18: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

18/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

La figure ci-dessous illustre une nanomachine dans le corps humain.

Figure 18 – Un nanoinjecteur se déplace dans les vaisseaux sanguins et prend des échantillons ou injecte des médicaments. Image fournie à titre gracieux

par le Daily Telegraph of London et Novartis

NANOTECHNOLOGIE

40. Application des technologies d’avant-garde. L’armée américaine a récemment conclu un contrat avec le Massachusetts Institute of Technology dans le but de financer l’Institute of Soldier Nanotechnologies (ISN)2. L’Institut sera notamment appelé à appliquer des technologies avancées afin de produire un super habit de combat. Les matériaux spéciaux pourraient notamment être agencés de la façon suivante :

2 SIGNAL, Juillet 2002, page 47, Dressing To The Nines On The Battle Lines

Page 19: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

19/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Humidité Eau/Agents chimiques et biologiques

Protection rigide

Gilet de protection balistique souple Dans l’avenir, la protection du soldat sera assurée par le biais d’un matériel multicomposé complexe. Ce matériel sera constitué d’une partie souple faite de fibres tissées et d’une partie rigide faite de plastiques renforcés. Les chercheurs pensent produire le matériel capable de résister à l’eau ainsi qu’aux agents chimiques et biologiques.

Figure 19 - Agencement fictif des matériaux pour un super habit de combat

41. L’objectif général visé est de réduire le poids de l’équipement du soldat qui varie présentement entre 56 et 66 kg et qui passerait à seulement 20 kg. Dans le domaine médical, le projet s’intéresse à la surveillance et au traitement à distance qui contribueront à assurer la capacité de survie des soldats. Les équipes de recherche tentent d’établir de quelle façon ces caractéristiques peuvent être ajoutées à l’équipement. Des détecteurs placés à des endroits stratégiques pourraient servir à indiquer l’état d’un soldat, qu’il soit éveillé, fatigué ou blessé, de même qu’à surveiller son état physiologique, comme sa pression artérielle, son pouls et sa température. En cas de blessure, un système indiquerait l’emplacement et la gravité des blessures subies. L’habit souple, de par sa conception, pourrait devenir rigide aux endroits où cela est nécessaire et servir d’attelle dans les cas de fractures. Les chercheurs imaginent aussi une chemise capable de contrôler l’état des patients, tel que les victimes d’une crise cardiaque, de détecter un épisode et de transmettre un signal à un récepteur local relié à une station de contrôle ou à un hôpital. Ce système fonctionnerait pour les soldats munis du système mondial de localisation (GPS). Leurs habits indiqueraient l’endroit où ils se trouvent et leur état de santé. Certains traitements en temps réel pourraient être dispensés dans le but d’accroître leur capacité de survie. L’habit serait de plus soumis à un traitement antibactérien qui serait efficace dans le cas de certaines blessures, les écorchures par exemple, qui ne sont habituellement pas traitées parce que le soldat manque de temps ou n’a pas les moyens de le faire ainsi que pour les blessures mineures qui risqueraient de s’empirer. Les chercheurs aimeraient appliquer les traitements bactériens à l’intérieur de l’habit qui résisteraient au rinçage. Des produits potentiels sont présentement à l’essai sur des planches à découper utilisées dans des restaurants. Il est désormais possible de trouver sur le marché des vêtements fabriqués de fibres insectifuges qui peuvent être lavés plusieurs fois.

42. Incidences des technologies du SSS sur d’autres fonctions de combat. Voici quelques commentaires sur les incidences qu’auront sans doute ces technologies sur les différentes fonctions opérationnelles.

Page 20: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

20/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

a. Commandement. Conscients du fait que le soutien médical est à portée de la main, les commandants bénéficieront d’une plus grande souplesse pour exercer la fonction du commandement. Le personnel de la troupe aura un bien meilleur moral s’ils savent que des traitements leur seront prodigués rapidement en cas de blessures. Les commandants auront ainsi une plus grande latitude pour appliquer la puissance de combat au cours de la mission.

b. Détection. Le SSS, à l’instar de tous les systèmes de ravitaillement, exige beaucoup des systèmes qui constituent la fonction opérationnelle détection. Une large bande de fréquence est requise pour communiquer une procédure médicale jusque dans l’œil du chirurgien.

c. Action. Les technologies du SSS donneront aux commandants et aux troupes une plus grande confiance lorsqu’ils seront appelés à exécuter le plan de manœuvre. Notre doctrine nous enseigne à éviter les zones contaminées au CBRN; mais si un soldat est contraint d’entrer dans une telle zone, la nanotechnologie lui permettra de recevoir automatiquement la prophylaxie appropriée. Les technologies du SSS réduiront le volume et le poids de l’équipement des soldats et permettront donc d’appliquer la puissance de feu plus efficacement sur le champ de bataille.

d. Protection. Les technologies du SSS amélioreront de façon incroyable la fonction de protection. La surveillance et le traitement médical à distance, en temps réel, sont des facteurs cruciaux lorsqu’il s’agit d’assurer la capacité de survie d’un soldat. Elles contribueront de plus à améliorer la protection en limitant les pertes hors combat par le biais des soins de santé de base et des services de bien-être visant à préserver la cohésion et le moral dans le cadre du maintien en puissance.

SECTION 4 – LE SYSTÈME DE GESTION DE L’ÉQUIPEMENT TERRESTRE

CONTEXTE

43. Le SGET est un système complexe qui fait partie intégrante de la structure du gouvernement canadien. Le sous-ministre adjoint (Matériels) (SMA(Mat)) est responsable devant le sous-ministre de la Défense nationale du fonctionnement et de la gestion du système. À la suite d’un certain nombre d’études et de projets (dont le projet EXELERATE), on a réduit les effectifs du SMA(Mat) de 50 pour cent par rapport à leur nombre avant 1990. Cela a entraîné une réorganisation considérable du SMA(Mat) à l’échelon national; ce sont désormais des équipes de gestion de l’équipement (EGE) multidisciplinaires qui gèrent l’équipement durant tout son cycle de vie. Il a fallu également en faire plus avec moins de ressources et à cet effet, un certain nombre de technologies ont été mises en service ou le seront le plus rapidement possible.

44. Au niveau tactique, le SGET est composé principalement d’unités de maintenance, d’approvisionnement et de transport qui ont la responsabilité de faire en sorte que l’équipement demeure opérationnel pour la mission. À ce niveau, la Révolution dans les affaires militaires (RAM) s’est transformée en Révolution dans la logistique militaire (RLM). Cela signifie que des entrepôts pleins de stock, des bataillons de camions et des centaines de techniciens ne sont plus disponibles ou même souhaitables sur le champ de bataille moderne. À ce niveau, le SGET doit être axé sur la souplesse et la rapidité et on doit utiliser les technologies commerciales pour y parvenir.

Page 21: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

21/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

PORTÉE

45. À la fin de la présente section vous vous serez familiarisés avec les éléments suivants :

a. Le SGET et les technologies connexes.

b. Les nouvelles technologies qui auront un effet sur le SGET.

c. Comment le SGET influera sur les autres fonctions de combat.

LE SGET ACTUEL

46. Dans la B-GL-342-001/FP-000, le Système de gestion de l’équipement terrestre (SGET) est défini comme suit :

La gestion de l’équipement englobe la planification, l’acquisition, la mise en service, la maintenance et l’élimination de l’équipement. Par équipement, on entend l’ensemble des articles non consommables prévus en dotation pour une unité ou une formation.

47. Le rôle du SGET consiste à préserver la capacité opérationnelle de l’ensemble de l’équipement technique terrestre. Le SGET doit s’occuper de l’équipement technique terrestre, y compris de ce qui suit :

a. les flottes de véhicules de la Force terrestre et les éléments basés à terre de tous les autres services de la défense;

b. les systèmes d’armes de l’Armée de terre, ainsi que les armes légères utilisées par tous les services;

c. le matériel électrique, électronique et optronique de tous les éléments basés à terre;

d. les systèmes de communication et d’information tactiques de la Force terrestre;

e. le matériel de servitude au sol pour aéronef/terrain d’aviation;

f. le matériel de défense nucléaire, biologique et chimique basé au sol.

48. Au niveau tactique, le SGET est composé des éléments suivants :

a. L’état-major du SGET. Sa tâche principale est de planifier et de gérer les ressources.

b. Les unités de logistique. Le rôle des unités d’approvisionnement et de transport est d’exploiter le système de ravitaillement.

c. Les unités de maintenance. Ces unités effectuent la maintenance, y compris la réparation, la récupération, l’inspection, les essais, l’entretien et la modification.

49. Nous allons maintenant nous concentrer sur les aspects propres aux unités de maintenance du SGET car les autres éléments du SGET qui sont à l’œuvre vous seront expliqués dans d’autres sections du cours.

50. Bien que l’on ait accompli de grands progrès, à l’heure actuelle, le SGET continue de fonctionner au moyen de technologies indépendantes désuètes. Ceci étant souvent causé par les

Page 22: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

22/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

besoins de nos équipements présents. Mais comme nous entrons dans l’ère numérique, les Systèmes de maintenance électronique (SME) seront maintenant rendus possibles. Cela nous permettra de mettre en œuvre les Manuels techniques électroniques interactifs (MTEI) afin de remplacer tous nos manuels de réparation et tous nos manuels techniques couramment sur papier. De plus, notre infrastructure est majoritairement fixe. En d’autres termes, il s’agit de structures sur sol ferme, telles que des ateliers, qui sont plutôt immobiles.

LE NOUVEAU SGET TACTIQUE

51. En fait, on commence à utiliser dans le SGET les technologies et les systèmes commerciaux qui contribueront à la rapidité et à la souplesse. Nous allons en présenter quelques exemples afin d’illustrer notre propos. Le premier exemple est le MTEI. Ce concept est un sous-ensemble du SME qui comprend une capacité de diagnostic intégré. Le diagnostic intégré est la capacité de recueillir de l’information sur un équipement (p. ex., un véhicule ou un système d’armes) directement à partir d’un bus de données incorporé et d’utiliser ces données pour effectuer des vérifications, une évaluation et, en fin de compte, localiser les pannes. Le résultat est un système de maintenance informatisé qui, automatiquement :

a. dirige le technicien durant la recherche d’une panne;

b. recueille des données sur l’équipement, effectue des vérifications et des évaluations;

c. localise la panne;

d. détermine la maintenance corrective à effectuer;

e. détermine les pièces nécessaires pour exécuter la réparation;

f. vérifie la réparation;

g. fait la demande des pièces de réparation;

h. documente les mesures de maintenance qui ont été prises.

52. On a élaboré plusieurs versions du MTEI; l’armée américaine en est maintenant à la cinquième version, c’est-à-dire un système complètement informatisé. Voici les systèmes pour lesquels l’armée américaine a actuellement mis en service le SME et le MTEI :

a. le système de chargement palettisé (SCP),

b. l’équipement de transport lourd (HET),

c. les camions M915/916,

d. M113A3,

e. les HMMWV,

f. M88.

Visitez le http://www.enigma.com/e/customers/usarmy.cfm pour avoir un aperçu rapide du système.

Page 23: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

23/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

53. À l’heure actuelle, les FC tentent d’acquérir de tels systèmes pour le projet du véhicule utilitaire léger à roues et pour le système de véhicules qui remplacera le VLMR. Le projet d’acquisition du système de remplacement du VLMR en est au stade de la définition au QGDN. L’avantage de ces systèmes, c’est que l’équipement lui-même sera capable de contrôler continuellement l’état de ses sous-systèmes, ce qui permettra aux commandants d’évaluer la capacité de mission des formations et des unités. Les systèmes dirigeront les techniciens durant le diagnostic et l’évaluation des problèmes. Les pièces de rechange seront commandées automatiquement et toutes les procédures/processus de réparation seront mis à exécution de manière identique. Tous ces systèmes seront conservés en version numérique, ce qui éliminera la nécessité de transporter des instructions techniques des Forces canadiennes (ITFC) en campagne.

54. Le deuxième exemple est le nouvel Abri pour la maintenance des pneus (AMP) qui tire profit de la conteneurisation ainsi que d’autres technologies.

55. Étant donné que la tendance des FC est de se doter de flottes de véhicules principalement à roues, le dicton voulant que les FC se déplacent sur leurs roues n’a jamais été aussi vrai. Toutefois, ceci engendre un aspect négatif car l’entretien des roues devient un facteur critique de maintenance. Dans la perspective du Génie électrique et mécanique (GEM), l’accroissement du nombre de véhicules à roues et surtout les dimensions et le poids des roues et des assemblages qui doivent être réparées, sont des facteurs limitatifs dont il faut maintenant tenir compte. À mesure que les dimensions des roues des véhicules blindés ont augmenté (du véhicule blindé polyvalent (VBP) au VBL-3), les dimensions et le poids des pneus à affaissement limité (run flat) ont aussi augmenté de façon spectaculaire, tout comme les difficultés que pose leur remplacement. Un pneu à affaissement limité du VBL-3 pèse t quelque 100 kilogrammes; il est en caoutchouc et en Kevlar solides et son diamètre atteint presque 1,3 mètres. La compression manuelle du pneu à affaissement limité du VBL-3 devant être maintenu au moyen d’une sangle de toile de 10 centimètres de large était une réparation dangereuse qui devait être modifiée.

Figure 20 - Compression manuelle du pneu à affaissement limité

56. Depuis un certain nombre d’années, le QGDN faisait des recherches en vue de mettre au point un appareil grâce auquel on cesserait de faire la compression et l’insertion manuelles d’un pneu à affaissement limité dans le pneu d’un véhicule. Finalement, Hutchinson, le fabricant de tous les pneus à affaissement limité utilisés dans les FC, a fait la démonstration d’une presse horizontale qui

Page 24: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

24/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

permet d’éviter la manipulation du pneu comprimé à affaissement limité. Malheureusement la presse pèse quand même 1 364 kilogrammes et mesure presque 2,6 mètres de large et 4 mètres de long. Elle avait été conçue pour un atelier statique, mais elle pourrait être utilisée au cours d’une opération de déploiement moyennant la disponibilité d’une infrastructure de soutien appropriée.

57. À peu près au même moment, on avait pris la décision de déployer un contingent des FC en Éthiopie et en Érythrée pour y assurer le soutien de la mission de l’ONU. Le matériel allait inclure notamment des VBL-3. Les conditions opérationnelles étaient relativement favorables, mais le terrain du théâtre opérationnel envisagé était très accidenté et donc très défavorable pour les pneus. C’est pourquoi, dans les deux semaines précédant l’entrée en opération du contingent, on a présenté une demande afin d’obtenir de toute urgence du matériel qui pourrait réduire les risques éventuels associés à l’insertion du gros pneu à affaissement limité dans un pneu du VBL-3. Cela constituait en soi un autre problème : comment déployer du matériel conçu pour un atelier tout en limitant les coûts d’infrastructure temporaire en campagne? La déployabilité opérationnelle du matériel de maintenance est un problème auquel plus d’une armée de terre de l’OTAN a à faire face. Malheureusement, le problème se situe dans un contexte plus large; il s’agit de composer avec les coûts d’acquisition d’une nouvelle pièce d’équipement, les coûts de son cycle de vie la déployabilité opérationnelle ainsi que les préavis de départ. D’un côté, il faut envisager la capacité de déployer un complexe de taille commerciale, que l’on met un an à construire et qui coûte des millions de dollars. D’un autre côté, il y a la politique voulant que toutes les pièces défectueuses soient renvoyées au pays pour être réparées, d’où l’absence d’installations de réparation à l’étranger. Il faut donc trouver une solution dont les coûts sont abordables.

58. Le conteneur ISO de 20 pieds est la composante de base de l’industrie du transport. Si on pouvait s’en servir comme élément de base d’un atelier, les coûts d’acquisition se limiteraient à ceux du conteneur. En effet, les FC possèdent déjà le matériel nécessaire pour déplacer et manutentionner ce type de conteneur. S’il pouvait être installé sur un palettiseur, le conteneur pourrait être facilement transporté et déployé. De plus, on devrait pouvoir réparer tous les pneus des FC et en faire l’entretien dans l’atelier. Idéalement, tout devrait tenir dans un seul conteneur. À l’heure actuelle, les FC utilisent l’abri MECC Weatherhaven, dont la composante de base est un conteneur ISO réglementaire de 20 pieds qui satisfait à tous les critères de transportabilité par la voie des airs et qui est utilisé à différentes fins en Bosnie et en Érythrée, notamment pour des aires d’ablution et de cuisine. L’abri MECC a été conçu avec ingéniosité : pendant un déploiement, les murs du conteneur s’ouvrent et prolongent le plancher, ce qui permet d’obtenir un atelier de 7 mètres sur 8 mètres. L’intégrité du conteneur est maintenue par des parois latérales légères et donc flexibles, qui s’appuient sur une structure semblable à un mât de tente, une fois le tout monté. De cette manière, l’aménagement du conteneur est respecté et les gros outils et appareils coûteux sont protégés. L’abri MECC présente un avantage supplémentaire : c’est un conteneur maritime réglementaire qui peut être transporté sur un véhicule à plate-forme commercial ou sur un palettiseur. De plus, l’abri peut être ouvert et utilisé au niveau du sol, sur un véhicule ou même sur un autre conteneur maritime. On n’a alors seulement besoin que d’un nombre restreint de poutres pour soutenir le plancher.

Page 25: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

25/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Figure 21 - Un AMP partiellement ouvert

Figure 22 - Une presse hydraulique pour installer le pneu à affaissement limité

59. C’est pourquoi le MDN a acheté deux de ces abris MECC qui seront aménagés comme des ateliers de réparation complets de pneus. L’abri comporte non seulement l’appareil de réparation des pneus Coats 5000H et la presse horizontale Hutchinson, mais également un compresseur, tous les outils requis pour l’atelier, y compris une aire d’entreposage, un établi, un manomètre de gonflage de pneus et finalement un appareil de chauffage et de climatisation pour le MECC; en d’autres termes, il s’agit d’un atelier à guichet unique pour les pneus.

Page 26: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

26/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

Figure 23 - À l’intérieur de l’AMP

60. Le 26 mars 2001, le MDN a effectué un essai d’homologation des deux AMP à l’usine de Weatherhaven à Vancouver. Quelques jours après leur réception au 3 CSG, les deux abris ont été déployés sur les lieux de l’opération ECLIPSE (Érythrée) et de l’opération PALLADIUM (Bosnie).

61. Grâce à l’AMP, les FC peuvent réparer des pneus là où elles se déploient. Cela n’est là qu’une partie des activités du SGET

Figure 24 - L’AMP dans sa version déployable

Page 27: SECTION 1 – INTRODUCTION AU MAINTIEN EN PUISSANCEarmyapp.forces.gc.ca/olc/Courseware/AJOSQ/.../JTEC.09.00.HANDB… · 2015 DAY FORCE LOURDE DE L’AVENIR PLUS LÉTALE, APTE À SURVIVRE,

JTEC.09.00.SF

27/27

Cours de qualification d’officier subalterne de l’Armée de terre Août 2006

62. L’effet des technologies du SGET sur les autres fonctions de combat. Voici quelques observations sur l’effet des technologies du SGET, qui est une composante de la fonction maintien en puissance, sur les autres fonctions opérationnelles.

a. Commandement. Les commandants et les états-majors disposeront d’une plus grande marge de manœuvre durant le processus de planification grâce à la garantie accrue de la disponibilité de l’équipement. L’équipement inutilisable sera réparé plus rapidement au moyen d’installations de maintien en puissance réduites. Le nouveau SGET pourra également acquérir rapidement de l’équipement en cas de besoin urgent déterminé par le commandant. Ce fut le cas lors de la mise en service du nouvel abri déployable pour la maintenance des pneus.

b. Détection. Les technologies du SGET appuieront la fonction détection, notamment par l’acquisition et la réparation de l’équipement. Cependant, le fonctionnement du SGET dépendra des systèmes qui seront mis en service et qui constitueront le fer de lance des Systèmes opérationnels de détection. Les deux systèmes s’appuieront mutuellement.

c. Action. Les technologies du SGET permettront d’améliorer grandement la fonction action; en effet, l’acquisition d’équipement de combat et d’appui au combat permettra aux unités de combat de rester mobiles sur le champ de bataille. De plus, lorsque certains équipements deviendront inutilisables aux fins d’une mission, les unités seront en mesure de les remettre en service plus rapidement qu’il est possible de le faire à l’heure actuelle grâce aux MTEI. Le SGET aura un impact considérable sur la puissance de feu. Les systèmes d’armes pourront être utilisés davantage à l’appui du plan du commandant, car, sous réserve de l’action de l’ennemi, ils pourront être déployés entièrement pour mener à bien leurs missions.

d. Protection. La protection sera améliorée par les technologies du SGET puisque l’équipement sera continuellement mobile et pourra éviter les zones dangereuses. De plus, les travaux sur le champ de bataille seront accélérés grâce aux processus d’acquisition et de ravitaillement anticipés offerts par la fonction de maintien en puissance.